Prostate : échec de la rééducation périnéale Les massages
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Prostate : échec de la rééducation périnéale Les massages
Brèves de médecine Magazine Par Hélène Vaillant-Roussel et Jean-Sébastien Cadwallader exercer 2011;99:207-8. © 6sous – Fotolia.com Les massages soulagent (un peu) les dorsalgies chroniques Une étude récente a testé deux techniques de massage pour soulager les dorsalgies chroniques. Elle a mis en évidence un soulagement léger mais significatif des symptômes et de l’impotence fonctionnelle après dix semaines de traitement. Les adultes bénéficiant de massages hebdomadaires avec un kinésithérapeute entraîné avaient un score de symptômes plus bas (1,4 ou 1,7 point plus bas sur une échelle de 0 à 10) et un score d’incapacité plus bas (2,5 ou 2,9 plus bas sur une échelle de 0 à 23) par rapport au groupe témoin. Une des techniques de massage était centrée sur la relaxation et l’autre sur la recherche et le traitement des muscles contribuant spécifiquement aux douleurs. Le massage relaxant était plus facile d’accès et moins onéreux. D’après les auteurs, les médecins devraient prescrire la technique relaxante dans cette indication. Ce n’est pas la première étude suggérant que les massages peuvent aider les patients lombalgiques chroniques, bien que le bénéfice réel ne soit pas clairement établi. Dans ce type d’étude, le groupe témoin pose problème : il est difficile de cacher aux patients du groupe témoin qu’ils ne reçoivent pas le traitement actif. Il est également possible que le bénéfice soit en rapport avec l’attention, la relaxation et le bien-être que procure ce type de soin. Enfin, cette amélioration modérée ne persistait pas après l’arrêt des séances, ce qui limite l’intérêt de la kinésithérapie. Ann Intern Med 2011;155:1-9. Vo l u m e 2 2 N° 99 [email protected] – [email protected] Prostate : échec de la rééducation périnéale Après une intervention chirurgicale sur la prostate, l’incontinence est un problème fréquent pour lequel la rééducation périnéale est souvent recommandée. Deux études menées au Royaume-Uni ont montré qu’elle n’avait d’effet ni sur les symptô- © Unclesam – Fotolia.com mes ni sur la qualité de vie. Elles ont inclus des hommes incontinents six semaines après une prostatectomie radicale pour cancer ou après une résection transuréthrale pour une pathologie bénigne. Quatre sessions de rééducation avec un kinésithérapeute pendant trois mois (accompagnées d’instructions pour des exercices à domicile) n’ont pas été significativement plus efficaces que de simples conseils d’hygiène de vie dans les deux études. Trois quarts des hommes restaient incontinents un an après la prostatectomie radicale dans les deux bras, et plus de 60 % des hommes restaient incontinents dans les deux bras un an après la résection transuréthrale. Dans l’étude sur la prostatectomie radicale, 472 hommes sur 1 158 étaient incontinents, soit 41 %. Dans celle sur la résection transuréthrale, 512 hommes sur 5 986 étaient incontinents, soit 9 %. Le risque d’incontinence est donc très important lors d’une chirurgie prostatique, notamment radicale, et les solutions thérapeutiques sont très limitées. C’est un argument supplémentaire contre le dépistage systématique du cancer de la prostate : il n’améliore pas la mortalité et ses conséquences thérapeutiques aggravent le pronostic fonctionnel. Lancet 2011;doi:10.1016/S0140-6736(11)60751-4. Les antidépresseurs déconseillés chez les patients âgés souffrant de démence Un essai contrôlé randomisé à trois bras réalisé en 2009 à la demande des autorités sanitaires britanniques a montré que ni la sertraline ni la mirtazapine n’étaient supérieures au placebo chez des patients atteints de maladie d’Alzheimer et d’un état dépressif caractérisé associé. Les 326 patients inclus avaient en moyenne 80 ans, une maladie d’Alzheimer modérée et un état dépressif caractérisé évoluant depuis plus de six mois sans risque suicidaire. Les deux substances n’amélioraient ni les scores spécifiques de dépression des patients, ni leurs scores de qualité de vie, ni la satisfaction des aidants durant les 39 semaines de l’étude. En revanche, par rapport au placebo, elles étaient significativement plus souvent responsables d’effets indésirables (vertiges, somnolence, labilité tensionnelle) et d’interactions médicamenteuses. Les auteurs déconseillent donc les antidépresseurs en première intention pour cette catégorie de patients atteints de maladie d’Alzheimer et déprimés, situation fréquente en médecine générale. L’étude n’a pas évalué l’intérêt de ces médicaments pour des patients à haut risque suicidaire. En pratique, la mise en place d’aides spécifiques pour les patients, les aidants et les soignants, d’abord dans des structures ambulatoires, puis dans des structures d’accueil dédiées est une démarche licite. Il faut plutôt insister sur l’environnement du patient que sur la prescription systématique de psychotropes. Lancet 2011;378:403-11. e x e r c e r la revue française de médecine générale 207 Magazine Brèves de médecine Gare au petit écran ! Bouger pour prévenir la démence Deux études de cohorte américaines confortent l’idée répandue que l’exercice physique régulier permettrait d’entretenir ses facultés cognitives. WACS a inclus 2 809 femmes âgées de plus de 65 ans à haut risque cardiovasculaire et montré une association significative entre le maintien d’une activité physique régulière adaptée à l’âge, en l’occurrence une marche quotidienne de 30 minutes, et le maintien des facultés cognitives. La survenue d’une pathologie neurodégénérative était retardée de cinq à sept ans. La deuxième étude a inclus 197 hommes et femmes âgés de plus de 75 ans issus de la cohorte Health ABC et a évalué la dépense énergétique globale en deux ans des participants à partir d’un questionnaire d’habitudes de vie et de l’élimination d’isotopes radioactifs injectés. L’incidence des pathologies neurodégénératives a été significativement plus faible dans les sous-groupes à dépense énergétique élevée, indépendamment du sexe. Les auteurs proposent comme hypothèse physiopathologique que les modifications microvasculaires locales dues à l’athérome participent à la constitution de la plaque amyloïde responsable de la maladie d’Alzheimer. Des études d’intervention sont en cours pour confirmer ces observations. En conclusion, les auteurs suggèrent qu’en plus de la réduction du risque cardiovasculaire une autre bonne raison de maintenir une activité physique régulière au-delà de 50 ans serait une réduction du risque de démence. JAMA 2011;305:2448-55. Avec le temps, tout s’en va… sauf le poids Trois cohortes de professionnels de santé ont été suivies aux États-Unis pendant 12 à 20 ans. Leurs habitudes de vie ont été étudiées, et leurs poids mesurés. Ils ont pris en moyenne un demi-kilo par an. Sans surprise, les consommations de chips, de frites, de purée, de viande et de sodas étaient toutes associées à un gain de poids significatif. Il suffisait d’une prise quotidienne de chips pour prendre 1,5 kg en 4 ans (IC95 = 1,03-1,99). Consommer des céréales, des graisses insaturées ou de l’alcool était aussi associé à une prise de poids. En revanche, certains produits étaient associés à une perte légère mais significative de poids en quatre ans : 0,37 kg (0,30-0,45) pour les yaourts, 0,26 kg (0,08-0,44) pour les fruits à coque, 0,22 kg (0,16-0,28) pour les fruits, et 0,10 kg (0,05-0,15) pour les légumes. Ceux qui dormaient peu (moins de six heures) ou beaucoup (plus de huit heures) prenaient davantage de poids. Les facteurs sociaux étaient souvent cités comme des facteurs de risque majeurs d’obésité. Ces 120 877 adultes en bonne santé, minces et éduqués ont néanmoins pris du poids avec le temps. Arch Intern Med 2011;171:1244-50. 208 e x e r c e r la revue française de médecine générale N Engl J Med 2011;364:2392-404. Vo l u m e 2 2 N° 99 © Galaiko Sergey – Fotolia.com © Eventimages21 – Fotolia.com Regarder la télévision occupe 40 à 50 % du temps de loisir d’un habitant d’un pays développé. Aux États-Unis, la moyenne sur l’année atteint cinq heures par jour. Selon une méta-analyse sur 175 838 patients issus de 8 grandes études de cohorte européennes et américaines, ce passe-temps sédentaire est associé à la survenue d’un diabète de type 2, de pathologies cardiovasculaires et même de décès. Deux heures de télévision supplémentaires étaient asso- © olly – Fotolia.com ciées à 20 % de diabète de type 2 et 15 % de pathologies cardiovasculaires en plus (RR = 1,20 ; IC95 = 1,14-1,27 et RR = 1,15 ; IC95 = 1,06-1,23). Les facteurs de confusion comme les habitudes alimentaires et l’IMC étaient pris en compte. La mortalité toutes causes confondues était augmentée de 13 % au-delà de trois heures de télévision quotidiennes. Évidemment, ces résultats ne permettent pas de faire de l’activité télévisuelle un facteur indépendant de risque cardiovasculaire ou de diabète, mais sont suffisamment robustes pour établir une corrélation entre télévision et habitudes de vie présumées néfastes. De nombreuses études interventionnelles à petite échelle visant à diminuer la durée de l’activité télévisuelle étayent cette corrélation en montrant une amélioration globale du respect des règles hygiénodiététiques. Moins de télévision signifie plus d’activité physique, un IMC plus bas, et moins d’exposition aux publicités de produits de consommation néfastes. Les auteurs suggèrent d’étudier le retentissement d’autres habitudes sédentaires comme la durée d’utilisation d’un ordinateur sur la survenue de pathologies métaboliques ou cardiovasculaires.