Le masque de Dark Vador… Éditorial

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Le masque de Dark Vador… Éditorial
AD
S EA
Mensuel n°243 • Novembre 2015
Éditorial Le masque de Dark Vador…
Maltraitance, violence… terrorisme, radicalisme, populisme, pessimisme, alarmisme… peuple martyre en fuite… réchauffement climatique… La montée en puissance des forces obscures semble suivre
l’élévation du niveau des océans. Le réel et le virtuel fusionnent et atomisent la raison. Quelle différence entre un jeu vidéo sanglant et l’actu
brûlante du JT ? Impression d’état d’urgence. Plus le temps de penser.
À croire que le diable toque à notre porte… Mais qui donc se cache
derrière le masque de Dark Vador1 ?
La problématique peut paraître cosmique. Elle ne manque pourtant
pas de pragmatisme. « Bien sûr, on nous parle du risque fantasmatique
des extraterrestres. La question de la barbarie se pose de façon intérieure : comment l’humanité traite-t-elle sa propre part d’inhumanité.
La grande question du mal devient une question politique »2. Chevaliers blancs et chevaliers noirs se disputent la vedette. Que choisir ?
Tranchons sommairement au sabre laser dans ce pseudo-dilemme. En
vérité, la société des hommes ne se divise pas entre les tenants du bien
et les tenants du mal. Chacun d’entre nous porte sa part d’altruisme
et d’égoïsme. Rétrécissons la focale. Dans nos métiers aussi, les institutions comme les individus peuvent produire de la maltraitance. Un
comble pour qui prétend protéger l’enfant. Alors, regardons la chose
en face et posons que la maltraitance, ça n’arrive pas qu’aux autres.
Voilà qui incline à la prudence et qui mérite de prendre position.
Puisque la question de la maltraitance est une question politique,
regardons du côté des « responsables ». Pour ceux qui encadrent
l’intervention sociale, c’est un véritable enjeu d’exemplarité, de
régularité, de légalité et de mode relationnel. Afin de promouvoir une
pratique associative écartant les dérives maltraitantes et les effets
délétères de la solitude du chef, nous avons, au mois de septembre
dernier, organisé un séminaire rassemblant l’ensemble des cadres
hiérarchiques de l’ADSEA 77. C’est Alice Casagrande3 qui en a assuré
l’animation avec brio.
Question de limite… Pour discerner ce qui se discute de ce qui ne se
discute pas, ce qui est acceptable de ce qui ne l’est pas, le responsable
doit se référer à un environnement règlementaire tout en concevant
une manière de faire garantissant un cadre relationnel forçant le
respect, mais n’excluant pas le regard critique. Entre la froideur de
la règle et la chaleur de l’affect, entre le trop loin et le trop proche, il
lui faut développer une capacité de discernement pour identifier les
pratiques relevant de la maltraitance ordinaire4. Ces comportements
nocifs feront, en cas de laisser faire, le lit d’une maltraitance à venir
plus grave encore. Que l’on soit cadre ou professionnel de terrain, cette
synergie de la loi et du lien est productrice de sens5… je le qualifierai
de « sens du juste ». Un sens du juste qui se cultive sans cesse…
Lytta Brasset « suggère un changement de perspective dans
l’opposition entre le bien et le mal. (…) À ses yeux (…) le contraire du
mal n’est pas le bien mais le sens ». On échappe ainsi à l’opposition
théologique entre le Bien et le Mal. Passant du religieux au laïque,
on abandonne la croyance pour adopter la raison. Il y a peu, Régis
Debray débattait avec Edgar Morin6. Il s’agissait de savoir si l’on
pouvait s’exonérer des frontières. Selon Régis Debray, « la frontière,
c’est une limite. Ça protège le plus faible du plus fort. La frontière, c’est
un remède contre le pire ou l’empire ». L’empire… On en revient à la
figure dark vadorienne. Noir mystère ? Non. Pour peu que l’on prenne le
temps de penser et de cesser d’y croire, les lumières du discernement
brisent en un éclair les apparences7. Derrière le masque, ce n’est pas
le visage du bien ou du mal qui se cache mais celui du sens et, plus
précisément, de l’idée de justice8.
Si la sortie prochaine de l’épisode VII de La Guerre de étoiles intitulé
Le Réveil de la Force fascine tant, c’est qu’il scénarise le mythe de l’éternel combat du bien contre le mal, sur fond de délire de toute puissance. Cinéma, cinéma. Soyons raisonnables, à l’ADSEA 77, point de
croyance manichéenne ou de stratégie impérialiste. Nous gardons les
pieds sur terre et faisons nôtre la célèbre formule de Pascal « La justice
sans la force est impuissante ; la force sans la justice est tyrannique ».
Que la force soit avec vous !
Jean-Michel Tavan
6TV5, Les Grandes Questions, Franz-Olivier Giesbert reçoit Régis Debray, qui publie Un
candide à sa fenêtre, Dégagements II et Éloge des frontières, chez Gallimard, et Edgar
Morin, qui publie Penser global, l’humain et son univers, chez Robert Laffont, https://www.
youtube.com/watch?v=ItBhSOx69LE
7 Voir Fabrique à brac, Conte laïque, p.5.
8 Dark Vador, en tombant le masque, ne rentre-t-il pas dans le droit chemin au soir de sa vie ?
Directeur de la
publication
Jean-Michel Tavan
Conception/réalisation
Christophe Charlanne
Comité de rédaction
Audrey Audoin
Christophe Charlanne
Cosette Jaschinski
Paul de Maximy
Alice Méar
Jean-Michel Tavan
François Varry
Ont participé à ce numéro
1 Dark Vador, personnage emblématique de la saga cinématographique La Guerre des étoiles.
Il bascule du côté obscur de la Force et devient un seigneur noir…
2 Edgar Morin, Patrick Viveret, Comment vivre en temps de crise ? Bayard, 2010, p.68.
3Alice Casagrande est l’auteure de Ce que la maltraitance nous enseigne, difficile
bientraitance, Dunod, 2012.
4 Voir aussi le concept de « banalité du mal » développé par Hannah Arendt. Pour en savoir plus :
http://www.lemonde.fr/livres/article/2012/06/28/la-banalite-du-mal-nouvel-examencritique_1725578_3260.html#EG4RVzgI5cfZFUHb.99
5 On retrouve ici la figure du triangle de la résilience proposé par Jacques Lecomte dans
Guérir de son enfance, Odile Jacob, 2010. Aussi édité en livre de poche.
Esther Giband
Pascal Le Rest
Henri Peña-Ruiz
Nadia Renaud
Sommaire
Éditorial :
Le masque de Dark Vador….......................................1
Adsea-scopie
L’intégration républicaine :
le choix de l’émancipation laïque..............................2
La commission « vie associative »
se réunit à PIJE................................................................2
Des nouvelles brèves
Face à la violence des jeunes ?..................................4
Le groupe histoire tient toujours la pôle-position........4
J’ai vu, j’ai lu, j’suis ému(e)
Roberta Rubino, La production du coton
biologique et équitable au Mali,
Au-delà du don et du marché.....................................5
Fabrique à brac
Conte laïque....................................................................5
Billet d’humeur............................................ 5
Offres d’emploi............................................ 6
Journal édité par l’Association départementale de sauvegarde de l’enfance et de l’adolescence en Seine-et-Marne.
Diffusé à 1 200 exemplaires à l’attention des salariés et des partenaires de l’association.
Retrouvez tous les anciens numéros en téléchargement sur adsea77.fr, rubrique Informations et actualités > Historique > Journal
ADSEA 77 • 2 bis, rue Saint-Louis 77000 Melun • Tél. 01 60 68 38 36 • Courriel :
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Journal
Journal
de l’ADSEA 77
de l’ADSEA 77
n°243 n°*** novembre
mois année
2015 | 1
Ads e a- sco p i e
Conférence débat sur la laïcité organisée par la DTPJJ
Le 13 octobre dernier, la Direction territoriale de la Protection judiciaire de la jeunesse (DTPJJ) invitait le philosophe
Henri Peña-Ruiz (dont le dernier ouvrage, Dictionnaire amoureux de la laïcité, est paru aux Éditions Plon en
2014) à faire un exposé et à débattre sur la question de la laïcité, un sujet qu’il a tout particulièrement approfondi
depuis de nombreuses années. Henri Peña-Ruiz a abordé le sujet sous différents angles : historique, sociologique,
philosophique, politique… mais en prenant toujours soin d’ancrer son discours dans une réalité quotidienne
actuelle. Cette approche ouverte au débat et respectueuse des religions, de l’athéisme et des agnostiques, a permis
d’échapper à l’ennui souvent provoqué par l’abstraction du « discours du sachant » et de saisir toute la dimension de
l’enjeu de laïcité pour une conception démocratique du faire société. Avec son autorisation, nous publions le texte
qu’il a distribué à tous les participants.
Cette journée de formation comportait deux modules, l’un le matin, l’autre l’après-midi : ‘ Histoire, philosophie et
droit : les fondements de la laïcité ’ et ‘ Questions vives de la laïcité. Déontologie laïque et problèmes pratiques ’.
L’intégration républicaine : le choix
de l’émancipation laïque.
Oct
Formation à la laïcité : principes, enjeux actuels,
questions pratiques.
Nous vivons des temps difficiles, voire
tragiques, où l’humanité semble perdre de
vue ses repères, et guettée par un doute
ravageur sur le sens de son devenir. Des
fanatismes mortifères sont réapparus. On
les croyait pourtant révolus. En réaction, le
désarroi et la peur favorisent une idéologie
d’exclusion, de quête d’un bouc émissaire,
d e f r a g m e nt at i o n d e l ’ h u m a n i té e n
communautés mutuellement exclusives.
La thèse du prétendu « choc des civilisations »
tend à fataliser ce processus. Comment
surmonter cette dérive ? Par le retour aux
principes républicains et à la laïcité qui les
accomplit, mais aussi à la philosophie de la
solidarité par la justice sociale. Dans cette
perspective, la jeunesse doit avoir une place
particulière au regard de sa vulnérabilité. La
protection de la petite enfance, de l’enfance,
de l’adolescence, et finalement du jeune
adulte au seuil de sa majorité, appelle le refus
du repli communautariste, la prévention
contre le prosélytisme, le souci de promouvoir
l’autonomie de jugement et l’esprit critique.
13
Ceci doit valoir également pour toutes les
personnes vulnérables.
Dans la communauté de droit qui définit la république, c’est la volonté de vivre ensemble
selon des lois qui est en jeu, et par conséquent la volonté générale, qui vise l’intérêt
commun à tous. La souveraineté populaire
ainsi affirmée n’exclut pas l’appartenance à
une tradition, à un groupe religieux ou athée,
à une origine géographique particulière, mais
elle l’intègre au sens du bien commun, à une
patrie de droit. Unir par ce qui élève, et non
par ce qui soumet, telle est la raison d’être de
la république ainsi comprise. Tel est aussi le
choix de l’émancipation, incarné par ses principes fondateurs. La liberté, l’égalité, l’universalité de l’intérêt commun à tous sont source
de fraternité. La laïcité comme indépendance
de l’État par rapport à la religion comme par
rapport à l’athéisme rend crédible et vraie la
République en s’interdisant de privilégier une
catégorie de citoyens et en assurant la promotion de l’autonomie de jugement que re-
quiert une citoyenneté éclairée. Grâce à elle,
l’émancipation s’accomplit comme libération
personnelle et collective par rapport à toute
dépendance. Bonne pour le croyant comme
pour l’athée, elle n’exige d’eux que le respect
des lois par lesquelles elle organise leur égale
liberté, exclusive de tout privilège comme de
toute stigmatisation.
Ainsi, l’intégration républicaine se fait union
libre et fraternelle. Non par l’assimilation
qui gommerait toute différence ou par la
soumission à une autorité religieuse qui
aliénerait la liberté, mais par le processus
d’affranchissement
de
toute
tutelle.
Intégrer par le haut : cet idéal peut faire
consensus dès lors qu’il est compris et
vécu concrètement. Il permet d’éviter
l’enfermement communautariste et les
dérives fanatiques. Liberté de conscience,
égalité de droits des divers croyants et
des athées, consécration de la puissance
publique à l’intérêt général, peuvent fédérer
l’ensemble des citoyennes et des citoyens,
sans distinction d’appartenances. Relayant la
belle idée de république, il s’agit de prendre le
contrepied de tout nationalisme d’exclusion
pour rappeler à chacun que sa vraie patrie
est l’humanité entière. Et de donner chair
et vie au sens de ce qui est commun à tous.
La république laïque constitue à la fois une
source et un horizon. Une source fondatrice
d’un espace commun à tous, en amont de tous
les clivages. Un horizon, école d’universel, qui
rappelle à chaque être humain les principes
de justice et de solidarité propres à fonder
une authentique concorde.
Souvenons-nous du propos du philosophe
stoïcien Marc-Aurèle: « En tant qu’Antonin, je
suis citoyen de Rome. En tant qu’homme, je
suis citoyen du monde ».
Henri Peña-Ruiz
Juillet
La commission 09
« vie associative »
se réunit à PIJE
Le 9 juillet 2015, la commission « vie
associative » de l’ADSEA 77 est venue
rencontrer les salariés et les usagers de PIJE.
C’est dans la « salle de code » qu’ont pris place
les administrateurs, Geneviève Poisson et
Joël Boussu, et les directeurs membres de la
commission ainsi qu’une bonne trentaine de
2 | Journal de l’ADSEA 77 n°243 novembre 2015
salariés permanents, de salariés en parcours
d’insertion, de jeunes en formation et d’élèves
de l’auto-école.
Cette rencontre a débuté par une présentation très incarnée, et très appréciée, de l’association, effectuée par la vice-présidente
Geneviève Poisson. Jean-Michel Tavan, directeur général, a rappelé le rôle « politique » des
administrateurs ainsi que celui de la Direction
générale au sein de l’association.
Après une brève présentation des actions
mises en œuvre au sein de PIJE par
Esther Giband, directrice du service, la parole
est donnée aux salariés permanents, aux
salariés des chantiers d’insertion, aux jeunes
en formation sur le dispositif avenir jeunes, et
aux élèves de l’auto-école.
Quelques questions des membres de la commission permettent de délier les langues et
ainsi de démarrer l’échange. La discussion
s’engage sur le logement : la précarité, la recherche de logement, les hébergements dans
d’autres établissement (FJT, DAIS…), l’importance du 1 % patronal pour permettre l’accès
au logement autonome pour certains. La
parole tourne et chacun s’exprime sur
son projet professionnel : fleuriste,
secrétaire, assistante maternelle, mécanicien automobile, ouvrier espaces
verts… Et puis après quelques hésitations, certains se lancent et les témoignages apportés sont très forts et
poignants.
Actuellement sur le chantier « création
textiles », Abderrahmane a exprimé
sa satisfaction d’avoir intégré
l’atelier qui lui permet de découvrir
les techniques de base de la couture
mais également et surtout, la langue
française dont la maîtrise était son plus
grand frein pour l’accès à l’emploi.
Grace, salariée du chantier
« maraîchage biologique », a dû quitter
l’école à 15 ans alors qu’elle était
enceinte. Elle n’a pas pu reprendre
ses études. Elle nous dit que « quand
on est sorti de la scolarité, on a
l’impression que tout est fini ». Le
chantier lui a permis de reprendre
confiance en elle en travaillant
en groupe : « J’ai appris à parler aux
autres, à supporter les autres ». « J’ai de
la chance de travailler à PIJE ».
Safi s’est présentée ainsi : « Je suis
une femme battue ». Pour elle, « C’est
difficile de lire, écrire, comprendre ».
Son contrat lui a permis de mieux
appréhender la langue française. Elle
a désormais un projet professionnel :
la restauration collective. Elle nous dit
qu’elle est « mieux qu’avant ».
Théodore a été orienté par Pôle emploi
sur le chantier d’insertion du parc
Chaput. Il dit que quand il est arrivé
à PIJE, « une porte s’est ouverte ».
Tout a changé, non seulement pour
lui mais également pour la famille et
les enfants. Il recommence à avoir des
projets.
Steven, actuellement sur le chantier
« entretien des espaces naturels » de
Savigny-le-Temple, était précédemment sur le dispositif « avenir jeunes ».
Très réservé, Steven nous dit que « ça a
été dur de travailler en équipe, il préférait travailler tout seul ». Aujourd’hui il a
repris confiance en lui. Il a fait le choix
de retourner auprès de sa mère dont il
avait été séparé pour travailler dans les
espaces verts à Grenoble.
Au cours de l’échange, il a beaucoup
été dit que PIJE est un lieu de
passage qui a surtout pour but de
remettre les personnes dans une
dynamique d’emploi. Les salariés
permanents soulignent d’ailleurs
qu’ils n’ont pas toujours de nouvelles
des jeunes ou des adultes qui sont
passés dans les différents chantiers.
Certains reviennent pour faire part de
leur réussite, quand les nouvelles sont
moins bonnes c’est plus souvent par
« le réseau » qu’elles sont obtenues.
Mais, si PIJE est un lieu de passage,
certains ont également insisté sur le
fait que c’est aussi un lieu où « on doit
être bien ». Aussi, les administrateurs
et la Direction générale ont souhaité
que des pistes soient proposées pour
améliorer le dispositif d’accueil.
Est évoquée, par exemple, l’idée d’une
crèche pour les familles ayant de
jeunes enfants. L’usage de cette
structure pourrait s’ouvrir également
aux salariés permanents avec, pourquoi
pas, une possibilité de développer une
action de formation dans ce domaine.
Il est aussi demandé à ce que soient
organisés des loisirs créant des liens
entre les différentes structures
de l’ADSEA 77, comme des tournois
sportifs, etc.
C’est dans un climat très détendu que
s’est achevé cet après-midi d’échanges,
avec un plaisir partagé de la discussion
et un respect mutuel évident.
Ce fut un bel échange, et pour citer
Monsieur Bouissou, nous n’étions
« ni dans les théories, ni dans les
statistiques, ni dans les jugements mais
dans la pâte humaine ».
Esther Giband et Nadia Renaud
PIJE,
service
insertion
de l’ADSEA 77
Ce service vise à favoriser l’insertion sociale et
professionnelle des jeunes et adultes, principalement
des territoires de Melun et de Sénart.
Les actions mises en œuvre par PIJE doivent répondre
aux facteurs d’exclusion et de non employabilité dans
le secteur marchand « classique » que sont le manque
d’expérience professionnelle, une longue période de
chômage, une mobilité réduite, le cumul de plusieurs
difficultés sociales, des problèmes liés à la non maîtrise
de la langue française, des situations d’illettrisme, des
problèmes d’addiction, de comportements éloignés
des exigences du monde économique, etc.
PIJE ADSEA77 développe
aujourd’hui 4 pôles d’activité
La formation : Avenir Jeunes. Il s’agit d’une action de
formation du Conseil régional d’Île-de-France menée
dans le cadre d’un partenariat avec d’autres centres de
formation du sud de la Seine-et-Marne. Ce dispositif
doit permettre aux jeunes accueillis de définir leur
projet professionnel en mêlant stages en entreprise
et aide à l’élaboration d’un projet professionnel en
organisme de formation (75 jeunes par an).
L’accompagnement vers l’emploi des allocataires du
RSA de l’agglomération de Sénart, dans le cadre d’une
convention avec le Conseil départemental de Seineet-Marne (450 personnes accompagnées par an).
L’insertion par l’activité économique : les chantiers
d’insertion mettent en œuvre une pédagogie
spécifique alliant formation, production et
accompagnement socioprofessionnel. Celle-ci visant
la réalisation d’objectifs divers : apprendre à vivre
ensemble autour d’un travail commun, développer
son potentiel personnel, consolider, approfondir ses
compétences professionnelles, se qualifier, obtenir un
emploi (100 personnes salariées par an).
La plateforme de mobilité : la Roue libre 77
développe une « gamme de services » permettant
d’envisager l’acquisition progressive d’une mobilité
autonome, en lien avec le parcours d’insertion
sociale et professionnelle des jeunes et des adultes
(300 personnes accompagnées par an).
Journal de l’ADSEA 77 n°243 novembre 2015 | 3
De s n o u ve l l e s b r è ves
Face à la violence des jeunes ?
Par Karim Mokhtari
Conférence au Logis
Dans le cadre d’un partenariat entre la
DTPJJ et l’ADSEA 77, une conférence-débat
est programmée le 10 décembre 2015
au Logis à Saint-Germain-Laxis sur les
questions relatives à la violence des jeunes.
Accueil dès 9h. La conférence se tiendra
de 9h30 à 12h30.
Conférence ouverte à tous, donnée par
Karim Mokhtari. Entrée libre. Inscriptions
auprès de Cosette Jaschinski ou Camélia
Ayad au 01 60 68 38 36 avant le
26 novembre 2015.
Attention : nombre de places limité à 100
personnes.
État des lieux :
un passage à l’acte violent
de plus en plus fréquent
chez les jeunes en rupture
Source : http://karim-redemption.jimdo.com
Déclassement, exclusion, sentiment de
frustration, absence de perspective : la
dégradation de l’image de soi de certains
jeunes les conduit à un mode relationnel
dominé par l’agressivité où le passage à l’acte
n’a (plus) rien de tabou. La relation à l’autre
se caractérise par la méfiance et la défiance
et toute sollicitation ou tentative de lien est
vécue comme une menace, d’autant plus
lorsqu’elle émane de l’lnstitution.
Déc
10
Face à des publics en grande précarité identitaire,
les professionnels de l’action éducative sont
de plus en plus confrontés à des situations de
violence relationnelle qui peuvent dégénérer
en violence physique. En situation dif f icile,
l’éducateur n’a souvent d’autre choix que
l’exclusion, dégradant un peu plus un lien déjà
fragile. Comment éviter d’atteindre ce point de
rupture ? Comment limiter les risques de passage
à l’acte violent et restaurer le lien nécessaire à
l’accompagnement ?
Notre proposition :
un accompagnement fondé
sur la pratique et l’échange
La connaissance pratique des publics et des
situations est indispensable pour nourrir et
enrichir les actions éducatives auprès des publics
en rupture. Forts de leur expérience de terrain
auprès des jeunes, en particulier dans le domaine
carcéral et celui de la protection judiciaire, les
intervenants de 100 Murs ont une seule ambition :
rendre possible l’acte éducatif face à des jeunes
« impossibles », afin qu’ils retrouvent une image
positive d’eux-mêmes.
Comment ? En réconciliant connaissances
théoriques et expériences pratiques, pour que
les outils pédagogiques intègrent concrètement
le contexte de l’intervention. Rien de figé dans
notre approche. Elle se fonde sur l’interaction et
l’échange, le partage d’expérience, l’implication,
la créativité et le dialogue avec tous les acteurs.
Biographie de Karim
Moktari (extrait du site http://karim-redemption.jimdo.com/)
Né en 1978, Karim Mokhtari a passé une grande partie de sa vie dans les bras des institutions françaises.
De douze à dix-sept ans, il connaîtra trois foyers d’éducation spécialisée, puis, de dix-huit à vingt-cinq
ans, plus de quinze établissements pénitentiaires. Condamné à dix ans de réclusion criminelle, il en
purgera finalement un peu plus de six. À sa sortie, en 2002, il rejoint l’association Atelier sans frontières,
une association de réinsertion sociale et professionnelle au service de la solidarité internationale en tant
que logisticien sans frontières, avant de devenir encadrant technique spécialisé puis, chef de chantier
humanitaire. En 2005, il devient expert jeunesse sur la question de l’engagement civique des jeunes
Français au sein de l’association Unis-cité, puis coordinateur national et formateur auprès des acteurs
jeunesse qui accompagnent les jeunes volontaires en Service civique. Depuis 2012, c’est un acteur engagé
dans le changement qu’il espère pour le monde carcéral. Vice-président de l’association Carceropolis,
plateforme internet qui donne à voir la prison autrement, à travers un ensemble de ressources multimédia
et une vision « réaliste » de l’univers carcéral. Depuis 2014, il est directeur de l’association 100 Murs et
formateur des professionnels éducatifs et judiciaires accompagnants des jeunes mineurs placés sous main
de justice.
Il est l’auteur, avec Charlie Carle, de Rédemption, itinéraire d’un cassé (Scrinéo, 2013), dans lequel il
raconte sa vie sous forme de récit.
4 | Journal de l’ADSEA 77 n°243 novembre 2015
Le groupe
histoire tient
toujours la
pôle-position
De gauche à droite : Jackie Franoux, Michel
Chaullet, Hubert Pelliet et Alain Maurion.
Au début, c’était un groupe de travail
initié par quelques salariés soucieux de
transmission, souhaitant faire œuvre
de mémoire et ne pas laisser se perdre
le témoignage des plus anciens, seule
histoire de la Sauvegarde.
À ce groupe s’était adjointe, à son
initiative, une historienne de talent
reconnue pour la qualité de ses travaux :
Françoise Tétard. Il est à noter que les
deux initiatives étaient conjointes et
non coordonnées. Au même moment,
un salarié proposait au directeur
général l’idée d’une instance pouvant
reprendre l’histoire de l’association, et
une historienne venait spontanément
se présenter dans les locaux de la DG…
Michèle Becquemin a depuis succédé à
Françoise Tétard, décédée il y a quelques
années : elle assure aujourd’hui l’appui
méthodologique de ce groupe et se
charge de l’écriture du livre sur lequel
nous travaillons.
La première réunion a eu lieu le
8 octobre 2009, la dernière en date s’est
tenue le 19 octobre 2015. Entre le temps
long de l’histoire et le temps parfois
éphémère de la logique des projets, ce
groupe travaille avec constance, dans
un temps moyen. Après des années de
rencontres, de dépouillement d’archives,
de croisement des témoignages, le
matériel collecté a permis d’entrer en
phase active d’écriture.
On peut raisonnablement espérer
la sortie d’un ouvrage reprenant
les origines de l’association et le
déploiement de son histoire pour
l’année 2016.
En ce temps d’accélération de
l’histoire, ce travail permet d’éclairer
le questionnement sur le présent à la
lumière des évènements passés, et de
fédérer une mémoire éparse, dispersée,
pour une retransmission qui sera
accessible à tous.
François Varry
J’a i v u, j ’a i l u, j ’suis ému (e)
Roberta Rubino, La production du coton biologique et
équitable au Mali, Au-delà du don et du marché
Éditions L’Harmattan, 2015, 182 pages, 19 euros.
Roberta Rubino est une jeune femme
diplômée de l’université de Naples en relations
internationales et en études diplomatiques
depuis 2004. Elle a quitté l’Italie et est venue
s’installer en France, à Paris, pour compléter
son cursus en ethnologie. Étudiante à l’École
des hautes études en sciences sociales (EHESS),
elle a obtenu son doctorat en anthropologie
sociale et en ethnologie en 2013.
Son livre, issu de sa thèse, apparaît sous
une forme attractive et un style dynamique,
captivant.
La production du coton biologique et équitable
au Mali, Au-delà du don et du marché, est
un livre original pour penser de manière
ethnologique les aspects de la globalisation
économique qui s’imposent à des territoires
circonscrits et à des populations fixées
localement. Roberta Rubino décrit par le détail
la chaîne de production du coton biologique
et équitable du Mali et analyse les éléments qui
rendent compte de l’impact sur l’organisation
sociale et politique des villages. Le commerce
équitable tel qu’il se révèle au Mali constituet-il un moyen de développement alternatif
pour les producteurs ? Se distingue-t-il sur le
marché des autres types d’échanges ? Et les
questions de don, comment se manifestentelles dans ce commerce ?
Le travail de Roberta Rubino est remarquable
à plus d’un titre. En premier lieu, le lecteur
est captivé par le terrain d’élection de
l’ethnologue qui s’aventure sur des réalités
humaines très actuelles, centrées sur des
enjeux de commerce équitable, de production
biologique agricole dans un pays d’Afrique
où se mêlent des aspects historiques de
don et de dette, et en observant également
les modes d’intervention des ONG, aux
frontières par conséquent des questions
d’économie solidaire, de travail social, de
principes associatifs. Pour cela déjà, la jeune
ethnologue de 35 ans mérite une attention
particulière.
Mais, de façon plus fine, ce qui séduit
davantage le lecteur en second lieu, c’est la
force du style de cette auteure qui revendique
une affirmation, celle du je, qui écrit donc à
la première personne du singulier et qui
de ce fait entraîne son lecteur dans une
ethnographie du sensible, en appuyant avec
discrétion sur ce regard chaud, si bien décrit
par Pascal Dibie, l’ethnologue des portes.
Cette ethnographie du sensible n’en est pas
moins une ethnographie très objectivée,
remarquable dans son enquête fouillée,
qui avance comme une démonstration
mathématique.
Fa b r i q ue à b rac
Pas dupes, les tourtereaux
répondirent immédiatement
Conte laïque
par un sourire libertaire ponctué d’un :
Une nuit, rue du miroir à Melun…
Pinocchio, qui est maintenant un
beau jeune homme de chair et d’os,
se promène bras dessus, bras
dessous avec la belle Alice revenue
du pays des merveilles…
C’est alors que surgissent deux glauques
compères parlementant à voix basse.
Les deux amoureux sont bluffés : c’est
Dark Vador accompagné d’un Bisounours !
De sa vilaine voix, Dark leur
lance : « Je suis le mal ».
Et le Bisounours de renchérir sur un
ton doucereux : « Je suis le bien ».
« Messieurs, vous êtes incroyables ».
À ce moment précis,
Dark Vador se transforma
en une minable petite figurine
de plastique made in China
et le Bisounours en une piteuse
peluche défraîchie…
Alice et Pinocchio ramassèrent
les deux choses inertes
et les déposèrent sur un tas de trucs
négligemment stockés sur le trottoir.
Demain dès l’aube,
à l’heure où blanchit la campagne,
ce sera le passage des monstres…
En troisième point, Roberta Rubino considère
des aspects très anciens du discours
ethnologique tels que les questions de don
et de dette, mais les renouvelle dans une
perspective dépouillée du décor exotique
très souvent exploité par la tradition de la
première moitié du XXe siècle, tout en nous
conduisant de Paris à Bamako, de Lassa
à Bougouni. Elle propose ainsi une grille
d’analyse pour de multiples objets d’étude
qui dépasse très largement le sujet de son
livre. Bien évidemment, la qualité de l’auteure
diplômée d’études politiques à Naples n’est
pas sans résonance dans cette capacité de
l’ethnologue à majorer ses lignes de force
pour accroître la puissance de son style.
Je pourrais encore trouver bien d’autres
intérêts à ce livre et ergoter sur ses qualités,
mais il me suffira pour conclure d’exprimer
que la description du commerce équitable au
Mali vu par Roberta Rubino, jeune ethnologue
d’une nouvelle génération de chercheurs,
est brillante tant dans le traitement que
dans la restitution de ses travaux, brillante
aussi dans ce qu’elle énonce en creux sur
l’actualité de nos modèles de vie, d’échanges
et d’organisation sociale.
Pascal Le Rest
Billet d’humeur
Vache d’histoire
Une vache me dit un jour…
Je suis adepte d’une science à un sou…
Et c’est cette insouciance…
Qui me meut.
Au lait !
Journal de l’ADSEA 77 n°243 novembre 2015 | 5
AD
SE
A
Of fr es d ’e mp l o i
Le Service d’investigation éducative (SIE) de
l’ADSEA 77 recherche :
1 travailleur social diplômé (H/F)
Éducateur spécialisé ou
assistant socio-éducatif
CDI temps partiel 0,80 ETP - CCNT 66
Poste basé à Maincy, réf. SIE-15-05-ES
1 travailleur social diplômé (H/F)
Éducateur spécialisé ou
assistant socio-éducatif
CDI temps plein - CCNT 66
Poste basé à Meaux, réf. SIE-15-06-ES
Profil :
Éducateur spécialisé ou assistant social
diplômé. Expérience en protection de
l’enfance indispensable. Connaissance du
milieu ouvert souhaitée.
Missions :
Réaliser de mesures judiciaires d’investigation
éducative de 6 mois maximum, en collaboration
avec une équipe pluridisciplinaire. Éclairer par
écrit le juge des enfants en vue d’une décision
de protection à prendre. Éclairer la famille sur
les besoins des enfants concernés.
Qualités requises :
Rigueur, organisation, autonomie, sens de la
relation, sens du travail en équipe, capacités
rédactionnelles.
Permis de conduire indispensable.
Postes à pourvoir immédiatement.
Envoyez CV et lettre de motivation avec la
référence du poste visé à :
Bernard DELILLE, directeur
Service d’investigation éducative
Chemin du Coudray Ménereaux
77950 Maincy
Ou par e-mail sur [email protected]
Les Rochettes ADSEA 77, établissement
accueillant des jeunes filles mineures en internat
à 365 jours dans le cadre de la protection de
l’enfance, recherchent :
1 psychomotricien (H/F)
CDI temps plein - CCNT66
Profil :
Titulaire du diplôme d’État de psychomotricien.
Titulaire du permis B.
Missions :
Sous l’autorité directe du chef de service éducatif
et du directeur de l’établissement, vous aurez
pour mission l’accompagnement au quotidien, la
passation de bilans psychomoteurs, l’élaboration
et la rédaction de projets thérapeutiques,
les prises en charge, la rédaction de comptes
Le service AESF recrute :
1 travailleur social (H/F) diplômé :
Éducateur spécialisé, assistant de
service social ou CESF
1 psychologue H/F
CDI temps partiel 0,5 ETP – CCNT66
En CDD pour un remplacement de congé de
décembre 2015 au 31 janvier 2016 puis à
compter du 1er février 2016 en CDI - CCNT66
Poste basé à Meaux.
Profil :
Psychologue clinicien diplômé master 2.
Connaissance de la protection de l’enfance
souhaitée.
Profil :
Expérience en protection de l’enfance.
Connaissance du milieu ouvert souhaitée.
Missions :
Sous l’autorité de la directrice et en relation
directe avec le chef de service vous assurez
une mission de protection de l’enfance.
La mesure judiciaire d’aide à la gestion du
budget familial est une mesure judiciaire
qui s’inscrit dans le dispositif de protection
de l’enfance. Le service a un mandat global
concernant les enfants.
Par la gestion des prestations familiales, vous
assurez une protection des enfants et menez
une action éducative auprès des parents,
en vue de permettre à la cellule familiale de
trouver ou de retrouver son équilibre et son
autonomie budgétaires.
Missions :
Contribue à la mise en œuvre de la Mesure
judiciaire d’investigation éducative (MJIE) en
articulation avec les autres professionnels de
l’équipe, en tant que référent et en tant que
membre de l’équipe pluridisciplinaire :
• Propose une écoute individuelle et/ou
collective du ou des jeunes et de leur
famille pour permettre une compréhension
et une prise de distance afin de favoriser un
changement dans l’intérêt de l’enfant ;
• Participe à la réflexion interdisciplinaire en
apportant ses observations et son analyse ;
• Dans sa restitution écrite, apporte des
éléments de compréhension susceptibles
d’aider le magistrat à prendre une décision ;
• Participe, en tant que cadre technique, à la
vie institutionnelle.
Qualités requises :
Rigueur, organisation, autonomie.
Sens de la relation, sens du travail en équipe.
Capacités rédactionnelles, intérêt pour
l’administratif.
Permis de conduire indispensable.
Qualités requises :
• Capacité à tenir un rythme soutenu ;
• Organisation rigoureuse ;
• Esprit d’analyse et de synthèse ;
• Capacités rédactionnelles ;
Permis de conduire indispensable.
Envoyer CV et lettre de motivation sous la
référence AES-15-02-ES à :
Madame la Directrice du Service AESF
3 rue Augereau, 77000 Melun
Poste à pourvoir immédiatement
rendus de prises en charge individualisées ou
collectives.
Qualités :
Poste auprès d’adolescentes nécessitant sens
relationnel important, souplesse d’adaptation,
dynamisme, rigueur, capacités rédactionnelles
et goût du travail en équipe pluridisciplinaire
(éducateurs, éducateur scolaire, psychologue).
Poste à pourvoir au 02/11/2015
Envoyez CV et lettre de motivation sous la
référence ROC-15-08-MP à :
Les Rochettes – M. le Directeur
173 rue Pierre Curie
77190 Dammarie-les-Lys
Ou par e-mail : [email protected]
Journal d’information diffusé par la Direction générale
6 | Journal de l’ADSEA 77 n°243 novembre 2015
Le Service d’investigation éducative (SIE) de
l’ADSEA 77 recherche :
Envoyez CV et lettre de motivation sous la
référence SIE-15-04-MP à :
Bernard DELILLE, directeur
Service d’investigation éducative
Chemin du Coudray Ménereaux
77950 Maincy
Ou par e-mail sur [email protected]