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EI25_P26-27:EI10_version 1/04/10 14:00 Page 26 R É A L I S AT I O N > > Les bandes L’étanchéité a été entièrement reprise avec un complexe mixte associant une feuille bitumineuse et un asphalte, surmontés d’une nappe drainante. > © DR © Didier Plowy/MCC séparatives ont été disposées très précisément, puis le béton a été coulé dans chaque carré individuellement. A S P H A LT E Les colonnes de Buren de nouv En janvier dernier, après un an et demi de travaux, l’œuvre de l’artiste Daniel Buren a été rendue aux Parisiens et aux touristes du 1er arrondissement. Pour l’occasion, l’étanchéité de l’ensemble a été entièrement rénovée. ans la cour du Palais-Royal, au cœur du 1er arrondissement de Paris, les palissades colorées qui entouraient les célèbres colonnes de Buren sont finalement tombées. De son vrai nom Les Deux Plateaux, cet ensemble de 3 000 m2 érigé en 1986 est de nouveau accessible après seize mois de chantier. Destinés à restituer les qualités esthétiques, mais aussi le bon fonctionnement des équipements techniques (éclairage, fontainerie...) de l’œuvre signée Daniel Buren, les travaux ont également permis d’effectuer une réfection totale de l’étanchéité. Les infiltrations avaient en effet occasionné des désordres dans les soubassements de l’édifice au fil du dernier quart de siècle. D LES INTERVENANTS Maître d’œuvre : Jean-Christophe Denise, architecte d’opération, agence Perrot Maître d’ouvrage : Service national des travaux Étancheur : Chapelec Étanchéité : Membrane d’étanchéité + asphalte Asphalte : usine Sofras de Gennevilliers (92) Drainage : Draina G10 (Siplast) 26 · É T A N C H É I T É . I N F O · N U M É R O 2 5 · AV R I L 2 0 1 0 En charge du lot étanchéité, l’entreprise Chapelec a opté pour un système différent de la configuration d’origine : le complexe traditionnel 5 + 15 + 20 a laissé la place à un système mixte « Daniel Buren associant une feuille bitumineuse et tenait à une couche d’asphalte porphyre sur conserver toute la surface de l’installation. Le l’asphalte, tout est posé en adhérence, soudé en revêtement plein sur un enduit d’imprégnation à traditionnel, froid. Une nappe de désolidarisation mais durable. » installée par dessus l’étanchéité assure le drainage de l’ensemble et supporte les chapes de béton fibré de 80 mm, coulées en place sur chacun des 216 carrés du damier dessiné par l’artiste. Quant aux 260 colonnes de granite et de marbre, elles reposent directement sur le complexe étanche. En surface, afin de retrouver l’aspect d’origine, un revêtement de 20 mm d’asphalte a été posé en indépendance. « Daniel Buren tenait à conserver ce revêtement traditionnel, mais durable, précise Hassan Bitach, président de Chapelec. La problématique n’était pas décennale, il s’agissait de durer vingt, trente ans, tout en assurant une étanchéité robuste avec une protection prévenant les risques pendant les phases EI25_P26-27:EI10_version 1/04/10 14:00 Page 27 Colonne granite et marbre Finition asphalte ép. 20 mm Chape béton fibré ép. 80 mm Drainage © DR Étanchéité > L’asphalte final a été coulé en indépendance sur la chape de béton fibré. uveau étanches ont eux aussi été étanchés avec un complexe membrane + asphalte, remplaçant l’ancien système synthétique. © DR d’aménagement. À la demande de l’artiste, nous n’avons pas intégré les habituels agrégats de porphyre afin d’obtenir un beau miroir noir, contrastant avec le blanc des colonnes. » > Les caniveaux Rehaussement de quelques centimètres L E S D E U X P L AT E A U X E N D É TA I L Commandé à Daniel Buren en 1985 par le ministère de la Culture afin de remplacer le parking de la cour d’honneur du Palais-Royal, Les Deux Plateaux a vite été rebaptisé « colonnes de Buren » par le grand public. Controversé mais devenu un passage incontournable de la visite de Paris, l’ensemble est composé de 260 colonnes de granite blanc rayé de marbre noir, disposées en damier et de hauteur variable. S’y ajoutent trois longs caniveaux où coule une eau vive – et dont l’étanchéité a également été remplacée – ainsi qu’un dispositif d’éclairage bleu (dans les caniveaux) et aux teintes changeantes (aux intersections des bandes séparatives). Ces derniers éléments ne fonctionnant plus depuis quelques années déjà, l’artiste avait vivement critiqué l’inaction du gouvernement vis-à-vis de la dégradation de son œuvre. É T A N C H É I T É . I N F O · N U M É R O 2 5 · AV R I L 2 0 1 0 · 27 © Didier Plowy/MCC Avec l’accord de l’artiste, la partie centrale de l’installation a été rehaussée de quelques centimètres afin d’améliorer l’écoulement des eaux pluviales. Pour ce faire, des formes de pente très minutieuses ont été réalisées sur chacun des carrés de la partie centrale. Un véritable casse-tête sur le plan de l’altimétrie imposée par l’architecte. « Les profils inox où viennent s’insérer les bandes séparatives ont été mis en œuvre très précisément, puis nous avons coulé le béton dans chaque carré, explique Hassan Bitach. Le béton fibré a permis de s’affranchir d’un treillis soudé qui aurait été très contraignant sur ces petites surfaces. Le matériau présente les mêmes caractéristiques en termes de résistance tout en étant beaucoup plus homogène, ce qui permet d’éviter les microfissurations. » Le budget global des travaux s’élève à 5,3 millions d’euros, dont près de 315 000 euros pour le lot étanchéité. Initiée en novembre 2008, cette restauration s’inscrit dans le cadre plus global de la rénovation du Palais-Royal. Prochaine étape : la réfection des galeries entourant Les Deux Plateaux, notamment leurs terrasses accessibles. JM EI25_P28-31:EI10_version 1/04/10 14:06 Page 28 © Pyc R É A L I S AT I O N > < Depuis 2005, les maçonneries de la Cité radieuse font l’objet d’importants travaux de restauration. Un phénomène de carbonatation a provoqué ces dernières années la corrosion des armatures en acier. © Pyc Les protections lourdes des relevés d’étanchéité seront reconstituées à l’identique tout en respectant les prescriptions des DTU. > CITÉ RADIEUSE Un symbole en travaux Véritable icône du toit-terrasse moderne, la toiture de la Cité radieuse n’a toutefois pas échappé aux outrages du temps. D’importants travaux visent actuellement à lui redonner une étanchéité durable tout en restaurant ses aménagements, symboles à la sortie de la guerre d’un nouveau mode de vie. est un ouvrage devenu presque mythique dans l’histoire de la cinquième façade : 2 200 m2 de toitures accessibles aux habitants comme aux curieux, une piste d’athlétisme, une école, un gymnase, des gradins pour le théâtre et un solarium… Près de soixante ans après son inauguration, la toiture de l’Unité d’habitation de Marseille, la première des cinq construites par Le Corbusier, fait actuellement l’objet d’une vaste opération de restauration. Jusqu’à présent, l’ouvrage n’avait connu que des réparations ponctuelles. Or, depuis quelques années, l’emblème du toit-terrasse « moderne » cumule les désordres, victime de fuites à répétition et d’un mécanisme de carbonatation qui s’attaque aux maçonneries, exposant l’acier des armatures à la corrosion. Également touchées par ce phénomène, les façades de l’immeuble bénéficient déjà d’un programme de restauration engagé en 2005. Sur le toit, les opérations en cours visent la réfection complète de l’étanchéité et des revêtements de circulation ainsi que la rénovation de la plupart des édifices en béton qui ont fait la réputation de cette toiture aux confins de l’architecture et de la sculpture. Un chantier autant symbolique que sensible pour l’agence SNA de La Ciotat (mandataire) en charge des travaux : « Nous devons en permanence chercher des adaptations afin de nous conformer aux règles de l’art tout en respectant les dimensions et les formes existantes », explique Serge Hugon, directeur du secteur PACA-Ouest pour SNA. Pas question en ef- C’ JARDINIERE DP3 THEATRE CHEMINEE DP3 DP1 28 · É T A N C H É I T É . I N F O · N U M É R O 2 5 · AV R I L 2 0 1 0 EI25_P28-31:EI10_version 1/04/10 14:06 Page 29 UNE EXPÉRIENCE INÉGALÉE © Pyc Édifiée en 1952 pour les besoins de la reconstruction, l’Unité d’habitation phocéenne est la première application par Le Corbusier de son modèle de «cité-jardin verticale». À l’intérieur : 337 appartements équipés pour accueillir 1 600 habitants disposant au bout de leur couloir de tous les services de la ville moderne avec sa rue commerçante, son hôtel et sa crèche. Au sommet de cette cité verticale de dix-huit étages : une piste d’athlétisme, un bassin, un gymnase et divers aménagements qui témoignent des ambitions de l’architecte pour cet étage à l’air libre. Dès 1910, Le Corbusier fait en effet de la toiture un élément central dans sa conception de l’habitat. Pour l’avant-garde européenne, le toit plat est alors le slogan d’une nouvelle architecture libérée des traditions du passé. Mais plus qu’un concept formel, le pape du Mouvement moderne fera du toit-terrasse un instrument d’urbanisme, un lieu de rencontre et d’échange qui participe à un nouveau mode de vie. De ce point de vue, la toiture de la Cité radieuse constitue aujourd’hui encore une expérience inégalée. fet sur ce monument classé au patrimoine national en 1986 de modifier le dessin des aménagements imaginés par Le Corbusier. « Cette Unité est en quelque sorte un prototype, la tête de série des versions qui ont suivi. Celle qui possède également le programme le plus complet. Elle reste aujourd’hui encore très fidèle à la réalisation de 1952. D’où une exigence forte pour préserver l’authenticité et l’intégrité du site », souligne François Botton, architecte en chef des Monuments historiques. Restituer l’état d’origine Premier objectif des travaux : mettre en œuvre un complexe d’étanchéité pérenne et garanti, autrement dit conforme aux prescriptions des DTU. L’intégralité de la toiture a ainsi été mise hors d’eau à l’aide d’un système renforcé, composé de deux membranes soudées en bitume élastomère SBS, d’une épaisseur de 3,5 mm chacune. L’ensemble des protections lourdes a également été déposé et refait à neuf. Pour l’entreprise d’étanchéité, le principal enjeu consiste aujourd’hui à les restituer dans leur état d’origine, parfaitement connu grâce aux archives très complètes conservées par la fondation Le Corbusier. « Les formes en béton protégeant les relevés étaient désolidarisées des acrotères, explique Serge Hugon. Nous avons créé des engravures, placé des fers et reconstitué à l’identique les protections en respectant les géométries et les hauteurs tracées par l’architecte. » La réfection de la piste d’athlétisme en asphalte s’effectue avec la même exigence de fidélité. Au pied Vue en plan de la toiture-terrasse piste en asphalte dallage en béton BELVEDERE TOUR DES ASCENSEURS JARDINIERE JARDINIERE JARDINIERE DP5 HALTE GARDERIE DP4 GYMNASE DP5 PLAN INCLINE BASSIN RAMPE D'ACCES PLAN INCLINE DP2 CHEMINEE CHEMINEE DP4 É T A N C H É I T É . I N F O · N U M É R O 2 5 · AV R I L 2 0 1 0 · 29 EI25_P28-31:EI10_version 1/04/10 14:06 Page 31 Posée en indépendance sur un double écran, la nouvelle étanchéité est composée de deux membranes en bitume élastomère dont la deuxième couche est soudée en plein. L’ancienne étanchéité a été conservée afin d’assurer le hors d’eau durant les travaux. de l’immeuble, des maquettes ont permis la mise au point d’un traitement de surface capable de reproduire l’effet d’usure et la teinte spécifique, légèrement rosé, du matériau. Les 1 200 m2 de piste ont été sablés de manière à provoquer un vieillissement anticipé du revêtement en asphalte d’une épaisseur de 20 mm, coulé sur une chape en mortier. Dalles en béton fibré © Pyc Autre grande zone traitée par l’entreprise : 1 000 m2 de dallage en béton entièrement déposés et remplacés par des dalles en béton fibré coulées en place. Là encore, le nouveau matériau est vieilli artificiellement par un grenaillage de billes d’acier. Le soin du détail a Comme en 1950, des coffrages en planches de bois ont été mis en œuvre pour restituer la trame et la rugosité du béton : un style qui sera qualifié dans les années 1960 de «brutaliste». © SNA © Pyc R É A L I S AT I O N > été poussé ici jusqu’à recréer des joints de fractionnement sans modifier le calepinage d’origine. Afin de conserver les dimensions du complexe initial, l’étancheur a également sélectionné une couche drainante de faible épaisseur (1 cm) : une nappe à excroissances associée à un non-tissé et disposée entre le mortier de pose et l’étanchéité. Débuté en octobre 2009, le chantier de restauration devrait s’achever en juin. Neuf mois de travaux qui pourraient être prochainement récompensés par un classement au Patrimoine mondial de l’humanité. Depuis trois ans, l’Unité phocéenne ainsi que vingt et une autres réalisations de l’architecte postulent pour intégrer la prestigieuse liste de l’Unesco. Après deux tentatives manquées, le dossier, soutenu par six pays, sera de nouveau présenté en 2011. Avec ce label, la Cité radieuse, deuxième monument le plus visité de Marseille après Notre-Dame de la Garde, pourrait voir sa fréquentation exploser. Ce sont 30 à 40 % de visiteurs supplémentaires qui passeraient sur son toit-terrasse pour goûter à la vue, au soleil et au ciel… Les « joies essentielles » selon Le Corbusier. BC LES INTERVENANTS Maître d’ouvrage : syndicat des copropriétaires Unité d’habitation Le Corbusier Maître d’œuvre : Sud / Sud - Est Architectures François Bottom Etanchéité : SNA - agence de La Ciotat Réfection des ouvrages en béton : Vivian & Cie Réalisé en béton fibré, le dallage repose sur une nappe à excroissances servant de couche drainante. Les Compagnons de Castellane Produits d’étanchéité : Paradiene 35 S R4 (Siplast-Icopal) É T A N C H É I T É . I N F O · N U M É R O 2 5 · AV R I L 2 0 1 0 · 31 EI25_P33-34:EI10_version 1/04/10 18:08 Page 33 TÉMOIN > M I C H E L P É T U A U D - L É TA N G , C A B I N E T 4 A - A R C H I T E C T E S « Aller plus loin que la simple mise hors d’eau du bâti » Architecte et urbaniste, Michel Pétuaud-Létang œuvre depuis plus de quarante ans dans le monde de la construction, notamment à Bordeaux où il a fait ses études et installé sa première agence. Aujourd’hui l’Atelier aquitain d'architectes associés (4A) compte dix associés et une cinquantaine de collaborateurs. En 2007, l’agence 4A a notamment achevé la restructuration du Regent Grand Hotel, palace réputé mais fermé depuis une vingtaine d'années dans le centreville de Bordeaux. Étanchéité.Info : Quel regard portez-vous sur la place du toit plat dans l’architecture alors que ces espaces sont souvent abandonnés aux gaines de ventilation et aux antennes de télévision ? Michel Pétuaud-Létang : En tant que principe constructif, la toiture-terrasse s’est imposée comme la solution majoritaire pour un grand nombre de typologies de bâtiments : tertiaire, industriel, public… De ce point de vue, sa place n’a cessé de s’accroître dans la construction. Il est vrai que ces espaces sont devenus le lieu d’implantation privilégié des équipements techniques. Mais en soi, ce n’est pas une fonction dévalorisante pour le toit-terrasse. L’enjeu porte plutôt sur l’intégration de cet ensemble dans le bâtiment. C’est une question de qualité architecturale qui vaut d’ailleurs pour le toit comme pour la totalité des ouvrages d’un édifice. Dans le domaine de l’habitat individuel, le constat est radicalement différent. Jusque dans les années soixante, la maison à toit plat était encore dans l’air du temps. Mais la remise en cause des principes du Mouvement moderne et les crises pétrolières ont entraîné des réflexes de protection, un retour vers un concept d’habitat antérieur où le toit en pente, symbole de l’abri, rassure. É.I : Aujourd’hui, assiste-t-on selon vous à un renouveau du toit-terrasse ? MP-L : L’idée d’exploiter cette cinquième façade n’est pas nouvelle. Mais elle se généralise. Désormais, on cherche de manière plus systématique à aller plus loin que la simple mise hors d’eau du bâti. La végétalisation, les systèmes photovoltaïques ou encore les procédés de surtoiture offrent de multiples possibilités de valorisation. Dans le cadre du projet Euroméditerranée, nous menons actuellement le réaménagement des hangars du port autonome de Marseille pour lequel nous avons imaginé une sur- La Technopole Montesquieu à Martillac (33), conçue en 1990 par le cabinet d’architecture 4A. É T A N C H É I T É . I N F O · N U M É R O 2 5 · AV R I L 2 0 1 0 · 33 EI25_P33-34:EI10_version 1/04/10 18:08 Page 34 TÉMOIN > Les Terrasses du Port à Marseille (13) : cet ensemble de 200 000 m2 comprendra des surfaces commerciales, des restaurants, un parking de stationnement couvert de 3 200 places, un stade et un centre de fitness avec piscine. É.I : Les réflexions autour de la mixité des fonctions au sein d’un même ouvrage incitent de plus en plus les concepteurs à valoriser l’espace du toit-terrasse. Le bâtiment multifonctionnel est-il un thème porteur pour l’architecture ? MP-L : C’est un parti que je défends et que je tente de développer dans mes projets. Dans le centre-ville bordelais par exemple, nous réalisons actuellement pour un maître d’ouvrage privé un complexe mixte associant un auditorium de 1 400 places, des logements, un parking et des espaces de bureaux. Mais ce type de projets associant plusieurs fonctions, et parfois plusieurs maîtres d’ouvrage, peut s’avérer complexe pour des raisons de copropriété, de partage des responsabilités dans le temps ou encore simplement lorsqu’il s’agit de déterminer qui paye quoi. Il faut donc des maîtres d’ouvrage qui osent. Les plans locaux d’urbanisme pourraient également être plus incitatifs. É.I : Les bâtiments hybrides sont l’une des réponses à la densification urbaine. L’idée de densifier la ville est-elle aujourd’hui globalement admise ? 34 · É T A N C H É I T É . I N F O · N U M É R O 2 5 · AV R I L 2 0 1 0 © DR É.I : Votre cabinet est basé à Bordeaux. La rétention temporaire d’eau en toiture semble s’être développée dans la région plus qu’ailleurs. Pour quelle raison ? MP-L : Bordeaux est une cuvette. Il y a encore une vingtaine d’années, les orages inondaient la ville. Les réseaux convergeant vers le centre n’étaient pas en mesure d’absorber la quantité d’eau rejetée par la proche banlieue en raison d’une imperméabilisation croissante des sols. Pour contenir ce phénomène, outre des solutions collectives de type bassins, les règlements d’urbanisme prévoient des mesures compensatoires à l’échelle de la parcelle avec, dans le cas de Bordeaux, un débit de fuite limité à 3 l/s par hectare. Plusieurs techniques de stockage ou d’infiltration permettent d’y répondre. Les toituresterrasses à rétention temporaire demeurent une solution particulièrement intéressante, surtout lorsque le bâti touche les quatre coins du terrain. © DR toiture de 2 à 3,5 mètres de haut, couverte de capteurs photovoltaïques à la façon des sheds d’une usine. Cet espace permettra en outre de dissimuler les équipements techniques, mais également d’y loger les locaux spécifiques aux équipes d’entretien. D’une certaine manière, le toit-terrasse est ici traité comme un étage supplémentaire devenu un élément architecturel fort de notre projet. MP-L : Elle est en tout cas souhaitée par ceux qui disposent d’un minimum de bon sens. L’étalement urbain est facteur d’isolement et favorise l’usage de la voiture alors qu’on demande parallèlement au bâti d’être performant sur le plan énergétique et environnemental. La question de la maîtrise de ce phénomène n’est pas nouvelle. Elle reste toutefois un enjeu majeur de l’urbanisme des années à venir, même si la densification de la ville n’est pas forcément une idée porteuse au plan politique. Aujourd’hui encore, elle a du mal à passer chez certains élus. La maison individuelle plantée au milieu de son jardin reste un idéal pour la majorité des Français et il est difficile de sortir de ce schéma. D’où la nécessité de travailler sur des formes d’habitat collectif de qualité qui préservent les besoins d’individualité. Des expériences intéressantes de densification sont actuellement menées dans le cadre des écoquartiers. Une notion qu’il faudrait dès maintenant étendre à l’échelle de la ville, voire de la métropole. PROPOS RECUEILLIS PAR BASTIEN CANY