1998 - Annuaire (yb98)
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1998 ANNUAIRE DES TÉMOINS DE JÉHOVAH 1998 ANNUAIRE DES TÉMOINS DE JÉHOVAH C ONTENANT LE R A PPORT POUR L'ANNÉE DE SERVICE 1997 Les adresses des filiales sont indiquées à la dernière page Éditeurs: WATCHTOW ER BIBLE AND TRACT SOCIETY OF NEW YORK, INC. IN TERNATIONAL BIBLE STU DENTS ASSOCIATI ON 25 Columbia Hcights Brooklyn, NY 11201-2483, U.S.A. Made in the United States of America Imprimé aux États-Unis d'Amérique ---=- -======= =-i - "TOUT HOMME QUI INVOQUERA LE NOM DE JÉHOVAH SERA SAUVÉ" Ce texte consigné en Romains 10:13 renferme une espérance pour des hommes de toutes sortes. Il emporte aussi une idée d'urgence. C'est notre texte, tout àfait approprié, pour 1998. TABLE DES MATIÈRES ------ • · ------ Points m arquants des rapports en provenance du monde entier ................................................................ 3 • Rapport mondial pour l'année de service 1997 .............. 31 • Actes des Témoins de Jéhovah dans les temps modernes : Japon ................................................................................. 67 Martinique ...................................................................... 163 P araguay .......................................................................... 2 1 1 • Lettre d u Collège central . . .................................. .............. 1998 Yearbook ofjehovah's Witnesses French (yb98-F) © 1998 Watch Tower Bible and Tract Society of Pennsylvania Tous droits réservés ------ · ------ 253 ANNUAIRE 1998 DES TÉMOINS DE JÉHOVAH RAPPORT 'EST sur ton pressant que le prophète Yoël a annoncé la C venue du jour de Jéhovah. Il a également indiqué comment y survivre : " Il arrivera que tout homme qui invoquera le nom de un Jéhovah s'en tirera sain et sauf." - Yoël 1:15; Jérusalem a connu jour de Jéhovah en 2:1, 28-32. 607 avant notre ère, lorsque Jéhovah a exécuté son jugement sur elle. Des années plus un tôt, il avait averti les habitants de Juda et de Jérusalem qu'ils étaient gravement coupables d'irrespect envers lui. Oh! bien sûr, ils con naissaient son nom et l'utilisaient, mais ils ne recherchaient pas sin cèrement Sa direction. Ils n'étaient pas persuadés que Jéhovah leur demanderait des comptes (Neh. 9:26 ; Tseph. 1:4-6, 12). Ils consi déraient qu'il serait ridicule d'appeler vers Jéhovah au jour de la dé tresse, et Jéhovah, lui, faisait savoir qu'il ne les écouterait pas (Jér. 11:10, 11). Cependant, lorsque Jérusalem fut détruite, les amis de la justice comme Jérémie, Barouk, Ébed-Mélek et les fils de Yonadab furent épargnés parce qu'ils cherchaient sincèrement est droit et agréable aux yeux de Dieu. à faire ce qui Au rer siècle, l'apôtre Pierre a expliqué que la prophétie de Yoël était en cours d'accomplissement. Sous l'inspiration de l'esprit saint, il a montré que les événements qui se produisaient le jour de la Pentecôte de l'an 33 réalisaient les paroles de Yoël relatives à l'ef fusion de l'esprit de Dieu avant la venue du jour de Jéhovah. Ce jour de Jéhovah est venu en l'an lem (Actes 2:16-21). 70, avec la destruction de Jérusa 14 années auparavant, l'apôtre Or, environ 3 Paul, dans une lettre adressée aux chrétiens de Rome, avait citéYoël 2:32 (Rom. 10:13). Dans quel but ? Celui de souligner l'impar tialité de Dieu envers les Juifs et les Grecs. Comme l'avait écrit le prophète, le salut s'offrait à " tout homme qui [invoquerait] le nom de Jéhovah". Mais pourquoi les chré tiens de Rome avaient-ils besoin de recevoir des avertissements concernant la destruction d'une ville si éloignée ? C'était afin qu'ils se tienL'apôtre Paul a cité la prophétie de Yoël nent à l'écart de la zone dangereuse. Tous ceux qui se sont rendus à Jérusalem en 70 à l'occasion de la Pâque juive se sont trouvés pris au piège quand le malheur s'est abattu sur la ville. Pour leur part, ceux qui avaient tenu compte de la parole de Dieu transmise par son Fils s'étaient enfuis de la ville condamnée environ quatre ans avant ces événements. - Luc Nous sommes 21:20-22. à la veille d'un jour de Jéhovah d'une ampleur encore plus importante. L'exécution du jugement de Jéhovah tou chera tous les endroits de la terre. Cependant, le salut est possi ble pour quiconque - quelle que soit sa nationalité, sa race ou sa langue - invoque le nom de Jéhovah avec une confiance totale et exerce la foi dans le sacrifice propitiatoire de son Fils, Jésus Christ (Rév. 7:9, 10). Notons tout;fois cette série de questions posées en Romains 10:14 : "Comment invoqueront-ils celui en qui ils n'ont pas foi ? Et comment auront-ils foi en celui dont ils n'ont pas en tendu parler ? " Les Témoins de Jéhovah savent qu'il est primordial de donner à tous la possibilité d'entendre. Durant l'année de service écoulée, de septembre 1997, les Témoins de Jéhovah 1996 à août ont rendu un témoignage puissant à Jéhovah, à son Fils et au Royaume messianique. Ils ont effectué leur œuvre de témoignage public dans 232 pays, groupes d'îles et terri toires. Le rapport de l'année montre qu'ils ont consacré plus de un milliard d'heures à cette activité, pour être précis 1 179 735 841 heu res. Ils ont dirigé en moyenne nombre record de 375923 4552589 études bibliques, et un personnes se sont fait baptiser pour symboliser l'offrande de leur personne à Jéhovah. 6 Annuaire 1998 Ce témoignage mondial est particulièrement impressionnant quand on considère par qui il est réalisé. Les Témoins de Jéhovah viennent de toutes les nations, de toutes les races, de centaines de groupes linguistiques. Beaucoup doivent compter avec les mêmes graves difficultés financières que les gens de leur entourage. Des milliers vivent dans des pays déchirés par la guerre. Nombre d'en tre eux témoignent fidèlement en dépit de graves ennuis de santé. Malgré les événements traumatisants qui se sont déroulés dans leur pays, les Témoins de Jéhovah du Rwanda, pionniers non compris, consacrent en moyenne plus de 20 heures par mois au ministère. Pendant la période de troubles qui a secoué l'Albanie, les procla mateurs ont fait en sorte de prêcher pendant les heures relative ment tranquilles du petit matin, avant la reprise des tirs. À l'échelle mondiale, chaque mois 5 353 078 proclamateurs en 5 599 931 à à un autre de l'année, ce moyenne ont prêché le Royaume. En tout, ils ont été participer à cette activité à un moment ou qui constitue un nouveau chiffre de pointe. Ce nombre inclut une grande armée de pionniers, dont la moyenne - 706 270 par mois - est également sans précédent. Comment expliquer cet excellent résultat? Une invitation spéciale reçoit une réponse enthousiaste Au début de 1997, un appel a été lancé: "Recherchons [...] Le ministère du Royaume a donné des sug pionniers auxiliaires. " gestions pratiques sur la manière d'organiser son temps en vue d'at teindre cet objectif. Les proclamateurs ont été vivement encouragés à être pionniers un ou plusieurs mois de mars à mai. Chaque filiale s'est fixé un objectif: 100 000 pour les États-Unis, 20000 pour les Philippines, 10 000 pour la République de Corée, 2 000 pour la Nou velle-Ze1ande, 350 pour le Liberia, pour ne citer que ces exemples. Les résultats ont apporté la preuve éclatante que, vraiment, comme l'annonçait Psaume 110:3, frent volontairement '. En mars, la les serviteurs de Jéhovah' s'of Guadeloupe a dépassé son ob- 7 Rapport mondial 43 % et l'Équateur de 73 %. Avec 4 173 pionniers, Porto Rico a plus que doublé le nombre prévu. En Ukraine, où l'on avait demandé 5 000 pionniers auxiliaires, les conditions économiques difficiles n'ont pas empêché 10365 pro clamateurs de répondre à l'appel. Aux États-Unis, pour les trois mois de la campagne on a enregistré un total de 251 880 pionniers auxiliaires, ce qui représente un accroissement de 130 % par rap jectif de pionniers auxiliaires de port à l'année dernière. La participation à cette campagne spéciale a exigé b eaucoup d'efforts supplémentaires. Q!lels en ont été les résultats? Le bureau du Liberia a fait le rapport suivant : " On a vraiment commencé à enregistrer des progrès dans la prédication à partir de la campagne spéciale de mars. Dans ce pays déchiré par la guerre, où certains de nos frères et sœurs ont, par trois fois, perdu la totalité de leurs biens, être pionnier auxiliaire représente un grand sacrifice. La plupart ont pour principale préoccupation de permettre à leur famille de faire un repas par jour, parfois constitué d'un simple bol de riz ou de bulgur à l'huile de palme. Il semblait bien improbable d'atteindre l'objectif de 350 pionniers auxiliaires, chiffie correspondant à 25 % du nombre moyen de proclamateurs de l'année précédente. Mais nos frères ont mis leur confiance en Jéhovah, et en mars ils étaient 496 à être pionniers, chiffre exceptionnel qui constitue un nouveau record. Si on lui ajoute les 150 pionniers permanents et les 29 pion 42 % des proclamateurs qui partici niers spéciaux du pays, ce sont paient à une forme ou à une autre du service de pionnier en mars ! Q!l'en a-t-il été des endroits où le territoire est déjà parcouru cha que semaine, voire encore plus souvent? En Colombie, dans une commune située près des locaux de la filiale, un homme a dit à un pionnier:" C'est incroyable ! Ils m'ont abordé alors que j'allais pren dre le bus à Faca.Je les ai rencontrés toute la journée partout. Il est 8 - dans le bus, heures du soir, et vous y êtes encore." Po{u-quoi ? Parce que les Témoins de Jéhovah veulent aider leurs semblables à trouver le chemin de la vie. Ils veulent aussi être purs du sang de ceux qui rejettent cette possibilité. -Ézék. 3:19; Actes 20:26, 27. 8 Annuaire 1998 Mars était également le mois du Mémorial de la mort de Christ. Y avait-il plus belle façon de manifester notre reconnais sance pour ce que représente cet événement que d'avoir une parti cipation accrue à l'œuvre que le Fils de Dieu a confiée à ses disci ples? - Mat. 28:19, 20; Actes 1:8. "Continuez à faire ceci" La mort et la résurrection de Jésus Christ ont une influence dé terminante sur la vie de tout vrai chrétien. L'apôtre Paul a écrit : "L'amour que le Christ a nous oblige [...]; et il est mort pour tous afin que ceux qui vivent ne vivent plus pour eux-mêmes, mais pour celui qui est mort pour eux et a été relevé." (2 Cor. 5:14, 15). Le dernier jour de sa vie humaine, Jésus Christ a institué un mémo rial de sa mort : chaque année, ses disciples oints d'esprit devraient commémorer sa mort sacrificielle. C'est ce qu'ils ont fait le 23 mars 1997, obéissant ainsi au commandement de Jésus (1 Cor. 11:25). Des millions d'autres se sont assemblés avec eux en qualité d'obser vateurs. L'assistance mondiale a été de 14322226 personnes, chif fre supérieur de plus de un million à celui de 1996. �elle preuve magnifique de la faveur et de la bénédiction de Jéhovah ! En de nombreux endroits, c'est avec un grand enthousiasme que lesTémoins de Jéhovah ont invité les gens à se joindre à eux lors du Mémorial. Au Togo, les 19 proclamateurs du village de Game Seva ont eu la joie d'accueillir 820 personnes. Les 209 proclama teurs de la congrégation d'Aksu, au Kazakhstan, ont enregistré une assistance de 1 080 personnes. À Ekpe, au Bénin, les 56 proclama teurs ont dû être très agréablement surpris de voir 1 351 personnes assister à l'événement. Au Liberia, à Gbapa, un groupe de quatre proclamateurs ont rendu visite plusieurs fois dans le mois aux gens du village pour leur rappeler l'importance du Mémorial. Résultat : une assistance de 193 personnes. Ils ont appliqué la connaissance qui mène à la vie L'œuvre consistant à faire des disciples est un aspect fonda mental du ministère chrétien. Avant de retourner au ciel, Jésus a 9 Rapport mondial commandé à ceux qui le suivaient de ' faire des disciples de gens d'entre toutes les nations, les baptisant, les enseignant '. (Mat. 28:19, 20.) C'est la raison pour laquelle les Témoins de Jéhovah du monde entier proposent un programme d'enseignement biblique individuel et gratuit. Au cours de l'année écoulée, ils ont dirigé cha que mois en moyenne 4 552 589 de ces études de la Bible. Parmi ceux qui ont commencé à étudier, certains recherchaient la vérité. Au Liban, un homme a trouvé des numéros de La Tour de Garde et de Réveillez-vous ! dans une poubelle. En les lisant, il a noté qu'on y proposait une étude gratuite de la Bible à domicile. Aussitôt, il s'est mis à la recherche des Témoins de Jéhovah. D'autres ne pensaient pas être intéressés par le message. À Wi nuatu, dans le sud-ouest du Pacifique, le chef d'un village et sa femme apprenaient la vérité biblique. Leur fils était furieux qu'ils aient quitté l'Église presbytérienne pour fréquenter les Témoins de Jéhovah. Mais un jour, un pionnier a réussi à discuter avec lui et s'est proposé de lui montrer comment se passe une étude biblique, " juste pour voir ". Ils se sont servis de la brochure Ce que Dieu at tend de nous . Quand ils ont eu couvert une leçon, le jeune homme a voulu en étudier une deuxième, puis une troisième. Bientôt il étu diait deux fois par semaine et assistait aux réunions. Une fois qu'ils ont goûté à l'étude, certains en redemandent à raison de plusieurs fois par semaine. Ce fut le cas de Lars, au Da nemark, qui se disait athée. La lecture du livre La vie : comment est-elle apparue? Évolution ou création? l'a rapidement convaincu de l'existence de Dieu. Il a alors voulu absolument en apprendre davantage, à tel point qu'il n'a pas tardé à étudier trois fois par se maine le livre La connaissance qui mène à la vie éternelle. liois frè res dirigeaient l'étude à tour de rôle. Il n'est évidemment pas suffisant d'avoir la connaissance seule. Il faut également faire la volonté de Dieu, ce qui exige parfois des changements profonds. En Indonésie, un jeune homme avait une conduite si abominable que ses parents, de croyance confucéenne, l'avaient livré aux autorités, le considérant irréformable. Mais 10 Annuaire 1998 quand il a eu la possibilité d'assister aux réunions desTémoins de Jé hovah, il a été tellement frappé par la sincérité des personnes pré sentes et par l'amour qu'on lui témoignait qu'il a voulu connaître Jéhovah. Après seulement deux mois d'étude, il a apporté de grands changements dans sa vie, cessant de fumer et de se droguer. Peu après, il devenait proclamateur, se faisait baptiser et entrepre nait le service de pionnier auxiliaire, puis permanent, tout cela en 15 mois! Réellement, comme l'annonçait Révélation 7:9 , 10, "une grande foule" sort actuellement de toutes nations, et tribus, et peu ples, et langues pour servir Jéhovah. Des proclamateurs pleins de ressources Pour accomplir son ministère, Jésus Christ allait trouver les gens là où ils étaient. En plus de leur rendre visite chez eux, il a donné le témoignage en un endroit où des pécheurs lavaient leurs filets, au puits d'un village ou encore dans le temple de Jérusa lem (Mat. 13:1, 2; 26:55; Luc 5:1-3; Jean 4:5-26). L'apôtre Paul aussi prêchait en public et allait "de maison en maison" parce que c'était le meilleur moyen de n'oublier personne (Actes 20:20). Imi tant ces modèles, lesTémoins de Jéhovah vont là où sont les gens. Le téléphone est utilisé plus que jamais. Cela permet d'avoir contact régulier avec les habitants de résidences très surveil lées, d'immeubles à l'entrée inaccessible ou de lotissements en ac cès privé. On se sert également du téléphone pour toucher les ha bitants de centaines d'îlots coralliens qui composent les Bahamas. La distance et le coût du déplacement ont toujours constitué un énorme obstacle. Mais, désormais, le téléphone permet de faire des "visites" régulières. Un proclamateur de la République dominicaine prend plaisir à donner le témoignage à l'aéroport. "L'aéroport est un territoire particulier, dit-il. Sans même posséder de passeport, je peux parler à des gens de toutes sortes de nationalités. Je présente des articles at trayants que les voyageurs peuvent lire dans l'avion. J'aborde aussi un 11 Rapport mondial les gens qui amènent des passagers à l'aéroport ou qui attendent des arrivants. Je laisse une trentaine de périodiques par heure. Main tenant, les employés de l'aéroport me guettent pour avoir les der niers numéros. J'ai même commencé une étude biblique avec l'un d'eux." Cette année, les Témoins dominicains avaient un stand au Salon national du livre. Les excellentes conversations qu'ils ont eues à l'occasion de cet important événement culturel du pays ont dé bouché sur plusieurs études bibliques. À Taiwan, les anciens d'une congrégation ont pris des dispo sitions pour que des frères et sœurs qualifiés visitent les grands hô pitaux de leur territoire. Deux sœurs se sont rendues dans un ser vice de dialyse. Leur but était de témoigner de l'amitié aux malades qui sont retenus là plusieurs heures. Ont-elles obtenu de bons résul tats? L'une des sœurs a présenté son mari à un homme qui avait montré de l'intérêt pour le message. Une étude a été commencée et s'est poursuivie chaque semaine à l'hôpital. L'homme n'a pas tardé à assister régulièrement aux réunions de la congrégation. En Australie, des Témoins ont préparé un lot de publications à l'intention des entrepreneurs de pompes funèbres. Il contenait les brochures Q.yand la mort frappe un être aimé... et Dieu se soucie t-il vraiment de nous ? ainsi que des tracts particulièrement adaptés aux personnes endeuillées. Cette initiative a reçu un bon accueil. Les frères retournent voir périodiquement ces entrepreneurs pour renouveler leur stock de brochures et de tracts. Beaucoup de pays emegistrent un accroissement important de leur population carcérale. Là où c'est possible, les Témoins de Jé hovah prêchent dans les prisons. Il y a une quinzaine d'années, au Brésil, les Témoins de Sào Paulo ont commencé à visiter un cen tre pénitentiaire qui abrite une maison de détention où se trouvent quelque 6 000 prisonniers. Actuellement, ils y dirigent 45 études bi bliques. Neuf détenus sont devenus proclamateurs après avoir ap pris la vérité en prison. Après leur baptême, ils ont entrepris le ser vice de pionnier auxiliaire. Certains des détenus dirigent chaque semaine des études bibliques avec des membres de leur famille, et 12 Annuaire 1998 l'un d'eux apprend à lire et à écrire à une trentaine de codétenus. Les responsables de l'établissement sont enchantés du travail qui est accompli parmi les prisonniers. En Afrique du Sud, deux Témoins ont rendu visite aux magis trats, avocats et greffiers des palais de justice. Ils ont rencontré une femme officier de l'état civi l qui leur a demandé pourquoi ils n'étaient pas venus plus tôt. Et d'expliquer qu'elle avait déjà ma rié plus de 20 personnes ce matin-là. Elle a accepté le livre Le secret du bonheurfamilial, ce qu'ont fait également les trois couples qui étaient assis dans son bureau. Désormais, les frères viennent trois fois par semaine et prononcent une allocution de cinq minutes de vant un auditoire de 60 à 1OO personnes. Ils exposent la pensée de Jéhovah sur le mariage et mentionnent le fait que, tous les vendre 100 divorces sont pro ils proposent le livre Bonheurfamilial pour aider les dis, dans ce même palais de justice, plus de noncés. Puis couples présents à réussir leur union. Aux Philippines, un Béthélite se rendait à une assemblée spé ciale d'un jour en autocar. Beaucoup de compagnies de transport diffusent des films vidéo pendant le voyage pour occuper leurs passagers. En l'occurrence, le frère a demandé au chauffeur l'auto risation de passer une cassette qu'il avait avec lui. C'est ainsi que les 70 passagers ont pu voir le film Les Témoins deJéhovah : un nom, une organisation. Vraiment, il y a quantité de façons de faire enten dre la bonne nouvelle aux gens ! La joie de prêcher en " territoire vierge " À l'exemple de l'apôtre Paul qui prenait plaisir à prêcher dans des régions qui n'avaient encore jamais reçu le témoignage, des Té moins de Jéhovah de notre époque se rendent disponibles pour évangéliser des ' territoires vierges ' ou des secteurs visités très irré gulièrement. - Rom. 15:23. En matière de prédication de la bonne nouvelle, de vastes ré gions rurales de Moldova, en Europe de l'Est, sont pour ainsi dire vierges. Pourtant, quand on leur accorde de l'attention, certaines se 13 Rapport mondial révèlent très fertiles. Ainsi, en janvier 1997, les proclamateurs d'une congrégation de T ighina sont allés prêcher dans deux villages. Ils ont rapidement commencé des études, et 13 habitants de ces villa ges se sont fait baptiser l'été suivant à l'assemblée de district. Voilà vraiment de quoi se réjouir ! Au Pérou, une pionnière de Lima souhaitait prêcher dans une région isolée pour étendre son service. Elle a voyagé 15 heures en autocar pour se rendre dans sa ville d'origine située dans le dis trict d'Andamarca. Sur les 7 000 habitants de l'endroit, il n'y avait aucun Témoin de Jéhovah. À sa grande surprise, elle a rapide ment trouvé un travail. Sa compagne de service est venue la re joindre. Toutes deux se sont rendu compte qu'il leur était étonnam ment facile de donner le témoignage aux médecins, aux ingénieurs, aux architectes et autres membres de professions libérales. Cer tains étaient véritablement affamés sur le plan spirituel. En l'espace de deux mois, trois des cinq réunions prévues pour les congréga tions ont commencé à se tenir régulièrement avec une assistance de 15 personnes. Soixante-six personnes étaient présentes au Mémo rial. En Guyana, un couple de pionniers qui voulait servir là où il y avait du besoin a obtenu d'excellents résultats avant même d'être à pied d'œuvre. S'étant arrêtés dans un village pour la nuit, ils ont prêché à quelques-uns de ses habitants. Le lendemain matin, alors qu'ils s'apprêtaient à reprendre la route, une jeune fille est venue à leur tente pour leur dire que sa mère désirait leur parler. Q!relle surprise quand ils ont appris que cette femme lisait les publications des Témoins de Jéhovah depuis 14 ans ! C'est sa sœur qui les lui en voyait des États-Unis. Ces publications avaient exercé une telle in fluence sur les membres de cette famille qu'ils avaient quitté l'Église catholique, s'attirant les foudres du reste du village. Une réunion a été programmée pour le dimanche suivant, à laquelle ont as sisté 47 personnes, dont 23 membres de cette famille. On a égale ment pris des dispositions pour que le Mémorial soit célébré en ce lieu, et 66 personnes y sont venues. On voit quelles bénédictions 14 Annuaire 1998 abondantes reçoivent ceux qui répondent Macédoine pour aider '! - Actes 16:9. à l'appel de 'passer en Les jeunes " louent le nom de Jéhovah " est encourageant de constater que beaucoup de jeunes ser vent Jéhovah avec zèle. Psaume 148:7-13 lance cette invitation : "Louez Jéhovah depuis la terre, [...] jeunes gens et vous aussi, vier ges, vieillards avec les garçons. �'ils louent le nom de Jéhovah, car son nom seul est à une hauteur inaccessible. Sa dignité est au-dessus de la terre et du ciel. " Ceux qui acceptent cette invitation bienveil lante se comptent par milliers. �e ce soit oralement ou par leur conduite chrétienne, ils saisissent les occasions qui s'offrent à eux de donner un beau témoignage. Une étude statistique a révélé que 12 O/o des plus de 50000 pro clamateurs du Ghana ont entre 6 et 20 ans. La filiale d'Argentine a signalé que la moitié des 3 441 personnes baptisées lors de la der nière série d'assemblées étaient des jeunes de 12 ans et plus. La plu part d'entre eux vont encore à l'école, ce qui leur donne accès à un territoire particulier, généralement hors d'atteinte des autres procla mateurs, un territoire qui se révèle souvent productif. Daniel a six ans. Proclamateur non baptisé au Ghana, il dirige dix études bibliques, essentiellement avec des camarades d'école. L'un d'eux, âgé de 19 ans, a assisté au Mémorial en mars dernier. Un jour où son maître, en classe, avait dit quelque chose d'erroné sur l'origine de la vie animale, Daniel a saisi l'occasion. Pendant la récréation, il est allé le trouver et lui a dit poliment qu'il avait une publication susceptible de lui apporter d'autres renseignements sur l'objet du cours. Après avoir lu une brochure, l'enseignant a écrit au père de Daniel et, actuellement, il progresse dans la connaissance qui mène à la vie éternelle. Même les jeunes enfants qui ne vont pas encore à l'école peu vent, s'ils sont enseignés par des parents qui craignent Dieu, donner un témoignage qui porte du fruit. En Russie, quand une femme et sa petite fille de cinq ans prennent le métro, c'est souvent l'enIl 15 Rapport mondial fant qui entame les conversations. S'il y a quelqu'un assis près d'el les, elle demande : " Pardon Madame, est-ce que vous savez que le nom de Dieu est Jéhovah ? " Comme la réponse est généralement : " Non ", la fillette se tourne alors vers sa mère et lui dit : " Maman, explique-lui s'il te plaît. " Parmi nos jeunes Témoins, il s'en trouve de particulièrement courageux et zélés. En Islande, Bjarki, dix ans, a souvent prêché à ses camarades de classe. Il y a quelque temps, ils ont prétendu qu'il n'était pas chrétien parce que, selon eux,' il croit en Jéhovah, et pas en Dieu '. Ils ont rejeté les explications qu'il a essayé de leur don ner. En rentrant de l'école, Bjarki a demandé à l'un des garçons de passer chez lui parce qu'il avait quelque chose à lui montrer. Là, il a ouvert sa bible en islandais à Genèse 2:5, où le nom de Dieu fi gure dans une note, et il s'est servi de la Traduction du monde nou veau en anglais pour convaincre son ami que le nom de Dieu est bien Jéhovah. Puis, il lui a dit : " Maintenant que tu as vu par toi même dans la Bible que Jéhovah est le nom de Dieu, si ceux de l'école disent que Jéhovah n'est pas le nom de Dieu, tu pourras leur dire qu'ils se trompent parce que toi tu l'as vu dans la Bible. " Ainsi, en plus d'avoir appris un aspect de la vérité à son ami, Bjarki lui a montré comment prêcher. Parfois, il est possible de donner le témoignage avec tact direc tement en classe. Au Liban, un jeune frère a présenté devant sa classe un exposé sur les Témoins de Jéhovah qu'il a accompagné de la projection de la vidéocassette Les Témoins dejlhovah : un nom, une organisation. Au Portugal, une jeune proclamatrice qui devait faire une rédaction sur ses activités pendant les vacances de " Pâ ques " a mentionné le fait qu'elle avait assisté au Mémorial. Cela a suscité l'intérêt de son professeur qui s'est mis à étudier la Bible et qui est aujourd'hui proclamateur non baptisé. Le zèle incite de nombreux jeunes à entreprendre le service de pionnier auxiliaire, et parfois de pionnier permanent. C'est le cas de Marie Rose, au Rwanda. Tout en poursuivant ses études secon daires, elle travaille dur pour aider sa mère âgée, mais elle est aussi 16 Annuaire 1998 pionnière permanente et dirige 15 études bibliques. Glory, du Ca meroun, était pionnière auxiliaire tout en continuant d'aller à l'école, bien qu'aucun de ses proches ne fût Témoin de Jéhovah. Aujourd'hui, elle est pionnière permanente, et trois autres membres de sa famille sont baptisés. Elle tire cette conclusion : " Être pion nière pendant ma scolarité a été la meilleure des protections contre la drogue, l'immoralité et la violence si présentes dans les écoles de nos jours." Une école pour les pionniers Ceux qui sont pionniers permanents depuis au moins un an se voient proposer une formation spéciale. C'est en novembre 1977, aux États-Unis, qu'ont été lancées les premières invitations à l'École pour les pionniers. Depuis, rien que dans ce pays, plus de 195 000 pionniers ont bénéficié de ce cours, dont 10345 pendant l'année de service écoulée. Des centaines de milliers de Témoins dans le monde ont reçu cette formation. Qliel est le but de cette école ? Les cours sont destinés à aider les pionniers 1) à marcher avecJéhovah en imitantJésus Christ, 2) à faire abonder leur amour pour toute la communauté des frères, et 3) à améliorer leurs capacités de prédicateurs et d'enseignants, afin de briller plus intensément " comme des foyers de lumière dans le monde". - Phil. 2:15 . Deux instructeurs ont fait remarquer qu'en plus de donner aux élèves une formation pratique dans la prédication, le cours les aide "à être équilibrés dans l'œuvre de pionnier et à ne pas laisser les choses de ce système perturber leur vision spirituelle". Cela a per mis à un plus grand nombre de faire du ministère à plein temps une carrière gratifiante. Ces huit dernières années, à mesure que l'interdiction pesant sur l'activité des Témoins de Jéhovah était levée en Europe de l'Est et en Afrique, on s'est empressé de prendre des dispositions pour que les pionniers de ces pays puissent bénéficier de l'École pour les pionniers. De Slovénie vient ce rapport : " Les effets bénéfiques de 17 Rapport mondial l'école se voient à travers une amélioration sur le plan individuel de la qualité et de l'efficacité des pionniers." L'enthousiasme mani festé par les élèves est souvent communicatif. Ainsi, dans une con grégation de Hongrie, le nombre de pionniers est passé de 5 à 26 après que certains ont assisté à cette école. La moisson est vraiment grande. Il faut des ministres bien for més et désireux de servir. À n'en pas douter, !'École pour les pion niers continuera de répondre à ce b esoin. Dix ans d'École de formation ministérielle Dix ans après les débuts de !'École des pionniers était inaugurée le 1 cr octobre 1987 à P ittsburgh (États-Unis) !'École de formation ministérielle. Les anciens et les assistants ministériels célibataires qui suivent cette formation peuvent être invités à se déplacer dans une région du monde où il y a du besoin. De 54911 il y a dix ans, le 85 256. Il y a nombre des congrégations dans le monde est passé à un important besoin d'hommes qualifiés dans l'activité pastorale, l'enseignement et l'organisation du grand travail d'évangélisation. C'est à ces tâches que !'École de formation ministérielle prépare des 2 Tim. 2:2. Depuis sa création, 3 698 frères ont assisté à cette école sur le continent américain, 1 208 en Afrique, 1 804 en Asie et dans les îles du Pacifique, et 2 295 en Europe. Les diplômés se trouvent aujour d'hui dans 126 pays différents. hommes dévoués. - Un nombre relativement important de ces diplômés sont mul tilingues. Cet avantage est immédiatement exploité dans leur pro pre pays, où vivent de nombreux groupes ethniques, ou à l'étran ger. D'autres ont appris la langue du pays où ils ont été envoyés. Des centaines de diplômés sont pionniers spéciaux et ' défri chent ' des régions isolées. Ils apportent leur soutien à des congréga tions qui manquent d'anciens et d'assistants ministériels. Certains sont nommés dans le service de la circonscription. C'est le cas, par exemple, au Nigeria, où 50 diplômés sont surveillants itinérants. Une cinquantaine également occupent cette fonction au Mexique, 18 Annuaire 1998 où beaucoup de nouvelles congrégations sont formées. Aux Phi lippines, 37 diplômés sont surveillants de circonscription perma nents, et 111 surveillants suppléants. Certains diplômés ayant des compétences techniques sont affectés dans des Béthels. Cette école se révèle très précieuse pour donner une formation de qualité à des frères qui s'offrent volontairement au service des intérêts du Royaume (Ps. 110:3). Étant donné que de plus grandes responsabilités leur sont confiées, il leur est également demandé da vantage, mais ils reçoivent aussi de nombreuses bénédictions. Luc 12:48b. "Vous devrez vous réjouir devant Jéhovah" Dans !'Israël antique, les adorateurs de Jéhovah se rassemblaient régulièrement à l'occasion des fêtes saisonnières. Ceux qui se ren daient à la fête annuelle des Huttes étaient tenus par ce comman dement : " Vous devrez vous réjouir devant Jéhovah votre Dieu pendant sept jours." (Lév. 23:40). De même, à notre époque, les assemblées de district qui se tiennent chaque année sont un mo ment de grande réjouissance pour les serviteurs de Jéhovah. Au dé but de l'année de service, des assemblées de district du cycle" Mes sagers de la paix divine" avaient encore lieu dans certains pays. Le thème de cette assemblée était particulièrement approprié au Liberia, pays ravagé par la guerre! Plusieurs semaines à l'avance, on voyait dans les villes et les bourgades certains de nos frères porter fiè rement leur insigne" Messagers de la paix divine". Les Témoins de Jéhovah étaient bien placés pour arborer un tel insigne. Les Libériens savent que, durant ces années de conflit, seuls les Témoins de Jéhovah se sont démarqués comme étant d'authentiques messagers de la paix divine. Alors que des milliers de partisans d'autres religions ralliaient les factions armées et portaient les armes, on rencontrait partout les serviteurs de Jéhovah, bible à la main, en train d'annoncer des mes sages de paix divine à leurs compatriotes fatigués de la guerre. Au milieu de l'année 1997 a commencé la série d'assemblées du cycle " La foi en la Parole de Dieu". Beaucoup ont exprimé une 19 Rapport mondial profonde reconnaissance pour le drame intitulé" Gardez l'œil sim ple". D'autres ont accordé toute leur attention au discours ayant pour thème" La qualité de votre foi - mise à l'épreuve dès main tenant", un sujet on ne peut plus d'actualité. La brochure Un livre pour tous, dont la parution a été annoncée lors de l'assemblée, est déjà publiée en 58 langues. En Pologne, l'auditoire enthousiaste a goûté le moment le plus fort de l'assemblée lorsque l'annonce a été faite simultanément à Varsovie et àWroclaw de la parution en polo nais de la Bible intégrale selon la Traduction du monde nouveau. En Grèce, lorsque les assistants ont compris que l'édition grecque inté grale des Saintes Écritures - Traduction du monde nouveau avait été imprimée et allait leur être présentée, ils se sont levés pour ap plaudir longuement, avant même que l'annonce soit terminée, tout en versant des larmes de joie et de gratitude. Outre les assemblées de district, d'autres assemblées mémora bles ont eu lieu en divers endroits du globe. L'une d'elles s'est tenue en novembre 1996 en République dominicaine, lors de l'inaugura tion des nouveaux locaux de la filiale, ainsi que d'une Salle d'assem blées de 3 000 places et d'une Salle du Royaume. Dans l'auditoire se trouvaient des chrétiens qui avaient vécu les dix années de persécu tions féroces sous le régime du dictateur liujillo. Une ancienne mis sionnaire, Juanita Brandt, a raconté que des missionnaires étaient restés dans le pays, prêchant discrètement tout en occupant un em ploi, et encourageant les Témoins du pays, dont beaucoup avaient été emprisonnés et torturés. O!iand il a connu la vérité, Luis Mon tas, qui était de la famille du dictateur liujillo, était trésorier du parti. Il a été pourchassé, emprisonné, et a failli mourir à plusieurs reprises. Malgré ses 91 ans, il était présent.à l'inauguration de la fi liale et a été ravi de faire partie des 35 678 personnes réunies pour l'assemblée nationale qui a eu lieu ensuite. Un autre rassemblement remarquable s'est tenu, en mars 1997, à l'occasion de l'inauguration de locaux supplémentaires au Bé thel du Brésil. Des Témoins venus des 26 États du Brésil ont assisté au programme d'inauguration. Étaient aussi présents des délégués 20 Annuaire 1998 venus de 24 pays ainsi gue des missionnaires ayant ser vi au Brésil et issus de 4 3classes de l'Ecole de Guiléad. Q!ielle fête joyeuse ils ont vécue! Lors d'une réunion spéciale organisée le lendemain, Mil ton Henschel, membre du Collège central, a pris la parole au stade Maracana de Rio de Ja neiro, alors que des foules réunies dans qua tre autres villes écoutaient le programme. L'assistance totale a dépassé les 200000 per sonnes. Le thème encourageant que l'orateur avait choisi, tiré d'Ecclésiaste 12, était "Jé hovah aime les jeunes". Il a invité les jeu nes chrétiens à servir Jéhovah pleinement en entreprenant le service de pionnier avant que ne viennent les jours funestes '. ' Un peu plus tard durant ce même mois, lors d'une assemblée tenue enArgentine, une nouvelle salle d'assemblées de 9400 places a été inaugurée à Canuelas. Cette salle pourra accueillir, pour des assemblées de district ou de circonscription, les Témoins de la capitale argentine et de ses environs. Le programme d'inauguration comprenait entre autres choses un récit passionnant de l'activité des Témoins de Jéhovah en Argentine, où, malgré une interdiction de 33ans, l'accroissement théocratique s'est poursuivi. Le lendemain de l'inauguration, un rassemblement a eu lieu dans le grand stade River Plate de Buenos Aires. Les gradins étaient com bles et il a fallu installer le reste de l'auditoire sur la pelouse. On a compté plus de 718 00 personnes. Certaines avaient fait une longue route. Un autocar bondé était monté de Patagonie, soit un trajet de 3100 kilomètres. En tout, environ 1 200 autocars venus de diverses régions sont arrivés au River Plate. Luis Montas, un Témoin de longue date. Carey Barber, 91 ans, membre du Collège central, a pris la pa role durant ces rassemblements. Lors de l'inauguration, il a encou ragé les Témoins à lire régulièrement la Bible : " Frères et sœurs, li sons-nous tous la Bible chaque jour ? Beaucoup prétendent qu'ils Au stade River Plate, Carey Barber a encouragé plus de 71 800 personnes à résister à l'esprit du monde. ont trop de choses à faire pour lire la Bible chaque jour ; mais il semblerait qu'ils aient as sez de temps pour faire trois bons repas par jour, et cela se voit fa cilement sur eux, n'est-ce-pas? S'ils lisaient la Bible chaque jour, ça se remarquerait aussi, ne pensez-vous pas ? " Le lendemain, au stade, alors qu'il s'exprimait sur le thème" Comment résister à l'es prit de ce monde", le discours a été interrompu à plusieurs repri ses par les applaudissements d'un auditoire enthousiaste et attentif. Encourageant chacun à continuer de progresser dans ce qui est ver tueux et juste, il a rappelé que pour y parvenir nous avons aussi be soin de l'aide deJéhovah, de son esprit. Frère Barber a montré l'im portance de" rejeter le langage ordurier et la conduite immorale du monde". Puis il a lancé cette exhortation :" liouvez la joie et le bonheur à servir, à adorer et à réjouir Jéhovah. " Les assistants ont réellement été très touchés par ce programm e spécial. ' Allongez les cordes de la tente ' Ces dernières années, on a enregistré un accroissement épous touflant dans le nombre de personnes qui, dans le monde, mon tent à la grande maison spirituelle de Jéhovah pour être instrui tes dans les voies de Dieu et marcher en elles (Is. 2:2-4). Durant les cinq dernières années, 159 3995 personnes se sont fait baptiser 1 La nouvelle Salle d'assemblées de 9 400 places de Caiiuelas (Argentine). pour montrer qu'elles se sont vouées à Jéhovah. Elles ont besoin de Salles du Royaume où elles se réuniront pour recevoir l'instruc tion biblique et adorer Dieu. De grandes salles sont nécessaires pour les accueillir lors des assemblées spéciales d'un jour, des assemblées de circonscription et de district. Il est nécessaire de disposer de bu reaux et d'imprimeries pour y traduire et produire des publications bibliques dans leurs langues, mais aussi pour y coordonner l'ac tivité desTémoins de Jéhovah afin que chaque habitant ait l'occa sion d'entendre le message du Royaume. La déclaration prophéti que suivante prend toute son importance:" Élargis l'emplacement de ta tente. [ . . .]Ne te retiens pas. Allonge tes cordes, et tes piquets, consolide-les. " - Is. 54:2. Comment est-il possible d'obtenir de telles installations? Grâce à la bénédiction de Jéhovah sur les efforts qu'accomplissent dans l'unité ses Témoins. Là où c'est possible, les Témoins de l'endroit s'occupent de la construction et couvrent les dépenses par des of frandes volontaires. �and c'est nécessaire, ce qui est souvent le cas, desTémoins d'autres régions du pays et de la communauté des frères dans le monde viennent apporter leur aide. Il arrive que des bénévoles venus de cinq ou dix pays, voire davantage, par ticipent à la construction de grands bâtiments pour certaines filiales. Parmi les installations achevées et inaugurées durant l'année de service passée, on compte de nombreuses Salles du Royaume, quel- Rapport mondial 23 ques Sal les d'assemblées , et u n certain nombre de filiales. Cela com prend les nouveaux bâtiments des filiales de Guyane, de la Jamaï que, de Madagascar, de Maurice, de la République dominicaine, de Russie et de Sierra Leone, ainsi que des extensions de bâtiments en Argentine, en Australie et au Brésil. Qye s 'est-il passé dans ces pays pour que de telles installations s oient rendues nécess ai res ? ARGENTINE : Depu is que l'interdiction, qui pesait sur l'acti vité des Témoins de Jéhovah en Argentine, a ét é levée en 198 0, le nombre des proclamat eurs du Royaume a connu une vérit able " explosion " . En 1981, on compt ait 38 869 Témoins actifs , s oit, en proportion, 1Témoin pour 717 habitants . Aujourd'hui ils sont 116 15 1 proclamateu rs , et la proportion est passée à 1 pou r 28 1. Il a fallu agrandir plusieurs fois les bâtiments de l'imprimerie. Récem ment, deu x bâtiments supplémentaires ont été achetés et moderni s és , et les bâtiments résidentiels ont été agrandis. Tout cela est venu compléter des installations déjà vastes. AUSTRALIE : Depuis que la filiale occupe s es nouveaux lo caux dans la banlieue de Sydney, le nombre des Témoins dans le pays a presque doublé pour atteindre le chiffre de 60 946. De nou veaux services ont été créés : un Bureau d'ingénierie régional, un Service d'information hospitalier, un service juridique, etc. Le ser vice des expéditions sert maintenant de dépôt de publications pour u ne grande partie du Pacifique. Pour répondre aux besoins, trois bâtiments ( bureaux, services divers et logements) ont été ajout és aux instal lations de la filiale d'Australie. BRÉSIL : Depu is que les bât iments du Béthel de Cesârio Lange ont été inaugurés en 1981, ces instal lations ont triplé en taille. Pou r quoi? Plus de 338 6 00 personnes sont venues grossir les rangs des Témoins de Jéhovah au Brés il. L'année écoulée, les Témoins ont pass é plus de 8 0 300 000 heures à prêcher la bonne nouvel le, ont diffusé des mil lions de publicat ions bibliques et ont dirigé en moyenne 44 30 28 études bibliques à domicile. Cette filiale coor donne l'activité de 6 96 0 congrégations et de 340 surveil lants itiné rants. 24 Annuaire 1998 RÉPUBLIQUE DOMINICAINE : Ce territoire est très pro ductif. Les 21007 proclamateurs de République dominicaine di rigent 35 36 2 études bibliques. Les nouveaux locaux de la filiale étaient plus que nécessaires pour parer aux besoins de l'œuvre dans ce pays. GUYANE : Il fut un temps où la prédication dans ce territoire était essentiellement le fait de Témoins venant de Guadeloupe ou de Martinique. En 1990, il y avait sur place 660 proclamateurs et une filiale a été ouverte. Q!lels résultats ont été obtenus ? En l'es pace de cinq ans, le nombre des proclamateurs a doublé. La prédi cation de la bonne nouvelle connaît un bel essor dans ce pays lar gement couvert par la forêt amazonienne. On compte à présent 1Témoin pour 100 habitants. Le fait que 1468 proclamateurs di rigent 2167 études bibliques et que 5 506 personnes aient assisté au Mémorial en 1997laisse présager un plus bel accroissement en core. JAMAÏQUE : La bonne nouvelle a été prêchée pour la pre mière fois en Jamaïque en 1897; l'inauguration des magnifiques lo caux de la filiale en 1997 coïncidait donc avec le centenaire de l'activité de témoignage dans ce pays. Les nouvelles installations comprennent des bâtiments pour les bureaux et services divers, des logements, une Salle d'assemblées et une Salle du Royaume. Ces lo caux contribueront sans aucun doute à une plus grande extension encore de la théocratie dans ce pays. MADAGASCAR : Beaucoup de chemin a été parcouru depuis que des serviteurs de Jéhovah se sont rendus pour la première fois à Madagascar en 1925 . Ces dernières années, l'activité s'est fortement accélérée. En mars 1997, alors que 8 404 Témoins prenaient part à la prédication et dirigeaient 2 2 321études bibliques, 45 300 person nes ont assisté au Mémorial. Les nouveaux bâtiments de la filiale permettront de faire face aux besoins de cette foule toujours plus nombreuse d'adorateurs de Jéhovah. MAURICE : Dans cette île de l'océan Indien, la filiale se trouve à présent dans de nouveaux locaux et une Salle d'assemblées ou- Rapport mondial 25 vert e sur les côtés a été construite. Pourquoi ces travaux ? Parce que dans les îles de cette région, les personnes répondent favorablement à l'appel que leur lance la Bible à venir louer Jéhovah (Is. 4 2:10) . Dura nt les huit années écoulées, le nombre desTémoins deJéhovah a presque doublé dans cett e partie du globe. SIERRA LEONE : En raison de la guerre civile et des troubles politiques interminables qui secouent ce pays, de nombreuses per sonnes aspirent à connaître la sécurité que seul le Royaume de Dieu pourra apporter. Dans ce contexte, la construction de la nouvelle filiale a porté un beau témoignage. Des professionnels du bâtiment sont venus de différents pays pour offrir leurs services bénévole ment, chose inconcevable de prime abord pour le public. De plus, le fait que des bénévoles ' blancs ' aient accompli des travaux phy siques en compagnie deTémoins de la Sierra Leone a fait beaucoup ' parler dans les chaumières '. Il était manifeste que lesTémoins de Jéhovah ont appris à vivre et à travailler dans la paix et dans une fra ternit é authentique. RUSSIE : L'inauguration des nouveaux locaux de la filiale de Russie a revêtu une portée internationale. Des événement s théo cratiques remarquables avaient eu lieu da ns cette région. Le 21juin 1997, 4 2 pays étaient représentés lors de la journée d'inauguration. En 1972, il se trou vait 10000 Témoins da ns toute l 'Union so viétique. En 1991, quand l'activité desTémoins deJéhovah a enfin obtenu la reconnaissance l égale dans ce pays, 49 171Témoins prê chaient dans les 15 républiques de l'Union. En mai 1997, plus de 2 15 000 Témoins étaient à l'œuvre dans ces territoires, et quelque 6 00 000 personnes ont assisté au Mémoria l en mars. La filiale de Russi e s'occupe de l'œu vre da ns ce pays et dans neuf autres anciennes républiqu es de l'Union soviétique. Afin de coordonner cette activité et de traduire des publications pour ces pays, de nouvelles installations ont été construites à une qua ran taine de kilomètres au nord-ouest de Saint-Pétersbourg, près de la commune de Solnechnoye. Cela s'est fait conformément aux sta tuts l égaux du Cent re admini stratif de l'organisati on religieuse 26 Annuaire 1998 régionale desTémoins de Jéhovah de la Fédération de Russie. Ce complexe magnifi que comprend sept bâtiments résidentiels, où lo gent environ 250 personnes, une Salle du Royaume et une sal le à manger de plus de 500 places chacune, ainsi qu'un grand complexe abritant des bureaux et un dépô t. Lors de l'inauguration, T heodore Jaracz, membre du Collè ge central, a prononcé le discours principal : " Construisons pour l'avenir. " D'autres orateurs ont relaté des événements marquants de l'h istoire de l'œuvre. À la réception se trouvaient de gra nds pan neaux portant des photos et des récits évoquant l'activ ité des Té moins de Jéhovah en Russie sur plus d'une centaine d'années. O n apprenait ainsi que dès 189 2, à la demande d u métropolite ortho doxe de Moscou, un homme qui avait fait part à d'autres de ce qu'il avait appris par les Étudiants de la Bible (aujourd'hui les Témoins deJéhovah) avait été envoyé en exil dans une région de l'actuel Ka zakhstan. On découvrait que, durant la Deuxiè me Guerre mon diale, des centaines de Russes avaient con nu la vérité bibli que en côtoyant lesTémoins de Jéhovah dans les camps de concentration nazis. On pouvait lire des rapports évoquant les milliers deTémoins de Jéhovah exilés en Sibérie et dans l'extrê me est de la Russie en 1951, sous la dictatu re de Staline. Parmi les person nes présentes à l'inauguration se trouvaient de nombreux chrétiens qui, en raison de leur foi, ont enduré de lon gues années en prison et dans les camps de travail de Sibérie. Pou vez-vous imaginer le regard émerveillé et la joie de ces vétérans v isi tant les remarquables installations entourées de 7 hectares d'espaces verts ? Beaucoup avaient les larmes aux yeux, en particulier ceux qui retrouvaient des compagnons qu'ils n'avaient pas revus depuis leur libération. Q!iel moment de bonheur quand des frères et sœurs se sont retrouvés dans la grande cour et ont spontanément enton né à quatre voix des cantiques qu'ils avaient chantés il y a des dizaines d'années, à l'époque où ils étaient exilés en Sibérie ! De nombreux ouv riers du bâtiment, venus d'une vingtaine de pays, avaient travaillé ensemble pendant plus de quatre ans pour 1) Russie 2) Argentine 3) Sierra Leone 4) Australie 5) Guyane 6) Brésil 7) Madagascar 8) République dominicaine Rapport mondial 29 réaliser ces installations. Certains avaient vendu leur maison et avaient complètement bouleversé leur vie pour aider leurs frères russes. Cette inauguration a été pour eux un moment très émou vant, et déjà ils se préparaient en vue d'autres attributions théocra tiques. Ce sont en tout 16 98 2 bénévoles qui sont à l'œuvre au siège mondial des Témoins de Jéhovah et dans les filiales du monde en tier. En raison des conditions dans lesquelles ils effectuent leur ser vice, ces membres de la famille du Béthel font partie de l'Ordre des serviteurs spéciaux à plein temps. ' Des champs mûrs pour la moisson ' Jésus a dit : " Levez les yeux et regardez les champs : ils sont blancs pour la moisson. " (Jean 4:35). Cela se vérifie à une échelle plus grande que jamais. Depuis 1919, année où a été lancée une campagne mondiale de témoignage au sujet du Royaume, d'énor mes quantités de " semence " ont été plantées dans le territoire mondial. Des milliards de publications bibliques ont été diffusées. 9) Maurice l O) Jamaïque 30 Annuaire 1998 Des dizaines de milliards de conversations ont fait connaître aux personnes le dessein de Jéhovah. Tous les moyens appropriés d'in formation à grande échelle ont été utilisés pour porter à l'attention du public le message vital présentant le Royaume de Dieu comme seul espoir de l'humanité. C'est maintenant le moment de mois sonner. Au Mexique, en Amérique centrale et du Sud, ainsi qu'aux An tilles, 59076 0 personnes se sont fait baptiser durant les cinq der 1858 46 2 études bibliques en moyenne nières années. Et l'an passé, ont été dirigées dans ces territoires avec des personnes qui désirent connaître et servir Jéhovah. L'Afrique et les îles environnantes signalent que, depuis 199 3, 274724 personnes sont devenues des serviteurs de Jéhovah voués et baptisés. Dans ces pays, on a dénombré 286 3594 assistants au Mémorial. Au Malawi, plus de 125 000 personnes étaient présen tes. En Angola, 16 0 414. En République démocratique du Congo (ex-Zaïre), 5747 36 , malgré la guerre. De très nombreuses person nes vont certainement encore embrasser le vrai culte. Depuis que l'on a commencé à détruire le mur de Berlin en 1989, 309589personnes ont connu la vérité et se sont fait baptiser dans les pays qui composaient auparavant le bloc soviétique. Tous ces chrétiens sont désireux non seulement d'être enseignés par Jého vah, mais aussi de faire sa volonté. En Amérique du Nord et en Europe, où les Témoins de Jého vah prêchent depuis plus d'un siècle, de fortes populations immi grées constituent un territoire produisant de nombreux disciples. Oui, quand le jour de Jéhovah arrivera, " tout homme qui invo quera le nom de Jéhovah s'en tirera sain et sauf ". (Yoël 2:32. ) Il est donc de la plus haute importance que nous aidions nos semblables à connaître Jéhovah, à placer leur confiance en lui, et à conformer à ses justes préceptes ! Lorsqu'arrivera le grand et redouta leur vie ble jour de Jéhovah, puissent-ils, en agissant de la sorte, être de ceux que Jéhovah considérera avec faveur ! - Tseph. 2: 3. RAPPORT MONDIAL : TOTAUX POUR 1997 Nombre de filiales : ...................................................................... 104 Nombre de pays envoyant un rapport : ......................................... 232 Nombre de congrégations : ...................................................... 85 256 Assistance au Mémorial : .................................................. 14 322 226 Nombre de participants au Mémorial dans le monde : ............... 8 795 Nombre maximum de proclamateurs du Royaume : ............ 5 599 931 Nombre moyen de proclamateurs prêchant chaque mois : ... 5 353 078 Accroissement par rapport à 1996 : ........................................... 3,6 % Nombre de baptêmes : .... .. . ............ . .. .. ..................... . ............ . 375 923 Nombre moyen de pionniers chaque mois : ............................ 706 270 Total des heures consacrées à la prédication : ................. 1 179 735 841 Nombre moyen d'études bibliques chaque mois : ................ 4 552 589 Au cours de l'année de service 1997, la SociétéWatch Tower a dépensé 63914 602 $ (soit environ 375000000 de francs français) pour permettre aux pionniers spéciaux, aux missionnaires et aux surveillants itinérants d'accomplir leur ministère. RAPPORT MONDIAL DES TÉMOINS DE La lettre et le numéro suivant le nom du pays 1997 Pays ou territoire Max. Proportion : un procl. pour 1997 Moy. procl. Accr. (%} sur 1996 Population procl. Açores (F-1) Afrique du Sud (P-6) Alaska (A-27) Albanie (F-6) Allemagne (D-5) Andorre (F-4) 243190 37 859 000 635007 3 262 000 8 2 0 1 2 162 64479 587 64258 2 1 79 1 090 1 69 988 153 414 589 291 2 993 482 421 557 60736 2 124 994 166 780 138 0 3 0 31 0 -1· Angola (M-6) Anguilla (0-31 ) Antigua (P-32) Argentine (P-36) Aruba (R-29) Australie (0-19) Autriche (E-5) 1 2 26 2 000 7 000 65 952 3 2 6 1 5 528 83651 1 8 42 6 900 8063 000 34337 26 343 1 16 15 1 559 60946 20842 357 269 192 281 150 302 387 3 1 497 24 331 1 1 3 903 548 59 892 20 6 1 1 16 -8· 7 2 6 -1· 0 Bahamas (H-35) Bangladesh (H-14) Barbade (Q-33) Bélarus (D-7) Belau (K-19) Belgique (D-4) Belize 0-33) 255 055 1 2 9 66 1 600 253 000 10 1 6 3 000 17 456 1 0 105 226 2 1 6 500 1 41 9 79 2 243 1 962 64 27 102 1 292 180 1 64 1 286 1 13 5 180 273 373 168 1 34 1 63 2 183 1 806 58 26 328 1 100 1 40 2 29 4 -1· 5 Bénin {K-4) Bermudes (G-36) Bolivie (N-36) Bonaire (R-29) Bosnie-Herzégovine (E-6) Botswana (0-6) Brésil {M-37) 4 9 1 5 555 62 569 7 767 059 14218 3 500 000 1 533 392 1 5 9 279 1 20 5 204 445 1 3 464 68 796 1 098 459 522 945 141 577 209 4397 1 397 347 5 02 1 409 1 3 007 62 725 1 022 435 032 9 0 9 3 25 14 6 Bulgarie (F-6) Burkina {K-3) Burundi (L-7) Calmanes 0-34) Cambodge (K-15) Cameroun (L-5) Canada (C-31) 8 428006 1 0 352 000 6 500000 32 000 10 547 535 1 4 044000 30 104 3 1 9 916 861 2 273 110 20 26042 1 13 763 9 20 1 12 023 2 860 291 527 377 539 265 843 770 1 61 4 101 18 25014 109 880 17 8 0 5 -5" 6 0 Cap-Vert 0-1) Centrafricaine {Rép.) (K-6) Chili (0-36) Chuuk (K-2 1) Chypre (G-8) Colombie (L-35) Comores (M-9) 453 291 3 69 1 900 1 4 622 354 67 650 6 5 1 800 37 422 721 450000 1 295 2 086 55 679 54 1 749 90 192 6 350 1 770 263 1 253 373 415 75 000 1 247 2 063 5 1 495 47 1 730 8 1 061 6 11 5 4 4 2 9 0 Congo {Rép. dém. du) {L-6) Congo {Rép. du) (L-5) Cook (0-26) Corée {Rép. de) (G-18) Costa Rica (K-34) Côte d'ivoire (K-3) Croatie (E-5) 48 000000 2 700000 1 8 000 45 991 257 3 432665 14401 000 4 784 265 104 1 34 3 935 142 84543 18913 5 592 5 133 461 686 127 544 181 2 575 932 89 346 3 032 127 83 273 1 7 897 5 433 4 99 1 -1· _9• _7• 2 6 6 6 JÉHOVAH POUR L'ANNÉE DE SERVICE permettent de le situer sur les cartes qui suivent. 1996 Moy. procl. 1997 Nomb. bapt. 557 59243 . 2 122 759 166468 140 31 4 400 74 309 5 807 2 27 189 26 309 1 1 1 468 518 60 2 1 6 20664 4 844 1997 Nomb. congr. Total heures Moy. études bibliques 60 7 129 175 341 10856 20 16 1 292 28 22 2 052 2 1 1 2 556 1 3 087 220 324409 493427 26973 779 3 1 973 357 58215 771 2 1 97 67 168 63 1 256 168 903 4756 3 1 54 286 126 258 16 7 489 19 2 31 3 570 4 1 83 1 48 1 3 340 30 5 037 1 588 478 1 5 1 663 8 770 298 9 2 14444 3 695 77 832 23450258 85630 1 0 708941 3 674 1 1 7 67 333 20 366 77423 483 2 1 904 8 269 160414 138 1 190 245 935 1 832 1 1 1 770 34023 1 334 45 2 140 1 395 56 26654 1 048 64 8 109 228 4 858 88 172 10 230 234 18 1 881 142 23 1 24 17 1 376 25 301 365 15 731 406073 455 988 22 467 4 41 7 532 248818 1 31 6 92 1 775 1 825 124 8 297 1 169 3 670 204 5 750 5 667 300 49 000 5 042 4619 410 1 1 887 60 578 899 410 599 614 21 1 645 2 95 110 37 894 700 56 2 528 1 200 118 4 1 42 1 107 5 214 1 9 24 6 960 1 292 337 94153 3 93 1 551 7 740 309843 231 186 8 0 3 1 8 709 7 309 242 18 1 8 1 50 588 1 311 443028 25 1 5 5 1 028 50238 252 1 943 3 53 5 1 2 14 774 723 710 1 6 16 96 19 23667 1 10 2 3 5 136 92 231 4 2 2 692 3 67 1 112 170 203 9 11 2 102 10571 15 21 40 1 1 534 1 388 227 075 267 377 461 204 18 972 1 3 409 4 747 674 20270252 1 02 5 1 307 3 203 89 84 25430 35 757 2 251 2 524 6 048 315 164 84399 187 940 1 123 1 962 49587 45 1 693 74 108 6 165 236 3 977 1 77 9 205 1 225 300 7 319 14 236 1 0 147 23 47 591 3 19 989 372 770 552 127 12 358929 2 1 083 383 1 2 2 18 796 5 1 1 1 004 2 487 3 1 55 52 520 161 901 123 001 8 4 914 1 1 842 143897 482 3 339 333 263 26 90063 3 33 1 137 81 537 1 6 943 5 128 4716 7 034 352 13 4 543 1 230 508 343 1 3 699 577 15 29 354 1 747 989 642 2 492 112 3 1 51 2 237 140 66 2 5 039 602 1 064 782 26 146 34263 864 3 346934 1 632 843 1 1 82036 2 1 7 480 11 648 136 57 1 1 8 1 7 149 9 334 2 180 574 736 20144 429 1 3 3 362 5 1 413 20092 9 790 Moy. pion. Assistance au Mémorial 1997 Proportion : un procl. pour 1997 Moy. procl. Aœr. (%) sur 1996 145 97 339 347 207 330 7 3 478 1 539 1 5 155 20 1 20 330 33642 11 -1· -1· 8 2 9 106071 3 59 1 974 7 19 5 649 80 1 873 374 407 274 9 736 547 425 98 724 3 351 929 4 7 1 5 292 75 1 708 -1· 14 1 5 .7• 12 5 1 1 6 826 58 500000 1 01 4 976 1 150000 1 8 803990 27086 1 9 441 1 2 4 860 1 82 1 84 5423 4 1 17 263 469 557 1 3 690 347 232 19 191 120 490 1 72 5 72 51 133 103 0 -2' 12 26 7 -6· 58 155 940 1 0 2 5 9 900 91 150 55971 4 1 0 000 150000 129 288 26980 605 158 7 886 621 450 380 151 354 52 242 123 3 1 8 26704 583 153 7 584 584 1 4 1 2 7 9 056 000 6 756 800 1 200000 406 1 5 1 7 7 7 468 147283 7 300000 1 7 304 824 63 485 2 048 1 468 10621 523 8 200 19 048 837 380 687 16 738 805 56 423 1 898 1 440 10 248 7 11 17 29 -1· 4 4 Hawaii 0-26) Honduras 0-34) Hong-Kong (H-17) Hongrie (E-6) Inde (H-13) Irlande (D-2) Islande (A-1) 1 183 723 5 900004 6 502 100 10 174 442 998 0 1 2 000 5 289 387 269 735 7 650 1 0 532 4 145 1 9 457 1 7 534 4 537 324 155 560 1 569 523 56 919 1 1 66 833 7 389 9 696 4035 18 387 1 7 183 4454 314 0 Il 8 6 8 1 2 lsra�l (G-8) Italie (E-5) Jamaïque 0-35) Japon (F-20) Kazakhstan (E-12) Kenya (L-8) Kiribati (L-24) 7 91 0 600 57 282 824 2 502030 1 2 5 257061 1 7 02 7 000 28 000000 79653 826 224726 10614 220663 10 585 12 142 83 9 577 255 236 568 1 609 2 306 960 775 220 945 1 0 034 2 1 7 970 9 808 1 1 445 68 20 2 2 4 25 11 15 8 707 2 1 1 2 500 2 500000 3 77 6 3 1 7 2 500000 4899 000 31 143 25 2 354 1 68 1 3 600 1 96 1 17 60 348 897 1 487 1 049 1 275 288 176 519 17 2 149 1 463 3 494 1 648 6 53 Pays ou territoire Max. Population procl. l i 038602 1 5 1 448 5 2 5 1 027 7 293 390 71 794 1 1 936858 76250 1 555 1 5 491 2 1 007 346 36 208 39652 742 1 462 1 30 266 776 000 55 000000 43 784 796 000 Finlande (B-7 ) France (E-4) Gabon (l-5) Gambie (K-2) Ghana (K-3) Gibraltar (G-3) Grande-Bretagne (D-3) Grèce (F-6) Grenade (Q-32) Groenland {B-38) Guadeloupe (P-32) Guam (K-20) Cuba (H-34) Curaçao (R-29) Danemark (C-5) Dominicaine (Rép.) (0-29) Dominique (P-32) Équateur (l-35) Espagne (F-3) Estonie (C-7 ) États-Unis (F-32) Éthiopie (K-8) Féroé (B-3) Fidji (N-25) Guatemala 0-33) Guinée (K-2) Guinée-Bissac (K-2) Guinée équatoriale (l-5) Guyana (K-3 7) Guyane (l-38) Haïti (0-28) Kosrae (K-23) Lesotho (0-7) Lettonie (C-6) Liban (G-8) Liberia (K-2) Libye (H-6) Liechtenstein (E-5) !OO -! ' -19' 5 26 2 16 0 -9 ' 1996 Moy. procl. 1997 Nomb. bapt. 66006 1 553 15 3 5 1 1 8 678 322 30975 8 605 62 285 l 767 16 2911 99 240 2 947 921 1 23 5 036 81 1 522 Moy. pion. Moy. études bibliques Assistance au Mémorial Nomb. congr. Total heures 14653 120 1 02 1 3 966 42 5 683 1 100 20 222 320 6 493 1 7 88 3 6 1 9 253 355 2 220 797 5 852 173 87 5 1 2 8 899854 137 489 1 476 4 126 35 362 429 48710 164 565 4 232 23675 8 1 237 905 138 806 3 240 388 45 220 548 2 140 1 1 184 443 107 792 916 24 241 1 287 40 10 883 79 4 30 2 1 141 1 7 9 7 9 5 698 182 994 6 1 3 1 570 141 22 267 399 192 29505 3 249 455 239 3 674 45 1 77 1 166 842 8 871 2 13 5 167 1 5 7 16 110 6 323 1 9 134 123 208 1 546 57 47 705 1 10 580 3 928 169 15 4 1 79 1 91 4 7 708 206 13 5 827 8 304 1 685 27 1 847 2 3 143 009 1 9 067 704 4 1 6 286 24 106 1 1 378 405 1 7 584 7 414 36 197 4 1 86 108 108 720 30 28812 220467 7 951 250 197 055 158 124623 26 352 562 151 7 458 544 4 161 773 19 7 361 37 10937 2 897 76 33 432 127 1 439 428 7 7 96 9 20775 842 5 064 346 129 3 1 7 42 600 1 1 66479 173 134 41 102 9 406 607 120 6 581 748 223 301 44426 1 662 345 1 8 605 1 833 1 5 666 725 48 327 1 925 1 380 9851 1 595 100 1 822 168 25 61 252 201 1 409 253 21 1 4 36 20 207 3 52 5 002 277 2 1 2 36724 126 720 399 413 369 748 2 495 750 1 6 382 1 550 259 1 3 10 2 082 2 167 1 4 28 1 55 973 3 769 407 2 049 8 455 5 506 67259 7 392 8 705 3 743 17 342 1 5 970 4412 309 313 1 1 60 350 1 91 4 1 636 172 li 1 167 1 226 827 1 598 1 825 646 28 93 145 38 234 485 114 8 l 703 725 2 363 724 1 249 5 7 1 3 480493 3 339 309 1 093 280 56938 4824 12 858 3 884 11 788 1 2 435 1 848 173 1 7 476 38 534 7 704 4 1 922 44634 8093 624 647 2 1 6 23 1 9 800 210 290 7 848 1 0 285 60 84 9 509 674 10962 2 718 1 64 1 19 79 30378 l 076 89 513 967 2 058 15 10 3 003 183 3 77 1 81 220 175 348 52 1 76423 1 853 124 99 600 126 2 188939 3 572 443 23833 772 83 699 10038 197 570 9 89 1 1 5 148 182 1 833 413914 32903 376853 29 7 10 35 236 239 21 2 038 1 1 57 3 433 1 41 9 6 58 2 221 281 153 244 2 356 195 291 359 l 2911 595 622 372 706 639 082 6 1 9 466 686 7 616 27 2 37 1 1 597 1 864 4486 5 20 141 6 848 3 956 6 846 10 376 19 115 li 83 134 111 769 l 53 18 70 39 Population 1997 Max. procl. Lituanie (C-6) l.uxembourg (E-4) Macao (H-17) Macédoine (F-6) Madagascar (N-9) Madère (G-1) 3 7 1 7 700 487 000 470000 1 936877 1 3 670 500 258 536 2 306 1 893 122 808 8 655 1 039 1 6 12 257 3 852 2 397 1 579 249 2 022 1 853 1 16 750 8 307 978 14 1 12 19 13 5 Malaisie (L-15) Malawi (N-8) Mali 0-3) Malouines (Falkland) (R-37) Malte (G-5) Marshall (K-23) 2 1 665 500 1 1 018 944 1 1 300000 2 22 1 360000 50345 1 895 40924 178 9 533 224 1 1 433 269 63483 247 675 225 1 827 39779 159 8 511 189 6 11 5 -20° 2 6 Martinique (Q-32) Maurice (N-11) Mayorte (N-9) Mexique (H-32) Moldavie (E-7) Montserrat (P-32) 359 570 1 082 972 1 3 1 320 93 873 720 4 320000 4000 4001 1 278 54 488264 14415 23 90 847 2 432 192 300 174 3 922 1 254 49 479247 1 3 48 1 20 2 2 9 5 18 -31 ° Mozambique (0-8) Myanmar (Birmanie) 0·14) Namibie (N-5) Nauru (L-23) Népal (H-13) Nicaragua (K-34) 1 8 496363 46 000000 1 683 5 1 8 6 560 22 901 600 4 6 2 5 000 2 5 667 2 470 926 9 287 14 104 721 18 623 1 818 729 79 797 328 23460 2 352 817 7 262 12 733 15 4 -1· 17 20 6 10 080 7 490000 103 900000 2 076 1 91 2 4404149 43 241 203 1 10 32 18 9 92 1 234 3 1 079 512 65 106 444 41 225 1 9 7 532 29 15 9 449 11 1 3 .3• 7 -2· Nouvelle-Calédonie (0-23) 200000 Nouvelle-Zélande (Q-24) 3 681 546 Ouganda (L-8) 20400000 Pakistan (H-12) 137 000000 Panama (K-34) 2 7 1 8 686 Papouasie-Nouvelle-Guinée (M-20) 4 4 1 1 060 Paraguay (0-37) 5 085 325 1 688 12 926 2 083 410 9 338 3 256 6 22 1 118 285 9 794 334146 291 1 35 5 817 1 532 1 2 496 1 887 376 8 651 2 944 5 536 Pays ou territoire Niévès (P-32) Niger 0-5) Nigeria (K·4) Niue (N-26) Norfolk (P-23) Norvège (B-4) Proportion : un procl. pour 1997 Moy. procl. Pays-Bas (D-4) Pérou (M-35) Philippines 0-18) Pohnpei (K-22) Pologne (D-6) Porto Rico (P-30) Portugal (F-2) 1 5 567 107 2 4 3 7 1 043 70 000000 38522 38649914 3 75 5 000 9 439 180 32 550 59291 126 2 1 1 70 124955 26404 46746 478 411 555 550 309 142 202 30536 54019 122 727 65 123 704 25 589 45 635 Réunion (0-10) Rodrigues (N-1 1) Rota 0·21) Roumanie (E-6) Russie (B-17) Rwanda (L-7) Saba (P-3 1) 675 700 34678 2 524 22 700000 148 366000 7 828 000 1 000 2 760 38 10 36405 89043 5 073 1 245 913 252 624 1 666 1 543 1 000 2 701 35 9 35 588 78 868 4 679 1 Accr. {%) sur 1996 0 0 17 7 4 0 10 -1· 6 3 -4· 1 1 2 4 0 29 4 28 32 0 1996 Moy. procl. 1997 Nornb. bapt. Moy. pion. Nomb. congr. 1 770 1 840 104 629 7 339 934 334 72 5 144 1 461 60 218 147 28 91 1 437 78 14 33 2 13 157 14 463005 332 523 38489 189872 2 304440 168 549 1 762 859 112 614 20 1 65 632 6 808 3 648 280 2 605 45300 2 066 1 725 35 765 151 10 502 179 153 7915 9 13 14 293 5 447 61 1 58 43 40 584 6 1 6 4 485 51 5 10020 174 90644 1 052 96324 67 201 2 461 29236 422 5 170 581 4 846 125415 710 15 823 1 130 3 861 1 23 1 45 458059 1 1 439 29 98 121 5 36913 1 67 1 1 391 86 9 60863 870 2 46 19 1 1 1 099 128 1 791 085 2 1 3 137 16 105 105057 709 1 89 1 287 3 659 3 219 988 72 563681 7 898 11 9 357 3 102 144 1 60 1 8 1 7 39 761 85 20486 2 25 3 823 6 218 1 2 065 3 1 13 96 43 4487 296 73 1 48 1 518 576 99 19 1 3 230 6 95 5 377 533 680 169234 1 538 75 909 3 093078 32 560 1 660 813 17 429 20842 103423 6 325 2 681 83 1 001 60432 1 7 3 944 1 1 174 1 1 443 77058 43 983 273 3 694 2 665 1 230895 52 409 301 22 1 23 9 2 682 157 1 187 598 717 96 28 16 597 37 222 1 9 1 558 30 14 9 600 59 1 183 Total heures Moy. études bibliques Assistance au Mémorial 221 5 46 28 346 1 1 535 1 533 1 2 545 1 610 352 8 289 2 950 5 012 117 468 287 49 524 230 402 150 1 304 294 43 1 220 347 851 23 164 32 9 187 55 84 296814 2 35 3 520 531 599 83351 2 062 979 656321 1 362888 1 164 5 857 3 023 364 10237 2 946 6 693 4 398 26 196 7 603 1 729 28 1 8 5 1 5 020 13 551 30887 5 1 063 1 1 9 709 68 122 982 25 397 44 752 832 5 335 9 624 1 6 161 1 194 2 319 1 814 1 0 830 2 1 325 17 7 544 2 541 3 339 420 679 3 49 1 4 384 5 5 1 16 266 560 26 308 192 19313 16 742 761 4 759 256 7 7 1 6 594 9053 69466 85650 145 50433 15 530 22057 53 794 193 440 388 130 599 246485 6 1 45 1 94659 2 601 35 7 34 368 61 843 3 539 1 189 4 227 3 3 2 628 8 546 1 095 1 33 1 1 459 626 69 508134 7 737 3 979 5 529 876 18 928270 1 968 714 1 057 1 654 25 14 1 5 034 84 1 54 1 2 226 9 5 827 85 39 93306 231 176 20121 10 38 17 304 1 2 387 1 5 669 1 160 1 1 7 14 326 648 Population 1997 Max. procl. 31 800 5 131 1 5 1 300 1 500 2 5 058 24000 157 154 677 18 179 261 203 33 223 83 140 92 151 142 649 17 169 242 6 300 107 600 53 681 384057 5 908460 59 600 165 1 9 5 15 325 179 1 363 26010 196 369 420 331 300 282 227 304 448 13 304 169 1 306 24497 182 352 0 2 -8· 12 4 1 5 Sao Tomé-et-Principe (L-4) Sénégal 0-2) Seychelles (L-10) Sierra Leone (K-2) Slovaquie (E-6) Slovénie (E-5) Sri Lanka (K-13) 1 2 4 206 8 700 000 76417 4 5 10000 5 383 469 1 986 448 1 8 500 000 229 826 178 863 1 2 587 1 839 2 687 542 10533 429 5 226 428 1 080 6 885 217 794 154 750 12 361 1 786 2 468 19 6 22 -2· 1 3 12 Suède (B-5) Suisse (E-4) Suriname (K-37) Swaziland (0-7) Tahiti# (N-27) Taïwan (H-17) Tanzanie (M-8) 8 847 578 7 08 1 346 404800 937 747 2 19 52 1 2 1 300 000 29 000000 24246 1 8 634 1 828 1 987 1 91 8 3 475 7 130 365 380 221 472 1 14 6 1 29 4 067 23 692 1 8 186 1 789 1 843 1 867 3 325 6469 -1· -1· 3 4 3 Il li Tchad 0-6) Tchèque (Rép.) (D-5) Thailande 0-15) Togo (K-4) Tokelau (M-26) Tonga (0-25) Trinité-et-Tobago (R-32) 6 670 000 10 304000 60 1 16 182 4 269 500 1 487 97 466 1 269 1 55 535 16 537 1 696 10221 5 89 7 489 1 2 467 623 35 446 418 297 1 095 169 500 1 6 318 1 666 9 86 1 4 81 7 350 10 1 4 7 -20° 19 3 Turks et Caïques (N-28) Turquie (F-8) Tuvalu (M-24) Ukraine (E-8) Uruguay (P-37) Vanuatu (N-23) Venezuela (K-36) 14631 65 000000 9 043 50893 500 3030000 190 000 23 700 000 121 1 468 49 85 242 1 0 395 257 80 172 121 44278 185 597 291 739 296 1 12 1 408 45 78 264 1 0 242 212 75 261 2 9 5 20 2 16 6 Vierges (G.-B.) (0-31) Vierges (U.S.A.) (0-3 1) Wallis et Futuna (N-25) Yap (K-20) Yougoslavie (Rép. féd. de) (E-6) Zambie (N-7) Zimbabwe (N-7) 1 7 000 101 800 1 5 000 10 759 1 0 566 745 9 780 1 33 1 2 293953 147 643 26 30 3 883 96686 25 878 1 16 158 577 359 2 721 101 475 139 600 20 28 3 699 87 747 25 063 0 2 5 0 Pays ou territoire Saint-Christophe (P-32) Sainte-Hélène (N-3) Sainte-Lucie (Q-32) Saint-Eustache (P-31) Saint-Marin (E-5) Saint-Martin (0-3 1) Saint-Pierre er Miquelon (E-37) Saint-Vincent (Q-32) Saipan 0-21) Salomon (M-22) Salvador 0-33) Samoa américaines (N-26) Samoa (N-26) 33 autres pays TOTAL (232 pays) # Chiffres incluant les Marquises Proportion : un procl. pour 1997 Moy. procl. Accr. (%) sur 1996 6 0 1 6 6 12 Il 4 4 42 1 8 5 3 7 846 14,0 5599931 5353 078 3,6 "' Pourcentage en baisse 1996 Moy. procl. 143 142 640 16 159 217 1997 Nomb. bapt. 16 1 37 Moy. pion. Nomb. congr. Total heures Moy. études bibliques Assistance au Mémorial 26 18 1 123 4 18 36 13 297 183 1 17 1 23 446 180 335 28 8 175 2 083 20 34 1 53 32 191 2 579 30 67 1 6 3 41 439 3 7 1 309 8 5 623 48 9 1 7 3 1 3 836 5 224439 46749 1 0 1 993 4 348 212 1 557 23456 202 335 19 1 049 489 5 442 73 1 5 7 659 1 406 183 749 126 768 12 231 1 740 2 203 29 79 18 91 613 82 470 45 150 19 141 573 191 334 3 19 2 21 195 33 52 76031 262 985 38253 231 679 1 677 833 392 1 88 613915 556 1 223 158 1 364 4 684 658 2 557 837 2 272 393 3 616 25577 3 201 7 054 23 896 1 8 295 1 740 1 766 1 86 1 2 996 5 806 651 617 85 205 134 319 750 2 196 1 140 217 280 135 913 1 186 362 313 28 69 33 52 154 3 794 9 1 1 2 942 9 2 5 389729 502 599 327 432 1 270 528 1 919 959 7 953 7 939 1 906 2 373 1 639 4 206 7 373 39431 3 1 986 5 707 5 976 5 376 8911 22 448 454 16 209 1 603 9 1 74 5 68 7 12 7 79 722 129 1 070 92 925 273 1 404 10 420 20 1 208 15 246 48 1 53 1 3 82 162 166 2 403 7 1 7 422677 2 458441 345 27 948 1 678 1 7 1 689 7 1 71 1 549 23351 3 142 9 272 2 982 32965 3816 45936 17 313 2 2 056 110 1 291 43 65 385 10061 182 7 1 298 1 117 2 13612 714 16 6 887 13 186 7 7217 953 22 1 3 246 3 21 3 710 132 3 1 079 29319 363093 1 1 065 1 5 943103 1 720485 50396 20374997 194 1 033 67 52 556 8 1 58 389 97 969 470 2 666 144 224988 23681 1 583 282 448 139 587 19 28 3 329 84772 24 1 8 1 22 18 4 18 84 1 9 589 10953 3 122 2 9 1 1 48 2 058 803 28 786 130011 4201 1 2 133 1 043 416 18 387 500 5 504539 137 569 29 66 2 299 1 1 0 960 32910 590 2 005 100 204 9012 428 697 70038 481 5 28 1 2 576 2 2 9 1 2 3 34843 1 2 894 180416 4 579 37 446 61 1 18 177 62 884 22 60 347 449 354 1 775 55 289 932 33 204 4 785 3 883 632 8 3 1 8 487 37 628 103 821 5 167 258 375 923 706270 85256 1 179735841 4552 589 14322 226 \ 1 GROENLAND A B 2 3 4 �� ÎLES FÉRO€ c D KAZAKHSTAN E F MAbÈRE H .. , ALGERIE SAHA, OCCIDEN :AL " M N 0 p MOZAM BIQUE {' PROPORTION DE PROCLAMATEURS PAR RAPPORTÀ LA POPULATION O CÉAN AFRIQUE '-,./ " DU SUD .,,,...... SWAZILAND LESOTHO 1 pour 3().500 1 pour 501-5 000 a R 1 pour 5 001 et plus Il Non communiqué 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 ... 12 13 14 15 16 17 18 22 21 20 19 RUSSIE E F f8 / ; G HOUTAN BANGLADESH MYANMAR LAOS H HAWAII......._ .. . -1-; YAP' � •.. ,, BELAU . � - SAIPAN '-ROTA '-GUAM • ·' ·' c..""Uu'K. . J ILES MARSHALL ' POHN EI ,• :: � .• · ! K ......,; �. 'KOS�A e.\ � L �IRIBATI ,. NAURU/' ILES ALOMON ,.,_ � ·· . . � TUVA U . :_ . tbKELAU / ,,SAMOA M • ILES WALLIS ET FUTUNA� t.., , SAMOA VANUATUit.. FIDJI ':,p...i A �E�ICAINESN • , • NOUVEL E- •• CALéOONIE INDIEN lLE N'ÔR FOLK TONGA • • NIUE / • •• / - ILES COOK 0 .. p a R 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 �f;> 24 25 26 27 ALASKÀ A CA N A DA E F ÉTATS - U N I S G "' BERMUDES H J O CÉAN PA CIFIQUE K L M BRÉSIL ÎLES MARQUISES �- /N TAH.-I��� ,, ,.,.- -----------------� � �• l . • ÎLES VIERGES (U.S.A.) ·:"'..,. f�ES TURKS ÎLES VIERGES (G.-B.) ET CAÎCUES ANGUILLA / ST-MARTIN è--frRtPUBLJQUE ti ; ST-CHRISTOPHE AÎT I OOMINT IN / � � , /kNIEVES PORTO RICO SABA�•r;::,. oc-;:A ����;ERRAT ST-EUST�CHE � GUADELOUPE , �DOMINIQUE MARTI N I Q U E Ô STE-LUCIE ST-VINCENT Cl �ARBADE ARUBA'-..... cu7:ÇAO d GRENADE 6 TRINIT�-ET .çO ----1' O '}> $ "i\ ��· � r.> �TOBAG 0 &J Q p ... �, _ _ _ _ _ _ _ a 1 �\R.� =.6.�Rl= R 27 28 29 I .. , 30 BOLIVIE___, • • • o 31 32 33 34 MALOUINES wl 38 QUE LA LUMIÈRE BRILLE ! L'une des Sept Merveilles du monde, le phare d' Alexan drie, se dressait bien en vue sur l'île de Pharos dans le port d'Alexandrie, en Égypte. Pendant quelque 1 500 ans, cette source de lumière a guidé les navigateurs. Cependant, Jésus Christ a parlé d'une source de lumière bien plus importante quand il a dit : " Je suis la lumière du monde. " (Jean 8 : 1 2). En jetant la lumière sur les desseins de Dieu, il a enseigné aux gens la bonne manière de vivre et leur a expliqué comment obtenir la vie éternelle ; et ses enseigne ments continuent d'exercer une influence puissante et béné fique de nos jours. Jésus a également confié une responsabilité à ses disciples, en disant : " Vous êtes la lumière du monde. " Mais devaient-ils émettre une lumière spirituelle uniquement par la parole ? Jésus a ajouté : " Qie votre lumière brille devant les hommes, pour qu'ils voient vos belles œuvres gloire à votre Père qui est dans les cieux. " - Mat. et rendent 5: 1 4- 1 6 . Nombreux sont ceux qui, dans l e monde, savent que les Té moins de Jéhovah sont des gens respectueux des lois, des gens Annuaire 1998 44 aux normes morales et éthiques élevées qui accordent une grande importance à la famille, et qui prêchent avec zèle le message contenu dans la Parole de Dieu. Cependant, il existe également des individus qui s'opposent à notre œuvre, prêts à tout pour ternir la réputation du peuple de Jéhovah et pour nous empêcher de faire briller notre lumière. Comment s'y prennent-ils ? Ils fournissent aux autorités et aux médias des informations inexactes, mensongères et méprisantes sur les Té moins de Jéhovah. Afin de rectifier les faits, le Collège central a approuvé, en février 1 9 97, la formation du Bureau des rela tions publiques sous la tutelle du Comité de rédaction. Dans les filiales, des bureaux d'information des Témoins de Jéhovah ont été mis en place. De belles œuvres rendues manifestes L'objectif de cette disposition est de prendre les devants en donnant une image exacte de nos croyances et activités aux médias, aux écoles, aux autorités, ainsi qu'au grand public. Il ne s'agit pas pour les Témoins de Jéhovah d'un moyen de se glo rifier. C'est Jéhovah qu'ils honorent ; et ils l'honorent, en par tie, en faisant connaître leurs belles œuvres, qui sont le reflet des normes élevées de Jéhovah. - 1 Cor. 1 : 3 1 . Parce qu'ils suivent les principes d e l a Bible, ceux qui ap partiennent au peuple de Jéhovah, à titre individuel ou pris collectivement, sont un atout là où ils vivent. Les activités pu bliques des Témoins de Jéhovah ne se limitent pas à l'œuvre de prédication, bien connue, qu'ils effectuent de porte en porte. Si les personnes qui exercent une profession libérale ou qui tra vaillent au sein de certains organismes en viennent à connaî tre nos belles œuvres, il est fort probable que leur accueil sera agréable lorsque nous les rencontrerons dans le ministère. Opération de secours Une des façons de démontrer publiquement notre intérêt en vers notre prochain est de participer activement aux opérations 45 Rapport mondial de secours lorsque surviennent des catastrophes. Par exemple, en 1997 en République démocratique du Congo (l'ex-Zaïre), une équipe entièrement composée de Témoins de Jéhovah a organisé une aide humanitaire. Grâce au concours de milliers de Témoins de Belgique, de France et de Suisse, des réfugiés ont reçu des ton nes de nourriture, de vêtements, de produits vitaminés, de mé dicaments, ainsi que 18 500 paires de chaussures et 1000 cou vertures, tout cela envoyé par avion. Le montant de ces secours avoisine les six millions de francs. Ces dons ont été offerts en premier lieu aux Témoins de Jéhovah, mais des non-Témoins en ont également bénéficié. - Gal. On a aidé la filiale de 6:10. France à préparer une brochure qui explique en détail cette opération. Cette brochure a été en voyée aux élus locaux et à différents organes de presse, afin de les renseigner, par des exemples, sur ce que les Témoins de Jého vah accomplissent d'utile et de concret pour venir en aide aux indigents. Nombre d'élus ont exprimé des remerciements sin cères pour cette information. Ils ont particulièrement été im pressionnés par ce qui a été fait pour s'assurer que les secours parvenaient bien aux sinistrés et qu'ils étaient distribués de ma nière équitable. Une vie de famille agréable La désagrégation de la vie de famille entraîne une lourde charge pour les organismes publics et préoccupe les représen tants de l'État. Avant que l'on ne diffuse le livre Le secret du bon heurfamilial au public, les Témoins de Jéhovah de Finlande ont uni leurs efforts pour rencontrer en personne les gouverneurs des districts administratifs, les maires, les administrateurs muni cipaux, les ser vices sociaux et la presse afin d'expliquer leur oeuvre et de montrer en quoi le livre Le secret du bonheurfami lial peut aider les familles. Q!iel en a été le résultat ? Q!ielque 120 journaux ont publié des articles positifs à ce propos. Par ail leurs, presque tous les maires et autres fonctionnaires ont ac cepté un exemplaire du livre et ont promis de le lire. 46 Annuaire 1998 Dans une ville de Lituanie, où il y a seulement un petit groupe de prédicateurs, les Témoins ont également rendu vi site au maire pour lui présenter le livre et expliquer leur œuvre. Celui-ci, impressionné, a demandé aux frères s'il y avait régu lièrement des réunions dans la ville, car, a-t-il dit, cette con naissance-là est importante pour les gens. Ils ont répondu que les Témoins étant peu nombreux, il n'y avait pas de salle. Mal gré tout, le maire les a engagés à organiser des réunions. Forts de ces encouragements, les Témoins ont pris des dispositions pour que des réunions se tiennent régulièrement à Skuodas. Au sujet de !'Holocauste Ces dernières années, les événements qui eurent lieu durant l'ère nazie et l'Holocauste ont de nouveau éveillé l'attention de représentants de l'État, d'historiens et d'enseignants. Les Té moins de Jéhovah furent au nombre des minorités qui dénon cèrent systématiquement les atrocités du régime d'Hitler. L'his toire de cette résistance a suscité l'intérêt des milieux scolaires. Un manuel et une version de 28 minutes de la vidéo La fermeté des Témoins de Jéhovah face à la persécution nazie ont été pro duits à l'intention des enseignants qui aborderaient les événe ments liés à l'Holocauste. Ces supports pédagogiques mettent en lumière les questions éthiques et morales qu'une telle tragé die soulève. Ils permettront aux enseignants de présenter à leurs élèves l'exemple positif d'un groupe qui fut directement con fronté aux pressions de l'entourage, à l'intolérance et à la cons cience. Des professeurs qui enseignent depuis le secondaire jus qu'à l'université ont exprimé le vif désir d'utiliser ce matériel. En Allemagne, le film vidéo Fermeté a été projeté en avant première au Mémorial du camp de concentration de Ravens brück, à 6 0 kilomètres au nord de Berlin. Des représentants de l' État et des personnalités étaient présents, ainsi que des his toriens et des survivants de la persécution nazie. Cette avant première a reçu un accueil favorable. Qiatre-vingt-dix-neuf 47 Rapport mondial journaux et deux grandes stations radiophoniques ont couvert l'événement. La vidéo Fermeté est actuellement projetée dans plus de 15 0 villes d'Allemagne et remporte un franc succès au près du public. En Russie, en mai 1 997, deux frères ont participé à Mos cou à un colloque international de spécialistes sur le thème de l'enseignement de l'Holocauste. Ils ont traité de l'histoire des Témoins de Jéhovah à l'époque nazie et ont souligné le fait qu'on enseignait aux Témoins à se montrer impartiaux envers tous les hommes. - Actes 10:3 4, 3 5 . Toujours à Moscou, e n une autre occasion, dix Témoins de Russie, d'Ukraine et d'Allemagne ont assisté, en qualité de sur vivants, à une conférence de presse et à une avant-première de la vidéo Fermeté en russe. Deux survivants du camp de Stut thof, un Allemand et un Ukrainien, sont restés en contact par courrier depuis leur libération en mai 1945. Ils se sont revus à Moscou après 5 2 ans ! La conférence terminée, les journalistes ont circulé parmi les frères pour prendre des photos et réali ser des interviews. La vidéo Fermeté a suscité larmes et applau dissements nourris. L'événement a attiré l'attention des médias et du milieu de l'éducation. Des journalistes russes, qui par le passé avaient généralement été critiques envers les Témoins de Jéhovah, ont fait des commentaires favorables tant sur leur his toire que sur leur œuvre. On a lu dans un journal : " Nombre d'entre eux furent arrêtés, envoyés en camps de concentration et exécutés. Mais leur courage, renforcé par leur foi en Dieu, a cependant été le plus fort. Ces gens ont bien fait de réaliser ce film, car ils ont ainsi ouvert les yeux de tous sur une page peu connue de l'histoire de l'opposition au nazisme. Qi'ils en soient remerciés. " On prend l'initiative Les journalistes sérieux font des reportages objectifs et exacts s'ils reçoivent coopération et renseignements. Ainsi 48 Annuaire 1998 donc, en Israël, quand une foule de croyants a pris d'assaut une Salle du Royaume, on a, par des interventions coordonnées, averti les médias de l'incident. Des j ournaux ainsi qu'une chaîne de télévision ont couvert les travaux de réparation qu'ont effectués 15 touristesTémoins de Jéhovah qui étaient en croisière. Ces reportages ont fait ressortir le contraste flagrant entre les gens qui disent simplement croire en Dieu et ceux qui vivent véritablement en accord avec ses enseignements. En Zambie, un journaliste a écrit un article dans lequel il associait lesTémoins de Jéhovah au satanisme. La filiale du pays a été conseillée sur la façon de prendre contact avec le rédac teur en chef du journal et une lettre type intitulée " lettre au ré dacteur en chef " lui a été fournie. On a remis au rédacteur en chef un exemplaire du livre Connaissance et de la brochure Les esprits des morts. Il a promis de s'occuper de cette affaire. Dès le lendemain, sous le titre " Les Témoins de Jéhovah contre le sa tanisme ", la lettre était publiée dans son intégralité. En raison de la présentation déformée de faits et de la désin formation, l'opinion publique de certains pays européens consi dère lesTémoins de Jéhovah comme une secte dangereuse. Les fi liales ont reçu des conseils sur la façon de présenter des réponses qui exposent clairement les activités de notre organisation et qui dissipent les craintes éventuelles des gouvernements. En contraste avec les ténèbres spirituelles du monde, la lu mière de la vérité continue de briller intensément. Combien sont justes ces paroles de l'apôtre Paul en Philippiens " 2: 15 : Vous brillez comme des foyers de lumière dans le monde. " Nous prions pour que Jéhovah dirige et bénisse les efforts faits pour corriger les idées fausses et les préjugés qui circulent sur son organisation et sur les activités de ses Témoins. Nous espé rons qu'en continuant de faire ' briller notre lumière ' de cette manière, une plus grande louange montera vers Jéhovah, lui qui éclaire notre sentier. - Ps. 36 :9. AFRIQUE L'Afrique est un continent où l'on parle un grand nom bre de langues : 750, outre celles venues d'Europe. Dans son amour, Jéhovah veut qu'hommes, femmes et enfants " de tou tes nations et tribus et peuples et langues " fassent partie de ceux qui seront sauvés lors de la " grande tribulation ". (Rév. 7:9, 1 4.) Pour cela, il faut leur donner la possibilité de le con naître. Afin qu'ils puissent non seulement entendre parler de Jéhovah, mais aussi acquérir une connaissance exacte de ses voies, la Société Watch Tower publie des ouvrages en 127 des langues les plus courantes d'Afrique ( 1 Tiro. 2:3, 4). La der nière année de service a vu s'ajouter 9 langues, et des publica tions sont en cours de réalisation dans 1 1 autres langues. Cette année, les Écritures grecques chrétiennes - Traduction du monde nouveau ont paru en swahili pour la Tanzanie et le Ke nya et en tswana pour le Botswana et l'Afrique du Sud. Un des points marquants de l'année pour l'Angola a été la parution et la diffusion du livre Connaissance et de la brochure Attend en trois langues : kimbundu, kikongo et umbundu. 50 Annuaire 1998 Grâce à ces outils, les proclamateurs peuvent utiliser des pré sentations simples et directes, et commencer des études bi bliques dès la première visite. Le nombre des études bibli ques à domicile, en Angola, a atteint un nouveau maximum de 7 1 000, soit, en moyenne, plus de 2 études par proclamateur. Le nombre des prédicateurs du Royaume s'est lui aussi accru de façon remarquable : il a augmenté de 16 % ! À Luanda, la capi tale, et dans ses environs, il y a maintenant 3 50 congrégations, réparties dans 1 7 circonscriptions. En É thiopie, tout en marchant, une sœur donnait le témoi gnage aux gens dans une rue et elle ne s'est pas rendu compte que quelqu'un écoutait derrière elle. Q!iand les autres ont cessé de tourner le message en ridicule, l'homme humble s'est pré senté pour demander une étude biblique. Pour étudier, il lui fallait marcher neuf heures à l'aller et autant au retour. Q!iand il a voulu être proclamateur, le surveillant de circonscrip tion est allé lui rendre visite. Q!ielle ne fut pas sa surprise de trouver 30 personnes qui l'attendaient ! Cet étudiant de la Bi ble communiquait ce qu'il apprenait. Tous avaient beaucoup de questions à poser et la discussion a duré jusqu'à trois heures du matin. Mais le surveillant de circonscription ne s'était tou jours pas entretenu avec l'étudiant au sujet des conditions re quises pour être proclamateur. De plus, il lui fallait repartir ce matin-là, car il avait un autre rendez-vous. L'étudiant de la Bi ble a donc accompagné le surveillant de circonscription qui l'a interrogé tout en marchant. Finalement, le surveillant lui a dit qu'il remplissait les conditions requises pour prêcher. Ils ont prié, puis se sont séparés. Cet homme humble s'est fait bapti ser en janvier 1 997 et il effectue toujours de longs trajets à pied 12 heures aller et retour - pour assister aux réunions. - Ces dernières années, des missionnaires ont afflué au Bur kina Faso ; on en compte actuellement 42 dans ce pays subsa harien. Avant de devenir missionnaires, certains ont bénéficié des cours de l'École de Guiléad ou de l'École de formation mi- 51 Rapport mondial nistérielle. D'autres étaient des pionniers, avec pour seule for mation celle que tous les serviteurs de Jéhovah reçoivent dans leurs Salles du Royaume. Des pionniers de France se sont égale ment établis au Burkina Faso d'eux-mêmes, au prix de grands sacrifices, mais confiants en Jéhovah, pour servir là où le be soin en prédicateurs est grand. Nul doute que Jéhovah bénit les efforts de ces proclamateurs zélés de son Royaume. À Harare, au Zimbabwe, une femme a commencé à étu dier la Bible avec les Témoins de Jéhovah à l'aide du livre vre éternellement. Vï Mais son mari lui a reproché de gaspiller l'argent de la famille en achetant des livres sans intérêt et l'a incitée à trouver une autre religion. Par la suite, ils ont quitté la ville pour s'installer dans leur maison à Chendambuya. Ils y ont contracté le paludisme. Alors qu'il était alité, le mari a lu une ancienne Tour de Garde que sa femme avait conservée. Puis il a enchaîné avec le livre Vïvre éternellement qu'il a dévoré. Sa femme lui a demandé s'il voulait bien le lire avec elle et ils l'ont étudié ensemble. " Est-ce qu'on enseigne cela à ton Église ? " a demandé le mari. " Non ", a répondu la femme. " Alors n'y va plus, a-t-il dit. On va chercher celle qui produit ces livres. " " Mais c'est l'Église que tu m'as dit de quitter ! " lui a-t- elle fait remarquer. " Je sais bien. Mais il faut qu'on trouve ces gens. " Ils ont souhaité qu'un Témoin vienne chez eux et ils ont im médiatement commencé à étudier la Bible sur le livre sance. Connais Un mois plus tard, le livre était achevé. Ils se sont fait baptiser en août, à l'assemblée de district. Au nombre des " forteresses " que nos frères du doivent renverser figurent les traditions funèbres Sénégal (2 Cor. 10:4, 5). Les rites relatifs à l'enterrement s'accompagnent souvent de pratiques ayant un lien avec la croyance en l'immortalité de l'âme. Récemment, dans un village proche de Dakar, lors de la mort d'une femme Témoin de Jéhovah de 89 ans, son fils a interdit tout rite contraire à la Bible. La coutume tribale veut 52 Annuaire 1998 que la famille du côté paternel fournisse un linge blanc qui couvrira le défunt. Toutefois, avant cela, on déchire une partie de ce linge en bandelettes que les membres de la famille proche se nouent autour du poignet et du cou. Cette pratique n'a pas seulement pour but de distinguer les membres de la famille. C'est aussi une superstition, selon laquelle ces bandelettes les empêchent de déplaire au mort. Pour la première fois, une fa mille n'observait pas la coutume, à la stupéfaction de tout le village. Un conseiller catholique a fait cette remarque : " Les Témoins de Jéhovah ont réussi à faire en un jour ce que nous nous évertuons à faire depuis 1 5 ans. Je pense qu'ils possèdent une force que les autres n'ont pas. " Plus de 400 personnes du village ont assisté aux funérailles de la vieille dame. Beaucoup d'entre elles s'interrogent sur la Bible et sont en train de rece voir des réponses satisfaisantes à leurs questions. Nos frères du Zaïre (aujourd'hui la République démocrati que du Congo) ont été grandement réconfortés par les paroles de Psaume 1 1 2:7, qui dit : " Il ne craindra pas de mauvaise nou velle. Son cœur est ferme, confiant en Jéhovah. " L'année avait bien commencé avec un maximum de 104 134 proclamateurs. Puis la guerre a éclaté dans l'est du pays et s'est propagée jusque dans l'ouest. Les frères du Béthel de Kinshasa étaient dans l'in capacité d'établir un contact avec ceux qui étaient en territoire occupé. Cependant, il y avait 180 surveillants de circonscription et 1 1 de district dans tout le pays, et ce sont eux qui fortifiaient et encourageaient les frères. Hakizirnana Musa, un des surveil lants de circonscription, a écrit : " Je pense souvent à Psaume 46:1 quand je suis sur ma bicyclette pour aller voir les frères. Je sais qu'ils ont besoin d'encouragement en ces moments diffici les. Parfois je trouve des maisons complètement brûlées ; les gens ont fui. Même les oiseaux sont partis! Un jour, les soldats m'ont arrêté et m'ont conseillé de ne pas aller plus loin à cause du dan ger. Le cœur palpitant de peur, j'ai prié et j'ai poursuivi mon chemin jusqu'à la congrégation suivante. " Rapport mondial 53 La filiale du Zaïre était dans l'impossibilité d'envoyer des secours en zone occupée. Aussi, quel soulagement pour les frè res quand une équipe d'aide humanitaire composée de Témoins d'Europe est arrivée avec des secours ! En mai 1997, Kinshasa, la capitale, est tombée. Tandis que le monde entier regardait sur les écrans de télévision des images terribles des réfugiés de guerre privés de tout et affamés, le peuple de Dieu restait neu tre dans ce conflit. Malgré la faim, la maladie et le fait qu'ils aient dû fuir de chez eux, ils ont continué d'annoncer paisible ment la bonne nouvelle du Royaume de Dieu. La parution de la brochure Attend en uruund est peut-être passée inaperçue dans les autres pays. Mais, au Zaïre, elle a permis aux 56 pro clamateurs d'une congrégation de commencer 1 50 études bi bliques avec des personnes qui avaient énormément besoin du soutien que seul Dieu peut apporter. Un pionnier du Nigeria s'est servi de la brochure Attend pour donner le témoignage à un homme dans un taxi-brousse. Ils ont discuté de certains points de la leçon " Les pratiques que Dieu déteste " . L'homme a écouté attentivement, a posé des questions et a pris la brochure. Lors d'un arrêt, ils se trouvaient dans un restaurant quand l'homme a montré au frère un pa quet. " �'est-ce qu'il y a à l'intérieur ? " a demandé le pion nier. " De l'argent, a répondu l'homme. Mais je ne sais pas com bien. Il n'est pas à moi, je l'ai pris dans une valise, dans le coffre du taxi. " En raison de ce que venait de lui montrer le pionnier dans la brochure, l'homme voulait maintenant restituer l'argent à son propriétaire. Ce dernier, un jeune commerçant, a rapide ment reconnu son paquet. Celui-ci contenait 1 50 000 naira (en viron 10000 francs). L'homme suivait sa victime depuis 500 ki lomètres. Il a suggéré au commerçant de remercier le pionnier, car c'est sa brochure qui l'avait fait changer d'avis. Ebahis, le chauffeur et les autres passagers ont demandé la brochure. Le commerçant, qui jusqu'alors n'avait jamais permis aux Témoins de lui parler, voulait maintenant étudier la Bible. ASIE ET ÎLES DU PACIFIQUE Le continent asiatique comprend une partie importante de la population du globe. Par ailleurs, des milliers d'îles - des grandes comme des p etites - sont éparpillées à travers les océans. Partout où des gens vivent, les Témoins de Jéhovah se sont efforcés de leur apporter la bonne nouvelle du Royaume de Dieu. Le fait suivant qui vient d'une île au sud-est de l'Inde illus tre la valeur que prennent les publications bibliques entre les mains des gens. Au début des années moin a laissé un livre Vivre 80, à Sri Lanka, un Té éternellement à un hornrne qui vi vait dans une ville où il n'y avait pas de Témoins de Jéhovah. En 1 985, cet homme a commencé à lire le livre et s'est rendu à le lire compte qu'il renfermait la vérité. Il a alors continué avec sa famille, puis avec ses amis intimes, après quoi ils en ont discuté ensemble. Bientôt, un groupe de 1 1 personnes se réu nissaient chez l'homme pour ces discussions. Ils ont rompu tout lien avec la fausse religion, et ils savaient qu'il leur faudrait 55 Rapport mondial aussi aller prêcher à autrui. E n janvier 1 997, l a filiale a reçu une lettre dans laquelle ils demandaient de l'aide. À un couple de pionniers spéciaux envoyés pour leur ren dre visite, les personnes ont demandé : " Pouvez-vous nous ap prendre à prier, s'il vous plaît ? " Après maintes questions et une longue discussion, les pionniers ont été invités à passer la nuit chez les gens. Le lendemain matin, à 6 heures, le maître de maison, très excité, les a réveillés, car il désirait qu'on réponde à d'autres questions. À9 heures, 16 personnes sont arrivées. Les pionniers ont présenté un discours public impromptu, ils ont répondu aux questions et, finalement, à rentrés chez eux. 1 4 heures ils sont À présent, des réunions se tiennent régulière ment dans cette région. Alors qu'elle allait à la rencontre d'un autre Témoin, une sœur du Liban a croisé une femme âgée qui se reposait, car elle était lourdement chargée. Lorsque la sœur lui a proposé son aide, elle s'est exclamée : " Des gens comme vous existent-ils encore ? " Elle l'a chaudement remerciée et a insisté p our lui offrir une tasse de café. La sœur a accepté l'invitation, en a pro fité pour lui donner le témoignage et lui a promis de lui ap porter le livre Connaissance. Bien qu'elle ait affirmé ne pas ap précier les Témoins de Jéhovah, la femme a pris le livre. Lors de la nouvelle visite, la sœur a rencontré la fille de la dame, qui a prêté un grand intérêt au message qui lui a été présenté. À pré sent, elle étudie régulièrement la Bible à l'aide du livre Con naissance. Certaines personnes influentes dans les milieux politiques a pp r é c i e n t l ' œuvre d e s Té m o i n s de Jéhovah, t andis que d'autres, sous la pression du clergé, leur imposent des restric tions. Cependant, nous sommes heureux de constater qu'au cours de l'année dernière la reconnaissance officielle a été ac cordée aux Témoins de Jéhovah au Pakistan, en Malaisie et au Kazakhstan. 56 Annuaire 1998 Au Pakistan, un pasteur disait aux gens qu'ils ne devaient pas laisser les Témoins entrer chez eux parce qu'ils ne croyaient pas en Jésus et que leurs doctrines étaient fausses. Toutefois, une famille étudiait la Bible avec un pionnier spécial et ne voulait pas arrêter. Un jour, le pasteur a rendu visite à cette famille pen dant leur étude. Il est resté assis sans faire de bruit et a été sur pris de constater que les Témoins enseignaient vraiment la Bible. Il s'est donc mis à l'étudier lui aussi, il a commencé à assister aux réunions de la congrégation et aujourd'hui il est unTémoin bap tisé. Grâce à cet ancien pasteur, six autres personnes se sont mi ses à assister régulièrement aux réunions desTémoins de Jéhovah. En Malaisie, de nombreuses villes de plus de 30 000 habi tants ne comptent aucun Témoin de Jéhovah. Avec une popu lation aussi importante à qui transmettre la bonne nouvelle, les proclamateurs ont une lourde tâche. Certaines régions sont très productives. À l'aide d'une brochure intitulée La vie éter nelle dans le Paradis ! qui a récemment été traduite en kada san dusun, quatre pionniers spéciaux temporaires envoyés dans l'État de Sabah, dans le nord de Bornéo, ont pu entamer 50 études bibliques à domicile en trois mois. Fournir les publications bibliques dans les nombreux dia lectes orientaux est une tâche colossale. Elles sont déjà disponi bles dans des langues qui sont comprises dans une certaine me sure par la plupart des gens. Mais les résultats sont bien meilleurs lorsqu'un ouvrage est publié dans la langue mater nelle des gens. Au Kirghizistan, une sœur âgée qui ne parlait pas le russe se sentait limitée dans son ministère. Mais, quand le livre Connaissance est paru en kirghiz, elle l'a utilisé avec un tel zèle qu'après en avoir entendu parler des habitants d'autres villages sont venus chez elle à pied, à bicyclette ou dans une charrette tirée par un âne. Aujourd'hui, cette sœur dirige plu sieurs études bibliques et se réjouit de posséder une publication dans sa langue qui lui permet de répandre la bonne nouvelle. EUROPE Depuis plus d'un siècle, les Témoins de Jéhovah proclament la bonne nouvelle en Europe. De nombreuxTémoins européens se sont rendus dans d'autres pays où le besoin en proclamateurs du Royaume est grand. Pendant les années 90, l'Europe de l'Est a été l'objet d'une attention particulière pour qu'un témoignage intensif y soit donné. Par ailleurs, au cours des dernières années, un grand nombre d'immigrés venus de pays qui comptent relati vement peu de Témoins se sont déplacés en Europe, où un grand nombre de Témoins sont heureux de les accueillir et de leur faire connaître la bonne nouvelle du Royaume de Dieu. Tout cela contribue à ce qu'un témoignage soit donné jusque " dans la ré gion la plus lointaine de la terre ", selon ce que Jésus a annoncé. - Actes 1 :8. Dans plusieurs pays, les immigrés réagissent favorablement au message du Royaume. Lorsque les Témoins font leur possi ble pour leur communiquer les vérités bibliques, l'esprit de Jé hovah ouvre leur cœur. C'est ce qui s'est passé pour un réfugié 58 Annuaire 1998 latino-américain en Norvège. Il a remarqué des gens bien vêtus, jeunes et moins jeunes, se rendant à une Salle du Royaume près du centre d'accueil pour réfugiés. Il a également assisté à cer taines de leurs réunions et aimé ce qu'il y a vu, mais il ne com prenait pas le norvégien et personne n'y parlait espagnol. Néan moins, une étude de la Bible a été commencée avec lui. Le Témoin se servait du livre monde nouveau Connaissance et de la Traduction du en norvégien, tandis que l'homme utilisait les mêmes ouvrages en espagnol. Ils ont suivi scrupuleusement les matières de l'étude et mis en valeur les versets des Écritures, si bien que les progrès ont été rapides. L'ordre, l'harmonie et l'am biance amicale que l'homme a notés dans la congrégation ont renforcé sa conviction d'avoir trouvé le peuple de Dieu. Q!lelques mois après, il a exprimé son désir de devenir pro clamateur, mais, en raison de la barrière de la langue, les anciens ne parvenaient pas à discerner s'il remplissait les conditions re quises. Cependant, une assemblée de circonscription en espa gnol devait avoir lieu à Oslo, à 2 400 kilomètres de là. Certains frères ont participé à l'achat du billet d'avion afin que l'homme puisse y assister. À l'assemblée, des anciens d'expression espa gnole ont constaté qu'il remplissait effectivement les conditions requises pour prendre part à la prédication, ce qu'il a commencé à faire sur-le- champ. Dès le début, il a fourni de grands efforts pour donner le témoignage à d'autres réfugiés dans le centre où il vit et pour les inviter à la Salle du Royaume. Des études bibli ques ont ainsi été commencées avec des réfugiés sud-américains, africains et européens. Un an après avoir assisté à sa première réunion, l'homme s'est fait baptiser. Certains j eunes s'imprègnent de la vérité comme une éponge plongée dans l'eau. C'est ce qu'illustre l'exemple de Marko, étudiant en Finlande. Un professeur lui avait dit qu'une femme Témoin de Jéhovah travaillait au conservatoire de mu sique. Marko est allé trouver la sœur en question pour connaî tre son point de vue sur certains sujets, mais le temps était trop court. Le soir, elle a téléphoné à Marko pour lui dire que, s'il Rapport mondial 59 voulait plus de renseignements, elle pouvait lui prêter quelques livres. Il s'est immédiatement rendu chez elle, où son mari et elle ont répondu à certaines de ses questions et lui ont donné la bro chure Attend, la cassette vidéo Organisation et le livre La vie : comment est-elle apparue? Évolution ou création? Qyelques jours après, il revenait demander d'autres publications. Sa con versation montrait qu'il avait vraiment assimilé ce qu'il avait lu. Cette fois, on lui a offert le livre Connaissance et une bible, après quoi on lui a expliqué que des dispositions étaient prises pour étudier la Bible avec ceux que cela intéressait ; mais il voulait tout d'abord prendre connaissance du livre. En l'espace d'une semaine, il l'a lu et a vérifié les versets. Avant même de commen cer à étudier la Bible, il s'était retiré de l'Église. Il a rapidement entrepris de donner le témoignage à des parents, à des amis et à des professeurs du conservatoire. lï-ois mois et demi après le dé but de l'étude, il était baptisé. En Estonie, une femme professeur de russe était engagée à 20 ans lorsqu'elle a rencontré les fond dans le spiritisme depuis Témoins de Jéhovah. Elle avait pris des cours sur l'utilisation du pendule pour identifier les organes malades chez une personne. (Le p endule commençait à se balancer quand elle posait des questions aux patients.) Elle avait participé à une assemblée réu nissant des pratiquants de la perception extrasensorielle venus de toute l'Union soviétique et à des réunions du Nouvel Âge. Pour quelle raison ? Sa mère était très malade et elle recherchait un moyen de la soulager. Elle savait que Jésus avait guéri des gens, et elle croyait que les guérisseurs d'aujourd'hui étaient des serviteurs de Dieu. Elle ignorait que le pouvoir de guérison pou vait venir d'une autre source (Deut. 18:10-12 ; Mat. 7:1 5-23). Les démons se sont mis à la mordre et à l'étrangler. Elle avait désespérément besoin d'aide. Déçue par les autres groupes reli gieux, elle a pris contact avec les Témoins de Jéhovah. Une étude biblique a été immédiatement commencée. Elle a appris com ment prier et résister au Diable. Lorsqu'elle a compris le point de vue de Jéhovah sur le spiritisme, elle a brûlé ses ouvrages 60 Annuaire 1998 spirites et détruit ses cinq pendules. Q!latre mois après, elle par ticipait à la prédication, aidant autrui à tirer profit des vérités qui l'avaient libérée. À présent, elle est pionnière auxiliaire de fa çon continue, reconnaissante à Jéhovah d'être comptée parmi ses serviteurs heureux. En Espagne, Damaris, la fille d'un ancien, avoue qu'elle a eu du mal à donner le témoignage à ses camarades de classe. Mais elle a remarqué que la plupart fumaient ou rencontraient des problèmes à cause de la drogue. Elle savait qu'ils avaient besoin d'aide. Finalement, elle a parlé à une élève des effets de la drogue et de la cigarette, puis lui a dit qu'elle possédait un livre abordant des sujets intéressants pour tous les jeunes, notamment les con séquences de l'usage de drogues. La jeune fille a demandé à voir le livre, qui a fini par circuler dans la classe. Environ un tiers des élèves ont voulu avoir leur propre exemplaire du livre Lesjeunes s'interrogent - Réponses pratiques. Résultat : l'élève à qui Da maris a donné le témoignage a arrêté de fumer, et la voie est ou verte pour d'autres discussions. Pendant la guerre en ex-Yougoslavie, nos frères sont passés par des moments très difficiles. Mais s'ils étaient réduits à la mi sère, sur le plan spirituel, en revanche, ils étaient riches. Lors de l'assemblée de district à Zagreb, en Croatie, les situations vécues à Vukovar ont touché leur cœur. Cette ville croate naguère sous l'autorité serbe est maintenant de nouveau passée sous domina tion croate. Elle a connu certains des pires actes de destruction de la guerre, et la majorité des habitants, dont nos frères, ont dû fuir pour protéger leur vie. Pendant quatre ans, les frères en Croatie ont ignoré qu'une sœur, Maria, était restée à Vukovar. Au début, elle prêchait toute seule et, quelquefois, avait la possi bilité de se rendre dans une congrégation avoisinante en Serbie. Son zèle en temps de guerre a été abondamment récompensé. Imaginez la surprise des frères à l'assemblée de district lorsqu'ils ont accueilli un groupe d'une vingtaine de personnes venant de Vukovar ! AMÉRIQUES Grâce à leur ministère zélé, les Témoins de Jéhovah sont bien connus aux Amériques. Bien qu'elles ne choisissent pas de vivre en accord avec les normes de la Bible, de nombreuses per sonnes admirent leur œuvre. Certaines sont même impression nées lorsqu'ils leur montrent des conseils pratiques dans la Bi ble. Bien entendu, les Témoins de Jéhovah s'efforcent aussi de les aider à connaître et à aimer Jéhovah Dieu, la Source de ces conseils, ainsi que son dessein bienveillant pour les humains. Même s'ils se dépensent tant et plus pour porter le message du Royaume à leurs semblables, les pionniers ne s'attendent pas à avoir une médaille pour leur activité. C'est pourtant ce qui est arrivé à une pionnière spéciale au Venezuela. Carmen Bravo a eu un jour la surprise de recevoir une invitation du " Comité des dames de Paez à assister à une cérémonie lors de laquelle on devait lui décerner une médaille pour sa " précieuse contribution dans le domaine religieux ". Mais pourquoi ? La ville de Guasdualito a connu de nombreuses guérillas, et Car men, âgée de 70 ans, apaise les habitants en répondant à leurs " 62 Annuaire 1998 questions à l'aide de la Bible, en dirigeant des études et en lais sant des publications bibliques. Beaucoup de personnes lisent et apprécient La Tour de Garde et Réveillez-vous ! Les autori tés sont également impressionnées par le nombre de couples qui ont légalisé leur union grâce à l'œuvre d'évangélisation des Témoins de Jéhovah. Carmen est considérée comme un atout pour la communauté. Elle a accepté la médaille avec joie, mais elle pense humblement n'avoir été qu'un instrument utilisé par Jéhovah pour transmettre son message aux personnes. - Voir 1 Corinthiens 3:6, 7. À Porto Rico, les Témoins de Jéhovah se sont présentés de vant le conseil d'administration d'un stade qu'ils souhaitaient utiliser pour une assemblée. Un homme qui, depuis de nom breuses années, délivrait les permis d'utilisation des installa tions a demandé à prendre la parole le premier. Il a dit aux mem bres du conseil qu'une année où les Témoins de Jéhovah avaient utilisé le stade, ils l'avaient nettoyé à fond comme jamais il ne l'avait été. L'année précédente, le système de climatisation était tombé en panne dans un secteur. Après l'assemblée, l'homme avait constaté que les Témoins l'avaient réparé gratuitement. Ils avaient également refait certaines parties du système électrique et de la plomberie. Qlant au parking, il était reluisant de pro preté. Le conseil a donc décidé que les Témoins utiliseraient le stade gratuitement pour leur prochaine assemblée. En raison de l'important trafic de drogue dans une région très pauvre d'Haïti, des soldats ont fouillé et saccagé un bon nombre de maisons. Cependant, lorsqu'ils ont vu La Tour de Garde et d'autres publications des Témoins de Jéhovah chez Anna, ils ont déclaré : " Nous ne devons pas saccager cette maison. Les Témoins de Jéhovah ne se livrent pas au trafic de drogue. " Voyant cela, une voisine s'est précipitée chez elle et a étalé ses ouvrages protestants. Qland les soldats sont arrivés, elle leur a dit qu'il n'était pas nécessaire de fouiller sa maison, car elle aussi possédait des livres religieux. Ils ont regardé les li- Rapport mondial 63 vres en répliquant : " Ce ne sont pas les mêmes. " Puis ils ont mis la maison à sac. Anna n'était pas encore Témoin de Jého vah. Mais, à la suite de cet événement, elle a prié Jéhovah de l'aider à conformer sa vie à ses justes principes. Aujourd'hui, c'est unTémoin baptisé. Dans la congrégation d'El Cruce de Cajamarca, au Pérou, un pionnier spécial a rencontré Rafael. Des dispositions ont été prises pour que lui et sa famille étudient le livre Connais sance. En raison de la distance considérable, au début l'étude ne se faisait pas chaque semaine. Au premier rendez-vous, le frère a été surpris d'apprendre que Rafael ne croyait pas à la rrinité, à l'enfer ni aux " saints ". À la question : " Comment avez-vous appris cela ? " Rafael a répondu : " En lisant ce li vre. " Puis il a sorti le livre Vivre éternellement. " Toutefois, il ne suffit pas de le lire, a-t-il ajouté. Il faut que quelqu'un m'aide. " (Voir Actes 8:3 1). Lors de la deuxième étude, il a expliqué que sa femme et lui passaient leurs dimanches à rendre visite à leurs voisins pour leur enseigner ce qu'ils avaient appris. À sa troi sième visite, le pionnier a trouvé Rafael en train de faire des visites pastorales, se servant pour cela de La Tour de Garde du 1 5 septembre 1 99 3, le même numéro qu'utilisait le pion nier pour ses visites pastorales. En peu de temps, Rafael et sa femme sont devenus proclamateurs et, au mois d'août de l'an née dernière, tous les deux se sont fait baptiser. Tandis que le nombre des proclamateurs au Mexique a aug menté à une allure stupéfiante au cours des dernières années, le service juridique de la filiale n'a pas ménagé ses efforts pour que les droits des frères soient respectés. Un moyen d'y parve nir est de rester en contact avec les autorités afin de les assurer de notre désir de résoudre les problèmes paisiblement. Ainsi, dans l'État du Chiapas, alors que le tribunal traitait une affaire concernant la non-participation desTémoins aux fêtes religieu ses (il a donné raison aux Témoins de Jéhovah), ceux-ci ont saisi l'occasion pour préciser qu'ils étaient prêts à collaborer 64 Annuaire 1998 aux activités sociales n'ayant aucun caractère religieux ou po litique. Les représentants de l'État ont été impressionnés par la propreté, la dignité et le respect manifestes chez ces humbles cultivateurs qui sont Témoins de Jéhovah. Aux États-Unis, dans le Maine, un ancien a constaté que le témoignage sur les bateaux est l'une des facettes les plus pro ductives de son ministère. Un jour, il s'est adressé au comman dant d'un bateau en provenance des Philippines. Se confor mant à ce qu'il avait appris par sa lecture de la Bible, l'homme avait déjà quitté l'Église catholique. L'ancien a examiné avec lui le tract Une vie de famille agréable. Comme le bateau ne restait à quai que quatre jours, notre frère a effectué la pre mière nouvelle visite le soir même et deux autres par la suite. Il a apporté six cassettes vidéo de la Société. Les discussions et les cassettes ont fait une si forte impression sur le commandant qu'il a compris qu'il devait opérer des changements importants dans sa vie. Il a exprimé le vif désir d'en apprendre davantage sur la Parole de Dieu et de la mettre en pratique. Sur les 37 assemblées de district prévues au Canada l'année dernière, neuf ont eu lieu dans la province du Qiébec, dont une à Qiébec, où 9 2 1 3 personnes se sont réunies. Cinq ont été or ganisées à Sherbrooke lors de week-ends consécutifs. Le nom bre total d'assistants aux neuf assemblées dans la province a été de 32 1 8 1 . Qiel changement par rapport aux situations qu'ont vécues les Témoins de Jéhovah dans les années 40 et 50 ! À cette époque, des centaines d'entre eux ont été arrêtés. Certains ont été pris à partie par la foule. Mais ils ont continué d'obéir à Dieu en sa qualité de chef et ont refusé de cesser de parler du Royaume de Dieu à leur prochain. Grâce à leur persévérance, les lois ont changé au Canada, garantissant à tous les Canadiens une plus grande protection de leurs libertés. Il y a actuellement 1 2 congrégations florissantes à Qiébec et 4 à Sherbrooke. Jého vah a béni le service assidu de ses fidèles Témoins. Actes des Témoins de Jéhovah dans les temps modernes Japon Le Japon est un des pays ayant la plus forte densité de population. Il est connu pour les bonnes manières de ses habitants, mais aussi comme un géant économique. Pour lesTémoins de Jého vah, c'est le pays où l'on enregistre une des plus fortes proportions de pion niers. Vous apprendrez pourquoi en li sant ce très intéressant rapport. Martinique Les chaines de l'esclavage ont profon dément influencé l'histoire de la Mar tinique. Mais depuis un demi-siècle un message de lib ération y est annoncé avec un zèle croissarit. En lisant ce récit, ,.. __ vous ferez connaissance avec les Mar tiniquais : leur façon de penser, leurs coutumes et leur manière de vivre, et vous constaterez l'effet de la vérité sur nombre d'entre eux. Paraguay Pendant des dizarr;_es d'années l'œuvre de témoignage au Paraguay s'est heur tée à la puissante influence du clergé ca tholique. Cela est en train de changer. Le catholicisme n'est plus la religion d'État. Tous les habitants de ce pays ne parlent pas l'espagnol ; beaucoup par lent le guarani, et d'autres des langues européennes ou asiatiques. Comment ont-ils appris la vérité biblique ? JAP O N TRAVAII.., assidu et acharné, unité de vues : telles sont entre autres les qualités qui ont sorti le Japon de la dévastation de la Seconde Guerre mondiale pour lui con férer son rôle actuel, celui d'un des géants de l'industrie mondiale. Aujourd'hui ce pays, qui compte 125 millions d'habitants, est connu tant pour ses marques de caméras, de voitures et d'appareils électriques que pour ses cerisiers en fleurs, ses azalées et son Fuji-Yama, dont le sommet neigeux culmine à 3 77 6 mètres. Cependant, plus impressionnants encore ont été les progrès théocratiques d'après-guerre. En 1951, environ 40 missionnaires diplômés de Guiléad, l'École biblique de la SociétéWatchtower, et 200 proclamateurs d'origine ja ponaise ont assisté à une assemblée à Tokyo. Nathan Knorr, alors président de la Société Watch Tower, a dé claré attendre avec impatience le jour où il y aurait tant de proclamateurs du Royaume au Japon qu'il serait difficile d'y trouver les missionnaires. Ce jour n'a pas tardé ! Bâ tissant sur le fondement qui est Christ, les missionnaires, compagnons de travail de Dieu, ont mis dix ans pour ras sembler les 1 000 premiers proclamateurs du pays. Mais, en 1 992, 1 000 nouveaux évangélisateurs étaient ajoutés en moyenne chaque mois (voir 1 Corinthiens 3:9-1 1). Le nombre total des ministres du Royaume de Dieu dans les îles qui forment le Japon est passé à 220 663, un nouveau maximum ayant été atteint chaque mois depuis plus de 18 ans. Ce qui s'est produit est une partie exaltante de la 67 68 Annuaire 1998 réalisation d'lsaïe 60:8, 9, qui dit : " Q!li sont ceux-là qui vien nent en volant comme un nuage, comme des colombes vers les ouvertures de leur colombier ? Car les îles continueront d'espérer en moi. " L'Annuaire 1973 relate l'histoire du Japon, de ses débuts jus qu'en 1 972, année où il y avait près de 1 4000 proclamateurs, dont plus de 3 000 dans le service de pionnier en plein essor. Nous reverrons cette histoire que nous prolongerons de 25 ans. Les premières graines de la vérité du Royaume Dans ce pays traditionnellement bouddhiste et shintoïste, comment les graines ayant produit une moisson spirituelle si abondante ont-elles été semées ? En 1 9 1 1, Charles Russell, alors président de la Société Watch Tower, était allé au Japon pour se rendre compte de la situation. Il a rapporté que les missionnai res de la chrétienté étaient très découragés et que les gens en gé néral montraient peu d'intérêt sincère pour la religion. Il pensait toutefois que l' " évangile du Royaume " était ce dont ils avaient besoin. Robert Hollister, un Américain, a été nommé représen tant de la Société en Orient. Des tracts et des livres, y compris Le divin plan des âges, ont été traduits, et des millions d'exem plaires distribués, principalement par des autochtones. En 1926, Junzo Akashi, Américain d'origine japonaise, a été envoyé au Ja pon pour représenter la Société. Au début de 1927, une filiale a été ouverte à Kobe, puis, plus tard dans la même année, elle a été transférée à Tokyo. En 1938, le nombre des colporteurs qui dis tribuaient des périodiques et des livres était passé à 1 10. Mais le nationalisme religieux fanatique avait été attisé à travers le pays, ce qui a directement débouché sur la Seconde Guerre mondiale. Le 21 juin 1939, 1 30 membres de la Todaisha (mot qui signifie " Le phare ", comme on appelait alors l'organisation locale des Témoins de Jéhovah) ont été arrêtés et emprisonnés d'un seul coup, ce qui a mis fin d'une manière effective à l'activité organi sée pendant les années de guerre. 69 japon Malheureusement, le surveillant de la filiale a apostasié sous la contrainte. À l'exception de quelques serviteurs fidèles, tel les les familles Ishii et Miura, la majorité des membres de la To daisha l'ont imité en abandonnant le service de Jéhovah. Si ce groupe a échoué, c'est également parce que ses adeptes ont suivi un homme, Junzo Akashi. Bien qu'étant déjà marié, il avait adopté la polygamie, coutume japonaise. Sa femme a continué de se dépenser dans le service de pionnier pendant plus de 40 ans à New York, et certains membres de la congrégation de Manhat tan-Ouest se souviennent encore avec tendresse de sœur Ogawa chi (son nom de jeune fille). Lorsque les missionnaires de l'École de Guiléad sont arrivés au Japon après la guerre, ils ont trouvé un groupe important de la Todaisha à Osaka. Ses membres de mandaient de l'argent pour les baptêmes et, plus grave encore, ils menaient une vie immorale, à l'exemple de Junzo Akashi. Comme ils refusaient d'abandonner cette façon de vivre, on a dû, pour préserver la pureté de la congrégation, exclure environ 30 d'entre eux. Ceux qui sont restés fidèles En revanche, prenons l'exemple de Jizo et Matsue Ishii, qui ont fait partie des premiers colporteurs japonais. De 1 929 à 1939 ils ont parcouru tout le pays dans le cadre de la prédication. En juin 1939 ils ont été arrêtés et emprisonnés à Sendai. Matsue se rappelle encore sa première année d'isolement dans une cellule minuscule, sale et infestée de puces. On ne lui permettait pas de se doucher ni de se laver, et elle se faisait piquer par les punai ses. Elle n'avait plus que la peau sur les os - elle pesait seule ment 30 kilos - et a vu la mort de près. Envoyée dans une au tre prison, elle a recouvré en partie la santé et, vers la fin de 1944, elle a été libérée. Son mari a subi les mêmes traitements, et plus tard a également démontré sa fidélité en refusant des trans fusions de sang (Actes 21 :25). Il est décédé à 71 ans. Matsue est demeurée un fidèle Témoin jusqu'à ce jour. Elle dit : " Soumis à 70 Annuaire 1998 rude épreuve, la plupart de ceux qui, avant la guerre, excellaient par leurs capacités et leur intelligence ont quitté l'organisation de Dieu. [...] Ceux qui sont restés fidèles n'avaient aucune com pétence particulière et ne se faisaient pas remarquer. À coup sûr, nous devons tous mettre notre confiance en Jéhovah de tout no tre cœur. " - Prov. 3:5. Katsuo et Hagino Miura, un autre couple fidèle, ont entre pris le service de colporteur en 1931. Eux aussi ont été arrêtés en 1939, à Hiroshima. Ils ont refusé d'adorer l'empereur et de soute nir le militarisme japonais. Katsuo a été battu cruellement et in carcéré jusqu'à ce qu'une bombe atomique détruise la prison en août 1945. Bien qu'âgé de 38 ans seulement, sa santé était ruinée. À sa libération, il ressemblait à un vieillard. Il est reparti dans le nord, à Ishinomori, où Hagino, relâchée plus tôt, élevait leur jeune fils, Tsutomu. Comment Katsuo a-t-il repris contact avec l'organisation de Jéhovah ? Le principal journal du Japon, l'Asahi, avait appris que cinq jeunes femmes, missionnaires de la SociétéWatchTower, étaient venues à Osaka pour adopter le mode de vie japonais dans une maison japonaise. Des journalistes leur ont rendu visite et ont préparé un excellent article illustré dans lequel ils compa raient les cinq sœurs à des anges descendus du ciel comme des ce risiers en fleurs. L'article donnait également l'adresse de la mai son des missionnaires. À plusieurs centaines de kilomètres au nord, Katsuo a trouvé par hasard l'article. Immédiatement, il a repris contact avec l'organisation de Jéhovah et a commencé le service de pionnier. Il s'est dépensé fidèlement jusqu'à sa mort, survenue en 19 57. Miyo ldei, âgée à présent de 92 ans, s'active dans le ser vice de Jéhovah à Kobe. Elle a enduré bien des tribulations pendant ses 65 années de vérité biblique. L'histoire pas sionnante de sa vie a été publiée dans La Tour de Garde du 1 " septembre 1991. De fidèles proclamateurs japonais d'avant la guerre : 1) ]izo et Matsue Ishii, 2) Miyo Idei, 3) Katsuo et Hagino Miura. "Les missionnaires de 49" Après la Seconde Guerre mon diale, les conditions pour la prédica tion étaient devenues beaucoup plus favorables. Mais, en 1 947, Junzo Akashi avait signalé au bureau de la SociétéWatchTower à Brooklyn qu'il n'acceptait plus les enseignements de la Bible. Frère Knorr a tout de suite 1 envoyé une lettre à la filiale d'Hawaii, à laquelle il demandait des volontai res hawaïens d'origine japonaise qui assisteraient aux cours de la 1 1 e classe de !'École de Guiléad pour la formation de missionnaires. Le surveillant de la filiale, qui avait été secrétaire de Joseph Rutherford au début des années 20, a alors posé cette question : " Mais, frère Knorr, pourquoi pas Quelques missionnaires qui ont commencé leur service au japon en 1949-50 : 1) Don et Mabel Haslett, 2) Lloyd et Melba Barry, 3) Jerry et Yosbi Toma, 4) Elsie Tanigawa, 5, 6) Percy et Ilma Iszlaub, 7) Norrine Tbompson (née Miller), 8) Adrian Tbompson, 9) Lois Dyer, 1 0) Molly Heron, 1 1) Sbinicbi et Masako Tobara. les Haslett ? L'invitation a donc été faite à Don Haslett et à sa femme, Mabel, alors qu'ils approchaient de la cinquantaine. À Guiléad, Shinichi Tohara et Elsie Tanigawa ont enseigné le japo nais à plus de 20 élèves. " En 1949, " les Hawaïens " - Don et Mabel Haslett, Jerry et Yoshi Toma, Shinichi et Masako Tohara avec leurs trois enfants, ainsi que Elsie Tanigawa - ont gagné leur affectation, la ville bombardée de Tokyo. La même année, ils étaient suivis par un groupe australien - AdrianThompson, Percy et Ilma Iszlaub, ainsi que Lloyd et Melba Barry - qui a été affecté dans la ville dévastée de Kobe. Ces premiers missionnaires au Japon ont fini par être appelés " les missionnaires de 49 ". Six d'entre eux sont morts dans leur affectation, " debout ", comme dit le proverbe, et huit autres sont toujours dans le service à plein temps soit au 74 Annuaire 1998 Japon, soit à Brooklyn. Par ailleurs, en 1949, huit proclamateurs remettaient un rapport d'activité. Accroissement à Tokyo Le groupe hawaïen a connu un accroissement remarquable à Tokyo. Yoshi Toma raconte qu'en cette année d'après-guerre ils prêchaient " de tranchée en tranchée ". Elle déclare : " Les per sonnes étaient pauvres et luttaient pour se remettre des effets de la guerre. La nourriture étant rationnée, Don Haslett faisait la queue avec les voisins pour recevoir quelques feuilles de chou. " Mais les gens étaient bienveillants et aimables ; ils écoutaient pa tiemment les missionnaires, qui se démenaient pour faire leurs présentations en japonais. Ceux-ci devaient apprendre à enlever leurs chaussures en entrant dans une maison, après quoi ils se ren daient dans la pièce voisine. Les plafonds étant bas, Don Haslett, qui était grand, s'y cognait la tête, ce qui lui laissait de nombreu ses cicatrices. En l'espace d'un ou deux ans, " les Hawaïens " ont établi un solide fondement à Tokyo, où se trouvent actuellement 139 congrégations. Parmi les premiers missionnaires, Don et Mabel Haslett, des chrétiens oints, ont laissé un merveilleux exemple dans l'ceuvre de témoignage, même lorsqu'ils étaient d'un âge avancé. À la mort de Don survenue en 1966, les six frères qui portaient le cer cueil dans la Salle du Royaume, pour le service funèbre, étaient tous des jeunes gens à qui Don avait enseigné la vérité biblique et qui faisaient partie à l'époque des 19 membres de la famille du Béthel du Japon, àTokyo. Mabel lui a survécu huit ans. À plus de 70 ans, elle a con tracté un cancer du côlon. Un grand hôpital de Tokyo, à Torano mon, a fait preuve d'égards envers elle en acceptant de l'opérer sans transfusion de sang à condition qu'elle se fasse hospitaliser deux semaines à l'avance. Dès le premier jour, elle a reçu la vi site d'un jeune médecin curieux de savoir pourquoi elle refu sait le sang, ce qui a débouché sur d'excellentes discussions bi- 75 japon bliques chaque jour jusqu'à l'opération. En raison de la gravité de l'intervention, quatre médecins y ont participé. À son réveil, Mabel s'est exclamée : " Maudit soit ce vieil Adam ! " Combien cela était approprié ! Elle est restée en réanimation pendant une seule journée, alors que quatre autres patients, qui avaient subi la même opération mais avec des transfusions sanguines, y sont demeurés plusieurs jours. Q!l'est devenu le jeune médecin ? P lus tard, il a dit à Mabel : ' Vous ne l'avez pas su, mais i l y avait cinq médecins dans la salle d'opération. J'y suis allé afin de m'assurer qu'ils ne vous donneraient pas de sang. ' Le docteurTominaga a continué d'étudier la Bible à Yokohama. Aujourd'hui, son père et lui, ainsi que leurs femmes respectives, sont des membres ac tifs de la congrégation. Tel a été le fruit mervei lleux d'un séjour à l'hôpital ! Mabel a poursuivi son service missionnaire à partir de la mai son de Mita, à Tokyo. Lorsqu'elle a eu 78 ans, le cancer a réci divé, ce qui l'a obligée à garder ie lit. Cependant, quand un soir les missionnaires sont venus chez elle lui raconter les excellents résultats de la campagne avec les Nouvelles du Royaume, Mabel a exigé qu'ils l'habillent et l'emmènent distribuer ces dépliants. Elle a eu suffisamment de force pour rendre visite à trois foyers avoisinants, ceux-là mêmes où elle avait donné le témoignage pour la première fois à son arrivée au Japon. P lusieurs semaines après, elle a achevé sa course terrestre et reçu son affectation cé leste. - Voir Luc 22:28, 29. Changements à Kobe À Kobe, l' accroissement devenait également manifeste. Du 30 décembre 1949 au 1 cr janvier 19 50 a eu lieu la première vérita ble assemblée théocratique au Japon sur le terrain de la spacieuse maison de missionnaires de Kobe. Le dimanche, le nombre d'as sistants s'est élevé à 101 pour la réunion publique qui s'est tenue dans la salle de l'école T arurni, à Kobe. 'li-ois personnes se sont fait baptiser dans un grand établissement de bains situé à Tarurni. 76 Annuaire 1998 AdrianThompson, qui faisait partie de ce groupe de mission naires, a fait des progrès remarquables en japonais et, en 1 9 5 1, il a été le premier surveillant de circonscription au Japon. Plus tard, il est devenu le premier surveillant de district. Il a largement con tribué à poser un fondement solide pour l'accroissement à venir. Fils d'une sœur fidèle qui a été pionnière pendant longtemps en Nouvelle-Zélande, il s'était rendu célèbre comme rugbyman de haut niveau, mais lorsque la Seconde Guerre mondiale a éclaté, il a quitté le feu des projecteurs pour se faire baptiser et devenirTé moin de Jéhovah, après quoi il a entrepris le service à plein temps en Australie. Bien qu'il soit mort en 1977, " Tommy " (surnom sous lequel il était connu) restera encore longtemps dans notre mémoire pour son énergie sans bornes et son " attachement exclusif " à Jéhovah. - Nomb. 25: 1 1. Il a fallu du temps aux missionnaires pour s'adapter à la culture, à la langue et aux foyers japonais, mais leur princi pal souci consistait à communiquer la vérité biblique à autrui. Voici ce qu'a raconté " Tiger " (Percy) lszlaub, un Australien du Qyeensland d'un caractère très ouvert : " Nous dirigions beau coup d'études bibliques : j'en avais 36, Ilma et les autres mission naires à peu près le même nombre. Les personnes venaient étu dier chez nous, certaines tous les jours. Les études bibliques, trois ou plus chaque soir, se faisaient dans toutes les pièces de la mai son. Nous disposions sur la table nos manuels d'étude en anglais et en japonais. Afin d'aider l'étudiant, nous comptions ensem ble les lignes jusqu'à l'endroit où se trouvait la réponse. Les pro grès étaient lents, mais il était stupéfiant de voir que les personnes comprenaient en lisant seulement les versets et en les comparant avec le commentaire des publications. Aujourd'hui, elles sont dans la vérité. " Au début, les missionnaires manquaient de publications pour la prédication. Ils disposaient bien d'un carton d'avant guerre de l' édition japonaise du tome Il du livre Lumière, mais les gens déclaraient qu'ils préféreraient lire d'abord le tome I. Toute- 77 japon fois, c'est la lecture du tome II qui a suscité l'intérêt de l'un des tout premiers Japonais pour la vérité à Kobe et, avec le temps, celui-ci a progressé au point de devenir surveillant de circons cription. Les matières du livre vrai ! " "Que Dieu soit reconnu pour ont bientôt été utilisées. Qyelques-uns de ceux qui étu diaient ont eux-mêmes traduit des chapitres du livre qui étaient ensuite polycopiés et prêtés aux missionnaires afin qu'ils s'en ser vent pour d'autres études. Mais certaines traductions étaient douteuses. Ilma Iszlaub a été très surprise de découvrir qu'une de ces traductions comportait dans les notes l'expression ' interpré tations de Mme Ilma lszlaub '. Environ dix ans plus tard, à Fukuoka, Percy a vécu une situa tion extraordinaire. Kimihiro Nakata, prisonnier condamné à mort, très violent, qui avait été payé pour tuer deux hommes, a demandé une étude biblique, et c'est Percy qui a étudié avec lui. Kimihiro s'est alors complètement débarrassé de sa " vieille per sonnalité ". Il s'est fait baptiser en prison, et Percy a parlé de lui comme de " l'un des proclamateurs du Royaume les plus zélés qu'il ait connus " . ( Éph. 4:22-24.) Il a appris le braille, dans le "Qy.e Dieu soit reconnu pour vrai ! ', la " Cette bonne nouvelle du royaume et des articles de La Tour de Garde et de Réveillez-vous ! Ces publications ont quel il a transcrit le livre brochure ' " été distribuées dans plusieurs régions du Japon, y compris dans des écoles pour aveugles. Cependant, le 10 juin 1959, une voi ture de police s'est arrêtée devant la maison de missionnai res. Kimihiro avait tenu à ce que Percy assiste à son exécution ce matin-là. Percy a respecté son souhait. Dans la cour où al lait avoir lieu l'exécution, ils ont eu une courte discussion, puis ils ont chanté ensemble un cantique du Royaume. Kirnihiro a demandé à Percy : " Pourquoi trembles-tu, Percy ? C'est moi qui devrais être agité. " Avant qu'il soit pendu, il a prononcé ces der nières paroles : " Aujourd'hui, j'ai une totale confiance en Jého vah, dans le sacrifice rédempteur et dans la résurrection. Je vais dormir un peu de temps, et si c'est la volonté de Jéhovah, je vous 78 Annuaire 1998 retrouverai tous au paradis. Il a adressé ses chaleureuses saluta tions à ses frères de la terre entière. Kimihiro est mort pour satis faire à la justice en donnant vie pour vie, non pas comme un cri minel endurci et sans espérance, mais comme un serviteur fidèle et baptisé de Jéhovah. - Voir Actes 25: 1 1 . Après avoir lutté contre le cancer pendant environ dix ans, llina lszlaub est décédée au Béthel d'Ebina, le 29 janvier 1 988. Par la suite, en tant que membre de la Watch Tower Bible and liact Society of Pennsylvania, Percy a assisté à plusieurs assem blées générales annuelles et a donné récemment un excellent rap port sur le Japon. Puis, en 1996, il est mort lui aussi. " Vers la fin de 1 949, malgré la barrière de la langue, Melba Barry a commencé une étude biblique le premier jour de son ser vice à Kobe. Qi'en est-il résulté ? Deux nouveaux proclama teurs, dont Miyo Takagi, qui a été pionnière pendant plusieurs années. Plus tard, elle a avoué à Melba qu'elle avait été impres sionnée de voir deux soeurs missionnaires traverser un champ boueux pour lui rendre visite. Aujourd'hui, 48 ans après, Miyo poursuit son ministère de maison en maison dans un fauteuil roulant. En moins de trois ans, avant d'être de nouveau affec tée à Tokyo, Melba a aidé sept personnes à accepter la vérité bi blique. Celles-ci ont persévéré au fil des années et, fort heureuse ment, elles ont survécu au grand tremblement de terre de Kobe en 1995. Davantage de missionnaires dans le champ Au début de 1950, cinq soeurs de la 1 1 • classe de Guiléad qui n'avaient pu obtenir de visas pour entrer en Nouvelle-Calédonie ont été réaffectées à Kobe. Parmi elles figuraient Lois Dyer, qui est pionnière depuis 67 ans maintenant, et Molly Heron. Elles ont été compagnes de service au cours des 49 dernières années et se dépensent en ce moment à la maison de missionnaires de Mita, àTokyo. Le récit de la vie de Lois est paru dans La Tour de Garde du 1 5 septembre 1980. Nathan Knorr (à gauche, ci-dessus) lors d'une assemblée dans la maison de missionnaires à Kobe, en 1951. Molly Heron se rappelle : " La maison de Kobe était spa cieuse, et nous y avons tenu le Mémorial six mois après l'arri vée des premiers missionnaires. Environ 1 80 personnes y ont as sisté, remplissant la salle à manger et le vestibule, et certaines ont même écouté par les fenêtres le discours traduit par un inter prète. " Après avoir entendu lors de cette réunion une communi cation concernant la prédication, près de 35 assistants étaient là le lendemain matin (un dimanche) pour y participer. Frère Barry déclare : " Les missionnaires devaient prendre chacun trois ou quatre personnes nouvellement intéressées par la vérité, mais comme les frères ne parlaient pas encore couramm ent la langue, les propriétaires de la maison se tournaient vers nos compagnons japonais et discutaient avec eux. Nous n'avons jamais su ce qu'ils ont dit. " Fin juin 19 50, la guerre de Corée a brusquement éclaté. Bien entendu, les missionnaires du Japon voulaient savoir comment se portaient les huit membres de leur classe qui se trouvaient en Co rée. La réponse ne s'est pas fait attendre : le deuxième jour après 80 Annuaire 1998 le déclenchement de la guerre, alors que certains missionnaires de Kobe retournaient chez eux en train de banlieue, un train qui venait de la direction opposée est entré en gare en même temps. Lorsque les deux trains sont partis, qui voyait-on sur l'autre quai, en face des missionnaires ? Les huit missionnaires de Corée ! Ima ginez les retrouvailles ! Ils avaient pu quitter le pays par le der nier avion qui évacuait les civils. La maison des 10 missionnaires à Kobe en comptait à présent 1 8 . Bien qu'une grande partie de la ville soit en ruines, un témoignage très approfondi y a été donné. Scott et Alice Counts sont bientôt allés àTokyo, mais, en oc tobre, les huit missionnaires de Corée ont été affectés dans une nouvelle maison ouverte à Nagoya. Seuls Don Steele et sa femme, Earlene, sont retournés en Corée lorsque les conditions l'ont permis. Des champs mûrs pour la moisson Grace et Gladys Gregory, qui étaient parmi les missionnaires ayant participé à l'ouverture de la maison de Nagoya, ont trouvé le territoire mûr pour la moisson. En avril 1951, Grace a ren contré lsamu Sugiura, âgé de 18 ans, qui travaillait chez un mar chand de pianos. Gladys se souvient : " La mère d'lsamu l'avait élevé dans une secte shintoïste où il avait appris que le Japon était le shinshu (pays divin) et que le kamikaze (vent providen tiel) protégerait leur pays et les aiderait à gagner la guerre. " Sa foi dans les dieux japonais a cependant été détruite lorsque le Ja pon a capitulé et que lui-même a souffert des terribles conditions économiques et de la famine provoquées par la guerre. L'année qui a suivi la fin du conflit, son père est mort de malnutrition. Le jeune Isamu a été touché par l'espérance d'un paradis ter restre et, en octobre, il s'est fait baptiser lors d'une assemblée de circonscription. Une cinquantaine de missionnaires, ainsi qu'environ 250 Ja ponais, y ont assisté. lsamu a été profondément impressionné par le fait que les missionnaires, sans préjugés, se mêlaient volon- japon tiers aux Japonais alors que la Seconde Guerre mondiale avait pris fin j uste six ans plus tôt. Après 45 ans de service dévoué, entre autres à l'École de Guiléad, dans la circonscription et le dis trict, frère Sugiura est à présent membre du Comité de la filiale, à Ebina. Gladys s e rappelle avoir rendu visite à une dame, boud dhiste de nom, qui s'était tour née vers les Églises de la chré tienté mais les avait quittées, en proie à la désillusion. Elle avait é t é déçue quand les p asteurs n ' avaient pas p u lui expli quer qui est Dieu et pourquoi ils n'utilisaient pas son nom per sonnel, bien qu' i l apparaisse près de 7 000 fois dans sa bible Grace (en haut) et Gladys Gregory, de la 1 1 ' classe de l'École de Guiléad. (la Bungotai, une vieille version classique). Au lieu de répondre à ses nombreuses questions, son prêtre lui avait dit de " croire simplement ". Elle avait ob tenu un exemplaire de La Tour de Garde (qui paraissait mensuel 1951) que Gladys avait laissé à son lement au Japon depuis mai voisin. Impressionnée par ce qu'elle y avait lu, elle s'était mise à la recherche de Gladys. Celle-ci a plus tard déclaré au sujet de cette dame : " Q!iand elle a vu les réponses à ses questions dans la Bible, son cœur a été touché. Immédiatement, elle est venue à l'étude de livre de la congrégation ; elle y a entendu les commu nications pour la prédication le lendemain et a exprimé le désir d'y aller aussi. Nous nous sommes efforcés de ralentir son élan en lui disant qu'il lui fallait d'abord étudier un peu. À quoi elle Margrit Winteler (à droite, 23' classe de Guiléad) a rejoint sa sœur Lena (15' classe) au Japon. a répondu : ' D'accord, je vais étudier, mais je veux aller prêcher aussi ! ' C'est ce qu'elle a fait : elle a passé plus de 50 heures dans la prédication ce mois-là ! En l'espace d'une année, elle s'est fait baptiser, a entrepris le service de pionnier et, plus tard, elle a été une pionnière spéciale efficace. service de pionnier. " À 80 ans, elle est toujours dans le Jéhovah faisait croître Cinq sœurs missionnaires envoyées à Osaka en 19 51 ont eu la joie de voir de nombreuses personnes venir directement chez elles pour étudier. Mais, pendant longtemps, ces nouvelles missionnai res ont eu du mal à distinguer un Japonais d'un autre. Lena Wm teler, originaire de Suisse, raconte : " Lorsque les gens arrivaient, toutes les cinq nous nous alignions et les laissions choisir leur ins tructeur. " S'appliquant à imiter la coutume japonaise, les mis sionnaires mettaient à la disposition des personnes qui venaient chez elles des pantoufles, mais elles ignoraient la différence entre celles pour les invités et celles pour les toilettes. Un jour, une étu diante a pris Lena à part et lui a expliqué : " Nous n'avons pas cou tume de proposer aux invités des pantoufles pour les toilettes. " Les missionnaires ont appris cela petit à petit. 83 japon D e temps en temps, les frères missionnaires de Kobe se ren daient à Osaka pour soutenir les cinq sœurs célibataires. À cette époque, il n'y avait qu'une poignée de proclamateurs dans toute la ville. Un jour, Lloyd Barry s'est joint à certains missionnaires d'Osaka pour assister à un opéra en plein air qui avait lieu dans le grand stade de base-ball de Koshien. Ce commentaire a été fait : ' Ne serait-ce pas merveilleux si un jour nous pouvions remplir ce stade pour une assemblée ? ' Chose apparemment impossible ! Toutefois, vers la fin de 1 994, frère Barry, aujourd'hui mem bre du Collège central, a été invité à prononcer le discours d'inauguration de la nouvelle Salle d'assemblées construite à Hyogo pour les 52 congrégations de la région de Kobe. C'était une agréable réunion, à laquelle ont assisté un bon nombre des tout premiers proclamateurs japonais d' Osaka. Une plus grande assemblée était prévue pour le lendemain. Où allait-elle avoir lieu ? À nul autre endroit que dans le stade de base-ball de Koshien ! Plus de 40 000 personnes s'y sont rassemblées, formant un groupe très discipliné. À travers tout le Japon, 40 endroits re liés par téléphone ont accueilli beaucoup d'autres auditeurs. Ainsi, le total des assistants s'est élevé à plus de 254 000, plus en core qu'à l'impressionnante assemblée de New York en 1 958. Jé hovah a " fait croître " d'une manière absolument remarquable au Japon. 1 Cor. 3:6, 7. - Au début de 1951, nous avons ouvert une maison de mis sionnaires à Yokohama. Cette ville s'est également révélée un champ très fertile. Gordon Dearn, le premier serviteur de la mai son, aujourd'hui veuf, poursuit son service à plein temps à la fi liale d'Ebina. À présent, il y a 1 14 congrégations à Yokohama, où l'accroissement continue, les frères japonais ayant repris le flam beau des missionnaires. En 1 952, une maison de missionnaires a aussi été établie à Kyoto. Des missionnaires d'Osaka et de Kobe y ont été transfé rés pour rejoindre le groupe zélé des nouveaux missionnaires qui 84 Annuaire 1998 s'y trouvaient déjà. En avril 1 954, Lois Dyer et Molly Heron ont également été envoyées de Kobe à Kyoto. La ville compte un millier de temples, pour ainsi dire un à chaque coin de rue. Pendant la guerre, elle n'a pas été bombar dée, afin de préserver ces édifices religieux. Lois raconte : " Là bas, nous avons rencontré Shozo Mima, un épicier grossiste qui se remettait chez lui d'une longue maladie. Q!i.oique zélé boud dhiste, il m'a annoncé qu'il voulait connaître le vrai Dieu. Com mencer une étude biblique avec lui a été très facile. Par la suite, sa femme et ses filles se sont jointes à lui, et toute la famille est ve nue à la vérité. Ce frère sympathique est devenu un pilier spiri tuel dans la congrégation de Kyoto. " Margrit Wmteler a rejoint Lena, sa sœur aînée, à Kyoto. Dans cette nouvelle affectation, elle s'est rendu compte qu'elle devait s'habituer tant au langage gestuel qu'au langage parlé. Par exem ple, un homme qui voulait que ce soit sa femme qui prenne la décision d'accepter une publication pouvait simplement remuer le petit doigt pour indiquer qu'elle n'était pas là. De son côté, la femme levait le pouce, qui représentait le mari, et disait qu'il était absent. Margrit a fini par comprendre que, lorsqu'ils regar daient seulement les périodiques proposés, tournant délicate ment une page à la fois, les habitants de Kyoto les refusaient en fait par des mimiques et souhaitaient que Margrit le comprenne sans qu'ils aient à le lui dire. Cependant, les réponses, qu'elles aient été dites ou mimées, étaient loin d'être toutes négatives. Aujourd'hui, 39 congrégations de Témoins de Jéhovah prospè rent à Kyoto. Face aux hivers rigoureux et à une nouvelle langue En 1 953, quand davantage de missionnaires, parmi lesquels figuraient Adeline Nako et sa compagne de service Lillian Sam son, sont venus d'Hawaii au Japon, ils ont été envoyés à Sendai, ville du nord où il fait très froid. La nuit, la température tombait à - 5 °C. En octobre 1 952, Don et Mabel Haslett y avaient ouvert 85 japon une nouvelle maison de missionnaires où les avaient rejoints Shi nichi et Masako Tohara. Ayant grandi sous les tropiques, les Ha waïens avaient du mal à supporter les hivers rigoureux de Sendai. Ils ont fini par être appelés les " Hawaïens frigorifiés ". Lillian se souvient : " Pour la première fois de notre vie, nous avons appris à couper du bois pour le fourneau. Seule la cuisine était chauffée, aussi essayions-nous de réchauffer nos lits avec un yutanpo, une bouillotte en métal. Dans la journée, nous ache tions des ishi-yakiimo (des patates douces cuites sur la pierre) que nous mettions dans nos poches pour nous réchauffer les mains et que nous mangions au moment du repas. " Le froid, cependant, n'était pas la seule source de problèmes. Des situations délicates se sont produites jusqu'à ce que les mis sionnaires sachent lire les caractères japonais. Adeline n'a tou jours pas oublié le jour où, parce qu'elle ne savait pas lire le ja ponais, elle a appuyé sur une alarme d'incendie, persuadée qu'il s'agissait d'une sonnette de couleur rouge. Les gens se sont pré cipités hors de leur appartement pour voir ce qui se passait. Ils l'ont sévèrement rabrouée pour cette méprise. Toutefois, ces missionnaires ne se souviennent pas seulement de ce qu'ils ont personnellement vécu pendant leurs premières années au Japon. Pour eux, les milliers de frères et sœurs japonais et ce qu'ils ont connu ensemble ont une place dans leur " album de famille ". Nous vous invitons à examiner les pages de cet al bum tandis que nous nous penchons sur d'autres événements qui ont contribué à l'accroissement de la société théocratique au Japon. Des pionniers spéciaux ouvrent de nouveaux territoires L'activité des pionniers spéciaux a joué un rôle important dans la diffusion du message du Royaume jusqu'aux parties les plus reculées du pays. Certains d'entre eux ont été formés per sonnellement par les missionnaires et ils manifestent le même 86 Annuaire 1998 zèle pour Jéhovah. Parallèlement à l'activité des missionnaires, ces pionniers spéciaux japonais ont été envoyés dans des pe tites villes et des villages. Bien que baptisés depuis peu de temps au moment de leur nomination, nombre des premiers pionniers spéciaux ont fait preuve d'un dévouement et d'une endurance exceptionnels. Un an et quatre mois après s'être fait baptiser, Hisako Wakui a reçu son affectation. Sa compagne de service, Takako Sato, et 19 57. Dans rieuf lieux cl' af à elles deux, plus de 80 personnes à de elle sont pionnières spéciales depuis fectation, elles ont aidé, venir Témoins de Jéhovah. Parlant des résultats de la bénédiction de Jéhovah sur l'une des premières études bibliques qu'elle a dirigées, Hisako dit : " Il s'agissait d'une pratiquante zélée, mais elle déclarait : ' Si c'est une étude de la Bible, je peux étudier tous les jours. ' En appre nant que Jéhovah est le nom de Dieu et qu'il est le Père de Jésus, elle a quitté l'Église et aussitôt elle est allée prêcher. " Son zèle n'a pas diminué lorsqu'elle a déménagé dans une région très froide où il n'y avait pas de congrégation. Aujourd'hui, son mari et ses quatre enfants sont tous dans la vérité. Leurs trois fils sont an ciens et leur fille est pionnière spéciale. Alors qu'elles se trouvaient à Tsuru, dans la préfecture de Ya manashi, Hisako etTakako ont constaté que l'accroissement était très lent. Seulement quatre ou cinq personnes assistaient aux réu nions. Le surveillant de circonscription estimait que, peut-être, elles devraient être envoyées dans un territoire plus productif, mais les sœurs ne souhaitaient pas partir deTsuru. Elles pensaient fermement que, puisqu'il les y avait envoyées, Jéhovah y possé dait certainement des brebis. Aussi le surveillant de circonscrip tion leur a-t-il dit : " Si 18 personnes viennent au discours public ce week- end, je transmettrai à la So ciété votre désir de rester dans cette affectation. " Les pionnières ont fait tout ce qui leur était bibliquement possible pour inviter les gens à la réunion du di- 87 japon manche. Chose étonnante, 19 personnes étaient là ! La semaine suivante, seulement quatre ou cinq personnes assistaient de nou veau aux réunions, mais les pionnières ont pu continuer leur ac tivité dans ce territoire. À présent, la congrégation de Tsuru compte un bon groupe de proclamateurs et dispose d'une belle Salle du Royaume. Kazuko Kobayashi, une autre pionnière spéciale, a ouvert de nouveaux territoires pendant 40 ans. Lorsque Pauline Green, missionnaire à Kyoto, l'a rencontrée pour la première fois, Ka zuko cherchait à découvrir le but de la vie. Pauline lui a montré Ecclésiaste 12: 1 3, ce qui a satisfait Kazuko. Elle a conclu que le mode de vie d'un missionnaire se rapprochait le plus de celui d'un chrétien ; elle a donc fait de cette vie son objectif. Elle n'était baptisée que depuis trois ans lorsqu'elle a été nommée pionnière spéciale. Mais elle a bientôt vu la main protectrice et bienveillante de Jéhovah dans son service et connu d'excellents résultats. Kazuko a également compris ce qu'éprouvaient les gens dans les villages de campagne, et que la crainte de ce que peuvent penser les autres influence leurs décisions. Comment a-t-elle sur monté cela ? Elle dit : " Je me suis efforcée de devenir leur amie. J'aime les gens et, où que je sois allée, j'ai essayé de me rappe ler que Jéhovah les aime aussi. Alors il m'a été facile de devenir leur amie. " En mars 1971, le bureau de la filiale a envoyé davantage de pionniers spéciaux afin de prêcher dans les territoires isolés. L'exemple de deux jeunes sœurs, tout juste sorties de l'adoles cence, est typique : il s'agit de Kazuko Yoshioka (aujourd'hui To kumori) et d'Akemi Idei (maintenant Ohara), la fille adoptive de Miyo Idei, qui ont été envoyées à Kaga, dans le centre du Ja pon. Jusque-là, elles se dépensaient sous l'aile de leurs parents et de leur congrégation. " À présent, les choses étaient différentes, se rappelle Kazuko. Nous étions les seules à annoncer la bonne nouvelle dans le territoire où nous avons été affectées. " Afin de briser la glace avec les gens, qui se méfiaient des étrangers, elles j Don Haslett et Lloyd Barry au Béthel de Tokyo, en 1953. ont appris à se présenter dans le dialecte local en utilisant exac tement la même intonation que les personnes. Au nombre de ceux qui ont accepté la vérité figuraient trois jeunes gens faisant partie d'une équipe de course sur piste. Kazuko raconte que, lorsqu'ils ont commencé à prêcher, elle a eu du mal à les sui vre. Ils avaient été coureurs de fond, et ils couraient littéralement d'une ferme à l'autre. Tandis que les pionniers spéciaux zélés donnaient le témoi gnage dans des territoires auparavant non attribués, le nombre des congrégations et des groupes isolés s'est accru, atteignant la barre des 1 000 en janvier 1 976. Changements à Okinawa L'œuvre progressait également dans les îles d'Okinawa. Après la Seconde Guerre mondiale, ces îles, qui comptent 1 200 000 ha bitants, étaient sous administration américaine. Les insulai res sont par nature calmes, patients, chaleureux et amicaux. Nos Des pionnières spéciales depuis 40 ans (de gauche à droite) : Takako Sato, Hisako Wakui, Kazuko Kobayashi. frères et sœurs y manifestent aussi les bel les qualités que sont l'endurance et le zèle pour la vérité. La filiale du Japon, à Tokyo, s'est chargée d'Okinawa, et son à l'époque Lloyd Barry, s'y est rendu pour la première fois en 1 953. O!,iatre frères originaires des Philippines, qui travail surveillant, laient dans une entreprise de reconstruction, l'ont rencontré et immédiatement amené au centre correctionnel de l'armée améri caine où trois soldats étaient détenus. Ces jeunes hommes avaient pris position pour la vérité biblique mais manquaient vraiment de tact. Ils poussaient les choses à l'extrême : c'est ainsi qu'ils chantaient à tue-tête les cantiques du Royaume tard dans la nuit et empêchaient les autres de dormir. On les a aidés à être plus équilibrés. Un détail : l'aumônier de la prison a fait remarquer qu'au train où allaient les choses le Royaume du Christ viendrait dans mille ans. L'un de ces jeunes gens a plus tard été membre de la famille du Béthel de Brooklyn. Tous les trois sont devenus des La filiale d'Okinawa, en 1979. serviteurs responsables dans la congrégation chrétienne. Lors de la visite de frère Barry, nous avons organisé une réunion sous une hutte préfabriquée où se sont rassemblés 1 OO insulaires. Yoshi Higa, native d'Okinawa, y a assisté. Dans l'ile, la cou tume est de disposer la dépouille d'un défunt dans un grand ca veau, dont l'entrée est façonnée en forme de matrice, pour in diquer que ceux qui meurent retournent là d'où ils sont venus. C'est dans un tel caveau que Yoshi avait trouvé refuge pendant la terrible bataille d'Okinawa lors de la Seconde Guerre mondiale. La vue des os humains à l'intérieur l'a convaincue que les morts étaient réellement morts. Lorsqu'elle a étudié la Bible, elle a ac cepté de tout cœur ce qu'elle enseigne sur la condition des morts et sur la merveilleuse espérance de la résurrection. Yoshi a été le premier proclamateur et le premier pionnier per manent d'Okinawa. La station de radio locale souhaitait vivement diffuser des discussions bibliques sur ses ondes, mais le clergé de la chrétienté tardait à fournir ces programmes. La station de radio a toutefois constaté que Yoshi était bien plus désireuse de combler cette lacune. Pendant plusieurs mois, elle a lu des articles de La Tour de Garde au cours de ces émissions radiodiffusées. 91 japon Il a bientôt été possible d'organiser une assemblée d e circons cription pour les nouveaux proclamateurs insulaires ; Adrian 12 T hompson et Lloyd Barry se sont relayés pour présenter les par ties du programme en japonais. L'œuvre s'est rapidement éten due, le nombre des proclamateurs et des pionniers augmentant à pas de géant. En mai 43 1 9 54, Yoshi a entrepris le service de pionnier. E n ans de fidélité dans c e ministère, elle a aidé plus d e 50 per sonnes à connaître la vérité, et nombre de ses premières " lettres de recommandation " étaient d'anciens membres de l'Église lo cale de Shuri, l'ancienne capita le. d'Okinawa ( 2 Cor. 3:1-3). Elle poursuit son service de pionnier à Ginowan. Parmi ces Témoins enthousiastes, n'oublions pas Mitsuko To moyori, une veuve qui a commencé le service de pionnier avec sa fille, Masako, en 1957, à Shuri. Mitsuko a les yeux qui brillent quand elle parle des 40 dernières années passées dans le service de pionnier et des nombreuses personnes qu'elle a aidées à embras ser la vérité qui mène à la vie éternelle. En 1 965, la Société Watch Tower a ouvert une filiale à Oki nawa, Shinichi Tohara, missionnaire d'Hawaii, en étant le surveil (Il avait de la fami lle à Okinawa.) Cette disposition a été 1 972, quand les îles sont revenues sous l'autorité du gouvernement japonais. En février 1 976, Shinichi Tohara, lant. maintenue en James Linton (missionnaire australien) et Chukichi Une (natif d'Okinawa et diplômé de Guiléad) ont été nommés membres du Comité de la filiale. La persévérance est nécessaire Au cours de l'année de service 1 976, des pionniers spéciaux ont été envoyés dans les autres îles dont s'occupe la filiale d'Oki nawa, afin d'étendre la prédication de la bonne nouvelle. Sur certaines d'entre e l les, l'accueil était favorable ; sur d'autres, de nombreuses années se sont écoulées avant que l'on puisse sur monter les coutumes, la superstition et les solides liens familiaux. 92 Annuaire 1998 Les pionniers spéciaux ont dû faire preuve d'une grande per sévérance. En raison de la méfiance envers les étrangers, il leur a été souvent impossible de trouver un logement, bien qu'il y eût beaucoup de maisons inoccupées. Parfois, la seule maison dispo nible était celle où quelqu'un s'était suicidé, mais, à cause de la superstition locale, elle ne pouvait servir de lieu de réunion. Pourtant, les pionniers ont bientôt vu le fruit de leur persé vérance. Sur l'île de Tokuno Shima, une famille a assisté au dis cours public lors de la visite du surveillant de circonscription. Le père s'intéressait activement aux combats de taureaux, sport très prisé où deux taureaux sont opposés l'un à l'autre. Il avait dressé un magnifique taureau pour la lutte. Mais sa fille, qui avait ren contré les Témoins de Jéhovah au Japon, avait éveillé son inté rêt pour la Bible. La famille a accepté une étude biblique et cet homme, ainsi que sa femme, sa fille et ses trois fils sont devenus des Témoins voués à Dieu. Deux familles voisines sont également venues à la vérité. Ce groupe s'est transformé en une véritable ru che bourdonnante d'activité. Aujourd'hui, il y a une congréga tion de 49 proclamateurs et 1 6 pionniers sur cette petite île. Plus au sud, sur l'île d'Ishigaki, les proclamateurs ont été sur pris de voir un jeune homme, boxeur célèbre, venir les trouver pour leur demander une étude de la Bible. Auparavant, il avait étudié à Yokohama, mais il craignait d'assumer les responsabilités qui découlaient de la vérité biblique. Pour éviter cela, il s'était en fui à lriomote, une île à la population clairsemée, où il était con vaincu de ne rencontrer aucun Témoin de Jéhovah. Peu de temps après, cependant, il avait trouvé par hasard des publications des Témoins de Jéhovah et était stupéfait de voir que ceux-ci avaient aussi prêché dans cette île. Il en avait conclu qu'il n'existait aucun moyen de fuir de devant Jéhovah (voir Yona 1 :3). Grâce à l'adresse d'un proclamateur, écrite sur l'un des ouvrages, il avait retrouvé lesTémoins sur l'île proche d'lshigaki. En peu de temps, il est devenu unTémoin voué à Dieu et un pionnier enthousiaste. 93 japon A près une visite de zone par frère Milton Henschel en sep tembre 1980, la filiale du Japon s'est de nouveau occupée d'Oki nawa. Frère Tohara, frère Une et leurs femmes ont continué leur service à plein temps à Okinawa, et frère et sœur Linton sont re tournés dans les plus grandes îles du Japon où frère Linton a été surveillant de district. Les frères itinérants jouent un rôle important En raison de leur esprit de sacrifice, les surveillants itinérants à la crois à la maturité des congrégations japonaises qu'ils ont af et leurs femmes ont pu contribuer de bien des manières sance et fermies par leur service. Les frères se rendent compte que ces sur veillants et leurs femmes ont quitté ' maisons et mère et père cause de la bonne nouvelle '. - Marc à 10:29. Lorsque les surveillants de circonscription visitaient les con grégations au début, très peu de logements offrant une réelle in timité étaient disponibles. Mais le fait qu'ils acceptaient joyeuse ment n'importe que l domici le les faisait aimer des frères. Keiichi Yoshida se rappelle avec humour la fois où, il n'y a pas si long temps, en 1 983, sa femme et lui ont logé chez un frère céliba taire et sa famille non chrétienne dans une grande ferme, dans le nord de Honshu. Il déclare : " La famille nous a chaleureuse ment accueillis et nous a montré notre logement : une pièce où se trouvait un grand autel bouddhiste. A lors que nous a llions dormir, sans nous prévenir, le grand-père, en pyjama, a ouvert la porte coulissante et, sans mot dire, a fait tinter la clochette de l'autel, brûler de l'encens, a récité ses prières, puis il est sorti par l'autre côté de la pièce. D'autres l'ont imité. Nous avons passé toutes les nuits de la semaine à nous demander quand auraient lieu ces cérémonies devant l'autel et d'où viendraient leurs par ticipants. Mais notre séjour chez cette famille aimable et hospi talière a été agréable. " Les surveillants itinérants, qui sont 209 actu e l lement, ont passé en moyenne une vingtaine d'années dans le service à plein 94 Annuaire 1998 temps. La plupart sont d'anciens pionniers spéciaux. Ces anté cédents leur permettent de donner une bonne formation dans le témoignage de porte en porte. Leur enthousiasme dans le service a largement favorisé l'excellent esprit pionnier au Japon. Certains de ces surveillants ont encouragé des personnes et des familles à se déplacer dans des régions où le besoin en Té moins du Royaume était grand. D'autres ont accordé une atten tion particulière à ceux qui ne partageaient pas les croyances de leurs conjoints Témoins de Jéhovah, en conséquence de quoi cer tains se sont fait baptiser. Les jeunes aussi ont été aidés à se fixer des objectifs spirituels grâce à l'intérêt personnel qui leur a été té moigné et à l'exemple laissé par les frères itinérants. Les missionnaires poursuivent leur activité Dans les années 70, les missionnaires ont été envoyés dans de petites villes. Dans ces endroits, les gens avaient tendance à être plus traditionalistes ; la prédication progressait donc plus lente ment . Là où il y avait des congrégations, les missionnaires ont aidé les frères à acquérir de l'expérience en les laissant pren dre l' initiative . Ils se sont dépensés dans des villes comme Akita, Gifu, Kofu, Kawaguchi, Kochi, Nagano, Wakayama et Yamagata. Patiemment, ils se sont efforcés d'aider les Témoins locaux à apprécier la sagesse qu'il y a à accepter l'ensemble des vérités bi bliques (Héb. 6:1). Masao Fujirnaki, surveillant-président d'une congrégation de Kofu, se souvient des années où les proclama teurs étudiaient le livre reuse. Comment s'assurer une vie defamille heu Un frère âgé avait du mal à comprendre l'enseignement donné aux maris, selon lequel ils devaient exprimer publique ment leur affection pour leurs femmes. Il disait : " C'est de toute évidence impossible pour nous qui avons été éduqués avant la guerre. " Richard Bailey, un des missionnaires dans la congréga tion, l'a gentiment aidé en privé en lui disant : ' Les vérités que nous apprenons devraient transcender nos origines nationa- En route pour la prédication en plein hiver sur l'iJe d'Hokkaido. les ou notre génération ; elles sont tou jours applicables et utiles. Si nous mini misions ne serait-ce qu'une partie de la vérité, nous pourrions nous enhardir à en rejeter des aspects encore plus impor tants. ' (Luc 16: 10). Le frère a compris, si bien qu'aux réunions suivantes on les voyait, sa femme et lui, assis heureux l'un à côté de l'autre. C'était tout nou veau pour eux ! La fréquentation des missionnaires a été une source de bienfaits pour ces Té moins dans d' autres domaines. Une sœur a dit ceci : " Enjoués, ils savaient comment servir Dieu avec joie. Ils m'ont également appris l'importance d'adhé rer aux principes guidés par l'amour plu tôt que d'établir des règles. " - Deut. 10:12 ; Actes 1 3:52. Les missionnaires en ont aidé beau coup à ressentir pleinement qu'ils fai saient partie d'une communauté Haut : Adeline Nako. Bas : Lillian Samson. 96 Annuaire 1998 internationale de frères et sœurs. Kazuko Sato, qui avait d'abord étudié à Tokyo avec Melba Barry, se rappelle de quelle façon elle avait été fortifiée alors qu'elle était pionnière dans une région ru rale où l'animosité religieuse était grande. Se sentant seule, elle avait écrit aux missionnaires qu'elle avait connus dans son an cienne congrégation : " Je prêche toute seule. " Par la suite, elle avait reçu une lettre dans laquelle plusieurs missionnaires avaient écrit un mot, certains en caractères japonais laborieusement cal ligraphiés, disant : " Kazuko, tu n'es pas seule ! Écoute, et tu en tendras, bien au-delà de la pommeraie, le bruit de pieds, les pieds de frères zélés et fidèles du monde entier. " - Voir Révélation 7:9, 10. À présent, 41 missionnaires sont répartis dans cinq maisons - une à Yamagata, une à Iwaki, une à Toyama et deux àTokyo où ils effectuent toujours leur service. Par ailleurs, neuf sont sur veillants itinérants et neuf servent au Béthel à Ebina. Ces mis sionnaires donnent un bel exemple de fidélité envers Jéhovah et son organisation. En paroles et en actions, ils ont permis aux Té moins de Jéhovah duJapon d' ' élargir ' leur point de vue et d'ap profondir leur compréhension de la vérité biblique. 6 : 1 3 ; Éph. 3:18. 2 Cor. Des activités estivales pour parcourir des territoires non attribués D'autres ont également fait connaître la bonne nouvelle dans les villes et villages isolés. En 1 971, l'invitation à se rendre dans des territoires non attribués pendant les mois d'été a été lancée aux pionniers permanents. Puis, en 1 974, une disposition a été prise pour les trois mois d'été : envoyer des pionniers spéciaux temporaires. Chaque année, 50 pionniers spéciaux temporaires ont été affectés dans 25 endroits différents où ils ont laissé de grandes quantités de publications. En 1 980, le nombre de personnes habitant dans des territoi res qui n'étaient rattachés à aucune congrégation était descendu 97 japon à environ 7 800000. Aussi, au lieu d'envoyer des pionniers spé ciaux temporaires, le bureau de la filiale a-t-il invité les congréga tions, des groupes de pionniers permanents et des familles à prê cher dans ces territoires au cours des mois d'été. Pour lesTémoins japonais, qui préfèrent accomplir des activités en groupe, c'était une perspective agréable. Les résultats ont été stimulants. En 1986, un proclamateur qui se trouvait dans un territoire non attribué s'avançait vers une maison dans le village montagneux de Miwa, dans la préfecture d'lbaraki, lorsque la maîtresse de maison l'a accueilli avec, dans les mains, les livres Comment s'assurer une vie defamille heureuse et Recueil d'histoires bibliques. Elle les avait obtenus précédem ment et lus à plusieurs reprises. Elle avait recherché, mais en vain, une bible dans les librairies ; aussi était-elle heureuse d'appren dre qu'une famille chrétienne allait s'installer dans le village. Une étude biblique a commencé sur-le-champ, et maintenant toute la famille est dans la vérité. Petit à petit les villes et les villages qui restaient ont été ratta chés aux congrégations avoisinantes. Une instruction spéciale pour les anciens À mesure que s'étendait la prédication de la bonne nouvelle, le nombre et l'importance des congrégations croissaient aussi. Souvent il n'y avait qu'un seul frère qualifié, parfois deux, pour s'occuper d'une congrégation. Peu d'entre eux avaient été for més dans ce domaine. Mais, après la disposition prise le 1 er octo bre 1972 concernant les anciens établis dans les congrégations, le bureau de la filiale à Numazu a invité les anciens nouvellement nommés à venir suivre un cours spécial de deux semaines. Cette école a vraiment été un événement marquant. Les ins tructeurs se sont efforcés d'aider ces anciens à voir l'importance de montrer un amour sincère et d'être équilibrés et raisonnables dans leurs rapports avec leurs frères (2 Cor. 1:24). Ils ont égale ment souligné la nécessité de s'occuper spirituellement de sa 98 Annuaire 1998 propre famille (1 Tim. 3:4 ; 5:8), ce qui n'était pas courant dans les maisonnées orientales. Les frères étaient impatients de ramener chez eux tout ce qui leur avait été enseigné. Cependant, beaucoup avaient tendance à apprendre par cœur comme ils l'avaient fait pendant leur sco larité. Takashi Abe, un des instructeurs, se rappelle : " Les élèves veillaient tard pour recopier avec peine les notes des discussions de la journée. Nous essayions de les encourager, non pas à pren dre quantité de notes ni à établir des règles, mais à utiliser leur capacité de réflexion et à appliquer les principes bibliques. " Rom. 12: 1 ; Héb. 5:14. De nombreux frères ont assisté à cette école au prix de grands sacrifices. Certains venaient de l'île enneigée d'Hokkaido, à 1 300 kilomètres au nord, d'autres de l'île subtropicale d'Oki nawa, à 1 800 kilomètres au sud. Il y en avait aussi qui allaient de voir retrouver un emploi en rentrant chez eux. En 1 977, nous avons organisé des cours de deux jours dans plusieurs villes du pays. Ainsi, les frères y ont assisté plus facilement. Face à l'opposition familiale Devenir chrétien au Japon n'est pas sans difficultés. " Parti culièrement dans les régions rurales, les nouveaux venus rencon trent une grande opposition de la part des membres de leur pa renté vivant dans le voisinage, explique Hiroko Eto, pionnière depuis 37 ans. La crainte de l'homme étant très forte, la famille a honte d'avoir un de ses membres différent des autres dans la communauté. " Yuriko Eto, sa mère, aimait la Bible avant même de prendre contact avec les Témoins de Jéhovah. Mais, en 1 954, lorsqu'ils l'ont aidée à comprendre que le dessein de Dieu consistait non seulement à emporter au ciel un petit troupeau de fidèles chré tiens, mais aussi à faire de la terre un paradis rempli de serviteurs de Jéhovah heureux, Yuriko s'est montrée désireuse de transmet tre cette bonne nouvelle à autrui. Avec patience, ses enfants et japon Yuriko Eto. 1 elle ont amené de nombreuses person nes à surmonter la crainte de l'homme afin qu'elles obtiennent l'approbation de Jéhovah. Hiroko s'est efforcée d'aider une femme sincère. Cette femme, qui avait commencé à étudier la Bible, a subi l'opposition de sa belle-mère, avec qui son mari et elle vivaient. Ne voulant pas perturber la paix fami liale, la femme a arrêté l'étude. "Je l'attendais sur la route et l'en courageais à être aimable envers sa belle-mère, dit Hiroko, et à montrer par l'exemple le bon effet d'une étude de la Bible. Avec tact elle a posé des questions à son mari au sujet de ce qu'elle étu diait et, peu à peu, il s'y est intéressé. Au début, il lui disait qu'il était impossible d'être chrétien dans une région rurale comme la leur. Mais l'amour pourJéhovah leur a permis de surmonter une grande opposition. À présent, leur fils aîné et eux-mêmes sont baptisés. Le mari, assistant ministériel, dirige l'étude de livre dans leur foyer, et sa mère a surpris tout le monde lorsqu'elle a assisté à la réunion où il donnait son premier discours public. " Souvent l'opposition vient du conjoint parce qu'il est jaloux ou qu'il a grandi dans un environnement où le machisme est courant. O!iand Keiko lchimaru, tout juste mariée, s'est mise à étudier la Bible au début des années 70, Hiroyuki, son mari, s'est fermement opposé à elle et lui a ordonné de ne pas assister aux réunions. "Je ne pouvais pas supporter l'idée de passer après sa religion", a plus tard affirmé Hiroyuki. Keiko aimait son mari ; elle lui a donc demandé avec tact de vérifier si ce qu'elle étudiait était bien. Il a décidé d'examiner la Bible par lui-même, mais il ne parvenait pas à la comprendre. Il a alors demandé à sa femme s'il pouvait assister à son étude. Tous les deux se sont fait baptiser. 100 Annuaire 1998 Finalement, Hiroyuki est devenu pionnier permanent et mainte nant il est ancien. Après le début de l'œuvre de proclamation à Chikugo en 1971, Mayuki Sakamoto a été l'une des premières à accepter le message de la Bible. Toyota, son mari, s'est opposé lorsqu'elle et leur jeune fils ont commencé à assister aux réunions dans une ville voisine. Résolu à les en empêcher, Toyota a redoublé d'ef forts, et cela pendant baptiser en 1973. 14 ans, même après que Mayuki s'est fait Un jour, il a braqué un revolver sur elle en criant: "Je vais te tuer si tu n'arrêtes pas!" Sa réponse calme a intrigué Toyota. Il s'est demandé ce qui la rendait si ferme. Malgré tout cela, Mayuki a cherché à témoigner de l'amour à son mari. Elle n'a jamais renoncé à l'aider à connaître la vé rité ( 1 Pierre 3:1, 2). Un jour, contrarié que sa femme et son fils soient pionniers pendant que lui travaillait, Toyota s'est rendu sur son lieu de travail et a démissionné. Il prenait là une mesure dé cisive, car les Japonais considèrent en général leur travail comme sacré. Toyota espérait que sa femme et son fils le plaindraient, mais lorsqu'il est rentré et leur a annoncé ce qu'il avait fait, ils ont applaudi. Cela l'a fait réfléchir. Il a fini par étudier la Bible. Plus tard, il a rejoint sa femme et son fils dans le service de pionnier et à présent il est ancien. Au début des années 70, ceux qui assistaient à nos réunions pour la première fois faisaient souvent remarquer qu'il n'y avait que des femmes et des enfants. Mais, depuis lors, des dizaines de milliers d'hommes ont fait d'excellents progrès spirituels. Aujour d'hui, l'organisation possède une solide structure d'hommes spiri tuellement mûrs qui font tout ce qui est nécessaire à la bonne mar che de celle-ci. Parmi eux, il y a d'anciens opposants des années 70. Les pionniers vont à l'école (25 à 30 %) 70, beaucoup En raison du pourcentage élevé des pionniers dans chaque congrégation au cours des années étaient inscrits à l'École pour les pionniers, qui a débuté en jan- 10 1 japon vier 1978 au Japon. Cette école a largement contribué à la matu rité des congrégations. Les premiers invités à l'école étaient les pionniers spéciaux, les missionnaires et les sur veillants itinérants avec leurs femmes. Shigeru Yoshioka, un des premiers instructeurs, raconte: " Le fait d'avoir ces pionniers expérimentés dans les premières classes a été d'un grand secours. Nous avons pu transmettre aux classes suivantes ce que nous avions appris des réponses de ces ministres mûrs et des événements qu'ils ont vécus. " À partir de février 1980 , !'École pour les pionniers s'est te nue dans chaque circonscription.Les surveillants de circonscrip tion et d'autres frères mûrs qui avaient assisté aux cours étaient les instructeurs. Dans les huit années qui ont suivi l'ouverture de cette école, alors que le nombre des proclamateurs augmentait de 12 % chaque année, celui des pionniers permanents augmentait 22 %. Actuellement, la plupart des circonscrip en moyenne de tions ont régulièrement chaque année deux classes, sinon plus, de 25 à 30 élèves. La majorité des pionniers qui assistent à cette école sont rela tivement nouveaux dans la vérité, mais, grâce à ces cours, ils ac quièrent de la confiance et de l'habileté dans leur ministère, et ap prennent des leçons inestimables pour la vie d'un chrétien. Une pionnière l'exprime en ces termes: "Jusqu'à présent, le service, l'éducation des enfants, la personnalité chrétienne et la connais sance de la Bible, tout cela était mélangé dans les tiroirs de mon esprit. Pendant ces dix jours j'ai été en mesure de les classer aux bons endroits." En septembre 1997, 3 650 classes, auxquelles avaient assisté 87 158 pionniers, avaient été organisées. Toutes sortes de personnes réagissent favorablement Des gens de tous horizons sociaux forment la structure pit toresque de l'organisation théocratique au Japon. Dans une con grégation de Yokohama, Toshiaki Niwa est un ancien au tempé rament doux. Pourtant, à la fin de la Seconde Guerre mondiale, il Une Famille de pionniers heureuse avait été formé pour piloter un dans le cadre d'une attaque va prêcher. Ohka, ou planeur lance-missiles, amikaze contre les navires améri cains. Un tel service était considéré comme une preuve de dé vouement envers l'empereur. Or, la guerre a pris fin avant qu'il ait eu la possibilité de mourir pour son pays. Par la suite, sa femme a étudié la Bible avec les Témoins de Jéhovah. Lorsque To shiaki a appris que lesTémoins avaient gardé une stricte neutralité pendant la guerre, son intérêt a été suscité aussi. En 1977, il s'est joint à sa femme pour faire connaître à autrui le message de paix renfermé dans la Bible. Dans le monde du spectacle, nous avons également trouvé des personnes qui, avec joie, ont modifié leur vie pour louer Jé hovah. Yoshihiro N agasaki avait monté un orchestre de jazz dixieland avec plusieurs amis d'université. Ils ont demandé à leur professeur de jazz de devenir le chef de leur groupe. Cet homme, Yoshimasa Kasai, un des musiciens de jazz les plus célèbres du Ja pon, avait rencontré entre-temps " ll:urnmy " Young, un trom bone d'Hawaii. " À partir de ce jour, les leçons, non de musique, mais de vérité ont commencé ", se rappelle Yoshihiro, qui main tenant est membre du Comité de la filiale. " Nous n'étions abso lument pas intéressés, mais, parce qu'il était si enthousiaste et que 10 3 japon nous ne voulions pas le perdre, nous l'écoutions. " Ils ont même accepté d'étudier la Bible. Cependant, avril 1966 a été un tour nant dans la vie de Yoshihiro lorsqu'il a assisté à une assemblée de circonscription. À cette assemblée, une lycéenne qu'il connaissait déjà l'a invité à l'accompagner dans la prédication. Elle donnait le témoignage à partir de la Bible et il offrait des dépliants aux personnes. " Pour la première fois, la vérité signifiait vraiment quelque chose pour moi ", raconte-t-il. Après cette assemblée, il a prêché chaque jour et a fait de rapides progrès. Sur les six mu siciens du groupe, quatre sont aujourd'hui des Témoins actifs. Shinji Sato était prêtre au célèbre sanctuaire shintoïste lzumo (un des plus importants au Japon), dans la préfecture de Shi mane. De plus, il était instructeur de la religion Oyashirokyo. Bien que prêtre shintoïste depuis presque 20 ans, l'injustice et l'absence d'amour qu'il avait constatées parmi les prêtres l'avaient déçu. Il avait fini par comprendre que les dieux shintoïstes n'of fraient aucun moyen de salut et il s'était mis à la recherche du vrai Dieu. Il avait commencé à lire la Bible, mais de nombreuses questions lui venaient encore à l'esprit. C'est à ce moment-là qu'il a rencontré dans la rue une per sonne qu'il connaissait et qu'il savait être Témoin de Jéhovah. Il lui a donc posé des questions qui, selon lui, identifieraient la vraie religion : " Votre religion se mêle-t-elle de politique? Est-ce une organisation à but non lucratif ? Vos enseignements viennent-ils de Dieu ou des hommes? Les personnes qui se trouvent à votre siège mondial pratiquent-elles ce qu'elles prêchent? " Et de de mander : " Si votre organisation remplit ces conditions, auriez vous la bonté de m'enseigner la Bible? " �el soulagement pour lui lorsqu'il a fini par se libérer de Babylone la Grande (Rév. 18:4) ! Il déclare: " Maintenant que je suis Témoin de Jéhovah et que j'enseigne aux autres la voie qui mène au vrai Dieu, je ressens ce qui est consigné dans le livre des Proverbes : ' La bénédiction de Jéhovah - voilà ce qui enrichit, et il n'ajoute aucune douleur avec elle. ' " - Prov. 10:22. 104 Annuaire 1998 Des artistes et des musiciens réputés, un écrivain de bandes dessinées, un lutteur de sumo et des coureurs cyclistes profession nels ont tous renoncé à la gloire. Des personnes renommées, tel les que des médecins, un éminent calligraphe et des avocats, ont vu la lumière de la vérité et mettent à profit leurs compé tences pour favoriser les intérêts du Royaume. D'anciens bandits, truands, policiers et politiciens résident en paix avec leurs frères spirituels (Is. 11:6-9). Des moines bouddhistes, des prêtres shin toïstes et une femme qui avait créé sa propre religion sont sortis de Babylone la Grande (Rév. 18:2). Des enseignants, des hommes d'affaires japonais en vue et des artisans aux talents divers tra vaillent ensemble à des projets théocratiques. L'organisation de Jéhovah s'est développée au point de compter en son sein tou tes sortes de personnes que l'on a aidées à "revêtir la personna lité nouvelle qui a été créée selon la volonté de Dieu dans une jus tice et une fidélité vraies". - Éph. 4:24. Un esprit pionnier enthousiaste Bien que le territoire de chaque congrégation se réduise et que l'indifférence religieuse augmente, l'enthousiasme pour le service de pionnier, lui, ne cesse de grandir. Au printemps, lorsqu'un grand nombre de pionniers auxiliaires rejoint les rangs des pion niers, le total s'élève à plus de 1997, 108 737 50 % des proclamateurs. En mars prédicateurs étaient pionniers. On demande souvent pourquoi il y a tant de pionniers au Ja pon. Il semble y avoir plusieurs facteurs. Des missionnaires zélés ont posé le fondement pour l'accroissement d'après-guerre; par ailleurs, des étudiants reconnaissants s'efforcent d'imiter ceux qui les enseignent (Luc 6:40). En conséquence, l'héritage qu'est le zèle pour le ministère a été transmis à la génération suivante de disciples. De plus, il est vrai qu'en règle générale les maisons japo naises sont relativement modestes et nécessitent peu d'entretien; pour la plupart, les gens mènent une vie traditionnellement sim ple. Les femmes au foyer peuvent donc accorder la priorité aux intérêts spirituels avec plus de facilité (Mat. 6:22, 23). En outre, 105 japon le climat est généralement tempéré et les conditions politiques et économiques sont favorables dans le pays. Les origines culturelles et les traits de caractère nationaux sont sans doute un autre élément d'explication. Dans l'ensemble, les Japonais obéissent aux ordres, sont sensibles aux encourage ments venant du groupe et travaillent avec enthousiasme. Shini chi Tohara, un Américain d'origine japonaise et l'un des pre miers missionnaires d'après-guerre venus au Japon, a déclaré à ce sujet: 'Les kamikazes sont morts pour l'empereur en dirigeant leur avion sur les navires ennemis. Si le peuple japonais est si fi dèle à des seigneurs humains, que ferait-il s'il trouvait le vrai Sei gneur, Jéhovah? ' Oui, un vif désir de plaire à Jéhovah anime chacun de ceux qui remplissent une demande de pionnier. Des parents pionniers Qui sont les pionniers? Une majorité de sœurs, dont la plu part sont mariées et mères de famille. Beaucoup n'ont pas de soutien spirituel venant de leur mari et de leur parenté non chrétiens. "Lorsque j'ai commencé le service, ma plus jeune fille n'avait que quelques mois, raconte Mutsuko, qui est pionnière depuis plus de 20 ans à Fujisawa. Mon mari, qui travaillait dans une banque, ne rentrait généralement pas avant que nous soyons re venus de la réunion le soir. Bien que cela m'ait demandé beau coup d'efforts, je voulais continuer mon service. " Elle a été ré compensée lorsque ses trois enfants, sitôt leurs diplômes de fin d'études obtenus, ont entrepris le service de pionnier à ses cô tés. Après plusieurs années d'opposition, puis d'indifférence, son mari s'est mis lui aussi à changer. Imaginez la joie de Mutsuko le jour où elle a entendu son fils et son mari prononcer respective ment la première et la deuxième partie d'un discours public dans la congrégation ! Les pères qui sont pionniers exercent également une bonne influence. Hisataka savait que son père avait renoncé à sa place 106 Annuaire 1998 de professeur d'informatique afin d'être pionnier. Pendant les va cances d'été d'Hisataka à l'école primaire, son père l'invitait à l'accompagner dans son travail, qui consistait à distribuer du lait tôt le matin. "Au moment où le ciel prenait à l'est de splendi des teintes orangées, se souvient Hisataka, papa m'exprimait ses sentiments intimes, me disant combien il est enrichissant de ser vir Jéhovah de toute son âme. Le fait de le voir travailler dur mais joyeusement pour Jéhovah m'a touché plus que des mots n'au raient pu le faire. " Hisataka est maintenant membre de la famille du Béthel d'Ebina. Sauvés du karoshi "Si vous mourez d'envie de travailler, associez-vous à une compagnie japonaise", ont dit certains pour plaisanter. C'est parce qu'un chef de famille japonais typique est extrêmement dévoué à son métier et passe de longues heures sur son lieu de tra vail. Néanmoins, plus d'un père qui travaillait jusqu'à risquer le karoshi (mort par excès de travail) est à présent voué, non pas à une compagnie profane, mais à Jéhovah Dieu et a rejoint sa fa mille dans le service de pionnier. Shunji vit dans la région de Kobe. Auparavant, il travaillait pour une entreprise de construction; voici ce qu'il dit: "L'at tachement à mon travail et le désir de réussir me poussaient. �and les chantiers étaient loin de la maison, au mieux, je ren trais auprès des miens seulement pour de courts week-ends. " �'est-ce qui a changé? Il répond: "J'avais peur de la mort, je me souciais de ce qui arriverait à ma famille si je mourais. Je n'ar rivais pas à comprendre pourquoi ma femme et mon fils étaient toujours si joyeux d'aller prêcher." Alors que Shunji aidait la congrégation à régler des détails techniques pour la construction de leur Salle du Royaume, un ancien l'a encouragé à étudier la Bi ble, ce qu'il a fait. Aujourd'hui, il partage avec sa famille la joie du service de pionnier permanent. Il fait également partie d'un comité de construction régional. 107 japon Laisser ce que l'on considère comme la garantie d'un travail à vie dans une compagnie pour un emploi quelque peu précaire à temps partiel, afin d'avoir du temps pour le service de pionnier, demande, du chef de famille, une foi véritable et un esprit de sa crifice. Le père de Mitsunobu, qui habite dans la préfecture de Chiba, a changé de travail. Dans la grande entreprise où il travail lait et où ses anciens collègues avaient été promus cadres, il re cueillait, de bureau en bureau, les vieux papiers pour qu'ils soient recyclés. C'est avec une réelle reconnaissance que Mitsunobu dé clare: " Comme je remercie mes parents de m'avoir personnel lement appris à chérir ce trésor qu'est le service de pionnier, m'aidant ainsi à en faire ma carrière!" Ceux qui opèrent ces changements dans leur vie ont la conviction que les récompenses financières ne sont que temporaires, mais que les trésors spirituels sont de bien plus grande valeur. - Mat. 6: 19-21. Pre ne z de s précau tions pou r vivre plu s longte mps ! Certains, qui désirent réellement faire tout leur possible dans le service de Jéhovah, ont surmonté de graves problèmes de santé. " Tout au plus verrez-vous votre fils grandir. Ne vous surmenez pas, mais prenez toutes les précautions pour vivre plus long temps. " C'est ce que déclara le médecin à Yaeko Ono après avoir diagnostiqué des problèmes cardiaques. Son fils avait alors trois ans. " Q!ie faire pour mener le restant de ma vie sans aucun re gret? " s'est-elle demandé en rentrant de l'hôpital. Au moment où elle est arrivée chez elle, sa décision était prise: elle allait de venir pionnière. Lorsqu'ils ont appris cela, les membres de sa fa mille se sont inquiétés, mais cela ne l'a pas fait changer d'avis. Elle dit : 'J'ai entrepris le service en septembre 1978. À cette épo que, je ne savais pas que j'étais enceinte. Ma mère est tombée gra vement malade; mon état de santé, quant à lui, s'aggravait. Ce pendant, ces paroles de Jésus m'ont encouragée: " Avec de la foi gros comme un grain de moutarde on peut transporter une mon tagne. " (Mat. 17:20). J'ai décidé de faire de mon mieux. ' 108 Annuaire 1998 Dix-sept ans après, Yaeko a affirmé:" Je suis convaincue que Jéhovah m'a entourée de son bras réconfortant." Même si par fois les difficultés étaient près de la submerger, elle se rappelait les bénédictions de Jéhovah, ce qui l'aidait à persévérer. Influencé par son zèle, son mari s'est mis à étudier. Et la joie de Yaeko s'est intensifiée lorsque, en réponse à ses prières fer ventes, il est de venu son compagnon de service. Tels sont les pionniers au Japon. On pourrait en citer beau coup d'autres, comme ce frère, paralysé de la tête aux pieds, qui a été une source constante d'encouragement en qualité de pion nier, principalement par courrier; cette sœur, née au tout début 13 dernières années, jus 1994, dans une région que la neige rendait difficilement ac du siècle, qui a été pionnière pendant ses qu'en cessible; ou cet ancien qui, malgré sa cécité, s'est rendu dans une ville pour y être pionnier et aider la petite congrégation qui s'y trouve. À l'exemple des fidèlesTémoins du passé, tous, quoique faibles physiquement," ont été rendus puissants" par Dieu pour faire sa volonté. - Héb. 11:32-34. La Traduction du monde nouveau en japonai s Dans le monde entier, leur utilisation de la Bible dans la pré dication est un trait distinctif des Témoins de Jéhovah. Au Ja pon, les proclamateurs souhaitaient vivement posséder une bi ble exacte et facile à lire en japonais moderne. Beaucoup lisaient la version classique au prix de grands efforts. Malgré ses belles expressions et l'emploi régulier du nom sacré de Dieu, ceux qui avaient été instruits après la guerre avaient du mal à comprendre sa syntaxe vieillie. C'est pourquoi, en janvier 1970, les frères de la filiale ont été absolument ravis de recevoir une lettre du siège mondial autorisant la traduction en japonais de la partie grecque de la Traduction du monde nouveau. T rois ans plus tard, lors de l'assemblée internationale" La vic toire divine" à Osaka, une foule de 3 1263 personnes ont applaudi avec une joie sans bornes lorsque Lyman Swingle, du Collège cen- 109 japon tral, a annoncé la parution de l'édition japonaise des Écritures grec ques chrétiennes - Traduction du monde nouveau. Au cours des neuf années qui ont suivi, 1140 000 exemplaires en ont été dis tribués, ce qui représente 75 fois le nombre des proclamateurs du pays à l'époque de sa parution. Cette bible avait été imprimée aux États-Unis, mais le jour approchait où notre filiale effectuerait ce travail d'impression et de reliure. Peu t- on améliore r le s lieux de réu nion? Plus le nombre des congrégations se multipliait à travers le pays, plus il était évident que des lieux de réunion convena bles étaient indispensables. Avant les années 70, très peu de congrégations en possédaient un. En fait, seules neuf Salles du Royaume ont été inaugurées dans les années 60. La majorité des congrégations se réunissait dans des salles publiques louées ou dans des foyers. Se rappelant l'inconvénient de ces " réunions mobiles", Ai N akamura, une sœur d'Hirosaki, déclare: " Vers 1963, nous louions la salle municipale tous les week-ends, et les jours où elle était fermée, les 15 proclamateurs de la congrégation se réunis saient chez moi. Nous devions tous aider à transporter les pério diques, les publications, l'estrade, etc., à chaque réunion." Les salles louées avaient une forte odeur de tabac et affichaient des slogans et des ornements politiques et religieux. Aucune n'était en harmonie avec le contenu spirituel des réunions des Témoins. Molly Heron et Lois Dyer se souviennent de la salle qu'ils louaient à Kyoto. Il s'agissait d'une pièce, au premier étage d'un magasin, dont le sol était recouvert de tatamis, ou nattes de paille. De chaque côté, il y avait d'autres pièces : dans l'une, on donnait des leçons de shamisen, instrument à cordes japonais, tandis que dans l'autre des hommes jouaient au go, jeu d'échecs japonais. " Dans tout ce vacarme, nous essayions de diriger no tre étude de La Tour de Garde, a déclaré Lois Dyer. C'est dans de tels endroits que nous nous réunissions à cette époque. " Puisque - --- r.:: Il Ili 1 .. À Les installations de la filiale à Numazu, 1972-82. nous n'avions pas de lieux de réunion fixes comme les autres groupes religieux, les gens pensaient que nous n'étions qu'une re ligion sans importance, éphémère. Mais, au milieu des années 70, le nombre des nouvelles con grégations était en pleine expansion, et les frères ont recherché des bâtiments pouvant servir de Salles du Royaume. En juillet 1974, les 646 congrégations de l'année de service 1974. 200 Sal 134 ont été inaugurées au cours du pays utilisaient environ les du Royaume. Sur ce nombre, 111 japon Bien que nos frères aient été limités financièrement, leur in géniosité, elle, n'a pas eu de limites. C'est ainsi que, sur l'île de Kyushu, la congrégation de Kitakyushu Wakamatsu a construit une Salle du Royaume de 130 mètres carrés sur une parcelle de terrain offerte par un des proclamateurs. On a obtenu gratuite ment des planches et des tuiles de cinq maisons en démolition. Un établissement de bains publics désaffecté leur a également fourni du bois gracieusement. Les seuls matériaux de construc tion qu'ils ont achetés ont servi pour les finitions de la salle. Les frères ont aussi disposé des sièges d'un cinéma voisin qui avait cessé ses activités, sièges qu'ils ont repeints et installés dans la salle. Après six mois de travail assidu, ils avaient une belle Salle du Royaume. En raison des prix exorbitants des terrains, certains Témoins qui étaient propriétaires dans les zones urbaines ont démoli leur maison pour bâtir une Salle du Royaume et leur lieu d'habita tion au-dessus. De nou ve au x bâ time nts pou r suivre l'accroisse me nt De même que les vêtements d'un enfant deviennent sans cesse trop petits, de même les installations de la filiale du Japon ont eu besoin d'agrandissements à plusieurs reprises afin qu'on puisse faire face à l'accroissement du nombre des Témoins dans le pays. En 1971 ont été dressés les plans d'une imprimerie à deux étages et d'un Béthel comportant quatre étages qui seraient cons truits à Numazu, avec, en toile de fond, le magnifique Fuji-Yama. Au début, les bâtiments de l'imprimerie étaient utilisés prin cipalement pour imprimer les éditions japonaises de La Tour de Garde et de Réveillez-vous ! Un événement marquant a été l'im pression du numéro spécial du 8 octobre 1972 de Réveillez-vous ! sur la nouvelle rotative de 40 tonnes Tokyo Kikai: c'était le pre mier périodique produit par nos frères de l'imprimerie à Numazu. Mais ils avaient beaucoup à apprendre. Parfois ils se demandaient Annuaire 1998 112 si un jour ils pourraient faire fonctionner correctement la presse. " À cette époque, a raconté un frère, certaines lettres étaient cou vertes d'une couche d'encre si épaisse qu'on pouvait presque les lire en les touchant." D'autres caractères étaient à moitié effacés ou tachés. Cependant, à mesure que les frères acquéraient de l'expérience, la qualité de l'impression s'améliorait et le nombre de périodiques distribués en prédication augmentait. En 1973, lorsque frère Knorr a pris la parole lors du pro gramme de l'inauguration de la filiale à Numazu, les invités se sont rassemblés au deuxième étage de la nouvelle imprimerie. Parlant de l'usage qui en serait fait, frère Knorr a dit : "Cet étage vide représente votre foi. Nous croyons que dans un ou deux ans vous aurez besoin de cet étage. L'organisation de Dieu va de l'avant, et ce à une très grande vitesse." Comme frère Knorr l'avait annoncé, l'endroit a bientôt été utilisé. En 1974, deux bâtiments supplémentaires étaient néces saires : un pour le stockage du matériel et un autre pour loger les bénévoles. "C'était la première construction que les Témoins entreprenaient eux-mêmes au Japon, raconte Toshio Honma. Nous étions quelque peu inquiets de savoir s'il y aurait suffisam ment d'ouvriers expérimentés. Dieu nous a bénis en nous en voyant des hommes comme Tadazo Fukayama, un conducteur de travaux qui avait 30 ans d'expérience dans une importante entreprise de bâtiment." Après des années de travail qui l'avaient éloigné des siens, Ta dazo venait de démissionner afin de passer plus de temps auprès d'eux. Il était donc partagé quand on lui a demandé de venir diri ger les travaux d'agrandissement du Béthel à Numazu. Devrait-il de nouveau laisser sa famille derrière lui? " Non '', lui a répondu la filiale. Sa femme et ses deux fils, âgés de 18 et 20 ans, étaient aussi invités. Bien que les bâtiments construits alors aient été relative ment petits par rapport aux projets à venir, les frères ont japon 113 acquis, grâce à cette entreprise, de l'expérience et la certi tude qu'avec l'aide de Jéhovah ils pourraient réaliser de plus gran des constructions. Le s frè re s japonais accepte nt de plus lourde s re sponsabilités 1975, Lloyd Barry, qui était le surveillant de la filiale 1952, a quitté le Japon pour être membre du Collège cen En avril depuis tral desTémoins de Jéhovah. Avec zèle, il avait participé au minis tère et en vu l'organisation théocratique passer de 8 proclamateurs 1949 à plus de 30 000 proclamateurs du Royaume zélés lors de son départ. La surveillance de la filiale a alors été confiée à Toshio Honma, un frère d'origine japonaise qui était le responsable de l'imprimerie. Parlant des compétences de frère Honma, son adjoint a dé claré: " Toshio n'était pas de ceux qui s'installent et attendent que quelqu'un leur dise tout ce qu'ils doivent faire. Si vous lui confiiez un travail en lui donnant les directives à suivre, il attra pait la balle et courait. C'était un organisateur efficace qui savait motiver les gens. " En février 1976, un autre changement s'est produit dans l'or ganisation. Comme au sein des autres filiales dans le monde, un comité de frères a été mis en place au Japon, la filiale n'étant plus ainsi sous la surveillance d'un seul frère. Les cinq qui furent nom més au début étaient Toshio Honma, le coordinateur, Masataro Oda, Shigeo Ikehata, Kiichiro Tanaka et James Mantz. Les frères japonais ont accepté de tout cœur cette nouvelle disposition, car le concept de décisions prises par un groupe de personnes et le consensus d'opinion leur étaient familiers. Un des membres du comité a plus tard fait observer : " Grâce à cette disposition, les frères voient en ce groupe de frères mûrs les représentants de l'or ganisation. Leur attention est donc tournée vers l'organisation de Dieu plutôt que vers un homme. " Lorsqu'une décision impor tante doit être prise, ces hommes spirituels aux origines et aux 114 Annuaire 1998 capacités diverses l'examinent en recherchant la direction de l'es prit saint et de la Parole de Dieu. En janvier 1983, Masataro Oda, qui est au Béthel depuis fé vrier 1960, a remplacé frère Honma, qui devait alors subvenir aux besoins de sa famille (il avait un fils de deux ans), et il est de venu le coordinateur. Au nombre de ceux qui ont fait partie du Comité de la filiale pour des périodes plus ou moins longues fi gurent Ryosuke Fujimoto, Percy lszlaub, Isamu Sugiura, Yoshi hiro Nagasaki, Makoto Nakajima, Kenji Mimura et Richard Bai ley. Actuellement, le comité est composé de sept frères. Au fur et à mesure de l'expansion de l'œuvre, chacun de ces frères a humblement offert ses talents pour promouvoir les intérêts du Royaume de Dieu dans cette partie du monde. " Si l'on regarde en arrière, constate frère Oda, on peut voir dans cette disposition qu'est le comité une manifestation de la sagesse divine. Depuis 1976, l' œuvre s'est étendue à tel point qu'aucun homme n'aurait pu s'en occuper seul. Jéhovah a donné la sagesse au Collège central afin qu'il délègue des responsabilités à de nombreux frères, si bien que rien n'a fait obstacle à la pro pagation régulière de l'œuvre." Le s frè re s organise nt de s assemblée s De l a même façon, dans les années 70, les frères s e sont vu confier la responsabilité d'organiser les assemblées. Takashi Abe fut l'un des premiers surveillants de district japonais à être sur veillant d'une assemblée. Il avait acquis une expérience de grande valeur auprès de missionnaires tels que Percy Iszlaub. Percy avait été le surveillant de l'assemblée internationale" Paix sur la terre" tenue en 1969 au vélodrome Korakuen de Tokyo. Deux ans plus tard, frère Abe était le surveillant d'une assemblée organisée dans le même stade. Grâce à l'expérience qu'il avait acquise en 1969, tout s'est bien déroulé. Mais de plus lourdes responsabilités s'annonçaient. En 1973, frère Abe a été établi par la Société surveillant de l 'assemblée i n t e r n a tionale de c i n q j o u r s " La v i ctoire di- 115 v ine" qui devait avoir lieu à Osaka. On attendait une assis tance d'environ 30000 person nes, dont 400 délégués étran gers. Qlelle fut sa réaction? Il raconte : " Lorsque j'ai reçu la lettre m'annonçant ma nomi nation, je suis tombé malade ; j'ai passé plusieurs jours au lit, incapabl e de me lever. Je ne pensais qu'à la difficulté d'or ganiser les différents services de l'a s s e m b l é e . Qu e l l e j o i e lorsque, quelques mois avant l'assemblée, j'ai reçu de la So ciété la bro chure Organisa tion des congrès ! En suivant les instructions basées sur la Bi Toshio Honma, surveillant de la filiale au milieu des années 70. ble, nous avons résolu de nom breux problèmes." L'un d'entre eux consistait à trouver suffisamment de sièges pour tous les assistants. L'as semblée allait se tenir dans la salle des fêtes du mémorial de l'Expo 70 à Osaka, mais il n'y avait ni sièges ni estrade. On a de mandé aux congrégations voisines de se renseigner afin de louer des chaises pliantes. Tous les directeurs d'école d'une ville ont été contactés. On a demandé au président de la plus grande fabrique d'appareils électriques au Japon si sa compagnie serait disposée à louer des sièges. Un de ses représentants a rencontré le surveil lant de l'assemblée au sujet de cette requête. L'entreprise ne pos sédait pas de chaises pliantes supplémentaires, mais elle a donné de l'argent pour en louer 5000. Il en manquait encore. La solu tion? Fabriquer des bancs de bois à partir de planches pour écha faudages louées à une entreprise de construction. Qlelques jours Le Comité de la filiale en 1997 (de gauche à droite): Richard Bailey, Shigeo Ikehata, Isamu Sugiura, Masataro Oda, Makoto Nakajima, Yoshihiro Nagasaki, Kenji Mimura. avant l'assemblée, les bancs étaient achevés, et 31263 personnes ont écouté le discours public. En raison de l'accroissement du nombre des Témoins de Jéhovah au Japon et à Okinawa, ce fut la dernière fois qu'ils se réunirent tous en une seule assemblée. Cinq membres du Collège central ainsi que le responsable de l'imprimerie au siège mondial à Brooklyn ont assisté à ce ras semblement et encouragé les assistants. D'autres visiteurs, venus d'Allemagne, d'Australie, du Canada, des É tats-Unis, de Grande-Bretagne, du Guatemala, d'Hawaii, du Nigeria, de Nou velle-Zélande et de Papouasie-Nouvelle-Guinée, ont fait de cet événement une assemblée réellement internationale. Après cela, davantage de frères japonais se sont mis à endos ser les responsabilités de l'organisation des assemblées. Cela leur permettait de mieux répartir les tâches entre les préparatifs des as semblées et leurs autres responsabilités. De plus, les sur veillants itinérants étaient en mesure de se concentrer sur leur service au lieu de passer des mois à préparer les assemblées. 117 japon Le s assemblée s inte rnationale s " L a fo i victorieu se " de 197 8 En 1978 a eu lieu la quatrième assemblée internationale au Ja pon, "La foi victorieuse ", qui a duré cinq jours. Cette fois, qua tre endroits ont servi pour accueillir tous les assistants. Un maxi mum de 31 785 personnes ont assisté à l'assemblée principale à Osaka, où sont venus plus de 200 délégués des États-Unis, du Canada, d'Allemagne, de Suisse, ainsi que d'autres pays d'Eu rope, d'Asie et d'Amérique du Sud. Trois membres du Collège central étaient là pour participer au programme de l'assemblée. Un bel esprit de coopération a été cultivé au fil des années. Les frères ont fini par avoir pleinement confiance qu'avec l'aide de Jéhovah ils pouvaient accomplir des tâches théocratiques importantes. Du bowling à la Salle d'assemblée s Outre les Salles du Royaume, il est devenu évident que les frè res avaient besoin de plus grandes installations pour les assem blées. Au début des années 70, beaucoup d'établissements pu blics ne louaient pas aux groupes religieux, et les contrats pour des gymnases pouvaient être annulés à la dernière minute à cause d'événements sportifs. Hirofumi Morohashi, qui a été surveillant d'assemblée dans la région de Tokyo pendant de nombreuses an nées, se souvient d'un incident particulier qui a incité les frères à rechercher une Salle d'assemblées. Voici ce qu'il dit: " En 1974, nous avons versé 200 000 yens [plus de 4000 francs] pour une salle dans un parc d'attractions d'Oyama afin de l'utiliser pour notre assemblée de circonscription. Plus tard, le parc d'attrac tions a fait faillite. Nous avons eu beaucoup de mal à recouvrer les arrhes et à trouver un autre lieu d'assemblée. " Percy Iszlaub a alors montré aux frères les photos d'une vieille usine de tissage en Australie qui avait été transformée en une magnifique Salle d'as semblées. Les frères ont compris que c'était le moment pour eux d'agir ainsi. 118 Annuaire 1998 Ils ont trouvé une salle de bowling désaffectée à Higashi Matsuyama, dans la banlieue de Tokyo. Ne connaissant pas lesTé moins de Jéhovah, le propriétaire du bâtiment s'est renseigné au près d'une famille chez qui il avait logé aux États-Unis. Il a reçu une réponse très favorable : les Témoins de Jéhovah étaient le groupe religieux le plus digne de confiance aux États-Unis. Dès lors, les choses se sont bien passées, et un contrat a été signé. C'est ainsi qu'en décembre 1976 a été achevée la première Salle d'assemblées du Japon. Pendant ce temps, un autre projet de construction considérable se dessinait. Jéhovah dirige le s événe me nts Lorsque les installations agrandies de Numazu ont été inau gurées en 1977, il y avait plus de 40000 proclamateurs. La fi liale a été chargée de chercher un terrain trois fois plus grand que la propriété de Numazu. Une vieille usine textile se trouvait à Ebina, à mi-chemin entre Numazu et Tokyo, sur une propriété de 7 hectares, soit 16 fois plus grande que celle de Numazu. Mais dans un pays où le prix des terrains était incroyablement élevé, le Collège central approuverait-il ce déménagement? Le prix de cette propriété serait deux fois plus élevé que celui qu'avaient payé les États-Unis lorsqu'en 1867 ils achetèrent l'Alaska à la Russie. Pendant quelque temps, aucune réponse ne parvint du Collège central. " Puis, soudain, frère Barry est venu de NewYork en compagnie de Max Larson, le responsable de l'imprimerie de la Société à Brooklyn, pour voir le terrain et nous donner l'ac cord, ditToshio Honma. En songeant à l'accroissement que nous avons enregistré au cours -des 20 dernières années, nous remer cions Jéhovah de nous avoir guidés pour acheter cette grande propriété. " En janvier 1979, on a entamé la construction d'une im primerie d'un étage, d'un bâtiment administratif, de trois bâti ments d'habitation abritant 161 logements, d'une Salle du Royaume et de deux petits bâtiments pour les ateliers. C'était japon 119 l'un des plus grands projets de construction jamais entrepris par les Témoins de Jéhovah où que ce soit dans le monde jusqu'à ce moment-là. Nombre de chefs de famille possédant des qualifications en construction ont laissé leur emploi pour se rendre, avec les leurs, à Ebina ou dans les villes avoisinantes et participer à la construc tion. Lorsque Yoshiaki Nishio a reçu sa première invitation à ve nir en tant que plombier, il venait d'emménager dans une pe tite ville sur l'île de Shikoku où le besoin était particulièrement grand. Comme il avait trois enfants en bas âge, était au chômage et à court d'argent, il a d'abord refusé. En recevant la troisième invitation par courrier exprès, il a compris que c'était la volonté de Jéhovah. Il en a parlé à sa femme, qui lui a proposé de sub venir aux besoins de la famille pendant son absence. " Arrivé au Béthel, se rappelle Yoshiaki, je me suis rendu compte que nous étions invités tous les cinq! C'était incroyable! " Ses trois enfants ont grandi et sont devenus pionniers; aujourd'hui, l'un d'eux est membre de la famille du Béthel à Ebina. " À plusieurs reprises, nous avons vu Jéhovah nous ouvrir des portes pour cette construction, raconte James Mantz, président du comité de construction. Nous nous sommes retrouvés face à des murs apparemment infranchissables. L'administration de la préfecture de Kanagawa avait établi certaines des lois antipollu tion les plus strictes de tout le pays. On nous avait demandé de ne pas déverser une seule goutte d'eau usée dans le canal qui tra versait la propriété. Mais Jéhovah nous a ouvert le chemin. L'an cienne usine refroidissait ses machines avec de l'eau tirée de trois puits; l'eau s'écoulait ensuite dans un canal et servait à irriguer les cultures des voisins. Lorsque ceux-ci ont appris que leur ali mentation en eau allait se tarir, ils se sont rendus à la mairie où ils ont protesté en disant que leurs récoltes dépendaient de l'eau de la propriété. Les fonctionnaires sont donc revenus sur leur dé cision et ont fixé une quantité minimum d'eau que nous de vions déverser chaque jour dans le canal pour approvisionner les 120 Annuaire 1998 agriculteurs. Outre cette eau traitée, il nous fallait pomper l'eau de nos puits afin de satisfaire les besoins de nos voisins. " Frederick Franz, alors président de la Société Watch Tower, était là lorsque, le 15 mai 1982, les bâtiments achevés ont été dé diés à Jéhovah. Lloyd Barry et sa femme, Melba, ont eux aussi participé au programme d'inauguration. L'assistance a pu ressen tir le profond amour que frère Barry éprouvait pour les frères ja ponais alors qu'il interviewait 14 missionnaires diplômés de la 11c classe de l'École de Guiléad qui avaient été envoyés au Japon. Progrè s e n qu antité e t e n qu alité Le nombre des proclamateurs ainsi que la demande de publi cations ne cessaient d'augmenter. Avant l'inauguration des ins tallations à Ebina, la filiale avait acquis, en octobre 1979, sa pre mière presse offset à bobines. Celle-ci pesait 75 tonnes, mesurait 20 mètres de long et était capable de produire 300 périodiques en couleur à la minute. Cela comblait-il nos besoins? " En 1981, se rappelle frère Mantz, nous avons eu une visite de zone effectuée par frère Jaracz. Ayant remarqué que deux équipes se relayaient sur la presse, il nous a conseillé de deman der l'autorisation d'acheter une deuxième presse. Nous avons hé sité, car nous pensions qu'il était plus économique d'en utiliser une seule. Cependant, un mois plus tard, Brooklyn nous a en voyé des instructions pour commander notre deuxième rotative offset. À ce moment-là, nous ne savions pas ce qui nous atten dait. Mais, au bout d'un an, en mai, lorsque nous avons reçu la rotative, nous avons dû immédiatement entamer la production Traduction du monde nouveau en ja deux mois après. Le livre Vous pouvez vivre éternellement sur une terre qui deviendra un paradis devait également paraître. Nous avons de l'édition complète de la ponais afin qu'elle paraisse aux assemblées de district juste vu de nouveau la main de Jéhovah diriger les événements. Nous n'aurions jamais pu produire nos périodiques, la Bible et le livre sur une seule presse. " 121 japon En 1984, une troisième rotative puissante Mitsubishi a été installée : elle imprimait sur deux bobines de papier au moyen de cinq groupes d'impression, quatre imprimant en couleur sur une bande et un en noir sur l'autre, et elle pouvait produire 1000 pé riodiques à la minute. C'était alors la presse la plus rapide du pays, et elle est devenue le sujet de conversation des impri meurs. Ichiki Matsunaga, qui avait reçu une formation spéciale pour faire fonctionner la rotative, était fasciné de la voir tourner à sa vitesse maximum. "Mais, a-t-il dit, il est encore plus fasci nant de voir à quelle vitesse impressionnante le message imprimé sortira." Comment 60 000 pério diques à l'heure pouvaient-ils être traités d'une manière efficace? Les frères de l'atelier de mécani que ont fini par créer un système électrique de convoyage qui transporte les périodiques de la rotative jusqu'à l'emballage en passant par une presse hydraulique et un massicot trilatéral. Le responsable de cette opération explique : "La rotative utilise un rouleau de papier d'une demi-tonne toutes les 20 minutes; à l'autre bout de la chaîne, les périodiques sont directement em ballés dans des cartons étiquetés, prêts à l'expédition. " En cinq minutes, le papier provenant du rouleau défile à travers la presse, passe au massicot et arrive dans le carton. Ce système à la chaîne réduit le nombre de frères nécessaire et permet un plus grand es pace d'emmagasinage. La qualité de l'impression que rend possible cet équipement et les améliorations apportées aux illustrations et à la qualité du papier mettent en valeur les périodiques. Les proclamateurs les proposent avec enthousiasme en prédication. " Une fou le de spécialiste s " Pour suivre les progrès dans le domaine de l'impression offset, la S o ciété s'est mise à informatiser les étapes de pré presse. Des Témoins du Japon ayant une expérience technique suffisante pourraient-ils se rendre disponibles pour faire face à ce 122 Annuaire 1998 changement? Oui. Yasuo Ishii, un des promoteurs techniques en informatique au Japon, est devenu un serviteur voué de Jéhovah. Il a également parlé de sa foi à ses collègues. Résultat: six ingé nieurs en informatique et experts en programmation se sont fait baptiser. Tout le groupe a répondu à l'invitation à participer au projet de la Société ; certains sont devenus membres de la famille du Béthel, tandis que d'autres vivaient à l'extérieur. Songeant à ces événements, Toshio Honma, alors coordinateur du Comité de la filiale, a déclaré:" Jéhovah disposait d'une foule de spécia listes au moment même où le besoin s'en est fait sentir. " Qyel ordinateur allait-on utiliser ? Le bureau de Brooklyn avait recommandé le gros ordinateur 4341 d'IBM, qui allait être mis sur le marché. La Société, au Japon, avait été désignée par ti rage au sort pour être la deuxième à recevoir l'un de ces ordina teurs dernier modèle. Or, l'agent de la compagnie pensait qu'il serait mieux de le donner à un de ses clients fidèles qui était en mesure de faire le travail de programmation. Les cinq frères et la sœur qui travaillaient sur notre projet ont fait sans tarder un rap port détaillé indiquant les besoins exceptionnels de la Société. Après l'avoir lu, la compagnie a aussitôt inclus notre commande dans le premier envoi de ce nouveau modèle. Sous la direction de ces spécialistes qualifiés, plus de 40 jeunes frères et sœurs volontaires ont reçu une formation de program meurs. L'objectif était de créer un système entièrement automa tique de composition pour les publications de la Société en ja ponais. En moins de deux ans, ce système, connu plus tard sous le nom de SCRIPT (System of Character Reproduction Incor porating Photo-Typesetting [Système de reproduction de caractè res par photocomposition]), était prêt à l'emploi. Le premier ou vrage réalisé grâce à ce programme fut le livre de 192 pages "Qg.e ton royaume vienne ! " En 1987, les ordinateurs personnels proposés dans le com merce avaient atteint une moder nisation qui leur permet- 123 japon tait de satisfaire les besoins propres à l'écriture japonaise. Aussi, lorsque la photocomposeuse associée au SCRIPT est tombée en panne, a-t-on opté pour le système de composition plus écono mique de la Société, le MEPS, auquel ont été intégrées les carac téristiques spéciales du SCRIPT, mises au point par nos frères, qui comprenaient un " alphabet" de quelque 8 000 caractè res japonais compliqués. Aujourd'hui, de nombreux program meurs qui ont travaillé sur ce système au Japon prêtent leur con cours au système d'édition mondiale de la Société dans d'autres filiales. Un nou ve au se rvice voit le jou r Depuis près de 30 ans, l'imprimerie de la Société à Brooklyn fournissait au Japon les livres devant être diffusés dans la prédi cation. Mais, alors qu'en 1978 la construction de l'imprimerie à Ebina était en cours, il fut décidé que la filiale se mettrait à pro duire elle-même les livres dont elle avait besoin. Apprenant quels étaient nos projets, le président d'une grande entreprise fabriquant de la colle nous a rendu visite. Constatant que nous avions l'intention de fabriquer notre propre colle, il nous a proposé de nous fournir les matières premières et l'équipement dont nous aurions besoin. Mais, si nous préférions, il serait heureux de nous fournir la colle au prix coûtant. Pour quelle raison? O!ielques années auparavant, il avait assisté à une exposition de machines servant à la reliure et de presses à Chi cago. Là, son équipe et lui avaient rencontré des frères du Béthel de Brooklyn qui les invitèrent à visiter l'imprimerie de la Société Watchtower à New York. Le fonctionnement des installations et surtout la gentillesse et le travail assidu des frères les avaient beau coup impressionnés. À présent, cet homme souhaitait nous aider d'une façon ou d'une autre. Finalement, il nous est revenu moins cher de lui acheter la colle que de la fabriquer nous-mêmes. Il nous a également mis en relation avec d'autres fournisseurs, ce qui s'est traduit par de considérables économies. James Mantz (ici avec sa femme, Sarah) a été responsable de l'imprimerie. P lusieurs fabr icants de machines ont collaboré de la même façon. Lors que des représentants d'un fabricant de massicots et d'assembleuses sont venus rédiger un contrat à Ebina, ils ont été profondément impressionnés par le chan tier de construction et par ticulièrement par les béné voles, qui travaillaient avec ardeur. Aussi ont-ils offert de réduire de 1 000 000 de yens (60000 francs) le prix de leurs machines. Qu i forme ra le s frè re s? À l'imprimerie, personne n'avait d'expérience en reliure. Ro bert Pobuda avait donc été invité à Brooklyn afin d'y recevoir une formation de six semaines qui lui permettrait de former à son tour les frères au Japon. La documentation a été traduite et des cours de reliure ont été organisés. Par ailleurs, des profes sionnels venant d'entreprises commerciales ont appris aux frères comment utiliser les matériaux pour la reliure. Nous avions éga lement prévu de visiter des ateliers de reliure pour en examiner le fonctionnement. Après l'une de ces visites, le directeur a fait entrer les frères dans son bureau. " Savez-vous pourquoi je vous ai permis de ve nir? a-t-il demandé. Normalement, les gens de l'extérieur ne vi sitent jamais notre atelier, mais une semaine avant que vous pre niez contact avec moi, un Témoin a frappé à ma porte et m'a japon 125 proposé les périodiques La Tour de Garde et Réveillez-vous ! Ses manières et ce que j'ai lu dans ces revues m'ont impressionné. " Il a accepté d'autres publications, dont des abonnements aux pé riodiques, et a offert de former un grand nombre de frères pen dant un mois dans son atelier. Depuis lors, ceux qui travaillent dans l'atelier de reliure ont continué au fil des années d'améliorer leur savoir-faire et d'ap profondir leur connaissance. Des sociétés commerciales de re liure ont même envoyé leurs ouvriers visiter notre imprimerie ; ceux-ci ont toujours été frappés par la propreté et l'attention ap portée aux moindres détails. James Mantz, qui a été surveillant de l'imprimerie, se rappelle : " Un jour, une entreprise de reliure avait reçu la permission de filmer pendant que ses représentants effectueraient la visite normale de nos installations. Ils proje taient de se servir de ce film pour former leur personnel. Ils pos sédaient le même équipement et accomplissaient la même acti vité, mais ils voulaient montrer les Béthélites en exemple en raison de la joie qui se voit sur leurs visages et de leur travail ef ficace. " Frère Mantz se souvient aussi de la surprise d'un cadre qui visitait l'atelier de reliure de la Société. L'homme a dit : " Les jeunes Japonais sont victimes de ce qu'ils appellent le syndrome des trois ' K ' : kiken, kitanai et kitsui. " Ces trois mots signi fient dangereux, sale et astreignant. Si le travail correspond à l'un de ces qualificatifs, la plupart des jeunes ne s'y intéresseront pas. Mais ce n'est pas le cas à l'imprimerie d'Ebina. Notre atelier qui relie les publications à couverture en cuir sou ple a été l'objet d'un intérêt particulier. Il est devenu l'une des prin cipales sources d'information concernant la reliure dite de luxe au Japon. Des bibles reliées en cuir y sont fabriquées en série. L'édition complè te de la Traduction du monde nouveau Le passage à l'impression offset, la création du service de re liure, l'élaboration du SCRIPT : tout cela posait les bases qui 126 Annuaire 1998 allaient permettre de produire l'édition complète de la Traduc tion du monde nouveau. La permission de traduire les Écritures hébraïques de la Traduc tion du monde nouveau avait été accordée en 1975. Ce serait un vrai travail d'équipe. ilois traducteurs ont été désignés pour réali ser ce projet. Mais comment préserver une harmonie aussi com plète que possible entre ces différents traducteurs? Ils ont rédigé de longues listes détaillées de mots anglais et rassemblé des rensei gnements concernant les noms propres, les animaux, les plantes, les minéraux, les couleurs, les maladies, les outils, les vêtements, la nourriture et les offrandes sacrificielles. Ils devaient également étu dier avec soin et ajouter à ces listes des centaines de groupes de sy nonymes et d'expressions importantes. Par la suite, ils ont été invi tés à transmettre ce qu'ils avaient appris aux frères qui concevaient un système informatique d'aide à la traduction de la Bible au siège mondial. Leurs suggestions sont parmi celles qui sont suivies dans le monde entier par les traducteurs de la Bible. L'édition complète de la Traduction du monde nouveau en ja ponais a été imprimée et reliée dans nos installations à Ebina. Afin de produire les 136 000 exemplaires de la Bible, qui devait paraître aux 17 assemblées de district " La vérité du Royaume " en 1982, les services du montage, de l'imprimerie et de la reliure ont travaillé 24 heures sur 24. Certains frères avaient des postes de 12 à 16 heures. Ce qui les encourageait, c'était de penser qu'ils perpétuaient le genre de travail qu'Ezra, ' un habile copiste de la loi de Dieu ', avait accompli dans le passé. Mais, alors qu'Ezra le faisait à la main, eux se servaient d'une presse offset rapide à bo bines et imprimaient en japonais. Ils avaient affiché les paroles d'Ezra 7:6 sur le côté de la rotative pour se rappeler l'importance d'imiter cet habile copiste. Cette année-là, tous les frères travaillant à la reliure ont assisté à la dernière assemblée qui se tenait à Fukushima. Ils avaient achevé la dernière bible juste huit minutes avant la fin de la dernière jour- 127 japon née de travail précédant l'assemblée. Shigeru Yoshioka, qui tra vaillait alors à la reliure, raconte: " Nous étions épuisés, mais, en voyant les larmes de joie sur le visage des frères qui recevaient l'édi tion complète tant attendue de la Traduction du monde nouveau, nous étions tous convaincus que l'effort en valait la peine. " Le texte de la traduction de la Bible en japonais étant gardé en mémoire sous forme électronique, il n'a pas été difficile de pro duire plusieurs éditions de différents formats. Au cours des années qui ont suivi la parution de la Traduction du monde nouveau en 1982, près de 3 000 000 d'exemplaires en ont été imprimés. De nou ve au x agrandisse me nts e n vue de l'accroisse me nt Comme un adolescent à la croissance rapide, l'organisation théocratique au Japon s'est rapidement sentie à l'étroit dans ses installations à la filiale. En février 1984, on annonça de nou veaux agrandissements, comprenant cette fois une imprimerie de cinq étages, dont la surface de plancher serait de 22 500 mètres carrés, soit deux fois celle de la première imprimerie, et un im meuble d'habitation de sept étages abritant 128 chambres pour loger les bénévoles. Chaque bâtiment aurait un sous-sol. La construction a commencé en septembre 1984 et s'est ter minée en février 1988. Pendant cette période, le nombre des pro clamateurs a dépassé la barre des 100000 et il n'a cessé de s'ac croître. Cette extension allait permettre à la filiale de répondre aux besoins grandissants du territoire japonais, mais aussi d'im primer pour d'autres pays. Le 13 mai 1989, les nouveaux bâti ments ont été dédiés à Jéhovah, Celui qui avait suscité l'accrois sement rendant nécessaires ces installations. Ils pre nne nt soin de leu r famille avant tou te chose Les feux de l'actualité nationale ont parfois été braqués sur les Témoins de Jéhovah. En 1986, une campagne médiatique a 128 Annuaire 1998 sensibilisé le public à la façon dont les Témoins prennent soin de leurs enfants. Voici ce que titrait le Mainichi Daily News : " Un responsable de la JNR démissionne pour être avec sa famille. " Au Japon, un père qui a de jeunes enfants et qui se voit offrir une mutation, même si cela signifie une promotion, est devant un di lemme. Les mutations sont proposées sans tenir compte de la si tuation familiale. Lorsque leurs enfants sont au lycée, les parents ne souhaitent pas que toute la famille quitte la ville où elle vit. Le père acceptera généralement la mutation et laissera les siens. C'est ce qu'on appelle tanshinfunin. Selon l'article du journal, Takeshi Tamura, Témoin de Jéhovah, avait été nommé directeur général du bureau de la Société nationale des chemins de fer japonais (JNR) à Kyushu. Mais il a préféré démissionner plutôt que d'ac cepter cette place prestigieuse et d'être séparé de sa famille. "La fonction de directeur général peut être assumée par bien des gens. Par contre, je suis le seul père de mes enfants ", a déclaré frèreTa mura dans l'un des journaux. Les gens étaient perplexes. Auparavant, la presse avait décrit les Témoins de Jéhovah comme étant cruels, laissant mourir leurs enfants. Et voici qu'un homme, parce qu'il voulait être près des siens, a eu suffisamm ent de courage pour renoncer à une fonc tion que la majorité de ses collègues auraient acceptée à n'im porte quel prix. Des journalistes se sont rendus de maison en maison pour interroger les habitants. interviewé des hommes d'affaires À la sortie de la gare, ils ont tanshinfunin qui allaient pas ser le week-end avec leur famille. Ils leur ont demandé ce qu'ils pensaient de la décision de frère Tamura. La plupart déclaraient: 'J'admire sa décision. Si seulement j'avais le courage de faire la même chose! ' Se remémorant cet épisode, frère Tamura confie : " J 'ignore comment le Mainichi a obtenu les renseignements. Habituelle ment, si des informations sont divulguées, la JNR modifie in tentionnellement la tâche de chaque employé, uniquement pour japon 129 prouver l'inexactitude des rumeurs. Or, cette fois, il n'y a pas eu de démenti. Jéhovah y était certainement pour quelque chose. Par ce moyen, les Japonais ont compris que les Témoins de Jého vah se soucient de leur famille . " Aujourd'hui, frère Tamura et les siens sont tous évangélisateurs à plein temps. FrèreTamura est surveillant-président dans sa congrégation et son fils sert tempo rairement au Béthel. De s progrè s à Okinawa Après que la filiale du Japon s'est de nouveau occupée d'Oki nawa, ce territoire - où les vieilles traditions exercent toujours une forte influence sur la vie des gens - a connu de grands pro grès. L'âge n'a pas retenu Kiku Sunagawa, 70 ans, d'entrepren dre le service de pionnier. Pendant de nombreuses années, elle avait été esclave duyuta, ou médium, de l'endroit. Mais le fait d'apprendre dans la Bible que le vrai Dieu a un nom et peut lire dans les cœurs l'avait profondément touchée. Elle a détruit sur ie-champ tous ses objets ayant un rapport avec le yuta. Puis elle a décidé d'apprendre à lire afin d'approfondir sa connaissance de la volonté de Dieu. Avec patience, le Témoin qui étudiait la Bi ble avec elle lui a procuré l'aide nécessaire. En 1981, elle s'est fait baptiser, et l'année suivante elle était pionnière. Bien qu'illettrée à l'origine, elle a pu à son tour apprendre à lire et à écrire à un étudiant de la Bible d'un certain âge afin que lui et sa femme progressent en vue du baptême. Le couple a dé montré sa reconnaissance en donnant à la congrégation d'Aka rnichi une parcelle de terrain pour y construire une belle Salle du Royaume. Les efforts de Kiku ont été également récompensés lorsque ses deux sœurs cadettes se sont libérées elles aussi de l'in fluence duyuta afin de servir le vrai Dieu, Jéhovah. En 1989, un couple âgé d'Hamamatsu a accepté de se rendre sur la petite île d'Aguni Jima, à environ 60 kilomètres des côtes d'Okinawa, pour y donner le témoignage. Le frère et sa femme ont vendu leurs alliances pour rassembler l'argent nécessaire à ce Annuaire 1998 130 voyage. Ils ont passé 20 jours à rendre visite aux habitants des 600 maisons de cette île éloignée. Un jour qu'ils longeaient un mur de pierres sous un soleil de plomb en plein été, deux petites filles leur ont offert de l'eau. Touchés par leur bonté, ils ont dé cidé d'aller voir les parents des fil lettes. En apprenant qu'ils étaient Témoins de Jéhovah, les parents les ont chaleureusement serrés dans leurs bras. Ils n'avaient pas rencontré de Témoins de puis qu'ils avaient quitté Okinawa huit mois plus tôt. Une étude biblique a été commencée par correspondance puis confiée à une congrégation de Naha, à Okinawa. Les parents et la fille aînée se sont fait baptiser en 1993. Ils font connaître la vérité à de nom breuses personnes sur cette île reculée. En 1980, il y avait 958 proclamateurs répartis dans 22 con grégations à Okinawa et dans les îles voisines. À présent, plus de 2 600 proclamateurs du Royaume se dépensent activement dans la préfecture d'Okinawa. L'aide des comités de construction régionaux Pendant plusieurs décennies, les congrégations ont construit leurs Salles du Royaume avec l'expérience et les moyens qu'elles avaient, mais elles rencontraient des problèmes, d'ordre juridique ou autre, propres à la construction. Beaucoup de congrégations ne tenaient pas vraiment compte de l'harmonie des couleurs. La plupart des travailleurs étaient inexpérimentés et mettaient du temps à achever la construction. Du fait de la durée des travaux - des mois, voire des années - la spiritualité de la congrégation et notamment de ceux qui participaient à la construction était menacée. Le moment était donc venu de considérer la possibi lité de suivre le procédé de construction rapide utilisé aux États Unis. En septembre 1990, le premier comité de construction régio nal a été formé dans la région de Tokyo. Sept autres ont été éta blis par la suite pour se charger du reste du pays. En mars 1991 a eu lieu à Nakarninato, dans la préfecture d'Ibaraki, la première japon 131 construction au Japon d'une Salle du Royaume selon ce procédé rapide. Bien qu'une violente tempête ait retardé les travaux le deuxième jour, la salle de 120 places a été achevée en seulement quatre jours. Depuis, le nombre des comités de construction régionaux du Japon est passé de 8 à 1 1 ; chaque année, ces comités partici pent à la construction de 80 à 100 Salles du Royaume. En raison du prix élevé des terrains, certaines d'entre elles ont un étage et utilisent le rez-de-chaussée comme parking. À Okinawa, le co mité de construction régional a dû modifier les plans pour que les bâtiments puissent résister aux typhons qui frappent souvent les îles. La veille du début des travaux de construction pour la con grégation de Kochinda, à Okinawa, le frère qui avait offert le ter rain est mort. Le discours d'enterrement devait être prononcé à 1 6 heures le dimanche suivant dans la Salle du Royaume qui n'était pas encore construite. Comme le frère était très connu dans la région, les médias ont annoncé ses funérailles. Les person nes, qui ne voyaient que les fondations sur le chantier, deman daient : " Allez-vous vraiment construire un bâtiment à temps pour l'enterrement ? " Effectivement, la salle fut achevée à temps, et de nombreuses personnes, dont certaines appartenaient aux milieux politique et juridique, s'y sont rassemblées pour écouter le discours funèbre. Actuellement, il y a 1 796 Salles du Royaume au Japon et à Okinawa, dont 5 1 1 ont été construites ou réaménagées selon le procédé de construction rapide. Ces salles, témoignage éloquent de la présence des Témoins de Jéhovah, glorifient le Dieu qu'ils adorent. Des Salles d'assemblées dans le pays en va de même pour les Salles d'assemblées, où sont orga nisées les assemblées de circonscription et les assemblées spéciales Il Quelques Salles d'assemblées : Hyogo, Ebina, Kansai. d'un jour. À partir des années 80, des salles ont été construites l'une après l'autre à Kansai, à Ebina, à Chiba, à Tokai, à Hyogo, à Gumrna, à Hokkaido et àTochigi. En 1997, une neuvième a été achevée à Kyushu. La conduite exemplaire des frères travaillant dur sur ces chantiers a souvent changé le cœur de voisins qui, au départ, n'étaient pas favorablement disposés. Lorsque la Salle d'assem blées de Tokai, près de Nagoya, était en construction, un voi sin s'est résolument opposé au projet et a essayé d'organiser une 133 japon campagne pour l'arrêter. Chaque jour, il venait sur le chantier pour voir l'état des travaux. Un jour, il est arrivé avec une scie à la main. Lorsque le frère responsable de la construction lui a de mandé ce qu'il avait l'intention de faire, l'homme lui a dit : " J'ai observé jusqu'à présent ce que vous faites, et il me semble que le bosquet de bambous gêne l'avancement des travaux. Laissez moi vous donner un coup de main aujourd'hui. " Il a donc prêté son concours. En 1995, lors de la construction de la Salle d'assemblées de l'île septentrionale d'Hokkaido, les frères avaient des moyens li mités. Aussi ont-ils été heureux d'obtenir 2 000 sièges gratuite ment. Comment cela ? Pendant la construction, un important tremblement de terre a provoqué de graves dégâts à Kobe et ses environs, rendant inutilisables de nombreux bâtiments, dont le Kokusai Kaikan de Kobe, où se trouvait une belle salle de con cert. Après que la décision de démolir l'édifice a été prise, un re portage aux actualités télévisées a montré des musiciens faisant leurs adieux à la salle. Voyant cela, les Témoins qui organisaient les secours à Kobe ont pris contact avec les responsables du bâ timent, qui leur ont accordé la permission d'enlever les sièges et de les envoyer à la Salle d'assemblées d'Hokkaido. Un tiers des fauteuils étaient neufs et le reste serait remis en état avant d'être utilisé. L'entreprise de démolition était ravie d'en être débarrassée. À Tochigi et à Hokkaido, en 1995, on a commencé à faire participer également à la construction de Salles d'assemblées les frères et sœurs qui s'étaient qualifiés pour servir sous la direction du comité de construction régional pour les Salles du Royaume. Les frères apprécient beaucoup ces salles où ils ont la possibilité de se réunir lors de leurs assemblées. Ils voient dans ces magnifi ques bâtiments une preuve supplémentaire de l'abondante béné diction de Jéhovah pour leurs efforts afin de lui offrir un sacrifice de louanges. 134 Annuaire 1998 Des lieux d'assemblées adaptés Dans les années 80, la plupart des grandes assemblées de dis trict avaient lieu dans des stades en plein air. Cela signifiait faire face à la chaleur accablante de l'été et à l'humidité, ainsi qu'aux typhons, qui s'abattent sur le Japon au moment des assemblées d'été. En 1983, une assemblée de district devant accueillir plus de 20000 personnes était prévue du 18 au 21 août sur les terrains du mémorial de l'Expo à Osaka. En vue de cet événement, les volontaires avaient dressé deux chapiteaux le dimanche 14 août. Cependant, un typhon se déplaçant à la vitesse de 1 60 kilomè tres à l'heure se dirigeait vers Osaka. Les frères ont donc décidé de démonter les tentes afin d'éviter le danger. " Le bureau de l'as semblée ressemblait à une station météorologique tandis que les frères suivaient attentivement la progression du typhon ", déclare Shogo Nakagawa, le surveillant de l'assemblée. " Le 1 6 fut un jour de prières. Pour que l'assemblée com mence au moment prévu, les frères devaient monter les ten tes le 17 août, à 5 heures du matin. Le 16 août, le journal du soir titrait : ' Des trombes d'eau sont attendues dans la région d'Osaka. ' Pour que nous puissions dresser les tentes comme prévu, il fallait que le typhon se déplace plus rapidement, qu'il tourne à droite et que les nuages d'ouest se dissipent. C'est exac tement ce qui s'est passé. Le 17 août, à 4 heures du matin, une forte pluie est tombée dans le sud d'Osaka, épargnant le lieu de l'assemblée. Les tentes ont de nouveau été dressées et, comme prévu, le programme a commencé le jeudi 18 août, à 13 h 20. " Petit à petit des salles couvertes pouvant recevoir plus de 10 000 personnes ont été disponibles. Dans les années 90, les Té moins de Jéhovah ont commencé à louer ces salles climatisées. Un des plus grands rassemblements a eu lieu en 1992 au Dome Stadium de Tokyo. Là, 39 905 personnes ont assisté à l'assemblée de district " Porteurs de lumière ". Comme la salle était au cen- japon 135 tre de la ville, l'assemblée a été un excellent témoignage pour les observateurs. Un homme qui travaillait à côté du stade a avoué à une pionnière qui venait chez lui que ses collègues et lui avaient critiqué les Témoins. Mais, après avoir observé les as sistants à l'assemblée, il s'est excusé en disant : " Maintenant que mon point de vue a changé, je lirai ces périodiques avec ma femme. " Les évacués sont accueillis Dans les années 80, les frères ont été mis à l'épreuve dans un autre domaine. Tout comme les chrétiens du premier siècle avaient l'occasion de démontrer la profondeur de leur amour en secourant leurs compagnons de Judée dans le besoin, lesTémoins de Jéhovah du Japon ont eu la possibilité de manifester ces qua lités chrétiennes en temps de détresse (Actes 1 1 :28, 29 ; Rom. 15:26). La façon dont ils l'ont fait est une preuve supplémentaire de la réalisation des paroles suivantes de Jésus : " Par là tous sau ront que vous êtes mes disciples, si vous avez de l'amour entre vous. " - Jean 13:35. Après l'éruption du volcan Mihara, sur l'île d'Izu Oshima, le 21 novembre 1986, l'occasion a été donnée aux frères d'organiser pour la première fois des secours de grande envergure. À 16 h 17, Jiro Nishimura, ancien dans la seule congrégation de l'île, a en tendu une forte explosion. " Je suis sorti, a-t-il raconté, et j'ai vu une sorte de champignon atomique au dessus du Mihara. " En une heure, 80 secousses ont ébranlé l'île. Pendant la nuit, plus de 10 000 insulaires ont été évacués. Q!i.elques heures après l'éruption, des comités de secours ont été désignés sur la péninsule d'lzu et à Tokyo pour s'occuper des Témoins évacués. Après l'ordre d'évacuation, Yoshio Nakamura et d'autres membres des congrégations de Tokyo se sont rendus sur les quais à 2 heures du matin pour accueillir les frères et sœurs de la congrégation d'Izu Oshima. Plus tard, un des évacués a dit : 136 Annuaire 1998 " En descendant du bateau, nous avons aperçu un écriteau por tant l'inscription ' Témoins de Jéhovah '. [...] Ma femme a pleuré de soulagement quand elle a vu que nos frères chrétiens étaient là pour nous accueillir sur le quai. " Éruption volcanique à Shimabara Moins de cinq ans après, en juin 1991, le mont Fugen, sur la péninsule de Shimabara, près de Nagasaki, est entré en éruption, provoquant la mort de plus de 40 personnes. Une sœur, dont la maison se trouvait sur le passage des cendres, a pu s'échapper de justesse avec son enfant. Sur les 42 proclamateurs de Shimabara, 30 ont dû être évacués. La congrégation ne pouvait plus utili ser la Salle du Royaume, car elle se situait dans la zone dange reuse. Les congrégations du pays ont été informées des besoins de leurs frères dans cette région dévastée, et un compte en ban que pour les fonds de secours a été ouvert. La réaction a été im médiate et la banque, inondée d'argent, a demandé que les ver sements soient temporairement suspendus pendant qu'elle essayait de les traiter. En moins d'un mois, le comité de secours sur place avait déjà reçu plus que ce qui était nécessaire, aussi a-t-il demandé aux congrégations d'arrêter d'envoyer de l'ar gent. Les offrandes ont permis non seulement de s'occuper de ceux qui avaient perdu leur emploi et leur maison, mais aussi de construire une belle Salle du Royaume pour la congrégation de Shimabara et une autre pour la congrégation nouvellement for mée d' Arie, à laquelle la moitié des évacués sont aujourd'hui rattachés. Les secours et l'intérêt plein d'amour exprimé dans les plus de 3 000 lettres reçues ont profondément touché le cœur des Té moins dans la région sinistrée. En témoignage de leur reconnais sance à Jéhovah, les 28 proclamateurs de la congrégation de Shi mabara et les 20 membres de celle d'Arie ont donc entrepris le service de pionnier auxiliaire durant le mois d'avril de l'année qui a suivi la catastrophe. 1 37 japon Une aide juridique est nécessaire Évidemment, l'unité des serviteurs de Jéhovah ne réjouit pas Satan. Comme dans d'autres pays, il a essayé de dresser des bar rières pour entraver la progression du peuple de Dieu, ce qui a parfois nécessité d'en appeler aux tribunaux. - Voir Actes 25: 1 1 . Au début des années 80, un bureau qui se chargerait des situa tions réclamant des conseils d'ordre juridique a été formé liale. En vir 1991, un jeune avocat s'est à plein temps avec sa à la fi porté volontaire pour y ser femme. Après avoir consulté d'autres frères exerçant la même profession, il a préparé, pour les collè ges d'anciens, des renseignements utiles concernant la location et le droit de propriété des Salles du Royaume, la bonne attitude à adopter en cas d'actes violents contre les serviteurs de Dieu et les sages mesures à prendre en cas de conflits en rapport avec un di vorce ou avec la garde des enfants. Il a également fourni des con seils à la filiale à propos des changements des lois sur l'impres sion, l'expédition de publications bibliques et d'autres questions semblables. La conscience religieuse passe en jugement Un cas remarquable porté devant les tribunaux a été celui de Kunihito Kobayashi, âgé de 16 ans, élève au Lycée municipal technique et industriel de Kobe. (Au Japon, les lycées techni ques proposent cinq années de cours non obligatoires qui com prennent trois années d'enseignement secondaire.) Certains éta blissements avaient coutume de faire redoubler ou de renvoyer les élèves qui ne participaient pas aux exercices d'arts martiaux. On leur refusait donc le droit aux études. En décembre 1986, lors de la visite de zone de Lloyd Barry à la filiale, il fut conseillé de choi sir un frère exemplaire, de préférence le fils d'un ancien, qui ren contrait ce problème et d'adresser une requête en justice contre son expulsion. 138 Annuaire 1998 En 1 990, Kunihito et quatre autres élèves avaient refusé de participer aux séances de kendo (escrime japonaise au sabre) en accord avec l'injonction d'lsaïe 2:4 de ' forger les épées en socs et de ne plus apprendre la guerre '. On leur avait donc refusé l'ad mission en classe supérieure. Par la suite, Kunihito, bien qu'é tant le meilleur élève de sa classe, a été renvoyé de l'école pour avoir échoué en éducation physique pendant deux années con sécutives. Les cinq élèves ont intenté un procès contre l'établis sement, revendiquant les droits constitutionnels - la liberté de culte et le droit à l'instruction - dont ils avaient été privés. Après plusieurs appels, le cas de Kunihito a finalement été pré senté devant la Cour suprême. Le 8 mars 1 996, les juges de la Cour suprême se sont prononcés en sa faveur, déclarant que le lycée avait eu tort de le forcer à choisir entre sa religion et l'ins truction. C'était la première fois que la Cour suprême jugeait une affaire dans laquelle la liberté de culte était opposée à l'auto rité d'une école en matière de programme. Le nouveau directeur a réuni l'ensemble des élèves, a reconnu que l'établissement avait manqué de bon jugement et leur a demandé de " bien accueil lir leur nouveau camarade de classe, M. Kobayashi ". En avril 1 996, soit quatre ans après son renvoi, frère Kobayashi, alors âgé de 21 ans, a repris les cours. La décision a eu un grand retentissement dans le pays, et les Témoins de Jéhovah se sont réjouis que le nom et les voies justes de Dieu aient une fois de plus été portés à l'atten tion du public et qu'un témoignage favorable ait été donné. Mat. 10: 18. Ils respectent la loi de Dieu sur le sang Bien qu'ils soient connus pour l'intérêt qu'ils portent à la vie de leurs semblables, les Témoins de Jéhovah ont dû fournir des efforts acharnés afin de renverser les préjugés profondément en racinés contre leur respect du caractère sacré du sang (Gen. 9:4 ; Actes 1 5:28, 29). Avant les années 80, la filiale possédait une japon Kunihito Kobayashi. j liste des hôpitaux et des chirurgiens qui avaient procédé à des opérations sans avoir recours au sang. Mais il ne s'agissait pas d'une liste de médecins qui se montraient coopératifs ; ce n'est qu'à contrecœur que certains avaient opéré sans transfusion de sang. Pouvait-on faire davantage pour permettre aux Témoins de connaître les noms de chirurgiens désireux de les opérer sans re courir au sang ? Akihiro Uotani, qui a directement contribué à combler ce besoin, se souvient : " Nous nous sentions impuis sants, car nous ne savions pas quoi faire lorsque des frères déses pérés téléphonaient à la S ociété p our demander les noms de médecins prêts à collaborer. " Puis, au début de 1989, la fi liale du Japon a entendu parler de séminaires des comités de liai son hospitaliers (C.L.H.) organisés aux États-Unis. Intéressée, elle s'est renseignée auprès du siège mondial à Brooklyn. En no vembre, elle recevait une lettre du Service d'information hospi talier lui faisant savoir que le Comité d'édition avait donné son accord pour qu'un séminaire pour les C.L.H. ait lieu au Japon en mars 1990. Ce serait l'un des premiers à l'extérieur des États Unis. Outre les 91 membres nouvellement nommés des C.L.H., 1 1 1 surveillants itinérants, 25 médecins Témoins du Japon, 140 Annuaire 1998 44 frères de la République de Corée et 3 instructeurs de Brooklyn y assisteraient. Le séminaire se déroulerait en anglais avec une tra duction en coréen et en japonais. " Pendant le séminaire, les instructeurs ont sans cesse souli gné l'importance d" informer les médecins ', se rappelle frère Uotani. Certains assistants doutaient sérieusement que les mé decins et les hôpitaux japonais acceptent qu'on leur rende visite afin de les informer, notamment parce que les Japonais avaient coutume d'accepter le traitement que leur médecin leur prescri vait, quel qu'il soit, sans se poser de questions, et que les docteurs n'avaient pas l'habitude de parler de leurs méthodes avec des profanes. Toutefois, après le séminaire, les trois instructeurs ont formé des équipes composées de membres de comités de liaison et ont visité des hôpitaux dans la région de Tokyo, avec d'excel lents résultats. " Ils informent les médias et les médecins En raison des rumeurs dues aux préjugés et des informations inexactes paraissant dans la presse, des efforts ont dû être faits pour informer les médias et les médecins concernant notre po sition sur le sang. À partir de septembre 1990, après la parution de la brochure Comment le sang peut-il vous sauver la vie ? la fi liale a organisé une campagne afin de rencontrer les journalistes qui écrivaient des articles de médecine pour des quotidiens régio naux ou nationaux. Ces efforts ont été couronnés de succès. Cer tains journalistes, impressionnés par ce qu'on leur avait montré, ont même proposé de rédiger un article sur les chirurgiens opé rant sans transfusion de sang. Voici un autre résultat excellent de cette campagne : des jour nalistes spécialisés dans la science pour les principaux journaux du pays avaient informé le C.L.H. d'Osaka que le comité d'éthi que du Centre national pour les troubles circulatoires se deman dait comment agir envers les Témoins. On a immédiatement écrit 141 japon une lettre sollicitant u n entretien avec l e président d u centre. Le président et le vice-président du Comité d'éthique ont assisté à cette réunion. C'est ainsi que, le 22 avril 1991, ce comité a pris la décision de respecter le droit desTémoins de refuser les transfu sions de sang. Après ce bon départ, les comités d'éthique d'autres hôpitaux ont été contactés, avec des résultats semblables. Lorsque le co mité d'éthique des hôpitaux et des maternités de Tokyo prépa rait un ensemble d'instructions sur la façon de traiter le refus des transfusions de sang pour raisons religieuses, il a invité à ses réu nions un représentant du Service d'information hospitalier de la filiale et des membres des C.L.H. de Tokyo. Les 13 mem bres du comité ont recommandé aux 16 hôpitaux sous la ju ridiction de Tokyo de respecter la volonté des patients adultes qui désirent être soignés sans transfusion sanguine, même si les médecins jugent une transfusion nécessaire. " Dans le cas d'un patient qui arrive à l'hôpital inconscient mais qui porte sur lui un document attestant qu'il ne veut pas de transfu Mai nichi Shimbun. Plus loin, le journal ajoutait : " On respectera sion, le médecin doit respecter ce désir ", lisait-on dans le la volonté des enfants en âge d'aller au lycée comme s'ils étaient des adultes." Même des hôpitaux qui auparavant affichaient des écriteaux portant l'inscription " Nous n'acceptons pas les Témoins de Jé hovah" ont changé d'attitude et accepté de soigner les Témoins sans utiliser de transfusion sanguine. Aujourd'hui, il y a plus de 1 5 000 noms sur la liste des médecins coopératifs. Certains mé decins se sentaient offensés si le C.L.H. les oubliait. En octobre 1 995, le Shin-Tokyo Hospital de Matsudo a lancé un programme médical et chirurgical ne faisant pas appel à la transfusion san guine, qui respecte totalement la position desTémoins sur le sang. Ainsi, d'excellents progrès ont été faits dans ce domaine extrême ment important. Kobe après le tremblement de terre en 1995. L'amour associé à l'organisation Comme Jésus l'a annoncé, en ces derniers jours les tremble ments de terre ne cessent de frapper un lieu après l'autre (Mat. 24:3, 7). L'un d'eux a touché la région de Kobe le mardi 17 jan vier 1995. Ce séisme, de magnitude 7,2 sur l'échelle de Richter, a coûté la vie à plus de 5 000 personnes, laissant des milliers de sans-abri. Parmi les 9 000 Témoins vivant dans la zone touchée, 1 3 sont morts, ainsi que deux proclamateurs non baptisés. Hi roshi et Kazu Kaneko, pionniers spéciaux dans la congréga tion de Nishinorniya-centre, ont été ensevelis sous les décombres d'un vieil appartement ce matin-là. Il a fallu plus de quatre heu res pour dégager frère Kaneko, mais Kazu, sa femme, est morte écrasée. Sous le poids des gravats de longues heures durant, les reins d'Hiroshi cessèrent de fonctionner, ce qui l'a laissé dans un état critique pendant plusieurs jours. " Ce qui m'a le plus frappé, c'est de voir que les biens matériels sont inutiles, a-t-il dit. Par 143 japon contre, j'ai constaté l'importance de qualités intérieures, telles que la foi et l'espérance, qui nous aident à surmonter les pires si tuations que nous pouvons rencontrer. " Poussés par un amour intense pour leurs frères, les Témoins ont rapidement agi pour apporter leur secours. Fort heureuse ment, les circonscriptions de la région de Kobe étaient réparties de part et d'autre d'une ligne nord-sud divisant la ville en deux. Comme le tremblement de terre avait touché toute la côte d'est en ouest, des congrégations de chaque circonscription avaient été épargnées et pouvaient donc aider celles qui étaient dans le be soin. Les anciens des congrégations voisines qui n'étaient pas si nistrées ont pris l'initiative d'organiser les secours. Le len demain de la première secousse, un convoi de 16 motos a fourni de la nourriture et de l'eau aux congrégations du centre de Kobe. Des surveillants itinérants ont immédiatement formé des centres temporaires de secours pour lesTémoins de la zone sinis trée. La filiale a désigné six Salles du Royaume épargnées afin de les utiliser comme dépôts de provisions. " En l'espace de cinq heures, elles étaient pleines à craquer, se rappelle Yoshihiro Naga saki, wi membre du Comité de la filiale qui s'était rendu sur les lieux de la catastrophe à l'arrière de la moto d'un Témoin. Nous avons dû demander aux frères d'acheminer les provisions vers les Salles d'assemblées à proximité." Les représentants des congré gations locales pouvaient se procurer les secours nécessaires dans les centres prévus à cet effet, puis les anciens les distribuaient aux membres de ces congrégations. La Bible encourage les chrétiens à ' pratiquer envers tous ce qui est bon, mais surtout envers ceux qui nous sont apparentés dans la foi '. (Gal. 6: 10.) Avec joie lesTémoins ont partagé avec leurs voisins ce qu'ils recevaient. Deux jours après le séisme, lors qu'un ancien s'est rendu compte que les secours pour les frères étaient suffisants mais que d'autres p e r sonnes en ava ient 144 Annuaire 1998 désespérément besoin, il a tout de suite envoyé deux camions chargés de vivres à un centre local de réfugiés. Une aide supplémentaire est apportée On a veillé également à ce que les besoins affectifs et spiri tuels soient comblés. Sans tarder, des dispositions ont été prises pour maintenir les réunions chrétiennes. Le jour même du trem blement de terre, une congrégation s'est réunie dans un parc. Le dimanche, la plupart des congrégations de la zone touchée ont étudié La Tour de Garde. Outre les surveillants itinérants des cinq circonscriptions sinistrées, sept autres y ont été envoyés afin d'ap porter un soutien affectif et spirituel aux victimes. Ils ont spécia lement rendu visite aux frères afin de les fortifier et de les aider à accorder la priorité aux intérêts du Royaume dans leur vie mal gré la catastrophe. Dix Salles du Royaume étaient inutilisables, et les maisons de nombreux frères détruites complètement ou en partie. Les 11 co mités de construction régionaux du Japon ont chacun organisé 21 volontaires pour réparer les maisons endom magées. Une équipe de secours est venue des États-Unis à ses des équipes de frais. À la fin des travaux, ces équipes avaient réparé 1 023 mai sons et en avaient déblayé 4 autres qui avaient été détruites. Cinq Salles du Royaume ont été reconstruites et quatre réparées par des frères dévoués venus de tout le pays. Des personnes non Témoins ont été l'objet des mêmes mar ques de bonté que les membres de leur famille Témoins de Jé hovah. Une soeur, mère de quatre enfants, dont le mari ne par tageait pas la foi, a perdu son fils cadet dans le tremblement de terre. Cette famille est restée une semaine dans la Salle du Royaume avec 70 autres Témoins. Voyant comment les frères se souciaient de leurs semblables et leur offraient une aide prati que, le mari a commencé à apprécier l'organisation de Jé hovah. Un jour, il a visité le bureau des secours à Suita où il a vu de nombreux frères se dépenser beaucoup pour des person- japon 145 nes qu'ils ne connaissaient pas. Une grande émotion l'a saisi et il n'a pu retenir ses larmes. Le jour même, il a accepté une étude de la Bible. Positifs face aux changements Au fil des ans, la situation au Japon a changé. Fin mars 1992, soit 43 ans après l'arrivée du premier groupe de missionnaires en 1949, l'ensemble du territoire confié à la filiale du Japon était ré gulièrement parcouru par les proclamateurs qui répandaient la bonne nouvelle du Royaume. Cependant, l'état d'esprit et la si tuation des gens ayant changé eux aussi, les Témoins de Jéhovah ont dû faire preuve de souplesse. Rodney Kealoha, un missionnaire qui a été surveillant itiné rant pendant de nombreuses années, a fait remarquer : " Il y a 25 ans [dans les années 70], les Japonais étaient très courtois et amicaux. Lorsque lesTémoins leur rendaient visite, ils écoutaient, même si cela ne les intéressait pas. " Les gens prenaient le temps de lire et en général avaient un grand respect pour les valeurs mo rales et l'ordre social. Mais, peu à peu, la prospérité matérielle croissante les a fait changer. Les femmes - auparavant au foyer - sont arrivées sur le marché du travail. De moins en moins de personnes étaient chez elles durant la journée ; celles qui s'y trou vaient étaient souvent trop occupées pour discuter de religion et ne souhaitaient pas de publications parce qu'elles n'auraient pas le temps de les lire. Des résidences étroitement surveillées et des maisons à inter phone ont été construites. Les proclamateurs de ces régions ont dû s'adapter pour présenter le message par l'interphone. Ils ont également appris à revisiter ceux qui s'étaient montrés simple ment aimables. Hiroko, pionnière à Sapporo, avait essuyé un re fus à l'interphone, d'une femme qui se disait shintoïste. Persua dée que cette femme à la voix aimable et très polie avait un bon cœur, Hiroko est revenue. Petit à petit, elles ont lié amitié à l'in terphone. Après dix mois d'entretiens semblables, Hiroko a fini 146 Annuaire 1998 par s'entendre dire un jour : " Une minute, s'il vous plaît ! après quoi la femme est apparue à la porte et l'a invitée à entrer. Une discussion sur la famille a rapidement cédé le pas à une étude bi blique, puis a abouti au baptême. Cette nouvelle sœur, pionnière à son tour, avait effectivement un bon cœur. Comme beaucoup sont rarement chez eux pendant la jour née, Le ministère du Royaume a conseillé de développer le té moignage en soirée et dans les rues. La réaction des proclama teurs a été immédiate et enthousiaste. C'est ainsi que dans tout le pays on pouvait les voir dans les rues, et notamment près des ga res fourmillant de monde, La Tour de Garde et Réveillez-vous ! à la main. " L'exemple d'une sœur près de Yokohama est typique. Bien que travaillant à plein temps, elle voulait être pionnière auxi liaire. Un ancien lui a donc suggéré de prêcher dans les rues près d'une gare, de 6 heures à 8 heures du matin, avant d'aller travail ler. Après avoir surmonté sa timidité et les premières railleries de certains usagers des trains de banlieue, elle apportait régulière ment les périodiques à une quarantaine de personnes ravies de les recevoir. Parmi elles figuraient des banlieusards, des employés de la gare et des commerçants du voisinage. Elle distribuait chaque mois en moyenne 235 périodiques dans un territoire où les pion niers en distribuaient généralement une trentaine. En transmet tant des pensées bibliques aux gens ne fût-ce que quelques ins tants chaque jour, elle a pu commencer six études bibliques, dont une avec un agent de police. D'autres proclamateurs ont suivi les conseils de la Société concernant le témoignage par téléphone, afin de prendre contact avec les habitants des résidences étroitement surveillées. La persé vérance et la présentation d'un sujet intéressant ont ouvert la voie à de nombreuses études de la Bible. Qyand une sœur a demandé à une femme au téléphone si elle avait déjà songé à son avenir et à celui de sa famille, la réponse a été affirmative. Constatant l'in- japon 147 capacité des humains à aider leurs semblables, elle en avait perdu la santé. Elle s'était donc enfermée chez elle. Touchée par l'inté rêt sincère de la sœur, elle a consenti à la rencontrer au supermar ché du quartier. Lorsque cette sœur lui a montré la table des ma tières du livre Vie defamille, elle a accepté avec joie une étude de la Bible. L'activité énergique et la maturité des congrégations ont pro duit un accroissement régulier, soutenu. La succession actuelle des maximums du nombre des proclamateurs a commencé en janvier 1979 et s'est poursuivie pendant plus de 1 8 ans. De la deuxième moitié des années 80 au début des années 90, le nom bre des proclamateurs au Japon augmentait de plus de 1 0 000 en moyenne chaque année. En mars 1995, il y avait 200000 prédica teurs du Royaume dans le pays. En août 1997, 220 663 proclama teurs étaient répartis dans 3 785 congrégations, alors qu'en août 1972 il y en avait 1 4 1 99, rattachés à 320 congrégations. Toute fois, un nombre croissant d'entre eux ne sont pas d'expression Japonaise. Aide aux groupes d'expression étrangère En raison de la prospérité économique du pays, de nom breux travailleurs étrangers, y compris des Témoins de Jéhovah, sont venus y vivre. Le Japon n'est plus un pays où tout le monde parle japonais. Comment pouvait-on aider spirituellement les populations d'expression étrangère ? Avant les années 80, il y avait une faible concentration d'ha bitants étrangers. De petits groupes isolés ou des congrégations avaient été formés à Misawa, à Tachikawa et à Okinawa pour les femmes et les enfants de soldats américains ainsi que pour d'au tres personnes bien disposées. La plus importante de ces congrégations s'occupait des ba ses militaires américaines à Okinawa. En 1968, Karl et Evalyn Emerson, autrefois missionnaires en Corée, se sont rendus à Oki nawa avec leur petit garçon pour y aider la population de langue 148 Annuaire 1998 anglaise. Plus tard, Bill et Mary Ives, ainsi que Wayne et Penny Frazee, de la 40< et de la 52< classe de Guiléad, les ont rejoints dans ce territoire productif. Au volant d'une petite voiture déla brée de 360 centimètres cubes de cylindrée, Wayne, ancien mi litaire, était particulièrement efficace auprès des recrues de l'im mense base aérienne de Kadena. À eux deux, Wayne et Penny ont pu mener au baptême une centaine de personnes au cours des 15 années qu'ils ont passées à Okinawa. Leur ministère était si ef ficace que le commandant d'une base leur a demandé d'aller prê cher ailleurs. Pourquoi ? " Vous prenez mes meilleurs hommes ", s'est-il plaint. Malgré les arrivées et les départs perpétuels dans la congréga tion, dus aux changements d'affectation vers d'autres bases mili taires, ce sont littéralement des milliers de personnes qui ont as sisté aux réunions et des centaines qui ont été aidées à prendre position pour Jéhovah. La plupart d'entre elles ont continué à servir Jéhovah après être rentrées aux États-Unis. Certains hom mes sont devenus anciens ou assistants ministériels. L'un d'eux, Nick Sirnonelli, a plus tard assisté aux cours de la 93< classe de Guiléad, suivant ainsi les traces du Témoin qui avait étudié la Bi ble avec lui. Auj ourd'hui, il se dépense en Équateur avec sa femme. Territoire d'expression anglaise au Japon À la fin des années 70 et de la guerre du Viêt Nam, les grou pes de langue anglaise disparaissaient petit à petit. Mais, au début des années 80, constatant que de nombreuses personnes parlaient anglais autour de la base aéronavale américaine d'Atsugi, qui ne se trouvait qu'à 15 minutes du Béthel, James Mantz a invité ses parents, qui vivaient alors en Californie, à passer en Orient pour apporter leur aide (voir Actes 16:9). Aussi, en mars 1981, James et Ruth Mantz, âgés respectivement de 62 et 59 ans, se sont-ils rendus à Sagarnihara près de la base d'Atsugi. " Là où nous trou vions des personnes d'expression anglaise, c'était notre terri- japon 149 toire '', se rappelle Ruth. " Dans la rue, Ruth arrêtait souvent de jeunes soldats américains à bicyclette en tendant les périodi ques devant eux ", raconte un membre de la famille du Béthel à Ebina. Malheureusement, peu après leur arrivée au Japon, James Mantz est mort, mais Ruth est restée dans la région, où elle a aidé un grand nombre de gens à embrasser la vérité biblique. En oc tobre 1985, le petit groupe anglais de Sagamihara est devenu une congrégation. Comme l'économie japonaise prospérait au cours des an nées 80, le nombre des étrangers augmentait d'une manière spec taculaire. Des milliers de travailleurs immigrés venus des Phi lippines, d'Amérique du Sud, d'Afrique, de Chine et de Corée ont afflué dans le pays. La Société a pris des mesures pour qu'ils soient aidés spirituellement. Des pionniers japonais parlant an glais et de nombreux Béthélites ont été invités à prêter leur concours. " Lorsque la Société a commencé à prendre ces dispo sitions ", a déclaré un frère qui appartenait à la congrégation an glaise depuis des années, " l'accroissement s'est immédiatement fait sentir ". Le 1 er septembre 1997, 18 congrégations anglaises formaient une circonscription à part entière. Aide apportée aux Brésiliens Un grand nombre de Japonais dont les parents ou les grands parents avaient émigré au Brésil sont rentrés au Japon pour le travail, mais ils ne comprenaient ni le japonais ni l'anglais. En 1 986, Kazuyuki et Nanako Kiritani, autrefois missionnai res au Brésil, se sont installés à Yokohama, où se trouvaient quel ques sœurs et des étudiants de la Bible d'expression portugaise. Ce petit groupe étudiait La Tour de Garde et présentait, en portu gais, un résumé de l'École du ministère théocratique une fois par mois. Au printemps 1991, la Société a invité trois anciens d'origine brésilienne, qui vivaient à Tokyo, à Nagoya et à Toyohashi, ainsi que frère Kiritani à examÏrler la façon de couvrir le territoire Masayuki et Masako Yamamoto. portugais. En août, quatre groupes ont été établis. Des Béthélites se sont portés volontaires pour suivre les cours de portugais orga nisés par la filiale. Ils ont appris la langue avec diligence et posé une partie des fondements des groupes portugais. 1Iès vite, ces groupes nouvellement formés sont devenus des congrégations, si bien que six ans plus tard il y en avait 21, constituant elles aussi une circonscription. Le territoire espagnol s'ouvre En septembre 1987, on a organisé la première réunion en es pagnol pour aider huit sœurs qui, jusqu'alors, étaient rattachées à un groupe portugais. Louis Delgado, un frère célibataire du Pé rou, en a pris la direction. À cette époque, certaines sœurs ef fectuaient six heures de trajet pour assister aux réunions en es pagnol, mais le soutien spirituel qu'elles y recevaient en valait la peine. À cause de la barrière de la langue, quelques femmes, qui s'étaient mariées à des citoyens japonais pour la sécurité finan cière que cela représentait, rencontraient des problèmes conju gaux et avaient du mal à exprimer ce qu'elles ressentaient aux an ciens des congrégations japonaises. La prédication présentait également des difficultés pour les membres du groupe espagnol. Afin de prévoir un " territoire " où prêcher, ils sont descendus aux 29 stations de la ligne ferro viaire de Yamanote, périphérique intérieur de Tokyo, et ont re- japon 151 cherché les noms espagnols aux portes des maisons. Cette acti vité, quoiqu'épuisante et réclamant du temps, leur a permis d'avoir un " territoire " bien délimité. Durant la journée, des groupes de sœurs allaient dans des quartiers où vivaient de nombreuses Colombiennes. Celles-ci travaillaient dans des bars qui appartenaient en général à l'organi sation yakuza, la maffia japonaise. Lorsqu'une femme semblait faire des progrès spirituels, le yakuza intervenait et la transférait ailleurs. Néanmoins, l'une d'entre elles a bien progressé et a com pris qu'elle devait changer de travail pour plaire à Jéhovah. Pour cela, il lui fallait fuir et se cacher duyakuza. Avec l'aide du Té moin qui a étudié la Bible avec elle, cette femme a finalement pu retourner dans son pays. Ainsi, au début des années 90, Jéhovah avait préparé un pe tit groupe espagnol afin de combler les besoins spirituels d'un grand nombre de personnes venues du Pérou, d'Argentine, du Paraguay, de Bolivie et d'autres pays pour travailler au Japon. En 1991, la filiale a organisé un cours d'espagnol pour les Béthéli tes qui souhaitaient se rendre utiles. En l'espace d'une année, cer tains donnaient des discours publics. En 1 993, la première con grégation espagnole a été formée dans la région de Tokyo. En 1997, il y avait 13 congrégations prospères, formant une nouvelle circonscription d'expression étrangère. Aide en faveur des Asiatiques �antité de Chinois ont aussi afflué au Japon. Il s'y trou vait des milliers d'étudiants et des descendants d'enfants japo nais qui avaient été laissés en Chine à la fin de la Seconde Guerre mondiale. On estimait que plus de 300 000 Chinois vi vaient au Japon, dont 200000 dans l'immense conurbation de Tokyo. Levant les yeux et regardant le champ chinois, les frè res se sont rendu compte qu'il était blanc pour la moisson, ' mais que les ouvriers étaient peu nombreux '. - Mat. 9:37 ; Jean 4:35. 152 Annuaire 1998 Masayuki et Masako Yamamoto ont passé huit ans dans le service missionnaire à Tàiwan. En 1992, de nombreux Béthélites qui désiraient aider les Chinois ont appris leur langue. Immédia tement, Masayuki a pris contact avec ceux qui parlaient quelque peu le chinois, après quoi un groupe de 28 proclamateurs a été formé. La plupart étaient des pionniers japonais qui, bien qu'ayant du mal à parler chinois, désiraient aider les personnes bien disposées dont c'était la langue maternelle. Le zèle qu'ont montré les Témoins de Jéhovah a touché le cœur des Chinois. Une jeune fille a obtenu le livre Le plus grand homme de tous les temps par l'intermédiaire d'un frère qui fréquentait le même éta blissement scolaire qu'elle. Elle a lu le livre en une semaine, ce qui l'a poussée à assister à toutes les réunions. Elle a été stupéfaite d'y voir tant de Japonais apprendre sa langue afin de transmettre la bonne nouvelle aux personnes d'expression chinoise. Son jeune frère et elle ont fait des progrès si rapides qu'un an après ils se sont fait baptiser. Avant même son baptême, cette jeune fille dirigeait des études bibliques. En mai 1993 a eu lieu la première assemblée de circonscrip tion en langue chinoise. On a compté 399 assistants et il y a eu 8 baptêmes. Peu après, on a formé cinq congrégations en man darin, et une étude de livre en chinois dans une congrégation Japonaise. D'autres groupes étrangers À la fin des années 80, Penn Pitorest et Phiksang, sa femme, se sont mis à étudier la Bible. Tous les deux étaient des réfugiés cambodgiens qui avaient perdu leurs parents lors du massacre dans leur pays. Comme il n'y avait presque pas de publications bibliques dans leur langue, les progrès étaient lents, mais finale ment ils se sont fait baptiser. Se souciant des besoins spirituels des réfugiés cambodgiens, ils se sont efforcés d'étudier la Bible avec eux. Un groupe a fini par être formé et, en 1994, a reçu une aide supplémentaire lorsque La Tour de Garde a commencé à pa- japon 153 raître en cambodgien. Par la suite, dix frères du Béthel ont entre pris l'étude du cambodgien et ont assisté aux réunions tenues dans cette langue. Bien que les Coréens soient le groupe étranger le plus impor tant au Japon, la majorité d'entre eux comprennent le japonais. C'est pourquoi, pendant des années, il n'y a pas eu de congréga tions formées spécialement pour eux. Toutefois, avec le temps, on s'est rendu compte que les Coréens comprendraient mieux la vérité s'ils l'étudiaient dans leur langue natale. Cela a abouti à la formation d'un groupe coréen près du Béthel, en avril 1 996, et, plus tard, d'un autre à Itami, dans la préfecture de Hyogo. N'oublions pas de parler des congrégations où l'on utilise la langue des signes. De nombreux volontaires ont appris la langue des signes japonaise afin d'aider les malentendants dans le pays. Depuis 1982, des interprètes traduisaient le programme de certai nes assemblées de district en langage gestuel. Toutefois, c'est en 1 992 qu'un effort commun a été fait pour aider les malenten dants lorsque des congrégations gestuelles ont été formées à Fu kuoka et à Kumamoto. On a également préparé des vidéos dans la langue des signes japonaise. Actuellement, il y a 1 1 congréga tions et 9 petits groupes au Japon qui s'occupent activement des malentendants. Les Témoins de Jéhovah du pays se sont ainsi efforcés d'at teindre les nombreuses personnes parlant d'autres langues et de les aider à profiter de la bonne nouvelle dans la langue qu'elles comprennent le mieux. Enthousiasme pour une nouvelle école En 1993, une nouvelle possibilité exaltante se présentait aux anciens et aux assistants ministériels célibataires du Japon : celle d'étendre leur service à l'intérieur du pays ou à l'étranger. James Hinderer et David Biegler, deux frères ayant de nombreuses an nées d'expérience dans le service itinérant, ont été envoyés des 154 Annuaire 1998 États-Unis pour diriger, en anglais, la première classe de l'École de formation ministérielle au Japon. Y assistaient en tant qu'ob servateurs sept frères du Japon, de la République de Corée et des Philippines, qui se préparaient ainsi à être instructeurs dans leurs pays respectifs. Au sujet des bienfaits qu'ils ont retirés de l'école, un des élè ves de la première classe a dit : " Je crois que nombre cl' entre nous avions du mal à raisonner et à prendre des décisions en nous ba sant sur les principes judicieux de la Bible. Appliquer des règles était beaucoup plus facile. Mais, pendant l'école, en utilisant fréquemment les deux questions ' Pourquoi ?' et ' Comment ?' nous avons appris à considérer les raisons de tel fait ou de telle ré ponse. " Se faisant l'écho de cette pensée, un autre élève se rap pelle ce qui s'est passé lorsqu'un des instructeurs a suggéré que l'assistant ministériel en charge des périodiques dans sa congréga tion prépare en plus une présentation des nouveaux périodiques et en fasse bénéficier les proclamateurs. Un frère ayant soulevé une question à ce propos, l'instructeur a apporté un éclaircisse ment frappant sur la différence entre la justice et la bonté. Il a expliqué : " L'homme juste applique les instructions écrites, mais l'homme bon va au-delà de ce qui est requis, par intérêt pour au trui. Nous devons être non seulement justes, mais aussi bons, et faire tout notre possible pour le profit des membres de la congré gation, sans avoir besoin d'un code écrit. " En règle générale, les jeunes frères au Japon n'ont pas hâte de se marier. En moyenne, les élèves des 18 premières classes étaient âgés de 29 ans, étaient dans la vérité depuis 1 3 ans et avaient passé 8 ans dans le service à plein temps. En août 1997, on avait déjà organisé 33 classes de l'École de formation ministérielle, et plus de 790 élèves avaient obtenu leur diplôme. Des milliers d'autres frères attendent de pouvoir y assister. Certains diplômés ont été nommés surveillants itinérants, pionniers spéciaux ou mission naires. - Ps. 1 10:3. japon 155 Lorsque ces anciens et ces assistants ministériels bien formés coopèrent avec la congrégation, les bienfaits se font immédiate ment sentir. Parlant de l'heureuse influence d'un diplômé, un an cien a déclaré : " La congrégation est devenue beaucoup plus vi vante et joyeuse. L'esprit pionnier s'y est développé et tous ont mieux apprécié l'importance de faire les choses selon les métho des théocratiques. Les jeunes ont eu un regain d'enthousiasme pour les choses spirituelles et nombre d'entre eux se sont inscrits à l'École du ministère théocratique. " Ainsi, les congrégations ont été affermies et bâties. Des délégués assistent aux assemblées à l'étranger Au fil des années, les Témoins de Jéhovah japonais ont eu de nombreuses possibilités de ' s'élargir ' en exprimant leur amour pour la communauté internationale des frères et sceurs (2 Cor. 6:1 3). Comme les voyages à l'étranger sont devenus plus abor dables, la Société a invité la filiale du Japon à envoyer des dé légués aux assemblées internationales organisées en Europe, en Afrique, en Asie, en Amérique, à Hawaii et en Nouvelle Zélande. Le nombre des délégués répondant à l'invitation augmentait avec les années, et il était courant de rencontrer parmi eux de nombreux pionniers et autres ministres à plein temps. En 1 996, lors des assemblées spéciales en République tchèque et en Hon grie, 1 1 1 4 évangélisateurs à plein temps faisaient partie des 1 320 délégués du Japon. Ce que les Japonais ont vu et entendu lors de ces rassemble ments particuliers a élargi leur vision des choses et leur a donné une impulsion nouvelle pour servir Jéhovah de tout leur cceur. Shigeo Ikehata, qui s'était rendu en République de Corée, à Hong-Kong, aux Philippines et à Taïwan pour les assemblées internationales de 1 978, se souvient : " J'ai été profondément impressionné par le lien d'amour qui existait parmi les frères et sceurs des pays étrangers. Le fait de constater directement que la Quelques délégués japonais lors d'assemblées à l'étranger : 1) Kenya, 2) Afrique du Sud, 3) Russie. 1 langue pure unit les Témoins de Jéhovah a particulièrement in fluencé ma façon de considérer mes privilèges de service et le contenu de mes prières. " En visitant des pays où les serviteurs de Jéhovah ont enduré de cruelles persécutions et en les écoutant raconter ce qu'ils ont vécu, les délégués ont été incités à imiter leur foi. En 1992, Mi sako Oda a assisté à la première assemblée internationale dans l'ex-Union soviétique, à Saint-Pétersbourg. Elle raconte : " Lors- japon 1 57 qu'on a chanté le cantique qui marquait le début du premier jour de l'assemblée, une sœur russe assise à côté de moi s'est mise à pleurer. Levant la tête, j'ai vu d'autres sœurs russes, les larmes aux yeux, incapables de finir le cantique. J'ai remercié Jéhovah du fond du cœur pour la faveur imméritée qu'il me témoignait en me permettant, à moi qui n'ai pas subi les persécutions qu'el les ont endurées, d'être à leurs côtés et de vivre avec elles ce mo ment historique de la victoire de Jéhovah et de celle des frères fidèles. " Une jeune pionnière, Seiko Namba (aujourd'hui Nakajima), se souvient très bien de l'assemblée de Buenos Aires, en 1 990. Voici ce qu'elle dit : " J'ai appris des frères et sœurs argentins comment exprimer l'amour et la reconnaissance et l'importance de manifester ces qualités envers autrui. Au moment du départ, une sœur âgée m'a serrée dans ses bras et m'a fait un cadeau. Elle ' Hasta luego en el Pa rafso. ' [On se reverra dans le Paradis]. De retour au Japon, je me ne cessait de répéter tout en pleurant : suis efforcée d'exprimer le même amour et la même bonté envers les membres de ma congrégation et les gens du territoire. " La fré quentation de leurs compagnons latino-américains a également permis à d'autres délégués japonais, quoique généralement plus timides et réservés, d'être plus démonstratifs dans l'expression de leur amour. Avec les années, la filiale du Japon a eu le privilège d'envoyer des milliers de délégués à des assemblées spéciales organisées dans d'autres pays. Lorsque les congrégations reçoivent les invitations, la réponse remarquable indique le haut degré d'enthousiasme des frères et la valeur qu'ils accordent à ces occasions d'être avec leur famille internationale de frères et sœurs chrétiens. Ils contribuent à l'expansion mondiale C'est un grand privilège que celui d'aider de diverses maniè res la communauté mondiale de nos frères. Ayant acquis une pré cieuse expérience dans le domaine de l'impression, la filiale du En médaillon : les nouveaux bâtiments construits en 1997. Japon est en mesure d'imprimer pour les filiales voisines. Plus 9 000 000 d'exemplaires de La Tour de Garde et de Réveillez vous ! sont produits chaque mois, en dix langues, à l'imprimerie de d'Ebina. Actuellement, la filiale du Japon imprime en couleur des li vres, des bibles et des brochures en 26 langues, dont le chinois, le cinghalais, le laotien, le tamoul (pour Sri Lanka), le thaï et 1 1 dialectes philippins. Les rotatives offset, rapides, permettent à l'imprimerie de répondre promptement aux besoins du terri toire. En septembre 1993, par exemple, le Japon a imprimé une édition spéciale de la Bible en tagalog, qui comprenait Les Écri tures grecques chrétiennes - Traduction du monde nouveau. À la 70 000 bibles ont été imprimées et expédiées, juste mi-octobre, à temps pour que les frères philippins les reçoivent à leurs as semblées de district en décembre. Peu après, c'était le tour des bibles en cebuano et en iloko . La reliure des bibles dites de luxe en portugais et en espagnol se fait également à l'imprimerie d'Ebina. 159 japon Après l a mise en place des services de la traduction au siège mondial desTémoins de Jéhovah en 1989, la filiale du Japon a été invitée à prêter son concours aux traducteurs en Asie et dans les régions du Pacifique. Plus de la moitié de la population mondiale vit dans cette partie de la terre, mais nombre de personnes aux dialectes multiples ne disposent pas encore des publications de la Société. Des frères japonais possédant des qualifications dans les domaines de la traduction et de l'informatique ont eu la joie de se rendre en Inde, au Pakistan, à Sri Lanka, au Népal, au Liban, en Malaisie, en Thaïlande, au Cambodge, en Indonésie, au Myan mar, aux îles Salomon, à Guam et dans d'autres pays afin de trouver, de former et d'organiser des équipes de traducteurs mais aussi d'installer les logiciels élaborés par la Société pour les aider. Un échange d'encouragements Nous ne pourrions pas manquer de parler des 76 frères et sœurs qui, à l'exemple des missionnaires servant au Japon, ont accepté avec empressement de se rendre dans neuf pays pour faire prospérer les intérêts du Royaume. Parmi eux figurent 1 3 diplô més de l'École.de formation ministérielle. Ils ont été affectés dans (7), le Cambodge (1), Guam (2), la Ma (2), le Nigeria (1), la Papouasie-Nouvelle-Guinée ( 1 1 ), le Paraguay (8), les îles Salomon (5) et Taïwan (39). Des lettres de des pays tels que le Brésil laisie Témoins vivant dans ces pays attestent que ces missionnaires ont réussi à s'adapter à de nouvelles langues, à de nouvelles coutu mes, à une nouvelle nourriture, aux maladies tropicales et qu'ils ont bien voulu servir dans des régions aux conditions de vie ru dimentaires, ne disposant parfois pas d'eau courante, de gaz ni d'électricité, en contraste avec la vie aisée qu'offre le Japon. Ils ont cultivé l'amour pour les gens de leur territoire et ont appris le contentement qui vient de Dieu. Ils sont heureux de pouvoir favoriser les intérêts du Royaume de cette façon. Lorsque l'accroissement théocratique au Japon a de nouveau nécessité l'agrandissement des installations de la filiale, les 160 Annuaire 1998 travaux ont été effectués par des équipes internationales. La cons truction comprend des tours jumelles d'habitation de 12 éta ges et un bâtiment de services de 4 étages. En 1994, Frank Lee, des États-Unis, a été nommé surveillant de la construction. Steve Givins, un serviteur international des États-Unis, fait lui aussi partie du comité de construction. Plus de 49 volontaires sont ve nus d'Angleterre, d'Australie,. du Canada, du Costa Rica, des États-Unis, de Finlande, de France, d'Italie, du Luxembourg et de Nouvelle-Zélande pour participer aux travaux. Tous ont re noncé à une vie stable dans leur pays natal afin de partager leur expérience et leurs compétences avec leurs frères à l'étranger et de promouvoir les intérêts du Royaume. Les frères japonais ont répondu à l'appel d'une manière re marquable : ce sont en effet plus de 4 600 volontaires qualifiés ou non qui ont fait la demande pour travailler sur le chantier. La majorité d'entre eux ont dû opérer de grands changements pour venir, même pour une courte période ; il leur a fallu quitter leur emploi et leur famille. Mais leurs efforts ont été grandement récompensés. Âgés mais toujours zélés L'arrivée des missionnaires de la 1 1 e classe de Guiléad, en 1949 et en 1950, a marqué le début de l'accroissement de cette grande foule de serviteurs qui louent Jéhovah au Japon. D'au tres missionnaires les ont rejoints, de la 7e classe et de classes ulté 59, dont quelques-uns ont plus de 70 ou 80 ans, sont toujours zélés dans le service à plein temps. Après 64 ans de service énergique à plein temps, Lois Dyer déclare : rieures. De ce nombre, " Sans cesse je prie avec confiance, comme David l'a fait si élo quemment lorsqu'il a dit : ' Q!iand ma force s'épuise, [ ... ] même jusqu'à la vieillesse et aux cheveux gris, ô Dieu, ne me quitte pas. "' (Ps. 71 :9, 1 8). Jéhovah n'a pas quitté ces fidèles qui ont passé la plus grande partie de leur vie au service du Royaume. C'est ce qu'a exprimé un membre de la famille des missionnaires japon 161 en ces termes : " L'organisation de Jéhovah est comme une mère qui nous entoure d'une chaude couverture et nous serre tout contre elle. " Aujourd'hui, 21 de ces serviteurs de longue date vivent dans la maison de missionnaires de Mita, à Tokyo. Le premier bâti ment, qui avait abrité la filiale, a été complètement rénové pour accueillir ces missionnaires d'un âge avancé. Et quelle famille exceptionnelle ! En moyenne, ils sont âgés de 74 ans et sont dans la vérité depuis 50 ans. Huit faisaient partie de la 1 1 e classe de Guiléad. Au fil des ans, ces missionnaires ont édifié un monceau de témoignage, aidant à eux tous 567 personnes à connaître la vérité biblique. Même si plusieurs membres de cette famille ap prochent des 90 ans et ont de graves ennuis de santé, ils sont loin d'être désœuvrés. Au cours de l'année de service 1 997, ils ont passé en moyenne plus de 40 heures par mois dans la prédication et laissé un total de 17 291 périodiques et des centaines de livres dans leur territoire bien parcouru. Les membres de leur congré gation les honorent et leurs voisins les respectent. Ruth Ulrich, âgée aujourd'hui de 87 ans, a passé 68 ans dans le service de pionnier et de missionnaire. Elle dit : " Voir toutes ces personnes sortir des religions païennes pour venir à la vérité et devenir vraiment nos frères et sœurs a fortifié ma foi. " En tournant les pages de l' " album de famille ", qui retrace l'histoire moderne des Témoins de Jéhovah au Japon, nous avons fait la connaissance de nombre de ces serviteurs zélés de Jého vah. Mais ils ne représentent qu'une poignée des plus de 220 000 qui proclament la bonne nouvelle du Royaume de Dieu dans ce pays. Les missionnaires sont pleinement satisfaits des réalisations de leurs enfants et de leurs petits-enfants spirituels, jusqu'à la troisième et à la quatrième génération. Par ailleurs, ils attendent avec un vif intérêt de voir quel rôleJéhovah leur confiera pendant les derniers jours du présent système et dans son merveilleux monde nouveau, maintenant très proche. M A RT I N I QU E P OUR les habitants de nombreuses régions de la terre, le nom Martinique est très évocateur. Il leur fait penser au soleil, aux plages de sable blanc et à la mer d'azur, ou encore à des douceurs comme la canne à su cre ou les bananes, et même au rhum! Peut-être pen sent-ils aussi à des indigènes à la peau noire ou brune qui, avec un large sourire, offrent des plateaux de fruits exotiques aux visiteurs en signe de bienvenue. Pour d'au tres, la Martinique, c'est l'éruption de la montagne Pelée qui, en 1902, détruisit complètement la ville de Saint Pierre que l'on considérait alors comme le centre écono mique et culturel de la région. Comparée à d'autres îles, la Martinique n'est qu'un grain de sable. Bien que ne mesurant que tres de long sur 35 80 kilomè de large, elle a occupé une place dis proportionnée dans les affaires internationales. Du xvrre au xrxc siècle, les puissances coloniales se sont combat tues là sans merci pour la domination des Amériques et des Caraïbes. Saint-Domingue (Haïti), la Guadeloupe, la Martinique et d'autres îles des Indes occidentales chan geaient alors de suzerains selon l'issue des batailles. Pendant de nombreuses décennies, la Martinique, en dépit de sa petitesse, a été le centre du commerce des es claves dans les Caraïbes. On ne peut d'ailleurs parler des Martiniquais sans évoquer l'esclavage qui a influencé leur histoire et qui explique dans une large mesure leur condition actuelle. 163 Annuaire 1998 Nous parlons d'un peuple qui, ayant été si longtemps soumis à l'esclavage, est fier de sa liberté. Mais les Martiniquais font état de paradoxes assez étonnants. Ils tiennent jalousement à leur liberté et s'emploient à le faire sa voir, tout en se conformant à la culture française qui leur a été im posée par la colonisation, culture dont les valeurs et la richesse sont à bien des égards appréciées par la majorité. Ils revendiquent le ca tholicisme romain qui leur a été imposé par des maîtres tyranni ques. Ajoutons à cela qu'on leur a appris à adorer un Dieu dont ils ne savent pas grand-chose. On le leur a présenté comme un Dieu qui justifie l'esclavage des Noirs parce que, prétend-on, il a maudit cette race. On dit qu'il est un Dieu d'amour et de jus tice, qualités étrangement occultées de ce fait. Leur religion consiste essentiellement en rites et traditions, les croyances pré cises ou les considérations théologiques n'ayant que très peu d'importance. (Pareillement, l'île voisine de la Barbade se ré clame de la religion anglicane parce qu'elle a été colonisée par les Britanniques.) En cette fin de siècle, bien qu'aimant se dire libres, la ma jorité des Martiniquais sont esclaves de deux maîtres très exi geants : d'un côté, ils supportent une religion faite de rites et de traditions qui n'étanche pas leur soif spirituelle et, de l'autre, ils travaillent dur, mais en vain, pour satisfaire des désirs nés de l'influence prédominante du mode de vie matérialiste propre à la civilisation occidentale. - Eccl. 5: 10. 165 Martinique Un message annonçant une liberté qui n'a pas de prix C'est sur cette île tropicale qu'un message de liberté a été proclamé avec un zèle croissant au cours du demi-siècle écoulé. Il s'agit de la liberté dont a parlé Jésus quand il a dit: " Vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous libérera. " (Jean 8:32). C'est la libération de l'esclavage du mensonge, de l'esclavage d'un système économique qui exploite cruellement les hommes et de l'esclavage du péché et de la mort. Les graines de cette vérité ont commencé à être semées en 1 946 quand Georges Moustache, venu de la Guadeloupe, a donné le témoignage pendant deux semaines à Fort-de-France et à Saint-Pierre. 1Iois ans plus tard, le 9 août 1949, quatre mis sionnaires (un couple et deux jeunes sœurs) diplômés de Gui léad, l' École biblique de la SociétéWatchtower, sont arrivés dans l'île. Il s'agissait de David et Celia Homer, de Mary Lolos et de Frances Bailey. Originaires des États-Unis, ils ne parlaient pas très bien le français. Toutefois, en un an et demi, ils ont distri 631 livres et plus de 200 brochures expliquant la Bible, et 32 études bibliques avec des personnes seules ou des familles. Mais en janvier 19 5 1 le clergé catholique, qui bué ont commencé était encore très puissant et qui ne souhaitait pas que son auto rité soit contestée, a usé de son influence pour faire expulser ces missionnaires de l'île. La prédication de la bonne nouvelle en Martinique a donc cessé pendant plus de trois ans. Nouveau départ pour l'œuvre Le 10 juillet 1954, Xavier et Sara Noll sont arrivés de France métropolitaine, plus précisément de Marseille. Ils étaient tous à plein temps, et Xavier était surveillant d'une à Marseille. deux serviteurs congrégation Ils se rappellent encore leur arrivée dans cette île qui leur pa raissait être au bout du monde, à 7 000 kilomètres de leur pays d'origine. Ils n'ont pas oublié leur première impression, une 166 Annuaire 1998 sensation de chaleur et d'humidité, ni la convivialité, l'hospita lité et le style bon enfant des gens. Dès les premiers jours, ils ont appris à vivre avec peu de confort. Après avoir logé pendant quelques jours chez un homme bien disposé envers les Témoins de Jéhovah, ils ont trouvé une maison en bois. En réalité, elle était faite d'une structure en bois, avec un plancher en bois, et d'un toit en tôle ondulée. Il n'y avait pas de plafond, et pas de toilettes. Le soir, frère Noll avait pour corvée d'aller vider le seau hygiénique dans une ravine. La première fois, c'était le 14 juillet, jour de la fête nationale fran çaise. Il lui fallait traverser la place Stalingrad, très animée en la circonstance. Il a donc traversé la place avec son seau hygiénique sous les regards amusés de groupes de gens venus se détendre et prendre le frais, et qui se tordaient de rire. C'était une première ! On n'avait jamais vu un Blanc effectuer une telle tâche. Un accueil étonnant Tôt ce matin-là, frère Noll avait passé des heures à trier les li vres et les brochures que les missionnaires avaient laissés quand on les avait expulsés. Beaucoup avaient été abîmés par les insec tes, mais il y en avait un assez grand nombre en bon état que les Noll allaient pouvoir utiliser dans l'activité de témoignage qu'ils commenceraient le lendemain matin. Frère Noll se souvient de cette première journée de service : " Prêchant pour la première fois dans ce territoire, ma femme et moi étions impatients de rencontrer les gens, d'apprendre à les connaître et de savoir comment nous serions accueillis. La réa lité a dépassé toutes nos espérances. Nous avons commencé à donner le témoignage dans le centre de la ville qui comptait alors 60 000 habitants. Ce matin-là, ma femme et moi, nous nous sommes retrouvés deux fois à la maison, où nous étions revenus pour remplir nos serviettes de livres ' La vérité vous affranchira ' et ' Le Royaume s'est approché ', ainsi que de bro chures comme ' Le Prince de la Paix '. " Martinique Xavier et Sara Noll, l'année de leur arrivée à la Martinique. Des gens nous disaient : "Je prends votre livre pour mar quer votre passage " ou : " S'il parle de Dieu, je le prends. " Du rant les deux premières semaines, nous avons distribué près de 200 livres et des centaines de brochures. Il était facile d'entamer des conversations, car les gens étaient curieux et disposés à re cevoir des étrangers. Q!iel encouragement d'être reçus avec une telle hospitalité! Frère et sœur Noll se demandaient s'ils allaient pouvoir étu dier la Bible avec tant de personnes. Mais ils ont rapidement appris à faire la différence entre les gens qui exerçaient tout naturellement l'hospitalité et ceux qui avaient le réel désir de connaître et de mettre en pratique la vérité venant de Dieu. Certains désiraient vraiment apprendre. Frère Noll se 168 Annuaire 1998 souvient : " La personne qui nous avait accueillis à notre arri vée à la Martinique nous a présentés à quelques ouvriers et ap prentis de son atelier d'ébénisterie. Le soir-même, nous com mencions une étude biblique, et deux autres durant la première semaine. " L'une de ces études se faisait avec un jeune couple, Paul et Nicole Jacquelin. L'étude avait lieu trois fois par semaine, et ils faisaient de bons progrès. Ils n'ont pas tardé à participer à la prédication de maison en maison avec les Noll. Avec ces deux nouveaux proclamateurs, l'activité de prédication commençait à prendre une couleur locale. " To -To -To " En arrivant à une maison, il fallait crier : " To -to-to, il y a du monde ? " 1!ès souvent, une voix répondait de l'intérieur : " C'est pour quoi ? " Le proclamateur criait de nouveau pour se présenter, et la personne répondait : " Entrez et asseyez-vous. " Après quoi commençait une discussion intéressante. La plupart du temps, les gens étaient disposés à discuter. À cette époque-là, le stress était inconnu à la Martinique. On en tendait rarement ce que nous entendons constamment aujour d'hui : " Je n'ai pas le temps. " Cependant, la conclusion était souvent celle-ci : " Je comprends tout ce que vous me dites, mais je ne vais pas quitter la religion de mes parents et de mes grands-parents. " Et même quand les gens semblaient s'intéres ser au témoignage, de sorte que les proclamateurs leur deman daient : " Pourrions-nous nous revoir prochainement ? " la ré ponse était souvent : " Si Dieu le veut. " Les gens manifestaient généralement un profond resp ect pour la Bible, mais peu d'entre eux en possédaient une. Le clergé catholique faisait tout pour empêcher les gens d'avoir le moindre contact avec la Bible. Toutefois, quelques personnes avaient pu se procurer la version protestante de Louis Segond en français. Certains l'avaient obtenue auprès de marchands, 1 69 Martinique d'autres auprès de voisins adventistes du septième jour, ou en core, mais plus rarement, auprès d'évangélistes. Le clergé s'alarme Cinq mois après la reprise de la prédication par les Témoins de Jéhovah à Fort-de-France, un journal publié par l'Église ca tholique titrait : " Qui sont les Témoins de Jéhovah ? " Suivait ce dialogue entre un prêtre et un paroissien : " Connaissez-vous Jé. hovah, mon Père ? " " Tiens, vous parlez hébreu maintenant ? " Venait ensuite une litanie de propos mensongers ou méchants sur les Témoins de Jéhovah et sur leurs enseignements. Un bulletin paroissial a même publié une caricature de soeur Noll. Qyelque temps après, alors qu'il n'y avait qu'une poignée de proclamateurs dans l'île, un prêtre, manifestement contrarié par le zèle de ces prédicateurs du Royaume, déclara : " Des milliers de braves gens, parce qu'ils ne sont pas familiarisés avec leur propre religion, sont en train de devenir Témoins de Jéhovah. " C'était comme Jésus l'avait montré dans la parabole de Lazare et de l'homme riche : les petites gens désiraient ardemment les miettes spirituelles provenant de la table du clergé prospère. Voir Luc 16:19-31. La visite de Notre Dame du Grand Retour Qyelques années auparavant, la foi de beaucoup de catholi ques avait été ébranlée. Une mystification grandiose avait été organisée par l'évêché. On avait fait venir de France métropo litaine en grande pompe une statue de Marie que l'on avait pro menée dans toute la Martinique et que la population avait glo rifiée comme jamais. La statue de la " Vierge " avait été placée dans une barque montée sur roues que l'on avait promenée dans les rues. En cours de route, les gens avaient jeté dans la barque de l'argent et des bijoux pour la " Madone ". À cette époque-là, les Martiniquais, riches ou pauvres, ne portaient que des bijoux en or. La collecte avait donc représenté une somme très impor tante. Annuaire 1998 170 Beaucoup d'habitants de l'île se souviennent encore très bien de ce qui s'est passé. Marthe Laurent, qui est aujourd'hui Témoin de Jéhovah, se rappelle l'arrivée de la " Madone " : " C'était un samedi, au début du mois de mars place de la Savane, à 1 948, sur la Fort-de-France. Il faisait nuit. La place était pleine de monde quand, soudain, on a petite lumière sur la mer, à vu apparaître une la Pointe des Nègres. La foule im mense était en effervescence. La Vierge arrivait en barque! " Pierrette Hantoni est allée à plusieurs reprises déposer des of- frandes. Son mari et elle ont décoré de fleurs leur maison et ont accroché une banderole portant ces mots : " Chez nous soyez Reine. " Dans cette ambiance, les gens étaient transportés et très généreux ; ils pensaient que la Vierge allait faire des miracles. Par exemple, un homme dont la fille était myopathe a suivi la bar que montée sur roues en marchant sur les genoux dans l'espoir que la Vierge guérirait sa fille. Par la suite, on a dit que la statue avait été ramenée en mé tropole, mais c'était un mensonge. On a découvert plus tard qu'elle avait été cachée dans un dépôt. Selon la rumeur publi que, l'hydravion qui avait disparu en pleine mer quelque temps après transportait l'argent et les objets collectés ainsi que les or ganisateurs de cette supercherie. Dans l'esprit de la majorité des gens, c'était la punition de Dieu. Aujourd'hui encore, lorsque les gens parlent de cet événement, les Témoins de Jéhovah ont l'occasion de leur expliquer ce que la Bible dit au sujet de l'ido lâtrie. - Ex. 20:4, 5 ; Ps. 1 1 5 :4-8 ; 1 Jean 5:21. Mariage et pas simplement concubinage Certaines coutumes africaines, qui avaient survécu à l' escla vage, étaient acceptées par l'Église catholique aussi longtemps que ceux qui les suivaient observaient aussi les rites catholi ques. Le concubinage était donc monnaie courante. O!iand sœur Noll participait à la prédication, les gens lui demandaient : " Avez-vous des enfants ? " " Non ", répondait-elle, et les gens · Martinique 171 ajoutaient : " Et votre mari ? " Il n'était pas rare de rencontrer des hommes qui avaient des enfants d'autres femmes que celle à laquelle ils étaient officiellement mariés. Ceux qui voulaient de venir de vrais chrétiens devaient renoncer à ce genre de prati ques. - Héb. 13:4. La première Martiniquaise qui a dû résoudre ce problème était Marguerite Lislet qui, quand elle a commencé à étudier la Bible, avait six enfants de trois hommes différents et vivait avec le père du dernier. Elle a vite compris qu'elle devait opérer de grands changements dans sa vie si elle voulait plaire à Jého vah (1 Cor. 6:9-1 1). Elle a donc demandé à son concubin de la quitter et, malgré une santé précaire, a courageusement fait face aux difficultés pécuniaires pour s'occuper de ses six enfants. Elle a été baptisée en 1956 et est devenue plus tard la première Mar tiniquaise pionnière spéciale. Jeanne Maximin, qui avait eu des enfants avec son concu bin, voulait se faire baptiser. Celui-ci lui avait promis à plu sieurs reprises qu'avant l'assemblée suivante il régulariserait leur situation, mais il n'avait jamais tenu sa promesse. Finalement, en 1959, alors qu'une autre assemblée approchait, elle a profité de l'absence de son concubin pour déménager. À son retour, quelle ne fut pas la surprise de celui-ci de constater qu'elle était partie et que bon nombre de meubles n'étaient plus là ! Les voi sins n'ont pas tardé à lui dire où elle était. Il a insisté pour qu'elle revienne à la maison, promettant qu'il ferait le nécessaire pour qu'ils soient mariés avant deux semaines. La réponse de Jeanne a été très claire : " Le jour où nous serons mariés, je re viendrai, mais pas avant. " Il a fait le nécessaire et, moins de dix jours plus tard, ils étaient mariés. Bon nombre de nos sœurs ont vécu la même expérience. Les Témoins de Jéhovah se sont fait la réputation de prati quer une religion dans laquelle le mariage est considéré comme une institution divine. Dans le village du Vauclin, une femme, 172 Annuaire 1998 officier d'état civil, a été surprise de voir en peu de temps Jac ques et Pierrette Nelson, deux pionniers spéciaux dans cette ré gion, servir à deux reprises de témoins à l'occasion du mariage de deux couples qui vivaient en concubinage depuis de nom breuses années. Cette femme, qui possédait déjà le livre Com ment s 'assurer une vie de fa mille heureuse, a alors promis de le lire de nouveau parce qu'elle était dans la même situa tion que ceux qu'elle venait de marier. À la fin de la conver sation, elle a déclaré d'un air entendu à nos deux témoins : " Jamais deux sans trois. " Cela s'est avéré exact en la circons tance, puisque peu de temps après les pionniers étaient de nou veau devant l'officier d'état civil en qualité de témoins à l'occa sion du mariage d'un troisième couple qui étudiait la Bible avec eux. Elle s'est affranchie de l'alcoolisme La Martinique est célèbre pour son rhum. Partout dans l'île on trouve cette boisson alcoolique faite à partir de canne à su cre. Beaucoup l'apprécient, mais cette boisson peut être très néfaste si on en boit à l'excès. Dans les années 50, on pouvait entrer dans un bar et demander un verre de rhum pour 50 cen times seulement. On plaçait alors devant le client une bouteille de rhum, une bouteille de sirop de canne et quelques tranches de citrons verts du pays, et il se servait lui-même. La vérité biblique allait-elle pouvoir aider des personnes qui s'enivraient régulièrement en buvant du rhum ? Certainement (1 Pierre 4:3). La première d'entre elles a été une femme qui était souvent ivre, au point qu'il était extrêmement désagréable d'être assis en face d'elle et de lui parler. De plus, elle vivait en concubinage avec un homme qui était tout aussi esclave de l'al cool qu'elle. Au bout de quelques mois, en raison de ce qu'elle avait appris grâce à son étude de la Bible, elle a cessé de boire et a quitté son concubin. Tous ceux qui la connaissaient ont re- 173 Martinique marqué son changement de conduite. Sa santé s'est améliorée, et sa vie professionnelle aussi, puisqu'elle a été titularisée dans la fonction publique. Elle a utilisé la somme d'argent qui lui a été versée comme arriéré pour assister à l'assemblée internationale " La volonté divine " qui a eu lieu à New York en 1958. Aujour d'hui, bien qu'âgée de 90 ans, Élisa Lafine participe toujours ré gulièrement à la prédication de la bonne nouvelle du Royaume. Elle donne également un bel exemple de conduite chrétienne. La Parole de Dieu peut effectivement affranchir les gens de l'es clavage de l'alcool. Du fruit au cœur de l'île �and on considère la carte de la Martinique, on a l'im pression que l'île se recroqueville autour de la baie de Fort-de France. C'est incontestablement le cœur du pays avec, sur la côte nord de la baie, trois villes imbriquées : Fort-de-France, Schœlcher et Le Lamentin. Près de la moitié de la population de la Martinique vit dans cette région. Mis à part l'agriculture, la plupart des activités de l'île y sont concentrées. C'est dans cette région que la prédication de la bonne nouvelle a débuté et que, à quelques exceptions près, sont apparus les premiers proclamateurs. Dès 1 955, frère et sœur Noll ont commencé à se déplacer pour répandre le message du Royaume en dehors de la capi tale. Ils passaient la journée entière à prêcher et rentraient le soir. Le vendredi, ils allaient au Lamentin, et une semaine sur deux dans le village du François, près de la côte orientale. Peu à peu des habitants ont commencé à accepter la vérité. Parmi les pre miers au Lamentin, citons Jeanne Marie-Annaïs, Suzanne Gui teaud, Liliane Néral et Paulette Jean-Louis. Au François, il y a eu les familles Godard et Cadasse, ainsi que Pierre Loiseau. �elque temps après, des pionniers spéciaux ont été envoyés au Lamentin, dont Valentin Carel et Nicolas Rénel. (Frère Ca rel est devenu plus tard membre du Comité de la filiale.) Il y a Annuaire 1998 174 maintenant sept congrégations dans ces communes et leurs en virons, vers le sud. Certains, qui semblaient avoir pris un bon départ, ont par la suite quitté la route resserrée. Ils ont cédé aux inquiétudes de la vie, au matérialisme ou à l'immoralité. Mais beaucoup d'autres ont reçu la parole relative au Royaume dans leur cœur, qui s'est révélé une belle terre et qui a porté du fruit pendant de nom breuses années (Mat. 13:18-23). La grande majorité de ceux qui ont embrassé le culte pur très tôt servent toujours fidèlement Jé hovah. Parmi les frères qui se sont fait baptiser en Martinique il y a plus de 30 ans, citons Léon et Christian Bellay, Jules Nubul, Germain Bertholo, Vincent Muller, Roger Rosamond, Albert Nelson, Vincent Zébo et Philippe Dordonne. Ils ont tous fait preuve d'un grand amour pour Jéhovah en mettant leur jeu nesse au service de Dieu. Ils ne sont plus jeunes, mais tous con tinuent à servir comme anciens dans leurs congrégations. D'au tres sont morts, comme Toussaint Lada, dont tous les anciens se rappellent le calme et le sourire chaleureux. Il y a bien d'autres noms qu'on pourrait ajouter à la liste des vétérans qui ont été ou qui sont toujours de beaux exemples de foi et de zèle. La gé nération plus jeune suit leurs traces, ce qui est pour les plus âgés une grande source de joie. Des femmes prêchent fidèlement la bonne nouvelle En ces jours-là, plusieurs femmes enseignantes de !'Éduca tion nationale accomplissaient également un excellent travail en enseignant la Parole de Dieu. Au nombre de ces femmes figurait Stella Nelzy. Elle a été la première de ce groupe de femmes à se faire baptiser et elle a continué à prêcher avec zèle, tout en s'oc cupant de sa mère très âgée, qui est décédée à l'âge de 102 ans. Il y avait aussi Andrée Zozor, qui était directrice d'école et qui a défendu efficacement la vérité de la Parole de Dieu, ainsi que sœur Victor Fousse (maintenant Lasimant), qui a tenu ferme malgré l'opposition virulente de sa famille. Son bel exemple a Quelques chré tiens fidèles qui servent Jéhovah depuis longtemps : 1) Léon Beilay, 2) Jules Nubul, 3) Germain Bertholo, 4) Philippe Dordonne, 5) Roger Rosamond, 6) Christian Beilay, 7) Albert Nelson, 8) Vincent Zébo, 9) Vincent MuIIer. 176 Annuaire 1998 eu une heureuse influence sur ses enfants. Un de ses fils sert comme ancien depuis de nombreuses années, et sa fille, Mar lène, est missionnaire au Mali. D'autres ont achevé la course chrétienne, emportées par l'âge ou la maladie. C'est le cas de Léonide Popincourt qui, ayant pris sa retraite anticipée, a été pionnière pendant 16 ans. Elle est morte en 1990, mais sa fille Jacqueline sert comme mis sionnaire en Guinée. Emma Ursulet a, elle aussi, donné un excellent exemple en défendant la vérité de la Bible. Elle s'est part iculièrement efforcée d'instru ire ses enfants dans les voies de Jéhovah. Trois de ses filles sont devenues pionnières, et un de ses fils, Henri, est membre du Comité de la filiale de Martinique. Sara Noll, qui est venue servir comme pionnière spéciale à la Martinique il y a 43 ans maintenant, est toujours zélée dans le service à plein temps à l'âge de 82 ans. Bien que le territoire soit parcouru très souvent, elle obtient toujours d'excellents ré sultats dans la diffusion des périodiques La Tour de Garde et Ré veillez-vous ! Suivant les suggestions de la Société concernant l'activité dans les quartiers d'affaires, elle se rend dans pratique ment toutes les administrations. Elle apporte régulièrement les périodiques à la mairie, à l'hôtel de police, à l'administra tion des travaux publics et dans bien d'autres bureaux. Certains mois, elle laisse jusqu'à 500 périodiques. Durant toutes les an nées qu'elle a passées à la Martinique, elle a distribué plus de 1 1 1 000 périodiques. L'eau gravit les montagnes La Martinique compte de nombreuses montagnes. On ra conte qu'un amiral anglais, voulant montrer au roi George II à quoi ressemblait cette île, aurait froissé une feuille de papier et l'aurait jetée sur la table en disant: "Sire, voilà la Martini que. " Un proverbe créole déclare : "D'Io pa ka monté morne. " ("L'eau ne gravit pas les montagnes. ) Mais, à la Martinique, " Des femmes qui ont laissé un bel exemple comme enseignantes de la Parole de Dieu : 1) Stella Nelzy, 2) Victor Fousse (maintenant Lasimant), 3) Léonide Popincourt, 4) Andrée Zozor, 5) Emma Ursulet. 178 Annuaire 1998 il est une eau qui gravit les montagnes. La vieille ville de Port de-France se situe au niveau de la mer, mais au pied de nom breuses collines. L'eau de la vérité biblique a bel et bien gravi ces collines. - Rév. 22: 17. En 1956, alors qu'il n'y avait que sept proclamateurs et trois pionniers dans l'île, on a distribué 5 000 livres, plus de 9 000 pé riodiques et de nombreuses brochures. Nombre de ces publica tions ont été laissées aux gens qui, aux terminus des lignes d'au tocars, arrivaient de toutes les parties de l'île ou s'y rendaient. Frère et sœur Noll allaient aussi aux marchés aux poissons ou aux légumes pour proposer les périodiques. Ils prêchaient égale ment dans les nombreux bars situés près des places de mar ché. C'est ainsi que les villageois retournaient chez eux, dans les collines, avec de précieuses publications bibliques dans leurs sacs. ' N'abandonnons pas notre assemblée ' Qielques semaines seulement après leur arrivée à la Marti nique, frère et sœur Noll commençaient à encourager ceux qui étudiaient la Bible à assister aux réunions (Héb. 10:23-25). C'est ainsi que quelques-uns d'entre eux se sont réunis dans la salle de séjour d'une modeste maison en bois de Morne-Pichevin, à Fort-de-France. Cette pièce ne pouvait accueillir qu'une dizaine de personnes. Qiand les Noll participaient à la prédication, les gens demandaient souvent s'ils avaient un lieu de réunion où ils auraient pu se rendre. Les missionnaires désiraient vivement dis poser d'un endroit plus approprié. C'est alors qu'un hôtelier, qui se souvenait des premiers missionnaires Témoins de Jéhovah - ils avaient séjourné quel que temps dans son hôtel-, leur proposa de se réunir dans la salle à manger de son restaurant le dimanche après-midi, puis que le restaurant était fermé ce jour-là. L'hôtel était situé rue Schœlcher, du nom d'un homme politique français qui avait Martinique préparé le décret du 179 27 avril 1848 définissant les conditions de l'abolition de l'esclavage. La cathédrale était dans la même rue. Maintenant qu'ils disposaient d'un lieu de réunion plus adé quat, les Témoins pensaient que beaucoup de gens viendraient. Pourtant, pendant un temps, il n'y a eu que 5 à dans une salle qui aurait pu en recevoir plus de 10 assistants 1 00. Qiand on invitait d'autres personnes à venir aux réunions, celles-ci répon daient généralement : "Je viendrai, si Dieu le veut." Mais rares étaient celles qui pensaient sérieusement à ce qu'était, selon la Bible, la volonté de Dieu à ce sujet. Toutefois, Mme Marceau, une institutrice à la retraite, ve nait régulièrement écouter le message de la Bible après avoir as sisté à l'office à la cathédrale. Alice Lassus, qui faisait le ménage à la cathédrale, assistait elle aussi aux réunions. Toutes deux sont devenues de fidèles Témoins de Jéhovah. Mais les Témoins avaient vraiment besoin d'un lieu de réunion qui convienne mieux à l'importance de leur groupe. Qielques mois plus tard, ils ont transféré leurs réunions à la "Villa Ma Fleur de Mai", quartier Clairière, à Fort-de-France, qui servait alors de maison de missionnaires. Stella Nelzy, qui commençait à assister aux réunions, fut très surprise par une re marque faite en ce lieu en une certaine occasion. Elle a déclaré plus tard : " Le président a dit : ' Cette maison est la plus im portante de toute la Martinique!"' Mais elle a ajouté : "Je n'ai pas tardé à comprendre qu'il avait raison. La maison était hum ble d'apparence, meublée de bancs fabriqués avec des planches qui avaient été utilisées pour faire du coffrage et qu'on avait ca pitonnées avec du carton d'emballage. Toutefois, on y apprenait le merveilleux dessein, la volonté et l'incomparable personnalité de Jéhovah, ainsi que celle de son Fils, Jésus Christ. Oui, c'était vraiment la maison la plus importante." En 1960, le nombre des proclamateurs avait atteint 47. Il était de nouveau nécessaire de trouver un autre lieu de réunion 180 Annuaire 1998 suffisamment spacieux. Adrienne Rudier a offert deux pièces au rez-de-chaussée de sa maison à Bellevue. Deux ans plus tard, elle a proposé de déménager à l'étage et de faire tomber la der nière cloison du rez-de-chaussée pour agrandir le lieu de réu nion. Le nombre des proclamateurs avait doublé en l'espace de deux ans. Ils étaient maintenant 94 et dirigeaient 177 études bi bliques. Comme certains proclamateurs venaient de quartiers si tués de l'autre côté de Fort-de-France, il semblait sage de former un deuxième groupe. Celui-ci a tenu ses réunions chez Inoër Puisy, à Sainte-T hérèse, une petite commune dans le quartier sud de Fort-de-France. L'accroissement s'est poursuivi. En 1964, on comptait en moyenne 157 proclamateurs. Pour recevoir les assistants aux réunions, on a acheté une maison dans le quartier Bellevue de Fort-de-France et on l'a convertie en Salle du Royaume. Cinq ans plus tard, on a construit une deuxième Salle du Royaume dans un autre quartier de la ville. Césaire et Elvire Qyasirna ont généreusement proposé le toit en terrasse de leur maison, en bé ton, pour qu'on y construise la Salle du Royaume, ce qui a été fait. Le temps des petites assemblées La première assemblée a eu lieu en 1955, dans la maison de frère et sœur Noll. Vingt-sep t T ém oins de la Guadeloupe s'étaient déplacés pour encourager les cinq Témoins de la Marti nique. On n'a pas atteint le chiffre de 40 assistants, mais le pro gramme de l'assemblée a fourni une abondante nourriture spiri tuelle. Qyelle joie d'être réunis dans une ambiance spirituelle et fraternelle ! À cette époque-là, il était difficile de commencer les réu nions à l'heure. Qyand quelqu'un arrivait en retard, cela pou vait donner lieu à des situations comiques. Lors d'une assem blée en 1956, une démonstration mettait en scène un prêtre qui se rendait dans un foyer pour dissuader les occupants de lire 18 1 Martinique les publications des Témoins de Jéhovah. Un frère qui por tait la barbe avait revêtu une soutane pour jouer le rôle du prê tre. Étant arrivée en retard, une personne bien disposée n'a pas compris qu'il s'agissait d'une démonstration. Aussi, après la réu nion, a-t-elle fait ce commentaire réprobateur: 'Je ne suis pas d'accord avec ce qu'a fait le prêtre. Les Témoins de Jéhovah ne vont pas à la cathédrale pour faire du scandale. Le prêtre n'au rait pas dû en faire ici. ' Le message de liberté est proclamé sur la côte nord-est Avec le temps, il a fallu accorder plus d'attention aux par ties de l' île éloignées de la capitale. La côte ouest de la Martini que est baignée par la mer des Caraïbes. La côte est, baignée par l'Atlantique, est balayée par les alizés, qui provoquent d'abon dantes précipitations et un fort taux d'humidité. Sur les collines et les plateaux bien arrosés de cette région, tout pousse: canne à sucre, légumes, bananes et autres fruits. Les gros villages, dont la plupart sont situés le long de la côte, vivent également de la pêche. L'histoire de cette région rappelle l'esclavage et l'éman cipation des esclaves. Dans l a commune du Lorrain, des noms de lieux font penser à cette époque, par exemple, Fond Gens-Libres et Fond- Massacre. Bien que l'esclavage ait été aboli, quand ils font conna ître le message du Royaume dans cette ré gion, les Témoins de Jéhovah rencontrent des gens qui ont en core besoin d'être libérés, libérés de la fausse religion et des superstitions, ce qui n'est possible qu'en embrassant la vérité de la Bible. Des idoles brisées et jetées dans la rue Les missionnaires se sont rendus pour la première fois à Basse- Pointe, sur la côte septentrionale, à 50 kilomètres de Fort-de-France, le 1 ''novembre 1954. La route menant à ce 182 Annuaire 1998 village de pêcheurs et d'agriculteurs était escarpée. Elle était en très mauvais état, surtout après la saison des pluies ; aussi, à cer tains endroits, les missionnaires ont-ils dû descendre de leurs pe tits cyclomoteurs et les pousser. Ils espéraient rendre visite à une directrice d'école du village. Celle-ci avait eu des contacts avec les Témoins de Jéhovah en France et avait souscrit un abonnement à Réveillez-vous ! Son abonnement arrivait maintenant à expiration. La visite s'est ré vélée très fructueuse. Cette dame a expliqué que, bien que ca téchiste, elle avait cessé d'aller à l'église après que le prêtre avait parlé du mariage avec mépris. Ce que la Bible dit sur l'âme et au sujet de la vie éternelle dans un paradis terrestre l'a beaucoup intéressée. Peu après, elle est retournée en France, où elle s'est vouée à Jéhovah et s'est fait baptiser. Q!iand elle était en Martinique, les gens de la commune la considéraient comme quelqu'un d'important et elle passait pour une fervente catholique. Imagine z leur émoi quand, à son retour dans l'île, elle a brisé toutes ses idoles, grandes et peti tes, et en a jeté les débris devant sa maison pour qu'ils soient ra massés par les employés de la v o i r i e (v oir Deutéronome 9:16, 21). Furieux, le prêtre a préparé et prononcé des sermons incendiaires pour blâmer la conduite de cette ex-catholique. Ré sultat: tout le monde parlait de la religion de Mme Cres san. Depuis 42 ans maintenant, Gabrielle Cressan, Témoin 88 ans, s'applique à réaliser son rêve le plus de Jéhovah de cher: " Q!ie chaque battement de mon cœur soit à la louange de Jéhovah ! " Une autre catholique, une voisine de sœur Cressan qui avait entendu le prêtre attaquer celle-ci en termes virulents, a décidé d'aller demander des explications à sœur Cressan. Il s'agissait de Léonie Ducteil, femme du facteur de la commune et mère de 11 en fants. Convaincue que ce que sœur Cressan lui apprenait était la vérité, elle a commencé à 1étudier la Bible avec ses en- La première Salle du Royaume possédée par les Témoins (à Fort-de-France). fants. Au cours des années qui ont suivi, elle-même et neu f de ses en fants se sont voués à Dieu et sont devenus des Témoins de Jéhovah baptisés. Des années plus tard, une de ses filles, Edgard, a épousé Gérard li:ivini, qui est devenu par la suite membre du Comité de la filiale. Dix ans avant que Léonie Ducteil apprenne la vérité avec l'aide de sœur Cressan, une de leurs voisines, Georgette Josè phe, avait entendu le nom Jéhovah dans un cantique chanté au cours d'une cérémonie dans une église adventiste. Ce nom avait retenu son attention. Or voilà que sa voisine, Mme Ducteil, lui disait qu'une dame lui avait expliqué la Parole de Jéhovah. Elle a aussitôt exprimé le désir d'en savoir davantage. Elle-même, ses huit en fants et plus tard son mari sont tous devenus Témoins de Jéhovah. Ces quelques familles ont formé le noyau des vrais adora teurs de Jéhovah sur la côte Atlantique, au nord de l'île. Au 184 Annuaire 1998 cours des années suivantes, depuis Basse- Pointe les graines de vé rité ont été semées dans les villes et les villages de la côte Atlan tique. Ces graines se sont développées et ont porté du fruit au Lorrain, à Marigot, à Sainte- Marie, à liinité et au Robert, ainsi qu'à Ajoupa- Bouillon, à Vert-Pré et à Gros- Morne, à l'intérieur de l'île. Des pionniers zélés ont contribué à répandre la vérité sur la côte orientale. Osman Léandre, une veuve, s'est installée à Sainte- Marie en 1965 et a offert sa maison pour y tenir les réu nions. Arcade Bellevue et Maryse Mansuéla, des pionnières spéciales venues de la Guadeloupe, sont arrivées au Robert en décembre 1967 et ont persévéré dans leur activité malgré l'op position du prêtre de la commune. En 1970, Aline Adélaïde et Jacqueline Popincourt ont commencé à donner le témoignage au Lorrain, où Aline a pu utiliser les Écritures pour aider une ancienne pratiquante de la sorcellerie à s'affranchir de la domi nation des démons. liois ans plus tard, elles ont été rejointes par trois autres pionnières, Michèle et Jeanne Ursulet, ainsi que Jo sette Mérine. Ces pionnières du Lorrain avaient renoncé à leur emploi d'institutrice pour participer à une œuvre d'enseigne ment autrement plus importante: celle consistant à faire con naître la vérité qui conduit à la vie éternelle. Pourquoi le prêtre voulait-il le livre Vérité? Jeanne Ursulet raconte: " En 1974, la Société nous a t rans mis une lettre que lui avait écrite un habitant du Lorrain. Cet homme désirait vivement recevoir des publications des Témoins de Jéhovah et en particulier le livre La vérité qui conduit a la vie éternelle qu'il avait vu che z d'autres personnes. Le lendemain matin, nous nous sommes mises à la recherche de cet homme. Son nom ne nous disant rien, nous avons demandé au facteur s'il le connaissait. Qielle ne fut pas notre surprise d'appren dre que la lettre avait été envoyée à la Société par le prêtre de la paroisse! Martinique 185 " Nous nous sommes rendues au presbytère en nous de mandant quel genre d'accueil nous allions recevoir. L'homme nous a fait entrer, mais nous a dit asse z froidement qu'il ne dé sirait pas parler avec nous et qu'il était simplement intéressé par les publications. Nous étions perplexes. Toutefois, quel que temps après cette visite, des habitants de la commune nous ont souvent dit que le prêtre leur avait expliqué les cho ses de la même façon que nous. Nous en avons conclu qu'il se servait certainement de nos publications pour préparer ses sermons. " Après avoir cherché Dieu à tâtons, elle le trouve réellement En 1967 , quatre autres pionniers spéciaux - Octave T hé lise, sa femme Alvina, et Élie et Lucette Régalade - ont donné le départ à ce qui allait devenir la congrégation de lfinité. Le lendemain de son arrivée, É lie Régalade est allé prêcher. Où a t-il commencé ? Délaissant les maisons de gauche et de droite, il s'est rendu directement à la porte de Mme Moutoussamy et y a frappé. Il ne l'avait jamais rencontrée et personne ne lui avait donné son nom. Mais laissons-la raconter : " Depuis l'en fance, j'étais très attachée à ma religion, la re ligion catholique. J'ai travaillé de nombreuses années dans une crèche dirigée par des prêtres. Mais j'étais déçue par l'hypocri sie que j'observais à l'église. Mon attachement à celle-ci s'a f faiblissait de jour en jour. Qyand est venu le moment d'inscrire mes deux fils a înés au catéchisme, j'étais partagée entre l'insis tance de mes beaux-parents catholiques, l'opposition de mon mari communiste et l'influence de ma sœur adventiste. Je ne sa vais que faire. J'ai passé une bonne partie de la nuit à prier Dieu de m'aider à trouver une solution. Le lendemain, frère Régalade frappait à ma porte, se présentant comme Témoin de Jéhovah. Il était venu directement che z moi. J'étais la première personne de lfinité à qui il avait parlé. " 1 La Famille Moutoussamy, dont tous les membres font partie de la congrégation chrétienne. Lisette Moutoussamy et son mari auparavant communiste se sont fait baptiser huit mois plus tard. Aujourd'hui, plus de 30 ans après, ils continuent de servir Jéhovah avec toute leur fa mille. 1iois de leurs fils sont anciens. En vérité, comme le dit la Bible, les personnes qui cherchent sincèrement le vrai Dieu à tâ tons le trouveront. - Actes 17:26, 27. Le territoire s'est révélé productif, et plusieurs congrégations y ont été formées: une à 1iinité et, à partir d'elle, six autres à Sainte-Marie, une à Gros-Morne, une à Vert-Pré et une deuxième à 1iinité. Toutes continuent à se déve deux au Robert, une lopper, pour le plus grand honneur de Jéhovah. Le clergé passe à l'attaque Dans toute la Martinique, le clergé était furieux de consta ter que sa domination sur une population qu'il avait tenue dans l'ignorance ne cessait de se restreindre. En 1956, à Basse Pointe, le prêtre de la paroisse a laissé éclater sa colère quand il Martinique 187 a rencontré deux jeunes filles venues rendre visite aux parents d'un voisin décédé. Sachant que les jeunes filles étudiaient la Bible avec les Témoins de Jéhovah, il les a accusées d'apostasie et les a menacées du feu de l'en fer parce qu'elles avaient cessé d'aller à la messe. Une des jeunes filles lui ayant répondu fer mement, il l'a giflée violemment, a sauté dans sa jeep et est parti. Qiand deux pionnières sont arrivées au Robert, en 1967 , le prêtre a interdit à ses paroissiens de leur ouvrir leur porte. Un jour, fou de rage, il a presque renversé les deux sœurs avec sa voiture. Les prêtres multipliaient les mises en garde amères et fu rieuses dans les bulletins paroissiaux, et en chaire ils lançaient des anathèmes cinglants contre ceux qu'ils présentaient comme des' suppôts de Satan venus troubler la paix romaine '. Les autres religions se sont jointes à ces attaques. Les Égli ses évangéliques en particulier nous accusaient faussement de ne pas croire en Jésus Christ. Les adventistes nous reprochaient de ne pas respecter le sabbat, alors que la plupart d'entre eux fai saient semblant seulement de le respecter. Pendant un temps, les frères se sont laissé entraîner dans des discussions intermi nables avec des pasteurs d'autres religions. Ces discussions pre naient souvent fin tard dans la nuit et ne donnaient rien. Petit à petit, avec l'aide de l'esclave fd i èle et avisé, nous avons appris à bien employer notre temps à rechercher et à trouver les "bre bis " qui prenaient réellement plaisir à écouter la voix de l'excel lent Berger. Toute fois, ces discussions ont ouvert les yeux de quelques "brebis ". C'est le cas de Jules Nubul, à Fort-de-France. Il a re marqué que le pasteur faisait mine de citer la Bible - en réa lité, il inventait ces citations - dans le but de prouver que les chrétiens devaient respecter le sabbat (voir Romains 10 :4; Co lossiens 2:13-16). Aujourd'hui, frère Nubul est Témoin de Jého vah et ancien. Gertrude Buval, de 'frinité, qui était adventiste 188 Annuaire 1998 du septième jour, a constaté la mauvaise foi de son pasteur au cours d'une discussion avec Octave T hélise, qui était pionnier spécial avec sa femme Alvina. Des années plus tard, et malgré son grand âge et une mauvaise santé, sœur Buval demeure fidè lement attachée àl'organisation de Jéhovah. Au pied du volcan - Écouteront-ils ? Dans le nord-ouest de l' île, les villes de Saint- Pierre, Le Prê cheur, Le Carbet et Le Morne Rouge sont toutes situées autour de la montagne Pelée, devenue tristement célèbre depuis la des truction de Saint- Pierre et de ses 30 000 habitants en 1902 . Au su jet de l'éruption du 8 mai de cette année-là, les gens se rappellent surtout que les habitants de Saint- Pierre ont re jeté les avertissements et refusé de s'en fuir. Pendant un mois, le volcan a craché de la fumée, des cendres et des morceaux de roche. Saint- Pierre a été couverte de cendres, et 2 5 per sonnes ont été tuées par une coulée de boue. Les gens avaient peur, mais ils ne sont pas partis. C'était dû à leur attitude fa taliste, mais aussi au fait que les dirigeants, y compris le clergé, les pressaient de rester. Les mêmes facteurs expliquent aujour d'hui encore la réaction de beaucoup à l'avertissement relatif à la venue imminente du jour redoutable de Jéhovah. - Yoël 2: 3 1, 32 . Beaucoup de Martiniquais sont fatalistes et, face aux dif ficultés, haussent les épaules en disant: "C'est la volonté de Dieu. " Nous nous efforçons souvent de les aider dans ce do maine en leur rappelant ce qui est arrivé lors de l'éruption de la montagne Pelée. " Si cet événement était la ' volonté de Dieu ', leur demande-t-on, pourquoi l'unique survivant de cette catas trophe a-t-il été un repris de justice enfermé seul dans un ca chot, au sous-sol de la prison, alors que tous les ' bons chré tiens ' ainsi que les églises et leurs 'saints ' ont été détruits ? " Au d é b u t des années 60 , l e s p r o c l a m a t e u r s de Por t de-France ont commencé à s e rendre asse z régulièrement dans 189 Martinique les communes proches du volcan pour communiquer le mes sage du Royaume à leurs habitants. Toutefois, ceux-ci avaient peur du "qu'en-dira-t-on ". Craignant d'être rejeté par les voi sins, pas un d'entre eux ne voulait être pris pour un Témoin de Jéhovah. En 1962 , la famille Charpentier, venant de France mé tropolitaine, s'est installée au Morne Rouge, juste au nord-est de Saint-Pierre. Madeleine était pionnière spéciale. Pendant des années, son mari, René, et elle ont semé les graines de la vérité du Royaume dans cette région. Aujourd'hui, l'influence de l'Église est encore très forte dans la partie nord de l'île. Il y a là de vastes plantations dirigées par de riches propriétaires, descendants des premiers colons, qui sont la main dans la main avec le clergé catholique. On peut compter sur les doigts de la main les Blancs de cette région qui ont accepté la vérité. Affranchis de la crainte de l'homme Alors que les habitants en général hésitaient à s'identifier à des Témoins de Jéhovah, au milieu des années 60 un homme et sa femme, Yoland et Bernadette Hortance, ont commencé à agir par amour pour Jéhovah et sa Parole. À quelles épreu ves leur foi a-t-elle été soumise ? Ils racontent: "Comme nous étions les premiers à accepter la ' nouvelle religion ', nous nous sommes retrouvés en marge de la société. Nous sommes pas sés par une période d'épreuves. En l'espace d'une année, nous avons perdu deux enfants dans un accident, ce qui a amené les gens à dire que c'était Dieu qui nous punissait parce que nous avions quitté la religion catholique. Mais ce que nous avions déjà appris sur Jéhovah nous a aidés à tenir ferme. " Après tout cela, influencé par le prêtre de la paroisse, l'em ployeur de Yoland, un blké (un Blanc de l'endroit), a menacé de le congédier s'il ne retournait pas à l'église. Yoland n'a pas cédé, et son employeur n'a pas mis sa menace à exécution parce que Yoland était un ouvrier consciencieux. Bien qu'ils aient connu 190 Annuaire 1998 beaucoup d'autres épreuves, frère et sœur Hortance sont tou jours de fidèles serviteurs de Jéhovah. En 1968, la famille Palvair a quitté Fort-de-France pour s'installer au Morne Rouge. Peu à peu, d'autres personnes ont accepté le vrai culte, si bien qu'aujourd'hui il y a une congréga tion de 60 proclamateurs au Morne Rouge. De l'aide supplémentaire au pied du volcan À partir de 1972, deux pionnières spéciales, Anne-Marie Birba et Arlette Girondin, se sont dépensées courageusement pour aider les habitants de Saint-Pierre, du Carbet et du Prê cheur. Alors qu'elles apportaient un message de paix, les gens leur lançaient parfois des pierres ou leur donnaient des coups de balai. Dans cette région, bon nombre de femmes qui ont ac cepté la vérité ont subi une sévère opposition de la part de leurs maris, mais, en raison de la belle conduite de leurs femmes, ceux-ci sont généralement devenus peu à peu plus tolérants. - 1 Pierre 3: 1, 2 . Jules Martinon, un Témoin âgé qui sert à Saint-Pierre depuis plus de 20 ans, est un bel exemple de persévérance. Dans les an nées 60 et 70, dans cette région les réunions avaient lieu dans des lieux à peine acceptables. Toutefois, des frères dévoués, comme Jean Chavigny et, plus tard, les familles Lemoine et Pa paya, ont contribué à la formation d'une belle congrégation à Saint-Pierre. Une magnifique Salle du Royaume qui peut ac cueillir 200 personnes est la preuve que les Témoins de Jéhovah se sont fermement établis au pied du volcan. Une nuit dans le manguier Le message du Royaume avait été prêché au Lamentin dès 1955, mais ceux qui voulaient y adorer Jéhovah Dieu conti nuaient de subir des épreuves difficiles. Elles n'étaient pas tou jours provoquées par le clergé. Les hommes de la Martinique sont généralement jaloux de leurs prérogatives masculines, et 1 La montagne Pelée, et Saint-Pierre le long de la côte. beaucoup traitent leurs femmes de façon tyrannique. Qiand une femme voulait adorer Jéhovah, elle devait souvent affronter la violence de son mari. U n e de nos sœu r s du Lamentin rapporte: " E n 1972, quand le message du Royaume est entré chez moi, c'était la réponse à toutes mes espérances. Mais mon mari m'a inter dit d'étudier la Bible. J'ai toutefois continué à le faire en ca chette. Qiand il s'en est aperçu, il a brûlé ma Bible et mon livre d'étude, et m'a battue. Mon mari a décidé de déménager, dans l'espoir que cela mettrait fin à l'intérêt que je portais à la Bible. "Qiand j'ai commencé à assister aux réunions, il m'enfer mait dehors. J'ai souvent dû dormir sous la véranda. Il a ensuite détruit tout ce qui pouvait me servir d'abri, même le poulailler. Il me battait fréquemment et je n'avais souvent rien à manger. Un soir, il m'a poursuivie en pleine nuit, un coutelas à la main! Pour lui échapper, j'ai dû m'enfuir en courant à travers les broussailles et grimper aussi vite que possible dans un manguier. N. 1 46 Les villes dans lesquelles sont réparties congrégations. 19 3 Martinique Je ne lui ai échappé que de justesse, seulement parce que sa lampe de poche s'était éteinte. Il m'a cherchée pendant des heures, passant à deux pas de l'endroit où j'étais cachée, blottie dans l'arbre et priant Dieu. J'ai passé toute la nuit dans le man guier. " Malgré cela, elle s'est fait baptiser en 1977 et, plus tard, sa fille aussi a pris position pour Jéhovah. Affranchis de la superstition et du Quimbois Les personnes qui étudient la Bible avec les Témoins de Jého vah et qui mettent en pratique ce qu'elles apprennent jouissent de la liberté dans bien des domaines. De nombreuses croyances et coutumes des Martiniquais tirent leurs origines des supersti tions et des rites venus d'Afrique, qui se sont ensuite implantés dans le sol fertile du catholicisme romain. Ceux qui sont deve nus Témoins de Jéhovah il y a des années se rappellent encore les superstitions dont ils ont été affranchis. Ils se souviennent que, le vendredi saint, avant de faire quoi que ce soit, il leur fallait embrasser la croix. En souvenir du Christ, il était strictement interdit ce jour-là de se servir d'un marteau et de clous, et de creuser le sol avec une pelle ou une fourche parce qu'il "allait saigner", leur avait-on appris. Le lendemain, le samedi matin, on croyait que, lorsque les clo ches de l'église catholique sonnaient, tout était béni. Pour re cevoir cette bénédiction, après la sonnerie des cloches, les gens devaient se plonger dans l'eau de la rivière ou de la mer. Ils bai gnaient leurs enfants malades et secouaient ceux qui étaient at teints de rachitisme pour être sûrs qu'eux aussi profiteraient de la bénédiction. D'autres se souviennent du "bal-funérailles" auquel on avait coutume de participer à l'occasion d'un décès. C'était une veillée très bruyante au cours de laquelle on battait du tambour, on dansait, on chantait et on racontait des contes créoles. Les gens croyaient que cela empêchait l'âme du défunt de rester et d'errer dans la maison. 19 4 Annuaire 1998 Bien que ne lisant que rarement la Bible, beaucoup la con sidéraient comme verte à un un objet sacré. Ils la gardaient chez eux, ou certain psaume, avec une paire de ciseaux dessus. On pensait que ces objets protégeraient la maison des esprits du mal. Ils n'ont pas oublié non plus les potions que préparaient les sorciers. Qjtimbois est un mot créole qui, selon certains, vien drait du français " Tiens, bois ! " Ce serait une allusion au fait que les sorciers donnent souvent à leurs clients des potions ma giques à boire. Bien que ces potions aient peu de pouvoirs ma giques, beaucoup de sorciers se sont emichis en les prescrivant. Ceux qui ont embrassé le vrai culte se sont affranchis de toutes ces superstitions. On s'intéresse au sud de l'île Sur la côte méridionale de l'île se trouvent les villages du Marin, de Sainte-Anne et du Vauclin, et non loin de là, à l'in térieur, Rivière-Pilote. Ce sont ces lieux qui ont amené les tou ristes à ne voir en la Martinique qu'une île aux plages de sable blanc et à la mer d'azur et de corail. Mais ces lieux ont égale ment attiré des chanteurs de louanges à Jéhovah. Rivière-Pilote a été le premier de ces villages à recevoir le té moignage. Comment? Maguy P r udent, un médecin, ve nait juste d'achever ses études en France. Avant son retour à la Martinique, des Témoins de Jéhovah lui avaient parlé de ce que Dieu, dans son amour, se proposait de faire pour les humains. Qyand elle est arrivée dans l'île, elle a pris contact avec les Té moins, et Sara Noll a étudié la Bible avec elle. Elle s'est fait bap tiser en 1959 . De par ses activités professionnelles, soeur Prudent rencontrait beaucoup de gens, y compris les habitants des vil lages de la région, et elle leur a fait part des vérités qu'elle avait apprises dans la Parole de Dieu. Les proclamateurs de Fort-de-France se rendaient également dans cette région pour y donner le témoignage. Comme à cette 195 Martinique époque très peu de Témoins possédaient une voiture, les pro clamateurs avaient l'habitude de louer une "bombe", un petit autocar ainsi nommé en raison de sa forme comparable à celle d'un fût d'huile. Ils commençaient leur journée de prédication en parlant aux habitants du village, après quoi ils allaient ren dre visite à ceux qui habitaient sur les pentes escarpées des colli nes. La journée d'activité se terminait par l'étude de La Tour de Garde à l'ombre d'un manguier. Plus tard, des pionniers spéciaux ont été envoyés dans ce ter ritoire. Parmi eux figurait Marie Démas, venue de France mé tropolitaine, qui avait alors 70 ans. Son courage et son sens de l'humour ont laissé un bel exemple pour les plus jeunes. En 1963, Séphora Martinon et Georgette Charles, pionnières spé ciales, sont venues aider les quelques proclamateurs. Ce n'est toutefois pas avant les années 70 que les pionniers spéciaux dans les villages voisins du Vauclin, du Marin et de Sainte-Anne ont commencé à récolter les premiers fruits de leur dur travail, et ce après avoir semé et cultivé pendant des années. Parmi ces pion niers, il y avait au Vauclin Stéphanie V ictor et le couple Couti nard, Eugénie et Monique. Eugénie, qui est restée handicapée après une très grave opération, a fait montre d'un courage re marquable. Elle marchait avec des béquilles et parlait avec de grandes difficultés, mais elle a continué à servir comme pion nière permanente. En 1966, deux pionnières spéciales, Anne-Marie Birba et Arlette Girondin, ont été envoyées à Rivière-Pilote (où une congrégation s'est formée en deux ans), et en 1970 deux au tres, Hélène Pérasie et T hérèse Padra, ont été nommées au Ma rin. Jusqu'en 1975 , un petit nombre de frères et sœurs de cette région devaient aller jusqu'à Rivière-Pilote pour assister aux réunions. Avec la bénédiction de Jéhovah, des congréga tions ont été formées par la suite au Marin en clin en 197 9 , au Vau 198 4, à Sainte-Luce en 199 3 et à Sainte-Anne en 1997. 196 Annuaire 1998 Les frères de ces villages se réunissent aujourd'hui dans de belles Salles du Royaume et les congrégations prospères appor tent leur concours pour remédier à la pauvreté spirituelle des habitants. Des lieux appropriés pour de plus grandes assemblées Il a bientôt été nécessaire de trouver des lieux plus appro priés pour les assemblées de circonscription et de district. Les seules salles spacieuses disponibles étaient des salles de danse ap pelées "paillotes" parce qu'elles étaient entourées de paille de coco tressée. Les plus anciens se souviennent de la salle de danse Kerlys et de celle de Serge Rouch, où nous avons organisé nos assemblées de district pendant des années. Mais ce genre de salle a fini par ne plus convenir. Nos frères ont fabriqué une structure métallique démonta ble avec laquelle il a été possible d'organiser des assemblées dans toutes les parties de l'île. Chaque village a son terrain de foot ball. Aussi, pendant des années, pour les assemblées de circons cription, nous avons dressé cette Salle d'assemblées démontable sur divers terrains de jeu de l'île. Cela donnait un excellent té moignage, et c'était très encourageant pour les Témoins qui ha bitaient dans le village où se tenait l'assemblée. Pour les assemblées de district, nous utilisions le hall de sport du stade Louis Achille, à Fort-de-France. Nous nous sou venons encore de l'assemblée internationale "La foi victo rieuse" de 1978 pour laquelle nous avons eu l'honneur de rece voir comme orateur principal John Booth, membre du Collège central. Dans un de ses discours, frère Booth a déclaré : "Nous n'avons aucune raison de perdre notre foi dans l'organisation de Jéhovah", et il a ajouté : "Notre foi inébranlable sera récom pensée quand nous remporterons la victoire. Jéhovah ne dé cevra jamais ses serviteurs fidèles. " Le programme a beaucoup encouragé les 2 886 assistants. 197 Martinique Les représentations bibliques attirent l'attention La première représentation biblique, en 1966, a fait une im pression durable. Nous n'avions pas de lecteur de cassettes sur lequel faire passer une bande enregistrée. Les participants ont donc dû apprendre leur rôle par cceur et le jouer. Cette repré sentation, sur Jérémie, durait deux heures ! Il fallait synchroniser les déplacements des différents personnages et l'utilisation des divers microphones sur pied. De plus, comme il y avait alors peu de Témoins à la Martinique, certains devaient jouer plu sieurs rôles et changer de costume entre deux scènes. Qiel tra vail ! Mais les assistants ont été transportés d'enthousiasme. Il fallait aussi faire le bruitage. Dans les coulisses, un frère froissait une tôle ondulée pour imiter le tonnerre et un au tre, alors que la salle était plongée dans l'obscurité, se servait du flash d'un appareil photographique pour faire les éclairs au dessus de la scène. Sur une île,les nouvelles se propagent rapide ment. Aussi, quand les gens ont entendu parler de nos représen tations bibliques, une station de télévision est venue filmer nos répétitions. L'émission a fait une excellente publicité pour les assemblées. On démolit, mais on construit aussi Il ne fait aucun doute qu'à la Martinique la vérité de la Pa role de Jéhovah a démoli nombre de citadelles d'erreurs et de superstitions. Comme le prophète Jérémie, les serviteurs oints de Jéhovah ont été chargés par Dieu de 'déraciner et d'abattre, de détruire et de démolir ', mais aussi de 'bâtir et de planter '. ( Jér. 1:10.) C'est ainsi que les Témoins de Jéhovah ne font pas que dévoiler ce que la Parole de Dieu condamne ; ils utilisent aussi celle-ci pour aider les humbles à "revêtir la personnalité nouvelle qui a été créée selon la volonté de Dieu dans une jus tice et une fidélité vraies ". - Éph. 4:24. Comme le nombre des personnes qui recevaient la Parole de Dieu avec reconnaissance augmentait sans cesse, une autre Annuaire 1998 198 œuvre de construction est devenue nécessaire. En effet, le nom bre des Témoins de Jéhovah à la Martinique est passé de 1 000 en 1975 à 1500 en 1984, et à 2 000 en 1986. Le nombre des assis tants aux réunions est souvent deux fois plus élevé que celui des proclamateurs. Q!iant à l'assistance au Mémorial, elle est encore plus importante. Pour pouvoir accueillir les assistants aux réu nions, il a fallu construire davantage de Salles du Royaume. On en a bâti 20, de 250 à 300 places. Il fallait aussi des locaux con venables pour le bureau de la filiale. Une étape importante Après des années de recherches assidues, les frères ont trouvé un terrain situé sur une des collines qui surplombent le centre de Fort-de-France et qui offrent une vue splendide sur la baie. A alors commencé une extraordinaire entreprise pour la Marti ruque. Parmi les frères, très peu d'ouvriers spécialisés pouvaient of frir leurs ser vices à plein temps. Le Collège central a donc donné son accord pour que des Témoins expérimentés d'au-delà des mers viennent apporter leur aide. Le premier à arriver, en février 1982, a été Robert Weinzaepflen, un ar chitecte de France. Q!ielques jours après, Sylvain T héberge est arrivé du Ca nada pour diriger les travaux. L'équipe a été complétée quel ques semaines plus tard par une vingtaine de frères et sœurs du Canada et quelques volontaires de la Martinique. Les frères de l'île ont soutenu le projet de construction en travaillant avec dé vouement, mais aussi en faisant des offrandes généreuses selon leurs possibilités, certains offrant même leurs bijoux en or. Le zèle, l'unité et l'amour manifestés à l'occasion de ce projet ont donné un excellent témoignage. Tous ces efforts pour la construction ont-ils été accomplis au détriment de la prédication publique de la b onne nou velle à la Martinique ? Bien au contraire ! On a même enregis tré de l'accroissement. En mars 1982, 1267 proclamateurs, dont La famille du Béthel de la Martinique. 19 pionniers permanents et 1 90 pionniers auxiliaires, avaient 1 984, alors que la construction participé à la prédication. En touchait à sa fin, le nombre des proclamateurs était passé à 1 635, avec 491 pionniers auxiliaires en avril. Il était évident que Jéhovah bénissait nos efforts. Mais les progrès n'ont pas cessé. Durant le programme de l'inauguration, le 22 août 1984, John Barr, membre du Collège central, a développé le thème " Allons de l'avant avec l'organisa tion de Jéhovah ". Il a parlé du nouveau bâtiment de trois éta ges abritant le bureau de la filiale et le Béthel comme cl' " un magnifique instr ument p o u r faire face à l'accroissement et pour mieux servir les brebis de Jéhovah ". Parmi les assis tants venus de plusieurs pays se trouvaient les quatre mission naires qui avaient été expulsés quelque 34 ans auparavant et qui 200 Annuaire 1998 se réjouissaient de constater qu'à l'évidence Jéhovah avait béni ses serviteurs sur cette petite île des Antilles. Des hommes spirituels apportent une aide précieuse Évidemment, nous n'avons pas reçu de l'aide uniquement dans le domaine de la construction. Nous avons aussi bénéficié d'une surveillance pleine d'amour. Pendant de nombreuses an nées, jusqu'en 1977, l'œuvre de prédication à la Martinique a été dirigée par la filiale de la Guadeloupe. Durant toutes ces an nées, les surveillants itinérants, des bergers spirituels, sont venus de cette île sœur. Les plus âgés se souviennent de Pierre Jahnke et de N icolas Brisart. Puis, à partir de 1963, c'est Armand Faus tini qui a visité régulièrement les congrégations. Après eux, d'autres surveillants itinérants, avec des person nalités et des méthodes différentes, ont contribué à bâtir spiri tuellement les congrégations. Xavier Noll a effectué ce service pendant des années. Ensuite, -il y a eu Jean-Pierre Wiecek avec sa femme Jeanine. David Moreau, avec sa femme Marylène, a également visité les congrégations de la Martinique et cel les de la Guyane dont s'occupait aussi la filiale de la Martini que à cette époque. Qyand un bureau a été ouvert en Guyane, frère Moreau, qui avait été formé à la filiale de la Martinique, a été nommé coordinateur de cette nouvelle filiale. Claude La vigne et sa femme Rose-Marie effectuaient leur service de mis sionnaires à Kourou, en Guyane, quand ils ont été désignés pour servir dans la circonscription en Martinique. Aujourd'hui, ils sont missionnaires en Guinée. D'autres ont servi moins long temps comme surveillants de circonscription, mais nous gar dons d'eux tous un souvenir affectueux, car ils étaient zélés et fidèles. Ceux qui étaient mariés ont trouvé en leurs femmes des compagnes précieuses qui ont été de bons exemples pour les sœurs dans les congrégations. Actuellement, Alain Castel neau et Moïse Bellay, accompagnés de leurs femmes, rendent vi- 201 Martinique site aux congrégations de deux circonscriptions, congrégations qui comptent en moyenne cinq anciens et sept assistants minis tériels. Bien que la Martinique ne soit qu'une petite île, les servi teurs de Jéhovah qui s'y trouvent ont bénéficié de la surveil lance pleine d'amour de membres du Collège central. Ewart Chitty; Daniel Sydlik, Karl Klein, William Jackson, Lloyd Barry et Milton Henschel, ainsi que d'autres surveillants de zone, sont venus dans l'île. Les 12 frères et sœurs qui vivent et servent au Béthel, ainsi que tous les Témoins de Jéhovah de la Martinique, ont beaucoup apprécié leurs visites. ' Jéhovah voit les humbles ' Le psalmiste David a écrit : " Jéhovah est élevé, et pourtant il voit l'homme humble. " (Ps. 1 38:6). Le disciple Jacques a ajouté qu' " aux humbles [Dieu] donne la faveur imméritée ". (Jacq. 4:6.) Cela est particulièrement évident chez les habitants de la Martinique que Jéhovah a attirés à lui. Christian Bellay et sa femme Laurette, qui vivaient alors à Fort-de-France, ont goûté la faveur imméritée de Dieu. Ils étaient troublés par le fait qu'il existe plusieurs religions à la Martinique. Laquelle était approuvée par Dieu ? Lorsqu'il a lu Révélation 22: 18, 19, Christian Bellay a pensé avoir trouvé la clé de l'énigme. Laquelle de ces religions n'ajoute ni ne retran che quoi que ce soit à la Parole de Dieu ? Après avoir examiné les faits, il a été convaincu que c'était la religion des Témoins de Jéhovah. Mais il a aussi compris qu'il devait appliquer la même règle à sa propre vie, c'est-à-dire ne rien y ajouter et ne rien en retrancher. Or jusque-là il vivait en concubinage avec Laurette. Il l'a donc officiellement épousée en 1956. À cette occasion, c'était la première fois qu'unTémoin de Jéhovah donnait un dis cours de mariage à la Martinique. L'année suivante, ils ont été baptisés dans la rivière Madame, à Fort-de-France. Le père et la mère de Christian, ainsi que son frère Léon, et Alexandre, le 202 Annuaire 1998 frère de Laurette, ont tous accepté la vérité. Moïse Bellay, un des fils de Christian et Laurette, est,actuellement surveillant de cir conscription. Cette famille a vraiment goûté la faveur imméri tée de Jéhovah. De simples actes de bonté en faveur des serviteurs de Jého vah peuvent valoir des bénédictions aux hommes bons qui les font (Mat. 10:42). Cela s'est vérifié dans le cas d'Ernest Lassus, propriétaire d'une bijouterie à Fort-de-France. Il prenait réguliè rement le périodique Réveillez-vous ! Ce n'est pas que son con tenu l'intéressait ! C'était plutôt un geste de bonté de sa part. Un jour, leTémoin de Jéhovah qui le lui apportait s'est mis à lui expliquer que seul Jésus Christ, le Prince de paix, sera capable d'établir la justice sur la terre. C'est ce qu'Ernest Lassus désirait. Il a donc accepté que le Témoin lui rende visite chez lui, et une étude de la Bible a été commencée. " Maintenant, dit Ernest, je suis comblé. La plupart de mes enfants sont dans la vérité ; une de mes filles est pionnière, et deux de mes fils sont anciens : l'un est pionnier, et l'autre, plus âgé, est membre de la famille du Béthel de la Martinique. " Déterminés à servir Jéhovah Il est encourageant de voir des jeunes gens se tourner vers Jé hovah et montrer leur gratitude pour ses directives pleines d'amour. Beaucoup étaient désemparés par l'absence totale de direction saine dans le monde, mais la Parole de Dieu les a aidés à connaître le but véritable de la vie (Eccl. 12:13). Grâce seignement de la Bible, ils en viennent un réel profit à suivre le à l'en à comprendre qu'on tire conseil rapporté en Isaïe 30:21, savoir : " Tes oreilles entendront une parole derrière toi, disant : ' Voici le chemin. Marchez-y. ' " Une jeune fille du nom de Claudia a posé de nombreuses questions au Témoin qui rendait visite à sa famille. En raison de la maladie du père, l'étude de la Bible avec la mère de la jeune fille est devenue irrégulière, mais Claudia a continué à étudier la 20 3 Martinique Bible et à mettre en pratique ce qu'elle apprenait. Après la mort à tous ceux qui vou de son père, elle a donné le témoignage laient prier pour l'âme de son père. Adoptant la même attitude que la fillette israélite qui était au service de la femme de Naa mân, elle a encouragé sa mère à assister aux réunions de la con grégation (2 Rois 5:2-4). À la Salle du Royaume, elle s'est ins crite à l' É cole du ministère théocratique. Elle n'a pas tardé à participer à la prédication et, en 1985, elle s'est fait baptiser en même temps que sa mère. Celle-ci a reconnu volontiers que si elle avait fait de tels progrès spirituels, c'était dans une large me sure grâce à sa fille. Des jeunes gens ont saisi courageusement les occasions qui leur étaient offertes de donner le témoignage à l'école. Au Fran çois, un professeur de français a demandé ses élèves de faire à des recherches sur les différentes religions de la Martinique. Ro selaine, qui avait alors 18 ans, et une camarade de classe ont eu ainsi la possibilité de donner un excellent témoignage en se ser vant du livre L 'humanité à la recherche de Dieu. Elles ont laissé une vingtaine de livres à des camarades et au professeur. Même si les sujets de discussion à l'école suscitent des controverses, les jeunes Témoins de la Martinique n'hésitent pas à s'exprimer et à faire connaître clairement les principes de la Parole de Jéhovah. Mary-Suzon Monginy raconte : " Un jour, alors que nous traitions des problèmes liés à la surpopulation, le professeur a parlé des procédés modernes de contraception. La question de l'avortement a été soulevée, provoquant une vive polémique. J'ai demandé au professeur l'autorisation de présen ter le lendemain des renseignements appuyant mon point de vue. Il a accepté et, pendant près de deux heures, nous avons eu une discussion avec toute la classe. " Les renseignements étaient tirés de l'édition française de Réveillez-vous ! du 22 août 1980, notamment de l'article " Journal d'une fillette qui n'a jamais vu le jour " . Après cette discussion, les élèves de la classe ont adopté une meilleure attitude envers les Témoins de Jéhovah. 204 Annuaire 1998 La population de la Martinique est jeune. Les jeunes en gé néral se laissent entraîner, en désespoir de cause, dans le vide d'un système économique qui, de façon peu sage, met l'accent sur les biens matériels. Mais les jeunes Témoins de Jéhovah ap précient les valeurs spirituelles. Il est encourageant de voir les Salles du Royaume de la Martinique remplies de jeunes gens qui désirent apprendre à connaître Jéhovah et ses voies. Affranchis de l'esclavage de la drogue Comme dans d'autres pays où le matérialisme a supplanté les valeurs spirituelles, de nombreux jeunes Martiniquais ont ruiné leur santé et leur vie en faisant usage de crack et d'autres drogues. Toutefois, le christianisme véritable a libéré certains d'entre eux de ces pratiques néfastes. Paul-Henri et Daniel, de Fort-de-France, faisaient tous deux partie de la communauté rasta au sein de laquelle on usait librement de marijuana. Les rastas ont leur propre compréhension de ce que l' Apocalypse dit au sujet des ' feuilles des arbres pour la guérison des na tions '. Mais ils ne cherchent même pas à expliquer le reste de ce livre de la Bible. Paul-Henri et Daniel, quant à eux, désiraient le comprendre, et lesTémoins de Jéhovah se proposaient de les y aider. Paul-Henri et Daniel déclarent : " Nous hésitions à assister aux réunions des Témoins de Jéhovah, parce que nous crai gnions un accueil peu aimable du fait de notre apparence physi que plutôt repoussante. " Mais quand ils y sont allés, ils ont été surpris par la gentillesse, la chaleur et la simplicité des Témoins qu'ils ont rencontrés à la Salle du Royaume. La semaine sui vante, ils avaient les cheveux coupés et une tenue plus présenta ble. Peu de temps après, ils ont cessé de fumer et n'ont pas tardé à communiquer à leur tour la bonne nouvelle à d'autres. Paul-Henri ajoute : " Un jour, alors que je donnais le témoi gnage dans la rue, un inspecteur de police avec qui j'avais déjà eu affaire à cause de la drogue s'est écrié, stupéfait : ' Mais c'est 205 Martinique Grosdésormaux ! ' J'ai sorti de mon sac, non pas de la drogue, mais ma Bible et des p ériodiques qu'il a acceptés avec joie tout en me félicitant et en m'encourageant à continuer. C'est ce que j'ai fait. Je me suis fait baptiser en 1984 et j'ai rejoint les rangs des pionniers p ermanents en 1 985. Aujourd'hui marié et p ère de famille, je suis ancien dans ma congrégation. Mon ami Da niel a progressé de la même manière dans la vérité. " Les jeunes ne sont pas les seuls à désirer connaître la solu tion aux problèmes de la vie. Les adultes aussi. Dans le but d'ai der toutes les p ersonnes dont le cœur est disp osé à apprendre, en avril et en mai 1995, la filiale a mis à la disp osition des con grégations, p our qu'elles les distribuent, 250 000 exemplaires des Nouvelles du Royaume intitulées " Pourquoi la vie est-elle si dif ficile ? " La Martinique ne comptant que 330 000 habitants, cela voulait dire que tous les adultes et de nombreux jeunes gens p ourraient revevoir ce message imp ortant. Cela a donné lieu à beaucoup de discussions constructives. Un surveillant de circonscription a relaté qu'après avoir lu le feuillet, une femme habitant la campagne a cherché à té lé p honer à la filiale. Dans sa p réci p itation, elle a fait un mauvais numéro. :. qui s'est finalement révélé bon. C'était celui d'une Salle du Royaume de Fort-de-France. Des procla mateurs s'y trouvaient justement, prêts à aller prêcher en com pagnie du surveillant de circonscription. Elle a demandé : " S'il vous plaît, envoyez-moi un Témoin de Jéhovah le plus vite p os sible. Je veux étudier la Bible. " Le lendemain, elle recevait l'aide désirée. Enfin notre Salle d'assemblées Trouver des lieux p our nos assemblées de district était de venu un gros p roblème. Le nombre des assistants ne ces sait d'augmenter. De plus, le hall des sp orts que nous utilisions p our nos assemblées ne convenait plus. Q!ie p ouvions-nous faire ? 206 Annuaire 1998 À cette époque, un surveillant de la congrégation de Ri vière-Salée cherchait un terrain pour y construire une Salle du Royaume. À sa grande surprise, on lui a proposé un terrain de six hectares, beaucoup plus que ce qui était nécessaire pour une Salle du Royaume. La providence a fait qu'il se trouvait dans la partie centrale de l'île. Sur ce terrain, il y avait un vieux han gar métallique qui, bien qu'abîmé, pouvait servir temporaire ment de lieu d'assemblées. Nous y avons organisé une première assemblée en 1985. Le nombre des assistants s'est élevé à 4 653, soit 600 de plus que l'année précédente. On a commencé à travailler à la construction d'un nouveau - bâtiment en 1992. Des frères et sœurs d'Italie sont venus, à leurs frais, nous aider dans cette tâche. Les Témoins de l'île ont donné généreusement de leur temps et de leur argent. Le travail est maintenant terminé. Cette belle Salle d'assemblées peut accueillir 5 000 personnes ; c'est le plus grand auditorium de la Martinique. Il n'est plus nécessaire de repousser la date de nos assemblées - souvent au dernier moment - à cause des matchs de foot ball en retard. Fini également le travail pénible qui consistait à monter, à démonter, à transporter et à stocker toute la structure métallique du bâtiment démontable. Notrë Salle d'assemblées, située au milieu de fleurs, de palmiers royaux et de flamboyants, honore Jéhovah. Une organisation qui loue Jéhovah Jéhovah a fait en sorte qu'au cours du demi-siècle écoulé le culte pur s'enracine et prospère à la Martinique. Au moyen de son organisation, il a formé ceux qui allaient se voir confier la surveillance de son œuvre. Xavier Noll et sa femme ont reçu une formation de missionnaire lors de la 3 1 classe de Guiléad. • Plus tard, frère Noll a reçu une formation complémentaire en suivant le cours de dix mois à Guiléad, en 1964. Cette forma tion s'est révélée particulièrement utile quand le Collège central a décidé d'ouvrir une filiale à la Martinique, en février 1977. 1 Enfin une Salle d'assemblées, à Rivière-Salée. Les premiers membres du Comité de la filiale étaient Xavier Noll, le coordinateur, Valentin Carel et Gérard Trivini. Plus tard, Armand Faustini, qui avait servi de nombreuses années comme surveillant itinérant, a été nommé au comité. Après la mort de frère liivini et le départ de frère Carel pour la France, Henri Ursulet a été nommé, en septembre 1989, pour être le troisième membre du Comité de la filiale. Il est né en 19 54, l'année où Xavier et Sara Noll sont arrivés de la métropole pour se consacrer au ministère en Martinique. Tout comme Ti mothée, compagnon de l'apôtre Paul, depuis sa petite enfance, Henri a bénéficié de l'exemple de foi de sa mère. 2 Tim. 1:5. - 208 Annuaire 1998 En 1 975, il y avait dans l'île 1000 proclamateurs répartis dans 15 congrégations. En 1997, on a enregistré un maximum dépassant les 46 4 000 proclamateurs. Tous servent Jéhovah dans congrégations. Au cours de ces 20 dernières années nous avons enregistré un accroissement annuel moyen de 7 %. Il y a déjà un Témoin pour 90 habitants à la Martinique, et plusieurs milliers d'études bibliques sont dirigées avec des per sonnes qui s'intéressent à la vérité. L'œuvre de Jéhovah est très connue dans toute l'île, et ses Témoins sont tout aussi connus. Il est de plus en plus difficile de dire du mal des Témoins de Jé hovah, car il y a toujours quelqu'un à proximité pour repren dre les calomniateurs. Le témoignage dans les rues, sur les pla ces, sur les marchés et sur les parkings des hôpitaux et des centres commerciaux permet de faire connaître largement le message du Royaume aux gens. Qyand ceux-ci entendent quel qu'un demander à la porte de leur maison : " To-to-to, ily a du monde ? " ils savent tout de suite que des Témoins de Jéhovah viennent leur parler du Royaume de Dieu. Dans certaines parties de l'île, il n'est pas rare que des terri toires soient parcourus chaque semaine. Qyand les proclama teurs vont prêcher, ils n'ont peut-être que 10 ou 1 5 maisons où se rendre. Dans ces régions, ils donnent le témoignage à des gens qui entendent fréquemment le message. Il leur faut donc varier leurs introductions et les thèmes de leurs discussions. Ils doivent faire un bon usage de toutes les méthodes et sugges tions proposées par l'esclave fidèle et avisé. Jusqu'alors, les Té moins des territoires français ne donnaient que très rarement le témoignage dans les rues ; mais maintenant cette forme de pré dication est en train de devenir une facette intéressante et pro ductive de leur ministère. " Si Bon Dié Lé " Les Martiniquais ponctuent régulièrement leurs propos de l'expression " Si bon Dié lé " (" Si Dieu le veut "). Ce que Dieu 209 Martinique veut est clairement exprimé dans la Bible. En Psaume 97 :1, on lit : " Jéhovah lui-même est devenu roi ! Q!ie la terre soit en joie. Q!ie les îles nombreuses se réjouissent. " Psaume 148 : 1 3 ajoute : " Q!i'ils louent le nom de Jéhovah. " Et, par l'intermé diaire du prophète Isaïe, Jéhovah lance cette invitation at trayante : " Ah ! si seulement tu étais bien attentif à mes com mandements ! [... ] ta paix deviendrait comme un fleuve. " (Is. 48 : 18 ). Dans sa bonté, Dieu désire que " toutes sortes d'hom mes soient sauvés et parviennent à une connaissance exacte de la vérité ". (1 Tim. 2 :4.) La volonté de Dieu est également d'affranchir sa création, de la libérer de ses chaînes et de faire que la terre entière devienne un paradis habité par des humains de toutes races et couleurs, unis dans le culte de leur Créateur (Rom. 8 : 19 -2 1). La possibilité de bénéficier de la réalisation de ce dessein plein d'amour est toujours offerte à tous les habi tants de la Martinique. Comme le reste du monde, la Martinique a beaucoup changé au cours des dix dernières années. La drogue, le maté rialisme et la décadence morale ont transformé ce qui était au paravant un paradis idyllique. La Parole de Dieu a annoncé ces changements dans l'attitude des hommes et les conditions qui en résultent (2 Tim. 3: 1-5). Mais ce n'est pas la volonté de Dieu qu'il en soit ainsi. Bien au contraire, Jéhovah continue de faire venir d'entre les peuples ceux qu'il appelle les " choses dé sirables " et de préparer ses serviteurs à la vie qui sera la leur dans le Paradis dont ils constitueront la société humaine (Hag. 2 :7 ). Ces hommes et ces femmes ne sont pas de ceux qui, in différents, ne font rien, pensant que, si telle est la volonté de Dieu, cela arrivera de toute façon. Bien au contraire, ils exami nent soigneusement les Écritures pour découvrir quelle est la volonté de Dieu, après quoi, motivés par l'amour, ils accom plissent avec zèle les œuvres qui lui plaisent. - Actes 17 : 11 ; Tite 2 :13, 14. P A R A G UAY f\U CŒUR de l'Amérique du Sud, enclavé entre plu .r\.sieurs pays, se trouve le Paraguay. Qye veut dire ce nom ? Les opinions sont partagées, mais, selon un point de vue répandu dans le pays, il signifie " le fleuve qui vient de la mer ". Les Indiens de la région croyaient que certains marais brésiliens, où le fleuve Paraguay prend sa source, étaient aussi immenses que la mer. Ce fleuve tra verse le pays du nord au sud et le coupe en deux : à l'est s'étendent des plaines vallonnées, des champs fertiles de terre rouge et des forêts épaisses ; à l'ouest, c'est le Chaco, à la population clairsemée, région de savanes, de brous sailles et de vastes marécages habités par des nuées d'in sectes et une grande variété d'oiseaux tropicaux aux cou leurs chatoyantes. Le Paraguay est un pays où les techniques modernes contrastent avec la simplicité de ceux qui travaillent la terre. Les avions à réaction et les satellites de télécommu nications ont ouvert la p orte à la connaissance du monde. Les gratte-ciel d'Assomption, la capitale, se déta chent nettement sur l'horizon. Le long de la côte est du pays, sur le Parana, se situe ltaipu, une centrale hydro électrique dont la puissance énergétique n'a pas sa pareille dans le monde. On pourrait penser que le Paraguay est un pays où l'on parle espagnol, mais cela n'a pas toujours été le cas, et ne l'est pas tout à fait aujourd'hui. Les pre miers habitants étaient les Indiens guaranis. Vers 1 520, 211 212 Annuaire 1998 des explorateurs portugais, sous le commandement d'Alejo Gar da, ont été les premiers Blancs à pénétrer dans le pays. Au cours de la décennie suivante, les Espagnols ont commencé à s'établir dans la région de l'actuelle Assomption. Le pays est resté sou mis à l'Espagne jusqu'en 18 1 1, mais la langue guarani n'a jamais été remplacée par celle des conquistadors. C'est ainsi que de nos jours le guarani, dialecte aux accents mélodieux, est la langue maternelle de la plupart des Paraguayens, officiellement recon nue, au même titre que l'espagnol. Qielques dizaines d'années après l'arrivée des explorateurs eu ropéens, les jésuites sont venus convertir les Guaranis au catholi cisme romain. Ceux-ci n'avaient alors ni idoles ni temples. Mais les jésuites ont rassemblé les Indiens dans des villages où ils leur ont enseigné les rites et les hymnes catholiques tout en leur appre nant un métier et en les aidant à développer leurs aptitudes. Ils se servaient de ce que gagnaient les Indiens non seulement pour leur procurer les éléments indispensables à la vie, mais aussi pour ac croître leur propre richesse et leur pouvoir. Avec convoitise, de nombreux propriétaires espagnols se sont plaints au roi d'Espa gne, Charles III, de la puissance croissante des jésuites. Cette plainte, formulée non par les Guaranis mais par les colons catho liques, a été un facteur déterminant menant à l'expulsion des jésui tes de l'Empire espagnol en 1767 . Cependant le catholicisme qu'ils avaient enseigné exerçait toujours une influence sur la vie des per sonnes. Elles en avaient adopté les pratiques extérieures tout en res tant attachées dans de nombreux cas à certaines croyances du pays, ce qui a favorisé une atmosphère propice à la superstition. Dès lors, la forte influence du clergé catholique s'est fait sentir. Cet héritage religieux n'a pas apporté la paix dans le pays. L'histoire du Paraguay est marquée par des guerres qui ont laissé de profondes cicatrices dans la vie des gens. De 1864 à 1870 , sous Francisco Solano L6pez, le Paraguay a livré bataille au Bré sil, à l'Argentine et à l'Uruguay. Les conséquences ont été désas treuses : selon les rapports disponibles, le pays comptait au début Paraguay Juan Muiiiz a intro duit le message du Roya ume au Paraguay. de la guerre une population probablement supérieure à un million de personnes ; à la fin du conflit, il semble qu'elle se chiffrait à environ 220 000, dont au moins 1 90 000 fem mes et enfants. D'autres guerres ont suivi, une où le Paraguay et la Bolivie se disputaient la propriété du Chaco, d'autres à cause de troubles politiques. Il n'est donc pas surprenant que les Para guayens qui voulaient dominer les autres aient fréquemment re couru à la force pour atteindre leurs objectifs. C'est dans ce pays que la bonne nouvelle du Royaume de Jé hovah a été apportée, d'abord, avant 1914, au moyen de tracts bi bliques reçus par la poste, puis, à partir de 1925, par des procla mateurs. Ainsi, l'eau provenant d'un autre fleuve, non du fleuve Paraguay ni du Parana, mais d"' un fleuve d'eau de la vie ", est devenue disponible ici comme elle l'est ailleurs sur la terre. - Rév. 22: 1 . Les débuts d e la vérité du Royaume Joseph Rutherford, alors président de la SociétéWatchTower, avait demandé à Juan Muftiz de partir d'Espagne pour organiser et étendre la prédication de la bonne nouvelle en Argentine. Le 2 14 Annuaire 1998 12 septembre 1 924 , frère Muiiiz est arrivé à Buenos Aires et, peu après, il s'est de lui-même rendu en Uruguay et au Paraguay pour y répandre le message du Royaume. Les graines de la vérité bibli que étaient semées, mais il y avait peu de progrès. En 1932, le Paraguay s'est retrouvé impliqué dans une autre guerre, qui l'opposait cette fois à la Bolivie. La population a de nouveau été décimée. L'économie nationale et la sécurité de ceux qui pourraient venir de l'étranger pour apporter la bonne nouvelle du Royaume étaient menacées. Néanmoins, alors qu'une guerre de grande envergure se préparait, en 1934 la filiale d'Argentine a envoyé trois Témoins de Jéhovah au Paraguay afin qu'ils invitent les personnes au cœur sincère à boire "l'eau de la vie " gratuitement. Il s'agissait de frères Martonfi, Koros et Re bacz. - Rév. 22 : 17 . L'opposition farouche du clergé "En octobre de cette année, a écrit frère Rebacz, nous étions prêts pour gagner l'intérieur du pays. Nous avions chacun deux cartons de publications et une valise. Nous nous sommes rendus d'Assomption à Paraguari en train, puis, en raison de l'absence de moyens de transport, nous avons effectué le reste du voyage à pied jusqu'à notre première destination, Carapegua, à une tren taine de kilomètres. Cette nuit-là, nous avons dormi à même le sol, les publications près de notre tête. Le lendemain, quand nous avons commencé à donner le témoignage, le prêtre du village a rendu visite aux habitants en leur disant de ne pas nous écou ter. Puis, en compagnie d'une autre personne, il est allé à cheval au village voisin pour ordonner aux gens de ne pas nous écouter et de nous chasser de leur hameau, ce que certains ont essayé de faire." À cause de la pression du prêtre, les frères laissaient rarement des publications bibliques, et certaines personnes rendaient même celles qu'elles avaient acceptées. À partir de Carapegua, lesTémoins se sont déplacés d'un village à l'autre : à Quiindy, à Caapucu, à 215 Paraguay Villa Florida et à San Miguel. Pour atteindre San Juan Bautista, ils ont marché toute la journée, ce jusqu'à minuit, ont dormi dans un champ, puis ont continué leur route en se levant tôt le lendemain matin. Arrivés en ville, les frères sont d'abord allés expliquer ce qu'ils faisaient à la police, qui les a reçus avec respect. Après quoi ils ont passé une journée entière dans le ministère public. Cependant, le lendemain, lorsque frère Martonfi est sorti de la cabane qu'ils avaient louée, une surprise l'attendait. Il a ap pelé frère Rebacz, qui se trouvait encore à l'intérieur, en di sant : " Aujourd'hui, il y a du nouveau. " Les publications qu'ils avaient distribuées la veille avaient été déchirées en mille mor ceaux répandus autour de la cabane. Sur certains morceaux avaient été écrites des insultes et des obscénités, ainsi que des me naces selon lesquelles ils ne quitteraient pas la ville vivants. Alors qu'ils prenaient leur petit-déjeuner, la police est arrivée et les a arrêtés. �'est-ce qui avait provoqué ce revirement ? Frère Rebacz a déclaré par la suite : " Lorsque nous leur en avons de mandé la raison, les policiers nous ont montré un journal dans lequel nous étions accusés d'être des espions boliviens se faisant passer pour des prédicateurs. Le directeur du journal était le prê tre le plus important du district. " Retour à Assomption Les deuxTémoins ont été envoyés prisonniers à Assomption. C'était un long voyage à pied. Un garde armé les accompagnait constamment d'un poste de police à l'autre. Le long de la route, des gens les insultaient et leur jetaient des détritus. Mais la police traitait les frères avec respect, disant même que l'inculpation d'es pionnage était ridicule. Parfois, des agents de la police montée portaient leurs bagages ; l'un d'eux a même permis à frère Mar tonfi de monter à cheval pendant que lui marchait et écoutait ce que frère Rebacz disait à propos du Royaume de Dieu. Toutefois, à �iindy, où les frères ont été livrés à l'armée, le traitement s'est durci. Pendant 14 jours, on les a gardés dans la 216 Annuaire 1998 salle de police, on leur a ordonné de s'asseoir sur des chaises en bois à dossier droit, on leur a interdit de s'allonger ou de se lever, on les a insultés et frappés avec une cravache. Plus tard, à Para guari, ils ont été emmenés à la gare, menottes aux poignets, es cortés par 12 soldats armés de baïonnettes. Là, ils ont été remis à la police pour le reste du voyage jusqu'à Assomption. Dans la capitale, leurs conditions d'emprisonnement étaient également dures, mais les frères se sont servis de la Bible qu'ils avaient encore pour donner le témoignage aux autres prison niers. Après une semaine de détention, ils ont fini par être con duits au bureau du chef de la police où se trouvait aussi le mi nistre de l'intérieur, le colonel Rivarola. (Par la suite, on a appris que, lorsqu'il avait été mis au courant des charges portées contre les frères dans le journal de San Juan Bautista, le colonel Rivarola avait envoyé des télégrammes aux chefs militaires pour s'assurer que les frères étaient arrivés dans la capitale sains et saufs.) " Les deux hommes ont exprimé leurs regrets de ce qui s'était passé, a dit frère Rebacz. Ils ont déclaré que, bien que le pays soit catho lique, la liberté religieuse y était assurée et que nous étions auto risés à continuer de prêcher de maison en maison comme nous l'avions fait jusqu'alors, mais que, pour notre sécurité, nous ne devrions pas quitter la capitale. " Op.and frère Muiiiz, à Buenos Aires, a appris ce qui était ar rivé aux frères, il leur a envoyé des instructions pour qu'ils ren trent en Argentine jusqu'à la fin de Ja guerre, qui a effectivement eu lieu l'année suivante. Néanmoins, frère Koros, qui ne se trou vait pas avec ses deux compagnons au moment de leur arresta tion, est demeuré à Assomption. Les premiers fruits du Paraguay Vers cette époque, un des pionniers avait rencontré un homme qui lui avait demandé des publications en arabe pour son beau-père, originaire du Liban. C'est ainsi que Julian Hadad a reçu un livre qu'il a fini par chérir. Convaincu d'avoir trouvé la 217 Julian Hadad, l'un des premiers à accepter l a vérité biblique au Paraguay. vérité, il s'est mis à l'enseigner à ses enfants. Il a également écrit à la Société pour qu'elle lui envoie des publications qu'il pourrait distribuer à ses voisins. �elques années plus tard, un pionnier a retrouvé Julian à San Juan Nepomuceno et lui a fourni une aide spirituelle supplémentaire. En 1940, les Hadad se sont fait bapti ser et sont devenus les premiers proclamateurs paraguayens. De puis lors Julian, un de ses fils et plusieurs petits-enfants ont eu la joie de goûter au service de pionnier, service dans lequelJulian a persévéré jusqu'à peu de temps avant sa mort, survenue à l'âge de 77 ans. Entre-temps, la guerre du Chaco avait poussé Juan José Bri zuela à réfléchir sérieusement sur le but de la vie. Il avait été blessé et fait prisonnier par les Boliviens. Là, il avait vu des veuves pleu rer pour leurs enfants qui n'avaient plus de père et des prêtres ca tholiques bénir les soldats boliviens. Il se rappelait que, lorsqu'ils étaient soldats au Paraguay, lui et d'autres avaient reçu les mê mes bénédictions. Il s'est donc dit : " Il y a certainement quel que chose qui ne va pas. Si Dieu existait, il n'agirait pas ainsi. Mais si Dieu existe vraiment, je le chercherai jusqu'à ce que je le trouve. " Annuaire 1998 Brizuela , baptisée en 1 946, est toujours pionnière spécia le. Ji. Jovita S eba stia na Va zquez � sert Jéhova h depuis 1 942. Après la guerre, Julian Hadad a rencontréJuanJosé à Carmen del Parana. Se servant de la Bible, Julian l'a aidé à trouver des ré ponses satisfaisantes à ses questions. Comme l'apôtre Paul l'a dit il y a longtemps, Dieu a donné la possibilité aux humains qui " le cherchent à tâtons " de ' le trouver réellement '. (Actes 1 7 :27.) Juan José a vite constaté qu'il avait trouvé le vrai Dieu, Jéhovah (Deut. 4:35 ; Ps. 83: 18). Il s'est fait baptiser en 1945 et sa femme, Jôvita, en 1946. Pendant ce temps, on parlait aussi de la vérité biblique à un étal de légumes au marché de San Lorenzo. Ce n'était pas un Té moin de Jéhovah qui prêchait, mais simplement une femme qui avait montré de l'intérêt pour les enseignements des Témoins. Se bastiana Vazquez, quoiqu'analphabète, écoutait avec attention. Afin de faire des progrès spirituels, elle a appris à lire, après quoi, en 1 942, elle s'est fait baptiser et est devenue Témoin de Jéhovah. La foi d'un petit groupe est mise à l'épreuve En 1939, on a formé au Paraguay la première congrégation, ou groupe, comme on disait alors. Il n'y avait que deux procla- Paraguay 219 mateurs, mais c'étaient des prédicateurs zélés. Au cours de cette année de service, ils ont passé 847 heures en prédication et dis tribué 1 740 livres et brochures. Les réunions avaient lieu à As somption dans un foyer privé qui se situait sur l'actuelle avenue Gasp ar Rodriguez de Francia (autrefois Amambay), entre les rues Antequera et Tacuari. Cinq ou six p ersonnes seulement se réunis saient dans une pièce de 1 6 mètres carrés. Cet endroit s'est avéré très utile jusqu'en 1944. L'année d'après, les frères ont commencé à utiliser deux pho nographes électriques p our diffuser des enregistrements de brefs discours sur des sujets bibliques variés. Les membres du clergé étaient si furieux qu'ils ont demandé au gouvernement d'inter dire toute activité des Témoins de Jéhovah. Mais les Témoins ont continué. À l'évidence, ces discours clairs basés sur les Écritures étaient efficaces. Pendant les deux années suivantes, pareils enre gistrements en plusieurs langues ont p ermis de toucher les p opu lations p olonaise, russe, allemande et ukrainienne qui s'étaient installées dans le sud du pays. La famille Golasik, qui vivait dans une colonie polonaise et ukrainienne près d'Encamaci6n, a été l'une des premières à ac cepter la vérité dans cette région. Peu après, Roberto Golasik, équip é d'un phonographe et de publications, s'est rendu à che val dans les autres colonies p our y donner le témoignage. Au dé but, les réunions avaient lieu une fois par mois, puis deux fois par mois et, par la suite, une fois par semaine. De temps en temps, des p ersonnes originaires de cinq groupes linguistiques différents y assistaient, mais toutes apprenaient petit à p etit la langue pure de la vérité biblique. - 1Seph. 3:9. Malheureusement, ceux qui ont contribué à donner le témoi gnage à cette ép oque ne sont pas tous restés sur la route étroite qui mène à la vie. Le resp onsable du dép ôt des publications de la Société à Assomption a commencé à prôner des p oints de vue p ersonnels. Lorsqu'il a quitté l'organisation de Jéhovah, d'autres 220 Annuaire 1998 en ont fait autant. Le nombre des proclamateurs est alors passé de 33 en 1943 à 8 en 1944. Q!i'allait-il se passer ? Jéhovah a béni ceux qui se sont montrés de fidèles Témoins, et son organisation s'est de nouveau agrandie. - Ps. 37:28. Les missionnaires apprennent les coutumes du pays Par amour et par souci du bien-être des brebis, la filiale cl' Ar gentine a envoyé Gwaenydd Hughes pour diriger l'œuvre au Pa raguay. Q!iand il a été invité en 1945 à assister aux cours de Gui léad, l' École biblique de la Société Watchtower, des dispositions ont été prises pour que Ieuan et Delia Davies aillent au Paraguay. Cependant, comme ils tardaient à obtenir les papiers nécessai res au voyage, c'est Hollis Smith, diplômé de Guiléad, qui est ar rivé le premier au Paraguay et qui a accueilli frère et sœur Davies lorsqu'ils ont débarqué à Assomption à la fin de l'année. Q!iel ques jours plus tard, Albert et Angeline Lang, eux aussi diplô més de Guiléad, sont arrivés par avion. D'autres les ont suivis. Une maison qui servirait de logement pour les missionnaires et de lieu de réunion pour la congrégation locale a été louée. Tous les missionnaires étaient impatients d'accomplir leur service, mais, bien entendu, il leur fallait connaître le mode de vie de la population. Ils se sont rendu compte que, bien qu'ayant une faible con naissance de la Bible, les gens étaient très religieux. Chaque ville avait son " saint " patron, généralement associé à la " vierge Marie " . Nombre des coutumes qu'ils découvraient les charmaient. Sur les marchés, il y avait des fruits et des légumes en quan tité ; les femmes tenaient de grands paniers lourdement chargés en équilibre sur la tête. Dans les magasins, les commerçants ven daient le iianduti : il s'agit d'une dentelle faite à la main et d'une finesse arachnéenne. Par ailleurs, les missionnaires ont tôt fait de constater que les gens commençaient à travailler de bonne heure et qu'à midi tout le monde s'arrêtait pour la sieste pendant les 22 1 Paraguay heures les plus chaudes de la journée. Lorsqu'ils sont allés chez les personnes p our leur transmettre le message du Royaume, ils se sont rendu compte qu'il fallait se tenir à la grille et battre des mains, n'entrant dans la cour qu'après y avoir été invités. Ils ont apprécié l'amabilité, la simplicité et la chaleur des Paraguayens. Mais ils ont également dû apprendre à communiquer avec eux dans leur langue, non seulement en es p agnol, mais aussi en guararu. En avril 1 946, p eu après l'arrivée des missionnaires, frère et sœur Davies ont été rapp elés en Argentine. Pablo Ozorio Reyes, qui n'assistait aux réunions que de puis quelques mois, a été choisi p our diriger l'étude de La Tour de Garde, alors qu'il n'était pas encore baptisé. Pourquoi si vite ? Parce qu'il parlait la lan gue locale et qu'il avait fait de bons progrès spirituels. Mais il a rencontré des difficultés. Plus tard, frère Ozorio a écrit : " Peu de temps après ma nomination, j'ai dû rectifier une mauvaise ré p onse lors de l'étude. Celui qui l'avait donnée est entré en fu reur et a voulu se battre avec moi sur-le-champ . Bien sûr, j'ai refusé, et l'intervention d'un missionnaire a p ermis d'apaiser la situation. Il n'y a rien de mieux qu'une certaine resp onsabi lité p our vous aider à mûrir. " Malheureusement, celui qui avait un temp érament explosif a par la suite abandonné le service de Jéhovah. L'organisation de Jéhovah s'affermit Avant la fin de 1 946, de plus grandes installations ont été né cessaires p our servir de centre à l'activité théocratique. Six autres missionnaires, dont William et Fern Schillinger, étaient arrivés. Une maison avec un grand jardin a donc été louée sur l'ave nue Mariscal L6p ez. Elle se trouvait juste en face du ministère de la Défense. Un grand écriteau p ortant l'inscription " Salle du Royaume " avait été mis bien en vue sur la p orte d'entrée, à tel p oint que quiconque avait des relations avec la division militaire du gouvernement ne p ouvait manquer de le voir. 222 William Scbillinger a été missionnaire au Paraguay pendant 40 ans, jusqu'à la fin de sa vie. Le 1er septembre de cette année-là, la Société a ouvert une fi liale au Paraguay dans le bâtiment qui venait d'être loué. L'or ganisation s'améliorant, le témoignage s'intensifiait, mais aussi l'opposition. Il semble que le clergé se servait du confessionnal pour obtenir des renseignements et susciter la peur afin d'empê cher les facteurs catholiques de distribuer les publications des Té moins de Jéhovah. En novembre, frère Hugues est venu d'Argentine pour rendre visite aux quatre petites congrégations existant alors et les affer mir. Il était allé à l' École de Guiléad et avait assisté à l'assemblée théocratique internationale des nations joyeuses à Cleveland, dans l'Ohio, où les sessions avaient été données en 20 langues et où, le dernier jour, 80000 personnes s'étaient rassemblées dans le stade pour écouter les discours. Il avait donc beaucoup à dire aux frères qui avaient besoin d'être affermis afin de pouvoir con tinuer à servir Jéhovah face à l'adversité. Au milieu de la révolution Au début de 1947, la révolution a éclaté. Les forces gouver nementales ont placé des mitrailleuses sur le trottoir en face de la maison de missionnaires. Après une journée de combats, une certaine stabilité est revenue. Puis, le 7 mars, la situation s'est de 223 Paraguay nouveau aggravée. C'était la guerre ouverte dans les rues, et la loi martiale a été déclarée. Les rebelles ont pris d'assaut le quartier général de la police en plein centre cl'Assomption. S'attendant à ce que le siège principal de l'armée soit aussi at taqué, le commandant en chef a réquisitionné la maison de mis sionnaires à des fins militaires et a donné aux frères trois jours pour quitter les lieux. Après qu'ils eurent fait appel, le délai a été repoussé à dix jours. Au milieu d'une révolution et à une époque de crise du logement, les frères se sont retrouvés eux-mêmes en gagés dans une campagne qu'ils ont appelée " Opération Recher che d'une maison ". Il semble que Jéhovah voulait que les hautes autorités paraguayennes continuent d'être conscientes de la pré sence de ses Témoins : la seule maison disponible et convenable était adjacente à la maison présidentielle, dans la rue où se trou vaient les ambassades. Dans une lettre datée du 26 mars 1 947, le serviteur de la filiale écrivit à propos de la révolution : " La situation s'aggrave de jour en jour. À l'heure où j'écris, un avion à quelques kilomè tres d'ici bombarde l'aéroport, du moins je le suppose. Il est la ci ble de canons antiaériens. Il y a des centaines de soldats autour de la maison du président, et le bruit des armes est effrayant. L'air est chargé de fumée de poudre à canon, l'odeur en est insuppor table. Les forces révolutionnaires se rapprochent de la ville ; nous entendons le grondement régulier des canons et des bombes [ . . .]. Les conditions alimentaires empirent chaque jour. " Les troupes révolutionnaires sont arrivées dans la ville à dix blocs d'habitations de la maison des missionnaires avant que les forces du gouvernement commencent à les repousser. Du rant tout ce temps, les frères poursuivaient leur œuvre de té moignage du mieux qu'ils le pouvaient. La révolution a continué p e ndant environ six mois. Ce fut une véritable épreuve, surtout p our les frères du pays ; les autorités les ont traités avec cruauté parce qu'ils observaient une neutralité conforme au christianisme. 22 4 Annuaire 1998 Ils n'abandonnent pas leur assemblée Lorsque la révolution a pris fin, le pays a retrouvé le calme, et certaines personnes qui avaient fui en Argentine sont reve nues. Il a donc été prévu d'organiser une assemblée, la première au Paraguay, du 4 au 6 juin 1948 . Mais le Diable s'est chargé de créer des troubles. Le 3 juin, il y a eu un coup d'État militaire : le président et les membres de son cabinet ont été faits prison niers. La capitale était en pleine confusion. QI'allait-il advenir de l'assemblée ? Les démarches pour louer une salle appropriée avaient tou tes échoué, mais Jéhovah avait pris d'autres dispositions. L'an cienne maison de missionnaires, qui se situait en face du quar tier général de l'armée, était inoccupée. Le propriétaire a accepté de la louer aux frères pour leur assemblée. La maison était loin du centre de la ville, où avait lieu l'agitation. Le jardin pourrait être utilisé pour les sessions, et le bâtiment permettrait de loger les assistants venus de loin. Tous se sont serré la main à la mode paraguayenne. Plus d'une centaine de personnes étaient là pour écouter le discours intitulé " Le bonheur pour tous les hom mes est proche ". Qiel discours opportun pour les habitants du Paraguay ! La police tient la foule en respect Depuis que les Témoins de Jéhovah ont entrepris leur œuvre d'éducation biblique au Paraguay, le clergé s'y est fréquemment opposé. En 1948 , le surveillant de circonscription avait prévu de donner un discours public dans le petit parc du centre de Yuty, village du sud du pays. Ce parc se trouvait juste en face de l'église catholique. Le prêtre a incité les gens à interrom/>re le discours, leur disant que les Témoins allaient diviser leur Eglise et les pri ver de leur religion. Avant le début du discours, une grande foule d'individus se sont rassemblés devant l'église. Voyant lesTémoins de Jéhovah (ils étaient huit) dans le parc de l'autre côté de la rue, ils se sont mis à crier : " Hors d'ici, les protestants ! Hors d'ici, 225 Paraguay les protestants ! Pendant ce temps, de nombreuses personnes at tendaient pour écouter le discours, mais craignaient d'entrer dans le parc à cause de la foule. " Les policiers ont alors placé une mitrailleuse en face des ma nifestants, les prévenant que si quelqu'un traversait la voie ils ou vriraient le feu. Ils ont ainsi tenu la foule en respect jusqu'à ce que les frères puissent quitter sans risque la zone. Toutefois, ils avaient annoncé le discours toute la semaine et étaient déterminés à don ner aux personnes bien disposées l'occasion de l'écouter. Un Té moin du village a proposé sa maison. Une fois le discours donné, un autre groupe est arrivé et a fait savoir qu'il voulait aussi l'écou ter ; le surveillant itinérant l'a donc présenté deux fois ce jour-là. Ainsi, à Yuty, on commençait à voir la différence de fruits pro duits par deux genres de culte. Les missionnaires face à l'expulsion En règle générale, les autorités paraguayennes ont fait preuve de tolérance religieuse, même si jusqu'en 1 992 la religion d'État était le catholicisme. Les difficultés se rencontraient habituel lement dans les campagnes, et ce à l'instigation des prêtres lo caux et de leurs fervents partisans. Cependant, au début de 1950, l'État a tenté d'expulser du pays les missionnaires de la Société Watch Tower. Une nouvelle loi exigeait que tous les immigrés se fassent en registrer au service de l'immigration et apportent une preuve de leur activité. Mais lorsque les missionnaires ont essayé de se faire enregistrer, on leur a dit que c'était impossible, car ils vivaient il légalement dans le pays et étaient donc en état d'arrestation. Il semble que les autorités avaient reçu des rapports erronés sur la nature de leur activité. Certains hauts fonctionnaires étaient bien disposés, mais même leurs efforts conjugués à ceux de l'ambassade américaine paraissaient se heurter à un mur. En Amérique latine, la ques tion n'est pas de savoir qui vous êtes, mais qui vous connaissez, 226 Annuaire 1998 et dans ce cas les résultats ne se font pas attendre. Les frères, eux, connaissaient une personne qui leur était favorable et qui travail lait au bureau du président. Par son intermédiaire, ils ont invité le secrétaire du président à venir prendre un repas à la maison de missionnaires, ce qu'il a accepté avec amabilité. Les missionnaires ont ainsi eu la possibilité de parler de la na ture réelle de leur activité et des bienfaits qui pouvaient en ré sulter pour le pays. Ils ont également abordé le problème de l'en registrement, ce qui a beaucoup intéressé le secrétaire. Aussi, le 1 5 juin 1950, le premier des missionnaires a-t-il pu se faire enre gistrer comme immigré ayant le droit légal de rester dans le pays pour continuer l' ceuvre d'éducation biblique. Une journée difficile à la campagne À cette époque, l'activité d'un surveillant de circonscription s'accompagnait de tracas particuliers ; il fallait voyager de nom breuses heures durant et, parfois, endurer une opposition vio lente. Lloyd Gummeson, diplômé de l'École de Guiléad, a commencé à servir à plein temps en qualité de surveillant de cir conscription en 1952. Après avoir passé du temps auprès d'une congrégation au nord de Yuty, il a relaté ce qui s'est passé. Le ter ritoire proche ayant été récemment parcouru, des dispositions avaient été prises pour aller prêcher dans une ville éloignée. Un groupe de six frères et de quatre sceurs sont partis à 4 heures du matin ; tous étaient à pied, sauf une sceur qui avait un enfant âgé de un an. À 1 1 heures, ils sont arrivés dans le territoire, se sont di visés en deux groupes et sont allés prêcher. ' Nous n'étions là que depuis une heure, a déclaré frère Gum meson, et nous donnions le témoignage, dans une hutte, à une famille que le message intéressait lorsque le shérif et un soldat de 16 ans sont entrés, leurs fusils braqués sur nous. Le shérif a fer mement demandé à la famille de nous rendre les publications, puis nous a ordonné de le suivre jusqu'au commissariat de police. O!iand nous sommes arrivés, les autres proclamateurs s'y trou- 227 Paraguay vaient déjà. J'ai essayé de raisonner avec le shérif, mais je me suis rendu compte qu'il parlait seulement guarani, et non espagnol. Rouge de colère, il nous a donné l'ordre de quitter les lieux et de . . . ne 1ama1s revenu. ' Après avoir marché environ un kilomètre, nous nous som mes assis sous un arbre pour déjeuner. Tout à coup, les frères et sœurs se sont levés et se sont mis à courir. J'ai regardé autour de moi, et qui ai-je vu ? Le shérif accompagné d'un soldat qui ve naient à cheval, de longs fouets dans les mairis. J'ai alors pensé qu'il serait mieux de rester avec le groupe, aussi ai-je pris mes jam bes à mon cou. Alors que je traversais un ruisseau, mes lunettes de soleil sont tombées ; au moment où je me suis penché pour les ramasser, j'ai senti le claquement ciriglant du fouet dans mon dos. Ensuite, le shérif a voulu me piétirier avec son cheval, mais comme je connaissais un peu les chevaux, j'ai balancé mon sac de prédication devant lui, si bien qu'il ne s'est pas approché de m01. ' Dans le même temps, le shérif a donné plusieurs coups de fouet à trois autres frères, puis il a essayé de faire piétirier par son cheval une pionnière de 70 ans. Firialement, lui et le soldat sont repartis, et nous avons contiriué notre chemiri. Personne n'était gravement blessé, bien que les coups de fouet aient laissé des mar ques rouge sombre sur le dos de certains. Mais aucun ne souf frait. Nous sommes arrivés chez nous à 8 heures du soir, après 16 heures de marche. ' Malgré de tels événements mouvementés dans quelques peti tes villes et villages, l'œuvre qui consiste à proclamer le Royaume n'a cessé de prospérer. Conséquence du changement gouvernemental L'année 19 54 s'est avérée cruciale dans la vie politique du pays. Le gouvernement de don Federico Chavez a été renversé et, le 11 juillet, le général Alfredo Stroessner a été élu président. Airisi commençait une période de dictature militaire qui allait 228 Annuaire 1998 durer plus de 34 ans. Comment cela a-t-il affecté l'activité desTé moins de Jéhovah ? Une assemblée de district de quatre jours était prévue du 25 au 28 novembre. Comme le Paraguay était soumis à la loi mar tiale, il nous fallait un permis de la police pour tenir n'importe quelle réunion. Cela poserait-il un problème ? Les frères avaient déjà pris des dispositions pour louer une salle, mais lorsqu'ils sont allés chercher un permis pour organiser l'assemblée, on leur a dit que ce serait impossible. Pourquoi ? Un policier a reconnu que les prêtres faisaient pression sur eux. Après plusieurs visites et discussions, on a fini par dire aux frères qu'ils n'auraient pas le permis, mais que la police ne perturberait pas le programme de l'assemblée. Les frères se sont donc abstenus d'annoncer le ras semblement par des prospectus ou par les journaux ; toutes les invitations se faisaient discrètement de bouche à oreille. Ainsi, l'assemblée a eu lieu sans interruption. L'opposition religieuse se poursuit Le clergé catholique n'a pas relâché ses efforts en vue d'arrê ter l'œuvre desTémoins de Jéhovah. Vers la fin de 1955, une pe tite assemblée de circonscription a été organisée à Piribebuy, à 72 kilomètres à l'est de la capitale. Le soir de la première journée, le curé a conduit une foule armée de bâtons et de machettes afin d'interrompre la réunion. Grâce à l'intervention d'un instituteur de la ville, les manifestants ont reculé dans la rue. Là, ils ont passé la soirée à crier et à lancer des pierres et des pétards. Le 1 "' mars 1 957, l'opposition religieuse s'est de nouveau fait sentir, cette fois-ci à Ita, au sud-est de la capitale. Bien avant cette date, les frères avaient fait les démarches afin d'obtenir des autori tés de la ville et de la police de la capitale la permission d'organi ser leur assemblée de circonscription à Ita. Cependant, lorsqu'ils sont arrivés, ils ont vu que quelque chose n'allait pas. Ita ressem blait à une ville fantôme : les rues étaient désertes, les volets et les portes des maisons fermés. �e s'était-il donc passé ? Paraguay 229 Le curé de la paroisse s'était juré que cette assemblée n'aurait pas lieu et il s'était donné beaucoup de mal pour cela. Il avait même fait le nécessaire pour qu'un avion répande à travers la campagne des milliers de tracts, qui contenaient ce message : " Vendredi 1"' mars 1957, à 17 h 30, grand rassemblement devant l'église de tous les chrétiens catholiques de la ville et des districts. [... ] À 1 8 h 30 puissante manifestation des catholiques contre les faux ' Témoins de Jéhovah '. Les protestants hérétiques n'ont le droit de tenir aucune assemblée ici à lta. " Q,iand ils ont appris quels étaient les projets du prêtre Ayala, les frères ont pensé qu'il serait préférable de modifier le lieu de l'assemblée ; ils ne se réuniraient donc pas dans les installations relativement ouvertes au public qu'ils avaient louées, mais dans le foyer d'un frère qui fournirait une meilleure protection en cas d'attaque. Imaginez la scène : dans la maison du frère, une soixantaine de chrétiens épris de paix se rassemblent pour examiner la Parole de Dieu ; deux rues plus loin, une foule de plus de mille person nes, qui grossit de minute en minute, écoute la harangue du prê tre et son incitation à la violence. Tous n'étaient pas d'accord avec lui. Solano Gamarra, un sous-lieutenant de l'armée de l'air paraguayenne, a essayé de le calmer et s'est adressé aux autres prêtres, mais en vain. L'un d'eux était si furieux qu'il a frappé l'officier et lui a fendu la lèvre. Voyant cela, les gens se sont rués comme des loups sur le lieute nant et l'ont battu, le blessant à la tête. Puis ils ont arraché sa che mise qu'ils ont fixée à une perche pour la brûler. Le lieutenant Gamarra a dû fuir pour protéger sa vie. Assoiffée de sang, la foule s'est alors tournée vers le lieu de l'assemblée en criant : " À bas Jéhovah ! " " À mort Jéhovah ! Tandis que les émeutiers se dirigeaient vers la maison où avait lieu l'assemblée, la faible protection de la police s'est volatilisée. Les frères ont barricadé la porte à l'intérieur. Certains parmi la " 1 Werner Appenzeller et sa femme, Alice, missionnaires au Paraguay depuis 40 ans. foule ont essayé de pénétrer dans la cour de derrière par la pro priété d'un voisin, mais celui-ci a tenu ferme et leur a interdit le passage. Il n'avait pas oublié que, lorsqu'il avait été malade, le Témoin dont la maison était maintenant prise d'assaut avait fait preuve de bonté à son égard. Pendant ce temps, les frères fai saient leur possible pour continuer la réunion, mettant leur con fiance en Jéhovah. Par mesure de sécurité, tous ont passé la nuit dans la maison. Le lendemain, un avis provenant de la police na tionale à Assomption a annulé le permis de l'assemblée afin de protéger les Témoins parce que la police municipale ne pouvait pas maîtriser la foule. Les assistants ont quitté la ville en chan tant joyeusement dans un autocar loué qui allait les amener à la filiale, à Assomption, où ils termineraient leur assemblée. Leur foi avait été éprouvée et ils en étaient ressortis fortifiés spirituellement. Reconnaissance officielle Après les événements d'Ita, la filiale, à l'exemple de l'apôtre Paul, a pris des mesures pour ' faire reconnaître la bonne nou- 231 Paraguay velle en justice ' au Paraguay (Phil. 1:7 ; Actes 16:35-39). Il en est résulté d'heureuses conséquences. Toutes les exigences léga les ayant été satisfaites, le 14 octobre 1957, la Watch Tower Bible and 1iact Society a été officiellement reconnue personne morale et autorisée à représenter les Témoins de Jéhovah dans ce pays. Un décret présidentiel mentionnant cet avis a été publié dans les journaux. Cela s'est avéré très utile pour l'achat des locaux néces saires et pour l'obtention de cartes de séjour permanentes pour les missionnaires. Leur premier film De 1 954 à 1961, l'utilisation de films a permis d'accomplir un bon travail auprès du public en lui faisant connaître l'or ganisation de Jéhovah. Des dispositions ont été prises pour pro jeter les films de la Société dans une grande partie de l'est du pays. Durant les cinq ans où un dénombrement a été fait, plus de 70000 personnes ont assisté aux représentations. Transporter un générateur et tout l'équipement nécessaire à la projection d'un film à la campagne était une véritable entre prise. On choisissait généralement un terrain de football pour y installer le matériel avant qu'il fasse noir. Puis on invitait le pu blic au moyen d'un haut-parleur. Parfois, des vandales jetaient des cailloux. Le nombre des assistants variait. À General Arti gas, où il y avait une congrégation d'une petite vingtaine de pro clamateurs qui se réunissait à huit kilomètres de la ville, un soir quelque 1 300 personnes ont vu le film ! Durant les premiers ins tants du film, il était courant d'entendre les gens rire aux éclats lorsque l'image changeait. Il faut dire que, pour les gens de la campagne, c'était souvent la première fois qu'ils voyaient un film. Ces films ont donné aux frères et au public une meilleure idée de l'ampleur de l'œuvre accomplie par les Témoins de Jého vah du monde entier. 232 Annuaire 1998 Les missionnaires s'offrent volontairement Comme le nombre des proclamateurs augmentait, les mission naires ont mis leurs efforts en commUf1 pour les aider à progresser vers la maturité. Les résultats ont été manifestes lorsqu'en 1953 les missionnaires ont eu le privilège de se rendre à New York pour as sister à l'assemblée " La société du monde nouveau ". Tandis qu'ils étaient là-bas, il a fallu que les frères locaux assument les responsa bilités de surveillance dans la congrégation d'Assomption. De nouveaux maximums ayant été atteints dans les activités de pré dication, au retour des missionnaires, on a demandé aux frères de continuer à assumer ces responsabilités, ce qui a permis aux mis sionnaires de se rendre dans d'autres endroits. Ceux-ci avaient beaucoup à faire. Q!latre mois après son ar rivée au Paraguay et son apprentissage de l'espagnol, Werner Ap pe=eller a été· nommé dans la circonscription autour d'Encar nacion. La plupart des routes n'étaient pas encore pavées et, en général, on se déplaçait à pied ou à cheval. Il n'y avait que 100 proclamateurs dans toute la circonscription, mais les encou ragements et la formation qui étaient apportés contribuaient à leurs progrès spirituels. Q!lelques années plus tard Ladislao Gola sik, le fils de Robert Golasik, qui était originaire de cette région, a été nommé surveillant de circonscription. À la fin de 1961, cela faisait 15 ans que les missionnaires for més à !'É cole de Guiléad se dépensaient au Paraguay. Le pays comptait 4 1 1 Témoins, répartis dans 22 congrégations, qui avaient passé plus de 594 000 heures à prêcher la bonne nouvelle. Il y avait alors cinq maisons de missionnaires, qui se trouvaient à Assomption, à Encarnacion, à Villarrica, à Coronel Oviedo et à Pedro Juan Caballero. Les frères allaient également prêcher aux alentours de ces villes. En 1961, 50 missionnaires s'étaient dépen sés dans l'œuvre de prédication au Paraguay. À cause de la mala die ou pour d'autres raisons, 29 d'entre eux ont dû retourner dans leur pays d'origine. Mais tous ont favorisé de diverses façons les intérêts du Royaume au Paraguay. En décembre 1961, Elmer Ils sont E.ers de leur Salle du Royaume (à Assomption), la première que les Témoins ont construite au Paraguay et dont ils sont propriétaires. et Mary Pysh, diplômés de la première classe de l'École de Gui léad dont les cours avaient duré dix mois, sont arrivés dans le pays. Ils construisent leurs propres lieux de réunion À cette époque, les frères d' Assomption ont construit et inauguré une Salle du Royaume, la première dont ils étaient les propriétaires. C'était un beau bâtiment en briques et en ciment dans lequel il y avait plus de 200 places assises. Qiel témoignage pour le voisinage de voir des hommes, des femmes et des enfants creuser, préparer du béton, polir des briques, peindre et nettoyer, tout cela ensemble ! Aux yeux de ceux qui les observaient, c'était de toute évidence des travailleurs zélés. À Vacay, région rurale dans le sud du pays, un petit groupe de Témoins, qui ne formaient pas encore une congrégation, avaient tant d'assistants aux réunions qu'ils ont jugé qu'eux aussi avaient besoin d'une Salle du Royaume. Mais ils n'avaient pas d'argent. 234 Annuaire 1998 Qy'allaient-ils faire ? Ils ont signé un contrat avec le directeur d'une exploitation de bois, contrat selon lequel ils défricheraient des terres contre des matériaux de construction et un salaire. Lorsque la salle a été achevée, quatre familles bien disposées ont vendu leurs fermes éloignées et se sont rapprochées de la Salle du Royaume afin de ne pas manquer les réunions. Plus tard, des installations ont été construites pour les assem blées de district et de circonscription. À plusieurs reprises, les frè res avaient utilisé les locaux du Club Martin Pescador, de l'Uni versité nationale et de l' École américaine. Puis, au début des années 70, on leur a offert un terrain pour y construire leur pro pre Salle d'assemblées, laquelle a été achevée au bout de quelques années. Des installations plus adaptées pour la filiale L'activité croissante et la bénédiction de Jéhovah ont égale ment nécessité des installations plus adaptées pour la filiale. Dif férentes maisons avaient été louées au fil des années. Mais, en 1962, Nathan Knorr, alors président de la Société Watch Tower, a recommandé l'achat d'une propriété dans l'un des plus beaux quartiers de la ville et la construction d'une maison de mission naires qui servirait aussi de filiale et comprendrait une Salle du Royaume. La propriété se trouvait sur l'une des principales ave nues de la capitale, à deux rues du grand stade du Paraguay. Une fois les plans tracés et le permis de construire obtenu, les travaux 1965 et se sont achevés dix mois plus tard. 1966, les frères ont eu la joie de recevoir frère Knorr ont débuté en janvier Au début de pour l'inauguration des nouvelles installations pendant une vi site de zone. En raison de l'emplacement du bâtiment, des milliers de per sonnes à Assomption prenaient chaque jour conscience de la pré sence desTémoins de Jéhovah. Et tandis qu'elles passaient devant pour assister à des événements sportifs, des milliers d'autres se rappelaient que Jéhovah avait sesTémoins au Paraguay. Salle d'assemblées des Témoins de Jéhovah. Une nouvelle disposition administrative Comme dans les autres filiales de la Société, le 1 •r février 1 976, un comité a commencé à fonctionner, se substituant à un seul frère responsable de la filiale. Au cours des 30 années pré cédentes, Albert Lang, William Schillinger, Max Lloyd, Lloyd Gummeson, Harry Kays et Elmer Pysh ont été surveillants de la 236 Annuaire 1998 filiale pour des périodes plus ou moins longues. Tous ont gran dement contribué à l'œuvre du Royaume. Toutefois, une nou velle disposition allait prendre effet : un comité de frères mûrs coopérerait pour veiller à l'activité des Témoins de Jéhovah dans le pays. Elmer Pysh a été nommé coordinateur du Comité de la fi liale, dont les autres membres étaient Charles Miller et Isaac Ga vilan. Frères Pysh et Miller étaient tous les deux diplômés de Gui léad ; frère Gavilan, un Paraguayen, était dans le service à plein temps depuis 13 ans. Nouvelle vague d'opposition gouvernementale Partout dans le monde, les Témoins de Jéhovah sont neutres quant aux affaires politiques. Ils prennent à cœur cette déclara tion de Jésus à ses disciples : " Vous ne faites pas partie du monde. " (Jean 1 5 : 19). Ayant présent à l'esprit le conseil bibli que de ' se garder des idoles ', ils s'abstiennent de participer à des cérémonies nationalistes qui reviennent pour eux à de l'idolâtrie (1 Jean 5:21). Les hauts fonctionnaires des gouvernements, qui sont profondément impliqués dans le système politique et con sidèrent le nationalisme comme un moyen d'unir leurs citoyens, peuvent au premier abord avoir du mal à comprendre la position desTémoins de Jéhovah. Ils savent que d'autres groupes religieux, et même le clergé, n'hésitent pas à se mêler de politique et à pren dre part aux cérémonies patriotiques. Le clergé profite souvent de cette situation pour semer la suspicion à l'égard des Témoins de Jéhovah dans l'esprit des hauts fonctionnaires. Dans une lettre datée du 3 1 octobre 1974, M. Manfredo Ra mirez Russo, alors directeur général des religions, a fait une de mande d'enquête sur les croyances et l'organisation des Témoins de Jéhovah. Le 25 février 1976 a été publié un décret du gou vernement exigeant " la cérémonie quotidienne du lever du dra peau et du chant de l'hymne national " dans " toutes les institu tions pédagogiques ". Dans un style journalistique sensationnel, Paraguay Un coupeur de canne à sucre reçoit Je témoignage à Villarrica. l'édition du 3-17 septembre de la publication religieuse El Sendero (Le sentier) compor tait un article diffamatoire sur une page entière intitulé " Les Témoins de Jéhovah ". Le 14 mars 1977, Patria, le journal officiel du parti politique au pouvoir, publiait un article tout aussi dif famatoire qui avait pour titre " Fanatisme ". Dans le même temps, des représentants de la filiale des Té moins de Jéhovah ont été convoqués pour un entretien avec le di recteur général des religions. Dans la foulée, un récapitulatif des enseignements des Témoins a été fait : il portait essentiellement sur leur position par rapport au drapeau, à l'hymne national et au service militaire. �elques jours plus tard, un responsable de la police, Obdulio Argüello Britez, s'est présenté au bureau de la Société à Assomption pour demander des renseignements au su jet de l'assemblée que les Témoins de Jéhovah avaient tenue du 6 au 9 janvier. Peu de temps après, le procureur général de l'État, Mme Clotilde Jiménez Benitez, a interrogé des représentants de la Société sur les mêmes thèmes qui avaient été abordés aupara vant au bureau de la direction générale des religions. 238 Annuaire 1998 À la suite de cette série d'événements, en 1 978, les enfants de Témoins de Jéhovah qui refusaient de chanter l'hymne national ont commencé à être renvoyés des établissements scolaires, sans aucune possibilité de se faire inscrire dans une autre école. Mais . ce n'était pas tout. La proscription : de quoi s'agit-il ? Le 3 janvier 1979, la " bombe " a fini par exploser. Un décret annulant le statut légal de la SociétéWatchTower, qui représentait lesTémoins de Jéhovah, a été publié. Le décret, qui faisait la une des journaux, a bouleversé tant les Témoins que ceux qui ne l'étaient pas. Presque tous les mé dias se sont intéressés à cette affaire ; certains ont appuyé la dé cision, d'autres l'ont condamnée. D'après le journal ABC, le décret était " une violation d'un droit de l'homme fondamen tal, selon l'article 1 8 de la Déclaration universelle des droits de l'homme ". Ayant été informé de l'interdiction, mais n'en connaissant pas encore les limites, le Comité de la filiale a pris des mesu res immédiates pour organiser l'œuvre à partir d'autres endroits. " Nous n'avions jamais vu en cette interdiction une forme de persécution religieuse ", a déclaré M. Raul Pefia, le ministre de !'Éducation et de la Religion. �oi qu'il en soit, les Témoins de Jéhovah ont été obligés de se réunir en petits groupes dans des foyers privés. Leur activité de prédication a été restreinte, bien que le zèle et le courage de la majorité des frères n'aient pas été entamés. Afin de bénéficier des assemblées chrétiennes, pen dant un certain temps ils ont dû s'organiser pour y assister dans d'autres pays. Comment cette suite d'événements a-t-elle commencé ? M. Manfredo Ramirez Russo a-t-il agi uniquement dans l'exer cice de ses fonctions gouvernementales ? Fait intéressant, le 25 août 1981, dans Ultima Hora, un journal d'Assomption, figu rait une photo représentant Manfredo Ramirez Russo et " Mon- Paraguay 239 signor " José Mees se tenant cordialement face à face. Sous la photo apparaissait la légende suivante : " La décoration de ' Saint Grégoire le Grand ' a été remise à Manfredo Ramirez Russo, di recteur des religions au ministère de !'Éducation, par le nonce apostolique de Sa Sainteté, Monsignor José Mees, en reconnais sance des services rendus à l'Église catholique. " À la suite de l'interdiction, desTémoins de Jéhovah ont été ar rêtés en de nombreux endroits pendant qu'ils tenaient de petites réunions dans des foyers privés, qu'ils allaient chez les gens pour leur faire connaître l'espérance de la Bible ou qu'ils dirigeaient des études bibliques chez des personnes bien disposées. Entre le 8 et le 1 1 octobre 1 9 8 1, neuf frères d'Encarnaci6n ont été emprisonnés. Lorsqu' Antonio Pereira, un ancien qui n'avait pas été arrêté, a voulu s'assurer de la condition des frères en prison auprès du chef de la police, Julio Antonio Martinez, celui-ci a ordonné son arrestation et l'a enfermé dans une cellule de haute sécurité. Dans l'intervalle, Joseph Zillner, d'une congré gation voisine, s'était rendu chez la mère du premier frère incar céré pour voir quelle était la situation. Qyelqu'un a dû en infor mer la police, car dix minutes plus tard on le conduisait jusqu'à la prison d'Encarnaci6n. Les flammes de la persécution sont attisées Qyelques années après l'interdiction, les arrestations ont cessé. Peu à peu, les frères ont commencé à utiliser leurs Salles du Royaume et à organiser de petites assemblées. Cependant, tout cela a brusquement pris fin en 1 984 lorsqu'un journal local a an noncé que quatre étudiants Témoins de Jéhovah avaient été ren voyés de l'école technique professionnelle d'Assomption parce qu'ils ne chantaient pas l'hymne national. Cela a déclenché une campagne incendiaire encore plus grande contre les Témoins. En conséquence, presque tous les enfants d'âge scolaire des Témoins de Jéhovah ont été renvoyés des écoles et nombre d'entre eux n'ont jamais pu y retourner. 240 Annuaire 1998 Du 2 au 5 mai, le journal Hoy (Aujourd'hui) a publié une sé rie d'articles diffamatoires rédigés par Antonio Colon, un prê tre catholique. Plus tard dans la même année, un nouveau mi nistre de l'Éducation et de la Religion a prêté serment, mais il a poursuivi la politique de son prédécesseur. Après qu'il a fait une ferme déclaration nationaliste, on a refusé l'inscription pour la nouvelle année scolaire à la plupart des enfants de Témoins de Jé hovah. Au nom d'un groupe de dix élèves - six que l'on avait renvoyés et quatre que l'on avait refusé d'inscrire -, un appel a été présenté devant les tribunaux en vertu du droit qu'ont les enfants des Témoins de Jéhovah d'être enseignés dans le système scolaire sans avoir à renier leur foi ni à transiger avec leur cons cience. Le tribunal s'est prononcé en faveur des Témoins, mais le ministère de l'Éducation et de la Religion a porté le cas devant la Cour suprême. Durant toute l'année 1 985, l'affaire a continué de faire la une des actualités. Certains chroniqueurs défendaient la position des Témoins de Jêhovah, tandis que les membres des milieux politi ques ne cessaient de les harceler. Le 23 juillet, alors que la contro verse battait son plein, le siège mondial des Témoins de Jéhovah a envoyé une lettre au président du Paraguay. Une décision favorable ayant été rendue dans le cas des en fants d'âge scolaire, la filiale a encouragé les congrégations à uti liser de nouveau leurs Salles du Royaume ouvertement, ce qui obligerait les autorités à adopter une position plus catégorique, qu'elle soit contre les Témoins ou qu'elle leur accorde une plus grande liberté. Le 21 mars 1 986, le coordinateur du Comité de la filiale a été convoqué au quartier général de la police. " Vous réutilisez vos lieux de réunion alors que vous n'en avez pas le droit ", lui a-t-on reproché. À quoi frère Gavilan a répondu : " Permettez moi de vous rappeler que le décret annulant notre reconnais sance officielle a été contesté pour non- conformité à la Consti- Paraguay 241 tution. La Cour suprême est en train d'examiner la question et elle n'a pas encore rendu son verdict. Étant donné que cette ac tion en justice suspend ce décret, d'un point de vue juridique nous sommes en droit d'exercer nos activités tant que la Cour n'a pas rendu sa décision finale. " " Je ne suis pas un homme de loi, a déclaré le fonctionnaire de police, je ne peux donc pas en discuter. Puisque c'est ainsi, apportez-moi une liste de vos lieux de réunion, et nous verrons. " La discussion était terminée. Les renseignements demandés, accompagnés d'un exposé des droits des Témoins, ont été fournis, et les Salles du Royaume n'ont pas été refermées. Toutefois, le 26 février 1 987, le président de la Cour suprême, Luis Maria Argafta, s'est prononcé contre les Témoins de Jéhovah dans le cas des écoliers. Nombreux furent ceux qui, parmi l'élite intellectuelle, ont vu en ce jugement une décision politique, et beaucoup l'ont condamné. �el effet cela a-t-il eu sur l'œuvre des Témoins de Jéhovah ? Ils continuent à prêcher la bonne nouvelle L'œuvre consistant à proclamer le Royaume ne s'est pas arrê tée pendant ces années difficiles. En janvier 1984, la filiale a lancé une campagne pour que des pionniers spéciaux temporaires par courent les territoires isolés. Au cours de la première année, 30 de ces pionniers ont donné le témoignage dans 75 villes. Les au torités municipales de 14 d'entre elles n'ont pas permis aux frères d'y prêcher, mais, dans d'autres endroits, lorsqu'on leur montrait la valeur de cette activité spirituelle, les autorités protégeaient nos frères et, dans certains cas, leur proposaient même de dormir... au poste de police ! Grâce à cette activité, les frères ont pu trouver de nombreuses personnes bien disposées. Après avoir obtenu auprès des pion niers le livre Vous pouvez vivre éternellement sur une terre qui de viendra un paradis, une femme, qui habitait à environ 200 kilo mètres d'Assomption, a écrit à la filiale pour demander une aide 242 Annuaire 1998 supplémentaire. Q!iand un couple de Témoins est arrivé en ré ponse à sa requête, la femme a levé les yeux au ciel et, au bord des larmes, a remercié Jéhovah. Malgré l'opposition de sa famille, elle est devenue un fidèle serviteur de Jéhovah, donnant le témoi gnage à ses voisins et à ses connaissances. Des groupes de proclamateurs et des congrégations ont été formés dans ces territoires auparavant isolés. La campagne de prédication effectuée par des pionniers spéciaux temporaires a été organisée chaque année et elle se poursuit jusqu'à mainte nant, avec de merveilleux résultats. La tension se relâche Les autorités ont appris à mieux connaître les Témoins de Jé hovah. Ceux-ci ont poursuivi leurs efforts pour aider ces hauts fonctionnaires à comprendre exactement quelle était leur œuvre, jusqu'à ce. que la permission orale leur ait été accordée de tenir une assemblée publique, les 21 et 22 mars 1 987, dans leur propre Salle d'assemblées. Q!iel moment de bonheur pour les frères et sœurs ! Les lar mes aux yeux, tous s'étreignaient. Après neuf années de contrain tes, de tension, d'incertitude et de persécution déclarée, c'était la première fois qu'ils pouvaient être ensemble pour célébrer leur culte en toute liberté au Paraguay. Des délégués venus d'Argen tine, du Brésil et de l'Uruguay avaient été invités pour cette oc casion spéciale. Le coup de grâce était porté à l'interdiction. La reconnaissance officielle une nouvelle fois Le Paraguay traversait une époque de changements. La ten sion politique augmentait. Finalement, durant la nuit du 2 fé vrier 1 989, on entendit à Assomption le bruit de l'artillerie lourde. La révolution avait éclaté ! Le lendemain, le gouverne ment militaire d'Alfredo Stroessner prenait fin. Immédiatement, des efforts ont été de nouveau entrepris pour obtenir la reconnaissance officielle. La demande a fini par ..t. Salle du Roya ume de Fernando de la Mora (Norte). <Ili Salle du Royaume de Vista Alegre (Norte), Assomption. être acceptée le 8 août 1991. QI.el jour heureux pour les servi teurs de Jéhovah au Paraguay ! Le 20 juin 1 992, une nouvelle constitution est entrée en vi gueur. Elle comprenait des clauses importantes concernant les droits de l'homme, tels que la liberté de réunion, d'objection de conscience, de religion et d'idéologie et la suppression d'une re ligion d'État. Ces clauses, ainsi que d'autres progrès, ont procuré un soulagement opportun. Ils vont de l'avant Il y avait encore beaucoup à faire dans l'œuvre de prédication de la bonne nouvelle au Paraguay. En 1 979, lorsque l'interdiction Des prédicateurs zélés de plusieurs pays son t venus au Paraguay pour participer à l'œuvre de témoignage : 1) Canada, 2) Autriche, 3) France, 4) Brésil, 5) Corée, 6) É tats- Unis, 7) Belgique, 8) Japon, 9) Allemagne. a été décrétée, il y avait 1 541 proclamateurs dans le pays. L'an née où la reconnaissance officielle a été rétablie, on en comptait 3 7 60. Aujourd'hui, ils sont plus de encore de 1 proclamateur pour 6 200. Mais la proportion est 8 1 7 habitants. Q!le faire pour rencontrer les gens ? Chaque année, des pionniers spéciaux sont envoyés pour prê cher dans des villes où il n'y a pas de congrégation. Mais de la population vit un 49 % à la campagne. En 1987, la filiale a aménagé camion en camping-car pour les pionniers spéciaux. Depuis dix ans maintenant, il est utilisé pour parcourir les territoires ru raux que les congrégations ou les pionniers spéciaux temporaires n'ont pas couverts. De cette manière, les eaux de la vie se répan dent dans les vastes contrées du pays. Un effort particulier a également été fourni pour donner le témoignage aux gens qui vivent au bord des fleuves. Bien sou vent, leur seul contact avec le reste du monde est le bateau. Aussi, en 1 992, la Société a-t-elle construit équipage de quatre pionniers. Grâce pelé à juste titre un bateau pour un à ce bateau, qu'ils ont ap Le Pionnier, ils se sont mis à re chercher méthodiquement les personnes semblables à des brebis le long des rives. " En remontant le fleuve Paraguay, écrit le frère responsable du groupe, nous sommes arrivés à Puerto Fonciere, à 480 ki- 247 Paraguay lomètres d'Assomption, et nous avons commencé à prêcher de maison en maison. Au cours d'une conversation avec une femme âgée, nous lui avons dit que Dieu promettait de détruire toute méchanceté, et qu'en tant que Témoins de Jéhovah nous informions les gens qu'il le ferait par le moyen de son Royaume. Interrompant la discussion, la femme s'est tournée vers sa pe tite-fille et lui a demandé d'appeler son grand-père et de lui dire que ' les siens ' étaient là. Peu après, le grand-père, âgé de plus de 70 ans, s'est présenté. Il était couvert de sueur, car il travail lait sur sa plantation. Il nous a salués chaleureusement et, les yeux remplis de larmes, a remercié Dieu parce que nous étions enfin arrivés. Il a déclaré qu'il attendait notre visite depuis as sez longtemps. Q!lelque peu perplexes, nous lui en avons de mandé la raison. Il a répondu qu'un certain capitaine de l'ar mée venant de l'île de Pefia Hermosa lui avait donné une bible et le livre Choses dans lesquelles il est impossible à Dieu de men tir . Le capitaine avait noté plusieurs textes bibliques, tels que Psaume 37: 10, 1 1 et Psaume 83:18, et lui avait dit qu'un jour les Témoins de Jéhovah viendraient chez lui pour lui expliquer da vantage les desseins de Dieu. Une étude de la Bible a commencé sur-le-champ. " Jusqu'à ce jour, le bateau a permis de prêcher plus de deux fois le long des deux rives du fleuve Paraguay, de la frontière bo livienne au nord à celle de l'Argentine au sud, ce qui représente une distance totale d'environ 1 260 kilomètres. ' ' Des ouvriers zélés prennent part à la moisson Lorsque Jésus a donné ses instructions à ses disciples du 1er siècle, il les a exhortés à ' prier le Maître de la moisson d'en voyer des ouvriers dans sa moisson ' . (Mat. 9 : 3 8 . ) De nos jours, les Témoins de Jéhovah ont pris cette exhortation à cœur, et le Maître a effectivement envoyé de nombreux ouvriers zélés dans le champ pour participer à la moisson spirituelle au Paraguay. 2 48 Annuaire 1998 De 1945 jusqu'à présent, 19 1 missionnaires se sont dépensés dans ce pays. Soixante d'entre eux (dont 22 qui ne sont pas di plômés de Guiléad) y sont depuis au moins dix ans, et aujour d'hui il y en a 84 . Dans les régions de l'est du Paraguay où ils ont concentré leur activité, il y a 61 congrégations prospères. Des filiales voisines ont envoyé des pionniers spéciaux dans ce pays (où il n'y a toujours que 1 Témoin pour 8 17 habitants) pour apporter leur aide dans la prédication. D'autres Témoins sont venus au Paraguay de plusieurs pays, comme l'Allemagne, l'Angleterre, l'Argentine, l'Autriche, la Bolivie, le Brésil, le Ca nada, le Chili, le Danemark, l'Espagne, les États-Unis, la Fin lande, la France, l'Italie, le Luxembourg, la Suède, la Suisse et l'Uruguay. Ils ont utilisé leurs ressources et leurs capacités de bien des manières afin de faire progresser l'œuvre de prédication du Royaume. Certains ont servi dans des territoires urbains ; d'au tres poursuivent leur ministère dans des villages où les conditions de vie sont assez rudimentaires. La plupart sont pionniers. D'au tres encore ont participé à la construction de Salles du Royaume ou des installations de la filiale. Au fil des années, le Paraguay a accueilli des immigrés de di verses origines nationales. Des Allemands, des Polonais, des Rus ses, des Ukrainiens, des Japonais et des Coréens se sont installés dans différentes régions du pays. Eux aussi ont reçu le témoi gnage des missionnaires et d'autres Témoins venus au Paraguay. Mais qu'en est-il des personnes d'expression guarani ? Elles représentent 90 O/o de la population. Selon une enquête récente, 37 O/o des Paraguayens parlent seulement guarani. Les Témoins du pays effectuent la majeure partie de leur activité auprès de ces personnes à l'aide de brochures en guarani, qu'ils apprécient beaucoup. Certains Témoins paraguayens ont passé de nombreuses an nées dans le ministère à plein temps. En 36 ans de service de pionnier spécial, Edulfina de Yinde a aidé 78 personnes à pro- 249 Paraguay gresser jusqu'au baptême. Son mari et elle se réjouissent de cons tater que cinq congrégations prospèrent là où ils ont servi. Ma ria Chavez a aidé beaucoup de personnes, elle aussi, au cours des 39 années passées dans le service de pionnier spécial. Des milliers d'autres, qui ne sont pas pionniers, sont égale ment zélés dans le service de Jéhovah. Nombre d'entre eux par courent de longues distances à pied pour assister aux réunions et pour donner un témoignage complet dans leur territoire rural. Souvent, ils partent de chez eux avant le lever du jour en empor tant une bonne quantité de " soupe paraguayenne " (un aliment sec) ou peut-être des tortillas et des racines de yucca. Vers 7 heu res, ils sont prêts à aller prêcher et continuent jusqu'au coucher du soleil. De retour dans leur foyer, ils sont fatigués mais heureux de s'être dépensés à parler à autrui de Jéhovah et de ses merveil leux desseins. Ceux qui ont soif ' prennent l'eau de la vie gratuitement ' Comme cela a été annoncé dans les Écritures, quicon que l e veut est i nvité à ' pren dre l ' e a u de la vie gratuite ment '. (Rév. 22: 1 7.) Au Paraguay des milliers ont accepté cette invitation. Herenia, élevée dans la religion catholique, croyait avec fer veur aux traditions de l'Église et aux superstitions religieuses. Elle craignait la mort et l'enfer de feu. Elle croyait aux présages et était remplie d'effroi lorsqu'elle voyait ou entendait quelque chose qu'elle prenait pour un mauvais présage. Cette peur l'a sui vie pendant 20 ans. Puis, en 1985, elle a commencé à étudier la Bible avec les Témoins de Jéhovah. Petit à petit, les eaux de la vé rité l'ont rafraîchie et ont stimulé son désir de vivre éternellement dans le Paradis promis dans la Parole de Dieu. En 1 996, Isabel, qui vit à Carapegua, a également goûté l'eau de la vie. Cependant, ce qu'elle a vu dans le livre La connaissance Annuaire 1998 250 qui mène à la vie éternelle ne s'accordant pas avec ses croyances, elle a demandé aux Témoins de ne plus revenir. Mais elle a lu le livre et en a parlé à ses voisins, si bien que, lorsqu'un Témoin s'est présenté de nouveau chez elle, des personnes de quatre foyers différents s'y trouvaient, désirant en apprendre davantage. L'en thousiasme de la plupart s'est refroidi sous l'influence d'un pas teur pentecôtiste, mais un excellent témoignage a été donné, et la première femme à l'avoir reçu ainsi qu'une voisine ont continué de tirer profit des vérités vivifiantes. Qiand on leur a proposé pour la première fois les eaux de la vérité, Dionisio et Ana, comme beaucoup d'autres personnes, vivaient ensemble sans être mariés, et ce depuis 20 ans. En 1986, lorsque Dionisio et sa fille aînée se sont mis à étudier la Bible avec les Témoins de Jéhovah, Ana et ses deux autres filles s'y sont op posées. Ana a ordonné au Témoin de cesser de discuter avec son mari, a menacé de le tuer, a affirmé qu'elle appellerait la police et a consulté une religieuse catholique. Puis elle a porté l'affaire devant le tribunal pour enfants, prétextant que l' étude de la Bible mettait sa fille aînée en danger. Après avoir appris qu'en fait Dio nisio subvenait convenablement aux besoins de sa famille, le juge a recommandé à Ana d'examiner la Bible en compagnie de son mari. Ana a répliqué que son amie la religieuse l'avait prévenue que les Témoins pratiquaient des choses immorales lors de leurs réunions. Le juge, une femme, l'a rassurée en lui disant : " Nous autres, catholiques, nous disons connaître la Bible, mais en réalité nous n'y connaissons rien. Les Témoins de Jéhovah, eux, étudient la Bible. Je vous suggère de l'examiner à votre tour. " Puis elle l'a encouragée à épouser Dionisio. Déconcertée, Ana est retournée voir la religieuse et lui a de mandé d'étudier la Bible avec eux. La religieuse a répondu que ce n'était pas nécessaire. Par ailleurs, elle a déconseillé à Ana de se marier avec Dionisio, alors que dans le passé elle le lui avait souvent préconisé, quand bien même Dionisio ne voulait pas en entendre parler. Peu après, le père d' Ana est tombé gravement i l l 1 1 i � Les logements du Béthel et les bureaux de la filiale du Paraguay, près d'Assomption, et ceux qui y servent. Annuaire 1998 malade. Les Témoins ont apporté un grand sou tien à la famille. Cela a marqué un tournant . dans la vie d'Ana. Elle a commencé à étudier la Bible, et Dionisio et elle se sont mariés. Aujour d'hui, près de dix ans ont pass é . Dionisio est ancien e t toute sa famille sert Jéhovah avec zèle. •i La persévérance et l'amour des Témoins ont touché le cœur de nombreux Paraguayens. Dans la région de San Lorenzo, par exemple, il n'y avait qu'une congrégation en 1 982. Malgré l'in terdiction de l'œuvre, beaucoup de proclama teurs ont entrepris le service de pionnier, en conséquence de quoi le territoire de la congréga tion, dont certaines villes étaient proches de San Lorenzo, a été parcouru régulièrement. Jé hovah a béni leur zèle : il y a actuellement neuf congrégations à cet endroit. Werner et Alice Ap penzeller considèrent l'accroissement qu'ils ont observé au cours de leur ministère dans cette ré gion comme leur plus grande joie en 40 ans de service au Paraguay. L'accroissement ne se poursuit pas seule ment dans une seule région, mais dans tout le pays. En Le Comité de la filiale (de haut en bas) : Charles Miller, Wilhelm Kasten, Isaac Gavilan. 1 996, de nouvelles installations de la fi liale ont été inaugurées à une dizaine de kilomè tres d' Assomption. Aux quatre coins du pays, il y a des Salles du Royaume dans lesquelles des réunions d'instruction biblique sont organisées. Les Témoins de Jéhovah continuent de se ren dre chez les gens et de leur parler dans les rues. Avec zèle, ils lancent à des personnes de tou tes sortes l'invitation à ' prendre l'eau de la vie gratuitement '. jl 1 . Lettre du COLLÈGE CENTRAL Il est bien que les serviteurs de Dieu réfléchissent à ce qui s'est passé durant l'année écoulée, tout en envisageant l'avenir. Et quel avenir merveilleux nous est proposé ! Les membres du pe tit troupeau, oints de l'esprit de Dieu, auront l'honneur de ser vir comme rois et prêtres au ciel avec Jésus Christ (Rév. 20:6). Q!:lant aux autres brebis, dont le nombre dépasse largement les cinq millions, à elles s'offre la vie éternelle dans le Paradis terres tre, dans lequel tous les humains connaîtront et aimeront Jého vah et refléteront ses qualités divines dans leurs relations entre eux (ls. 1 1 :9 ; 1 Jean 4:7, 8 ; Rév. 2 1 :4). Pourquoi Jéhovah a-t-il prévu cela ? En raison de son amour et par faveur imméritée en vers ceux qui exercent la foi dans le sacrifice rédempteur qu'il a fourni par le moyen de son propre Fils, Jésus Christ. -Jean 3: 1 6 . Il n'est donc pas étonnant que Paul ait dit que " les souffran ces de l'époque présente ne pèsent rien en comparaison " de ce que Dieu a placé devant lui. Il a ensuite parlé de l' " attente im patiente " de ceux qui rechercheraient des preuves évidentes que les rois célestes sont entrés en action pour purifier la terre, puri fication qui doit être suivie de la résurrection des morts et du ré tablissement des humains obéissants dans la perfection. Ceux-ci pourront alors jouir de " la liberté glorieuse des enfants de Dieu ". - Rom. 8 : 1 8-2 1 . L e Royaume des cieux est déjà e n fonction, e t nous avons l'honneur de servir ses intérêts sur la terre (Rév. 1 1 : 1 5- 1 7). No tre rôle consiste à dire à nos semblables la bonne nouvelle du Royaume (Mat. 24:14). Dans quelles conditions nos frères se sont ils acquittés de cette tâche au cours de l'année écoulée ? Le genre de conditions qui précisément, selon ce que les Écritures avaient an noncé, devaient marquer les derniers jours de l'actuel système de cho ses méchant. - Luc 2 1 : 10, 1 1 ; 2 Tim. 3: 1-5. Pendant des mois, l'Albanie a été submergée par une vague de violence. Des bandes de terroristes lourdement armés volaient, dé truisaient, violaient et assassinaient. Nos frères n'ont toutefois pas cessé de prêcher la bonne nouvelle. La guerre a balayé de vastes contrées d'Afrique et détruit les ressources vitales de régions d'Amé rique latine et d'Asie du Sud-Est. Bien qu'ayant maintenu une posi tion de stricte neutralité, un certain nombre de nos frères ont subi une mort violente ou sont décédés des suites des maladies qui se répan dent dans le sillage des guerres. Beaucoup ont dû abandonner tous leurs biens et s'enfuir dans la brousse ou dans la forêt, ou bien se ré fugier de l'autre côté de la frontière. En Pologne, en République tchè que, en Italie et aux États-Unis, des inondations catastrophiques ont ravagé des régions entières. Deux Salles du Royaume du Venezuela ont été détruites par un tremblement de terre. Les cendres brûlan tes, la lave et les rochers vomis par un volcan de l'île de Montserrat ont obligé la moitié des habitants de cette île à la fuir. En de nom breux endroits les gens doivent faire face à de graves difficultés éco nomiques, et les agressions dans les rues constituent un danger pour quiconque porte des bijoux, ou même une simple montre. Au milieu de toutes ces difficultés, et malgré l'indifférence géné rale des habitants du monde occidental, les Témoins de Jéhovah con tinuent de prêcher. Comment est-ce possible ? Ils sont soutenus par l'amour de Jéhovah et par leur profond amour pour la communauté internationale des frères, et ils sont tout à fait conscients que tous ces événements annoncent immanquablement la fin prochaine de l'ac tuel système. - Rom. 8:35-39 ; 1 Pierre 4:7, 8. Bien que les conditions de plus en plus mauvaises rendent la vie difficile, nos frères continuent avec courage d'assister aux réunions de la congrégation et aux assemblées. Le .texte pour l'année passée était : " Enseigne-moi à faire ta volonté. " (Ps. 143: 10). Une bonne partie de cet enseignement est donnée aux réunions, et au cours de l'an née passée Jéhovah nous a bien nourris par l'entremise de la classe de l'esclave fidèle. Q!J.and le gouvernement de l' Albanie a décrété l'état ·1 1 l l 1 d'urgence, les frères ont changé les horaires des réunions pour qu'elles aient lieu de jour et ils se sont réunis dans le cadre des études de livre. Le nombre des assistants était deux à trois fois plus élevé que celui des proclamateurs. Malgré l'anarchie, le pillage et les meurtres, nos frères de Sierra Leone se sont réunis régulièrement. Qpand des frères ont dû s'enfuir dans la jungle, comme à Sri Lanka, ou vivre dans des camps de réfugiés, comme en Côte d'Ivoire, des dispositions ont été prises pour qu'ils ne soient privés d'aucune réunion. Les bouleversements étant de plus en plus répandus, ce n'est pas le moment de nous relâcher et de manquer les réunions ou de pen ser qu'il suffit d'aller à la Salle du Royaume une fois par semaine. Les É critures nous exhortent à ne pas abandonner notre assemblée, ' mais à nous encourager mutuellement, et cela d'autant plus que nous voyons approcher lejour '. (Héb. 10:24, 25.) Jéhovah sait de quoi nous avons besoin. Au cours de l'année passée, 375 923 nouveaux disciples se sont fait baptiser pour symboliser l'offrande de leur personne à Jéhovah, ce qui représente un nouveau maximum. Qpelle source de joie ! Les paroles suivantes de Jésus rapportées en Jean 4:35 trouvent toujours leur accomplissement : " Levez les yeux et regardez les champs : ils sont blancs pour la moisson. " Nous continuerons résolument à don ner le témoignage. Peu importe leur nombre, les vies de ceux qui se tournent vers Jéhovah sont précieuses (Luc 1 5:7). Nous remercions profondément Jéhovah de ce que le nombre des assistants au Mémo rial a été supérieur de plus de un million à celui de l'année précédente. Le texte pour 1 998 nous rappelle la nécessité d'aider d'autres mil lions de personnes à répondre à cette invitation : " Tout homme qui invoquera le nom de Jéhovah sera sauvé. " (Rom. 10:13). Nous prions sincèrement pour que durant la nouvelle année de service chacun dans l'organisation de Dieu prenne part à l'œuvre de témoignage, dé montrant ainsi sa profonde reconnaissance pour tout ce que Jéhovah a fait pour son peuple. Qpe tous ceux qui, dans le monde, servent Jéhovah à nos côtés soient assurés de notre profond amour chrétien ! Vos frères, � cuiôud deJ_ � &� 1 j BUREAU PRINCIPAL ET ADRESSE OFFICIELLE DES Watch Tower Bible and Tract Society of Pennsylvania Watchtower Bible and Tract Society of New York, Inc. International Bible Students Association : 25 Columbia Heights, Brooklyn, New York 11201-2483, U.S.A. ADRESSES DANS LES AUTRES PAYS : AFRIQUE DU SUD : Private Bag X2067, Krugersdorp, 1740. ALASKA 99507 : 2552 East 48th Ave., Anchorage. ALBANIE : Kutia Postare 1 1 8 , Tirana. ALLEMAGNE : Niederselters, Am Steinfels, D-65618 Selters. ANGLETERRE : The Ridgeway, Londres NW7 !RN. ANGOLA : Caixa Postal 6877' Luanda. ANTIGUA (PETITES ANTILLES ) : Box 119, St. Johns, Antigua. ARGENTINE : Casilla de Correo 83 (Suc. 27B), 1427 Buenos Aires. AUSTRALIE : Box 280, Ingleburn, N.S.W. 2565. AUTRICHE : Postfach 67, A-1134 Vienne. BAHAMAS : Box N-1247, Nassau, N.P. BARBADE : Fontabelle Rd., Bridgetown. BELGIQUE : ru� d'Argil,e-Potaardestraat 60, B-1950 Kraainem. BELIZE : Box 257, Belize City. BENIN, REP. .DU : 06 B.P. 1131, Akpa.kpa pk 3, Cotonou. BOLIVIE : Casilla n° 1440, La Paz. BRESIL : Caixa Postal 92, 18270-970 Tatui, SP. CAMEROUN : B.P. 889, Douala. CAN;ADA : Box 4100, Halton Hills (Georgetown). Ontario L7G 4Y4. CENTRAFRICAINE, REP. : B.P. 662, Bangui. CHILI : Casilla 267' Puente Alto. CHYPRE : 3 a é D '. J� 0s3�. ��e REP. DE : Box 33 Pyungtaek P.O., Kyunggido, 450-600. COSTA RICA : Apartado 10043, San José. CÔTE D'IVOIRE (AFRIQUE OCCIDENTALE) : 06 :i'!.P. 393, Abidjan 06. CROATIE : p.p. 417, HR-10 001 Zagreb. CURAÇAO (ANTILLES NEERLANDAISES) : P.O. Bqx 4708, Willemstad. DANEMARK : Stenl)usvej 28, DK-4300 Holbœk. DOMINICAINE, REP. : Apartado 1742, Saint-Domingue. EQUATEUR : Casilla 09-01-1334, Guayaquil. ESPAGNE : Apartado J?Ostal 132, 28850 Torrej6n de Ardoz (Madrid). ESTONIE : Postkast \3, EE0090 Tallinn. ETATS-UNIS : 25 Columbia Heights, Brooklyn, NY 11201-2483. ETHIOPIE : P.O. Box 5522, Addis-Abeba. FIDJI : Box 23, Suva. FINLANDE : Postbox 68, FINN-0 1301 Vantaa 30. FRANCE : B.P. 625, F-27406 Louviers Cedex. GHANA : Box 760, Accra. GRÈCE : P.0. Box 112, GR-322 OO Thiva. GUADELOUPE : Monmain, 97180 Sainte-Anne. GUAM 96913 : 143 Jehovah St., Barrigada. GUATEMALA : Apartado postal 711, 01901 Guatemala. GUYANA : 50 Brickdam, Georgetown 16. GUYANE : CD 2, Route du Tigre, 97300 Cayenne. HAÏTI : Post Box 185, Port-au-Prince. HAWAII 96819 : 2055 Kam IV Rd., Honolulu. HONDURAS : Apartado 147, Tegucigalpa. HONG-KONG : 4 Kent Road, Kowloon Tong. HONGRIE : Cserkùt u. 13, H-1162 Budapest. INDE : Post Bag 10, Lonavla, Pune Dis., Mah. 410 401. IRLANDE : Newcastle, Greystones, Co. Wicklow. ISLANDE : P.O. Box 8496, IS-128 Reykjavik. ISRAËL : P.O. Box 961, 61-009 Tel-Aviv. ITALIE : Via della Bufalotta 1281, I-00138 Rome RM. JAMAÏQUE : Box 103, Old Harbour P.O., St. Catherine. JAPON : 1271 Nakashinden, Ebina City, Kanagawa Pref. , 243-0496. KENYA : Box 47788, Nairobi. LIBERIA : P.0. Box 10-0380, 1000 Monrovia 10. LUXEMBOURG : B.P. 2186, L-1021 Luxembourg, G. D. MACÉDOINE, RÉP. DE : P.f. 800, 91000 Skopje. MADAGASCAR : B.P. 5ll, Antananarivo 101. MALAISIE : Peti Surat n° 580, 75760 Melaka. MALAWI : Box 30749, Lilongwe 3. MARTINIQUE : Cours Campêche, Morne Tartenson, 97200 Fort-de-France. MAURICE : Rue Baissac, Petit Verger, Po,inte aux Sables. MEXIQUE : Apartado Postal 896, 06002 Mexico, D.F. MOLDAVIE, REP. DE : Casuta po§talà 3263, MD-2044 Chi§inàu. MOZAMBIQUE : Caixa Postal 2600, Maputo. MYANMAR : P.0. Box 62, Yangon. NICARAGUA : Apartado 3587, Managua. NIGERIA : P.M.B. 1090, Bep.in City, Edo State. NORVÈGE : Gaupeveien 24, N-�914 Ytre Enebakk. NOUVELLE-CALEDONIE : B.P. 1741, 98810 Mont Dore. NOUVELLE-ZELANDE : P.0. Box 142, Manurewa. PAKISTAN : P.O. Box 5214, Mode! Town, Lahore 54\00. PANAMA : Apartado 6-2671, Zona SA, El Dorado. PAPOUASIE-NOUVELLE-GUINEE : Box 636, Boroko, NCD I l l . PARAGUAY : Casilla de Correo 482, 1209 Asunci6n. PAYS-BAS : Noordbargerstra,at 77, NL-7812 AA Emmen. PÉROU : Apartado 18-1055, Lima 18. PHILIPPINES, REP. DES : P.O. Box 2044, 1060 Manille. POLOGNE : Skr. Poczt. 13, PL-05-830 Nadarzyn. PORTO RICO 00970 : P.O. Box 3980, Guaynabo. PORTUGAL : Apartado 91, P-2766 Estoril Codex. ROUMANIE : Câsuta po§talâ nr. 38, P.T.T.R. Bucarest 4. RUSSIE : Srednyaya 6, Solnechnoye, 189649 Saint-Pétersbourg. SALOMON, ÏLES : P.O. Box 166, Honiara. SALVADOR : Apartado Postal 401, San Salvador. SAMOA : P.O. Box 673, Apia. SÉNÉGAL : B.P. 3107, Dakar. SIEBRA LEONE (AFRIQUE OCCIDENTALE) : P.O. Box 136, Freetown. SLOVAQUIE : P.O. Box 17, 810 OO Bratislava ). SLOVÉNIE : Poljanska cesta 77A, p.p. 2019, SI-1001 Ljubljana. SRI LANKA, REP. DE : 7ll Station Road, Wattala ll300. SUÈDE : Box 5, SE-732 21 Arboga. SUISSE : B.P. 225, CH-3602 Th_oune. SURINAME : P.O. Box 2914, Paramaribo. TAHITI : B.P. 7715, 98719 Taravao. TAIWAN : n° 3-12, IO Lin, Shetze, Hsinwu, Taoyuan, 327. TCHÈQUE, RÉP. : P.0. Box 90, 198 OO Prague 9. THAÏLANDE : 69/J Soi Phasuk, Sl.\khumwit Rd., Soi 2, Bangkok lOllO. TOGO : B.P. 4460, Lomé. TRINITE-ET-TOBAGO, REP. DE : Lower Rapsey Street & Laxm1 Lane, curepe. UKRAINE : P.O. Box 246, 290000 Lviv. URUGUAY : Francisco Bauzà 3372, Casilla de Correo 16006, 11600 Montevideo. VENEZUELA : Apartado 20.364, Caracas, DF 1020A. YOUGOSLAVIE : p. fah 173, YU-ll080 Beograd. ZAMBIE : Box 33459, Lusaka 10101. ZIMBABWE : P. Bag A-6ll3, Avondale. �q��J�� � ����OJ:.�EIJJ>J'��� t' �� ����; ���