Les satellites mesureurs des océans
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Les satellites mesureurs des océans
Document extrait du cédérom “Les Géonautes enquêtent sur les océans”, OCA/CNES © 2000 Les satellites mesureurs des océans Introduction Issu d’une coopération franco-américaine, le satellite TOPEX/Poséidon a été placé sur orbite par la fusée Ariane 4 (vol 42) en 1992. L’objectif de cette mission est de mesurer la hauteur des océans avec une précision centimétrique. Ce satellite a une orbite de 1336 kilomètres d’altitude, et une inclinaison de 66 degrés par rapport à l’équateur. Il fournit des mesures très précises de la hauteur de mer tous les 7 kilomètres, le long de sa trajectoire. Après avoir effectué 127 tours, le satellite repasse autour des mêmes points à 1 kilomètre près tous les 10 jours, en se déplaçant à une vitesse proche de 28 000 kilomètres par heure. Un instrument de haute précision : l’altimètre L’instrument utilisé pour effectuer les mesures est un altimètre. Celui-ci émet une onde radar d’environ 13 Giga Hz (pour comparaison, la radio FM utilise des ondes de fréquence proche d'une centaine de Méga Hz) qui se réfléchit sur la surface de la mer et est renvoyée vers le satellite. La mesure du temps allerretour et l’analyse de la forme de l’onde reçue par le satellite permettent respectivement de déterminer la distance entre le satellite et la surface de la mer ainsi que l’estimation de la hauteur des vagues. Ayant par ailleurs calculé 1 Document extrait du cédérom “Les Géonautes enquêtent sur les océans”, OCA/CNES © 2000 l’altitude du satellite, la hauteur de la surface de la mer par rapport au centre de la Terre à l’instant de la mesure est déduite de la soustraction suivante : altitude du satellite - distance mesurée. La précision instantanée de la mesure est de 2 à 3 centimètres. La précision de l’orbite est l’un des domaines qui a connu les progrès les plus importants ces dernières années, permettant de passer d’une précision d’un demi-mètre dans les années 80 (Seasat, Geosat) à 2 à 3 centimètres dans le cas du satellite TOPEX/Poseidon (lancé en 1992). Cette extrême précision nécessite la prise en compte des éléments perturbateurs qui faussent la propagation de l’onde radar donc la mesure, que sont : la quantité d’électrons présents dans la ionosphère, la pression atmosphérique, ainsi que la vapeur d’eau. La concentration de cette dernière est mesurée par un radiomètre installé sur le satellite. Il s’agit ensuite d’appliquer les corrections à la mesure de distance effectuée par l’altimètre radar. Les systèmes de positionnement L’incertitude sur la position du satellite a longtemps limiter les performances des systèmes altimétriques. La mesure altimétrique de distance entre le satellite et l’océan, réalisée à 2-3 centimètres près, nécessite une localisation très précise du satellite par rapport à la Terre. Grâce au système DORIS et à la télémétrie laser, la position du satellite est connue en permanence à 3 centimètres près, contribuant ainsi pour une large part, à la réussite de la mission TOPEX/Poséidon. À titre expérimental, un récepteur GPS (système de positionnement américain) a été placé sur TOPEX/Poséidon : il permet d’obtenir sa position par rapport aux autres satellites de la constellation GPS. En combinant tous leurs résultats, on obtient la position précise du satellite. Le mouvement du satellite artificiel 2 Document extrait du cédérom “Les Géonautes enquêtent sur les océans”, OCA/CNES © 2000 Entre le satellite et la Terre, une force mutuelle et invisible agit : l’attraction due à la gravité. Le satellite n’a pas de moteur et c’est l’attraction terrestre qui lui permet de décrire sa trajectoire autour de la Terre. En effet, la gravité force le satellite à “ tomber ” sur la Terre, mais grâce à la grande vitesse horizontale qui lui a été donnée par le lanceur, lors de la mise en orbite, il peut se maintenir “en l’air”. Le satellite devient donc “ captif ” de la Terre par la combinaison de l’impulsion de départ et de l’attraction terrestre. Cette simple loi permet de calculer le mouvement du satellite artificiel avec une précision de l’ordre du kilomètre (ce qui n’est bien sûr pas suffisant dans le cas des satellites altimétriques). Le satellite subit d’autres petites forces (dites non gravitationnelles), qui vont modifier sa trajectoire comme celle du freinage due à l’atmosphère terrestre qui, de densité beaucoup plus faible, existe encore à près de 1000 kilomètres d’altitude et plus. Ce freinage conduit à une diminution de l’altitude du satellite : c’est pourquoi TOPEX/Poséidon a une orbite inhabituelle de 1336 kilomètres (contrairement aux autres satellites océanographiques placés à 800 kilomètres environ), ceci afin de limiter le freinage engendré par l’atmosphère. Tous les satellites situés en dessous de 10 000 kilomètres retomberont donc un jour sur Terre, après une longue vie spatiale (environ 1000 ans pour un satellite comme TOPEX/Poséidon), mais ils seront brûlés avant même de toucher le sol à cause de l’échauffement intense dû au freinage dans les basses couches de l’atmosphère. Vénus déshabillée par l'altimétrie radar L'altimétrie radar n'est pas une technique seulement réservée à l'étude du “ relief ” des océans. Sa capacité à mesurer une topographie continentale a été utilisée dès 1978 pour déterminer celle de la planète Vénus grâce à un radar embarqué à bord de la sonde spatiale Pioneer Venus (États-Unis). Cette planète, considérée comme la sœur jumelle de la Terre par sa masse et sa taille, nous cache la nature de son sol et de son relief par une épaisse couverture nuageuse. C'est en 1990 que la mission Magellan (sonde spatiale américaine) mettra à nu cette pudique planète dévoilant 98 % de son relief grâce à un altimètre radar. La sonde Magellan fut nommée ainsi en hommage au célèbre navigateur portugais qui, lors de son tour du monde au début du XVIe siècle, révéla la diversité des paysages sur Terre ainsi que la répartition des océans et des continents. Cette mission spatiale a, à elle seule, récolté plus de mesures que toutes les autres missions planétaires réunies ; elle a permis d'apporter de nombreuses informations sur cette planète et d'établir une carte détaillée du sol vénusien avec une précision d'une centaine de mètres sur l'altitude des reliefs. Le paysage de Vénus est 3 Document extrait du cédérom “Les Géonautes enquêtent sur les océans”, OCA/CNES © 2000 globalement assez plat (en moyenne de l'ordre de 1000 mètres) et est composé de cinq continents principaux séparés par de larges et profonds bassins parsemés d'îles. Mais ces bassins ne contiennent pas d'eau car il règne une température élevée à la surface de Vénus (400 degrés Celsius), due à l'effet de serre engendré par la très forte concentration de gaz carbonique dans son l'atmosphère. Par ailleurs, des reliefs relativement élevés existent (jusqu'à 12000 mètres pour le mont Maxwell). Ils sont situés près du pôle Nord. Au sud s'étend une zone sillonnée de grandes failles. Les satellites altimétriques peuvent eux aussi contribuer à la connaissance du relief terrestre car des radars continuent les mesures lorsqu'ils survolent les terres. C'est ainsi que les données du satellite ERS-1 (Agence Spatiale Européenne) ont été utilisées pour déterminer le relief de certaines régions pour lesquelles la topographie était peu voire mal connue (zones désertiques, calottes polaires). La précision n'est pourtant pas aussi bonne que pour les océans et est souvent de l'ordre de un à quelques mètres. Bibliographie BT (Bibliothèque de Travaille) TOPEX/Poséidon, mesureur des océans, édition PEMF, n° 1103, décembre 1998. La mesure : Science et Philosophie, de Jean Perdijon, Collection Dominos, n° 186. Le point sur… Sciences de la terre I, Géophysique, terre solide et océans, Edition scientifiques et médicales, Elsevier SAS 2000. Les planètes et leur environnement, de Daniel Benest, Claude Froeschlé, François Barlier, Michel Blanc, Sylvestre Maurice, Jean-Paul Parisot, Jean-Pierre Peulvast, et Françoise Suagher, Hachette. Longitude, de Dava Sobel, Edition Lattes, Collection Points Science. Newton et la mécanique céleste, de JP Maury, Collection Gallimard Découvertes, n° 91. 4