Bilan quinquennal 2003-2008 du Plan d`action régional pour

Transcription

Bilan quinquennal 2003-2008 du Plan d`action régional pour
Bilan quinquennal 2003-2008 du
Plan d’action régional pour
accélérer l’élimination des
Mutilations génitales féminines en
Afrique
LE RAPPORT
Juillet 2010
Bilan quinquennal 2003-2008 du Plan d’action régional pour accélérer l’élimination des Mutilations génitales féminines en Afrique
TABLE DES MATIERES
Remerciements
Acronymes et Abréviations
Résumé synthèse
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Première Partie : CONTEXTE GENERAL
 Prodrome des Mutilations génitales féminines
 Plan d’action régional pour l’accélérer l’élimination des MGF
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Deuxième Partie : ANALYSE DE LA SITUATION DE DOUZE PAYS SELECTIONNES
 Cadre méthodologique
 Burkina Faso
 Centrafrique
 Côte d’Ivoire
 Erythrée
 Ethiopie
 Guinée
 Liberia
 Mali
 Mauritanie
 Nigeria
 Sénégal
 Tchad
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Troisième Partie : RESULTATS ANALYTIQUES DES ACTIVITES REALISEES DURANT 200382008
 Organisation institutionnelle
 Plaidoyer et sensibilisation
 Formation multidisciplinaire/plurisectorielle des formateurs
 Recherches sociodémographiques des déterminants des MGF
 Législation, lois et politiques anti-MGF
 Partenariat, collaboration et coopération
 Nouvelle déclaration inter-agence pour l’élimination des MGF
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Quatrième Partie : LEҪONS ACQUISES
 Facteurs influençant la CONVENTION SOCIALE vers les MGF
 Santé sexuelle et génésique
 Dimensions socioculturelles
 Facteurs institutionnels
 Facteurs influençant la CONVENTION SOCIALE l’élimination des MGF
 Plan stratégique d’intervention vers l’élimination des MGF
 Feuille de route de la CONVENTION SOCIALE vers l’abandon des MGF d’ici 2015
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Cinquième Partie : CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
 Conclusion
 Recommandations
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Sixième Partie : BIBLIOGRAPHIQUE
 Bibliographie
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DIAGRAMMES
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Diagramme1 : Liaison hypothétique entre MGF/RMM/TMN/TMI
Diagramme2 : Canevas de la Feuille de route de la CONVENTION SOCIALE vers l’abandon des MGF 2015
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ENCARTS
Encart 1: Typologies des MGF selon l’OMS
Encart 2: Autres pratiques traditionnelles néfastes
Encart 3: Partenariat multiforme pour la Protection des Droits de l’enfant africain
Encart 4: Douze principes d’adhésion à la Feuille de route de la CONVENTION SOCIALE pour abandon des MGF
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Bilan quinquennal 2003-2008 du Plan d’action régional pour accélérer l’élimination des Mutilations génitales féminines en Afrique
FIGURES
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Figure 1 : Pays de la Région africaine de l’OMS ayant au moins une forme de MGF
Figure 2 : Douze pays MGF sélectionnés pour le bilan quinquennal 2003-2008 PARE/MGF
Figure 3 : Prévalence des MGF chez les femmes âgées de 15-49 ans, PRB 2008
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GRAPHIQUES
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Graphique 1 : Evolution du taux de prévalence des MGF au Burkina Faso 1996-2006
Graphique 2 : Proportion des filles excisées par âge à l’excision en Erythrée
Graphique 3 : Proportion des filles excisées par âge à l’excision en Mauritanie
Graphique 4 : Proportion types de formation des formateurs multidisciplinaire/multisectorielle
Graphique 5 : Proportion types de recherches sur les MGF réalisées entre 1997 et 2007
Graphique 6 : Prévalence MGF par zone géographique des pays sélectionnés, PBR/2003
Graphique 7 : Causes de décès maternels en Afrique, OMS 2003
Graphique 8: Justification des MGF des 12 pays sélectionnés, bilan 2003-2008
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TABLEAUX
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Tableau 1 : Récapitulation des périodes binaires d’évaluation des pays sélectionnés
Tableau 2 : Démographie sociale des MGF en BURKINA FASO
Tableau 3 : Démographie sociale des MGF en CENTRAFRIQUE
Tableau 4 : Démographie sociale des MGF en COTE D’IVOIRE
Tableau 5 : Démographie sociale des MGF en ERYTHREE
Tableau 6 : Démographie sociale des MGF en ETHIOPIE
Tableau 7 : Démographie sociale des MGF en GUINEE
Tableau 8 : Démographie sociale des MGF au LIBERIA
Tableau 9 : Démographie sociale des MGF au MALI
Tableau10 : Démographie sociale des MGF en MAURITANIE
Tableau 11 : Démographie sociale des MGF au NIGERIA
Tableau12 : Démographie sociale des MGF au SENEGAL
Tableau13 : Démographie sociale des MGF au TCHAD
Tableau14 : Récapitulation des activités du PARE/MGF réalisées pour la période décennale 1998-2008
Tableau15 : Organisation institutionnelles des MGF des 12 pays sélectionnés
Tableau16 : Législations contre les MGF/PTN des pays sélectionnés, PRB/2007 ; UNICEF/2007
Tableau17 : Facteurs influençant la CONVENTION SOCIALE des MGF
Tableau18 : FRCS/MGF 2015 – INSTITUTION
Tableau19 : FRCS/MGF 2015 – SANTE
Tableau20 : FRCS/MGF 2015 – GENRE
Tableau21 : FRCS/MGF 2015 – MEDIA
Tableau22 : FRCS/MGF 2015 – JUSTICE & LEGISLATION
Tableau23 : FRCS/MGF 2015 – EDUCATION
Tableau24 : FRCS/MGF 2015 – AFFAIRES SOCIALES
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REMERCIEMENTS
Au nom du Directeur Régional de l’Organisation mondiale de la Santé pour l’Afrique,
Dr Luis G. Sambo, la Division de la Santé de la famille et de la Santé génésique
remercie chaleureusement celles et ceux qui de près et/ou de loin ont contribué à la
richesse du présent document et, en particulier, les équipes-pays de l’OMS dans les
douze pays sélectionnés.
La Direction de la Santé de la Famille et de la Santé génésique est infiniment
reconnaissante aux Pr. Séri Deby et Dr Colette Dehlot, tous deux consultants
internationaux auprès de AFRO, pour leurs inestimables contributions au présent
rapport.
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ACCRONYMES ET ABREVIATIONS
AFAF
: Association des femmes pour l’avenir des
femmes
AGBEF
: Association Guinéenne pour le Bien Etre
Familial
AFJCI
Association des Femmes Juristes de Côte
d’Ivoire
MGF
: Mutilations Génitale Féminines
MSHP
: Ministère de la Santé et de l’hygiène
Publique
MUGNU
: Association Mugnu des Femmes de
Banfora
NATPAHC
: National Association on Traditional
Practices Affecting the Health of Women
and Children
AMMIE
: Appui Moral Matériel et Intellectuel à
l’enfant, Ouahigouya
APJAD
: Association pour la Promotion de la
Jeunesse Africaine et le Développement
OCHA
: Office for Coordination of Humanitarian
Arrangement
ARK
: Animation Rurale de Korhogo
OMS
: Organisation Mondiale de la Santé
ASBEF
: Association Sénégalaise pour le Bien-être
Familial
ONEF
: Organisation Nationale pour l’Enfant, la
Femme et la Famille
ASFEG
: Association des Sages femmes de Guinée
ONUCI
ASNU
: Agences du Système des Nations Unies
: Organisation des Nations Unies en Cote
d’Ivoire
ASTBEF
: Association Tchadienne pour le Bien-être
Familial
CAP
: Connaissances Attitudes et Pratiques
CCC
: Communication pour un Changement de
Comportement
EDS
: Etudes Démographiques et de Santé
EGLDAM
: Ethiopia Goji Lemadawi Dergit Aswegadji
Mahber
EIS
: Enquête sur les Indicateurs de Santé
ENDA
: Action en Casamance, branche d’ENDA
SYNFEV
FDS
: Forces de Défense et de Sécurité
GTZ
: Deutsche Gesellschaft für Technische
Zusammenarbeit
IEC
: Informations Education Communication
IRC
: International Rescue Committee
LTDH
: Ligue Tchadienne des Droits de l’Homme
MFFAS
PARE/MGF : Plan d’Action Régional pour Accélérer
l’Elimination des MGF
PIC
:
Plan Intégré de Communication
PNSR
: Programme National de la Santé de la
Reproduction
PTN
: Pratiques Traditionnelles Néfastes
RGPH
: Recensement Général de la Population et
de l’Habitat
SNU
: Système des Nations Unies
UNDP
: Programme des Nations Unies pour le
Développement
UNFPA
: United Nations Population Fund Agency
UNHCR
: Office of the UN High Commissioner for
Refugees
UNICEF
: United Nations International Children’s
Emergency Fond
UNIFEM
: United Nations Development Fund for
women
Ministère de la Famille, de la Femme et
des Affaires Sociales
ACRONYMES DES 12 PAYS sélectionnés
BFA = Burkina Faso
CAR= Centrafrique
CIV= Côte d’Ivoire
ERY= Erythrée
ETH= Ethiopie
GUI= Guinée
LIB= Liberia
MAL= Mali
MAU= Mauritanie
NGA= Nigeria
SEN= Sénégal
TCD= Tchad
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RESUME SYNTHESE
Adoptant une perspective sociologique de l‟action relative à la santé publique, le présent
rapport du bilan quinquennal 2003-2008 explore comment une pratique sociale et culturelle,
telle que les Mutilations Génitales Féminines (MGF), soit devenue une cause mobilisatrice
traduite non seulement dans les champs politiques des pays où sévit ladite pratique, mais aussi
au-delà des frontières nationales.
Faisant suite à sa Déclaration du 24 Mai 2008 suivie de la Résolution EB122.R13 de la 61ème
Assemblée mondiale de la Santé (AMS) invitant instamment tous les Etats Membres
de «mettre fin à la mutilation génitale féminine » et demandant à la Directrice Générale de
l‟Organisation d‟accroître l‟appui à la recherche sur les différents aspects des MGF pour
notamment parvenir à leur élimination et de faire un rapport tous les 3 ans à l‟AMS sur les
mesures prises par le Secrétariat de l‟OMS, les Etats membres et autres partenaires, la
Direction de la Santé familiale et génésique du Bureau Régional de l‟OMS pour l‟Afrique
s‟est proposée de faire un bilan quinquennal 2003-2008 du Plan d‟action pour accélère
l‟élimination des MGF en Afrique (PARE/MGF) et d‟évaluer les activités de 12 pays
sélectionnés afin de pouvoir établir l‟impact des diverses interventions et proposer les
prochaines étapes
Douze pays ayant pris part à au moins une évaluation et/ou fourni des rapports depuis la mise
en œuvre du PARE/MGF en 1998 ont été sélectionnés : Burkina Faso, Centrafrique, Côte
d‟Ivoire, Erythrée, Ethiopie, Guinée, Libéria, Mali, Mauritanie, Nigeria, Sénégal et Tchad.
Ces 12 pays ont été choisis parmi les 27 pays les plus touchés de la Région par les MGF, de
leurs diversités socioculturelles ainsi que de leurs relations transfrontalières. Ensembles, ils
constituent près de 45% de l‟ensemble des pays MGF. Des données sociodémographiques et
sanitaires sont fournies comme repère quant à la prévalence des MGF dans le pays concerné.
Cependant, ces informations ne prétendent établir une relation quelconque, mais plutôt attirer
l‟attention du facteur santé publique de cette endémie silencieuse que sont les MGF.
Le présent bilan quinquennal 2003-2008 note que la lutte engagée est globalement positive au
regard des progrès réalisés dans la mise en œuvre du PARE/MGF. Les efforts impulsés par
différentes institutions nationales et internationales ayant bénéficié d‟appuis en termes de
plaidoyer et sensibilisation, de formation et de recherches opérationnelles ont été fructueux.
La plupart des pays sélectionnés ont intégré la question des MGF dans leur politique de santé
de la reproduction et 80% d‟entre eux disposent aujourd‟hui de lois, spécifiques ou non,
interdisant ou réprimant la pratique des MGF. Les attitudes et comportements des populations
évoluent progressivement vers une tendance générale à la démystification des MGF comme
pratique inhumaine.
Cependant la prévalence des MGF reste encore élevée. En 2006, 27% des 12 pays
sélectionnés ont une prévalence de moins de 20%, 33% avaient une prévalence de 20-49%,
23% une prévalence de 50-79% et 17% une prévalence de 80-99%. Il faut cependant noter
que les résultats satisfaisants furent obtenus grâce à la volonté politique des gouvernements, le
soutien de l‟OMS et de ses partenaires des Agences du Système des Nations Unies (ASNU),
et la participation effective de la Société Civile.
Les enseignements dégagés du bilan quinquennal 2003-2008 dénotent plusieurs facteurs,
notamment culturel, sociologique, religieux, sanitaire, politique, économique et
institutionnel ; chacun concourant avec l‟autre. Tous les pays sélectionnés sont en proie à une
même situation: la résistance à l’abolition de la pratique des MGF. Cet obstacle multiforme
semble être lié à la grande sensibilité de la convention sociale, dictat culturel imprégnée
d‟idéologique et de croyance.
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Bilan quinquennal 2003-2008 du Plan d’action régional pour accélérer l’élimination des Mutilations génitales féminines en Afrique
Malgré les efforts encourageants, force est de reconnaître que beaucoup reste à faire étant
donné la persistance de la pratique, le changement du mode opératoire des MGF tels que la
médicalisation, le rabaissement de l‟âge à l‟excision, la clandestinité, et la transmigration
frontalière.
Considérer les MGF comme une CONVENTION SOCIALE (CS) permet de mieux comprendre
pourquoi les femmes ayant elles-mêmes enduré la pratique et ses conséquences néfastes,
encouragent sa continuation. Cela explique aussi pourquoi les familles individuelles qui
déclarent leur désir d‟abandonner la MGF soumettent malgré tout leurs filles à la pratique.
Toutefois une CS négative peut être changée. Cependant, selon la Déclaration conjointe interagence des SNU sur l‟élimination des MGF de 2008, une CS ne peut être modifiée que si au
sein d‟une communauté donnée un nombre significatif de familles choisisse collectivement et
unanimement d‟abandonner la pratique.
Alliant les connaissances tirées de l‟expérience de terrain et les résultats acquis de ce
quinquennat 2003-2008, il est proposé une « Feuille de route de la Convention Sociale vers
l’abandon des MGF » comprenant 7 domaines d‟interventions, à savoir: institutionnel, genre,
santé, média, juridique, éducation et socioculturel. Sous forme de tabulation chaque domaine
est détaillé du point de vue des défis, opportunités, responsabilités et recommandations
inhérents à l‟intervention. Leur complète interaction est indispensable pour la réussite de la
mise en œuvre des la Feuille de route vers l‟abolition des MGF d‟ici 2015. C‟est ainsi que les
principes d‟adhésion à ladite Feuille de route sont également proposés.
Ainsi la ‘Feuille de route de la Convention sociale vers l‟abandon des MGF d‟ici 2015‟ serait
non seulement une approche holistique mais également un instrument technique pour changer
de façon positive et durable la vie des filles et des femmes en Afrique. A cet effet ; il est
recommandé de/d‟:
1. Disséminer largement le présent rapport du bilan quinquennal 2003-2008 du
PARE/MGF à tous les niveaux de l‟Organisation, aux Etats membres et aux
partenaires impliqués dans la lutte pour l‟abolition des MGF;
2. Rendre le présent rapport du bilan quinquennale 2003-2008 du PARE/MGF disponible
à travers toutes les techniques de communication visuelles et audiovisuelles,
traditionnelles et modernes, afin de partager les expériences à tous les niveaux ;
3. Impliquer tout les ASNU signataires de la Déclaration commune: Elimination des
MGF dans la mise en œuvre, le suivi et l‟évaluation de la Feuille de route de la
Convention Sociale pour l‟abolition des MGF d‟ici 2015 ;
4. Organiser au moins une réunion biennale plurisectorielle et multi-agences sur la mise
en œuvre et l‟évaluation de l‟impact de la Feuille de route de la Convention sociale
pour l‟abolition des MGF d‟ici 2015.
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Première Partie
Contexte général
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PRODROME DES MUTILATIONS GENITALES FEMININES
Adoptant une perspective sociologique d‟une action relative à la santé publique, le présent
rapport de l‟évaluation quinquennale 2003-2008 explore comment une pratique sociale et
culturelle, telle que les Mutilations génitales féminines (MGF). En effet les MGF sont
devenues une cause mobilisatrice traduite non seulement dans les champs politiques des pays
où sévit ladite pratique mais aussi au-delà des frontières nationales.
Ainsi la problématique de la CONVENTION SOCIALE se pose à savoir comment
l‟internationalisation de la lutte contre les MGF, dilemme d‟une endémie silencieuse, peutelle générer une action de santé publique permettant aux Etats de lutter contre et d‟endiguer
cette endémie silencieuse des sociétés en développement en Afrique.
MGF : ses racines
L‟origine des pratiques MGF reste encore méconnue, toutefois il existe des preuves de leur
existence bien avant l‟apparition du Christianisme et de l‟Islam, dans les communautés qui les
perpétuent aujourd‟hui. Les trois grandes racines invoquées par les peuples sont d‟ordre
religieux, sociétal et sexospécifique.
En Afrique subsaharienne, les MGF sont les plus pratiquées par les sociétés musulmanes ;
mais également chez les animistes, les catholiques, les coptes, et les protestants. Pour les
rituels sociétaux la „coutume‟ est le plus couramment invoquée : {‘„Cela s’est toujours fait,
ma mère, ma grand-mère l’ont fait, donc mes filles seront excisées’’} dira-t-on.
De part leur appellation, les MGF sont sexospécifiques car les filles et femmes sont les
principales cibles. L‟âge des fillettes au moment de la mutilation varie en fonction des
régions. Suivant les endroits, les MGF sont pratiquées sur des nourrissons féminins, des
fillettes de 7-à-10 ans, des adolescentes et également des femmes au moment de leur mariage.
Facteurs psychosocial et culturel
Les MGF sont répandus dans au moins 30 pays du continent africain dont 24 font parties de la
Région Africaine de l‟OMS (figure1). Les raisons psychosociales et culturelles mises en avant
pour soutenir les MGF sont diverses. Elles découlent souvent de la croyance selon laquelle les
MGF vont annihiler ou modérer les pulsions
sexuelles des femmes.
Les MGF sont fréquemment associés à des rites
traditionnels d‟initiation. Elles consistent donc en la
modification volontaire de la vulve clitoridienne de
la femme dans un but non thérapeutique, mais qui a
un rôle social que ce soit au niveau du contrôle de la
sexualité et/ou de la reproduction, du maintien de
l‟ordre social gérontocratique − ce sont les femmes
âgées qui les pratiquent le plus souvent−, de la
fixation de l‟identité du genre et/ou particulièrement
de l‟ethnicité faisant du „clitoris‟ le marqueur de la
femme, dont l‟infibulation en est un exemple,
dénotant un besoin irrésistible de mutiler l‟appareil
génital de la fillette en signe d‟anxiété profondément
encrée concernant les rapports et plaisirs sexuels.
Figure 1 ;
Pays de la Région africaine OMS ayant au moins une
Forme de MGF
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Il est donc impossible d‟occulter le fait que ces pratiques ont une signification sociale et
culturelle propre. Car les institutions sociales sanctionnent sévèrement toute dérogation aux
MGF, inconsciemment ou délibérément, impliquant les liens psychoaffectifs entre femmes et
hommes. A cet effet, de nombreuses recherches ont identifié les MGF, parmi tant d‟autres,
comme étant une série d‟actes traumatisants envers les enfants perpétrés par des adultes
désirant d‟infliger aux enfants de façon indirecte les sévices qu‟ils ont subit dans leur enfance.
Les caractères sexospécifiques des MGF, telle que la dimension „genre‟ n‟est guère évoquée.
Cependant, les MGF peuvent être perçues comme la volonté d‟empêcher la fillette d‟avoir
une émotion sexuelle et d‟expérimenter plus tard à l‟âge adulte une vie sexuelle adéquate.
Aussi les MGF surviennent dans les communautés où les femmes ont un faible statut social,
une subordination auprès des aînés et/ou dominées par une hiérarchie sous contrôle masculin.
Ainsi la complexité des MGF est le reflet du concept de la discrimination sexuelle envers les
filles et femmes et du pouvoir de la convention sociale.
MGF : endémie silencieuse problème de santé publique
Définies par l‟OMS les « mutilations
génitales
féminines
désignent
toutes
interventions aboutissant à une ablation
partielle ou totale des organes génitaux
externes de la femme ou toute autre mutilation
des organes génitaux féminins qui sont
pratiquées pour des raisons culturelles ou
autres et non à des fins thérapeutiques »
(OMS, 1995). Leurs typologies sont décrites
dans l‟Encart1.
L‟étude de l‟OMS sur les „MGF : aperçu du
problème‟ de 1998, donne des détails sur les
conséquences physiques, psychologiques et
sexuelles chez les femmes et les filles qui les
subissent. L‟appellation « mutilation » vise à
faire valoir la gravité de l‟acte. En effet, les
MGF sont irréversibles et laissent de
nombreuses incapacités des organes génitaux
féminins tant physiques que psychosociales.
Encart1
TYPOLOGIES DES MGF
TYPE I :

Excision du prépuce avec ou sans excision de la
totalité ou d’une partie du clitoris
TYPE II :

Excision du clitoris avec excision partielle ou
totale des petites lèvres
TYPE III :

Excision de la totalité ou d’une partie de
l’appareil
génitale
externe
et
suture/rétrécissement de l’ouverture vaginale
(infibulation)
TYPE IV :

Diverses pratiques non classées telle que la
ponction, le percement ou l’incision du clitoris
et/ou des lèvres, l’étirement du clitoris et/ou
des lèvres, la cautérisation par brûlure du
clitoris et des tissus environnants, la
scarification des tissus qui entourent l’orifice
vaginal ou l’incision du vagin, l’introduction de
substances ou d’herbes corrosives dans le vagin
pour provoquer un saignement ou pour resserrer,
et toute autre pratique entrant dans la définition
des mutilations génitales féminines
Les conséquences physiques répertoriées par
l‟OMS sont entre-autre les lésions des organes
voisins, infections cicatricielles, dyspareunie,
infections du tractus urinaire, risques de
transmission VIH-SIDA, infection des voies
génitales, dysménorrhées, incontinence urinaire, infections pelviennes chroniques, fistules
recto-vaginale, septicémies et voir la mort. En plus du traumatisme psychologique s‟ajoutent
celles des troubles obstétricaux-gynécologiques et/ou l‟infertilité.
A l‟échelle mondiale, il est estimé à 100-132 millions le nombre de filles et de femmes ayant
subi des mutilations sexuelles, dont environ 100 millions pour le seul continent africain.
Chaque année, 2 millions de filles dans 31 pays africains sont susceptibles de connaître le
même sort pour la plupart vivant. Les chiffres globaux et par type de mutilation sont
probablement sous estimés, d‟une part en raison de la non-déclaration d‟un certain nombre de
cas, mais aussi de témoignage imprécis des victimes tendant à sous-estimer l‟importance de
ladite mutilation. Les pays occidentaux, notamment en Europe, au Canada, aux États-Unis
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d‟Amérique, en Australie, et en Nouvelle-Zélande, connaissent de plus en plus de MGF chez
les femmes et fillettes immigrées des sociétés concernées.
C‟est ainsi que quoique pratiques séculaires, les MGF perdurent à ce jour dans beaucoup de
sociétés africaines. Elles sont maintenant internationalement reconnues comme un acte
traditionnel néfaste, violant les droits humains des fillettes et des femmes et représentant ainsi
une grave menace pour leur santé. Les MGF sont désormais considérées comme un problème
de santé publique grave par les organismes internationaux qui œuvrent fermement à
sensibiliser les gouvernements en général et les populations des pays concernés en particulier
pour l‟abolition de ce fléau.
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Bilan quinquennal 2003-2008 du Plan d’action régional pour accélérer l’élimination des Mutilations génitales féminines en Afrique
Plan d’action régional pour accélérer l’élimination des
mutilations génitales féminines en Afrique
INTRODUCTION
Le lancement d‟un Plan d‟action régional pour accélérer
l‟élimination des MGF en Afrique (PARE/MGF), adopté
par les Etats membres de OMS pour l‟Afrique en 1998,
fut un tremplin signalant la détermination internationale.
Les décideurs nationaux et internationaux ont multiplié
les initiatives tendant à incriminer plus ouvertement les
MGF. La conscience universelle s‟est aiguisée et a créé
un contexte de forte pression envers les auteurs.
Ainsi plusieurs pays ont adopté des législations punissant
la pratique et des politiques/stratégies nationales de lutte
contre les MGF ont été conçues et mises en œuvre. Dans
ces pays, il existe une institution nationale chargée de la
lutte contre les MGF. Des recherches, programmes et
activités sont exécutés et des outils de formation et
d‟information élaborés. Quelques pays ont vu le nombre
des MGF diminué grâce à un fort plaidoyer et
sensibilisation.
OBJECTIFS ET MISE EN ŒUVRE DU PARE/MGF
Tout au long de la mise en œuvre du PARE/MGF, l‟OMS a pris le devant de la lutte contre les
MSF. Dans ce contexte, plusieurs résolutions ont été abrogées aussi bien au niveau régional
que mondial1. D‟une durée de 20 ans (1996-2015), les 7 objectifs du PARE/MGF sont:
1. Réduire la proportion des filles et femmes de 1-20 ans victimes de toute forme de
mutilation génitale dans les pays ayant des programmes d‟intervention de lutte contre
ces pratiques;
2. Accroître le nombre de pays ayant mis en œuvre des programmes d‟intervention,
formulé des politiques et/ou directives et adopté des lois contre les MGF ;
3. Augmenter le nombre de pays notifiant une diminution du nombre de filles ayant subi
une MGF dans les pays exécutant des programmes d‟invention;
4. Accroître la proportion des communautés notifiant des changements positifs dans les
attitudes, croyances comportements, et pratiques des décideurs familiaux sur le sujet;
5. Accroître la proportion de formations sanitaires de premier, deuxième et troisième
degrés qui assurent les soins et la prise en charge des MGF ;
6. Réduire l‟incidence d‟autres formes de pratiques traditionnelles néfastes ;
7. Sensibiliser à la nécessité d‟inscrire de plus en plus de filles dans les écoles en vue de
leur éducation formelle.
Trois périodes-clés ont été déterminées : à court-terme (1996-1998), à moyen-terme (19992006) et à long-terme (2007-2015). A chacune des périodes il est prévu une évaluation
destinée à tirer les enseignements en vue d‟améliorer les approches subséquentes.
En 1989 AFR/RC39/R9, en 1993 AFR/RC43/R6; en 1997 l‟adoption de la Stratégie régionale de Santé de la Reproduction dont une des 9 composantes est
l‟élimination des pratiques traditionnelles néfastes, notamment les MSF ; en 2003 « Santé de le Femme: Stratégie de la Région africaine » avec pour objectif
l‟élimination de toutes formes de violences y compris les pratiques traditionnelles néfastes, en particulier les MGF.
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Bilan quinquennal 2003-2008 du Plan d’action régional pour accélérer l’élimination des Mutilations génitales féminines en Afrique
L‟ultime défi du PARE/MGF est l‟élimination des MGF en Afrique d‟ici 2015. Ainsi les
rapports d‟évaluation du moyen-terme en 2003 de 15 pays impliqués furent les premiers pas
d‟une analyse du degré de la mise en œuvre du PARE/MGF. Quatre leçons essentielles en
ressortent:
1) La volonté politique existe, la plupart des pays s‟étant doté d‟instruments nécessaires à
la mise en œuvre de programmes de lutte contre les MGF ;
2) Nombreuses sont les communautés engagées/impliquées pour lutter contre les MGF;
3) Le besoin d‟améliorer l‟environnement légal et judiciaire;
4) Vu le contexte de défis MAJEURES, il est important de poursuivre et/ou d‟intensifier
la lutte par la prise d‟initiatives novatrices ayant avec une approche holistique.
Dans la Région Africaine de l‟OMS (AFRO) l‟engagement est plus que jamais présent,
corroboré par les adoptions de la „Stratégie régionale de Santé de la reproduction‟(1998), de
la „Stratégie de la Santé de la Femme en Afrique‟(2003) et son programme spécifique
« Aspects sociaux dans la Santé familiale et génésique », et la „Stratégie de la Santé des
Adolescents’ (2004) au sein de la Division Famille et Santé de la Reproduction, ensembles
elles représentent un atout important dans l‟élimination des MGF. AFRO a apporté un appui
continu aux pays dans plusieurs domaines tels que la formation, la recherche, le plaidoyer et
des actions communautaires.
ACTIONS REALISEES 1998-2008
De par son caractère régional le PARE/MGF a eu à couvrir des 22 pays signataires. Parmi eux
12 ont été sélectionnés comme bases d‟évaluation du quinquennat 2003-2008. Ci-après sont
les descriptifs des interventions menées durant ledit quinquennat.
Groupes multidisciplinaires de lutte contre les MGF
En 2001-2002 AFRO a apporté un appui technique et financier à l‟établissement des groupes
nationaux multidisciplinaires de collaboration et coordination de lutte contre les MGF
(GMC/MGF) dans 10 des pays (photo ci-dessous). Composés de professionnels de santé, de
chercheurs, de législatifs, de sociologues, de managers et/ou activistes, ces GMC/MGF
avaient pour tâches de collaborer avec les institutions nationales clés –Santé, Education,
Justice, ONG des droits humains, de collecter des données factuelles sur les MGF, de
documenter contribuant ainsi à la gestion de la base de données/MGF AFRO, de promouvoir
des activités visant l‟élimination des MGF, de proposer des stratégies pour l‟élimination des
MGF, et de fournir des rapports réguliers des activités de leurs pays respectifs.
Consultation régionale des Groupes multidisciplinaires des luttes contre les MGF, 2002 Bamako Mali
12
Bilan quinquennal 2003-2008 du Plan d’action régional pour accélérer l’élimination des Mutilations génitales féminines en Afrique
A cet effet l‟OMS a organisé plusieurs séminaires-ateliers de formation des formateurs et
fourni des appuis techniques, en collaboration avec les agences-sœurs du SNU (UNICEF,
UNFPA, PNUD/UNIFEM) et des partenaires-clés tels que Banque Mondiale, USAID,
Population Council, GTZ et autres agences de développement opérant localement.
Création d’une banque des données régionale ‘‘Pratiques traditionnelles
néfastes/mutilations génitales féminines’’
La Banque-de-données régionale ‘Pratiques traditionnelles néfastes/mutilations génitales
féminines’ (PTN/MGF), élaboré en 2003 par DRH, avait pour but de fournir des informations
factuelles dans l‟évolution de l‟élimination des MGF en Afrique en général et des pays
concernés en particulier.
Le contenu de ladite banque des données PTN/MGF a été constitué à partir des informations
préliminaires fournies par les GMC/MGF précités. Les informations-clés récoltées
furent notamment sur:
 L‟existence ou pas d‟une institution nationale de lutte contre les PTN/MGF
 La Prévalence de la situation des PTN/MGF selon la classification de l‟OMS devant
permettre l‟établissement d‟une cartographie ;
 Le statu des législations nationales et/ou la ratification des conventions et instruments
internationaux des droits universels humains ;
 L‟existence ou pas de lois abolissant les PTN/MGF ;
 Les activités de formation multidisciplinaire et/ou plurisectorielle des populations
concernées (ex. : professionnels socio-sanitaires, professionnels juridiques, leaders
d‟opinion, medias, religieux, exciseuses/exciseurs, excisée) ;
 Les initiatives locales et nationales en faveur de l‟abolition des PTN/MGF ;
 Les activités IEC de plaidoyer en faveur des alternatives aux PTN/MGF ;
 L‟existence des recherches opérationnelles de développement ;
 L‟existence de documentation/publication nationale et/ou locale sur les PTN/MGF.
13
Bilan quinquennal 2003-2008 du Plan d’action régional pour accélérer l’élimination des Mutilations génitales féminines en Afrique
La base des données PTN/MSF devint opérationnelle en 2004 permettant d‟établir des
contacts et partager des informations interactives avec le grand public. Cependant, à ce jour
elle a besoin d‟être réactivée et réactualisée pour mieux refléter les évolutions et changements
survenus au cours de cette décennie 1998-2008.
Etudes des déterminants socioculturels des PTN/MGF
Dans le cadre des études psychosociales et/ou anthropologiques, en 2002 l‟OMS a apporté
une assistance technique à une dizaine de pays pour mener des recherches opérationnelles sur
les motivations et déterminations des PTN/MGF, leurs impacts socioéconomiques sur le
développement humain.
Les MGF font partie d‟un ensemble d‟autres pratiques traditionnelles néfastes qui doivent
également être éliminées (Encart2). Plusieurs études attestent que par leur agression sur les
organes génitaux externes et reproducteurs, elles contribuent largement à l‟aggravation de la
morbidité et de la mortalité maternelle, néonatale et infantile. Le traumatisme psychosocial
provoqué par les MGF est souvent grave et indélébile.
Certains pays ont utilisé les résultats de ces recherches comme données de base factuelles
pour renforcer les actions de plaidoyer, de mobilisation sociale, de droit des femmes à la santé
et à la vie, ainsi que pour évaluer la progression des compagnes IEC anti-MGF. A cet effet les
pays les plus cités sont le Burkina Faso, le Ghana, le Kenya, le Mali, le Nigeria et le Sénégal.
Ces études ont pu établir que le niveau d‟instruction des femmes était important dans la
perpétuation et/ou l‟abandon des MGF. Les femmes ayant reçu une éducation formelle sont
moins inclinées à faire pratiquer une MGF sur leurs filles.
ENCART2 AUTRES PRATIQUES TRADITIONNELLES
NEFASTES
Mariages précoces/forcés
Sororat et le Lévirat
Exclusion
sexuelle
des
femmes
ménopausées
Tabous nutritionnels
Ablation systématique de la luette chez
les enfants
Extraction des molaires chez les enfants
ème
Abandon du ‘10 ’ enfant, considéré
comme porte-malheur
Repassage des seins
Gavage
Elongation et/ou étirement des petites
lèvres ou du clitoris
Initiée en 2003, l‟OMS a conduit une étude
rétrospective dans 6 pays Africains –Burkina Faso,
Ghana, Kenya, Nigeria, Sénégal et Soudan − sur les
MGF et conséquences obstétricales couvrant 28.393
femmes dans 28 centres obstétricaux. Comme critère
d‟évaluation l‟OMS a utilisé la classification de
typologie MGF principalement Type I, Type II, Type
III, définies à l‟Encart1
Les indicateurs obstétricaux retenus furent la collecte
sur la présence de dommages anatomiques génitaux,
hémorragie post-partum, la durée d‟hospitalisation,
présence d‟une césarienne, la fausse-couche, le décès
fœtal, le faible poids de naissance, le nouveau-né
avec le besoin de soins intensifs de réanimation.
L‟étude a confirmé que les femmes avec MGF
avaient des risques d‟avoir des séquelles obstétricales de morbidité et une mortalité de leurs
progénitures. Les risques allaient en crescendo avec les formes extrêmes des MGF. Ceci
confirme les conséquences dévastatrices des MGF sur la santé maternelle et infantile,
annihilant ODM4 et ODM5.
Formation plurisectorielle des formateurs, dissémination et plaidoyer
La médicalisation des MGF interpelle l‟OMS qui condamne tout azimut cette pratique par les
professionnels de santé. A cet effet des manuels de formation et des guides des principes
directeurs à l‟intension des professionnels de santé ont été développés et mis à la disposition
des Etats membres et partenaires. En décembre 2002 il a été procédé au lancement desdits
manuels à Harare, Zimbabwe.
14
Bilan quinquennal 2003-2008 du Plan d’action régional pour accélérer l’élimination des Mutilations génitales féminines en Afrique
Outils de formation de prévention et prise en charge des complications liées MGF
Les complications des MGF physiques, psychologiques et sexuelles recouvrent un large
éventail dont certaines d‟entre-elles peuvent être gravement invalidantes. Elles exigent donc
une prise en charge réalisée avec tact et compétence par des personnels de santé, infirmières
et sages-femmes (I/SG) sont souvent les premières concernées ; ces dernières pour la plupart
peu formées dans leurs programmes d‟enseignement.
L‟OMS s‟est ainsi employée à combler ces lacunes en élaborant une série des outils
didactiques modulaires « MSF : Intégration de la prévention et de la prise en charge des
complications liées aux mutilations sexuelles féminines dans les programmes d’études en
soins infirmiers et soins obstétricaux », comprenant le Guide du formateur, le Manuel du
stagiaire et les Principes directeurs.
Les « PRINCIPES DIRECTEURS » sont destinés à ceux qui sont responsables de l‟élaboration
des politiques et de la supervision des pratiques des infirmières et sages-femmes et autres
prestataires de la santé. Se référant aux résolutions et conventions internationales, ils
complètent la formation des prestataires de soins sur 5 principes à savoir : Principe N°1 :
Ouverture d‟une infibulation (MGF type 3) ; Principe N°2 : Refus de demandes visant à resuturer une vulve ouverte (ré-infibulation) ; Principe N°3 : Exécution de fonctions en dehors
du cadre légal de la pratique des I/SG ; Principe N°4 : Documentation des MGF : et Principe
N°5 Prévention de la pratique des MGF par les I/SG.
L‟intégration de ces outils pédagogiques dans les programmes d‟études des professionnels de
santé permet de maintenir la pression sur l‟élimination des MGF.
Les supports audio-visuels d’information et de plaidoyer
Le film médiatique ‘LA VOIE DU CHANGEMENT2’ trace l‟historique
des MGF à travers le temps et les approches des pratiques similaires
adoptées par d‟autres civilisations de part le monde qui ont affecté de
manière comparable la santé et la sexualité des femmes (évoquant par
exemple le bandage des pieds des femmes en Chine). Le film retrace
le travail accompli par les ONG pour tenter de sensibiliser les
communautés à ce fléau, y compris la participation de chefs religieux,
en particulier les Imams. Hautement plébiscitée pour sa dimension
médiatique la vidéo, en français et anglais, a été mise à la disposition
de tous les pays de la Région africaine de l‟OMS.
2
“La voie du changement”: une production OMS
15
Bilan quinquennal 2003-2008 du Plan d’action régional pour accélérer l’élimination des Mutilations génitales féminines en Afrique
Ci-contre est la brochure conviviale élaborée par l‟OMS
et distribuée à tous les Etats Membres. Elle a pour but
d‟informer, sensibiliser et plaider pour l‟abolition des
MGF et autres pratiques traditionnelles néfastes. Tout
comme la vidéo, la brochure est disponible en Français
et Anglais, langues officielles des pays MGF.
Le document « Female
Genital
Mutilations
Programme to Date : What
works and What doesn’t »
(ci-contre) est un outil de
référence pouvant servir de
base au suivi et évaluation
des efforts de lutte contre
les MGF. Il a également
servir de plaidoyer auprès
des donateurs, politiciens et
autres décideurs nationaux à tous les échelons du système de
développement.
Groupe inter-agence de collaboration et coordination anti-MGF
En dépit de ces immenses efforts et des engagements à tous les niveaux, l‟élimination des
MGF reste encore un défi, bien que les tendances soient à la baisse. L‟inscription de
l‟élimination des violences faites aux femmes et aux enfants dans l‟agenda de la communauté
internationale conforte la poursuite de la lutte pour l‟élimination des MGF qui en sont une
partie importante.
Créé en 2002 le Groupe inter-agence sur les mutilations génitales féminines
(GIA/MGF)/excision répondait à cet impératif. Prises isolément, les agences fondatrices du
GIA/MGF ont des valeurs intrinsèques particulières et spécialisées dans la lutte pour
l‟élimination des MGF. Ce sont le Comité Interafricain, l‟OMS, l‟UNFPA et
l‟UNICEF. D‟autres institutions partenaires et membres du GIA/MGF avec leurs spécificités
et leurs valeurs comparatives ont permis d‟obtenir des résultats appréciables dans le domaine
de la lutte pour éliminer les MGF. Notamment, UNIFEM, LE POPULATION COUNCIL, LA
FAWE, TOSTAN, SAVE THE CHILDREN et GTZ
Au regard des spécificités et des expériences des différentes agences suscitées, il est apparu
indispensable d‟avoir une coordination et une collaboration commune de tous les acteurs de la
lutte pour l‟élimination des MGF afin d‟éviter la multiplicité des programmes et de créer une
synergie basée sur les compétences distinctives. C‟est ainsi qu‟avec toutes les parties
prenantes un Plan d‟action 2007-2011, le GIA/MGF s‟est proposé les objectifs suivants :
1. Appuyer les pays en vue de renforcer les capacités et les actions pour l‟élimination des
MGF ;
2. Soutenir les ONG et la société civile engagés dans l‟élimination des MGF ;
3. Appuyer le développement de programmes concertés de lutte contre les MGF ;
4. Échanger les informations, outils, expériences et stratégies, et contribuer à créer les
bases de données sur les MGF;
5. Renforcer le plaidoyer et appuyer la mobilisation des ressources pour l‟élimination des
MGF;
6. Appuyer la mise en œuvre de mécanismes de suivi et d‟évaluation.
16
Bilan quinquennal 2003-2008 du Plan d’action régional pour accélérer l’élimination des Mutilations génitales féminines en Afrique
Dans son espace d‟intervention, le GIA/MGF appui les institutions internationales,
gouvernementales, non-gouvernementales, professionnelles et aux communautés africaines
luttant contre la pratique MGF. Pendant 3 années durant (2004, 2005, 2006), le GIA/MGF
s‟est réuni périodiquement chaque semestre pour évaluer et faire le point des actions antiMGF.
Agenda commun pour ZERO Tolérance des MGF
Le 6 Février 2003 à Addis-Ababa, Ethiopie, le CI-AF en collaboration avec les membres du
GIA/MGF a organisé une réunion globale de haut niveau au cours de laquelle ont été
proposés un canevas commun et la désignation du 6 FEVRIER comme le jour de la
commémoration internationale pour une Tolérance-Zéro- MGF.
Depuis lors plusieurs pays Africains ont utilisé cette journée pour raviver la nécessité d‟abolir
les MGF d‟ici 2015, date buttoir des OMD. A ce jour au moins 4 des 12 pays sélectionnés ont
eu à célébrer ladite journée à l‟échelle nationale réitérant que contrairement à une croyance
populaire que la MGF, quelque soit sa typologie, n‟est exigée par aucune religion. En effet, de
nombreux dirigeants religieux et organisations confessionnelles ont demandé que la pratique
soit punissable par des lois fermes.
Pourquoi l’Afrique,
dotée de richesses
socioculturelles
incommensurables, ne
puisse protéger son
patrimoine infantile,
future garant de ses
ressources.
WMH Profile, 2007
17
Bilan quinquennal 2003-2008 du Plan d’action régional pour accélérer l’élimination des Mutilations génitales féminines en Afrique
Deuxième Partie
Analyse de la situation
Des Douze pays sélectionnés
18
Bilan quinquennal 2003-2008 du Plan d’action régional pour accélérer l’élimination des Mutilations génitales féminines en Afrique
Cadre méthodologique
INTRODUCTION
Faisant suite à la Déclaration relative aux MGF lors de la 61ème de l‟AMS le 24 mai 2008, la
Division de la Santé familiale et génésique du Bureau Régional de l‟OMS pour l‟Afrique s‟est
proposée d‟établir un bilan quinquennale 2003-2008 du PARE/MGF et d‟évaluer les activités
de 12 pays sélectionnés (figure 2) afin d‟établir l‟impact des interventions et proposer les
prochaines étapes.
Adopté en 1997 par 22/27 pays Africains
le PARE/MGF a permis l‟élaboration des
plans d‟actions nationaux dès 1998.
Algérie
Le PARE/MGF prévoit une exécution en
3 phases dont la 1ère phase de 19961998 ; la 2ème phase de 1990-2006 ; et la
3ème phase de 2006-2015.
Mauritanie
Mali
Sénégal
Cape Vert
Niger
Erythrée
Tchad
Burkina
Faso
Gambie
Liberia
Togo
Cote
d’Ivoire
Bénin
Guinée
Equatorial
Ethiopie
Centrafrique
République
Démocratique
du Congo
Gabon
Sao Tome &
Principe
Uganda
Ghana
Guiné
e
S.Léonne
Cameroun
Nigeria
Guinée Bissau
Kenya
Seychelles
Tanzanie
Congo
Rwanda
Burundi
Malawi
Angola
Comores
Zambie
Zimbabwe
Namibie
Mozambique
Botswana
Madagascar
Sainte Hélène
Maurice
Pays PARE/MGF
Evaluation 2003-2008
Pays PARE/MGF
Swaziland
Afrique du Sud
Lesotho
En 2003, la première évaluation a été
effectuée couvrant le quinquennat 19982002. Les conditions sont maintenant
réunies pour mener une évaluation
cumulative des 1ème et 2ème phases.
Ainsi, le présent rapport vise à établir le
bilan quinquennal 2003-2008 de la mise
en œuvre du PARE/MGF en rapport avec
12 pays sélectionnés.
Figure 2 : Distribution géographique des 12 Pays MGF africains
couverts par le bilan quinquennale 2003-2008-PARE/MGF
Objectifs et résultats attendus
Objectifs ;
1.
2.
3.
4.
Faire le bilan quinquennal 2003-2008 de la mise en œuvre du PARE/MGF;
Analyser l‟impact des activités des 12 pays couverts par le PARE/MGF;
Mettre en évidence l‟impact des résultats des interventions relatives au PARE/MGF;
Proposer un canevas pour une élimination définitive des MGF en Afrique.
Résultats attendus ;
1) Rapport préliminaire du bilan quinquennale 2003-2008 du PARE/MGF, y compris les
activités des 12 pays disponibles;
2) Impact du PARE/MGF sur la Convention sociale des 12 pays analysé
3) Canevas de la Feuille de route de la Convention sociale vers l‟élimination des MGF en
Afrique 2010-2015 proposée;
Revue de la littérature
Pour réaliser ce travail il a été mis à profit une série de documents tels que: les rapports des 12
pays sélectionnés, les rapports régionaux existants et des données complémentaires recueillies
par voie électronique. Il s‟agit notamment:
19
Bilan quinquennal 2003-2008 du Plan d’action régional pour accélérer l’élimination des Mutilations génitales féminines en Afrique
a) Du rapport régional d‟évaluation de la mise en œuvre (1998-2003) du PARE/MGF;
b) De la Déclaration inter-agence de l‟élimination des MGF par 10 agences onusiennes
(2008);
c) Du rapport préliminaire du « Profile de Santé de la Femme en Afrique 2002-2007» ;
d) Des enquêtes en grappes à indicateurs multiples ;
e) Des études démographiques et de santé de 2005-2007 afin de compléter les bases des
données existantes ; et,
f) Rapports internationaux sur les MGF en Afrique disponibles sur la Toile.
Il est à préciser que l‟exploitation des rapports officiels susmentionnés a été faite suivant la
méthode d‟analyse du contenu tenant compte des indicateurs mentionnés ci-après.
Indicateurs








Prévalence des MGF par pays
Données sociodémographiques par pays
Rapport de l‟évaluation régionale 1997-2003
Les rapports existants des pays de 2003-2008
Existence de programmes nationaux pendant le quinquennat 2003-2008
Nombre de programmes/interventions/activités nationaux relatifs au PARE/MGF
Nombre et types d‟activités nationales relatives au PARE/MGF
Nombre et types de partenariats relatifs au PARE/MGF
Echantillonnage des pays
Douze pays ayant pris part au moins une fois à l‟évaluation et/ou fourni des rapports depuis la
mise en œuvre du PARE/MGF en 1998 ont été sélectionnés. Le récapitulatif des évaluations
biennales est au Tableau1.
Il s‟agit de : Burkina Faso,
Tableau 1 : RECAPITULATIF DES PERIEODES BINAIRES D‟EVALUATION DES 12 PAYS SELECTIONNES
Centrafrique, Côte d‟Ivoire,
PERIODES BINAIRES
Erythrée, Ethiopie, Guinée,
DENOMINATION DES PAYS
2001-2002
2003-2004
2005-2008
Libéria, Mali, Mauritanie,
Burkina Faso
BFA
X
X
X
Nigeria, Sénégal et Tchad.
Centrafrique
CAF
X
X
Côte d‟Ivoire
CDI
X
X
Ces 12 pays ont été choisis
Erythrée
ERI
X
X
X
parmi les 27 pays les plus
Ethiopie
ETH
X
X
X
touchés de la Région par les
Guinée
GUI
X
X
X
MGF, pour leurs diversités
Liberia
LIB
X
X
Mali
MAL
X
X
X
socioculturelles
et
leurs
Mauritanie
MAU
X
X
X
relations
transfrontalières.
Nigeria
NGA
X
X
X
Ensembles ils constituent plus
Sénégal
SEN
X
X
X
de 44% de l‟ensemble des pays
Tchad
TCD
X
X
MGF.
TOTAL
12
9
11
12
Analyse des données
Une analyse descriptive a été choisie compte tenue de la diversité des sources de données
recueillies. Les taux de prévalences des MGF sont les données officielles obtenues des
résultats des EDS des pays sélectionnées. Les pays sont introduits individuellement par une
carte géographique, un tableau synoptique des situations socioculturelles et démographiques
et l‟analyse des rapports-pays existants et/ou disponibles dans les documents de référence. En
effet, l‟environnement socioculturel et démographique permet de mieux appréhender la
situation dans laquelle évoluent les MGF qui prévaut dans la période analytique du bilan
quinquennal 2003-2008.
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Bilan quinquennal 2003-2008 du Plan d’action régional pour accélérer l’élimination des Mutilations génitales féminines en Afrique
Quelques données sociodémographiques et sanitaires sont fournies comme repère quant à la
prévalence des MGF dans le pays concerné. En aucun cas ces informations prétendent établir
une relation quelconque entre les différentes données; mais plutôt attirer l‟attention sur
l‟environnement psychosocial prévalant autour d‟une endémie silencieuse qu‟est la MGF.
Sous leur forme narrative les rapports des 12 pays sélectionnées sont présentés de façon
séquentielle afin d‟établir une harmonisation des faits sans pour autant occulter les spécificités
et/ou particularités nationales à travers:
(1) Une cartographie délimitant le pays concerné et un tableau synoptique des données
démographiques, sanitaires et sociales relatives aux MGF;
(2) Une introduction succincte de l‟environnement économique et social des MGF;
(3) Les caractéristiques des populations féminines concernées par les MGF;
(4) Les états généraux des MGF relatifs aux politiques, des lois, programmes et activités
durant la période du quinquennat, y compris les recherches et/ou études y afférent;
(5) Les partenariats tant nationaux qu‟internationaux et la société civile;
(6) Les acquis issues de la mise en œuvre du PARE/MGF au niveau national ;
(7) Les contraintes et recommandations si nécessaires.
Les Tableaux et Graphiques sont présentés pour soutenir l‟analyse descriptive de la situation
non seulement pour chaque pays mais également pour évaluer l‟impact du PARE/MGF aux
niveaux national, régional et global. Il est à noter que la définition et la signification des
abréviations et acronymes sont listés dans la section qui leur est consacrée.
Limitations
Il est à prévoir une relative diversité des schémas de présentation des rapports nationaux,
régionaux et internationaux qui peuvent être un handicap pour l‟analyse. Néanmoins, il
convient de signaler que l‟analyse s‟est heurtée, dès le départ, au caractère discontinu des
données associé à deux faiblesses: d‟une part, la non-conformité au modèle de présentation
AFRO des rapports nationaux; et d‟autre part, la déperdition et/ou le renouvellement des
pays-clés. Aussi, l‟exploitation des données fiables secondaires, parallèles et/ou
complémentaires a permis de contourner certain handicaps liés à l‟analyse du présent bilan
quinquennal 2003-2008.
Ethique
En toute rigueur, quelles soient nationales et/ou internationales les données et informations
ont été fournies par les pays sélectionnés. Ce qui permet de tirer des conclusions fiables.
Définitions des termes
 Mutilation génitale féminine (MGF): Dans les années 1970 l‟utilisation du mot
„mutilation‟ recélait une connotation spécifique sur la gravité de l‟acte adopté par le CIAF et les ASNU.
 Excision génitale féminine (EGF) : Le terme „excision génitale féminine‟ est basé sur la
reformulation/appellation „mutilation‟ par „excision‟, étant entendu que l‟argumentation
de « mutilation » donnait une connotation aliénante dans les communautés des MGF.
Quoique MGF et/ou EGF ou encore E/MGF soient indifféremment utilisées, le présent
rapport reconnait ces différentes terminologies du fait quelles convergent vers un même but
que sont les procédures d‟interférence sur fonctions naturelles de l‟appareil génitale des filles
et des femmes africaines. Ainsi l‟appellation „mutilations génitales féminines‟ (MGF) est
retenue tout au long du Rapport.
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Bilan quinquennal 2003-2008 du Plan d’action régional pour accélérer l’élimination des Mutilations génitales féminines en Afrique
Burkina Faso
Tableau2 : DEMOGRAPHIE SOCIALE DES MGF AU BURKINA FASO
POPULATION : 13.903.000
Femmes
Hommes
TOTAL
STRUCTURE DES
0-14 %
23
24
47
AGES
15-64 % 26
25
51
65+ %
2
1
3
EDUCATION %
17
32
21.8
INDICATEURS DE SANTE
RMM/100.000 NV
TMN‰
TMI : ‰
ISF
1000
36
96
6.5
STATUTS DES MGF
Prévalence%
Typologie
Age moyen
Médicalisation%
77 (augmentation)
T1
15-49
0.2
Rituels
Ethnicité
JUSTIFICATIONS Religion
Musulmane, animistes, chrétiennes
MAJEURES
Mariable
Contraintes
Clandestinité ; Transhumances
LEGISLATIONS - CONVENTIONS REGIONALES ET INTERNATIONALES
Lois/Politiques nationales
CADP/PF*
CEDEF
CDE
CATDP
spécifiques
∆
1987
1990
1999
ACTIVITES DE LUTTE CONTRE LES MGF
Plan d‟actions national ; Plaidoyer ; implication des parlementaires ;
(*) ∆: Chartre africaine & Protocole sur les Femmes ; ∆: Chartre africaine seule
Malgré ses multiples festivals socioculturels exceptionnels, le Burkina Faso est un pays
enclavé d‟une superficie de 274,200km2 avec une population estimée en 2006 à 13.903.000 à
raison de 46 hab./km2 qui partage sa frontière avec 6 pays limitrophes. Les femmes
constituent 51% de la population dont 17% sont alphabétisées. Les données sanitaires de 2005
donnent un RMM de 1000 décès maternels pour 100.000 naissances vivantes, un TMN de
36‰, un TMI de 96‰ et ISF de 6.5 enfants par femme en âge de procréer.
L‟âge moyen des filles sur lesquelles sont
pratiquées les MGF est de 5 ans ; il peut
varier de quelques jours après la naissance,
jusqu‟à l‟âge de 18 ans. Mais la grande
majorité des filles sont excisées avant l‟âge
de 10 ans. Selon les estimations nationales
rétrospectives de l‟EDS/2006 sur une
période de 6 années (1996-2003),
(Graphique1) on note que 72% des femmes
burkinabaises de 15-49 ans étaient excisées
avec une légère régression en 2003 à 65%.
Ce taux peut aller jusqu‟à 85% dans la
région du Nord dont font partie les
provinces du Yatenga et du Lorum, zone
frontalière avec le Mali. Les régions les plus touchées par le problème des MGF sont le
Plateau Central (Mossis), le Sud-ouest (Lobis et Sénoufos) et l‟Est (Peulhs et une partie des
Gourmantchés).
Les MGF sont plus pratiquées dans les communautés musulmanes et une faible proportion
des communautés chrétienne et animiste. Les formes des MGF les plus fréquentes sont
l‟excision ou l‟ablation du clitoris et des petites lèvres. Burkina Faso a fait partie des 5 pays
d‟Afrique où l‟étude prospective de l‟OMS sur les MGF et les conséquences obstétricales
révèle que les conséquences médicales dévastatrices sont évidentes aussi bien pour la mère
22
Bilan quinquennal 2003-2008 du Plan d’action régional pour accélérer l’élimination des Mutilations génitales féminines en Afrique
que pour le nouveau-né, les risques s‟amplifiant chez celles qui ont subi le type IIIinfibulations.
Une loi interdisant les MGF a été promulguée en 1996, pour entrer en vigueur en février
1997. Auparavant, il existait déjà un décret présidentiel établissant un Comité national contre
l‟excision et prévoyant des amendes à l‟encontre des personnes reconnues coupables
d‟excision sur des fillettes ou des femmes. La loi de 1996 a renforcé la répression. Depuis,
plusieurs exciseuses ont été condamnées à des peines d‟emprisonnement. Le Burkina Faso a
ratifié le Protocole de Maputo en 2006. Le 6 février 2006, le Burkina Faso a commémoré la
journée internationale ZERO-TOLERANCE-MGF.
Pour mener à bien la lutte contre la pratique, le Gouvernement burkinabé a mis en place un
CNLPE, des programmes d‟intervention ainsi que des actions de lutte depuis 1998. A cet
effet, 2 plans d‟action ont été élaborés et mis en œuvre comprenant plusieurs stratégies:
actions de plaidoyer, IEC/CCC/excision, formation, recherche, réparation des séquelles.
Les différentes activités de lutte contre les MGF bénéficient à la fois de l‟appui de
nombreuses ONG nationales et internationales (MMIE, MUGNU, NAMOUNA, WUROYIRE, VOIX DE FEMMES, APJAD, SIX « S », AFED, GASCODE, Mwanganza Action,
CI-AF, Medicus Mundi, Aides)3 et du soutien technique et financier des partenaires au
développement (OMS, UNFPA, UNICEF, Banque Mondiale, NORAD, DANNIDA, GTZ,
CIDA, Union Européenne).
Le Gouvernement burkinabais a entrepris de grands efforts à travers le maintien de dialogue
et des ateliers de consensus avec les leaders traditionnels et pour une plus grande implication
des femmes dans la lutte contre la MGF, des campagnes conventionnelles ont été organisées à
différents niveaux.
En juillet 2006, lors de l‟atelier régional sur „la protection des filles contre les PTN/MGF‟
tenue au Kenya, le Burkina Faso, un des 5 pays de l‟étude rétrospective de l‟OMS sur les
MGF et conséquences obstétricales conduite en 2003, a partagé les résultats de ladite étude
qui confirment les effets négatifs des MGF tant pour la mère que le nouveau-né, la gravité des
risques augmentent proportionnellement avec le type de MGF, hautement pour les MGF IIIinfibulation.
Malgré les acquis, force est de reconnaître que des problèmes demeurent toujours. En effet,
les conservateurs de cette tradition ont développé des stratégies pour perpétuer cette pratique
par une augmentation de l‟excision clandestine. En outre, les filles sont excisées à un âge de
plus en plus précoce. C‟est ainsi que lors de la présentation du 2ème rapport périodique auprès
du Comité international de la Convention des Droits de l‟Enfant, UNHCRH a réitéré
l‟importance de l‟abolition non seulement des MGF mais aussi de la PTN telle que le mariage
précoce des fillettes.
3
La définition des abréviations est donnée dans la rubrique correspondant
23
Bilan quinquennal 2003-2008 du Plan d’action régional pour accélérer l’élimination des Mutilations génitales féminines en Afrique
Centrafrique
Tableau 3: DEMOGRAPHIE SOCIALE DES MGF CENTRAFRIQUE
POPULATION : 4.303.356
Femmes
Hommes
TOTAL
STRUCTURE DES 0-14 %
21
21
42
AGES
15-64 % 28
26
54
65+ %
2
2
4
EDUCATION %
38.5
64.8
INDICATEURS DE SANTE
RMM/100.000 NV
TMN‰
TMI : ‰
ISF
1100
40
87
4.8
STATUTS DES MGF
Prévalence%
Typologie
Age moyen
Médicalisation%
39 (grande baisse) T1 T2
15-49
JUSTIFICATIONS Rituels
Ethnicité
MAJEURES
Religion
Musulmane
Mariable
Contraintes
Convention sociale
LEGISLATIONS - CONVENTIONS REGIONALES ET INTERNATIONALES
Lois/Politiques nationales
CADP/PF
CEDEF
CDE
CATDP
Spécifiques
∆
1991
1992
ACTIVITES DE LUTTE CONTRE LES MGF
Sensibilisation ; formation ; plaidoyer
∆: Chartre africaine & Protocole sur les Femmes ; ∆: Chartre africaine seule
Avec un sous-sol diamantifère, une faune tropicale luxuriante et entourée de 5 pays
limitrophes, la Centrafrique est un des pays enclavés de l‟Afrique central avec une superficie
de 622.984 km2, une population estimée à 4.303.356 et une densité de 5.8 habitants par km 2.
Sa population féminine est d‟environ 51% avec un taux d‟alphabétisation de 39%. Les
données sanitaires révèlent un RMM de 1100 décès pour 100.000 NV, un TMN de 40‰, un
TMI de 87‰ et un ISF de 4.8 enfants par femme en âge de procréer.
En Centrafrique, les MGF sont pratiquées sur toute l‟entendue du territoire, avec un taux de
prévalence national en 2006 estimée à 39% les femmes âgées de 15-49 ans. Cette prévalence
connaît une baisse sensible depuis 1994 où le taux était de 43%. Les régions où l‟on
enregistre une forte prévalence sont celles de l‟Ouaka (81,3%), Na Na Gribizi (74,9%),
Bamingui-Bangoran (72%), Haute-Kotto (71,5%), Kémo (66,8%) et la Basse-Koto (65%)
(MICS3).
Les MGF sont plus pratiquées chez les Banda (59,3%) et les Mandja (43,5%), elles le sont de
beaucoup moins chez les femmes Mboum (1%), Ngbaka-Bantou (3,2%), Yakoma Sango
(2,5%) et Zandé – Nzakara (2,7%). La forme de mutilation la plus répandue est l‟ablation du
clitoris qui est pratiquée sur 82,5% des femmes. Les autres formes de MGF sont ablation des
lèvres (9,0%) et fermeture partielle du vagin (3,3%).
En 1996, le Président a émis une ordonnance interdisant les MGF sur tout le territoire. Cette
ordonnance a force de loi et toute infraction à son égard est passible d‟une peine
d‟emprisonnement allant de un mois à deux ans, et d‟une amende de 5100 à 100 000 francs
centrafricains (approximativement 8 à 160 US$). Cependant l‟applicabilité de ladite loi reste
encore à être démontrée.
Avec l‟appui des partenaires au développement, le Gouvernement centrafricain a mené et
continue de mener des actions de sensibilisation des différentes couches socioprofessionnelles
pour un changement de mentalité. Il s‟agit de créer un environnement favorable à la
promotion du statut social de la femme.
Ainsi, le soutien financier des partenaires a permis au Ministère des Affaires Sociales, à
travers la Direction Générale de la Promotion de la Femme et le CNLPN, de mettre en place
des comités locaux de lutte, d‟organiser des ateliers de formation, des campagnes de
24
Bilan quinquennal 2003-2008 du Plan d’action régional pour accélérer l’élimination des Mutilations génitales féminines en Afrique
sensibilisation, de réaliser une étude sur les pratiques néfastes et les violences à l‟égard des
femmes et de la petite fille et d‟élaborer des documents tels que le premier code de la famille,
la Politique Nationale de Promotion de l‟Egalité et de l‟Equité, le Plan d‟Action ainsi que le
Plan National d‟Action de Lutte contre les PNT et les violences à l‟égard des femmes et de la
petite fille.
Plusieurs partenaires internationaux ont appuyé également les ONG nationales dans
l‟organisation des journées de réflexion et de sensibilisation sur les pratiques néfastes et les
violences à l‟égard des femmes et de la petite fille.
25
Bilan quinquennal 2003-2008 du Plan d’action régional pour accélérer l’élimination des Mutilations génitales féminines en Afrique
côte d’ivoire
Tableau 4 : DEMOGRAPHIE SOCIALE DES MGF COTE D‟IVOIRE
POPULATION : 17.654.843
Femmes
Hommes
TOTAL
STRUCTURE DES 0-14 %
21
20
41
AGES
15-64 % 29
28
57
65+ %
2
1
3
EDUCATION %
38.6
60.8
INDICATEURS DE SANTE
RMM/100.000 NV
TMN‰
TMI ‰
ISF
690
65
48
4.8
STATUTS DES MGF
Prévalence%
Typologie
Age moyen
Médicalisation%
45 (faible baisse)
T1
15-49
NO
Rituels
Ethnicité
JUSTIFICATIONS Religion
Musulmane et Chrétienne
MAJEURES
Mariable
Contraintes
Convention sociale
LEGISLATIONS - CONVENTIONS REGIONALES ET INTERNATIONALES
Lois/Politiques nationales CADHP/PF* CEDEF
CDE
CATDP
spécifique
∆
1995
1991
1995
ACTIVITES DE LUTTE CONTRE LES MGF
Formation ; plaidoyer ; sensibilisation
(*)∆: Chartre africaine & Protocole sur les Femmes ; ∆: Chartre africaine
La Côte d‟Ivoire, connue pour son passé historique de „route de l’Ivoire‟, de ses richesses en
café et cacao et entourée de 5 pays limitrophes, abrite une population de 17.654.843
partageant une superficie de 322.460 km2 et une densité de 52 hab/km2. Sa population
féminine de 52% a un taux d‟alphabétisation de 65%. Malgré son haut niveau de
développement économique on note un RMM de 690 décès pour 100.000 NV, un TMN de
65‰, un TMI de 48‰, ISF est de 4,8 enfants par femme en âge de procréer.
Selon les différentes EDS, le taux de prévalence des MGF se situe aujourd‟hui à 36%, contre
43% en 2002 et 45% en 1999. En milieu rural, cette prévalence se situe à 38%, contre 34% en
milieu urbain. En considérant la variable géographique, on constate que ce sont les femmes du
Centre (13%), du Centre-Est (13%) et du Centre-Ouest (15%) qui subissent le moins la
pratique, en comparaison avec celles des autres régions du pays, où la prévalence des MGF
reste préoccupante : le Nord (87,9%), le Nord-Ouest (87,9%), l‟Ouest (73,3%), le CentreNord (58,8%) et le Nord-est (52,8%) (MICS, 2006).
L‟examen des données ethno-religieuses fait apparaître une amplification de la pratique chez
les femmes appartenant aux groupes ethniques Mandé du Nord (74,6%), Mandé du Sud
(69,6%) et Gur (66,5%) (EDS, 2002). Les musulmanes sont plus concernées (78,7%) que les
chrétiennes (17,0%).
Une loi promulguée le 18 décembre 1998 prévoit que toute atteinte à l‟intégrité des organes
génitaux d‟une femme, par voie de mutilation totale ou partielle, excision, désensibilisation
ou toute autre pratique, si elle s‟avère néfaste pour la santé, est passible d‟une peine
d‟emprisonnement de un à cinq ans, et d‟une forte amende (de 360.000 à 2 millions de francs
CFA). La peine est portée de cinq à vingt ans d‟emprisonnement si la victime meurt des suites
de son opération. Par ailleurs, si la procédure est effectuée par un médecin, il risque jusqu‟à
cinq ans d‟interdiction de pratique professionnelle.
En réponse à cette pratique, le gouvernement, avec le soutien des partenaires au
développement, a créé trois structures d‟intervention : (i) Le Programme National de la Santé
de la Reproduction; (ii) le Comité National de lutte contre les violences faites aux femmes et
aux enfants ; (iii) la Direction de l‟égalité et de la promotion du genre (MFFAS). Ces
structures sont appuyées par des ONG nationales et internationales (ONEF, Fondation Djigui,
26
Bilan quinquennal 2003-2008 du Plan d’action régional pour accélérer l’élimination des Mutilations génitales féminines en Afrique
ARK, ODAFEM, AFJCI, IRC, CARE, Save the Children), avec le soutien technique et
financier des partenaires au développement (OMS, UNFPA, PNUD, UNIFEM, ONUCI,
GTZ)
Dans le cadre des actions menées en faveur de l‟élimination des MGF, on distingue trois
principaux groupes d‟intervenants. Il s‟agit du Gouvernement ivoirien, représenté par le
MFFAS et le MSHP, des Partenaires au Développement (OMS, UNICEF, UNFPA) et des
ONG nationales et internationales identifiées ci-dessus. Ces différents acteurs articulent leurs
interventions autour de la sensibilisation et/ou plaidoyer, en direction des élus locaux, des
autorités administratives et politiques, des leaders communautaires et des populations cibles femmes, jeunes, excisées, juristes, forces de sécurité.
Les structures étatiques ainsi que les ONG ont dispensé des formations de trois types: (i)
formations d‟ordre social, en direction des femmes (excisées et non excisées), des exciseuses
et des leaders communautaires (Chefs de village et chefs religieux); (ii) d‟ordre médico-social
et professionnel, dispensées aux travailleurs sociaux et aux personnels de la santé, pour la
prise en charge médicale et psychosociale des complications liées aux MGF ; (iii) formations
d‟ordre juridique, dispensées aux forces de défense et de sécurité et aux magistrats, pour la
défense des victimes des MGF.
L‟analyse de la situation permet de relever certaines difficultés: (i) le faible engagement des
leaders politiques dans la lutte contre les MGF; (ii) l‟instabilité et la vulnérabilité actuelles de
l‟administration centrale; (iii) l‟absence d‟une approche de lutte commune aux différents
intervenants.
27
Bilan quinquennal 2003-2008 du Plan d’action régional pour accélérer l’élimination des Mutilations génitales féminines en Afrique
Erythrée
Tableau 5 : DEMOGRAPHIE SOCIALE DES MGF ERYTHREE
POPULATION : 5.028.475
STRUCTURE DES AGES
EDUCATION %
INDICATEURS DE SANTE
RMM/100.000 NV
630
STATUTS DES MGF
Prévalence%
95 (faible baisse)
0-14 %
15-64 %
65+ %
Femmes
21
28
2
71.5
TMN‰
25
Hommes
22
26
2
71.5
TMI ‰
50
TOTAL
43
54
4
ISF
5.3
Typologie
Age moyen
Médicalisation%
T1 T2 T3
15-49
0.6
Rituels
Ethnicité
JUSTIFICATIONS
Religion
Chrétienté
MAJEURES
Mariable
Dote
Contraintes
Médicalisation MGF des nourrissons
LEGISLATIONS - CONVENTIONS REGIONALES ET INTERNATIONALES
Lois/Politiques nationales
CADP/PF* CEDEF
CDE
CATDP
Non spécifiques
∆
1995
1994
ACTIVITES DE LUTTE CONTRE LES MGF
(*)∆: Chartre africaine & Protocole sur les Femmes ∆: Chartre africaine seule
Située sur la banquise ouest de la Mer rouge, frontalière avec Djibouti, Ethiopie et Soudan, la
République érythréenne partage a une superficie 121.320 km2, une densité de 36.8 hab./km2 et
une population 5.028.475. Environ 52% de sa population féminine a un taux d‟alphabétisation
de 72% TMI le plus élevé des pays sélectionnés, et un ISF de 5.3 enfants par femme en âge de
procréer. Sur le plan des données sanitaires on note un RMM de 630 décès maternels pour
100.000 NV, un TMN de 25‰ et un TMI de 50‰.
Les MGF sont une pratique très répandue en Erythrée, mais on doit signaler que la prévalence
est passée de 95% en 1995, à 89% en 2006. Cette baisse est particulièrement visible chez les
jeunes femmes âgées de moins de 25 ans. Le peu de différence des taux de prévalences liées à
l‟appartenance régionale ou ethnique indique une certaine homogénéité de la pratique dans le
pays. Par exemple, 86,4% des femmes vivant dans les zones urbaines ont été excisées, contre
90,5% de femmes vivant dans les zones rurales. Le taux de prévalence le plus bas (81,5%) est
enregistré dans la région de Debub. Les 3 types de MGF sont pratiqués dès le plus jeune âge,
14% le sont à l‟âge de 1mois de la naissance. Le Graphique 2 ci-contre montre le pourcentage
des MGF faites selon le groupe d‟âge. Ainsi, 21% de nouveau-nés sont excisés dans les 30
premiers jours de leur vie.
La médicalisation des MGF de 0.6%
expliquerait les taux élevés chez les enfants âgés
entre 1-5 ans. La religion semble être un facteur
déterminant: 61% des filles chrétiennes sont
excisées avant leur premier anniversaire, contre
18% musulmanes.
Erythrée figure parmi les 5 pays où les modules
de formation des professionnels de santé dans la
prévention et la prise en charge des
complications liées aux MGF ont été test.
L‟OMS a également fournit un appui technique
et financier à la formation des membres de
l‟Association des Médecins érythréens. Cependant depuis 2007 une loi a été abrogée pour
l‟abolition des MGF. A ce jour aucune arrestation n‟a été effectuée.
28
Bilan quinquennal 2003-2008 du Plan d’action régional pour accélérer l’élimination des Mutilations génitales féminines en Afrique
Ethiopie
Tableau 6 : DEMOGRAPHIE SOCIALE DES MGF ETHIOPIE
POPULATION : 77.431.000
Femmes
Hommes
TOTAL
STRUCTURE
DES 0-14 %
21
21.2
44
AGES
15-64 % 27
27
54
65+ %
2
1
3
EDUCATION %
25
37
INDICATEURS DE SANTE
RMM/100.000 NV
TMN ‰
TMI ‰
ISF
850
51
109
5.7
STATUTS DES MGF
Prévalence%
Typologie
Age moyen
Médicalisation %
73 (faible baisse)
T1 T2 T3
15-49
PD
Rituels
Ethnique
JUSTIFICATIONS
Religion
Chrétiens Musulman
MAJEURES
Mariable
Dote
Contraintes Médicalisation ; Convention sociale
LEGISLATIONS - CONVENTIONS REGIONALES ET INTERNATIONALES
Lois/Politiques nationales
CADH/PF*
CEDEF
CDE
CATDP
spécifiques
∆
1981
1991
1994
ACTIVITES DE LUTTE CONTRE LES MGF
Formation ; sensibilisation ; plaidoyer
(*) ∆: Chartre africaine & Protocole sur les Femmes ; ∆: Chartre africaine seule
Quoique pays enclavée connue pour sa culture incommensurable depuis la nuit des temps,
entouré de 5 pays limitrophes, l‟Ethiopie partage ses 1.127.127 km2 avec une population de
77.431.000, à raison de 60 hab./km2. D‟environ 49% la population féminine, l‟alphabétisation
des Ethiopiennes est évaluée à 25%. Les données sanitaires font état d‟un RMM de 850 décès
pour 100.000 NV, un TMN de 51‰, un TMI de 109‰, ISF de 5.7 enfants par femme en âge
de procréer.
Selon EDS la prévalence des MGF est passée de 80% en 2000 à 74,3% en 2005, avec une
variation par groupe ethnique qui se distribue entre 0-95%: Gambilla-0% ; Amhara: 81,1% ;
Harar 81,2% ; et Afar 95%. Les enfants et les adolescentes sont les groupes les plus ciblés.
En 1987 le CNLPTN aux enfants et aux femmes s‟est également penché sur d‟autres pratiques
traditionnelles affectant la santé des enfants et des femmes, notamment le mariage infantile,
extraction des dents de lait, pour ne citer que ces derniers.
Pour réduire la prévalence, la réponse stratégique s‟est faite avec la collaboration de 5 types
d‟acteurs : (1)les organisations gouvernementales (ministère de la Santé, ministère des
Affaires féminines et sociales, de l‟Education, de l‟Agriculture, de la Culture, de la
Population, de la justice et de la police) ; (2) les ONG locales (EGLDAM, SNNPR, CFES,
EWLA, EECMY, PANOS)4 ; (3) les ONG internationales (ICA, CARE-Ethiopie, CCFC,
ACTION-AIS, Christian AID, Pathfinder International, Save-the-Children/Norway) ; (4) les
organisations bilatérales (USAID, NORAD, GTZ, DIFID, SIDA) ; et (5) les organisations
multilatérales (OMS, UNICEF, FNUAP, CEA, UA).
Siège de plusieurs institutions régionales et internationales, y compris les Sièges du CI-AF, de
la CEA et l‟UA, le plaidoyer élaboré par les ONG locales a ciblé les institutions multilatérales
(OMS, UNICEF, FNUAP) et d‟autres acteurs (EWLA, NEWA) aboutissant ainsi à des
conventions avec les ASNU visant la tolérance-zéro des MGF. L‟action concertée des
différents intervenants consistait essentiellement dans les actions de recherche, de plaidoyer,
de formation et de sensibilisation.
4
Définitions des acronymes et abréviations sont données dans la rubrique correspondante
29
Bilan quinquennal 2003-2008 du Plan d’action régional pour accélérer l’élimination des Mutilations génitales féminines en Afrique
Plusieurs activités de recherche, qui se sont déroulées sur la période 2000-2005, ont fait
ressortir bien des obstacles susceptibles de miner la lutte. Elles ont notamment contribué à la
connaissance des attitudes des populations face aux MGF et rendu possibles des
recommandations éclairées. L‟introduction des MGF dans la législation en 2005 ainsi que la
participation des leaders religieux, sont à mettre à l‟actif de ces plaidoyers.
L‟engagement pour la réduction de la prévalence se perçoit également dans la formation. En
effet, des activités de formation de masse focalisées sur les conséquences des MGF dans
toutes les régions ont été menées par des acteurs comme CARE/Ethiopie, MFM, et
EGLDAM. Il est prévu une recherche sur les MGF et conséquences obstétricales suivie de
plaidoyer et de formation.
Cependant cet ensemble d‟actions rencontre des résistances qui trouvent leurs fondements
dans la tradition, la culture et la religion. L‟insuffisance des ressources tant financières
qu‟humaines et l‟inapplication des lois, sont autant de facteurs qui fragilisent la lutte.
30
Bilan quinquennal 2003-2008 du Plan d’action régional pour accélérer l’élimination des Mutilations génitales féminines en Afrique
Guinée
Tableau 7a : DEMOGRAPHIE SOCIALE DES MGF GUINEE
POPULATION : 9.788.000
STRUCTURE DES AGES
EDUCATION %
INDICATEURS DE SANTE
RMM/100.000 NV
748
STATUTS DES MGF
Prévalence%
99
0-14 %
15-64 %
65+ %
Femmes
23
27
2
18.1
TMN‰
48
Hommes
22
25
1
42.6
TMI‰
98
TOTAL
45
52
3
ISF
5.7
Typologie
Age moyen
Médicalisation%
T1 T2 T3
15-40
10
Rituels
Ethnicité
JUSTIFICATIONS
Religion
Musulmane
MAJEURES
Mariable
Contraintes Médicalisation ; Résistance populaire
LEGISLATIONS - CONVENTIONS REGIONALES ET INTERNATIONALES
Lois/Politiques nationales
CADP/PF*
CEDEF
CDE
CATDP
Spécifiques
∆
1982
1990
1989
ACTIVITES DE LUTTE CONTRE LES MGF
Formation ; sensibilisation ; implication des communautés à tous les nivaux
(*) ∆: Chartre africaine & Protocole sur les Femmes ∆: Chartre africaine seule
La Guinée, souvent référée comme étant le „château d‟eau‟ de l‟Afrique occidentale pour ses
multiples cours d‟eau, est entouré de 6 pays limitrophes. Sa population estimée à 9.788.000
est répartie sur une superficie de 245.857 km2 et 31.6 hab. /km2. Sa population féminine, elle
représente 52% avec un taux d‟alphabétisation de 18%. Les données sanitaires font ressortir
un RMM de 748 décès, un TMN de 48‰, un TMI de 98‰ et ISF de 5.7 enfants par femme
en âge de procréer.
Les MGF T1-T2-T3 sont largement répandues
en Guinée. Les résultats d‟enquêtes réalisées
par EDS 1999-2005 permettent d‟affirmer que
la quasi-totalité des femmes enquêtées connaît
la pratique. Selon Tableau7b la prévalence
MGF était de 99,0% en 1999, puis de 95,6 %
en 2005. Toutes les ethnies sont concernées,
en particulier les Soussous, les Maninka, les
Peuls et les Guerzés.
Tableau 7b : Evolution du taux de prévalence de l‟excision de 1999
à 2005 en fonction des régions naturelle
Prévalence des MGF (%)
REGIONS
EDS 1999
EDS 2005
Basse Guinée
99.7
99.9
Haute Guinée
99.6
99.3
Moyenne Guinée
99.5
99.1
Guinée Forestière
99.5
87.5
Zone de Conakry
98.6
94.2
Ensemble pays
99.0
95.6
La pseudo-infibulation est pratiquée chez les
Peuls, groupe où l‟excision est la plus répandue. Chez les Guerzés, l‟excision se fait plus tard
(juste avant le mariage, voire après) et moins fréquemment. L‟âge varie de 4 à 8 ans en
Moyenne Guinée, 10-12 ans en Basse et Haute Guinée, et de 4 à 70 ans en Guinée Forestière.
A 95% musulmane la Guinée a une appartenance religieuse quasi homogène.
Un certain nombre de recherches ont été réalisées aux fins de mesurer l‟ampleur du
phénomène et de jauger les connaissances et attitudes des populations à l‟égard des MGF. En
Guinée, il a été constaté que 21,8 % des filles et des femmes âgées de 15 à 19 ans avaient été
opérées par des agents de la santé, contre 1 % pour les femmes âgées de 45 à 49 ans. Selon
l‟EDS 2005, 10% des mutilations sont effectuées par le personnel médical (médecins,
infirmières ou sages-femmes). Ce recours aux professionnels de santé est particulièrement
important en milieu urbain (54 %) et à Conakry (60 %). La pratique de la mutilation en
Guinée se fait de plus en plus sur les nourrissons et les fillettes; plus de 3 femmes enquêtées
sur 10 soit 36%, ont déclaré avoir subi cette pratique avant l‟âge de 5 ans.
31
Bilan quinquennal 2003-2008 du Plan d’action régional pour accélérer l’élimination des Mutilations génitales féminines en Afrique
Cependant, selon l‟article 265 du Code Pénal les MGF illégales en Guinée sont punies par une
peine de travaux forcés à perpétuité. Si elles entraînent le décès de la victime dans un délai de
40 jours, le contrevenant s‟expose à la peine de mort. L‟article 6 de la Constitution guinéenne,
qui interdit les traitements cruels et inhumains, peut aussi être interprété dans le sens de
l‟inclusion de ces pratiques, si un cas venait à être porté devant la Cour Suprême. Aucun cas
de MGF n‟a toutefois, à ce jour, été porté devant les tribunaux. A ce jour, la Cour Suprême de
Guinée travaille actuellement en vue d‟insérer dans la Constitution guinéenne une clause
spécifique interdisant ces pratiques.
Afin de relever le défi de l‟excision, le Gouvernement articule ses actions autour du plaidoyer,
de nombreuses formations et de recherche-actions. Les actions de plaidoyer et de
sensibilisation sont menées en direction des autorités politiques (décideurs, députés), des
leaders communautaires (religieux, leaders d‟opinions), des communautés, des partenaires au
développement, des médias, des élèves et enseignants, des exciseuses/accoucheuses
traditionnelles, des associations/groupements, des pairs éducateurs.
Compte tenu du taux élevé de la médicalisation des MGF (estimée à 10%), en 2006, un apport
financier de l‟USAID et l‟appui technique du AFRO, le Ministère des la Santé et de l‟Hygiène
publique et le Ministère des Affaires sociales ont effectué une formation de formateurs des
prestataires de santé dans la prévention de la médicalisation des MGF et la prise en charge de
leurs conséquences médicales et psychosociales.
En 2007, l‟OMS a apporté un appui technique de la mise en place de mécanismes de
concertation et de coordination des intervenants à travers le Comite National de Crise (CNC)
issue des violences perpétrées en 2006-2007. Les membres du CNC ont été formés à la
prévention et prise en charge intégrées des complications des MGF et autres violences
sexuelles faites aux filles et aux femmes, en particulier dans la lutte contre la médicalisation
des MGF. La formation des formateurs a été menée en équipe avec la collaboration de
l‟UNICEF, du FNUAP et de l‟UNIFEM. La révision et l‟adaptation des modules OMS de
formation de formateurs dans de „„la prévention et de la prise en charge des complications
liées aux mutilations sexuelles féminines dans le contexte guinéen‟‟ suivi de l‟intégration
dans les institutions de formation est en cours d‟exécution.
La lutte contre les MGF en Guinée est confrontée à un certain nombre de difficultés et
contraintes: (i) la non application des dispositions de la loi SR ; (ii) le faible niveau
d‟éducation des communautés ; (iii) le statut de subordination de la femme qui limite leur
pouvoir de décision; (iv) la persistance des traditions susceptibles influencée par la pression
sociale ; (v) la faible implication des leaders d‟opinions et les religieux ; et, (vi) le besoin
d‟une plus grande coordination des stratégies mises en œuvre.
32
Bilan quinquennal 2003-2008 du Plan d’action régional pour accélérer l’élimination des Mutilations génitales féminines en Afrique
Libéria
Tableau 8 : DEMOGRAPHIE SOCIALE DES MGF LIBERIA
POPULATION : 3.042.004
Femmes
Hommes
TOTAL
0-14 %
22.4
22.4
43
STRUCTURE DES 15-64 % 28.5
27.2
54
AGES
65+ %
1.8
1.2
EDUCATION %
22.4
53.9
INDICATEURS DE SANTE
RMM/100.000 NV
TMN
TMI
ISF
700
66‰
157‰
6.8
STATUTS DES MGF
Prévalence
Typologie
Age moyen
Médicalisation%
50% (grande baisse) T1
15-49
Rituels
Ethnicité
JUSTIFICATIONS
Religion
MAJEURES
Mariable
Control de la sexualité
Contraintes Convention sociale
LEGISLATIONS - CONVENTIONS REGIONALES ET INTERNATIONALES
Lois/Politiques nationales
CADP/PF*
CEDEF
CDE
CATDP
Non spécifiques
∆
1979
1999
1984
ACTIVITES DE LUTTE CONTRE LES MGF
Formation ; plaidoyer ; sensibilisation
(*) ∆: Chartre africaine & Protocole sur les Femmes ; ∆: Chartre africaine seule
Bordé par l‟Océan atlantique et connu pour ses grandes forêts d‟hévéa, le Liberia est entouré
par la Sierra Leone, la Guinée et la Côte d‟Ivoire. Sa population, estimée à 3.042.004, se
partage les 111.370 km2 à raison de 29.5 hab./km2. La population féminine de 55% a un taux
d‟alphabétisation estimé à 22.4%. Les données sanitaires donnent un RMM de 700 décès
maternels pour 100.000 NV; un TMN de 66‰, un TMI de 157‰ et ISF de 6.8 enfants par
femme en âge de procréer. Le taux national de prévalence estimé à 50% du Type1. Les MGF
sont de ce fait répandus au Liberia dans la mesure où elles se pratiquent dans 12 groupes
ethniques sur 16 que compte le pays. Les fillettes/adolescentes sont soumises à cette pratique
qui prend ses racines dans les croyances culturelles. En effet, on pense que les MGF réduisent
le désir sexuel et garantissent la fidélité féminine.
En vue de réduire l‟impact de la généralisation de cette pratique, des actions de lutte sont
conduites par le NATPAH5 en collaboration avec les ministères de la Santé, de l‟Education,
de l‟information, de la culture et du tourisme. Outre la sensibilisation, le NATPAH mène de
1998 à 2007, des activités de recherche sur les pratiques des MGF. Aussi, plus de 2000
séances de sensibilisations ont été réalisées par NATPAH. Ces actions ont permis de
développer des activités alternatives destinées à réduire les MGF. En 2002, le Liberia a
participé au lancement des modules de formation OMS sur la prévention et prise en charge
des MGF. Suite aux différentes présentations des experts sur les MGF et leurs conséquences,
le témoignage poignant d‟une Libérienne a révélé combien pouvait être dévastateur le manque
d‟information adéquate sur les MGF et leurs conséquences psychosociales.
Ces recherches ont permis de mieux élaborer le plaidoyer en direction des hommes politiques,
des leaders religieux et des ASNU. Ces plaidoyers ont également amené une déclaration des
députés, s‟engageant avec les acteurs de terrain pour la lutte contre les MGF. Outre ces
actions de plaidoyer, le NATPAH a contribué à la formation des formateurs, des agents de
média, des exciseuses et des agents de santé. Cependant, des obstacles freinent encore les
efforts de terrain. On note encore des zones de résistance, principalement dans les milieux
ruraux pratiquant dans le secret total. A cet effet, il est nécessaire de mener des activités
IEC/CCC à tous les niveaux du système politique du pays.
5
National Association on Traditional Practices Affecting the Health of Women and Children
33
Bilan quinquennal 2003-2008 du Plan d’action régional pour accélérer l’élimination des Mutilations génitales féminines en Afrique
Mali
Tableau 9: DEMOGRAPHIE SOCIALE DES MGF MALI
POPULATION : 13.518.000
STRUCTURE DES AGES
EDUCATION %
INDICATEURS DE SANTE
RMM/100.000 NV
1200
STATUTS DES MGF
Prévalence%
85 (grande baisse)
0-14 %
15-64 %
65+ %
Femmes
20.6
21.5
2
15.9
TMN‰
55
Hommes
21.1
20.8
1
32.7
TMI ‰
120
TOTAL
48
49
3
ISF
6.8
Typologie
Age moyen
Médicalisation%
T1 T2 T3
15-49
2.5
Rituels
Ethnicité
JUSTIFICATIONS
Religion
Musulmane, animiste, chrétienne
MAJEURES
Mariable
Dote
Contraintes Convention sociale ; Transhumance
LEGISLATIONS - CONVENTIONS REGIONALES ET INTERNATIONALES
Lois/Politiques nationales
CADP/PF* CEDEF
CDE
CATDP
Non spécifiques
∆
1985
1990
1999
ACTIVITES DE LUTTE CONTRE LES MGF
Formation ; campagnes de sensibilisation ; reconversion des exciseuses
(*) ∆: Chartre africaine & Protocole sur les Femmes ; ∆: Chartre africaine seule
Le Mali, nanti d‟une richesse culturelle incommensurable au cœur de l‟Afrique de l‟Ouest, est
entouré par 7 pays limitrophes faisant de lui un pays enclavé. Sa superficie de 1.240.000 km 2
et une densité de 9hab/km2 compte une population de 13.518.000 dont 52% sont des femmes
avec un taux d‟alphabétisation de 16%. Du point de vue des données sanitaires elles affichent
un RMM de 1200 décès maternels pour 100.000 NV, un TMI de 55‰, un TMI 120‰ de et
ISF de 6.8 enfants par femme en âge de procréer.
Les données de l‟EDS IV de 2006 montrent une baisse avec 85% contre 92% 5 ans plus tôt.
Cependant, la perspective d‟une réduction des MGF est peu probable puisque 3 femmes sur 4
(76%) entendent poursuivre la pratique. MGF sont plus fréquentes chez les musulmanes
(94%) que chez les chrétiennes (85%) et les animistes (88%), la seule influence déterminante
est l‟appartenance ethnique. En effet la prévalence des MGF est au-dessus de 95% chez les
Peuls, Sarakolé/Soninké, Malinkés et Bambara ; à 84% chez les Dogons ; 47,8% chez les
Songhaï ; et à 16,5% chez les Tamacheck. La distribution des prévalences est sensiblement la
même à travers toutes les régions à l‟exception de Tombouctou/Gao avec 9,3% là où résident
de nombreuses femmes Touareg et Songhaï.
Le Population Council a effectué une étude au Mali pour évaluer les stratégies de
reconversion utilisées par 3 ONG qui ont employé des agents de terrain pour informer les
exciseurs et les communautés des effets négatifs de MGF sur la santé des femmes. Deux
d‟entre elles ont mis au point des plans de création de revenu pour fournir aux exciseurs des
moyens alternatifs de subsistance, l‟autre a essayé de former les exciseurs à prêcher l‟abandon
de MGF.
La volonté politique du Gouvernement en terme d‟organisation nationale de la lutte contre les
MGF, s‟est traduite par la création du CNAPN à la santé de la femme et de l‟enfant. Dans le
cadre de ses missions, le CNAPN a eu à mener avec l‟appui de l‟OMS, le concours des ONG
nationales et internationales et le soutien financier des Partenaires au développement, des
activités essentiellement autour du plaidoyer, de la formation et de la recherche.
En effet, de multiples actions de plaidoyer ont été initiées en direction des décideurs
politiques, administratifs, religieux et communautaires. Dans le domaine de la formation, la
stratégie adoptée consiste à doter les responsables, coordinateurs et formateurs des projets, de
34
Bilan quinquennal 2003-2008 du Plan d’action régional pour accélérer l’élimination des Mutilations génitales féminines en Afrique
compétences techniques leur permettant de répondre aux attentes du projet. La même
formation est reprise par les formateurs à l‟attention des agents de terrain, des leaders qui sont
en contact direct avec les populations. La recherche dans le domaine des MGF comporte deux
volets: la recherche opérationnelle et académique.
Le CNAPN regroupe tous les intervenants dans le domaine de l‟abandon pour la pratique de
l‟excision dans une dynamique partenarial entre la société civile, les ONG et associations et
les partenaires au développement. Ses fonctions sont entre-autre de mobiliser des ressources ;
coordonner des activités ; faire des rencontres périodiques avec les partenaires ; mener des
études de recherches, et assurer le suivi et évaluation. Au sein du CNAPN est le Programme
National de lutte contre l‟excision qui poursuit les mêmes objectifs que le CNAPN, assure la
coordination, le suivi et l‟évaluation de la politique et des stratégies de lutte contre l‟excision.
Plusieurs associations nationales ont émergée, dont « Association malienne pour le suivi et
l‟orientation des pratiques traditionnelles » créée en 1991, interviennent dans l‟abandon de
l‟excision et l‟éducation sexuelle traditionnelle et aide à la reconversion des exciseuses en
collaboration avec « l‟Association des femmes fistuleuses » créée sous l‟impulsion
d‟anciennes victimes de fistules obstétricales venues de l‟intérieur du pays.
Cependant, la lutte contre les MGF/PTN connaît beaucoup de difficultés au Mali, la
principale contrainte demeure le peu de visibilité des décideurs. Malgré les efforts en cours,
les résistances développées par des courants conservateurs à tous les niveaux gênent le
processus d‟élimination des MGF. Au-delà d‟un appui financier aux activités en cours, il
s‟agirait de renforcer l‟engagement politique en faveur des actions et de multiplier des
rencontres.
35
Bilan quinquennal 2003-2008 du Plan d’action régional pour accélérer l’élimination des Mutilations génitales féminines en Afrique
Mauritanie
Tableau 10: DEMOGRAPHIE SOCIALE DES MGF MAURITANIE
POPULATION : 3.778.000
STRUCTURE
DES
AGES
EDUCATION %
INDICATEURS DE SANTE
RMM/100.000 NV
1000
STATUTS DES MGF
Prévalence%
71 (augmentation)
0-14 %
15-64 %
65+ %
Femmes
19
25
1
43.4
TMN‰
70
Hommes
27
27
1
59.5
TMI‰
78
TOTAL
46
52
2
ISF
5.6
Typologie
Age moyen
Médicalisation%
T1 T2
15-49
1.1
Rituels
Initiations
JUSTIFICATIONS
Religion
Musulmane
MAJEURES
Mariable
Contraintes Convention sociale, médicalisation
LEGISLATIONS - CONVENTIONS REGIONALES ET INTERNATIONALES
Lois/Politiques nationales
CADP/PF* CEDEF
CDE
CATDP
Non spécifiques
∆
ACTIVITES DE LUTTE CONTRE LES MGF
Education religieuse ;
(*) ∆: Chartre africaine & Protocole sur les Femmes ; ∆: Chartre africaine seule
D‟une superficie de 1.030.700 km2, une population de 3.778.000 avec 2.7 hab./km2 et
entourée de 4 pays limitrophes, la Mauritanie est la porte d‟entrée du Sahara. Environ 45%
sont des femmes avec un taux d‟alphabétisation de 43%. Les données sanitaires sont pour le
RMM de 1000 décès maternels pour 100.000 NV, un TMN de 70‰, un TMI de 78‰ et un
ISF de 5.6 enfants par femme en âge de procréer.
Les MGF sont une pratique très répandue en Mauritanie. Sur l‟ensemble du territoire, il existe
d‟importantes différences entre les femmes en fonction de la région, de l‟ethnie ou du niveau
d‟éducation. Selon le Graphique3 environ 97% des MGF sont réalisées avant que la fillette
n‟est atteinte sa première année de vie. Soixante et onze % des femmes mauritaniennes âgées
de 15 à 49 ans ont déclaré avoir subi une forme de MGF. Pour les femmes âgées de plus de 19
ans, le taux de prévalence est légèrement inférieur (66%).
Les taux de prévalence sont particulièrement
élevés dans deux zones : le Sud-est (97%) et le
Centre (88%). Il s‟agit des zones frontalières
avec le Mali, où les MGF sont également très
répandues. Des différences semblables existent
selon le niveau d‟éducation. Les femmes ayant
reçu une éducation religieuse ont les taux de
prévalence les plus élevés (80%), par rapport
aux femmes qui ont atteint ou dépassé le
niveau d‟enseignement général (lycée et
collège : 58%). Concernant les ethnies, la
pratique est plus courante chez les Soninké
(92%), les Pular (72%) et les femmes d‟origine
arabe (71%).
L‟existence d‟une prévalence des MGF pour les moins de 1an est un sujet préoccupant et
semble ne pas encore recevoir une attention de la part des autorités nationales.
36
Bilan quinquennal 2003-2008 du Plan d’action régional pour accélérer l’élimination des Mutilations génitales féminines en Afrique
Nigéria
Tableau 11 : DEMOGRAPHIE SOCIALE DES MGF NIGERIA
POPULATION : 140.001.000
STRUCTURE DES AGES
EDUCATION %
INDICATEURS DE SANTE
RMM/100.000 NV
800
STATUTS DES MGF
Prévalence%
35 (faible baisse)
0-14 %
15-64 %
65+ %
Femmes
22
29
2
60.1
TMN‰
53
Hommes
22
24
1
78.2
TMI‰
100
TOTAL
44
53
3
ISF
5.6
Typologie
Age moyen
Médicalisation%
T1 T2 T3
15-49
12.6
Rituels
Ethnicité
JUSTIFICATIONS
Religion
Musulmane
MAJEURES
Mariable
Virginité
Contraintes Résistance à changer
LEGISLATIONS - CONVENTIONS REGIONALES ET INTERNATIONALES
Lois/Politiques nationales
CADP/PF* CEDEF
CDE
CATDP
Spécifique
∆
1985
1991
2001
ACTIVITES DE LUTTE CONTRE LES MGF
Formation ; campagnes de sensibilisation ; implication des communautés
(*) ∆: Chartre africaine & Protocole sur les Femmes ; ∆: Chartre africaine seule
Riche de son héritage ancestrale et de ses ressources tant naturelles qu‟humaines, le Nigéria
est le pays le plus peuplé d‟Afrique avec une population de 140.001.000 d‟habitants
partageant 923.768 km2, soit environ 141 hab./km2. La population féminine compte 53% dont
60% alphabétisées. Cependant les données sanitaires font état d‟un RMM de 800 décès
maternels pour 100.000 NV, un TMN de 53‰, un TMI de 100‰ et un ISF de 5.6 enfants par
femme en âge de procréer. Dans certaine partie du Nigeria, il a été dit par exemple que la
MGF a pour but de permettre à la future belle-mère de vérifier la virginité de la future épouse.
Quoique la prévalence nationale de 2007 soit estimée à 35%, la pratique des MGF s‟observe
dans tous les Etats de la Fédération où les taux de prévalence se situent entre 0,6 et 98,6%.
Les zones les plus touchées par les pratiques sont le Sud-ouest (65%), le Sud-est (68%) et le
Sud (77%). Cependant le taux de prévalence nationale se situe à 19% (NDHS 2003), avec
12% de femmes qui souhaitent continuer cette pratique. Malgré l‟engagement de l‟Etat à
éliminer les MGF, les pratiques persistent lié non seulement à l‟ignorance mais également au
manque d‟appui financier substantiel aux différentes ONG œuvrant dans ce domaine.
Mais en terme de réponse à la lutte, le Nigeria présente une spécificité: des études menées sur
les MGF sont antérieures à l‟adoption du PARE/MGF1997. Les MGF sont intégrées dans les
curricula de formation et dans la Constitution. Après l‟adoption du PARE/MGF1997 d‟autres
études se sont déroulées sur la période 1997-2005. Elles ont permis de relever le niveau de
connaissance des spécialistes et non spécialistes.
En effet 12 ans avant l‟adoption du PARE/MGF, 2 premières études sur les MGF ont été
réalisées par l‟Association de Femmes Agents de Santé. Depuis 1999 on note l‟introduction
des MGF dans les curricula de formation des jeunes à tous les niveaux : de l‟enseignement
primaire à l‟université en passant par les écoles spécialisées (formation des agents de santé et
médecins). On doit rappeler que cette formation s‟appuie sur les résultats des recherches
qualitatives et quantitatives menées antérieurement.
La 3ème stratégie de réponse reste la lutte contre les MGF serait le plaidoyer menée en
direction des juristes, des députés, des leaders religieux et des groupes de femmes, avec le
soutien du Ministère fédéral de la Santé et les ONG nationales et internationales.
37
Bilan quinquennal 2003-2008 du Plan d’action régional pour accélérer l’élimination des Mutilations génitales féminines en Afrique
Des campagnes de sensibilisation sont menées par les acteurs de la société civile avec l‟appui
des ASNU (OMS, FNUAP, UNICEF), des ONG internationales et des services ministériels
(Ministère fédéral de la Santé, Ministère fédéral des Affaires féminines et du développement
Social, Ministères de la Justice et Ministère de l‟Education).
Comme résultat, on note que 13.000 séances de sensibilisation ont ciblé les écoles
secondaires, favorisant la naissance des clubs dans les lycées et collèges ; un groupe
technique multisectoriel anti-MGF de 25 membres a été formé ; des séances de sensibilisation
des politiciens et décideurs nationaux, ainsi que les religieux à tous les niveaux ; recyclage
des accoucheuses traditionnelles ; reconversion des exciseuses à travers des opportunités
économiques ; l‟implication des hommes par des séminaires sexospécifiques à leur intention.
Au Nigeria, il n‟existe pas encore de loi fédérale interdisant les pratiques de MGF. Cependant
les opposants à ces pratiques se réfèrent à la section 34.1a de la Constitution de la République
Fédérale du Nigeria de 1999 stipule que « aucun individu ne sera soumis à la torture ou à des
traitements inhumains ou dégradants », pour en appeler à l‟interdiction des pratiques de MGF
sur tout le territoire. Selon le rapport national, un projet de législation en faveur de
l‟interdiction est en cours de soumission.
Néanmoins, à ce jour une politique nationale de lutte contre les MGF et son plan d‟action
pour leur abolition ont été approuvés par le Conseil National de la Santé. En plus de la
ratification des instruments internationaux CEDEF, CDE et ACDP, le Nigeria a ratifié le
Protocole de Maputo en 2005 relatif aux droits des femmes issues de l‟ACDP.
Toutefois, des obstacles se présentent qui sont essentiellement: (i) la résistance des femmes
excisées au changement de comportement; (ii) la persistance de la culture et de la tradition
relatives aux pratiques des MGF; (iii) l‟absence de système d‟évaluation des actions pour
l‟élimination des MGF; (iv) le faible niveau des appuis aux ONG nationales.
38
Bilan quinquennal 2003-2008 du Plan d’action régional pour accélérer l’élimination des Mutilations génitales féminines en Afrique
Sénégal
Tableau 12 : DEMOGRAPHIE SOCIALE DES MGF SENEGAL
POPULATION : 11.987.121
STRUCTURE
DES
AGES
EDUCATION %
INDICATEURS DE SANTE
RMM/100.000 NV
690
STATUTS DES MGF
Prévalence%
28 (augmentation)
0-14 %
15-64 %
65+ %
Femmes
20
29
2
29.2
TMN‰
31
Hommes
21
27
1
51.1
TMI‰
77
TOTAL
41
56
3
ISF
4.8
Typologie
Age moyen
Médicalisation%
T1 T2 T3
14-49
0.6
Rituels
Ethnicité
JUSTIFICATIONS
Religion
Musulmane
MAJEURES
Mariable
Dote
Contraintes Convention sociale ; transhumance
LEGISLATIONS - CONVENTIONS REGIONALES ET INTERNATIONALES
Lois/Politiques nationales
CADP/PF*
CEDEF
CDE
CATDP
spécifiques
∆
1985
1990
1986
ACTIVITES DE LUTTE CONTRE LES MGF
Promoteurs ; alternative sans MGF ; capacitation des villages clés ; plaidoyer
(*) ∆: Chartre africaine & Protocole sur les Femmes ; ∆: Chartre africaine seule
Situé à l‟ouest au bord de l‟Océan Atlantique et entouré de 4 pays limitrophes, le Sénégal
couvre 196.190 km2 et une population de 11.987.121 à raison d‟environ de 54 hab./km2.
Nanti d‟un immense patrimoine socioculturel et économique, le Sénégal joui d‟une grande
influence sous-régionale. Cependant sa population féminine qui compte 51% a un taux
d‟alphabétisation estimé à 29%. Les données sanitaires démontrent un RMM de 690 décès
maternels pour 100.000 NV, un TMN de 31‰, un TMI de 77‰ et un ISF de 4.8 enfants par
femme en âge de procréer.
Au Sénégal la pratique des MGF est bien ancrée dans les traditions. Dans la population
générale, 83% déclarent avoir subi l‟excision de Types I et 2 et 12% de Type III. Ainsi, la
pratique des MGF est quasiment universelle au sein des groupes ethniques. Les MGF
répondent en effet à une convention sociale à laquelle les communautés se conforment.
L‟EDS IV révèle que la prévalence nationale est de 28%. Les résultats selon l‟âge montrent
une légère baisse des proportions de femmes excisées, des générations anciennes aux plus
récentes. En effet de 31% dans le groupe 45-49 ans, la proportion passe à 25% dans le groupe
15-19 ans. Il apparaît également que parmi les mères excisées, 23% n‟ont pas l‟intention de
faire exciser leur fille. Du point de vue zonale on note 94% à Kolda, 93% à Tambacounda,
86% à Saint-Louis, 4% à Louga et 2% à Diourbel.
En janvier 1999, une loi a été promulguée rendant illégale la pratique MGF au Sénégal. Le
Président Diouf a fait un appel solennel en faveur de l‟arrêt de ces pratiques et de la
législation les interdisant. La loi a modifié le Code pénal en faisant des MGF des actes
criminels, réprimés par une sentence pouvant aller de un à cinq ans d‟emprisonnement.
Cependant le porte-parole de RADDHO6 aurait déclaré que « l’adoption de la loi ne se suffit
pas en elle-même, car il est désormais nécessaire de la faire appliquer rigoureusement pour
que les femmes en bénéficient. » Quelques femmes se penchent sur la question.
Au Sénégal, plusieurs ONG et associations interviennent aux côtés de l‟Etat pour promouvoir
l‟abandon définitif des MGF. Parmi eux on peut citer : COSEPRAT, TOSTAN, le Réseau des
parlementaires en Population et développement, le Réseau des Journalistes en Population et
développement, le Réseau des communicateurs traditionnels, l‟Association sénégalaise pour
6
Rassemblement africain pour la défense des droits de l'homme
39
Bilan quinquennal 2003-2008 du Plan d’action régional pour accélérer l’élimination des Mutilations génitales féminines en Afrique
le bien-être familial. A des degrés divers, ils bénéficient de l‟appui des partenaires de la
communauté internationale dans l‟exécution de leurs programmes: UNICEF, OMS, UNFPA,
UNIFEM et de diverses Fondations.
En 1999 l‟UNICEF a estimé qu‟environ 5000 villages pratiquaient les MGF au Sénégal. Des
membres du comité des femmes rendent visite aux familles où les filles sont considérées à
risque de MGF ou de mariage précoce, jusqu‟à ce qu‟on considère que le risque est passé. Les
efforts portent en particulier sur les mères pour les sensibiliser aux conséquences néfastes de
ces pratiques.
Afin de promouvoir des rituels sans excision, l‟expérience de TOSTAN mérite d‟être
mentionnée. En effet, TOSTAN, ONG nationale, a acquit sa renommée nationale en initiant
un programme de création «des villages-phares » (communément appelé „Village
Empowerment Programme’) dans les districts de Kdougou et Tambacounda avec l‟appui de
l‟UNICEF. De Janvier 2000 à Avril 2001 au moins 60 villages ont ainsi été formés sur les
droits humains, leurs responsabilités, santé et hygiène. En Mai 2001 un changement
perceptible s‟était fait ressentir dans la communauté. Les femmes se sont mobilisées pour
mener des campagnes de sensibilisation pour l‟abandon des MGF/PTN dans leurs
communautés voisines. C‟est ainsi que 141 villages ont déclaré mettre fin aux pratiques MGF
et au mariage précoce et de promouvoir la planification familiale. Le dialogue s‟est ainsi
établi et des témoignages personnels− tel que „cet instituteur retraité qui atteste que durant
les séances sportives, certaines filles eurent des saignements et qu’il avait due les emmener
d’urgence à l’hôpital. Quoiqu’il ait vainement essayé d’attirer l’attention, il était maintenant
heureux de voir enfin la réalisation de ses souhaits‟. En 2005, environ 1.630 villages ont été
motivés et ont décidé d‟abandonner les MGF (UNICEF, 2006).
Diverses recherches ont été menées sur la situation des MGF dans les communautés de base
sur les connaissances, attitudes et pratiques relatives aux MGF dans les communautés et dans
les structures d‟éducation ; et des évaluations d‟impact de différents programmes et les
complications obstétricales. A cet effet, le Sénégal a participé à l‟étude rétrospective OMS
2003 sur les MGF et conséquences obstétricale attestant leurs effets négatifs et les risques de
morbidité et mortalité encourus par la mère et le nouveau-né.
Ainsi pendant le période de suivi, d‟autres comités, en collaboration avec des promoteurs et
des personnalités religieuses s‟emploient à changer la position des autres membres de la
famille, en particulier des hommes.
40
Bilan quinquennal 2003-2008 du Plan d’action régional pour accélérer l’élimination des Mutilations génitales féminines en Afrique
Tchad
Tableau 13 : DEMOGRAPHIE SOCIALE DES MGF TCHAD
POPULATION : 9.944.200
Femmes
Hommes
TOTAL
0-14 %
23
22
45
STRUCTURE DES 15-64 % 27
25
52
AGES
65+ %
2
1
3
EDUCATION %
12.8
40.8
INDICATEURS DE SANTE
RMM/100.000 NV
TMN‰
TMI‰
ISF
1100
45
124
6.7
STATUTS DES MGF
Prévalence%
Typologie
Age moyen
Médicalisation%
45 (grande baisse)
T2 T3
15-49
2.7
Rituels
Ethnicité
JUSTIFICATIONS
Religion
Musulmane
MAJEURES
Mariable
Dote
Contraintes Convention sociale
LEGISLATIONS - CONVENTIONS REGIONALES ET INTERNATIONALES
Lois/Politiques nationales
CADP/PF*
CEDEF
CDE
CATDP
Non spécifiques
∆
1995
1990
1995
ACTIVITES DE LUTTE CONTRE LES MGF
Plaidoyer envers les parlementaires ; campagne de sensibilisation ; formation
(*) ∆: Chartre africaine & Protocole sur les Femmes ∆: Chartre africaine seule
Pays enclavé, le Tchad partage sa frontière avec 6 pays limitrophes. Une superficie de
1.284.000 km2 couverte par une population de 9.944.200 à raison d‟une densité de 7 hab./km2.
La population féminine constitue 52% du total avec un taux d‟alphabétisation de d‟environ
13%. Les données sanitaires sont alarmantes car on note un RMM de 1.100 décès maternels
pour 100.000 NV, un TMN de 45‰, un TMI de 124‰ et un ISF de 6.7 enfants par femme en
âge de procréer.
Au Tchad, le taux de prévalence des MGF est de 45% (EDST, 2004); autrement dit, une
femme sur deux a déclaré avoir été excisée. Les MGF se font sous différentes formes selon
les régions. Dans 19% des cas, seule une entaille (T1) est pratiquée. Dans le Moyen-Chari
75% de la clitoridectomie (T2) dans consiste à enlever les chairs. Cependant, 2% des femmes
ont subi la forme la plus extrême qu‟est l‟infibulation (Type III) dans le Biltine. Certaines
ethnies sont plus touchées que d‟autres. C‟est le cas des Arabes (95%), Hadjaraï (94%) et
Ouaddaï (91%), par rapport aux Kanebou (5%), Gorane (2%) et aux Tandjilé (2%). Les
déterminants évoqués sont multiples et sont d‟ordre tantôt religieux avec des contradictions,
tantôt traditionnel ; „c’est la coutume‟ disent certains. Elles font partie de pratiques
profondément ancrées dans les mentalités, mais actuellement considérées comme une des
violences exacerbées sur la personne de la femme.
Sur le plan politique et juridique, en 1990, le Tchad a ratifié la CDE et la CEDEF en 1995. Le
4 septembre 1995, il a adopté la déclaration de Politique d‟Intégration de la Femme au
Développement dont certains aspects récusent les PTN compromettant dangereusement à la
santé de la femme. En 1997, le Tchad lance le PARE/MGF qui fut suivi de la mise en place
du GMC/MGF-PTN impliquant sociologues, juriste, médecins gynéco-obstétriciens,
membres d‟associations (AJAC, Réseau des parlementaires et Association des chefs
traditionnels), du Programme National SR/MGF, point focal OMS, et économiste.
GMC/MGF-PTN devrait contribuer à harmoniser les actions des différents intervenants sur
les PNT/MSF.
En février 1999, un consensus sur l‟élimination des MGF s‟est dégagé au terme d‟un atelier
ad hoc au cours duquel a été créé le Comité technique santé de la reproduction (SR),
institution gouvernementale, ayant pour principales activités le plaidoyer, la sensibilisation,
l‟IEC, des enquêtes CAP, et la formation.
41
Bilan quinquennal 2003-2008 du Plan d’action régional pour accélérer l’élimination des Mutilations génitales féminines en Afrique
N‟ayant aucune législation précise contre les PTN/MSF, le Parlement a cependant adopté une
Loi SR le 15 mars 2002 et attend sa promulgation. Certains articles du code pénal, tel que
l‟article 253 relatif à l‟atteinte de l‟intégrité physique.
Les actions initiées pour réduire le taux de prévalence ont été, entre autre, la recherche, les
campagnes d‟information, le plaidoyer, les formations, les causeries-débats et les émissions
radiodiffusées. Les campagnes de sensibilisation des groupes cibles ont touché dans leur
milieu confessionnel, scolaire et communautaire. Les actions de plaidoyer ont ciblé les
réseaux de femmes ministres et parlementaires, préfets, leaders religieux et traditionnels,
communautés rurales.
La formation et la sensibilisation ont été menées à l‟intention des femmes, des jeunes, des
enseignants et décideurs. Les formations mettent l‟accent sur les thèmes suivants : plaidoyer,
droits de l‟enfant, IST/VIH, droit de la femme, conséquences des mariages précoces. Ces
différentes actions sont soutenues par des partenaires ; tels que CONA, CI-AF, AJAC,
ASTBEF, LTDH, ACDHJ, AFJT, CELIAF, REJPOP, WVI, ATPDH7.
De plus le Ministère de la Santé publique a entrepris des actions de sensibilisations associant
les principaux acteurs susceptibles d‟exercer une influence sur la communauté. Les
parlementaires, les leaders d‟opinions, les agents de la société civile font partie de ceux-là.
Leur prise de conscience pourrait contribuer à la réduction de l‟ampleur des MGF. Une étude
est proposée de faire une analyse diachronique de l‟opinion des parlementaires, des chefs
religieux et des chefs traditionnels sur les déterminants des MGF.
En dépit de ces faits, la pratique des MGF persiste dans le pays avec une certaine gravité et
les actions de lutte rencontrent des difficultés telles que: (i) l‟inexistence de politique et de loi
spécifique aux MGF/PTN ; (ii) la tendance à la médicalisation ; (iii) le manque de synergies ;
(iv) le faible développement du matériel éducatif fragilisant les campagnes d‟informations.
7
Définitions dans la rubrique „abréviations et acronymes‟
42
Bilan quinquennal 2003-2008 du Plan d’action régional pour accélérer l’élimination des Mutilations génitales féminines en Afrique
Troisième Partie
Résultats analytiques
43
Bilan quinquennal 2003-2008 du Plan d’action régional pour accélérer l’élimination des Mutilations génitales féminines en Afrique
Actions réalisées par le pare/MGF en 2003-2008
En tant que programme régional PARE/MGF a couvert l‟ensemble des 27 pays de AFRO où
sévit les MGF. Cependant, les activités décrites ci-après se sont focalisées sur les 12 pays
sélectionnés par la présente évaluation quinquennale 2003-2008. Sept domaines
d‟interventions sont exploités à savoir :







Organisation institutionnelle du PARE/MGF
Plaidoyer et sensibilisation
Formation multidisciplinaire/plurisectorielle des formateurs
Recherches sociodémographiques des déterminants des MGF
Lois, législations et politiques anti-MGF
Partenariat, collaboration et coordination
Nouvelle déclaration inter-agence pour l‟élimination des MGF
ORGANISATION INSTITUTIONNELLE DU PARE/MGF
L‟équipe technique du Bureau régional de l‟OMS pour l‟Afrique composée de 2 conseillères
régionales, a travaillé en étroite collaboration avec les programmes techniques de la Région et
les équipes nationales de 12 pays sélectionnés.
Tableau14 représente le récapitulatif des activités du PARE/MGF des diverses interventions
durant le quinquennat 2003-2008, à savoir:
1) Etablissement des groupes nationaux multidisciplinaires et plurisectoriels de lutte
contre les MGF;
2) Formation des formateurs multidisciplinaire et plurisectorielle à la prévention et prise
en charge des MGF des prestataires de services de santé, du social, de la justice/police
et acteurs économiques ;
3) Dissémination des outils de formation à la prévention et prise en charge des MGF des
prestataires de services de santé;
4) Appui à des études psychosociales des déterminants des MGF ;
5) Etude prospective des MGF et conséquences obstétricales;
6) Appui technique et financier aux activités nationales de lutte contre les MGF –i.e.
Journée internationale Zéro-Tolérance MGF;
7) Appui aux évaluations du PARE/MGF 2003 et 2008.
Tableau14 : RECAPITULATIF DES ACTIVITES DU PARE/MGF REALISEES POUR LA PERIODE QUINQENNALE 2003-2008
GROUPES
FORMATION
DISSEMINATION ENQUETES
ETUDES DES
PAYS
MULTIPRESTATAIRES DE OUTILS
PSYCHOSEQUELLES
SECT/DISC
SERVICES
FORMATION
SOCIALES
OBSTETRICALES
ANTI-MGF
Burkina Faso
X
X
X
X
X
Centrafrique
X
X
X
X
Côte d‟Ivoire
X
Erythrée
X
X
X
X
Éthiopie
X
X
X
Guinée
X
X
X
X
Liberia
X
Mali
X
X
X
X
Mauritanie
X
X
X
Nigeria
X
X
X
X
X
Sénégal
X
X
X
X
Tchad
X
X
X
APPUI
ACTIVITES
NATIONALES
ANTI-MGF
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
EVALUATION
PARE/MGF
2003/2008
X-X
X
X
X-X
X-X
X-X
X
X
X
X-X
X-X
X
44
Bilan quinquennal 2003-2008 du Plan d’action régional pour accélérer l’élimination des Mutilations génitales féminines en Afrique
L‟organisation institutionnelle s‟est traduite par la création de structures chargées de la
coordination et du suivi des activités de lutte contre les MGF (Tableau15). Il faut signaler la
mobilisation des organisations de la société civile.
Sur les 12 pays sélectionnés ont mis en place des institutions pour mener à bien la politique et
programmes de lutte contre les MGF, 10 spécifiques et 8 non-spécifiques. Ils ont tous des
CLPTN travaillant en étroite collaborations avec les agences internationales de
développement de la localité et en particulier avec le CI-AF/PTN.
Tableau 15 : ORGANISATION INSTITUTIONNELLE DES MGF DES 18 PAYS SELECTIONNES
PAYS
MGF 15-49ans
LOI/POLITIQUE
PROGRAMME
INSTITUTION
(1997-2006)*
NATIONALE
NATIONAL
DE
LUTTE TRAITES INTERNATIONAUX RATIFIES
CODE PENAL
ANTI-MGF
TYPES
TOTAL
Non
SANTE
Non
NGO
AID
CEDEF CDE CTPD
CADP/PF
Spécifique spécifique &AFFSOC spécialisé
%
Burkina Faso T1
77
X
X
X
X
X
X
X
X
∆
Centrafrique T1-T2
39
X
X
X
X
X
∆
Côte d‟Ivoire T145
X
X
X
X
X
X
∆
Erythrée
T1-T2-T3
89
X
X
X
X
X
∆
Ethiopie
T1-T2-T3
74
X
X
X
X
X
X
X
∆
Guinée
T1-T2-T3
96
X
X
X
X
X
X
X
∆
Libéria
T1
50
X
X
X
X
X
X
X
∆
Mali
T1-T2-T3
92
X
X
X
X
X
X
X
X
∆
Mauritanie
T1-T2I
71
X
X
X
X
X
X
∆
Nigeria
T1-T2-T3
19
X
X
X
X
X
X
X
X
∆
Sénégal
T1
28
X
X
X
X
X
X
X
∆
Tchad
T2-T3
45
X
X
X
X
X
X
X
∆
(*) PRB-Data refer to the most recent year available during 1998-2007; ∆= Charte avec Protocol sur les Femmes; ∆= Charte africaine seule
Les 12 pays sélectionnés ont tous ratifié la CEDEF et la CDE, 10 pays se sont souscrits à la
CTPD8 et tous sont signés la CADP et membres des pays de l‟UA. Cependant seuls 4 pays ont
ratifié le Protocole CADP relatif aux droits des femmes en Afrique. Sous l‟angle de la
législation, 7 pays possèdent des lois spécifique anti-MGF, tandis que 5 ont des lois non
spécifiques. Néanmoins 12 pays sélectionnés ont un programme spécifique de lutte contre les
MGF sous l‟égide des Ministères de la Santé et des Affaires Sociales et 5 pays collaborent
avec d‟autres institutions non spécialisées. Les actions nationales de lutte sont appuyées à la
fois par les principales agences internationales et par les organismes bilatérales nongouvernementaux.
En effet, dans tous les pays l‟engagement des ONG existe à tous les niveaux et leurs actions
portent généralement sur : le plaidoyer e la sensibilisation des communautés de base, des
leaders communautaires et des autorités nationales, le renforcement des capacités
communautaires et la recherche.
PLAIDOYER ET SENSIBILISATION
Le Plaidoyer
Le Plaidoyer constitue un ensemble de messages destinés particulièrement aux décideurs, aux
planificateurs à tous ceux qui peuvent contribuer à l‟élaboration et à la mise en œuvre des
politiques.
Dans la plupart des pays, le plaidoyer est fait en direction des ministères, des comités
préfectoraux, des parlementaires, des ONG internationales, des représentants de la
coopération bilatérale, des ASNU. De multiples actions de plaidoyer ont été initiées en
8
Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumain ou Dégradants de 1984
45
Bilan quinquennal 2003-2008 du Plan d’action régional pour accélérer l’élimination des Mutilations génitales féminines en Afrique
direction des décideurs politiques, administratifs, religieux et communautaires. Ces plaidoyers
ont favorisé l‟élaboration d‟une loi spécifique en instance d‟être mise en vigueur. Cependant
les hommes politiques, peu ciblés par les plaidoyers, ne semblent pas avoir œuvré avec
enthousiasme. Au bilan, il faut noter une insuffisance de collaboration interministérielle et
des réseaux régionaux.
La quasi totalité des pays ont ciblé spécifiquement les professionnels de santé et du social
mais très peu d‟autres organisations professionnelles et/ou confessionnelles, les enseignants,
de juristes. En revanche, en 2005 le Comité africain interparlementaire a fait la „Déclaration
de Dakar‟ invitant tous les Etats membres concernés par les MGF et la communauté
internationale de faire le nécessaire pour leur abolition.
Dans l‟ensemble, les pays ont bénéficié d‟un appui financier de la part des partenaires
onusiens, des représentants de la coopération bilatérale et des ONG internationales. De façon
unanime, les pays espèrent de la communauté internationale une aide plus accrue pour
accélérer l‟élimination des MGF.
La Sensibilisation
La Sensibilisation, quant à elle, s‟adresse aux populations en général dans une perspective de
changement de comportement. Plusieurs activités d‟information, de sensibilisation, de
mobilisation des populations et de plaidoyer ont été mises en œuvre. La sensibilisation
concernait toutes les couches de la population : les leaders traditionnels, les professionnels de
santé, les leaders religieux, les leaders communautaires, les communicateurs traditionnels, les
groupes cibles (exciseuses, femmes leaders, groupes de jeunes filles). On note une grande
variété des modalités de sensibilisation (communicateurs traditionnels, radios locales et de
proximité, lignes vertes, Imans, brigades de répression, exciseuses) ; mais dans l‟ensemble,
ce sont les médias d‟Etat qui sont le plus mis à profit (Radio, Télévision, Presse écrite,
affiches, dépliants).
FORMATION MULTIDISCIPLINAIRE & PLURISECTORIELLE DES FORMATEURS
Dans le domaine de la formation, la
stratégie adoptée consiste à doter les
responsables,
coordinateurs
et
gestionnaires de programmes de
compétences
techniques
leur
permettant de répondre aux attentes du
PARE/MGF qui consiste à : « mettre
au point des modules de formation et
concevoir des approches pour la
formation des formateurs en matière
de prévention des MGF et de prise en
charge des problèmes de santé qui en
découlent ».
Graphique 4: Proportion des types de formation des formateurs
multidisciplinaire/plurisectorielle réalisées sur les MGF 2002-2007
Graphique4 illustre les pourcentages
des pays ayant effectués différents
types de formations réalisées par
l‟ensemble des 12 pays avec des
variations selon le type de formation.
En effet, l‟activité de formation a été réalisée à 58,33% au niveau social, à 66,67% au niveau
juridique; à 58,34% au niveau préventif; à 33,33% au niveau de la prise en charge
psychosociale, et à 75% pour l‟aspect médical.
46
Bilan quinquennal 2003-2008 du Plan d’action régional pour accélérer l’élimination des Mutilations génitales féminines en Afrique
Les interventions développées sur le terrain furent d‟augmenter les capacités institutionnelles
ainsi qu‟un appui technique et financier aux activités nationales en collaboration avec les
GMS/MGF, le PARE/MGF a favorisé une approche multidisciplinaire et plurisectorielle du
fait de la composition des GME/MGF.
Ainsi l‟ensemble des préoccupations médicales, sociales, juridiques, préventives et prise en
charge psychosociale a été étudié afin d‟aider les pays à élaborer et/ou adapter les modules
OMS existant en la manière tenant compte des autres outils venant des partenaires travaillant
dans le domaine. La majeure partie des pays déclare avoir pu élaborer des modules de
formation formulés dans leurs plans d‟action nationaux. Concernant ce dernier aspect, les
modules de formation ne sont pas encore intégrés dans les curricula de formation des
professionnels de santé. Seul le Nigeria présente un modèle de progrès remarquable en la
matière : dans ce pays, les modules de formation sont intégrés dans les curricula de formation
des agents de santé, des enseignants et des élèves et étudiants. La Guinée est en instance
d‟intégration dans les curricula de formation OMS adaptés au contexte guinéen. D‟autres pays
par contre ont formulé des projets d‟intention à ce sujet.
Liant MGF et violence sexuelles faites aux filles et femmes, l‟OMS et ses partenaires
plusieurs séminaires-ateliers inter-pays ont été organisés à Bamako, Dakar, Ethiopie et au
Kenya où de manière générale, les bénéficiaires des formations furent des professionnels de
santé, les magistrats, les leaders communautaires, les parlementaires, les enseignants, les
exciseuses, les relais communautaires, les journalistes, les pairs éducateurs, les acteurs du
système éducatif, les matrones, les femmes leaders, les autorités locales, les forces de défense
et de sécurité, la société civile, les communicateurs, les leaders de jeunesse, les étudiants, les
agents de médias, les leaders religieux et les travailleurs sociaux. Les modules OMS de
formations en Anglais furent traduits en Français et distribuer aux pays francophones. De
nombreux pays prévoient leur intégration dans les curricula scolaires.
RECHERCHES SOCIODEMOGRAPHIQUES DES DETERMINANTS DES MGF
Afin d‟obtenir des données de base nécessaires pour déterminer la stratégie, planifier et mettre
en œuvre des programmes et activités appropriées au point de vue socioculturel, des études
quantitatives et qualitatives ont été menées par bon nombre d‟agences en collaboration directe
ou indirecte avec l‟OMS. Selon le Graphique 5 diverses recherches ont été menées sur:
 Prévalence
des
MGF
des
communautés pratiquantes,
 Leurs connaissances, attitudes et
pratiques (CAP) des MGF des
communautés et des structures
d‟éducation,
 Existence d‟autres pratiques des MGF,
 Connaissance
des
complications
obstétricales, et
 Evaluation de l‟impact de différents
programmes.
Grace aux enquêtes EDS, MICS et EIS
effectuées aux niveaux des pays sélectionnés,
on constate dans l‟ensemble un accroissement
relatif du nombre des études quantitatives
passant de 46,43% avant la première
évaluation de 2002, à 53,57%, en 2007.
47
Bilan quinquennal 2003-2008 du Plan d’action régional pour accélérer l’élimination des Mutilations génitales féminines en Afrique
En revanche, les études qualitatives spécifiques aux MGF, représentant plus de la moitié
64,52% réalisées en 2002, sont à 35,48% en 2007. On enregistre donc une baisse de 29,04%.
Dans l‟ensemble, les études CAP des populations relatives aux MGF portaient sur les facteurs
socioculturels, les conséquences sociales, médicales et psychologiques, ainsi que sur les types
de mutilations.
Tendance de la prévalence des MGF
Depuis l‟adoption du PARE/MGF, le constat fait à partir des rapports nationaux est que la
MGF est encore une pratique vivace dans la plupart des pays avec des taux de prévalence
variant d‟un pays à l‟autre et aussi à l‟intérieur des pays. Les EDS et MICS permettent de
ventiler les données recueillies au niveau national par groupe d‟âge, résidence urbaine/rurale,
région ou province.
Au Graphique6 les évaluations
nationales des 12 pays indiquent
que le taux de prévalence des
MGF varie entre 14% (Nigeria) et
96% (Guinée), les zones rurales
restent les plus concernées. Le
Centrafrique, la Côte d‟Ivoire, le
Nigeria, le Sénégal et le Tchad ont
une prévalence en dessous de
50% ; tandis que le Burkina Faso,
l‟Ethiopie, le Mali et la Guinée la
prévalence est supérieure à 70%.
Au Nigeria et Tchad, la
concentration en zone urbain est
dominante.
De nombreuses enquêtes CAP font
aussi apparaître des différences de
prévalence
en
fonction
de
l‟appartenance ethnique et religieuse. Cependant, elles ne sont pas suffisamment mises à
profit dans la politique d‟élimination des MGF. Il est fondamental de pouvoir disséminer les
données et informations à tous les niveaux des institutions locales, régionale et nationale.
La confrontation des données de 1997-2002 et 2003-2007 fait apparaître un recul de la
prévalence des MGF dans 8 pays9 (67%). C‟est le même constat sur une période de 10 ans,
s‟agissant du Mali où la diminution de la prévalence est passée de 94% (1996) à 76% (2005) ;
en Centrafrique de 43% (1995) à 26% (2006) ; de la Côte d‟Ivoire de 43% (1994) à 36%
(2006), du Nigeria de 25% (1998) à 19% (2003), en Guinée de 99% (1999) à 96% (2005).
Cette situation traduit la portée des actions de lutte dans le domaine. Si l‟on enregistre en
général une réelle baisse de la pratique au niveau régional. On note, en revanche, que la
situation ne s‟est guère améliorer dans certains pays.
Par exemple, selon le Graphique7 la prévalence MGF aurait augmenté au cours du
quinquennat en Burkina Faso (+3%), Mauritanie (+46%) et Sénégal (+8%). Tenant compte de
la mitoyenneté des frontières cette augmentation pourrait s‟expliquer par la migration de la
pratique. Peut-être aussi parce que les MGF prennent de nouvelles formes; elles se pratiquent
de plus en plus sur les filles de moins de 15 ans et se médicalisent dans certains pays tels que
la Guinée et le Mali.
9
Centrafrique, Côte d‟Ivoire, Erythrée, Ethiopie, Guinée, Mali, Nigéria et Tchad
48
Bilan quinquennal 2003-2008 du Plan d’action régional pour accélérer l’élimination des Mutilations génitales féminines en Afrique
Malgré tout les récentes études CAP attestent que les connaissances et attitudes sont passées
respectivement de 33,6% et de 30,7% en (2003) à 82% et 79% en 2008. Il en est de même au
Libéria où la jeunesse se dresse contre cette pratique, en dépit de la pression des parents.
Ainsi, au cours des 5 dernières années, une tendance à la baisse des pourcentages de femmes
subissant cette pratique dans certains pays semble indiquer une renonciation graduelle à la
MGF, bien que dans d‟autres pays on ait enregistrée jusqu‟à présent que peu ou prou de
changement notable.
De manière générale, la tendance est à la démystification des MGF grâce à l‟implication des
communautés de base et de leurs leaders, aux activités de formation et de sensibilisation. On
constate une amorce de consensus rejetant les MGF en tant que pratique dégradante ; on
constate également des rituels de substitution (RCA), des cérémonies d‟engagement public
(Côte d‟Ivoire, Mali, Burkina Faso, Liberia, Ethiopie, Nigeria) et des cas de dénonciation
(Burkina Faso, Côte d‟Ivoire, Sénégal, Libéria, Ethiopie).
Il y a donc des progrès incontestables ; mais, de l‟avis des gouvernements eux-mêmes, ces
progrès sont lents ou insignifiants au regard de la gravité perçue du phénomène des MGF et
des efforts consentis pour y faire face. Et sous ce rapport, les aveux et autres témoignages sont
concordants en termes de pesanteurs sociologiques (Burkina Faso, Sénégal, Centrafrique); de
poches de résistance (Sénégal, Mali, Côte d‟Ivoire); de ralentissement du rythme de la
réduction de la prévalence (Nigeria). En conséquence, on peut affirmer que l‟espoir est permis
sachant que l‟éradication d‟un phénomène socioculturel si idéologiquement chargé, demande
beaucoup de temps et/ou de ressources tant matérielles qu‟humaines.
LEGISLATION, LOIS ET POLITIQUES ANTI-MGF NATIONALES
L‟adoption du PARE/MGF par les pays africains s‟est traduite par l‟élaboration et/ou la
révision des politiques et de plans nationaux de lutte contre les MGF. Le Tableau16 ci-après
donne la liste des pays sélectionnés ayant une loi, législation et/ou une politique, spécifique
ou non, pour l‟abandon des MGF. Sept pays disposent de politiques nationales de lutte
spécifiques aux MGF. Dans les autres 5 pays, des lois non-spécifiques anti-MGF ont été
élaborées et intégré dans des politiques plus générales.
Tableau16: LEGISLATIONS CONTRE LES PRATIQUES MGF/PTN DES PAYS SELECTIONNES, PRB/2007 ; UNICEF/2007
LOIS SPECIFIQUES
LOIS NON-SPECIFIQUES







Burkina Faso: Loi spécifique de 1996
Centrafrique: Décrets présidentiels de 1966 et Loi sur la Santé de
la reproduction de 2002
Cote D‟Ivoire: Loi spécifique de 1998
Ethiopie : Loi et Politique nationale spécifique
Guinée: Code pénal de 1995 et loi SR de 2006
Nigeria: Loi dans plusieurs Etats
Sénégal: Loi spécifique de 1999





Érythrée
Liberia
Mali
Mauritanie : Défense aux hôpitaux de faire des MGF
Tchad :
En dehors des politiques et plans d‟action nationaux, 80% des pays disposent de lois
(spécifiques ou non) interdisant ou réprimant la pratique de l‟excision. Il s‟agit soit de
politique de santé de la reproduction, soit de politique de protection de la femme et de l‟enfant
et/ou encore de politique de population et développement.
PARTENARIAT, COLLABORATION ET COOPERATION
Il s‟observe un peu partout une véritable coopération multiforme des différents intervenants
de la lutte contre les MGF. Ce constat général s‟opère à 3 niveaux étroitement liés. Il y a
d‟abord le caractère très variable des ressources (humaines, matérielles et/où financières) dont
49
Bilan quinquennal 2003-2008 du Plan d’action régional pour accélérer l’élimination des Mutilations génitales féminines en Afrique
dispose chaque catégorie d‟acteurs, l‟Etat, les ASNU, ainsi que la coopération bilatérale et la
société civile ; ensuite la capacité d‟initiative ou de persuasion; enfin, la question du
leadership ou de la visibilité.
En tout état de cause, les rapports nationaux font apparaître ces 3 types de partenariat
décryptés ci-après.
Partenariat entre les gouvernements et la société civile
Sous l‟impulsion des avancées démocratiques, la Société Civile s‟élargit et se diversifie avec,
d‟un côté, les ONG nationales, de l‟autre, les organisations internationales disposant, elles,
d‟importantes ressources. Comme ONG nationales particulièrement actives, on peut citer :
NATPAHC(Libéria), AMMIE, MUGNU(Burkina Faso), ONEF, ODAFEM, Fondation Djigui
(Côte d‟Ivoire), ASBEF, ENDA, ACAS(Sénégal), AGBEF, AFAF, ASFEG (Guinée),
ASTBEF, LTDH, ACDHJ(Tchad). Quant aux ONG internationales, elles jouent un rôle
majeur surtout lorsqu‟elles viennent en aide aux ONG locales, pour la plupart démunies.
L‟efficacité de la Société civile nationale de certains pays est dynamique parce que structurée
autour d‟un réseau.
Partenariat entre l’Etat et les Agences de la coopération multilatérale et bilatérale.
Les gouvernements sont représentés par 4 ou 5 ministères directement ou indirectement
concernés par la santé (SR), les questions sexospécifiques (Femmes/Hommes), les Droits
humains, l‟Education, la Sécurité, la Solidarité et la Sécurité nationales. Il faut noter
cependant que les ministères de première ligne sont ceux de la Santé et des Affaires
féminines. Leurs partenaires issus de la coopération multilatérale sont l‟ensemble des
Agences traditionnelles du SNU (OMS, UNICEF, UNFPA, UNDP), auxquelles s‟ajoutent,
suivant les contextes, OCHA et HCR. De manière générale, les appuis que ces Agences
apportent sont jugés déteTMInants et réguliers. Pour ce qui est des Agences de la coopération
bilatérale, on note la présence de la GTZ en Guinée et au Burkina Faso, Norwegian Church
AID en Ethiopie, de TOSTAN au Sénégal et en Guinée, de l‟USAID dans la plupart des pays.
Partenariat multiforme entre les ASNU et ONG nationales et internationales
Ce type de partenariat à pour but
d‟harmoniser leur travail sur le terrain,
sous leadership du PNUD réunissant
toutes les ASNU opérant dans les pays
selon les circonstances. Ainsi il existe
une synergie d‟action au niveau des
différents acteurs mobilisés contre les
MGF.
IAC-CIAF
Encart3 ; Partenariat multiforme sur la Protection des droits de l‟Enfant
africain
Encart3 illustre un type de partenariat
multiforme spécifique et ponctuel forgé autour d‟un problème clé, tel que la protection des
droits de l’Enfant dans la lutte contre les MGF. Chacune des agences mentionnées y a apporté
son savoir-faire pour la TOLERENCE ZERO-MGF.
50
Bilan quinquennal 2003-2008 du Plan d’action régional pour accélérer l’élimination des Mutilations génitales féminines en Afrique
NOUVELLE DECLARATION INTER-AGENCE POUR L’ELIMINATION DES MGF
Malgré de nombreux efforts effectués au cours de la quinquennale 2003-2008, l‟élimination à
brève échéance reste difficile en raison de nombreuses pesanteurs d‟ordre socioculturel,
institutionnel et/ou économique.
Dix agences –OHCHR, UNAIDS, UNDP, UNECA, UNESCO, UNFPA, UNHCR, UNICEF,
UNIFEM, OMS−10, collaborent pour que l‟éradication de ces pratiques soit une réalité d‟ici
2015 (Brochure ci-dessous).
L‟objectif de la Déclaration Conjointe des ASNU (DC/IASNU) vise à faire le plaidoyer pour
un abandon complet des MGF. Elle fait également état que seule une CONVENTION SOCIALE
UNIVERSELLE peut changer le collectif des pratiques de façon durable dans les communautés
MGF.
10
La définition des abréviations et acronymes est donnée dans la rubrique correspondant
51
Bilan quinquennal 2003-2008 du Plan d’action régional pour accélérer l’élimination des Mutilations génitales féminines en Afrique
Quatrième Partie
Leçons acquises
52
Bilan quinquennal 2003-2008 du Plan d’action régional pour accélérer l’élimination des Mutilations génitales féminines en Afrique
Facteurs influençant la convention sociale des MGF
L‟un des objectifs du présent bilan quinquennal 2003-2008 est de mettre en évidence l‟impact
des résultats des interventions relatives à la mise en œuvre du PARE/MGF. De l‟analyse de
la situation des 12 pays sélectionnés (2ème partie), les données des tableaux synoptiques et les
informations narratives de chaque pays font ressortir le fait qu‟ils sont tous en proie d‟une
même situation: la résistance à l’abolition de la pratique des MGF.
Figure3 : Prévalence des MGF des femmes âgées 15-49 ans des 12 pays
sélectionnés, PRB, 2008
Algérie
Mauritanie
Mali
Sénégal
Cape Vert
Niger
Erythrée
Tchad
Burkina
Faso
Gambie
Guiné
e
S.Léonne
Liberia
Togo
Cote
d’Ivoire
Bénin
Guinée
Equatorial
Ethiopie
Centrafrique
République
Démocratique
du Congo
Uganda
Ghana
Guinée Bissau
Cameroun
Nigeria
Figure3 présente la distribution
cartographique des prévalences MGF
des 12 pays sélectionnés permettant
non seulement d‟entrevoir leur
magnitude mais aussi leur zone de
concentration. Les prévalences sont
regroupés comme il suit: 0,6%-24%=
prévalence
faible ;
25%-74%=
prévalence modérée ; et 75%-99%=
prévalence élevée.
Aussi, malgré les acquits du
PARE/MGF, force est de reconnaître
la persistance d‟une prévalence
élevée des MGF et les changements
de mode opératoire des MGF, tels
que le rabattement de l‟âge à
l‟excision, la médicalisation, la
clandestinité
et
la
migration
transfrontalière des pays limitrophes.
Cette persistance est un obstacle
multiforme qui semble être liée à la grande sensibilité de la CONVENTION SOCIALE, dictat
culturel imprégné d‟idéologique et de croyance.
En effet, l‟obligation de faire exciser les filles et les femmes peut être considérée comme une
CONVENTION SOCIALE à laquelle les parents et familles se conforment même si la pratique est
nuisible. Le non-respect de ladite CONVENTION SOCIALE serait encore plus néfaste car il
signifierait la honte voir l‟exclusion sociale. Sans être exhaustif, le Tableau17 ci-après
dénombre certains facteurs restrictifs et positifs issus des commentaires des 12 pays
sélectionnés ainsi que des rapports régionaux et internationaux sur le sujet.
Gabon
Sao Tome &
Principe
Kenya
Seychelles
Rwanda
Tanzanie
Congo
Burundi
Malawi
Angola
Zimbabwe
Namibie
Prévalence élevée 75-99%
Comores
Zambie
Mozambique
Botswana
Madagascar
Sainte Hélène
Maurice
Prévalence modérée 25-74%
Prévalence faible 05-24%
Swaziland
Afrique du Sud
Lesotho
Tableau 17:















FACTEURS RESTRICTIFS
TYPES
Absence de loi nationale
Absence de leadership politique
Absence de programmes nationaux
Absence de politique nationale contre les MGF
Tendance à la médicalisation
Résistance des femmes elles-mêmes
Résistance des exciseuses et exciseurs
Résistance des leaders religieux
Persistance des pesanteurs socioculturelles
Absence de moyens audiovisuels de formation
Faible d‟implication des jeunes et des hommes
Bas niveau d‟alphabétisation
Manque de support pédagogique
Absence d‟intégration dans les interventions-clés
Absence de synergie, coordination et/ou collaboration
FACTEURS INFLUENCANT LA CONVENTION SOCIALE DES MGF
FACTEURS POSITIFS
TYPES
 Existence d‟un plan et/ou programme national de lutte contre les MGF
 Existence de lois spécifiques criminalisant les MGF
 Formation des prestataires de santé
 Organisation de fora et/ou colloques anti-MGF
 Formation multidisciplinaire et multisectorielle des activistes
 Coalition des ONG et société civile
 Prise en charge intégrée des victimes de MGF
 Appui aux initiatives communautaires de lutte contre les MGF
 Appui technique aux activités alternatives aux MGF
 Engagement politique de haut niveau
 Implication des décideurs religieux
 Formation et/ou recyclage des exciseuses/exciseurs
 Hommage publique
 Reconnaissance médiatisée
 Activités audiovisuelles tolérance-zéro MGF
53
Bilan quinquennal 2003-2008 du Plan d’action régional pour accélérer l’élimination des Mutilations génitales féminines en Afrique
Les enseignements de cette CONVENTION SOCIALE qui se dégagent de ce bilan quinquennal
2003-2008 ont des dimensions culturelles, sociologiques, religieuses, sanitaires, politiques,
économiques et institutionnelles. Néanmoins, 3 dimensions seront explorées, à savoir : la
dimension sexuelle et génésique, la dimension socioculturelle et la dimension institutionnelle.
Du fait de leur importance et dans l‟optique d‟une élimination durable des MGF, quelques
explications sur ces différentes dimensions sont présentées ci-après.
En matière de santé sexuelle et génésique
L‟étude „Les mutilations sexuelles féminines : Aperçu du
« Les MGF ne sont d’aucun
problème‟ effectuée par l‟OMS en 1998 donne des détails
bénéfice pour la santé de la
sur les conséquences physiques, psychologiques et sexuelles
victime. » OMS, 2008
des chez les femmes et les filles qui ont subi les MGF. Le
retentissement sur la vie psycho-sexuelle de ces patientes est
incontestable, mais reste particulièrement difficile à évaluer objectivement du fait des
capacités de résilience des femmes.
Le risque infectieux est majeur avec la possibilité d‟infections locales précoces. Ces femmes
sont plus exposées à la contamination lors des rapports sexuels du fait du risque de déchirures
et de saignements plus importants. Ce qui peut être aussi un facteur de risque d‟infection au
VIH sinon aux maladies sexuellement transmissibles. Des complications psychologiques
naissent non seulement de la douleur endurée par les femmes concernées, mais aussi des
conséquences calamiteuses fréquentes telles que l‟incontinence urinaire et fécale.
Pour de nombreuses filles et femmes, la MGF est une expérience profondément traumatisante
qui laisse des traces psychologiques durables et peut avoir une influence néfaste sur le
développement émotionnel. Les patientes sont en général conscientes lors de l‟intervention et
la plupart subissent un choc marqué non seulement par des douleurs intenses, mais aussi par
des sentiments de peur et de honte. Dans les cas où elles ont été en quelque sorte préparées à
l‟intervention, on attend d‟elles qu‟elles répriment ces sentiments et se montrent coopératives.
Les dégâts physiques résultant des MGF, associés au traumatisme psychologique et à la
douleur qui les accompagnent, peuvent compromettre la vie sexuelle de la femme adulte. Le
plus souvent, les femmes et les filles traumatisées par la MGF gardent malgré tout le silence
sur leur expérience.
Mais les MGF exposent les femmes à une
mortalité importante. L‟OMS a mis en
exergue les principales causes des décès
maternels en Afrique. Le Graphique8, cicontre,
donne
les
pourcentages
de
contribution de ces causes. Les causes
indirectes contribuent jusqu‟à 20% des décès
maternels, les MGF se trouvent être dans cette
catégorie.
Selon les résultats de l‟étude rétrospective de
l‟OMS de 2003 sur les conséquences
obstétricales dues aux MGF, l‟infibulationMGF/III présenterait des complications
obstétricales
maximales.
En
effet
l‟infibulation est un obstacle à la surveillance
du col et au déroulement normal de
l‟accouchement. La surveillance du col au cours du travail, les sondages urinaires évacuateurs
et surtout l‟accouchement par voie basse est indispensable.
54
Bilan quinquennal 2003-2008 du Plan d’action régional pour accélérer l’élimination des Mutilations génitales féminines en Afrique
En l‟absence de de-infibulation, le pont cicatriciel vulvaire est un obstacle mécanique à la
progression de la présentation. À distance, il peut survenir des fistules vésico-vaginale et/ou
recto-vaginale responsables d‟une incontinence définitive. Une femme infibulée ne peut
accoucher sans aide extérieure. Aussi le rôle de l‟équipe soignante est fondamental pour
expliquer à la patiente et au conjoint/parent la nécessité médicale de laisser la vulve ouverte.
Le pronostic maternel-fœtal étant directement lié à la bonne information et formation de
l‟équipe médicale. Malgré cela, la ré-infibulation est bien souvent pratiquée artisanalement,
dès le retour à domicile de la patiente.
Au cours des dernières décennies l‟OMS a amené les Etats membres de la communauté
internationale à reconnaître les MGF comme étant un problème de santé publique. A cet effet
tenant compte des données de santé relatives aux taux de mortalité maternelle, néonatale et
infantile des pays sélectionnés, il est important de constater leurs taux élevés. Utilisant les
données disponibles des 12 pays sélectionnés du présent bilan quinquennale 2003-2008, ainsi
que les données issues de PRB2007 et UNICEF2006/2007, le Diagramme1 ci-dessous
propose une relation hypothétique entre les prévalences des MGF, RMM, TMN et TMI.
Diagramme 1 : Liaisons hypothétiques entre MGF/RMM/TMN/TMI
En ce qui concerne les MGF (Diagramme 1A) il est à noter que seulement 27% des pays ont
leur prévalence en-dessous de 29% laisse sous-entendre une situation endémique critique. En
termes de mortalité maternelle (Diagramme 1B) environ 17% des pays sélectionnés affichent
un RMM entre 540-699 décès maternels pour 100.000NV. Si l‟Erythrée affiche un RMM le
plus bas à 630 décès maternels et le Mali a un RMM le plus élevé à 1200 décès maternels
pour 100.000NV. En ce qui concerne la mortalité néonatale (Diagramme 1C) elle se situe
entre 40-59‰ pour 50% des pays. Du point de vue de la mortalité infantile (Diagramme 1D)
on note que 42% des pays sélectionnés ont un TMI entre 90-119‰ et le plus bas et 25% des
pays sélectionnés avec les taux les plus élevés à 120-157‰.
Tout en ne voulant établir aucune relation, il est clair qu‟à tous les niveaux les taux des MGF,
RMM, TMN et TMI sont très élevés dans les pays sélectionnés. Quoique estimatives ces
données laissent percevoir la nécessité de mieux appréhender et comprendre l‟impact de la
CONVENTION SOCIALE vers l‟abandon des MGF.
55
Bilan quinquennal 2003-2008 du Plan d’action régional pour accélérer l’élimination des Mutilations génitales féminines en Afrique
Dimensions socioculturelles
L‟obligation de faire exciser leur
fille peut être perçue comme une
CONVENTION SOCIALE à laquelle
les parents se conforment, même
si la pratique est nuisible. Sur le
plan sociétal de nombreuses
justifications sont données.
Il existe des variations de
coutumes dans les 12 pays
sélectionnés. Le pourcentage des
femmes/fillettes excisées est
variable d‟un pays à l‟autre et
d‟une
ethnie
à
l‟autre.
Nonobstant, le Graphique9 donne
un aperçu de raisons de la
persistance des MGF.
L‟âge des fillettes au moment de la MGF varie en fonction des régions. Suivant les endroits,
les MGF sont pratiquées sur des nourrissons de quelques jours, sur des fillettes âgées de 7-à10 ans ou sur des adolescentes. Les MGF concernent également des femmes adultes, qui les
subissent au moment de leur mariage.
Les 12 pays (100%) ont fréquemment mentionné des rituels d‟initiation traditionnels. Dans la
mesure où elles marquent le passage à l‟âge adulte des fillettes, les MGF constituent un
élément crucial des cérémonies d‟initiation rituelles. Les MGF sont considérées comme une
phase fondamentale du processus de socialisation et de maintenance sociétale. Les partisans
des „alternatives‟ soutiennent qu‟elles sont moins nocives mais n‟exclut pas le fait que les
filles risquent de subir une MGF “traditionnelle” à une date ultérieure, par exemple dans le
cadre des préparatifs au mariage.
Nombreux sont ceux qui mettent en avant une prescription religieuse de ces pratiques. C‟est
une pratique d‟autant plus intériorisée qu‟elle reste incontournable: une fille non excisée peut
être excommuniée, pouvant ne pas se marier dans sa communauté d‟appartenance, ni
bénéficier de funérailles dignes. Cependant ni la Bible ni le Coran ne mentionne nullement
l‟excision.
D‟autre part, la croyance populaire comme moyen de contrôler la sexualité féminine est
mentionnée dans 50% des pays (Graphique9). MGF permet de garantir la virginité des
femmes avant le mariage et leur chasteté après. En outre, dans les communautés au sein
desquelles MGF est quasiment la norme, ne pas se conformer à la pratique peut entraîner le
blâme l‟exclusion sociale et/ou l‟impossibilité de trouver un mari. Ainsi, les mères organisent
les rites car elles considèrent que cela fait partie de leur devoir d‟éduquer convenablement
leur fille et de la préparer à l‟âge adulte et au mariage. Les filles qui subissent le rite sont
récompensées par la considération collective, ainsi que par des cérémonies et des cadeaux.
Cependant, il est à noter que 67% des pays sélectionnés font état de la situation délétère
qu‟est la médicalisation. Sur les 12 pays sélectionnés au moins 8 ont mentionné l‟existence
de la médicalisation des MGF. Lorsque la lutte s‟avère difficile, les conservateurs
développent des stratégies de survie telles que la médicalisation, le rabattement de l‟âge de
l‟excision, la transhumance et la transmigration vers les pays voisins et/ou hors-Afrique.
Les opérations sont le plus souvent réalisées par des femmes, qui se considèrent ainsi comme
garantes de la vertu de leurs cadettes. En effet, l‟une des raisons les plus fréquemment
56
Bilan quinquennal 2003-2008 du Plan d’action régional pour accélérer l’élimination des Mutilations génitales féminines en Afrique
évoquées par les mères pour soutenir l‟excision de leur fille est que, non excisée, elle ne
trouverait pas à se marier. Dans la majorité des sociétés pratiquant l‟excision, le statut de la
femme est subordonné au nombre d‟enfants qu‟elle mettra au monde, importance capitale du
mariage pour sa reconnaissance sociale.
Dans la mesure où l‟opération est, le plus souvent, mise en œuvre par des femmes, certains
auteurs ont émis l‟hypothèse qu‟il se pourrait qu‟elles veuillent reproduisent ce qu‟elles ont
elles-mêmes subi. Dans les sociétés traditionnalistes la coutume est couramment invoquée :
« Cela s’est toujours fait, ma mère, ma grand-mère l’ont fait, donc mes enfants seront
excisées ».
Cependant, la domination masculine et la soumission des femmes restent des facteurs
indissociablement intrinsèques aux MGF. Ainsi, MGF joue un rôle important dans l‟identité
culturelle et de genre des filles et des femmes transmettant un sentiment de fierté, d‟entrée
dans l‟âge adulte et d‟appartenance à la communauté. Malgré tout dans plusieurs pays, les
pouvoir de décision se trouvent aux mains des hommes, ceux-là mêmes qui, consciemment ou
inconsciemment, militent en faveur de la perpétuation de la tradition en minimisant la
dangerosité des MGF. Pourtant, dans ces mêmes sociétés, même si les hommes déclarent ne
pas s‟en mêler, ils sont nombreux à refuser d‟épouser une femme non excisée.
Facteurs institutionnels
Ces pratiques sont considérées comme des formes inacceptables d‟une modification délibérée
de l‟intégrité physique de la personne, d‟autant plus que ces mutilations sont effectuées sur
des personnes trop jeunes ou trop vulnérables pour y accorder leur consentement éclairé. Au
Tableau16 est récapitulé l‟ensemble de l‟organisation institutionnelle autour des MGF, y
compris les traités signés par les pays sélectionnés.
Législation et lois nationales
De nombreux pays ont introduit une législation spécifique pour mettre fin à la MGF par
ordonnance ou par décret (Burkina Faso, Centrafrique, Côte d‟Ivoire, Ghana, Guinée, Kenya,
Sénégal et Tanzanie). Cependant au Burkina Faso, la législation est un des éléments d‟une
approche plus vaste qui comprend des mesures de sensibilisation et d‟assistance sociale.
Dans certains cas, la pratique est interdite en vertu de la Constitution nationale interdisant
explicitement les PTN (Ethiopie et Guinée), notamment celles qui oppriment les femmes et
portent atteinte à leur santé physique et mentale. Au Tchad et Mali, les MGF sont considérées
comme une atteinte relevant du Droit pénal. Ainsi on note que parmi les pays sélectionnés
beaucoup ont légalement interdit les MGF.
Tout en reconnaissant l‟importance de la législation nationale, il n‟empêche pas d‟en
constater ses limites avec l‟existence « de poches de résistance », influencées par certains
conservateurs. Malgré une tendance à la baisse, la pratique des MGF se poursuit et
l‟application de la loi entraîne une certaine clandestinité et/ou une baisse de l‟âge à l‟excision.
On note également la migration des parents avec les fillettes vers des pays voisins qui ne
disposent pas de loi contre les MGF.
Instruments internationaux des droits de l’homme
Du point des droits de l‟homme, les MGF relèvent principalement de 4 ordres : violation des
droits fondamentaux, absence de consentement éclairé, oppression patriarcale, et violence à
l‟égard des femmes et des enfants. Cependant tous les pays sélectionnés ont ratifié la CEDEF,
57
Bilan quinquennal 2003-2008 du Plan d’action régional pour accélérer l’élimination des Mutilations génitales féminines en Afrique
la CDE, et la CADHP. De plus le Burkina Faso et le Nigéria ont aussi ratifié le Protocole de
la CADHP relatif aux droits des femmes. La CTPD11 a été entérinée par 11 pays.
Démographiquement selon OMS, l‟enfant est un individu âgé de 0-19 ans. Il est clair que
dans les 12 pays sélectionnés les MGF sont majoritairement effectuées sur les fillettes de
moins de 15 ans. La responsabilité d‟assurer le développement de l‟enfant incombe au
premier lieu aux parents, le cas échéant, à ses représentants légaux qui doivent être guidés
avant tout par l’intérêt de l’enfant et le droit de l’enfant au respect de ses opinions selon
l’article 18 de la CDE. Dans les cas d‟un consentement éclairé, vu l‟âge précoce de l‟excisée,
il est difficile de définir si ce consentement est pris en connaissance de cause et/ou quelle est
sa valeur objective.
De plus, les MGF compromettent aussi les droits de la fillette à l’éducation. Il a été constaté
de plus en plus que la MGF peut être une cause d‟abandon scolaire pour les filles. Les
problèmes de santé, la souffrance et le traumatisme éprouvés se traduisent souvent par
l‟absentéisme, des résultats scolaires faibles et/ou un manque de concentration et une
diminution d‟intérêt. Les MGF pratiquées dans le cadre de cérémonies et de rites demandent
de longues préparations empêchant une fréquentation scolaire régulière. De plus, de
nombreuses cultures considèrent que les filles qui ont subi la pratique sont désormais adultes
et bonnes à marier. Par voie des faits, il arrive qu‟on les retire de l‟école.
Ainsi, fortement assujetti à la tradition, la pression des pairs et le conditionnent du désir de
l‟intéressée elle-même d‟être acceptée comme membre à part entière de sa communauté,
exercent la CONVENTION SOCIALE sur les filles et les femmes.
Enjeux pour les Objectifs du Millénaire pour le Développement 2015
Les MGF fustigent au moins 5 des 8 Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD).
En effet, la MGF est une violation de l‟intégrité physique et psychosexuelle des filles et
femmes en contradiction avec équité du genre (OMD3). Les multiples problèmes de santé
inhérents aux MGF, augmentant les risques de décès lors des accouchements, dénient ainsi la
réduction de la mortalité maternelle (OMD5). MGF compromettent les fonctions normales
des organes sexuels rendant les filles plus vulnérables aux MST/VIH/SIDA (OMD6). MGF
est une condition mariable de la fillette dès l‟âge de 12 ans, entrainant l‟absentéisme suivi ou
pas de l‟abandon total de la scolarité, l‟empêchant ainsi d‟accéder à ses droits à l‟éducation
(OMD2). Cette insuffisance d‟éducation conduit ces filles à ne pouvoir accéder à des
formations professionnelles pouvant concourir à réduire la pauvreté (OMD1).
11
Convention contre la torture et autre peine ou traitement cruels, inhumains ou dégradants de 1984
58
Bilan quinquennal 2003-2008 du Plan d’action régional pour accélérer l’élimination des Mutilations génitales féminines en Afrique
Facteurs influençant la convention sociale vers l’abolition MGF
Introduction
La CONVENTION SOCIALE (CS) peut être définie comme étant un ensemble de normes et règles
que la communauté adopte en tant qu’identité culturelle spécifique à ladite communauté
pouvant être sanctionnés pour la non-conformité. Considérer MGF comme une CS permet de
mieux comprendre pourquoi les femmes ayant elles-mêmes enduré la pratique et ses
conséquences néfastes, encouragent sa continuation. Ces femmes craignent particulièrement
une perte de statut et protection sociale.
Cela explique aussi pourquoi les familles individuelles qui déclarent leur désir d‟abandonner
la MGF soumettent toutefois leurs filles. Ainsi, les arguments avancés pour justifier les MGF
sont nombreux : garantir une position sociale, possibilité de se marier, chasteté, hygiène,
beauté, ainsi que l‟honneur de la famille. Dans certains cas ils sont présentés de façon positive
pour souligner les avantages liés à MGF, et dans d‟autres ils mettent l‟accent sur les
conséquences d‟un manque de conformité à la tradition.
Une CS néfaste peut être transformée. Cependant, elle ne peut être modifiée si au sein d‟une
communauté donnée un nombre significatif de familles choisit collectivement et
unanimement d‟abandonner la pratique, de telle sorte qu‟aucune fille ou famille individuelle
ne soit désavantagée par la décision. Une transformation de la CS a en elle-même plus de
chances de modifier réellement et durablement les comportements. Lorsqu‟un nombre
suffisant d‟individus voudront abandonner MGF, ils s‟emploieront à convaincre les autres
d‟en faire autant car cela diminuera le discrédit social associé à la non conformité à la
pratique. Il n‟est pas nécessaire que la masse critique constitue une majorité, mais seulement
qu‟elle compte un nombre d‟individus suffisant pour démontrer aux autres les bénéfices
associés à la non-pratique de MGF. Les individus au sein du groupe qui ont choisi
d‟abandonner la pratique devront continuer de résister à la pression sociale pour ne pas
soumettre leurs filles aux MGF.
La CS s’autoalimente à travers le choix d’un individu conditionné par le choix des autres.
Cette même CS peut être la clef d‟un renoncement collectif rapide à ce même rite. Une masse
critique est nécessaire pour entraîner le changement. Une fois que la nouvelle CS apprécie
l‟intégrité physique d‟une fille établie, elle devient, comme la précédente, s‟autoalimente.
Ceux qui ont abandonné les MGF n‟ont aucun intérêt à y revenir, tandis que les quelques
individus qui continuent la pratique se heurteront au désaveu de la communauté.
Plan stratégique d’intervention vers l’élimination des MGF
Le 4ème objectif du présent bilan quinquennal 2003-2008 est de proposer un canevas pour une
élimination définitive des MGF en Afrique. Malgré bien d‟efforts effectués au cours du
quinquennat 2003-2008, l‟élimination des MGF d‟ici 2015 pourrait s‟avérer difficile en
raison de nombreuses pesanteurs sociologiques. Les MGF en effet constituent une instance
vivace dans beaucoup des pays sélectionnés. Ainsi, l‟élimination des MGF passerait par des
stratégies novatrices et des moyens accrus tant national et régional qu‟international. Il s‟agit
donc de potentialiser les niveaux nationaux, régionaux et internationaux des interventions en
vue d‟améliorer l‟environnement politique, légal, social et de santé de la lutte pour la
TOLERANCE-ZERO-MGF d‟ici l‟an 2005.
Selon les 12 pays sélectionnés, la volonté nationale existe, que la plupart des pays se sont doté
d‟instruments nécessaires, et que les communautés sont engagées et impliquées pour
entreprendre des actions qui aboutiront à l‟abandon voir l‟élimination des MGF. Cependant
des efforts sont à faire dans l‟adoption et la mise en œuvre des instruments politiques et
légaux pour favoriser la lutte contre les MGF. Cela inclut notamment l‟appropriation et la
59
Bilan quinquennal 2003-2008 du Plan d’action régional pour accélérer l’élimination des Mutilations génitales féminines en Afrique
divulgation d‟une législation protectrice des droits fondamentaux des enfants et des femmes,
l‟élaboration de plans d‟action cohérents avec l‟implication de touts les acteurs, l‟utilisation
d‟approches holistiques et la mise en œuvre d‟actions intégrées et de façon coordonnée qui
inclut un suivi et une évaluation rigoureux
Sur la base des leçons apprises, le bilan quinquennale 2003-2008 note que la lutte engagée est
globalement positive au regard des progrès réalisés dans la mise en œuvre du PARE/MGF. En
effet, la plupart des pays sélectionnés ont intégré la question des MGF dans leurs politiques de
santé de la reproduction et 80% d‟entre eux disposent aujourd‟hui de lois, spécifiques ou non,
interdisant ou réprimant la pratique de MGF. Les attitudes et comportements des populations
évoluent positivement vers une tendance générale de démystification des MGF. Il est à noter
que 3 facteurs peuvent y contribuer, notamment: (1) la volonté politique des gouvernements,
(2) le soutien de l‟OMS et de ses partenaires ASNU; et (3) la participation effective de la
Société Civile.
Selon la DC-IASNU/MGF 2008, plusieurs résultats concrets recueillis sur le terrain, ainsi que
les leçons tirées de l‟expérience des 12 pays sélectionnés ont permis de déterminer au moins 7
éléments-clés susceptibles de contribuer à transformer la CS et de promouvoir l‟abandon
rapide et collectif de cette pratique. Ce sont :
1. Une approche non-coercitive et non-critique dont l‟objectif premier est le respect des
droits humains et l‟émancipation des femmes et des filles ;
2. Une prise de conscience de la part de la communauté des dégâts provoqués par la
pratique à travers des débats et réflexions collectifs sans crainte de jugements ;
3. La décision d‟abandonner la pratique en tant que choix collectif d‟un groupe au sein
duquel se nouent des mariages et/ou qui est étroitement lié d‟autres façons ;
4. La déclaration explicite et publique, de la part des communautés, de leur engagement
collectif d‟abandonner les MGF ;
5. Un processus de communication méthodique pour promouvoir la diffusion rapide et
durable de la décision d‟abandonner les MGF d‟une communauté à l‟autre ;
6. Un contexte propice au changement, la volonté du gouvernement, à tous les niveaux,
d‟introduire des mesures et une législation sociale appropriées, assorties de campagnes
efficaces et de programmes de sensibilisation ;
7. La société civile étant partie intégrante de ce contexte favorable, et les médias en
particulier ont un rôle fondamental à jouer dans la diffusion du processus.
Comme le stipule la DC-IASNU (OMS, 2008) « […les recherches ont démontré que cette
pratique {MGF} est une convention sociale qui ne peut être changée qu’à travers une
coordination collective avec les communautés pratiquantes…] »12. Ainsi le présent bilan
quinquennal 2003-2008 propose ci-après une Feuille de route de la Convention sociale vers
l‟abolition des MGF d‟ici 2015 (FRCS/MGF-2015) et les 12 principes de son adhésion et sa
mise œuvre.
12
„Eliminating Female genital mutilation An interagency statement OHCHR UNAIDS UNDP UNECA
UNESCO UNFPA UNHCR UNICEF UNIFEM WHO‟, WHO 2008 p.3
60
Bilan quinquennal 2003-2008 du Plan d’action régional pour accélérer l’élimination des Mutilations génitales féminines en Afrique
Feuille de route de la Convention sociale vers l’abandon des MGF en 2015
Sur la base des résultats acquis, le proposé canevas comprend 7 domaines d‟intervention :
institutionnel, genre, santé, média, juridique, éducation et socioculturel. Un chef-de-file devra
être désigné comme responsable de la mise en œuvre de la mise en œuvre des la Feuille de
route vers l‟abolition des MGF d‟ici 2015 (FRCS/MGF-2015). Les détails sont donnés en
Tableaux matriciels 18-24.
Tableau 18 : FRCS/MGF-2015
INSTITUTION
DEFIS



Une Convention sociale
néfaste (PTN/MGF) peut
être transformée.
Le faible engagement des
leaders politiques dans la
lutte contre les MGF
La Convention sociale a un
tel poids que les filles ellesmêmes désirent parfois
être excisées, poussées par
leurs pairs, et par la crainte
– non sans fondement d‟être blâmées et rejetées
par la communauté si elles
ne suivent pas la tradition
OPPORTUNITES





OMS et ses partenaires au
développement, ainsi qu‟aux Etats
Membres, de mener davantage
d‟actions concertées pour
accélérer l‟élimination des
MGF/PTN.
Intégrer les informations
relatives aux MGF dans les outils
de collecte des données ;
Créer un observatoire national
des MGF ;
Organiser la coordination, le
suivi et l„évaluation des actions
de lutte contre l„excision.
Appuyer aux mécanismes de
coordination pour la mise en
œuvre du PARE/MSF et de la
Feuille de route de la Convention
sociale vers abondant des MGF
d‟ici 2015;
Tableau 19 FRCS/MGF-2015
DEFIS

Recours tardif à la prise en charge
des conséquences sanitaires des
MGF

Mauvaise interprétation des
conséquences socio-sanitaires des
MGF par le personnel soignant

Incapacité de pourvoir des soins de
santé de la reproduction de qualité

Tendance à la médicalisation des
MGF

Appas du gain financier dans la
pratique des MGF par le personnel
de santé

Absence de services de santé de la
reproduction conviviaux

Compétition des priorités en
matière de santé
(Chef-de-file Délégué)
RESPONSABILITES







Créer un cadre de concertation sous
régional entre les différents acteurs
engagés dans la lutte contre les MGF ;
Apporter un appui aux pays pour la mise en
œuvre des différentes recommandations ;
Apporter un appui plus conséquent aux
programmes, en faveur du maintien de la
jeune fille à l„école et à l„alphabétisation des
femmes ;
Aider les pays concernés à
opérationnaliser leurs interventions en
faveur de la lutte contre les mutilations ;
Renforcer les capacités des Comités
nationaux de lutte contre les MGF à travers
les Ministères de la Jeunesse et les
organisations des jeunes ;
Opérationnaliser dans les Etats l„agenda
commun adopté en 2003 à Addis-Ababa ;
Développer, dans le cadre de la
collaboration sous régionale et
transfrontalière, des actions concertées
inter Etats pour combattre la
transhumance des exciseuses ;
SANTE
OPPORTUNITES

Apporter aux
victimes un soutien
légal, médical,
psychosocial et
économique ;

Renforcer/mettre en
place des structures
de prise en charge
médicale des
complications des
MGF ;

Améliorer les
services de Santé
maternelle et
infantile à tous les
infrastructures de
santé, en particulier
aux niveaux des SSP
RESPONSABILITE
 Renforcer les compétences des
travailleurs sociaux, du personnel de
santé, des magistrats, des auxiliaires
de justice, des officiers de police
judiciaire et autres catégories
professionnelles pouvant être
confrontées aux stratégies de survie
des MGF, en vue d„une meilleure prise
en charge psychosociale des victimes
 Intégrer la prévention et la prise en
charge des complications des MGF
ainsi que les dispositions juridiques
dans les curricula de formation du
personnel de santé, des travailleurs
sociaux et des forces de défense et de
sécurité, à tous les niveaux de
l‟enseignement primaire, secondaire et
professionnel
RECOMMENDATIONS





Inclure les MGF dans les données
démographiques et sanitaires afin
d„élaborer les données épidémiologiques
telles que la prévalence, l‟incidence des
différents types de MGF, les conséquences,
les objectifs et les indicateurs de
surveillance ;
Assurer des évaluations régulières pour
mettre à la disposition des pays, des
données pour le suivi de l‟atteinte des
Objectifs du Millénaire liés à la santé de la
reproduction
Mobiliser davantage de ressources afin
d„appuyer, dans le cadre de réduction de la
pauvreté, les comités nationaux de lutte
contre les MGF ;
Mobiliser les soutiens politiques pour le
développement des politiques nationales,
des guides et des mécanismes de
prévention et de gestion dans la mise en
œuvre du FRCS/MGF-2015
Dynamiser les actions de collaboration des
interventions
(Chef-de-file Délégué)
RECOMMENDATIONS
 Intensifier la sensibilisation à tous
les niveaux des conséquences des
MGF sur la santé des enfants et des
femmes
 Amener tous les partenaires de la
santé à faire à définir des stratégies
communes pour la FRCS/MGF
 Utiliser les exciseuses comme
agents de change communautaires
dans la lutte anti-MGF et la mise en
œuvre du FRCS/MGF-2015
61
Bilan quinquennal 2003-2008 du Plan d’action régional pour accélérer l’élimination des Mutilations génitales féminines en Afrique
Tableau 20 : FRCS/MGF-2015
DEFIS

Mauvaise interprétation
du sursis par les
populations ;

Insuffisance de
l‟implication des
hommes, des jeunes et
de certains leaders
d‟opinion

MGF constitue une
manifestation de
l‟inégalité des genres
profondément ancrée
dans les structures
sociales, économiques et
politiques.
GENRE
OPPORTUNITES

Impliquer les Chefs d„Etat ou les
Premières Dames dans les
politiques de promotion des
Femmes en sur les questions des
MGF;

Organiser périodiquement − i.e.
tous les 2 ans −, un Sommet
Genre, Femmes et Santé dans la
Région afin de partager les
expériences sur les pratiques
culturelles et leurs effets sur la
santé;

Créer un cadre de concertation
entre les différents acteurs
engagés dans la lutte contre les
MGF en y impliquant de nouveaux
acteurs tels que les jeunes, les
hommes, les opérateurs
économiques;

Former des groupes de travail
consultatifs sur Genre, Femmes et
Santé
RESPONSABILITES
 Faire le plaidoyer pour
l‟intégration du module Genre
dans les enquêtes et recherches
nationales afin de créer des
banques-de-données factuelles
complètes
 Intensifier les capacités
professionnelles et
institutionnelles à tous les
niveaux du processus de
développement de programmes
en matière de Genre utilisant les
modules Analyse du Genre et
Santé développés par OMS (OMS,
2002)
 Organiser des séances de
sensibilisation sur les questions
de Genre en utilisant tous les
canaux de communications aussi
bien modernes que traditionnels
Tableau 21 FRCS/MGF-2015
MEDIA
DEFIS

Croyance erronée du bien-fondé
des MGF

Peur de dévoiler les aspects
socioculturels négatifs des
MGF/PTN

Contribution au maintien de
croyances erronées sur les
MGF/PTN

Absence de déontologie et de
l‟étique professionnelle des medias
vis-à-vis des personnes affectées
par les MGF/PTN

Tendance à la dédramatisation des
facteurs influençant le maintien
des MGF/PTN
OPPORTUNITES

Associer davantage les
médias aux campagnes de
sensibilisation de lutte
contre les MGF

Renforcer les actions de
plaidoyer auprès des
décideurs pour une
meilleure protection des
droits de la femme et de
l„enfant, notamment le droit
à l„intégrité physique ;
Tableau 22 FRCS/MGF-2015
DEFIS

Méconnaissance des lois
et législation en vigueur

Non respects des
obligations régies par la
Constitution et les Droits
humains

Migration des exciseuses
et des populations vers
des pays voisins

Organisation des
exciseuses et exciseurs
leur permettant de
contourner la loi ;
RESPONSABILITES
 Informer et éduquer le
public sur les
conséquences des MGF/PTN
sur le développement
socioéconomique
 Simplifier le langage
médiatique afin de l‟être
accessible à toutes les
couches de la société
 Créer des plateformes de
diffusion des cas à succès
JUSTICE-LEGISLATION
OPPORTUNITES

Révision et réforme des
lois

Sensibiliser les
communautés aux droits
humains

Usage des media pour
diffuser les cas

Utilisation des lieux de
réunions (i.e; église,
marché, meeting) pour
informer sur les droits
civiques et universels

Intensification des
réseaux et associations
de lutte contre les MGF





(Chef-de-file Délégué)
RECOMMENDATIONS
 Apporter un appui à la réalisation
d„études socio anthropologiques
transculturelles, afin d„adapter de
façon périodique les stratégies de
lutte contre la survivance et les
métamorphoses des pratiques des
MGF;
 Renforcer les appuis aux
gouvernements et aux ONG pour la
mise en œuvre des Plans d„action
effectives du PARE/MSF;
 Mettre en place un Observatoire
Régional de la Santé, avec une
composante MGF, conformément aux
recommandations de la Déclaration
d‟Ouagadougou.
 Impliquer les hommes en tant que
promoteurs anti-MGF
 Favoriser la participation des femmes
et des hommes à tous les âges à la
lutte anti-MGF et la mise en œuvre du
FRCS/MGF-2015
(Chef-de-file Délégué)
RECOMMENDATIONS
 Sensibiliser le public et encourager le
dialogue à travers les médias peuvent
contribuer de façon importante à “briser
le silence” qui entoure les MGF et à
rendre la question du domaine public
 Médiatiser les actions positives et
témoignages des partenaires et acteurs
de lutte contre les MGF et autres PTN
 Mener davantage d‟actions de
plaidoyer/lobbying afin d‟intensifier la
répression des MGF/PTN
 Informer et encourager le public à
adhérer à la lutte anti-MGF et la mise en
œuvre du FRCS/MGF-2015
 Renforcer les IEC/CCC à tous les niveaux
(Chef-de-file Délégué)
RESPONSABILITES
Renforcer les connaissances de la loi interdisant aux
professionnels de santé la pratique de l„excision sur
toute l„étendue du territoire national;
Renforcer les connaissances sur les nouvelles
législations sur les MGF ainsi que sur les
mécanismes d„application des lois par les individus,
les services de sécurité et de justices, les
organisations communautaires et la société civile ;
Prendre des mesures légales contre les praticiens
récalcitrants
Lutter contre la clandestinité à travers la
communication de proximité et les comités de
vigilance ;
Promouvoir la dénonciation préventive en mettant en
place un service d„appui conseil et de prise en
charge psycho sociale des victimes des séquelles
d„excision à tous les niveaux de la prise en charge;
RECOMMENDATIONS
 Diffuser les textes légaux
sur la politique et le
programme national de lutte
contre les MGF/PTN et les
traités internationaux
relatifs aux MGF/PTN;
 Elaborer, valider et
promouvoir des textes de loi
plus répressifs en vue
d‟accélérer l‟élimination des
MGF/PTN à tous les niveaux.
 Encourager l‟adhésion à la
lutte anti-MGF et la mise en
œuvre du FRCS/MGF-2015
 Encourager les acteurs
politiques et leaders
d‟opinion ;
62
Bilan quinquennal 2003-2008 du Plan d’action régional pour accélérer l’élimination des Mutilations génitales féminines en Afrique
Tableau 23 FRCS/MGF-2015
DEFIS

Taux faible de femmes
alphabétisées

Absentéisme des filles

Abandon de la scolarité
liée aux MGF/PTN

Access difficile à
l‟éducation des fillettes

Faible priorité sur
l‟éducation des filles et
des femmes
EDUCATION
OPPORTUNITES

Introduire l„éducation
sur le genre dans les
écoles primaires,
secondaires,
professionnelles et
supérieures,
spécialement sur le droit
de la fillette à ne pas
être mutilée ;
Tableau 24 : FRCS/MGF-2015
DEFIS

Pesanteurs
sociologiques qui
entravent une véritable
promotion des droits de
la femme pour son plein
épanouissement;

Persistance des MGF
sous des formes plus
pernicieuses, avec la
tendance à la
« clandestinité » et au
rabattement de l‟âge à
l‟excision,

Les MGF sont des
croyances et de l‟ordre
social préétablit et non
religieux

Les attitudes sociétales
ne sont pas immuables.

Paradoxe des nombreux
cas où les parents et
autres membres de la
famille perpétuent une
tradition qu‟ils savent
être nuisibles pour la
santé physique et
psychologique de leurs
filles.
(Chef-de-file Délégué)
RESPONSABILITES
 Réaliser des évaluations ou enquêtes de satisfaction
pour mesurer les progrès et orienter les stratégies
d„intervention ;
 Renforcer les actions de recherche à travers des
études thématiques (abandon de l‟excision) pour
réussir la responsabilisation des communautés par
le développement du partenariat avec les ONG et les
associations ;
 Développer l‟approche multisectorielle et
interdisciplinaire dans les secteurs de l„éducation,
de la santé et des affaires sociales ;
 Réaliser des études et recherches en matière socio
anthropologique en vue d„identifier les pratiques
positives et les promouvoir ;
 Initier des études de cas pour illustrer les types de
MGF, les problèmes associés à la pratique, les
individus et communautés qui ont réussi à
abandonner la pratique ;
 Etablir et faire la mise à jour continue des registres
des exciseuses dans la communauté et leur suivi
AFFAIRES SOCIALES
OPPORTUNITES

Intensifier les programmes et
campagnes CCC en direction des
communautés de base, des leaders
politiques et religieux, des collectivités
territoriales et des médias, en vue de
leur pleine adhésion à la politique
nationale;

Elaborer des messages de
communication pour un changement de
comportement (CCC) adaptés à chaque
groupe cible (les femmes, les hommes,
les jeunes, les enfants et les leaders
communautaires);

Les ONG jouent un rôle essentiel pour
stimuler l‟engagement national et
international à mettre fin à la pratique
MGF perpétuée de génération en
génération du fait d‟une dynamique
sociale laissant difficilement aux familles
ainsi qu‟aux filles et aux femmes en tant
qu‟individus de renoncer à la pratique.
RESPONSABILITES
 Développer les capacités
institutionnelles et
opérationnelles des
acteurs de la lutte
contre les MGF,
notamment dans la prise
en charge des
victimes et la
 Créer un comité national
de coordination ainsi que
des comités régionaux et
départementaux,
d‟appuyer la
vulgarisation des textes
pour la mise en œuvre
du suivi et de l„évaluation
du Plan d„action en
faveur de l„abandon des
MGF
 Vulgariser l‟adhésion à
la lutte anti-MGF et la
mise en œuvre du
FRCS/MGF-2015
RECOMMENDATIONS
 Intégrer la gestion médicale
et psychosociale des MGF
dans les curricula des
institutions médicales et
paramédicales ;
 Pourvoir les services
d„éducation des
professionnels de la santé en
moyens de prévention des
MGF,
 Intensifier la sensibilisation
des populations sur les effets
nocifs des MGF.
 Encourager l‟adhésion à la
lutte anti-MGF et la mise en
œuvre du FRCS/MGF-2015
 Faire de l‟école une actrice
de la lutte contre les MGF
(Chef-de-file Délégué)
RECOMMENDATIONS
 Renforcer les capacités des intervenants
et du comité national ;
 Promouvoir la formation pour des
emplois alternatifs et/ou des activités
génératrices de revenus ;
 Impliquer les agents de développement
social à la prise en charge des
complications liées aux MGF
 Identifier et diffuser les rites de
substitution aux MGF.
 Développer des réseaux d„intervention
afin d„étendre son rayon d„action dans
les zones rurales.
 Renforcer les réseaux communautaires
tels que les familles élargies, les
communautés villageoises, les conseils
des anciens, les groupements de femmes
et de jeunes, les leaders religieux à tous
les niveaux, les tradithérapeutes, les ONG
et les organisations communautaires
dans la lutte anti-MGF et la mise en
œuvre du FRCS/MGF-2015;
63
Bilan quinquennal 2003-2008 du Plan d’action régional pour accélérer l’élimination des Mutilations génitales féminines en Afrique
Ci-après Diagramme2 suggère leur complète interaction, indispensable pour la réussite de
FRCS/MGF2015. Les principes d‟adhésion à la Feuille de route de la Convention sociale vers
l‟abandon des MGF sont proposés en 12 points (Encart4.).
Diagramme 2 : Schéma de la Feuille de route de la Convention sociale vers l’abandon des MGF d’ici 2015
Encart 4 :
Douze principes d’adhésion à la FEUILLE DE ROUTE DE LA
convention sociale vers l’abolition des MGF
1. Éduquer les communautés.
2. Développer les communautés.
3. Impliquer des membres-clé de la communauté comme agents de changement.
4. Faciliter les rites alternatifs sans MGF.
5. Inclure la lutte anti-MGF aux interventions existantes.
6. Intégrer la lutte anti-MGF au sein d’un contexte de développement.
7. Adapter l’intervention au contexte socioculturel et économique.
8. Rechercher l’adhésion des partenaires locaux respectés.
9. Promouvoir les droits de la personne et la législation à la santé et au
changement social inhérent.
10. Établir des objectifs spécifiques.
11. Evaluer les résultats avec des indicateurs de performance.
12. Assurer une communication participative des changements parmi les
communautés entre-elles et adjacentes.
(*) Adaptation de la Cohésion sociale, Wikipedia, 2009.
64
Bilan quinquennal 2003-2008 du Plan d’action régional pour accélérer l’élimination des Mutilations génitales féminines en Afrique
Cinquième Partie
Conclusions et recommandations
65
Bilan quinquennal 2003-2008 du Plan d’action régional pour accélérer l’élimination des Mutilations génitales féminines en Afrique
CONCLUSION
La lutte contre les MGF, érigée en cause globale, témoigne de l‟insertion des sociétés
Africaines sur la scène internationale. Cependant, les politiques anti-MGF qui émergent dans
les sociétés excisantes depuis les années 1990 apportent des réponses mitigées en faveur de
l‟éradication de ces pratiques. Le dilemme complexe visant à condamner moralement les
MGF comme une violence contre les femmes, serait „armé de bons sentiments‟ au nom de
l‟émancipation des femmes. Les législations en faveur de l‟élimination des MGF restent
nécessaires mais ne suffisent pas à promouvoir les droits des femmes. Les lois visant
l‟abolition de la pratique devraient être accompagnées d‟éducation et de campagnes
d‟information dans le cadre général de promotion des droits des femmes.
D‟aucun a peur de la perte de l‟identité culturelle et la dissolution de la société. Des solutions
à long-terme de lutte anti-MGF résident dans la capacitation des femmes dans leurs droits.
Beaucoup de sociétés réfutent les conséquences sanitaires tout en souhaitant d‟avoir de plus
explications à cet effet. Les survivantes des MGF ne peuvent pas oublier et gardent en
mémoire les douleurs et traumatismes psychosociaux engendrés. Aussi, les Gouvernements se
doivent de démontrer leur complète adhésion pour l‟abolition totale des MGF.
La Constitution de l‟OMS 1946 stipule que « chaque individu a droit à la santé quelque soit
sa race, son sexe, sa croyance et son appartenance politique ». Selon l‟OMS, les MGF
constituent une violation des droits humains applicables aux fillettes et aux femmes et
représentent une grave menace pour leur santé. En effet, depuis 1997 l‟OMS s‟est impliquée
dans la lutte contre les MGF faisant d‟elles un problème de santé publique violant les droits
universels à la santé et à la vie.
Depuis, les ASNU n‟ont cessé de réaffirmer leurs déclarations à l‟encontre des MGF,
réitérées lors de la revue du 1er quinquennat des recommandations issues de la Conférence
Internationale sur la Population et le Développement de 1994 au Caire, Egypte, et de la 4 ème
Conférence mondiale des Femmes en 1995 à Beijing, Chine. Le Comité international de lutte
contre toutes les formes de discrimination à l‟égard des femmes a fait appel aux
gouvernements de prendre les mesures nécessaires leur demandant de mettre les ressources
nécessaires à cet effet pour la promotion des droits des femmes. L‟Assemblée générale des
Nations Unies a pris des plusieurs résolutions visant l‟élimination de toutes pratiques néfastes
aux enfants et aux femmes.
L‟OMS, en tant que coordonateur international des NU en matière de santé publique,
condamne fermement la médicalisation des MGF. En 1997, le Bureau régional de l‟OMS
pour l‟Afrique a initié un Plan d’action régional pour accélérer l’élimination des MGF
(PARE/MGF) en Afrique pour une période de 20 ans. Vingt-deux des 27 pays concernés ont
adopté le PARE/MGF, sa mise en œuvre débuta dès 1998. En avril 1997 l‟OMS, FNUAP et
l‟UNICEF ont également fait une Déclaration conjointe pour l‟élimination des MGF.
L‟Union africaine plébiscite l‟abolition de toutes formes de pratiques traditionnelles y
compris les MGF. En 2003, CI-AF prône une vision Tolérance-Zéro-MGF d‟ici 2015. En
2008, lors de sa 61ème réunion, AMS a prié les Etats membres de mettre fin aux MGF.
De multiples efforts ont été fournis à des degrés divers par les 12 pays sélectionnés pour le
présent bilan quinquennal 2003-2008 de la mise en œuvre du PARE/MGF en Afrique. Il est
cependant important de noter que pour une élimination durable des MGF toute la
communauté, sa population, ses dirigeants et ses mouvements associatifs doivent être parties
prenantes de toutes les interventions. Les agences bilatérales et multilatérales, ainsi que les
organisations humanitaires, se doivent ainsi de leur prêter main-forte pour que l‟éradication
de ces pratiques soit une réalité dans le prochain quinquennat.
66
Bilan quinquennal 2003-2008 du Plan d’action régional pour accélérer l’élimination des Mutilations génitales féminines en Afrique
Recommandations
L‟abandon des MGF est une réalité en marche. L‟heure est arrivée de déclencher un
mouvement mondial en faveur d‟un changement positif et durable. Avec le soutien de tous, il
est possible d‟envisager que les MGF soient abandonnées par les communautés d‟ici 2015.
Cependant, une pression continue est nécessaire à travers l‟évaluation des progrès accomplis,
la détermination des mesures prises les plus efficaces, l‟octroi de ressources adéquates, et le
partage des informations sur les meilleures stratégies pour y mettre fin.
Alliant les connaissances tirées du bilan quinquennal 2003-2008 PARE/MGF, l‟utilisation de
la Feuille de route de la Convention Sociale vers l’abandon des MGF peut constituer une
approche holistique novatrice et un instrument technique pour changer de façon positive et
durable la vie des filles et des femmes. Il est ainsi recommandé de/d‟:
1. Disséminer largement le présent rapport du bilan quinquennale 2003-2008 du PARE/MGF
à tous les niveaux de l‟Organisation, aux Etats membres et aux partenaires ;
2. Rendre le présent rapport du bilan quinquennale 2003-2008 du PARE/MGF disponible sur
toutes les techniques de communication visuelles et audiovisuelles, traditionnelles et
modernes, afin de partager les expériences à tous les niveaux ;
3. Impliquer tous les ASNU signataires de la Déclaration conjointe sur la mise en œuvre de
la Feuille de route de la Convention Sociale pour l‟abolition des MGF d‟ici 2015
4. Organiser une réunion triennale (2012 & 2015) plurisectorielle et multi-agence sur la mise
en œuvre de la Feuille de route de la Convention Sociale pour l‟abolition des MGF d‟ici
2015
67
Bilan quinquennal 2003-2008 du Plan d’action régional pour accélérer l’élimination des Mutilations génitales féminines en Afrique
Quatrième Partie
Bibliographie
68
Bilan quinquennal 2003-2008 du Plan d’action régional pour accélérer l’élimination des Mutilations génitales féminines en Afrique
Bibliographies
 Center for Reproductive Rights, Female Genital Mutilation (FGM): Legal Prohibitions
Worldwide (New York, NY: 2008).
 Inter-African Committee on Traditional Practices, International, Regional and Legal
Instruments for the Protection of Women and Girls against FGM, consultation en ligne à
l‟adresse suivante : www.iac-ciaf.com/legalprotection.htm .
 Union interparlementaire, Législation et autres textes de droit interne, consultation en
ligne à l‟adresse suivante : www.ipu.org/wmn-e/fgm-prov-b.htm .
 Population Reference Bureau, Abandonner la mutilation génitale féminine/excision :
Informations du monde entier, un CD-ROM (Washington, DC : PRB, 2005).
 UNICEF, Female Genital Mutilation/Cutting: A Statistical Exploration (novembre 2005).
 Women‟s United Nations Report Network, FGM Legislation for 25 African Countries—
Female Genital Mutilation, consulté en ligne à l‟adresse suivante: http://wunrn.com/
news/2006/11_06_06/111206_fgm_legislation.htm le 2 mai 2008.
 Organisation mondiale de la santé, Eliminer les mutilations génitales féminines :
Déclaration inter-institutions (Genève : OMS, 2008).
 Organisation mondiale de la santé, Mutilations génitales féminines, Aide-mémoire no 241
(Genève : OMS, mai 2008).
 P. Stanley Yoder et Shane Khan, Numbers of Women Circumcised in Africa: The
Production of a Total (Calverton, MD : ORC Macro, mars 2008).
 P. Stanley Yoder, N. Abderrahim et A. Zhuzhuni, Female Genital Cutting in the
Demographic and Health Surveys : A Critical and Comparative Analysis, DHS
Comparative Reports No. 7 (Calverton, MD : ORC Macro, septembre 2004).
 Wikipedia Free Encyclopedia (2008): Démographies de Burkina Faso, Centrafrique, Côte
d’Ivoire, Erythrée, Ethiopie, Guinée, Libéria, Mali, Mauritanie, Nigeria, Sénégal et Tchad
 „Mutilations génitales féminines/excisions : données et tendances‟. Population Reference
Bureau, 2008
 „Female genital mutilations: generalities, complications and management during
obstetrical period‟. Journal de Gynécologie, Obstétrique et Biologie. 2004 vol.33.No3
 „Mutilations génitales féminines au Tchad : Perceptions des Parlementaires et des
Leaders d’opinion’. P. Diallo, G. Batakeo, G. Kodingo, F. Alzouma, E. Dnalbay. 2009
 „Les mutilations sexuelles féminines: Aperçues du problème‟. OMS Genève, 1998
69