24 heures du Mans : Marc Menant mène la course pour La Cinq
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24 heures du Mans : Marc Menant mène la course pour La Cinq
Comment « on se fait des chaleurs» en abordant les « S » du Tertre-rouge à 280 km/h, comment on se défoule sur la ligne droite des Hunaudières à 370 km/h! Autant de sensations. autant d'impressions que Marc Menant vous livrera en direct, grâce à son casque équipé d'un micro. Ce n'est pas la première fois que ce reporter de choc s'aligne au départ de l'épreuve mancelle. En 1979, il y avait participé à bord d'une Chevron, un «bon petit bolide» qui, cependant, n'était en rien comparable au monstre qu'il pilotera cette année (vitesse de pointe 376 km/h). «Le sport automobile m'a toujours passionné, dit Marc Menant. Courir les 24 Heures était un rêve de gosse. En 1979, une panne nous a contraint à l'abandon à mi-course. Cette fois, mes coéquipiers et moi-même espérons bien franchir la ligne d'arrivée. Quant au reportage, il ne sera pas de tout repos. Ce n'est pas facile d'assurer un commentaire tout en conduisant à de telles vitesses. Une seconde d'inattention peut être fatale. Mais je ne suis pas fou. Je ne prendrai aucun risque. Je me contenterai de maintenir la cadence. En cas de pluie par exemple, je passerai le relais à mes coéquipiers. Ce sont de grands professionnels. Moi je ne suis qu'un amateur éclairé. A travers ce reportage, j'espère simplement faire partager ma passion aux téléspectateurs.» Reste qu'elles reviennent de loin ces 24 Heures du Mans. Depuis 1978 et le fameux duel Renault-Porsche, le public avait tendance à les bouder. D'année en année, le nombre de spectateurs régressait. « C'est toujours la même chose, se disait-on. Il n'y a plus d'enjeu. Porsche domine systématiquement. Pourquoi dépenser 250 francs pour une place d'enceinte des tribunes — face aux stands de ravitaillement — ou 120 'francs pour une place d'enceinte populaire, c'est-àdire aux virages d'Arnage, de Mulsanne, du Tertrerouge. Même ceux qui prétextaient de la course pour aller faire la fête au village (des 24 Heures) et s'abreuver de bière trouvaient la facture trop élevée., Cette désaffection du public entraînait obligatoirement une baisse des recettes. En revanche, pour. les organisateurs, les frais augmentaient sans cesse. Il fallait non seulement payer les divers et réguliers travaux d'aménagement du circuit, mais aussi les 15 000 personnes qui travaillent pendant la course. Si les 1 000 commissaires de piste, les 130 commissaires de stands sont bénévoles, les 1 200 contrôleurs, les 1 500 CRS, gendarmes et gardiens de la paix sont rémunérés (à titre d'exemple, chaque membre des forces de l'ordre touche 130 francs par jour). Résultat: au fil des ans, le déficit s'est accumulé. Et l'an der nier, lorsqu'il a atteint 12 millions de francs, les dirigeants de l'ACO (Automobile club de l'Ouest, société organisatrice) ont envisagé le pire: la suppression pure et simple de leur course. « Nous ne pouvions nous y résoudre, dit Jean-Marc Desnues, directeur de la communication. L'organisation des 24 Heures du Mans coûte 25 millions de francs. Pour maintenir l'épreuve nous avons décidé la création d'un syndicat mixte qui regroupe le Conseil général des Pays-de-Loire, le Conseil général de la Sarthe, la communauté urbaine et la municipalité du Mans. Pour le franc symbolique, nous lui avons cédé les installations du circuit. En échange, ce syndicat s'est engagé à prendre en charge son entretien et ses travaux d'aménagement. Ainsi, nous allons perpétuer les 24 Heures et conserver à la région leurs retombées économiques.» Voilà pour le financement. Et la course ? Il fallait lui donner un regain d'intérêt. Pour cela, on a institué un système de primes : à chaque heure de course, une prime de 10 000F récompensera le pilote le plus rapide. De plus, on a fait appel à Mark McCormack. Le célèbre homme d'affaires américain a contacté des annonceurs qui n'avaient guère l'habitude de miser sur le sport automobile, encore moins sur l'endurance. C'est le cas d'Yves Saint-Laurent et de 'son eau de toilette «Kouros». En sponsorisant une Mercédès, il permet à la firme allemande un retour au Mans où elle n'était pas venue depuis 1955, année de la tragédie qui avait fait quatre-vingt-six morts. Un retour qui, pour l'instant, se veut timide, mais qui, à l'avenir, pourrait prendre plus d'ampleur: à l'instar de son concurrent britannique, Jaguar, qui, après deux tentatives — en 1984 et 1985 par le biais de son écurie américaine —, débarque cette aimée en force avec trois voitures au départ. Et leurs pilotes, parmi lesquels Derek Warwick et Eddie Cheever, tous deux transfu- à droite: Marc Menant, Jean-Philippe Grand, Jacques Goutchaux les pilotes de la Rondeau n°47, qui vous feront vivre la course comme si vous y étiez. ges de la formule 1, ont bien l'intention de tenir la dragée haute à l'ogre Porsche. Aux essais préliminaires, qui se sont déroulés le 9 mai dernier, ils ont d'ailleurs obtenu le meilleur temps. « Ne soyons pas prétentieux, dit Brian Norris, l'un des responsables de Jaguar. Pour le moment, notre objectif est de bien figurer. Porsche connaît très bien les rouages des 24 Heures et sa suprématie sera difficile à vaincre. De plus, les Allemands ne seront pas nos de h seuls adversaires. Avec les Japonais auront également leur mot à dire. De toute manière, l'important est de participer. Avec Indianapolis, Le Mans a toujours été la course la plus prisée par les Anglais.» Voilà qui fera certainement plaisir aux organisateurs de cette cinquantequatrième édition des 24 Heures du Mans. Des 24 Heures placées sous le signe du renouveau. GÉRALD LEVRAULT Un non-stop en superproduction P our la première fois le service public — enl'occurrence TF1 — ne retransmettra pas les 24 Heures du Mans. En s'en assurant l'exclusivité, la Cinq n'a pas lésiné sur les moyens. Elle émettra vingt et une heures sur vingt-quatre (une interruption de trois heures pendant la nuit) et, pour l'occasion, proposera un programme spécial diffusé en direct depuis le circuit. Outre la caméra placée sur la Rondeau 47, dix-sept caméras réparties autour de la piste et quatre cars régie assureront la mise en images. Renforcée par Roger Zabel (« Pentathlon»), l'équipe des sports sera dépêchée au grand complet. Marc Menant, Hubert Auriol, Guillaume Durand interviendront à toute heure. «Depuis quelques années TF1 mettait de moins en moins de moyens pour retransmettre la course, dit-on à l'ACO. La Cinq, au contraire, nous a proposé une "couverture" très complète. Et nous avons signé le contrat.» Seule ombre au tableau, La Cinq n'arrose pas la région. Les Sarthois seront privés de « leur » course. «Cela les incitera peut-être à se rendre au circuit», conclut-on à l'ACO.