Les cahiers au feu Numéro 1

Transcription

Les cahiers au feu Numéro 1
Les cahiers au feu
Extraits
Numéro 1 ……….Ils étaient en effet tous là. A la suite du directeur, je pénétrai dans une deuxième salle, attenante à son bureau. Mes nouveaux collègues étaient installés sagement autour d'une classique table ovale de conférence. On les sentait impatients d'écouter la parole du chef. Tous les regards convergèrent dans ma direction lorsque j'apparus dans l'encadrement de la porte. Je lançai à la cantonade un courtois " bonjour " qui me revint sous la forme d'un " salut " plutôt paresseux pour un premier jour. Je m'assis au hasard sur la première chaise libre que j'aperçus. Dans toutes les écoles de France, ou presque, avait lieu, en ce moment même, une cérémonie similaire. Néanmoins, il n'y en a jamais deux qui se ressemblent. Chaque école possède sa particularité, son climat, et même son odeur. Pendant qu’André Rousseau commençait son discours préliminaire, j'essayai de ressentir le climat d'Edouard Herriot. Il faisait brave type, le directeur, avec son collier de barbe bien taillé et les lunettes à large monture d'écaille. Sûrement un syndicaliste militant. Il en possédait le physique et la prestance. Je l'écoutai s'exprimer avec éloquence et conviction, présentant l'école au travers d'un court historique qui fit bailler d'ennui les anciens et d'une description sommaire des locaux dont nous disposions qui n'entraîna pas de commentaires. Il passa enfin à la présentation de chacun des membres qui composeraient notre fameuse " équipe pédagogique ", l'Arlésienne de la plupart des écoles primaires. Pendant son discours, j'avais déjà fait à la dérobée le tour des visages. Ici comme ailleurs, les instits se ressemblaient étrangement. Tout d'abord, il y avait l'ancienne, du moins le paraissait-­‐elle, avec son chignon gris, ses châles qui ne la quittaient probablement jamais. Pas même pour aller aux chiches. Je saurais bientôt qu'elle s'appelait Mademoiselle Jeanton. Elle squattait la classe du cours préparatoire depuis plus de vingt ans. Dieu qu'elle devait inspirer la crainte ! Elle me fit penser à Tartine. Pète trop sec, elle n'avait pas su prendre le virage lorsqu'il était encore temps et avait préféré la masturbation façon manuels (de pédagogie) plutôt que chevaucher les vertes bites qui étaient passées à portée de main de son cul. Voilà ce que ça avait donné. L'autre, avec ses quatre-­‐vingts kilos qui débordaient de sa courageuse chaise, elle devait être obsédée par l'idée de bouffer, évidemment. Dans sa bonne bouille ronde s'épanouissait pourtant un large sourire. Lorsqu'elle se tourna dans ma direction, ses mamelles, qui auraient fait rougir de honte Samantha Fox et compagnie balayèrent la table et envoyèrent valdinguer le café de Madame Badeau. Elle s'appelait Paulette Vachier, je l'apprendrais peu après et ça ne s'invente pas. Elle avait apporté les croissants, la Paulette, car elle était brave fille. Mais c'était surtout pour elle ; et elle bouffait, elle bouffait ! Un tapis de miettes jonchait déjà la table. A côté, c'était donc madame Badeau. 40 ans, le portrait robot de l'institutrice. Même en caricature, on n'aurait pu trouver mieux. Elle ETAIT l'instit, celle que l'on garde en mémoire comme un souvenir parfois amer et gris, avec sa voix haut perchée. On l'imaginait facilement foudroyer du regard le pauvre type suggérant que la Seine prenait sa source dans le massif du Morveux, au plateau de Londres. On la voyait corriger ses cahiers, le soir devant le feu de cheminée, avec l'air le plus sérieux du monde, le sourcil en accent circonflexe et la craquette en grève illimitée. Personne ne l'avait vu sourire depuis qu'elle s'était fait coiffer de neuf par un barbecue retors un soir de kermesse de fin d’année. Coincée dans son petit tailleur acheté en solde chez Tati, on imaginait aisément qu'elle devait porter, été comme hiver, une combinaison en nylon et des slips du genre grand-­‐bateau avec cadenas : amenez le grand froc ! Peut-­‐être également portait-­‐elle des bas, comme avant, épais et lourds, et tendus si ça se trouvait par des porte-­‐
jarretelles genre caoutchouc pour bocaux à confiture. Fallait voir ! J'en connaissais certains que ça faisait fantasmer de se payer une instit, une vraie, bien conne. De dénouer son foutu chignon d'ancienne jeune fille et de se délecter en voyant poindre cette immense incrédulité derrière ses lunettes de soi-­‐
disant intello qui se demande: " Mais, il va pas me la fourrer ? pas à moi...! Si ? Mais c'est inouï ! impensable ! Il va oser me labourer avec un tel gourdin, ce rustre ? Chiche ! Mais c'est qu'il le fait, ce con ! Ah !....ha !..HA OUIIII....! Quel bonheur, mon Dieu, merci. C'était comme ça que je la voyais, la mère Badeau, au premier coup de mon œil hors-­‐paire. Et puis...et puis, mon cœur dut sauter au moins quatorze battements. Mon adolescence me rebondit dans la gueule et une intense bouffée de chaleur me submergea. Dans un coin, il y avait non pas Frida, belle comme un soleil, mais la petite jeunette. Comme moi, elle semblait débarquer. Il s'en trouve presque toujours une dans une école. Et si tu voyais comme elle ressemblait à la Sophie de mes 16 ans, tu t'en arracherais les poils du cul avec les dents. Je me mordis l'oreille avec force pour vérifier que je ne rêvais pas. Que de souvenirs ! Que de regrets surtout ! Tant de chagrin si peu enfoui, finalement, pour que tout ressurgisse aussi vite, comme ça. Je l'avais tant aimée ma Sophie, terrible blessure d'adolescence, et je croyais la retrouver soudain. Cela pouvait-­‐il arriver ? Pouvait-­‐on retourner dans le passé ? Hélas ! Je pouvais ranger mes rêves. Comment aurait-­‐ce été possible ?............. Numéro 2 ……..Enfin, 16 heures 30 ! Chacun s'égaya dans toutes les directions. Adios, bon débarras et à dans quinze jours ! Virginie qui m'attendait me désigna son Austin mini garée au fond de l'impasse. _ On y va ? _ Tu parles, si on y va ! M'installer à son côté éveilla en moi un immense sentiment de fierté. Je me sentais tout près de toucher au but, à cet inaccessible rêve qui était resté le mien pendant si longtemps : la conquérir. " Ca y est " je me disais, " Ca y est elle va être à moi. J'ai tellement attendu ce jour-­‐là ". _ Ca t'ennuie si je fais un détour par chez moi ? J'ai un truc à prendre ! _ Pas du tout ! J'ai tout mon temps. _ Je n'en aurai que pour une minute. Ca lui prit un quart d'heure. En redescendant, elle était transformée. _ J'aime bien me mettre à l'aise quand je sors de mon travail. La robe bleue ciel qu'elle avait passée aurait fait bander un eunuque. Lorsqu'elle s'assit, j'eus droit à tout en vrac et quel vrac ! Mes roubignoles tournèrent toutes seules dans leur emballage. Ca me rappela quand j'étais tout mouflet et que je guettais ( déjà ) les femmes qui descendaient de leur 2 CV. J'en avais reluqué des porte-­‐
jarretelles ! Même les bonnes sœurs ne me rebutaient pas. Virginie démarra en sportive et, en jouant des pédales, la robe fendue très haut découvrit jusqu'à la limite de l'infarctus une cuisse aussi sublime que dans mes souvenirs. A ne consommer que les jours de fête, je te le dis. Je m'étais installé de profil, dos collé à la portière et la dévorais des yeux. A chaque changement de vitesse, le tissu léger s'écartait davantage, mais Virginie ne semblait pas y prendre garde. Nous ne disions rien, comme d'un commun accord tacite. Une frange de dentelle, blanche, juste dans l'entre-­‐jambe, ( tu vois, là, où que ça mouille ? ) fit encore monter ma tension d'un cran. La naissance d'une adorable culotte, rien que ça, avec ce renflement qui fait tourner le monde. Après deux virages, Virginie me regarda, eut un sourire et questionna : _ On y va ? _ Oh ! Oui, on y va ! _ Alors allons-­‐y. C'est bien là ? Mais que voulait-­‐elle dire ? _ Oui Oui....tout à fait, fis-­‐je sans regarder. _ Je me gare ici ? _ Je pense que ce sera parfait. Elle reprit la place que nous avions quittée cinq minutes avant de faire le tout du pâté de maisons. Nous montâmes main dans la main jusqu'à son appartement. Elle ouvrit, m'invita à entrer et referma la porte derrière nous. A la seconde, nous nous jetâmes l'un sur l'autre. Je la collai contre le panneau. Pas de quartier. Pas de regards, pas de mots ! Sus ! Du sexe, du sexe et du sexe ! J'arrachai le haut de sa robe avec frénésie, découvrant d'un coup ses nichons de folie. Vingt ans d'attente, excusez du peu! _ Putain, comme dans mon rêve ! Je les pris dans mes mains pour les soupeser, les malaxer, dans mes bouches pour les sucer, ne sachant où donner de la tête et des mains. _ Je t'aime ! je t'aime ! je t'aime ! Virginie, de son côté, avait fait exploser ma braguette. Des boutons voltigeaient encore dans la pièce qu'elle avait déjà délogée King Kong de sa tanière et faisait sautiller ses lourdes noix de coco dans sa paume tiède. Je voulais tout. Tout donner, tout prendre. Le reste de la belle robe vola lui aussi en éclat et Virginie fut là, debout et presque nue devant moi. Me cramponnant fermement par le manche, elle me regarda au fond des testicules et susurra de sa voix rauque : _ Fais-­‐moi jouir ! Tu veux ajouter quelque chose, toi ? C'est déjà beau de ne pas envoyer la purée à la seconde. La grande folie nous submergea. Merci, mon Dieu! Cette dextérité ! Et cette sénextrité aussi ; tu sais, quand l'une astique à bloc et que l'autre part en spéléo dans l'œil du cyclope ! Je dévorai la moitié de sa culotte au goût de figue (forcément), en arrachai les derniers lambeaux avec les dents, pendant qu'elle m'épluchait de mon pantalon et de ma chemise. Déformé comme il était, mon slip était à jeter aux ordures. Hors d'usage pour l'éternité. Alors cette ouverture tiède et humide là ....et ce cul fantastique derrière....je plongeai dedans comme un kamikaze, réservoirs pleins à raz bord, missile activé (et comment). Le cataclysme ravagea son appartement. Plus tard, je me souvins seulement que lorsque nous avions échappé à la tour de contrôle, les voisins s'étaient écriés qu'on devait égorger un troupeau de vaches aux abattoirs. Nous gisions tous deux, vautrés nus emmêlés et heureux sur la moquette de l'entrée. Dans ma tête remplie d'amour je chantais: "Que je t'aime !" On resta comme ça longtemps et si peu finalement. Une horloge sonna sept coups brefs. J'ouvris un œil. _ Il se fait tard, Virginie. _ Je sais, mais je suis bien. C'était si bon ! Elle gisait à même la moquette, en chien de fusil, tellement offerte encore. _ Il faut pourtant que je me sauve. Au lieu de me répondre elle me serra dans ses bras et je ne sus plus qui j'étais. Plus tard, lorsque je claquai à regret la porte de sa petite voiture, à quelques mètres de ma maison, je me dis en regardant s'éloigner les feux rouges, que quelque chose de définitif venait de se passer. Et puis, je rentrai chez moi…… Numéro 3 ……..Je quittai la cabine malodorante pour respirer plus aisément. A peine une minute plus tard, retentit au loin la musique caractéristique. J'écoutai avec une angoisse grandissante cette sirène qui se rapprochait. _ Non, c'est trop bête, me dis-­‐je dans un reste de puérilité. Faites qu'ils ne viennent pas ici ! Mais Dieu devait shampouiner un nuage. Le bruit de son balai brosse devait couvrir celui de ma voix. C'est comme ça que deux camions de pompiers s'engagèrent dans cette rue encore inachevée. Elle n'était pour le moment qu'une vilaine impasse. Les sirènes faisaient " pimpon " à pleine sauce. A toute allure, ils arrivèrent au portail devant lequel ils stoppèrent indécis. Je perçus un net flottement chez les loubards. Ils n'étaient pas prévus au programme, les soldats du feu. Les jeunes voyous eurent un moment d'hésitation, cherchant l'astuce. Et puis, ils durent se dire qu'un uniforme restait un uniforme. Une première pierre fusa, très vite, façon bande de Gaza. Elle se perdit sur le macadam. Son lanceur manquait de conviction. Une deuxième suivit, puis une autre encore. Mais toujours avec une certaine timidité. Je chaussai la paire de jumelles. Les pompiers qui cherchaient les flammes et la fumée ne s'étaient rendu compte de rien. Ils avaient bien noté un attroupement à l'entrée de la cité. Ils devaient penser que celui-­‐ci était provoqué par le spectacle de l'incendie qu'ils cherchaient vainement. Un premier bonhomme, que je voyais en réduction depuis mon observatoire, descendit du camion de tête pour se rendre aux nouvelles. Je dois le confesser, il ne fut pas déçu du voyage. Lorsqu'il se tourna vers l'école pour chercher une trace quelconque du sinistre, il dégusta sur l'arrière de la praline un caillou gros comme une balle de tennis. Ca fit "Glong" sur son joli casque astiqué au miroir et il tomba à genoux. Comme un croisé qu'aurait aperçu Jésus Christ au détour d'un virage. Depuis le premier véhicule, on interrogea l'imprudent, oenre : _ Alors, Marcel ? Tu cherches des escargots ? La réponse fusa sous la forme d'un parpaing qui fit exploser le pare-­‐brise. Dans mes jumelles je vis les pompiers baisser la tête et se mettre à gesticuler. A cet instant, les pierres se mirent à pleuvoir. Le chauffeur du deuxième camion avait dégusté. Le visage apparemment ensanglanté je le vis remettre fébrilement le moteur en route dans le but de faire demi-­‐tour. Deux grands noirs costauds bondirent et l'extirpèrent de la cabine. Il se cramponna au rétroviseur extérieur en hurlant. Puis il lâcha prise. A peine un pied au sol, il participa à une dégustation surprise de poing américain dans le ventre. L'homme s'inclina aussitôt devant la qualité de la démonstration. On lui remonta aussitôt le moral en lui balançant de sauvages coups de rangers cloutés dans la tête. Trois minutes avaient suffi pour transformer un pompier taillé en athlète en un chiffon ensanglanté secoué de spasmes affreux. Sûrement de vilaines fractures internes à pronostiquer. Un peu partout, ça châtaignait à qui mieux mieux. ………………. 

Documents pareils