Evaluation du bénéfice clinique de Permixon® et de la

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Evaluation du bénéfice clinique de Permixon® et de la
◆ ARTICLE ORIGINAL
Progrès en Urologie (2004), 14, 326-331
Evaluation du bénéfice clinique de Permixon® et de la Tamsulosine
dans le traitement de l’hypertrophie bénigne de la prostate (HBP) sévère :
analyse d’un sous-groupe de l’étude Permal
Frans DEBRUYNE (1), Peter BOYLE (2), Fernando CALAIS DA SILVA (3), Jay G. GILLENWATER (4),
Freddie C. HAMDY (5), Paul PERRIN (6), Pierre TEILLAC (7), Remigio VELA-NAVARRETE (8),
Jean-Pierre RAYNAUD (9), Claude SCHULMAN (10)
(3)
(1) Hôpital Universitaire Saint Radboud, Nijmegen, Pays-Bas, (2) Institut Européen d’Oncologie, Milan, Italie,
Groupe portugais d’étude des maladies génito-urinaires, Lisbonne, Portugal, (4) Centre Médical de l’Université de Virginie, Charlottesville, USA,
(5) Royal Hallamshire Hospital, Sheffield, Royaume-Uni, (6) Centre Hospitalier Lyon Sud, Lyon, France, (7) Hôpital Saint-Louis, Paris, France,
(8) Université autonome de Madrid, Espagne, (9) Université Pierre et Marie Curie, Paris, France, (10) Hôpital Erasme, Bruxelles, Belgique
RESUME
Objectif : Comparer l’efficacité de l’extrait lipido-stérolique de Serenoa repens (Permixon®) et d’un α-bloquant,
la tamsulosine, dans le traitement des troubles sévères du bas appareil urinaire (TUBA : Troubles Urinaires du
Bas Appareil), évocateur d'hypertrophie bénigne de la prostate (HBP).
Méthode : Dans le cadre d’une étude randomisée en double aveugle sur 12 mois, montrant l’équivalence en terme
d’efficacité de Permixon 320 mg/jour et de la tamsulosine 0,4 mg/jour (étude PERMAL), 685 patients présentant
une HBP avec un score international symptomatique de la prostate (I-PSS) > 10 ont fait l’objet d’une analyse d’efficacité. Parmi ces patients, 124 qui présentaient lors de la randomisation des TUBA sévères
(I-PSS > 19) ont été retenus dans cette analyse de sous-groupe. Après une période en simple aveugle sous placebo
de 4 semaines, 59 et 65 patients ont été respectivement randomisés dans les groupes tamsulosine et Permixon. Les
deux sous-groupes ont été comparés quant à l’évolution, par rapport aux conditions basales, du score total I-PSS
et de ses composantes irritatives et obstructives, de la qualité de vie (QdV) liée aux TUBA, du volume de la prostate (VP), du débit urinaire maximal (Qmax) et du score MSF-4 (questionnaire sur l’activité sexuelle), à différents temps de mesure sur une période de 12 mois. Tous les paramètres ont fait l’objet d’une analyse des variations entre les valeurs initiales et les valeurs finales. L’évolution dans le temps des scores I-PSS-total, I-PSS- irritatif et I-PSS- obstructif a en outre été comparée sur la base d’une analyse de variance avec mesures répétées.
Résultats : Après 12 mois de traitement , le score I-PSS total montrait une diminution moyenne de 7,8 points sous
Permixon et de 5,8 points sous tamsulosine avec une différence inter groupes de traitement à la limite de la significativité statistique (p = 0,051). Les symptômes irritatifs ont connu une amélioration significativement plus
importante (p = 0,049) avec Permixon‚ qu'avec la tamsulosine (-2,9 points versus -1,9 points). La supériorité du
Permixon‚ dans l'amélioration des symptômes irritatifs s’est manifestée dès le 3ème mois de traitement
(p=0,005) et s'est maintenue jusqu’au 12ème mois (p = 0,03).
Conclusion : Permixon‚ 320 mg/jour fait preuve d’une efficacité légèrement supérieure à celle de la tamsulosine
0.4 mg/jour dans le traitement des patients atteints d’HBP symptomatique sévère après 3 mois et jusqu’à 12
mois.
Mots clés : Serenoa repens, Permixon®, phytothérapie, α-bloquants, tamsulosine, HBP.
INTRODUCTION
vent engendrer des troubles de l’érection [7]. C’est pourquoi l’utilisation de produits phytothérapiques (extraits végétaux) dans la
maîtrise des TUBA présente un intérêt croissant.
Les troubles du bas appareil urinaire (TUBA) sont fréquemment
associés à une hypertrophie bénigne de la prostate (HBP), se manifestant essentiellement chez les hommes âgés de plus de 60 ans. Les
α-réductase, a-bloquants et
traitements médicaux, inhibiteurs de la 5α
produits de phytothérapie, offrent une alternative de plus en plus
importante à la chirurgie [1-6]. Toutefois, le profil de tolérance de
ces médicaments est très variable. Les α-bloquants sont fréquemment associés à des hypotensions orthostatiques et à des éjaculaα-réductase peutions rétrogrades, tandis que les inhibiteurs de la 5α
L’extrait lipido-stérolique de Serenoa repens (Permixon®) est le
produit de phytothérapie approuvé dans le traitement médical de
Manuscrit reçu : avril 2004, accepté : avril 2004
Adresse pour correspondance : Pr. F. Debruyne, Département d’Urologie, Academic
Hospital Nijmegen, Geert Grooteplein Zuid 16, 426 Afdeling Urologie, 6500 HB Nijmegen, Pays-Bas.
e-mail : [email protected]
Co-publication avec European Urology sous le titre “Evaluation of the Clinical Benefit of
Permixon and Tamsulosin in Severe BPH Patients - PERMAL Study Subset Analysis”,
dans le numéro de juin 2004.
Ref : DEBRUYNE F., BOYLE P., CALAIS DA SILVA F., GILLENWATER J.G., HAMDY
F.C., PERRIN P., TEILLAC P., VELA-NAVARRETE R., RAYNAUD J.P., SCHULMAN
C., Prog. Urol., 2004, 14, 326-331
326
F. Debruyne et coll., Progrès en Urologie (2004), 14, 326-331
l’HBP symptomatique le plus prescrit et le plus largement étudié.
L’efficacité de Permixon dans la prise en charge médicale de l’HBP
a été établie dans plusieurs essais cliniques [8-11]. Une méta-analyse des essais menés avec Permixon a confirmé son efficacité par
rapport au placebo [12]. De récentes études comparatives à long
terme ont démontré une efficacité de Permixon 320 mg/jour équivalente à celle du finastéride 5 mg/jour sur 6 mois [13] et à celle de
la tamsulosine 0,4 mg/jour sur 12 mois (étude PERMAL) [14].
La complémentarité des activités anti-androgénique, anti-proliférative et anti-inflammatoire pourrait conférer à Permixon [15-16] un
avantage, par rapport aux α-bloquants, dans le traitement de l‘HBP
symptomatique sévère dans laquelle les deux composantes “obstructive” et “irritative” sont impliquées. De ce fait, la présente analyse a pour objectif de comparer, sur la base des données de l’étude
PERMAL, l’efficacité de Permixon et de la tamsulosine chez les
patients les plus sévèrement symptomatiques (Score International
Symptomatique de la Prostate, I-PSS > 19).
PATIENTS ET METHODES
Description de l’étude PERMAL
L’étude PERMAL était une étude randomisée en double aveugle en
deux groupes parallèles comparant Permixon‚ 320 mg/jour et la
tamsulosine 0,4 mg/jour sur une durée de 12 mois.
Les critères d’inclusion étaient les suivants : score I-PSS > 10, débit
urinaire maximal (Qmax) compris entre 5 et 15 ml/s avec un volume mictionnel > 150 ml, volume prostatique > 25 cc et un taux
sérique d’antigène spécifique de la prostate (PSA) < 4 ng/ml ou si
celui-ci était compris entre 4 et 10 ng/ml, un rapport PSA libre/PSA
total > 15%.
Au total, 685 hommes présentant une HBP symptomatique (I-PSS
> 10) randomisés et traités, après une période sous placebo en simple aveugle de 4 semaines, (340 par Permixon et 345 par la tamsulosine), composaient la population ITT-efficacité (ITT intention de
traiter) : patients pour lesquels on dispose d'au moins deux valeurs
d'I-PSS validées, une en condition basale et une après traitement).
Les visites d’évaluation étaient programmées lors de la visite de
sélection (J-28), lors de la visite de randomisation (J0), puis à la
semaine 6 et aux 3è, 6è, 9è et 12è mois. Le score I-PSS et le score
de qualité de vie (QdV) [17], le Qmax [18] et le score de fonction
sexuelle masculine (MSF-4, pour Male Sexual Function Score) [19]
ont été évalués lors de chaque visite. En outre, les patients ont
bénéficié d'une échographie transrectale destinée à mesurer le volume de la prostate [20] lors de la sélection et aux 6è et 12è mois.
Les événements indésirables (EI), graves (EIG) et non graves
(EING), ont été rapportés pendant toute la durée de l’étude.
Sous-population de patients analysés
de d’une analyse de variance dans laquelle la valeur initiale a été
retenue comme covariable (ANCOVA). Toutes les comparaisons
étaient bilatérales avec p < 0,05 considéré comme seuil de significativité statistique.
Le score I-PSS total et les deux sous-scores I-PSS irritatif basé sur
3 items (augmentation de la fréquence mictionnelle (pollakiurie)/
impériosité/nocturie) et obstructif basé sur 4 items (vidange incomplète/intermittence/faiblesse du jet/effort en début de miction) ont
également été analysés dans deux sous-populations constituées en
fonction du degré de sévérité du score I-PSS initial à savoir 19
< I-PSS ≤ 21 (n = 63) et I-PSS > 21 (n = 61). Leur évolution entre
les 3è et 12è mois a ensuite été comparée à l’aide d’une analyse de
variance (ANOVA) avec mesures répétées.
Les résultats à chaque visite ont été représentés sur un graphique
sous la forme de la moyenne +/- l’erreur standard sur la moyenne
(ESM) avec test t pour les valeurs p.
Les événements indésirables enregistrés au sein de cette population
ont été classés par système/organe, en utilisant les termes préférés
définis par le dictionnaire WHO-ART. La fréquence et le pourcentage de patients pour lesquels il a été rapporté au moins un événement indésirable émergeant en cours de traitement (EIET) ont été
présentés pour : tous les EI, tous les EIG, tout EI dont l’imputabilité aux médicaments de l’étude n’a pu être écartée par l’investigateur et tout EI évoquant un antagonisme des récepteurs α-adrénergiques.
RESULTATS
Caractéristiques de la population à baseline
Il n’est apparu aucune différence cliniquement significative entre
les deux sous-groupes (n = 65/Permixon‚ - n =59/tamsulosine) en
ce qui concerne les caractéristiques démographiques ou cliniques
au temps T0 (conditions basales) (Tableau I). Globalement, l’âge
moyen (E.T.) des patients était de 65,2 (7,5) ans et le score I-PSS
initial moyen de 22,7 (3,35), correspondant respectivement à 9,4
(2,3) et 13,3 (2,7) pour les composantes “irritatives” et “obstructives”.
Score I-PSS
Après 12 mois de traitement, il a été constaté une diminution
moyenne du score I-PSS total plus importante dans le groupe Permixon‚ -7,8 (6,4) que dans le groupe tamsulosine -5,8 (6,3). Cette
différence de 2 points était proche de la significativité statistique (p
= 0,051 ; intervalle de confiance à 95 % ajusté pour la différence
entre les variations moyennes (IC) : [-4,531, 0,008]). Le pourcentage moyen de diminution du score I-PSS total était de 35,2% pour
Permixon‚ et de 25.0% pour la tamsulosine.
Analyse statistique
Cette différence inter-groupes, quant à la diminution moyenne du
score I-PSS total, s’observe également pour les sous-scores I-PSS
irritatif -2,9 (3,3) et -1,9 (2,8) et obstructif -4,9 (4,3) et -3,9 (4,5)
respectivement pour Permixon‚ et la tamsulosine. Elle atteint la
significativité statistique pour le premier sous-score, p = 0,049 (IC
95% ajusté : [-2,23, 0,005]) et est à la limite de la significativité
pour le deuxième, p = 0,079 (IC 95% ajusté: [-3,32, -0,179]) (Figure 1).
Une comparaison inter-groupes des critères de jugement concernant
les variations moyennes par rapport aux valeurs initiales (c’est à
dire au début de la phase en double aveugle) a été effectuée à l’ai-
Le taux de réponse (diminution du score I-PSS > 3) a été respectivement de 80,0% et 71,2% dans les groupes Permixon et tamsulosine. La différence en faveur de Permixon concerne essentiellement
Pour les besoins de la présente analyse de sous-groupes, 124
patients de la population ITT-efficacité de l’étude PERMAL présentant lors de la randomisation des TUBA sévères (I-PSS > 19) ont
été retenus : 65 avaient été traités avec Permixon et 59 avec la tamsulosine selon le schéma de randomisation initial.
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Tableau I : Données démographiques et autres caractéristiques initiales* de la population
TAMSULOSINE PERMIXON®
N = 59
N = 65
Age (années)
moyenne (E.T.)
TOTAL
N = 124
64.9 (7.62)
65.5 (7.45)
65.2 (7.51)
Indice de masse corporelle (kg/m2)
moyenne (E.T.)
26.6 (4.71)
26.3 (3.14)
26.4 (3.95)
Score I-PSS total
moyenne (E.T.)
23.2 (3.62)
22.3 (3.06)
22.7 (3.35)
Score QdV
Données manquantes
moyenne (E.T.)
1
3.9 (1.09)
0
4.1 (1.18)
1
4.0 (1.14)
Qmax (ml/s)
Données manquantes
moyenne (E.T.)
4
10.3 (3.87)
3
10.7 (4.27)
7
10.5 (4.07)
Score MSF-4
Données manquantes
moyenne (E.T.)
3
8.0 (5.55)
0
8.9 (5.70)
3
8.5 (5.63)
1
47.7 (19.53)
0
48.5 (16.89)
1
48.1 (18.1)
Volume prostatique (cc)
Données manquantes
moyenne (E.T.)
Tableau II : Variations moyennes (E.T.) des paramètres d’efficacité
entre J0 et 12 Mois
TAMSULOSINE PERMIXON®
N=59
N=65
Score I-PSS total (Final – Initial)
moyenne (E.T.)
Score I-PSS Irritatif (Final – Initial)
Données manquantes
moyenne (E.T.)
Score I-PSS Obstructif (Final – Initial)
Données manquantes
moyenne (E.T.)
Score QdV (Final – Initial)
Données manquantes
moyenne (E.T.)
Qmax (Final – Initial)
(ml/s)
Données manquantes
moyenne (E.T.)
Score MSF-4 (Final – Initial)
Données manquantes
moyenne (E.T.)
* A J–28 pour l’âge, l’IMC et le volume prostatique ; A J0 pour les autres paramètres.
les améliorations les plus notables du score I-PSS : 41,5 % des
patients traités avec Permixon‚ versus 25,4% de ceux ayant reçu la
tamsulosine ont bénéficié d’une diminution d’au moins 9 points du
score I-PSS total. Une aggravation cliniquement significative du
score I-PSS (augmentation > 4) a été observée chez un (1,5%)
patient traité avec Permixon‚ et chez quatre (6,8%) patients sous
tamsulosine (Figure 3).
Tous les scores et sous-scores symptomatiques présentent une amélioration similaire dans le temps.
Après 6 semaines, le score I-PSS moyen montre une diminution
comparable dans les deux groupes de traitement (p=0,33).
Une différence en faveur de Permixon est mise en évidence des le
3 mois et jusqu’au 12ème mois de traitement pour ce qui concerne
les sous-scores I-PSS irritatifs et obstructifs, la différence observée
sur la composante irritative étant statistiquement significative
(p=0,03, ANOVA en mesures répétées).
Les analyses complémentaires effectuées sur la base des souscatégories de sévérité, en fonction du score I-PSS initial, révèlent que les différences inter-groupes décrites ci-dessus en
faveur de Permixon‚ concernent principalement les patients présentant les symptômes les plus sévères (score I-PSS > 21 ; n =
61). Dans cette sous-population, la différence inter-groupes
atteint 1.7 points et 1.0 point au 3ème mois de traitement pour
respectivement la composante irritative et obstructive du score IPSS et se maintient (score irritatif) ou progresse d'1,6 points
(score obstructif) en faveur de Permixon après 12 mois de traitement (Figure 2)
Bien que le nombre de patients soit inférieur de moitié, la différence inter-groupes demeure statistiquement significative dans le
temps pour les symptômes irritatifs (p = 0,045, ANOVA à mesures
répétées).
Volume prostatique (Final – Initial) (cc)
Données manquantes
moyenne (E.T.)
-5.8 (6.29)
p = 0.0508
-7.8 (6.44)
1
-1.9 (2.82)
p = 0.0489
0
-2.9 (3.29)
1
-3.9 (4.49)
p = 0.0792
0
-4.9 (4.28)
1
-0.9 (1.40)
p = 0.32
0
-1.2 (1.21)
5
1.7 (4.61)
p = 0.7096
3
1.2 (4.98)
3
1.0 (4.03)
p = 0.4610
3
0.2 (3.68)
3
-0.9 (11.48)
p = 0.6393
8
-2.2 (12.48)
Autres paramètres d’efficacité
Après 12 mois (Tableau II) :
- L’amélioration de la qualité de vie apparaît plus importante, bien
que non statistiquement significative, dans le groupe Permixon‚,
avec une diminution moyenne du score QdV de 1,2 (1,2) versus
0,9 (1,4) dans le groupe tamsulosine (p = 0,32).
- L’augmentation moyenne du Qmax est plus importante mais non
statistiquement significative dans le groupe tamsulosine : 1,7
(4,61) ml/s versus 1,2 (4,98) ml/s dans le groupe Permixon‚ (p=
0,71), pour des valeurs initiales respectives de 10,3 (3,87) et 10,7
(4, 27).
- Le volume prostatique a diminué en moyenne de 2,2 (12,5) cc
dans le groupe Permixon‚ et de 0,9 (11,5) cc dans le groupe tamsulosine. Compte tenu de la grande variabilité inter-individuelle,
cette différence n’est pas statistiquement significative (p=0,64).
- La fonction sexuelle est demeurée pratiquement inchangée dans les
deux groupes avec une augmentation moyenne du score MSF-4 de 1,0
(4,0) avec la tamsulosine et de 0,2 (3,7) avec Permixon‚ (p= 0,46).
L’analyse qualitative par item montre pour l’item “obtention d'une
éjaculation” une certaine aggravation dans le groupe tamsulosine (à
partir du 6ème mois) et une situation inchangée dans le groupe Permixon pendant toute la durée de l’étude. À 12 mois, on constate
pour cet item une différence inter-groupes à la limite de la significativité statistique (p=0,087).
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Figure 2. Profils des variations moyennes dans le temps des scores IPSS irritatif et I-PSS obstructif en fonction de la sous-catégorie d'IPSS en conditions basales
21 > I-PSS total initial > 19
I-PSS total initial > 21
- - - -tamsulosine (n=26)
- - - -tamsulosine (n=33)
____Permixon®
(n=28)
____Permixon® (n=37)
Figure 3. Pourcentage cumulé de patients en fonction du degré de
variation du score I-PSS total par rapport aux valeurs initiales.
DISCUSSION
Figure 1. Profils des scores I-PSS total, I-PSS irritatif et I-PSS obstructif en fonction du temps.
Tolérance
Pendant les 12 mois de traitement, 12 (20,0%) patients sous tamsulosine et 16 (24,6%) patients sous Permixon ont développé des EI
potentiellement imputables aux produits. Chez les patients présentant des TUBA sévères, l’incidence des EI généralement liés aux αbloquants (céphalées, hypotension) était comparable dans les deux
groupes de traitement. Des troubles de l’éjaculation se sont manifestés chez un patient traité avec la tamsulosine. L'effet indésirable
le plus fréquent sous Permixon étant les troubles digestifs.
Des EIG ont été rapportés chez 6 (10,0%) patients sous tamsulosine et 4 (6,2%) patients traités par Permixon. Chez 1 patient du groupe Permixon le lien entre l’EIG (fibrillation auriculaire) et le médicament de l’étude n’a pas été exclu par l’investigateur. Une rétention urinaire aiguë a été observée chez 2 (3,3%) patients sous tamsulosine et chez 1 (1,5%) patient sous Permixon‚ (Tableau III).
Cette analyse avait pour objectif de comparer l’efficacité de Permixon 320 mg/jour et de la tamsulosine 0,4 mg/jour dans le traitement de l’HBP symptomatique sévère (score I-PSS > 19) sur 12
mois.
La sous-population de patients analysée est représentative de la
population générale de l’étude PERMAL [14], tant d’un point de
vue des caractéristiques démographiques (âge moyen : 65,2 ans,
contre 64,9 ans dans la population générale) que des variables d’efficacité autres que les scores I-PSS et QdV liée aux TUBA (respectivement altérés de 50% et 20%). Cet ensemble de données est
homogène et bien équilibré entre les groupes de traitement. Étant
constitué de plus de 50 patients par groupe, il permet une analyse
statistique fiable.
Comparativement aux résultats obtenus dans la population générale de l’étude PERMAL, la diminution moyenne du score total I-PSS
plus importante observée dans cette sous-population de patients
présentant une forme sévère de la maladie (-7,8 avec Permixon® et
-5,8 avec la tamsulosine versus -4,2 et -4,0, respectivement dans
l’étude PERMAL) s’avère proportionnelle au score initial : plus le
score initial est élevé plus la diminution est importante [21]. Toutefois, ce fait ne saurait expliquer la différence de 2 points en faveur
de Permixon®, proche de la significativité statistique (p = 0,051, CI
95% ajusté : [-4,53, 0,008]), puisque la valeur moyenne initiale était
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Tableau III. Résumé des événements indésirables (E.I.)
TAMSULOSINE
N=59
n
%
Nombre de patients présentant au moins un EIET
EI totaux
36
60.0
EI liés au médicament
12
20.0
PERMIXON®
N=65
n
%
45
16
69.2
24.6
EI fréquemment associés aux antagonistes α-adrénergiques
Troubles digestifs
9
15.0
17
Rhinite
5
8.3
5
Fatigue
3
2
Asthénie
Céphalées
7
11.7
6
Infection urinaire
2
3.3
1
Cystite
1
1.7
1
4
6.7
6
Hypertension
1
Hypotension
Palpitations
1
1.7
Troubles de l’éjaculation 1
26.2
7.7
4.6
3.1
9.2
1.5
1.5
9.2
1.5
1.5
-
Rétention urinaire
1.5
2
3.3
1
supérieure dans le groupe tamsulosine (23,2) à celle enregistrée
dans le groupe Permixon (22,3).
les effets de l’inhibition des récepteurs α1-adrénergiques sur le tissu
prostatique sont réduits dans l’HBP symptomatique sévère. Ce phénomène s'expliquerait par une participation plus importante du
mécanisme statique d'obstruction (compression mécanique de l’urètre) dans l'HBP symptomatique sévère que du mécanisme dynamique en relation avec les récepteurs α-adrénergiques.
À l’inverse, le triple mécanisme d’action reconnu de Permixon‚
semble se renforcer avec la sévérité des TUBA grâce à ses propriétés anti-androgénique (par inhibition des 5α-réductases de type 1 et
2), anti-proliférative (par contraction des cellules épithéliales
prostatiques et suppression des concentrations tissulaires de dihydrotestostérone via un effet possible sur la structure de l’ADN [26])
et anti-inflammatoire (par inhibition des métabolites de l’acide arachidonique) [16], propriétés qui confèrent au produit la faculté de
réduire à la fois les symptômes obstructifs et irritatifs.
Etude réalisée grâce à une subvention de Pierre Fabre Médicament, Castres, France, fabricant de Permixon®.
Les auteurs ont bénéficié de bourses de recherche ou travaillé en
qualité de consultants ou conférenciers pour Pierre Fabre Médicament et/ou d’autres sociétés fabriquant des produits utilisés dans le
traitement de l’HBP.
REFERENCES
Par comparaison avec les données de la littérature, l’amélioration
du score I-PSS obtenue avec la tamsulosine chez les patients présentant des TUBA sévères semble limitée : l'analyse d'une souspopulation des résultats d’une étude de 53 semaines 22 a mis en évidence une diminution moyenne du score I-PSS initial de 11,98
points chez 63 patients atteints d’une forme sévère de la maladie (IPSS > 19) et recevant la tamsulosine 0,4 mg/jour [23]. Ces résultats
ne sont pas comparables à ceux de la présente analyse, le plan des
deux études étant différent ; par exemple, la diminution du score
pendant la période sous placebo en simple aveugle n’a pas été prise
en compte dans l’étude PERMAL. À 6 semaines, la diminution du
score I-PSS n’était pas statistiquement différente dans les deux
groupes tamsulosine et Permixon (p = 0,33).
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7. CLIFFORD G.M., FARMER R.D. : Medical therapy for benign prostatic
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La différence inter-groupes sur l'évolution de l'I-PSS observée dès
le 3è mois et qui se maintient jusqu'au 12è mois devient significative pour le score I-PSS irritatif : à 12 mois IC 95% ajusté : [-2,23 ;
0,005] p= 0,049.
Cette différence est plus importante dans la sous population de
patients présentant une HBP plus sévère (I-PSS > 21) : à 12 mois,
IC 95% ajusté est [-6,75 ; 0,35].
Des résultats inter-groupes comparables ont été observés pour les
autres paramètres d’efficacité analysés, à l’exception de la qualité
de l’éjaculation (item du score MSF-4) qui s’est aggravée sous tamsulosine et est restée inchangée avec Permixon. La forte incidence
d’anomalies de l’éjaculation (éjaculation rétrograde ou diminution
du volume de l’éjaculât, voire absence de celui-ci) observée couramment chez les patients traités avec la tamsulosine, est imputée à
l’effet relaxant de l’antagonisme α1-adrénergique sur la musculature lisse prostatique et le canal déférent [24]. Cependant, dans cette
analyse, il n’a été rapporté qu’un seul cas de troubles de l’éjaculation dans le groupe tamsulosine (1,7%), tandis que ce type de troubles est habituellement rapporté par 4 à 11% des patients traités
avec la tamsulosine 0,4 mg par jour, y compris dans l’étude PERMAL
[14, 21, 22, 25]. Les résultats d’efficacité et de tolérance obtenus
dans cette analyse pour le groupe tamsulosine suggèrent que, une
fois éliminé le biais induit par le niveau élevé du score I-PSS initial,
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Evaluation of the Clinical Benefit of Permixon® and Tamsulosin in
Severe BPH Patients - PERMAL Study Subset Analysis.
Objective : To compare the efficacy of the lipido-sterolic extract of
Serenoa repens, Permixon, to that of the α-blocker, tamsulosin, in the
treatment of severe low urinary tract symptoms (LUTS) of benign
prostatic hyperplasia (BPH).
Methods : In a 12-month, double-blind, randomized study that showed
equivalent efficacy of Permixon 320 mg/day and tamsulosin 0.4
mg/day (“PERMAL study”), 685 BPH patients with IPSS ≥ 10 had
been analyzed for efficacy. Of these, the 124 patients with severe
LUTS (IPSS > 19) at randomization were retained for this subset analysis. After a 4-week run-in period, 59 and 65 patients had been randomized to tamsulosin and Permixon groups, respectively. Both treatment groups were compared regarding the evolution from baseline of
total IPSS and its irritative and obstructive subscores. LUTS-related
QpL, prostate volume, Qmax and MSF-4 (sexual activity questionnaire) at different time points over 1 year. An analysis of variance of
changes from baseline to end point was performed for all the parameters. The over-time evolutions of total, irritative and obstructive
IPSS were further compared using a variance analysis for repeated
measurements.
Results : At 12 months, total IPSS decreased by 7.8 with Permixon and
5.8 with tamsulosin (p = 0.051); the irritative symptoms improved
significantly more (p = 0.049) with Permixon (- 2.9 versus - 1.9 with
tamsulosin). The superiority of Permixon in reducing irritative symptoms appeared as soon as month 3 and was maintained up to month 12
(p = 0.03).
Conclusion : Permixon 320 mg/day was shown to be slightly superior
to tamsulosin 0.4 mg/day in reducing LUTS in severe BPH patients
after 3 months and up to 12 months of treatment.
Key Words : Serenoa repens, Permixon, phytotherapy, α-blockers,
Tamsulosin, BPH.
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