1998 - Annuaire (yb98)

Transcription

1998 - Annuaire (yb98)
1998
ANNUAIRE
DES TÉMOINS
DE JÉHOVAH
1998
ANNUAIRE
DES TÉMOINS
DE JÉHOVAH
C ONTENANT LE R A PPORT
POUR L'ANNÉE DE SERVICE 1997
Les adresses des filiales sont indiquées à la dernière page
Éditeurs:
WATCHTOW ER BIBLE AND TRACT SOCIETY
OF NEW YORK, INC.
IN TERNATIONAL BIBLE STU DENTS ASSOCIATI ON
25 Columbia Hcights
Brooklyn, NY 11201-2483, U.S.A.
Made in the United States of America
Imprimé aux États-Unis d'Amérique
---=-
-=======
=-i
-
"TOUT HOMME QUI INVOQUERA
LE NOM DE JÉHOVAH SERA SAUVÉ"
Ce texte consigné en Romains 10:13 renferme une espérance
pour des hommes de toutes sortes. Il emporte aussi une idée
d'urgence. C'est notre texte, tout àfait approprié, pour 1998.
TABLE DES MATIÈRES
------
•
· ------
Points m arquants des rapports en provenance
du monde entier
................................................................
3
•
Rapport mondial pour l'année de service 1997 .............. 31
•
Actes des Témoins de Jéhovah dans les temps modernes :
Japon
.................................................................................
67
Martinique ...................................................................... 163
P araguay .......................................................................... 2 1 1
•
Lettre d u Collège central .
.
.................................. ..............
1998 Yearbook ofjehovah's Witnesses
French (yb98-F)
© 1998
Watch Tower Bible and Tract Society of Pennsylvania
Tous droits réservés
------ · ------
253
ANNUAIRE 1998
DES TÉMOINS DE JÉHOVAH
RAPPORT
'EST sur
ton pressant que le prophète Yoël a annoncé la
C venue du jour de Jéhovah. Il a également indiqué comment
y survivre : " Il arrivera que tout homme qui invoquera le nom de
un
Jéhovah s'en tirera sain et sauf." - Yoël 1:15;
Jérusalem a connu
jour de Jéhovah en
2:1, 28-32.
607 avant notre
ère,
lorsque Jéhovah a exécuté son jugement sur elle. Des années plus
un
tôt, il avait averti les habitants de Juda et de Jérusalem qu'ils étaient
gravement coupables d'irrespect envers lui. Oh! bien sûr, ils con­
naissaient son nom et l'utilisaient, mais ils ne recherchaient pas sin­
cèrement Sa direction. Ils n'étaient pas persuadés que Jéhovah leur
demanderait des comptes (Neh.
9:26 ; Tseph. 1:4-6, 12).
Ils consi­
déraient qu'il serait ridicule d'appeler vers Jéhovah au jour de la dé­
tresse, et Jéhovah, lui, faisait savoir qu'il ne les écouterait pas (Jér.
11:10, 11). Cependant, lorsque Jérusalem fut détruite, les amis de la
justice comme Jérémie, Barouk, Ébed-Mélek et les fils de Yonadab
furent épargnés parce qu'ils cherchaient sincèrement
est droit et agréable aux yeux de Dieu.
à faire ce qui
Au rer siècle, l'apôtre Pierre a expliqué que la prophétie de Yoël
était en cours d'accomplissement. Sous l'inspiration de l'esprit
saint, il a montré que les événements qui se produisaient le jour de
la Pentecôte de l'an 33 réalisaient les paroles de Yoël relatives
à l'ef­
fusion de l'esprit de Dieu avant la venue du jour de Jéhovah. Ce
jour de Jéhovah est venu en l'an
lem (Actes
2:16-21).
70, avec la destruction de Jérusa­
14 années auparavant, l'apôtre
Or, environ
3
Paul, dans une lettre adressée aux chrétiens
de Rome, avait citéYoël 2:32 (Rom. 10:13).
Dans quel but ? Celui de souligner l'impar­
tialité de Dieu envers les Juifs et les Grecs.
Comme l'avait écrit le prophète, le salut
s'offrait à " tout homme qui [invoquerait] le
nom de Jéhovah". Mais pourquoi les chré­
tiens de Rome avaient-ils besoin de recevoir
des avertissements concernant la destruction d'une ville si éloignée ?
C'était afin qu'ils se tienL'apôtre Paul a
cité la prophétie
de Yoël
nent à l'écart de la zone dangereuse. Tous ceux qui se sont rendus à
Jérusalem en 70 à l'occasion de la Pâque juive se sont trouvés pris au
piège quand le malheur s'est abattu sur la ville. Pour leur part, ceux
qui avaient tenu compte de la parole de Dieu transmise par son Fils
s'étaient enfuis de la ville condamnée environ quatre ans avant ces
événements. - Luc
Nous sommes
21:20-22.
à la veille d'un jour de Jéhovah d'une ampleur
encore plus importante. L'exécution du jugement de Jéhovah tou­
chera tous les endroits de la terre. Cependant, le salut est possi­
ble pour quiconque - quelle que soit sa nationalité, sa race ou sa
langue - invoque le nom de Jéhovah avec une confiance totale et
exerce la foi dans le sacrifice propitiatoire de son Fils, Jésus Christ
(Rév.
7:9, 10).
Notons tout;fois cette série de questions posées en
Romains 10:14 : "Comment invoqueront-ils celui en qui ils n'ont
pas foi ? Et comment auront-ils foi en celui dont ils n'ont pas en­
tendu parler ? " Les Témoins de Jéhovah savent qu'il est primordial
de donner
à tous la possibilité d'entendre.
Durant l'année de service écoulée, de septembre
1997, les Témoins de Jéhovah
1996 à
août
ont rendu un témoignage puissant
à
Jéhovah, à son Fils et au Royaume messianique. Ils ont effectué leur
œuvre de témoignage public dans
232 pays, groupes d'îles et terri­
toires. Le rapport de l'année montre qu'ils ont consacré plus de un
milliard d'heures à cette activité, pour être précis 1 179 735 841 heu­
res. Ils ont dirigé en moyenne
nombre record de
375923
4552589
études bibliques, et un
personnes se sont fait baptiser pour
symboliser l'offrande de leur personne
à Jéhovah.
6
Annuaire 1998
Ce témoignage mondial est particulièrement impressionnant
quand on considère par qui il est réalisé. Les Témoins de Jéhovah
viennent de toutes les nations, de toutes les races, de centaines de
groupes linguistiques. Beaucoup doivent compter avec les mêmes
graves difficultés financières que les gens de leur entourage. Des
milliers vivent dans des pays déchirés par la guerre. Nombre d'en­
tre eux témoignent fidèlement en dépit de graves ennuis de santé.
Malgré les événements traumatisants qui se sont déroulés dans leur
pays, les Témoins de Jéhovah du Rwanda, pionniers non compris,
consacrent en moyenne plus de
20
heures par mois au ministère.
Pendant la période de troubles qui a secoué l'Albanie, les procla­
mateurs ont fait en sorte de prêcher pendant les heures relative­
ment tranquilles du petit matin, avant la reprise des tirs.
À l'échelle mondiale, chaque mois 5 353 078 proclamateurs en
5 599 931 à
à un autre de l'année, ce
moyenne ont prêché le Royaume. En tout, ils ont été
participer à cette activité à un moment ou
qui constitue un nouveau chiffre de pointe. Ce nombre inclut une
grande armée de pionniers, dont la moyenne -
706 270 par mois
- est également sans précédent. Comment expliquer cet excellent
résultat?
Une invitation spéciale
reçoit une réponse enthousiaste
Au début de
1997, un appel a été lancé: "Recherchons [...]
Le ministère du Royaume a donné des sug­
pionniers auxiliaires.
"
gestions pratiques sur la manière d'organiser son temps en vue d'at­
teindre cet objectif. Les proclamateurs ont été vivement encouragés
à être pionniers un ou plusieurs mois de mars à mai. Chaque filiale
s'est fixé un objectif: 100 000 pour les États-Unis, 20000 pour les
Philippines, 10 000 pour la République de Corée, 2 000 pour la Nou­
velle-Ze1ande, 350 pour le Liberia, pour ne citer que ces exemples.
Les résultats ont apporté la preuve éclatante que, vraiment,
comme l'annonçait Psaume
110:3,
frent volontairement '. En mars, la
les serviteurs de Jéhovah' s'of­
Guadeloupe a dépassé
son ob-
7
Rapport mondial
43 % et l'Équateur de 73 %. Avec
4 173 pionniers, Porto Rico a plus que doublé le nombre prévu.
En Ukraine, où l'on avait demandé 5 000 pionniers auxiliaires, les
conditions économiques difficiles n'ont pas empêché 10365 pro­
clamateurs de répondre à l'appel. Aux États-Unis, pour les trois
mois de la campagne on a enregistré un total de 251 880 pionniers
auxiliaires, ce qui représente un accroissement de 130 % par rap­
jectif de pionniers auxiliaires de
port à l'année dernière.
La participation à cette campagne spéciale a exigé b eaucoup
d'efforts supplémentaires. Q!lels en ont été les résultats? Le bureau
du Liberia a fait le rapport suivant : " On a vraiment commencé à
enregistrer des progrès dans la prédication à partir de la campagne
spéciale de mars. Dans ce pays déchiré par la guerre, où certains de
nos frères et sœurs ont, par trois fois, perdu la totalité de leurs biens,
être pionnier auxiliaire représente un grand sacrifice. La plupart ont
pour principale préoccupation de permettre à leur famille de faire
un repas par jour, parfois constitué d'un simple bol de riz ou de
bulgur à l'huile de palme. Il semblait bien improbable d'atteindre
l'objectif de 350 pionniers auxiliaires, chiffie correspondant à 25 %
du nombre moyen de proclamateurs de l'année précédente. Mais
nos frères ont mis leur confiance en Jéhovah, et en mars ils étaient
496 à être pionniers,
chiffre exceptionnel qui constitue un nouveau
record. Si on lui ajoute les
150 pionniers permanents et les 29 pion­
42 % des proclamateurs qui partici­
niers spéciaux du pays, ce sont
paient à une forme ou à une autre du service de pionnier en mars !
Q!l'en a-t-il été des endroits où le territoire est déjà parcouru cha­
que semaine, voire encore plus souvent? En
Colombie,
dans une
commune située près des locaux de la filiale, un homme a dit à un
pionnier:" C'est incroyable ! Ils m'ont abordé alors que j'allais pren­
dre le bus à Faca.Je les ai rencontrés toute la journée
partout. Il est
8
-
dans le bus,
heures du soir, et vous y êtes encore." Po{u-quoi ?
Parce que les Témoins de Jéhovah veulent aider leurs semblables à
trouver le chemin de la vie. Ils veulent aussi être purs du sang de ceux
qui rejettent cette possibilité. -Ézék.
3:19; Actes 20:26, 27.
8
Annuaire 1998
Mars était également le mois du Mémorial de la mort de
Christ. Y avait-il plus belle façon de manifester notre reconnais­
sance pour ce que représente cet événement que d'avoir une parti­
cipation accrue à l'œuvre que le Fils de Dieu a confiée à ses disci­
ples? - Mat. 28:19, 20; Actes 1:8.
"Continuez à faire ceci"
La mort et la résurrection de Jésus Christ ont une influence dé­
terminante sur la vie de tout vrai chrétien. L'apôtre Paul a écrit :
"L'amour que le Christ a nous oblige [...]; et il est mort pour tous
afin que ceux qui vivent ne vivent plus pour eux-mêmes, mais pour
celui qui est mort pour eux et a été relevé." (2 Cor. 5:14, 15). Le
dernier jour de sa vie humaine, Jésus Christ a institué un mémo­
rial de sa mort : chaque année, ses disciples oints d'esprit devraient
commémorer sa mort sacrificielle. C'est ce qu'ils ont fait le 23 mars
1997, obéissant ainsi au commandement de Jésus (1 Cor. 11:25).
Des millions d'autres se sont assemblés avec eux en qualité d'obser­
vateurs. L'assistance mondiale a été de 14322226 personnes, chif­
fre supérieur de plus de un million à celui de 1996. �elle preuve
magnifique de la faveur et de la bénédiction de Jéhovah !
En de nombreux endroits, c'est avec un grand enthousiasme
que lesTémoins de Jéhovah ont invité les gens à se joindre à eux lors
du Mémorial. Au Togo, les 19 proclamateurs du village de Game
Seva ont eu la joie d'accueillir 820 personnes. Les 209 proclama­
teurs de la congrégation d'Aksu, au Kazakhstan, ont enregistré une
assistance de 1 080 personnes. À Ekpe, au Bénin, les 56 proclama­
teurs ont dû être très agréablement surpris de voir 1 351 personnes
assister à l'événement. Au Liberia, à Gbapa, un groupe de quatre
proclamateurs ont rendu visite plusieurs fois dans le mois aux gens
du village pour leur rappeler l'importance du Mémorial. Résultat :
une assistance de 193 personnes.
Ils ont appliqué la connaissance qui mène à la vie
L'œuvre consistant à faire des disciples est un aspect fonda­
mental du ministère chrétien. Avant de retourner au ciel, Jésus a
9
Rapport mondial
commandé à ceux qui le suivaient de ' faire des disciples de gens
d'entre toutes les nations, les baptisant, les enseignant '. (Mat.
28:19, 20.) C'est la raison pour laquelle les Témoins de Jéhovah du
monde entier proposent un programme d'enseignement biblique
individuel et gratuit. Au cours de l'année écoulée, ils ont dirigé cha­
que mois en moyenne
4 552 589 de ces études de la Bible.
Parmi ceux qui ont commencé à étudier, certains recherchaient
la vérité. Au Liban, un homme a trouvé des numéros de La Tour
de Garde et de Réveillez-vous ! dans une poubelle. En les lisant, il
a noté qu'on y proposait une étude gratuite de la Bible à domicile.
Aussitôt, il s'est mis à la recherche des Témoins de Jéhovah.
D'autres ne pensaient pas être intéressés par le message. À Wi­
nuatu, dans le sud-ouest du Pacifique, le chef d'un village et sa
femme apprenaient la vérité biblique. Leur fils était furieux qu'ils
aient quitté l'Église presbytérienne pour fréquenter les Témoins de
Jéhovah. Mais un jour, un pionnier a réussi à discuter avec lui et
s'est proposé de lui montrer comment se passe une étude biblique,
" juste pour voir ". Ils se sont servis de la brochure Ce que Dieu at­
tend de nous . Quand ils ont eu couvert une leçon, le jeune homme
a voulu en étudier une deuxième, puis une troisième. Bientôt il étu­
diait deux fois par semaine et assistait aux réunions.
Une fois qu'ils ont goûté à l'étude, certains en redemandent à
raison de plusieurs fois par semaine. Ce fut le cas de Lars, au Da­
nemark, qui se disait athée. La lecture du livre La vie : comment
est-elle apparue? Évolution ou création? l'a rapidement convaincu
de l'existence de Dieu. Il a alors voulu absolument en apprendre
davantage, à tel point qu'il n'a pas tardé à étudier trois fois par se­
maine le livre La connaissance qui mène à la vie éternelle. liois frè­
res dirigeaient l'étude à tour de rôle.
Il n'est évidemment pas suffisant d'avoir la connaissance seule.
Il faut également faire la volonté de Dieu, ce qui exige parfois des
changements profonds. En Indonésie, un jeune homme avait une
conduite si abominable que ses parents, de croyance confucéenne,
l'avaient livré aux autorités, le considérant irréformable. Mais
10
Annuaire 1998
quand il a eu la possibilité d'assister aux réunions desTémoins de Jé­
hovah, il a été tellement frappé par la sincérité des personnes pré­
sentes et par l'amour qu'on lui témoignait qu'il a voulu connaître
Jéhovah. Après seulement deux mois d'étude, il a apporté de
grands changements dans sa vie, cessant de fumer et de se droguer.
Peu après, il devenait proclamateur, se faisait baptiser et entrepre­
nait le service de pionnier auxiliaire, puis permanent, tout cela en
15 mois!
Réellement, comme l'annonçait Révélation 7:9 , 10, "une
grande foule" sort actuellement de toutes nations, et tribus, et peu­
ples, et langues pour servir Jéhovah.
Des proclamateurs pleins de ressources
Pour accomplir son ministère, Jésus Christ allait trouver les
gens là où ils étaient. En plus de leur rendre visite chez eux, il a
donné le témoignage en un endroit où des pécheurs lavaient leurs
filets, au puits d'un village ou encore dans le temple de Jérusa­
lem (Mat. 13:1, 2; 26:55; Luc 5:1-3; Jean 4:5-26). L'apôtre Paul
aussi prêchait en public et allait "de maison en maison" parce que
c'était le meilleur moyen de n'oublier personne (Actes 20:20). Imi­
tant ces modèles, lesTémoins de Jéhovah vont là où sont les gens.
Le téléphone est utilisé plus que jamais. Cela permet d'avoir
contact régulier avec les habitants de résidences très surveil­
lées, d'immeubles à l'entrée inaccessible ou de lotissements en ac­
cès privé. On se sert également du téléphone pour toucher les ha­
bitants de centaines d'îlots coralliens qui composent les Bahamas.
La distance et le coût du déplacement ont toujours constitué un
énorme obstacle. Mais, désormais, le téléphone permet de faire des
"visites" régulières.
Un proclamateur de la République dominicaine prend plaisir
à donner le témoignage à l'aéroport. "L'aéroport est un territoire
particulier, dit-il. Sans même posséder de passeport, je peux parler
à des gens de toutes sortes de nationalités. Je présente des articles at­
trayants que les voyageurs peuvent lire dans l'avion. J'aborde aussi
un
11
Rapport mondial
les gens qui amènent des passagers à l'aéroport ou qui attendent des
arrivants. Je laisse une trentaine de périodiques par heure. Main­
tenant, les employés de l'aéroport me guettent pour avoir les der­
niers numéros. J'ai même commencé une étude biblique avec l'un
d'eux." Cette année, les Témoins dominicains avaient un stand au
Salon national du livre. Les excellentes conversations qu'ils ont eues
à l'occasion de cet important événement culturel du pays ont dé­
bouché sur plusieurs études bibliques.
À Taiwan, les anciens d'une congrégation ont pris des dispo­
sitions pour que des frères et sœurs qualifiés visitent les grands hô­
pitaux de leur territoire. Deux sœurs se sont rendues dans un ser­
vice de dialyse. Leur but était de témoigner de l'amitié aux malades
qui sont retenus là plusieurs heures. Ont-elles obtenu de bons résul­
tats? L'une des sœurs a présenté son mari à un homme qui avait
montré de l'intérêt pour le message. Une étude a été commencée et
s'est poursuivie chaque semaine à l'hôpital. L'homme n'a pas tardé
à assister régulièrement aux réunions de la congrégation.
En Australie, des Témoins ont préparé un lot de publications à
l'intention des entrepreneurs de pompes funèbres. Il contenait les
brochures Q.yand la mort frappe un être aimé... et Dieu se soucie­
t-il vraiment de nous ? ainsi que des tracts particulièrement adaptés
aux personnes endeuillées. Cette initiative a reçu un bon accueil.
Les frères retournent voir périodiquement ces entrepreneurs pour
renouveler leur stock de brochures et de tracts.
Beaucoup de pays emegistrent un accroissement important de
leur population carcérale. Là où c'est possible, les Témoins de Jé­
hovah prêchent dans les prisons. Il y a une quinzaine d'années, au
Brésil, les Témoins de Sào Paulo ont commencé à visiter un cen­
tre pénitentiaire qui abrite une maison de détention où se trouvent
quelque
6 000 prisonniers.
Actuellement, ils y dirigent
45 études bi­
bliques. Neuf détenus sont devenus proclamateurs après avoir ap­
pris la vérité en prison. Après leur baptême, ils ont entrepris le ser­
vice de pionnier auxiliaire. Certains des détenus dirigent chaque
semaine des études bibliques avec des membres de leur famille, et
12
Annuaire 1998
l'un d'eux apprend à lire et à écrire à une trentaine de codétenus.
Les responsables de l'établissement sont enchantés du travail qui est
accompli parmi les prisonniers.
En Afrique
du Sud, deux Témoins ont rendu visite aux magis­
trats, avocats et greffiers des palais de justice. Ils ont rencontré
une femme officier de l'état civi l qui leur a demandé pourquoi
ils
n'étaient pas venus plus tôt. Et d'expliquer qu'elle avait déjà ma­
rié plus de 20 personnes ce matin-là. Elle a accepté le livre Le secret
du bonheurfamilial, ce qu'ont fait également les trois couples qui
étaient assis dans son bureau. Désormais, les frères viennent trois
fois par semaine et prononcent une allocution de cinq minutes de­
vant un auditoire de
60 à 1OO personnes. Ils exposent la pensée de
Jéhovah sur le mariage et mentionnent le fait que, tous les vendre­
100 divorces sont pro­
ils proposent le livre Bonheurfamilial pour aider les
dis, dans ce même palais de justice, plus de
noncés. Puis
couples présents à réussir leur union.
Aux
Philippines, un Béthélite se rendait à une assemblée spé­
ciale d'un jour en autocar. Beaucoup de compagnies de transport
diffusent des films vidéo pendant le voyage pour occuper leurs
passagers. En l'occurrence, le frère a demandé au chauffeur l'auto­
risation de passer une cassette qu'il avait avec lui. C'est ainsi que les
70 passagers ont pu voir le film Les Témoins deJéhovah : un nom,
une organisation. Vraiment, il y a quantité de façons de faire enten­
dre la bonne nouvelle aux gens
!
La joie de prêcher en " territoire vierge "
À l'exemple de
l'apôtre Paul qui prenait plaisir à prêcher dans
des régions qui n'avaient encore jamais reçu le témoignage, des Té­
moins de Jéhovah de notre époque se rendent disponibles pour
évangéliser des ' territoires vierges ' ou des secteurs visités très irré­
gulièrement. - Rom.
15:23.
En matière de prédication de la bonne nouvelle, de vastes ré­
gions rurales de Moldova, en Europe de l'Est, sont pour ainsi dire
vierges. Pourtant, quand on leur accorde de l'attention, certaines se
13
Rapport mondial
révèlent très fertiles. Ainsi, en janvier
1997, les proclamateurs d'une
congrégation de T ighina sont allés prêcher dans deux villages. Ils
ont rapidement commencé des études, et
13
habitants de ces villa ­
ges se sont fait baptiser l'été suivant à l'assemblée de district. Voilà
vraiment de quoi se réjouir
!
Au Pérou, une pionnière de Lima souhaitait prêcher dans une
région isolée pour étendre son service. Elle a voyagé
15
heures en
autocar pour se rendre dans sa ville d'origine située dans le dis­
trict d'Andamarca. Sur les
7 000 habitants de l'endroit, il n'y avait
aucun Témoin de Jéhovah.
À sa grande surprise, elle a rapide­
ment trouvé un travail. Sa compagne de service est venue la re­
joindre. Toutes deux se sont rendu compte qu'il leur était étonnam­
ment facile de donner le témoignage aux médecins, aux ingénieurs,
aux architectes et autres membres de professions libérales. Cer­
tains étaient véritablement affamés sur le plan spirituel. En l'espace
de deux mois, trois des cinq réunions prévues pour les congréga­
tions ont commencé à se tenir régulièrement avec une assistance de
15
personnes. Soixante-six personnes étaient présentes au Mémo­
rial.
En
Guyana, un couple de pionniers qui voulait servir là où il
y avait du besoin a obtenu d'excellents résultats avant même d'être
à pied d'œuvre. S'étant arrêtés dans un village pour la nuit, ils ont
prêché à quelques-uns de ses habitants. Le lendemain matin, alors
qu'ils s'apprêtaient à reprendre la route, une jeune fille est venue
à leur tente pour leur dire que sa mère désirait leur parler. Q!relle
surprise quand ils ont appris que cette femme lisait les publications
des Témoins de Jéhovah depuis
14 ans ! C'est sa sœur qui les lui en­
voyait des États-Unis. Ces publications avaient exercé une telle in­
fluence sur les membres de cette famille qu'ils avaient quitté l'Église
catholique, s'attirant les foudres du reste du village. Une réunion
a été programmée pour le dimanche suivant, à laquelle ont as­
sisté
47 personnes, dont 23 membres
de cette famille. On a égale­
ment pris des dispositions pour que le Mémorial soit célébré en ce
lieu, et
66
personnes y sont venues. On voit quelles bénédictions
14
Annuaire 1998
abondantes reçoivent ceux qui répondent
Macédoine pour aider '! - Actes 16:9.
à
l'appel de 'passer en
Les jeunes " louent le nom de Jéhovah "
est encourageant de constater que beaucoup de jeunes ser­
vent Jéhovah avec zèle. Psaume 148:7-13 lance cette invitation :
"Louez Jéhovah depuis la terre, [...] jeunes gens et vous aussi, vier­
ges, vieillards avec les garçons. �'ils louent le nom de Jéhovah, car
son nom seul est à une hauteur inaccessible. Sa dignité est au-dessus
de la terre et du ciel. " Ceux qui acceptent cette invitation bienveil­
lante se comptent par milliers. �e ce soit oralement ou par leur
conduite chrétienne, ils saisissent les occasions qui s'offrent à eux de
donner un beau témoignage.
Une étude statistique a révélé que 12 O/o des plus de 50000 pro­
clamateurs du Ghana ont entre 6 et 20 ans. La filiale d'Argentine
a signalé que la moitié des 3 441 personnes baptisées lors de la der­
nière série d'assemblées étaient des jeunes de 12 ans et plus. La plu­
part d'entre eux vont encore à l'école, ce qui leur donne accès à un
territoire particulier, généralement hors d'atteinte des autres procla­
mateurs, un territoire qui se révèle souvent productif.
Daniel a six ans. Proclamateur non baptisé au Ghana, il dirige
dix études bibliques, essentiellement avec des camarades d'école.
L'un d'eux, âgé de 19 ans, a assisté au Mémorial en mars dernier.
Un jour où son maître, en classe, avait dit quelque chose d'erroné
sur l'origine de la vie animale, Daniel a saisi l'occasion. Pendant la
récréation, il est allé le trouver et lui a dit poliment qu'il avait une
publication susceptible de lui apporter d'autres renseignements sur
l'objet du cours. Après avoir lu une brochure, l'enseignant a écrit
au père de Daniel et, actuellement, il progresse dans la connaissance
qui mène à la vie éternelle.
Même les jeunes enfants qui ne vont pas encore à l'école peu­
vent, s'ils sont enseignés par des parents qui craignent Dieu, donner
un témoignage qui porte du fruit. En Russie, quand une femme
et sa petite fille de cinq ans prennent le métro, c'est souvent l'enIl
15
Rapport mondial
fant qui entame les conversations. S'il y a quelqu'un assis près d'el­
les, elle demande : " Pardon Madame, est-ce que vous savez que le
nom de Dieu est Jéhovah ? " Comme la réponse est généralement :
" Non ", la fillette se tourne alors vers sa mère et lui dit : " Maman,
explique-lui s'il te plaît. "
Parmi nos jeunes Témoins, il s'en trouve de particulièrement
courageux et zélés. En Islande, Bjarki, dix ans, a souvent prêché à
ses camarades de classe. Il y a quelque temps, ils ont prétendu qu'il
n'était pas chrétien parce que, selon eux,' il croit en Jéhovah, et pas
en Dieu '. Ils ont rejeté les explications qu'il a essayé de leur don­
ner. En rentrant de l'école, Bjarki a demandé à l'un des garçons de
passer chez lui parce qu'il avait quelque chose à lui montrer. Là, il
a ouvert sa bible en islandais à Genèse
2:5,
où le nom de Dieu
fi­
gure dans une note, et il s'est servi de la Traduction du monde nou­
veau
en anglais pour convaincre son ami que le nom de Dieu est
bien Jéhovah. Puis, il lui a dit : " Maintenant que tu as
vu
par toi­
même dans la Bible que Jéhovah est le nom de Dieu, si ceux de
l'école disent que Jéhovah n'est pas le nom de Dieu, tu pourras leur
dire qu'ils se trompent parce que toi tu l'as vu dans la Bible. " Ainsi,
en plus d'avoir appris un aspect de la vérité à son ami, Bjarki lui a
montré comment prêcher.
Parfois, il est possible de donner le témoignage avec tact direc­
tement en classe. Au
Liban,
un jeune frère a présenté devant sa
classe un exposé sur les Témoins de Jéhovah qu'il a accompagné de
la projection de la vidéocassette Les Témoins dejlhovah : un nom,
une organisation. Au Portugal, une jeune proclamatrice qui devait
faire une rédaction sur ses activités pendant les vacances de " Pâ­
ques " a mentionné le fait qu'elle avait assisté au Mémorial. Cela a
suscité l'intérêt de son professeur qui s'est mis à étudier la Bible et
qui est aujourd'hui proclamateur non baptisé.
Le zèle incite de nombreux jeunes à entreprendre le service de
pionnier auxiliaire, et parfois de pionnier permanent. C'est le cas
de Marie Rose, au Rwanda. Tout en poursuivant ses études secon­
daires, elle travaille dur pour aider sa mère âgée, mais elle est aussi
16
Annuaire 1998
pionnière permanente et dirige 15 études bibliques. Glory, du Ca­
meroun, était pionnière auxiliaire tout en continuant d'aller à
l'école, bien qu'aucun de ses proches ne fût Témoin de Jéhovah.
Aujourd'hui, elle est pionnière permanente, et trois autres membres
de sa famille sont baptisés. Elle tire cette conclusion : " Être pion­
nière pendant ma scolarité a été la meilleure des protections contre
la drogue, l'immoralité et la violence si présentes dans les écoles de
nos jours."
Une école pour les pionniers
Ceux qui sont pionniers permanents depuis au moins un an se
voient proposer une formation spéciale. C'est en novembre 1977,
aux États-Unis, qu'ont été lancées les premières invitations à
l'École pour les pionniers. Depuis, rien que dans ce pays, plus de
195 000
pionniers ont bénéficié de ce cours, dont 10345 pendant
l'année de service écoulée. Des centaines de milliers de Témoins
dans le monde ont reçu cette formation.
Qliel est le but de cette école ? Les cours sont destinés à aider
les pionniers 1) à marcher avecJéhovah en imitantJésus Christ, 2) à
faire abonder leur amour pour toute la communauté des frères, et
3) à
améliorer leurs capacités de prédicateurs et d'enseignants,
afin
de briller plus intensément " comme des foyers de lumière dans le
monde".
-
Phil.
2:15 .
Deux instructeurs ont fait remarquer qu'en plus de donner aux
élèves une formation pratique dans la prédication, le cours les aide
"à être équilibrés dans l'œuvre de pionnier et à ne pas laisser les
choses de ce système perturber leur vision spirituelle". Cela a per­
mis à un plus grand nombre de faire du ministère à plein temps une
carrière gratifiante.
Ces huit dernières années, à mesure que l'interdiction pesant
sur l'activité des Témoins de Jéhovah était levée en Europe de l'Est
et en Afrique, on s'est empressé de prendre des dispositions pour
que les pionniers de ces pays puissent bénéficier de l'École pour les
pionniers. De
Slovénie vient ce rapport : " Les effets bénéfiques de
17
Rapport mondial
l'école se voient à travers une amélioration sur le plan individuel
de la qualité et de l'efficacité des pionniers." L'enthousiasme mani­
festé par les élèves est souvent communicatif. Ainsi, dans une con­
grégation de
Hongrie, le nombre de pionniers est passé de 5 à 26
après que certains ont assisté à cette école.
La moisson est vraiment grande. Il faut des ministres bien for­
més et désireux de servir. À n'en pas douter, !'École pour les pion­
niers continuera de répondre à ce b esoin.
Dix ans d'École de formation ministérielle
Dix ans après les débuts de !'École des pionniers était inaugurée
le
1
cr
octobre
1987
à P ittsburgh (États-Unis) !'École de formation
ministérielle. Les anciens et les assistants ministériels célibataires qui
suivent cette formation peuvent être invités à se déplacer dans une
région du monde où
il y a du besoin. De 54911 il y a dix ans, le
85 256. Il y a
nombre des congrégations dans le monde est passé à
un important besoin d'hommes qualifiés dans l'activité pastorale,
l'enseignement et l'organisation du grand travail d'évangélisation.
C'est à ces tâches que !'École de formation ministérielle prépare des
2 Tim. 2:2.
Depuis sa création, 3 698 frères ont assisté à cette école sur le
continent américain, 1 208 en Afrique, 1 804 en Asie et dans les îles
du Pacifique, et 2 295 en Europe. Les diplômés se trouvent aujour­
d'hui dans 126 pays différents.
hommes dévoués.
-
Un nombre relativement important de ces diplômés sont mul­
tilingues. Cet avantage est immédiatement exploité dans leur pro­
pre pays, où vivent de nombreux groupes ethniques, ou à l'étran­
ger. D'autres ont appris la langue du pays où ils ont été envoyés.
Des centaines de diplômés sont pionniers spéciaux et ' défri­
chent ' des régions isolées. Ils apportent leur soutien à des congréga­
tions qui manquent d'anciens et d'assistants ministériels. Certains
sont nommés dans le service de la circonscription. C'est le cas, par
exemple, au
Nigeria, où 50 diplômés sont surveillants itinérants.
Une cinquantaine également occupent cette fonction au Mexique,
18
Annuaire 1998
où beaucoup de nouvelles congrégations sont formées. Aux Phi­
lippines, 37 diplômés sont surveillants de circonscription perma­
nents, et 111 surveillants suppléants. Certains diplômés ayant des
compétences techniques sont affectés dans des Béthels.
Cette école se révèle très précieuse pour donner une formation
de qualité à des frères qui s'offrent volontairement au service des
intérêts du Royaume (Ps. 110:3). Étant donné que de plus grandes
responsabilités leur sont confiées, il leur est également demandé da­
vantage, mais ils reçoivent aussi de nombreuses bénédictions. Luc 12:48b.
"Vous devrez vous réjouir devant Jéhovah"
Dans !'Israël antique, les adorateurs de Jéhovah se rassemblaient
régulièrement à l'occasion des fêtes saisonnières. Ceux qui se ren­
daient à la fête annuelle des Huttes étaient tenus par ce comman­
dement : " Vous devrez vous réjouir devant Jéhovah votre Dieu
pendant sept jours." (Lév. 23:40). De même, à notre époque, les
assemblées de district qui se tiennent chaque année sont un mo­
ment de grande réjouissance pour les serviteurs de Jéhovah. Au dé­
but de l'année de service, des assemblées de district du cycle" Mes­
sagers de la paix divine" avaient encore lieu dans certains pays.
Le thème de cette assemblée était particulièrement approprié au
Liberia, pays ravagé par la guerre! Plusieurs semaines à l'avance, on
voyait dans les villes et les bourgades certains de nos frères porter fiè­
rement leur insigne" Messagers de la paix divine". Les Témoins de
Jéhovah étaient bien placés pour arborer un tel insigne. Les Libériens
savent que, durant ces années de conflit, seuls les Témoins de Jéhovah
se sont démarqués comme étant d'authentiques messagers de la paix
divine. Alors que des milliers de partisans d'autres religions ralliaient
les factions armées et portaient les armes, on rencontrait partout les
serviteurs de Jéhovah, bible à la main, en train d'annoncer des mes­
sages de paix divine à leurs compatriotes fatigués de la guerre.
Au milieu de l'année 1997 a commencé la série d'assemblées du
cycle " La foi en la Parole de Dieu". Beaucoup ont exprimé une
19
Rapport mondial
profonde reconnaissance pour le drame intitulé" Gardez l'œil sim­
ple". D'autres ont accordé toute leur attention au discours ayant
pour thème" La qualité de votre foi - mise à l'épreuve dès main­
tenant", un sujet on ne peut plus d'actualité. La brochure Un livre
pour tous, dont
la parution a été annoncée lors de l'assemblée, est
déjà publiée en
58 langues. En Pologne, l'auditoire enthousiaste a
goûté le moment le plus fort de l'assemblée lorsque l'annonce a été
faite simultanément à Varsovie et àWroclaw de la parution en polo­
nais de la Bible intégrale selon la Traduction du monde nouveau. En
Grèce, lorsque les assistants ont compris que l'édition grecque inté­
grale des
Saintes Écritures - Traduction du monde nouveau
avait
été imprimée et allait leur être présentée, ils se sont levés pour ap­
plaudir longuement, avant même que l'annonce soit terminée, tout
en versant des larmes de joie et de gratitude.
Outre les assemblées de district, d'autres assemblées mémora­
bles ont eu lieu en divers endroits du globe. L'une d'elles s'est tenue
en novembre 1996 en
République dominicaine, lors de l'inaugura­
tion des nouveaux locaux de la filiale, ainsi que d'une Salle d'assem­
blées de 3 000 places et d'une Salle du Royaume. Dans l'auditoire se
trouvaient des chrétiens qui avaient vécu les dix années de persécu­
tions féroces sous le régime du dictateur liujillo. Une ancienne mis­
sionnaire, Juanita Brandt, a raconté que des missionnaires étaient
restés dans le pays, prêchant discrètement tout en occupant un em­
ploi, et encourageant les Témoins du pays, dont beaucoup avaient
été emprisonnés et torturés. O!iand il a connu la vérité, Luis Mon­
tas, qui était de la famille du dictateur liujillo, était trésorier du
parti. Il a été pourchassé, emprisonné, et a failli mourir à plusieurs
reprises. Malgré ses 91 ans, il était présent.à l'inauguration de la fi­
liale et a été ravi de faire partie des 35 678 personnes réunies pour
l'assemblée nationale qui a eu lieu ensuite.
Un autre rassemblement remarquable s'est tenu, en mars 1997,
à l'occasion de l'inauguration de locaux supplémentaires au Bé­
thel du Brésil. Des Témoins venus des 26 États du Brésil ont assisté
au programme d'inauguration. Étaient aussi présents des délégués
20
Annuaire 1998
venus de 24 pays ainsi gue des missionnaires ayant ser vi au Brésil et
issus de 4 3classes de l'Ecole de Guiléad. Q!ielle fête joyeuse ils ont
vécue! Lors d'une réunion spéciale organisée le lendemain, Mil­
ton Henschel, membre du Collège central, a
pris la parole au stade Maracana de Rio de Ja­
neiro, alors que des foules réunies dans qua­
tre autres villes écoutaient le programme.
L'assistance totale a dépassé les 200000 per­
sonnes. Le thème encourageant que l'orateur
avait choisi, tiré d'Ecclésiaste 12, était "Jé­
hovah aime les jeunes". Il a invité les jeu­
nes chrétiens à servir Jéhovah pleinement en
entreprenant le service de pionnier avant que
ne viennent les jours funestes '.
'
Un peu plus tard durant ce même mois,
lors d'une assemblée tenue enArgentine, une
nouvelle salle d'assemblées de 9400 places a
été inaugurée à Canuelas. Cette salle pourra
accueillir, pour des assemblées de district ou de circonscription, les
Témoins de la capitale argentine et de ses environs. Le programme
d'inauguration comprenait entre autres choses un récit passionnant
de l'activité des Témoins de Jéhovah en Argentine, où, malgré une
interdiction de 33ans, l'accroissement théocratique s'est poursuivi.
Le lendemain de l'inauguration, un rassemblement a eu lieu dans le
grand stade River Plate de Buenos Aires. Les gradins étaient com­
bles et il a fallu installer le reste de l'auditoire sur la pelouse. On a
compté plus de 718 00 personnes. Certaines avaient fait une longue
route. Un autocar bondé était monté de Patagonie, soit un trajet de
3100 kilomètres. En tout, environ 1 200 autocars venus de diverses
régions sont arrivés au River Plate.
Luis Montas,
un Témoin
de longue date.
Carey Barber, 91 ans, membre du Collège central, a pris la pa­
role durant ces rassemblements. Lors de l'inauguration, il a encou­
ragé les Témoins à lire régulièrement la Bible : " Frères et sœurs, li­
sons-nous tous la Bible chaque jour ? Beaucoup prétendent qu'ils
Au stade River Plate, Carey Barber
a encouragé plus de 71 800 personnes
à résister à l'esprit du monde.
ont trop de choses à faire pour lire la Bible
chaque jour ; mais il semblerait qu'ils aient as­
sez de temps pour faire trois bons repas par jour, et cela se voit fa­
cilement sur eux, n'est-ce-pas? S'ils lisaient la Bible chaque jour,
ça se remarquerait aussi, ne pensez-vous pas ? " Le lendemain, au
stade, alors qu'il s'exprimait sur le thème" Comment résister à l'es­
prit de ce monde", le discours a été interrompu à plusieurs repri­
ses par les applaudissements d'un auditoire enthousiaste et attentif.
Encourageant chacun à continuer de progresser dans ce qui est ver­
tueux et juste, il a rappelé que pour y parvenir nous avons aussi be­
soin de l'aide deJéhovah, de son esprit. Frère Barber a montré l'im­
portance de" rejeter le langage ordurier et la conduite immorale du
monde". Puis il a lancé cette exhortation :" liouvez la joie et le
bonheur à servir, à adorer et à réjouir Jéhovah. " Les assistants ont
réellement été très touchés par ce programm e spécial.
' Allongez les cordes de la tente '
Ces dernières années, on a enregistré un accroissement épous­
touflant dans le nombre de personnes qui, dans le monde, mon­
tent à la grande maison spirituelle de Jéhovah pour être instrui­
tes dans les voies de Dieu et marcher en elles (Is. 2:2-4). Durant
les cinq dernières années, 159 3995 personnes se sont fait baptiser
1 La nouvelle Salle d'assemblées de 9 400 places de Caiiuelas
(Argentine).
pour montrer qu'elles se sont vouées à Jéhovah. Elles ont besoin
de Salles du Royaume où elles se réuniront pour recevoir l'instruc­
tion biblique et adorer Dieu. De grandes salles sont nécessaires pour
les accueillir lors des assemblées spéciales d'un jour, des assemblées
de circonscription et de district. Il est nécessaire de disposer de bu­
reaux et d'imprimeries pour y traduire et produire des publications
bibliques dans leurs langues, mais aussi pour y coordonner l'ac­
tivité desTémoins de Jéhovah afin que chaque habitant ait l'occa­
sion d'entendre le message du Royaume. La déclaration prophéti­
que suivante prend toute son importance:" Élargis l'emplacement
de ta tente. [ . . .]Ne te retiens pas. Allonge tes cordes, et tes piquets,
consolide-les. " - Is. 54:2.
Comment est-il possible d'obtenir de telles installations? Grâce
à la bénédiction de Jéhovah sur les efforts qu'accomplissent dans
l'unité ses Témoins. Là où c'est possible, les Témoins de l'endroit
s'occupent de la construction et couvrent les dépenses par des of­
frandes volontaires. �and c'est nécessaire, ce qui est souvent le
cas, desTémoins d'autres régions du pays et de la communauté
des frères dans le monde viennent apporter leur aide. Il arrive
que des bénévoles venus de cinq ou dix pays, voire davantage, par­
ticipent à la construction de grands bâtiments pour certaines
filiales.
Parmi les installations achevées et inaugurées durant l'année de
service passée, on compte de nombreuses Salles du Royaume, quel-
Rapport mondial
23
ques Sal les d'assemblées , et u n certain nombre de filiales. Cela com­
prend les nouveaux bâtiments des filiales de Guyane, de la Jamaï­
que, de Madagascar, de Maurice, de la République dominicaine, de
Russie et de Sierra Leone, ainsi que des extensions de bâtiments en
Argentine, en Australie et au Brésil. Qye s 'est-il passé dans ces pays
pour que de telles installations s oient rendues nécess ai res ?
ARGENTINE : Depu is que l'interdiction, qui pesait sur l'acti­
vité des Témoins de Jéhovah en Argentine, a ét é levée en 198 0, le
nombre des proclamat eurs du Royaume a connu une vérit able
" explosion " . En 1981, on compt ait 38 869 Témoins actifs , s oit,
en proportion, 1Témoin pour 717 habitants . Aujourd'hui ils sont
116 15 1 proclamateu rs , et la proportion est passée à 1 pou r 28 1. Il
a fallu agrandir plusieurs fois les bâtiments de l'imprimerie. Récem­
ment, deu x bâtiments supplémentaires ont été achetés et moderni­
s és , et les bâtiments résidentiels ont été agrandis. Tout cela est venu
compléter des installations déjà vastes.
AUSTRALIE : Depuis que la filiale occupe s es nouveaux lo­
caux dans la banlieue de Sydney, le nombre des Témoins dans le
pays a presque doublé pour atteindre le chiffre de 60 946. De nou­
veaux services ont été créés : un Bureau d'ingénierie régional, un
Service d'information hospitalier, un service juridique, etc. Le ser­
vice des expéditions sert maintenant de dépôt de publications pour
u ne grande partie du Pacifique. Pour répondre aux besoins, trois
bâtiments ( bureaux, services divers et logements) ont été ajout és
aux instal lations de la filiale d'Australie.
BRÉSIL : Depu is que les bât iments du Béthel de Cesârio Lange
ont été inaugurés en 1981, ces instal lations ont triplé en taille. Pou r­
quoi? Plus de 338 6 00 personnes sont venues grossir les rangs des
Témoins de Jéhovah au Brés il. L'année écoulée, les Témoins ont
pass é plus de 8 0 300 000 heures à prêcher la bonne nouvel le, ont
diffusé des mil lions de publicat ions bibliques et ont dirigé en
moyenne 44 30 28 études bibliques à domicile. Cette filiale coor­
donne l'activité de 6 96 0 congrégations et de 340 surveil lants itiné­
rants.
24
Annuaire 1998
RÉPUBLIQUE DOMINICAINE : Ce territoire est très pro­
ductif. Les 21007 proclamateurs de République dominicaine di­
rigent 35 36 2 études bibliques. Les nouveaux locaux de la filiale
étaient plus que nécessaires pour parer aux besoins de l'œuvre dans
ce pays.
GUYANE : Il fut un temps où la prédication dans ce territoire
était essentiellement le fait de Témoins venant de Guadeloupe ou
de Martinique. En 1990, il y avait sur place 660 proclamateurs et
une filiale a été ouverte. Q!lels résultats ont été obtenus ? En l'es­
pace de cinq ans, le nombre des proclamateurs a doublé. La prédi­
cation de la bonne nouvelle connaît un bel essor dans ce pays lar­
gement couvert par la forêt amazonienne. On compte à présent
1Témoin pour 100 habitants. Le fait que 1468 proclamateurs di­
rigent 2167 études bibliques et que 5 506 personnes aient assisté
au Mémorial en 1997laisse présager un plus bel accroissement en­
core.
JAMAÏQUE : La bonne nouvelle a été prêchée pour la pre­
mière fois en Jamaïque en 1897; l'inauguration des magnifiques lo­
caux de la filiale en 1997 coïncidait donc avec le centenaire de
l'activité de témoignage dans ce pays. Les nouvelles installations
comprennent des bâtiments pour les bureaux et services divers, des
logements, une Salle d'assemblées et une Salle du Royaume. Ces lo­
caux contribueront sans aucun doute à une plus grande extension
encore de la théocratie dans ce pays.
MADAGASCAR : Beaucoup de chemin a été parcouru depuis
que des serviteurs de Jéhovah se sont rendus pour la première fois à
Madagascar en 1925 . Ces dernières années, l'activité s'est fortement
accélérée. En mars 1997, alors que 8 404 Témoins prenaient part à
la prédication et dirigeaient 2 2 321études bibliques, 45 300 person­
nes ont assisté au Mémorial. Les nouveaux bâtiments de la filiale
permettront de faire face aux besoins de cette foule toujours plus
nombreuse d'adorateurs de Jéhovah.
MAURICE : Dans cette île de l'océan Indien, la filiale se trouve
à présent dans de nouveaux locaux et une Salle d'assemblées ou-
Rapport mondial
25
vert e sur les côtés a été construite. Pourquoi ces travaux ? Parce que
dans les îles de cette région, les personnes répondent favorablement
à l'appel que leur lance la Bible à venir louer Jéhovah (Is. 4 2:10) .
Dura nt les huit années écoulées, le nombre desTémoins deJéhovah
a presque doublé dans cett e partie du globe.
SIERRA LEONE : En raison de la guerre civile et des troubles
politiques interminables qui secouent ce pays, de nombreuses per­
sonnes aspirent à connaître la sécurité que seul le Royaume de Dieu
pourra apporter. Dans ce contexte, la construction de la nouvelle
filiale a porté un beau témoignage. Des professionnels du bâtiment
sont venus de différents pays pour offrir leurs services bénévole­
ment, chose inconcevable de prime abord pour le public. De plus,
le fait que des bénévoles ' blancs ' aient accompli des travaux phy­
siques en compagnie deTémoins de la Sierra Leone a fait beaucoup
' parler dans les chaumières '. Il était manifeste que lesTémoins de
Jéhovah ont appris à vivre et à travailler dans la paix et dans une fra­
ternit é authentique.
RUSSIE : L'inauguration des nouveaux locaux de la filiale de
Russie a revêtu une portée internationale. Des événement s théo­
cratiques remarquables avaient eu lieu da ns cette région. Le 21juin
1997, 4 2 pays étaient représentés lors de la journée d'inauguration.
En 1972, il se trou vait 10000 Témoins da ns toute l 'Union so­
viétique. En 1991, quand l'activité desTémoins deJéhovah a enfin
obtenu la reconnaissance l égale dans ce pays, 49 171Témoins prê­
chaient dans les 15 républiques de l'Union. En mai 1997, plus de
2 15 000 Témoins étaient à l'œuvre dans ces territoires, et quelque
6 00 000 personnes ont assisté au Mémoria l en mars.
La filiale de Russi e s'occupe de l'œu vre da ns ce pays et dans
neuf autres anciennes républiqu es de l'Union soviétique. Afin de
coordonner cette activité et de traduire des publications pour ces
pays, de nouvelles installations ont été construites à une qua ran­
taine de kilomètres au nord-ouest de Saint-Pétersbourg, près de la
commune de Solnechnoye. Cela s'est fait conformément aux sta­
tuts l égaux du Cent re admini stratif de l'organisati on religieuse
26
Annuaire 1998
régionale desTémoins de Jéhovah de la Fédération de Russie. Ce
complexe magnifi que comprend sept bâtiments résidentiels, où lo­
gent environ 250 personnes, une Salle du Royaume et une sal le à
manger de plus de 500 places chacune, ainsi qu'un grand complexe
abritant des bureaux et un dépô t.
Lors de l'inauguration, T heodore Jaracz, membre du Collè ge
central, a prononcé le discours principal : " Construisons pour
l'avenir. " D'autres orateurs ont relaté des événements marquants
de l'h istoire de l'œuvre. À la réception se trouvaient de gra nds pan­
neaux portant des photos et des récits évoquant l'activ ité des Té­
moins de Jéhovah en Russie sur plus d'une centaine d'années. O n
apprenait ainsi que dès 189 2, à la demande d u métropolite ortho­
doxe de Moscou, un homme qui avait fait part à d'autres de ce qu'il
avait appris par les Étudiants de la Bible (aujourd'hui les Témoins
deJéhovah) avait été envoyé en exil dans une région de l'actuel Ka­
zakhstan. On découvrait que, durant la Deuxiè me Guerre mon­
diale, des centaines de Russes avaient con nu la vérité bibli que en
côtoyant lesTémoins de Jéhovah dans les camps de concentration
nazis. On pouvait lire des rapports évoquant les milliers deTémoins
de Jéhovah exilés en Sibérie et dans l'extrê me est de la Russie en
1951, sous la dictatu re de Staline.
Parmi les person nes présentes à l'inauguration se trouvaient de
nombreux chrétiens qui, en raison de leur foi, ont enduré de lon­
gues années en prison et dans les camps de travail de Sibérie. Pou­
vez-vous imaginer le regard émerveillé et la joie de ces vétérans v isi­
tant les remarquables installations entourées de 7 hectares d'espaces
verts ? Beaucoup avaient les larmes aux yeux, en particulier ceux
qui retrouvaient des compagnons qu'ils n'avaient pas revus depuis
leur libération. Q!iel moment de bonheur quand des frères et sœurs
se sont retrouvés dans la grande cour et ont spontanément enton né
à quatre voix des cantiques qu'ils avaient chantés il y a des dizaines
d'années, à l'époque où ils étaient exilés en Sibérie !
De nombreux ouv riers du bâtiment, venus d'une vingtaine de
pays, avaient travaillé ensemble pendant plus de quatre ans pour
1) Russie
2) Argentine
3) Sierra Leone
4) Australie
5) Guyane
6) Brésil
7) Madagascar
8) République
dominicaine
Rapport mondial
29
réaliser ces installations. Certains avaient vendu leur maison et
avaient complètement bouleversé leur vie pour aider leurs frères
russes. Cette inauguration a été pour eux un moment très émou­
vant, et déjà ils se préparaient en vue d'autres attributions théocra­
tiques.
Ce sont en tout
16 98 2 bénévoles qui sont à l'œuvre au siège
mondial des Témoins de Jéhovah et dans les filiales du monde en­
tier. En raison des conditions dans lesquelles ils effectuent leur ser­
vice, ces membres de la famille du Béthel font partie de l'Ordre des
serviteurs spéciaux à plein temps.
' Des champs mûrs pour la moisson '
Jésus a dit : " Levez les yeux et regardez les champs : ils sont
blancs pour la moisson. " (Jean 4:35). Cela se vérifie à une échelle
plus grande que jamais. Depuis
1919, année où a été lancée une
campagne mondiale de témoignage au sujet du Royaume, d'énor­
mes quantités de " semence " ont été plantées dans le territoire
mondial. Des milliards de publications bibliques ont été diffusées.
9) Maurice
l O) Jamaïque
30
Annuaire 1998
Des dizaines de milliards de conversations ont fait connaître aux
personnes le dessein de Jéhovah. Tous les moyens appropriés d'in­
formation
à grande échelle ont été utilisés pour porter à l'attention
du public le message vital présentant le Royaume de Dieu comme
seul espoir de l'humanité. C'est maintenant le moment de mois­
sonner.
Au Mexique, en Amérique centrale et du Sud, ainsi qu'aux An­
tilles,
59076 0 personnes se sont fait baptiser durant les cinq der­
1858 46 2 études bibliques en moyenne
nières années. Et l'an passé,
ont été dirigées dans ces territoires avec des personnes qui désirent
connaître et servir Jéhovah.
L'Afrique et les îles environnantes signalent que, depuis 199 3,
274724 personnes sont devenues des serviteurs de Jéhovah voués
et baptisés. Dans ces pays, on a dénombré 286 3594 assistants au
Mémorial. Au Malawi, plus de 125 000 personnes étaient présen­
tes. En Angola, 16 0 414. En République démocratique du Congo
(ex-Zaïre), 5747 36 , malgré la guerre. De très nombreuses person­
nes vont certainement encore embrasser le vrai culte.
Depuis que l'on a commencé à détruire le mur de Berlin en
1989, 309589personnes ont connu la vérité et se sont fait baptiser
dans les pays qui composaient auparavant le bloc soviétique. Tous
ces chrétiens sont désireux non seulement d'être enseignés par Jého­
vah, mais aussi de faire sa volonté.
En Amérique du Nord et en Europe, où les Témoins de Jého­
vah prêchent depuis plus d'un siècle, de fortes populations immi­
grées constituent un territoire produisant de nombreux disciples.
Oui, quand le jour de Jéhovah arrivera, " tout homme qui invo­
quera le nom de Jéhovah s'en tirera sain et sauf ". (Yoël
2:32. ) Il est
donc de la plus haute importance que nous aidions nos semblables
à connaître Jéhovah, à placer leur confiance en lui, et à conformer
à ses justes préceptes ! Lorsqu'arrivera le grand et redouta­
leur vie
ble jour de Jéhovah, puissent-ils, en agissant de la sorte, être de ceux
que Jéhovah considérera avec faveur ! - Tseph.
2: 3.
RAPPORT MONDIAL :
TOTAUX POUR 1997
Nombre de filiales :
......................................................................
104
Nombre de pays envoyant un rapport : ......................................... 232
Nombre de congrégations : ...................................................... 85 256
Assistance au Mémorial : .................................................. 14 322 226
Nombre de participants au Mémorial dans le monde : ............... 8 795
Nombre maximum de proclamateurs du Royaume :
............
5 599 931
Nombre moyen de proclamateurs prêchant chaque mois : ... 5 353 078
Accroissement par rapport à 1996 : ........................................... 3,6 %
Nombre de baptêmes : .... .. . ............ . .. .. ..................... . ............ . 375 923
Nombre moyen de pionniers chaque mois : ............................ 706 270
Total des heures consacrées à la prédication : ................. 1 179 735 841
Nombre moyen d'études bibliques chaque mois : ................ 4 552 589
Au cours de l'année de service 1997, la SociétéWatch Tower
a dépensé 63914 602 $ (soit environ 375000000 de francs français)
pour permettre aux pionniers spéciaux, aux missionnaires
et aux surveillants itinérants d'accomplir leur ministère.
RAPPORT MONDIAL DES TÉMOINS DE
La
lettre et le numéro suivant le nom du pays
1997
Pays ou territoire
Max.
Proportion :
un procl.
pour
1997
Moy.
procl.
Accr.
(%} sur
1996
Population
procl.
Açores (F-1)
Afrique du Sud (P-6)
Alaska (A-27)
Albanie (F-6)
Allemagne (D-5)
Andorre (F-4)
243190
37 859 000
635007
3 262 000
8 2 0 1 2 162
64479
587
64258
2 1 79
1 090
1 69 988
153
414
589
291
2 993
482
421
557
60736
2 124
994
166 780
138
0
3
0
31
0
-1·
Angola (M-6)
Anguilla (0-31 )
Antigua (P-32)
Argentine (P-36)
Aruba (R-29)
Australie (0-19)
Autriche (E-5)
1 2 26 2 000
7 000
65 952
3 2 6 1 5 528
83651
1 8 42 6 900
8063 000
34337
26
343
1 16 15 1
559
60946
20842
357
269
192
281
150
302
387
3 1 497
24
331
1 1 3 903
548
59 892
20 6 1 1
16
-8·
7
2
6
-1·
0
Bahamas (H-35)
Bangladesh (H-14)
Barbade (Q-33)
Bélarus (D-7)
Belau (K-19)
Belgique (D-4)
Belize 0-33)
255 055
1 2 9 66 1 600
253 000
10 1 6 3 000
17 456
1 0 105 226
2 1 6 500
1 41 9
79
2 243
1 962
64
27 102
1 292
180
1 64 1 286
1 13
5 180
273
373
168
1 34 1
63
2 183
1 806
58
26 328
1 100
1
40
2
29
4
-1·
5
Bénin {K-4)
Bermudes (G-36)
Bolivie (N-36)
Bonaire (R-29)
Bosnie-Herzégovine (E-6)
Botswana (0-6)
Brésil {M-37)
4 9 1 5 555
62 569
7 767 059
14218
3 500 000
1 533 392
1 5 9 279 1 20
5 204
445
1 3 464
68
796
1 098
459 522
945
141
577
209
4397
1 397
347
5 02 1
409
1 3 007
62
725
1 022
435 032
9
0
9
3
25
14
6
Bulgarie (F-6)
Burkina {K-3)
Burundi (L-7)
Calmanes 0-34)
Cambodge (K-15)
Cameroun (L-5)
Canada (C-31)
8 428006
1 0 352 000
6 500000
32 000
10 547 535
1 4 044000
30 104 3 1 9
916
861
2 273
110
20
26042
1 13 763
9 20 1
12 023
2 860
291
527 377
539
265
843
770
1 61 4
101
18
25014
109 880
17
8
0
5
-5"
6
0
Cap-Vert 0-1)
Centrafricaine {Rép.) (K-6)
Chili (0-36)
Chuuk (K-2 1)
Chypre (G-8)
Colombie (L-35)
Comores (M-9)
453 291
3 69 1 900
1 4 622 354
67 650
6 5 1 800
37 422 721
450000
1 295
2 086
55 679
54
1 749
90 192
6
350
1 770
263
1 253
373
415
75 000
1 247
2 063
5 1 495
47
1 730
8 1 061
6
11
5
4
4
2
9
0
Congo {Rép. dém. du) {L-6)
Congo {Rép. du) (L-5)
Cook (0-26)
Corée {Rép. de) (G-18)
Costa Rica (K-34)
Côte d'ivoire (K-3)
Croatie (E-5)
48 000000
2 700000
1 8 000
45 991 257
3 432665
14401 000
4 784 265
104 1 34
3 935
142
84543
18913
5 592
5 133
461
686
127
544
181
2 575
932
89 346
3 032
127
83 273
1 7 897
5 433
4 99 1
-1·
_9•
_7•
2
6
6
6
JÉHOVAH POUR L'ANNÉE DE SERVICE
permettent de le situer sur les cartes qui suivent.
1996
Moy.
procl.
1997
Nomb.
bapt.
557
59243 .
2 122
759
166468
140
31
4 400
74
309
5 807
2
27 189
26
309
1 1 1 468
518
60 2 1 6
20664
4 844
1997
Nomb.
congr.
Total
heures
Moy.
études
bibliques
60
7 129
175
341
10856
20
16
1 292
28
22
2 052
2
1 1 2 556
1 3 087 220
324409
493427
26973 779
3 1 973
357
58215
771
2 1 97
67 168
63
1 256
168 903
4756
3 1 54
286 126
258
16
7 489
19
2 31 3
570
4 1 83
1
48
1 3 340
30
5 037
1 588
478
1
5
1 663
8
770
298
9 2 14444
3 695
77 832
23450258
85630
1 0 708941
3 674 1 1 7
67 333
20
366
77423
483
2 1 904
8 269
160414
138
1 190
245 935
1 832
1 1 1 770
34023
1 334
45
2 140
1 395
56
26654
1 048
64
8
109
228
4
858
88
172
10
230
234
18
1 881
142
23
1
24
17
1
376
25
301 365
15 731
406073
455 988
22 467
4 41 7 532
248818
1 31 6
92
1 775
1 825
124
8 297
1 169
3 670
204
5 750
5 667
300
49 000
5 042
4619
410
1 1 887
60
578
899
410 599
614
21
1 645
2
95
110
37 894
700
56
2 528
1
200
118
4 1 42 1
107
5
214
1
9
24
6 960
1 292 337
94153
3 93 1 551
7 740
309843
231 186
8 0 3 1 8 709
7 309
242
18 1 8 1
50
588
1 311
443028
25 1 5 5
1 028
50238
252
1 943
3 53 5
1 2 14 774
723
710
1 6 16
96
19
23667
1 10 2 3 5
136
92
231
4
2
2 692
3 67 1
112
170
203
9
11
2 102
10571
15
21
40
1
1
534
1 388
227 075
267 377
461 204
18 972
1 3 409
4 747 674
20270252
1 02 5
1 307
3 203
89
84
25430
35 757
2 251
2 524
6 048
315
164
84399
187 940
1 123
1 962
49587
45
1 693
74 108
6
165
236
3 977
1
77
9 205
1
225
300
7 319
14
236
1 0 147
23
47
591
3
19
989
372 770
552 127
12 358929
2 1 083
383 1 2 2
18 796 5 1 1
1 004
2 487
3 1 55
52 520
161
901
123 001
8
4 914
1 1 842
143897
482
3 339
333 263
26
90063
3 33 1
137
81 537
1 6 943
5 128
4716
7 034
352
13
4 543
1 230
508
343
1 3 699
577
15
29 354
1 747
989
642
2 492
112
3
1 51 2
237
140
66
2 5 039 602
1 064 782
26 146
34263 864
3 346934
1 632 843
1 1 82036
2 1 7 480
11 648
136
57 1 1 8
1 7 149
9 334
2 180
574 736
20144
429
1 3 3 362
5 1 413
20092
9 790
Moy.
pion.
Assistance
au
Mémorial
1997
Proportion :
un procl.
pour
1997
Moy.
procl.
Aœr.
(%) sur
1996
145
97
339
347
207
330
7 3 478
1 539
1 5 155
20 1 20
330
33642
11
-1·
-1·
8
2
9
106071
3 59 1
974 7 19
5 649
80
1 873
374
407
274
9 736
547
425
98 724
3 351
929 4 7 1
5 292
75
1 708
-1·
14
1
5
.7•
12
5 1 1 6 826
58 500000
1 01 4 976
1 150000
1 8 803990
27086
1 9 441
1 2 4 860
1 82 1
84
5423 4
1 17
263
469
557
1 3 690
347
232
19 191
120 490
1 72 5
72
51 133
103
0
-2'
12
26
7
-6·
58 155 940
1 0 2 5 9 900
91 150
55971
4 1 0 000
150000
129 288
26980
605
158
7 886
621
450
380
151
354
52
242
123 3 1 8
26704
583
153
7 584
584
1
4
1
2
7
9 056 000
6 756 800
1 200000
406 1 5 1
7 7 7 468
147283
7 300000
1 7 304
824
63
485
2 048
1 468
10621
523
8 200
19 048
837
380
687
16 738
805
56
423
1 898
1 440
10 248
7
11
17
29
-1·
4
4
Hawaii 0-26)
Honduras 0-34)
Hong-Kong (H-17)
Hongrie (E-6)
Inde (H-13)
Irlande (D-2)
Islande (A-1)
1 183 723
5 900004
6 502 100
10 174 442
998 0 1 2 000
5 289 387
269 735
7 650
1 0 532
4 145
1 9 457
1 7 534
4 537
324
155
560
1 569
523
56 919
1 1 66
833
7 389
9 696
4035
18 387
1 7 183
4454
314
0
Il
8
6
8
1
2
lsra�l (G-8)
Italie (E-5)
Jamaïque 0-35)
Japon (F-20)
Kazakhstan (E-12)
Kenya (L-8)
Kiribati (L-24)
7 91 0 600
57 282 824
2 502030
1 2 5 257061
1 7 02 7 000
28 000000
79653
826
224726
10614
220663
10 585
12 142
83
9 577
255
236
568
1 609
2 306
960
775
220 945
1 0 034
2 1 7 970
9 808
1 1 445
68
20
2
2
4
25
11
15
8 707
2 1 1 2 500
2 500000
3 77 6 3 1 7
2 500000
4899 000
31 143
25
2 354
1 68 1
3 600
1 96 1
17
60
348
897
1 487
1 049
1 275
288 176
519
17
2 149
1 463
3 494
1 648
6
53
Pays ou territoire
Max.
Population
procl.
l i 038602
1 5 1 448
5 2 5 1 027
7 293 390
71 794
1 1 936858
76250
1 555
1 5 491
2 1 007
346
36 208
39652 742
1 462 1 30
266 776 000
55 000000
43 784
796 000
Finlande (B-7 )
France (E-4)
Gabon (l-5)
Gambie (K-2)
Ghana (K-3)
Gibraltar (G-3)
Grande-Bretagne (D-3)
Grèce (F-6)
Grenade (Q-32)
Groenland {B-38)
Guadeloupe (P-32)
Guam (K-20)
Cuba (H-34)
Curaçao (R-29)
Danemark (C-5)
Dominicaine (Rép.) (0-29)
Dominique (P-32)
Équateur (l-35)
Espagne (F-3)
Estonie (C-7 )
États-Unis (F-32)
Éthiopie (K-8)
Féroé (B-3)
Fidji (N-25)
Guatemala 0-33)
Guinée (K-2)
Guinée-Bissac (K-2)
Guinée équatoriale (l-5)
Guyana (K-3 7)
Guyane (l-38)
Haïti (0-28)
Kosrae (K-23)
Lesotho (0-7)
Lettonie (C-6)
Liban (G-8)
Liberia (K-2)
Libye (H-6)
Liechtenstein (E-5)
!OO
-! '
-19'
5
26
2
16
0
-9 '
1996
Moy.
procl.
1997
Nomb.
bapt.
66006
1 553
15 3 5 1
1 8 678
322
30975
8 605
62
285
l 767
16
2911
99 240
2 947
921 1 23
5 036
81
1 522
Moy.
pion.
Moy.
études
bibliques
Assistance
au
Mémorial
Nomb.
congr.
Total
heures
14653
120
1 02 1
3 966
42
5 683
1 100
20
222
320
6
493
1 7 88 3 6 1 9
253 355
2 220 797
5 852 173
87 5 1 2
8 899854
137 489
1 476
4 126
35 362
429
48710
164 565
4 232
23675
8 1 237
905
138 806
3 240
388
45 220
548
2
140
1 1 184
443
107 792
916
24
241
1 287
40
10 883
79
4
30
2 1 141 1 7 9
7 9 5 698
182 994 6 1 3
1 570 141
22 267
399 192
29505
3 249
455 239
3 674
45
1 77 1
166 842
8 871
2 13 5 167
1 5 7 16
110
6 323
1 9 134
123 208
1 546
57
47 705
1 10
580
3 928
169
15
4 1 79
1 91 4
7 708
206
13
5 827
8
304
1 685
27
1
847
2
3 143 009
1 9 067 704
4 1 6 286
24 106
1 1 378 405
1 7 584
7 414
36 197
4 1 86
108
108 720
30
28812
220467
7 951
250
197 055
158
124623
26 352
562
151
7 458
544
4 161
773
19
7
361
37
10937
2 897
76
33
432
127
1 439
428
7
7
96
9
20775 842
5 064 346
129 3 1 7
42 600
1 1 66479
173 134
41 102
9 406
607
120
6 581
748
223 301
44426
1 662
345
1 8 605
1 833
1 5 666
725
48
327
1 925
1 380
9851
1 595
100
1 822
168
25
61
252
201
1 409
253
21
1
4
36
20
207
3 52 5 002
277 2 1 2
36724
126 720
399 413
369 748
2 495 750
1 6 382
1 550
259
1 3 10
2 082
2 167
1 4 28 1
55 973
3 769
407
2 049
8 455
5 506
67259
7 392
8 705
3 743
17 342
1 5 970
4412
309
313
1 1 60
350
1 91 4
1 636
172
li
1 167
1 226
827
1 598
1 825
646
28
93
145
38
234
485
114
8
l 703 725
2 363 724
1 249 5 7 1
3 480493
3 339 309
1 093 280
56938
4824
12 858
3 884
11 788
1 2 435
1 848
173
1 7 476
38 534
7 704
4 1 922
44634
8093
624
647
2 1 6 23 1
9 800
210 290
7 848
1 0 285
60
84
9 509
674
10962
2 718
1 64 1
19
79
30378
l 076
89 513
967
2 058
15
10
3 003
183
3 77 1
81
220
175 348
52 1 76423
1 853 124
99 600 126
2 188939
3 572 443
23833
772
83 699
10038
197 570
9 89 1
1 5 148
182
1 833
413914
32903
376853
29 7 10
35 236
239
21
2 038
1 1 57
3 433
1 41 9
6
58
2
221
281
153
244
2
356
195
291
359
l
2911
595 622
372 706
639 082
6 1 9 466
686
7 616
27
2 37 1
1 597
1 864
4486
5
20
141
6 848
3 956
6 846
10 376
19
115
li
83
134
111
769
l
53
18
70
39
Population
1997
Max.
procl.
Lituanie (C-6)
l.uxembourg (E-4)
Macao (H-17)
Macédoine (F-6)
Madagascar (N-9)
Madère (G-1)
3 7 1 7 700
487 000
470000
1 936877
1 3 670 500
258 536
2 306
1 893
122
808
8 655
1 039
1 6 12
257
3 852
2 397
1 579
249
2 022
1 853
1 16
750
8 307
978
14
1
12
19
13
5
Malaisie (L-15)
Malawi (N-8)
Mali 0-3)
Malouines (Falkland) (R-37)
Malte (G-5)
Marshall (K-23)
2 1 665 500
1 1 018 944
1 1 300000
2 22 1
360000
50345
1 895
40924
178
9
533
224
1 1 433
269
63483
247
675
225
1 827
39779
159
8
511
189
6
11
5
-20°
2
6
Martinique (Q-32)
Maurice (N-11)
Mayorte (N-9)
Mexique (H-32)
Moldavie (E-7)
Montserrat (P-32)
359 570
1 082 972
1 3 1 320
93 873 720
4 320000
4000
4001
1 278
54
488264
14415
23
90
847
2 432
192
300
174
3 922
1 254
49
479247
1 3 48 1
20
2
2
9
5
18
-31 °
Mozambique (0-8)
Myanmar (Birmanie) 0·14)
Namibie (N-5)
Nauru (L-23)
Népal (H-13)
Nicaragua (K-34)
1 8 496363
46 000000
1 683 5 1 8
6 560
22 901 600
4 6 2 5 000
2 5 667
2 470
926
9
287
14 104
721
18 623
1 818
729
79 797
328
23460
2 352
817
7
262
12 733
15
4
-1·
17
20
6
10 080
7 490000
103 900000
2 076
1 91 2
4404149
43
241
203 1 10
32
18
9 92 1
234
3 1 079
512
65
106
444
41
225
1 9 7 532
29
15
9 449
11
1
3
.3•
7
-2·
Nouvelle-Calédonie (0-23)
200000
Nouvelle-Zélande (Q-24)
3 681 546
Ouganda (L-8)
20400000
Pakistan (H-12)
137 000000
Panama (K-34)
2 7 1 8 686
Papouasie-Nouvelle-Guinée (M-20)
4 4 1 1 060
Paraguay (0-37)
5 085 325
1 688
12 926
2 083
410
9 338
3 256
6 22 1
118
285
9 794
334146
291
1 35 5
817
1 532
1 2 496
1 887
376
8 651
2 944
5 536
Pays ou territoire
Niévès (P-32)
Niger 0-5)
Nigeria (K·4)
Niue (N-26)
Norfolk (P-23)
Norvège (B-4)
Proportion :
un procl.
pour
1997
Moy.
procl.
Pays-Bas (D-4)
Pérou (M-35)
Philippines 0-18)
Pohnpei (K-22)
Pologne (D-6)
Porto Rico (P-30)
Portugal (F-2)
1 5 567 107
2 4 3 7 1 043
70 000000
38522
38649914
3 75 5 000
9 439 180
32 550
59291
126 2 1 1
70
124955
26404
46746
478
411
555
550
309
142
202
30536
54019
122 727
65
123 704
25 589
45 635
Réunion (0-10)
Rodrigues (N-1 1)
Rota 0·21)
Roumanie (E-6)
Russie (B-17)
Rwanda (L-7)
Saba (P-3 1)
675 700
34678
2 524
22 700000
148 366000
7 828 000
1 000
2 760
38
10
36405
89043
5 073
1
245
913
252
624
1 666
1 543
1 000
2 701
35
9
35 588
78 868
4 679
1
Accr.
{%) sur
1996
0
0
17
7
4
0
10
-1·
6
3
-4·
1
1
2
4
0
29
4
28
32
0
1996
Moy.
procl.
1997
Nornb.
bapt.
Moy.
pion.
Nomb.
congr.
1 770
1 840
104
629
7 339
934
334
72
5
144
1 461
60
218
147
28
91
1 437
78
14
33
2
13
157
14
463005
332 523
38489
189872
2 304440
168 549
1 762
859
112
614
20 1 65
632
6 808
3 648
280
2 605
45300
2 066
1 725
35 765
151
10
502
179
153
7915
9
13
14
293
5 447
61
1
58
43
40
584
6
1
6
4
485 51 5
10020 174
90644
1 052
96324
67 201
2 461
29236
422
5
170
581
4 846
125415
710
15
823
1 130
3 861
1 23 1
45
458059
1 1 439
29
98
121
5
36913
1 67 1
1
391
86
9
60863
870
2
46
19
1
1 1 099
128
1
791 085
2 1 3 137
16 105
105057 709
1 89 1 287
3 659
3 219
988
72
563681
7 898
11
9 357
3 102
144
1 60 1 8 1 7
39 761
85
20486
2 25 3
823
6
218
1 2 065
3 1 13
96
43
4487
296
73
1
48
1 518
576
99
19
1
3
230
6 95 5 377
533 680
169234
1 538
75 909
3 093078
32 560
1 660
813
17
429
20842
103423
6 325
2 681
83
1 001
60432
1
7
3 944
1
1
174
1 1 443
77058
43 983 273
3 694
2 665
1 230895
52
409
301 22 1
23
9
2 682
157
1 187
598 717
96
28
16 597
37
222
1 9 1 558
30
14
9 600
59
1 183
Total
heures
Moy.
études
bibliques
Assistance
au
Mémorial
221
5
46
28 346
1
1
535
1 533
1 2 545
1 610
352
8 289
2 950
5 012
117
468
287
49
524
230
402
150
1 304
294
43
1 220
347
851
23
164
32
9
187
55
84
296814
2 35 3 520
531 599
83351
2 062 979
656321
1 362888
1 164
5 857
3 023
364
10237
2 946
6 693
4 398
26 196
7 603
1 729
28 1 8 5
1 5 020
13 551
30887
5 1 063
1 1 9 709
68
122 982
25 397
44 752
832
5 335
9 624
1
6 161
1 194
2 319
1 814
1 0 830
2 1 325
17
7 544
2 541
3 339
420
679
3 49 1
4 384 5 5 1
16 266 560
26 308 192
19313
16 742 761
4 759 256
7 7 1 6 594
9053
69466
85650
145
50433
15 530
22057
53 794
193 440
388 130
599
246485
6 1 45 1
94659
2 601
35
7
34 368
61 843
3 539
1
189
4
227
3
3
2 628
8 546
1 095
1
33
1
1
459
626
69
508134
7 737
3 979
5 529 876
18 928270
1 968 714
1 057
1 654
25
14
1 5 034
84 1 54
1 2 226
9
5 827
85
39
93306
231 176
20121
10
38
17 304
1
2 387
1 5 669
1 160
1
1 7 14
326
648
Population
1997
Max.
procl.
31 800
5 131
1 5 1 300
1 500
2 5 058
24000
157
154
677
18
179
261
203
33
223
83
140
92
151
142
649
17
169
242
6 300
107 600
53 681
384057
5 908460
59 600
165 1 9 5
15
325
179
1 363
26010
196
369
420
331
300
282
227
304
448
13
304
169
1 306
24497
182
352
0
2
-8·
12
4
1
5
Sao Tomé-et-Principe (L-4)
Sénégal 0-2)
Seychelles (L-10)
Sierra Leone (K-2)
Slovaquie (E-6)
Slovénie (E-5)
Sri Lanka (K-13)
1 2 4 206
8 700 000
76417
4 5 10000
5 383 469
1 986 448
1 8 500 000
229
826
178
863
1 2 587
1 839
2 687
542
10533
429
5 226
428
1 080
6 885
217
794
154
750
12 361
1 786
2 468
19
6
22
-2·
1
3
12
Suède (B-5)
Suisse (E-4)
Suriname (K-37)
Swaziland (0-7)
Tahiti# (N-27)
Taïwan (H-17)
Tanzanie (M-8)
8 847 578
7 08 1 346
404800
937 747
2 19 52 1
2 1 300 000
29 000000
24246
1 8 634
1 828
1 987
1 91 8
3 475
7 130
365
380
221
472
1 14
6 1 29
4 067
23 692
1 8 186
1 789
1 843
1 867
3 325
6469
-1·
-1·
3
4
3
Il
li
Tchad 0-6)
Tchèque (Rép.) (D-5)
Thailande 0-15)
Togo (K-4)
Tokelau (M-26)
Tonga (0-25)
Trinité-et-Tobago (R-32)
6 670 000
10 304000
60 1 16 182
4 269 500
1 487
97 466
1 269 1 55
535
16 537
1 696
10221
5
89
7 489
1 2 467
623
35 446
418
297
1 095
169
500
1 6 318
1 666
9 86 1
4
81
7 350
10
1
4
7
-20°
19
3
Turks et Caïques (N-28)
Turquie (F-8)
Tuvalu (M-24)
Ukraine (E-8)
Uruguay (P-37)
Vanuatu (N-23)
Venezuela (K-36)
14631
65 000000
9 043
50893 500
3030000
190 000
23 700 000
121
1 468
49
85 242
1 0 395
257
80 172
121
44278
185
597
291
739
296
1 12
1 408
45
78 264
1 0 242
212
75 261
2
9
5
20
2
16
6
Vierges (G.-B.) (0-31)
Vierges (U.S.A.) (0-3 1)
Wallis et Futuna (N-25)
Yap (K-20)
Yougoslavie (Rép. féd. de) (E-6)
Zambie (N-7)
Zimbabwe (N-7)
1 7 000
101 800
1 5 000
10 759
1 0 566 745
9 780 1 33
1 2 293953
147
643
26
30
3 883
96686
25 878
1 16
158
577
359
2 721
101
475
139
600
20
28
3 699
87 747
25 063
0
2
5
0
Pays ou territoire
Saint-Christophe (P-32)
Sainte-Hélène (N-3)
Sainte-Lucie (Q-32)
Saint-Eustache (P-31)
Saint-Marin (E-5)
Saint-Martin (0-3 1)
Saint-Pierre er Miquelon (E-37)
Saint-Vincent (Q-32)
Saipan 0-21)
Salomon (M-22)
Salvador 0-33)
Samoa américaines (N-26)
Samoa (N-26)
33 autres pays
TOTAL (232 pays)
# Chiffres incluant les Marquises
Proportion :
un procl.
pour
1997
Moy.
procl.
Accr.
(%) sur
1996
6
0
1
6
6
12
Il
4
4
42 1 8 5
3 7 846
14,0
5599931
5353 078
3,6
"' Pourcentage en baisse
1996
Moy.
procl.
143
142
640
16
159
217
1997
Nomb.
bapt.
16
1
37
Moy.
pion.
Nomb.
congr.
Total
heures
Moy.
études
bibliques
Assistance
au
Mémorial
26
18
1
123
4
18
36
13
297
183
1 17 1
23 446
180
335
28
8
175
2 083
20
34
1
53
32
191
2 579
30
67
1
6
3
41
439
3
7
1 309
8 5 623
48 9 1 7
3 1 3 836
5 224439
46749
1 0 1 993
4
348
212
1 557
23456
202
335
19
1 049
489
5 442
73 1 5 7
659
1 406
183
749
126
768
12 231
1 740
2 203
29
79
18
91
613
82
470
45
150
19
141
573
191
334
3
19
2
21
195
33
52
76031
262 985
38253
231 679
1 677 833
392 1 88
613915
556
1 223
158
1 364
4 684
658
2 557
837
2 272
393
3 616
25577
3 201
7 054
23 896
1 8 295
1 740
1 766
1 86 1
2 996
5 806
651
617
85
205
134
319
750
2 196
1 140
217
280
135
913
1 186
362
313
28
69
33
52
154
3 794 9 1 1
2 942 9 2 5
389729
502 599
327 432
1 270 528
1 919 959
7 953
7 939
1 906
2 373
1 639
4 206
7 373
39431
3 1 986
5 707
5 976
5 376
8911
22 448
454
16 209
1 603
9 1 74
5
68
7 12 7
79
722
129
1 070
92
925
273
1 404
10
420
20
1 208
15
246
48
1 53
1
3
82
162 166
2 403 7 1 7
422677
2 458441
345
27 948
1 678 1 7 1
689
7 1 71
1 549
23351
3
142
9 272
2 982
32965
3816
45936
17
313
2 2 056
110
1 291
43
65 385
10061
182
7 1 298
1
117
2
13612
714
16
6 887
13
186
7
7217
953
22
1 3 246
3
21
3
710
132
3
1 079
29319
363093
1 1 065
1 5 943103
1 720485
50396
20374997
194
1 033
67
52 556
8 1 58
389
97 969
470
2 666
144
224988
23681
1 583
282 448
139
587
19
28
3 329
84772
24 1 8 1
22
18
4
18
84
1
9
589
10953
3 122
2
9
1
1
48
2 058
803
28 786
130011
4201
1 2 133
1 043 416
18 387 500
5 504539
137
569
29
66
2 299
1 1 0 960
32910
590
2 005
100
204
9012
428 697
70038
481
5 28 1
2 576
2
2
9
1
2
3
34843
1 2 894
180416
4 579
37 446
61 1 18
177
62
884
22
60
347
449
354
1 775
55
289
932
33 204
4 785
3 883
632
8 3 1 8 487
37 628
103 821
5 167 258
375 923
706270
85256
1 179735841
4552 589
14322 226
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PROPORTION DE PROCLAMATEURS
PAR RAPPORTÀ LA POPULATION
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1 pour 501-5 000
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1 pour 5 001 et plus
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2
3
4
5
6
7
8
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10
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15
16
17
18
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32
33
34
MALOUINES
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38
QUE LA LUMIÈRE BRILLE
!
L'une des Sept Merveilles du monde, le phare d' Alexan­
drie, se dressait bien en vue sur l'île de Pharos dans le port
d'Alexandrie, en Égypte. Pendant quelque 1 500 ans, cette
source de lumière a guidé les navigateurs.
Cependant, Jésus Christ a parlé d'une source de lumière
bien plus importante quand il a dit : " Je suis la lumière du
monde. " (Jean
8 : 1 2). En jetant la lumière sur les desseins de
Dieu, il a enseigné aux gens la bonne manière de vivre et leur
a expliqué comment obtenir la vie éternelle ; et ses enseigne­
ments continuent d'exercer une influence puissante et béné­
fique de nos jours. Jésus a également confié une responsabilité
à ses disciples, en disant : " Vous êtes la lumière du monde. "
Mais devaient-ils émettre une lumière spirituelle uniquement
par la parole ? Jésus a ajouté : " Qie votre lumière brille devant
les hommes, pour qu'ils
voient vos belles œuvres
gloire à votre Père qui est dans les cieux. " - Mat.
et rendent
5: 1 4- 1 6 .
Nombreux sont ceux qui, dans l e monde, savent que les Té­
moins de Jéhovah sont des gens respectueux des lois, des gens
Annuaire 1998
44
aux normes morales et éthiques élevées qui accordent une
grande importance à la famille, et qui prêchent avec zèle le
message contenu dans la Parole de Dieu. Cependant, il existe
également des individus qui s'opposent à notre œuvre, prêts
à tout pour ternir la réputation du peuple de Jéhovah et pour
nous empêcher de faire briller notre lumière. Comment s'y
prennent-ils ? Ils fournissent aux autorités et aux médias des
informations inexactes, mensongères et méprisantes sur les Té­
moins de Jéhovah. Afin de rectifier les faits, le Collège central
a approuvé, en février 1 9 97, la formation du Bureau des rela­
tions publiques sous la tutelle du Comité de rédaction. Dans
les filiales, des bureaux d'information des Témoins de Jéhovah
ont été mis en place.
De belles œuvres rendues manifestes
L'objectif de cette disposition est de prendre les devants en
donnant une image exacte de nos croyances et activités aux
médias, aux écoles, aux autorités, ainsi qu'au grand public. Il
ne s'agit pas pour les Témoins de Jéhovah d'un moyen de se glo­
rifier. C'est Jéhovah qu'ils honorent ; et ils l'honorent, en par­
tie, en faisant connaître leurs belles œuvres, qui sont le reflet
des normes élevées de Jéhovah. - 1 Cor. 1 : 3 1 .
Parce qu'ils suivent les principes d e l a Bible, ceux qui ap­
partiennent au peuple de Jéhovah, à titre individuel ou pris
collectivement, sont un atout là où ils vivent. Les activités pu­
bliques des Témoins de Jéhovah ne se limitent pas à l'œuvre de
prédication, bien connue, qu'ils effectuent de porte en porte.
Si les personnes qui exercent une profession libérale ou qui tra­
vaillent au sein de certains organismes en viennent à connaî­
tre nos belles œuvres, il est fort probable que leur accueil sera
agréable lorsque nous les rencontrerons dans le ministère.
Opération de secours
Une des façons de démontrer publiquement notre intérêt en­
vers notre prochain est de participer activement aux opérations
45
Rapport mondial
de secours lorsque surviennent des catastrophes. Par exemple,
en
1997 en République démocratique du Congo (l'ex-Zaïre), une
équipe entièrement composée de Témoins de Jéhovah a organisé
une aide humanitaire. Grâce au concours de milliers de Témoins
de Belgique, de France et de Suisse, des réfugiés ont reçu des ton­
nes de nourriture, de vêtements, de produits vitaminés, de mé­
dicaments, ainsi que
18 500 paires de chaussures et 1000 cou­
vertures, tout cela envoyé par avion. Le montant de ces secours
avoisine les six millions de francs. Ces dons ont été offerts en
premier lieu aux Témoins de Jéhovah, mais des non-Témoins en
ont également bénéficié. - Gal.
On a aidé la filiale de
6:10.
France à préparer une brochure qui
explique en détail cette opération. Cette brochure a été en­
voyée aux élus locaux et
à différents organes de presse, afin de
les renseigner, par des exemples, sur ce que les Témoins de Jého­
vah accomplissent d'utile et de concret pour venir en aide aux
indigents. Nombre d'élus ont exprimé des remerciements sin­
cères pour cette information. Ils ont particulièrement été im­
pressionnés par ce qui a été fait pour s'assurer que les secours
parvenaient bien aux sinistrés et qu'ils étaient distribués de ma­
nière équitable.
Une vie de famille agréable
La désagrégation de la vie de famille entraîne une lourde
charge pour les organismes publics et préoccupe les représen­
tants de l'État. Avant que l'on ne diffuse le livre Le secret du bon­
heurfamilial au public,
les Témoins de Jéhovah de Finlande ont
uni leurs efforts pour rencontrer en personne les gouverneurs
des districts administratifs, les maires, les administrateurs muni­
cipaux, les ser vices sociaux et la presse afin d'expliquer leur
oeuvre et de montrer en quoi le livre Le
secret du bonheurfami­
lial peut aider les familles. Q!iel en a été le résultat ? Q!ielque
120 journaux ont publié des articles positifs à ce propos. Par ail­
leurs, presque tous les maires et autres fonctionnaires ont ac­
cepté un exemplaire du livre et ont promis de le lire.
46
Annuaire 1998
Dans une ville de
Lituanie, où il y a seulement un petit
groupe de prédicateurs, les Témoins ont également rendu vi­
site au maire pour lui présenter le livre et expliquer leur œuvre.
Celui-ci, impressionné, a demandé aux frères s'il y avait régu­
lièrement des réunions dans la ville, car, a-t-il dit, cette con­
naissance-là est importante pour les gens. Ils ont répondu que
les Témoins étant peu nombreux, il n'y avait pas de salle. Mal­
gré tout, le maire les a engagés à organiser des réunions. Forts
de ces encouragements, les Témoins ont pris des dispositions
pour que des réunions se tiennent régulièrement à Skuodas.
Au sujet de !'Holocauste
Ces dernières années, les événements qui eurent lieu durant
l'ère nazie et l'Holocauste ont de nouveau éveillé l'attention
de représentants de l'État, d'historiens et d'enseignants. Les Té­
moins de Jéhovah furent au nombre des minorités qui dénon­
cèrent systématiquement les atrocités du régime d'Hitler. L'his­
toire de cette résistance a suscité l'intérêt des milieux scolaires.
Un manuel et une version de 28 minutes de la vidéo La fermeté
des Témoins de Jéhovah face à la persécution nazie ont été pro­
duits à l'intention des enseignants qui aborderaient les événe­
ments liés à l'Holocauste. Ces supports pédagogiques mettent
en lumière les questions éthiques et morales qu'une telle tragé­
die soulève. Ils permettront aux enseignants de présenter à leurs
élèves l'exemple positif d'un groupe qui fut directement con­
fronté aux pressions de l'entourage, à l'intolérance et à la cons­
cience. Des professeurs qui enseignent depuis le secondaire jus­
qu'à l'université ont exprimé le vif désir d'utiliser ce matériel.
En Allemagne, le film vidéo Fermeté a été projeté en avant­
première au Mémorial du camp de concentration de Ravens­
brück, à
6 0 kilomètres au nord de Berlin. Des représentants de
l' État et des personnalités étaient présents, ainsi que des his­
toriens et des survivants de la persécution nazie. Cette avant­
première a reçu un accueil favorable. Qiatre-vingt-dix-neuf
47
Rapport mondial
journaux et deux grandes stations radiophoniques ont couvert
l'événement. La vidéo Fermeté est actuellement projetée dans
plus de 15 0 villes d'Allemagne et remporte un franc succès au­
près du public.
En Russie, en mai 1 997, deux frères ont participé à Mos­
cou à un colloque international de spécialistes sur le thème de
l'enseignement de l'Holocauste. Ils ont traité de l'histoire des
Témoins de Jéhovah à l'époque nazie et ont souligné le fait
qu'on enseignait aux Témoins à se montrer impartiaux envers
tous les hommes. - Actes 10:3 4, 3 5 .
Toujours à Moscou, e n une autre occasion, dix Témoins de
Russie, d'Ukraine et d'Allemagne ont assisté, en qualité de sur­
vivants, à une conférence de presse et à une avant-première de
la vidéo Fermeté en russe. Deux survivants du camp de Stut­
thof, un Allemand et un Ukrainien, sont restés en contact par
courrier depuis leur libération en mai 1945. Ils se sont revus à
Moscou après 5 2 ans ! La conférence terminée, les journalistes
ont circulé parmi les frères pour prendre des photos et réali­
ser des interviews. La vidéo Fermeté a suscité larmes et applau­
dissements nourris. L'événement a attiré l'attention des médias
et du milieu de l'éducation. Des journalistes russes, qui par le
passé avaient généralement été critiques envers les Témoins de
Jéhovah, ont fait des commentaires favorables tant sur leur his­
toire que sur leur œuvre. On a lu dans un journal : " Nombre
d'entre eux furent arrêtés, envoyés en camps de concentration
et exécutés. Mais leur courage, renforcé par leur foi en Dieu,
a cependant été le plus fort. Ces gens ont bien fait de réaliser
ce film, car ils ont ainsi ouvert les yeux de tous sur une page
peu connue de l'histoire de l'opposition au nazisme. Qi'ils en
soient remerciés. "
On prend l'initiative
Les journalistes sérieux font des reportages objectifs et
exacts s'ils reçoivent coopération et renseignements. Ainsi
48
Annuaire 1998
donc, en Israël, quand une foule de croyants a pris d'assaut une
Salle du Royaume, on a, par des interventions coordonnées,
averti les médias de l'incident. Des j ournaux ainsi qu'une
chaîne de télévision ont couvert les travaux de réparation
qu'ont effectués
15 touristesTémoins de Jéhovah qui étaient en
croisière. Ces reportages ont fait ressortir le contraste flagrant
entre les gens qui disent simplement croire en Dieu et ceux qui
vivent véritablement en accord avec ses enseignements.
En
Zambie, un journaliste a écrit un article dans lequel il
associait lesTémoins de Jéhovah au satanisme. La filiale du pays
a été conseillée sur la façon de prendre contact avec le rédac­
teur en chef du journal et une lettre type intitulée " lettre au ré­
dacteur en chef " lui a été fournie. On a remis au rédacteur en
chef un exemplaire du livre
Connaissance et de la brochure Les
esprits des morts. Il a promis de s'occuper de cette affaire. Dès le
lendemain, sous le titre " Les Témoins de Jéhovah contre le sa­
tanisme ", la lettre était publiée dans son intégralité.
En raison de la présentation déformée de faits et de la désin­
formation, l'opinion publique de certains pays européens consi­
dère lesTémoins de Jéhovah comme une secte dangereuse. Les fi­
liales ont reçu des conseils sur la façon de présenter des réponses
qui exposent clairement les activités de notre organisation et qui
dissipent les craintes éventuelles des gouvernements.
En contraste avec les ténèbres spirituelles du monde, la lu­
mière de la vérité continue de briller intensément. Combien
sont justes ces paroles de l'apôtre Paul en Philippiens
"
2: 15 :
Vous brillez comme des foyers de lumière dans le monde. "
Nous prions pour que Jéhovah dirige et bénisse les efforts faits
pour corriger les idées fausses et les préjugés qui circulent sur
son organisation et sur les activités de ses Témoins. Nous espé­
rons qu'en continuant de faire ' briller notre lumière ' de cette
manière, une plus grande louange montera vers Jéhovah, lui
qui éclaire notre sentier. - Ps.
36 :9.
AFRIQUE
L'Afrique est un continent où l'on parle un grand nom­
bre de langues : 750, outre celles venues d'Europe. Dans son
amour, Jéhovah veut qu'hommes, femmes et enfants " de tou­
tes nations et tribus et peuples et langues " fassent partie de
ceux qui seront sauvés lors de la " grande tribulation ". (Rév.
7:9, 1 4.) Pour cela, il faut leur donner la possibilité de le con­
naître. Afin qu'ils puissent non seulement entendre parler de
Jéhovah, mais aussi acquérir une connaissance exacte de ses
voies, la Société Watch Tower publie des ouvrages en 127 des
langues les plus courantes d'Afrique ( 1 Tiro. 2:3, 4). La der­
nière année de service a vu s'ajouter 9 langues, et des publica­
tions sont en cours de réalisation dans 1 1 autres langues. Cette
année, les Écritures grecques chrétiennes - Traduction du
monde nouveau ont paru en swahili pour la Tanzanie et le Ke­
nya et en tswana pour le Botswana et l'Afrique du Sud.
Un des points marquants de l'année pour l'Angola a été la
parution et la diffusion du livre Connaissance et de la brochure
Attend en trois langues : kimbundu, kikongo et umbundu.
50
Annuaire 1998
Grâce à ces outils, les proclamateurs peuvent utiliser des pré­
sentations simples et directes, et commencer des études bi­
bliques dès la première visite. Le nombre des études bibli­
ques à domicile, en Angola, a atteint un nouveau maximum de
7 1 000, soit, en moyenne, plus de 2 études par proclamateur.
Le nombre des prédicateurs du Royaume s'est lui aussi accru de
façon remarquable : il a augmenté de 16 % ! À Luanda, la capi­
tale, et dans ses environs, il y a maintenant 3 50 congrégations,
réparties dans 1 7 circonscriptions.
En É thiopie, tout en marchant, une sœur donnait le témoi­
gnage aux gens dans une rue et elle ne s'est pas rendu compte
que quelqu'un écoutait derrière elle. Q!iand les autres ont cessé
de tourner le message en ridicule, l'homme humble s'est pré­
senté pour demander une étude biblique. Pour étudier, il lui
fallait marcher neuf heures à l'aller et autant au retour. Q!iand
il a voulu être proclamateur, le surveillant de circonscrip­
tion est allé lui rendre visite. Q!ielle ne fut pas sa surprise de
trouver 30 personnes qui l'attendaient ! Cet étudiant de la Bi­
ble communiquait ce qu'il apprenait. Tous avaient beaucoup
de questions à poser et la discussion a duré jusqu'à trois heures
du matin. Mais le surveillant de circonscription ne s'était tou­
jours pas entretenu avec l'étudiant au sujet des conditions re­
quises pour être proclamateur. De plus, il lui fallait repartir ce
matin-là, car il avait un autre rendez-vous. L'étudiant de la Bi­
ble a donc accompagné le surveillant de circonscription qui l'a
interrogé tout en marchant. Finalement, le surveillant lui a dit
qu'il remplissait les conditions requises pour prêcher. Ils ont
prié, puis se sont séparés. Cet homme humble s'est fait bapti­
ser en janvier 1 997 et il effectue toujours de longs trajets à pied
12 heures aller et retour - pour assister aux réunions.
-
Ces dernières années, des missionnaires ont afflué au Bur­
kina Faso ; on en compte actuellement 42 dans ce pays subsa­
harien. Avant de devenir missionnaires, certains ont bénéficié
des cours de l'École de Guiléad ou de l'École de formation mi-
51
Rapport mondial
nistérielle. D'autres étaient des pionniers, avec pour seule for­
mation celle que tous les serviteurs de Jéhovah reçoivent dans
leurs Salles du Royaume. Des pionniers de France se sont égale­
ment établis au Burkina Faso d'eux-mêmes, au prix de grands
sacrifices, mais confiants en Jéhovah, pour servir là où le be­
soin en prédicateurs est grand. Nul doute que Jéhovah bénit les
efforts de ces proclamateurs zélés de son Royaume.
À Harare,
au
Zimbabwe,
une femme a commencé à étu­
dier la Bible avec les Témoins de Jéhovah à l'aide du livre
vre éternellement.
Vï­
Mais son mari lui a reproché de gaspiller
l'argent de la famille en achetant des livres sans intérêt et l'a
incitée à trouver une autre religion. Par la suite, ils ont quitté
la ville pour s'installer dans leur maison à Chendambuya. Ils y
ont contracté le paludisme. Alors qu'il était alité, le mari a lu
une ancienne
Tour de Garde que sa femme avait conservée. Puis
il a enchaîné avec le livre Vïvre éternellement qu'il a dévoré. Sa
femme lui a demandé s'il voulait bien le lire avec elle et ils l'ont
étudié ensemble. " Est-ce qu'on enseigne cela à ton Église ? "
a demandé le mari. " Non ", a répondu la femme. " Alors n'y
va plus, a-t-il dit. On va chercher celle qui produit ces livres. "
" Mais c'est l'Église que tu m'as dit de quitter ! " lui a-t- elle fait
remarquer. " Je sais bien. Mais il faut qu'on trouve ces gens. "
Ils ont souhaité qu'un Témoin vienne chez eux et ils ont im­
médiatement commencé à étudier la Bible sur le livre
sance.
Connais­
Un mois plus tard, le livre était achevé. Ils se sont fait
baptiser en août, à l'assemblée de district.
Au nombre des " forteresses " que nos frères du
doivent renverser figurent les traditions funèbres
Sénégal
(2 Cor. 10:4,
5). Les rites relatifs à l'enterrement s'accompagnent souvent
de pratiques ayant un lien avec la croyance en l'immortalité de
l'âme. Récemment, dans un village proche de Dakar, lors de
la mort d'une femme Témoin de Jéhovah de
89 ans, son fils a
interdit tout rite contraire à la Bible. La coutume tribale veut
52
Annuaire 1998
que la famille du côté paternel fournisse un linge blanc qui
couvrira le défunt. Toutefois, avant cela, on déchire une partie
de ce linge en bandelettes que les membres de la famille proche
se nouent autour du poignet et du cou. Cette pratique n'a pas
seulement pour but de distinguer les membres de la famille.
C'est aussi une superstition, selon laquelle ces bandelettes les
empêchent de déplaire au mort. Pour la première fois, une fa­
mille n'observait pas la coutume, à la stupéfaction de tout le
village. Un conseiller catholique a fait cette remarque : " Les
Témoins de Jéhovah ont réussi à faire en un jour ce que nous
nous évertuons à faire depuis 1 5 ans. Je pense qu'ils possèdent
une force que les autres n'ont pas. " Plus de 400 personnes du
village ont assisté aux funérailles de la vieille dame. Beaucoup
d'entre elles s'interrogent sur la Bible et sont en train de rece­
voir des réponses satisfaisantes à leurs questions.
Nos frères du Zaïre (aujourd'hui la République démocrati­
que du Congo) ont été grandement réconfortés par les paroles
de Psaume 1 1 2:7, qui dit : " Il ne craindra pas de mauvaise nou­
velle. Son cœur est ferme, confiant en Jéhovah. " L'année avait
bien commencé avec un maximum de 104 134 proclamateurs.
Puis la guerre a éclaté dans l'est du pays et s'est propagée jusque
dans l'ouest. Les frères du Béthel de Kinshasa étaient dans l'in­
capacité d'établir un contact avec ceux qui étaient en territoire
occupé. Cependant, il y avait 180 surveillants de circonscription
et 1 1 de district dans tout le pays, et ce sont eux qui fortifiaient
et encourageaient les frères. Hakizirnana Musa, un des surveil­
lants de circonscription, a écrit : " Je pense souvent à Psaume
46:1 quand je suis sur ma bicyclette pour aller voir les frères. Je
sais qu'ils ont besoin d'encouragement en ces moments diffici­
les. Parfois je trouve des maisons complètement brûlées ; les gens
ont fui. Même les oiseaux sont partis! Un jour, les soldats m'ont
arrêté et m'ont conseillé de ne pas aller plus loin à cause du dan­
ger. Le cœur palpitant de peur, j'ai prié et j'ai poursuivi mon
chemin jusqu'à la congrégation suivante. "
Rapport mondial
53
La filiale du Zaïre était dans l'impossibilité d'envoyer des
secours en zone occupée. Aussi, quel soulagement pour les frè­
res quand une équipe d'aide humanitaire composée de Témoins
d'Europe est arrivée avec des secours ! En mai 1997, Kinshasa,
la capitale, est tombée. Tandis que le monde entier regardait
sur les écrans de télévision des images terribles des réfugiés de
guerre privés de tout et affamés, le peuple de Dieu restait neu­
tre dans ce conflit. Malgré la faim, la maladie et le fait qu'ils
aient dû fuir de chez eux, ils ont continué d'annoncer paisible­
ment la bonne nouvelle du Royaume de Dieu. La parution de
la brochure Attend en uruund est peut-être passée inaperçue
dans les autres pays. Mais, au Zaïre, elle a permis aux 56 pro­
clamateurs d'une congrégation de commencer 1 50 études bi­
bliques avec des personnes qui avaient énormément besoin du
soutien que seul Dieu peut apporter.
Un pionnier du Nigeria s'est servi de la brochure Attend
pour donner le témoignage à un homme dans un taxi-brousse.
Ils ont discuté de certains points de la leçon " Les pratiques que
Dieu déteste " . L'homme a écouté attentivement, a posé des
questions et a pris la brochure. Lors d'un arrêt, ils se trouvaient
dans un restaurant quand l'homme a montré au frère un pa­
quet. " �'est-ce qu'il y a à l'intérieur ? " a demandé le pion­
nier. " De l'argent, a répondu l'homme. Mais je ne sais pas com­
bien. Il n'est pas à moi, je l'ai pris dans une valise, dans le coffre
du taxi. " En raison de ce que venait de lui montrer le pionnier
dans la brochure, l'homme voulait maintenant restituer l'argent
à son propriétaire. Ce dernier, un jeune commerçant, a rapide­
ment reconnu son paquet. Celui-ci contenait 1 50 000 naira (en­
viron 10000 francs). L'homme suivait sa victime depuis 500 ki­
lomètres. Il a suggéré au commerçant de remercier le pionnier,
car c'est sa brochure qui l'avait fait changer d'avis. Ebahis, le
chauffeur et les autres passagers ont demandé la brochure. Le
commerçant, qui jusqu'alors n'avait jamais permis aux Témoins
de lui parler, voulait maintenant étudier la Bible.
ASIE ET ÎLES DU PACIFIQUE
Le continent asiatique comprend une partie importante de
la population du globe. Par ailleurs, des milliers d'îles - des
grandes comme des p etites - sont éparpillées
à travers les
océans. Partout où des gens vivent, les Témoins de Jéhovah se
sont efforcés de leur apporter la bonne nouvelle du Royaume
de Dieu.
Le fait suivant qui vient d'une île au sud-est de l'Inde illus­
tre la valeur que prennent les publications bibliques entre les
mains des gens. Au début des années
moin a laissé un livre Vivre
80, à Sri Lanka, un Té­
éternellement à un hornrne qui vi­
vait dans une ville où il n'y avait pas de Témoins de Jéhovah.
En
1 985, cet homme a commencé à lire le livre et s'est rendu
à le lire
compte qu'il renfermait la vérité. Il a alors continué
avec sa famille, puis avec ses amis intimes, après quoi ils en ont
discuté ensemble. Bientôt, un groupe de
1 1 personnes se réu­
nissaient chez l'homme pour ces discussions. Ils ont rompu
tout lien avec la fausse religion, et ils savaient qu'il leur faudrait
55
Rapport mondial
aussi aller prêcher à autrui. E n janvier
1 997, l a filiale a reçu une
lettre dans laquelle ils demandaient de l'aide.
À un couple de pionniers spéciaux envoyés pour leur ren­
dre visite, les personnes ont demandé : " Pouvez-vous nous ap­
prendre à prier, s'il vous plaît ? " Après maintes questions et
une longue discussion, les pionniers ont été invités à passer la
nuit chez les gens. Le lendemain matin, à
6 heures, le maître de
maison, très excité, les a réveillés, car il désirait qu'on réponde
à d'autres questions.
À9
heures, 16 personnes sont arrivées.
Les pionniers ont présenté un discours public impromptu, ils
ont répondu aux questions et, finalement, à
rentrés chez eux.
1 4 heures ils sont
À présent, des réunions se tiennent régulière­
ment dans cette région.
Alors qu'elle allait à la rencontre d'un autre Témoin, une
sœur du Liban a croisé une femme âgée qui se reposait, car elle
était lourdement chargée. Lorsque la sœur lui a proposé son
aide, elle s'est exclamée : " Des gens comme vous existent-ils
encore ? " Elle l'a chaudement remerciée et a insisté p our lui
offrir une tasse de café. La sœur a accepté l'invitation, en a pro­
fité pour lui donner le témoignage et lui a promis de lui ap­
porter le livre
Connaissance. Bien qu'elle ait affirmé ne pas ap­
précier les Témoins de Jéhovah, la femme a pris le livre. Lors de
la nouvelle visite, la sœur a rencontré la fille de la dame, qui a
prêté un grand intérêt au message qui lui a été présenté.
À pré­
sent, elle étudie régulièrement la Bible à l'aide du livre
Con­
naissance.
Certaines personnes influentes dans les milieux politiques
a pp r é c i e n t l ' œuvre d e s Té m o i n s de Jéhovah, t andis que
d'autres, sous la pression du clergé, leur imposent des restric­
tions. Cependant, nous sommes heureux de constater qu'au
cours de l'année dernière la reconnaissance officielle a été ac­
cordée aux Témoins de Jéhovah au Pakistan, en Malaisie et au
Kazakhstan.
56
Annuaire 1998
Au Pakistan, un pasteur disait aux gens qu'ils ne devaient
pas laisser les Témoins entrer chez eux parce qu'ils ne croyaient
pas en Jésus et que leurs doctrines étaient fausses. Toutefois, une
famille étudiait la Bible avec un pionnier spécial et ne voulait
pas arrêter. Un jour, le pasteur a rendu visite à cette famille pen­
dant leur étude. Il est resté assis sans faire de bruit et a été sur­
pris de constater que les Témoins enseignaient vraiment la Bible.
Il s'est donc mis à l'étudier lui aussi, il a commencé à assister aux
réunions de la congrégation et aujourd'hui il est unTémoin bap­
tisé. Grâce à cet ancien pasteur, six autres personnes se sont mi­
ses à assister régulièrement aux réunions desTémoins de Jéhovah.
En Malaisie, de nombreuses villes de plus de 30 000 habi­
tants ne comptent aucun Témoin de Jéhovah. Avec une popu­
lation aussi importante à qui transmettre la bonne nouvelle,
les proclamateurs ont une lourde tâche. Certaines régions sont
très productives. À l'aide d'une brochure intitulée La vie éter­
nelle dans le Paradis ! qui a récemment été traduite en kada­
san dusun, quatre pionniers spéciaux temporaires envoyés
dans l'État de Sabah, dans le nord de Bornéo, ont pu entamer
50 études bibliques à domicile en trois mois.
Fournir les publications bibliques dans les nombreux dia­
lectes orientaux est une tâche colossale. Elles sont déjà disponi­
bles dans des langues qui sont comprises dans une certaine me­
sure par la plupart des gens. Mais les résultats sont bien
meilleurs lorsqu'un ouvrage est publié dans la langue mater­
nelle des gens. Au Kirghizistan, une sœur âgée qui ne parlait
pas le russe se sentait limitée dans son ministère. Mais, quand
le livre Connaissance est paru en kirghiz, elle l'a utilisé avec un
tel zèle qu'après en avoir entendu parler des habitants d'autres
villages sont venus chez elle à pied, à bicyclette ou dans une
charrette tirée par un âne. Aujourd'hui, cette sœur dirige plu­
sieurs études bibliques et se réjouit de posséder une publication
dans sa langue qui lui permet de répandre la bonne nouvelle.
EUROPE
Depuis plus d'un siècle, les Témoins de Jéhovah proclament
la bonne nouvelle en Europe. De nombreuxTémoins européens
se sont rendus dans d'autres pays où le besoin en proclamateurs
du Royaume est grand. Pendant les années
90, l'Europe de l'Est
a été l'objet d'une attention particulière pour qu'un témoignage
intensif y soit donné. Par ailleurs, au cours des dernières années,
un grand nombre d'immigrés venus de pays qui comptent relati­
vement peu de Témoins se sont déplacés en Europe, où un grand
nombre de Témoins sont heureux de les accueillir et de leur faire
connaître la bonne nouvelle du Royaume de Dieu. Tout cela
contribue à ce qu'un témoignage soit donné jusque " dans la ré­
gion la plus lointaine de la terre ", selon ce que Jésus a annoncé.
- Actes
1 :8.
Dans plusieurs pays, les immigrés réagissent favorablement
au message du Royaume. Lorsque les Témoins font leur possi­
ble pour leur communiquer les vérités bibliques, l'esprit de Jé­
hovah ouvre leur cœur. C'est ce qui s'est passé pour un réfugié
58
Annuaire 1998
latino-américain en Norvège. Il a remarqué des gens bien vêtus,
jeunes et moins jeunes, se rendant à une Salle du Royaume près
du centre d'accueil pour réfugiés. Il a également assisté à cer­
taines de leurs réunions et aimé ce qu'il y a vu, mais il ne com­
prenait pas le norvégien et personne n'y parlait espagnol. Néan­
moins, une étude de la Bible a été commencée avec lui. Le
Témoin se servait du livre
monde nouveau
Connaissance
et de la
Traduction du
en norvégien, tandis que l'homme utilisait les
mêmes ouvrages en espagnol. Ils ont suivi scrupuleusement les
matières de l'étude et mis en valeur les versets des Écritures, si
bien que les progrès ont été rapides. L'ordre, l'harmonie et l'am­
biance amicale que l'homme a notés dans la congrégation ont
renforcé sa conviction d'avoir trouvé le peuple de Dieu.
Q!lelques mois après, il a exprimé son désir de devenir pro­
clamateur, mais, en raison de la barrière de la langue, les anciens
ne parvenaient pas à discerner s'il remplissait les conditions re­
quises. Cependant, une assemblée de circonscription en espa­
gnol devait avoir lieu à Oslo, à
2 400 kilomètres de là. Certains
frères ont participé à l'achat du billet d'avion afin que l'homme
puisse y assister.
À l'assemblée,
des anciens d'expression espa­
gnole ont constaté qu'il remplissait effectivement les conditions
requises pour prendre part à la prédication, ce qu'il a commencé
à faire sur-le- champ. Dès le début, il a fourni de grands efforts
pour donner le témoignage à d'autres réfugiés dans le centre où
il vit et pour les inviter à la Salle du Royaume. Des études bibli­
ques ont ainsi été commencées avec des réfugiés sud-américains,
africains et européens. Un an après avoir assisté à sa première
réunion, l'homme s'est fait baptiser.
Certains j eunes s'imprègnent de la vérité comme une
éponge plongée dans l'eau. C'est ce qu'illustre l'exemple de
Marko, étudiant en Finlande. Un professeur lui avait dit qu'une
femme Témoin de Jéhovah travaillait au conservatoire de mu­
sique. Marko est allé trouver la sœur en question pour connaî­
tre son point de vue sur certains sujets, mais le temps était trop
court. Le soir, elle a téléphoné à Marko pour lui dire que, s'il
Rapport mondial
59
voulait plus de renseignements, elle pouvait lui prêter quelques
livres. Il s'est immédiatement rendu chez elle, où son mari et elle
ont répondu à certaines de ses questions et lui ont donné la bro­
chure Attend, la cassette vidéo
Organisation et le livre La vie :
comment est-elle apparue? Évolution ou création? Qyelques
jours après, il revenait demander d'autres publications. Sa con­
versation montrait qu'il avait vraiment assimilé ce qu'il avait lu.
Cette fois, on lui a offert le livre Connaissance et une bible, après
quoi on lui a expliqué que des dispositions étaient prises pour
étudier la Bible avec ceux que cela intéressait ; mais il voulait
tout d'abord prendre connaissance du livre. En l'espace d'une
semaine, il l'a lu et a vérifié les versets. Avant même de commen­
cer à étudier la Bible, il s'était retiré de l'Église. Il a rapidement
entrepris de donner le témoignage à des parents, à des amis et à
des professeurs du conservatoire. lï-ois mois et demi après le dé­
but de l'étude, il était baptisé.
En
Estonie, une femme professeur de russe était engagée à
20 ans lorsqu'elle a rencontré les
fond dans le spiritisme depuis
Témoins de Jéhovah. Elle avait pris des cours sur l'utilisation du
pendule pour identifier les organes malades chez une personne.
(Le p endule commençait à se balancer quand elle posait des
questions aux patients.) Elle avait participé à une assemblée réu­
nissant des pratiquants de la perception extrasensorielle venus
de toute l'Union soviétique et à des réunions du Nouvel Âge.
Pour quelle raison ? Sa mère était très malade et elle recherchait
un moyen de la soulager. Elle savait que Jésus avait guéri des
gens, et elle croyait que les guérisseurs d'aujourd'hui étaient des
serviteurs de Dieu. Elle ignorait que le pouvoir de guérison pou­
vait venir d'une autre source (Deut.
18:10-12 ; Mat. 7:1 5-23).
Les démons se sont mis à la mordre et à l'étrangler. Elle avait
désespérément besoin d'aide. Déçue par les autres groupes reli­
gieux, elle a pris contact avec les Témoins de Jéhovah. Une étude
biblique a été immédiatement commencée. Elle a appris com­
ment prier et résister au Diable. Lorsqu'elle a compris le point
de vue de Jéhovah sur le spiritisme, elle a brûlé ses ouvrages
60
Annuaire 1998
spirites et détruit ses cinq pendules. Q!latre mois après, elle par­
ticipait à la prédication, aidant autrui à tirer profit des vérités
qui l'avaient libérée. À présent, elle est pionnière auxiliaire de fa­
çon continue, reconnaissante à Jéhovah d'être comptée parmi
ses serviteurs heureux.
En Espagne, Damaris, la fille d'un ancien, avoue qu'elle a eu
du mal à donner le témoignage à ses camarades de classe. Mais
elle a remarqué que la plupart fumaient ou rencontraient des
problèmes à cause de la drogue. Elle savait qu'ils avaient besoin
d'aide. Finalement, elle a parlé à une élève des effets de la drogue
et de la cigarette, puis lui a dit qu'elle possédait un livre abordant
des sujets intéressants pour tous les jeunes, notamment les con­
séquences de l'usage de drogues. La jeune fille a demandé à voir
le livre, qui a fini par circuler dans la classe. Environ un tiers des
élèves ont voulu avoir leur propre exemplaire du livre Lesjeunes
s'interrogent - Réponses pratiques. Résultat : l'élève à qui Da­
maris a donné le témoignage a arrêté de fumer, et la voie est ou­
verte pour d'autres discussions.
Pendant la guerre en ex-Yougoslavie, nos frères sont passés
par des moments très difficiles. Mais s'ils étaient réduits à la mi­
sère, sur le plan spirituel, en revanche, ils étaient riches. Lors de
l'assemblée de district à Zagreb, en Croatie, les situations vécues
à Vukovar ont touché leur cœur. Cette ville croate naguère sous
l'autorité serbe est maintenant de nouveau passée sous domina­
tion croate. Elle a connu certains des pires actes de destruction
de la guerre, et la majorité des habitants, dont nos frères, ont
dû fuir pour protéger leur vie. Pendant quatre ans, les frères en
Croatie ont ignoré qu'une sœur, Maria, était restée à Vukovar.
Au début, elle prêchait toute seule et, quelquefois, avait la possi­
bilité de se rendre dans une congrégation avoisinante en Serbie.
Son zèle en temps de guerre a été abondamment récompensé.
Imaginez la surprise des frères à l'assemblée de district lorsqu'ils
ont accueilli un groupe d'une vingtaine de personnes venant de
Vukovar !
AMÉRIQUES
Grâce à leur ministère zélé, les Témoins de Jéhovah sont
bien connus aux Amériques. Bien qu'elles ne choisissent pas de
vivre en accord avec les normes de la Bible, de nombreuses per­
sonnes admirent leur œuvre. Certaines sont même impression­
nées lorsqu'ils leur montrent des conseils pratiques dans la Bi­
ble. Bien entendu, les Témoins de Jéhovah s'efforcent aussi de
les aider à connaître et à aimer Jéhovah Dieu, la Source de ces
conseils, ainsi que son dessein bienveillant pour les humains.
Même s'ils se dépensent tant et plus pour porter le message
du Royaume à leurs semblables, les pionniers ne s'attendent
pas à avoir une médaille pour leur activité. C'est pourtant ce
qui est arrivé à une pionnière spéciale au Venezuela. Carmen
Bravo a eu un jour la surprise de recevoir une invitation du
" Comité des dames de Paez à assister à une cérémonie lors de
laquelle on devait lui décerner une médaille pour sa " précieuse
contribution dans le domaine religieux ". Mais pourquoi ? La
ville de Guasdualito a connu de nombreuses guérillas, et Car­
men, âgée de 70 ans, apaise les habitants en répondant à leurs
"
62
Annuaire 1998
questions à l'aide de la Bible, en dirigeant des études et en lais­
sant des publications bibliques. Beaucoup de personnes lisent
et apprécient La Tour de Garde et Réveillez-vous ! Les autori­
tés sont également impressionnées par le nombre de couples
qui ont légalisé leur union grâce à l'œuvre d'évangélisation des
Témoins de Jéhovah. Carmen est considérée comme un atout
pour la communauté. Elle a accepté la médaille avec joie, mais
elle pense humblement n'avoir été qu'un instrument utilisé par
Jéhovah pour transmettre son message aux personnes. - Voir
1 Corinthiens 3:6, 7.
À Porto Rico, les Témoins de Jéhovah se sont présentés de­
vant le conseil d'administration d'un stade qu'ils souhaitaient
utiliser pour une assemblée. Un homme qui, depuis de nom­
breuses années, délivrait les permis d'utilisation des installa­
tions a demandé à prendre la parole le premier. Il a dit aux mem­
bres du conseil qu'une année où les Témoins de Jéhovah avaient
utilisé le stade, ils l'avaient nettoyé à fond comme jamais il ne
l'avait été. L'année précédente, le système de climatisation était
tombé en panne dans un secteur. Après l'assemblée, l'homme
avait constaté que les Témoins l'avaient réparé gratuitement. Ils
avaient également refait certaines parties du système électrique
et de la plomberie. Qlant au parking, il était reluisant de pro­
preté. Le conseil a donc décidé que les Témoins utiliseraient le
stade gratuitement pour leur prochaine assemblée.
En raison de l'important trafic de drogue dans une région
très pauvre d'Haïti, des soldats ont fouillé et saccagé un bon
nombre de maisons. Cependant, lorsqu'ils ont vu La Tour de
Garde et d'autres publications des Témoins de Jéhovah chez
Anna, ils ont déclaré : " Nous ne devons pas saccager cette
maison. Les Témoins de Jéhovah ne se livrent pas au trafic de
drogue. " Voyant cela, une voisine s'est précipitée chez elle et
a étalé ses ouvrages protestants. Qland les soldats sont arrivés,
elle leur a dit qu'il n'était pas nécessaire de fouiller sa maison,
car elle aussi possédait des livres religieux. Ils ont regardé les li-
Rapport mondial
63
vres en répliquant : " Ce ne sont pas les mêmes. " Puis ils ont
mis la maison à sac. Anna n'était pas encore Témoin de Jého­
vah. Mais, à la suite de cet événement, elle a prié Jéhovah de
l'aider à conformer sa vie à ses justes principes. Aujourd'hui,
c'est unTémoin baptisé.
Dans la congrégation d'El Cruce de Cajamarca, au Pérou,
un pionnier spécial a rencontré Rafael. Des dispositions ont
été prises pour que lui et sa famille étudient le livre Connais­
sance. En raison de la distance considérable, au début l'étude
ne se faisait pas chaque semaine. Au premier rendez-vous, le
frère a été surpris d'apprendre que Rafael ne croyait pas à la
rrinité, à l'enfer ni aux " saints ". À la question : " Comment
avez-vous appris cela ? " Rafael a répondu : " En lisant ce li­
vre. " Puis il a sorti le livre Vivre éternellement. " Toutefois, il ne
suffit pas de le lire, a-t-il ajouté. Il faut que quelqu'un m'aide. "
(Voir Actes 8:3 1). Lors de la deuxième étude, il a expliqué que
sa femme et lui passaient leurs dimanches à rendre visite à leurs
voisins pour leur enseigner ce qu'ils avaient appris. À sa troi­
sième visite, le pionnier a trouvé Rafael en train de faire des
visites pastorales, se servant pour cela de La Tour de Garde
du 1 5 septembre 1 99 3, le même numéro qu'utilisait le pion­
nier pour ses visites pastorales. En peu de temps, Rafael et sa
femme sont devenus proclamateurs et, au mois d'août de l'an­
née dernière, tous les deux se sont fait baptiser.
Tandis que le nombre des proclamateurs au Mexique a aug­
menté à une allure stupéfiante au cours des dernières années,
le service juridique de la filiale n'a pas ménagé ses efforts pour
que les droits des frères soient respectés. Un moyen d'y parve­
nir est de rester en contact avec les autorités afin de les assurer
de notre désir de résoudre les problèmes paisiblement. Ainsi,
dans l'État du Chiapas, alors que le tribunal traitait une affaire
concernant la non-participation desTémoins aux fêtes religieu­
ses (il a donné raison aux Témoins de Jéhovah), ceux-ci ont
saisi l'occasion pour préciser qu'ils étaient prêts à collaborer
64
Annuaire 1998
aux activités sociales n'ayant aucun caractère religieux ou po­
litique. Les représentants de l'État ont été impressionnés par la
propreté, la dignité et le respect manifestes chez ces humbles
cultivateurs qui sont Témoins de Jéhovah.
Aux États-Unis, dans le Maine, un ancien a constaté que le
témoignage sur les bateaux est l'une des facettes les plus pro­
ductives de son ministère. Un jour, il s'est adressé au comman­
dant d'un bateau en provenance des Philippines. Se confor­
mant à ce qu'il avait appris par sa lecture de la Bible, l'homme
avait déjà quitté l'Église catholique. L'ancien a examiné avec
lui le tract Une vie de famille agréable. Comme le bateau ne
restait à quai que quatre jours, notre frère a effectué la pre­
mière nouvelle visite le soir même et deux autres par la suite.
Il a apporté six cassettes vidéo de la Société. Les discussions et
les cassettes ont fait une si forte impression sur le commandant
qu'il a compris qu'il devait opérer des changements importants
dans sa vie. Il a exprimé le vif désir d'en apprendre davantage
sur la Parole de Dieu et de la mettre en pratique.
Sur les 37 assemblées de district prévues au Canada l'année
dernière, neuf ont eu lieu dans la province du Qiébec, dont une
à Qiébec, où 9 2 1 3 personnes se sont réunies. Cinq ont été or­
ganisées à Sherbrooke lors de week-ends consécutifs. Le nom­
bre total d'assistants aux neuf assemblées dans la province a été
de 32 1 8 1 . Qiel changement par rapport aux situations qu'ont
vécues les Témoins de Jéhovah dans les années 40 et 50 ! À cette
époque, des centaines d'entre eux ont été arrêtés. Certains
ont été pris à partie par la foule. Mais ils ont continué d'obéir
à Dieu en sa qualité de chef et ont refusé de cesser de parler du
Royaume de Dieu à leur prochain. Grâce à leur persévérance,
les lois ont changé au Canada, garantissant à tous les Canadiens
une plus grande protection de leurs libertés. Il y a actuellement
1 2 congrégations florissantes à Qiébec et 4 à Sherbrooke. Jého­
vah a béni le service assidu de ses fidèles Témoins.
Actes des Témoins de Jéhovah
dans les temps modernes
Japon
Le Japon est un des pays ayant la plus
forte densité de population. Il est
connu pour les bonnes manières de ses
habitants, mais aussi comme un géant
économique. Pour lesTémoins de Jého­
vah, c'est le pays où l'on enregistre une
des plus fortes proportions de pion­
niers. Vous apprendrez pourquoi en li­
sant ce très intéressant rapport.
Martinique
Les chaines de l'esclavage ont profon­
dément influencé l'histoire de la Mar­
tinique. Mais depuis un demi-siècle un
message de lib ération y est annoncé
avec un zèle croissarit. En lisant ce récit, ,..
__
vous ferez connaissance avec les Mar­
tiniquais : leur façon de penser, leurs
coutumes et leur manière de vivre, et
vous constaterez l'effet de la vérité sur
nombre d'entre eux.
Paraguay
Pendant des dizarr;_es d'années l'œuvre
de témoignage au Paraguay s'est heur­
tée à la puissante influence du clergé ca­
tholique. Cela est en train de changer.
Le catholicisme n'est plus la religion
d'État. Tous les habitants de ce pays ne
parlent pas l'espagnol ; beaucoup par­
lent le guarani, et d'autres des langues
européennes ou asiatiques. Comment
ont-ils appris la vérité biblique ?
JAP O N
TRAVAII..,
assidu et acharné, unité de vues : telles sont
entre autres les qualités qui ont sorti le Japon de la
dévastation de la Seconde Guerre mondiale pour lui con­
férer son rôle actuel, celui d'un des géants de l'industrie
mondiale. Aujourd'hui ce pays, qui compte 125 millions
d'habitants, est connu tant pour ses marques de caméras,
de voitures et d'appareils électriques que pour ses cerisiers
en fleurs, ses azalées et son Fuji-Yama, dont le sommet
neigeux culmine à 3 77 6 mètres.
Cependant, plus impressionnants encore ont été les
progrès théocratiques d'après-guerre. En 1951, environ
40 missionnaires diplômés de Guiléad, l'École biblique de
la SociétéWatchtower, et 200 proclamateurs d'origine ja­
ponaise ont assisté à une assemblée à Tokyo. Nathan
Knorr, alors président de la Société Watch Tower, a dé­
claré attendre avec impatience le jour où il y aurait tant de
proclamateurs du Royaume au Japon qu'il serait difficile
d'y trouver les missionnaires. Ce jour n'a pas tardé ! Bâ­
tissant sur le fondement qui est Christ, les missionnaires,
compagnons de travail de Dieu, ont mis dix ans pour ras­
sembler les 1 000 premiers proclamateurs du pays. Mais,
en 1 992, 1 000 nouveaux évangélisateurs étaient ajoutés
en moyenne chaque mois (voir 1 Corinthiens 3:9-1 1). Le
nombre total des ministres du Royaume de Dieu dans les
îles qui forment le Japon est passé à 220 663, un nouveau
maximum ayant été atteint chaque mois depuis plus de
18 ans. Ce qui s'est produit est une partie exaltante de la
67
68
Annuaire 1998
réalisation d'lsaïe 60:8, 9, qui dit : " Q!li sont ceux-là qui vien­
nent en volant comme un nuage, comme des colombes vers les
ouvertures de leur colombier ? Car les îles continueront d'espérer
en moi. "
L'Annuaire 1973 relate l'histoire du Japon, de ses débuts jus­
qu'en 1 972, année où il y avait près de 1 4000 proclamateurs,
dont plus de 3 000 dans le service de pionnier en plein essor.
Nous reverrons cette histoire que nous prolongerons de 25 ans.
Les premières graines de la vérité du Royaume
Dans ce pays traditionnellement bouddhiste et shintoïste,
comment les graines ayant produit une moisson spirituelle si
abondante ont-elles été semées ? En 1 9 1 1, Charles Russell, alors
président de la Société Watch Tower, était allé au Japon pour se
rendre compte de la situation. Il a rapporté que les missionnai­
res de la chrétienté étaient très découragés et que les gens en gé­
néral montraient peu d'intérêt sincère pour la religion. Il pensait
toutefois que l' " évangile du Royaume " était ce dont ils avaient
besoin. Robert Hollister, un Américain, a été nommé représen­
tant de la Société en Orient. Des tracts et des livres, y compris Le
divin plan des âges, ont été traduits, et des millions d'exem­
plaires distribués, principalement par des autochtones. En 1926,
Junzo Akashi, Américain d'origine japonaise, a été envoyé au Ja­
pon pour représenter la Société. Au début de 1927, une filiale a
été ouverte à Kobe, puis, plus tard dans la même année, elle a été
transférée à Tokyo. En 1938, le nombre des colporteurs qui dis­
tribuaient des périodiques et des livres était passé à 1 10. Mais le
nationalisme religieux fanatique avait été attisé à travers le pays,
ce qui a directement débouché sur la Seconde Guerre mondiale.
Le 21 juin 1939, 1 30 membres de la Todaisha (mot qui signifie
" Le phare ", comme on appelait alors l'organisation locale des
Témoins de Jéhovah) ont été arrêtés et emprisonnés d'un seul
coup, ce qui a mis fin d'une manière effective à l'activité organi­
sée pendant les années de guerre.
69
japon
Malheureusement, le surveillant de la filiale a apostasié sous
la contrainte. À l'exception de quelques serviteurs fidèles, tel­
les les familles Ishii et Miura, la majorité des membres de la To­
daisha l'ont imité en abandonnant le service de Jéhovah. Si ce
groupe a échoué, c'est également parce que ses adeptes ont suivi
un homme, Junzo Akashi. Bien qu'étant déjà marié, il avait
adopté la polygamie, coutume japonaise. Sa femme a continué
de se dépenser dans le service de pionnier pendant plus de 40 ans
à New York, et certains membres de la congrégation de Manhat­
tan-Ouest se souviennent encore avec tendresse de sœur Ogawa­
chi (son nom de jeune fille). Lorsque les missionnaires de l'École
de Guiléad sont arrivés au Japon après la guerre, ils ont trouvé
un groupe important de la Todaisha à Osaka. Ses membres de­
mandaient de l'argent pour les baptêmes et, plus grave encore, ils
menaient une vie immorale, à l'exemple de Junzo Akashi.
Comme ils refusaient d'abandonner cette façon de vivre, on a
dû, pour préserver la pureté de la congrégation, exclure environ
30 d'entre eux.
Ceux qui sont restés fidèles
En revanche, prenons l'exemple de Jizo et Matsue Ishii, qui
ont fait partie des premiers colporteurs japonais. De 1 929 à 1939
ils ont parcouru tout le pays dans le cadre de la prédication. En
juin 1939 ils ont été arrêtés et emprisonnés à Sendai. Matsue se
rappelle encore sa première année d'isolement dans une cellule
minuscule, sale et infestée de puces. On ne lui permettait pas de
se doucher ni de se laver, et elle se faisait piquer par les punai­
ses. Elle n'avait plus que la peau sur les os - elle pesait seule­
ment 30 kilos - et a vu la mort de près. Envoyée dans une au­
tre prison, elle a recouvré en partie la santé et, vers la fin de
1944, elle a été libérée. Son mari a subi les mêmes traitements, et
plus tard a également démontré sa fidélité en refusant des trans­
fusions de sang (Actes 21 :25). Il est décédé à 71 ans. Matsue est
demeurée un fidèle Témoin jusqu'à ce jour. Elle dit : " Soumis à
70
Annuaire 1998
rude épreuve, la plupart de ceux qui, avant la guerre, excellaient
par leurs capacités et leur intelligence ont quitté l'organisation
de Dieu. [...] Ceux qui sont restés fidèles n'avaient aucune com­
pétence particulière et ne se faisaient pas remarquer. À coup sûr,
nous devons tous mettre notre confiance en Jéhovah de tout no­
tre cœur. " - Prov. 3:5.
Katsuo et Hagino Miura, un autre couple fidèle, ont entre­
pris le service de colporteur en 1931. Eux aussi ont été arrêtés en
1939, à Hiroshima. Ils ont refusé d'adorer l'empereur et de soute­
nir le militarisme japonais. Katsuo a été battu cruellement et in­
carcéré jusqu'à ce qu'une bombe atomique détruise la prison en
août 1945. Bien qu'âgé de 38 ans seulement, sa santé était ruinée.
À sa libération, il ressemblait à un vieillard. Il est reparti dans le
nord, à Ishinomori, où Hagino, relâchée plus tôt, élevait leur
jeune fils, Tsutomu.
Comment Katsuo a-t-il repris contact avec l'organisation de
Jéhovah ? Le principal journal du Japon, l'Asahi, avait appris
que cinq jeunes femmes, missionnaires de la SociétéWatchTower,
étaient venues à Osaka pour adopter le mode de vie japonais
dans une maison japonaise. Des journalistes leur ont rendu visite
et ont préparé un excellent article illustré dans lequel ils compa­
raient les cinq sœurs à des anges descendus du ciel comme des ce­
risiers en fleurs. L'article donnait également l'adresse de la mai­
son des missionnaires. À plusieurs centaines de kilomètres au
nord, Katsuo a trouvé par hasard l'article. Immédiatement, il a
repris contact avec l'organisation de Jéhovah et a commencé le
service de pionnier. Il s'est dépensé fidèlement jusqu'à sa mort,
survenue en 19 57.
Miyo ldei, âgée à présent de 92 ans, s'active dans le ser­
vice de Jéhovah à Kobe. Elle a enduré bien des tribulations
pendant ses 65 années de vérité biblique. L'histoire pas­
sionnante de sa vie a été publiée dans La Tour de Garde du
1 " septembre 1991.
De fidèles proclamateurs japonais
d'avant la guerre : 1) ]izo et Matsue
Ishii, 2) Miyo Idei, 3) Katsuo
et Hagino Miura.
"Les missionnaires de 49"
Après la Seconde Guerre mon­
diale, les conditions pour la prédica­
tion étaient devenues beaucoup plus
favorables. Mais, en
1 947, Junzo
Akashi avait signalé au bureau de la
SociétéWatchTower à Brooklyn qu'il
n'acceptait plus les enseignements de
la Bible. Frère Knorr a tout de suite
1
envoyé une lettre à la filiale d'Hawaii,
à laquelle il demandait des volontai­
res hawaïens d'origine japonaise qui
assisteraient aux cours de la
1 1 e classe de !'École de Guiléad pour
la formation de missionnaires. Le surveillant de la filiale, qui
avait été secrétaire de Joseph Rutherford au début des années
20,
a alors posé cette question : " Mais, frère Knorr, pourquoi pas
Quelques missionnaires qui ont commencé leur service au japon
en 1949-50 : 1) Don et Mabel Haslett, 2) Lloyd et Melba Barry,
3) Jerry et Yosbi Toma, 4) Elsie Tanigawa, 5, 6) Percy et Ilma Iszlaub,
7) Norrine Tbompson (née Miller), 8) Adrian Tbompson, 9) Lois
Dyer, 1 0) Molly Heron, 1 1) Sbinicbi et Masako Tobara.
les Haslett ? L'invitation a donc été faite à Don Haslett et à sa
femme, Mabel, alors qu'ils approchaient de la cinquantaine. À
Guiléad, Shinichi Tohara et Elsie Tanigawa ont enseigné le japo­
nais à plus de 20 élèves.
"
En 1949, " les Hawaïens " - Don et Mabel Haslett, Jerry et
Yoshi Toma, Shinichi et Masako Tohara avec leurs trois enfants,
ainsi que Elsie Tanigawa - ont gagné leur affectation, la ville
bombardée de Tokyo. La même année, ils étaient suivis par un
groupe australien - AdrianThompson, Percy et Ilma Iszlaub,
ainsi que Lloyd et Melba Barry - qui a été affecté dans la ville
dévastée de Kobe. Ces premiers missionnaires au Japon ont fini
par être appelés " les missionnaires de 49 ". Six d'entre eux sont
morts dans leur affectation, " debout ", comme dit le proverbe,
et huit autres sont toujours dans le service à plein temps soit au
74
Annuaire 1998
Japon, soit à Brooklyn. Par ailleurs, en 1949, huit proclamateurs
remettaient un rapport d'activité.
Accroissement à Tokyo
Le groupe hawaïen a connu un accroissement remarquable à
Tokyo. Yoshi Toma raconte qu'en cette année d'après-guerre ils
prêchaient " de tranchée en tranchée ". Elle déclare : " Les per­
sonnes étaient pauvres et luttaient pour se remettre des effets de
la guerre. La nourriture étant rationnée, Don Haslett faisait la
queue avec les voisins pour recevoir quelques feuilles de chou. "
Mais les gens étaient bienveillants et aimables ; ils écoutaient pa­
tiemment les missionnaires, qui se démenaient pour faire leurs
présentations en japonais. Ceux-ci devaient apprendre à enlever
leurs chaussures en entrant dans une maison, après quoi ils se ren­
daient dans la pièce voisine. Les plafonds étant bas, Don Haslett,
qui était grand, s'y cognait la tête, ce qui lui laissait de nombreu­
ses cicatrices. En l'espace d'un ou deux ans, " les Hawaïens " ont
établi un solide fondement à Tokyo, où se trouvent actuellement
139 congrégations.
Parmi les premiers missionnaires, Don et Mabel Haslett, des
chrétiens oints, ont laissé un merveilleux exemple dans l'ceuvre
de témoignage, même lorsqu'ils étaient d'un âge avancé. À la
mort de Don survenue en 1966, les six frères qui portaient le cer­
cueil dans la Salle du Royaume, pour le service funèbre, étaient
tous des jeunes gens à qui Don avait enseigné la vérité biblique et
qui faisaient partie à l'époque des 19 membres de la famille du
Béthel du Japon, àTokyo.
Mabel lui a survécu huit ans. À plus de 70 ans, elle a con­
tracté un cancer du côlon. Un grand hôpital de Tokyo, à Torano­
mon, a fait preuve d'égards envers elle en acceptant de l'opérer
sans transfusion de sang à condition qu'elle se fasse hospitaliser
deux semaines à l'avance. Dès le premier jour, elle a reçu la vi­
site d'un jeune médecin curieux de savoir pourquoi elle refu­
sait le sang, ce qui a débouché sur d'excellentes discussions bi-
75
japon
bliques chaque jour jusqu'à l'opération. En raison de la gravité
de l'intervention, quatre médecins y ont participé.
À son réveil,
Mabel s'est exclamée : " Maudit soit ce vieil Adam ! " Combien
cela était approprié ! Elle est restée en réanimation pendant une
seule journée, alors que quatre autres patients, qui avaient subi
la même opération mais avec des transfusions sanguines, y sont
demeurés plusieurs jours. Q!l'est devenu le jeune médecin ? P lus
tard, il a dit à Mabel : ' Vous ne l'avez pas su, mais i l y avait cinq
médecins dans la salle d'opération. J'y suis allé afin de m'assurer
qu'ils ne vous donneraient pas de sang. ' Le docteurTominaga a
continué d'étudier la Bible à Yokohama. Aujourd'hui, son père
et lui, ainsi que leurs femmes respectives, sont des membres ac­
tifs de la congrégation. Tel a été le fruit mervei lleux d'un séjour à
l'hôpital !
Mabel a poursuivi son service missionnaire à partir de la mai­
son de Mita, à Tokyo. Lorsqu'elle a eu 78 ans, le cancer a réci­
divé, ce qui l'a obligée à garder ie lit. Cependant, quand un soir
les missionnaires sont venus chez elle lui raconter les excellents
résultats de la campagne avec les
Nouvelles du Royaume, Mabel
a exigé qu'ils l'habillent et l'emmènent distribuer ces dépliants.
Elle a eu suffisamment de force pour rendre visite à trois foyers
avoisinants, ceux-là mêmes où elle avait donné le témoignage
pour la première fois à son arrivée au Japon. P lusieurs semaines
après, elle a achevé sa course terrestre et reçu son affectation cé­
leste. - Voir Luc
22:28, 29.
Changements à Kobe
À Kobe, l' accroissement devenait
également manifeste. Du
30 décembre 1949 au 1 cr janvier 19 50 a eu lieu la première vérita­
ble assemblée théocratique au Japon sur le terrain de la spacieuse
maison de missionnaires de Kobe. Le dimanche, le nombre d'as­
sistants s'est élevé à
101 pour la réunion publique qui s'est tenue
dans la salle de l'école T arurni, à Kobe. 'li-ois personnes se sont
fait baptiser dans un grand établissement de bains situé à Tarurni.
76
Annuaire 1998
AdrianThompson, qui faisait partie de ce groupe de mission­
naires, a fait des progrès remarquables en japonais et, en 1 9 5 1, il
a été le premier surveillant de circonscription au Japon. Plus tard,
il est devenu le premier surveillant de district. Il a largement con­
tribué à poser un fondement solide pour l'accroissement à venir.
Fils d'une sœur fidèle qui a été pionnière pendant longtemps en
Nouvelle-Zélande, il s'était rendu célèbre comme rugbyman de
haut niveau, mais lorsque la Seconde Guerre mondiale a éclaté, il
a quitté le feu des projecteurs pour se faire baptiser et devenirTé­
moin de Jéhovah, après quoi il a entrepris le service à plein temps
en Australie. Bien qu'il soit mort en 1977, " Tommy " (surnom
sous lequel il était connu) restera encore longtemps dans notre
mémoire pour son énergie sans bornes et son " attachement
exclusif " à Jéhovah. - Nomb.
25: 1 1.
Il a fallu du temps aux missionnaires pour s'adapter à la
culture, à la langue et aux foyers japonais, mais leur princi­
pal souci consistait à communiquer la vérité biblique à autrui.
Voici ce qu'a raconté " Tiger " (Percy) lszlaub, un Australien du
Qyeensland d'un caractère très ouvert : " Nous dirigions beau­
coup d'études bibliques : j'en avais 36, Ilma et les autres mission­
naires à peu près le même nombre. Les personnes venaient étu­
dier chez nous, certaines tous les jours. Les études bibliques, trois
ou plus chaque soir, se faisaient dans toutes les pièces de la mai­
son. Nous disposions sur la table nos manuels d'étude en anglais
et en japonais. Afin d'aider l'étudiant, nous comptions ensem­
ble les lignes jusqu'à l'endroit où se trouvait la réponse. Les pro­
grès étaient lents, mais il était stupéfiant de voir que les personnes
comprenaient en lisant seulement les versets et en les comparant
avec le commentaire des publications. Aujourd'hui, elles sont
dans la vérité. "
Au début, les missionnaires manquaient de publications
pour la prédication. Ils disposaient bien d'un carton d'avant­
guerre de l' édition japonaise du tome Il du livre Lumière, mais les
gens déclaraient qu'ils préféreraient lire d'abord le tome I. Toute-
77
japon
fois, c'est la lecture du tome II qui a suscité l'intérêt de l'un des
tout premiers Japonais pour la vérité à Kobe et, avec le temps,
celui-ci a progressé au point de devenir surveillant de circons­
cription. Les matières du livre
vrai !
"
"Que Dieu soit reconnu pour
ont bientôt été utilisées. Qyelques-uns de ceux qui étu­
diaient ont eux-mêmes traduit des chapitres du livre qui étaient
ensuite polycopiés et prêtés aux missionnaires afin qu'ils s'en ser­
vent pour d'autres études. Mais certaines traductions étaient
douteuses. Ilma Iszlaub a été très surprise de découvrir qu'une de
ces traductions comportait dans les notes l'expression ' interpré­
tations de Mme Ilma lszlaub '.
Environ dix ans plus tard, à Fukuoka, Percy a vécu une situa­
tion extraordinaire. Kimihiro Nakata, prisonnier condamné à
mort, très violent, qui avait été payé pour tuer deux hommes, a
demandé une étude biblique, et c'est Percy qui a étudié avec lui.
Kimihiro s'est alors complètement débarrassé de sa " vieille per­
sonnalité ". Il s'est fait baptiser en prison, et Percy a parlé de lui
comme de " l'un des proclamateurs du Royaume les plus zélés
qu'il ait connus " . ( Éph. 4:22-24.) Il a appris le braille, dans le­
"Qy.e Dieu soit reconnu pour vrai ! ', la
" Cette bonne nouvelle du royaume et des articles de
La Tour de Garde et de Réveillez-vous ! Ces publications ont
quel il a transcrit le livre
brochure
'
"
été distribuées dans plusieurs régions du Japon, y compris dans
des écoles pour aveugles. Cependant, le 10 juin 1959, une voi­
ture de police s'est arrêtée devant la maison de missionnai­
res. Kimihiro avait tenu à ce que Percy assiste à son exécution
ce matin-là. Percy a respecté son souhait. Dans la cour où al­
lait avoir lieu l'exécution, ils ont eu une courte discussion, puis
ils ont chanté ensemble un cantique du Royaume. Kirnihiro a
demandé à Percy : " Pourquoi trembles-tu, Percy ? C'est moi qui
devrais être agité. " Avant qu'il soit pendu, il a prononcé ces der­
nières paroles : " Aujourd'hui, j'ai une totale confiance en Jého­
vah, dans le sacrifice rédempteur et dans la résurrection. Je vais
dormir un peu de temps, et si c'est la volonté de Jéhovah, je vous
78
Annuaire 1998
retrouverai tous au paradis. Il a adressé ses chaleureuses saluta­
tions à ses frères de la terre entière. Kimihiro est mort pour satis­
faire à la justice en donnant vie pour vie, non pas comme un cri­
minel endurci et sans espérance, mais comme un serviteur fidèle
et baptisé de Jéhovah. - Voir Actes 25: 1 1 .
Après avoir lutté contre le cancer pendant environ dix ans,
llina lszlaub est décédée au Béthel d'Ebina, le 29 janvier 1 988.
Par la suite, en tant que membre de la Watch Tower Bible and
liact Society of Pennsylvania, Percy a assisté à plusieurs assem­
blées générales annuelles et a donné récemment un excellent rap­
port sur le Japon. Puis, en 1996, il est mort lui aussi.
"
Vers la fin de 1 949, malgré la barrière de la langue, Melba
Barry a commencé une étude biblique le premier jour de son ser­
vice à Kobe. Qi'en est-il résulté ? Deux nouveaux proclama­
teurs, dont Miyo Takagi, qui a été pionnière pendant plusieurs
années. Plus tard, elle a avoué à Melba qu'elle avait été impres­
sionnée de voir deux soeurs missionnaires traverser un champ
boueux pour lui rendre visite. Aujourd'hui, 48 ans après, Miyo
poursuit son ministère de maison en maison dans un fauteuil
roulant. En moins de trois ans, avant d'être de nouveau affec­
tée à Tokyo, Melba a aidé sept personnes à accepter la vérité bi­
blique. Celles-ci ont persévéré au fil des années et, fort heureuse­
ment, elles ont survécu au grand tremblement de terre de
Kobe en 1995.
Davantage de missionnaires dans le champ
Au début de 1950, cinq soeurs de la 1 1 • classe de Guiléad qui
n'avaient pu obtenir de visas pour entrer en Nouvelle-Calédonie
ont été réaffectées à Kobe. Parmi elles figuraient Lois Dyer, qui
est pionnière depuis 67 ans maintenant, et Molly Heron. Elles
ont été compagnes de service au cours des 49 dernières années
et se dépensent en ce moment à la maison de missionnaires de
Mita, àTokyo. Le récit de la vie de Lois est paru dans La Tour de
Garde du 1 5 septembre 1980.
Nathan Knorr (à gauche, ci-dessus) lors d'une assemblée
dans la maison de missionnaires à Kobe, en 1951.
Molly Heron se rappelle : " La maison de Kobe était spa­
cieuse, et nous y avons tenu le Mémorial six mois après l'arri­
vée des premiers missionnaires. Environ
1 80 personnes y ont as­
sisté, remplissant la salle à manger et le vestibule, et certaines ont
même écouté par les fenêtres le discours traduit par un inter­
prète. " Après avoir entendu lors de cette réunion une communi­
cation concernant la prédication, près de
35 assistants étaient
là le lendemain matin (un dimanche) pour y participer. Frère
Barry déclare : " Les missionnaires devaient prendre chacun trois
ou quatre personnes nouvellement intéressées par la vérité, mais
comme les frères ne parlaient pas encore couramm ent la langue,
les propriétaires de la maison se tournaient vers nos compagnons
japonais et discutaient avec eux. Nous n'avons jamais su ce qu'ils
ont dit. "
Fin juin
19 50, la guerre de Corée a brusquement éclaté. Bien
entendu, les missionnaires du Japon voulaient savoir comment se
portaient les huit membres de leur classe qui se trouvaient en Co­
rée. La réponse ne s'est pas fait attendre : le deuxième jour après
80
Annuaire 1998
le déclenchement de la guerre, alors que certains missionnaires
de Kobe retournaient chez eux en train de banlieue, un train qui
venait de la direction opposée est entré en gare en même temps.
Lorsque les deux trains sont partis, qui voyait-on sur l'autre quai,
en face des missionnaires ? Les huit missionnaires de Corée ! Ima­
ginez les retrouvailles ! Ils avaient pu quitter le pays par le der­
nier avion qui évacuait les civils. La maison des 10 missionnaires
à Kobe en comptait à présent 1 8 . Bien qu'une grande partie de la
ville soit en ruines, un témoignage très approfondi y a été donné.
Scott et Alice Counts sont bientôt allés àTokyo, mais, en oc­
tobre, les huit missionnaires de Corée ont été affectés dans une
nouvelle maison ouverte à Nagoya. Seuls Don Steele et sa
femme, Earlene, sont retournés en Corée lorsque les conditions
l'ont permis.
Des champs mûrs pour la moisson
Grace et Gladys Gregory, qui étaient parmi les missionnaires
ayant participé à l'ouverture de la maison de Nagoya, ont trouvé
le territoire mûr pour la moisson. En avril 1951, Grace a ren­
contré lsamu Sugiura, âgé de 18 ans, qui travaillait chez un mar­
chand de pianos. Gladys se souvient : " La mère d'lsamu l'avait
élevé dans une secte shintoïste où il avait appris que le Japon
était le shinshu (pays divin) et que le kamikaze (vent providen­
tiel) protégerait leur pays et les aiderait à gagner la guerre. " Sa
foi dans les dieux japonais a cependant été détruite lorsque le Ja­
pon a capitulé et que lui-même a souffert des terribles conditions
économiques et de la famine provoquées par la guerre. L'année
qui a suivi la fin du conflit, son père est mort de malnutrition.
Le jeune Isamu a été touché par l'espérance d'un paradis ter­
restre et, en octobre, il s'est fait baptiser lors d'une assemblée de
circonscription.
Une cinquantaine de missionnaires, ainsi qu'environ 250 Ja­
ponais, y ont assisté. lsamu a été profondément impressionné
par le fait que les missionnaires, sans préjugés, se mêlaient volon-
japon
tiers aux Japonais alors que la
Seconde Guerre mondiale avait
pris fin j uste six ans plus tôt.
Après
45 ans de service dévoué,
entre autres à l'École de Guiléad,
dans la circonscription et le dis­
trict, frère Sugiura est à présent
membre du Comité de la filiale,
à Ebina.
Gladys s e rappelle avoir
rendu visite à une dame, boud­
dhiste de nom, qui s'était tour­
née vers les Églises de la chré­
tienté mais les avait quittées, en
proie à la désillusion. Elle avait
é t é déçue quand les p asteurs
n ' avaient pas p u lui expli­
quer qui est Dieu et pourquoi ils
n'utilisaient pas son nom per­
sonnel, bien qu' i l apparaisse
près de
7 000 fois
dans sa bible
Grace (en haut) et Gladys
Gregory, de la 1 1 ' classe
de l'École de Guiléad.
(la Bungotai, une vieille version
classique). Au lieu de répondre à ses nombreuses questions,
son prêtre lui avait dit de " croire simplement ". Elle avait ob­
tenu un exemplaire de La
Tour de Garde (qui paraissait mensuel­
1951) que Gladys avait laissé à son
lement au Japon depuis mai
voisin. Impressionnée par ce qu'elle y avait lu, elle s'était mise
à la recherche de Gladys. Celle-ci a plus tard déclaré au sujet de
cette dame : " Q!iand elle a vu les réponses à ses questions dans
la Bible, son cœur a été touché. Immédiatement, elle est venue à
l'étude de livre de la congrégation ; elle y a entendu les commu­
nications pour la prédication le lendemain et a exprimé le désir
d'y aller aussi. Nous nous sommes efforcés de ralentir son élan
en lui disant qu'il lui fallait d'abord étudier un peu.
À quoi elle
Margrit Winteler (à droite, 23' classe de Guiléad)
a rejoint sa sœur Lena (15' classe) au Japon.
a répondu : ' D'accord, je vais étudier, mais je veux aller prêcher
aussi ! ' C'est ce qu'elle a fait : elle a passé plus de 50 heures dans
la prédication ce mois-là ! En l'espace d'une année, elle s'est fait
baptiser, a entrepris le service de pionnier et, plus tard, elle a été
une pionnière spéciale efficace.
service de pionnier. "
À 80 ans, elle est toujours dans le
Jéhovah faisait croître
Cinq sœurs missionnaires envoyées à Osaka en
19 51 ont eu la
joie de voir de nombreuses personnes venir directement chez elles
pour étudier. Mais, pendant longtemps, ces nouvelles missionnai­
res ont eu du mal à distinguer un Japonais d'un autre. Lena Wm­
teler, originaire de Suisse, raconte : " Lorsque les gens arrivaient,
toutes les cinq nous nous alignions et les laissions choisir leur ins­
tructeur. " S'appliquant à imiter la coutume japonaise, les mis­
sionnaires mettaient à la disposition des personnes qui venaient
chez elles des pantoufles, mais elles ignoraient la différence entre
celles pour les invités et celles pour les toilettes. Un jour, une étu­
diante a pris Lena à part et lui a expliqué : " Nous n'avons pas cou­
tume de proposer aux invités des pantoufles pour les toilettes. "
Les missionnaires ont appris cela petit à petit.
83
japon
D e temps en temps, les frères missionnaires de Kobe se ren­
daient à Osaka pour soutenir les cinq sœurs célibataires. À cette
époque, il n'y avait qu'une poignée de proclamateurs dans toute
la ville. Un jour, Lloyd Barry s'est joint à certains missionnaires
d'Osaka pour assister à un opéra en plein air qui avait lieu dans le
grand stade de base-ball de Koshien. Ce commentaire a été fait :
' Ne serait-ce pas merveilleux si un jour nous pouvions remplir
ce stade pour une assemblée ? ' Chose apparemment impossible !
Toutefois, vers la fin de 1 994, frère Barry, aujourd'hui mem­
bre du Collège central, a été invité à prononcer le discours
d'inauguration de la nouvelle Salle d'assemblées construite à
Hyogo pour les 52 congrégations de la région de Kobe. C'était
une agréable réunion, à laquelle ont assisté un bon nombre des
tout premiers proclamateurs japonais d' Osaka. Une plus
grande assemblée était prévue pour le lendemain. Où allait-elle
avoir lieu ? À nul autre endroit que dans le stade de base-ball de
Koshien ! Plus de 40 000 personnes s'y sont rassemblées, formant
un groupe très discipliné. À travers tout le Japon, 40 endroits re­
liés par téléphone ont accueilli beaucoup d'autres auditeurs.
Ainsi, le total des assistants s'est élevé à plus de 254 000, plus en­
core qu'à l'impressionnante assemblée de New York en 1 958. Jé­
hovah a " fait croître " d'une manière absolument remarquable
au Japon.
1 Cor. 3:6, 7.
-
Au début de 1951, nous avons ouvert une maison de mis­
sionnaires à Yokohama. Cette ville s'est également révélée un
champ très fertile. Gordon Dearn, le premier serviteur de la mai­
son, aujourd'hui veuf, poursuit son service à plein temps à la fi­
liale d'Ebina. À présent, il y a 1 14 congrégations à Yokohama, où
l'accroissement continue, les frères japonais ayant repris le flam­
beau des missionnaires.
En 1 952, une maison de missionnaires a aussi été établie à
Kyoto. Des missionnaires d'Osaka et de Kobe y ont été transfé­
rés pour rejoindre le groupe zélé des nouveaux missionnaires qui
84
Annuaire 1998
s'y trouvaient déjà. En avril
1 954, Lois Dyer et Molly Heron ont
également été envoyées de Kobe à Kyoto.
La ville compte un millier de temples, pour ainsi dire un à
chaque coin de rue. Pendant la guerre, elle n'a pas été bombar­
dée, afin de préserver ces édifices religieux. Lois raconte : " Là­
bas, nous avons rencontré Shozo Mima, un épicier grossiste qui
se remettait chez lui d'une longue maladie. Q!i.oique zélé boud­
dhiste, il m'a annoncé qu'il voulait connaître le vrai Dieu. Com­
mencer une étude biblique avec lui a été très facile. Par la suite, sa
femme et ses filles se sont jointes à lui, et toute la famille est ve­
nue à la vérité. Ce frère sympathique est devenu un pilier spiri­
tuel dans la congrégation de Kyoto. "
Margrit Wmteler a rejoint Lena, sa sœur aînée, à Kyoto. Dans
cette nouvelle affectation, elle s'est rendu compte qu'elle devait
s'habituer tant au langage gestuel qu'au langage parlé. Par exem­
ple, un homme qui voulait que ce soit sa femme qui prenne la
décision d'accepter une publication pouvait simplement remuer
le petit doigt pour indiquer qu'elle n'était pas là. De son côté,
la femme levait le pouce, qui représentait le mari, et disait qu'il
était absent. Margrit a fini par comprendre que, lorsqu'ils regar­
daient seulement les périodiques proposés, tournant délicate­
ment une page à la fois, les habitants de Kyoto les refusaient en
fait par des mimiques et souhaitaient que Margrit le comprenne
sans qu'ils aient à le lui dire. Cependant, les réponses, qu'elles
aient été dites ou mimées, étaient loin d'être toutes négatives.
Aujourd'hui,
39 congrégations de Témoins de Jéhovah prospè­
rent à Kyoto.
Face aux hivers rigoureux et à une nouvelle langue
En
1 953, quand davantage de missionnaires, parmi lesquels
figuraient Adeline Nako et sa compagne de service Lillian Sam­
son, sont venus d'Hawaii au Japon, ils ont été envoyés à Sendai,
ville du nord où il fait très froid. La nuit, la température tombait
à
-
5 °C. En octobre 1 952, Don et Mabel Haslett y avaient ouvert
85
japon
une nouvelle maison de missionnaires où les avaient rejoints Shi­
nichi et Masako Tohara. Ayant grandi sous les tropiques, les Ha­
waïens avaient du mal à supporter les hivers rigoureux de Sendai.
Ils ont fini par être appelés les " Hawaïens frigorifiés ".
Lillian se souvient : " Pour la première fois de notre vie, nous
avons appris à couper du bois pour le fourneau. Seule la cuisine
était chauffée, aussi essayions-nous de réchauffer nos lits avec un
yutanpo, une bouillotte en métal. Dans la journée, nous ache­
tions des ishi-yakiimo (des patates douces cuites sur la pierre) que
nous mettions dans nos poches pour nous réchauffer les mains et
que nous mangions au moment du repas. "
Le froid, cependant, n'était pas la seule source de problèmes.
Des situations délicates se sont produites jusqu'à ce que les mis­
sionnaires sachent lire les caractères japonais. Adeline n'a tou­
jours pas oublié le jour où, parce qu'elle ne savait pas lire le ja­
ponais, elle a appuyé sur une alarme d'incendie, persuadée qu'il
s'agissait d'une sonnette de couleur rouge. Les gens se sont pré­
cipités hors de leur appartement pour voir ce qui se passait. Ils
l'ont sévèrement rabrouée pour cette méprise.
Toutefois, ces missionnaires ne se souviennent pas seulement
de ce qu'ils ont personnellement vécu pendant leurs premières
années au Japon. Pour eux, les milliers de frères et sœurs japonais
et ce qu'ils ont connu ensemble ont une place dans leur " album
de famille ". Nous vous invitons à examiner les pages de cet al­
bum tandis que nous nous penchons sur d'autres événements
qui ont contribué à l'accroissement de la société théocratique au
Japon.
Des pionniers spéciaux ouvrent
de nouveaux territoires
L'activité des pionniers spéciaux a joué un rôle important
dans la diffusion du message du Royaume jusqu'aux parties les
plus reculées du pays. Certains d'entre eux ont été formés per­
sonnellement par les missionnaires et ils manifestent le même
86
Annuaire 1998
zèle pour Jéhovah. Parallèlement à l'activité des missionnaires,
ces pionniers spéciaux japonais ont été envoyés dans des pe­
tites villes et des villages. Bien que baptisés depuis peu de temps
au moment de leur nomination, nombre des premiers pionniers
spéciaux ont fait preuve d'un dévouement et d'une endurance
exceptionnels.
Un an et quatre mois après s'être fait baptiser, Hisako Wakui
a reçu son affectation. Sa compagne de service, Takako Sato, et
19 57. Dans rieuf lieux cl' af­
à elles deux, plus de 80 personnes à de­
elle sont pionnières spéciales depuis
fectation, elles ont aidé,
venir Témoins de Jéhovah.
Parlant des résultats de la bénédiction de Jéhovah sur l'une
des premières études bibliques qu'elle a dirigées, Hisako dit : " Il
s'agissait d'une pratiquante zélée, mais elle déclarait : ' Si c'est
une étude de la Bible, je peux étudier tous les jours. ' En appre­
nant que Jéhovah est le nom de Dieu et qu'il est le Père de Jésus,
elle a quitté l'Église et aussitôt elle est allée prêcher. " Son zèle n'a
pas diminué lorsqu'elle a déménagé dans une région très froide
où il n'y avait pas de congrégation. Aujourd'hui, son mari et ses
quatre enfants sont tous dans la vérité. Leurs trois fils sont an­
ciens et leur fille est pionnière spéciale.
Alors qu'elles se trouvaient à Tsuru, dans la préfecture de Ya­
manashi, Hisako etTakako ont constaté que l'accroissement était
très lent. Seulement quatre ou cinq personnes assistaient aux réu­
nions. Le surveillant de circonscription estimait que, peut-être,
elles devraient être envoyées dans un territoire plus productif,
mais les sœurs ne souhaitaient pas partir deTsuru. Elles pensaient
fermement que, puisqu'il les y avait envoyées, Jéhovah y possé­
dait certainement des brebis. Aussi le surveillant de circonscrip­
tion leur a-t-il dit : " Si
18
personnes viennent au discours public
ce week- end, je transmettrai à la So ciété votre désir de rester dans
cette affectation. " Les pionnières ont fait tout ce qui leur était
bibliquement possible pour inviter les gens à la réunion du di-
87
japon
manche. Chose étonnante,
19 personnes étaient là ! La semaine
suivante, seulement quatre ou cinq personnes assistaient de nou­
veau aux réunions, mais les pionnières ont pu continuer leur ac­
tivité dans ce territoire.
À présent, la congrégation de Tsuru
compte un bon groupe de proclamateurs et dispose d'une belle
Salle du Royaume.
Kazuko Kobayashi, une autre pionnière spéciale, a ouvert de
nouveaux territoires pendant 40 ans. Lorsque Pauline Green,
missionnaire à Kyoto, l'a rencontrée pour la première fois, Ka­
zuko cherchait à découvrir le but de la vie. Pauline lui a montré
Ecclésiaste
12: 1 3, ce qui a satisfait Kazuko. Elle a conclu que le
mode de vie d'un missionnaire se rapprochait le plus de celui
d'un chrétien ; elle a donc fait de cette vie son objectif. Elle
n'était baptisée que depuis trois ans lorsqu'elle a été nommée
pionnière spéciale. Mais elle a bientôt
vu
la main protectrice et
bienveillante de Jéhovah dans son service et connu d'excellents
résultats. Kazuko a également compris ce qu'éprouvaient les gens
dans les villages de campagne, et que la crainte de ce que peuvent
penser les autres influence leurs décisions. Comment a-t-elle sur­
monté cela ? Elle dit : " Je me suis efforcée de devenir leur amie.
J'aime les gens et, où que je sois allée, j'ai essayé de me rappe­
ler que Jéhovah les aime aussi. Alors il m'a été facile de devenir
leur amie. "
En mars
1971, le bureau de la filiale a envoyé davantage de
pionniers spéciaux afin de prêcher dans les territoires isolés.
L'exemple de deux jeunes sœurs, tout juste sorties de l'adoles­
cence, est typique : il s'agit de Kazuko Yoshioka (aujourd'hui To­
kumori) et d'Akemi Idei (maintenant Ohara), la fille adoptive
de Miyo Idei, qui ont été envoyées à Kaga, dans le centre du Ja­
pon. Jusque-là, elles se dépensaient sous l'aile de leurs parents et
de leur congrégation. "
À présent, les choses étaient différentes,
se rappelle Kazuko. Nous étions les seules à annoncer la bonne
nouvelle dans le territoire où nous avons été affectées. " Afin de
briser la glace avec les gens, qui se méfiaient des étrangers, elles
j
Don Haslett et Lloyd Barry au Béthel de Tokyo, en 1953.
ont appris à se présenter dans le dialecte local en utilisant exac­
tement la même intonation que les personnes. Au nombre de
ceux qui ont accepté la vérité figuraient trois jeunes gens faisant
partie d'une équipe de course sur piste. Kazuko raconte que,
lorsqu'ils ont commencé à prêcher, elle a eu du mal à les sui­
vre. Ils avaient été coureurs de fond, et ils couraient littéralement
d'une ferme à l'autre.
Tandis que les pionniers spéciaux zélés donnaient le témoi­
gnage dans des territoires auparavant non attribués, le nombre
des congrégations et des groupes isolés s'est accru, atteignant la
barre des 1 000 en janvier 1 976.
Changements à Okinawa
L'œuvre progressait également dans les îles d'Okinawa. Après
la Seconde Guerre mondiale, ces îles, qui comptent 1 200 000 ha­
bitants, étaient sous administration américaine. Les insulai­
res sont par nature calmes, patients, chaleureux et amicaux. Nos
Des pionnières spéciales depuis 40 ans
(de gauche à droite) : Takako Sato, Hisako
Wakui, Kazuko Kobayashi.
frères et sœurs y manifestent aussi les bel­
les qualités que sont l'endurance et le zèle
pour la vérité.
La filiale du Japon,
à Tokyo, s'est chargée d'Okinawa, et son
à l'époque Lloyd Barry, s'y est rendu pour la première
fois en 1 953. O!,iatre frères originaires des Philippines, qui travail­
surveillant,
laient dans une entreprise de reconstruction, l'ont rencontré et
immédiatement amené au centre correctionnel de l'armée améri­
caine où trois soldats étaient détenus. Ces jeunes hommes avaient
pris position pour la vérité biblique mais manquaient vraiment
de tact. Ils poussaient les choses à l'extrême : c'est ainsi qu'ils
chantaient
à tue-tête les cantiques du Royaume tard dans la nuit
et empêchaient les autres de dormir. On les a aidés à être plus
équilibrés. Un détail : l'aumônier de la prison a fait remarquer
qu'au train où allaient les choses le Royaume du Christ viendrait
dans mille
ans.
L'un de ces jeunes gens a plus tard été membre de
la famille du Béthel de Brooklyn. Tous les trois sont devenus des
La filiale d'Okinawa, en 1979.
serviteurs responsables dans la congrégation chrétienne. Lors de
la visite de frère Barry, nous avons organisé une réunion sous une
hutte préfabriquée où se sont rassemblés
1 OO insulaires.
Yoshi Higa, native d'Okinawa, y a assisté. Dans l'ile, la cou­
tume est de disposer la dépouille d'un défunt dans un grand ca­
veau, dont l'entrée est façonnée en forme de matrice, pour in­
diquer que ceux qui meurent retournent là d'où ils sont venus.
C'est dans un tel caveau que Yoshi avait trouvé refuge pendant la
terrible bataille d'Okinawa lors de la Seconde Guerre mondiale.
La vue des os humains à l'intérieur l'a convaincue que les morts
étaient réellement morts. Lorsqu'elle a étudié la Bible, elle a ac­
cepté de tout cœur ce qu'elle enseigne sur la condition des morts
et sur la merveilleuse espérance de la résurrection.
Yoshi a été le premier proclamateur et le premier pionnier per­
manent d'Okinawa. La station de radio locale souhaitait vivement
diffuser des discussions bibliques sur ses ondes, mais le clergé de
la chrétienté tardait à fournir ces programmes. La station de radio
a toutefois constaté que Yoshi était bien plus désireuse de combler
cette lacune. Pendant plusieurs mois, elle a lu des articles de La
Tour de Garde au cours de ces émissions radiodiffusées.
91
japon
Il a bientôt été possible d'organiser une assemblée d e circons­
cription pour les
nouveaux proclamateurs insulaires ; Adrian
12
T hompson et Lloyd Barry se sont relayés pour présenter les par­
ties du programme en japonais. L'œuvre s'est rapidement éten­
due, le nombre des proclamateurs et des pionniers augmentant à
pas de géant.
En mai
43
1 9 54,
Yoshi a entrepris le service de pionnier. E n
ans de fidélité dans c e ministère, elle a aidé plus d e
50
per­
sonnes à connaître la vérité, et nombre de ses premières " lettres
de recommandation " étaient d'anciens membres de l'Église lo­
cale de Shuri, l'ancienne capita le. d'Okinawa
( 2 Cor. 3:1-3). Elle
poursuit son service de pionnier à Ginowan.
Parmi ces Témoins enthousiastes, n'oublions pas Mitsuko To­
moyori, une veuve qui a commencé le service de pionnier avec
sa fille, Masako, en
1957, à Shuri.
Mitsuko a les yeux qui brillent
quand elle parle des 40 dernières années passées dans le service de
pionnier et des nombreuses personnes qu'elle a aidées à embras­
ser la vérité qui mène à la vie éternelle.
En
1 965,
la Société Watch Tower a ouvert une filiale à Oki­
nawa, Shinichi Tohara, missionnaire d'Hawaii, en étant le surveil­
(Il avait de la fami lle à Okinawa.) Cette disposition a été
1 972, quand les îles sont revenues sous l'autorité
du gouvernement japonais. En février 1 976, Shinichi Tohara,
lant.
maintenue en
James Linton (missionnaire australien) et Chukichi Une (natif
d'Okinawa et diplômé de Guiléad) ont été nommés membres du
Comité de la filiale.
La persévérance est nécessaire
Au cours de l'année de service
1 976,
des pionniers spéciaux
ont été envoyés dans les autres îles dont s'occupe la filiale d'Oki­
nawa, afin d'étendre la prédication de la bonne nouvelle. Sur
certaines d'entre e l les, l'accueil était favorable ; sur d'autres, de
nombreuses années se sont écoulées avant que l'on puisse sur­
monter les coutumes, la superstition et les solides liens familiaux.
92
Annuaire 1998
Les pionniers spéciaux ont dû faire preuve d'une grande per­
sévérance. En raison de la méfiance envers les étrangers, il leur a
été souvent impossible de trouver un logement, bien qu'il y eût
beaucoup de maisons inoccupées. Parfois, la seule maison dispo­
nible était celle où quelqu'un s'était suicidé, mais, à cause de la
superstition locale, elle ne pouvait servir de lieu de réunion.
Pourtant, les pionniers ont bientôt
vu
le fruit de leur persé­
vérance. Sur l'île de Tokuno Shima, une famille a assisté au dis­
cours public lors de la visite du surveillant de circonscription. Le
père s'intéressait activement aux combats de taureaux, sport très
prisé où deux taureaux sont opposés l'un à l'autre. Il avait dressé
un magnifique taureau pour la lutte. Mais sa fille, qui avait ren­
contré les Témoins de Jéhovah au Japon, avait éveillé son inté­
rêt pour la Bible. La famille a accepté une étude biblique et cet
homme, ainsi que sa femme, sa fille et ses trois fils sont devenus
des Témoins voués à Dieu. Deux familles voisines sont également
venues à la vérité. Ce groupe s'est transformé en une véritable ru­
che bourdonnante d'activité. Aujourd'hui, il y a une congréga­
tion de 49 proclamateurs et
1 6 pionniers sur cette petite île.
Plus au sud, sur l'île d'Ishigaki, les proclamateurs ont été sur­
pris de voir un jeune homme, boxeur célèbre, venir les trouver
pour leur demander une étude de la Bible. Auparavant, il avait
étudié à Yokohama, mais il craignait d'assumer les responsabilités
qui découlaient de la vérité biblique. Pour éviter cela, il s'était en­
fui à lriomote, une île à la population clairsemée, où il était con­
vaincu de ne rencontrer aucun Témoin de Jéhovah. Peu de temps
après, cependant, il avait trouvé par hasard des publications des
Témoins de Jéhovah et était stupéfait de voir que ceux-ci avaient
aussi prêché dans cette île. Il en avait conclu qu'il n'existait
aucun moyen de fuir de devant Jéhovah (voir Yona
1 :3). Grâce à
l'adresse d'un proclamateur, écrite sur l'un des ouvrages, il avait
retrouvé lesTémoins sur l'île proche d'lshigaki. En peu de temps,
il est devenu unTémoin voué à Dieu et un pionnier enthousiaste.
93
japon
A près une visite de zone par frère Milton Henschel en sep­
tembre
1980,
la filiale du Japon s'est de nouveau occupée d'Oki­
nawa. Frère Tohara, frère Une et leurs femmes ont continué leur
service
à plein temps à Okinawa, et frère et sœur Linton sont re­
tournés dans les plus grandes îles du Japon où frère Linton a été
surveillant de district.
Les frères itinérants jouent un rôle important
En raison de leur esprit de sacrifice, les surveillants itinérants
à la crois­
à la maturité des congrégations japonaises qu'ils ont af­
et leurs femmes ont pu contribuer de bien des manières
sance et
fermies par leur service. Les frères se rendent compte que ces sur­
veillants et leurs femmes ont quitté ' maisons et mère et père
cause de la bonne nouvelle '. - Marc
à
10:29.
Lorsque les surveillants de circonscription visitaient les con­
grégations au début, très peu de logements offrant une réelle in­
timité étaient disponibles. Mais le fait qu'ils acceptaient joyeuse­
ment n'importe que l domici le les faisait aimer des frères. Keiichi
Yoshida se rappelle avec humour la fois où, il n'y a pas si long­
temps, en
1 983,
sa femme et lui ont logé chez un frère céliba­
taire et sa famille non chrétienne dans une grande ferme, dans
le nord de Honshu.
Il déclare : " La famille nous a chaleureuse­
ment accueillis et nous a montré notre logement : une pièce où
se trouvait un grand autel bouddhiste. A lors que nous a llions
dormir, sans nous prévenir, le grand-père, en pyjama, a ouvert
la porte coulissante et, sans mot dire, a fait tinter la clochette de
l'autel, brûler de l'encens, a récité ses prières, puis il est sorti par
l'autre côté de la pièce. D'autres l'ont imité. Nous avons passé
toutes les nuits de la semaine
à nous demander quand auraient
lieu ces cérémonies devant l'autel et d'où viendraient leurs par­
ticipants. Mais notre séjour chez cette famille aimable et hospi­
talière a été agréable. "
Les surveillants itinérants, qui sont
209
actu e l lement, ont
passé en moyenne une vingtaine d'années dans le service
à plein
94
Annuaire 1998
temps. La plupart sont d'anciens pionniers spéciaux. Ces anté­
cédents leur permettent de donner une bonne formation dans le
témoignage de porte en porte. Leur enthousiasme dans le service
a largement favorisé l'excellent esprit pionnier au Japon.
Certains de ces surveillants ont encouragé des personnes et
des familles à se déplacer dans des régions où le besoin en Té­
moins du Royaume était grand. D'autres ont accordé une atten­
tion particulière à ceux qui ne partageaient pas les croyances de
leurs conjoints Témoins de Jéhovah, en conséquence de quoi cer­
tains se sont fait baptiser. Les jeunes aussi ont été aidés à se fixer
des objectifs spirituels grâce à l'intérêt personnel qui leur a été té­
moigné et à l'exemple laissé par les frères itinérants.
Les missionnaires poursuivent leur activité
Dans les années
70, les missionnaires ont été envoyés dans de
petites villes. Dans ces endroits, les gens avaient tendance à être
plus traditionalistes ; la prédication progressait donc plus lente­
ment . Là où il y avait des congrégations, les missionnaires
ont aidé les frères à acquérir de l'expérience en les laissant pren­
dre l' initiative . Ils se sont dépensés dans des villes comme
Akita, Gifu, Kofu, Kawaguchi, Kochi, Nagano, Wakayama et
Yamagata.
Patiemment, ils se sont efforcés d'aider les Témoins locaux à
apprécier la sagesse qu'il y a à accepter l'ensemble des vérités bi­
bliques (Héb. 6:1). Masao Fujirnaki, surveillant-président d'une
congrégation de Kofu, se souvient des années où les proclama­
teurs étudiaient le livre
reuse.
Comment s'assurer une vie defamille heu­
Un frère âgé avait du mal à comprendre l'enseignement
donné aux maris, selon lequel ils devaient exprimer publique­
ment leur affection pour leurs femmes. Il disait : " C'est de toute
évidence impossible pour nous qui avons été éduqués avant la
guerre. " Richard Bailey, un des missionnaires dans la congréga­
tion, l'a gentiment aidé en privé en lui disant : ' Les vérités que
nous apprenons devraient transcender nos origines nationa-
En route
pour la prédication
en plein hiver
sur l'iJe d'Hokkaido.
les ou notre génération ; elles sont tou­
jours applicables et utiles. Si nous mini­
misions ne serait-ce qu'une partie de la
vérité, nous pourrions nous enhardir à
en rejeter des aspects encore plus impor­
tants. ' (Luc 16: 10). Le frère a compris, si
bien qu'aux réunions suivantes on les
voyait, sa femme et lui, assis heureux
l'un à côté de l'autre. C'était tout nou­
veau pour eux !
La fréquentation des missionnaires a
été une source de bienfaits pour ces Té­
moins dans d' autres domaines. Une
sœur a dit ceci : " Enjoués, ils savaient
comment servir Dieu avec joie. Ils m'ont
également appris l'importance d'adhé­
rer aux principes guidés par l'amour plu­
tôt que d'établir des règles. " - Deut.
10:12 ; Actes 1 3:52.
Les missionnaires en ont aidé beau­
coup à ressentir pleinement qu'ils fai­
saient partie d'une communauté
Haut :
Adeline Nako.
Bas :
Lillian Samson.
96
Annuaire 1998
internationale de frères et sœurs. Kazuko Sato, qui avait d'abord
étudié à Tokyo avec Melba Barry, se rappelle de quelle façon elle
avait été fortifiée alors qu'elle était pionnière dans une région ru­
rale où l'animosité religieuse était grande. Se sentant seule, elle
avait écrit aux missionnaires qu'elle avait connus dans son an­
cienne congrégation : " Je prêche toute seule. " Par la suite, elle
avait reçu une lettre dans laquelle plusieurs missionnaires avaient
écrit un mot, certains en caractères japonais laborieusement cal­
ligraphiés, disant : " Kazuko, tu n'es pas seule ! Écoute, et tu en­
tendras, bien au-delà de la pommeraie, le bruit de pieds, les pieds
de frères zélés et fidèles du monde entier. " - Voir Révélation
7:9, 10.
À présent, 41
missionnaires sont répartis dans cinq maisons
- une à Yamagata, une à Iwaki, une à Toyama et deux àTokyo où ils effectuent toujours leur service. Par ailleurs, neuf sont sur­
veillants itinérants et neuf servent au Béthel à Ebina. Ces mis­
sionnaires donnent un bel exemple de fidélité envers Jéhovah et
son organisation. En paroles et en actions, ils ont permis aux Té­
moins de Jéhovah duJapon d' ' élargir ' leur point de vue et d'ap­
profondir leur compréhension de la vérité biblique. 6 : 1 3 ; Éph. 3:18.
2
Cor.
Des activités estivales
pour parcourir des territoires non attribués
D'autres ont également fait connaître la bonne nouvelle dans
les villes et villages isolés. En 1 971, l'invitation à se rendre dans
des territoires non attribués pendant les mois d'été a été lancée
aux pionniers permanents. Puis, en 1 974, une disposition a été
prise pour les trois mois d'été : envoyer des pionniers spéciaux
temporaires. Chaque année, 50 pionniers spéciaux temporaires
ont été affectés dans
25
endroits différents où ils ont laissé de
grandes quantités de publications.
En 1 980, le nombre de personnes habitant dans des territoi­
res qui n'étaient rattachés à aucune congrégation était descendu
97
japon
à environ 7 800000. Aussi, au lieu d'envoyer des pionniers spé­
ciaux temporaires, le bureau de la filiale a-t-il invité les congréga­
tions, des groupes de pionniers permanents et des familles à prê­
cher dans ces territoires au cours des mois d'été. Pour lesTémoins
japonais, qui préfèrent accomplir des activités en groupe, c'était
une perspective agréable.
Les résultats ont été stimulants. En 1986, un proclamateur
qui se trouvait dans un territoire non attribué s'avançait vers une
maison dans le village montagneux de Miwa, dans la préfecture
d'lbaraki, lorsque la maîtresse de maison l'a accueilli avec, dans
les mains, les livres Comment s'assurer une vie defamille heureuse
et Recueil d'histoires bibliques. Elle les avait obtenus précédem­
ment et lus à plusieurs reprises. Elle avait recherché, mais en vain,
une bible dans les librairies ; aussi était-elle heureuse d'appren­
dre qu'une famille chrétienne allait s'installer dans le village. Une
étude biblique a commencé sur-le-champ, et maintenant toute la
famille est dans la vérité.
Petit à petit les villes et les villages qui restaient ont été ratta­
chés aux congrégations avoisinantes.
Une instruction spéciale pour les anciens
À mesure que s'étendait la prédication de la bonne nouvelle,
le nombre et l'importance des congrégations croissaient aussi.
Souvent il n'y avait qu'un seul frère qualifié, parfois deux, pour
s'occuper d'une congrégation. Peu d'entre eux avaient été for­
més dans ce domaine. Mais, après la disposition prise le 1 er octo­
bre 1972 concernant les anciens établis dans les congrégations, le
bureau de la filiale à Numazu a invité les anciens nouvellement
nommés à venir suivre un cours spécial de deux semaines.
Cette école a vraiment été un événement marquant. Les ins­
tructeurs se sont efforcés d'aider ces anciens à voir l'importance
de montrer un amour sincère et d'être équilibrés et raisonnables
dans leurs rapports avec leurs frères (2 Cor. 1:24). Ils ont égale­
ment souligné la nécessité de s'occuper spirituellement de sa
98
Annuaire 1998
propre famille (1 Tim. 3:4 ; 5:8), ce qui n'était pas courant dans
les maisonnées orientales.
Les frères étaient impatients de ramener chez eux tout ce qui
leur avait été enseigné. Cependant, beaucoup avaient tendance
à apprendre par cœur comme ils l'avaient fait pendant leur sco­
larité. Takashi Abe, un des instructeurs, se rappelle : " Les élèves
veillaient tard pour recopier avec peine les notes des discussions
de la journée. Nous essayions de les encourager, non pas à pren­
dre quantité de notes ni à établir des règles, mais à utiliser leur
capacité de réflexion et à appliquer les principes bibliques. " Rom. 12: 1 ; Héb. 5:14.
De nombreux frères ont assisté à cette école au prix de grands
sacrifices. Certains venaient de l'île enneigée d'Hokkaido,
à 1 300 kilomètres au nord, d'autres de l'île subtropicale d'Oki­
nawa, à 1 800 kilomètres au sud. Il y en avait aussi qui allaient de­
voir retrouver un emploi en rentrant chez eux. En 1 977, nous
avons organisé des cours de deux jours dans plusieurs villes du
pays. Ainsi, les frères y ont assisté plus facilement.
Face à l'opposition familiale
Devenir chrétien au Japon n'est pas sans difficultés. " Parti­
culièrement dans les régions rurales, les nouveaux venus rencon­
trent une grande opposition de la part des membres de leur pa­
renté vivant dans le voisinage, explique Hiroko Eto, pionnière
depuis 37 ans. La crainte de l'homme étant très forte, la famille
a honte d'avoir un de ses membres différent des autres dans la
communauté. "
Yuriko Eto, sa mère, aimait la Bible avant même de prendre
contact avec les Témoins de Jéhovah. Mais, en 1 954, lorsqu'ils
l'ont aidée à comprendre que le dessein de Dieu consistait non
seulement à emporter au ciel un petit troupeau de fidèles chré­
tiens, mais aussi à faire de la terre un paradis rempli de serviteurs
de Jéhovah heureux, Yuriko s'est montrée désireuse de transmet­
tre cette bonne nouvelle à autrui. Avec patience, ses enfants et
japon
Yuriko Eto. 1
elle ont amené de nombreuses person­
nes à surmonter la crainte de l'homme
afin qu'elles obtiennent l'approbation
de Jéhovah.
Hiroko s'est efforcée d'aider une
femme sincère. Cette femme, qui avait
commencé à étudier la Bible, a subi
l'opposition de sa belle-mère, avec qui
son mari et elle vivaient. Ne voulant pas perturber la paix fami­
liale, la femme a arrêté l'étude. "Je l'attendais sur la route et l'en­
courageais à être aimable envers sa belle-mère, dit Hiroko, et à
montrer par l'exemple le bon effet d'une étude de la Bible. Avec
tact elle a posé des questions à son mari au sujet de ce qu'elle étu­
diait et, peu à peu, il s'y est intéressé. Au début, il lui disait qu'il
était impossible d'être chrétien dans une région rurale comme la
leur. Mais l'amour pourJéhovah leur a permis de surmonter une
grande opposition. À présent, leur fils aîné et eux-mêmes sont
baptisés. Le mari, assistant ministériel, dirige l'étude de livre dans
leur foyer, et sa mère a surpris tout le monde lorsqu'elle a assisté
à la réunion où il donnait son premier discours public.
"
Souvent l'opposition vient du conjoint parce qu'il est jaloux
ou qu'il a grandi dans un environnement où le machisme est
courant. O!iand Keiko lchimaru, tout juste mariée, s'est mise à
étudier la Bible au début des années 70, Hiroyuki, son mari, s'est
fermement opposé à elle et lui a ordonné de ne pas assister aux
réunions. "Je ne pouvais pas supporter l'idée de passer après sa
religion", a plus tard affirmé Hiroyuki. Keiko aimait son mari ;
elle lui a donc demandé avec tact de vérifier si ce qu'elle étudiait
était bien. Il a décidé d'examiner la Bible par lui-même, mais il
ne parvenait pas à la comprendre. Il a alors demandé à sa femme
s'il pouvait assister à son étude. Tous les deux se sont fait baptiser.
100
Annuaire 1998
Finalement, Hiroyuki est devenu pionnier permanent et mainte­
nant il est ancien.
Après le début de l'œuvre de proclamation à Chikugo en
1971,
Mayuki Sakamoto a été l'une des premières à accepter le
message de la Bible. Toyota, son mari, s'est opposé lorsqu'elle et
leur jeune fils ont commencé à assister aux réunions dans une
ville voisine. Résolu à les en empêcher, Toyota a redoublé d'ef­
forts, et cela pendant
baptiser en
1973.
14
ans, même après que Mayuki s'est fait
Un jour, il a braqué un revolver sur elle en
criant: "Je vais te tuer si tu n'arrêtes pas!" Sa réponse calme a
intrigué Toyota. Il s'est demandé ce qui la rendait si ferme.
Malgré tout cela, Mayuki a cherché à témoigner de l'amour
à son mari. Elle n'a jamais renoncé à l'aider à connaître la vé­
rité
( 1 Pierre 3:1, 2).
Un jour, contrarié que sa femme et son fils
soient pionniers pendant que lui travaillait, Toyota s'est rendu sur
son lieu de travail et a démissionné.
Il
prenait là une mesure dé­
cisive, car les Japonais considèrent en général leur travail comme
sacré. Toyota espérait que sa femme et son fils le plaindraient,
mais lorsqu'il est rentré et leur a annoncé ce qu'il avait fait, ils ont
applaudi. Cela l'a fait réfléchir. Il a fini par étudier la Bible. Plus
tard, il a rejoint sa femme et son fils dans le service de pionnier
et à présent il est ancien.
Au début des années
70,
ceux qui assistaient à nos réunions
pour la première fois faisaient souvent remarquer qu'il n'y avait
que des femmes et des enfants. Mais, depuis lors, des dizaines de
milliers d'hommes ont fait d'excellents progrès spirituels. Aujour­
d'hui, l'organisation possède une solide structure d'hommes spiri­
tuellement mûrs qui font tout ce qui est nécessaire à la bonne mar­
che de celle-ci. Parmi eux, il y a d'anciens opposants des années 70.
Les pionniers vont à l'école
(25 à 30 %)
70, beaucoup
En raison du pourcentage élevé des pionniers
dans chaque congrégation au cours des années
étaient inscrits à l'École pour les pionniers, qui a débuté en jan-
10 1
japon
vier
1978 au Japon. Cette école a largement contribué à la matu­
rité des congrégations.
Les premiers invités à l'école étaient les pionniers spéciaux,
les missionnaires et les sur veillants itinérants avec leurs femmes.
Shigeru Yoshioka, un des premiers instructeurs, raconte: " Le
fait d'avoir ces pionniers expérimentés dans les premières classes
a été d'un grand secours. Nous avons pu transmettre aux classes
suivantes ce que nous avions appris des réponses de ces ministres
mûrs et des événements qu'ils ont vécus. "
À partir de février 1980 ,
!'École pour les pionniers s'est te­
nue dans chaque circonscription.Les surveillants de circonscrip­
tion et d'autres frères mûrs qui avaient assisté aux cours étaient
les instructeurs. Dans les huit années qui ont suivi l'ouverture de
cette école, alors que le nombre des proclamateurs augmentait de
12 % chaque année, celui des pionniers permanents augmentait
22 %. Actuellement, la plupart des circonscrip­
en moyenne de
tions ont régulièrement chaque année deux classes, sinon plus, de
25 à 30 élèves.
La majorité des pionniers qui assistent à cette école sont rela­
tivement nouveaux dans la vérité, mais, grâce à ces cours, ils ac­
quièrent de la confiance et de l'habileté dans leur ministère, et ap­
prennent des leçons inestimables pour la vie d'un chrétien. Une
pionnière l'exprime en ces termes: "Jusqu'à présent, le service,
l'éducation des enfants, la personnalité chrétienne et la connais­
sance de la Bible, tout cela était mélangé dans les tiroirs de mon
esprit. Pendant ces dix jours j'ai été en mesure de les classer aux
bons endroits." En septembre 1997, 3 650 classes, auxquelles
avaient assisté 87 158 pionniers, avaient été organisées.
Toutes sortes de personnes réagissent favorablement
Des gens de tous horizons sociaux forment la structure pit­
toresque de l'organisation théocratique au Japon. Dans une con­
grégation de Yokohama, Toshiaki Niwa est un ancien au tempé­
rament doux. Pourtant, à la fin de la Seconde Guerre mondiale, il
Une Famille de pionniers heureuse
avait été formé pour piloter un
dans le cadre d'une attaque
va
prêcher.
Ohka, ou planeur lance-missiles,
amikaze contre les navires améri­
cains. Un tel service était considéré comme une preuve de dé­
vouement envers l'empereur. Or, la guerre a pris fin avant qu'il
ait eu la possibilité de mourir pour son pays. Par la suite, sa
femme a étudié la Bible avec les Témoins de Jéhovah. Lorsque To­
shiaki a appris que lesTémoins avaient gardé une stricte neutralité
pendant la guerre, son intérêt a été suscité aussi. En
1977, il s'est
joint à sa femme pour faire connaître à autrui le message de paix
renfermé dans la Bible.
Dans le monde du spectacle, nous avons également trouvé
des personnes qui, avec joie, ont modifié leur vie pour louer Jé­
hovah. Yoshihiro N agasaki avait monté un orchestre de jazz
dixieland avec plusieurs amis d'université. Ils ont demandé à leur
professeur de jazz de devenir le chef de leur groupe. Cet homme,
Yoshimasa Kasai, un des musiciens de jazz les plus célèbres du Ja­
pon, avait rencontré entre-temps " ll:urnmy " Young, un trom­
bone d'Hawaii. " À partir de ce jour, les leçons, non de musique,
mais de vérité ont commencé ", se rappelle Yoshihiro, qui main­
tenant est membre du Comité de la filiale. " Nous n'étions abso­
lument pas intéressés, mais, parce qu'il était si enthousiaste et que
10 3
japon
nous ne voulions pas le perdre, nous l'écoutions. " Ils ont même
accepté d'étudier la Bible. Cependant, avril
1966 a été un tour­
nant dans la vie de Yoshihiro lorsqu'il a assisté à une assemblée de
circonscription. À cette assemblée, une lycéenne qu'il connaissait
déjà l'a invité à l'accompagner dans la prédication. Elle donnait
le témoignage à partir de la Bible et il offrait des dépliants aux
personnes. " Pour la première fois, la vérité signifiait vraiment
quelque chose pour moi ", raconte-t-il. Après cette assemblée, il
a prêché chaque jour et a fait de rapides progrès. Sur les six mu­
siciens du groupe, quatre sont aujourd'hui des Témoins actifs.
Shinji Sato était prêtre au célèbre sanctuaire shintoïste lzumo
(un des plus importants au Japon), dans la préfecture de Shi­
mane. De plus, il était instructeur de la religion Oyashirokyo.
Bien que prêtre shintoïste depuis presque
20 ans, l'injustice et
l'absence d'amour qu'il avait constatées parmi les prêtres l'avaient
déçu. Il avait fini par comprendre que les dieux shintoïstes n'of­
fraient aucun moyen de salut et il s'était mis à la recherche du
vrai Dieu. Il avait commencé à lire la Bible, mais de nombreuses
questions lui venaient encore à l'esprit.
C'est à ce moment-là qu'il a rencontré dans la rue une per­
sonne qu'il connaissait et qu'il savait être Témoin de Jéhovah. Il
lui a donc posé des questions qui, selon lui, identifieraient la vraie
religion : " Votre religion se mêle-t-elle de politique? Est-ce une
organisation à but non lucratif ? Vos enseignements viennent-ils
de Dieu ou des hommes? Les personnes qui se trouvent à votre
siège mondial pratiquent-elles ce qu'elles prêchent? " Et de de­
mander : " Si votre organisation remplit ces conditions, auriez­
vous la bonté de m'enseigner la Bible? " �el soulagement pour
lui lorsqu'il a fini par se libérer de Babylone la Grande (Rév.
18:4) ! Il déclare: " Maintenant que je suis Témoin de Jéhovah et
que j'enseigne aux autres la voie qui mène au vrai Dieu, je ressens
ce qui est consigné dans le livre des Proverbes : ' La bénédiction
de Jéhovah - voilà ce qui enrichit, et il n'ajoute aucune douleur
avec elle. ' " - Prov.
10:22.
104
Annuaire 1998
Des artistes et des musiciens réputés, un écrivain de bandes
dessinées, un lutteur de sumo et des coureurs cyclistes profession­
nels ont tous renoncé à la gloire. Des personnes renommées, tel­
les que des médecins, un éminent calligraphe et des avocats,
ont vu la lumière de la vérité et mettent à profit leurs compé­
tences pour favoriser les intérêts du Royaume. D'anciens bandits,
truands, policiers et politiciens résident en paix avec leurs frères
spirituels (Is.
11:6-9).
Des moines bouddhistes, des prêtres shin­
toïstes et une femme qui avait créé sa propre religion sont sortis
de Babylone la Grande (Rév.
18:2). Des enseignants, des hommes
d'affaires japonais en vue et des artisans aux talents divers tra­
vaillent ensemble à des projets théocratiques. L'organisation de
Jéhovah s'est développée au point de compter en son sein tou­
tes sortes de personnes que l'on a aidées à "revêtir la personna­
lité nouvelle qui a été créée selon la volonté de Dieu dans une jus­
tice et une fidélité vraies". - Éph.
4:24.
Un esprit pionnier enthousiaste
Bien que le territoire de chaque congrégation se réduise et que
l'indifférence religieuse augmente, l'enthousiasme pour le service
de pionnier, lui, ne cesse de grandir. Au printemps, lorsqu'un
grand nombre de pionniers auxiliaires rejoint les rangs des pion­
niers, le total s'élève à plus de
1997, 108 737
50 % des proclamateurs. En mars
prédicateurs étaient pionniers.
On demande souvent pourquoi il y a tant de pionniers au Ja­
pon. Il semble y avoir plusieurs facteurs. Des missionnaires zélés
ont posé le fondement pour l'accroissement d'après-guerre; par
ailleurs, des étudiants reconnaissants s'efforcent d'imiter ceux
qui les enseignent (Luc
6:40).
En conséquence, l'héritage qu'est
le zèle pour le ministère a été transmis à la génération suivante de
disciples. De plus, il est vrai qu'en règle générale les maisons japo­
naises sont relativement modestes et nécessitent peu d'entretien;
pour la plupart, les gens mènent une vie traditionnellement sim­
ple. Les femmes au foyer peuvent donc accorder la priorité aux
intérêts spirituels avec plus de facilité (Mat.
6:22, 23).
En outre,
105
japon
le climat est généralement tempéré et les conditions politiques et
économiques sont favorables dans le pays.
Les origines culturelles et les traits de caractère nationaux
sont sans doute un autre élément d'explication. Dans l'ensemble,
les Japonais obéissent aux ordres, sont sensibles aux encourage­
ments venant du groupe et travaillent avec enthousiasme. Shini­
chi Tohara, un Américain d'origine japonaise et l'un des pre­
miers missionnaires d'après-guerre venus au Japon, a déclaré à ce
sujet: 'Les kamikazes sont morts pour l'empereur en dirigeant
leur avion sur les navires ennemis. Si le peuple japonais est si fi­
dèle à des seigneurs humains, que ferait-il s'il trouvait le vrai Sei­
gneur, Jéhovah? ' Oui, un vif désir de plaire à Jéhovah anime
chacun de ceux qui remplissent une demande de pionnier.
Des parents pionniers
Qui sont les pionniers? Une majorité de sœurs, dont la plu­
part sont mariées et mères de famille. Beaucoup n'ont pas de
soutien spirituel venant de leur mari et de leur parenté non
chrétiens.
"Lorsque j'ai commencé le service, ma plus jeune fille n'avait
que quelques mois, raconte Mutsuko, qui est pionnière depuis
plus de
20 ans
à Fujisawa. Mon mari, qui travaillait dans une
banque, ne rentrait généralement pas avant que nous soyons re­
venus de la réunion le soir. Bien que cela m'ait demandé beau­
coup d'efforts, je voulais continuer mon service. " Elle a été ré­
compensée lorsque ses trois enfants, sitôt leurs diplômes de fin
d'études obtenus, ont entrepris le service de pionnier à ses cô­
tés. Après plusieurs années d'opposition, puis d'indifférence, son
mari s'est mis lui aussi à changer. Imaginez la joie de Mutsuko le
jour où elle a entendu son fils et son mari prononcer respective­
ment la première et la deuxième partie d'un discours public dans
la congrégation !
Les pères qui sont pionniers exercent également une bonne
influence. Hisataka savait que son père avait renoncé à sa place
106
Annuaire 1998
de professeur d'informatique afin d'être pionnier. Pendant les va­
cances d'été d'Hisataka à l'école primaire, son père l'invitait à
l'accompagner dans son travail, qui consistait à distribuer du lait
tôt le matin. "Au moment où le ciel prenait à l'est de splendi­
des teintes orangées, se souvient Hisataka, papa m'exprimait ses
sentiments intimes, me disant combien il est enrichissant de ser­
vir Jéhovah de toute son âme. Le fait de le voir travailler dur mais
joyeusement pour Jéhovah m'a touché plus que des mots n'au­
raient pu le faire. " Hisataka est maintenant membre de la famille
du Béthel d'Ebina.
Sauvés du karoshi
"Si vous mourez d'envie de travailler, associez-vous à une
compagnie japonaise", ont dit certains pour plaisanter. C'est
parce qu'un chef de famille japonais typique est extrêmement
dévoué à son métier et passe de longues heures sur son lieu de tra­
vail. Néanmoins, plus d'un père qui travaillait jusqu'à risquer le
karoshi (mort
par excès de travail) est à présent voué, non pas à
une compagnie profane, mais à Jéhovah Dieu et a rejoint sa fa­
mille dans le service de pionnier.
Shunji vit dans la région de Kobe. Auparavant, il travaillait
pour une entreprise de construction; voici ce qu'il dit: "L'at­
tachement à mon travail et le désir de réussir me poussaient.
�and les chantiers étaient loin de la maison, au mieux, je ren­
trais auprès des miens seulement pour de courts week-ends. "
�'est-ce qui a changé? Il répond: "J'avais peur de la mort, je
me souciais de ce qui arriverait à ma famille si je mourais. Je n'ar­
rivais pas à comprendre pourquoi ma femme et mon fils étaient
toujours si joyeux d'aller prêcher." Alors que Shunji aidait la
congrégation à régler des détails techniques pour la construction
de leur Salle du Royaume, un ancien l'a encouragé à étudier la Bi­
ble, ce qu'il a fait. Aujourd'hui, il partage avec sa famille la joie
du service de pionnier permanent. Il fait également partie d'un
comité de construction régional.
107
japon
Laisser ce que l'on considère comme la garantie d'un travail à
vie dans une compagnie pour un emploi quelque peu précaire à
temps partiel, afin d'avoir du temps pour le service de pionnier,
demande, du chef de famille, une foi véritable et un esprit de sa­
crifice. Le père de Mitsunobu, qui habite dans la préfecture de
Chiba, a changé de travail. Dans la grande entreprise où il travail­
lait et où ses anciens collègues avaient été promus cadres, il re­
cueillait, de bureau en bureau, les vieux papiers pour qu'ils soient
recyclés. C'est avec une réelle reconnaissance que Mitsunobu dé­
clare: " Comme je remercie mes parents de m'avoir personnel­
lement appris à chérir ce trésor qu'est le service de pionnier,
m'aidant ainsi à en faire ma carrière!" Ceux qui opèrent ces
changements dans leur vie ont la conviction que les récompenses
financières ne sont que temporaires, mais que les trésors spirituels
sont de bien plus grande valeur. - Mat.
6: 19-21.
Pre ne z de s précau tions pou r vivre plu s longte mps !
Certains, qui désirent réellement faire tout leur possible dans
le service de Jéhovah, ont surmonté de graves problèmes de santé.
" Tout au plus verrez-vous votre fils grandir. Ne vous surmenez
pas, mais prenez toutes les précautions pour vivre plus long­
temps. " C'est ce que déclara le médecin à Yaeko Ono après avoir
diagnostiqué des problèmes cardiaques. Son fils avait alors trois
ans. " Q!ie faire pour mener le restant de ma vie sans aucun re­
gret? " s'est-elle demandé en rentrant de l'hôpital. Au moment
où elle est arrivée chez elle, sa décision était prise: elle allait de­
venir pionnière. Lorsqu'ils ont appris cela, les membres de sa fa­
mille se sont inquiétés, mais cela ne l'a pas fait changer d'avis.
Elle dit : 'J'ai entrepris le service en septembre
1978. À cette épo­
que, je ne savais pas que j'étais enceinte. Ma mère est tombée gra­
vement malade; mon état de santé, quant à lui, s'aggravait. Ce­
pendant, ces paroles de Jésus m'ont encouragée: " Avec de la foi
gros comme un grain de moutarde on peut transporter une mon­
tagne. " (Mat.
17:20). J'ai décidé de faire de mon mieux. '
108
Annuaire 1998
Dix-sept ans après, Yaeko a affirmé:" Je suis convaincue que
Jéhovah m'a entourée de son bras réconfortant." Même si par­
fois les difficultés étaient près de la submerger, elle se rappelait
les bénédictions de Jéhovah, ce qui l'aidait à persévérer. Influencé
par son zèle, son mari s'est mis à étudier. Et la joie de Yaeko s'est
intensifiée lorsque, en réponse à ses prières fer ventes, il est de­
venu son compagnon de service.
Tels sont les pionniers au Japon. On pourrait en citer beau­
coup d'autres, comme ce frère, paralysé de la tête aux pieds, qui
a été une source constante d'encouragement en qualité de pion­
nier, principalement par courrier; cette sœur, née au tout début
13 dernières années, jus­
1994, dans une région que la neige rendait difficilement ac­
du siècle, qui a été pionnière pendant ses
qu'en
cessible; ou cet ancien qui, malgré sa cécité, s'est rendu dans une
ville pour y être pionnier et aider la petite congrégation qui s'y
trouve.
À l'exemple des fidèlesTémoins du passé, tous,
quoique
faibles physiquement," ont été rendus puissants" par Dieu pour
faire sa volonté. - Héb.
11:32-34.
La Traduction du monde nouveau en japonai s
Dans le monde entier, leur utilisation de la Bible dans la pré­
dication est un trait distinctif des Témoins de Jéhovah. Au Ja­
pon, les proclamateurs souhaitaient vivement posséder une bi­
ble exacte et facile à lire en japonais moderne. Beaucoup lisaient
la version classique au prix de grands efforts. Malgré ses belles
expressions et l'emploi régulier du nom sacré de Dieu, ceux qui
avaient été instruits après la guerre avaient du mal à comprendre
sa syntaxe vieillie. C'est pourquoi, en janvier
1970,
les frères de
la filiale ont été absolument ravis de recevoir une lettre du siège
mondial autorisant la traduction en japonais de la partie grecque
de la Traduction du monde nouveau.
T rois ans plus tard, lors de l'assemblée internationale" La vic­
toire divine" à Osaka, une foule de 3 1263 personnes ont applaudi
avec une joie sans bornes lorsque Lyman Swingle, du Collège cen-
109
japon
tral, a annoncé la parution de l'édition japonaise des Écritures grec­
ques chrétiennes - Traduction du monde nouveau. Au cours des
neuf années qui ont suivi, 1140 000 exemplaires en ont été dis­
tribués, ce qui représente 75 fois le nombre des proclamateurs du
pays à l'époque de sa parution. Cette bible avait été imprimée aux
États-Unis, mais le jour approchait où notre filiale effectuerait ce
travail d'impression et de reliure.
Peu t- on améliore r le s lieux de réu nion?
Plus le nombre des congrégations se multipliait à travers le
pays, plus il était évident que des lieux de réunion convena­
bles étaient indispensables. Avant les années 70, très peu de
congrégations en possédaient un. En fait, seules neuf Salles du
Royaume ont été inaugurées dans les années 60. La majorité des
congrégations se réunissait dans des salles publiques louées ou
dans des foyers.
Se rappelant l'inconvénient de ces " réunions mobiles", Ai
N akamura, une sœur d'Hirosaki, déclare: " Vers 1963, nous
louions la salle municipale tous les week-ends, et les jours où elle
était fermée, les 15 proclamateurs de la congrégation se réunis­
saient chez moi. Nous devions tous aider à transporter les pério­
diques, les publications, l'estrade, etc., à chaque réunion." Les
salles louées avaient une forte odeur de tabac et affichaient des
slogans et des ornements politiques et religieux. Aucune n'était
en harmonie avec le contenu spirituel des réunions des Témoins.
Molly Heron et Lois Dyer se souviennent de la salle qu'ils
louaient à Kyoto. Il s'agissait d'une pièce, au premier étage d'un
magasin, dont le sol était recouvert de tatamis, ou nattes de
paille. De chaque côté, il y avait d'autres pièces : dans l'une, on
donnait des leçons de shamisen, instrument à cordes japonais,
tandis que dans l'autre des hommes jouaient au go, jeu d'échecs
japonais. " Dans tout ce vacarme, nous essayions de diriger no­
tre étude de La Tour de Garde, a déclaré Lois Dyer. C'est dans de
tels endroits que nous nous réunissions à cette époque. " Puisque
-
---
r.::
Il
Ili 1
..
À Les installations de la filiale à Numazu, 1972-82.
nous n'avions pas de lieux de réunion fixes comme les autres
groupes religieux, les gens pensaient que nous n'étions qu'une re­
ligion sans importance, éphémère.
Mais, au milieu des années
70,
le nombre des nouvelles con­
grégations était en pleine expansion, et les frères ont recherché
des bâtiments pouvant servir de Salles du Royaume. En juillet
1974,
les
646 congrégations
de l'année de service
1974.
200 Sal­
134 ont été inaugurées au cours
du pays utilisaient environ
les du Royaume. Sur ce nombre,
111
japon
Bien que nos frères aient été limités financièrement, leur in­
géniosité, elle, n'a pas eu de limites. C'est ainsi que, sur l'île de
Kyushu, la congrégation de Kitakyushu Wakamatsu a construit
une Salle du Royaume de 130 mètres carrés sur une parcelle de
terrain offerte par un des proclamateurs. On a obtenu gratuite­
ment des planches et des tuiles de cinq maisons en démolition.
Un établissement de bains publics désaffecté leur a également
fourni du bois gracieusement. Les seuls matériaux de construc­
tion qu'ils ont achetés ont servi pour les finitions de la salle. Les
frères ont aussi disposé des sièges d'un cinéma voisin qui avait
cessé ses activités, sièges qu'ils ont repeints et installés dans la
salle. Après six mois de travail assidu, ils avaient une belle Salle
du Royaume.
En raison des prix exorbitants des terrains, certains Témoins
qui étaient propriétaires dans les zones urbaines ont démoli leur
maison pour bâtir une Salle du Royaume et leur lieu d'habita­
tion au-dessus.
De nou ve au x bâ time nts
pou r suivre l'accroisse me nt
De même que les vêtements d'un enfant deviennent sans
cesse trop petits, de même les installations de la filiale du Japon
ont eu besoin d'agrandissements à plusieurs reprises afin qu'on
puisse faire face à l'accroissement du nombre des Témoins dans le
pays. En
1971 ont été dressés les plans d'une imprimerie à deux
étages et d'un Béthel comportant quatre étages qui seraient cons­
truits à Numazu, avec, en toile de fond, le magnifique Fuji-Yama.
Au début, les bâtiments de l'imprimerie étaient utilisés prin­
cipalement pour imprimer les éditions japonaises de La
Tour de
Garde et de Réveillez-vous ! Un événement marquant a été l'im­
pression du numéro spécial du 8 octobre 1972 de Réveillez-vous !
sur la nouvelle rotative de 40 tonnes Tokyo Kikai: c'était le pre­
mier périodique produit par nos frères de l'imprimerie à Numazu.
Mais ils avaient beaucoup à apprendre. Parfois ils se demandaient
Annuaire 1998
112
si un jour ils pourraient faire fonctionner correctement la presse.
" À cette époque, a raconté un frère, certaines lettres étaient cou­
vertes d'une couche d'encre si épaisse qu'on pouvait presque les
lire en les touchant." D'autres caractères étaient à moitié effacés
ou tachés. Cependant, à mesure que les frères acquéraient de
l'expérience, la qualité de l'impression s'améliorait et le nombre de
périodiques distribués en prédication augmentait.
En
1973, lorsque frère Knorr a pris la parole lors du pro­
gramme de l'inauguration de la filiale à Numazu, les invités se
sont rassemblés au deuxième étage de la nouvelle imprimerie.
Parlant de l'usage qui en serait fait, frère Knorr a dit : "Cet étage
vide représente votre foi. Nous croyons que dans un ou deux
ans vous aurez besoin de cet étage. L'organisation de Dieu va de
l'avant, et ce à une très grande vitesse."
Comme frère Knorr l'avait annoncé, l'endroit a bientôt été
utilisé. En
1974, deux bâtiments supplémentaires étaient néces­
saires : un pour le stockage du matériel et un autre pour loger
les bénévoles. "C'était la première construction que les Témoins
entreprenaient eux-mêmes au Japon, raconte Toshio Honma.
Nous étions quelque peu inquiets de savoir s'il y aurait suffisam­
ment d'ouvriers expérimentés. Dieu nous a bénis en nous en­
voyant des hommes comme Tadazo Fukayama, un conducteur
de travaux qui avait
30 ans d'expérience dans une importante
entreprise de bâtiment."
Après des années de travail qui l'avaient éloigné des siens, Ta­
dazo venait de démissionner afin de passer plus de temps auprès
d'eux. Il était donc partagé quand on lui a demandé de venir diri­
ger les travaux d'agrandissement du Béthel à Numazu. Devrait-il
de nouveau laisser sa famille derrière lui? " Non '', lui a répondu
la filiale. Sa femme et ses deux fils, âgés de
18
et
20 ans, étaient
aussi invités.
Bien que les bâtiments construits alors aient été relative­
ment petits par rapport aux projets à venir, les frères ont
japon
113
acquis, grâce à cette entreprise, de l'expérience et la certi­
tude qu'avec l'aide de Jéhovah ils pourraient réaliser de plus gran­
des constructions.
Le s frè re s japonais
accepte nt de plus lourde s re sponsabilités
1975, Lloyd Barry, qui était le surveillant de la filiale
1952, a quitté le Japon pour être membre du Collège cen­
En avril
depuis
tral desTémoins de Jéhovah. Avec zèle, il avait participé au minis­
tère et
en
vu
l'organisation théocratique passer de
8
proclamateurs
1949 à plus de 30 000 proclamateurs du Royaume zélés lors de
son départ. La surveillance de la filiale a alors été confiée à Toshio
Honma, un frère d'origine japonaise qui était le responsable de
l'imprimerie.
Parlant des compétences de frère Honma, son adjoint a dé­
claré: " Toshio n'était pas de ceux qui s'installent et attendent
que quelqu'un leur dise tout ce qu'ils doivent faire. Si vous lui
confiiez un travail en lui donnant les directives à suivre, il attra­
pait la balle et courait. C'était un organisateur efficace qui savait
motiver les gens. "
En février
1976, un autre changement s'est produit dans l'or­
ganisation. Comme au sein des autres filiales dans le monde, un
comité de frères a été mis en place au Japon, la filiale n'étant plus
ainsi sous la surveillance d'un seul frère. Les cinq qui furent nom­
més au début étaient Toshio Honma, le coordinateur, Masataro
Oda, Shigeo Ikehata, Kiichiro Tanaka et James Mantz. Les frères
japonais ont accepté de tout cœur cette nouvelle disposition, car
le concept de décisions prises par un groupe de personnes et le
consensus d'opinion leur étaient familiers. Un des membres du
comité a plus tard fait observer : " Grâce à cette disposition, les
frères voient en ce groupe de frères mûrs les représentants de l'or­
ganisation. Leur attention est donc tournée vers l'organisation de
Dieu plutôt que vers un homme. " Lorsqu'une décision impor­
tante doit être prise, ces hommes spirituels aux origines et aux
114
Annuaire 1998
capacités diverses l'examinent en recherchant la direction de l'es­
prit saint et de la Parole de Dieu.
En janvier 1983, Masataro Oda, qui est au Béthel depuis fé­
vrier 1960, a remplacé frère Honma, qui devait alors subvenir
aux besoins de sa famille (il avait un fils de deux ans), et il est de­
venu le coordinateur. Au nombre de ceux qui ont fait partie du
Comité de la filiale pour des périodes plus ou moins longues fi­
gurent Ryosuke Fujimoto, Percy lszlaub, Isamu Sugiura, Yoshi­
hiro Nagasaki, Makoto Nakajima, Kenji Mimura et Richard Bai­
ley. Actuellement, le comité est composé de sept frères. Au
fur et à mesure de l'expansion de l'œuvre, chacun de ces frères
a humblement offert ses talents pour promouvoir les intérêts du
Royaume de Dieu dans cette partie du monde.
" Si l'on regarde en arrière, constate frère Oda, on peut voir
dans cette disposition qu'est le comité une manifestation de la
sagesse divine. Depuis 1976, l' œuvre s'est étendue à tel point
qu'aucun homme n'aurait pu s'en occuper seul. Jéhovah a donné
la sagesse au Collège central afin qu'il délègue des responsabilités
à de nombreux frères, si bien que rien n'a fait obstacle à la pro­
pagation régulière de l'œuvre."
Le s frè re s organise nt de s assemblée s
De l a même façon, dans les années
70, les frères s e sont
vu
confier la responsabilité d'organiser les assemblées. Takashi Abe
fut l'un des premiers surveillants de district japonais à être sur­
veillant d'une assemblée. Il avait acquis une expérience de grande
valeur auprès de missionnaires tels que Percy Iszlaub. Percy avait
été le surveillant de l'assemblée internationale" Paix sur la terre"
tenue en 1969 au vélodrome Korakuen de Tokyo. Deux ans plus
tard, frère Abe était le surveillant d'une assemblée organisée dans
le même stade. Grâce à l'expérience qu'il avait acquise en 1969,
tout s'est bien déroulé. Mais de plus lourdes responsabilités
s'annonçaient.
En 1973, frère Abe a été établi par la Société surveillant de
l 'assemblée i n t e r n a tionale de c i n q j o u r s " La v i ctoire di-
115
v ine" qui devait avoir lieu à
Osaka. On attendait une assis­
tance d'environ 30000 person­
nes, dont 400 délégués étran­
gers. Qlelle fut sa réaction? Il
raconte : " Lorsque j'ai reçu la
lettre m'annonçant ma nomi­
nation, je suis tombé malade ;
j'ai passé plusieurs jours au lit,
incapabl e de me lever. Je ne
pensais qu'à la difficulté d'or­
ganiser les différents services
de l'a s s e m b l é e . Qu e l l e j o i e
lorsque, quelques mois avant
l'assemblée, j'ai reçu de la So­
ciété la bro chure Organisa­
tion des congrès ! En suivant les
instructions basées sur la Bi­
Toshio Honma,
surveillant de la filiale
au milieu des années 70.
ble, nous avons résolu de nom­
breux problèmes."
L'un d'entre eux consistait
à trouver suffisamment de sièges pour tous les assistants. L'as­
semblée allait se tenir dans la salle des fêtes du mémorial de
l'Expo 70 à Osaka, mais il n'y avait ni sièges ni estrade. On a de­
mandé aux congrégations voisines de se renseigner afin de louer
des chaises pliantes. Tous les directeurs d'école d'une ville ont été
contactés. On a demandé au président de la plus grande fabrique
d'appareils électriques au Japon si sa compagnie serait disposée
à louer des sièges. Un de ses représentants a rencontré le surveil­
lant de l'assemblée au sujet de cette requête. L'entreprise ne pos­
sédait pas de chaises pliantes supplémentaires, mais elle a donné
de l'argent pour en louer 5000. Il en manquait encore. La solu­
tion? Fabriquer des bancs de bois à partir de planches pour écha­
faudages louées à une entreprise de construction. Qlelques jours
Le Comité de la filiale en 1997 (de gauche à droite): Richard
Bailey, Shigeo Ikehata, Isamu Sugiura, Masataro Oda, Makoto
Nakajima, Yoshihiro Nagasaki, Kenji Mimura.
avant l'assemblée, les bancs étaient achevés, et 31263 personnes
ont écouté le discours public. En raison de l'accroissement du
nombre des Témoins de Jéhovah au Japon et à Okinawa, ce fut la
dernière fois qu'ils se réunirent tous en une seule assemblée.
Cinq membres du Collège central ainsi que le responsable de
l'imprimerie au siège mondial à Brooklyn ont assisté à ce ras­
semblement et encouragé les assistants. D'autres visiteurs,
venus d'Allemagne, d'Australie, du Canada, des É tats-Unis, de
Grande-Bretagne, du Guatemala, d'Hawaii, du Nigeria, de Nou­
velle-Zélande et de Papouasie-Nouvelle-Guinée, ont fait de cet
événement une assemblée réellement internationale.
Après cela, davantage de frères japonais se sont mis à endos­
ser les responsabilités de l'organisation des assemblées. Cela leur
permettait de mieux répartir les tâches entre les préparatifs des as­
semblées et leurs autres responsabilités. De plus, les sur veillants
itinérants étaient en mesure de se concentrer sur leur service au
lieu de passer des mois à préparer les assemblées.
117
japon
Le s assemblée s inte rnationale s
" L a fo i victorieu se " de 197 8
En 1978 a eu lieu la quatrième assemblée internationale au Ja­
pon, "La foi victorieuse ", qui a duré cinq jours. Cette fois, qua­
tre endroits ont servi pour accueillir tous les assistants. Un maxi­
mum de 31 785 personnes ont assisté à l'assemblée principale à
Osaka, où sont venus plus de 200 délégués des États-Unis, du
Canada, d'Allemagne, de Suisse, ainsi que d'autres pays d'Eu­
rope, d'Asie et d'Amérique du Sud. Trois membres du Collège
central étaient là pour participer au programme de l'assemblée.
Un bel esprit de coopération a été cultivé au fil des années.
Les frères ont fini par avoir pleinement confiance qu'avec l'aide
de Jéhovah ils pouvaient accomplir des tâches théocratiques
importantes.
Du bowling à la Salle d'assemblée s
Outre les Salles du Royaume, il est devenu évident que les frè­
res avaient besoin de plus grandes installations pour les assem­
blées. Au début des années
70,
beaucoup d'établissements pu­
blics ne louaient pas aux groupes religieux, et les contrats pour
des gymnases pouvaient être annulés à la dernière minute à cause
d'événements sportifs. Hirofumi Morohashi, qui a été surveillant
d'assemblée dans la région de Tokyo pendant de nombreuses an­
nées, se souvient d'un incident particulier qui a incité les frères à
rechercher une Salle d'assemblées. Voici ce qu'il dit: " En 1974,
nous avons versé 200 000 yens [plus de 4000 francs] pour une
salle dans un parc d'attractions d'Oyama afin de l'utiliser pour
notre assemblée de circonscription. Plus tard, le parc d'attrac­
tions a fait faillite. Nous avons eu beaucoup de mal à recouvrer
les arrhes et à trouver un autre lieu d'assemblée. " Percy Iszlaub a
alors montré aux frères les photos d'une vieille usine de tissage en
Australie qui avait été transformée en une magnifique Salle d'as­
semblées. Les frères ont compris que c'était le moment pour eux
d'agir ainsi.
118
Annuaire 1998
Ils ont trouvé une salle de bowling désaffectée à Higashi­
Matsuyama, dans la banlieue de Tokyo. Ne connaissant pas lesTé­
moins de Jéhovah, le propriétaire du bâtiment s'est renseigné au­
près d'une famille chez qui il avait logé aux États-Unis. Il a reçu
une réponse très favorable : les Témoins de Jéhovah étaient le
groupe religieux le plus digne de confiance aux États-Unis. Dès
lors, les choses se sont bien passées, et un contrat a été signé.
C'est ainsi qu'en décembre 1976 a été achevée la première
Salle d'assemblées du Japon. Pendant ce temps, un autre projet
de construction considérable se dessinait.
Jéhovah dirige le s événe me nts
Lorsque les installations agrandies de Numazu ont été inau­
gurées en 1977, il y avait plus de 40000 proclamateurs. La fi­
liale a été chargée de chercher un terrain trois fois plus grand que
la propriété de Numazu. Une vieille usine textile se trouvait à
Ebina, à mi-chemin entre Numazu et Tokyo, sur une propriété
de 7 hectares, soit 16 fois plus grande que celle de Numazu. Mais
dans un pays où le prix des terrains était incroyablement élevé,
le Collège central approuverait-il ce déménagement? Le prix de
cette propriété serait deux fois plus élevé que celui qu'avaient
payé les États-Unis lorsqu'en 1867 ils achetèrent l'Alaska à
la Russie. Pendant quelque temps, aucune réponse ne parvint du
Collège central. " Puis, soudain, frère Barry est venu de NewYork
en compagnie de Max Larson, le responsable de l'imprimerie de
la Société à Brooklyn, pour voir le terrain et nous donner l'ac­
cord, ditToshio Honma. En songeant à l'accroissement que nous
avons enregistré au cours -des 20 dernières années, nous remer­
cions Jéhovah de nous avoir guidés pour acheter cette grande
propriété. "
En janvier 1979, on a entamé la construction d'une im­
primerie d'un étage, d'un bâtiment administratif, de trois bâti­
ments d'habitation abritant 161 logements, d'une Salle du
Royaume et de deux petits bâtiments pour les ateliers. C'était
japon
119
l'un des plus grands projets de construction jamais entrepris par
les Témoins de Jéhovah où que ce soit dans le monde jusqu'à ce
moment-là.
Nombre de chefs de famille possédant des qualifications en
construction ont laissé leur emploi pour se rendre, avec les leurs,
à Ebina ou dans les villes avoisinantes et participer à la construc­
tion. Lorsque Yoshiaki Nishio a reçu sa première invitation à ve­
nir en tant que plombier, il venait d'emménager dans une pe­
tite ville sur l'île de Shikoku où le besoin était particulièrement
grand. Comme il avait trois enfants en bas âge, était au chômage
et à court d'argent, il a d'abord refusé. En recevant la troisième
invitation par courrier exprès, il a compris que c'était la volonté
de Jéhovah. Il en a parlé à sa femme, qui lui a proposé de sub­
venir aux besoins de la famille pendant son absence. " Arrivé au
Béthel, se rappelle Yoshiaki, je me suis rendu compte que nous
étions invités tous les cinq! C'était incroyable! " Ses trois enfants
ont grandi et sont devenus pionniers; aujourd'hui, l'un d'eux est
membre de la famille du Béthel à Ebina.
" À plusieurs reprises, nous avons vu Jéhovah nous ouvrir des
portes pour cette construction, raconte James Mantz, président
du comité de construction. Nous nous sommes retrouvés face à
des murs apparemment infranchissables. L'administration de la
préfecture de Kanagawa avait établi certaines des lois antipollu­
tion les plus strictes de tout le pays. On nous avait demandé de
ne pas déverser une seule goutte d'eau usée dans le canal qui tra­
versait la propriété. Mais Jéhovah nous a ouvert le chemin. L'an­
cienne usine refroidissait ses machines avec de l'eau tirée de trois
puits; l'eau s'écoulait ensuite dans un canal et servait à irriguer
les cultures des voisins. Lorsque ceux-ci ont appris que leur ali­
mentation en eau allait se tarir, ils se sont rendus à la mairie où
ils ont protesté en disant que leurs récoltes dépendaient de l'eau
de la propriété. Les fonctionnaires sont donc revenus sur leur dé­
cision et ont fixé une quantité minimum d'eau que nous de­
vions déverser chaque jour dans le canal pour approvisionner les
120
Annuaire 1998
agriculteurs. Outre cette eau traitée, il nous fallait pomper l'eau
de nos puits afin de satisfaire les besoins de nos voisins. "
Frederick Franz, alors président de la Société Watch Tower,
était là lorsque, le 15 mai 1982, les bâtiments achevés ont été dé­
diés à Jéhovah. Lloyd Barry et sa femme, Melba, ont eux aussi
participé au programme d'inauguration. L'assistance a pu ressen­
tir le profond amour que frère Barry éprouvait pour les frères ja­
ponais alors qu'il interviewait 14 missionnaires diplômés de la
11c classe de l'École de Guiléad qui avaient été envoyés au Japon.
Progrè s e n qu antité e t e n qu alité
Le nombre des proclamateurs ainsi que la demande de publi­
cations ne cessaient d'augmenter. Avant l'inauguration des ins­
tallations à Ebina, la filiale avait acquis, en octobre 1979, sa pre­
mière presse offset à bobines. Celle-ci pesait 75 tonnes, mesurait
20 mètres de long et était capable de produire 300 périodiques en
couleur à la minute. Cela comblait-il nos besoins?
" En 1981, se rappelle frère Mantz, nous avons eu une visite
de zone effectuée par frère Jaracz. Ayant remarqué que deux
équipes se relayaient sur la presse, il nous a conseillé de deman­
der l'autorisation d'acheter une deuxième presse. Nous avons hé­
sité, car nous pensions qu'il était plus économique d'en utiliser
une seule. Cependant, un mois plus tard, Brooklyn nous a en­
voyé des instructions pour commander notre deuxième rotative
offset.
À ce moment-là, nous ne
savions pas ce qui nous atten­
dait. Mais, au bout d'un an, en mai, lorsque nous avons reçu la
rotative, nous avons dû immédiatement entamer la production
Traduction du monde nouveau en ja­
deux
mois après. Le livre Vous pouvez vivre éternellement sur une terre
qui deviendra un paradis devait également paraître. Nous avons
de l'édition complète de la
ponais afin qu'elle paraisse aux assemblées de district juste
vu
de nouveau la main de Jéhovah diriger les événements. Nous
n'aurions jamais pu produire nos périodiques, la Bible et le livre
sur une seule presse. "
121
japon
En 1984, une troisième rotative puissante Mitsubishi a été
installée : elle imprimait sur deux bobines de papier au moyen de
cinq groupes d'impression, quatre imprimant en couleur sur une
bande et un en noir sur l'autre, et elle pouvait produire 1000 pé­
riodiques à la minute. C'était alors la presse la plus rapide du
pays, et elle est devenue le sujet de conversation des impri­
meurs. Ichiki Matsunaga, qui avait reçu une formation spéciale
pour faire fonctionner la rotative, était fasciné de la voir tourner
à sa vitesse maximum. "Mais, a-t-il dit, il est encore plus fasci­
nant de voir à quelle vitesse impressionnante le message imprimé
sortira."
Comment 60 000 pério diques à l'heure pouvaient-ils être
traités d'une manière efficace? Les frères de l'atelier de mécani­
que ont fini par créer un système électrique de convoyage qui
transporte les périodiques de la rotative jusqu'à l'emballage en
passant par une presse hydraulique et un massicot trilatéral. Le
responsable de cette opération explique : "La rotative utilise un
rouleau de papier d'une demi-tonne toutes les 20 minutes; à
l'autre bout de la chaîne, les périodiques sont directement em­
ballés dans des cartons étiquetés, prêts à l'expédition. " En cinq
minutes, le papier provenant du rouleau défile à travers la presse,
passe au massicot et arrive dans le carton. Ce système à la chaîne
réduit le nombre de frères nécessaire et permet un plus grand es­
pace d'emmagasinage.
La qualité de l'impression que rend possible cet équipement
et les améliorations apportées aux illustrations et à la qualité du
papier mettent en valeur les périodiques. Les proclamateurs les
proposent avec enthousiasme en prédication.
" Une fou le de spécialiste s "
Pour suivre les progrès dans le domaine de l'impression
offset, la S o ciété s'est mise à informatiser les étapes de pré­
presse. Des Témoins du Japon ayant une expérience technique
suffisante pourraient-ils se rendre disponibles pour faire face à ce
122
Annuaire 1998
changement? Oui. Yasuo Ishii, un des promoteurs techniques en
informatique au Japon, est devenu un serviteur voué de Jéhovah.
Il a également parlé de sa foi à ses collègues. Résultat: six ingé­
nieurs en informatique et experts en programmation se sont fait
baptiser. Tout le groupe a répondu à l'invitation à participer au
projet de la Société ; certains sont devenus membres de la famille
du Béthel, tandis que d'autres vivaient à l'extérieur. Songeant à
ces événements, Toshio Honma, alors coordinateur du Comité
de la filiale, a déclaré:" Jéhovah disposait d'une foule de spécia­
listes au moment même où le besoin s'en est fait sentir. "
Qyel ordinateur allait-on utiliser ? Le bureau de Brooklyn
avait recommandé le gros ordinateur 4341 d'IBM, qui allait être
mis sur le marché. La Société, au Japon, avait été désignée par ti­
rage au sort pour être la deuxième à recevoir l'un de ces ordina­
teurs dernier modèle. Or, l'agent de la compagnie pensait qu'il
serait mieux de le donner à un de ses clients fidèles qui était en
mesure de faire le travail de programmation. Les cinq frères et la
sœur qui travaillaient sur notre projet ont fait sans tarder un rap­
port détaillé indiquant les besoins exceptionnels de la Société.
Après l'avoir lu, la compagnie a aussitôt inclus notre commande
dans le premier envoi de ce nouveau modèle.
Sous la direction de ces spécialistes qualifiés, plus de 40 jeunes
frères et sœurs volontaires ont reçu une formation de program­
meurs. L'objectif était de créer un système entièrement automa­
tique de composition pour les publications de la Société en ja­
ponais. En moins de deux ans, ce système, connu plus tard sous
le nom de SCRIPT (System of Character Reproduction Incor­
porating Photo-Typesetting [Système de reproduction de caractè­
res par photocomposition]), était prêt à l'emploi. Le premier ou­
vrage réalisé grâce à ce programme fut le livre de 192 pages
"Qg.e
ton royaume vienne ! "
En
1987, les ordinateurs personnels proposés dans le com­
merce avaient atteint une moder nisation qui leur permet-
123
japon
tait de satisfaire les besoins propres à l'écriture japonaise. Aussi,
lorsque la photocomposeuse associée au SCRIPT est tombée en
panne, a-t-on opté pour le système de composition plus écono­
mique de la Société, le MEPS, auquel ont été intégrées les carac­
téristiques spéciales du SCRIPT, mises au point par nos frères,
qui comprenaient un " alphabet" de quelque 8 000 caractè­
res japonais compliqués. Aujourd'hui, de nombreux program­
meurs qui ont travaillé sur ce système au Japon prêtent leur con­
cours au système d'édition mondiale de la Société dans d'autres
filiales.
Un nou ve au se rvice voit le jou r
Depuis près de 30 ans, l'imprimerie de la Société à Brooklyn
fournissait au Japon les livres devant être diffusés dans la prédi­
cation. Mais, alors qu'en 1978 la construction de l'imprimerie à
Ebina était en cours, il fut décidé que la filiale se mettrait à pro­
duire elle-même les livres dont elle avait besoin.
Apprenant quels étaient nos projets, le président d'une
grande entreprise fabriquant de la colle nous a rendu visite.
Constatant que nous avions l'intention de fabriquer notre propre
colle, il nous a proposé de nous fournir les matières premières et
l'équipement dont nous aurions besoin. Mais, si nous préférions,
il serait heureux de nous fournir la colle au prix coûtant. Pour
quelle raison? O!ielques années auparavant, il avait assisté à une
exposition de machines servant à la reliure et de presses à Chi­
cago. Là, son équipe et lui avaient rencontré des frères du Béthel
de Brooklyn qui les invitèrent à visiter l'imprimerie de la Société
Watchtower à New York. Le fonctionnement des installations et
surtout la gentillesse et le travail assidu des frères les avaient beau­
coup impressionnés. À présent, cet homme souhaitait nous aider
d'une façon ou d'une autre. Finalement, il nous est revenu moins
cher de lui acheter la colle que de la fabriquer nous-mêmes. Il
nous a également mis en relation avec d'autres fournisseurs, ce
qui s'est traduit par de considérables économies.
James Mantz
(ici avec sa femme,
Sarah) a été responsable
de l'imprimerie.
P lusieurs fabr icants
de machines ont collaboré
de la même façon. Lors­
que des représentants d'un
fabricant de massicots et
d'assembleuses sont venus
rédiger un contrat à Ebina,
ils ont été profondément
impressionnés par le chan­
tier de construction et par­
ticulièrement par les béné­
voles, qui travaillaient avec ardeur. Aussi ont-ils offert de réduire
de 1 000 000 de yens (60000 francs) le prix de leurs machines.
Qu i forme ra le s frè re s?
À l'imprimerie, personne n'avait d'expérience en reliure. Ro­
bert Pobuda avait donc été invité à Brooklyn afin d'y recevoir
une formation de six semaines qui lui permettrait de former à
son tour les frères au Japon. La documentation a été traduite et
des cours de reliure ont été organisés. Par ailleurs, des profes­
sionnels venant d'entreprises commerciales ont appris aux frères
comment utiliser les matériaux pour la reliure. Nous avions éga­
lement prévu de visiter des ateliers de reliure pour en examiner le
fonctionnement.
Après l'une de ces visites, le directeur a fait entrer les frères
dans son bureau. " Savez-vous pourquoi je vous ai permis de ve­
nir? a-t-il demandé. Normalement, les gens de l'extérieur ne vi­
sitent jamais notre atelier, mais une semaine avant que vous pre­
niez contact avec moi, un Témoin a frappé à ma porte et m'a
japon
125
proposé les périodiques La
Tour de Garde et Réveillez-vous ! Ses
manières et ce que j'ai lu dans ces revues m'ont impressionné. "
Il a accepté d'autres publications, dont des abonnements aux pé­
riodiques, et a offert de former un grand nombre de frères pen­
dant un mois dans son atelier.
Depuis lors, ceux qui travaillent dans l'atelier de reliure ont
continué au fil des années d'améliorer leur savoir-faire et d'ap­
profondir leur connaissance. Des sociétés commerciales de re­
liure ont même envoyé leurs ouvriers visiter notre imprimerie ;
ceux-ci ont toujours été frappés par la propreté et l'attention ap­
portée aux moindres détails. James Mantz, qui a été surveillant
de l'imprimerie, se rappelle : " Un jour, une entreprise de reliure
avait reçu la permission de filmer pendant que ses représentants
effectueraient la visite normale de nos installations. Ils proje­
taient de se servir de ce film pour former leur personnel. Ils pos­
sédaient le même équipement et accomplissaient la même acti­
vité, mais ils voulaient montrer les Béthélites en exemple en
raison de la joie qui se voit sur leurs visages et de leur travail ef­
ficace. " Frère Mantz se souvient aussi de la surprise d'un cadre
qui visitait l'atelier de reliure de la Société. L'homme a dit : " Les
jeunes Japonais sont victimes de ce qu'ils appellent le syndrome
des trois ' K '
:
kiken, kitanai et kitsui. " Ces trois mots signi­
fient dangereux, sale et astreignant. Si le travail correspond à l'un
de ces qualificatifs, la plupart des jeunes ne s'y intéresseront pas.
Mais ce n'est pas le cas à l'imprimerie d'Ebina.
Notre atelier qui relie les publications à couverture en cuir sou­
ple a été l'objet d'un intérêt particulier. Il est devenu l'une des prin­
cipales sources d'information concernant la reliure dite de luxe au
Japon. Des bibles reliées en cuir y sont fabriquées en série.
L'édition complè te
de la Traduction du monde nouveau
Le passage à l'impression offset, la création du service de re­
liure, l'élaboration du SCRIPT : tout cela posait les bases qui
126
Annuaire 1998
allaient permettre de produire l'édition complète de la Traduc­
tion du monde nouveau.
La permission de traduire les Écritures hébraïques de la Traduc­
tion du monde nouveau avait été accordée en 1975. Ce serait un
vrai travail d'équipe. ilois traducteurs ont été désignés pour réali­
ser ce projet. Mais comment préserver une harmonie aussi com­
plète que possible entre ces différents traducteurs? Ils ont rédigé
de longues listes détaillées de mots anglais et rassemblé des rensei­
gnements concernant les noms propres, les animaux, les plantes,
les minéraux, les couleurs, les maladies, les outils, les vêtements, la
nourriture et les offrandes sacrificielles. Ils devaient également étu­
dier avec soin et ajouter à ces listes des centaines de groupes de sy­
nonymes et d'expressions importantes. Par la suite, ils ont été invi­
tés à transmettre ce qu'ils avaient appris aux frères qui concevaient
un système informatique d'aide à la traduction de la Bible au siège
mondial. Leurs suggestions sont parmi celles qui sont suivies dans
le monde entier par les traducteurs de la Bible.
L'édition complète de la Traduction du monde nouveau en ja­
ponais a été imprimée et reliée dans nos installations à Ebina.
Afin de produire les 136 000 exemplaires de la Bible, qui devait
paraître aux 17 assemblées de district " La vérité du Royaume "
en 1982, les services du montage, de l'imprimerie et de la reliure
ont travaillé 24 heures sur 24. Certains frères avaient des postes
de 12 à 16 heures. Ce qui les encourageait, c'était de penser qu'ils
perpétuaient le genre de travail qu'Ezra, ' un habile copiste de la
loi de Dieu ', avait accompli dans le passé. Mais, alors qu'Ezra le
faisait à la main, eux se servaient d'une presse offset rapide à bo­
bines et imprimaient en japonais. Ils avaient affiché les paroles
d'Ezra 7:6 sur le côté de la rotative pour se rappeler l'importance
d'imiter cet habile copiste.
Cette année-là, tous les frères travaillant à la reliure ont assisté à
la dernière assemblée qui se tenait à Fukushima. Ils avaient achevé
la dernière bible juste huit minutes avant la fin de la dernière jour-
127
japon
née de travail précédant l'assemblée. Shigeru Yoshioka, qui tra­
vaillait alors à la reliure, raconte: " Nous étions épuisés, mais, en
voyant les larmes de joie sur le visage des frères qui recevaient l'édi­
tion complète tant attendue de la
Traduction du monde nouveau,
nous étions tous convaincus que l'effort en valait la peine. "
Le texte de la traduction de la Bible en japonais étant gardé en
mémoire sous forme électronique, il n'a pas été difficile de pro­
duire plusieurs éditions de différents formats. Au cours des années
qui ont suivi la parution de la
Traduction du monde nouveau en
1982, près de 3 000 000 d'exemplaires en ont été imprimés.
De nou ve au x agrandisse me nts
e n vue de l'accroisse me nt
Comme un adolescent à la croissance rapide, l'organisation
théocratique au Japon s'est rapidement sentie à l'étroit dans ses
installations à la filiale. En février 1984, on annonça de nou­
veaux agrandissements, comprenant cette fois une imprimerie de
cinq étages, dont la surface de plancher serait de 22 500 mètres
carrés, soit deux fois celle de la première imprimerie, et un im­
meuble d'habitation de sept étages abritant 128 chambres pour
loger les bénévoles. Chaque bâtiment aurait un sous-sol.
La construction a commencé en septembre 1984 et s'est ter­
minée en février 1988. Pendant cette période, le nombre des pro­
clamateurs a dépassé la barre des 100000 et il n'a cessé de s'ac­
croître. Cette extension allait permettre à la filiale de répondre
aux besoins grandissants du territoire japonais, mais aussi d'im­
primer pour d'autres pays. Le 13 mai 1989, les nouveaux bâti­
ments ont été dédiés à Jéhovah, Celui qui avait suscité l'accrois­
sement rendant nécessaires ces installations.
Ils pre nne nt soin de leu r famille
avant tou te chose
Les feux de l'actualité nationale ont parfois été braqués sur
les Témoins de Jéhovah. En 1986, une campagne médiatique a
128
Annuaire 1998
sensibilisé le public à la façon dont les Témoins prennent soin de
leurs enfants. Voici ce que titrait le Mainichi Daily News
:
" Un
responsable de la JNR démissionne pour être avec sa famille. "
Au Japon, un père qui a de jeunes enfants et qui se voit offrir une
mutation, même si cela signifie une promotion, est devant un di­
lemme. Les mutations sont proposées sans tenir compte de la si­
tuation familiale. Lorsque leurs enfants sont au lycée, les parents
ne souhaitent pas que toute la famille quitte la ville où elle vit. Le
père acceptera généralement la mutation et laissera les siens. C'est
ce qu'on appelle tanshinfunin. Selon l'article du journal, Takeshi
Tamura, Témoin de Jéhovah, avait été nommé directeur général
du bureau de la Société nationale des chemins de fer japonais
(JNR) à Kyushu. Mais il a préféré démissionner plutôt que d'ac­
cepter cette place prestigieuse et d'être séparé de sa famille. "La
fonction de directeur général peut être assumée par bien des gens.
Par contre, je suis le seul père de mes enfants ", a déclaré frèreTa­
mura dans l'un des journaux.
Les gens étaient perplexes. Auparavant, la presse avait décrit
les Témoins de Jéhovah comme étant cruels, laissant mourir leurs
enfants. Et voici qu'un homme, parce qu'il voulait être près des
siens, a eu suffisamm ent de courage pour renoncer à une fonc­
tion que la majorité de ses collègues auraient acceptée à n'im­
porte quel prix. Des journalistes se sont rendus de maison en
maison pour interroger les habitants.
interviewé des hommes d'affaires
À la sortie de la gare, ils ont
tanshinfunin qui allaient pas­
ser le week-end avec leur famille. Ils leur ont demandé ce qu'ils
pensaient de la décision de frère Tamura. La plupart déclaraient:
'J'admire sa décision. Si seulement j'avais le courage de faire la
même chose! '
Se remémorant cet épisode, frère Tamura confie : " J 'ignore
comment le Mainichi a obtenu les renseignements. Habituelle­
ment, si des informations sont divulguées, la JNR modifie in­
tentionnellement la tâche de chaque employé, uniquement pour
japon
129
prouver l'inexactitude des rumeurs. Or, cette fois, il n'y a pas eu
de démenti. Jéhovah y était certainement pour quelque chose.
Par ce moyen, les Japonais ont compris que les Témoins de Jého­
vah se soucient de leur famille . " Aujourd'hui, frère Tamura et
les siens sont tous évangélisateurs à plein temps. FrèreTamura est
surveillant-président dans sa congrégation et son fils sert tempo­
rairement au Béthel.
De s progrè s à Okinawa
Après que la filiale du Japon s'est de nouveau occupée d'Oki­
nawa, ce territoire - où les vieilles traditions exercent toujours
une forte influence sur la vie des gens - a connu de grands pro­
grès. L'âge n'a pas retenu Kiku Sunagawa, 70 ans, d'entrepren­
dre le service de pionnier. Pendant de nombreuses années, elle
avait été esclave duyuta, ou médium, de l'endroit. Mais le fait
d'apprendre dans la Bible que le vrai Dieu a un nom et peut lire
dans les cœurs l'avait profondément touchée. Elle a détruit sur­
ie-champ tous ses objets ayant un rapport avec le yuta. Puis elle
a décidé d'apprendre à lire afin d'approfondir sa connaissance de
la volonté de Dieu. Avec patience, le Témoin qui étudiait la Bi­
ble avec elle lui a procuré l'aide nécessaire. En 1981, elle s'est fait
baptiser, et l'année suivante elle était pionnière.
Bien qu'illettrée à l'origine, elle a pu à son tour apprendre à
lire et à écrire à un étudiant de la Bible d'un certain âge afin que
lui et sa femme progressent en vue du baptême. Le couple a dé­
montré sa reconnaissance en donnant à la congrégation d'Aka­
rnichi une parcelle de terrain pour y construire une belle Salle
du Royaume. Les efforts de Kiku ont été également récompensés
lorsque ses deux sœurs cadettes se sont libérées elles aussi de l'in­
fluence duyuta afin de servir le vrai Dieu, Jéhovah.
En 1989, un couple âgé d'Hamamatsu a accepté de se rendre
sur la petite île d'Aguni Jima, à environ 60 kilomètres des côtes
d'Okinawa, pour y donner le témoignage. Le frère et sa femme
ont vendu leurs alliances pour rassembler l'argent nécessaire à ce
Annuaire 1998
130
voyage. Ils ont passé 20 jours à rendre visite aux habitants des
600 maisons de cette île éloignée. Un jour qu'ils longeaient un
mur de pierres sous un soleil de plomb en plein été, deux petites
filles leur ont offert de l'eau. Touchés par leur bonté, ils ont dé­
cidé d'aller voir les parents des fil lettes. En apprenant qu'ils
étaient Témoins de Jéhovah, les parents les ont chaleureusement
serrés dans leurs bras. Ils n'avaient pas rencontré de Témoins de­
puis qu'ils avaient quitté Okinawa huit mois plus tôt. Une étude
biblique a été commencée par correspondance puis confiée à une
congrégation de Naha, à Okinawa. Les parents et la fille aînée se
sont fait baptiser en 1993. Ils font connaître la vérité à de nom­
breuses personnes sur cette île reculée.
En 1980, il y avait 958 proclamateurs répartis dans 22 con­
grégations à Okinawa et dans les îles voisines.
À présent, plus de
2 600 proclamateurs du Royaume se dépensent activement dans
la préfecture d'Okinawa.
L'aide des comités de construction régionaux
Pendant plusieurs décennies, les congrégations ont construit
leurs Salles du Royaume avec l'expérience et les moyens qu'elles
avaient, mais elles rencontraient des problèmes, d'ordre juridique
ou autre, propres à la construction. Beaucoup de congrégations
ne tenaient pas vraiment compte de l'harmonie des couleurs. La
plupart des travailleurs étaient inexpérimentés et mettaient du
temps à achever la construction. Du fait de la durée des travaux
- des mois, voire des années - la spiritualité de la congrégation
et notamment de ceux qui participaient à la construction était
menacée. Le moment était donc venu de considérer la possibi­
lité de suivre le procédé de construction rapide utilisé aux États­
Unis.
En septembre 1990, le premier comité de construction régio­
nal a été formé dans la région de Tokyo. Sept autres ont été éta­
blis par la suite pour se charger du reste du pays. En mars 1991
a eu lieu à Nakarninato, dans la préfecture d'Ibaraki, la première
japon
131
construction au Japon d'une Salle du Royaume selon ce procédé
rapide. Bien qu'une violente tempête ait retardé les travaux le
deuxième jour, la salle de 120 places a été achevée en seulement
quatre jours.
Depuis, le nombre des comités de construction régionaux
du Japon est passé de 8 à 1 1 ; chaque année, ces comités partici­
pent à la construction de 80 à 100 Salles du Royaume. En raison
du prix élevé des terrains, certaines d'entre elles ont un étage et
utilisent le rez-de-chaussée comme parking. À Okinawa, le co­
mité de construction régional a dû modifier les plans pour que
les bâtiments puissent résister aux typhons qui frappent souvent
les îles.
La veille du début des travaux de construction pour la con­
grégation de Kochinda, à Okinawa, le frère qui avait offert le ter­
rain est mort. Le discours d'enterrement devait être prononcé à
1 6 heures le dimanche suivant dans la Salle du Royaume qui
n'était pas encore construite. Comme le frère était très connu
dans la région, les médias ont annoncé ses funérailles. Les person­
nes, qui ne voyaient que les fondations sur le chantier, deman­
daient : " Allez-vous vraiment construire un bâtiment à temps
pour l'enterrement ? " Effectivement, la salle fut achevée à
temps, et de nombreuses personnes, dont certaines appartenaient
aux milieux politique et juridique, s'y sont rassemblées pour
écouter le discours funèbre.
Actuellement, il y a 1 796 Salles du Royaume au Japon et à
Okinawa, dont 5 1 1 ont été construites ou réaménagées selon le
procédé de construction rapide. Ces salles, témoignage éloquent
de la présence des Témoins de Jéhovah, glorifient le Dieu qu'ils
adorent.
Des Salles d'assemblées dans le pays
en va de même pour les Salles d'assemblées, où sont orga­
nisées les assemblées de circonscription et les assemblées spéciales
Il
Quelques Salles
d'assemblées :
Hyogo, Ebina,
Kansai.
d'un jour. À partir des années 80, des salles ont été construites
l'une après l'autre à Kansai, à Ebina, à Chiba, à Tokai, à Hyogo,
à Gumrna, à Hokkaido et àTochigi. En 1997, une neuvième a été
achevée à Kyushu.
La conduite exemplaire des frères travaillant dur sur ces
chantiers a souvent changé le cœur de voisins qui, au départ,
n'étaient pas favorablement disposés. Lorsque la Salle d'assem­
blées de Tokai, près de Nagoya, était en construction, un voi­
sin s'est résolument opposé au projet et a essayé d'organiser une
133
japon
campagne pour l'arrêter. Chaque jour, il venait sur le chantier
pour voir l'état des travaux. Un jour, il est arrivé avec une scie à
la main. Lorsque le frère responsable de la construction lui a de­
mandé ce qu'il avait l'intention de faire, l'homme lui a dit : " J'ai
observé jusqu'à présent ce que vous faites, et il me semble que
le bosquet de bambous gêne l'avancement des travaux. Laissez­
moi vous donner un coup de main aujourd'hui. " Il a donc prêté
son concours.
En 1995, lors de la construction de la Salle d'assemblées de
l'île septentrionale d'Hokkaido, les frères avaient des moyens li­
mités. Aussi ont-ils été heureux d'obtenir 2 000 sièges gratuite­
ment. Comment cela
? Pendant la construction,
un important
tremblement de terre a provoqué de graves dégâts à Kobe et ses
environs, rendant inutilisables de nombreux bâtiments, dont le
Kokusai Kaikan de Kobe, où se trouvait une belle salle de con­
cert. Après que la décision de démolir l'édifice a été prise, un re­
portage aux actualités télévisées a montré des musiciens faisant
leurs adieux à la salle. Voyant cela, les Témoins qui organisaient
les secours à Kobe ont pris contact avec les responsables du bâ­
timent, qui leur ont accordé la permission d'enlever les sièges et
de les envoyer à la Salle d'assemblées d'Hokkaido. Un tiers des
fauteuils étaient neufs et le reste serait remis en état avant
d'être utilisé. L'entreprise de démolition était ravie d'en être
débarrassée.
À Tochigi et à Hokkaido,
en 1995, on a commencé à faire
participer également à la construction de Salles d'assemblées les
frères et sœurs qui s'étaient qualifiés pour servir sous la direction
du comité de construction régional pour les Salles du Royaume.
Les frères apprécient beaucoup ces salles où ils ont la possibilité
de se réunir lors de leurs assemblées. Ils voient dans ces magnifi­
ques bâtiments une preuve supplémentaire de l'abondante béné­
diction de Jéhovah pour leurs efforts afin de lui offrir un sacrifice
de louanges.
134
Annuaire 1998
Des lieux d'assemblées adaptés
Dans les années 80, la plupart des grandes assemblées de dis­
trict avaient lieu dans des stades en plein air. Cela signifiait faire
face à la chaleur accablante de l'été et à l'humidité, ainsi qu'aux
typhons, qui s'abattent sur le Japon au moment des assemblées
d'été.
En 1983, une assemblée de district devant accueillir plus de
20000 personnes était prévue du 18 au 21 août sur les terrains
du mémorial de l'Expo à Osaka. En vue de cet événement, les
volontaires avaient dressé deux chapiteaux le dimanche 14 août.
Cependant, un typhon se déplaçant à la vitesse de 1 60 kilomè­
tres à l'heure se dirigeait vers Osaka. Les frères ont donc décidé
de démonter les tentes afin d'éviter le danger. " Le bureau de l'as­
semblée ressemblait à une station météorologique tandis que les
frères suivaient attentivement la progression du typhon ", déclare
Shogo Nakagawa, le surveillant de l'assemblée.
" Le 1 6 fut un jour de prières. Pour que l'assemblée com­
mence au moment prévu, les frères devaient monter les ten­
tes le 17 août, à 5 heures du matin. Le 16 août, le journal du
soir titrait : ' Des trombes d'eau sont attendues dans la région
d'Osaka. ' Pour que nous puissions dresser les tentes comme
prévu, il fallait que le typhon se déplace plus rapidement, qu'il
tourne à droite et que les nuages d'ouest se dissipent. C'est exac­
tement ce qui s'est passé. Le 17 août, à 4 heures du matin, une
forte pluie est tombée dans le sud d'Osaka, épargnant le lieu de
l'assemblée. Les tentes ont de nouveau été dressées et, comme
prévu, le programme a commencé le jeudi 18 août, à 13 h 20. "
Petit à petit des salles couvertes pouvant recevoir plus de
10 000 personnes ont été disponibles. Dans les années 90, les Té­
moins de Jéhovah ont commencé à louer ces salles climatisées.
Un des plus grands rassemblements a eu lieu en 1992 au Dome
Stadium de Tokyo. Là, 39 905 personnes ont assisté à l'assemblée
de district " Porteurs de lumière ". Comme la salle était au cen-
japon
135
tre de la ville, l'assemblée a été un excellent témoignage pour
les observateurs. Un homme qui travaillait à côté du stade a
avoué à une pionnière qui venait chez lui que ses collègues et
lui avaient critiqué les Témoins. Mais, après avoir observé les as­
sistants à l'assemblée, il s'est excusé en disant : " Maintenant
que mon point de vue a changé, je lirai ces périodiques avec ma
femme. "
Les évacués sont accueillis
Dans les années 80, les frères ont été mis à l'épreuve dans un
autre domaine. Tout comme les chrétiens du premier siècle
avaient l'occasion de démontrer la profondeur de leur amour en
secourant leurs compagnons de Judée dans le besoin, lesTémoins
de Jéhovah du Japon ont eu la possibilité de manifester ces qua­
lités chrétiennes en temps de détresse (Actes 1 1 :28, 29 ; Rom.
15:26). La façon dont ils l'ont fait est une preuve supplémentaire
de la réalisation des paroles suivantes de Jésus : " Par là tous sau­
ront que vous êtes mes disciples, si vous avez de l'amour entre
vous. " - Jean 13:35.
Après l'éruption du volcan Mihara, sur l'île d'Izu Oshima, le
21 novembre 1986, l'occasion a été donnée aux frères d'organiser
pour la première fois des secours de grande envergure. À 16 h 17,
Jiro Nishimura, ancien dans la seule congrégation de l'île, a en­
tendu une forte explosion. " Je suis sorti, a-t-il raconté, et j'ai vu
une sorte de champignon atomique au dessus du Mihara. " En
une heure, 80 secousses ont ébranlé l'île. Pendant la nuit, plus de
10 000 insulaires ont été évacués.
Q!i.elques heures après l'éruption, des comités de secours ont
été désignés sur la péninsule d'lzu et à Tokyo pour s'occuper des
Témoins évacués. Après l'ordre d'évacuation, Yoshio Nakamura
et d'autres membres des congrégations de Tokyo se sont rendus
sur les quais à 2 heures du matin pour accueillir les frères et sœurs
de la congrégation d'Izu Oshima. Plus tard, un des évacués a dit :
136
Annuaire 1998
" En descendant du bateau, nous avons aperçu un écriteau por­
tant l'inscription ' Témoins de Jéhovah '. [...] Ma femme a pleuré
de soulagement quand elle a vu que nos frères chrétiens étaient là
pour nous accueillir sur le quai. "
Éruption volcanique à Shimabara
Moins de cinq ans après, en juin 1991, le mont Fugen, sur la
péninsule de Shimabara, près de Nagasaki, est entré en éruption,
provoquant la mort de plus de 40 personnes. Une sœur, dont la
maison se trouvait sur le passage des cendres, a pu s'échapper de
justesse avec son enfant. Sur les 42 proclamateurs de Shimabara,
30 ont dû être évacués. La congrégation ne pouvait plus utili­
ser la Salle du Royaume, car elle se situait dans la zone dange­
reuse. Les congrégations du pays ont été informées des besoins
de leurs frères dans cette région dévastée, et un compte en ban­
que pour les fonds de secours a été ouvert. La réaction a été im­
médiate et la banque, inondée d'argent, a demandé que les ver­
sements soient temporairement suspendus pendant qu'elle
essayait de les traiter. En moins d'un mois, le comité de secours
sur place avait déjà reçu plus que ce qui était nécessaire, aussi
a-t-il demandé aux congrégations d'arrêter d'envoyer de l'ar­
gent. Les offrandes ont permis non seulement de s'occuper de
ceux qui avaient perdu leur emploi et leur maison, mais aussi de
construire une belle Salle du Royaume pour la congrégation de
Shimabara et une autre pour la congrégation nouvellement for­
mée d' Arie, à laquelle la moitié des évacués sont aujourd'hui
rattachés.
Les secours et l'intérêt plein d'amour exprimé dans les plus
de 3 000 lettres reçues ont profondément touché le cœur des Té­
moins dans la région sinistrée. En témoignage de leur reconnais­
sance à Jéhovah, les 28 proclamateurs de la congrégation de Shi­
mabara et les 20 membres de celle d'Arie ont donc entrepris le
service de pionnier auxiliaire durant le mois d'avril de l'année qui
a suivi la catastrophe.
1 37
japon
Une aide juridique est nécessaire
Évidemment, l'unité des serviteurs de Jéhovah ne réjouit pas
Satan. Comme dans d'autres pays, il a essayé de dresser des bar­
rières pour entraver la progression du peuple de Dieu, ce qui a
parfois nécessité d'en appeler aux tribunaux. - Voir Actes
25: 1 1 .
Au début des années 80, un bureau qui se chargerait des situa­
tions réclamant des conseils d'ordre juridique a été formé
liale. En
vir
1991, un jeune avocat s'est
à plein temps avec sa
à la fi­
porté volontaire pour y ser­
femme. Après avoir consulté d'autres
frères exerçant la même profession, il a préparé, pour les collè­
ges d'anciens, des renseignements utiles concernant la location et
le droit de propriété des Salles du Royaume, la bonne attitude
à
adopter en cas d'actes violents contre les serviteurs de Dieu et les
sages mesures
à prendre en cas de conflits en rapport avec un di­
vorce ou avec la garde des enfants. Il a également fourni des con­
seils
à la
filiale
à
propos des changements des lois sur l'impres­
sion, l'expédition de publications bibliques et d'autres questions
semblables.
La conscience religieuse passe en jugement
Un cas remarquable porté devant les tribunaux a été celui de
Kunihito Kobayashi, âgé de
16
ans, élève au Lycée municipal
technique et industriel de Kobe. (Au Japon, les lycées techni­
ques proposent cinq années de cours non obligatoires qui com­
prennent trois années d'enseignement secondaire.) Certains éta­
blissements avaient coutume de faire redoubler ou de renvoyer les
élèves qui ne participaient pas aux exercices d'arts martiaux. On
leur refusait donc le droit aux études. En décembre
1986, lors de
la visite de zone de Lloyd Barry à la filiale, il fut conseillé de choi­
sir un frère exemplaire, de préférence le fils d'un ancien, qui ren­
contrait ce problème et d'adresser une requête en justice contre
son expulsion.
138
Annuaire 1998
En 1 990, Kunihito et quatre autres élèves avaient refusé de
participer aux séances de kendo (escrime japonaise au sabre) en
accord avec l'injonction d'lsaïe 2:4 de ' forger les épées en socs et
de ne plus apprendre la guerre '. On leur avait donc refusé l'ad­
mission en classe supérieure. Par la suite, Kunihito, bien qu'é­
tant le meilleur élève de sa classe, a été renvoyé de l'école pour
avoir échoué en éducation physique pendant deux années con­
sécutives. Les cinq élèves ont intenté un procès contre l'établis­
sement, revendiquant les droits constitutionnels - la liberté
de culte et le droit à l'instruction - dont ils avaient été privés.
Après plusieurs appels, le cas de Kunihito a finalement été pré­
senté devant la Cour suprême. Le 8 mars 1 996, les juges de la
Cour suprême se sont prononcés en sa faveur, déclarant que le
lycée avait eu tort de le forcer à choisir entre sa religion et l'ins­
truction. C'était la première fois que la Cour suprême jugeait
une affaire dans laquelle la liberté de culte était opposée à l'auto­
rité d'une école en matière de programme. Le nouveau directeur
a réuni l'ensemble des élèves, a reconnu que l'établissement avait
manqué de bon jugement et leur a demandé de " bien accueil­
lir leur nouveau camarade de classe, M. Kobayashi ". En avril
1 996, soit quatre ans après son renvoi, frère Kobayashi, alors âgé
de 21 ans, a repris les cours.
La décision a eu un grand retentissement dans le pays,
et les Témoins de Jéhovah se sont réjouis que le nom et les
voies justes de Dieu aient une fois de plus été portés à l'atten­
tion du public et qu'un témoignage favorable ait été donné. Mat. 10: 18.
Ils respectent la loi de Dieu sur le sang
Bien qu'ils soient connus pour l'intérêt qu'ils portent à la vie
de leurs semblables, les Témoins de Jéhovah ont dû fournir des
efforts acharnés afin de renverser les préjugés profondément en­
racinés contre leur respect du caractère sacré du sang (Gen. 9:4 ;
Actes 1 5:28, 29). Avant les années 80, la filiale possédait une
japon
Kunihito Kobayashi.
j
liste des hôpitaux et des chirurgiens qui avaient procédé à des
opérations sans avoir recours au sang. Mais il ne s'agissait pas
d'une liste de médecins qui se montraient coopératifs ; ce n'est
qu'à contrecœur que certains avaient opéré sans transfusion
de sang.
Pouvait-on faire davantage pour permettre aux Témoins de
connaître les noms de chirurgiens désireux de les opérer sans re­
courir au sang ? Akihiro Uotani, qui a directement contribué à
combler ce besoin, se souvient : " Nous nous sentions impuis­
sants, car nous ne savions pas quoi faire lorsque des frères déses­
pérés téléphonaient à la S ociété p our demander les noms
de médecins prêts à collaborer. " Puis, au début de 1989, la fi­
liale du Japon a entendu parler de séminaires des comités de liai­
son hospitaliers (C.L.H.) organisés aux États-Unis. Intéressée,
elle s'est renseignée auprès du siège mondial à Brooklyn. En no­
vembre, elle recevait une lettre du Service d'information hospi­
talier lui faisant savoir que le Comité d'édition avait donné son
accord pour qu'un séminaire pour les C.L.H. ait lieu au Japon
en mars 1990. Ce serait l'un des premiers à l'extérieur des États­
Unis.
Outre les 91 membres nouvellement nommés des C.L.H.,
1 1 1 surveillants itinérants, 25 médecins Témoins du Japon,
140
Annuaire 1998
44 frères de la République de Corée et 3 instructeurs de Brooklyn
y assisteraient. Le séminaire se déroulerait en anglais avec une tra­
duction en coréen et en japonais.
" Pendant le séminaire, les instructeurs ont sans cesse souli­
gné l'importance d" informer les médecins ', se rappelle frère
Uotani. Certains assistants doutaient sérieusement que les mé­
decins et les hôpitaux japonais acceptent qu'on leur rende visite
afin de les informer, notamment parce que les Japonais avaient
coutume d'accepter le traitement que leur médecin leur prescri­
vait, quel qu'il soit, sans se poser de questions, et que les docteurs
n'avaient pas l'habitude de parler de leurs méthodes avec des
profanes. Toutefois, après le séminaire, les trois instructeurs ont
formé des équipes composées de membres de comités de liaison
et ont visité des hôpitaux dans la région de Tokyo, avec d'excel­
lents résultats. "
Ils informent les médias et les médecins
En raison des rumeurs dues aux préjugés et des informations
inexactes paraissant dans la presse, des efforts ont dû être faits
pour informer les médias et les médecins concernant notre po­
sition sur le sang. À partir de septembre 1990, après la parution
de la brochure Comment le sang peut-il vous sauver la vie ? la fi­
liale a organisé une campagne afin de rencontrer les journalistes
qui écrivaient des articles de médecine pour des quotidiens régio­
naux ou nationaux. Ces efforts ont été couronnés de succès. Cer­
tains journalistes, impressionnés par ce qu'on leur avait montré,
ont même proposé de rédiger un article sur les chirurgiens opé­
rant sans transfusion de sang.
Voici un autre résultat excellent de cette campagne : des jour­
nalistes spécialisés dans la science pour les principaux journaux
du pays avaient informé le C.L.H. d'Osaka que le comité d'éthi­
que du Centre national pour les troubles circulatoires se deman­
dait comment agir envers les Témoins. On a immédiatement écrit
141
japon
une lettre sollicitant u n entretien avec l e président d u centre. Le
président et le vice-président du Comité d'éthique ont assisté à
cette réunion. C'est ainsi que, le
22
avril
1991,
ce comité a pris
la décision de respecter le droit desTémoins de refuser les transfu­
sions de sang.
Après ce bon départ, les comités d'éthique d'autres hôpitaux
ont été contactés, avec des résultats semblables. Lorsque le co­
mité d'éthique des hôpitaux et des maternités de Tokyo prépa­
rait un ensemble d'instructions sur la façon de traiter le refus des
transfusions de sang pour raisons religieuses, il a invité à ses réu­
nions un représentant du Service d'information hospitalier de
la filiale et des membres des C.L.H. de Tokyo. Les
13
mem­
bres du comité ont recommandé aux 16 hôpitaux sous la ju­
ridiction de Tokyo de respecter la volonté des patients adultes
qui désirent être soignés sans transfusion sanguine, même si
les médecins jugent une transfusion nécessaire. " Dans le cas
d'un patient qui arrive à l'hôpital inconscient mais qui porte
sur lui un document attestant qu'il ne veut pas de transfu­
Mai­
nichi Shimbun. Plus loin, le journal ajoutait : " On respectera
sion, le médecin doit respecter ce désir ", lisait-on dans le
la volonté des enfants en âge d'aller au lycée comme s'ils étaient
des adultes."
Même des hôpitaux qui auparavant affichaient des écriteaux
portant l'inscription " Nous n'acceptons pas les Témoins de Jé­
hovah" ont changé d'attitude et accepté de soigner les Témoins
sans utiliser de transfusion sanguine. Aujourd'hui, il y a plus de
1 5 000
noms sur la liste des médecins coopératifs. Certains mé­
decins se sentaient offensés si le C.L.H. les oubliait. En octobre
1 995, le Shin-Tokyo Hospital de Matsudo a lancé un programme
médical et chirurgical ne faisant pas appel à la transfusion san­
guine, qui respecte totalement la position desTémoins sur le sang.
Ainsi, d'excellents progrès ont été faits dans ce domaine extrême­
ment important.
Kobe après le tremblement de terre en 1995.
L'amour associé à l'organisation
Comme Jésus l'a annoncé, en ces derniers jours les tremble­
ments de terre ne cessent de frapper un lieu après l'autre (Mat.
24:3, 7). L'un d'eux a touché la région de Kobe le mardi 17 jan­
vier 1995. Ce séisme, de magnitude 7,2 sur l'échelle de Richter,
a coûté la vie à plus de 5 000 personnes, laissant des milliers de
sans-abri. Parmi les 9 000 Témoins vivant dans la zone touchée,
1 3 sont morts, ainsi que deux proclamateurs non baptisés. Hi­
roshi et Kazu Kaneko, pionniers spéciaux dans la congréga­
tion de Nishinorniya-centre, ont été ensevelis sous les décombres
d'un vieil appartement ce matin-là. Il a fallu plus de quatre heu­
res pour dégager frère Kaneko, mais Kazu, sa femme, est morte
écrasée. Sous le poids des gravats de longues heures durant, les
reins d'Hiroshi cessèrent de fonctionner, ce qui l'a laissé dans un
état critique pendant plusieurs jours. " Ce qui m'a le plus frappé,
c'est de voir que les biens matériels sont inutiles, a-t-il dit. Par
143
japon
contre, j'ai constaté l'importance de qualités intérieures, telles
que la foi et l'espérance, qui nous aident
à surmonter les pires si­
tuations que nous pouvons rencontrer. "
Poussés par un amour intense pour leurs frères, les Témoins
ont rapidement agi pour apporter leur secours. Fort heureuse­
ment, les circonscriptions de la région de Kobe étaient réparties
de part et d'autre d'une ligne nord-sud divisant la ville en deux.
Comme le tremblement de terre avait touché toute la côte d'est
en ouest, des congrégations de chaque circonscription avaient été
épargnées et pouvaient donc aider celles qui étaient dans le be­
soin. Les anciens des congrégations voisines qui n'étaient pas si­
nistrées ont pris l'initiative d'organiser les secours. Le len­
demain de la première secousse, un convoi de
16 motos a
fourni de la nourriture et de l'eau aux congrégations du centre
de Kobe.
Des surveillants itinérants ont immédiatement formé des
centres temporaires de secours pour lesTémoins de la zone sinis­
trée. La filiale a désigné six Salles du Royaume épargnées afin de
les utiliser comme dépôts de provisions. " En l'espace de cinq
heures, elles étaient pleines à craquer, se rappelle Yoshihiro Naga­
saki, wi membre du Comité de la filiale qui s'était rendu sur les
lieux de la catastrophe
à l'arrière de la moto d'un Témoin. Nous
avons dû demander aux frères d'acheminer les provisions vers les
Salles d'assemblées
à
proximité." Les représentants des congré­
gations locales pouvaient se procurer les secours nécessaires dans
les centres prévus à cet effet, puis les anciens les distribuaient aux
membres de ces congrégations.
La Bible encourage les chrétiens
à
'
pratiquer envers tous ce
qui est bon, mais surtout envers ceux qui nous sont apparentés
dans la foi '. (Gal.
6: 10.) Avec joie lesTémoins ont partagé avec
leurs voisins ce qu'ils recevaient. Deux jours après le séisme, lors­
qu'un ancien s'est rendu compte que les secours pour les frères
étaient suffisants mais que d'autres p e r sonnes en ava ient
144
Annuaire 1998
désespérément besoin, il a tout de suite envoyé deux camions
chargés de vivres à un centre local de réfugiés.
Une aide supplémentaire est apportée
On a veillé également à ce que les besoins affectifs et spiri­
tuels soient comblés. Sans tarder, des dispositions ont été prises
pour maintenir les réunions chrétiennes. Le jour même du trem­
blement de terre, une congrégation s'est réunie dans un parc. Le
dimanche, la plupart des congrégations de la zone touchée ont
étudié La
Tour de Garde. Outre les surveillants itinérants des cinq
circonscriptions sinistrées, sept autres y ont été envoyés afin d'ap­
porter un soutien affectif et spirituel aux victimes. Ils ont spécia­
lement rendu visite aux frères afin de les fortifier et de les aider à
accorder la priorité aux intérêts du Royaume dans leur vie mal­
gré la catastrophe.
Dix Salles du Royaume étaient inutilisables, et les maisons de
nombreux frères détruites complètement ou en partie. Les
11
co­
mités de construction régionaux du Japon ont chacun organisé
21 volontaires pour réparer les maisons endom­
magées. Une équipe de secours est venue des États-Unis à ses
des équipes de
frais.
À la fin des travaux,
ces équipes avaient réparé
1 023
mai­
sons et en avaient déblayé 4 autres qui avaient été détruites. Cinq
Salles du Royaume ont été reconstruites et quatre réparées par des
frères dévoués venus de tout le pays.
Des personnes non Témoins ont été l'objet des mêmes mar­
ques de bonté que les membres de leur famille Témoins de Jé­
hovah. Une soeur, mère de quatre enfants, dont le mari ne par­
tageait pas la foi, a perdu son fils cadet dans le tremblement de
terre. Cette famille est restée une semaine dans la Salle du
Royaume avec
70 autres Témoins.
Voyant comment les frères se
souciaient de leurs semblables et leur offraient une aide prati­
que, le mari a commencé à apprécier l'organisation de Jé­
hovah. Un jour, il a visité le bureau des secours à Suita où il a
vu
de nombreux frères se dépenser beaucoup pour des person-
japon
145
nes qu'ils ne connaissaient pas. Une grande émotion l'a saisi et
il n'a pu retenir ses larmes. Le jour même, il a accepté une étude
de la Bible.
Positifs face aux changements
Au fil des ans, la situation au Japon a changé. Fin mars 1992,
soit 43 ans après l'arrivée du premier groupe de missionnaires en
1949, l'ensemble du territoire confié à la filiale du Japon était ré­
gulièrement parcouru par les proclamateurs qui répandaient la
bonne nouvelle du Royaume. Cependant, l'état d'esprit et la si­
tuation des gens ayant changé eux aussi, les Témoins de Jéhovah
ont dû faire preuve de souplesse.
Rodney Kealoha, un missionnaire qui a été surveillant itiné­
rant pendant de nombreuses années, a fait remarquer : " Il y a
25 ans [dans les années 70], les Japonais étaient très courtois et
amicaux. Lorsque lesTémoins leur rendaient visite, ils écoutaient,
même si cela ne les intéressait pas. " Les gens prenaient le temps
de lire et en général avaient un grand respect pour les valeurs mo­
rales et l'ordre social. Mais, peu à peu, la prospérité matérielle
croissante les a fait changer. Les femmes - auparavant au foyer
- sont arrivées sur le marché du travail. De moins en moins de
personnes étaient chez elles durant la journée ; celles qui s'y trou­
vaient étaient souvent trop occupées pour discuter de religion et
ne souhaitaient pas de publications parce qu'elles n'auraient pas
le temps de les lire.
Des résidences étroitement surveillées et des maisons à inter­
phone ont été construites. Les proclamateurs de ces régions ont
dû s'adapter pour présenter le message par l'interphone. Ils ont
également appris à revisiter ceux qui s'étaient montrés simple­
ment aimables. Hiroko, pionnière à Sapporo, avait essuyé un re­
fus à l'interphone, d'une femme qui se disait shintoïste. Persua­
dée que cette femme à la voix aimable et très polie avait un bon
cœur, Hiroko est revenue. Petit à petit, elles ont lié amitié à l'in­
terphone. Après dix mois d'entretiens semblables, Hiroko a fini
146
Annuaire 1998
par s'entendre dire un jour : " Une minute, s'il vous plaît ! après
quoi la femme est apparue à la porte et l'a invitée à entrer. Une
discussion sur la famille a rapidement cédé le pas à une étude bi­
blique, puis a abouti au baptême. Cette nouvelle sœur, pionnière
à son tour, avait effectivement un bon cœur.
Comme beaucoup sont rarement chez eux pendant la jour­
née, Le ministère du Royaume a conseillé de développer le té­
moignage en soirée et dans les rues. La réaction des proclama­
teurs a été immédiate et enthousiaste. C'est ainsi que dans tout le
pays on pouvait les voir dans les rues, et notamment près des ga­
res fourmillant de monde, La Tour de Garde et Réveillez-vous ! à
la main.
"
L'exemple d'une sœur près de Yokohama est typique. Bien
que travaillant à plein temps, elle voulait être pionnière auxi­
liaire. Un ancien lui a donc suggéré de prêcher dans les rues près
d'une gare, de 6 heures à 8 heures du matin, avant d'aller travail­
ler. Après avoir surmonté sa timidité et les premières railleries de
certains usagers des trains de banlieue, elle apportait régulière­
ment les périodiques à une quarantaine de personnes ravies de les
recevoir. Parmi elles figuraient des banlieusards, des employés de
la gare et des commerçants du voisinage. Elle distribuait chaque
mois en moyenne 235 périodiques dans un territoire où les pion­
niers en distribuaient généralement une trentaine. En transmet­
tant des pensées bibliques aux gens ne fût-ce que quelques ins­
tants chaque jour, elle a pu commencer six études bibliques, dont
une avec un agent de police.
D'autres proclamateurs ont suivi les conseils de la Société
concernant le témoignage par téléphone, afin de prendre contact
avec les habitants des résidences étroitement surveillées. La persé­
vérance et la présentation d'un sujet intéressant ont ouvert la voie
à de nombreuses études de la Bible. Qyand une sœur a demandé
à une femme au téléphone si elle avait déjà songé à son avenir et
à celui de sa famille, la réponse a été affirmative. Constatant l'in-
japon
147
capacité des humains à aider leurs semblables, elle en avait perdu
la santé. Elle s'était donc enfermée chez elle. Touchée par l'inté­
rêt sincère de la sœur, elle a consenti à la rencontrer au supermar­
ché du quartier. Lorsque cette sœur lui a montré la table des ma­
tières du livre Vie defamille, elle a accepté avec joie une étude de
la Bible.
L'activité énergique et la maturité des congrégations ont pro­
duit un accroissement régulier, soutenu. La succession actuelle
des maximums du nombre des proclamateurs a commencé en
janvier 1979 et s'est poursuivie pendant plus de 1 8 ans. De la
deuxième moitié des années 80 au début des années 90, le nom­
bre des proclamateurs au Japon augmentait de plus de 1 0 000 en
moyenne chaque année. En mars 1995, il y avait 200000 prédica­
teurs du Royaume dans le pays. En août 1997, 220 663 proclama­
teurs étaient répartis dans 3 785 congrégations, alors qu'en août
1972 il y en avait 1 4 1 99, rattachés à 320 congrégations. Toute­
fois, un nombre croissant d'entre eux ne sont pas d'expression
Japonaise.
Aide aux groupes d'expression étrangère
En raison de la prospérité économique du pays, de nom­
breux travailleurs étrangers, y compris des Témoins de Jéhovah,
sont venus y vivre. Le Japon n'est plus un pays où tout le monde
parle japonais. Comment pouvait-on aider spirituellement les
populations d'expression étrangère ?
Avant les années 80, il y avait une faible concentration d'ha­
bitants étrangers. De petits groupes isolés ou des congrégations
avaient été formés à Misawa, à Tachikawa et à Okinawa pour les
femmes et les enfants de soldats américains ainsi que pour d'au­
tres personnes bien disposées.
La plus importante de ces congrégations s'occupait des ba­
ses militaires américaines à Okinawa. En 1968, Karl et Evalyn
Emerson, autrefois missionnaires en Corée, se sont rendus à Oki­
nawa avec leur petit garçon pour y aider la population de langue
148
Annuaire 1998
anglaise. Plus tard, Bill et Mary Ives, ainsi que Wayne et Penny
Frazee, de la 40< et de la 52< classe de Guiléad, les ont rejoints
dans ce territoire productif. Au volant d'une petite voiture déla­
brée de 360 centimètres cubes de cylindrée, Wayne, ancien mi­
litaire, était particulièrement efficace auprès des recrues de l'im­
mense base aérienne de Kadena. À eux deux, Wayne et Penny ont
pu mener au baptême une centaine de personnes au cours des
15 années qu'ils ont passées à Okinawa. Leur ministère était si ef­
ficace que le commandant d'une base leur a demandé d'aller prê­
cher ailleurs. Pourquoi ? " Vous prenez mes meilleurs hommes ",
s'est-il plaint.
Malgré les arrivées et les départs perpétuels dans la congréga­
tion, dus aux changements d'affectation vers d'autres bases mili­
taires, ce sont littéralement des milliers de personnes qui ont as­
sisté aux réunions et des centaines qui ont été aidées à prendre
position pour Jéhovah. La plupart d'entre elles ont continué à
servir Jéhovah après être rentrées aux États-Unis. Certains hom­
mes sont devenus anciens ou assistants ministériels. L'un d'eux,
Nick Sirnonelli, a plus tard assisté aux cours de la 93< classe de
Guiléad, suivant ainsi les traces du Témoin qui avait étudié la Bi­
ble avec lui. Auj ourd'hui, il se dépense en Équateur avec sa
femme.
Territoire d'expression anglaise au Japon
À la fin des années 70 et de la guerre du Viêt Nam, les grou­
pes de langue anglaise disparaissaient petit à petit. Mais, au début
des années 80, constatant que de nombreuses personnes parlaient
anglais autour de la base aéronavale américaine d'Atsugi, qui ne
se trouvait qu'à 15 minutes du Béthel, James Mantz a invité ses
parents, qui vivaient alors en Californie, à passer en Orient pour
apporter leur aide (voir Actes 16:9). Aussi, en mars 1981, James
et Ruth Mantz, âgés respectivement de 62 et 59 ans, se sont-ils
rendus à Sagarnihara près de la base d'Atsugi. " Là où nous trou­
vions des personnes d'expression anglaise, c'était notre terri-
japon
149
toire '', se rappelle Ruth. " Dans la rue, Ruth arrêtait souvent de
jeunes soldats américains à bicyclette en tendant les périodi­
ques devant eux ", raconte un membre de la famille du Béthel à
Ebina. Malheureusement, peu après leur arrivée au Japon, James
Mantz est mort, mais Ruth est restée dans la région, où elle a aidé
un grand nombre de gens à embrasser la vérité biblique. En oc­
tobre 1985, le petit groupe anglais de Sagamihara est devenu une
congrégation.
Comme l'économie japonaise prospérait au cours des an­
nées 80, le nombre des étrangers augmentait d'une manière spec­
taculaire. Des milliers de travailleurs immigrés venus des Phi­
lippines, d'Amérique du Sud, d'Afrique, de Chine et de Corée
ont afflué dans le pays. La Société a pris des mesures pour qu'ils
soient aidés spirituellement. Des pionniers japonais parlant an­
glais et de nombreux Béthélites ont été invités à prêter leur
concours. " Lorsque la Société a commencé à prendre ces dispo­
sitions ", a déclaré un frère qui appartenait à la congrégation an­
glaise depuis des années, " l'accroissement s'est immédiatement
fait sentir ". Le 1 er septembre 1997, 18 congrégations anglaises
formaient une circonscription à part entière.
Aide apportée aux Brésiliens
Un grand nombre de Japonais dont les parents ou les grands­
parents avaient émigré au Brésil sont rentrés au Japon pour le
travail, mais ils ne comprenaient ni le japonais ni l'anglais.
En 1 986, Kazuyuki et Nanako Kiritani, autrefois missionnai­
res au Brésil, se sont installés à Yokohama, où se trouvaient quel­
ques sœurs et des étudiants de la Bible d'expression portugaise.
Ce petit groupe étudiait La Tour de Garde et présentait, en portu­
gais, un résumé de l'École du ministère théocratique une fois par
mois.
Au printemps 1991, la Société a invité trois anciens d'origine
brésilienne, qui vivaient à Tokyo, à Nagoya et à Toyohashi, ainsi
que frère Kiritani à examÏrler la façon de couvrir le territoire
Masayuki
et Masako
Yamamoto.
portugais. En août, quatre groupes ont été établis. Des Béthélites
se sont portés volontaires pour suivre les cours de portugais orga­
nisés par la filiale. Ils ont appris la langue avec diligence et posé
une partie des fondements des groupes portugais. 1Iès vite, ces
groupes nouvellement formés sont devenus des congrégations, si
bien que six ans plus tard il y en avait 21, constituant elles aussi
une circonscription.
Le territoire espagnol s'ouvre
En septembre 1987, on a organisé la première réunion en es­
pagnol pour aider huit sœurs qui, jusqu'alors, étaient rattachées
à un groupe portugais. Louis Delgado, un frère célibataire du Pé­
rou, en a pris la direction. À cette époque, certaines sœurs ef­
fectuaient six heures de trajet pour assister aux réunions en es­
pagnol, mais le soutien spirituel qu'elles y recevaient en valait la
peine. À cause de la barrière de la langue, quelques femmes, qui
s'étaient mariées à des citoyens japonais pour la sécurité finan­
cière que cela représentait, rencontraient des problèmes conju­
gaux et avaient du mal à exprimer ce qu'elles ressentaient aux an­
ciens des congrégations japonaises.
La prédication présentait également des difficultés pour les
membres du groupe espagnol. Afin de prévoir un " territoire "
où prêcher, ils sont descendus aux 29 stations de la ligne ferro­
viaire de Yamanote, périphérique intérieur de Tokyo, et ont re-
japon
151
cherché les noms espagnols aux portes des maisons. Cette acti­
vité, quoiqu'épuisante et réclamant du temps, leur a permis
d'avoir un " territoire " bien délimité.
Durant la journée, des groupes de sœurs allaient dans des
quartiers où vivaient de nombreuses Colombiennes. Celles-ci
travaillaient dans des bars qui appartenaient en général à l'organi­
sation yakuza, la maffia japonaise. Lorsqu'une femme semblait
faire des progrès spirituels, le yakuza intervenait et la transférait
ailleurs. Néanmoins, l'une d'entre elles a bien progressé et a com­
pris qu'elle devait changer de travail pour plaire à Jéhovah. Pour
cela, il lui fallait fuir et se cacher duyakuza. Avec l'aide du Té­
moin qui a étudié la Bible avec elle, cette femme a finalement pu
retourner dans son pays.
Ainsi, au début des années 90, Jéhovah avait préparé un pe­
tit groupe espagnol afin de combler les besoins spirituels d'un
grand nombre de personnes venues du Pérou, d'Argentine, du
Paraguay, de Bolivie et d'autres pays pour travailler au Japon. En
1991, la filiale a organisé un cours d'espagnol pour les Béthéli­
tes qui souhaitaient se rendre utiles. En l'espace d'une année, cer­
tains donnaient des discours publics. En 1 993, la première con­
grégation espagnole a été formée dans la région de Tokyo. En
1997, il y avait 13 congrégations prospères, formant une nouvelle
circonscription d'expression étrangère.
Aide en faveur des Asiatiques
�antité de Chinois ont aussi afflué au Japon. Il s'y trou­
vait des milliers d'étudiants et des descendants d'enfants japo­
nais qui avaient été laissés en Chine à la fin de la Seconde
Guerre mondiale. On estimait que plus de 300 000 Chinois vi­
vaient au Japon, dont 200000 dans l'immense conurbation de
Tokyo. Levant les yeux et regardant le champ chinois, les frè­
res se sont rendu compte qu'il était blanc pour la moisson,
' mais que les ouvriers étaient peu nombreux '. - Mat. 9:37 ;
Jean 4:35.
152
Annuaire 1998
Masayuki et Masako Yamamoto ont passé huit ans dans le
service missionnaire
à Tàiwan. En 1992, de nombreux Béthélites
qui désiraient aider les Chinois ont appris leur langue. Immédia­
tement, Masayuki a pris contact avec ceux qui parlaient quelque
peu le chinois, après quoi un groupe de 28 proclamateurs a été
formé. La plupart étaient des pionniers japonais qui, bien
qu'ayant du mal
à parler chinois, désiraient aider les personnes
bien disposées dont c'était la langue maternelle. Le zèle qu'ont
montré les Témoins de Jéhovah a touché le cœur des Chinois.
Une jeune fille a obtenu le livre Le plus grand homme de tous les
temps par l'intermédiaire d'un frère qui fréquentait le même éta­
blissement scolaire qu'elle. Elle a lu le livre en une semaine, ce qui
l'a poussée à assister à toutes les réunions. Elle a été stupéfaite d'y
voir tant de Japonais apprendre sa langue afin de transmettre la
bonne nouvelle aux personnes d'expression chinoise. Son jeune
frère et elle ont fait des progrès si rapides qu'un an après ils se sont
fait baptiser. Avant même son baptême, cette jeune fille dirigeait
des études bibliques.
En mai
1993
a eu lieu la première assemblée de circonscrip­
tion en langue chinoise. On a compté
399 assistants et il y a eu
8 baptêmes. Peu après, on a formé cinq congrégations en man­
darin, et une étude de livre en chinois dans une congrégation
Japonaise.
D'autres groupes étrangers
À la fin des années 80, Penn Pitorest et Phiksang, sa femme,
se sont mis
à étudier la Bible. Tous les deux étaient des réfugiés
cambodgiens qui avaient perdu leurs parents lors du massacre
dans leur pays. Comme il n'y avait presque pas de publications
bibliques dans leur langue, les progrès étaient lents, mais finale­
ment ils se sont fait baptiser. Se souciant des besoins spirituels
des réfugiés cambodgiens, ils se sont efforcés d'étudier la Bible
avec eux. Un groupe a fini par être formé et, en
1994, a reçu une
aide supplémentaire lorsque La Tour de Garde a commencé à pa-
japon
153
raître en cambodgien. Par la suite, dix frères du Béthel ont entre­
pris l'étude du cambodgien et ont assisté aux réunions tenues
dans cette langue.
Bien que les Coréens soient le groupe étranger le plus impor­
tant au Japon, la majorité d'entre eux comprennent le japonais.
C'est pourquoi, pendant des années, il n'y a pas eu de congréga­
tions formées spécialement pour eux. Toutefois, avec le temps,
on s'est rendu compte que les Coréens comprendraient mieux la
vérité s'ils l'étudiaient dans leur langue natale. Cela a abouti à la
formation d'un groupe coréen près du Béthel, en avril 1 996, et,
plus tard, d'un autre à Itami, dans la préfecture de Hyogo.
N'oublions pas de parler des congrégations où l'on utilise la
langue des signes. De nombreux volontaires ont appris la langue
des signes japonaise afin d'aider les malentendants dans le pays.
Depuis 1982, des interprètes traduisaient le programme de certai­
nes assemblées de district en langage gestuel. Toutefois, c'est en
1 992 qu'un effort commun a été fait pour aider les malenten­
dants lorsque des congrégations gestuelles ont été formées à Fu­
kuoka et à Kumamoto. On a également préparé des vidéos dans
la langue des signes japonaise. Actuellement, il y a 1 1 congréga­
tions et 9 petits groupes au Japon qui s'occupent activement des
malentendants.
Les Témoins de Jéhovah du pays se sont ainsi efforcés d'at­
teindre les nombreuses personnes parlant d'autres langues et de
les aider à profiter de la bonne nouvelle dans la langue qu'elles
comprennent le mieux.
Enthousiasme pour une nouvelle école
En 1993, une nouvelle possibilité exaltante se présentait aux
anciens et aux assistants ministériels célibataires du Japon : celle
d'étendre leur service à l'intérieur du pays ou à l'étranger. James
Hinderer et David Biegler, deux frères ayant de nombreuses an­
nées d'expérience dans le service itinérant, ont été envoyés des
154
Annuaire 1998
États-Unis pour diriger, en anglais, la première classe de l'École
de formation ministérielle au Japon.
Y assistaient en tant qu'ob­
servateurs sept frères du Japon, de la République de Corée et des
Philippines, qui se préparaient ainsi à être instructeurs dans leurs
pays respectifs.
Au sujet des bienfaits qu'ils ont retirés de l'école, un des élè­
ves de la première classe a dit : " Je crois que nombre cl' entre nous
avions du mal à raisonner et à prendre des décisions en nous ba­
sant sur les principes judicieux de la Bible. Appliquer des règles
était beaucoup plus facile. Mais, pendant l'école, en utilisant
fréquemment les deux questions ' Pourquoi
?'
et ' Comment
?'
nous avons appris à considérer les raisons de tel fait ou de telle ré­
ponse. " Se faisant l'écho de cette pensée, un autre élève se rap­
pelle ce qui s'est passé lorsqu'un des instructeurs a suggéré que
l'assistant ministériel en charge des périodiques dans sa congréga­
tion prépare en plus une présentation des nouveaux périodiques
et en fasse bénéficier les proclamateurs. Un frère ayant soulevé
une question à ce propos, l'instructeur a apporté un éclaircisse­
ment frappant sur la différence entre la justice et la bonté. Il a
expliqué : " L'homme juste applique les instructions écrites, mais
l'homme bon va au-delà de ce qui est requis, par intérêt pour au­
trui. Nous devons être non seulement justes, mais aussi bons, et
faire tout notre possible pour le profit des membres de la congré­
gation, sans avoir besoin d'un code écrit. "
En règle générale, les jeunes frères au Japon n'ont pas hâte de
se marier. En moyenne, les élèves des
18
premières classes étaient
âgés de 29 ans, étaient dans la vérité depuis
1 3 ans et avaient passé
8
ans dans le service à plein temps. En août 1997, on avait déjà
organisé 33 classes de l'École de formation ministérielle, et plus
de
790
élèves avaient obtenu leur diplôme. Des milliers d'autres
frères attendent de pouvoir y assister. Certains diplômés ont été
nommés surveillants itinérants, pionniers spéciaux ou mission­
naires. - Ps.
1 10:3.
japon
155
Lorsque ces anciens et ces assistants ministériels bien formés
coopèrent avec la congrégation, les bienfaits se font immédiate­
ment sentir. Parlant de l'heureuse influence d'un diplômé, un an­
cien a déclaré : " La congrégation est devenue beaucoup plus vi­
vante et joyeuse. L'esprit pionnier s'y est développé et tous ont
mieux apprécié l'importance de faire les choses selon les métho­
des théocratiques. Les jeunes ont eu un regain d'enthousiasme
pour les choses spirituelles et nombre d'entre eux se sont inscrits
à l'École du ministère théocratique. " Ainsi, les congrégations
ont été affermies et bâties.
Des délégués assistent aux assemblées à l'étranger
Au fil des années, les Témoins de Jéhovah japonais ont eu de
nombreuses possibilités de ' s'élargir ' en exprimant leur amour
pour la communauté internationale des frères et sceurs (2 Cor.
6:1 3). Comme les voyages à l'étranger sont devenus plus abor­
dables, la Société a invité la filiale du Japon à envoyer des dé­
légués aux assemblées internationales organisées en Europe, en
Afrique, en Asie, en Amérique, à Hawaii et en Nouvelle­
Zélande.
Le nombre des délégués répondant à l'invitation augmentait
avec les années, et il était courant de rencontrer parmi eux de
nombreux pionniers et autres ministres à plein temps. En 1 996,
lors des assemblées spéciales en République tchèque et en Hon­
grie, 1 1 1 4 évangélisateurs à plein temps faisaient partie des
1 320 délégués du Japon.
Ce que les Japonais ont vu et entendu lors de ces rassemble­
ments particuliers a élargi leur vision des choses et leur a donné
une impulsion nouvelle pour servir Jéhovah de tout leur cceur.
Shigeo Ikehata, qui s'était rendu en République de Corée, à
Hong-Kong, aux Philippines et à Taïwan pour les assemblées
internationales de 1 978, se souvient : " J'ai été profondément
impressionné par le lien d'amour qui existait parmi les frères et
sceurs des pays étrangers. Le fait de constater directement que la
Quelques délégués japonais lors d'assemblées à l'étranger :
1) Kenya, 2) Afrique du Sud, 3) Russie.
1
langue pure unit les Témoins de Jéhovah a particulièrement in­
fluencé ma façon de considérer mes privilèges de service et le
contenu de mes prières. "
En visitant des pays où les serviteurs de Jéhovah ont enduré
de cruelles persécutions et en les écoutant raconter ce qu'ils ont
vécu, les délégués ont été incités à imiter leur foi. En
1992, Mi­
sako Oda a assisté à la première assemblée internationale dans
l'ex-Union soviétique, à Saint-Pétersbourg. Elle raconte : " Lors-
japon
1 57
qu'on a chanté le cantique qui marquait le début du premier jour
de l'assemblée, une sœur russe assise à côté de moi s'est mise à
pleurer. Levant la tête, j'ai vu d'autres sœurs russes, les larmes
aux yeux, incapables de finir le cantique. J'ai remercié Jéhovah
du fond du cœur pour la faveur imméritée qu'il me témoignait
en me permettant, à moi qui n'ai pas subi les persécutions qu'el­
les ont endurées, d'être à leurs côtés et de vivre avec elles ce mo­
ment historique de la victoire de Jéhovah et de celle des frères
fidèles. "
Une jeune pionnière, Seiko Namba (aujourd'hui Nakajima),
se souvient très bien de l'assemblée de Buenos Aires, en
1 990.
Voici ce qu'elle dit : " J'ai appris des frères et sœurs argentins
comment exprimer l'amour et la reconnaissance et l'importance
de manifester ces qualités envers autrui. Au moment du départ,
une sœur âgée m'a serrée dans ses bras et m'a fait un cadeau. Elle
' Hasta luego en el Pa­
rafso. ' [On se reverra dans le Paradis]. De retour au Japon, je me
ne cessait de répéter tout en pleurant :
suis efforcée d'exprimer le même amour et la même bonté envers
les membres de ma congrégation et les gens du territoire. " La fré­
quentation de leurs compagnons latino-américains a également
permis à d'autres délégués japonais, quoique généralement plus
timides et réservés, d'être plus démonstratifs dans l'expression de
leur amour.
Avec les années, la filiale du Japon a eu le privilège d'envoyer
des milliers de délégués à des assemblées spéciales organisées dans
d'autres pays. Lorsque les congrégations reçoivent les invitations,
la réponse remarquable indique le haut degré d'enthousiasme des
frères et la valeur qu'ils accordent à ces occasions d'être avec leur
famille internationale de frères et sœurs chrétiens.
Ils contribuent à l'expansion mondiale
C'est un grand privilège que celui d'aider de diverses maniè­
res la communauté mondiale de nos frères. Ayant acquis une pré­
cieuse expérience dans le domaine de l'impression, la filiale du
En médaillon : les nouveaux
bâtiments construits en 1997.
Japon est en mesure d'imprimer pour les filiales voisines. Plus
9 000 000 d'exemplaires de La Tour de Garde et de Réveillez­
vous ! sont produits chaque mois, en dix langues, à l'imprimerie
de
d'Ebina.
Actuellement, la filiale du Japon imprime en couleur des li­
vres, des bibles et des brochures en
26 langues, dont le chinois,
le cinghalais, le laotien, le tamoul (pour Sri Lanka), le thaï et
1 1 dialectes philippins. Les rotatives offset, rapides, permettent
à l'imprimerie de répondre promptement aux besoins du terri­
toire. En septembre
1993, par exemple, le Japon a imprimé une
édition spéciale de la Bible en tagalog, qui comprenait Les Écri­
tures grecques chrétiennes - Traduction du monde nouveau. À la
70 000 bibles ont été imprimées et expédiées, juste
mi-octobre,
à temps pour que les frères philippins les reçoivent à leurs as­
semblées de district en décembre. Peu après, c'était le tour des
bibles en cebuano et en iloko . La reliure des bibles dites de
luxe en portugais et en espagnol se fait également à l'imprimerie
d'Ebina.
159
japon
Après l a mise en place des services de la traduction au siège
mondial desTémoins de Jéhovah en
1989, la filiale du Japon a été
invitée à prêter son concours aux traducteurs en Asie et dans les
régions du Pacifique. Plus de la moitié de la population mondiale
vit dans cette partie de la terre, mais nombre de personnes aux
dialectes multiples ne disposent pas encore des publications de la
Société. Des frères japonais possédant des qualifications dans les
domaines de la traduction et de l'informatique ont eu la joie de se
rendre en Inde, au Pakistan, à Sri Lanka, au Népal, au Liban, en
Malaisie, en Thaïlande, au Cambodge, en Indonésie, au Myan­
mar, aux îles Salomon, à Guam et dans d'autres pays afin de
trouver, de former et d'organiser des équipes de traducteurs mais
aussi d'installer les logiciels élaborés par la Société pour les aider.
Un échange d'encouragements
Nous ne pourrions pas manquer de parler des
76 frères et
sœurs qui, à l'exemple des missionnaires servant au Japon, ont
accepté avec empressement de se rendre dans neuf pays pour faire
prospérer les intérêts du Royaume. Parmi eux figurent 1 3 diplô­
més de l'École.de formation ministérielle. Ils ont été affectés dans
(7), le Cambodge (1), Guam (2), la Ma­
(2), le Nigeria (1), la Papouasie-Nouvelle-Guinée ( 1 1 ), le
Paraguay (8), les îles Salomon (5) et Taïwan (39). Des lettres de
des pays tels que le Brésil
laisie
Témoins vivant dans ces pays attestent que ces missionnaires ont
réussi à s'adapter à de nouvelles langues, à de nouvelles coutu­
mes, à une nouvelle nourriture, aux maladies tropicales et qu'ils
ont bien voulu servir dans des régions aux conditions de vie ru­
dimentaires, ne disposant parfois pas d'eau courante, de gaz ni
d'électricité, en contraste avec la vie aisée qu'offre le Japon. Ils
ont cultivé l'amour pour les gens de leur territoire et ont appris
le contentement qui vient de Dieu. Ils sont heureux de pouvoir
favoriser les intérêts du Royaume de cette façon.
Lorsque l'accroissement théocratique au Japon a de nouveau
nécessité l'agrandissement des installations de la filiale, les
160
Annuaire 1998
travaux ont été effectués par des équipes internationales. La cons­
truction comprend des tours jumelles d'habitation de
12 éta­
ges et un bâtiment de services de 4 étages. En 1994, Frank Lee,
des États-Unis, a été nommé surveillant de la construction. Steve
Givins, un serviteur international des États-Unis, fait lui aussi
partie du comité de construction. Plus de 49 volontaires sont ve­
nus d'Angleterre, d'Australie,. du Canada, du Costa Rica, des
États-Unis, de Finlande, de France, d'Italie, du Luxembourg et
de Nouvelle-Zélande pour participer aux travaux. Tous ont re­
noncé à une vie stable dans leur pays natal afin de partager leur
expérience et leurs compétences avec leurs frères à l'étranger et de
promouvoir les intérêts du Royaume.
Les frères japonais ont répondu à l'appel d'une manière re­
marquable : ce sont en effet plus de 4 600 volontaires qualifiés ou
non qui ont fait la demande pour travailler sur le chantier. La
majorité d'entre eux ont dû opérer de grands changements pour
venir, même pour une courte période ; il leur a fallu quitter leur
emploi et leur famille. Mais leurs efforts ont été grandement
récompensés.
Âgés mais toujours zélés
L'arrivée des missionnaires de la 1 1 e classe de Guiléad, en
1949 et en 1950, a marqué le début de l'accroissement de cette
grande foule de serviteurs qui louent Jéhovah au Japon. D'au­
tres missionnaires les ont rejoints, de la 7e classe et de classes ulté­
59, dont quelques-uns ont plus de 70 ou
80 ans, sont toujours zélés dans le service à plein temps. Après
64 ans de service énergique à plein temps, Lois Dyer déclare :
rieures. De ce nombre,
" Sans cesse je prie avec confiance, comme David l'a fait si élo­
quemment lorsqu'il a dit : ' Q!iand ma force s'épuise, [ ... ] même
jusqu'à la vieillesse et aux cheveux gris, ô Dieu, ne me quitte
pas. "' (Ps.
71 :9, 1 8). Jéhovah n'a pas quitté ces fidèles qui ont
passé la plus grande partie de leur vie au service du Royaume.
C'est ce qu'a exprimé un membre de la famille des missionnaires
japon
161
en ces termes : " L'organisation de Jéhovah est comme une mère
qui nous entoure d'une chaude couverture et nous serre tout
contre elle. "
Aujourd'hui, 21 de ces serviteurs de longue date vivent dans
la maison de missionnaires de Mita, à Tokyo. Le premier bâti­
ment, qui avait abrité la filiale, a été complètement rénové pour
accueillir ces missionnaires d'un âge avancé. Et quelle famille
exceptionnelle ! En moyenne, ils sont âgés de 74 ans et sont dans
la vérité depuis 50 ans. Huit faisaient partie de la 1 1 e classe de
Guiléad. Au fil des ans, ces missionnaires ont édifié un monceau
de témoignage, aidant à eux tous 567 personnes à connaître la
vérité biblique. Même si plusieurs membres de cette famille ap­
prochent des 90 ans et ont de graves ennuis de santé, ils sont loin
d'être désœuvrés. Au cours de l'année de service 1 997, ils ont
passé en moyenne plus de 40 heures par mois dans la prédication
et laissé un total de 17 291 périodiques et des centaines de livres
dans leur territoire bien parcouru. Les membres de leur congré­
gation les honorent et leurs voisins les respectent.
Ruth Ulrich, âgée aujourd'hui de 87 ans, a passé 68 ans dans
le service de pionnier et de missionnaire. Elle dit : " Voir toutes
ces personnes sortir des religions païennes pour venir à la vérité et
devenir vraiment nos frères et sœurs a fortifié ma foi. "
En tournant les pages de l' " album de famille ", qui retrace
l'histoire moderne des Témoins de Jéhovah au Japon, nous avons
fait la connaissance de nombre de ces serviteurs zélés de Jého­
vah. Mais ils ne représentent qu'une poignée des plus de 220 000
qui proclament la bonne nouvelle du Royaume de Dieu dans ce
pays. Les missionnaires sont pleinement satisfaits des réalisations
de leurs enfants et de leurs petits-enfants spirituels, jusqu'à la
troisième et à la quatrième génération. Par ailleurs, ils attendent
avec un vif intérêt de voir quel rôleJéhovah leur confiera pendant
les derniers jours du présent système et dans son merveilleux
monde nouveau, maintenant très proche.
M A RT I N I QU E
P
OUR les habitants de nombreuses régions de la terre,
le nom Martinique est très évocateur. Il leur fait
penser au soleil, aux plages de sable blanc et à la mer
d'azur, ou encore à des douceurs comme la canne à su­
cre ou les bananes, et même au rhum! Peut-être pen­
sent-ils aussi à des indigènes à la peau noire ou brune
qui, avec un large sourire, offrent des plateaux de fruits
exotiques aux visiteurs en signe de bienvenue. Pour d'au­
tres, la Martinique, c'est l'éruption de la montagne Pelée
qui, en
1902,
détruisit complètement la ville de Saint­
Pierre que l'on considérait alors comme le centre écono­
mique et culturel de la région.
Comparée à d'autres îles, la Martinique n'est qu'un
grain de sable. Bien que ne mesurant que
tres de long sur
35
80
kilomè­
de large, elle a occupé une place dis­
proportionnée dans les affaires internationales. Du xvrre
au xrxc siècle, les puissances coloniales se sont combat­
tues là sans merci pour la domination des Amériques et
des Caraïbes. Saint-Domingue (Haïti), la Guadeloupe, la
Martinique et d'autres îles des Indes occidentales chan­
geaient alors de suzerains selon l'issue des batailles.
Pendant de nombreuses décennies, la Martinique, en
dépit de sa petitesse, a été le centre du commerce des es­
claves dans les Caraïbes. On ne peut d'ailleurs parler
des Martiniquais sans évoquer l'esclavage qui a influencé
leur histoire et qui explique dans une large mesure leur
condition actuelle.
163
Annuaire 1998
Nous parlons d'un peuple qui,
ayant été si longtemps soumis à
l'esclavage, est fier de sa liberté.
Mais les Martiniquais font état
de paradoxes assez étonnants.
Ils tiennent jalousement à leur
liberté et s'emploient à le faire sa­
voir, tout en se conformant à la
culture française qui leur a été im­
posée par la colonisation, culture
dont les valeurs et la richesse sont
à bien des égards appréciées par la
majorité. Ils revendiquent le ca­
tholicisme romain qui leur a été
imposé par des maîtres tyranni­
ques. Ajoutons à cela qu'on leur
a appris à adorer un Dieu dont ils
ne savent pas grand-chose. On le
leur a présenté comme un Dieu
qui justifie l'esclavage des Noirs parce que, prétend-on, il a
maudit cette race. On dit qu'il est un Dieu d'amour et de jus­
tice, qualités étrangement occultées de ce fait. Leur religion
consiste essentiellement en rites et traditions, les croyances pré­
cises ou les considérations théologiques n'ayant que très peu
d'importance. (Pareillement, l'île voisine de la Barbade se ré­
clame de la religion anglicane parce qu'elle a été colonisée par
les Britanniques.)
En cette fin de siècle, bien qu'aimant se dire libres, la ma­
jorité des Martiniquais sont esclaves de deux maîtres très exi­
geants : d'un côté, ils supportent une religion faite de rites et
de traditions qui n'étanche pas leur soif spirituelle et, de l'autre,
ils travaillent dur, mais en vain, pour satisfaire des désirs nés de
l'influence prédominante du mode de vie matérialiste propre à
la civilisation occidentale. - Eccl. 5: 10.
165
Martinique
Un message annonçant une liberté
qui n'a pas de prix
C'est sur cette île tropicale qu'un message de liberté a été
proclamé avec un zèle croissant au cours du demi-siècle écoulé.
Il s'agit de la liberté dont a parlé Jésus quand il a dit: " Vous
connaîtrez la vérité, et la vérité vous libérera. " (Jean
8:32).
C'est la libération de l'esclavage du mensonge, de l'esclavage
d'un système économique qui exploite cruellement les hommes
et de l'esclavage du péché et de la mort.
Les graines de cette vérité ont commencé à être semées en
1 946 quand Georges Moustache, venu de la Guadeloupe, a
donné le témoignage pendant deux semaines à Fort-de-France
et à Saint-Pierre. 1Iois ans plus tard, le 9 août 1949, quatre mis­
sionnaires (un couple et deux jeunes sœurs) diplômés de Gui­
léad, l' École biblique de la SociétéWatchtower, sont arrivés dans
l'île. Il s'agissait de David et Celia Homer, de Mary Lolos et de
Frances Bailey. Originaires des États-Unis, ils ne parlaient pas
très bien le français. Toutefois, en un an et demi, ils ont distri­
631 livres et plus de 200 brochures expliquant la Bible, et
32 études bibliques avec des personnes seules
ou des familles. Mais en janvier 19 5 1 le clergé catholique, qui
bué
ont commencé
était encore très puissant et qui ne souhaitait pas que son auto­
rité soit contestée, a usé de son influence pour faire expulser ces
missionnaires de l'île. La prédication de la bonne nouvelle en
Martinique a donc cessé pendant plus de trois ans.
Nouveau départ pour l'œuvre
Le 10 juillet
1954, Xavier et Sara Noll sont arrivés de France
métropolitaine, plus précisément de Marseille. Ils étaient tous
à plein temps, et Xavier était surveillant d'une
à Marseille.
deux serviteurs
congrégation
Ils se rappellent encore leur arrivée dans cette île qui leur pa­
raissait être au bout du monde, à 7 000 kilomètres de leur pays
d'origine. Ils n'ont pas oublié leur première impression, une
166
Annuaire 1998
sensation de chaleur et d'humidité, ni la convivialité, l'hospita­
lité et le style bon enfant des gens.
Dès les premiers jours, ils ont appris à vivre avec peu de
confort. Après avoir logé pendant quelques jours chez un
homme bien disposé envers les Témoins de Jéhovah, ils ont trouvé
une maison en bois. En réalité, elle était faite d'une structure en
bois, avec un plancher en bois, et d'un toit en tôle ondulée. Il n'y
avait pas de plafond, et pas de toilettes. Le soir, frère Noll avait
pour corvée d'aller vider le seau hygiénique dans une ravine. La
première fois, c'était le 14 juillet, jour de la fête nationale fran­
çaise. Il lui fallait traverser la place Stalingrad, très animée en la
circonstance. Il a donc traversé la place avec son seau hygiénique
sous les regards amusés de groupes de gens venus se détendre et
prendre le frais, et qui se tordaient de rire. C'était une première !
On n'avait jamais vu un Blanc effectuer une telle tâche.
Un accueil étonnant
Tôt ce matin-là, frère Noll avait passé des heures à trier les li­
vres et les brochures que les missionnaires avaient laissés quand
on les avait expulsés. Beaucoup avaient été abîmés par les insec­
tes, mais il y en avait un assez grand nombre en bon état que les
Noll allaient pouvoir utiliser dans l'activité de témoignage qu'ils
commenceraient le lendemain matin.
Frère Noll se souvient de cette première journée de service :
" Prêchant pour la première fois dans ce territoire, ma femme et
moi étions impatients de rencontrer les gens, d'apprendre à les
connaître et de savoir comment nous serions accueillis. La réa­
lité a dépassé toutes nos espérances. Nous avons commencé à
donner le témoignage dans le centre de la ville qui comptait
alors 60 000 habitants. Ce matin-là, ma femme et moi, nous
nous sommes retrouvés deux fois à la maison, où nous étions
revenus pour remplir nos serviettes de livres ' La vérité vous
affranchira ' et ' Le Royaume s'est approché ', ainsi que de bro­
chures comme ' Le Prince de la Paix '.
"
Martinique
Xavier et Sara
Noll, l'année
de leur arrivée
à la Martinique.
Des gens nous disaient : "Je prends votre livre pour mar­
quer votre passage " ou : " S'il parle de Dieu, je le prends. " Du­
rant les deux premières semaines, nous avons distribué près de
200 livres et des centaines de brochures. Il était facile d'entamer
des conversations, car les gens étaient curieux et disposés à re­
cevoir des étrangers. Q!iel encouragement d'être reçus avec une
telle hospitalité!
Frère et sœur Noll se demandaient s'ils allaient pouvoir étu­
dier la Bible avec tant de personnes. Mais ils ont rapidement
appris à faire la différence entre les gens qui exerçaient tout
naturellement l'hospitalité et ceux qui avaient le réel désir
de connaître et de mettre en pratique la vérité venant de
Dieu. Certains désiraient vraiment apprendre. Frère Noll se
168
Annuaire 1998
souvient : " La personne qui nous avait accueillis à notre arri­
vée à la Martinique nous a présentés à quelques ouvriers et ap­
prentis de son atelier d'ébénisterie. Le soir-même, nous com­
mencions une étude biblique, et deux autres durant la première
semaine. "
L'une de ces études se faisait avec un jeune couple, Paul et
Nicole Jacquelin. L'étude avait lieu trois fois par semaine, et ils
faisaient de bons progrès. Ils n'ont pas tardé à participer à la
prédication de maison en maison avec les Noll. Avec ces deux
nouveaux proclamateurs, l'activité de prédication commençait
à prendre une couleur locale.
" To -To -To "
En arrivant à une maison, il fallait crier : " To -to-to, il y a
du monde ? " 1!ès souvent, une voix répondait de l'intérieur :
" C'est pour quoi ? " Le proclamateur criait de nouveau pour se
présenter, et la personne répondait : " Entrez et asseyez-vous. "
Après quoi commençait une discussion intéressante.
La plupart du temps, les gens étaient disposés à discuter.
À
cette époque-là, le stress était inconnu à la Martinique. On en­
tendait rarement ce que nous entendons constamment aujour­
d'hui : " Je n'ai pas le temps. " Cependant, la conclusion était
souvent celle-ci : " Je comprends tout ce que vous me dites,
mais je ne vais pas quitter la religion de mes parents et de mes
grands-parents. " Et même quand les gens semblaient s'intéres­
ser au témoignage, de sorte que les proclamateurs leur deman­
daient : " Pourrions-nous nous revoir prochainement ? " la ré­
ponse était souvent : " Si Dieu le veut. "
Les gens manifestaient généralement un profond resp ect
pour la Bible, mais peu d'entre eux en possédaient une. Le
clergé catholique faisait tout pour empêcher les gens d'avoir le
moindre contact avec la Bible. Toutefois, quelques personnes
avaient pu se procurer la version protestante de Louis Segond
en français. Certains l'avaient obtenue auprès de marchands,
1 69
Martinique
d'autres auprès de voisins adventistes du septième jour, ou en­
core, mais plus rarement, auprès d'évangélistes.
Le clergé s'alarme
Cinq mois après la reprise de la prédication par les Témoins
de Jéhovah à Fort-de-France, un journal publié par l'Église ca­
tholique titrait : " Qui sont les Témoins de Jéhovah ? " Suivait ce
dialogue entre un prêtre et un paroissien : " Connaissez-vous Jé. hovah, mon Père ? " " Tiens, vous parlez hébreu maintenant ? "
Venait ensuite une litanie de propos mensongers ou méchants sur
les Témoins de Jéhovah et sur leurs enseignements. Un bulletin
paroissial a même publié une caricature de soeur Noll.
Qyelque temps après, alors qu'il n'y avait qu'une poignée de
proclamateurs dans l'île, un prêtre, manifestement contrarié par
le zèle de ces prédicateurs du Royaume, déclara : " Des milliers
de braves gens, parce qu'ils ne sont pas familiarisés avec leur
propre religion, sont en train de devenir Témoins de Jéhovah. "
C'était comme Jésus l'avait montré dans la parabole de Lazare
et de l'homme riche : les petites gens désiraient ardemment les
miettes spirituelles provenant de la table du clergé prospère. Voir Luc 16:19-31.
La visite de Notre Dame du Grand Retour
Qyelques années auparavant, la foi de beaucoup de catholi­
ques avait été ébranlée. Une mystification grandiose avait été
organisée par l'évêché. On avait fait venir de France métropo­
litaine en grande pompe une statue de Marie que l'on avait pro­
menée dans toute la Martinique et que la population avait glo­
rifiée comme jamais. La statue de la " Vierge " avait été placée
dans une barque montée sur roues que l'on avait promenée dans
les rues. En cours de route, les gens avaient jeté dans la barque
de l'argent et des bijoux pour la " Madone ". À cette époque-là,
les Martiniquais, riches ou pauvres, ne portaient que des bijoux
en or. La collecte avait donc représenté une somme très impor­
tante.
Annuaire 1998
170
Beaucoup d'habitants de l'île se souviennent encore très
bien de ce qui s'est passé. Marthe Laurent, qui est aujourd'hui
Témoin de Jéhovah, se rappelle l'arrivée de la " Madone " :
" C'était un samedi, au début du mois de mars
place de la Savane,
à
1 948,
sur la
Fort-de-France. Il faisait nuit. La place
était pleine de monde quand, soudain, on a
petite lumière sur la mer,
à
vu
apparaître une
la Pointe des Nègres. La foule im­
mense était en effervescence. La Vierge arrivait en barque! "
Pierrette Hantoni est allée
à
plusieurs reprises déposer des of-
frandes. Son mari et elle ont décoré de fleurs leur maison et ont
accroché une banderole portant ces mots : " Chez nous soyez
Reine. " Dans cette ambiance, les gens étaient transportés et très
généreux ; ils pensaient que la Vierge allait faire des miracles. Par
exemple, un homme dont la fille était myopathe a suivi la bar­
que montée sur roues en marchant sur les genoux dans l'espoir
que la Vierge guérirait sa fille.
Par la suite, on a dit que la statue avait été ramenée en mé­
tropole, mais c'était un mensonge. On a découvert plus tard
qu'elle avait été cachée dans un dépôt. Selon la rumeur publi­
que, l'hydravion qui avait disparu en pleine mer quelque temps
après transportait l'argent et les objets collectés ainsi que les or­
ganisateurs de cette supercherie. Dans l'esprit de la majorité des
gens, c'était la punition de Dieu. Aujourd'hui encore, lorsque
les gens parlent de cet événement, les Témoins de Jéhovah ont
l'occasion de leur expliquer ce que la Bible dit au sujet de l'ido­
lâtrie. - Ex.
20:4, 5 ; Ps. 1 1 5 :4-8 ; 1 Jean 5:21.
Mariage et pas simplement concubinage
Certaines coutumes africaines, qui avaient survécu
à
l' escla­
vage, étaient acceptées par l'Église catholique aussi longtemps
que ceux qui les suivaient observaient aussi les rites catholi­
ques. Le concubinage était donc monnaie courante. O!iand
sœur Noll participait
à la prédication, les gens lui demandaient :
" Avez-vous des enfants ? " " Non ", répondait-elle, et les gens
·
Martinique
171
ajoutaient : " Et votre mari ? " Il n'était pas rare de rencontrer
des hommes qui avaient des enfants d'autres femmes que celle à
laquelle ils étaient officiellement mariés. Ceux qui voulaient de­
venir de vrais chrétiens devaient renoncer à ce genre de prati­
ques. - Héb. 13:4.
La première Martiniquaise qui a dû résoudre ce problème
était Marguerite Lislet qui, quand elle a commencé à étudier
la Bible, avait six enfants de trois hommes différents et vivait
avec le père du dernier. Elle a vite compris qu'elle devait opérer
de grands changements dans sa vie si elle voulait plaire à Jého­
vah (1 Cor. 6:9-1 1). Elle a donc demandé à son concubin de la
quitter et, malgré une santé précaire, a courageusement fait face
aux difficultés pécuniaires pour s'occuper de ses six enfants. Elle
a été baptisée en 1956 et est devenue plus tard la première Mar­
tiniquaise pionnière spéciale.
Jeanne Maximin, qui avait eu des enfants avec son concu­
bin, voulait se faire baptiser. Celui-ci lui avait promis à plu­
sieurs reprises qu'avant l'assemblée suivante il régulariserait leur
situation, mais il n'avait jamais tenu sa promesse. Finalement,
en 1959, alors qu'une autre assemblée approchait, elle a profité
de l'absence de son concubin pour déménager. À son retour,
quelle ne fut pas la surprise de celui-ci de constater qu'elle était
partie et que bon nombre de meubles n'étaient plus là ! Les voi­
sins n'ont pas tardé à lui dire où elle était. Il a insisté pour
qu'elle revienne à la maison, promettant qu'il ferait le nécessaire
pour qu'ils soient mariés avant deux semaines. La réponse de
Jeanne a été très claire : " Le jour où nous serons mariés, je re­
viendrai, mais pas avant. " Il a fait le nécessaire et, moins de dix
jours plus tard, ils étaient mariés. Bon nombre de nos sœurs ont
vécu la même expérience.
Les Témoins de Jéhovah se sont fait la réputation de prati­
quer une religion dans laquelle le mariage est considéré comme
une institution divine. Dans le village du Vauclin, une femme,
172
Annuaire 1998
officier d'état civil, a été surprise de voir en peu de temps Jac­
ques et Pierrette Nelson, deux pionniers spéciaux dans cette ré­
gion, servir à deux reprises de témoins à l'occasion du mariage
de deux couples qui vivaient en concubinage depuis de nom­
breuses années. Cette femme, qui possédait déjà le livre Com­
ment s 'assurer une vie de fa mille heureuse, a alors promis
de le lire de nouveau parce qu'elle était dans la même situa­
tion que ceux qu'elle venait de marier. À la fin de la conver­
sation, elle a déclaré d'un air entendu à nos deux témoins :
" Jamais deux sans trois. " Cela s'est avéré exact en la circons­
tance, puisque peu de temps après les pionniers étaient de nou­
veau devant l'officier d'état civil en qualité de témoins à l'occa­
sion du mariage d'un troisième couple qui étudiait la Bible
avec eux.
Elle s'est affranchie de l'alcoolisme
La Martinique est célèbre pour son rhum. Partout dans l'île
on trouve cette boisson alcoolique faite à partir de canne à su­
cre. Beaucoup l'apprécient, mais cette boisson peut être très
néfaste si on en boit à l'excès. Dans les années 50, on pouvait
entrer dans un bar et demander un verre de rhum pour 50 cen­
times seulement. On plaçait alors devant le client une bouteille
de rhum, une bouteille de sirop de canne et quelques tranches
de citrons verts du pays, et il se servait lui-même.
La vérité biblique allait-elle pouvoir aider des personnes qui
s'enivraient régulièrement en buvant du rhum ? Certainement
(1 Pierre 4:3). La première d'entre elles a été une femme qui
était souvent ivre, au point qu'il était extrêmement désagréable
d'être assis en face d'elle et de lui parler. De plus, elle vivait en
concubinage avec un homme qui était tout aussi esclave de l'al­
cool qu'elle. Au bout de quelques mois, en raison de ce qu'elle
avait appris grâce à son étude de la Bible, elle a cessé de boire
et a quitté son concubin. Tous ceux qui la connaissaient ont re-
173
Martinique
marqué son changement de conduite. Sa santé s'est améliorée,
et sa vie professionnelle aussi, puisqu'elle a été titularisée dans la
fonction publique. Elle a utilisé la somme d'argent qui lui a été
versée comme arriéré pour assister à l'assemblée internationale
" La volonté divine " qui a eu lieu à New York en 1958. Aujour­
d'hui, bien qu'âgée de 90 ans, Élisa Lafine participe toujours ré­
gulièrement à la prédication de la bonne nouvelle du Royaume.
Elle donne également un bel exemple de conduite chrétienne.
La Parole de Dieu peut effectivement affranchir les gens de l'es­
clavage de l'alcool.
Du fruit au cœur de l'île
�and on considère la carte de la Martinique, on a l'im­
pression que l'île se recroqueville autour de la baie de Fort-de­
France. C'est incontestablement le cœur du pays avec, sur la
côte nord de la baie, trois villes imbriquées : Fort-de-France,
Schœlcher et Le Lamentin. Près de la moitié de la population
de la Martinique vit dans cette région. Mis à part l'agriculture,
la plupart des activités de l'île y sont concentrées. C'est dans
cette région que la prédication de la bonne nouvelle a débuté et
que, à quelques exceptions près, sont apparus les premiers
proclamateurs.
Dès 1 955, frère et sœur Noll ont commencé à se déplacer
pour répandre le message du Royaume en dehors de la capi­
tale. Ils passaient la journée entière à prêcher et rentraient le soir.
Le vendredi, ils allaient au Lamentin, et une semaine sur deux
dans le village du François, près de la côte orientale. Peu à peu
des habitants ont commencé à accepter la vérité. Parmi les pre­
miers au Lamentin, citons Jeanne Marie-Annaïs, Suzanne Gui­
teaud, Liliane Néral et Paulette Jean-Louis. Au François, il y a
eu les familles Godard et Cadasse, ainsi que Pierre Loiseau.
�elque temps après, des pionniers spéciaux ont été envoyés
au Lamentin, dont Valentin Carel et Nicolas Rénel. (Frère Ca­
rel est devenu plus tard membre du Comité de la filiale.) Il y a
Annuaire 1998
174
maintenant sept congrégations dans ces communes et leurs en­
virons, vers le sud.
Certains, qui semblaient avoir pris un bon départ, ont par la
suite quitté la route resserrée. Ils ont cédé aux inquiétudes de la
vie, au matérialisme ou à l'immoralité. Mais beaucoup d'autres
ont reçu la parole relative au Royaume dans leur cœur, qui s'est
révélé une belle terre et qui a porté du fruit pendant de nom­
breuses années (Mat. 13:18-23). La grande majorité de ceux qui
ont embrassé le culte pur très tôt servent toujours fidèlement Jé­
hovah. Parmi les frères qui se sont fait baptiser en Martinique il
y a plus de 30 ans, citons Léon et Christian Bellay, Jules Nubul,
Germain Bertholo, Vincent Muller, Roger Rosamond, Albert
Nelson, Vincent Zébo et Philippe Dordonne. Ils ont tous fait
preuve d'un grand amour pour Jéhovah en mettant leur jeu­
nesse au service de Dieu. Ils ne sont plus jeunes, mais tous con­
tinuent à servir comme anciens dans leurs congrégations. D'au­
tres sont morts, comme Toussaint Lada, dont tous les anciens se
rappellent le calme et le sourire chaleureux. Il y a bien d'autres
noms qu'on pourrait ajouter à la liste des vétérans qui ont été
ou qui sont toujours de beaux exemples de foi et de zèle. La gé­
nération plus jeune suit leurs traces, ce qui est pour les plus âgés
une grande source de joie.
Des femmes prêchent fidèlement la bonne nouvelle
En ces jours-là, plusieurs femmes enseignantes de !'Éduca­
tion nationale accomplissaient également un excellent travail en
enseignant la Parole de Dieu. Au nombre de ces femmes figurait
Stella Nelzy. Elle a été la première de ce groupe de femmes à se
faire baptiser et elle a continué à prêcher avec zèle, tout en s'oc­
cupant de sa mère très âgée, qui est décédée à l'âge de 102 ans.
Il y avait aussi Andrée Zozor, qui était directrice d'école et qui
a défendu efficacement la vérité de la Parole de Dieu, ainsi que
sœur Victor Fousse (maintenant Lasimant), qui a tenu ferme
malgré l'opposition virulente de sa famille. Son bel exemple a
Quelques chré tiens fidèles qui servent Jéhovah depuis longtemps :
1) Léon Beilay, 2) Jules Nubul, 3) Germain Bertholo, 4) Philippe
Dordonne, 5) Roger Rosamond, 6) Christian Beilay, 7) Albert
Nelson, 8) Vincent Zébo, 9) Vincent MuIIer.
176
Annuaire 1998
eu une heureuse influence sur ses enfants. Un de ses fils sert
comme ancien depuis de nombreuses années, et sa fille, Mar­
lène, est missionnaire au Mali.
D'autres ont achevé la course chrétienne, emportées par
l'âge ou la maladie. C'est le cas de Léonide Popincourt qui,
ayant pris sa retraite anticipée, a été pionnière pendant 16 ans.
Elle est morte en 1990, mais sa fille Jacqueline sert comme mis­
sionnaire en Guinée. Emma Ursulet a, elle aussi, donné un
excellent exemple en défendant la vérité de la Bible. Elle s'est
part iculièrement efforcée d'instru ire ses enfants dans les
voies de Jéhovah. Trois de ses filles sont devenues pionnières,
et un de ses fils, Henri, est membre du Comité de la filiale de
Martinique.
Sara Noll, qui est venue servir comme pionnière spéciale à
la Martinique il y a 43 ans maintenant, est toujours zélée dans
le service à plein temps à l'âge de 82 ans. Bien que le territoire
soit parcouru très souvent, elle obtient toujours d'excellents ré­
sultats dans la diffusion des périodiques La Tour de Garde et Ré­
veillez-vous ! Suivant les suggestions de la Société concernant
l'activité dans les quartiers d'affaires, elle se rend dans pratique­
ment toutes les administrations. Elle apporte régulièrement
les périodiques à la mairie, à l'hôtel de police, à l'administra­
tion des travaux publics et dans bien d'autres bureaux. Certains
mois, elle laisse jusqu'à 500 périodiques. Durant toutes les an­
nées qu'elle a passées à la Martinique, elle a distribué plus de
1 1 1 000 périodiques.
L'eau gravit les montagnes
La Martinique compte de nombreuses montagnes. On ra­
conte qu'un amiral anglais, voulant montrer au roi George II à
quoi ressemblait cette île, aurait froissé une feuille de papier
et l'aurait jetée sur la table en disant: "Sire, voilà la Martini­
que. " Un proverbe créole déclare
:
"D'Io pa ka monté morne.
"
("L'eau ne gravit pas les montagnes. ) Mais, à la Martinique,
"
Des femmes qui ont laissé un bel exemple comme enseignantes de la
Parole de Dieu : 1) Stella Nelzy, 2) Victor Fousse (maintenant Lasimant),
3) Léonide Popincourt, 4) Andrée Zozor, 5) Emma Ursulet.
178
Annuaire 1998
il est une eau qui gravit les montagnes. La vieille ville de Port­
de-France se situe au niveau de la mer, mais au pied de nom­
breuses collines. L'eau de la vérité biblique a bel et bien gravi
ces collines. - Rév. 22: 17.
En 1956, alors qu'il n'y avait que sept proclamateurs et trois
pionniers dans l'île, on a distribué 5 000 livres, plus de 9 000 pé­
riodiques et de nombreuses brochures. Nombre de ces publica­
tions ont été laissées aux gens qui, aux terminus des lignes d'au­
tocars, arrivaient de toutes les parties de l'île ou s'y rendaient.
Frère et sœur Noll allaient aussi aux marchés aux poissons ou
aux légumes pour proposer les périodiques. Ils prêchaient égale­
ment dans les nombreux bars situés près des places de mar­
ché. C'est ainsi que les villageois retournaient chez eux, dans
les collines, avec de précieuses publications bibliques dans leurs
sacs.
' N'abandonnons pas notre assemblée '
Qielques semaines seulement après leur arrivée à la Marti­
nique, frère et sœur Noll commençaient à encourager ceux qui
étudiaient la Bible à assister aux réunions (Héb. 10:23-25). C'est
ainsi que quelques-uns d'entre eux se sont réunis dans la salle
de séjour d'une modeste maison en bois de Morne-Pichevin, à
Fort-de-France. Cette pièce ne pouvait accueillir qu'une dizaine
de personnes. Qiand les Noll participaient à la prédication, les
gens demandaient souvent s'ils avaient un lieu de réunion où ils
auraient pu se rendre. Les missionnaires désiraient vivement dis­
poser d'un endroit plus approprié.
C'est alors qu'un hôtelier, qui se souvenait des premiers
missionnaires Témoins de Jéhovah - ils avaient séjourné quel­
que temps dans son hôtel-, leur proposa de se réunir dans la
salle à manger de son restaurant le dimanche après-midi, puis­
que le restaurant était fermé ce jour-là. L'hôtel était situé rue
Schœlcher, du nom d'un homme politique français qui avait
Martinique
préparé le décret du
179
27 avril 1848 définissant les conditions de
l'abolition de l'esclavage. La cathédrale était dans la même rue.
Maintenant qu'ils disposaient d'un lieu de réunion plus adé­
quat, les Témoins pensaient que beaucoup de gens viendraient.
Pourtant, pendant un temps, il n'y a eu que 5 à
dans une salle qui aurait pu en recevoir plus de
10 assistants
1 00. Qiand on
invitait d'autres personnes à venir aux réunions, celles-ci répon­
daient généralement : "Je viendrai, si Dieu le veut." Mais rares
étaient celles qui pensaient sérieusement à ce qu'était, selon la
Bible, la volonté de Dieu à ce sujet.
Toutefois, Mme Marceau, une institutrice à la retraite, ve­
nait régulièrement écouter le message de la Bible après avoir as­
sisté à l'office à la cathédrale. Alice Lassus, qui faisait le ménage
à la cathédrale, assistait elle aussi aux réunions. Toutes deux
sont devenues de fidèles Témoins de Jéhovah. Mais les Témoins
avaient vraiment besoin d'un lieu de réunion qui convienne
mieux à l'importance de leur groupe.
Qielques mois plus tard, ils ont transféré leurs réunions à la
"Villa Ma Fleur de Mai", quartier Clairière, à Fort-de-France,
qui servait alors de maison de missionnaires. Stella Nelzy, qui
commençait à assister aux réunions, fut très surprise par une re­
marque faite en ce lieu en une certaine occasion. Elle a déclaré
plus tard : " Le président a dit : ' Cette maison est la plus im­
portante de toute la Martinique!"' Mais elle a ajouté : "Je n'ai
pas tardé à comprendre qu'il avait raison. La maison était hum­
ble d'apparence, meublée de bancs fabriqués avec des planches
qui avaient été utilisées pour faire du coffrage et qu'on avait ca­
pitonnées avec du carton d'emballage. Toutefois, on y apprenait
le merveilleux dessein, la volonté et l'incomparable personnalité
de Jéhovah, ainsi que celle de son Fils, Jésus Christ. Oui, c'était
vraiment la maison la plus importante."
En
1960, le nombre des proclamateurs avait atteint 47. Il
était de nouveau nécessaire de trouver un autre lieu de réunion
180
Annuaire 1998
suffisamment spacieux. Adrienne Rudier a offert deux pièces au
rez-de-chaussée de sa maison à Bellevue. Deux ans plus tard,
elle a proposé de déménager à l'étage et de faire tomber la der­
nière cloison du rez-de-chaussée pour agrandir le lieu de réu­
nion. Le nombre des proclamateurs avait doublé en l'espace de
deux ans. Ils étaient maintenant 94 et dirigeaient 177 études bi­
bliques. Comme certains proclamateurs venaient de quartiers si­
tués de l'autre côté de Fort-de-France, il semblait sage de former
un deuxième groupe. Celui-ci a tenu ses réunions chez Inoër
Puisy, à Sainte-T hérèse, une petite commune dans le quartier
sud de Fort-de-France.
L'accroissement s'est poursuivi. En 1964, on comptait en
moyenne 157 proclamateurs. Pour recevoir les assistants aux
réunions, on a acheté une maison dans le quartier Bellevue de
Fort-de-France et on l'a convertie en Salle du Royaume. Cinq
ans plus tard, on a construit une deuxième Salle du Royaume
dans un autre quartier de la ville. Césaire et Elvire Qyasirna ont
généreusement proposé le toit en terrasse de leur maison, en bé­
ton, pour qu'on y construise la Salle du Royaume, ce qui a été
fait.
Le temps des petites assemblées
La première assemblée a eu lieu en 1955, dans la maison de
frère et sœur Noll. Vingt-sep t T ém oins de la Guadeloupe
s'étaient déplacés pour encourager les cinq Témoins de la Marti­
nique. On n'a pas atteint le chiffre de 40 assistants, mais le pro­
gramme de l'assemblée a fourni une abondante nourriture spiri­
tuelle. Qyelle joie d'être réunis dans une ambiance spirituelle et
fraternelle !
À
cette époque-là, il était difficile de commencer les réu­
nions à l'heure. Qyand quelqu'un arrivait en retard, cela pou­
vait donner lieu à des situations comiques. Lors d'une assem­
blée en 1956, une démonstration mettait en scène un prêtre qui
se rendait dans un foyer pour dissuader les occupants de lire
18 1
Martinique
les publications des Témoins de Jéhovah. Un frère qui por­
tait la barbe avait revêtu une soutane pour jouer le rôle du prê­
tre. Étant arrivée en retard, une personne bien disposée n'a pas
compris qu'il s'agissait d'une démonstration. Aussi, après la réu­
nion, a-t-elle fait ce commentaire réprobateur: 'Je ne suis pas
d'accord avec ce qu'a fait le prêtre. Les Témoins de Jéhovah ne
vont pas à la cathédrale pour faire du scandale. Le prêtre n'au­
rait pas dû en faire ici. '
Le message de liberté est proclamé
sur la côte nord-est
Avec le temps, il a fallu accorder plus d'attention aux par­
ties de l' île éloignées de la capitale. La côte ouest de la Martini­
que est baignée par la mer des Caraïbes. La côte est, baignée par
l'Atlantique, est balayée par les alizés, qui provoquent d'abon­
dantes précipitations et un fort taux d'humidité. Sur les collines
et les plateaux bien arrosés de cette région, tout pousse: canne
à sucre, légumes, bananes et autres fruits. Les gros villages, dont
la plupart sont situés le long de la côte, vivent également de la
pêche.
L'histoire de cette région rappelle l'esclavage et l'éman­
cipation des esclaves. Dans l a commune du Lorrain, des
noms de lieux font penser à cette époque, par exemple, Fond­
Gens-Libres et Fond- Massacre. Bien que l'esclavage ait été aboli,
quand ils font conna ître le message du Royaume dans cette ré­
gion, les Témoins de Jéhovah rencontrent des gens qui ont en­
core besoin d'être libérés, libérés de la fausse religion et des
superstitions, ce qui n'est possible qu'en embrassant la vérité de
la Bible.
Des idoles brisées et jetées dans la rue
Les missionnaires se sont rendus pour la première fois à
Basse- Pointe, sur la côte septentrionale, à 50 kilomètres de
Fort-de-France, le 1 ''novembre
1954. La route menant à ce
182
Annuaire 1998
village de pêcheurs et d'agriculteurs était escarpée. Elle était en
très mauvais état, surtout après la saison des pluies ; aussi, à cer­
tains endroits, les missionnaires ont-ils dû descendre de leurs pe­
tits cyclomoteurs et les pousser.
Ils espéraient rendre visite à une directrice d'école du village.
Celle-ci avait eu des contacts avec les Témoins de Jéhovah en
France et avait souscrit un abonnement à Réveillez-vous ! Son
abonnement arrivait maintenant à expiration. La visite s'est ré­
vélée très fructueuse. Cette dame a expliqué que, bien que ca­
téchiste, elle avait cessé d'aller à l'église après que le prêtre avait
parlé du mariage avec mépris. Ce que la Bible dit sur l'âme et
au sujet de la vie éternelle dans un paradis terrestre l'a beaucoup
intéressée. Peu après, elle est retournée en France, où elle s'est
vouée à Jéhovah et s'est fait baptiser.
Q!iand elle était en Martinique, les gens de la commune la
considéraient comme quelqu'un d'important et elle passait
pour une fervente catholique. Imagine z leur émoi quand, à son
retour dans l'île, elle a brisé toutes ses idoles, grandes et peti­
tes, et en a jeté les débris devant sa maison pour qu'ils soient ra­
massés par les employés de la v o i r i e (v oir Deutéronome
9:16, 21). Furieux, le prêtre a préparé et prononcé des sermons
incendiaires pour blâmer la conduite de cette ex-catholique. Ré­
sultat: tout le monde parlait de la religion de Mme Cres­
san. Depuis
42 ans maintenant, Gabrielle Cressan, Témoin
88 ans, s'applique à réaliser son rêve le plus
de Jéhovah de
cher: " Q!ie chaque battement de mon cœur soit à la louange
de Jéhovah ! "
Une autre catholique, une voisine de sœur Cressan qui avait
entendu le prêtre attaquer celle-ci en termes virulents, a décidé
d'aller demander des explications à sœur Cressan. Il s'agissait de
Léonie Ducteil, femme du facteur de la commune et mère de
11 en fants. Convaincue que ce que sœur Cressan lui apprenait
était la vérité, elle a commencé à 1étudier la Bible avec ses en-
La première Salle du Royaume possédée par les Témoins
(à Fort-de-France).
fants. Au cours des années qui ont suivi, elle-même et neu f de
ses en fants se sont voués à Dieu et sont devenus des Témoins de
Jéhovah baptisés. Des années plus tard, une de ses filles, Edgard,
a épousé Gérard li:ivini, qui est devenu par la suite membre du
Comité de la filiale.
Dix ans avant que Léonie Ducteil apprenne la vérité avec
l'aide de sœur Cressan, une de leurs voisines, Georgette Josè­
phe, avait entendu le nom Jéhovah dans un cantique chanté au
cours d'une cérémonie dans une église adventiste. Ce nom avait
retenu son attention. Or voilà que sa voisine, Mme Ducteil, lui
disait qu'une dame lui avait expliqué la Parole de Jéhovah. Elle
a aussitôt exprimé le désir d'en savoir davantage. Elle-même, ses
huit en fants et plus tard son mari sont tous devenus Témoins de
Jéhovah.
Ces quelques familles ont formé le noyau des vrais adora­
teurs de Jéhovah sur la côte Atlantique, au nord de l'île. Au
184
Annuaire 1998
cours des années suivantes, depuis Basse- Pointe les graines de vé­
rité ont été semées dans les villes et les villages de la côte Atlan­
tique. Ces graines se sont développées et ont porté du fruit au
Lorrain, à Marigot, à Sainte- Marie, à liinité et au Robert, ainsi
qu'à Ajoupa- Bouillon, à Vert-Pré et à Gros- Morne, à l'intérieur
de l'île.
Des pionniers zélés ont contribué à répandre la vérité sur la
côte orientale. Osman Léandre, une veuve, s'est installée à
Sainte- Marie en 1965 et a offert sa maison pour y tenir les réu­
nions. Arcade Bellevue et Maryse Mansuéla, des pionnières
spéciales venues de la Guadeloupe, sont arrivées au Robert en
décembre 1967 et ont persévéré dans leur activité malgré l'op­
position du prêtre de la commune. En 1970, Aline Adélaïde et
Jacqueline Popincourt ont commencé à donner le témoignage
au Lorrain, où Aline a pu utiliser les Écritures pour aider une
ancienne pratiquante de la sorcellerie à s'affranchir de la domi­
nation des démons. liois ans plus tard, elles ont été rejointes par
trois autres pionnières, Michèle et Jeanne Ursulet, ainsi que Jo­
sette Mérine. Ces pionnières du Lorrain avaient renoncé à leur
emploi d'institutrice pour participer à une œuvre d'enseigne­
ment autrement plus importante: celle consistant à faire con­
naître la vérité qui conduit à la vie éternelle.
Pourquoi le prêtre voulait-il le livre
Vérité?
Jeanne Ursulet raconte: " En 1974, la Société nous a t rans­
mis une lettre que lui avait écrite un habitant du Lorrain. Cet
homme désirait vivement recevoir des publications des Témoins
de Jéhovah et en particulier le livre La vérité qui conduit a la vie
éternelle qu'il avait
vu che
z d'autres personnes. Le lendemain
matin, nous nous sommes mises à la recherche de cet homme.
Son nom ne nous disant rien, nous avons demandé au facteur
s'il le connaissait. Qielle ne fut pas notre surprise d'appren­
dre que la lettre avait été envoyée à la Société par le prêtre de la
paroisse!
Martinique
185
" Nous nous sommes rendues au presbytère en nous de­
mandant quel genre d'accueil nous allions recevoir. L'homme
nous a fait entrer, mais nous a dit asse z froidement qu'il ne dé­
sirait pas parler avec nous et qu'il était simplement intéressé
par les publications. Nous étions perplexes. Toutefois, quel­
que temps après cette visite, des habitants de la commune
nous ont souvent dit que le prêtre leur avait expliqué les cho­
ses de la même façon que nous. Nous en avons conclu qu'il
se servait certainement de nos publications pour préparer ses
sermons. "
Après avoir cherché Dieu à tâtons,
elle le trouve réellement
En 1967 , quatre autres pionniers spéciaux - Octave T hé­
lise, sa femme Alvina, et Élie et Lucette Régalade - ont donné
le départ à ce qui allait devenir la congrégation de lfinité. Le
lendemain de son arrivée, É lie Régalade est allé prêcher. Où a­
t-il commencé ? Délaissant les maisons de gauche et de droite,
il s'est rendu directement à la porte de Mme Moutoussamy et y
a frappé. Il ne l'avait jamais rencontrée et personne ne lui avait
donné son nom. Mais laissons-la raconter :
" Depuis l'en fance, j'étais très attachée à ma religion, la re­
ligion catholique. J'ai travaillé de nombreuses années dans une
crèche dirigée par des prêtres. Mais j'étais déçue par l'hypocri­
sie que j'observais à l'église. Mon attachement à celle-ci s'a f­
faiblissait de jour en jour. Qyand est venu le moment d'inscrire
mes deux fils a înés au catéchisme, j'étais partagée entre l'insis­
tance de mes beaux-parents catholiques, l'opposition de mon
mari communiste et l'influence de ma sœur adventiste. Je ne sa­
vais que faire. J'ai passé une bonne partie de la nuit à prier Dieu
de m'aider à trouver une solution. Le lendemain, frère Régalade
frappait à ma porte, se présentant comme Témoin de Jéhovah. Il
était venu directement che z moi. J'étais la première personne de
lfinité à qui il avait parlé. "
1
La Famille Moutoussamy, dont tous les membres
font partie de la congrégation chrétienne.
Lisette Moutoussamy et son mari auparavant communiste
se sont fait baptiser huit mois plus tard. Aujourd'hui, plus de
30 ans après, ils continuent de servir Jéhovah avec toute leur fa­
mille. 1iois de leurs fils sont anciens. En vérité, comme le dit la
Bible, les personnes qui cherchent sincèrement le vrai Dieu
à tâ­
tons le trouveront. - Actes 17:26, 27.
Le territoire s'est révélé productif, et plusieurs congrégations
y ont été formées: une
à 1iinité et, à partir d'elle, six autres à Sainte-Marie, une à Gros-Morne, une à
Vert-Pré et une deuxième à 1iinité. Toutes continuent à se déve­
deux au Robert, une
lopper, pour le plus grand honneur de Jéhovah.
Le clergé passe à l'attaque
Dans toute la Martinique, le clergé était furieux de consta­
ter que sa domination sur une population qu'il avait tenue
dans l'ignorance ne cessait de se restreindre. En 1956,
à Basse­
Pointe, le prêtre de la paroisse a laissé éclater sa colère quand il
Martinique
187
a rencontré deux jeunes filles venues rendre visite aux parents
d'un voisin décédé. Sachant que les jeunes filles étudiaient la
Bible avec les Témoins de Jéhovah, il les a accusées d'apostasie
et les a menacées du feu de l'en fer parce qu'elles avaient cessé
d'aller à la messe. Une des jeunes filles lui ayant répondu fer­
mement, il l'a giflée violemment, a sauté dans sa jeep et est
parti.
Qiand deux pionnières sont arrivées au Robert, en 1967 , le
prêtre a interdit à ses paroissiens de leur ouvrir leur porte. Un
jour, fou de rage, il a presque renversé les deux sœurs avec sa
voiture. Les prêtres multipliaient les mises en garde amères et fu­
rieuses dans les bulletins paroissiaux, et en chaire ils lançaient
des anathèmes cinglants contre ceux qu'ils présentaient comme
des' suppôts de Satan venus troubler la paix romaine '.
Les autres religions se sont jointes à ces attaques. Les Égli­
ses évangéliques en particulier nous accusaient faussement de ne
pas croire en Jésus Christ. Les adventistes nous reprochaient de
ne pas respecter le sabbat, alors que la plupart d'entre eux fai­
saient semblant seulement de le respecter. Pendant un temps,
les frères se sont laissé entraîner dans des discussions intermi­
nables avec des pasteurs d'autres religions. Ces discussions pre­
naient souvent fin tard dans la nuit et ne donnaient rien. Petit
à petit, avec l'aide de l'esclave fd
i èle et avisé, nous avons appris
à bien employer notre temps à rechercher et à trouver les "bre­
bis " qui prenaient réellement plaisir à écouter la voix de l'excel­
lent Berger.
Toute fois, ces discussions ont ouvert les yeux de quelques
"brebis ". C'est le cas de Jules Nubul, à Fort-de-France. Il a re­
marqué que le pasteur faisait mine de citer la Bible - en réa­
lité, il inventait ces citations - dans le but de prouver que les
chrétiens devaient respecter le sabbat (voir Romains 10 :4; Co­
lossiens
2:13-16). Aujourd'hui, frère Nubul est Témoin de Jého­
vah et ancien. Gertrude Buval, de 'frinité, qui était adventiste
188
Annuaire 1998
du septième jour, a constaté la mauvaise foi de son pasteur au
cours d'une discussion avec Octave T hélise, qui était pionnier
spécial avec sa femme Alvina. Des années plus tard, et malgré
son grand âge et une mauvaise santé, sœur Buval demeure fidè­
lement attachée àl'organisation de Jéhovah.
Au pied du volcan - Écouteront-ils ?
Dans le nord-ouest de l' île, les villes de Saint- Pierre, Le Prê­
cheur, Le Carbet et Le Morne Rouge sont toutes situées autour
de la montagne Pelée, devenue tristement célèbre depuis la des­
truction de Saint- Pierre et de ses 30 000 habitants en 1902 .
Au su jet de l'éruption du 8 mai de cette année-là, les gens
se rappellent surtout que les habitants de Saint- Pierre ont re­
jeté les avertissements et refusé de s'en fuir. Pendant un mois,
le volcan a craché de la fumée, des cendres et des morceaux
de roche. Saint- Pierre a été couverte de cendres, et 2 5 per­
sonnes ont été tuées par une coulée de boue. Les gens avaient
peur, mais ils ne sont pas partis. C'était dû à leur attitude fa­
taliste, mais aussi au fait que les dirigeants, y compris le clergé,
les pressaient de rester. Les mêmes facteurs expliquent aujour­
d'hui encore la réaction de beaucoup à l'avertissement relatif à
la venue imminente du jour redoutable de Jéhovah. - Yoël
2: 3 1, 32 .
Beaucoup de Martiniquais sont fatalistes et, face aux dif­
ficultés, haussent les épaules en disant: "C'est la volonté de
Dieu. " Nous nous efforçons souvent de les aider dans ce do­
maine en leur rappelant ce qui est arrivé lors de l'éruption de la
montagne Pelée. " Si cet événement était la ' volonté de Dieu ',
leur demande-t-on, pourquoi l'unique survivant de cette catas­
trophe a-t-il été un repris de justice enfermé seul dans un ca­
chot, au sous-sol de la prison, alors que tous les ' bons chré­
tiens ' ainsi que les églises et leurs 'saints ' ont été détruits ? "
Au d é b u t des années 60 , l e s p r o c l a m a t e u r s de Por t ­
de-France ont commencé à s e rendre asse z régulièrement dans
189
Martinique
les communes proches du volcan pour communiquer le mes­
sage du Royaume à leurs habitants. Toutefois, ceux-ci avaient
peur du "qu'en-dira-t-on ". Craignant d'être rejeté par les voi­
sins, pas un d'entre eux ne voulait être pris pour un Témoin de
Jéhovah. En 1962 , la famille Charpentier, venant de France mé­
tropolitaine, s'est installée au Morne Rouge, juste au nord-est
de Saint-Pierre. Madeleine était pionnière spéciale. Pendant des
années, son mari, René, et elle ont semé les graines de la vérité
du Royaume dans cette région.
Aujourd'hui, l'influence de l'Église est encore très forte dans
la partie nord de l'île. Il y a là de vastes plantations dirigées par
de riches propriétaires, descendants des premiers colons, qui
sont la main dans la main avec le clergé catholique. On peut
compter sur les doigts de la main les Blancs de cette région qui
ont accepté la vérité.
Affranchis de la crainte de l'homme
Alors que les habitants en général hésitaient à s'identifier à
des Témoins de Jéhovah, au milieu des années 60 un homme
et sa femme, Yoland et Bernadette Hortance, ont commencé
à agir par amour pour Jéhovah et sa Parole.
À quelles
épreu­
ves leur foi a-t-elle été soumise ? Ils racontent: "Comme nous
étions les premiers à accepter la ' nouvelle religion ', nous nous
sommes retrouvés en marge de la société. Nous sommes pas­
sés par une période d'épreuves. En l'espace d'une année, nous
avons perdu deux enfants dans un accident, ce qui a amené les
gens à dire que c'était Dieu qui nous punissait parce que nous
avions quitté la religion catholique. Mais ce que nous avions
déjà appris sur Jéhovah nous a aidés à tenir ferme. "
Après tout cela, influencé par le prêtre de la paroisse, l'em­
ployeur de Yoland, un blké (un Blanc de l'endroit), a menacé de
le congédier s'il ne retournait pas à l'église. Yoland n'a pas cédé,
et son employeur n'a pas mis sa menace à exécution parce que
Yoland était un ouvrier consciencieux. Bien qu'ils aient connu
190
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beaucoup d'autres épreuves, frère et sœur Hortance sont tou­
jours de fidèles serviteurs de Jéhovah.
En 1968, la famille Palvair a quitté Fort-de-France pour
s'installer au Morne Rouge. Peu à peu, d'autres personnes ont
accepté le vrai culte, si bien qu'aujourd'hui il y a une congréga­
tion de 60 proclamateurs au Morne Rouge.
De l'aide supplémentaire au pied du volcan
À partir de 1972,
deux pionnières spéciales, Anne-Marie
Birba et Arlette Girondin, se sont dépensées courageusement
pour aider les habitants de Saint-Pierre, du Carbet et du Prê­
cheur. Alors qu'elles apportaient un message de paix, les gens
leur lançaient parfois des pierres ou leur donnaient des coups
de balai. Dans cette région, bon nombre de femmes qui ont ac­
cepté la vérité ont subi une sévère opposition de la part de leurs
maris, mais, en raison de la belle conduite de leurs femmes,
ceux-ci sont généralement devenus peu à peu plus tolérants.
-
1 Pierre 3: 1, 2 .
Jules Martinon, un Témoin âgé qui sert à Saint-Pierre depuis
plus de 20 ans, est un bel exemple de persévérance. Dans les an­
nées 60 et 70, dans cette région les réunions avaient lieu dans
des lieux à peine acceptables. Toutefois, des frères dévoués,
comme Jean Chavigny et, plus tard, les familles Lemoine et Pa­
paya, ont contribué à la formation d'une belle congrégation
à Saint-Pierre. Une magnifique Salle du Royaume qui peut ac­
cueillir 200 personnes est la preuve que les Témoins de Jéhovah
se sont fermement établis au pied du volcan.
Une nuit dans le manguier
Le message du Royaume avait été prêché au Lamentin dès
1955, mais ceux qui voulaient y adorer Jéhovah Dieu conti­
nuaient de subir des épreuves difficiles. Elles n'étaient pas tou­
jours provoquées par le clergé. Les hommes de la Martinique
sont généralement jaloux de leurs prérogatives masculines, et
1
La montagne Pelée, et Saint-Pierre le long de la côte.
beaucoup traitent leurs femmes de façon tyrannique. Qiand
une femme voulait adorer Jéhovah, elle devait souvent affronter
la violence de son mari.
U n e de nos sœu r s du Lamentin rapporte: " E n 1972,
quand le message du Royaume est entré chez moi, c'était la
réponse à toutes mes espérances. Mais mon mari m'a inter­
dit d'étudier la Bible. J'ai toutefois continué à le faire en ca­
chette. Qiand il s'en est aperçu, il a brûlé ma Bible et mon livre
d'étude, et m'a battue. Mon mari a décidé de déménager, dans
l'espoir que cela mettrait fin à l'intérêt que je portais à la Bible.
"Qiand j'ai commencé à assister aux réunions, il m'enfer­
mait dehors. J'ai souvent dû dormir sous la véranda. Il a ensuite
détruit tout ce qui pouvait me servir d'abri, même le poulailler.
Il me battait fréquemment et je n'avais souvent rien à manger.
Un soir, il m'a poursuivie en pleine nuit, un coutelas à la main!
Pour lui échapper, j'ai dû m'enfuir en courant à travers les
broussailles et grimper aussi vite que possible dans un manguier.
N.
1 46
Les villes dans lesquelles sont réparties
congrégations.
19 3
Martinique
Je ne lui ai échappé que de justesse, seulement parce que sa
lampe de poche s'était éteinte. Il m'a cherchée pendant des
heures, passant à deux pas de l'endroit où j'étais cachée, blottie
dans l'arbre et priant Dieu. J'ai passé toute la nuit dans le man­
guier. " Malgré cela, elle s'est fait baptiser en
1977 et, plus tard,
sa fille aussi a pris position pour Jéhovah.
Affranchis de la superstition et du
Quimbois
Les personnes qui étudient la Bible avec les Témoins de Jého­
vah et qui mettent en pratique ce qu'elles apprennent jouissent
de la liberté dans bien des domaines. De nombreuses croyances
et coutumes des Martiniquais tirent leurs origines des supersti­
tions et des rites venus d'Afrique, qui se sont ensuite implantés
dans le sol fertile du catholicisme romain. Ceux qui sont deve­
nus Témoins de Jéhovah il y a des années se rappellent encore les
superstitions dont ils ont été affranchis.
Ils se souviennent que, le vendredi saint, avant de faire quoi
que ce soit, il leur fallait embrasser la croix. En souvenir du
Christ, il était strictement interdit ce jour-là de se servir d'un
marteau et de clous, et de creuser le sol avec une pelle ou une
fourche parce qu'il "allait saigner", leur avait-on appris. Le
lendemain, le samedi matin, on croyait que, lorsque les clo­
ches de l'église catholique sonnaient, tout était béni. Pour re­
cevoir cette bénédiction, après la sonnerie des cloches, les gens
devaient se plonger dans l'eau de la rivière ou de la mer. Ils bai­
gnaient leurs enfants malades et secouaient ceux qui étaient at­
teints de rachitisme pour être sûrs qu'eux aussi profiteraient de
la bénédiction.
D'autres se souviennent du "bal-funérailles" auquel on
avait coutume de participer à l'occasion d'un décès. C'était une
veillée très bruyante au cours de laquelle on battait du tambour,
on dansait, on chantait et on racontait des contes créoles. Les
gens croyaient que cela empêchait l'âme du défunt de rester et
d'errer dans la maison.
19 4
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Bien que ne lisant que rarement la Bible, beaucoup la con­
sidéraient comme
verte à
un
un
objet sacré. Ils la gardaient chez eux, ou­
certain psaume, avec une paire de ciseaux dessus. On
pensait que ces objets protégeraient la maison des esprits du
mal.
Ils n'ont pas oublié non plus les potions que préparaient les
sorciers. Qjtimbois est un mot créole qui, selon certains, vien­
drait du français
"
Tiens, bois !
"
Ce serait une allusion au fait
que les sorciers donnent souvent à leurs clients des potions ma­
giques à boire. Bien que ces potions aient peu de pouvoirs ma­
giques, beaucoup de sorciers se sont emichis en les prescrivant.
Ceux qui ont embrassé le vrai culte se sont affranchis de toutes
ces superstitions.
On s'intéresse au sud de l'île
Sur la côte méridionale de l'île se trouvent les villages du
Marin, de Sainte-Anne et du Vauclin, et non loin de là, à l'in­
térieur, Rivière-Pilote. Ce sont ces lieux qui ont amené les tou­
ristes à ne voir en la Martinique qu'une île aux plages de sable
blanc et à la mer d'azur et de corail. Mais ces lieux ont égale­
ment attiré des chanteurs de louanges à Jéhovah.
Rivière-Pilote a été le premier de ces villages à recevoir le té­
moignage. Comment? Maguy P r udent, un médecin, ve­
nait juste d'achever ses études en France. Avant son retour à la
Martinique, des Témoins de Jéhovah lui avaient parlé de ce que
Dieu, dans son amour, se proposait de faire pour les humains.
Qyand elle est arrivée dans l'île, elle a pris contact avec les Té­
moins, et Sara Noll a étudié la Bible avec elle. Elle s'est fait bap­
tiser en 1959 . De par ses activités professionnelles, soeur Prudent
rencontrait beaucoup de gens, y compris les habitants des vil­
lages de la région, et elle leur a fait part des vérités qu'elle avait
apprises dans la Parole de Dieu.
Les proclamateurs de Fort-de-France se rendaient également
dans cette région pour y donner le témoignage. Comme à cette
195
Martinique
époque très peu de Témoins possédaient une voiture, les pro­
clamateurs avaient l'habitude de louer une "bombe", un petit
autocar ainsi nommé en raison de sa forme comparable à celle
d'un fût d'huile. Ils commençaient leur journée de prédication
en parlant aux habitants du village, après quoi ils allaient ren­
dre visite à ceux qui habitaient sur les pentes escarpées des colli­
nes. La journée d'activité se terminait par l'étude de
La Tour de
Garde à l'ombre d'un manguier.
Plus tard, des pionniers spéciaux ont été envoyés dans ce ter­
ritoire. Parmi eux figurait Marie Démas, venue de France mé­
tropolitaine, qui avait alors
70 ans. Son courage et son sens de
l'humour ont laissé un bel exemple pour les plus jeunes. En
1963, Séphora Martinon et Georgette Charles, pionnières spé­
ciales, sont venues aider les quelques proclamateurs. Ce n'est
toutefois pas avant les années 70 que les pionniers spéciaux dans
les villages voisins du Vauclin, du Marin et de Sainte-Anne ont
commencé à récolter les premiers fruits de leur dur travail, et ce
après avoir semé et cultivé pendant des années. Parmi ces pion­
niers, il y avait au Vauclin Stéphanie V ictor et le couple Couti­
nard, Eugénie et Monique. Eugénie, qui est restée handicapée
après une très grave opération, a fait montre d'un courage re­
marquable. Elle marchait avec des béquilles et parlait avec de
grandes difficultés, mais elle a continué à servir comme pion­
nière permanente.
En
1966, deux pionnières spéciales, Anne-Marie Birba et
Arlette Girondin, ont été envoyées à Rivière-Pilote (où une
congrégation s'est formée en deux ans), et en
1970 deux au­
tres, Hélène Pérasie et T hérèse Padra, ont été nommées au Ma­
rin. Jusqu'en
1975 , un petit nombre de frères et sœurs de
cette région devaient aller jusqu'à Rivière-Pilote pour assister
aux réunions. Avec la bénédiction de Jéhovah, des congréga­
tions ont été formées par la suite au Marin en
clin en
197 9 , au Vau­
198 4, à Sainte-Luce en 199 3 et à Sainte-Anne en 1997.
196
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Les frères de ces villages se réunissent aujourd'hui dans de
belles Salles du Royaume et les congrégations prospères appor­
tent leur concours pour remédier à la pauvreté spirituelle des
habitants.
Des lieux appropriés
pour de plus grandes assemblées
Il a bientôt été nécessaire de trouver des lieux plus appro­
priés pour les assemblées de circonscription et de district. Les
seules salles spacieuses disponibles étaient des salles de danse ap­
pelées "paillotes" parce qu'elles étaient entourées de paille de
coco tressée. Les plus anciens se souviennent de la salle de danse
Kerlys et de celle de Serge Rouch, où nous avons organisé nos
assemblées de district pendant des années. Mais ce genre de salle
a fini par ne plus convenir.
Nos frères ont fabriqué une structure métallique démonta­
ble avec laquelle il a été possible d'organiser des assemblées dans
toutes les parties de l'île. Chaque village a son terrain de foot­
ball. Aussi, pendant des années, pour les assemblées de circons­
cription, nous avons dressé cette Salle d'assemblées démontable
sur divers terrains de jeu de l'île. Cela donnait un excellent té­
moignage, et c'était très encourageant pour les Témoins qui ha­
bitaient dans le village où se tenait l'assemblée.
Pour les assemblées de district, nous utilisions le hall de
sport du stade Louis Achille, à Fort-de-France. Nous nous sou­
venons encore de l'assemblée internationale "La foi victo­
rieuse" de
1978 pour laquelle nous avons eu l'honneur de rece­
voir comme orateur principal John Booth, membre du Collège
central. Dans un de ses discours, frère Booth a déclaré : "Nous
n'avons aucune raison de perdre notre foi dans l'organisation
de Jéhovah", et il a ajouté : "Notre foi inébranlable sera récom­
pensée quand nous remporterons la victoire. Jéhovah ne dé­
cevra jamais ses serviteurs fidèles. " Le programme a beaucoup
encouragé les 2 886 assistants.
197
Martinique
Les représentations bibliques attirent l'attention
La première représentation biblique, en
1966, a
fait une im­
pression durable. Nous n'avions pas de lecteur de cassettes sur
lequel faire passer une bande enregistrée. Les participants ont
donc dû apprendre leur rôle par cceur et le jouer. Cette repré­
sentation, sur Jérémie, durait deux heures ! Il fallait synchroniser
les déplacements des différents personnages et l'utilisation des
divers microphones sur pied. De plus, comme il y avait alors
peu de Témoins à la Martinique, certains devaient jouer plu­
sieurs rôles et changer de costume entre deux scènes. Qiel tra­
vail ! Mais les assistants ont été transportés d'enthousiasme.
Il fallait aussi faire le bruitage. Dans les coulisses, un frère
froissait une tôle ondulée pour imiter le tonnerre et un au­
tre, alors que la salle était plongée dans l'obscurité, se servait
du flash d'un appareil photographique pour faire les éclairs au­
dessus de la scène. Sur une île,les nouvelles se propagent rapide­
ment. Aussi, quand les gens ont entendu parler de nos représen­
tations bibliques, une station de télévision est venue filmer nos
répétitions. L'émission a fait une excellente publicité pour les
assemblées.
On démolit, mais on construit aussi
Il ne fait aucun doute qu'à la Martinique la vérité de la Pa­
role de Jéhovah a démoli nombre de citadelles d'erreurs et de
superstitions. Comme le prophète Jérémie, les serviteurs oints
de Jéhovah ont été chargés par Dieu de 'déraciner et d'abattre,
de détruire et de démolir ', mais aussi de 'bâtir et de planter '.
( Jér. 1:10.) C'est ainsi que les Témoins de Jéhovah ne font pas
que dévoiler ce que la Parole de Dieu condamne ; ils utilisent
aussi celle-ci pour aider les humbles à "revêtir la personnalité
nouvelle qui a été créée selon la volonté de Dieu dans une jus­
tice et une fidélité vraies ". - Éph. 4:24.
Comme le nombre des personnes qui recevaient la Parole de
Dieu avec reconnaissance augmentait sans cesse, une autre
Annuaire 1998
198
œuvre de construction est devenue nécessaire. En effet, le nom­
bre des Témoins de Jéhovah à la Martinique est passé de 1 000 en
1975 à 1500 en 1984, et à 2 000 en 1986. Le nombre des assis­
tants aux réunions est souvent deux fois plus élevé que celui des
proclamateurs. Q!iant à l'assistance au Mémorial, elle est encore
plus importante. Pour pouvoir accueillir les assistants aux réu­
nions, il a fallu construire davantage de Salles du Royaume. On
en a bâti 20, de 250 à 300 places. Il fallait aussi des locaux con­
venables pour le bureau de la filiale.
Une étape importante
Après des années de recherches assidues, les frères ont trouvé
un terrain situé sur une des collines qui surplombent le centre
de Fort-de-France et qui offrent une vue splendide sur la baie.
A alors commencé une extraordinaire entreprise pour la Marti­
ruque.
Parmi les frères, très peu d'ouvriers spécialisés pouvaient of­
frir leurs ser vices à plein temps. Le Collège central a donc
donné son accord pour que des Témoins expérimentés d'au-delà
des mers viennent apporter leur aide. Le premier à arriver, en
février 1982, a été Robert Weinzaepflen, un ar chitecte de
France. Q!ielques jours après, Sylvain T héberge est arrivé du Ca­
nada pour diriger les travaux. L'équipe a été complétée quel­
ques semaines plus tard par une vingtaine de frères et sœurs du
Canada et quelques volontaires de la Martinique. Les frères de
l'île ont soutenu le projet de construction en travaillant avec dé­
vouement, mais aussi en faisant des offrandes généreuses selon
leurs possibilités, certains offrant même leurs bijoux en or. Le
zèle, l'unité et l'amour manifestés à l'occasion de ce projet ont
donné un excellent témoignage.
Tous ces efforts pour la construction ont-ils été accomplis
au détriment de la prédication publique de la b onne nou­
velle à la Martinique ? Bien au contraire ! On a même enregis­
tré de l'accroissement. En mars 1982, 1267 proclamateurs, dont
La famille du Béthel de la Martinique.
19
pionniers permanents et
1 90 pionniers auxiliaires, avaient
1 984, alors que la construction
participé à la prédication. En
touchait à sa fin, le nombre des proclamateurs était passé à
1 635, avec 491
pionniers auxiliaires en avril. Il était évident que
Jéhovah bénissait nos efforts.
Mais les progrès n'ont pas cessé. Durant le programme de
l'inauguration, le 22 août 1984, John Barr, membre du Collège
central, a développé le thème " Allons de l'avant avec l'organisa­
tion de Jéhovah ". Il a parlé du nouveau bâtiment de trois éta­
ges abritant le bureau de la filiale et le Béthel comme cl' " un
magnifique instr ument p o u r faire face à l'accroissement
et pour mieux servir les brebis de Jéhovah ". Parmi les assis­
tants venus de plusieurs pays se trouvaient les quatre mission­
naires qui avaient été expulsés quelque 34 ans auparavant et qui
200
Annuaire 1998
se réjouissaient de constater qu'à l'évidence Jéhovah avait béni
ses serviteurs sur cette petite île des Antilles.
Des hommes spirituels
apportent une aide précieuse
Évidemment, nous n'avons pas reçu de l'aide uniquement
dans le domaine de la construction. Nous avons aussi bénéficié
d'une surveillance pleine d'amour. Pendant de nombreuses an­
nées, jusqu'en
1977,
l'œuvre de prédication à la Martinique a
été dirigée par la filiale de la Guadeloupe. Durant toutes ces an­
nées, les surveillants itinérants, des bergers spirituels, sont venus
de cette île sœur. Les plus âgés se souviennent de Pierre Jahnke
et de N icolas Brisart. Puis, à partir de
1963,
c'est Armand Faus­
tini qui a visité régulièrement les congrégations.
Après eux, d'autres surveillants itinérants, avec des person­
nalités et des méthodes différentes, ont contribué à bâtir spiri­
tuellement les congrégations. Xavier Noll a effectué ce service
pendant des années. Ensuite, -il y a eu Jean-Pierre Wiecek avec
sa femme Jeanine. David Moreau, avec sa femme Marylène, a
également visité les congrégations de la Martinique et cel­
les de la Guyane dont s'occupait aussi la filiale de la Martini­
que à cette époque. Qyand un bureau a été ouvert en Guyane,
frère Moreau, qui avait été formé à la filiale de la Martinique,
a été nommé coordinateur de cette nouvelle filiale. Claude La­
vigne et sa femme Rose-Marie effectuaient leur service de mis­
sionnaires à Kourou, en Guyane, quand ils ont été désignés
pour servir dans la circonscription en Martinique. Aujourd'hui,
ils sont missionnaires en Guinée. D'autres ont servi moins long­
temps comme surveillants de circonscription, mais nous gar­
dons d'eux tous un souvenir affectueux, car ils étaient zélés
et fidèles. Ceux qui étaient mariés ont trouvé en leurs femmes
des compagnes précieuses qui ont été de bons exemples pour
les sœurs dans les congrégations. Actuellement, Alain Castel­
neau et Moïse Bellay, accompagnés de leurs femmes, rendent vi-
201
Martinique
site aux congrégations de deux circonscriptions, congrégations
qui comptent en moyenne cinq anciens et sept assistants minis­
tériels.
Bien que la Martinique ne soit qu'une petite île, les servi­
teurs de Jéhovah qui s'y trouvent ont bénéficié de la surveil­
lance pleine d'amour de membres du Collège central. Ewart
Chitty; Daniel Sydlik, Karl Klein, William Jackson, Lloyd Barry
et Milton Henschel, ainsi que d'autres surveillants de zone, sont
venus dans l'île. Les 12 frères et sœurs qui vivent et servent au
Béthel, ainsi que tous les Témoins de Jéhovah de la Martinique,
ont beaucoup apprécié leurs visites.
' Jéhovah voit les humbles '
Le psalmiste David a écrit : " Jéhovah est élevé, et pourtant
il voit l'homme humble. " (Ps. 1 38:6). Le disciple Jacques a
ajouté qu' " aux humbles [Dieu] donne la faveur imméritée ".
(Jacq. 4:6.) Cela est particulièrement évident chez les habitants
de la Martinique que Jéhovah a attirés à lui.
Christian Bellay et sa femme Laurette, qui vivaient alors à
Fort-de-France, ont goûté la faveur imméritée de Dieu. Ils
étaient troublés par le fait qu'il existe plusieurs religions à la
Martinique. Laquelle était approuvée par Dieu ? Lorsqu'il a lu
Révélation 22: 18, 19, Christian Bellay a pensé avoir trouvé la
clé de l'énigme. Laquelle de ces religions n'ajoute ni ne retran­
che quoi que ce soit à la Parole de Dieu ? Après avoir examiné
les faits, il a été convaincu que c'était la religion des Témoins de
Jéhovah. Mais il a aussi compris qu'il devait appliquer la même
règle à sa propre vie, c'est-à-dire ne rien y ajouter et ne rien en
retrancher. Or jusque-là il vivait en concubinage avec Laurette.
Il l'a donc officiellement épousée en 1956. À cette occasion,
c'était la première fois qu'unTémoin de Jéhovah donnait un dis­
cours de mariage à la Martinique. L'année suivante, ils ont été
baptisés dans la rivière Madame, à Fort-de-France. Le père et
la mère de Christian, ainsi que son frère Léon, et Alexandre, le
202
Annuaire 1998
frère de Laurette, ont tous accepté la vérité. Moïse Bellay, un des
fils de Christian et Laurette, est,actuellement surveillant de cir­
conscription. Cette famille a vraiment goûté la faveur imméri­
tée de Jéhovah.
De simples actes de bonté en faveur des serviteurs de Jého­
vah peuvent valoir des bénédictions aux hommes bons qui les
font (Mat. 10:42). Cela s'est vérifié dans le cas d'Ernest Lassus,
propriétaire d'une bijouterie
à Fort-de-France.
Il prenait réguliè­
rement le périodique Réveillez-vous ! Ce n'est pas que son con­
tenu l'intéressait ! C'était plutôt un geste de bonté de sa part.
Un jour, leTémoin de Jéhovah qui le lui apportait s'est mis
à lui
expliquer que seul Jésus Christ, le Prince de paix, sera capable
d'établir la justice sur la terre. C'est ce qu'Ernest Lassus désirait.
Il a donc accepté que le Témoin lui rende visite chez lui, et une
étude de la Bible a été commencée. " Maintenant, dit Ernest, je
suis comblé. La plupart de mes enfants sont dans la vérité ; une
de mes filles est pionnière, et deux de mes fils sont anciens : l'un
est pionnier, et l'autre, plus âgé, est membre de la famille du
Béthel de la Martinique. "
Déterminés à servir Jéhovah
Il est encourageant de voir des jeunes gens se tourner vers Jé­
hovah et montrer leur gratitude pour ses directives pleines
d'amour. Beaucoup étaient désemparés par l'absence totale de
direction saine dans le monde, mais la Parole de Dieu les a aidés
à connaître le
but véritable de la vie (Eccl. 12:13). Grâce
seignement de la Bible, ils en viennent
un réel profit
à suivre le
à l'en­
à comprendre qu'on tire
conseil rapporté en Isaïe 30:21, savoir :
" Tes oreilles entendront une parole derrière toi, disant : ' Voici
le chemin. Marchez-y. ' "
Une jeune fille du nom de Claudia a posé de nombreuses
questions au Témoin qui rendait visite à sa famille. En raison de
la maladie du père, l'étude de la Bible avec la mère de la jeune
fille est devenue irrégulière, mais Claudia a continué
à étudier la
20 3
Martinique
Bible et
à mettre en pratique ce qu'elle apprenait. Après la mort
à tous ceux qui vou­
de son père, elle a donné le témoignage
laient prier pour l'âme de son père. Adoptant la même attitude
que la fillette israélite qui était au service de la femme de Naa­
mân, elle a encouragé sa mère
à assister aux réunions
de la con­
grégation (2 Rois 5:2-4). À la Salle du Royaume, elle s'est ins­
crite à l' É cole du ministère théocratique. Elle n'a pas tardé à
participer
à la prédication
et, en
1985,
elle s'est fait baptiser en
même temps que sa mère. Celle-ci a reconnu volontiers que si
elle avait fait de tels progrès spirituels, c'était dans une large me­
sure grâce
à sa fille.
Des jeunes gens ont saisi courageusement les occasions qui
leur étaient offertes de donner le témoignage
à l'école. Au Fran­
çois, un professeur de français a demandé
ses élèves de faire
à
des recherches sur les différentes religions de la Martinique. Ro­
selaine, qui avait alors
18
ans, et une camarade de classe ont eu
ainsi la possibilité de donner un excellent témoignage en se ser­
vant du livre L 'humanité à la recherche de Dieu. Elles ont laissé
une vingtaine de livres à des camarades et au professeur.
Même si les sujets de discussion
à
l'école suscitent des
controverses, les jeunes Témoins de la Martinique n'hésitent pas
à
s'exprimer et
à
faire connaître clairement les principes de la
Parole de Jéhovah. Mary-Suzon Monginy raconte : " Un jour,
alors que nous traitions des problèmes liés
à la surpopulation, le
professeur a parlé des procédés modernes de contraception. La
question de l'avortement a été soulevée, provoquant une vive
polémique. J'ai demandé au professeur l'autorisation de présen­
ter le lendemain des renseignements appuyant mon point de
vue. Il a accepté et, pendant près de deux heures, nous avons eu
une discussion avec toute la classe. " Les renseignements étaient
tirés de l'édition française de Réveillez-vous ! du 22 août
1980,
notamment de l'article " Journal d'une fillette qui n'a jamais
vu
le jour " . Après cette discussion, les élèves de la classe ont
adopté une meilleure attitude envers les Témoins de Jéhovah.
204
Annuaire 1998
La population de la Martinique est jeune. Les jeunes en gé­
néral se laissent entraîner, en désespoir de cause, dans le vide
d'un système économique qui, de façon peu sage, met l'accent
sur les biens matériels. Mais les jeunes Témoins de Jéhovah ap­
précient les valeurs spirituelles. Il est encourageant de voir les
Salles du Royaume de la Martinique remplies de jeunes gens qui
désirent apprendre à connaître Jéhovah et ses voies.
Affranchis de l'esclavage de la drogue
Comme dans d'autres pays où le matérialisme a supplanté
les valeurs spirituelles, de nombreux jeunes Martiniquais ont
ruiné leur santé et leur vie en faisant usage de crack et d'autres
drogues. Toutefois, le christianisme véritable a libéré certains
d'entre eux de ces pratiques néfastes. Paul-Henri et Daniel, de
Fort-de-France, faisaient tous deux partie de la communauté
rasta au sein de laquelle on usait librement de marijuana. Les
rastas ont leur propre compréhension de ce que l' Apocalypse
dit au sujet des ' feuilles des arbres pour la guérison des na­
tions '. Mais ils ne cherchent même pas à expliquer le reste de
ce livre de la Bible. Paul-Henri et Daniel, quant à eux, désiraient
le comprendre, et lesTémoins de Jéhovah se proposaient de les y
aider.
Paul-Henri et Daniel déclarent : " Nous hésitions à assister
aux réunions des Témoins de Jéhovah, parce que nous crai­
gnions un accueil peu aimable du fait de notre apparence physi­
que plutôt repoussante. " Mais quand ils y sont allés, ils ont été
surpris par la gentillesse, la chaleur et la simplicité des Témoins
qu'ils ont rencontrés à la Salle du Royaume. La semaine sui­
vante, ils avaient les cheveux coupés et une tenue plus présenta­
ble. Peu de temps après, ils ont cessé de fumer et n'ont pas tardé
à communiquer à leur tour la bonne nouvelle à d'autres.
Paul-Henri ajoute : " Un jour, alors que je donnais le témoi­
gnage dans la rue, un inspecteur de police avec qui j'avais déjà
eu affaire à cause de la drogue s'est écrié, stupéfait : ' Mais c'est
205
Martinique
Grosdésormaux ! ' J'ai sorti de mon sac, non pas de la drogue,
mais ma Bible et des p ériodiques qu'il a acceptés avec joie tout
en me félicitant et en m'encourageant à continuer. C'est ce que
j'ai fait. Je me suis fait baptiser en 1984 et j'ai rejoint les rangs
des pionniers p ermanents en 1 985. Aujourd'hui marié et p ère
de famille, je suis ancien dans ma congrégation. Mon ami Da­
niel a progressé de la même manière dans la vérité. "
Les jeunes ne sont pas les seuls à désirer connaître la solu­
tion aux problèmes de la vie. Les adultes aussi. Dans le but d'ai­
der toutes les p ersonnes dont le cœur est disp osé à apprendre,
en avril et en mai 1995, la filiale a mis à la disp osition des con­
grégations, p our qu'elles les distribuent, 250 000 exemplaires des
Nouvelles du Royaume intitulées " Pourquoi la vie est-elle si dif­
ficile ? " La Martinique ne comptant que 330 000 habitants, cela
voulait dire que tous les adultes et de nombreux jeunes gens
p ourraient revevoir ce message imp ortant. Cela a donné lieu à
beaucoup de discussions constructives.
Un surveillant de circonscription a relaté qu'après avoir lu
le feuillet, une femme habitant la campagne a cherché à té­
lé p honer à la filiale. Dans sa p réci p itation, elle a fait un
mauvais numéro. :. qui s'est finalement révélé bon. C'était
celui d'une Salle du Royaume de Fort-de-France. Des procla­
mateurs s'y trouvaient justement, prêts à aller prêcher en com­
pagnie du surveillant de circonscription. Elle a demandé : " S'il
vous plaît, envoyez-moi un Témoin de Jéhovah le plus vite p os­
sible. Je veux étudier la Bible. " Le lendemain, elle recevait l'aide
désirée.
Enfin notre Salle d'assemblées
Trouver des lieux p our nos assemblées de district était de­
venu un gros p roblème. Le nombre des assistants ne ces­
sait d'augmenter. De plus, le hall des sp orts que nous utilisions
p our nos assemblées ne convenait plus. Q!ie p ouvions-nous
faire ?
206
Annuaire 1998
À cette
époque, un surveillant de la congrégation de Ri­
vière-Salée cherchait un terrain pour y construire une Salle du
Royaume.
À sa grande surprise, on lui a proposé un terrain de
six hectares, beaucoup plus que ce qui était nécessaire pour une
Salle du Royaume. La providence a fait qu'il se trouvait dans
la partie centrale de l'île. Sur ce terrain, il y avait un vieux han­
gar métallique qui, bien qu'abîmé, pouvait servir temporaire­
ment de lieu d'assemblées. Nous y avons organisé une première
assemblée en 1985. Le nombre des assistants s'est élevé à 4 653,
soit 600 de plus que l'année précédente.
On a commencé à travailler à la construction d'un nouveau
-
bâtiment en 1992. Des frères et sœurs d'Italie sont venus, à leurs
frais, nous aider dans cette tâche. Les Témoins de l'île ont donné
généreusement de leur temps et de leur argent. Le travail est
maintenant terminé. Cette belle Salle d'assemblées peut accueillir
5 000 personnes ; c'est le plus grand auditorium de la Martinique.
Il n'est plus nécessaire de repousser la date de nos assemblées
- souvent au dernier moment
-
à cause des matchs de foot­
ball en retard. Fini également le travail pénible qui consistait à
monter, à démonter, à transporter et à stocker toute la structure
métallique du bâtiment démontable. Notrë Salle d'assemblées,
située au milieu de fleurs, de palmiers royaux et de flamboyants,
honore Jéhovah.
Une organisation qui loue Jéhovah
Jéhovah a fait en sorte qu'au cours du demi-siècle écoulé le
culte pur s'enracine et prospère à la Martinique. Au moyen de
son organisation, il a formé ceux qui allaient se voir confier la
surveillance de son œuvre. Xavier Noll et sa femme ont reçu
une formation de missionnaire lors de la 3 1 classe de Guiléad.
•
Plus tard, frère Noll a reçu une formation complémentaire en
suivant le cours de dix mois à Guiléad, en 1964. Cette forma­
tion s'est révélée particulièrement utile quand le Collège central
a décidé d'ouvrir une filiale à la Martinique, en février 1977.
1
Enfin une Salle d'assemblées, à Rivière-Salée.
Les premiers membres du Comité de la filiale étaient Xavier
Noll, le coordinateur, Valentin Carel et Gérard Trivini. Plus
tard, Armand Faustini, qui avait servi de nombreuses années
comme surveillant itinérant, a été nommé au comité. Après la
mort de frère liivini et le départ de frère Carel pour la France,
Henri Ursulet a été nommé, en septembre 1989, pour être le
troisième membre du Comité de la filiale. Il est né en 19 54,
l'année où Xavier et Sara Noll sont arrivés de la métropole
pour se consacrer au ministère en Martinique. Tout comme Ti­
mothée, compagnon de l'apôtre Paul, depuis sa petite enfance,
Henri a bénéficié de l'exemple de foi de sa mère.
2 Tim. 1:5.
-
208
Annuaire 1998
En 1 975, il y avait dans l'île 1000 proclamateurs répartis
dans 15 congrégations. En 1997, on a enregistré un maximum
dépassant les
46
4 000
proclamateurs. Tous servent Jéhovah dans
congrégations. Au cours de ces
20
dernières années nous
avons enregistré un accroissement annuel moyen de 7 %.
Il y a déjà un Témoin pour 90 habitants à la Martinique, et
plusieurs milliers d'études bibliques sont dirigées avec des per­
sonnes qui s'intéressent à la vérité. L'œuvre de Jéhovah est très
connue dans toute l'île, et ses Témoins sont tout aussi connus.
Il est de plus en plus difficile de dire du mal des Témoins de Jé­
hovah, car il y a toujours quelqu'un à proximité pour repren­
dre les calomniateurs. Le témoignage dans les rues, sur les pla­
ces, sur les marchés et sur les parkings des hôpitaux et des
centres commerciaux permet de faire connaître largement le
message du Royaume aux gens. Qyand ceux-ci entendent quel­
qu'un demander à la porte de leur maison : " To-to-to, ily a du
monde ? " ils savent tout de suite que des Témoins de Jéhovah
viennent leur parler du Royaume de Dieu.
Dans certaines parties de l'île, il n'est pas rare que des terri­
toires soient parcourus chaque semaine. Qyand les proclama­
teurs vont prêcher, ils n'ont peut-être que 10 ou 1 5 maisons
où se rendre. Dans ces régions, ils donnent le témoignage à des
gens qui entendent fréquemment le message. Il leur faut donc
varier leurs introductions et les thèmes de leurs discussions. Ils
doivent faire un bon usage de toutes les méthodes et sugges­
tions proposées par l'esclave fidèle et avisé. Jusqu'alors, les Té­
moins des territoires français ne donnaient que très rarement le
témoignage dans les rues ; mais maintenant cette forme de pré­
dication est en train de devenir une facette intéressante et pro­
ductive de leur ministère.
" Si Bon Dié Lé "
Les Martiniquais ponctuent régulièrement leurs propos de
l'expression " Si bon Dié lé " (" Si Dieu le veut "). Ce que Dieu
209
Martinique
veut est clairement exprimé dans la Bible. En Psaume 97 :1, on
lit : " Jéhovah lui-même est devenu roi ! Q!ie la terre soit en
joie. Q!ie les îles nombreuses se réjouissent. " Psaume 148 : 1 3
ajoute : " Q!i'ils louent le nom de Jéhovah. " Et, par l'intermé­
diaire du prophète Isaïe, Jéhovah lance cette invitation at­
trayante : " Ah ! si seulement tu étais bien attentif à mes com­
mandements ! [... ] ta paix deviendrait comme
un
fleuve. " (Is.
48 : 18 ). Dans sa bonté, Dieu désire que " toutes sortes d'hom­
mes soient sauvés et parviennent à une connaissance exacte
de la vérité ". (1 Tim. 2 :4.) La volonté de Dieu est également
d'affranchir sa création, de la libérer de ses chaînes et de faire
que la terre entière devienne
un
paradis habité par des humains
de toutes races et couleurs, unis dans le culte de leur Créateur
(Rom. 8 : 19 -2 1). La possibilité de bénéficier de la réalisation de
ce dessein plein d'amour est toujours offerte à tous les habi­
tants de la Martinique.
Comme le reste du monde, la Martinique a beaucoup
changé au cours des dix dernières années. La drogue, le maté­
rialisme et la décadence morale ont transformé ce qui était au­
paravant un paradis idyllique. La Parole de Dieu a annoncé
ces changements dans l'attitude des hommes et les conditions
qui en résultent (2 Tim. 3: 1-5). Mais ce n'est pas la volonté de
Dieu qu'il en soit ainsi. Bien au contraire, Jéhovah continue de
faire venir d'entre les peuples ceux qu'il appelle les " choses dé­
sirables " et de préparer ses serviteurs à la vie qui sera la leur
dans le Paradis dont ils constitueront la société humaine (Hag.
2 :7 ). Ces hommes et ces femmes ne sont pas de ceux qui, in­
différents, ne font rien, pensant que, si telle est la volonté de
Dieu, cela arrivera de toute façon. Bien au contraire, ils exami­
nent soigneusement les Écritures pour découvrir quelle est la
volonté de Dieu, après quoi, motivés par l'amour, ils accom­
plissent avec zèle les œuvres qui lui plaisent. - Actes 17 : 11 ;
Tite 2 :13, 14.
P A R A G UAY
f\U CŒUR de l'Amérique du Sud, enclavé entre plu­
.r\.sieurs pays, se trouve le Paraguay. Qye veut dire ce
nom ? Les opinions sont partagées, mais, selon un point
de vue répandu dans le pays, il signifie " le fleuve qui
vient de la mer ". Les Indiens de la région croyaient que
certains marais brésiliens, où le fleuve Paraguay prend sa
source, étaient aussi immenses que la mer. Ce fleuve tra­
verse le pays du nord au sud et le coupe en deux : à l'est
s'étendent des plaines vallonnées, des champs fertiles de
terre rouge et des forêts épaisses ; à l'ouest, c'est le Chaco,
à la population clairsemée, région de savanes, de brous­
sailles et de vastes marécages habités par des nuées d'in­
sectes et une grande variété d'oiseaux tropicaux aux cou­
leurs chatoyantes.
Le Paraguay est un pays où les techniques modernes
contrastent avec la simplicité de ceux qui travaillent la
terre. Les avions à réaction et les satellites de télécommu­
nications ont ouvert la p orte à la connaissance du
monde. Les gratte-ciel d'Assomption, la capitale, se déta­
chent nettement sur l'horizon. Le long de la côte est du
pays, sur le Parana, se situe ltaipu, une centrale hydro­
électrique dont la puissance énergétique n'a pas sa pareille
dans le monde.
On pourrait penser que le Paraguay est un pays où
l'on parle espagnol, mais cela n'a pas toujours été
le cas, et ne l'est pas tout à fait aujourd'hui. Les pre­
miers habitants étaient les Indiens guaranis. Vers 1 520,
211
212
Annuaire 1998
des explorateurs portugais, sous le commandement d'Alejo Gar­
da, ont été les premiers Blancs à pénétrer dans le pays. Au cours
de la décennie suivante, les Espagnols ont commencé à s'établir
dans la région de l'actuelle Assomption. Le pays est resté sou­
mis à l'Espagne jusqu'en
18 1 1, mais la langue guarani n'a jamais
été remplacée par celle des conquistadors. C'est ainsi que de nos
jours le guarani, dialecte aux accents mélodieux, est la langue
maternelle de la plupart des Paraguayens, officiellement recon­
nue, au même titre que l'espagnol.
Qielques dizaines d'années après l'arrivée des explorateurs eu­
ropéens, les jésuites sont venus convertir les Guaranis au catholi­
cisme romain. Ceux-ci n'avaient alors ni idoles ni temples. Mais
les jésuites ont rassemblé les Indiens dans des villages où ils leur
ont enseigné les rites et les hymnes catholiques tout en leur appre­
nant un métier et en les aidant à développer leurs aptitudes. Ils se
servaient de ce que gagnaient les Indiens non seulement pour leur
procurer les éléments indispensables à la vie, mais aussi pour ac­
croître leur propre richesse et leur pouvoir. Avec convoitise, de
nombreux propriétaires espagnols se sont plaints au roi d'Espa­
gne, Charles III, de la puissance croissante des jésuites. Cette
plainte, formulée non par les Guaranis mais par les colons catho­
liques, a été un facteur déterminant menant à l'expulsion des jésui­
tes de l'Empire espagnol en
1767 . Cependant le catholicisme qu'ils
avaient enseigné exerçait toujours une influence sur la vie des per­
sonnes. Elles en avaient adopté les pratiques extérieures tout en res­
tant attachées dans de nombreux cas à certaines croyances du pays,
ce qui a favorisé une atmosphère propice à la superstition. Dès
lors, la forte influence du clergé catholique s'est fait sentir.
Cet héritage religieux n'a pas apporté la paix dans le pays.
L'histoire du Paraguay est marquée par des guerres qui ont laissé
de profondes cicatrices dans la vie des gens. De
1864 à 1870 ,
sous Francisco Solano L6pez, le Paraguay a livré bataille au Bré­
sil, à l'Argentine et à l'Uruguay. Les conséquences ont été désas­
treuses : selon les rapports disponibles, le pays comptait au début
Paraguay
Juan Muiiiz
a intro duit le message
du Roya ume au Paraguay.
de la guerre une population
probablement supérieure à un
million de personnes ; à la fin
du conflit, il semble qu'elle
se chiffrait à environ 220 000,
dont au moins 1 90 000 fem­
mes et enfants. D'autres guerres ont suivi, une où le Paraguay et
la Bolivie se disputaient la propriété du Chaco, d'autres à cause
de troubles politiques. Il n'est donc pas surprenant que les Para­
guayens qui voulaient dominer les autres aient fréquemment re­
couru à la force pour atteindre leurs objectifs.
C'est dans ce pays que la bonne nouvelle du Royaume de Jé­
hovah a été apportée, d'abord, avant 1914, au moyen de tracts bi­
bliques reçus par la poste, puis, à partir de 1925, par des procla­
mateurs. Ainsi, l'eau provenant d'un autre fleuve, non du fleuve
Paraguay ni du Parana, mais d"' un fleuve d'eau de la vie ", est
devenue disponible ici comme elle l'est ailleurs sur la terre.
- Rév. 22: 1 .
Les débuts d e la vérité du Royaume
Joseph Rutherford, alors président de la SociétéWatchTower,
avait demandé à Juan Muftiz de partir d'Espagne pour organiser
et étendre la prédication de la bonne nouvelle en Argentine. Le
2 14
Annuaire 1998
12 septembre 1 924 , frère Muiiiz est arrivé à Buenos Aires et, peu
après, il s'est de lui-même rendu en Uruguay et au Paraguay pour
y répandre le message du Royaume. Les graines de la vérité bibli­
que étaient semées, mais il y avait peu de progrès.
En
1932, le Paraguay s'est retrouvé impliqué dans une autre
guerre, qui l'opposait cette fois à la Bolivie. La population a
de nouveau été décimée. L'économie nationale et la sécurité de
ceux qui pourraient venir de l'étranger pour apporter la bonne
nouvelle du Royaume étaient menacées. Néanmoins, alors
qu'une guerre de grande envergure se préparait, en
1934 la filiale
d'Argentine a envoyé trois Témoins de Jéhovah au Paraguay afin
qu'ils invitent les personnes au cœur sincère à boire "l'eau de la
vie " gratuitement. Il s'agissait de frères Martonfi, Koros et Re­
bacz. - Rév. 22 : 17 .
L'opposition farouche du clergé
"En octobre de cette année, a écrit frère Rebacz, nous étions
prêts pour gagner l'intérieur du pays. Nous avions chacun deux
cartons de publications et une valise. Nous nous sommes rendus
d'Assomption à Paraguari en train, puis, en raison de l'absence
de moyens de transport, nous avons effectué le reste du voyage à
pied jusqu'à notre première destination, Carapegua, à une tren­
taine de kilomètres. Cette nuit-là, nous avons dormi à même le
sol, les publications près de notre tête. Le lendemain, quand nous
avons commencé à donner le témoignage, le prêtre du village a
rendu visite aux habitants en leur disant de ne pas nous écou­
ter. Puis, en compagnie d'une autre personne, il est allé à cheval
au village voisin pour ordonner aux gens de ne pas nous écouter
et de nous chasser de leur hameau, ce que certains ont essayé de
faire."
À cause de la pression du prêtre, les frères laissaient rarement
des publications bibliques, et certaines personnes rendaient même
celles qu'elles avaient acceptées.
À partir de Carapegua, lesTémoins
se sont déplacés d'un village à l'autre : à Quiindy, à Caapucu, à
215
Paraguay
Villa Florida et à San Miguel. Pour atteindre San Juan Bautista, ils
ont marché toute la journée, ce jusqu'à minuit, ont dormi dans un
champ, puis ont continué leur route
en
se levant tôt le lendemain
matin. Arrivés en ville, les frères sont d'abord allés expliquer ce
qu'ils faisaient à la police, qui les a reçus avec respect. Après quoi
ils ont passé une journée entière dans le ministère public.
Cependant, le lendemain, lorsque frère Martonfi est sorti de
la cabane qu'ils avaient louée, une surprise l'attendait. Il a ap­
pelé frère Rebacz, qui se trouvait encore à l'intérieur, en di­
sant : " Aujourd'hui, il y a du nouveau. " Les publications qu'ils
avaient distribuées la veille avaient été déchirées en mille mor­
ceaux répandus autour de la cabane. Sur certains morceaux
avaient été écrites des insultes et des obscénités, ainsi que des me­
naces selon lesquelles ils ne quitteraient pas la ville vivants.
Alors qu'ils prenaient leur petit-déjeuner, la police est arrivée
et les a arrêtés. �'est-ce qui avait provoqué ce revirement ? Frère
Rebacz a déclaré par la suite : " Lorsque nous leur en avons de­
mandé la raison, les policiers nous ont montré un journal dans
lequel nous étions accusés d'être des espions boliviens se faisant
passer pour des prédicateurs. Le directeur du journal était le prê­
tre le plus important du district. "
Retour à Assomption
Les deuxTémoins ont été envoyés prisonniers à Assomption.
C'était un long voyage à pied. Un garde armé les accompagnait
constamment d'un poste de police à l'autre. Le long de la route,
des gens les insultaient et leur jetaient des détritus. Mais la police
traitait les frères avec respect, disant même que l'inculpation d'es­
pionnage était ridicule. Parfois, des agents de la police montée
portaient leurs bagages ; l'un d'eux a même permis à frère Mar­
tonfi de monter à cheval pendant que lui marchait et écoutait ce
que frère Rebacz disait à propos du Royaume de Dieu.
Toutefois, à �iindy, où les frères ont été livrés à l'armée, le
traitement s'est durci. Pendant 14 jours, on les a gardés dans la
216
Annuaire 1998
salle de police, on leur a ordonné de s'asseoir sur des chaises en
bois à dossier droit, on leur a interdit de s'allonger ou de se lever,
on les a insultés et frappés avec une cravache. Plus tard, à Para­
guari, ils ont été emmenés à la gare, menottes aux poignets, es­
cortés par 12 soldats armés de baïonnettes. Là, ils ont été remis à
la police pour le reste du voyage jusqu'à Assomption.
Dans la capitale, leurs conditions d'emprisonnement étaient
également dures, mais les frères se sont servis de la Bible qu'ils
avaient encore pour donner le témoignage aux autres prison­
niers. Après une semaine de détention, ils ont fini par être con­
duits au bureau du chef de la police où se trouvait aussi le mi­
nistre de l'intérieur, le colonel Rivarola. (Par la suite, on a appris
que, lorsqu'il avait été mis au courant des charges portées contre
les frères dans le journal de San Juan Bautista, le colonel Rivarola
avait envoyé des télégrammes aux chefs militaires pour s'assurer
que les frères étaient arrivés dans la capitale sains et saufs.) " Les
deux hommes ont exprimé leurs regrets de ce qui s'était passé, a
dit frère Rebacz. Ils ont déclaré que, bien que le pays soit catho­
lique, la liberté religieuse y était assurée et que nous étions auto­
risés à continuer de prêcher de maison en maison comme nous
l'avions fait jusqu'alors, mais que, pour notre sécurité, nous ne
devrions pas quitter la capitale. "
Op.and frère Muiiiz, à Buenos Aires, a appris ce qui était ar­
rivé aux frères, il leur a envoyé des instructions pour qu'ils ren­
trent en Argentine jusqu'à la fin de Ja guerre, qui a effectivement
eu lieu l'année suivante. Néanmoins, frère Koros, qui ne se trou­
vait pas avec ses deux compagnons au moment de leur arresta­
tion, est demeuré à Assomption.
Les premiers fruits du Paraguay
Vers cette époque, un des pionniers avait rencontré un
homme qui lui avait demandé des publications en arabe pour
son beau-père, originaire du Liban. C'est ainsi que Julian Hadad
a reçu un livre qu'il a fini par chérir. Convaincu d'avoir trouvé la
217
Julian Hadad,
l'un des premiers
à accepter l a vérité
biblique au Paraguay.
vérité, il s'est mis à l'enseigner à ses enfants. Il a également écrit à
la Société pour qu'elle lui envoie des publications qu'il pourrait
distribuer à ses voisins. �elques années plus tard, un pionnier a
retrouvé Julian à San Juan Nepomuceno et lui a fourni une aide
spirituelle supplémentaire. En 1940, les Hadad se sont fait bapti­
ser et sont devenus les premiers proclamateurs paraguayens. De­
puis lors Julian, un de ses fils et plusieurs petits-enfants ont eu la
joie de goûter au service de pionnier, service dans lequelJulian a
persévéré jusqu'à peu de temps avant sa mort, survenue à l'âge de
77 ans.
Entre-temps, la guerre du Chaco avait poussé Juan José Bri­
zuela à réfléchir sérieusement sur le but de la vie. Il avait été blessé
et fait prisonnier par les Boliviens. Là, il avait vu des veuves pleu­
rer pour leurs enfants qui n'avaient plus de père et des prêtres ca­
tholiques bénir les soldats boliviens. Il se rappelait que, lorsqu'ils
étaient soldats au Paraguay, lui et d'autres avaient reçu les mê­
mes bénédictions. Il s'est donc dit : " Il y a certainement quel­
que chose qui ne va pas. Si Dieu existait, il n'agirait pas ainsi.
Mais si Dieu existe vraiment, je le chercherai jusqu'à ce que je le
trouve. "
Annuaire 1998
Brizuela , baptisée en 1 946,
est toujours pionnière spécia le.
Ji. Jovita
S eba stia na Va zquez �
sert Jéhova h depuis 1 942.
Après la guerre, Julian Hadad a rencontréJuanJosé à Carmen
del Parana. Se servant de la Bible, Julian l'a aidé à trouver des ré­
ponses satisfaisantes à ses questions. Comme l'apôtre Paul l'a dit
il y a longtemps, Dieu a donné la possibilité aux humains qui " le
cherchent à tâtons " de ' le trouver réellement '. (Actes 1 7 :27.)
Juan José a vite constaté qu'il avait trouvé le vrai Dieu, Jéhovah
(Deut. 4:35 ; Ps. 83: 18). Il s'est fait baptiser en 1945 et sa femme,
Jôvita, en 1946.
Pendant ce temps, on parlait aussi de la vérité biblique à un
étal de légumes au marché de San Lorenzo. Ce n'était pas un Té­
moin de Jéhovah qui prêchait, mais simplement une femme qui
avait montré de l'intérêt pour les enseignements des Témoins. Se­
bastiana Vazquez, quoiqu'analphabète, écoutait avec attention.
Afin de faire des progrès spirituels, elle a appris à lire, après quoi,
en 1 942, elle s'est fait baptiser et est devenue Témoin de Jéhovah.
La foi d'un petit groupe est mise à l'épreuve
En 1939, on a formé au Paraguay la première congrégation,
ou groupe, comme on disait alors. Il n'y avait que deux procla-
Paraguay
219
mateurs, mais c'étaient des prédicateurs zélés. Au cours de cette
année de service, ils ont passé 847 heures en prédication et dis­
tribué 1 740 livres et brochures. Les réunions avaient lieu à As­
somption dans un foyer privé qui se situait sur l'actuelle avenue
Gasp ar Rodriguez de Francia (autrefois Amambay), entre les rues
Antequera et Tacuari. Cinq ou six p ersonnes seulement se réunis­
saient dans une pièce de 1 6 mètres carrés. Cet endroit s'est avéré
très utile jusqu'en 1944.
L'année d'après, les frères ont commencé à utiliser deux pho­
nographes électriques p our diffuser des enregistrements de brefs
discours sur des sujets bibliques variés. Les membres du clergé
étaient si furieux qu'ils ont demandé au gouvernement d'inter­
dire toute activité des Témoins de Jéhovah. Mais les Témoins ont
continué. À l'évidence, ces discours clairs basés sur les Écritures
étaient efficaces. Pendant les deux années suivantes, pareils enre­
gistrements en plusieurs langues ont p ermis de toucher les p opu­
lations p olonaise, russe, allemande et ukrainienne qui s'étaient
installées dans le sud du pays.
La famille Golasik, qui vivait dans une colonie polonaise et
ukrainienne près d'Encamaci6n, a été l'une des premières à ac­
cepter la vérité dans cette région. Peu après, Roberto Golasik,
équip é d'un phonographe et de publications, s'est rendu à che­
val dans les autres colonies p our y donner le témoignage. Au dé­
but, les réunions avaient lieu une fois par mois, puis deux fois par
mois et, par la suite, une fois par semaine. De temps en temps,
des p ersonnes originaires de cinq groupes linguistiques différents
y assistaient, mais toutes apprenaient petit à p etit la langue pure
de la vérité biblique. - 1Seph. 3:9.
Malheureusement, ceux qui ont contribué à donner le témoi­
gnage à cette ép oque ne sont pas tous restés sur la route étroite
qui mène à la vie. Le resp onsable du dép ôt des publications de
la Société à Assomption a commencé à prôner des p oints de vue
p ersonnels. Lorsqu'il a quitté l'organisation de Jéhovah, d'autres
220
Annuaire 1998
en ont fait autant. Le nombre des proclamateurs est alors passé
de 33 en 1943 à 8 en 1944. Q!i'allait-il se passer ? Jéhovah a béni
ceux qui se sont montrés de fidèles Témoins, et son organisation
s'est de nouveau agrandie. - Ps. 37:28.
Les missionnaires apprennent les coutumes du pays
Par amour et par souci du bien-être des brebis, la filiale cl' Ar­
gentine a envoyé Gwaenydd Hughes pour diriger l'œuvre au Pa­
raguay. Q!iand il a été invité en 1945 à assister aux cours de Gui­
léad, l' École biblique de la Société Watchtower, des dispositions
ont été prises pour que Ieuan et Delia Davies aillent au Paraguay.
Cependant, comme ils tardaient à obtenir les papiers nécessai­
res au voyage, c'est Hollis Smith, diplômé de Guiléad, qui est ar­
rivé le premier au Paraguay et qui a accueilli frère et sœur Davies
lorsqu'ils ont débarqué à Assomption à la fin de l'année. Q!iel­
ques jours plus tard, Albert et Angeline Lang, eux aussi diplô­
més de Guiléad, sont arrivés par avion. D'autres les ont suivis.
Une maison qui servirait de logement pour les missionnaires et
de lieu de réunion pour la congrégation locale a été louée. Tous
les missionnaires étaient impatients d'accomplir leur service,
mais, bien entendu, il leur fallait connaître le mode de vie de la
population.
Ils se sont rendu compte que, bien qu'ayant une faible con­
naissance de la Bible, les gens étaient très religieux. Chaque
ville avait son " saint " patron, généralement associé à la " vierge
Marie " .
Nombre des coutumes qu'ils découvraient les charmaient.
Sur les marchés, il y avait des fruits et des légumes en quan­
tité ; les femmes tenaient de grands paniers lourdement chargés
en équilibre sur la tête. Dans les magasins, les commerçants ven­
daient le iianduti : il s'agit d'une dentelle faite à la main et d'une
finesse arachnéenne. Par ailleurs, les missionnaires ont tôt fait de
constater que les gens commençaient à travailler de bonne heure
et qu'à midi tout le monde s'arrêtait pour la sieste pendant les
22 1
Paraguay
heures les plus chaudes de la journée. Lorsqu'ils sont allés chez
les personnes p our leur transmettre le message du Royaume, ils
se sont rendu compte qu'il fallait se tenir à la grille et battre des
mains, n'entrant dans la cour qu'après y avoir été invités. Ils ont
apprécié l'amabilité, la simplicité et la chaleur des Paraguayens.
Mais ils ont également dû apprendre à communiquer avec eux
dans leur langue, non seulement en es p agnol, mais aussi en
guararu.
En avril 1 946, p eu après l'arrivée des missionnaires, frère et
sœur Davies ont été rapp elés en Argentine. Pablo Ozorio Reyes,
qui n'assistait aux réunions que de puis quelques mois, a été
choisi p our diriger l'étude de La Tour de Garde, alors qu'il n'était
pas encore baptisé. Pourquoi si vite ? Parce qu'il parlait la lan­
gue locale et qu'il avait fait de bons progrès spirituels. Mais il a
rencontré des difficultés. Plus tard, frère Ozorio a écrit : " Peu de
temps après ma nomination, j'ai dû rectifier une mauvaise ré­
p onse lors de l'étude. Celui qui l'avait donnée est entré en fu­
reur et a voulu se battre avec moi sur-le-champ . Bien sûr, j'ai
refusé, et l'intervention d'un missionnaire a p ermis d'apaiser
la situation. Il n'y a rien de mieux qu'une certaine resp onsabi­
lité p our vous aider à mûrir. " Malheureusement, celui qui avait
un temp érament explosif a par la suite abandonné le service de
Jéhovah.
L'organisation de Jéhovah s'affermit
Avant la fin de
1 946, de plus grandes installations ont été né­
cessaires p our servir de centre à l'activité théocratique. Six autres
missionnaires, dont William et Fern Schillinger, étaient arrivés.
Une maison avec un grand jardin a donc été louée sur l'ave­
nue Mariscal L6p ez. Elle se trouvait juste en face du ministère
de la Défense. Un grand écriteau p ortant l'inscription " Salle du
Royaume " avait été mis bien en vue sur la p orte d'entrée, à tel
p oint que quiconque avait des relations avec la division militaire
du gouvernement ne p ouvait manquer de le voir.
222
William Scbillinger
a été missionnaire au Paraguay
pendant 40 ans,
jusqu'à la fin de sa vie.
Le 1er septembre de cette année-là, la Société a ouvert une fi­
liale au Paraguay dans le bâtiment qui venait d'être loué. L'or­
ganisation s'améliorant, le témoignage s'intensifiait, mais aussi
l'opposition. Il semble que le clergé se servait du confessionnal
pour obtenir des renseignements et susciter la peur afin d'empê­
cher les facteurs catholiques de distribuer les publications des Té­
moins de Jéhovah.
En novembre, frère Hugues est venu d'Argentine pour rendre
visite aux quatre petites congrégations existant alors et les affer­
mir. Il était allé à l' École de Guiléad et avait assisté à l'assemblée
théocratique internationale des nations joyeuses à Cleveland,
dans l'Ohio, où les sessions avaient été données en 20 langues et
où, le dernier jour, 80000 personnes s'étaient rassemblées dans
le stade pour écouter les discours. Il avait donc beaucoup à dire
aux frères qui avaient besoin d'être affermis afin de pouvoir con­
tinuer à servir Jéhovah face à l'adversité.
Au milieu de la révolution
Au début de 1947, la révolution a éclaté. Les forces gouver­
nementales ont placé des mitrailleuses sur le trottoir en face de
la maison de missionnaires. Après une journée de combats, une
certaine stabilité est revenue. Puis, le 7 mars, la situation s'est de
223
Paraguay
nouveau aggravée. C'était la guerre ouverte dans les rues, et la loi
martiale a été déclarée. Les rebelles ont pris d'assaut le quartier
général de la police en plein centre cl'Assomption.
S'attendant à ce que le siège principal de l'armée soit aussi at­
taqué, le commandant en chef a réquisitionné la maison de mis­
sionnaires à des fins militaires et a donné aux frères trois jours
pour quitter les lieux. Après qu'ils eurent fait appel, le délai a été
repoussé à dix jours. Au milieu d'une révolution et à une époque
de crise du logement, les frères se sont retrouvés eux-mêmes en­
gagés dans une campagne qu'ils ont appelée " Opération Recher­
che d'une maison ". Il semble que Jéhovah voulait que les hautes
autorités paraguayennes continuent d'être conscientes de la pré­
sence de ses Témoins : la seule maison disponible et convenable
était adjacente à la maison présidentielle, dans la rue où se trou­
vaient les ambassades.
Dans une lettre datée du 26 mars 1 947, le serviteur de la
filiale écrivit à propos de la révolution : " La situation s'aggrave
de jour en jour.
À l'heure où j'écris, un avion à quelques kilomè­
tres d'ici bombarde l'aéroport, du moins je le suppose. Il est la ci­
ble de canons antiaériens. Il y a des centaines de soldats autour de
la maison du président, et le bruit des armes est effrayant. L'air
est chargé de fumée de poudre à canon, l'odeur en est insuppor­
table. Les forces révolutionnaires se rapprochent de la ville ; nous
entendons le grondement régulier des canons et des bombes [ . . .].
Les conditions alimentaires empirent chaque jour. "
Les troupes révolutionnaires sont arrivées dans la ville à dix
blocs d'habitations de la maison des missionnaires avant que
les forces du gouvernement commencent à les repousser. Du­
rant tout ce temps, les frères poursuivaient leur œuvre de té­
moignage du mieux qu'ils le pouvaient. La révolution a continué
p e ndant environ six mois. Ce fut une véritable épreuve,
surtout p our les frères du pays ; les autorités les ont traités
avec cruauté parce qu'ils observaient une neutralité conforme au
christianisme.
22 4
Annuaire 1998
Ils n'abandonnent pas leur assemblée
Lorsque la révolution a pris fin, le pays a retrouvé le calme,
et certaines personnes qui avaient fui en Argentine sont reve­
nues. Il a donc été prévu d'organiser une assemblée, la première
au Paraguay, du
4 au 6 juin 1948 . Mais le Diable s'est chargé de
créer des troubles. Le 3 juin, il y a eu un coup d'État militaire :
le président et les membres de son cabinet ont été faits prison­
niers. La capitale était en pleine confusion.
QI'allait-il advenir de
l'assemblée ?
Les démarches pour louer une salle appropriée avaient tou­
tes échoué, mais Jéhovah avait pris d'autres dispositions. L'an­
cienne maison de missionnaires, qui se situait en face du quar­
tier général de l'armée, était inoccupée. Le propriétaire a accepté
de la louer aux frères pour leur assemblée. La maison était loin
du centre de la ville, où avait lieu l'agitation. Le jardin pourrait
être utilisé pour les sessions, et le bâtiment permettrait de loger
les assistants venus de loin. Tous se sont serré la main à la mode
paraguayenne. Plus d'une centaine de personnes étaient là pour
écouter le discours intitulé " Le bonheur pour tous les hom­
mes est proche ". Qiel discours opportun pour les habitants du
Paraguay !
La police tient la foule en respect
Depuis que les Témoins de Jéhovah ont entrepris leur œuvre
d'éducation biblique au Paraguay, le clergé s'y est fréquemment
opposé. En
1948 , le surveillant de circonscription avait prévu de
donner un discours public dans le petit parc du centre de Yuty,
village du sud du pays. Ce parc se trouvait juste en face de l'église
catholique. Le prêtre a incité les gens à interrom/>re le discours,
leur disant que les Témoins allaient diviser leur Eglise et les pri­
ver de leur religion. Avant le début du discours, une grande foule
d'individus se sont rassemblés devant l'église. Voyant lesTémoins
de Jéhovah (ils étaient huit) dans le parc de l'autre côté de la rue,
ils se sont mis à crier : " Hors d'ici, les protestants ! Hors d'ici,
225
Paraguay
les protestants ! Pendant ce temps, de nombreuses personnes at­
tendaient pour écouter le discours, mais craignaient d'entrer dans
le parc à cause de la foule.
"
Les policiers ont alors placé une mitrailleuse en face des ma­
nifestants, les prévenant que si quelqu'un traversait la voie ils ou­
vriraient le feu. Ils ont ainsi tenu la foule en respect jusqu'à ce que
les frères puissent quitter sans risque la zone. Toutefois, ils avaient
annoncé le discours toute la semaine et étaient déterminés à don­
ner aux personnes bien disposées l'occasion de l'écouter. Un Té­
moin du village a proposé sa maison. Une fois le discours donné,
un autre groupe est arrivé et a fait savoir qu'il voulait aussi l'écou­
ter ; le surveillant itinérant l'a donc présenté deux fois ce jour-là.
Ainsi, à Yuty, on commençait à voir la différence de fruits pro­
duits par deux genres de culte.
Les missionnaires face à l'expulsion
En règle générale, les autorités paraguayennes ont fait preuve
de tolérance religieuse, même si jusqu'en 1 992 la religion d'État
était le catholicisme. Les difficultés se rencontraient habituel­
lement dans les campagnes, et ce à l'instigation des prêtres lo­
caux et de leurs fervents partisans. Cependant, au début de 1950,
l'État a tenté d'expulser du pays les missionnaires de la Société
Watch Tower.
Une nouvelle loi exigeait que tous les immigrés se fassent en­
registrer au service de l'immigration et apportent une preuve de
leur activité. Mais lorsque les missionnaires ont essayé de se faire
enregistrer, on leur a dit que c'était impossible, car ils vivaient il­
légalement dans le pays et étaient donc en état d'arrestation. Il
semble que les autorités avaient reçu des rapports erronés sur la
nature de leur activité.
Certains hauts fonctionnaires étaient bien disposés, mais
même leurs efforts conjugués à ceux de l'ambassade américaine
paraissaient se heurter à un mur. En Amérique latine, la ques­
tion n'est pas de savoir qui vous êtes, mais qui vous connaissez,
226
Annuaire 1998
et dans ce cas les résultats ne se font pas attendre. Les frères, eux,
connaissaient une personne qui leur était favorable et qui travail­
lait au bureau du président. Par son intermédiaire, ils ont invité
le secrétaire du président à venir prendre un repas à la maison de
missionnaires, ce qu'il a accepté avec amabilité.
Les missionnaires ont ainsi eu la possibilité de parler de la na­
ture réelle de leur activité et des bienfaits qui pouvaient en ré­
sulter pour le pays. Ils ont également abordé le problème de l'en­
registrement, ce qui a beaucoup intéressé le secrétaire. Aussi, le
1 5 juin 1950, le premier des missionnaires a-t-il pu se faire enre­
gistrer comme immigré ayant le droit légal de rester dans le pays
pour continuer l' ceuvre d'éducation biblique.
Une journée difficile à la campagne
À cette époque, l'activité d'un surveillant de circonscription
s'accompagnait de tracas particuliers ; il fallait voyager de nom­
breuses heures durant et, parfois, endurer une opposition vio­
lente. Lloyd Gummeson, diplômé de l'École de Guiléad, a
commencé à servir à plein temps en qualité de surveillant de cir­
conscription en 1952. Après avoir passé du temps auprès d'une
congrégation au nord de Yuty, il a relaté ce qui s'est passé. Le ter­
ritoire proche ayant été récemment parcouru, des dispositions
avaient été prises pour aller prêcher dans une ville éloignée. Un
groupe de six frères et de quatre sceurs sont partis à 4 heures du
matin ; tous étaient à pied, sauf une sceur qui avait un enfant âgé
de un an.
À 1 1 heures, ils sont arrivés dans le territoire, se sont di­
visés en deux groupes et sont allés prêcher.
' Nous n'étions là que depuis une heure, a déclaré frère Gum­
meson, et nous donnions le témoignage, dans une hutte, à une
famille que le message intéressait lorsque le shérif et un soldat de
16
ans sont entrés, leurs fusils braqués sur nous. Le shérif a fer­
mement demandé à la famille de nous rendre les publications,
puis nous a ordonné de le suivre jusqu'au commissariat de police.
O!iand nous sommes arrivés, les autres proclamateurs s'y trou-
227
Paraguay
vaient déjà. J'ai essayé de raisonner avec le shérif, mais je me suis
rendu compte qu'il parlait seulement guarani, et non espagnol.
Rouge de colère, il nous a donné l'ordre de quitter les lieux et de
.
.
.
ne 1ama1s revenu.
' Après avoir marché environ un kilomètre, nous nous som­
mes assis sous un arbre pour déjeuner. Tout à coup, les frères et
sœurs se sont levés et se sont mis à courir. J'ai regardé autour de
moi, et qui ai-je
vu
? Le shérif accompagné d'un soldat qui ve­
naient à cheval, de longs fouets dans les mairis. J'ai alors pensé
qu'il serait mieux de rester avec le groupe, aussi ai-je pris mes jam­
bes à mon cou. Alors que je traversais un ruisseau, mes lunettes
de soleil sont tombées ; au moment où je me suis penché pour
les ramasser, j'ai senti le claquement ciriglant du fouet dans mon
dos. Ensuite, le shérif a voulu me piétirier avec son cheval, mais
comme je connaissais un peu les chevaux, j'ai balancé mon sac
de prédication devant lui, si bien qu'il ne s'est pas approché de
m01.
' Dans le même temps, le shérif a donné plusieurs coups de
fouet à trois autres frères, puis il a essayé de faire piétirier par son
cheval une pionnière de 70 ans. Firialement, lui et le soldat sont
repartis, et nous avons contiriué notre chemiri. Personne n'était
gravement blessé, bien que les coups de fouet aient laissé des mar­
ques rouge sombre sur le dos de certains. Mais aucun ne souf­
frait. Nous sommes arrivés chez nous à 8 heures du soir, après
16 heures de marche. '
Malgré de tels événements mouvementés dans quelques peti­
tes villes et villages, l'œuvre qui consiste à proclamer le Royaume
n'a cessé de prospérer.
Conséquence du changement gouvernemental
L'année
19 54 s'est
avérée cruciale dans la vie politique du
pays. Le gouvernement de don Federico Chavez a été renversé
et, le
11
juillet, le général Alfredo Stroessner a été élu président.
Airisi commençait une période de dictature militaire qui allait
228
Annuaire 1998
durer plus de
34 ans. Comment cela a-t-il affecté l'activité desTé­
moins de Jéhovah ?
Une assemblée de district de quatre jours était prévue du
25
au 28 novembre. Comme le Paraguay était soumis à la loi mar­
tiale, il nous fallait un permis de la police pour tenir n'importe
quelle réunion. Cela poserait-il un problème ? Les frères avaient
déjà pris des dispositions pour louer une salle, mais lorsqu'ils
sont allés chercher un permis pour organiser l'assemblée, on leur
a dit que ce serait impossible. Pourquoi ? Un policier a reconnu
que les prêtres faisaient pression sur eux. Après plusieurs visites
et discussions, on a fini par dire aux frères qu'ils n'auraient pas le
permis, mais que la police ne perturberait pas le programme de
l'assemblée. Les frères se sont donc abstenus d'annoncer le ras­
semblement par des prospectus ou par les journaux ; toutes les
invitations se faisaient discrètement de bouche à oreille. Ainsi,
l'assemblée a eu lieu sans interruption.
L'opposition religieuse se poursuit
Le clergé catholique n'a pas relâché ses efforts en vue d'arrê­
ter l'œuvre desTémoins de Jéhovah. Vers la fin de
1955, une pe­
tite assemblée de circonscription a été organisée à Piribebuy, à
72 kilomètres à l'est de la capitale. Le soir de la première journée,
le curé a conduit une foule armée de bâtons et de machettes afin
d'interrompre la réunion. Grâce à l'intervention d'un instituteur
de la ville, les manifestants ont reculé dans la rue. Là, ils ont passé
la soirée à crier et à lancer des pierres et des pétards.
Le
1 "' mars 1 957, l'opposition religieuse s'est de nouveau fait
sentir, cette fois-ci à Ita, au sud-est de la capitale. Bien avant cette
date, les frères avaient fait les démarches afin d'obtenir des autori­
tés de la ville et de la police de la capitale la permission d'organi­
ser leur assemblée de circonscription à Ita. Cependant, lorsqu'ils
sont arrivés, ils ont vu que quelque chose n'allait pas. Ita ressem­
blait à une ville fantôme : les rues étaient désertes, les volets et les
portes des maisons fermés. �e s'était-il donc passé ?
Paraguay
229
Le curé de la paroisse s'était juré que cette assemblée n'aurait
pas lieu et il s'était donné beaucoup de mal pour cela. Il avait
même fait le nécessaire pour qu'un avion répande à travers la
campagne des milliers de tracts, qui contenaient ce message :
" Vendredi 1"' mars 1957, à 17 h 30, grand rassemblement devant
l'église de tous les chrétiens catholiques de la ville et des districts.
[... ] À 1 8 h 30 puissante manifestation des catholiques contre les
faux ' Témoins de Jéhovah '. Les protestants hérétiques n'ont le
droit de tenir aucune assemblée ici à lta. "
Q,iand ils ont appris quels étaient les projets du prêtre Ayala,
les frères ont pensé qu'il serait préférable de modifier le lieu de
l'assemblée ; ils ne se réuniraient donc pas dans les installations
relativement ouvertes au public qu'ils avaient louées, mais dans
le foyer d'un frère qui fournirait une meilleure protection en cas
d'attaque.
Imaginez la scène : dans la maison du frère, une soixantaine
de chrétiens épris de paix se rassemblent pour examiner la Parole
de Dieu ; deux rues plus loin, une foule de plus de mille person­
nes, qui grossit de minute en minute, écoute la harangue du prê­
tre et son incitation à la violence.
Tous n'étaient pas d'accord avec lui. Solano Gamarra, un
sous-lieutenant de l'armée de l'air paraguayenne, a essayé de le
calmer et s'est adressé aux autres prêtres, mais en vain. L'un d'eux
était si furieux qu'il a frappé l'officier et lui a fendu la lèvre.
Voyant cela, les gens se sont rués comme des loups sur le lieute­
nant et l'ont battu, le blessant à la tête. Puis ils ont arraché sa che­
mise qu'ils ont fixée à une perche pour la brûler. Le lieutenant
Gamarra a dû fuir pour protéger sa vie.
Assoiffée de sang, la foule s'est alors tournée vers le lieu de
l'assemblée en criant : " À bas Jéhovah ! " " À mort Jéhovah !
Tandis que les émeutiers se dirigeaient vers la maison où avait
lieu l'assemblée, la faible protection de la police s'est volatilisée.
Les frères ont barricadé la porte à l'intérieur. Certains parmi la
"
1
Werner Appenzeller et sa femme, Alice,
missionnaires au Paraguay depuis 40 ans.
foule ont essayé de pénétrer dans la cour de derrière par la pro­
priété d'un voisin, mais celui-ci a tenu ferme et leur a interdit
le passage. Il n'avait pas oublié que, lorsqu'il avait été malade, le
Témoin dont la maison était maintenant prise d'assaut avait fait
preuve de bonté à son égard. Pendant ce temps, les frères fai­
saient leur possible pour continuer la réunion, mettant leur con­
fiance en Jéhovah. Par mesure de sécurité, tous ont passé la nuit
dans la maison. Le lendemain, un avis provenant de la police na­
tionale à Assomption a annulé le permis de l'assemblée afin de
protéger les Témoins parce que la police municipale ne pouvait
pas maîtriser la foule. Les assistants ont quitté la ville en chan­
tant joyeusement dans un autocar loué qui allait les amener à
la filiale, à Assomption, où ils termineraient leur assemblée.
Leur foi avait été éprouvée et ils en étaient ressortis fortifiés
spirituellement.
Reconnaissance officielle
Après les événements d'Ita, la filiale, à l'exemple de l'apôtre
Paul, a pris des mesures pour ' faire reconnaître la bonne nou-
231
Paraguay
velle en justice ' au Paraguay (Phil. 1:7 ; Actes 16:35-39). Il en
est résulté d'heureuses conséquences. Toutes les exigences léga­
les ayant été satisfaites, le 14 octobre 1957, la Watch Tower Bible
and 1iact Society a été officiellement reconnue personne morale
et autorisée à représenter les Témoins de Jéhovah dans ce pays.
Un décret présidentiel mentionnant cet avis a été publié dans les
journaux. Cela s'est avéré très utile pour l'achat des locaux néces­
saires et pour l'obtention de cartes de séjour permanentes pour
les missionnaires.
Leur premier film
De 1 954 à 1961, l'utilisation de films a permis d'accomplir
un bon travail auprès du public en lui faisant connaître l'or­
ganisation de Jéhovah. Des dispositions ont été prises pour pro­
jeter les films de la Société dans une grande partie de l'est du
pays. Durant les cinq ans où un dénombrement a été fait, plus de
70000 personnes ont assisté aux représentations.
Transporter un générateur et tout l'équipement nécessaire à
la projection d'un film à la campagne était une véritable entre­
prise. On choisissait généralement un terrain de football pour y
installer le matériel avant qu'il fasse noir. Puis on invitait le pu­
blic au moyen d'un haut-parleur. Parfois, des vandales jetaient
des cailloux. Le nombre des assistants variait. À General Arti­
gas, où il y avait une congrégation d'une petite vingtaine de pro­
clamateurs qui se réunissait à huit kilomètres de la ville, un soir
quelque 1 300 personnes ont vu le film ! Durant les premiers ins­
tants du film, il était courant d'entendre les gens rire aux éclats
lorsque l'image changeait. Il faut dire que, pour les gens de la
campagne, c'était souvent la première fois qu'ils voyaient un
film.
Ces films ont donné aux frères et au public une meilleure
idée de l'ampleur de l'œuvre accomplie par les Témoins de Jého­
vah du monde entier.
232
Annuaire 1998
Les missionnaires s'offrent volontairement
Comme le nombre des proclamateurs augmentait, les mission­
naires ont mis leurs efforts en commUf1 pour les aider à progresser
vers la maturité. Les résultats ont été manifestes lorsqu'en 1953 les
missionnaires ont eu le privilège de se rendre à New York pour as­
sister à l'assemblée " La société du monde nouveau ". Tandis qu'ils
étaient là-bas, il a fallu que les frères locaux assument les responsa­
bilités de surveillance dans la congrégation d'Assomption. De
nouveaux maximums ayant été atteints dans les activités de pré­
dication, au retour des missionnaires, on a demandé aux frères de
continuer à assumer ces responsabilités, ce qui a permis aux mis­
sionnaires de se rendre dans d'autres endroits.
Ceux-ci avaient beaucoup à faire. Q!latre mois après son ar­
rivée au Paraguay et son apprentissage de l'espagnol, Werner Ap­
pe=eller a été· nommé dans la circonscription autour d'Encar­
nacion. La plupart des routes n'étaient pas encore pavées et, en
général, on se déplaçait à pied ou à cheval. Il n'y avait que
100 proclamateurs dans toute la circonscription, mais les encou­
ragements et la formation qui étaient apportés contribuaient à
leurs progrès spirituels. Q!lelques années plus tard Ladislao Gola­
sik, le fils de Robert Golasik, qui était originaire de cette région,
a été nommé surveillant de circonscription.
À la fin de 1961, cela faisait 15 ans que les missionnaires for­
més à !'É cole de Guiléad se dépensaient au Paraguay. Le pays
comptait 4 1 1 Témoins, répartis dans 22 congrégations, qui
avaient passé plus de 594 000 heures à prêcher la bonne nouvelle.
Il y avait alors cinq maisons de missionnaires, qui se trouvaient
à Assomption, à Encarnacion, à Villarrica, à Coronel Oviedo et
à Pedro Juan Caballero. Les frères allaient également prêcher aux
alentours de ces villes. En 1961, 50 missionnaires s'étaient dépen­
sés dans l'œuvre de prédication au Paraguay. À cause de la mala­
die ou pour d'autres raisons, 29 d'entre eux ont dû retourner
dans leur pays d'origine. Mais tous ont favorisé de diverses façons
les intérêts du Royaume au Paraguay. En décembre 1961, Elmer
Ils sont E.ers de leur Salle du Royaume (à Assomption),
la première que les Témoins ont construite au Paraguay
et dont ils sont propriétaires.
et Mary Pysh, diplômés de la première classe de l'École de Gui­
léad dont les cours avaient duré dix mois, sont arrivés dans le
pays.
Ils construisent leurs propres lieux de réunion
À cette
époque, les frères d' Assomption ont construit et
inauguré une Salle du Royaume, la première dont ils étaient les
propriétaires. C'était un beau bâtiment en briques et en ciment
dans lequel il y avait plus de
200 places assises. Qiel témoignage
pour le voisinage de voir des hommes, des femmes et des enfants
creuser, préparer du béton, polir des briques, peindre et nettoyer,
tout cela ensemble ! Aux yeux de ceux qui les observaient, c'était
de toute évidence des travailleurs zélés.
À Vacay, région rurale dans le sud du pays, un petit groupe de
Témoins, qui ne formaient pas encore une congrégation, avaient
tant d'assistants aux réunions qu'ils ont jugé qu'eux aussi avaient
besoin d'une Salle du Royaume. Mais ils n'avaient pas d'argent.
234
Annuaire 1998
Qy'allaient-ils faire ? Ils ont signé un contrat avec le directeur
d'une exploitation de bois, contrat selon lequel ils défricheraient
des terres contre des matériaux de construction et un salaire.
Lorsque la salle a été achevée, quatre familles bien disposées ont
vendu leurs fermes éloignées et se sont rapprochées de la Salle du
Royaume afin de ne pas manquer les réunions.
Plus tard, des installations ont été construites pour les assem­
blées de district et de circonscription.
À plusieurs reprises, les frè­
res avaient utilisé les locaux du Club Martin Pescador, de l'Uni­
versité nationale et de l' École américaine. Puis, au début des
années 70, on leur a offert un terrain pour y construire leur pro­
pre Salle d'assemblées, laquelle a été achevée au bout de quelques
années.
Des installations plus adaptées pour la filiale
L'activité croissante et la bénédiction de Jéhovah ont égale­
ment nécessité des installations plus adaptées pour la filiale. Dif­
férentes maisons avaient été louées au fil des années. Mais, en
1962,
Nathan Knorr, alors président de la Société Watch Tower,
a recommandé l'achat d'une propriété dans l'un des plus beaux
quartiers de la ville et la construction d'une maison de mission­
naires qui servirait aussi de filiale et comprendrait une Salle du
Royaume. La propriété se trouvait sur l'une des principales ave­
nues de la capitale,
à deux rues du grand stade du Paraguay. Une
fois les plans tracés et le permis de construire obtenu, les travaux
1965 et se sont achevés dix mois plus tard.
1966, les frères ont eu la joie de recevoir frère Knorr
ont débuté en janvier
Au début de
pour l'inauguration des nouvelles installations pendant une vi­
site de zone.
En raison de l'emplacement du bâtiment, des milliers de per­
sonnes à Assomption prenaient chaque jour conscience de la pré­
sence desTémoins de Jéhovah. Et tandis qu'elles passaient devant
pour assister
à des
événements sportifs, des milliers d'autres se
rappelaient que Jéhovah avait sesTémoins au Paraguay.
Salle d'assemblées des Témoins de Jéhovah.
Une nouvelle disposition administrative
Comme dans les autres filiales de la Société, le 1 •r février
1 976, un comité a commencé à fonctionner, se substituant à un
seul frère responsable de la filiale. Au cours des 30 années pré­
cédentes, Albert Lang, William Schillinger, Max Lloyd, Lloyd
Gummeson, Harry Kays et Elmer Pysh ont été surveillants de la
236
Annuaire 1998
filiale pour des périodes plus ou moins longues. Tous ont gran­
dement contribué à l'œuvre du Royaume. Toutefois, une nou­
velle disposition allait prendre effet : un comité de frères mûrs
coopérerait pour veiller à l'activité des Témoins de Jéhovah dans
le pays.
Elmer Pysh a été nommé coordinateur du Comité de la fi­
liale, dont les autres membres étaient Charles Miller et Isaac Ga­
vilan. Frères Pysh et Miller étaient tous les deux diplômés de Gui­
léad ; frère Gavilan, un Paraguayen, était dans le service à plein
temps depuis 13 ans.
Nouvelle vague d'opposition gouvernementale
Partout dans le monde, les Témoins de Jéhovah sont neutres
quant aux affaires politiques. Ils prennent à cœur cette déclara­
tion de Jésus à ses disciples : " Vous ne faites pas partie du
monde. " (Jean 1 5 : 19). Ayant présent à l'esprit le conseil bibli­
que de ' se garder des idoles ', ils s'abstiennent de participer à des
cérémonies nationalistes qui reviennent pour eux à de l'idolâtrie
(1 Jean 5:21). Les hauts fonctionnaires des gouvernements, qui
sont profondément impliqués dans le système politique et con­
sidèrent le nationalisme comme un moyen d'unir leurs citoyens,
peuvent au premier abord avoir du mal à comprendre la position
desTémoins de Jéhovah. Ils savent que d'autres groupes religieux,
et même le clergé, n'hésitent pas à se mêler de politique et à pren­
dre part aux cérémonies patriotiques. Le clergé profite souvent de
cette situation pour semer la suspicion à l'égard des Témoins de
Jéhovah dans l'esprit des hauts fonctionnaires.
Dans une lettre datée du 3 1 octobre 1974, M. Manfredo Ra­
mirez Russo, alors directeur général des religions, a fait une de­
mande d'enquête sur les croyances et l'organisation des Témoins
de Jéhovah. Le 25 février 1976 a été publié un décret du gou­
vernement exigeant " la cérémonie quotidienne du lever du dra­
peau et du chant de l'hymne national " dans " toutes les institu­
tions pédagogiques ". Dans un style journalistique sensationnel,
Paraguay
Un coupeur de canne à sucre
reçoit Je témoignage
à Villarrica.
l'édition du 3-17 septembre de
la publication religieuse El
Sendero (Le sentier) compor­
tait un article diffamatoire sur
une page entière intitulé " Les
Témoins de Jéhovah ". Le 14 mars 1977, Patria, le journal officiel
du parti politique au pouvoir, publiait un article tout aussi dif­
famatoire qui avait pour titre " Fanatisme ".
Dans le même temps, des représentants de la filiale des Té­
moins de Jéhovah ont été convoqués pour un entretien avec le di­
recteur général des religions. Dans la foulée, un récapitulatif des
enseignements des Témoins a été fait : il portait essentiellement
sur leur position par rapport au drapeau, à l'hymne national et
au service militaire. �elques jours plus tard, un responsable de
la police, Obdulio Argüello Britez, s'est présenté au bureau de la
Société à Assomption pour demander des renseignements au su­
jet de l'assemblée que les Témoins de Jéhovah avaient tenue du 6
au 9 janvier. Peu de temps après, le procureur général de l'État,
Mme Clotilde Jiménez Benitez, a interrogé des représentants de
la Société sur les mêmes thèmes qui avaient été abordés aupara­
vant au bureau de la direction générale des religions.
238
Annuaire 1998
À la suite de cette série d'événements, en 1 978, les enfants de
Témoins de Jéhovah qui refusaient de chanter l'hymne national
ont commencé à être renvoyés des établissements scolaires, sans
aucune possibilité de se faire inscrire dans une autre école. Mais
. ce n'était pas tout.
La proscription
:
de quoi s'agit-il ?
Le 3 janvier 1979, la " bombe " a fini par exploser. Un décret
annulant le statut légal de la SociétéWatchTower, qui représentait
lesTémoins de Jéhovah, a été publié.
Le décret, qui faisait la une des journaux, a bouleversé tant
les Témoins que ceux qui ne l'étaient pas. Presque tous les mé­
dias se sont intéressés à cette affaire ; certains ont appuyé la dé­
cision, d'autres l'ont condamnée. D'après le journal ABC, le
décret était " une violation d'un droit de l'homme fondamen­
tal, selon l'article 1 8 de la Déclaration universelle des droits de
l'homme ".
Ayant été informé de l'interdiction, mais n'en connaissant
pas encore les limites, le Comité de la filiale a pris des mesu­
res immédiates pour organiser l'œuvre à partir d'autres endroits.
" Nous n'avions jamais vu en cette interdiction une forme de
persécution religieuse ", a déclaré M. Raul Pefia, le ministre de
!'Éducation et de la Religion. �oi qu'il en soit, les Témoins de
Jéhovah ont été obligés de se réunir en petits groupes dans des
foyers privés. Leur activité de prédication a été restreinte, bien
que le zèle et le courage de la majorité des frères n'aient pas été
entamés. Afin de bénéficier des assemblées chrétiennes, pen­
dant un certain temps ils ont dû s'organiser pour y assister dans
d'autres pays.
Comment cette suite d'événements a-t-elle commencé ?
M. Manfredo Ramirez Russo a-t-il agi uniquement dans l'exer­
cice de ses fonctions gouvernementales ? Fait intéressant, le
25 août 1981, dans Ultima Hora, un journal d'Assomption, figu­
rait une photo représentant Manfredo Ramirez Russo et " Mon-
Paraguay
239
signor " José Mees se tenant cordialement face à face. Sous la
photo apparaissait la légende suivante : " La décoration de ' Saint
Grégoire le Grand ' a été remise à Manfredo Ramirez Russo, di­
recteur des religions au ministère de !'Éducation, par le nonce
apostolique de Sa Sainteté, Monsignor José Mees, en reconnais­
sance des services rendus à l'Église catholique. "
À la suite de l'interdiction, desTémoins de Jéhovah ont été ar­
rêtés en de nombreux endroits pendant qu'ils tenaient de petites
réunions dans des foyers privés, qu'ils allaient chez les gens pour
leur faire connaître l'espérance de la Bible ou qu'ils dirigeaient
des études bibliques chez des personnes bien disposées.
Entre le 8 et le 1 1 octobre 1 9 8 1, neuf frères d'Encarnaci6n
ont été emprisonnés. Lorsqu' Antonio Pereira, un ancien qui
n'avait pas été arrêté, a voulu s'assurer de la condition des frères
en prison auprès du chef de la police, Julio Antonio Martinez,
celui-ci a ordonné son arrestation et l'a enfermé dans une cellule
de haute sécurité. Dans l'intervalle, Joseph Zillner, d'une congré­
gation voisine, s'était rendu chez la mère du premier frère incar­
céré pour voir quelle était la situation. Qyelqu'un a dû en infor­
mer la police, car dix minutes plus tard on le conduisait jusqu'à
la prison d'Encarnaci6n.
Les flammes de la persécution sont attisées
Qyelques années après l'interdiction, les arrestations ont
cessé. Peu à peu, les frères ont commencé à utiliser leurs Salles du
Royaume et à organiser de petites assemblées. Cependant, tout
cela a brusquement pris fin en 1 984 lorsqu'un journal local a an­
noncé que quatre étudiants Témoins de Jéhovah avaient été ren­
voyés de l'école technique professionnelle d'Assomption parce
qu'ils ne chantaient pas l'hymne national. Cela a déclenché une
campagne incendiaire encore plus grande contre les Témoins. En
conséquence, presque tous les enfants d'âge scolaire des Témoins
de Jéhovah ont été renvoyés des écoles et nombre d'entre eux
n'ont jamais pu y retourner.
240
Annuaire 1998
Du 2 au 5 mai, le journal Hoy (Aujourd'hui) a publié une sé­
rie d'articles diffamatoires rédigés par Antonio Colon, un prê­
tre catholique. Plus tard dans la même année, un nouveau mi­
nistre de l'Éducation et de la Religion a prêté serment, mais il a
poursuivi la politique de son prédécesseur. Après qu'il a fait une
ferme déclaration nationaliste, on a refusé l'inscription pour la
nouvelle année scolaire
à la plupart des enfants de Témoins de Jé­
hovah. Au nom d'un groupe de dix élèves - six que l'on avait
renvoyés et quatre que l'on avait refusé d'inscrire -, un appel
a été présenté devant les tribunaux en vertu du droit qu'ont les
enfants des Témoins de Jéhovah d'être enseignés dans le système
scolaire sans avoir à renier leur foi ni
à transiger avec leur
cons­
cience. Le tribunal s'est prononcé en faveur des Témoins, mais le
ministère de l'Éducation et de la Religion a porté le cas devant la
Cour suprême.
Durant toute l'année
1 985, l'affaire a continué de faire la une
des actualités. Certains chroniqueurs défendaient la position des
Témoins de Jêhovah, tandis que les membres des milieux politi­
ques ne cessaient de les harceler. Le
23 juillet, alors que la contro­
verse battait son plein, le siège mondial des Témoins de Jéhovah
a envoyé une lettre au président du Paraguay.
Une décision favorable ayant été rendue dans le cas des en­
fants d'âge scolaire, la filiale a encouragé les congrégations
à uti­
liser de nouveau leurs Salles du Royaume ouvertement, ce qui
obligerait les autorités
à
adopter une position plus catégorique,
qu'elle soit contre les Témoins ou qu'elle leur accorde une plus
grande liberté.
Le
21
mars
1 986,
le coordinateur du Comité de la filiale a
été convoqué au quartier général de la police. " Vous réutilisez
vos lieux de réunion alors que vous n'en avez pas le droit ", lui
a-t-on reproché.
À quoi frère Gavilan a répondu :
" Permettez­
moi de vous rappeler que le décret annulant notre reconnais­
sance officielle a été contesté pour non- conformité
à la Consti-
Paraguay
241
tution. La Cour suprême est en train d'examiner la question et
elle n'a pas encore rendu son verdict. Étant donné que cette ac­
tion en justice suspend ce décret, d'un point de vue juridique
nous sommes en droit d'exercer nos activités tant que la Cour
n'a pas rendu sa décision finale. " " Je ne suis pas un homme de
loi, a déclaré le fonctionnaire de police, je ne peux donc pas en
discuter. Puisque c'est ainsi, apportez-moi une liste de vos lieux
de réunion, et nous verrons. " La discussion était terminée. Les
renseignements demandés, accompagnés d'un exposé des droits
des Témoins, ont été fournis, et les Salles du Royaume n'ont pas
été refermées.
Toutefois, le 26 février 1 987, le président de la Cour suprême,
Luis Maria Argafta, s'est prononcé contre les Témoins de Jéhovah
dans le cas des écoliers. Nombreux furent ceux qui, parmi l'élite
intellectuelle, ont vu en ce jugement une décision politique, et
beaucoup l'ont condamné. �el effet cela a-t-il eu sur l'œuvre
des Témoins de Jéhovah ?
Ils continuent à prêcher la bonne nouvelle
L'œuvre consistant à proclamer le Royaume ne s'est pas arrê­
tée pendant ces années difficiles. En janvier 1984, la filiale a lancé
une campagne pour que des pionniers spéciaux temporaires par­
courent les territoires isolés. Au cours de la première année, 30
de ces pionniers ont donné le témoignage dans 75 villes. Les au­
torités municipales de 14 d'entre elles n'ont pas permis aux frères
d'y prêcher, mais, dans d'autres endroits, lorsqu'on leur montrait
la valeur de cette activité spirituelle, les autorités protégeaient nos
frères et, dans certains cas, leur proposaient même de dormir...
au poste de police !
Grâce à cette activité, les frères ont pu trouver de nombreuses
personnes bien disposées. Après avoir obtenu auprès des pion­
niers le livre Vous pouvez vivre éternellement sur une terre qui de­
viendra un paradis, une femme, qui habitait à environ 200 kilo­
mètres d'Assomption, a écrit à la filiale pour demander une aide
242
Annuaire 1998
supplémentaire. Q!iand un couple de Témoins est arrivé en ré­
ponse à sa requête, la femme a levé les yeux au ciel et, au bord
des larmes, a remercié Jéhovah. Malgré l'opposition de sa famille,
elle est devenue un fidèle serviteur de Jéhovah, donnant le témoi­
gnage à ses voisins et à ses connaissances.
Des groupes de proclamateurs et des congrégations ont été
formés dans ces territoires auparavant isolés. La campagne
de prédication effectuée par des pionniers spéciaux temporaires
a été organisée chaque année et elle se poursuit jusqu'à mainte­
nant, avec de merveilleux résultats.
La tension se relâche
Les autorités ont appris à mieux connaître les Témoins de Jé­
hovah. Ceux-ci ont poursuivi leurs efforts pour aider ces hauts
fonctionnaires à comprendre exactement quelle était leur œuvre,
jusqu'à ce. que la permission orale leur ait été accordée de tenir
une assemblée publique, les 21 et 22 mars 1 987, dans leur propre
Salle d'assemblées.
Q!iel moment de bonheur pour les frères et sœurs ! Les lar­
mes aux yeux, tous s'étreignaient. Après neuf années de contrain­
tes, de tension, d'incertitude et de persécution déclarée, c'était la
première fois qu'ils pouvaient être ensemble pour célébrer leur
culte en toute liberté au Paraguay. Des délégués venus d'Argen­
tine, du Brésil et de l'Uruguay avaient été invités pour cette oc­
casion spéciale. Le coup de grâce était porté à l'interdiction.
La reconnaissance officielle une nouvelle fois
Le Paraguay traversait une époque de changements. La ten­
sion politique augmentait. Finalement, durant la nuit du 2 fé­
vrier 1 989, on entendit à Assomption le bruit de l'artillerie
lourde. La révolution avait éclaté ! Le lendemain, le gouverne­
ment militaire d'Alfredo Stroessner prenait fin.
Immédiatement, des efforts ont été de nouveau entrepris
pour obtenir la reconnaissance officielle. La demande a fini par
..t.
Salle du Roya ume
de Fernando
de la Mora
(Norte).
<Ili Salle du Royaume
de Vista Alegre
(Norte),
Assomption.
être acceptée le
8 août 1991. QI.el jour heureux pour les servi­
teurs de Jéhovah au Paraguay !
Le
20 juin 1 992, une nouvelle constitution est entrée en vi­
gueur. Elle comprenait des clauses importantes concernant les
droits de l'homme, tels que la liberté de réunion, d'objection de
conscience, de religion et d'idéologie et la suppression d'une re­
ligion d'État. Ces clauses, ainsi que d'autres progrès, ont procuré
un soulagement opportun.
Ils vont de l'avant
Il y avait encore beaucoup à faire dans l'œuvre de prédication
de la bonne nouvelle au Paraguay. En
1 979, lorsque l'interdiction
Des prédicateurs zélés de plusieurs pays son t venus
au Paraguay pour participer à l'œuvre de témoignage :
1) Canada, 2) Autriche, 3) France, 4) Brésil, 5) Corée,
6) É tats- Unis, 7) Belgique, 8) Japon, 9) Allemagne.
a été décrétée, il y avait
1 541
proclamateurs dans le pays. L'an­
née où la reconnaissance officielle a été rétablie, on en comptait
3 7 60.
Aujourd'hui, ils sont plus de
encore de
1
proclamateur pour
6 200. Mais la proportion est
8 1 7 habitants. Q!le faire pour
rencontrer les gens ?
Chaque année, des pionniers spéciaux sont envoyés pour prê­
cher dans des villes où il n'y a pas de congrégation. Mais
de la population vit
un
49
%
à la campagne. En 1987, la filiale a aménagé
camion en camping-car pour les pionniers spéciaux. Depuis
dix ans maintenant, il est utilisé pour parcourir les territoires ru­
raux que les congrégations ou les pionniers spéciaux temporaires
n'ont pas couverts. De cette manière, les eaux de la vie se répan­
dent dans les vastes contrées du pays.
Un effort particulier a également été fourni pour donner le
témoignage aux gens qui vivent au bord des fleuves. Bien sou­
vent, leur seul contact avec le reste du monde est le bateau.
Aussi, en
1 992,
la Société a-t-elle construit
équipage de quatre pionniers. Grâce
pelé
à juste
titre
un
bateau pour un
à ce bateau,
qu'ils ont ap­
Le Pionnier, ils se sont mis à re chercher
méthodiquement les personnes semblables
à
des brebis le long
des rives.
" En remontant le fleuve Paraguay, écrit le frère responsable
du groupe, nous sommes arrivés
à
Puerto Fonciere,
à 480
ki-
247
Paraguay
lomètres d'Assomption, et nous avons commencé à prêcher
de maison en maison. Au cours d'une conversation avec une
femme âgée, nous lui avons dit que Dieu promettait de détruire
toute méchanceté, et qu'en tant que Témoins de Jéhovah nous
informions les gens qu'il le ferait par le moyen de son Royaume.
Interrompant la discussion, la femme s'est tournée vers sa pe­
tite-fille et lui a demandé d'appeler son grand-père et de lui dire
que ' les siens ' étaient là. Peu après, le grand-père, âgé de plus
de 70 ans, s'est présenté. Il était couvert de sueur, car il travail­
lait sur sa plantation. Il nous a salués chaleureusement et, les
yeux remplis de larmes, a remercié Dieu parce que nous étions
enfin arrivés. Il a déclaré qu'il attendait notre visite depuis as­
sez longtemps. Q!lelque peu perplexes, nous lui en avons de­
mandé la raison. Il a répondu qu'un certain capitaine de l'ar­
mée venant de l'île de Pefia Hermosa lui avait donné une bible
et le livre Choses dans lesquelles il est impossible à Dieu de men­
tir . Le capitaine avait noté plusieurs textes bibliques, tels que
Psaume 37: 10, 1 1 et Psaume 83:18, et lui avait dit qu'un jour les
Témoins de Jéhovah viendraient chez lui pour lui expliquer da­
vantage les desseins de Dieu. Une étude de la Bible a commencé
sur-le-champ. "
Jusqu'à ce jour, le bateau a permis de prêcher plus de deux
fois le long des deux rives du fleuve Paraguay, de la frontière bo­
livienne au nord à celle de l'Argentine au sud, ce qui représente
une distance totale d'environ 1 260 kilomètres.
'
'
Des ouvriers zélés prennent part à la moisson
Lorsque Jésus a donné ses instructions à ses disciples du
1er siècle, il les a exhortés à ' prier le Maître de la moisson d'en­
voyer des ouvriers dans sa moisson ' . (Mat. 9 : 3 8 . ) De nos
jours, les Témoins de Jéhovah ont pris cette exhortation à cœur,
et le Maître a effectivement envoyé de nombreux ouvriers
zélés dans le champ pour participer à la moisson spirituelle au
Paraguay.
2 48
Annuaire 1998
De
1945 jusqu'à présent, 19 1 missionnaires se sont dépensés
dans ce pays. Soixante d'entre eux (dont
22 qui ne
sont pas di­
plômés de Guiléad) y sont depuis au moins dix ans, et aujour­
d'hui il y en a 84 . Dans les régions de l'est du Paraguay où ils ont
concentré leur activité, il y a 61 congrégations prospères.
Des filiales voisines ont envoyé des pionniers spéciaux dans
ce pays (où il n'y a toujours que
1 Témoin pour 8 17 habitants)
pour apporter leur aide dans la prédication. D'autres Témoins
sont venus au Paraguay de plusieurs pays, comme l'Allemagne,
l'Angleterre, l'Argentine, l'Autriche, la Bolivie, le Brésil, le Ca­
nada, le Chili, le Danemark, l'Espagne, les États-Unis, la Fin­
lande, la France, l'Italie, le Luxembourg, la Suède, la Suisse et
l'Uruguay. Ils ont utilisé leurs ressources et leurs capacités de bien
des manières afin de faire progresser l'œuvre de prédication du
Royaume. Certains ont servi dans des territoires urbains ; d'au­
tres poursuivent leur ministère dans des villages où les conditions
de vie sont assez rudimentaires. La plupart sont pionniers. D'au­
tres encore ont participé à la construction de Salles du Royaume
ou des installations de la filiale.
Au fil des années, le Paraguay a accueilli des immigrés de di­
verses origines nationales. Des Allemands, des Polonais, des Rus­
ses, des Ukrainiens, des Japonais et des Coréens se sont installés
dans différentes régions du pays. Eux aussi ont reçu le témoi­
gnage des missionnaires et d'autres Témoins venus au Paraguay.
Mais qu'en est-il des personnes d'expression guarani ? Elles
représentent 90 O/o de la population. Selon une enquête récente,
37 O/o des Paraguayens parlent seulement guarani. Les Témoins
du pays effectuent la majeure partie de leur activité auprès de
ces personnes à l'aide de brochures en guarani, qu'ils apprécient
beaucoup.
Certains Témoins paraguayens ont passé de nombreuses an­
nées dans le ministère à plein temps. En
36 ans de service de
pionnier spécial, Edulfina de Yinde a aidé 78 personnes à pro-
249
Paraguay
gresser jusqu'au baptême. Son mari et elle se réjouissent de cons­
tater que cinq congrégations prospèrent là où ils ont servi. Ma­
ria Chavez a aidé beaucoup de personnes, elle aussi, au cours des
39
années passées dans le service de pionnier spécial.
Des milliers d'autres, qui ne sont pas pionniers, sont égale­
ment zélés dans le service de Jéhovah. Nombre d'entre eux par­
courent de longues distances à pied pour assister aux réunions et
pour donner un témoignage complet dans leur territoire rural.
Souvent, ils partent de chez eux avant le lever du jour en empor­
tant une bonne quantité de " soupe paraguayenne " (un aliment
sec) ou peut-être des tortillas et des racines de yucca. Vers
7 heu­
res, ils sont prêts à aller prêcher et continuent jusqu'au coucher
du soleil. De retour dans leur foyer, ils sont fatigués mais heureux
de s'être dépensés à parler à autrui de Jéhovah et de ses merveil­
leux desseins.
Ceux qui ont soif
' prennent l'eau de la vie gratuitement '
Comme cela a été annoncé dans les Écritures, quicon­
que l e veut est i nvité à ' pren dre l ' e a u de la vie gratuite­
ment '. (Rév.
22: 1 7.) Au Paraguay des milliers ont
accepté cette
invitation.
Herenia, élevée dans la religion catholique, croyait avec fer­
veur aux traditions de l'Église et aux superstitions religieuses.
Elle craignait la mort et l'enfer de feu. Elle croyait aux présages
et était remplie d'effroi lorsqu'elle voyait ou entendait quelque
chose qu'elle prenait pour un mauvais présage. Cette peur l'a sui­
vie pendant
20
ans. Puis, en
1985,
elle a commencé à étudier la
Bible avec les Témoins de Jéhovah. Petit à petit, les eaux de la vé­
rité l'ont rafraîchie et ont stimulé son désir de vivre éternellement
dans le Paradis promis dans la Parole de Dieu.
En
1 996, Isabel, qui vit à Carapegua, a également goûté l'eau
de la vie. Cependant, ce qu'elle a vu dans le livre La connaissance
Annuaire 1998
250
qui mène à la vie éternelle ne s'accordant pas avec ses croyances,
elle a demandé aux Témoins de ne plus revenir. Mais elle a lu le
livre et en a parlé à ses voisins, si bien que, lorsqu'un Témoin s'est
présenté de nouveau chez elle, des personnes de quatre foyers
différents s'y trouvaient, désirant en apprendre davantage. L'en­
thousiasme de la plupart s'est refroidi sous l'influence d'un pas­
teur pentecôtiste, mais un excellent témoignage a été donné, et la
première femme
à l'avoir reçu ainsi qu'une voisine ont continué
de tirer profit des vérités vivifiantes.
Qiand on leur a proposé pour la première fois les eaux de la
vérité, Dionisio et Ana, comme beaucoup d'autres personnes,
vivaient ensemble sans être mariés, et ce depuis
20 ans. En 1986,
lorsque Dionisio et sa fille aînée se sont mis à étudier la Bible avec
les Témoins de Jéhovah, Ana et ses deux autres filles s'y sont op­
posées. Ana a ordonné au Témoin de cesser de discuter avec son
mari, a menacé de le tuer, a affirmé qu'elle appellerait la police
et a consulté une religieuse catholique. Puis elle a porté l'affaire
devant le tribunal pour enfants, prétextant que l' étude de la Bible
mettait sa fille aînée en danger. Après avoir appris qu'en fait Dio­
nisio subvenait convenablement aux besoins de sa famille, le juge
a recommandé à Ana d'examiner la Bible en compagnie de son
mari. Ana a répliqué que son amie la religieuse l'avait prévenue
que les Témoins pratiquaient des choses immorales lors de leurs
réunions. Le juge, une femme, l'a rassurée en lui disant : " Nous
autres, catholiques, nous disons connaître la Bible, mais en réalité
nous n'y connaissons rien. Les Témoins de Jéhovah, eux, étudient
la Bible. Je vous suggère de l'examiner à votre tour. " Puis elle l'a
encouragée
à épouser Dionisio.
Déconcertée, Ana est retournée voir la religieuse et lui a de­
mandé d'étudier la Bible avec eux. La religieuse a répondu que
ce n'était pas nécessaire. Par ailleurs, elle a déconseillé
à Ana de
se marier avec Dionisio, alors que dans le passé elle le lui avait
souvent préconisé, quand bien même Dionisio ne voulait pas en
entendre parler. Peu après, le père d' Ana est tombé gravement
i
l
l
1
1
i
�
Les logements
du Béthel et les
bureaux de la filiale
du Paraguay, près
d'Assomption, et
ceux qui y servent.
Annuaire 1998
malade. Les Témoins ont apporté un grand sou­
tien à la famille. Cela a marqué un tournant
. dans la vie d'Ana. Elle a commencé à étudier la
Bible, et Dionisio et elle se sont mariés. Aujour­
d'hui, près de dix ans ont pass é . Dionisio est
ancien e t toute sa famille sert Jéhovah avec
zèle.
•i
La persévérance et l'amour des Témoins ont
touché le cœur de nombreux Paraguayens. Dans
la région de San Lorenzo, par exemple, il n'y
avait qu'une congrégation en
1 982.
Malgré l'in­
terdiction de l'œuvre, beaucoup de proclama­
teurs ont entrepris le service de pionnier, en
conséquence de quoi le territoire de la congréga­
tion, dont certaines villes étaient proches de
San Lorenzo, a été parcouru régulièrement. Jé­
hovah a béni leur zèle : il y a actuellement neuf
congrégations à cet endroit. Werner et Alice Ap­
penzeller considèrent l'accroissement qu'ils ont
observé au cours de leur ministère dans cette ré­
gion comme leur plus grande joie en 40 ans de
service au Paraguay.
L'accroissement ne se poursuit pas seule­
ment dans une seule région, mais dans tout le
pays. En
Le Comité
de la filiale
(de haut
en bas) :
Charles
Miller,
Wilhelm
Kasten,
Isaac
Gavilan.
1 996, de nouvelles installations de la fi­
liale ont été inaugurées à une dizaine de kilomè­
tres d' Assomption. Aux quatre coins du pays,
il y a des Salles du Royaume dans lesquelles des
réunions d'instruction biblique sont organisées.
Les Témoins de Jéhovah continuent de se ren­
dre chez les gens et de leur parler dans les rues.
Avec zèle, ils lancent à des personnes de tou­
tes sortes l'invitation à ' prendre l'eau de la vie
gratuitement '.
jl
1
.
Lettre du
COLLÈGE CENTRAL
Il est bien que les serviteurs de Dieu réfléchissent à ce qui s'est
passé durant l'année écoulée, tout en envisageant l'avenir. Et
quel avenir merveilleux nous est proposé ! Les membres du pe­
tit troupeau, oints de l'esprit de Dieu, auront l'honneur de ser­
vir comme rois et prêtres au ciel avec Jésus Christ (Rév. 20:6).
Q!:lant aux autres brebis, dont le nombre dépasse largement les
cinq millions, à elles s'offre la vie éternelle dans le Paradis terres­
tre, dans lequel tous les humains connaîtront et aimeront Jého­
vah et refléteront ses qualités divines dans leurs relations entre
eux (ls. 1 1 :9 ; 1 Jean 4:7, 8 ; Rév. 2 1 :4). Pourquoi Jéhovah a-t-il
prévu cela ? En raison de son amour et par faveur imméritée en­
vers ceux qui exercent la foi dans le sacrifice rédempteur qu'il a
fourni par le moyen de son propre Fils, Jésus Christ. -Jean 3: 1 6 .
Il n'est donc pas étonnant que Paul ait dit que " les souffran­
ces de l'époque présente ne pèsent rien en comparaison " de ce
que Dieu a placé devant lui. Il a ensuite parlé de l' " attente im­
patiente " de ceux qui rechercheraient des preuves évidentes que
les rois célestes sont entrés en action pour purifier la terre, puri­
fication qui doit être suivie de la résurrection des morts et du ré­
tablissement des humains obéissants dans la perfection. Ceux-ci
pourront alors jouir de " la liberté glorieuse des enfants de
Dieu ". - Rom. 8 : 1 8-2 1 .
L e Royaume des cieux est déjà e n fonction, e t nous avons
l'honneur de servir ses intérêts sur la terre (Rév. 1 1 : 1 5- 1 7). No­
tre rôle consiste à dire à nos semblables la bonne nouvelle du
Royaume (Mat. 24:14). Dans quelles conditions nos frères se sont­
ils acquittés de cette tâche au cours de l'année écoulée ? Le genre de
conditions qui précisément, selon ce que les Écritures avaient an­
noncé, devaient marquer les derniers jours de l'actuel système de cho­
ses méchant. - Luc 2 1 : 10, 1 1 ; 2 Tim. 3: 1-5.
Pendant des mois, l'Albanie a été submergée par une vague de
violence. Des bandes de terroristes lourdement armés volaient, dé­
truisaient, violaient et assassinaient. Nos frères n'ont toutefois
pas cessé de prêcher la bonne nouvelle. La guerre a balayé de vastes
contrées d'Afrique et détruit les ressources vitales de régions d'Amé­
rique latine et d'Asie du Sud-Est. Bien qu'ayant maintenu une posi­
tion de stricte neutralité, un certain nombre de nos frères ont subi une
mort violente ou sont décédés des suites des maladies qui se répan­
dent dans le sillage des guerres. Beaucoup ont dû abandonner tous
leurs biens et s'enfuir dans la brousse ou dans la forêt, ou bien se ré­
fugier de l'autre côté de la frontière. En Pologne, en République tchè­
que, en Italie et aux États-Unis, des inondations catastrophiques ont
ravagé des régions entières. Deux Salles du Royaume du Venezuela
ont été détruites par un tremblement de terre. Les cendres brûlan­
tes, la lave et les rochers vomis par un volcan de l'île de Montserrat
ont obligé la moitié des habitants de cette île à la fuir. En de nom­
breux endroits les gens doivent faire face à de graves difficultés éco­
nomiques, et les agressions dans les rues constituent un danger pour
quiconque porte des bijoux, ou même une simple montre.
Au milieu de toutes ces difficultés, et malgré l'indifférence géné­
rale des habitants du monde occidental, les Témoins de Jéhovah con­
tinuent de prêcher. Comment est-ce possible ? Ils sont soutenus par
l'amour de Jéhovah et par leur profond amour pour la communauté
internationale des frères, et ils sont tout à fait conscients que tous ces
événements annoncent immanquablement la fin prochaine de l'ac­
tuel système. - Rom. 8:35-39 ; 1 Pierre 4:7, 8.
Bien que les conditions de plus en plus mauvaises rendent la vie
difficile, nos frères continuent avec courage d'assister aux réunions de
la congrégation et aux assemblées. Le .texte pour l'année passée était :
" Enseigne-moi à faire ta volonté. " (Ps. 143: 10). Une bonne partie
de cet enseignement est donnée aux réunions, et au cours de l'an­
née passée Jéhovah nous a bien nourris par l'entremise de la classe de
l'esclave fidèle. Q!J.and le gouvernement de l' Albanie a décrété l'état
·1
1
l
l
1
d'urgence, les frères ont changé les horaires des réunions pour qu'elles
aient lieu de jour et ils se sont réunis dans le cadre des études de livre.
Le nombre des assistants était deux à trois fois plus élevé que celui des
proclamateurs. Malgré l'anarchie, le pillage et les meurtres, nos frères
de Sierra Leone se sont réunis régulièrement. Qpand des frères ont dû
s'enfuir dans la jungle, comme à Sri Lanka, ou vivre dans des camps
de réfugiés, comme en Côte d'Ivoire, des dispositions ont été prises
pour qu'ils ne soient privés d'aucune réunion.
Les bouleversements étant de plus en plus répandus, ce n'est pas
le moment de nous relâcher et de manquer les réunions ou de pen­
ser qu'il suffit d'aller à la Salle du Royaume une fois par semaine.
Les É critures nous exhortent à ne pas abandonner notre assemblée,
'
mais à nous encourager mutuellement, et cela d'autant plus que nous
voyons approcher lejour '. (Héb. 10:24, 25.) Jéhovah sait de quoi nous
avons besoin.
Au cours de l'année passée, 375 923 nouveaux disciples se sont
fait baptiser pour symboliser l'offrande de leur personne à Jéhovah,
ce qui représente un nouveau maximum. Qpelle source de joie ! Les
paroles suivantes de Jésus rapportées en Jean 4:35 trouvent toujours
leur accomplissement : " Levez les yeux et regardez les champs : ils
sont blancs pour la moisson. " Nous continuerons résolument à don­
ner le témoignage. Peu importe leur nombre, les vies de ceux qui se
tournent vers Jéhovah sont précieuses (Luc 1 5:7). Nous remercions
profondément Jéhovah de ce que le nombre des assistants au Mémo­
rial a été supérieur de plus de un million à celui de l'année précédente.
Le texte pour 1 998 nous rappelle la nécessité d'aider d'autres mil­
lions de personnes à répondre à cette invitation : " Tout homme qui
invoquera le nom de Jéhovah sera sauvé. " (Rom. 10:13). Nous prions
sincèrement pour que durant la nouvelle année de service chacun
dans l'organisation de Dieu prenne part à l'œuvre de témoignage, dé­
montrant ainsi sa profonde reconnaissance pour tout ce que Jéhovah
a fait pour son peuple.
Qpe tous ceux qui, dans le monde, servent Jéhovah à nos côtés
soient assurés de notre profond amour chrétien !
Vos frères,
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Watch Tower Bible and Tract Society of Pennsylvania
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