Le masque de Dark Vador… Éditorial
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Le masque de Dark Vador… Éditorial
AD S EA Mensuel n°243 • Novembre 2015 Éditorial Le masque de Dark Vador… Maltraitance, violence… terrorisme, radicalisme, populisme, pessimisme, alarmisme… peuple martyre en fuite… réchauffement climatique… La montée en puissance des forces obscures semble suivre l’élévation du niveau des océans. Le réel et le virtuel fusionnent et atomisent la raison. Quelle différence entre un jeu vidéo sanglant et l’actu brûlante du JT ? Impression d’état d’urgence. Plus le temps de penser. À croire que le diable toque à notre porte… Mais qui donc se cache derrière le masque de Dark Vador1 ? La problématique peut paraître cosmique. Elle ne manque pourtant pas de pragmatisme. « Bien sûr, on nous parle du risque fantasmatique des extraterrestres. La question de la barbarie se pose de façon intérieure : comment l’humanité traite-t-elle sa propre part d’inhumanité. La grande question du mal devient une question politique »2. Chevaliers blancs et chevaliers noirs se disputent la vedette. Que choisir ? Tranchons sommairement au sabre laser dans ce pseudo-dilemme. En vérité, la société des hommes ne se divise pas entre les tenants du bien et les tenants du mal. Chacun d’entre nous porte sa part d’altruisme et d’égoïsme. Rétrécissons la focale. Dans nos métiers aussi, les institutions comme les individus peuvent produire de la maltraitance. Un comble pour qui prétend protéger l’enfant. Alors, regardons la chose en face et posons que la maltraitance, ça n’arrive pas qu’aux autres. Voilà qui incline à la prudence et qui mérite de prendre position. Puisque la question de la maltraitance est une question politique, regardons du côté des « responsables ». Pour ceux qui encadrent l’intervention sociale, c’est un véritable enjeu d’exemplarité, de régularité, de légalité et de mode relationnel. Afin de promouvoir une pratique associative écartant les dérives maltraitantes et les effets délétères de la solitude du chef, nous avons, au mois de septembre dernier, organisé un séminaire rassemblant l’ensemble des cadres hiérarchiques de l’ADSEA 77. C’est Alice Casagrande3 qui en a assuré l’animation avec brio. Question de limite… Pour discerner ce qui se discute de ce qui ne se discute pas, ce qui est acceptable de ce qui ne l’est pas, le responsable doit se référer à un environnement règlementaire tout en concevant une manière de faire garantissant un cadre relationnel forçant le respect, mais n’excluant pas le regard critique. Entre la froideur de la règle et la chaleur de l’affect, entre le trop loin et le trop proche, il lui faut développer une capacité de discernement pour identifier les pratiques relevant de la maltraitance ordinaire4. Ces comportements nocifs feront, en cas de laisser faire, le lit d’une maltraitance à venir plus grave encore. Que l’on soit cadre ou professionnel de terrain, cette synergie de la loi et du lien est productrice de sens5… je le qualifierai de « sens du juste ». Un sens du juste qui se cultive sans cesse… Lytta Brasset « suggère un changement de perspective dans l’opposition entre le bien et le mal. (…) À ses yeux (…) le contraire du mal n’est pas le bien mais le sens ». On échappe ainsi à l’opposition théologique entre le Bien et le Mal. Passant du religieux au laïque, on abandonne la croyance pour adopter la raison. Il y a peu, Régis Debray débattait avec Edgar Morin6. Il s’agissait de savoir si l’on pouvait s’exonérer des frontières. Selon Régis Debray, « la frontière, c’est une limite. Ça protège le plus faible du plus fort. La frontière, c’est un remède contre le pire ou l’empire ». L’empire… On en revient à la figure dark vadorienne. Noir mystère ? Non. Pour peu que l’on prenne le temps de penser et de cesser d’y croire, les lumières du discernement brisent en un éclair les apparences7. Derrière le masque, ce n’est pas le visage du bien ou du mal qui se cache mais celui du sens et, plus précisément, de l’idée de justice8. Si la sortie prochaine de l’épisode VII de La Guerre de étoiles intitulé Le Réveil de la Force fascine tant, c’est qu’il scénarise le mythe de l’éternel combat du bien contre le mal, sur fond de délire de toute puissance. Cinéma, cinéma. Soyons raisonnables, à l’ADSEA 77, point de croyance manichéenne ou de stratégie impérialiste. Nous gardons les pieds sur terre et faisons nôtre la célèbre formule de Pascal « La justice sans la force est impuissante ; la force sans la justice est tyrannique ». Que la force soit avec vous ! Jean-Michel Tavan 6TV5, Les Grandes Questions, Franz-Olivier Giesbert reçoit Régis Debray, qui publie Un candide à sa fenêtre, Dégagements II et Éloge des frontières, chez Gallimard, et Edgar Morin, qui publie Penser global, l’humain et son univers, chez Robert Laffont, https://www. youtube.com/watch?v=ItBhSOx69LE 7 Voir Fabrique à brac, Conte laïque, p.5. 8 Dark Vador, en tombant le masque, ne rentre-t-il pas dans le droit chemin au soir de sa vie ? Directeur de la publication Jean-Michel Tavan Conception/réalisation Christophe Charlanne Comité de rédaction Audrey Audoin Christophe Charlanne Cosette Jaschinski Paul de Maximy Alice Méar Jean-Michel Tavan François Varry Ont participé à ce numéro 1 Dark Vador, personnage emblématique de la saga cinématographique La Guerre des étoiles. Il bascule du côté obscur de la Force et devient un seigneur noir… 2 Edgar Morin, Patrick Viveret, Comment vivre en temps de crise ? Bayard, 2010, p.68. 3Alice Casagrande est l’auteure de Ce que la maltraitance nous enseigne, difficile bientraitance, Dunod, 2012. 4 Voir aussi le concept de « banalité du mal » développé par Hannah Arendt. Pour en savoir plus : http://www.lemonde.fr/livres/article/2012/06/28/la-banalite-du-mal-nouvel-examencritique_1725578_3260.html#EG4RVzgI5cfZFUHb.99 5 On retrouve ici la figure du triangle de la résilience proposé par Jacques Lecomte dans Guérir de son enfance, Odile Jacob, 2010. Aussi édité en livre de poche. Esther Giband Pascal Le Rest Henri Peña-Ruiz Nadia Renaud Sommaire Éditorial : Le masque de Dark Vador….......................................1 Adsea-scopie L’intégration républicaine : le choix de l’émancipation laïque..............................2 La commission « vie associative » se réunit à PIJE................................................................2 Des nouvelles brèves Face à la violence des jeunes ?..................................4 Le groupe histoire tient toujours la pôle-position........4 J’ai vu, j’ai lu, j’suis ému(e) Roberta Rubino, La production du coton biologique et équitable au Mali, Au-delà du don et du marché.....................................5 Fabrique à brac Conte laïque....................................................................5 Billet d’humeur............................................ 5 Offres d’emploi............................................ 6 Journal édité par l’Association départementale de sauvegarde de l’enfance et de l’adolescence en Seine-et-Marne. Diffusé à 1 200 exemplaires à l’attention des salariés et des partenaires de l’association. Retrouvez tous les anciens numéros en téléchargement sur adsea77.fr, rubrique Informations et actualités > Historique > Journal ADSEA 77 • 2 bis, rue Saint-Louis 77000 Melun • Tél. 01 60 68 38 36 • Courriel : [email protected] Journal Journal de l’ADSEA 77 de l’ADSEA 77 n°243 n°*** novembre mois année 2015 | 1 Ads e a- sco p i e Conférence débat sur la laïcité organisée par la DTPJJ Le 13 octobre dernier, la Direction territoriale de la Protection judiciaire de la jeunesse (DTPJJ) invitait le philosophe Henri Peña-Ruiz (dont le dernier ouvrage, Dictionnaire amoureux de la laïcité, est paru aux Éditions Plon en 2014) à faire un exposé et à débattre sur la question de la laïcité, un sujet qu’il a tout particulièrement approfondi depuis de nombreuses années. Henri Peña-Ruiz a abordé le sujet sous différents angles : historique, sociologique, philosophique, politique… mais en prenant toujours soin d’ancrer son discours dans une réalité quotidienne actuelle. Cette approche ouverte au débat et respectueuse des religions, de l’athéisme et des agnostiques, a permis d’échapper à l’ennui souvent provoqué par l’abstraction du « discours du sachant » et de saisir toute la dimension de l’enjeu de laïcité pour une conception démocratique du faire société. Avec son autorisation, nous publions le texte qu’il a distribué à tous les participants. Cette journée de formation comportait deux modules, l’un le matin, l’autre l’après-midi : ‘ Histoire, philosophie et droit : les fondements de la laïcité ’ et ‘ Questions vives de la laïcité. Déontologie laïque et problèmes pratiques ’. L’intégration républicaine : le choix de l’émancipation laïque. Oct Formation à la laïcité : principes, enjeux actuels, questions pratiques. Nous vivons des temps difficiles, voire tragiques, où l’humanité semble perdre de vue ses repères, et guettée par un doute ravageur sur le sens de son devenir. Des fanatismes mortifères sont réapparus. On les croyait pourtant révolus. En réaction, le désarroi et la peur favorisent une idéologie d’exclusion, de quête d’un bouc émissaire, d e f r a g m e nt at i o n d e l ’ h u m a n i té e n communautés mutuellement exclusives. La thèse du prétendu « choc des civilisations » tend à fataliser ce processus. Comment surmonter cette dérive ? Par le retour aux principes républicains et à la laïcité qui les accomplit, mais aussi à la philosophie de la solidarité par la justice sociale. Dans cette perspective, la jeunesse doit avoir une place particulière au regard de sa vulnérabilité. La protection de la petite enfance, de l’enfance, de l’adolescence, et finalement du jeune adulte au seuil de sa majorité, appelle le refus du repli communautariste, la prévention contre le prosélytisme, le souci de promouvoir l’autonomie de jugement et l’esprit critique. 13 Ceci doit valoir également pour toutes les personnes vulnérables. Dans la communauté de droit qui définit la république, c’est la volonté de vivre ensemble selon des lois qui est en jeu, et par conséquent la volonté générale, qui vise l’intérêt commun à tous. La souveraineté populaire ainsi affirmée n’exclut pas l’appartenance à une tradition, à un groupe religieux ou athée, à une origine géographique particulière, mais elle l’intègre au sens du bien commun, à une patrie de droit. Unir par ce qui élève, et non par ce qui soumet, telle est la raison d’être de la république ainsi comprise. Tel est aussi le choix de l’émancipation, incarné par ses principes fondateurs. La liberté, l’égalité, l’universalité de l’intérêt commun à tous sont source de fraternité. La laïcité comme indépendance de l’État par rapport à la religion comme par rapport à l’athéisme rend crédible et vraie la République en s’interdisant de privilégier une catégorie de citoyens et en assurant la promotion de l’autonomie de jugement que re- quiert une citoyenneté éclairée. Grâce à elle, l’émancipation s’accomplit comme libération personnelle et collective par rapport à toute dépendance. Bonne pour le croyant comme pour l’athée, elle n’exige d’eux que le respect des lois par lesquelles elle organise leur égale liberté, exclusive de tout privilège comme de toute stigmatisation. Ainsi, l’intégration républicaine se fait union libre et fraternelle. Non par l’assimilation qui gommerait toute différence ou par la soumission à une autorité religieuse qui aliénerait la liberté, mais par le processus d’affranchissement de toute tutelle. Intégrer par le haut : cet idéal peut faire consensus dès lors qu’il est compris et vécu concrètement. Il permet d’éviter l’enfermement communautariste et les dérives fanatiques. Liberté de conscience, égalité de droits des divers croyants et des athées, consécration de la puissance publique à l’intérêt général, peuvent fédérer l’ensemble des citoyennes et des citoyens, sans distinction d’appartenances. Relayant la belle idée de république, il s’agit de prendre le contrepied de tout nationalisme d’exclusion pour rappeler à chacun que sa vraie patrie est l’humanité entière. Et de donner chair et vie au sens de ce qui est commun à tous. La république laïque constitue à la fois une source et un horizon. Une source fondatrice d’un espace commun à tous, en amont de tous les clivages. Un horizon, école d’universel, qui rappelle à chaque être humain les principes de justice et de solidarité propres à fonder une authentique concorde. Souvenons-nous du propos du philosophe stoïcien Marc-Aurèle: « En tant qu’Antonin, je suis citoyen de Rome. En tant qu’homme, je suis citoyen du monde ». Henri Peña-Ruiz Juillet La commission 09 « vie associative » se réunit à PIJE Le 9 juillet 2015, la commission « vie associative » de l’ADSEA 77 est venue rencontrer les salariés et les usagers de PIJE. C’est dans la « salle de code » qu’ont pris place les administrateurs, Geneviève Poisson et Joël Boussu, et les directeurs membres de la commission ainsi qu’une bonne trentaine de 2 | Journal de l’ADSEA 77 n°243 novembre 2015 salariés permanents, de salariés en parcours d’insertion, de jeunes en formation et d’élèves de l’auto-école. Cette rencontre a débuté par une présentation très incarnée, et très appréciée, de l’association, effectuée par la vice-présidente Geneviève Poisson. Jean-Michel Tavan, directeur général, a rappelé le rôle « politique » des administrateurs ainsi que celui de la Direction générale au sein de l’association. Après une brève présentation des actions mises en œuvre au sein de PIJE par Esther Giband, directrice du service, la parole est donnée aux salariés permanents, aux salariés des chantiers d’insertion, aux jeunes en formation sur le dispositif avenir jeunes, et aux élèves de l’auto-école. Quelques questions des membres de la commission permettent de délier les langues et ainsi de démarrer l’échange. La discussion s’engage sur le logement : la précarité, la recherche de logement, les hébergements dans d’autres établissement (FJT, DAIS…), l’importance du 1 % patronal pour permettre l’accès au logement autonome pour certains. La parole tourne et chacun s’exprime sur son projet professionnel : fleuriste, secrétaire, assistante maternelle, mécanicien automobile, ouvrier espaces verts… Et puis après quelques hésitations, certains se lancent et les témoignages apportés sont très forts et poignants. Actuellement sur le chantier « création textiles », Abderrahmane a exprimé sa satisfaction d’avoir intégré l’atelier qui lui permet de découvrir les techniques de base de la couture mais également et surtout, la langue française dont la maîtrise était son plus grand frein pour l’accès à l’emploi. Grace, salariée du chantier « maraîchage biologique », a dû quitter l’école à 15 ans alors qu’elle était enceinte. Elle n’a pas pu reprendre ses études. Elle nous dit que « quand on est sorti de la scolarité, on a l’impression que tout est fini ». Le chantier lui a permis de reprendre confiance en elle en travaillant en groupe : « J’ai appris à parler aux autres, à supporter les autres ». « J’ai de la chance de travailler à PIJE ». Safi s’est présentée ainsi : « Je suis une femme battue ». Pour elle, « C’est difficile de lire, écrire, comprendre ». Son contrat lui a permis de mieux appréhender la langue française. Elle a désormais un projet professionnel : la restauration collective. Elle nous dit qu’elle est « mieux qu’avant ». Théodore a été orienté par Pôle emploi sur le chantier d’insertion du parc Chaput. Il dit que quand il est arrivé à PIJE, « une porte s’est ouverte ». Tout a changé, non seulement pour lui mais également pour la famille et les enfants. Il recommence à avoir des projets. Steven, actuellement sur le chantier « entretien des espaces naturels » de Savigny-le-Temple, était précédemment sur le dispositif « avenir jeunes ». Très réservé, Steven nous dit que « ça a été dur de travailler en équipe, il préférait travailler tout seul ». Aujourd’hui il a repris confiance en lui. Il a fait le choix de retourner auprès de sa mère dont il avait été séparé pour travailler dans les espaces verts à Grenoble. Au cours de l’échange, il a beaucoup été dit que PIJE est un lieu de passage qui a surtout pour but de remettre les personnes dans une dynamique d’emploi. Les salariés permanents soulignent d’ailleurs qu’ils n’ont pas toujours de nouvelles des jeunes ou des adultes qui sont passés dans les différents chantiers. Certains reviennent pour faire part de leur réussite, quand les nouvelles sont moins bonnes c’est plus souvent par « le réseau » qu’elles sont obtenues. Mais, si PIJE est un lieu de passage, certains ont également insisté sur le fait que c’est aussi un lieu où « on doit être bien ». Aussi, les administrateurs et la Direction générale ont souhaité que des pistes soient proposées pour améliorer le dispositif d’accueil. Est évoquée, par exemple, l’idée d’une crèche pour les familles ayant de jeunes enfants. L’usage de cette structure pourrait s’ouvrir également aux salariés permanents avec, pourquoi pas, une possibilité de développer une action de formation dans ce domaine. Il est aussi demandé à ce que soient organisés des loisirs créant des liens entre les différentes structures de l’ADSEA 77, comme des tournois sportifs, etc. C’est dans un climat très détendu que s’est achevé cet après-midi d’échanges, avec un plaisir partagé de la discussion et un respect mutuel évident. Ce fut un bel échange, et pour citer Monsieur Bouissou, nous n’étions « ni dans les théories, ni dans les statistiques, ni dans les jugements mais dans la pâte humaine ». Esther Giband et Nadia Renaud PIJE, service insertion de l’ADSEA 77 Ce service vise à favoriser l’insertion sociale et professionnelle des jeunes et adultes, principalement des territoires de Melun et de Sénart. Les actions mises en œuvre par PIJE doivent répondre aux facteurs d’exclusion et de non employabilité dans le secteur marchand « classique » que sont le manque d’expérience professionnelle, une longue période de chômage, une mobilité réduite, le cumul de plusieurs difficultés sociales, des problèmes liés à la non maîtrise de la langue française, des situations d’illettrisme, des problèmes d’addiction, de comportements éloignés des exigences du monde économique, etc. PIJE ADSEA77 développe aujourd’hui 4 pôles d’activité La formation : Avenir Jeunes. Il s’agit d’une action de formation du Conseil régional d’Île-de-France menée dans le cadre d’un partenariat avec d’autres centres de formation du sud de la Seine-et-Marne. Ce dispositif doit permettre aux jeunes accueillis de définir leur projet professionnel en mêlant stages en entreprise et aide à l’élaboration d’un projet professionnel en organisme de formation (75 jeunes par an). L’accompagnement vers l’emploi des allocataires du RSA de l’agglomération de Sénart, dans le cadre d’une convention avec le Conseil départemental de Seineet-Marne (450 personnes accompagnées par an). L’insertion par l’activité économique : les chantiers d’insertion mettent en œuvre une pédagogie spécifique alliant formation, production et accompagnement socioprofessionnel. Celle-ci visant la réalisation d’objectifs divers : apprendre à vivre ensemble autour d’un travail commun, développer son potentiel personnel, consolider, approfondir ses compétences professionnelles, se qualifier, obtenir un emploi (100 personnes salariées par an). La plateforme de mobilité : la Roue libre 77 développe une « gamme de services » permettant d’envisager l’acquisition progressive d’une mobilité autonome, en lien avec le parcours d’insertion sociale et professionnelle des jeunes et des adultes (300 personnes accompagnées par an). Journal de l’ADSEA 77 n°243 novembre 2015 | 3 De s n o u ve l l e s b r è ves Face à la violence des jeunes ? Par Karim Mokhtari Conférence au Logis Dans le cadre d’un partenariat entre la DTPJJ et l’ADSEA 77, une conférence-débat est programmée le 10 décembre 2015 au Logis à Saint-Germain-Laxis sur les questions relatives à la violence des jeunes. Accueil dès 9h. La conférence se tiendra de 9h30 à 12h30. Conférence ouverte à tous, donnée par Karim Mokhtari. Entrée libre. Inscriptions auprès de Cosette Jaschinski ou Camélia Ayad au 01 60 68 38 36 avant le 26 novembre 2015. Attention : nombre de places limité à 100 personnes. État des lieux : un passage à l’acte violent de plus en plus fréquent chez les jeunes en rupture Source : http://karim-redemption.jimdo.com Déclassement, exclusion, sentiment de frustration, absence de perspective : la dégradation de l’image de soi de certains jeunes les conduit à un mode relationnel dominé par l’agressivité où le passage à l’acte n’a (plus) rien de tabou. La relation à l’autre se caractérise par la méfiance et la défiance et toute sollicitation ou tentative de lien est vécue comme une menace, d’autant plus lorsqu’elle émane de l’lnstitution. Déc 10 Face à des publics en grande précarité identitaire, les professionnels de l’action éducative sont de plus en plus confrontés à des situations de violence relationnelle qui peuvent dégénérer en violence physique. En situation dif f icile, l’éducateur n’a souvent d’autre choix que l’exclusion, dégradant un peu plus un lien déjà fragile. Comment éviter d’atteindre ce point de rupture ? Comment limiter les risques de passage à l’acte violent et restaurer le lien nécessaire à l’accompagnement ? Notre proposition : un accompagnement fondé sur la pratique et l’échange La connaissance pratique des publics et des situations est indispensable pour nourrir et enrichir les actions éducatives auprès des publics en rupture. Forts de leur expérience de terrain auprès des jeunes, en particulier dans le domaine carcéral et celui de la protection judiciaire, les intervenants de 100 Murs ont une seule ambition : rendre possible l’acte éducatif face à des jeunes « impossibles », afin qu’ils retrouvent une image positive d’eux-mêmes. Comment ? En réconciliant connaissances théoriques et expériences pratiques, pour que les outils pédagogiques intègrent concrètement le contexte de l’intervention. Rien de figé dans notre approche. Elle se fonde sur l’interaction et l’échange, le partage d’expérience, l’implication, la créativité et le dialogue avec tous les acteurs. Biographie de Karim Moktari (extrait du site http://karim-redemption.jimdo.com/) Né en 1978, Karim Mokhtari a passé une grande partie de sa vie dans les bras des institutions françaises. De douze à dix-sept ans, il connaîtra trois foyers d’éducation spécialisée, puis, de dix-huit à vingt-cinq ans, plus de quinze établissements pénitentiaires. Condamné à dix ans de réclusion criminelle, il en purgera finalement un peu plus de six. À sa sortie, en 2002, il rejoint l’association Atelier sans frontières, une association de réinsertion sociale et professionnelle au service de la solidarité internationale en tant que logisticien sans frontières, avant de devenir encadrant technique spécialisé puis, chef de chantier humanitaire. En 2005, il devient expert jeunesse sur la question de l’engagement civique des jeunes Français au sein de l’association Unis-cité, puis coordinateur national et formateur auprès des acteurs jeunesse qui accompagnent les jeunes volontaires en Service civique. Depuis 2012, c’est un acteur engagé dans le changement qu’il espère pour le monde carcéral. Vice-président de l’association Carceropolis, plateforme internet qui donne à voir la prison autrement, à travers un ensemble de ressources multimédia et une vision « réaliste » de l’univers carcéral. Depuis 2014, il est directeur de l’association 100 Murs et formateur des professionnels éducatifs et judiciaires accompagnants des jeunes mineurs placés sous main de justice. Il est l’auteur, avec Charlie Carle, de Rédemption, itinéraire d’un cassé (Scrinéo, 2013), dans lequel il raconte sa vie sous forme de récit. 4 | Journal de l’ADSEA 77 n°243 novembre 2015 Le groupe histoire tient toujours la pôle-position De gauche à droite : Jackie Franoux, Michel Chaullet, Hubert Pelliet et Alain Maurion. Au début, c’était un groupe de travail initié par quelques salariés soucieux de transmission, souhaitant faire œuvre de mémoire et ne pas laisser se perdre le témoignage des plus anciens, seule histoire de la Sauvegarde. À ce groupe s’était adjointe, à son initiative, une historienne de talent reconnue pour la qualité de ses travaux : Françoise Tétard. Il est à noter que les deux initiatives étaient conjointes et non coordonnées. Au même moment, un salarié proposait au directeur général l’idée d’une instance pouvant reprendre l’histoire de l’association, et une historienne venait spontanément se présenter dans les locaux de la DG… Michèle Becquemin a depuis succédé à Françoise Tétard, décédée il y a quelques années : elle assure aujourd’hui l’appui méthodologique de ce groupe et se charge de l’écriture du livre sur lequel nous travaillons. La première réunion a eu lieu le 8 octobre 2009, la dernière en date s’est tenue le 19 octobre 2015. Entre le temps long de l’histoire et le temps parfois éphémère de la logique des projets, ce groupe travaille avec constance, dans un temps moyen. Après des années de rencontres, de dépouillement d’archives, de croisement des témoignages, le matériel collecté a permis d’entrer en phase active d’écriture. On peut raisonnablement espérer la sortie d’un ouvrage reprenant les origines de l’association et le déploiement de son histoire pour l’année 2016. En ce temps d’accélération de l’histoire, ce travail permet d’éclairer le questionnement sur le présent à la lumière des évènements passés, et de fédérer une mémoire éparse, dispersée, pour une retransmission qui sera accessible à tous. François Varry J’a i v u, j ’a i l u, j ’suis ému (e) Roberta Rubino, La production du coton biologique et équitable au Mali, Au-delà du don et du marché Éditions L’Harmattan, 2015, 182 pages, 19 euros. Roberta Rubino est une jeune femme diplômée de l’université de Naples en relations internationales et en études diplomatiques depuis 2004. Elle a quitté l’Italie et est venue s’installer en France, à Paris, pour compléter son cursus en ethnologie. Étudiante à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS), elle a obtenu son doctorat en anthropologie sociale et en ethnologie en 2013. Son livre, issu de sa thèse, apparaît sous une forme attractive et un style dynamique, captivant. La production du coton biologique et équitable au Mali, Au-delà du don et du marché, est un livre original pour penser de manière ethnologique les aspects de la globalisation économique qui s’imposent à des territoires circonscrits et à des populations fixées localement. Roberta Rubino décrit par le détail la chaîne de production du coton biologique et équitable du Mali et analyse les éléments qui rendent compte de l’impact sur l’organisation sociale et politique des villages. Le commerce équitable tel qu’il se révèle au Mali constituet-il un moyen de développement alternatif pour les producteurs ? Se distingue-t-il sur le marché des autres types d’échanges ? Et les questions de don, comment se manifestentelles dans ce commerce ? Le travail de Roberta Rubino est remarquable à plus d’un titre. En premier lieu, le lecteur est captivé par le terrain d’élection de l’ethnologue qui s’aventure sur des réalités humaines très actuelles, centrées sur des enjeux de commerce équitable, de production biologique agricole dans un pays d’Afrique où se mêlent des aspects historiques de don et de dette, et en observant également les modes d’intervention des ONG, aux frontières par conséquent des questions d’économie solidaire, de travail social, de principes associatifs. Pour cela déjà, la jeune ethnologue de 35 ans mérite une attention particulière. Mais, de façon plus fine, ce qui séduit davantage le lecteur en second lieu, c’est la force du style de cette auteure qui revendique une affirmation, celle du je, qui écrit donc à la première personne du singulier et qui de ce fait entraîne son lecteur dans une ethnographie du sensible, en appuyant avec discrétion sur ce regard chaud, si bien décrit par Pascal Dibie, l’ethnologue des portes. Cette ethnographie du sensible n’en est pas moins une ethnographie très objectivée, remarquable dans son enquête fouillée, qui avance comme une démonstration mathématique. Fa b r i q ue à b rac Pas dupes, les tourtereaux répondirent immédiatement Conte laïque par un sourire libertaire ponctué d’un : Une nuit, rue du miroir à Melun… Pinocchio, qui est maintenant un beau jeune homme de chair et d’os, se promène bras dessus, bras dessous avec la belle Alice revenue du pays des merveilles… C’est alors que surgissent deux glauques compères parlementant à voix basse. Les deux amoureux sont bluffés : c’est Dark Vador accompagné d’un Bisounours ! De sa vilaine voix, Dark leur lance : « Je suis le mal ». Et le Bisounours de renchérir sur un ton doucereux : « Je suis le bien ». « Messieurs, vous êtes incroyables ». À ce moment précis, Dark Vador se transforma en une minable petite figurine de plastique made in China et le Bisounours en une piteuse peluche défraîchie… Alice et Pinocchio ramassèrent les deux choses inertes et les déposèrent sur un tas de trucs négligemment stockés sur le trottoir. Demain dès l’aube, à l’heure où blanchit la campagne, ce sera le passage des monstres… En troisième point, Roberta Rubino considère des aspects très anciens du discours ethnologique tels que les questions de don et de dette, mais les renouvelle dans une perspective dépouillée du décor exotique très souvent exploité par la tradition de la première moitié du XXe siècle, tout en nous conduisant de Paris à Bamako, de Lassa à Bougouni. Elle propose ainsi une grille d’analyse pour de multiples objets d’étude qui dépasse très largement le sujet de son livre. Bien évidemment, la qualité de l’auteure diplômée d’études politiques à Naples n’est pas sans résonance dans cette capacité de l’ethnologue à majorer ses lignes de force pour accroître la puissance de son style. Je pourrais encore trouver bien d’autres intérêts à ce livre et ergoter sur ses qualités, mais il me suffira pour conclure d’exprimer que la description du commerce équitable au Mali vu par Roberta Rubino, jeune ethnologue d’une nouvelle génération de chercheurs, est brillante tant dans le traitement que dans la restitution de ses travaux, brillante aussi dans ce qu’elle énonce en creux sur l’actualité de nos modèles de vie, d’échanges et d’organisation sociale. Pascal Le Rest Billet d’humeur Vache d’histoire Une vache me dit un jour… Je suis adepte d’une science à un sou… Et c’est cette insouciance… Qui me meut. Au lait ! Journal de l’ADSEA 77 n°243 novembre 2015 | 5 AD SE A Of fr es d ’e mp l o i Le Service d’investigation éducative (SIE) de l’ADSEA 77 recherche : 1 travailleur social diplômé (H/F) Éducateur spécialisé ou assistant socio-éducatif CDI temps partiel 0,80 ETP - CCNT 66 Poste basé à Maincy, réf. SIE-15-05-ES 1 travailleur social diplômé (H/F) Éducateur spécialisé ou assistant socio-éducatif CDI temps plein - CCNT 66 Poste basé à Meaux, réf. SIE-15-06-ES Profil : Éducateur spécialisé ou assistant social diplômé. Expérience en protection de l’enfance indispensable. Connaissance du milieu ouvert souhaitée. Missions : Réaliser de mesures judiciaires d’investigation éducative de 6 mois maximum, en collaboration avec une équipe pluridisciplinaire. Éclairer par écrit le juge des enfants en vue d’une décision de protection à prendre. Éclairer la famille sur les besoins des enfants concernés. Qualités requises : Rigueur, organisation, autonomie, sens de la relation, sens du travail en équipe, capacités rédactionnelles. Permis de conduire indispensable. Postes à pourvoir immédiatement. Envoyez CV et lettre de motivation avec la référence du poste visé à : Bernard DELILLE, directeur Service d’investigation éducative Chemin du Coudray Ménereaux 77950 Maincy Ou par e-mail sur [email protected] Les Rochettes ADSEA 77, établissement accueillant des jeunes filles mineures en internat à 365 jours dans le cadre de la protection de l’enfance, recherchent : 1 psychomotricien (H/F) CDI temps plein - CCNT66 Profil : Titulaire du diplôme d’État de psychomotricien. Titulaire du permis B. Missions : Sous l’autorité directe du chef de service éducatif et du directeur de l’établissement, vous aurez pour mission l’accompagnement au quotidien, la passation de bilans psychomoteurs, l’élaboration et la rédaction de projets thérapeutiques, les prises en charge, la rédaction de comptes Le service AESF recrute : 1 travailleur social (H/F) diplômé : Éducateur spécialisé, assistant de service social ou CESF 1 psychologue H/F CDI temps partiel 0,5 ETP – CCNT66 En CDD pour un remplacement de congé de décembre 2015 au 31 janvier 2016 puis à compter du 1er février 2016 en CDI - CCNT66 Poste basé à Meaux. Profil : Psychologue clinicien diplômé master 2. Connaissance de la protection de l’enfance souhaitée. Profil : Expérience en protection de l’enfance. Connaissance du milieu ouvert souhaitée. Missions : Sous l’autorité de la directrice et en relation directe avec le chef de service vous assurez une mission de protection de l’enfance. La mesure judiciaire d’aide à la gestion du budget familial est une mesure judiciaire qui s’inscrit dans le dispositif de protection de l’enfance. Le service a un mandat global concernant les enfants. Par la gestion des prestations familiales, vous assurez une protection des enfants et menez une action éducative auprès des parents, en vue de permettre à la cellule familiale de trouver ou de retrouver son équilibre et son autonomie budgétaires. Missions : Contribue à la mise en œuvre de la Mesure judiciaire d’investigation éducative (MJIE) en articulation avec les autres professionnels de l’équipe, en tant que référent et en tant que membre de l’équipe pluridisciplinaire : • Propose une écoute individuelle et/ou collective du ou des jeunes et de leur famille pour permettre une compréhension et une prise de distance afin de favoriser un changement dans l’intérêt de l’enfant ; • Participe à la réflexion interdisciplinaire en apportant ses observations et son analyse ; • Dans sa restitution écrite, apporte des éléments de compréhension susceptibles d’aider le magistrat à prendre une décision ; • Participe, en tant que cadre technique, à la vie institutionnelle. Qualités requises : Rigueur, organisation, autonomie. Sens de la relation, sens du travail en équipe. Capacités rédactionnelles, intérêt pour l’administratif. Permis de conduire indispensable. Qualités requises : • Capacité à tenir un rythme soutenu ; • Organisation rigoureuse ; • Esprit d’analyse et de synthèse ; • Capacités rédactionnelles ; Permis de conduire indispensable. Envoyer CV et lettre de motivation sous la référence AES-15-02-ES à : Madame la Directrice du Service AESF 3 rue Augereau, 77000 Melun Poste à pourvoir immédiatement rendus de prises en charge individualisées ou collectives. Qualités : Poste auprès d’adolescentes nécessitant sens relationnel important, souplesse d’adaptation, dynamisme, rigueur, capacités rédactionnelles et goût du travail en équipe pluridisciplinaire (éducateurs, éducateur scolaire, psychologue). Poste à pourvoir au 02/11/2015 Envoyez CV et lettre de motivation sous la référence ROC-15-08-MP à : Les Rochettes – M. le Directeur 173 rue Pierre Curie 77190 Dammarie-les-Lys Ou par e-mail : [email protected] Journal d’information diffusé par la Direction générale 6 | Journal de l’ADSEA 77 n°243 novembre 2015 Le Service d’investigation éducative (SIE) de l’ADSEA 77 recherche : Envoyez CV et lettre de motivation sous la référence SIE-15-04-MP à : Bernard DELILLE, directeur Service d’investigation éducative Chemin du Coudray Ménereaux 77950 Maincy Ou par e-mail sur [email protected]