Mens sana in corpore sano

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Mens sana in corpore sano
Sonia Rezgui
L’opinione di...
Mens sana in corpore sano
A l’heure actuelle, les grands évènements sportifs
internationaux ne sont plus seulement l’occasion de
faire du sport. Mais la véritable question est: l’ont-ils
jamais été? En effet, rappelons-nous cette lointaine
époque où les Jeux Olympiques étaient la Star académie des Temps Anciens, faisant des champions des
demi-dieux, rémunération à l’appui bien entendu,
chantés par les plus grands poètes et adulés par leur
cité respective. Ou rappelons-nous l’origine des Jeux
selon Pindare: le héros Pélops, devenu adulte, demande
la main d’Hippodamie, fille du roi Œnomaos. Nous
connaissons toutes et tous la suite de l’histoire: le
père jaloux organise une course de chars qui l’oppose
aux prétendants de sa fille et tue systématiquement
les vaincus.Mais le héros, Pélops, fait appel au dieu
Poséidon qui lui confie un char en or et des coursiers
ailés. Evidemment, il remporte la victoire et la main
de la jeune fille. Le clou de l’histoire étant qu’Hippodamie, éprise du jeune homme, fait saboter le char
de son père, qui se brise pendant la course et cause
la mort de ce dernier. La légende raconte encore que
c’est pour expier ce crime que Pélops institue les jeux
Olympiques. Et qu’aurait-on voulu expier à Berlin en
1936? A Moscou en 1980? Et que pourrait-on vouloir
expier à Lhassa?
Les Jeux ont gardé jusqu’à aujourd’hui une forte
symbolique. Lorsque Pierre de Coubertin les remet à
l’honneur, il définit un idéal olympique inspiré selon
lui de l’Antiquité, imaginant de jeunes aristocrates
concourant pour la «beauté du sport». N’oublions
pas non plus la flamme et le lâcher de colombes qui
transmettent un message de paix, représentations par
excellence des valeurs positives de l’être humain. De
même, certains prétendent que le football favorise
«le dialogue entre les peuples» et «joue un rôle non
négligeable au niveau de l’évolution des mentalités et
de la progression des droits de l’homme»1. Preuve en
sont les expériences de ces dernières années, avec les
affrontements des supporters français et italiens qui
ont supplanté les hooligans, ou encore les échanges
de mots doux entre joueurs, celui par exemple qui,
lors d’un certain match de la Coupe du monde, s’est
terminé par une chanson en l’honneur du sportif Zidane, cassant du même coup l’image d’intégrité qui
était pourtant la sienne...
2
Babylonia 1/08
Malgré les évènements de Pékin et les inquiétudes
que nous réservait l’Euro ’08, se développe une philosophie nouvelle qui attribue à l’activité sportive
des vertus curatives autant pour le corps que pour
l’esprit: la pédagogie du sport. Dans la même optique,
l’Office fédéral du sport (OFSPO) a proposé dans
le courant du mois d’avril un colloque pour lutter
contre la violence dans le sport. De son côté, la HEP
de Berne, en collaboration avec l’Université, est en
train de mettre sur pied des modules dans le cadre
de la formation des enseignant-e-s afin d’inciter ces
dernier-ère-s à exploiter le sport comme un moyen de
créer une dynamique de classe positive et favoriser
la solidarité en classe. Entre un idéal immaculé et
une sombre vision, nous espérons nous aussi que la
transmission d’une culture du sport pourra contribuer
à éviter des débordements et à tendre non seulement
vers un peu plus d’humanité, mais encore à devenir
un vecteur de valorisation de la pluralité des langues,
car le sport est indissociablement lié à des échanges
entre les peuples, voisins et éloignés.
1
http://fr.wikipedia.org/wiki/Football
www.babylonia.ch