Bilan quinquennal 2003-2008 du Plan d`action régional pour
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Bilan quinquennal 2003-2008 du Plan d’action régional pour accélérer l’élimination des Mutilations génitales féminines en Afrique LE RAPPORT Juillet 2010 Bilan quinquennal 2003-2008 du Plan d’action régional pour accélérer l’élimination des Mutilations génitales féminines en Afrique TABLE DES MATIERES Remerciements Acronymes et Abréviations Résumé synthèse 03 04 05 Première Partie : CONTEXTE GENERAL Prodrome des Mutilations génitales féminines Plan d’action régional pour l’accélérer l’élimination des MGF 08 11 Deuxième Partie : ANALYSE DE LA SITUATION DE DOUZE PAYS SELECTIONNES Cadre méthodologique Burkina Faso Centrafrique Côte d’Ivoire Erythrée Ethiopie Guinée Liberia Mali Mauritanie Nigeria Sénégal Tchad 19 22 24 26 28 29 31 33 34 36 37 39 41 Troisième Partie : RESULTATS ANALYTIQUES DES ACTIVITES REALISEES DURANT 200382008 Organisation institutionnelle Plaidoyer et sensibilisation Formation multidisciplinaire/plurisectorielle des formateurs Recherches sociodémographiques des déterminants des MGF Législation, lois et politiques anti-MGF Partenariat, collaboration et coopération Nouvelle déclaration inter-agence pour l’élimination des MGF 44 45 46 47 49 50 51 Quatrième Partie : LEҪONS ACQUISES Facteurs influençant la CONVENTION SOCIALE vers les MGF Santé sexuelle et génésique Dimensions socioculturelles Facteurs institutionnels Facteurs influençant la CONVENTION SOCIALE l’élimination des MGF Plan stratégique d’intervention vers l’élimination des MGF Feuille de route de la CONVENTION SOCIALE vers l’abandon des MGF d’ici 2015 53 54 56 57 59 59 61 Cinquième Partie : CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS Conclusion Recommandations 66 67 Sixième Partie : BIBLIOGRAPHIQUE Bibliographie 68 DIAGRAMMES Diagramme1 : Liaison hypothétique entre MGF/RMM/TMN/TMI Diagramme2 : Canevas de la Feuille de route de la CONVENTION SOCIALE vers l’abandon des MGF 2015 55 64 ENCARTS Encart 1: Typologies des MGF selon l’OMS Encart 2: Autres pratiques traditionnelles néfastes Encart 3: Partenariat multiforme pour la Protection des Droits de l’enfant africain Encart 4: Douze principes d’adhésion à la Feuille de route de la CONVENTION SOCIALE pour abandon des MGF 09 14 50 64 1 Bilan quinquennal 2003-2008 du Plan d’action régional pour accélérer l’élimination des Mutilations génitales féminines en Afrique FIGURES Figure 1 : Pays de la Région africaine de l’OMS ayant au moins une forme de MGF Figure 2 : Douze pays MGF sélectionnés pour le bilan quinquennal 2003-2008 PARE/MGF Figure 3 : Prévalence des MGF chez les femmes âgées de 15-49 ans, PRB 2008 8 19 53 GRAPHIQUES Graphique 1 : Evolution du taux de prévalence des MGF au Burkina Faso 1996-2006 Graphique 2 : Proportion des filles excisées par âge à l’excision en Erythrée Graphique 3 : Proportion des filles excisées par âge à l’excision en Mauritanie Graphique 4 : Proportion types de formation des formateurs multidisciplinaire/multisectorielle Graphique 5 : Proportion types de recherches sur les MGF réalisées entre 1997 et 2007 Graphique 6 : Prévalence MGF par zone géographique des pays sélectionnés, PBR/2003 Graphique 7 : Causes de décès maternels en Afrique, OMS 2003 Graphique 8: Justification des MGF des 12 pays sélectionnés, bilan 2003-2008 22 28 36 46 47 48 55 56 TABLEAUX Tableau 1 : Récapitulation des périodes binaires d’évaluation des pays sélectionnés Tableau 2 : Démographie sociale des MGF en BURKINA FASO Tableau 3 : Démographie sociale des MGF en CENTRAFRIQUE Tableau 4 : Démographie sociale des MGF en COTE D’IVOIRE Tableau 5 : Démographie sociale des MGF en ERYTHREE Tableau 6 : Démographie sociale des MGF en ETHIOPIE Tableau 7 : Démographie sociale des MGF en GUINEE Tableau 8 : Démographie sociale des MGF au LIBERIA Tableau 9 : Démographie sociale des MGF au MALI Tableau10 : Démographie sociale des MGF en MAURITANIE Tableau 11 : Démographie sociale des MGF au NIGERIA Tableau12 : Démographie sociale des MGF au SENEGAL Tableau13 : Démographie sociale des MGF au TCHAD Tableau14 : Récapitulation des activités du PARE/MGF réalisées pour la période décennale 1998-2008 Tableau15 : Organisation institutionnelles des MGF des 12 pays sélectionnés Tableau16 : Législations contre les MGF/PTN des pays sélectionnés, PRB/2007 ; UNICEF/2007 Tableau17 : Facteurs influençant la CONVENTION SOCIALE des MGF Tableau18 : FRCS/MGF 2015 – INSTITUTION Tableau19 : FRCS/MGF 2015 – SANTE Tableau20 : FRCS/MGF 2015 – GENRE Tableau21 : FRCS/MGF 2015 – MEDIA Tableau22 : FRCS/MGF 2015 – JUSTICE & LEGISLATION Tableau23 : FRCS/MGF 2015 – EDUCATION Tableau24 : FRCS/MGF 2015 – AFFAIRES SOCIALES 20 22 24 26 28 29 31 33 34 36 37 39 41 44 46 49 53 61 61 62 62 62 63 63 2 Bilan quinquennal 2003-2008 du Plan d’action régional pour accélérer l’élimination des Mutilations génitales féminines en Afrique REMERCIEMENTS Au nom du Directeur Régional de l’Organisation mondiale de la Santé pour l’Afrique, Dr Luis G. Sambo, la Division de la Santé de la famille et de la Santé génésique remercie chaleureusement celles et ceux qui de près et/ou de loin ont contribué à la richesse du présent document et, en particulier, les équipes-pays de l’OMS dans les douze pays sélectionnés. La Direction de la Santé de la Famille et de la Santé génésique est infiniment reconnaissante aux Pr. Séri Deby et Dr Colette Dehlot, tous deux consultants internationaux auprès de AFRO, pour leurs inestimables contributions au présent rapport. 3 Bilan quinquennal 2003-2008 du Plan d’action régional pour accélérer l’élimination des Mutilations génitales féminines en Afrique ACCRONYMES ET ABREVIATIONS AFAF : Association des femmes pour l’avenir des femmes AGBEF : Association Guinéenne pour le Bien Etre Familial AFJCI Association des Femmes Juristes de Côte d’Ivoire MGF : Mutilations Génitale Féminines MSHP : Ministère de la Santé et de l’hygiène Publique MUGNU : Association Mugnu des Femmes de Banfora NATPAHC : National Association on Traditional Practices Affecting the Health of Women and Children AMMIE : Appui Moral Matériel et Intellectuel à l’enfant, Ouahigouya APJAD : Association pour la Promotion de la Jeunesse Africaine et le Développement OCHA : Office for Coordination of Humanitarian Arrangement ARK : Animation Rurale de Korhogo OMS : Organisation Mondiale de la Santé ASBEF : Association Sénégalaise pour le Bien-être Familial ONEF : Organisation Nationale pour l’Enfant, la Femme et la Famille ASFEG : Association des Sages femmes de Guinée ONUCI ASNU : Agences du Système des Nations Unies : Organisation des Nations Unies en Cote d’Ivoire ASTBEF : Association Tchadienne pour le Bien-être Familial CAP : Connaissances Attitudes et Pratiques CCC : Communication pour un Changement de Comportement EDS : Etudes Démographiques et de Santé EGLDAM : Ethiopia Goji Lemadawi Dergit Aswegadji Mahber EIS : Enquête sur les Indicateurs de Santé ENDA : Action en Casamance, branche d’ENDA SYNFEV FDS : Forces de Défense et de Sécurité GTZ : Deutsche Gesellschaft für Technische Zusammenarbeit IEC : Informations Education Communication IRC : International Rescue Committee LTDH : Ligue Tchadienne des Droits de l’Homme MFFAS PARE/MGF : Plan d’Action Régional pour Accélérer l’Elimination des MGF PIC : Plan Intégré de Communication PNSR : Programme National de la Santé de la Reproduction PTN : Pratiques Traditionnelles Néfastes RGPH : Recensement Général de la Population et de l’Habitat SNU : Système des Nations Unies UNDP : Programme des Nations Unies pour le Développement UNFPA : United Nations Population Fund Agency UNHCR : Office of the UN High Commissioner for Refugees UNICEF : United Nations International Children’s Emergency Fond UNIFEM : United Nations Development Fund for women Ministère de la Famille, de la Femme et des Affaires Sociales ACRONYMES DES 12 PAYS sélectionnés BFA = Burkina Faso CAR= Centrafrique CIV= Côte d’Ivoire ERY= Erythrée ETH= Ethiopie GUI= Guinée LIB= Liberia MAL= Mali MAU= Mauritanie NGA= Nigeria SEN= Sénégal TCD= Tchad 4 Bilan quinquennal 2003-2008 du Plan d’action régional pour accélérer l’élimination des Mutilations génitales féminines en Afrique RESUME SYNTHESE Adoptant une perspective sociologique de l‟action relative à la santé publique, le présent rapport du bilan quinquennal 2003-2008 explore comment une pratique sociale et culturelle, telle que les Mutilations Génitales Féminines (MGF), soit devenue une cause mobilisatrice traduite non seulement dans les champs politiques des pays où sévit ladite pratique, mais aussi au-delà des frontières nationales. Faisant suite à sa Déclaration du 24 Mai 2008 suivie de la Résolution EB122.R13 de la 61ème Assemblée mondiale de la Santé (AMS) invitant instamment tous les Etats Membres de «mettre fin à la mutilation génitale féminine » et demandant à la Directrice Générale de l‟Organisation d‟accroître l‟appui à la recherche sur les différents aspects des MGF pour notamment parvenir à leur élimination et de faire un rapport tous les 3 ans à l‟AMS sur les mesures prises par le Secrétariat de l‟OMS, les Etats membres et autres partenaires, la Direction de la Santé familiale et génésique du Bureau Régional de l‟OMS pour l‟Afrique s‟est proposée de faire un bilan quinquennal 2003-2008 du Plan d‟action pour accélère l‟élimination des MGF en Afrique (PARE/MGF) et d‟évaluer les activités de 12 pays sélectionnés afin de pouvoir établir l‟impact des diverses interventions et proposer les prochaines étapes Douze pays ayant pris part à au moins une évaluation et/ou fourni des rapports depuis la mise en œuvre du PARE/MGF en 1998 ont été sélectionnés : Burkina Faso, Centrafrique, Côte d‟Ivoire, Erythrée, Ethiopie, Guinée, Libéria, Mali, Mauritanie, Nigeria, Sénégal et Tchad. Ces 12 pays ont été choisis parmi les 27 pays les plus touchés de la Région par les MGF, de leurs diversités socioculturelles ainsi que de leurs relations transfrontalières. Ensembles, ils constituent près de 45% de l‟ensemble des pays MGF. Des données sociodémographiques et sanitaires sont fournies comme repère quant à la prévalence des MGF dans le pays concerné. Cependant, ces informations ne prétendent établir une relation quelconque, mais plutôt attirer l‟attention du facteur santé publique de cette endémie silencieuse que sont les MGF. Le présent bilan quinquennal 2003-2008 note que la lutte engagée est globalement positive au regard des progrès réalisés dans la mise en œuvre du PARE/MGF. Les efforts impulsés par différentes institutions nationales et internationales ayant bénéficié d‟appuis en termes de plaidoyer et sensibilisation, de formation et de recherches opérationnelles ont été fructueux. La plupart des pays sélectionnés ont intégré la question des MGF dans leur politique de santé de la reproduction et 80% d‟entre eux disposent aujourd‟hui de lois, spécifiques ou non, interdisant ou réprimant la pratique des MGF. Les attitudes et comportements des populations évoluent progressivement vers une tendance générale à la démystification des MGF comme pratique inhumaine. Cependant la prévalence des MGF reste encore élevée. En 2006, 27% des 12 pays sélectionnés ont une prévalence de moins de 20%, 33% avaient une prévalence de 20-49%, 23% une prévalence de 50-79% et 17% une prévalence de 80-99%. Il faut cependant noter que les résultats satisfaisants furent obtenus grâce à la volonté politique des gouvernements, le soutien de l‟OMS et de ses partenaires des Agences du Système des Nations Unies (ASNU), et la participation effective de la Société Civile. Les enseignements dégagés du bilan quinquennal 2003-2008 dénotent plusieurs facteurs, notamment culturel, sociologique, religieux, sanitaire, politique, économique et institutionnel ; chacun concourant avec l‟autre. Tous les pays sélectionnés sont en proie à une même situation: la résistance à l’abolition de la pratique des MGF. Cet obstacle multiforme semble être lié à la grande sensibilité de la convention sociale, dictat culturel imprégnée d‟idéologique et de croyance. 5 Bilan quinquennal 2003-2008 du Plan d’action régional pour accélérer l’élimination des Mutilations génitales féminines en Afrique Malgré les efforts encourageants, force est de reconnaître que beaucoup reste à faire étant donné la persistance de la pratique, le changement du mode opératoire des MGF tels que la médicalisation, le rabaissement de l‟âge à l‟excision, la clandestinité, et la transmigration frontalière. Considérer les MGF comme une CONVENTION SOCIALE (CS) permet de mieux comprendre pourquoi les femmes ayant elles-mêmes enduré la pratique et ses conséquences néfastes, encouragent sa continuation. Cela explique aussi pourquoi les familles individuelles qui déclarent leur désir d‟abandonner la MGF soumettent malgré tout leurs filles à la pratique. Toutefois une CS négative peut être changée. Cependant, selon la Déclaration conjointe interagence des SNU sur l‟élimination des MGF de 2008, une CS ne peut être modifiée que si au sein d‟une communauté donnée un nombre significatif de familles choisisse collectivement et unanimement d‟abandonner la pratique. Alliant les connaissances tirées de l‟expérience de terrain et les résultats acquis de ce quinquennat 2003-2008, il est proposé une « Feuille de route de la Convention Sociale vers l’abandon des MGF » comprenant 7 domaines d‟interventions, à savoir: institutionnel, genre, santé, média, juridique, éducation et socioculturel. Sous forme de tabulation chaque domaine est détaillé du point de vue des défis, opportunités, responsabilités et recommandations inhérents à l‟intervention. Leur complète interaction est indispensable pour la réussite de la mise en œuvre des la Feuille de route vers l‟abolition des MGF d‟ici 2015. C‟est ainsi que les principes d‟adhésion à ladite Feuille de route sont également proposés. Ainsi la ‘Feuille de route de la Convention sociale vers l‟abandon des MGF d‟ici 2015‟ serait non seulement une approche holistique mais également un instrument technique pour changer de façon positive et durable la vie des filles et des femmes en Afrique. A cet effet ; il est recommandé de/d‟: 1. Disséminer largement le présent rapport du bilan quinquennal 2003-2008 du PARE/MGF à tous les niveaux de l‟Organisation, aux Etats membres et aux partenaires impliqués dans la lutte pour l‟abolition des MGF; 2. Rendre le présent rapport du bilan quinquennale 2003-2008 du PARE/MGF disponible à travers toutes les techniques de communication visuelles et audiovisuelles, traditionnelles et modernes, afin de partager les expériences à tous les niveaux ; 3. Impliquer tout les ASNU signataires de la Déclaration commune: Elimination des MGF dans la mise en œuvre, le suivi et l‟évaluation de la Feuille de route de la Convention Sociale pour l‟abolition des MGF d‟ici 2015 ; 4. Organiser au moins une réunion biennale plurisectorielle et multi-agences sur la mise en œuvre et l‟évaluation de l‟impact de la Feuille de route de la Convention sociale pour l‟abolition des MGF d‟ici 2015. 6 Bilan quinquennal 2003-2008 du Plan d’action régional pour accélérer l’élimination des Mutilations génitales féminines en Afrique Première Partie Contexte général 7 Bilan quinquennal 2003-2008 du Plan d’action régional pour accélérer l’élimination des Mutilations génitales féminines en Afrique PRODROME DES MUTILATIONS GENITALES FEMININES Adoptant une perspective sociologique d‟une action relative à la santé publique, le présent rapport de l‟évaluation quinquennale 2003-2008 explore comment une pratique sociale et culturelle, telle que les Mutilations génitales féminines (MGF). En effet les MGF sont devenues une cause mobilisatrice traduite non seulement dans les champs politiques des pays où sévit ladite pratique mais aussi au-delà des frontières nationales. Ainsi la problématique de la CONVENTION SOCIALE se pose à savoir comment l‟internationalisation de la lutte contre les MGF, dilemme d‟une endémie silencieuse, peutelle générer une action de santé publique permettant aux Etats de lutter contre et d‟endiguer cette endémie silencieuse des sociétés en développement en Afrique. MGF : ses racines L‟origine des pratiques MGF reste encore méconnue, toutefois il existe des preuves de leur existence bien avant l‟apparition du Christianisme et de l‟Islam, dans les communautés qui les perpétuent aujourd‟hui. Les trois grandes racines invoquées par les peuples sont d‟ordre religieux, sociétal et sexospécifique. En Afrique subsaharienne, les MGF sont les plus pratiquées par les sociétés musulmanes ; mais également chez les animistes, les catholiques, les coptes, et les protestants. Pour les rituels sociétaux la „coutume‟ est le plus couramment invoquée : {‘„Cela s’est toujours fait, ma mère, ma grand-mère l’ont fait, donc mes filles seront excisées’’} dira-t-on. De part leur appellation, les MGF sont sexospécifiques car les filles et femmes sont les principales cibles. L‟âge des fillettes au moment de la mutilation varie en fonction des régions. Suivant les endroits, les MGF sont pratiquées sur des nourrissons féminins, des fillettes de 7-à-10 ans, des adolescentes et également des femmes au moment de leur mariage. Facteurs psychosocial et culturel Les MGF sont répandus dans au moins 30 pays du continent africain dont 24 font parties de la Région Africaine de l‟OMS (figure1). Les raisons psychosociales et culturelles mises en avant pour soutenir les MGF sont diverses. Elles découlent souvent de la croyance selon laquelle les MGF vont annihiler ou modérer les pulsions sexuelles des femmes. Les MGF sont fréquemment associés à des rites traditionnels d‟initiation. Elles consistent donc en la modification volontaire de la vulve clitoridienne de la femme dans un but non thérapeutique, mais qui a un rôle social que ce soit au niveau du contrôle de la sexualité et/ou de la reproduction, du maintien de l‟ordre social gérontocratique − ce sont les femmes âgées qui les pratiquent le plus souvent−, de la fixation de l‟identité du genre et/ou particulièrement de l‟ethnicité faisant du „clitoris‟ le marqueur de la femme, dont l‟infibulation en est un exemple, dénotant un besoin irrésistible de mutiler l‟appareil génital de la fillette en signe d‟anxiété profondément encrée concernant les rapports et plaisirs sexuels. Figure 1 ; Pays de la Région africaine OMS ayant au moins une Forme de MGF 8 Bilan quinquennal 2003-2008 du Plan d’action régional pour accélérer l’élimination des Mutilations génitales féminines en Afrique Il est donc impossible d‟occulter le fait que ces pratiques ont une signification sociale et culturelle propre. Car les institutions sociales sanctionnent sévèrement toute dérogation aux MGF, inconsciemment ou délibérément, impliquant les liens psychoaffectifs entre femmes et hommes. A cet effet, de nombreuses recherches ont identifié les MGF, parmi tant d‟autres, comme étant une série d‟actes traumatisants envers les enfants perpétrés par des adultes désirant d‟infliger aux enfants de façon indirecte les sévices qu‟ils ont subit dans leur enfance. Les caractères sexospécifiques des MGF, telle que la dimension „genre‟ n‟est guère évoquée. Cependant, les MGF peuvent être perçues comme la volonté d‟empêcher la fillette d‟avoir une émotion sexuelle et d‟expérimenter plus tard à l‟âge adulte une vie sexuelle adéquate. Aussi les MGF surviennent dans les communautés où les femmes ont un faible statut social, une subordination auprès des aînés et/ou dominées par une hiérarchie sous contrôle masculin. Ainsi la complexité des MGF est le reflet du concept de la discrimination sexuelle envers les filles et femmes et du pouvoir de la convention sociale. MGF : endémie silencieuse problème de santé publique Définies par l‟OMS les « mutilations génitales féminines désignent toutes interventions aboutissant à une ablation partielle ou totale des organes génitaux externes de la femme ou toute autre mutilation des organes génitaux féminins qui sont pratiquées pour des raisons culturelles ou autres et non à des fins thérapeutiques » (OMS, 1995). Leurs typologies sont décrites dans l‟Encart1. L‟étude de l‟OMS sur les „MGF : aperçu du problème‟ de 1998, donne des détails sur les conséquences physiques, psychologiques et sexuelles chez les femmes et les filles qui les subissent. L‟appellation « mutilation » vise à faire valoir la gravité de l‟acte. En effet, les MGF sont irréversibles et laissent de nombreuses incapacités des organes génitaux féminins tant physiques que psychosociales. Encart1 TYPOLOGIES DES MGF TYPE I : Excision du prépuce avec ou sans excision de la totalité ou d’une partie du clitoris TYPE II : Excision du clitoris avec excision partielle ou totale des petites lèvres TYPE III : Excision de la totalité ou d’une partie de l’appareil génitale externe et suture/rétrécissement de l’ouverture vaginale (infibulation) TYPE IV : Diverses pratiques non classées telle que la ponction, le percement ou l’incision du clitoris et/ou des lèvres, l’étirement du clitoris et/ou des lèvres, la cautérisation par brûlure du clitoris et des tissus environnants, la scarification des tissus qui entourent l’orifice vaginal ou l’incision du vagin, l’introduction de substances ou d’herbes corrosives dans le vagin pour provoquer un saignement ou pour resserrer, et toute autre pratique entrant dans la définition des mutilations génitales féminines Les conséquences physiques répertoriées par l‟OMS sont entre-autre les lésions des organes voisins, infections cicatricielles, dyspareunie, infections du tractus urinaire, risques de transmission VIH-SIDA, infection des voies génitales, dysménorrhées, incontinence urinaire, infections pelviennes chroniques, fistules recto-vaginale, septicémies et voir la mort. En plus du traumatisme psychologique s‟ajoutent celles des troubles obstétricaux-gynécologiques et/ou l‟infertilité. A l‟échelle mondiale, il est estimé à 100-132 millions le nombre de filles et de femmes ayant subi des mutilations sexuelles, dont environ 100 millions pour le seul continent africain. Chaque année, 2 millions de filles dans 31 pays africains sont susceptibles de connaître le même sort pour la plupart vivant. Les chiffres globaux et par type de mutilation sont probablement sous estimés, d‟une part en raison de la non-déclaration d‟un certain nombre de cas, mais aussi de témoignage imprécis des victimes tendant à sous-estimer l‟importance de ladite mutilation. Les pays occidentaux, notamment en Europe, au Canada, aux États-Unis 9 Bilan quinquennal 2003-2008 du Plan d’action régional pour accélérer l’élimination des Mutilations génitales féminines en Afrique d‟Amérique, en Australie, et en Nouvelle-Zélande, connaissent de plus en plus de MGF chez les femmes et fillettes immigrées des sociétés concernées. C‟est ainsi que quoique pratiques séculaires, les MGF perdurent à ce jour dans beaucoup de sociétés africaines. Elles sont maintenant internationalement reconnues comme un acte traditionnel néfaste, violant les droits humains des fillettes et des femmes et représentant ainsi une grave menace pour leur santé. Les MGF sont désormais considérées comme un problème de santé publique grave par les organismes internationaux qui œuvrent fermement à sensibiliser les gouvernements en général et les populations des pays concernés en particulier pour l‟abolition de ce fléau. 10 Bilan quinquennal 2003-2008 du Plan d’action régional pour accélérer l’élimination des Mutilations génitales féminines en Afrique Plan d’action régional pour accélérer l’élimination des mutilations génitales féminines en Afrique INTRODUCTION Le lancement d‟un Plan d‟action régional pour accélérer l‟élimination des MGF en Afrique (PARE/MGF), adopté par les Etats membres de OMS pour l‟Afrique en 1998, fut un tremplin signalant la détermination internationale. Les décideurs nationaux et internationaux ont multiplié les initiatives tendant à incriminer plus ouvertement les MGF. La conscience universelle s‟est aiguisée et a créé un contexte de forte pression envers les auteurs. Ainsi plusieurs pays ont adopté des législations punissant la pratique et des politiques/stratégies nationales de lutte contre les MGF ont été conçues et mises en œuvre. Dans ces pays, il existe une institution nationale chargée de la lutte contre les MGF. Des recherches, programmes et activités sont exécutés et des outils de formation et d‟information élaborés. Quelques pays ont vu le nombre des MGF diminué grâce à un fort plaidoyer et sensibilisation. OBJECTIFS ET MISE EN ŒUVRE DU PARE/MGF Tout au long de la mise en œuvre du PARE/MGF, l‟OMS a pris le devant de la lutte contre les MSF. Dans ce contexte, plusieurs résolutions ont été abrogées aussi bien au niveau régional que mondial1. D‟une durée de 20 ans (1996-2015), les 7 objectifs du PARE/MGF sont: 1. Réduire la proportion des filles et femmes de 1-20 ans victimes de toute forme de mutilation génitale dans les pays ayant des programmes d‟intervention de lutte contre ces pratiques; 2. Accroître le nombre de pays ayant mis en œuvre des programmes d‟intervention, formulé des politiques et/ou directives et adopté des lois contre les MGF ; 3. Augmenter le nombre de pays notifiant une diminution du nombre de filles ayant subi une MGF dans les pays exécutant des programmes d‟invention; 4. Accroître la proportion des communautés notifiant des changements positifs dans les attitudes, croyances comportements, et pratiques des décideurs familiaux sur le sujet; 5. Accroître la proportion de formations sanitaires de premier, deuxième et troisième degrés qui assurent les soins et la prise en charge des MGF ; 6. Réduire l‟incidence d‟autres formes de pratiques traditionnelles néfastes ; 7. Sensibiliser à la nécessité d‟inscrire de plus en plus de filles dans les écoles en vue de leur éducation formelle. Trois périodes-clés ont été déterminées : à court-terme (1996-1998), à moyen-terme (19992006) et à long-terme (2007-2015). A chacune des périodes il est prévu une évaluation destinée à tirer les enseignements en vue d‟améliorer les approches subséquentes. En 1989 AFR/RC39/R9, en 1993 AFR/RC43/R6; en 1997 l‟adoption de la Stratégie régionale de Santé de la Reproduction dont une des 9 composantes est l‟élimination des pratiques traditionnelles néfastes, notamment les MSF ; en 2003 « Santé de le Femme: Stratégie de la Région africaine » avec pour objectif l‟élimination de toutes formes de violences y compris les pratiques traditionnelles néfastes, en particulier les MGF. 1 11 Bilan quinquennal 2003-2008 du Plan d’action régional pour accélérer l’élimination des Mutilations génitales féminines en Afrique L‟ultime défi du PARE/MGF est l‟élimination des MGF en Afrique d‟ici 2015. Ainsi les rapports d‟évaluation du moyen-terme en 2003 de 15 pays impliqués furent les premiers pas d‟une analyse du degré de la mise en œuvre du PARE/MGF. Quatre leçons essentielles en ressortent: 1) La volonté politique existe, la plupart des pays s‟étant doté d‟instruments nécessaires à la mise en œuvre de programmes de lutte contre les MGF ; 2) Nombreuses sont les communautés engagées/impliquées pour lutter contre les MGF; 3) Le besoin d‟améliorer l‟environnement légal et judiciaire; 4) Vu le contexte de défis MAJEURES, il est important de poursuivre et/ou d‟intensifier la lutte par la prise d‟initiatives novatrices ayant avec une approche holistique. Dans la Région Africaine de l‟OMS (AFRO) l‟engagement est plus que jamais présent, corroboré par les adoptions de la „Stratégie régionale de Santé de la reproduction‟(1998), de la „Stratégie de la Santé de la Femme en Afrique‟(2003) et son programme spécifique « Aspects sociaux dans la Santé familiale et génésique », et la „Stratégie de la Santé des Adolescents’ (2004) au sein de la Division Famille et Santé de la Reproduction, ensembles elles représentent un atout important dans l‟élimination des MGF. AFRO a apporté un appui continu aux pays dans plusieurs domaines tels que la formation, la recherche, le plaidoyer et des actions communautaires. ACTIONS REALISEES 1998-2008 De par son caractère régional le PARE/MGF a eu à couvrir des 22 pays signataires. Parmi eux 12 ont été sélectionnés comme bases d‟évaluation du quinquennat 2003-2008. Ci-après sont les descriptifs des interventions menées durant ledit quinquennat. Groupes multidisciplinaires de lutte contre les MGF En 2001-2002 AFRO a apporté un appui technique et financier à l‟établissement des groupes nationaux multidisciplinaires de collaboration et coordination de lutte contre les MGF (GMC/MGF) dans 10 des pays (photo ci-dessous). Composés de professionnels de santé, de chercheurs, de législatifs, de sociologues, de managers et/ou activistes, ces GMC/MGF avaient pour tâches de collaborer avec les institutions nationales clés –Santé, Education, Justice, ONG des droits humains, de collecter des données factuelles sur les MGF, de documenter contribuant ainsi à la gestion de la base de données/MGF AFRO, de promouvoir des activités visant l‟élimination des MGF, de proposer des stratégies pour l‟élimination des MGF, et de fournir des rapports réguliers des activités de leurs pays respectifs. Consultation régionale des Groupes multidisciplinaires des luttes contre les MGF, 2002 Bamako Mali 12 Bilan quinquennal 2003-2008 du Plan d’action régional pour accélérer l’élimination des Mutilations génitales féminines en Afrique A cet effet l‟OMS a organisé plusieurs séminaires-ateliers de formation des formateurs et fourni des appuis techniques, en collaboration avec les agences-sœurs du SNU (UNICEF, UNFPA, PNUD/UNIFEM) et des partenaires-clés tels que Banque Mondiale, USAID, Population Council, GTZ et autres agences de développement opérant localement. Création d’une banque des données régionale ‘‘Pratiques traditionnelles néfastes/mutilations génitales féminines’’ La Banque-de-données régionale ‘Pratiques traditionnelles néfastes/mutilations génitales féminines’ (PTN/MGF), élaboré en 2003 par DRH, avait pour but de fournir des informations factuelles dans l‟évolution de l‟élimination des MGF en Afrique en général et des pays concernés en particulier. Le contenu de ladite banque des données PTN/MGF a été constitué à partir des informations préliminaires fournies par les GMC/MGF précités. Les informations-clés récoltées furent notamment sur: L‟existence ou pas d‟une institution nationale de lutte contre les PTN/MGF La Prévalence de la situation des PTN/MGF selon la classification de l‟OMS devant permettre l‟établissement d‟une cartographie ; Le statu des législations nationales et/ou la ratification des conventions et instruments internationaux des droits universels humains ; L‟existence ou pas de lois abolissant les PTN/MGF ; Les activités de formation multidisciplinaire et/ou plurisectorielle des populations concernées (ex. : professionnels socio-sanitaires, professionnels juridiques, leaders d‟opinion, medias, religieux, exciseuses/exciseurs, excisée) ; Les initiatives locales et nationales en faveur de l‟abolition des PTN/MGF ; Les activités IEC de plaidoyer en faveur des alternatives aux PTN/MGF ; L‟existence des recherches opérationnelles de développement ; L‟existence de documentation/publication nationale et/ou locale sur les PTN/MGF. 13 Bilan quinquennal 2003-2008 du Plan d’action régional pour accélérer l’élimination des Mutilations génitales féminines en Afrique La base des données PTN/MSF devint opérationnelle en 2004 permettant d‟établir des contacts et partager des informations interactives avec le grand public. Cependant, à ce jour elle a besoin d‟être réactivée et réactualisée pour mieux refléter les évolutions et changements survenus au cours de cette décennie 1998-2008. Etudes des déterminants socioculturels des PTN/MGF Dans le cadre des études psychosociales et/ou anthropologiques, en 2002 l‟OMS a apporté une assistance technique à une dizaine de pays pour mener des recherches opérationnelles sur les motivations et déterminations des PTN/MGF, leurs impacts socioéconomiques sur le développement humain. Les MGF font partie d‟un ensemble d‟autres pratiques traditionnelles néfastes qui doivent également être éliminées (Encart2). Plusieurs études attestent que par leur agression sur les organes génitaux externes et reproducteurs, elles contribuent largement à l‟aggravation de la morbidité et de la mortalité maternelle, néonatale et infantile. Le traumatisme psychosocial provoqué par les MGF est souvent grave et indélébile. Certains pays ont utilisé les résultats de ces recherches comme données de base factuelles pour renforcer les actions de plaidoyer, de mobilisation sociale, de droit des femmes à la santé et à la vie, ainsi que pour évaluer la progression des compagnes IEC anti-MGF. A cet effet les pays les plus cités sont le Burkina Faso, le Ghana, le Kenya, le Mali, le Nigeria et le Sénégal. Ces études ont pu établir que le niveau d‟instruction des femmes était important dans la perpétuation et/ou l‟abandon des MGF. Les femmes ayant reçu une éducation formelle sont moins inclinées à faire pratiquer une MGF sur leurs filles. ENCART2 AUTRES PRATIQUES TRADITIONNELLES NEFASTES Mariages précoces/forcés Sororat et le Lévirat Exclusion sexuelle des femmes ménopausées Tabous nutritionnels Ablation systématique de la luette chez les enfants Extraction des molaires chez les enfants ème Abandon du ‘10 ’ enfant, considéré comme porte-malheur Repassage des seins Gavage Elongation et/ou étirement des petites lèvres ou du clitoris Initiée en 2003, l‟OMS a conduit une étude rétrospective dans 6 pays Africains –Burkina Faso, Ghana, Kenya, Nigeria, Sénégal et Soudan − sur les MGF et conséquences obstétricales couvrant 28.393 femmes dans 28 centres obstétricaux. Comme critère d‟évaluation l‟OMS a utilisé la classification de typologie MGF principalement Type I, Type II, Type III, définies à l‟Encart1 Les indicateurs obstétricaux retenus furent la collecte sur la présence de dommages anatomiques génitaux, hémorragie post-partum, la durée d‟hospitalisation, présence d‟une césarienne, la fausse-couche, le décès fœtal, le faible poids de naissance, le nouveau-né avec le besoin de soins intensifs de réanimation. L‟étude a confirmé que les femmes avec MGF avaient des risques d‟avoir des séquelles obstétricales de morbidité et une mortalité de leurs progénitures. Les risques allaient en crescendo avec les formes extrêmes des MGF. Ceci confirme les conséquences dévastatrices des MGF sur la santé maternelle et infantile, annihilant ODM4 et ODM5. Formation plurisectorielle des formateurs, dissémination et plaidoyer La médicalisation des MGF interpelle l‟OMS qui condamne tout azimut cette pratique par les professionnels de santé. A cet effet des manuels de formation et des guides des principes directeurs à l‟intension des professionnels de santé ont été développés et mis à la disposition des Etats membres et partenaires. En décembre 2002 il a été procédé au lancement desdits manuels à Harare, Zimbabwe. 14 Bilan quinquennal 2003-2008 du Plan d’action régional pour accélérer l’élimination des Mutilations génitales féminines en Afrique Outils de formation de prévention et prise en charge des complications liées MGF Les complications des MGF physiques, psychologiques et sexuelles recouvrent un large éventail dont certaines d‟entre-elles peuvent être gravement invalidantes. Elles exigent donc une prise en charge réalisée avec tact et compétence par des personnels de santé, infirmières et sages-femmes (I/SG) sont souvent les premières concernées ; ces dernières pour la plupart peu formées dans leurs programmes d‟enseignement. L‟OMS s‟est ainsi employée à combler ces lacunes en élaborant une série des outils didactiques modulaires « MSF : Intégration de la prévention et de la prise en charge des complications liées aux mutilations sexuelles féminines dans les programmes d’études en soins infirmiers et soins obstétricaux », comprenant le Guide du formateur, le Manuel du stagiaire et les Principes directeurs. Les « PRINCIPES DIRECTEURS » sont destinés à ceux qui sont responsables de l‟élaboration des politiques et de la supervision des pratiques des infirmières et sages-femmes et autres prestataires de la santé. Se référant aux résolutions et conventions internationales, ils complètent la formation des prestataires de soins sur 5 principes à savoir : Principe N°1 : Ouverture d‟une infibulation (MGF type 3) ; Principe N°2 : Refus de demandes visant à resuturer une vulve ouverte (ré-infibulation) ; Principe N°3 : Exécution de fonctions en dehors du cadre légal de la pratique des I/SG ; Principe N°4 : Documentation des MGF : et Principe N°5 Prévention de la pratique des MGF par les I/SG. L‟intégration de ces outils pédagogiques dans les programmes d‟études des professionnels de santé permet de maintenir la pression sur l‟élimination des MGF. Les supports audio-visuels d’information et de plaidoyer Le film médiatique ‘LA VOIE DU CHANGEMENT2’ trace l‟historique des MGF à travers le temps et les approches des pratiques similaires adoptées par d‟autres civilisations de part le monde qui ont affecté de manière comparable la santé et la sexualité des femmes (évoquant par exemple le bandage des pieds des femmes en Chine). Le film retrace le travail accompli par les ONG pour tenter de sensibiliser les communautés à ce fléau, y compris la participation de chefs religieux, en particulier les Imams. Hautement plébiscitée pour sa dimension médiatique la vidéo, en français et anglais, a été mise à la disposition de tous les pays de la Région africaine de l‟OMS. 2 “La voie du changement”: une production OMS 15 Bilan quinquennal 2003-2008 du Plan d’action régional pour accélérer l’élimination des Mutilations génitales féminines en Afrique Ci-contre est la brochure conviviale élaborée par l‟OMS et distribuée à tous les Etats Membres. Elle a pour but d‟informer, sensibiliser et plaider pour l‟abolition des MGF et autres pratiques traditionnelles néfastes. Tout comme la vidéo, la brochure est disponible en Français et Anglais, langues officielles des pays MGF. Le document « Female Genital Mutilations Programme to Date : What works and What doesn’t » (ci-contre) est un outil de référence pouvant servir de base au suivi et évaluation des efforts de lutte contre les MGF. Il a également servir de plaidoyer auprès des donateurs, politiciens et autres décideurs nationaux à tous les échelons du système de développement. Groupe inter-agence de collaboration et coordination anti-MGF En dépit de ces immenses efforts et des engagements à tous les niveaux, l‟élimination des MGF reste encore un défi, bien que les tendances soient à la baisse. L‟inscription de l‟élimination des violences faites aux femmes et aux enfants dans l‟agenda de la communauté internationale conforte la poursuite de la lutte pour l‟élimination des MGF qui en sont une partie importante. Créé en 2002 le Groupe inter-agence sur les mutilations génitales féminines (GIA/MGF)/excision répondait à cet impératif. Prises isolément, les agences fondatrices du GIA/MGF ont des valeurs intrinsèques particulières et spécialisées dans la lutte pour l‟élimination des MGF. Ce sont le Comité Interafricain, l‟OMS, l‟UNFPA et l‟UNICEF. D‟autres institutions partenaires et membres du GIA/MGF avec leurs spécificités et leurs valeurs comparatives ont permis d‟obtenir des résultats appréciables dans le domaine de la lutte pour éliminer les MGF. Notamment, UNIFEM, LE POPULATION COUNCIL, LA FAWE, TOSTAN, SAVE THE CHILDREN et GTZ Au regard des spécificités et des expériences des différentes agences suscitées, il est apparu indispensable d‟avoir une coordination et une collaboration commune de tous les acteurs de la lutte pour l‟élimination des MGF afin d‟éviter la multiplicité des programmes et de créer une synergie basée sur les compétences distinctives. C‟est ainsi qu‟avec toutes les parties prenantes un Plan d‟action 2007-2011, le GIA/MGF s‟est proposé les objectifs suivants : 1. Appuyer les pays en vue de renforcer les capacités et les actions pour l‟élimination des MGF ; 2. Soutenir les ONG et la société civile engagés dans l‟élimination des MGF ; 3. Appuyer le développement de programmes concertés de lutte contre les MGF ; 4. Échanger les informations, outils, expériences et stratégies, et contribuer à créer les bases de données sur les MGF; 5. Renforcer le plaidoyer et appuyer la mobilisation des ressources pour l‟élimination des MGF; 6. Appuyer la mise en œuvre de mécanismes de suivi et d‟évaluation. 16 Bilan quinquennal 2003-2008 du Plan d’action régional pour accélérer l’élimination des Mutilations génitales féminines en Afrique Dans son espace d‟intervention, le GIA/MGF appui les institutions internationales, gouvernementales, non-gouvernementales, professionnelles et aux communautés africaines luttant contre la pratique MGF. Pendant 3 années durant (2004, 2005, 2006), le GIA/MGF s‟est réuni périodiquement chaque semestre pour évaluer et faire le point des actions antiMGF. Agenda commun pour ZERO Tolérance des MGF Le 6 Février 2003 à Addis-Ababa, Ethiopie, le CI-AF en collaboration avec les membres du GIA/MGF a organisé une réunion globale de haut niveau au cours de laquelle ont été proposés un canevas commun et la désignation du 6 FEVRIER comme le jour de la commémoration internationale pour une Tolérance-Zéro- MGF. Depuis lors plusieurs pays Africains ont utilisé cette journée pour raviver la nécessité d‟abolir les MGF d‟ici 2015, date buttoir des OMD. A ce jour au moins 4 des 12 pays sélectionnés ont eu à célébrer ladite journée à l‟échelle nationale réitérant que contrairement à une croyance populaire que la MGF, quelque soit sa typologie, n‟est exigée par aucune religion. En effet, de nombreux dirigeants religieux et organisations confessionnelles ont demandé que la pratique soit punissable par des lois fermes. Pourquoi l’Afrique, dotée de richesses socioculturelles incommensurables, ne puisse protéger son patrimoine infantile, future garant de ses ressources. WMH Profile, 2007 17 Bilan quinquennal 2003-2008 du Plan d’action régional pour accélérer l’élimination des Mutilations génitales féminines en Afrique Deuxième Partie Analyse de la situation Des Douze pays sélectionnés 18 Bilan quinquennal 2003-2008 du Plan d’action régional pour accélérer l’élimination des Mutilations génitales féminines en Afrique Cadre méthodologique INTRODUCTION Faisant suite à la Déclaration relative aux MGF lors de la 61ème de l‟AMS le 24 mai 2008, la Division de la Santé familiale et génésique du Bureau Régional de l‟OMS pour l‟Afrique s‟est proposée d‟établir un bilan quinquennale 2003-2008 du PARE/MGF et d‟évaluer les activités de 12 pays sélectionnés (figure 2) afin d‟établir l‟impact des interventions et proposer les prochaines étapes. Adopté en 1997 par 22/27 pays Africains le PARE/MGF a permis l‟élaboration des plans d‟actions nationaux dès 1998. Algérie Le PARE/MGF prévoit une exécution en 3 phases dont la 1ère phase de 19961998 ; la 2ème phase de 1990-2006 ; et la 3ème phase de 2006-2015. Mauritanie Mali Sénégal Cape Vert Niger Erythrée Tchad Burkina Faso Gambie Liberia Togo Cote d’Ivoire Bénin Guinée Equatorial Ethiopie Centrafrique République Démocratique du Congo Gabon Sao Tome & Principe Uganda Ghana Guiné e S.Léonne Cameroun Nigeria Guinée Bissau Kenya Seychelles Tanzanie Congo Rwanda Burundi Malawi Angola Comores Zambie Zimbabwe Namibie Mozambique Botswana Madagascar Sainte Hélène Maurice Pays PARE/MGF Evaluation 2003-2008 Pays PARE/MGF Swaziland Afrique du Sud Lesotho En 2003, la première évaluation a été effectuée couvrant le quinquennat 19982002. Les conditions sont maintenant réunies pour mener une évaluation cumulative des 1ème et 2ème phases. Ainsi, le présent rapport vise à établir le bilan quinquennal 2003-2008 de la mise en œuvre du PARE/MGF en rapport avec 12 pays sélectionnés. Figure 2 : Distribution géographique des 12 Pays MGF africains couverts par le bilan quinquennale 2003-2008-PARE/MGF Objectifs et résultats attendus Objectifs ; 1. 2. 3. 4. Faire le bilan quinquennal 2003-2008 de la mise en œuvre du PARE/MGF; Analyser l‟impact des activités des 12 pays couverts par le PARE/MGF; Mettre en évidence l‟impact des résultats des interventions relatives au PARE/MGF; Proposer un canevas pour une élimination définitive des MGF en Afrique. Résultats attendus ; 1) Rapport préliminaire du bilan quinquennale 2003-2008 du PARE/MGF, y compris les activités des 12 pays disponibles; 2) Impact du PARE/MGF sur la Convention sociale des 12 pays analysé 3) Canevas de la Feuille de route de la Convention sociale vers l‟élimination des MGF en Afrique 2010-2015 proposée; Revue de la littérature Pour réaliser ce travail il a été mis à profit une série de documents tels que: les rapports des 12 pays sélectionnés, les rapports régionaux existants et des données complémentaires recueillies par voie électronique. Il s‟agit notamment: 19 Bilan quinquennal 2003-2008 du Plan d’action régional pour accélérer l’élimination des Mutilations génitales féminines en Afrique a) Du rapport régional d‟évaluation de la mise en œuvre (1998-2003) du PARE/MGF; b) De la Déclaration inter-agence de l‟élimination des MGF par 10 agences onusiennes (2008); c) Du rapport préliminaire du « Profile de Santé de la Femme en Afrique 2002-2007» ; d) Des enquêtes en grappes à indicateurs multiples ; e) Des études démographiques et de santé de 2005-2007 afin de compléter les bases des données existantes ; et, f) Rapports internationaux sur les MGF en Afrique disponibles sur la Toile. Il est à préciser que l‟exploitation des rapports officiels susmentionnés a été faite suivant la méthode d‟analyse du contenu tenant compte des indicateurs mentionnés ci-après. Indicateurs Prévalence des MGF par pays Données sociodémographiques par pays Rapport de l‟évaluation régionale 1997-2003 Les rapports existants des pays de 2003-2008 Existence de programmes nationaux pendant le quinquennat 2003-2008 Nombre de programmes/interventions/activités nationaux relatifs au PARE/MGF Nombre et types d‟activités nationales relatives au PARE/MGF Nombre et types de partenariats relatifs au PARE/MGF Echantillonnage des pays Douze pays ayant pris part au moins une fois à l‟évaluation et/ou fourni des rapports depuis la mise en œuvre du PARE/MGF en 1998 ont été sélectionnés. Le récapitulatif des évaluations biennales est au Tableau1. Il s‟agit de : Burkina Faso, Tableau 1 : RECAPITULATIF DES PERIEODES BINAIRES D‟EVALUATION DES 12 PAYS SELECTIONNES Centrafrique, Côte d‟Ivoire, PERIODES BINAIRES Erythrée, Ethiopie, Guinée, DENOMINATION DES PAYS 2001-2002 2003-2004 2005-2008 Libéria, Mali, Mauritanie, Burkina Faso BFA X X X Nigeria, Sénégal et Tchad. Centrafrique CAF X X Côte d‟Ivoire CDI X X Ces 12 pays ont été choisis Erythrée ERI X X X parmi les 27 pays les plus Ethiopie ETH X X X touchés de la Région par les Guinée GUI X X X MGF, pour leurs diversités Liberia LIB X X Mali MAL X X X socioculturelles et leurs Mauritanie MAU X X X relations transfrontalières. Nigeria NGA X X X Ensembles ils constituent plus Sénégal SEN X X X de 44% de l‟ensemble des pays Tchad TCD X X MGF. TOTAL 12 9 11 12 Analyse des données Une analyse descriptive a été choisie compte tenue de la diversité des sources de données recueillies. Les taux de prévalences des MGF sont les données officielles obtenues des résultats des EDS des pays sélectionnées. Les pays sont introduits individuellement par une carte géographique, un tableau synoptique des situations socioculturelles et démographiques et l‟analyse des rapports-pays existants et/ou disponibles dans les documents de référence. En effet, l‟environnement socioculturel et démographique permet de mieux appréhender la situation dans laquelle évoluent les MGF qui prévaut dans la période analytique du bilan quinquennal 2003-2008. 20 Bilan quinquennal 2003-2008 du Plan d’action régional pour accélérer l’élimination des Mutilations génitales féminines en Afrique Quelques données sociodémographiques et sanitaires sont fournies comme repère quant à la prévalence des MGF dans le pays concerné. En aucun cas ces informations prétendent établir une relation quelconque entre les différentes données; mais plutôt attirer l‟attention sur l‟environnement psychosocial prévalant autour d‟une endémie silencieuse qu‟est la MGF. Sous leur forme narrative les rapports des 12 pays sélectionnées sont présentés de façon séquentielle afin d‟établir une harmonisation des faits sans pour autant occulter les spécificités et/ou particularités nationales à travers: (1) Une cartographie délimitant le pays concerné et un tableau synoptique des données démographiques, sanitaires et sociales relatives aux MGF; (2) Une introduction succincte de l‟environnement économique et social des MGF; (3) Les caractéristiques des populations féminines concernées par les MGF; (4) Les états généraux des MGF relatifs aux politiques, des lois, programmes et activités durant la période du quinquennat, y compris les recherches et/ou études y afférent; (5) Les partenariats tant nationaux qu‟internationaux et la société civile; (6) Les acquis issues de la mise en œuvre du PARE/MGF au niveau national ; (7) Les contraintes et recommandations si nécessaires. Les Tableaux et Graphiques sont présentés pour soutenir l‟analyse descriptive de la situation non seulement pour chaque pays mais également pour évaluer l‟impact du PARE/MGF aux niveaux national, régional et global. Il est à noter que la définition et la signification des abréviations et acronymes sont listés dans la section qui leur est consacrée. Limitations Il est à prévoir une relative diversité des schémas de présentation des rapports nationaux, régionaux et internationaux qui peuvent être un handicap pour l‟analyse. Néanmoins, il convient de signaler que l‟analyse s‟est heurtée, dès le départ, au caractère discontinu des données associé à deux faiblesses: d‟une part, la non-conformité au modèle de présentation AFRO des rapports nationaux; et d‟autre part, la déperdition et/ou le renouvellement des pays-clés. Aussi, l‟exploitation des données fiables secondaires, parallèles et/ou complémentaires a permis de contourner certain handicaps liés à l‟analyse du présent bilan quinquennal 2003-2008. Ethique En toute rigueur, quelles soient nationales et/ou internationales les données et informations ont été fournies par les pays sélectionnés. Ce qui permet de tirer des conclusions fiables. Définitions des termes Mutilation génitale féminine (MGF): Dans les années 1970 l‟utilisation du mot „mutilation‟ recélait une connotation spécifique sur la gravité de l‟acte adopté par le CIAF et les ASNU. Excision génitale féminine (EGF) : Le terme „excision génitale féminine‟ est basé sur la reformulation/appellation „mutilation‟ par „excision‟, étant entendu que l‟argumentation de « mutilation » donnait une connotation aliénante dans les communautés des MGF. Quoique MGF et/ou EGF ou encore E/MGF soient indifféremment utilisées, le présent rapport reconnait ces différentes terminologies du fait quelles convergent vers un même but que sont les procédures d‟interférence sur fonctions naturelles de l‟appareil génitale des filles et des femmes africaines. Ainsi l‟appellation „mutilations génitales féminines‟ (MGF) est retenue tout au long du Rapport. 21 Bilan quinquennal 2003-2008 du Plan d’action régional pour accélérer l’élimination des Mutilations génitales féminines en Afrique Burkina Faso Tableau2 : DEMOGRAPHIE SOCIALE DES MGF AU BURKINA FASO POPULATION : 13.903.000 Femmes Hommes TOTAL STRUCTURE DES 0-14 % 23 24 47 AGES 15-64 % 26 25 51 65+ % 2 1 3 EDUCATION % 17 32 21.8 INDICATEURS DE SANTE RMM/100.000 NV TMN‰ TMI : ‰ ISF 1000 36 96 6.5 STATUTS DES MGF Prévalence% Typologie Age moyen Médicalisation% 77 (augmentation) T1 15-49 0.2 Rituels Ethnicité JUSTIFICATIONS Religion Musulmane, animistes, chrétiennes MAJEURES Mariable Contraintes Clandestinité ; Transhumances LEGISLATIONS - CONVENTIONS REGIONALES ET INTERNATIONALES Lois/Politiques nationales CADP/PF* CEDEF CDE CATDP spécifiques ∆ 1987 1990 1999 ACTIVITES DE LUTTE CONTRE LES MGF Plan d‟actions national ; Plaidoyer ; implication des parlementaires ; (*) ∆: Chartre africaine & Protocole sur les Femmes ; ∆: Chartre africaine seule Malgré ses multiples festivals socioculturels exceptionnels, le Burkina Faso est un pays enclavé d‟une superficie de 274,200km2 avec une population estimée en 2006 à 13.903.000 à raison de 46 hab./km2 qui partage sa frontière avec 6 pays limitrophes. Les femmes constituent 51% de la population dont 17% sont alphabétisées. Les données sanitaires de 2005 donnent un RMM de 1000 décès maternels pour 100.000 naissances vivantes, un TMN de 36‰, un TMI de 96‰ et ISF de 6.5 enfants par femme en âge de procréer. L‟âge moyen des filles sur lesquelles sont pratiquées les MGF est de 5 ans ; il peut varier de quelques jours après la naissance, jusqu‟à l‟âge de 18 ans. Mais la grande majorité des filles sont excisées avant l‟âge de 10 ans. Selon les estimations nationales rétrospectives de l‟EDS/2006 sur une période de 6 années (1996-2003), (Graphique1) on note que 72% des femmes burkinabaises de 15-49 ans étaient excisées avec une légère régression en 2003 à 65%. Ce taux peut aller jusqu‟à 85% dans la région du Nord dont font partie les provinces du Yatenga et du Lorum, zone frontalière avec le Mali. Les régions les plus touchées par le problème des MGF sont le Plateau Central (Mossis), le Sud-ouest (Lobis et Sénoufos) et l‟Est (Peulhs et une partie des Gourmantchés). Les MGF sont plus pratiquées dans les communautés musulmanes et une faible proportion des communautés chrétienne et animiste. Les formes des MGF les plus fréquentes sont l‟excision ou l‟ablation du clitoris et des petites lèvres. Burkina Faso a fait partie des 5 pays d‟Afrique où l‟étude prospective de l‟OMS sur les MGF et les conséquences obstétricales révèle que les conséquences médicales dévastatrices sont évidentes aussi bien pour la mère 22 Bilan quinquennal 2003-2008 du Plan d’action régional pour accélérer l’élimination des Mutilations génitales féminines en Afrique que pour le nouveau-né, les risques s‟amplifiant chez celles qui ont subi le type IIIinfibulations. Une loi interdisant les MGF a été promulguée en 1996, pour entrer en vigueur en février 1997. Auparavant, il existait déjà un décret présidentiel établissant un Comité national contre l‟excision et prévoyant des amendes à l‟encontre des personnes reconnues coupables d‟excision sur des fillettes ou des femmes. La loi de 1996 a renforcé la répression. Depuis, plusieurs exciseuses ont été condamnées à des peines d‟emprisonnement. Le Burkina Faso a ratifié le Protocole de Maputo en 2006. Le 6 février 2006, le Burkina Faso a commémoré la journée internationale ZERO-TOLERANCE-MGF. Pour mener à bien la lutte contre la pratique, le Gouvernement burkinabé a mis en place un CNLPE, des programmes d‟intervention ainsi que des actions de lutte depuis 1998. A cet effet, 2 plans d‟action ont été élaborés et mis en œuvre comprenant plusieurs stratégies: actions de plaidoyer, IEC/CCC/excision, formation, recherche, réparation des séquelles. Les différentes activités de lutte contre les MGF bénéficient à la fois de l‟appui de nombreuses ONG nationales et internationales (MMIE, MUGNU, NAMOUNA, WUROYIRE, VOIX DE FEMMES, APJAD, SIX « S », AFED, GASCODE, Mwanganza Action, CI-AF, Medicus Mundi, Aides)3 et du soutien technique et financier des partenaires au développement (OMS, UNFPA, UNICEF, Banque Mondiale, NORAD, DANNIDA, GTZ, CIDA, Union Européenne). Le Gouvernement burkinabais a entrepris de grands efforts à travers le maintien de dialogue et des ateliers de consensus avec les leaders traditionnels et pour une plus grande implication des femmes dans la lutte contre la MGF, des campagnes conventionnelles ont été organisées à différents niveaux. En juillet 2006, lors de l‟atelier régional sur „la protection des filles contre les PTN/MGF‟ tenue au Kenya, le Burkina Faso, un des 5 pays de l‟étude rétrospective de l‟OMS sur les MGF et conséquences obstétricales conduite en 2003, a partagé les résultats de ladite étude qui confirment les effets négatifs des MGF tant pour la mère que le nouveau-né, la gravité des risques augmentent proportionnellement avec le type de MGF, hautement pour les MGF IIIinfibulation. Malgré les acquis, force est de reconnaître que des problèmes demeurent toujours. En effet, les conservateurs de cette tradition ont développé des stratégies pour perpétuer cette pratique par une augmentation de l‟excision clandestine. En outre, les filles sont excisées à un âge de plus en plus précoce. C‟est ainsi que lors de la présentation du 2ème rapport périodique auprès du Comité international de la Convention des Droits de l‟Enfant, UNHCRH a réitéré l‟importance de l‟abolition non seulement des MGF mais aussi de la PTN telle que le mariage précoce des fillettes. 3 La définition des abréviations est donnée dans la rubrique correspondant 23 Bilan quinquennal 2003-2008 du Plan d’action régional pour accélérer l’élimination des Mutilations génitales féminines en Afrique Centrafrique Tableau 3: DEMOGRAPHIE SOCIALE DES MGF CENTRAFRIQUE POPULATION : 4.303.356 Femmes Hommes TOTAL STRUCTURE DES 0-14 % 21 21 42 AGES 15-64 % 28 26 54 65+ % 2 2 4 EDUCATION % 38.5 64.8 INDICATEURS DE SANTE RMM/100.000 NV TMN‰ TMI : ‰ ISF 1100 40 87 4.8 STATUTS DES MGF Prévalence% Typologie Age moyen Médicalisation% 39 (grande baisse) T1 T2 15-49 JUSTIFICATIONS Rituels Ethnicité MAJEURES Religion Musulmane Mariable Contraintes Convention sociale LEGISLATIONS - CONVENTIONS REGIONALES ET INTERNATIONALES Lois/Politiques nationales CADP/PF CEDEF CDE CATDP Spécifiques ∆ 1991 1992 ACTIVITES DE LUTTE CONTRE LES MGF Sensibilisation ; formation ; plaidoyer ∆: Chartre africaine & Protocole sur les Femmes ; ∆: Chartre africaine seule Avec un sous-sol diamantifère, une faune tropicale luxuriante et entourée de 5 pays limitrophes, la Centrafrique est un des pays enclavés de l‟Afrique central avec une superficie de 622.984 km2, une population estimée à 4.303.356 et une densité de 5.8 habitants par km 2. Sa population féminine est d‟environ 51% avec un taux d‟alphabétisation de 39%. Les données sanitaires révèlent un RMM de 1100 décès pour 100.000 NV, un TMN de 40‰, un TMI de 87‰ et un ISF de 4.8 enfants par femme en âge de procréer. En Centrafrique, les MGF sont pratiquées sur toute l‟entendue du territoire, avec un taux de prévalence national en 2006 estimée à 39% les femmes âgées de 15-49 ans. Cette prévalence connaît une baisse sensible depuis 1994 où le taux était de 43%. Les régions où l‟on enregistre une forte prévalence sont celles de l‟Ouaka (81,3%), Na Na Gribizi (74,9%), Bamingui-Bangoran (72%), Haute-Kotto (71,5%), Kémo (66,8%) et la Basse-Koto (65%) (MICS3). Les MGF sont plus pratiquées chez les Banda (59,3%) et les Mandja (43,5%), elles le sont de beaucoup moins chez les femmes Mboum (1%), Ngbaka-Bantou (3,2%), Yakoma Sango (2,5%) et Zandé – Nzakara (2,7%). La forme de mutilation la plus répandue est l‟ablation du clitoris qui est pratiquée sur 82,5% des femmes. Les autres formes de MGF sont ablation des lèvres (9,0%) et fermeture partielle du vagin (3,3%). En 1996, le Président a émis une ordonnance interdisant les MGF sur tout le territoire. Cette ordonnance a force de loi et toute infraction à son égard est passible d‟une peine d‟emprisonnement allant de un mois à deux ans, et d‟une amende de 5100 à 100 000 francs centrafricains (approximativement 8 à 160 US$). Cependant l‟applicabilité de ladite loi reste encore à être démontrée. Avec l‟appui des partenaires au développement, le Gouvernement centrafricain a mené et continue de mener des actions de sensibilisation des différentes couches socioprofessionnelles pour un changement de mentalité. Il s‟agit de créer un environnement favorable à la promotion du statut social de la femme. Ainsi, le soutien financier des partenaires a permis au Ministère des Affaires Sociales, à travers la Direction Générale de la Promotion de la Femme et le CNLPN, de mettre en place des comités locaux de lutte, d‟organiser des ateliers de formation, des campagnes de 24 Bilan quinquennal 2003-2008 du Plan d’action régional pour accélérer l’élimination des Mutilations génitales féminines en Afrique sensibilisation, de réaliser une étude sur les pratiques néfastes et les violences à l‟égard des femmes et de la petite fille et d‟élaborer des documents tels que le premier code de la famille, la Politique Nationale de Promotion de l‟Egalité et de l‟Equité, le Plan d‟Action ainsi que le Plan National d‟Action de Lutte contre les PNT et les violences à l‟égard des femmes et de la petite fille. Plusieurs partenaires internationaux ont appuyé également les ONG nationales dans l‟organisation des journées de réflexion et de sensibilisation sur les pratiques néfastes et les violences à l‟égard des femmes et de la petite fille. 25 Bilan quinquennal 2003-2008 du Plan d’action régional pour accélérer l’élimination des Mutilations génitales féminines en Afrique côte d’ivoire Tableau 4 : DEMOGRAPHIE SOCIALE DES MGF COTE D‟IVOIRE POPULATION : 17.654.843 Femmes Hommes TOTAL STRUCTURE DES 0-14 % 21 20 41 AGES 15-64 % 29 28 57 65+ % 2 1 3 EDUCATION % 38.6 60.8 INDICATEURS DE SANTE RMM/100.000 NV TMN‰ TMI ‰ ISF 690 65 48 4.8 STATUTS DES MGF Prévalence% Typologie Age moyen Médicalisation% 45 (faible baisse) T1 15-49 NO Rituels Ethnicité JUSTIFICATIONS Religion Musulmane et Chrétienne MAJEURES Mariable Contraintes Convention sociale LEGISLATIONS - CONVENTIONS REGIONALES ET INTERNATIONALES Lois/Politiques nationales CADHP/PF* CEDEF CDE CATDP spécifique ∆ 1995 1991 1995 ACTIVITES DE LUTTE CONTRE LES MGF Formation ; plaidoyer ; sensibilisation (*)∆: Chartre africaine & Protocole sur les Femmes ; ∆: Chartre africaine La Côte d‟Ivoire, connue pour son passé historique de „route de l’Ivoire‟, de ses richesses en café et cacao et entourée de 5 pays limitrophes, abrite une population de 17.654.843 partageant une superficie de 322.460 km2 et une densité de 52 hab/km2. Sa population féminine de 52% a un taux d‟alphabétisation de 65%. Malgré son haut niveau de développement économique on note un RMM de 690 décès pour 100.000 NV, un TMN de 65‰, un TMI de 48‰, ISF est de 4,8 enfants par femme en âge de procréer. Selon les différentes EDS, le taux de prévalence des MGF se situe aujourd‟hui à 36%, contre 43% en 2002 et 45% en 1999. En milieu rural, cette prévalence se situe à 38%, contre 34% en milieu urbain. En considérant la variable géographique, on constate que ce sont les femmes du Centre (13%), du Centre-Est (13%) et du Centre-Ouest (15%) qui subissent le moins la pratique, en comparaison avec celles des autres régions du pays, où la prévalence des MGF reste préoccupante : le Nord (87,9%), le Nord-Ouest (87,9%), l‟Ouest (73,3%), le CentreNord (58,8%) et le Nord-est (52,8%) (MICS, 2006). L‟examen des données ethno-religieuses fait apparaître une amplification de la pratique chez les femmes appartenant aux groupes ethniques Mandé du Nord (74,6%), Mandé du Sud (69,6%) et Gur (66,5%) (EDS, 2002). Les musulmanes sont plus concernées (78,7%) que les chrétiennes (17,0%). Une loi promulguée le 18 décembre 1998 prévoit que toute atteinte à l‟intégrité des organes génitaux d‟une femme, par voie de mutilation totale ou partielle, excision, désensibilisation ou toute autre pratique, si elle s‟avère néfaste pour la santé, est passible d‟une peine d‟emprisonnement de un à cinq ans, et d‟une forte amende (de 360.000 à 2 millions de francs CFA). La peine est portée de cinq à vingt ans d‟emprisonnement si la victime meurt des suites de son opération. Par ailleurs, si la procédure est effectuée par un médecin, il risque jusqu‟à cinq ans d‟interdiction de pratique professionnelle. En réponse à cette pratique, le gouvernement, avec le soutien des partenaires au développement, a créé trois structures d‟intervention : (i) Le Programme National de la Santé de la Reproduction; (ii) le Comité National de lutte contre les violences faites aux femmes et aux enfants ; (iii) la Direction de l‟égalité et de la promotion du genre (MFFAS). Ces structures sont appuyées par des ONG nationales et internationales (ONEF, Fondation Djigui, 26 Bilan quinquennal 2003-2008 du Plan d’action régional pour accélérer l’élimination des Mutilations génitales féminines en Afrique ARK, ODAFEM, AFJCI, IRC, CARE, Save the Children), avec le soutien technique et financier des partenaires au développement (OMS, UNFPA, PNUD, UNIFEM, ONUCI, GTZ) Dans le cadre des actions menées en faveur de l‟élimination des MGF, on distingue trois principaux groupes d‟intervenants. Il s‟agit du Gouvernement ivoirien, représenté par le MFFAS et le MSHP, des Partenaires au Développement (OMS, UNICEF, UNFPA) et des ONG nationales et internationales identifiées ci-dessus. Ces différents acteurs articulent leurs interventions autour de la sensibilisation et/ou plaidoyer, en direction des élus locaux, des autorités administratives et politiques, des leaders communautaires et des populations cibles femmes, jeunes, excisées, juristes, forces de sécurité. Les structures étatiques ainsi que les ONG ont dispensé des formations de trois types: (i) formations d‟ordre social, en direction des femmes (excisées et non excisées), des exciseuses et des leaders communautaires (Chefs de village et chefs religieux); (ii) d‟ordre médico-social et professionnel, dispensées aux travailleurs sociaux et aux personnels de la santé, pour la prise en charge médicale et psychosociale des complications liées aux MGF ; (iii) formations d‟ordre juridique, dispensées aux forces de défense et de sécurité et aux magistrats, pour la défense des victimes des MGF. L‟analyse de la situation permet de relever certaines difficultés: (i) le faible engagement des leaders politiques dans la lutte contre les MGF; (ii) l‟instabilité et la vulnérabilité actuelles de l‟administration centrale; (iii) l‟absence d‟une approche de lutte commune aux différents intervenants. 27 Bilan quinquennal 2003-2008 du Plan d’action régional pour accélérer l’élimination des Mutilations génitales féminines en Afrique Erythrée Tableau 5 : DEMOGRAPHIE SOCIALE DES MGF ERYTHREE POPULATION : 5.028.475 STRUCTURE DES AGES EDUCATION % INDICATEURS DE SANTE RMM/100.000 NV 630 STATUTS DES MGF Prévalence% 95 (faible baisse) 0-14 % 15-64 % 65+ % Femmes 21 28 2 71.5 TMN‰ 25 Hommes 22 26 2 71.5 TMI ‰ 50 TOTAL 43 54 4 ISF 5.3 Typologie Age moyen Médicalisation% T1 T2 T3 15-49 0.6 Rituels Ethnicité JUSTIFICATIONS Religion Chrétienté MAJEURES Mariable Dote Contraintes Médicalisation MGF des nourrissons LEGISLATIONS - CONVENTIONS REGIONALES ET INTERNATIONALES Lois/Politiques nationales CADP/PF* CEDEF CDE CATDP Non spécifiques ∆ 1995 1994 ACTIVITES DE LUTTE CONTRE LES MGF (*)∆: Chartre africaine & Protocole sur les Femmes ∆: Chartre africaine seule Située sur la banquise ouest de la Mer rouge, frontalière avec Djibouti, Ethiopie et Soudan, la République érythréenne partage a une superficie 121.320 km2, une densité de 36.8 hab./km2 et une population 5.028.475. Environ 52% de sa population féminine a un taux d‟alphabétisation de 72% TMI le plus élevé des pays sélectionnés, et un ISF de 5.3 enfants par femme en âge de procréer. Sur le plan des données sanitaires on note un RMM de 630 décès maternels pour 100.000 NV, un TMN de 25‰ et un TMI de 50‰. Les MGF sont une pratique très répandue en Erythrée, mais on doit signaler que la prévalence est passée de 95% en 1995, à 89% en 2006. Cette baisse est particulièrement visible chez les jeunes femmes âgées de moins de 25 ans. Le peu de différence des taux de prévalences liées à l‟appartenance régionale ou ethnique indique une certaine homogénéité de la pratique dans le pays. Par exemple, 86,4% des femmes vivant dans les zones urbaines ont été excisées, contre 90,5% de femmes vivant dans les zones rurales. Le taux de prévalence le plus bas (81,5%) est enregistré dans la région de Debub. Les 3 types de MGF sont pratiqués dès le plus jeune âge, 14% le sont à l‟âge de 1mois de la naissance. Le Graphique 2 ci-contre montre le pourcentage des MGF faites selon le groupe d‟âge. Ainsi, 21% de nouveau-nés sont excisés dans les 30 premiers jours de leur vie. La médicalisation des MGF de 0.6% expliquerait les taux élevés chez les enfants âgés entre 1-5 ans. La religion semble être un facteur déterminant: 61% des filles chrétiennes sont excisées avant leur premier anniversaire, contre 18% musulmanes. Erythrée figure parmi les 5 pays où les modules de formation des professionnels de santé dans la prévention et la prise en charge des complications liées aux MGF ont été test. L‟OMS a également fournit un appui technique et financier à la formation des membres de l‟Association des Médecins érythréens. Cependant depuis 2007 une loi a été abrogée pour l‟abolition des MGF. A ce jour aucune arrestation n‟a été effectuée. 28 Bilan quinquennal 2003-2008 du Plan d’action régional pour accélérer l’élimination des Mutilations génitales féminines en Afrique Ethiopie Tableau 6 : DEMOGRAPHIE SOCIALE DES MGF ETHIOPIE POPULATION : 77.431.000 Femmes Hommes TOTAL STRUCTURE DES 0-14 % 21 21.2 44 AGES 15-64 % 27 27 54 65+ % 2 1 3 EDUCATION % 25 37 INDICATEURS DE SANTE RMM/100.000 NV TMN ‰ TMI ‰ ISF 850 51 109 5.7 STATUTS DES MGF Prévalence% Typologie Age moyen Médicalisation % 73 (faible baisse) T1 T2 T3 15-49 PD Rituels Ethnique JUSTIFICATIONS Religion Chrétiens Musulman MAJEURES Mariable Dote Contraintes Médicalisation ; Convention sociale LEGISLATIONS - CONVENTIONS REGIONALES ET INTERNATIONALES Lois/Politiques nationales CADH/PF* CEDEF CDE CATDP spécifiques ∆ 1981 1991 1994 ACTIVITES DE LUTTE CONTRE LES MGF Formation ; sensibilisation ; plaidoyer (*) ∆: Chartre africaine & Protocole sur les Femmes ; ∆: Chartre africaine seule Quoique pays enclavée connue pour sa culture incommensurable depuis la nuit des temps, entouré de 5 pays limitrophes, l‟Ethiopie partage ses 1.127.127 km2 avec une population de 77.431.000, à raison de 60 hab./km2. D‟environ 49% la population féminine, l‟alphabétisation des Ethiopiennes est évaluée à 25%. Les données sanitaires font état d‟un RMM de 850 décès pour 100.000 NV, un TMN de 51‰, un TMI de 109‰, ISF de 5.7 enfants par femme en âge de procréer. Selon EDS la prévalence des MGF est passée de 80% en 2000 à 74,3% en 2005, avec une variation par groupe ethnique qui se distribue entre 0-95%: Gambilla-0% ; Amhara: 81,1% ; Harar 81,2% ; et Afar 95%. Les enfants et les adolescentes sont les groupes les plus ciblés. En 1987 le CNLPTN aux enfants et aux femmes s‟est également penché sur d‟autres pratiques traditionnelles affectant la santé des enfants et des femmes, notamment le mariage infantile, extraction des dents de lait, pour ne citer que ces derniers. Pour réduire la prévalence, la réponse stratégique s‟est faite avec la collaboration de 5 types d‟acteurs : (1)les organisations gouvernementales (ministère de la Santé, ministère des Affaires féminines et sociales, de l‟Education, de l‟Agriculture, de la Culture, de la Population, de la justice et de la police) ; (2) les ONG locales (EGLDAM, SNNPR, CFES, EWLA, EECMY, PANOS)4 ; (3) les ONG internationales (ICA, CARE-Ethiopie, CCFC, ACTION-AIS, Christian AID, Pathfinder International, Save-the-Children/Norway) ; (4) les organisations bilatérales (USAID, NORAD, GTZ, DIFID, SIDA) ; et (5) les organisations multilatérales (OMS, UNICEF, FNUAP, CEA, UA). Siège de plusieurs institutions régionales et internationales, y compris les Sièges du CI-AF, de la CEA et l‟UA, le plaidoyer élaboré par les ONG locales a ciblé les institutions multilatérales (OMS, UNICEF, FNUAP) et d‟autres acteurs (EWLA, NEWA) aboutissant ainsi à des conventions avec les ASNU visant la tolérance-zéro des MGF. L‟action concertée des différents intervenants consistait essentiellement dans les actions de recherche, de plaidoyer, de formation et de sensibilisation. 4 Définitions des acronymes et abréviations sont données dans la rubrique correspondante 29 Bilan quinquennal 2003-2008 du Plan d’action régional pour accélérer l’élimination des Mutilations génitales féminines en Afrique Plusieurs activités de recherche, qui se sont déroulées sur la période 2000-2005, ont fait ressortir bien des obstacles susceptibles de miner la lutte. Elles ont notamment contribué à la connaissance des attitudes des populations face aux MGF et rendu possibles des recommandations éclairées. L‟introduction des MGF dans la législation en 2005 ainsi que la participation des leaders religieux, sont à mettre à l‟actif de ces plaidoyers. L‟engagement pour la réduction de la prévalence se perçoit également dans la formation. En effet, des activités de formation de masse focalisées sur les conséquences des MGF dans toutes les régions ont été menées par des acteurs comme CARE/Ethiopie, MFM, et EGLDAM. Il est prévu une recherche sur les MGF et conséquences obstétricales suivie de plaidoyer et de formation. Cependant cet ensemble d‟actions rencontre des résistances qui trouvent leurs fondements dans la tradition, la culture et la religion. L‟insuffisance des ressources tant financières qu‟humaines et l‟inapplication des lois, sont autant de facteurs qui fragilisent la lutte. 30 Bilan quinquennal 2003-2008 du Plan d’action régional pour accélérer l’élimination des Mutilations génitales féminines en Afrique Guinée Tableau 7a : DEMOGRAPHIE SOCIALE DES MGF GUINEE POPULATION : 9.788.000 STRUCTURE DES AGES EDUCATION % INDICATEURS DE SANTE RMM/100.000 NV 748 STATUTS DES MGF Prévalence% 99 0-14 % 15-64 % 65+ % Femmes 23 27 2 18.1 TMN‰ 48 Hommes 22 25 1 42.6 TMI‰ 98 TOTAL 45 52 3 ISF 5.7 Typologie Age moyen Médicalisation% T1 T2 T3 15-40 10 Rituels Ethnicité JUSTIFICATIONS Religion Musulmane MAJEURES Mariable Contraintes Médicalisation ; Résistance populaire LEGISLATIONS - CONVENTIONS REGIONALES ET INTERNATIONALES Lois/Politiques nationales CADP/PF* CEDEF CDE CATDP Spécifiques ∆ 1982 1990 1989 ACTIVITES DE LUTTE CONTRE LES MGF Formation ; sensibilisation ; implication des communautés à tous les nivaux (*) ∆: Chartre africaine & Protocole sur les Femmes ∆: Chartre africaine seule La Guinée, souvent référée comme étant le „château d‟eau‟ de l‟Afrique occidentale pour ses multiples cours d‟eau, est entouré de 6 pays limitrophes. Sa population estimée à 9.788.000 est répartie sur une superficie de 245.857 km2 et 31.6 hab. /km2. Sa population féminine, elle représente 52% avec un taux d‟alphabétisation de 18%. Les données sanitaires font ressortir un RMM de 748 décès, un TMN de 48‰, un TMI de 98‰ et ISF de 5.7 enfants par femme en âge de procréer. Les MGF T1-T2-T3 sont largement répandues en Guinée. Les résultats d‟enquêtes réalisées par EDS 1999-2005 permettent d‟affirmer que la quasi-totalité des femmes enquêtées connaît la pratique. Selon Tableau7b la prévalence MGF était de 99,0% en 1999, puis de 95,6 % en 2005. Toutes les ethnies sont concernées, en particulier les Soussous, les Maninka, les Peuls et les Guerzés. Tableau 7b : Evolution du taux de prévalence de l‟excision de 1999 à 2005 en fonction des régions naturelle Prévalence des MGF (%) REGIONS EDS 1999 EDS 2005 Basse Guinée 99.7 99.9 Haute Guinée 99.6 99.3 Moyenne Guinée 99.5 99.1 Guinée Forestière 99.5 87.5 Zone de Conakry 98.6 94.2 Ensemble pays 99.0 95.6 La pseudo-infibulation est pratiquée chez les Peuls, groupe où l‟excision est la plus répandue. Chez les Guerzés, l‟excision se fait plus tard (juste avant le mariage, voire après) et moins fréquemment. L‟âge varie de 4 à 8 ans en Moyenne Guinée, 10-12 ans en Basse et Haute Guinée, et de 4 à 70 ans en Guinée Forestière. A 95% musulmane la Guinée a une appartenance religieuse quasi homogène. Un certain nombre de recherches ont été réalisées aux fins de mesurer l‟ampleur du phénomène et de jauger les connaissances et attitudes des populations à l‟égard des MGF. En Guinée, il a été constaté que 21,8 % des filles et des femmes âgées de 15 à 19 ans avaient été opérées par des agents de la santé, contre 1 % pour les femmes âgées de 45 à 49 ans. Selon l‟EDS 2005, 10% des mutilations sont effectuées par le personnel médical (médecins, infirmières ou sages-femmes). Ce recours aux professionnels de santé est particulièrement important en milieu urbain (54 %) et à Conakry (60 %). La pratique de la mutilation en Guinée se fait de plus en plus sur les nourrissons et les fillettes; plus de 3 femmes enquêtées sur 10 soit 36%, ont déclaré avoir subi cette pratique avant l‟âge de 5 ans. 31 Bilan quinquennal 2003-2008 du Plan d’action régional pour accélérer l’élimination des Mutilations génitales féminines en Afrique Cependant, selon l‟article 265 du Code Pénal les MGF illégales en Guinée sont punies par une peine de travaux forcés à perpétuité. Si elles entraînent le décès de la victime dans un délai de 40 jours, le contrevenant s‟expose à la peine de mort. L‟article 6 de la Constitution guinéenne, qui interdit les traitements cruels et inhumains, peut aussi être interprété dans le sens de l‟inclusion de ces pratiques, si un cas venait à être porté devant la Cour Suprême. Aucun cas de MGF n‟a toutefois, à ce jour, été porté devant les tribunaux. A ce jour, la Cour Suprême de Guinée travaille actuellement en vue d‟insérer dans la Constitution guinéenne une clause spécifique interdisant ces pratiques. Afin de relever le défi de l‟excision, le Gouvernement articule ses actions autour du plaidoyer, de nombreuses formations et de recherche-actions. Les actions de plaidoyer et de sensibilisation sont menées en direction des autorités politiques (décideurs, députés), des leaders communautaires (religieux, leaders d‟opinions), des communautés, des partenaires au développement, des médias, des élèves et enseignants, des exciseuses/accoucheuses traditionnelles, des associations/groupements, des pairs éducateurs. Compte tenu du taux élevé de la médicalisation des MGF (estimée à 10%), en 2006, un apport financier de l‟USAID et l‟appui technique du AFRO, le Ministère des la Santé et de l‟Hygiène publique et le Ministère des Affaires sociales ont effectué une formation de formateurs des prestataires de santé dans la prévention de la médicalisation des MGF et la prise en charge de leurs conséquences médicales et psychosociales. En 2007, l‟OMS a apporté un appui technique de la mise en place de mécanismes de concertation et de coordination des intervenants à travers le Comite National de Crise (CNC) issue des violences perpétrées en 2006-2007. Les membres du CNC ont été formés à la prévention et prise en charge intégrées des complications des MGF et autres violences sexuelles faites aux filles et aux femmes, en particulier dans la lutte contre la médicalisation des MGF. La formation des formateurs a été menée en équipe avec la collaboration de l‟UNICEF, du FNUAP et de l‟UNIFEM. La révision et l‟adaptation des modules OMS de formation de formateurs dans de „„la prévention et de la prise en charge des complications liées aux mutilations sexuelles féminines dans le contexte guinéen‟‟ suivi de l‟intégration dans les institutions de formation est en cours d‟exécution. La lutte contre les MGF en Guinée est confrontée à un certain nombre de difficultés et contraintes: (i) la non application des dispositions de la loi SR ; (ii) le faible niveau d‟éducation des communautés ; (iii) le statut de subordination de la femme qui limite leur pouvoir de décision; (iv) la persistance des traditions susceptibles influencée par la pression sociale ; (v) la faible implication des leaders d‟opinions et les religieux ; et, (vi) le besoin d‟une plus grande coordination des stratégies mises en œuvre. 32 Bilan quinquennal 2003-2008 du Plan d’action régional pour accélérer l’élimination des Mutilations génitales féminines en Afrique Libéria Tableau 8 : DEMOGRAPHIE SOCIALE DES MGF LIBERIA POPULATION : 3.042.004 Femmes Hommes TOTAL 0-14 % 22.4 22.4 43 STRUCTURE DES 15-64 % 28.5 27.2 54 AGES 65+ % 1.8 1.2 EDUCATION % 22.4 53.9 INDICATEURS DE SANTE RMM/100.000 NV TMN TMI ISF 700 66‰ 157‰ 6.8 STATUTS DES MGF Prévalence Typologie Age moyen Médicalisation% 50% (grande baisse) T1 15-49 Rituels Ethnicité JUSTIFICATIONS Religion MAJEURES Mariable Control de la sexualité Contraintes Convention sociale LEGISLATIONS - CONVENTIONS REGIONALES ET INTERNATIONALES Lois/Politiques nationales CADP/PF* CEDEF CDE CATDP Non spécifiques ∆ 1979 1999 1984 ACTIVITES DE LUTTE CONTRE LES MGF Formation ; plaidoyer ; sensibilisation (*) ∆: Chartre africaine & Protocole sur les Femmes ; ∆: Chartre africaine seule Bordé par l‟Océan atlantique et connu pour ses grandes forêts d‟hévéa, le Liberia est entouré par la Sierra Leone, la Guinée et la Côte d‟Ivoire. Sa population, estimée à 3.042.004, se partage les 111.370 km2 à raison de 29.5 hab./km2. La population féminine de 55% a un taux d‟alphabétisation estimé à 22.4%. Les données sanitaires donnent un RMM de 700 décès maternels pour 100.000 NV; un TMN de 66‰, un TMI de 157‰ et ISF de 6.8 enfants par femme en âge de procréer. Le taux national de prévalence estimé à 50% du Type1. Les MGF sont de ce fait répandus au Liberia dans la mesure où elles se pratiquent dans 12 groupes ethniques sur 16 que compte le pays. Les fillettes/adolescentes sont soumises à cette pratique qui prend ses racines dans les croyances culturelles. En effet, on pense que les MGF réduisent le désir sexuel et garantissent la fidélité féminine. En vue de réduire l‟impact de la généralisation de cette pratique, des actions de lutte sont conduites par le NATPAH5 en collaboration avec les ministères de la Santé, de l‟Education, de l‟information, de la culture et du tourisme. Outre la sensibilisation, le NATPAH mène de 1998 à 2007, des activités de recherche sur les pratiques des MGF. Aussi, plus de 2000 séances de sensibilisations ont été réalisées par NATPAH. Ces actions ont permis de développer des activités alternatives destinées à réduire les MGF. En 2002, le Liberia a participé au lancement des modules de formation OMS sur la prévention et prise en charge des MGF. Suite aux différentes présentations des experts sur les MGF et leurs conséquences, le témoignage poignant d‟une Libérienne a révélé combien pouvait être dévastateur le manque d‟information adéquate sur les MGF et leurs conséquences psychosociales. Ces recherches ont permis de mieux élaborer le plaidoyer en direction des hommes politiques, des leaders religieux et des ASNU. Ces plaidoyers ont également amené une déclaration des députés, s‟engageant avec les acteurs de terrain pour la lutte contre les MGF. Outre ces actions de plaidoyer, le NATPAH a contribué à la formation des formateurs, des agents de média, des exciseuses et des agents de santé. Cependant, des obstacles freinent encore les efforts de terrain. On note encore des zones de résistance, principalement dans les milieux ruraux pratiquant dans le secret total. A cet effet, il est nécessaire de mener des activités IEC/CCC à tous les niveaux du système politique du pays. 5 National Association on Traditional Practices Affecting the Health of Women and Children 33 Bilan quinquennal 2003-2008 du Plan d’action régional pour accélérer l’élimination des Mutilations génitales féminines en Afrique Mali Tableau 9: DEMOGRAPHIE SOCIALE DES MGF MALI POPULATION : 13.518.000 STRUCTURE DES AGES EDUCATION % INDICATEURS DE SANTE RMM/100.000 NV 1200 STATUTS DES MGF Prévalence% 85 (grande baisse) 0-14 % 15-64 % 65+ % Femmes 20.6 21.5 2 15.9 TMN‰ 55 Hommes 21.1 20.8 1 32.7 TMI ‰ 120 TOTAL 48 49 3 ISF 6.8 Typologie Age moyen Médicalisation% T1 T2 T3 15-49 2.5 Rituels Ethnicité JUSTIFICATIONS Religion Musulmane, animiste, chrétienne MAJEURES Mariable Dote Contraintes Convention sociale ; Transhumance LEGISLATIONS - CONVENTIONS REGIONALES ET INTERNATIONALES Lois/Politiques nationales CADP/PF* CEDEF CDE CATDP Non spécifiques ∆ 1985 1990 1999 ACTIVITES DE LUTTE CONTRE LES MGF Formation ; campagnes de sensibilisation ; reconversion des exciseuses (*) ∆: Chartre africaine & Protocole sur les Femmes ; ∆: Chartre africaine seule Le Mali, nanti d‟une richesse culturelle incommensurable au cœur de l‟Afrique de l‟Ouest, est entouré par 7 pays limitrophes faisant de lui un pays enclavé. Sa superficie de 1.240.000 km 2 et une densité de 9hab/km2 compte une population de 13.518.000 dont 52% sont des femmes avec un taux d‟alphabétisation de 16%. Du point de vue des données sanitaires elles affichent un RMM de 1200 décès maternels pour 100.000 NV, un TMI de 55‰, un TMI 120‰ de et ISF de 6.8 enfants par femme en âge de procréer. Les données de l‟EDS IV de 2006 montrent une baisse avec 85% contre 92% 5 ans plus tôt. Cependant, la perspective d‟une réduction des MGF est peu probable puisque 3 femmes sur 4 (76%) entendent poursuivre la pratique. MGF sont plus fréquentes chez les musulmanes (94%) que chez les chrétiennes (85%) et les animistes (88%), la seule influence déterminante est l‟appartenance ethnique. En effet la prévalence des MGF est au-dessus de 95% chez les Peuls, Sarakolé/Soninké, Malinkés et Bambara ; à 84% chez les Dogons ; 47,8% chez les Songhaï ; et à 16,5% chez les Tamacheck. La distribution des prévalences est sensiblement la même à travers toutes les régions à l‟exception de Tombouctou/Gao avec 9,3% là où résident de nombreuses femmes Touareg et Songhaï. Le Population Council a effectué une étude au Mali pour évaluer les stratégies de reconversion utilisées par 3 ONG qui ont employé des agents de terrain pour informer les exciseurs et les communautés des effets négatifs de MGF sur la santé des femmes. Deux d‟entre elles ont mis au point des plans de création de revenu pour fournir aux exciseurs des moyens alternatifs de subsistance, l‟autre a essayé de former les exciseurs à prêcher l‟abandon de MGF. La volonté politique du Gouvernement en terme d‟organisation nationale de la lutte contre les MGF, s‟est traduite par la création du CNAPN à la santé de la femme et de l‟enfant. Dans le cadre de ses missions, le CNAPN a eu à mener avec l‟appui de l‟OMS, le concours des ONG nationales et internationales et le soutien financier des Partenaires au développement, des activités essentiellement autour du plaidoyer, de la formation et de la recherche. En effet, de multiples actions de plaidoyer ont été initiées en direction des décideurs politiques, administratifs, religieux et communautaires. Dans le domaine de la formation, la stratégie adoptée consiste à doter les responsables, coordinateurs et formateurs des projets, de 34 Bilan quinquennal 2003-2008 du Plan d’action régional pour accélérer l’élimination des Mutilations génitales féminines en Afrique compétences techniques leur permettant de répondre aux attentes du projet. La même formation est reprise par les formateurs à l‟attention des agents de terrain, des leaders qui sont en contact direct avec les populations. La recherche dans le domaine des MGF comporte deux volets: la recherche opérationnelle et académique. Le CNAPN regroupe tous les intervenants dans le domaine de l‟abandon pour la pratique de l‟excision dans une dynamique partenarial entre la société civile, les ONG et associations et les partenaires au développement. Ses fonctions sont entre-autre de mobiliser des ressources ; coordonner des activités ; faire des rencontres périodiques avec les partenaires ; mener des études de recherches, et assurer le suivi et évaluation. Au sein du CNAPN est le Programme National de lutte contre l‟excision qui poursuit les mêmes objectifs que le CNAPN, assure la coordination, le suivi et l‟évaluation de la politique et des stratégies de lutte contre l‟excision. Plusieurs associations nationales ont émergée, dont « Association malienne pour le suivi et l‟orientation des pratiques traditionnelles » créée en 1991, interviennent dans l‟abandon de l‟excision et l‟éducation sexuelle traditionnelle et aide à la reconversion des exciseuses en collaboration avec « l‟Association des femmes fistuleuses » créée sous l‟impulsion d‟anciennes victimes de fistules obstétricales venues de l‟intérieur du pays. Cependant, la lutte contre les MGF/PTN connaît beaucoup de difficultés au Mali, la principale contrainte demeure le peu de visibilité des décideurs. Malgré les efforts en cours, les résistances développées par des courants conservateurs à tous les niveaux gênent le processus d‟élimination des MGF. Au-delà d‟un appui financier aux activités en cours, il s‟agirait de renforcer l‟engagement politique en faveur des actions et de multiplier des rencontres. 35 Bilan quinquennal 2003-2008 du Plan d’action régional pour accélérer l’élimination des Mutilations génitales féminines en Afrique Mauritanie Tableau 10: DEMOGRAPHIE SOCIALE DES MGF MAURITANIE POPULATION : 3.778.000 STRUCTURE DES AGES EDUCATION % INDICATEURS DE SANTE RMM/100.000 NV 1000 STATUTS DES MGF Prévalence% 71 (augmentation) 0-14 % 15-64 % 65+ % Femmes 19 25 1 43.4 TMN‰ 70 Hommes 27 27 1 59.5 TMI‰ 78 TOTAL 46 52 2 ISF 5.6 Typologie Age moyen Médicalisation% T1 T2 15-49 1.1 Rituels Initiations JUSTIFICATIONS Religion Musulmane MAJEURES Mariable Contraintes Convention sociale, médicalisation LEGISLATIONS - CONVENTIONS REGIONALES ET INTERNATIONALES Lois/Politiques nationales CADP/PF* CEDEF CDE CATDP Non spécifiques ∆ ACTIVITES DE LUTTE CONTRE LES MGF Education religieuse ; (*) ∆: Chartre africaine & Protocole sur les Femmes ; ∆: Chartre africaine seule D‟une superficie de 1.030.700 km2, une population de 3.778.000 avec 2.7 hab./km2 et entourée de 4 pays limitrophes, la Mauritanie est la porte d‟entrée du Sahara. Environ 45% sont des femmes avec un taux d‟alphabétisation de 43%. Les données sanitaires sont pour le RMM de 1000 décès maternels pour 100.000 NV, un TMN de 70‰, un TMI de 78‰ et un ISF de 5.6 enfants par femme en âge de procréer. Les MGF sont une pratique très répandue en Mauritanie. Sur l‟ensemble du territoire, il existe d‟importantes différences entre les femmes en fonction de la région, de l‟ethnie ou du niveau d‟éducation. Selon le Graphique3 environ 97% des MGF sont réalisées avant que la fillette n‟est atteinte sa première année de vie. Soixante et onze % des femmes mauritaniennes âgées de 15 à 49 ans ont déclaré avoir subi une forme de MGF. Pour les femmes âgées de plus de 19 ans, le taux de prévalence est légèrement inférieur (66%). Les taux de prévalence sont particulièrement élevés dans deux zones : le Sud-est (97%) et le Centre (88%). Il s‟agit des zones frontalières avec le Mali, où les MGF sont également très répandues. Des différences semblables existent selon le niveau d‟éducation. Les femmes ayant reçu une éducation religieuse ont les taux de prévalence les plus élevés (80%), par rapport aux femmes qui ont atteint ou dépassé le niveau d‟enseignement général (lycée et collège : 58%). Concernant les ethnies, la pratique est plus courante chez les Soninké (92%), les Pular (72%) et les femmes d‟origine arabe (71%). L‟existence d‟une prévalence des MGF pour les moins de 1an est un sujet préoccupant et semble ne pas encore recevoir une attention de la part des autorités nationales. 36 Bilan quinquennal 2003-2008 du Plan d’action régional pour accélérer l’élimination des Mutilations génitales féminines en Afrique Nigéria Tableau 11 : DEMOGRAPHIE SOCIALE DES MGF NIGERIA POPULATION : 140.001.000 STRUCTURE DES AGES EDUCATION % INDICATEURS DE SANTE RMM/100.000 NV 800 STATUTS DES MGF Prévalence% 35 (faible baisse) 0-14 % 15-64 % 65+ % Femmes 22 29 2 60.1 TMN‰ 53 Hommes 22 24 1 78.2 TMI‰ 100 TOTAL 44 53 3 ISF 5.6 Typologie Age moyen Médicalisation% T1 T2 T3 15-49 12.6 Rituels Ethnicité JUSTIFICATIONS Religion Musulmane MAJEURES Mariable Virginité Contraintes Résistance à changer LEGISLATIONS - CONVENTIONS REGIONALES ET INTERNATIONALES Lois/Politiques nationales CADP/PF* CEDEF CDE CATDP Spécifique ∆ 1985 1991 2001 ACTIVITES DE LUTTE CONTRE LES MGF Formation ; campagnes de sensibilisation ; implication des communautés (*) ∆: Chartre africaine & Protocole sur les Femmes ; ∆: Chartre africaine seule Riche de son héritage ancestrale et de ses ressources tant naturelles qu‟humaines, le Nigéria est le pays le plus peuplé d‟Afrique avec une population de 140.001.000 d‟habitants partageant 923.768 km2, soit environ 141 hab./km2. La population féminine compte 53% dont 60% alphabétisées. Cependant les données sanitaires font état d‟un RMM de 800 décès maternels pour 100.000 NV, un TMN de 53‰, un TMI de 100‰ et un ISF de 5.6 enfants par femme en âge de procréer. Dans certaine partie du Nigeria, il a été dit par exemple que la MGF a pour but de permettre à la future belle-mère de vérifier la virginité de la future épouse. Quoique la prévalence nationale de 2007 soit estimée à 35%, la pratique des MGF s‟observe dans tous les Etats de la Fédération où les taux de prévalence se situent entre 0,6 et 98,6%. Les zones les plus touchées par les pratiques sont le Sud-ouest (65%), le Sud-est (68%) et le Sud (77%). Cependant le taux de prévalence nationale se situe à 19% (NDHS 2003), avec 12% de femmes qui souhaitent continuer cette pratique. Malgré l‟engagement de l‟Etat à éliminer les MGF, les pratiques persistent lié non seulement à l‟ignorance mais également au manque d‟appui financier substantiel aux différentes ONG œuvrant dans ce domaine. Mais en terme de réponse à la lutte, le Nigeria présente une spécificité: des études menées sur les MGF sont antérieures à l‟adoption du PARE/MGF1997. Les MGF sont intégrées dans les curricula de formation et dans la Constitution. Après l‟adoption du PARE/MGF1997 d‟autres études se sont déroulées sur la période 1997-2005. Elles ont permis de relever le niveau de connaissance des spécialistes et non spécialistes. En effet 12 ans avant l‟adoption du PARE/MGF, 2 premières études sur les MGF ont été réalisées par l‟Association de Femmes Agents de Santé. Depuis 1999 on note l‟introduction des MGF dans les curricula de formation des jeunes à tous les niveaux : de l‟enseignement primaire à l‟université en passant par les écoles spécialisées (formation des agents de santé et médecins). On doit rappeler que cette formation s‟appuie sur les résultats des recherches qualitatives et quantitatives menées antérieurement. La 3ème stratégie de réponse reste la lutte contre les MGF serait le plaidoyer menée en direction des juristes, des députés, des leaders religieux et des groupes de femmes, avec le soutien du Ministère fédéral de la Santé et les ONG nationales et internationales. 37 Bilan quinquennal 2003-2008 du Plan d’action régional pour accélérer l’élimination des Mutilations génitales féminines en Afrique Des campagnes de sensibilisation sont menées par les acteurs de la société civile avec l‟appui des ASNU (OMS, FNUAP, UNICEF), des ONG internationales et des services ministériels (Ministère fédéral de la Santé, Ministère fédéral des Affaires féminines et du développement Social, Ministères de la Justice et Ministère de l‟Education). Comme résultat, on note que 13.000 séances de sensibilisation ont ciblé les écoles secondaires, favorisant la naissance des clubs dans les lycées et collèges ; un groupe technique multisectoriel anti-MGF de 25 membres a été formé ; des séances de sensibilisation des politiciens et décideurs nationaux, ainsi que les religieux à tous les niveaux ; recyclage des accoucheuses traditionnelles ; reconversion des exciseuses à travers des opportunités économiques ; l‟implication des hommes par des séminaires sexospécifiques à leur intention. Au Nigeria, il n‟existe pas encore de loi fédérale interdisant les pratiques de MGF. Cependant les opposants à ces pratiques se réfèrent à la section 34.1a de la Constitution de la République Fédérale du Nigeria de 1999 stipule que « aucun individu ne sera soumis à la torture ou à des traitements inhumains ou dégradants », pour en appeler à l‟interdiction des pratiques de MGF sur tout le territoire. Selon le rapport national, un projet de législation en faveur de l‟interdiction est en cours de soumission. Néanmoins, à ce jour une politique nationale de lutte contre les MGF et son plan d‟action pour leur abolition ont été approuvés par le Conseil National de la Santé. En plus de la ratification des instruments internationaux CEDEF, CDE et ACDP, le Nigeria a ratifié le Protocole de Maputo en 2005 relatif aux droits des femmes issues de l‟ACDP. Toutefois, des obstacles se présentent qui sont essentiellement: (i) la résistance des femmes excisées au changement de comportement; (ii) la persistance de la culture et de la tradition relatives aux pratiques des MGF; (iii) l‟absence de système d‟évaluation des actions pour l‟élimination des MGF; (iv) le faible niveau des appuis aux ONG nationales. 38 Bilan quinquennal 2003-2008 du Plan d’action régional pour accélérer l’élimination des Mutilations génitales féminines en Afrique Sénégal Tableau 12 : DEMOGRAPHIE SOCIALE DES MGF SENEGAL POPULATION : 11.987.121 STRUCTURE DES AGES EDUCATION % INDICATEURS DE SANTE RMM/100.000 NV 690 STATUTS DES MGF Prévalence% 28 (augmentation) 0-14 % 15-64 % 65+ % Femmes 20 29 2 29.2 TMN‰ 31 Hommes 21 27 1 51.1 TMI‰ 77 TOTAL 41 56 3 ISF 4.8 Typologie Age moyen Médicalisation% T1 T2 T3 14-49 0.6 Rituels Ethnicité JUSTIFICATIONS Religion Musulmane MAJEURES Mariable Dote Contraintes Convention sociale ; transhumance LEGISLATIONS - CONVENTIONS REGIONALES ET INTERNATIONALES Lois/Politiques nationales CADP/PF* CEDEF CDE CATDP spécifiques ∆ 1985 1990 1986 ACTIVITES DE LUTTE CONTRE LES MGF Promoteurs ; alternative sans MGF ; capacitation des villages clés ; plaidoyer (*) ∆: Chartre africaine & Protocole sur les Femmes ; ∆: Chartre africaine seule Situé à l‟ouest au bord de l‟Océan Atlantique et entouré de 4 pays limitrophes, le Sénégal couvre 196.190 km2 et une population de 11.987.121 à raison d‟environ de 54 hab./km2. Nanti d‟un immense patrimoine socioculturel et économique, le Sénégal joui d‟une grande influence sous-régionale. Cependant sa population féminine qui compte 51% a un taux d‟alphabétisation estimé à 29%. Les données sanitaires démontrent un RMM de 690 décès maternels pour 100.000 NV, un TMN de 31‰, un TMI de 77‰ et un ISF de 4.8 enfants par femme en âge de procréer. Au Sénégal la pratique des MGF est bien ancrée dans les traditions. Dans la population générale, 83% déclarent avoir subi l‟excision de Types I et 2 et 12% de Type III. Ainsi, la pratique des MGF est quasiment universelle au sein des groupes ethniques. Les MGF répondent en effet à une convention sociale à laquelle les communautés se conforment. L‟EDS IV révèle que la prévalence nationale est de 28%. Les résultats selon l‟âge montrent une légère baisse des proportions de femmes excisées, des générations anciennes aux plus récentes. En effet de 31% dans le groupe 45-49 ans, la proportion passe à 25% dans le groupe 15-19 ans. Il apparaît également que parmi les mères excisées, 23% n‟ont pas l‟intention de faire exciser leur fille. Du point de vue zonale on note 94% à Kolda, 93% à Tambacounda, 86% à Saint-Louis, 4% à Louga et 2% à Diourbel. En janvier 1999, une loi a été promulguée rendant illégale la pratique MGF au Sénégal. Le Président Diouf a fait un appel solennel en faveur de l‟arrêt de ces pratiques et de la législation les interdisant. La loi a modifié le Code pénal en faisant des MGF des actes criminels, réprimés par une sentence pouvant aller de un à cinq ans d‟emprisonnement. Cependant le porte-parole de RADDHO6 aurait déclaré que « l’adoption de la loi ne se suffit pas en elle-même, car il est désormais nécessaire de la faire appliquer rigoureusement pour que les femmes en bénéficient. » Quelques femmes se penchent sur la question. Au Sénégal, plusieurs ONG et associations interviennent aux côtés de l‟Etat pour promouvoir l‟abandon définitif des MGF. Parmi eux on peut citer : COSEPRAT, TOSTAN, le Réseau des parlementaires en Population et développement, le Réseau des Journalistes en Population et développement, le Réseau des communicateurs traditionnels, l‟Association sénégalaise pour 6 Rassemblement africain pour la défense des droits de l'homme 39 Bilan quinquennal 2003-2008 du Plan d’action régional pour accélérer l’élimination des Mutilations génitales féminines en Afrique le bien-être familial. A des degrés divers, ils bénéficient de l‟appui des partenaires de la communauté internationale dans l‟exécution de leurs programmes: UNICEF, OMS, UNFPA, UNIFEM et de diverses Fondations. En 1999 l‟UNICEF a estimé qu‟environ 5000 villages pratiquaient les MGF au Sénégal. Des membres du comité des femmes rendent visite aux familles où les filles sont considérées à risque de MGF ou de mariage précoce, jusqu‟à ce qu‟on considère que le risque est passé. Les efforts portent en particulier sur les mères pour les sensibiliser aux conséquences néfastes de ces pratiques. Afin de promouvoir des rituels sans excision, l‟expérience de TOSTAN mérite d‟être mentionnée. En effet, TOSTAN, ONG nationale, a acquit sa renommée nationale en initiant un programme de création «des villages-phares » (communément appelé „Village Empowerment Programme’) dans les districts de Kdougou et Tambacounda avec l‟appui de l‟UNICEF. De Janvier 2000 à Avril 2001 au moins 60 villages ont ainsi été formés sur les droits humains, leurs responsabilités, santé et hygiène. En Mai 2001 un changement perceptible s‟était fait ressentir dans la communauté. Les femmes se sont mobilisées pour mener des campagnes de sensibilisation pour l‟abandon des MGF/PTN dans leurs communautés voisines. C‟est ainsi que 141 villages ont déclaré mettre fin aux pratiques MGF et au mariage précoce et de promouvoir la planification familiale. Le dialogue s‟est ainsi établi et des témoignages personnels− tel que „cet instituteur retraité qui atteste que durant les séances sportives, certaines filles eurent des saignements et qu’il avait due les emmener d’urgence à l’hôpital. Quoiqu’il ait vainement essayé d’attirer l’attention, il était maintenant heureux de voir enfin la réalisation de ses souhaits‟. En 2005, environ 1.630 villages ont été motivés et ont décidé d‟abandonner les MGF (UNICEF, 2006). Diverses recherches ont été menées sur la situation des MGF dans les communautés de base sur les connaissances, attitudes et pratiques relatives aux MGF dans les communautés et dans les structures d‟éducation ; et des évaluations d‟impact de différents programmes et les complications obstétricales. A cet effet, le Sénégal a participé à l‟étude rétrospective OMS 2003 sur les MGF et conséquences obstétricale attestant leurs effets négatifs et les risques de morbidité et mortalité encourus par la mère et le nouveau-né. Ainsi pendant le période de suivi, d‟autres comités, en collaboration avec des promoteurs et des personnalités religieuses s‟emploient à changer la position des autres membres de la famille, en particulier des hommes. 40 Bilan quinquennal 2003-2008 du Plan d’action régional pour accélérer l’élimination des Mutilations génitales féminines en Afrique Tchad Tableau 13 : DEMOGRAPHIE SOCIALE DES MGF TCHAD POPULATION : 9.944.200 Femmes Hommes TOTAL 0-14 % 23 22 45 STRUCTURE DES 15-64 % 27 25 52 AGES 65+ % 2 1 3 EDUCATION % 12.8 40.8 INDICATEURS DE SANTE RMM/100.000 NV TMN‰ TMI‰ ISF 1100 45 124 6.7 STATUTS DES MGF Prévalence% Typologie Age moyen Médicalisation% 45 (grande baisse) T2 T3 15-49 2.7 Rituels Ethnicité JUSTIFICATIONS Religion Musulmane MAJEURES Mariable Dote Contraintes Convention sociale LEGISLATIONS - CONVENTIONS REGIONALES ET INTERNATIONALES Lois/Politiques nationales CADP/PF* CEDEF CDE CATDP Non spécifiques ∆ 1995 1990 1995 ACTIVITES DE LUTTE CONTRE LES MGF Plaidoyer envers les parlementaires ; campagne de sensibilisation ; formation (*) ∆: Chartre africaine & Protocole sur les Femmes ∆: Chartre africaine seule Pays enclavé, le Tchad partage sa frontière avec 6 pays limitrophes. Une superficie de 1.284.000 km2 couverte par une population de 9.944.200 à raison d‟une densité de 7 hab./km2. La population féminine constitue 52% du total avec un taux d‟alphabétisation de d‟environ 13%. Les données sanitaires sont alarmantes car on note un RMM de 1.100 décès maternels pour 100.000 NV, un TMN de 45‰, un TMI de 124‰ et un ISF de 6.7 enfants par femme en âge de procréer. Au Tchad, le taux de prévalence des MGF est de 45% (EDST, 2004); autrement dit, une femme sur deux a déclaré avoir été excisée. Les MGF se font sous différentes formes selon les régions. Dans 19% des cas, seule une entaille (T1) est pratiquée. Dans le Moyen-Chari 75% de la clitoridectomie (T2) dans consiste à enlever les chairs. Cependant, 2% des femmes ont subi la forme la plus extrême qu‟est l‟infibulation (Type III) dans le Biltine. Certaines ethnies sont plus touchées que d‟autres. C‟est le cas des Arabes (95%), Hadjaraï (94%) et Ouaddaï (91%), par rapport aux Kanebou (5%), Gorane (2%) et aux Tandjilé (2%). Les déterminants évoqués sont multiples et sont d‟ordre tantôt religieux avec des contradictions, tantôt traditionnel ; „c’est la coutume‟ disent certains. Elles font partie de pratiques profondément ancrées dans les mentalités, mais actuellement considérées comme une des violences exacerbées sur la personne de la femme. Sur le plan politique et juridique, en 1990, le Tchad a ratifié la CDE et la CEDEF en 1995. Le 4 septembre 1995, il a adopté la déclaration de Politique d‟Intégration de la Femme au Développement dont certains aspects récusent les PTN compromettant dangereusement à la santé de la femme. En 1997, le Tchad lance le PARE/MGF qui fut suivi de la mise en place du GMC/MGF-PTN impliquant sociologues, juriste, médecins gynéco-obstétriciens, membres d‟associations (AJAC, Réseau des parlementaires et Association des chefs traditionnels), du Programme National SR/MGF, point focal OMS, et économiste. GMC/MGF-PTN devrait contribuer à harmoniser les actions des différents intervenants sur les PNT/MSF. En février 1999, un consensus sur l‟élimination des MGF s‟est dégagé au terme d‟un atelier ad hoc au cours duquel a été créé le Comité technique santé de la reproduction (SR), institution gouvernementale, ayant pour principales activités le plaidoyer, la sensibilisation, l‟IEC, des enquêtes CAP, et la formation. 41 Bilan quinquennal 2003-2008 du Plan d’action régional pour accélérer l’élimination des Mutilations génitales féminines en Afrique N‟ayant aucune législation précise contre les PTN/MSF, le Parlement a cependant adopté une Loi SR le 15 mars 2002 et attend sa promulgation. Certains articles du code pénal, tel que l‟article 253 relatif à l‟atteinte de l‟intégrité physique. Les actions initiées pour réduire le taux de prévalence ont été, entre autre, la recherche, les campagnes d‟information, le plaidoyer, les formations, les causeries-débats et les émissions radiodiffusées. Les campagnes de sensibilisation des groupes cibles ont touché dans leur milieu confessionnel, scolaire et communautaire. Les actions de plaidoyer ont ciblé les réseaux de femmes ministres et parlementaires, préfets, leaders religieux et traditionnels, communautés rurales. La formation et la sensibilisation ont été menées à l‟intention des femmes, des jeunes, des enseignants et décideurs. Les formations mettent l‟accent sur les thèmes suivants : plaidoyer, droits de l‟enfant, IST/VIH, droit de la femme, conséquences des mariages précoces. Ces différentes actions sont soutenues par des partenaires ; tels que CONA, CI-AF, AJAC, ASTBEF, LTDH, ACDHJ, AFJT, CELIAF, REJPOP, WVI, ATPDH7. De plus le Ministère de la Santé publique a entrepris des actions de sensibilisations associant les principaux acteurs susceptibles d‟exercer une influence sur la communauté. Les parlementaires, les leaders d‟opinions, les agents de la société civile font partie de ceux-là. Leur prise de conscience pourrait contribuer à la réduction de l‟ampleur des MGF. Une étude est proposée de faire une analyse diachronique de l‟opinion des parlementaires, des chefs religieux et des chefs traditionnels sur les déterminants des MGF. En dépit de ces faits, la pratique des MGF persiste dans le pays avec une certaine gravité et les actions de lutte rencontrent des difficultés telles que: (i) l‟inexistence de politique et de loi spécifique aux MGF/PTN ; (ii) la tendance à la médicalisation ; (iii) le manque de synergies ; (iv) le faible développement du matériel éducatif fragilisant les campagnes d‟informations. 7 Définitions dans la rubrique „abréviations et acronymes‟ 42 Bilan quinquennal 2003-2008 du Plan d’action régional pour accélérer l’élimination des Mutilations génitales féminines en Afrique Troisième Partie Résultats analytiques 43 Bilan quinquennal 2003-2008 du Plan d’action régional pour accélérer l’élimination des Mutilations génitales féminines en Afrique Actions réalisées par le pare/MGF en 2003-2008 En tant que programme régional PARE/MGF a couvert l‟ensemble des 27 pays de AFRO où sévit les MGF. Cependant, les activités décrites ci-après se sont focalisées sur les 12 pays sélectionnés par la présente évaluation quinquennale 2003-2008. Sept domaines d‟interventions sont exploités à savoir : Organisation institutionnelle du PARE/MGF Plaidoyer et sensibilisation Formation multidisciplinaire/plurisectorielle des formateurs Recherches sociodémographiques des déterminants des MGF Lois, législations et politiques anti-MGF Partenariat, collaboration et coordination Nouvelle déclaration inter-agence pour l‟élimination des MGF ORGANISATION INSTITUTIONNELLE DU PARE/MGF L‟équipe technique du Bureau régional de l‟OMS pour l‟Afrique composée de 2 conseillères régionales, a travaillé en étroite collaboration avec les programmes techniques de la Région et les équipes nationales de 12 pays sélectionnés. Tableau14 représente le récapitulatif des activités du PARE/MGF des diverses interventions durant le quinquennat 2003-2008, à savoir: 1) Etablissement des groupes nationaux multidisciplinaires et plurisectoriels de lutte contre les MGF; 2) Formation des formateurs multidisciplinaire et plurisectorielle à la prévention et prise en charge des MGF des prestataires de services de santé, du social, de la justice/police et acteurs économiques ; 3) Dissémination des outils de formation à la prévention et prise en charge des MGF des prestataires de services de santé; 4) Appui à des études psychosociales des déterminants des MGF ; 5) Etude prospective des MGF et conséquences obstétricales; 6) Appui technique et financier aux activités nationales de lutte contre les MGF –i.e. Journée internationale Zéro-Tolérance MGF; 7) Appui aux évaluations du PARE/MGF 2003 et 2008. Tableau14 : RECAPITULATIF DES ACTIVITES DU PARE/MGF REALISEES POUR LA PERIODE QUINQENNALE 2003-2008 GROUPES FORMATION DISSEMINATION ENQUETES ETUDES DES PAYS MULTIPRESTATAIRES DE OUTILS PSYCHOSEQUELLES SECT/DISC SERVICES FORMATION SOCIALES OBSTETRICALES ANTI-MGF Burkina Faso X X X X X Centrafrique X X X X Côte d‟Ivoire X Erythrée X X X X Éthiopie X X X Guinée X X X X Liberia X Mali X X X X Mauritanie X X X Nigeria X X X X X Sénégal X X X X Tchad X X X APPUI ACTIVITES NATIONALES ANTI-MGF X X X X X X X X X X X X EVALUATION PARE/MGF 2003/2008 X-X X X X-X X-X X-X X X X X-X X-X X 44 Bilan quinquennal 2003-2008 du Plan d’action régional pour accélérer l’élimination des Mutilations génitales féminines en Afrique L‟organisation institutionnelle s‟est traduite par la création de structures chargées de la coordination et du suivi des activités de lutte contre les MGF (Tableau15). Il faut signaler la mobilisation des organisations de la société civile. Sur les 12 pays sélectionnés ont mis en place des institutions pour mener à bien la politique et programmes de lutte contre les MGF, 10 spécifiques et 8 non-spécifiques. Ils ont tous des CLPTN travaillant en étroite collaborations avec les agences internationales de développement de la localité et en particulier avec le CI-AF/PTN. Tableau 15 : ORGANISATION INSTITUTIONNELLE DES MGF DES 18 PAYS SELECTIONNES PAYS MGF 15-49ans LOI/POLITIQUE PROGRAMME INSTITUTION (1997-2006)* NATIONALE NATIONAL DE LUTTE TRAITES INTERNATIONAUX RATIFIES CODE PENAL ANTI-MGF TYPES TOTAL Non SANTE Non NGO AID CEDEF CDE CTPD CADP/PF Spécifique spécifique &AFFSOC spécialisé % Burkina Faso T1 77 X X X X X X X X ∆ Centrafrique T1-T2 39 X X X X X ∆ Côte d‟Ivoire T145 X X X X X X ∆ Erythrée T1-T2-T3 89 X X X X X ∆ Ethiopie T1-T2-T3 74 X X X X X X X ∆ Guinée T1-T2-T3 96 X X X X X X X ∆ Libéria T1 50 X X X X X X X ∆ Mali T1-T2-T3 92 X X X X X X X X ∆ Mauritanie T1-T2I 71 X X X X X X ∆ Nigeria T1-T2-T3 19 X X X X X X X X ∆ Sénégal T1 28 X X X X X X X ∆ Tchad T2-T3 45 X X X X X X X ∆ (*) PRB-Data refer to the most recent year available during 1998-2007; ∆= Charte avec Protocol sur les Femmes; ∆= Charte africaine seule Les 12 pays sélectionnés ont tous ratifié la CEDEF et la CDE, 10 pays se sont souscrits à la CTPD8 et tous sont signés la CADP et membres des pays de l‟UA. Cependant seuls 4 pays ont ratifié le Protocole CADP relatif aux droits des femmes en Afrique. Sous l‟angle de la législation, 7 pays possèdent des lois spécifique anti-MGF, tandis que 5 ont des lois non spécifiques. Néanmoins 12 pays sélectionnés ont un programme spécifique de lutte contre les MGF sous l‟égide des Ministères de la Santé et des Affaires Sociales et 5 pays collaborent avec d‟autres institutions non spécialisées. Les actions nationales de lutte sont appuyées à la fois par les principales agences internationales et par les organismes bilatérales nongouvernementaux. En effet, dans tous les pays l‟engagement des ONG existe à tous les niveaux et leurs actions portent généralement sur : le plaidoyer e la sensibilisation des communautés de base, des leaders communautaires et des autorités nationales, le renforcement des capacités communautaires et la recherche. PLAIDOYER ET SENSIBILISATION Le Plaidoyer Le Plaidoyer constitue un ensemble de messages destinés particulièrement aux décideurs, aux planificateurs à tous ceux qui peuvent contribuer à l‟élaboration et à la mise en œuvre des politiques. Dans la plupart des pays, le plaidoyer est fait en direction des ministères, des comités préfectoraux, des parlementaires, des ONG internationales, des représentants de la coopération bilatérale, des ASNU. De multiples actions de plaidoyer ont été initiées en 8 Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumain ou Dégradants de 1984 45 Bilan quinquennal 2003-2008 du Plan d’action régional pour accélérer l’élimination des Mutilations génitales féminines en Afrique direction des décideurs politiques, administratifs, religieux et communautaires. Ces plaidoyers ont favorisé l‟élaboration d‟une loi spécifique en instance d‟être mise en vigueur. Cependant les hommes politiques, peu ciblés par les plaidoyers, ne semblent pas avoir œuvré avec enthousiasme. Au bilan, il faut noter une insuffisance de collaboration interministérielle et des réseaux régionaux. La quasi totalité des pays ont ciblé spécifiquement les professionnels de santé et du social mais très peu d‟autres organisations professionnelles et/ou confessionnelles, les enseignants, de juristes. En revanche, en 2005 le Comité africain interparlementaire a fait la „Déclaration de Dakar‟ invitant tous les Etats membres concernés par les MGF et la communauté internationale de faire le nécessaire pour leur abolition. Dans l‟ensemble, les pays ont bénéficié d‟un appui financier de la part des partenaires onusiens, des représentants de la coopération bilatérale et des ONG internationales. De façon unanime, les pays espèrent de la communauté internationale une aide plus accrue pour accélérer l‟élimination des MGF. La Sensibilisation La Sensibilisation, quant à elle, s‟adresse aux populations en général dans une perspective de changement de comportement. Plusieurs activités d‟information, de sensibilisation, de mobilisation des populations et de plaidoyer ont été mises en œuvre. La sensibilisation concernait toutes les couches de la population : les leaders traditionnels, les professionnels de santé, les leaders religieux, les leaders communautaires, les communicateurs traditionnels, les groupes cibles (exciseuses, femmes leaders, groupes de jeunes filles). On note une grande variété des modalités de sensibilisation (communicateurs traditionnels, radios locales et de proximité, lignes vertes, Imans, brigades de répression, exciseuses) ; mais dans l‟ensemble, ce sont les médias d‟Etat qui sont le plus mis à profit (Radio, Télévision, Presse écrite, affiches, dépliants). FORMATION MULTIDISCIPLINAIRE & PLURISECTORIELLE DES FORMATEURS Dans le domaine de la formation, la stratégie adoptée consiste à doter les responsables, coordinateurs et gestionnaires de programmes de compétences techniques leur permettant de répondre aux attentes du PARE/MGF qui consiste à : « mettre au point des modules de formation et concevoir des approches pour la formation des formateurs en matière de prévention des MGF et de prise en charge des problèmes de santé qui en découlent ». Graphique 4: Proportion des types de formation des formateurs multidisciplinaire/plurisectorielle réalisées sur les MGF 2002-2007 Graphique4 illustre les pourcentages des pays ayant effectués différents types de formations réalisées par l‟ensemble des 12 pays avec des variations selon le type de formation. En effet, l‟activité de formation a été réalisée à 58,33% au niveau social, à 66,67% au niveau juridique; à 58,34% au niveau préventif; à 33,33% au niveau de la prise en charge psychosociale, et à 75% pour l‟aspect médical. 46 Bilan quinquennal 2003-2008 du Plan d’action régional pour accélérer l’élimination des Mutilations génitales féminines en Afrique Les interventions développées sur le terrain furent d‟augmenter les capacités institutionnelles ainsi qu‟un appui technique et financier aux activités nationales en collaboration avec les GMS/MGF, le PARE/MGF a favorisé une approche multidisciplinaire et plurisectorielle du fait de la composition des GME/MGF. Ainsi l‟ensemble des préoccupations médicales, sociales, juridiques, préventives et prise en charge psychosociale a été étudié afin d‟aider les pays à élaborer et/ou adapter les modules OMS existant en la manière tenant compte des autres outils venant des partenaires travaillant dans le domaine. La majeure partie des pays déclare avoir pu élaborer des modules de formation formulés dans leurs plans d‟action nationaux. Concernant ce dernier aspect, les modules de formation ne sont pas encore intégrés dans les curricula de formation des professionnels de santé. Seul le Nigeria présente un modèle de progrès remarquable en la matière : dans ce pays, les modules de formation sont intégrés dans les curricula de formation des agents de santé, des enseignants et des élèves et étudiants. La Guinée est en instance d‟intégration dans les curricula de formation OMS adaptés au contexte guinéen. D‟autres pays par contre ont formulé des projets d‟intention à ce sujet. Liant MGF et violence sexuelles faites aux filles et femmes, l‟OMS et ses partenaires plusieurs séminaires-ateliers inter-pays ont été organisés à Bamako, Dakar, Ethiopie et au Kenya où de manière générale, les bénéficiaires des formations furent des professionnels de santé, les magistrats, les leaders communautaires, les parlementaires, les enseignants, les exciseuses, les relais communautaires, les journalistes, les pairs éducateurs, les acteurs du système éducatif, les matrones, les femmes leaders, les autorités locales, les forces de défense et de sécurité, la société civile, les communicateurs, les leaders de jeunesse, les étudiants, les agents de médias, les leaders religieux et les travailleurs sociaux. Les modules OMS de formations en Anglais furent traduits en Français et distribuer aux pays francophones. De nombreux pays prévoient leur intégration dans les curricula scolaires. RECHERCHES SOCIODEMOGRAPHIQUES DES DETERMINANTS DES MGF Afin d‟obtenir des données de base nécessaires pour déterminer la stratégie, planifier et mettre en œuvre des programmes et activités appropriées au point de vue socioculturel, des études quantitatives et qualitatives ont été menées par bon nombre d‟agences en collaboration directe ou indirecte avec l‟OMS. Selon le Graphique 5 diverses recherches ont été menées sur: Prévalence des MGF des communautés pratiquantes, Leurs connaissances, attitudes et pratiques (CAP) des MGF des communautés et des structures d‟éducation, Existence d‟autres pratiques des MGF, Connaissance des complications obstétricales, et Evaluation de l‟impact de différents programmes. Grace aux enquêtes EDS, MICS et EIS effectuées aux niveaux des pays sélectionnés, on constate dans l‟ensemble un accroissement relatif du nombre des études quantitatives passant de 46,43% avant la première évaluation de 2002, à 53,57%, en 2007. 47 Bilan quinquennal 2003-2008 du Plan d’action régional pour accélérer l’élimination des Mutilations génitales féminines en Afrique En revanche, les études qualitatives spécifiques aux MGF, représentant plus de la moitié 64,52% réalisées en 2002, sont à 35,48% en 2007. On enregistre donc une baisse de 29,04%. Dans l‟ensemble, les études CAP des populations relatives aux MGF portaient sur les facteurs socioculturels, les conséquences sociales, médicales et psychologiques, ainsi que sur les types de mutilations. Tendance de la prévalence des MGF Depuis l‟adoption du PARE/MGF, le constat fait à partir des rapports nationaux est que la MGF est encore une pratique vivace dans la plupart des pays avec des taux de prévalence variant d‟un pays à l‟autre et aussi à l‟intérieur des pays. Les EDS et MICS permettent de ventiler les données recueillies au niveau national par groupe d‟âge, résidence urbaine/rurale, région ou province. Au Graphique6 les évaluations nationales des 12 pays indiquent que le taux de prévalence des MGF varie entre 14% (Nigeria) et 96% (Guinée), les zones rurales restent les plus concernées. Le Centrafrique, la Côte d‟Ivoire, le Nigeria, le Sénégal et le Tchad ont une prévalence en dessous de 50% ; tandis que le Burkina Faso, l‟Ethiopie, le Mali et la Guinée la prévalence est supérieure à 70%. Au Nigeria et Tchad, la concentration en zone urbain est dominante. De nombreuses enquêtes CAP font aussi apparaître des différences de prévalence en fonction de l‟appartenance ethnique et religieuse. Cependant, elles ne sont pas suffisamment mises à profit dans la politique d‟élimination des MGF. Il est fondamental de pouvoir disséminer les données et informations à tous les niveaux des institutions locales, régionale et nationale. La confrontation des données de 1997-2002 et 2003-2007 fait apparaître un recul de la prévalence des MGF dans 8 pays9 (67%). C‟est le même constat sur une période de 10 ans, s‟agissant du Mali où la diminution de la prévalence est passée de 94% (1996) à 76% (2005) ; en Centrafrique de 43% (1995) à 26% (2006) ; de la Côte d‟Ivoire de 43% (1994) à 36% (2006), du Nigeria de 25% (1998) à 19% (2003), en Guinée de 99% (1999) à 96% (2005). Cette situation traduit la portée des actions de lutte dans le domaine. Si l‟on enregistre en général une réelle baisse de la pratique au niveau régional. On note, en revanche, que la situation ne s‟est guère améliorer dans certains pays. Par exemple, selon le Graphique7 la prévalence MGF aurait augmenté au cours du quinquennat en Burkina Faso (+3%), Mauritanie (+46%) et Sénégal (+8%). Tenant compte de la mitoyenneté des frontières cette augmentation pourrait s‟expliquer par la migration de la pratique. Peut-être aussi parce que les MGF prennent de nouvelles formes; elles se pratiquent de plus en plus sur les filles de moins de 15 ans et se médicalisent dans certains pays tels que la Guinée et le Mali. 9 Centrafrique, Côte d‟Ivoire, Erythrée, Ethiopie, Guinée, Mali, Nigéria et Tchad 48 Bilan quinquennal 2003-2008 du Plan d’action régional pour accélérer l’élimination des Mutilations génitales féminines en Afrique Malgré tout les récentes études CAP attestent que les connaissances et attitudes sont passées respectivement de 33,6% et de 30,7% en (2003) à 82% et 79% en 2008. Il en est de même au Libéria où la jeunesse se dresse contre cette pratique, en dépit de la pression des parents. Ainsi, au cours des 5 dernières années, une tendance à la baisse des pourcentages de femmes subissant cette pratique dans certains pays semble indiquer une renonciation graduelle à la MGF, bien que dans d‟autres pays on ait enregistrée jusqu‟à présent que peu ou prou de changement notable. De manière générale, la tendance est à la démystification des MGF grâce à l‟implication des communautés de base et de leurs leaders, aux activités de formation et de sensibilisation. On constate une amorce de consensus rejetant les MGF en tant que pratique dégradante ; on constate également des rituels de substitution (RCA), des cérémonies d‟engagement public (Côte d‟Ivoire, Mali, Burkina Faso, Liberia, Ethiopie, Nigeria) et des cas de dénonciation (Burkina Faso, Côte d‟Ivoire, Sénégal, Libéria, Ethiopie). Il y a donc des progrès incontestables ; mais, de l‟avis des gouvernements eux-mêmes, ces progrès sont lents ou insignifiants au regard de la gravité perçue du phénomène des MGF et des efforts consentis pour y faire face. Et sous ce rapport, les aveux et autres témoignages sont concordants en termes de pesanteurs sociologiques (Burkina Faso, Sénégal, Centrafrique); de poches de résistance (Sénégal, Mali, Côte d‟Ivoire); de ralentissement du rythme de la réduction de la prévalence (Nigeria). En conséquence, on peut affirmer que l‟espoir est permis sachant que l‟éradication d‟un phénomène socioculturel si idéologiquement chargé, demande beaucoup de temps et/ou de ressources tant matérielles qu‟humaines. LEGISLATION, LOIS ET POLITIQUES ANTI-MGF NATIONALES L‟adoption du PARE/MGF par les pays africains s‟est traduite par l‟élaboration et/ou la révision des politiques et de plans nationaux de lutte contre les MGF. Le Tableau16 ci-après donne la liste des pays sélectionnés ayant une loi, législation et/ou une politique, spécifique ou non, pour l‟abandon des MGF. Sept pays disposent de politiques nationales de lutte spécifiques aux MGF. Dans les autres 5 pays, des lois non-spécifiques anti-MGF ont été élaborées et intégré dans des politiques plus générales. Tableau16: LEGISLATIONS CONTRE LES PRATIQUES MGF/PTN DES PAYS SELECTIONNES, PRB/2007 ; UNICEF/2007 LOIS SPECIFIQUES LOIS NON-SPECIFIQUES Burkina Faso: Loi spécifique de 1996 Centrafrique: Décrets présidentiels de 1966 et Loi sur la Santé de la reproduction de 2002 Cote D‟Ivoire: Loi spécifique de 1998 Ethiopie : Loi et Politique nationale spécifique Guinée: Code pénal de 1995 et loi SR de 2006 Nigeria: Loi dans plusieurs Etats Sénégal: Loi spécifique de 1999 Érythrée Liberia Mali Mauritanie : Défense aux hôpitaux de faire des MGF Tchad : En dehors des politiques et plans d‟action nationaux, 80% des pays disposent de lois (spécifiques ou non) interdisant ou réprimant la pratique de l‟excision. Il s‟agit soit de politique de santé de la reproduction, soit de politique de protection de la femme et de l‟enfant et/ou encore de politique de population et développement. PARTENARIAT, COLLABORATION ET COOPERATION Il s‟observe un peu partout une véritable coopération multiforme des différents intervenants de la lutte contre les MGF. Ce constat général s‟opère à 3 niveaux étroitement liés. Il y a d‟abord le caractère très variable des ressources (humaines, matérielles et/où financières) dont 49 Bilan quinquennal 2003-2008 du Plan d’action régional pour accélérer l’élimination des Mutilations génitales féminines en Afrique dispose chaque catégorie d‟acteurs, l‟Etat, les ASNU, ainsi que la coopération bilatérale et la société civile ; ensuite la capacité d‟initiative ou de persuasion; enfin, la question du leadership ou de la visibilité. En tout état de cause, les rapports nationaux font apparaître ces 3 types de partenariat décryptés ci-après. Partenariat entre les gouvernements et la société civile Sous l‟impulsion des avancées démocratiques, la Société Civile s‟élargit et se diversifie avec, d‟un côté, les ONG nationales, de l‟autre, les organisations internationales disposant, elles, d‟importantes ressources. Comme ONG nationales particulièrement actives, on peut citer : NATPAHC(Libéria), AMMIE, MUGNU(Burkina Faso), ONEF, ODAFEM, Fondation Djigui (Côte d‟Ivoire), ASBEF, ENDA, ACAS(Sénégal), AGBEF, AFAF, ASFEG (Guinée), ASTBEF, LTDH, ACDHJ(Tchad). Quant aux ONG internationales, elles jouent un rôle majeur surtout lorsqu‟elles viennent en aide aux ONG locales, pour la plupart démunies. L‟efficacité de la Société civile nationale de certains pays est dynamique parce que structurée autour d‟un réseau. Partenariat entre l’Etat et les Agences de la coopération multilatérale et bilatérale. Les gouvernements sont représentés par 4 ou 5 ministères directement ou indirectement concernés par la santé (SR), les questions sexospécifiques (Femmes/Hommes), les Droits humains, l‟Education, la Sécurité, la Solidarité et la Sécurité nationales. Il faut noter cependant que les ministères de première ligne sont ceux de la Santé et des Affaires féminines. Leurs partenaires issus de la coopération multilatérale sont l‟ensemble des Agences traditionnelles du SNU (OMS, UNICEF, UNFPA, UNDP), auxquelles s‟ajoutent, suivant les contextes, OCHA et HCR. De manière générale, les appuis que ces Agences apportent sont jugés déteTMInants et réguliers. Pour ce qui est des Agences de la coopération bilatérale, on note la présence de la GTZ en Guinée et au Burkina Faso, Norwegian Church AID en Ethiopie, de TOSTAN au Sénégal et en Guinée, de l‟USAID dans la plupart des pays. Partenariat multiforme entre les ASNU et ONG nationales et internationales Ce type de partenariat à pour but d‟harmoniser leur travail sur le terrain, sous leadership du PNUD réunissant toutes les ASNU opérant dans les pays selon les circonstances. Ainsi il existe une synergie d‟action au niveau des différents acteurs mobilisés contre les MGF. IAC-CIAF Encart3 ; Partenariat multiforme sur la Protection des droits de l‟Enfant africain Encart3 illustre un type de partenariat multiforme spécifique et ponctuel forgé autour d‟un problème clé, tel que la protection des droits de l’Enfant dans la lutte contre les MGF. Chacune des agences mentionnées y a apporté son savoir-faire pour la TOLERENCE ZERO-MGF. 50 Bilan quinquennal 2003-2008 du Plan d’action régional pour accélérer l’élimination des Mutilations génitales féminines en Afrique NOUVELLE DECLARATION INTER-AGENCE POUR L’ELIMINATION DES MGF Malgré de nombreux efforts effectués au cours de la quinquennale 2003-2008, l‟élimination à brève échéance reste difficile en raison de nombreuses pesanteurs d‟ordre socioculturel, institutionnel et/ou économique. Dix agences –OHCHR, UNAIDS, UNDP, UNECA, UNESCO, UNFPA, UNHCR, UNICEF, UNIFEM, OMS−10, collaborent pour que l‟éradication de ces pratiques soit une réalité d‟ici 2015 (Brochure ci-dessous). L‟objectif de la Déclaration Conjointe des ASNU (DC/IASNU) vise à faire le plaidoyer pour un abandon complet des MGF. Elle fait également état que seule une CONVENTION SOCIALE UNIVERSELLE peut changer le collectif des pratiques de façon durable dans les communautés MGF. 10 La définition des abréviations et acronymes est donnée dans la rubrique correspondant 51 Bilan quinquennal 2003-2008 du Plan d’action régional pour accélérer l’élimination des Mutilations génitales féminines en Afrique Quatrième Partie Leçons acquises 52 Bilan quinquennal 2003-2008 du Plan d’action régional pour accélérer l’élimination des Mutilations génitales féminines en Afrique Facteurs influençant la convention sociale des MGF L‟un des objectifs du présent bilan quinquennal 2003-2008 est de mettre en évidence l‟impact des résultats des interventions relatives à la mise en œuvre du PARE/MGF. De l‟analyse de la situation des 12 pays sélectionnés (2ème partie), les données des tableaux synoptiques et les informations narratives de chaque pays font ressortir le fait qu‟ils sont tous en proie d‟une même situation: la résistance à l’abolition de la pratique des MGF. Figure3 : Prévalence des MGF des femmes âgées 15-49 ans des 12 pays sélectionnés, PRB, 2008 Algérie Mauritanie Mali Sénégal Cape Vert Niger Erythrée Tchad Burkina Faso Gambie Guiné e S.Léonne Liberia Togo Cote d’Ivoire Bénin Guinée Equatorial Ethiopie Centrafrique République Démocratique du Congo Uganda Ghana Guinée Bissau Cameroun Nigeria Figure3 présente la distribution cartographique des prévalences MGF des 12 pays sélectionnés permettant non seulement d‟entrevoir leur magnitude mais aussi leur zone de concentration. Les prévalences sont regroupés comme il suit: 0,6%-24%= prévalence faible ; 25%-74%= prévalence modérée ; et 75%-99%= prévalence élevée. Aussi, malgré les acquits du PARE/MGF, force est de reconnaître la persistance d‟une prévalence élevée des MGF et les changements de mode opératoire des MGF, tels que le rabattement de l‟âge à l‟excision, la médicalisation, la clandestinité et la migration transfrontalière des pays limitrophes. Cette persistance est un obstacle multiforme qui semble être liée à la grande sensibilité de la CONVENTION SOCIALE, dictat culturel imprégné d‟idéologique et de croyance. En effet, l‟obligation de faire exciser les filles et les femmes peut être considérée comme une CONVENTION SOCIALE à laquelle les parents et familles se conforment même si la pratique est nuisible. Le non-respect de ladite CONVENTION SOCIALE serait encore plus néfaste car il signifierait la honte voir l‟exclusion sociale. Sans être exhaustif, le Tableau17 ci-après dénombre certains facteurs restrictifs et positifs issus des commentaires des 12 pays sélectionnés ainsi que des rapports régionaux et internationaux sur le sujet. Gabon Sao Tome & Principe Kenya Seychelles Rwanda Tanzanie Congo Burundi Malawi Angola Zimbabwe Namibie Prévalence élevée 75-99% Comores Zambie Mozambique Botswana Madagascar Sainte Hélène Maurice Prévalence modérée 25-74% Prévalence faible 05-24% Swaziland Afrique du Sud Lesotho Tableau 17: FACTEURS RESTRICTIFS TYPES Absence de loi nationale Absence de leadership politique Absence de programmes nationaux Absence de politique nationale contre les MGF Tendance à la médicalisation Résistance des femmes elles-mêmes Résistance des exciseuses et exciseurs Résistance des leaders religieux Persistance des pesanteurs socioculturelles Absence de moyens audiovisuels de formation Faible d‟implication des jeunes et des hommes Bas niveau d‟alphabétisation Manque de support pédagogique Absence d‟intégration dans les interventions-clés Absence de synergie, coordination et/ou collaboration FACTEURS INFLUENCANT LA CONVENTION SOCIALE DES MGF FACTEURS POSITIFS TYPES Existence d‟un plan et/ou programme national de lutte contre les MGF Existence de lois spécifiques criminalisant les MGF Formation des prestataires de santé Organisation de fora et/ou colloques anti-MGF Formation multidisciplinaire et multisectorielle des activistes Coalition des ONG et société civile Prise en charge intégrée des victimes de MGF Appui aux initiatives communautaires de lutte contre les MGF Appui technique aux activités alternatives aux MGF Engagement politique de haut niveau Implication des décideurs religieux Formation et/ou recyclage des exciseuses/exciseurs Hommage publique Reconnaissance médiatisée Activités audiovisuelles tolérance-zéro MGF 53 Bilan quinquennal 2003-2008 du Plan d’action régional pour accélérer l’élimination des Mutilations génitales féminines en Afrique Les enseignements de cette CONVENTION SOCIALE qui se dégagent de ce bilan quinquennal 2003-2008 ont des dimensions culturelles, sociologiques, religieuses, sanitaires, politiques, économiques et institutionnelles. Néanmoins, 3 dimensions seront explorées, à savoir : la dimension sexuelle et génésique, la dimension socioculturelle et la dimension institutionnelle. Du fait de leur importance et dans l‟optique d‟une élimination durable des MGF, quelques explications sur ces différentes dimensions sont présentées ci-après. En matière de santé sexuelle et génésique L‟étude „Les mutilations sexuelles féminines : Aperçu du « Les MGF ne sont d’aucun problème‟ effectuée par l‟OMS en 1998 donne des détails bénéfice pour la santé de la sur les conséquences physiques, psychologiques et sexuelles victime. » OMS, 2008 des chez les femmes et les filles qui ont subi les MGF. Le retentissement sur la vie psycho-sexuelle de ces patientes est incontestable, mais reste particulièrement difficile à évaluer objectivement du fait des capacités de résilience des femmes. Le risque infectieux est majeur avec la possibilité d‟infections locales précoces. Ces femmes sont plus exposées à la contamination lors des rapports sexuels du fait du risque de déchirures et de saignements plus importants. Ce qui peut être aussi un facteur de risque d‟infection au VIH sinon aux maladies sexuellement transmissibles. Des complications psychologiques naissent non seulement de la douleur endurée par les femmes concernées, mais aussi des conséquences calamiteuses fréquentes telles que l‟incontinence urinaire et fécale. Pour de nombreuses filles et femmes, la MGF est une expérience profondément traumatisante qui laisse des traces psychologiques durables et peut avoir une influence néfaste sur le développement émotionnel. Les patientes sont en général conscientes lors de l‟intervention et la plupart subissent un choc marqué non seulement par des douleurs intenses, mais aussi par des sentiments de peur et de honte. Dans les cas où elles ont été en quelque sorte préparées à l‟intervention, on attend d‟elles qu‟elles répriment ces sentiments et se montrent coopératives. Les dégâts physiques résultant des MGF, associés au traumatisme psychologique et à la douleur qui les accompagnent, peuvent compromettre la vie sexuelle de la femme adulte. Le plus souvent, les femmes et les filles traumatisées par la MGF gardent malgré tout le silence sur leur expérience. Mais les MGF exposent les femmes à une mortalité importante. L‟OMS a mis en exergue les principales causes des décès maternels en Afrique. Le Graphique8, cicontre, donne les pourcentages de contribution de ces causes. Les causes indirectes contribuent jusqu‟à 20% des décès maternels, les MGF se trouvent être dans cette catégorie. Selon les résultats de l‟étude rétrospective de l‟OMS de 2003 sur les conséquences obstétricales dues aux MGF, l‟infibulationMGF/III présenterait des complications obstétricales maximales. En effet l‟infibulation est un obstacle à la surveillance du col et au déroulement normal de l‟accouchement. La surveillance du col au cours du travail, les sondages urinaires évacuateurs et surtout l‟accouchement par voie basse est indispensable. 54 Bilan quinquennal 2003-2008 du Plan d’action régional pour accélérer l’élimination des Mutilations génitales féminines en Afrique En l‟absence de de-infibulation, le pont cicatriciel vulvaire est un obstacle mécanique à la progression de la présentation. À distance, il peut survenir des fistules vésico-vaginale et/ou recto-vaginale responsables d‟une incontinence définitive. Une femme infibulée ne peut accoucher sans aide extérieure. Aussi le rôle de l‟équipe soignante est fondamental pour expliquer à la patiente et au conjoint/parent la nécessité médicale de laisser la vulve ouverte. Le pronostic maternel-fœtal étant directement lié à la bonne information et formation de l‟équipe médicale. Malgré cela, la ré-infibulation est bien souvent pratiquée artisanalement, dès le retour à domicile de la patiente. Au cours des dernières décennies l‟OMS a amené les Etats membres de la communauté internationale à reconnaître les MGF comme étant un problème de santé publique. A cet effet tenant compte des données de santé relatives aux taux de mortalité maternelle, néonatale et infantile des pays sélectionnés, il est important de constater leurs taux élevés. Utilisant les données disponibles des 12 pays sélectionnés du présent bilan quinquennale 2003-2008, ainsi que les données issues de PRB2007 et UNICEF2006/2007, le Diagramme1 ci-dessous propose une relation hypothétique entre les prévalences des MGF, RMM, TMN et TMI. Diagramme 1 : Liaisons hypothétiques entre MGF/RMM/TMN/TMI En ce qui concerne les MGF (Diagramme 1A) il est à noter que seulement 27% des pays ont leur prévalence en-dessous de 29% laisse sous-entendre une situation endémique critique. En termes de mortalité maternelle (Diagramme 1B) environ 17% des pays sélectionnés affichent un RMM entre 540-699 décès maternels pour 100.000NV. Si l‟Erythrée affiche un RMM le plus bas à 630 décès maternels et le Mali a un RMM le plus élevé à 1200 décès maternels pour 100.000NV. En ce qui concerne la mortalité néonatale (Diagramme 1C) elle se situe entre 40-59‰ pour 50% des pays. Du point de vue de la mortalité infantile (Diagramme 1D) on note que 42% des pays sélectionnés ont un TMI entre 90-119‰ et le plus bas et 25% des pays sélectionnés avec les taux les plus élevés à 120-157‰. Tout en ne voulant établir aucune relation, il est clair qu‟à tous les niveaux les taux des MGF, RMM, TMN et TMI sont très élevés dans les pays sélectionnés. Quoique estimatives ces données laissent percevoir la nécessité de mieux appréhender et comprendre l‟impact de la CONVENTION SOCIALE vers l‟abandon des MGF. 55 Bilan quinquennal 2003-2008 du Plan d’action régional pour accélérer l’élimination des Mutilations génitales féminines en Afrique Dimensions socioculturelles L‟obligation de faire exciser leur fille peut être perçue comme une CONVENTION SOCIALE à laquelle les parents se conforment, même si la pratique est nuisible. Sur le plan sociétal de nombreuses justifications sont données. Il existe des variations de coutumes dans les 12 pays sélectionnés. Le pourcentage des femmes/fillettes excisées est variable d‟un pays à l‟autre et d‟une ethnie à l‟autre. Nonobstant, le Graphique9 donne un aperçu de raisons de la persistance des MGF. L‟âge des fillettes au moment de la MGF varie en fonction des régions. Suivant les endroits, les MGF sont pratiquées sur des nourrissons de quelques jours, sur des fillettes âgées de 7-à10 ans ou sur des adolescentes. Les MGF concernent également des femmes adultes, qui les subissent au moment de leur mariage. Les 12 pays (100%) ont fréquemment mentionné des rituels d‟initiation traditionnels. Dans la mesure où elles marquent le passage à l‟âge adulte des fillettes, les MGF constituent un élément crucial des cérémonies d‟initiation rituelles. Les MGF sont considérées comme une phase fondamentale du processus de socialisation et de maintenance sociétale. Les partisans des „alternatives‟ soutiennent qu‟elles sont moins nocives mais n‟exclut pas le fait que les filles risquent de subir une MGF “traditionnelle” à une date ultérieure, par exemple dans le cadre des préparatifs au mariage. Nombreux sont ceux qui mettent en avant une prescription religieuse de ces pratiques. C‟est une pratique d‟autant plus intériorisée qu‟elle reste incontournable: une fille non excisée peut être excommuniée, pouvant ne pas se marier dans sa communauté d‟appartenance, ni bénéficier de funérailles dignes. Cependant ni la Bible ni le Coran ne mentionne nullement l‟excision. D‟autre part, la croyance populaire comme moyen de contrôler la sexualité féminine est mentionnée dans 50% des pays (Graphique9). MGF permet de garantir la virginité des femmes avant le mariage et leur chasteté après. En outre, dans les communautés au sein desquelles MGF est quasiment la norme, ne pas se conformer à la pratique peut entraîner le blâme l‟exclusion sociale et/ou l‟impossibilité de trouver un mari. Ainsi, les mères organisent les rites car elles considèrent que cela fait partie de leur devoir d‟éduquer convenablement leur fille et de la préparer à l‟âge adulte et au mariage. Les filles qui subissent le rite sont récompensées par la considération collective, ainsi que par des cérémonies et des cadeaux. Cependant, il est à noter que 67% des pays sélectionnés font état de la situation délétère qu‟est la médicalisation. Sur les 12 pays sélectionnés au moins 8 ont mentionné l‟existence de la médicalisation des MGF. Lorsque la lutte s‟avère difficile, les conservateurs développent des stratégies de survie telles que la médicalisation, le rabattement de l‟âge de l‟excision, la transhumance et la transmigration vers les pays voisins et/ou hors-Afrique. Les opérations sont le plus souvent réalisées par des femmes, qui se considèrent ainsi comme garantes de la vertu de leurs cadettes. En effet, l‟une des raisons les plus fréquemment 56 Bilan quinquennal 2003-2008 du Plan d’action régional pour accélérer l’élimination des Mutilations génitales féminines en Afrique évoquées par les mères pour soutenir l‟excision de leur fille est que, non excisée, elle ne trouverait pas à se marier. Dans la majorité des sociétés pratiquant l‟excision, le statut de la femme est subordonné au nombre d‟enfants qu‟elle mettra au monde, importance capitale du mariage pour sa reconnaissance sociale. Dans la mesure où l‟opération est, le plus souvent, mise en œuvre par des femmes, certains auteurs ont émis l‟hypothèse qu‟il se pourrait qu‟elles veuillent reproduisent ce qu‟elles ont elles-mêmes subi. Dans les sociétés traditionnalistes la coutume est couramment invoquée : « Cela s’est toujours fait, ma mère, ma grand-mère l’ont fait, donc mes enfants seront excisées ». Cependant, la domination masculine et la soumission des femmes restent des facteurs indissociablement intrinsèques aux MGF. Ainsi, MGF joue un rôle important dans l‟identité culturelle et de genre des filles et des femmes transmettant un sentiment de fierté, d‟entrée dans l‟âge adulte et d‟appartenance à la communauté. Malgré tout dans plusieurs pays, les pouvoir de décision se trouvent aux mains des hommes, ceux-là mêmes qui, consciemment ou inconsciemment, militent en faveur de la perpétuation de la tradition en minimisant la dangerosité des MGF. Pourtant, dans ces mêmes sociétés, même si les hommes déclarent ne pas s‟en mêler, ils sont nombreux à refuser d‟épouser une femme non excisée. Facteurs institutionnels Ces pratiques sont considérées comme des formes inacceptables d‟une modification délibérée de l‟intégrité physique de la personne, d‟autant plus que ces mutilations sont effectuées sur des personnes trop jeunes ou trop vulnérables pour y accorder leur consentement éclairé. Au Tableau16 est récapitulé l‟ensemble de l‟organisation institutionnelle autour des MGF, y compris les traités signés par les pays sélectionnés. Législation et lois nationales De nombreux pays ont introduit une législation spécifique pour mettre fin à la MGF par ordonnance ou par décret (Burkina Faso, Centrafrique, Côte d‟Ivoire, Ghana, Guinée, Kenya, Sénégal et Tanzanie). Cependant au Burkina Faso, la législation est un des éléments d‟une approche plus vaste qui comprend des mesures de sensibilisation et d‟assistance sociale. Dans certains cas, la pratique est interdite en vertu de la Constitution nationale interdisant explicitement les PTN (Ethiopie et Guinée), notamment celles qui oppriment les femmes et portent atteinte à leur santé physique et mentale. Au Tchad et Mali, les MGF sont considérées comme une atteinte relevant du Droit pénal. Ainsi on note que parmi les pays sélectionnés beaucoup ont légalement interdit les MGF. Tout en reconnaissant l‟importance de la législation nationale, il n‟empêche pas d‟en constater ses limites avec l‟existence « de poches de résistance », influencées par certains conservateurs. Malgré une tendance à la baisse, la pratique des MGF se poursuit et l‟application de la loi entraîne une certaine clandestinité et/ou une baisse de l‟âge à l‟excision. On note également la migration des parents avec les fillettes vers des pays voisins qui ne disposent pas de loi contre les MGF. Instruments internationaux des droits de l’homme Du point des droits de l‟homme, les MGF relèvent principalement de 4 ordres : violation des droits fondamentaux, absence de consentement éclairé, oppression patriarcale, et violence à l‟égard des femmes et des enfants. Cependant tous les pays sélectionnés ont ratifié la CEDEF, 57 Bilan quinquennal 2003-2008 du Plan d’action régional pour accélérer l’élimination des Mutilations génitales féminines en Afrique la CDE, et la CADHP. De plus le Burkina Faso et le Nigéria ont aussi ratifié le Protocole de la CADHP relatif aux droits des femmes. La CTPD11 a été entérinée par 11 pays. Démographiquement selon OMS, l‟enfant est un individu âgé de 0-19 ans. Il est clair que dans les 12 pays sélectionnés les MGF sont majoritairement effectuées sur les fillettes de moins de 15 ans. La responsabilité d‟assurer le développement de l‟enfant incombe au premier lieu aux parents, le cas échéant, à ses représentants légaux qui doivent être guidés avant tout par l’intérêt de l’enfant et le droit de l’enfant au respect de ses opinions selon l’article 18 de la CDE. Dans les cas d‟un consentement éclairé, vu l‟âge précoce de l‟excisée, il est difficile de définir si ce consentement est pris en connaissance de cause et/ou quelle est sa valeur objective. De plus, les MGF compromettent aussi les droits de la fillette à l’éducation. Il a été constaté de plus en plus que la MGF peut être une cause d‟abandon scolaire pour les filles. Les problèmes de santé, la souffrance et le traumatisme éprouvés se traduisent souvent par l‟absentéisme, des résultats scolaires faibles et/ou un manque de concentration et une diminution d‟intérêt. Les MGF pratiquées dans le cadre de cérémonies et de rites demandent de longues préparations empêchant une fréquentation scolaire régulière. De plus, de nombreuses cultures considèrent que les filles qui ont subi la pratique sont désormais adultes et bonnes à marier. Par voie des faits, il arrive qu‟on les retire de l‟école. Ainsi, fortement assujetti à la tradition, la pression des pairs et le conditionnent du désir de l‟intéressée elle-même d‟être acceptée comme membre à part entière de sa communauté, exercent la CONVENTION SOCIALE sur les filles et les femmes. Enjeux pour les Objectifs du Millénaire pour le Développement 2015 Les MGF fustigent au moins 5 des 8 Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD). En effet, la MGF est une violation de l‟intégrité physique et psychosexuelle des filles et femmes en contradiction avec équité du genre (OMD3). Les multiples problèmes de santé inhérents aux MGF, augmentant les risques de décès lors des accouchements, dénient ainsi la réduction de la mortalité maternelle (OMD5). MGF compromettent les fonctions normales des organes sexuels rendant les filles plus vulnérables aux MST/VIH/SIDA (OMD6). MGF est une condition mariable de la fillette dès l‟âge de 12 ans, entrainant l‟absentéisme suivi ou pas de l‟abandon total de la scolarité, l‟empêchant ainsi d‟accéder à ses droits à l‟éducation (OMD2). Cette insuffisance d‟éducation conduit ces filles à ne pouvoir accéder à des formations professionnelles pouvant concourir à réduire la pauvreté (OMD1). 11 Convention contre la torture et autre peine ou traitement cruels, inhumains ou dégradants de 1984 58 Bilan quinquennal 2003-2008 du Plan d’action régional pour accélérer l’élimination des Mutilations génitales féminines en Afrique Facteurs influençant la convention sociale vers l’abolition MGF Introduction La CONVENTION SOCIALE (CS) peut être définie comme étant un ensemble de normes et règles que la communauté adopte en tant qu’identité culturelle spécifique à ladite communauté pouvant être sanctionnés pour la non-conformité. Considérer MGF comme une CS permet de mieux comprendre pourquoi les femmes ayant elles-mêmes enduré la pratique et ses conséquences néfastes, encouragent sa continuation. Ces femmes craignent particulièrement une perte de statut et protection sociale. Cela explique aussi pourquoi les familles individuelles qui déclarent leur désir d‟abandonner la MGF soumettent toutefois leurs filles. Ainsi, les arguments avancés pour justifier les MGF sont nombreux : garantir une position sociale, possibilité de se marier, chasteté, hygiène, beauté, ainsi que l‟honneur de la famille. Dans certains cas ils sont présentés de façon positive pour souligner les avantages liés à MGF, et dans d‟autres ils mettent l‟accent sur les conséquences d‟un manque de conformité à la tradition. Une CS néfaste peut être transformée. Cependant, elle ne peut être modifiée si au sein d‟une communauté donnée un nombre significatif de familles choisit collectivement et unanimement d‟abandonner la pratique, de telle sorte qu‟aucune fille ou famille individuelle ne soit désavantagée par la décision. Une transformation de la CS a en elle-même plus de chances de modifier réellement et durablement les comportements. Lorsqu‟un nombre suffisant d‟individus voudront abandonner MGF, ils s‟emploieront à convaincre les autres d‟en faire autant car cela diminuera le discrédit social associé à la non conformité à la pratique. Il n‟est pas nécessaire que la masse critique constitue une majorité, mais seulement qu‟elle compte un nombre d‟individus suffisant pour démontrer aux autres les bénéfices associés à la non-pratique de MGF. Les individus au sein du groupe qui ont choisi d‟abandonner la pratique devront continuer de résister à la pression sociale pour ne pas soumettre leurs filles aux MGF. La CS s’autoalimente à travers le choix d’un individu conditionné par le choix des autres. Cette même CS peut être la clef d‟un renoncement collectif rapide à ce même rite. Une masse critique est nécessaire pour entraîner le changement. Une fois que la nouvelle CS apprécie l‟intégrité physique d‟une fille établie, elle devient, comme la précédente, s‟autoalimente. Ceux qui ont abandonné les MGF n‟ont aucun intérêt à y revenir, tandis que les quelques individus qui continuent la pratique se heurteront au désaveu de la communauté. Plan stratégique d’intervention vers l’élimination des MGF Le 4ème objectif du présent bilan quinquennal 2003-2008 est de proposer un canevas pour une élimination définitive des MGF en Afrique. Malgré bien d‟efforts effectués au cours du quinquennat 2003-2008, l‟élimination des MGF d‟ici 2015 pourrait s‟avérer difficile en raison de nombreuses pesanteurs sociologiques. Les MGF en effet constituent une instance vivace dans beaucoup des pays sélectionnés. Ainsi, l‟élimination des MGF passerait par des stratégies novatrices et des moyens accrus tant national et régional qu‟international. Il s‟agit donc de potentialiser les niveaux nationaux, régionaux et internationaux des interventions en vue d‟améliorer l‟environnement politique, légal, social et de santé de la lutte pour la TOLERANCE-ZERO-MGF d‟ici l‟an 2005. Selon les 12 pays sélectionnés, la volonté nationale existe, que la plupart des pays se sont doté d‟instruments nécessaires, et que les communautés sont engagées et impliquées pour entreprendre des actions qui aboutiront à l‟abandon voir l‟élimination des MGF. Cependant des efforts sont à faire dans l‟adoption et la mise en œuvre des instruments politiques et légaux pour favoriser la lutte contre les MGF. Cela inclut notamment l‟appropriation et la 59 Bilan quinquennal 2003-2008 du Plan d’action régional pour accélérer l’élimination des Mutilations génitales féminines en Afrique divulgation d‟une législation protectrice des droits fondamentaux des enfants et des femmes, l‟élaboration de plans d‟action cohérents avec l‟implication de touts les acteurs, l‟utilisation d‟approches holistiques et la mise en œuvre d‟actions intégrées et de façon coordonnée qui inclut un suivi et une évaluation rigoureux Sur la base des leçons apprises, le bilan quinquennale 2003-2008 note que la lutte engagée est globalement positive au regard des progrès réalisés dans la mise en œuvre du PARE/MGF. En effet, la plupart des pays sélectionnés ont intégré la question des MGF dans leurs politiques de santé de la reproduction et 80% d‟entre eux disposent aujourd‟hui de lois, spécifiques ou non, interdisant ou réprimant la pratique de MGF. Les attitudes et comportements des populations évoluent positivement vers une tendance générale de démystification des MGF. Il est à noter que 3 facteurs peuvent y contribuer, notamment: (1) la volonté politique des gouvernements, (2) le soutien de l‟OMS et de ses partenaires ASNU; et (3) la participation effective de la Société Civile. Selon la DC-IASNU/MGF 2008, plusieurs résultats concrets recueillis sur le terrain, ainsi que les leçons tirées de l‟expérience des 12 pays sélectionnés ont permis de déterminer au moins 7 éléments-clés susceptibles de contribuer à transformer la CS et de promouvoir l‟abandon rapide et collectif de cette pratique. Ce sont : 1. Une approche non-coercitive et non-critique dont l‟objectif premier est le respect des droits humains et l‟émancipation des femmes et des filles ; 2. Une prise de conscience de la part de la communauté des dégâts provoqués par la pratique à travers des débats et réflexions collectifs sans crainte de jugements ; 3. La décision d‟abandonner la pratique en tant que choix collectif d‟un groupe au sein duquel se nouent des mariages et/ou qui est étroitement lié d‟autres façons ; 4. La déclaration explicite et publique, de la part des communautés, de leur engagement collectif d‟abandonner les MGF ; 5. Un processus de communication méthodique pour promouvoir la diffusion rapide et durable de la décision d‟abandonner les MGF d‟une communauté à l‟autre ; 6. Un contexte propice au changement, la volonté du gouvernement, à tous les niveaux, d‟introduire des mesures et une législation sociale appropriées, assorties de campagnes efficaces et de programmes de sensibilisation ; 7. La société civile étant partie intégrante de ce contexte favorable, et les médias en particulier ont un rôle fondamental à jouer dans la diffusion du processus. Comme le stipule la DC-IASNU (OMS, 2008) « […les recherches ont démontré que cette pratique {MGF} est une convention sociale qui ne peut être changée qu’à travers une coordination collective avec les communautés pratiquantes…] »12. Ainsi le présent bilan quinquennal 2003-2008 propose ci-après une Feuille de route de la Convention sociale vers l‟abolition des MGF d‟ici 2015 (FRCS/MGF-2015) et les 12 principes de son adhésion et sa mise œuvre. 12 „Eliminating Female genital mutilation An interagency statement OHCHR UNAIDS UNDP UNECA UNESCO UNFPA UNHCR UNICEF UNIFEM WHO‟, WHO 2008 p.3 60 Bilan quinquennal 2003-2008 du Plan d’action régional pour accélérer l’élimination des Mutilations génitales féminines en Afrique Feuille de route de la Convention sociale vers l’abandon des MGF en 2015 Sur la base des résultats acquis, le proposé canevas comprend 7 domaines d‟intervention : institutionnel, genre, santé, média, juridique, éducation et socioculturel. Un chef-de-file devra être désigné comme responsable de la mise en œuvre de la mise en œuvre des la Feuille de route vers l‟abolition des MGF d‟ici 2015 (FRCS/MGF-2015). Les détails sont donnés en Tableaux matriciels 18-24. Tableau 18 : FRCS/MGF-2015 INSTITUTION DEFIS Une Convention sociale néfaste (PTN/MGF) peut être transformée. Le faible engagement des leaders politiques dans la lutte contre les MGF La Convention sociale a un tel poids que les filles ellesmêmes désirent parfois être excisées, poussées par leurs pairs, et par la crainte – non sans fondement d‟être blâmées et rejetées par la communauté si elles ne suivent pas la tradition OPPORTUNITES OMS et ses partenaires au développement, ainsi qu‟aux Etats Membres, de mener davantage d‟actions concertées pour accélérer l‟élimination des MGF/PTN. Intégrer les informations relatives aux MGF dans les outils de collecte des données ; Créer un observatoire national des MGF ; Organiser la coordination, le suivi et l„évaluation des actions de lutte contre l„excision. Appuyer aux mécanismes de coordination pour la mise en œuvre du PARE/MSF et de la Feuille de route de la Convention sociale vers abondant des MGF d‟ici 2015; Tableau 19 FRCS/MGF-2015 DEFIS Recours tardif à la prise en charge des conséquences sanitaires des MGF Mauvaise interprétation des conséquences socio-sanitaires des MGF par le personnel soignant Incapacité de pourvoir des soins de santé de la reproduction de qualité Tendance à la médicalisation des MGF Appas du gain financier dans la pratique des MGF par le personnel de santé Absence de services de santé de la reproduction conviviaux Compétition des priorités en matière de santé (Chef-de-file Délégué) RESPONSABILITES Créer un cadre de concertation sous régional entre les différents acteurs engagés dans la lutte contre les MGF ; Apporter un appui aux pays pour la mise en œuvre des différentes recommandations ; Apporter un appui plus conséquent aux programmes, en faveur du maintien de la jeune fille à l„école et à l„alphabétisation des femmes ; Aider les pays concernés à opérationnaliser leurs interventions en faveur de la lutte contre les mutilations ; Renforcer les capacités des Comités nationaux de lutte contre les MGF à travers les Ministères de la Jeunesse et les organisations des jeunes ; Opérationnaliser dans les Etats l„agenda commun adopté en 2003 à Addis-Ababa ; Développer, dans le cadre de la collaboration sous régionale et transfrontalière, des actions concertées inter Etats pour combattre la transhumance des exciseuses ; SANTE OPPORTUNITES Apporter aux victimes un soutien légal, médical, psychosocial et économique ; Renforcer/mettre en place des structures de prise en charge médicale des complications des MGF ; Améliorer les services de Santé maternelle et infantile à tous les infrastructures de santé, en particulier aux niveaux des SSP RESPONSABILITE Renforcer les compétences des travailleurs sociaux, du personnel de santé, des magistrats, des auxiliaires de justice, des officiers de police judiciaire et autres catégories professionnelles pouvant être confrontées aux stratégies de survie des MGF, en vue d„une meilleure prise en charge psychosociale des victimes Intégrer la prévention et la prise en charge des complications des MGF ainsi que les dispositions juridiques dans les curricula de formation du personnel de santé, des travailleurs sociaux et des forces de défense et de sécurité, à tous les niveaux de l‟enseignement primaire, secondaire et professionnel RECOMMENDATIONS Inclure les MGF dans les données démographiques et sanitaires afin d„élaborer les données épidémiologiques telles que la prévalence, l‟incidence des différents types de MGF, les conséquences, les objectifs et les indicateurs de surveillance ; Assurer des évaluations régulières pour mettre à la disposition des pays, des données pour le suivi de l‟atteinte des Objectifs du Millénaire liés à la santé de la reproduction Mobiliser davantage de ressources afin d„appuyer, dans le cadre de réduction de la pauvreté, les comités nationaux de lutte contre les MGF ; Mobiliser les soutiens politiques pour le développement des politiques nationales, des guides et des mécanismes de prévention et de gestion dans la mise en œuvre du FRCS/MGF-2015 Dynamiser les actions de collaboration des interventions (Chef-de-file Délégué) RECOMMENDATIONS Intensifier la sensibilisation à tous les niveaux des conséquences des MGF sur la santé des enfants et des femmes Amener tous les partenaires de la santé à faire à définir des stratégies communes pour la FRCS/MGF Utiliser les exciseuses comme agents de change communautaires dans la lutte anti-MGF et la mise en œuvre du FRCS/MGF-2015 61 Bilan quinquennal 2003-2008 du Plan d’action régional pour accélérer l’élimination des Mutilations génitales féminines en Afrique Tableau 20 : FRCS/MGF-2015 DEFIS Mauvaise interprétation du sursis par les populations ; Insuffisance de l‟implication des hommes, des jeunes et de certains leaders d‟opinion MGF constitue une manifestation de l‟inégalité des genres profondément ancrée dans les structures sociales, économiques et politiques. GENRE OPPORTUNITES Impliquer les Chefs d„Etat ou les Premières Dames dans les politiques de promotion des Femmes en sur les questions des MGF; Organiser périodiquement − i.e. tous les 2 ans −, un Sommet Genre, Femmes et Santé dans la Région afin de partager les expériences sur les pratiques culturelles et leurs effets sur la santé; Créer un cadre de concertation entre les différents acteurs engagés dans la lutte contre les MGF en y impliquant de nouveaux acteurs tels que les jeunes, les hommes, les opérateurs économiques; Former des groupes de travail consultatifs sur Genre, Femmes et Santé RESPONSABILITES Faire le plaidoyer pour l‟intégration du module Genre dans les enquêtes et recherches nationales afin de créer des banques-de-données factuelles complètes Intensifier les capacités professionnelles et institutionnelles à tous les niveaux du processus de développement de programmes en matière de Genre utilisant les modules Analyse du Genre et Santé développés par OMS (OMS, 2002) Organiser des séances de sensibilisation sur les questions de Genre en utilisant tous les canaux de communications aussi bien modernes que traditionnels Tableau 21 FRCS/MGF-2015 MEDIA DEFIS Croyance erronée du bien-fondé des MGF Peur de dévoiler les aspects socioculturels négatifs des MGF/PTN Contribution au maintien de croyances erronées sur les MGF/PTN Absence de déontologie et de l‟étique professionnelle des medias vis-à-vis des personnes affectées par les MGF/PTN Tendance à la dédramatisation des facteurs influençant le maintien des MGF/PTN OPPORTUNITES Associer davantage les médias aux campagnes de sensibilisation de lutte contre les MGF Renforcer les actions de plaidoyer auprès des décideurs pour une meilleure protection des droits de la femme et de l„enfant, notamment le droit à l„intégrité physique ; Tableau 22 FRCS/MGF-2015 DEFIS Méconnaissance des lois et législation en vigueur Non respects des obligations régies par la Constitution et les Droits humains Migration des exciseuses et des populations vers des pays voisins Organisation des exciseuses et exciseurs leur permettant de contourner la loi ; RESPONSABILITES Informer et éduquer le public sur les conséquences des MGF/PTN sur le développement socioéconomique Simplifier le langage médiatique afin de l‟être accessible à toutes les couches de la société Créer des plateformes de diffusion des cas à succès JUSTICE-LEGISLATION OPPORTUNITES Révision et réforme des lois Sensibiliser les communautés aux droits humains Usage des media pour diffuser les cas Utilisation des lieux de réunions (i.e; église, marché, meeting) pour informer sur les droits civiques et universels Intensification des réseaux et associations de lutte contre les MGF (Chef-de-file Délégué) RECOMMENDATIONS Apporter un appui à la réalisation d„études socio anthropologiques transculturelles, afin d„adapter de façon périodique les stratégies de lutte contre la survivance et les métamorphoses des pratiques des MGF; Renforcer les appuis aux gouvernements et aux ONG pour la mise en œuvre des Plans d„action effectives du PARE/MSF; Mettre en place un Observatoire Régional de la Santé, avec une composante MGF, conformément aux recommandations de la Déclaration d‟Ouagadougou. Impliquer les hommes en tant que promoteurs anti-MGF Favoriser la participation des femmes et des hommes à tous les âges à la lutte anti-MGF et la mise en œuvre du FRCS/MGF-2015 (Chef-de-file Délégué) RECOMMENDATIONS Sensibiliser le public et encourager le dialogue à travers les médias peuvent contribuer de façon importante à “briser le silence” qui entoure les MGF et à rendre la question du domaine public Médiatiser les actions positives et témoignages des partenaires et acteurs de lutte contre les MGF et autres PTN Mener davantage d‟actions de plaidoyer/lobbying afin d‟intensifier la répression des MGF/PTN Informer et encourager le public à adhérer à la lutte anti-MGF et la mise en œuvre du FRCS/MGF-2015 Renforcer les IEC/CCC à tous les niveaux (Chef-de-file Délégué) RESPONSABILITES Renforcer les connaissances de la loi interdisant aux professionnels de santé la pratique de l„excision sur toute l„étendue du territoire national; Renforcer les connaissances sur les nouvelles législations sur les MGF ainsi que sur les mécanismes d„application des lois par les individus, les services de sécurité et de justices, les organisations communautaires et la société civile ; Prendre des mesures légales contre les praticiens récalcitrants Lutter contre la clandestinité à travers la communication de proximité et les comités de vigilance ; Promouvoir la dénonciation préventive en mettant en place un service d„appui conseil et de prise en charge psycho sociale des victimes des séquelles d„excision à tous les niveaux de la prise en charge; RECOMMENDATIONS Diffuser les textes légaux sur la politique et le programme national de lutte contre les MGF/PTN et les traités internationaux relatifs aux MGF/PTN; Elaborer, valider et promouvoir des textes de loi plus répressifs en vue d‟accélérer l‟élimination des MGF/PTN à tous les niveaux. Encourager l‟adhésion à la lutte anti-MGF et la mise en œuvre du FRCS/MGF-2015 Encourager les acteurs politiques et leaders d‟opinion ; 62 Bilan quinquennal 2003-2008 du Plan d’action régional pour accélérer l’élimination des Mutilations génitales féminines en Afrique Tableau 23 FRCS/MGF-2015 DEFIS Taux faible de femmes alphabétisées Absentéisme des filles Abandon de la scolarité liée aux MGF/PTN Access difficile à l‟éducation des fillettes Faible priorité sur l‟éducation des filles et des femmes EDUCATION OPPORTUNITES Introduire l„éducation sur le genre dans les écoles primaires, secondaires, professionnelles et supérieures, spécialement sur le droit de la fillette à ne pas être mutilée ; Tableau 24 : FRCS/MGF-2015 DEFIS Pesanteurs sociologiques qui entravent une véritable promotion des droits de la femme pour son plein épanouissement; Persistance des MGF sous des formes plus pernicieuses, avec la tendance à la « clandestinité » et au rabattement de l‟âge à l‟excision, Les MGF sont des croyances et de l‟ordre social préétablit et non religieux Les attitudes sociétales ne sont pas immuables. Paradoxe des nombreux cas où les parents et autres membres de la famille perpétuent une tradition qu‟ils savent être nuisibles pour la santé physique et psychologique de leurs filles. (Chef-de-file Délégué) RESPONSABILITES Réaliser des évaluations ou enquêtes de satisfaction pour mesurer les progrès et orienter les stratégies d„intervention ; Renforcer les actions de recherche à travers des études thématiques (abandon de l‟excision) pour réussir la responsabilisation des communautés par le développement du partenariat avec les ONG et les associations ; Développer l‟approche multisectorielle et interdisciplinaire dans les secteurs de l„éducation, de la santé et des affaires sociales ; Réaliser des études et recherches en matière socio anthropologique en vue d„identifier les pratiques positives et les promouvoir ; Initier des études de cas pour illustrer les types de MGF, les problèmes associés à la pratique, les individus et communautés qui ont réussi à abandonner la pratique ; Etablir et faire la mise à jour continue des registres des exciseuses dans la communauté et leur suivi AFFAIRES SOCIALES OPPORTUNITES Intensifier les programmes et campagnes CCC en direction des communautés de base, des leaders politiques et religieux, des collectivités territoriales et des médias, en vue de leur pleine adhésion à la politique nationale; Elaborer des messages de communication pour un changement de comportement (CCC) adaptés à chaque groupe cible (les femmes, les hommes, les jeunes, les enfants et les leaders communautaires); Les ONG jouent un rôle essentiel pour stimuler l‟engagement national et international à mettre fin à la pratique MGF perpétuée de génération en génération du fait d‟une dynamique sociale laissant difficilement aux familles ainsi qu‟aux filles et aux femmes en tant qu‟individus de renoncer à la pratique. RESPONSABILITES Développer les capacités institutionnelles et opérationnelles des acteurs de la lutte contre les MGF, notamment dans la prise en charge des victimes et la Créer un comité national de coordination ainsi que des comités régionaux et départementaux, d‟appuyer la vulgarisation des textes pour la mise en œuvre du suivi et de l„évaluation du Plan d„action en faveur de l„abandon des MGF Vulgariser l‟adhésion à la lutte anti-MGF et la mise en œuvre du FRCS/MGF-2015 RECOMMENDATIONS Intégrer la gestion médicale et psychosociale des MGF dans les curricula des institutions médicales et paramédicales ; Pourvoir les services d„éducation des professionnels de la santé en moyens de prévention des MGF, Intensifier la sensibilisation des populations sur les effets nocifs des MGF. Encourager l‟adhésion à la lutte anti-MGF et la mise en œuvre du FRCS/MGF-2015 Faire de l‟école une actrice de la lutte contre les MGF (Chef-de-file Délégué) RECOMMENDATIONS Renforcer les capacités des intervenants et du comité national ; Promouvoir la formation pour des emplois alternatifs et/ou des activités génératrices de revenus ; Impliquer les agents de développement social à la prise en charge des complications liées aux MGF Identifier et diffuser les rites de substitution aux MGF. Développer des réseaux d„intervention afin d„étendre son rayon d„action dans les zones rurales. Renforcer les réseaux communautaires tels que les familles élargies, les communautés villageoises, les conseils des anciens, les groupements de femmes et de jeunes, les leaders religieux à tous les niveaux, les tradithérapeutes, les ONG et les organisations communautaires dans la lutte anti-MGF et la mise en œuvre du FRCS/MGF-2015; 63 Bilan quinquennal 2003-2008 du Plan d’action régional pour accélérer l’élimination des Mutilations génitales féminines en Afrique Ci-après Diagramme2 suggère leur complète interaction, indispensable pour la réussite de FRCS/MGF2015. Les principes d‟adhésion à la Feuille de route de la Convention sociale vers l‟abandon des MGF sont proposés en 12 points (Encart4.). Diagramme 2 : Schéma de la Feuille de route de la Convention sociale vers l’abandon des MGF d’ici 2015 Encart 4 : Douze principes d’adhésion à la FEUILLE DE ROUTE DE LA convention sociale vers l’abolition des MGF 1. Éduquer les communautés. 2. Développer les communautés. 3. Impliquer des membres-clé de la communauté comme agents de changement. 4. Faciliter les rites alternatifs sans MGF. 5. Inclure la lutte anti-MGF aux interventions existantes. 6. Intégrer la lutte anti-MGF au sein d’un contexte de développement. 7. Adapter l’intervention au contexte socioculturel et économique. 8. Rechercher l’adhésion des partenaires locaux respectés. 9. Promouvoir les droits de la personne et la législation à la santé et au changement social inhérent. 10. Établir des objectifs spécifiques. 11. Evaluer les résultats avec des indicateurs de performance. 12. Assurer une communication participative des changements parmi les communautés entre-elles et adjacentes. (*) Adaptation de la Cohésion sociale, Wikipedia, 2009. 64 Bilan quinquennal 2003-2008 du Plan d’action régional pour accélérer l’élimination des Mutilations génitales féminines en Afrique Cinquième Partie Conclusions et recommandations 65 Bilan quinquennal 2003-2008 du Plan d’action régional pour accélérer l’élimination des Mutilations génitales féminines en Afrique CONCLUSION La lutte contre les MGF, érigée en cause globale, témoigne de l‟insertion des sociétés Africaines sur la scène internationale. Cependant, les politiques anti-MGF qui émergent dans les sociétés excisantes depuis les années 1990 apportent des réponses mitigées en faveur de l‟éradication de ces pratiques. Le dilemme complexe visant à condamner moralement les MGF comme une violence contre les femmes, serait „armé de bons sentiments‟ au nom de l‟émancipation des femmes. Les législations en faveur de l‟élimination des MGF restent nécessaires mais ne suffisent pas à promouvoir les droits des femmes. Les lois visant l‟abolition de la pratique devraient être accompagnées d‟éducation et de campagnes d‟information dans le cadre général de promotion des droits des femmes. D‟aucun a peur de la perte de l‟identité culturelle et la dissolution de la société. Des solutions à long-terme de lutte anti-MGF résident dans la capacitation des femmes dans leurs droits. Beaucoup de sociétés réfutent les conséquences sanitaires tout en souhaitant d‟avoir de plus explications à cet effet. Les survivantes des MGF ne peuvent pas oublier et gardent en mémoire les douleurs et traumatismes psychosociaux engendrés. Aussi, les Gouvernements se doivent de démontrer leur complète adhésion pour l‟abolition totale des MGF. La Constitution de l‟OMS 1946 stipule que « chaque individu a droit à la santé quelque soit sa race, son sexe, sa croyance et son appartenance politique ». Selon l‟OMS, les MGF constituent une violation des droits humains applicables aux fillettes et aux femmes et représentent une grave menace pour leur santé. En effet, depuis 1997 l‟OMS s‟est impliquée dans la lutte contre les MGF faisant d‟elles un problème de santé publique violant les droits universels à la santé et à la vie. Depuis, les ASNU n‟ont cessé de réaffirmer leurs déclarations à l‟encontre des MGF, réitérées lors de la revue du 1er quinquennat des recommandations issues de la Conférence Internationale sur la Population et le Développement de 1994 au Caire, Egypte, et de la 4 ème Conférence mondiale des Femmes en 1995 à Beijing, Chine. Le Comité international de lutte contre toutes les formes de discrimination à l‟égard des femmes a fait appel aux gouvernements de prendre les mesures nécessaires leur demandant de mettre les ressources nécessaires à cet effet pour la promotion des droits des femmes. L‟Assemblée générale des Nations Unies a pris des plusieurs résolutions visant l‟élimination de toutes pratiques néfastes aux enfants et aux femmes. L‟OMS, en tant que coordonateur international des NU en matière de santé publique, condamne fermement la médicalisation des MGF. En 1997, le Bureau régional de l‟OMS pour l‟Afrique a initié un Plan d’action régional pour accélérer l’élimination des MGF (PARE/MGF) en Afrique pour une période de 20 ans. Vingt-deux des 27 pays concernés ont adopté le PARE/MGF, sa mise en œuvre débuta dès 1998. En avril 1997 l‟OMS, FNUAP et l‟UNICEF ont également fait une Déclaration conjointe pour l‟élimination des MGF. L‟Union africaine plébiscite l‟abolition de toutes formes de pratiques traditionnelles y compris les MGF. En 2003, CI-AF prône une vision Tolérance-Zéro-MGF d‟ici 2015. En 2008, lors de sa 61ème réunion, AMS a prié les Etats membres de mettre fin aux MGF. De multiples efforts ont été fournis à des degrés divers par les 12 pays sélectionnés pour le présent bilan quinquennal 2003-2008 de la mise en œuvre du PARE/MGF en Afrique. Il est cependant important de noter que pour une élimination durable des MGF toute la communauté, sa population, ses dirigeants et ses mouvements associatifs doivent être parties prenantes de toutes les interventions. Les agences bilatérales et multilatérales, ainsi que les organisations humanitaires, se doivent ainsi de leur prêter main-forte pour que l‟éradication de ces pratiques soit une réalité dans le prochain quinquennat. 66 Bilan quinquennal 2003-2008 du Plan d’action régional pour accélérer l’élimination des Mutilations génitales féminines en Afrique Recommandations L‟abandon des MGF est une réalité en marche. L‟heure est arrivée de déclencher un mouvement mondial en faveur d‟un changement positif et durable. Avec le soutien de tous, il est possible d‟envisager que les MGF soient abandonnées par les communautés d‟ici 2015. Cependant, une pression continue est nécessaire à travers l‟évaluation des progrès accomplis, la détermination des mesures prises les plus efficaces, l‟octroi de ressources adéquates, et le partage des informations sur les meilleures stratégies pour y mettre fin. Alliant les connaissances tirées du bilan quinquennal 2003-2008 PARE/MGF, l‟utilisation de la Feuille de route de la Convention Sociale vers l’abandon des MGF peut constituer une approche holistique novatrice et un instrument technique pour changer de façon positive et durable la vie des filles et des femmes. Il est ainsi recommandé de/d‟: 1. Disséminer largement le présent rapport du bilan quinquennale 2003-2008 du PARE/MGF à tous les niveaux de l‟Organisation, aux Etats membres et aux partenaires ; 2. Rendre le présent rapport du bilan quinquennale 2003-2008 du PARE/MGF disponible sur toutes les techniques de communication visuelles et audiovisuelles, traditionnelles et modernes, afin de partager les expériences à tous les niveaux ; 3. Impliquer tous les ASNU signataires de la Déclaration conjointe sur la mise en œuvre de la Feuille de route de la Convention Sociale pour l‟abolition des MGF d‟ici 2015 4. Organiser une réunion triennale (2012 & 2015) plurisectorielle et multi-agence sur la mise en œuvre de la Feuille de route de la Convention Sociale pour l‟abolition des MGF d‟ici 2015 67 Bilan quinquennal 2003-2008 du Plan d’action régional pour accélérer l’élimination des Mutilations génitales féminines en Afrique Quatrième Partie Bibliographie 68 Bilan quinquennal 2003-2008 du Plan d’action régional pour accélérer l’élimination des Mutilations génitales féminines en Afrique Bibliographies Center for Reproductive Rights, Female Genital Mutilation (FGM): Legal Prohibitions Worldwide (New York, NY: 2008). Inter-African Committee on Traditional Practices, International, Regional and Legal Instruments for the Protection of Women and Girls against FGM, consultation en ligne à l‟adresse suivante : www.iac-ciaf.com/legalprotection.htm . Union interparlementaire, Législation et autres textes de droit interne, consultation en ligne à l‟adresse suivante : www.ipu.org/wmn-e/fgm-prov-b.htm . Population Reference Bureau, Abandonner la mutilation génitale féminine/excision : Informations du monde entier, un CD-ROM (Washington, DC : PRB, 2005). UNICEF, Female Genital Mutilation/Cutting: A Statistical Exploration (novembre 2005). Women‟s United Nations Report Network, FGM Legislation for 25 African Countries— Female Genital Mutilation, consulté en ligne à l‟adresse suivante: http://wunrn.com/ news/2006/11_06_06/111206_fgm_legislation.htm le 2 mai 2008. Organisation mondiale de la santé, Eliminer les mutilations génitales féminines : Déclaration inter-institutions (Genève : OMS, 2008). Organisation mondiale de la santé, Mutilations génitales féminines, Aide-mémoire no 241 (Genève : OMS, mai 2008). P. Stanley Yoder et Shane Khan, Numbers of Women Circumcised in Africa: The Production of a Total (Calverton, MD : ORC Macro, mars 2008). P. Stanley Yoder, N. Abderrahim et A. Zhuzhuni, Female Genital Cutting in the Demographic and Health Surveys : A Critical and Comparative Analysis, DHS Comparative Reports No. 7 (Calverton, MD : ORC Macro, septembre 2004). Wikipedia Free Encyclopedia (2008): Démographies de Burkina Faso, Centrafrique, Côte d’Ivoire, Erythrée, Ethiopie, Guinée, Libéria, Mali, Mauritanie, Nigeria, Sénégal et Tchad „Mutilations génitales féminines/excisions : données et tendances‟. Population Reference Bureau, 2008 „Female genital mutilations: generalities, complications and management during obstetrical period‟. Journal de Gynécologie, Obstétrique et Biologie. 2004 vol.33.No3 „Mutilations génitales féminines au Tchad : Perceptions des Parlementaires et des Leaders d’opinion’. P. Diallo, G. Batakeo, G. Kodingo, F. Alzouma, E. Dnalbay. 2009 „Les mutilations sexuelles féminines: Aperçues du problème‟. OMS Genève, 1998 69