Année 2014

Transcription

Année 2014
En quête de
Performance
De Vinci…
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Arnaud GUEVEL & Antoine NORDEZ
:
Mehdi R’KIOUAK & Robin SOURON
:
Mehdi R’KIOUAK
:
www.forwallpaper.com
Copyright!©!
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ÉDITO&
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Ce recueil d’articles écrits par les étudiant(e)s de Master 2 « Expertise, Performance, Intervention » promotion 2013 – 2014, s’adresse aux professionnels du sport, aux cadres techniques,
entraîneurs, dirigeants, directeurs sportifs, ainsi qu’aux professionnels de la santé, susceptibles d’être
intéressés à des titres divers par des problématiques liées à la motricité humaine et son adaptation ou
son développement. Chaque étudiant (en fin d’étude de Master) a traité un thème de son choix, et
propose au lecteur l’état d’une réflexion s’appuyant sur des connaissances scientifiques et techniques
actualisées dans le domaine concerné, avec un souci de la rendre accessible et utile pour les praticiens
visés. A ce titre, l’encadré « Recommandations » inséré dans chaque article permet au lecteur de
disposer de quelques principes ou idées pouvant être mobilisés dans une pratique professionnelle. Ce
recueil est donc une illustration concrète d’une partie des compétences et qualités que les étudiantes et
les étudiants de cette formation ont développé au cours de leur formation, et de leur capacité à traiter
de toute question en relation avec l’expertise sportive, la performance, et les techniques d’intervention.
Les articles présentés dans ce recueil concernent 4 thèmes : « Technologie et Performance »,
« Entraînement et Performance », « Préparation physique et mentale et Performance », et « Santé,
Prévention, Rééducation ». Ces thèmes sont représentatifs des connaissances que les étudiant(e) s
acquièrent lors de leur cursus en Master, et des compétences qu’ils développent au fil de cette
formation.
Cette publication vise aussi à inciter à des rencontres ou à initier des collaborations avec des
professionnels et dirigeants du domaine sportif et/ou de la santé par les activités physiques. Au-delà,
l’insertion professionnelle des diplômés étant un objectif essentiel de ce Master, il s’agit de faire découvrir l’étendue de leur potentiel à d’éventuels futurs employeurs (les coordonnées électroniques de
chaque étudiant sont indiquées pour tout contact ou offre d’emploi à leur adresser).
Arnaud Guével
Professeur des Universités
Coordinateur de la publication M2 EPI 2014
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PRÉSENTATION&DE&LA&FORMATION&&
Le master « Expertise, Intervention, Performance » ouvert à l’UFR STAPS de l’Université de
Nantes vise à répondre à de nouveaux besoins exprimés par différentes structures sportives. Il s’agit de
former des professionnels capables : d’étudier l’activité des « acteurs sportifs » (entraîneurs, athlètes,
enseignants d’EPS, formateurs) dans leur globalité et complexité, c’est-à-dire en prenant en compte de
manière simultanée différentes facettes de l’activité (en privilégiant des approches interdisciplinaires);
de concevoir des recherches poursuivant à la fois des objectifs scientifiques et sportifs, et qui soient
réalisées dans un cadre de collaboration explicite et contractuelle entre les chercheurs et les acteurs
sportifs.
Plus concrètement, le diplômé du master « Expertise, Performance, Intervention » est capable
d’assurer la conception, le pilotage et l’expertise de programmes d’entraînement et d’optimisation de la
performance sportive ou motrice et doit pouvoir organiser son activité professionnelle en relation avec
trois grandes familles de tâches : 1. La conception, le développement, et l’optimisation de programmes
d’intervention ; 2. la mise en place, la coordination, la conduite et l’évaluation de ces programmes
d’intervention ; 3. la formalisation et l’optimisation des compétences des intervenants (entraîneurs,
préparateurs physiques ou mentaux, formateurs, kinésithérapeutes, psychomotriciens, etc.) et de leurs
modalités de travail collectif. Dans le cadre de leur dernière année de formation, les étudiants de master
2 « Expertise, Performance, Intervention » ont engagé une démarche originale visant à proposer aux
professionnels et acteurs sportifs une revue présentant les travaux développés dans le cadre de leur
cursus ou une synthèse des connaissances nouvelles dans un domaine en lien avec une activité
sportive ou une activité de recherche ayant retenu leur intérêt. Un de leurs objectifs est de susciter votre
curiosité et un intérêt qui, au delà de cette revue, inviteraient à des interactions entre vos structures et
eux.
Cette belle initiative, que je salue et qui je l’espère se pérennisera, démontre le dynamisme des
étudiants de cette promotion, et leur volonté de communiquer vers les professionnels et des acteurs du
milieu sportif auprès desquels ils aspirent à valoriser et développer leurs compétences. Je suis certain
que vous serez sensibles et intéressés par cette initiative, et au delà, je vous remercie par avance de
l’accueil que vous réserverez aux futurs professionnels issus de cette année de formation.
Christophe Cornu
Responsable Pédagogique du Master 2 EPI
UFR STAPS Nantes
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SOMMAIRE(
Quelques(connaissances(pour(prendre(soin(de(vos(athlètes.(
Prévention**
*
+*Intérêts*de*l’évaluation*posturologique*chez*le*sportif*..……………………….……………………*4*
*
+* Gérer* la* charge* d’entrainement*:* un* acte* stratégique*?* Où* comment* un* sportif* peut*
être*performant*toute*l’année*..…………………………………………………………………………………….*8*
*
Récupération*
*
+*La*récupération*au*cœur*de*la*performance*sportive*:*Quelles*techniques*à*privilégier*
et*pour*quels*effets*?*…………………………………………………………………………………………………..*12*
*
Réathlétisation*
*
+* Entorse* grave* de* genou* et* opération* du* ligament* croisé* antérieur…* «*Quand* est+ce*
que*je*rejoue*?*»*………………………………………………………………………………………………………….*16*
(
Quelques( idées( d’éléments( sur( lesquels( s’appuyer( pour( recruter( et(
former(vos(athlètes.(
(
Analyse*
*
+*La*performance*en*sports*collectifs*:*Comment*rendre*compte*de*sa*complexité*?*..*20*
*
Entraînement*
*
+* La* perception* de* momentum* pscychologique* par* les* athlètes* et* son* lien* avec* la*
performance*ainsi*que*l’effet*de*la*rupture*sur*la*perception*…………………………………….*24*
*
+*La*prise*d’information*en*sports*collectifs*……………………………………………………………….*30*
*
Propositions*
*
+*«*La*notion*de*disposition*à*agir*comme*nouveau*champ*d’investigation*en*sport*».*
Avantages*et*perspectives*………………………………………………………………………………………..…*33*
*
+*Football*:*vers*une*spécificité*de*la*détection.*Le*test*LSPT*adapté*au*football*comme*
test*de*détection*pour*les*milieux*de*terrain*………………………………………………………………*36*
Sylvain MONNIER : titulaire d’un BPJEPS AGFF, éducateur sportif pour enfants, professeur de fitness et coach
sportif à domicile. Le sport pour la santé est mon credo. Dans mes cours et avec mes clients, le plus important
pour moi est qu’ils se sentent mieux suite à mon intervention. C’est pourquoi avec cet article je me suis
intéressé à la posturologie.
Mail : [email protected]
!
INTÉRÊTS DE L’ÉVALUATION POSTUROLOGIQUE CHEZ LE SPORTIF
!
!
’outil! de! travail! d’un! sportif! est! son! corps.! Aussi! une! des! préoccupations! majeures! du! sportif,! des!
entraineurs! et! du! staff! médical! est! la! prévention! des! blessures.! Ces! dernières! années,! des! travaux!
menés!dans!le!sport!s‘intéressent!de!plus!en!plus!à!la!posturologie!dans!le!cadre!de!cette!!
prévention!des!blessures!sportives!et!du!retour!au!sport.!
L!
LA POSTUROLOGIE : C’EST QUOI ?
Allons plus loin que la définition bête et méchante :
« c’est l’étude de la posture ». En effet il s’agit de l’étude
du système de régulation de la posture mais aussi de sa
stabilité et de son orientation.
D’après le dictionnaire Littré il s’agit « de la manière dont
on se pose, tient le corps, la tête, les membres ». Le
Robert, quant à lui la définit comme « une attitude
particulière du corps (surtout lorsqu’elle est peu naturelle
ou peu convenable) ».
La définition de la posture n’est donc pas universelle.
Mais des points communs existent entre tous les auteurs.
Pour la plupart, la posture est composée de deux
facettes.
La première est un état de stabilité ou de stabilisation
comme le corrige Gagey et Weber (2005). En effet, cet
état de stabilité est en permanence remis en cause par
des stimulations externes (vent, terrain accidenté, …)
mais aussi internes (déséquilibre musculaire, …). C’est
pourquoi ces auteurs préfèrent le terme stabilisation.
Cet état de stabilisation ou d’équilibre est maintenu par
ce que certains auteurs appellent le tonus postural. Les
muscles se préparent à la moindre perturbation due au
mouvement volontaire ou involontaire pour préserver un
état de stabilisation. Ces auteurs définissent la posture
comme une préparation au mouvement. Selon Fukuda,
« les réflexes posturaux s’expriment dans le
mouvement ». Aruin et Shiratori (2004) ainsi qu’Hamaoui
et al. (2004) nomment ce phénomène de préparation
« ajustements posturaux anticipatoires ». Par exemple, le
premier muscle qui se contracte lorsque l’on tend la main
!
pour dire bonjour est le soléaire (muscle profond du
mollet) afin de prévenir le déséquilibre en avant engagé
par la masse de la main.
Il s’agit ici de la fonction anti-gravitaire de stabilisation de
la posture caractérisée par un état dans lequel il y a le
moins de mouvements possibles appelé balancement
postural ou « postural sway ».
La seconde facette de la posture la définit comme la
position du corps ou la configuration des différents
segments dans l’espace. Elle exprime la manière dont
l'organisme affronte les stimulations du monde extérieur
et se prépare à y réagir. Elle est le fruit d'une activité
musculaire à la fois tonique et phasique. La configuration
des segments corporels est élaborée sur un mode plutôt
tonique, elle est maintenue sur un mode plutôt phasique.
Cette fois-ci il s’agit de la fonction d’orientation et
d’interface avec le monde extérieur.
Selon Viel (2000) il existe trois types d’adaptations
posturales :
- les réactions de redressement qui, en favorisant
le positionnement correct des segments mobiles
du corps, conditionnent le passage de la position
allongée à la position debout ;
- les réactions de soutien qui, par une action
combinée
des
muscles
agonistes
et
antagonistes, permettent le maintien de cette
attitude ;
- les réactions de stabilisation qui réorganisent la
répartition des activités toniques et des réactions
d’équilibration intervenant lors de déséquilibres
importants.
4
L’enjeu de l’organisme est de préserver le meilleur
contrôle postural (stabilité et adaptation) possible, ce qui
passe par l'intégration continue des informations
sensorielles en provenance des systèmes visuel,
proprioceptif et/ou vestibulaire.
Si ce contrôle est rompu nous pouvons alors parler de
syndrome de déficience posturale qui peut être
aujourd’hui compris comme l’association d’un
dérèglement de l’activité tonique et d’un défaut de
contrôle des oscillations ou balancements posturaux qui
compromettent la stabilité.
Piétinement de 50 pas sur place, bras tendus devant, les
yeux sont fermés, la tête est neutre. Réaliser le test dans
une pièce silencieuse et sur un sol neutre. A la fin du
test, observer l’angle de déviation. Cet angle est
normalement inférieur à 90°.
Amblard (2006) décrit d’autres outils de mesures :
- Plates-formes de force : mesure des
déplacements horizontaux du centre de pression.
Celles-ci sont très utilisées dans l’étude de la
posture.
COMMENT ÉVALUER LA POSTURE ?
La notion de posture est donc complexe et
multifactorielle. Il existe alors plusieurs évaluations
possibles selon ce que l’on cherche à mesurer. Des tests
se déroulent de manière statique alors que d’autres
nécessitent des appareils mesurant les mouvements.
Voici différents outils permettant l’évaluation et/ou
l’analyse de la posture chez le sportif aujourd’hui :
- Tests posturaux : ce sont les plus simples et les
plus faciles des outils à mettre en place. Ci-après
deux exemples.
Figure 3 : Image de l’enregistrement d’une plate-forme
de force.
-
Accélérométrie : analyse la cinématique des
mouvements d’équilibre.
Systèmes optoélectroniques : mesures des
mouvements à distance.
Enfin, d’après Viton et al. (2004), il est aussi possible
aujourd’hui d’utiliser pour déterminer l’activité posturale
dynamique :
- Electromyographie (EMG) : mesure de l‘activité
électrique des muscles.
- Fibres optiques : mesure des forces exercées au
niveau des tendons.
POURQUOI ÉVALUER LA POSTURE ?
Figure 1 : Schéma du test de Romberg.
Le sportif debout ou assis positionne ses 2 bras à
l'horizontale devant lui, index tendus écartés largeur
épaules. L’expérimentateur positionne ses index devant
ceux du sportif et demande à ce dernier de fermer les
yeux pendant 20 secondes. La déviation des index va
permettre de corroborer le type d'ataxie rencontré.
Grâce à ces divers tests et outils, plusieurs recherches
sur la posture ont pu voir le jour dans le domaine du
sport.
Avant celles-ci, le lien entre la posturologie, ou la posture
avec le sport est resté longtemps quasi inexistant.
Depuis quelques années cette notion est apparue et est
aujourd’hui très présente voire au cœur des séances de
certains entraîneurs tels Florian Lorimier, coach de Didier
Cuche en ski alpin : « On travaille d’abord les muscles
profonds proches de la colonne vertébrale et du
squelette afin de renforcer la stabilisation ».
Ces études ont prouvé qu’une mauvaise posture pouvait
prédire un risque de blessure plus élevé. Loudon et al.
(1996) démontrent une forte association entre la blessure
du ligament croisé antérieur chez des joueuses de
basket-ball et leur posture debout. La posture statique
est le départ du mouvement dynamique. Les joueuses de
basket-ball qui ont un « genu recurvatum » important
ainsi qu’une pronation plus marquée au niveau de la
cheville stressent plus leur genou lors d’une situation
dynamique et ont un plus grand risque de blessure au
niveau du ligament croisé.
Figure 2 : Schéma du test de Fukuda.
!
5
Par la suite, certains auteurs ont réussi à prouver que
l’activité sportive influençait voire modifiait la posture, que
ce soit positivement ou négativement.
En effet, les deux études suivantes présentent des
conséquences plutôt positives du sport sur la posture.
Viton et al. (2004) expliquent que le sport modifie les
stratégies de contrôle de l’équilibre et du mouvement.
Les informations sensorielles de référence utilisées pour
le contrôle postural étaient différentes en fonction du
sport. En danse classique par exemple, les stratégies
choisies permettaient de tenir beaucoup mieux et
beaucoup plus rapidement sur un seul appui. Deux ans
plus tard, Ghorbel et al. (2006) décèlent une amélioration
de l’équilibre postural chez l’enfant gymnaste grâce à
l’entraînement, confirmant ainsi les premières recherches
de Viton et al. (2004) sur les modifications des stratégies
de contrôle de l’équilibre.
Contrairement à ces études, Stošić et al. (2011) montrent
que l’entraînement pendant la période de l’enfance a des
conséquences non favorables sur la colonne vertébrale
et la posture. Certaines activités sportives sont plus
susceptibles que d’autres d’amener des déformations du
rachis. Ainsi ils calculent que 70% des athlètes et des
cyclistes ont une hypercyphose. Les footballeurs sont
soumis, en plus d’une hypercyphose, à une
hyperlordose, attestant ainsi les résultats d’Henessy et
Watso (1993) qui expliquaient déjà à l’époque que les
coups de pieds et les exercices d’abdominaux avec les
jambes droites contribuaient à une hyperlordose. Enfin,
les danseurs, les lanceurs de javelot, les tennismen, les
gymnastes et les volleyeurs ont des risques plus
importants de scoliose. Ces sportifs subissent donc des
tensions anormales au niveau du rachis augmentant les
risques de blessures dus à une posture perturbée. C’est
ce qu’expliquent Hamaoui et Le Bozec (2014), les
chercheurs précisent que des tensions asymétriques le
long de la colonne vertébrale induisent des effets
inquiétants sur la posture. Ils confirment donc que les
résultats ci-après trouvés par Stošić et al. (2011) sont liés
à une mauvaise posture.
Ainsi les blessures au genou des footballeurs sont
souvent associées à une hyperlordose. 51.9% des
joueurs de football, de rugby et de football américain
souffrent d’hyperlordose et parmi eux 67% se sont
blessés alors que 26.5% des joueurs ne souffre aucune
déformation de la colonne et seulement 36% d’entre eux
se sont blessés.
De plus, Aruin (2006) montre qu’une posture asymétrique
amène des ajustements posturaux asymétriques. Par
exemple dans une tâche de rotation de la jambe gauche,
on observe une inhibition du soléaire droit et une
activation du soléaire gauche. Dans une activité
unilatérale ou si le sportif travaille toujours le même côté
(shoot toujours du même pied ou de la même main, …)
un côté est plus souvent activé que l’autre ce qui risque
de rendre la posture de plus en plus asymétrique. Or
récemment Pastorelli et Pasquetti (2013) confirment que
des relations incorrectes entre les différentes parties du
corps produisent des tensions inappropriées et amènent
des problèmes posturaux aboutissant à une
augmentation des risques de blessures.
!
Enfin, pour conclure, il faut savoir qu’après une blessure
et malgré la rééducation, il peut subsister des
déséquilibres posturaux induisant une augmentation des
risques de récidive de blessure. Paterno et al. (2013)
prouvent que des déficits de stabilité posturale sont
observés chez des personnes après opération des
ligaments croisés malgré les programmes de
rééducation, or nous avons vu précédemment qu’il y
avait un lien entre la posture et la blessure du ligament
croisé. Donc les personnes qui ont été opérées des
croisés ont de plus importants risques de récidives.
D’après tout cela, les activités sportives modifient notre
corps. Certains sports amènent des positions non
naturelles, ou alors la répétition de gestes unilatéraux
déforme le rachis, augmentant le risque de blessures. A
contrario certaines activités permettent d’améliorer notre
posture ou notre tonus postural.
C’est pourquoi il est important de connaître les risques
ou les avantages de l’activité pratiquée en termes de
posture mais aussi d’évaluer et d’identifier les éventuels
problèmes posturaux du sportif pour prévenir les
blessures.
QUELLES MÉTHODES POUR TRAVAILLER LA
POSTURE ?
Il existe aujourd’hui plusieurs manières de travailler et
d’améliorer sa posture :
- Etirements : d’après Rougier et al. (2006), les
étirements améliorent le contrôle de l’équilibre en
améliorant la capacité de l’information délivrée
par les mécano-récepteurs musculaires (Organes
Tendineux de Golgi et surtout Fuseaux NeuroMusculaires) à provoquer l’initiation des
mouvements correcteurs.
- Proprioception : améliorer les qualités des
capteurs proprioceptifs permet d’améliorer la
configuration du corps dans l’espace et donc la
posture.
- Exercices posturaux : James (2014) expliquent
qu’il faut privilégier la diversité des exercices
posturaux pour diminuer rapidement les
balancements posturaux.
- « Core Integration Patway » : DellaGrotte et al.
(2008) ont obtenu des bons résultats grâce à
cette méthode. En effet 66.6% des participants
ont rapidement amélioré leur activité tonique
posturale et leur stabilité.
6
Figure 4 : Six core integration patway.
-
Technologies : Loudon et al. (1996) expliquent
que le port de semelles orthopédiques et des
chaussures appropriées permettent de réduire
les risques.
BIBLIOGRAPHIE
Amblard B. (2006). Les descripteurs du
contrôle postural : Revue de synthèse. Posture et
équilibre : efficience et déficiences du contrôle postural,
Dominic Pérennou et Michel Lacour eds. Solal, 17-37.
Aruin A.S. (2006). The effect of asymetry of
posture on anticipatory postural adjustments.
Neuroscience Letters, 401, 150-153.
DellaGrotte J., Ridi R., Landi M., Stephens J.
(2008). Postural improvement using core integration to
lengthen myofascia. Journal of Bodywork and Movement
Therapies, 12, 231-245.
Gagey P.-M. et Weber B. (2005). Posturologie :
Régulation et dérèglements de la station debout.
Masson.
Ghorbel S., Zouita A., Ben Salah F.Z., Miri I.,
Lebib S. et Dziri C. (2006). Evaluation de l’équilibre chez
l’enfant gymnaste. Posture et équilibre : efficience et
déficiences du contrôle postural, Dominic Pérennou et
Michel Lacour eds. Solal, 173-178.
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increased muscular tension along the torso disturb
postural equilibrium more when it is asymetrical ? Gait &
Posture, 39, 333-338.
Hennessy L. et Watson A.W.S. (1993). Flexibility
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James E.G. (2014). Short-term differential training
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relationship between static posture and ACL injury in
female athletes. Journal of Orthopedic & Sports Physical
Therapy, 24, 91-97.
Pastorelli F. et Pasquetti P. (2013).
Biomechanlical analysis and rehabilitation in athletes.
Clinical Cases in Mineral and Bone Metabolism, 10(2),
96.
Paterno M.V., Schmitt L.C., Ford K.R., Rauh M.J.
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Rougier P., Dumas M., Jamelin T. (2006). Effets
sur le contrôle de l’équilibre d’une série d’étirements
bilatéraux des muscles triceps surae. Posture et
équilibre : efficience et déficiences du contrôle postural,
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Stošić D., Milenković S., Živković D. (2011). The
influence of sport on the development of postural
disorders in athletes. Physical Education and Sport, 9,
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Viel E. (2000). La marche humaine, la course et le
saut. Masson.
Viton J.M., Mesure S., Bensoussan L., Mattei J.P.,
Coudreuse J.M., Delarque A. (2004). Analyse de la
posture et du mouvement et médecine du sport. Annales
de réadaptation et de médecine physique, 47, 258-262.
!
Recommandations
! Intégrer des exercices de posture.
! Intégrer des exercices d’équilibre (Exemple : squats sur surface instable comme un Swissball)
! Intégrer des exercices de proprioception.
! Intégrer des étirements.
! Ne négliger aucune chaîne (latérale, antérieure, postérieure) même dans les sports dits « unilatéraux ».
! Évaluer la posture du sportif.
!
7
Steve MARIE, après avoir effectué ma licence entraînement sportif à l’UFR STAPS de Nantes, où j’ai pu
découvrir l’univers de la recherche et ses nombreuses thématiques, j’ai décidé de m’intéresser aux différentes
méthodes de quantification de la charge d’entraînement durant mon stage de 3ème année. Je me suis alors
dirigé vers un Master EPI (Entraînement, Performance, Interaction) pour approfondir cette thématique. J’ai pour
but d’être préparateur physique après cette formation.
Mail : [email protected]
!
!
GÉRER%LA%CHARGE%D’ENTRAÎNEMENT%:%UN%ACTE%STRATÉGIQUE%?%
OÙ%COMMENT%UN%SPORTIF%PEUT%ÊTRE%PERFORMANT%TOUTE%L’ANNÉE%
%
L"
a" performance" maximale" est" l’objectif" recherché" par" tous" les" sportifs" et" entraîneurs." Les" relations"
entre" les" entraînements" et" la" performance" sont" complexes" à" caractériser." Maîtriser" la" structure"
temporelle" des" effets" cumulés" des" séances" " est" la" problématique" majeure" de" l’entraînement." Le"
calendrier" des" compétitions" sollicite" très" régulièrement" l’ensemble" des" effectifs" de" sports" collectifs."
L’alternative"à"un"état"de"forme"optimal"peut"être"un"risque"de"blessure"augmenté,"la"stratégie"de"gestion"de""
la"charge"d’entraînement"durant"toute"la"saison"est"donc"un"moment"clé"de"la"planification"de"tout"
entraîneur."
INTRODUCTION
Les relations qu’entretiennent la charge
d’entraînement et la performance sont complexes et
constituent une des problématiques majeures dans
l’entraînement. Ainsi, la notion de charge d’entraînement
nécessite la connaissance de quelques principes
communément admis par les entraîneurs, tels que le
principe de spécificité, de progressivité, de continuité,
d’alternance charge-décharge. Ce dernier étant souvent
le plus difficile à appliquer réellement car les entraîneurs
souhaitent exposer le sportif à des contraintes toujours
supérieures.
Estimer la charge d’entraînement consiste à
quantifier les efforts du sportif. Cela permet ensuite
d’essayer de maîtriser et prédire les adaptations
potentielles des différentes séances. Elle permet de
définir les limites de sous-entraînement, c'est-à-dire
lorsque le sportif ne s’entraine pas suffisamment pour
maintenir son niveau de compétence. Mais elle permet,
aussi de définir les limites de surmenage ou de
surentraînement, c’est à dire quand les exigences des
séances dépassent les ressources du sportif sur une
période donnée. Le problème est donc de pouvoir
mesurer les effets de l’entraînement et de choisir l’outil
dédié à leur modélisation.
CONCEPTION DE LA CHARGE D’ENTRAÎNEMENT
La durée, l’intensité et la fréquence des
entraînements sont des paramètres qui vont influencer la
charge d’entraînement. Werchoschanski (1992), définit la
charge d'entraînement comme le produit du volume et de
l'intensité.
!
Dans la littérature, la charge d’entraînement se mesure
selon deux catégories principales : les méthodes basées
sur les données physiologiques et les méthodes basées
sur les données subjectives. Les premières représentent
des mesures objectives, rigoureuses et scientifiques qui
font toujours l’objet de recherches. Ces recherches
éprouvent des difficultés à établir des relations entre
charge d’entraînement et données physiologiques. Par
ailleurs, ces mesures peuvent être couteuses et difficiles
à mettre en place auprès d’un effectif professionnel
important.
Les secondes représentent des mesures plus faciles à
obtenir car elles consistent à demander au sportif
d’évaluer lui-même certains paramètres au cours ou
après un entraînement.
Les recherches sur la notion de charge d’entraînement
font état d’un intérêt majeur pour la périodisation de
l’entraînement afin d’aider les entraîneurs confrontés à
de multiples incertitudes (p. ex. le choix entre
périodisation scientifique et périodisation empirique).
LES
DIFFÉRENTES
QUANTIFICATION
MÉTHODES
DE
La plupart des méthodes utilisent l’algorithme
originel de Werchoschanski. La différence réside sur les
marqueurs utilisés pour exprimer le volume et l’intensité.
La fréquence cardiaque (FC)
Ce
marqueur
physiologique
a
été
prioritairement utilisé pour mesurer l’intensité de l’effort.
Pour le calcul des TRIMP (c’-à-d. TRaining IMPulses)
dans les sports d’endurance, Banister et Calvert (1975)
proposent d’utiliser la fréquence cardiaque moyenne de
8
la séance comme marqueur de l’intensité. La charge
d’entraînement exprimée en unités arbitraires, est le
produit de l’intensité par la durée en minutes.
La fréquence cardiaque est un indicateur fiable de
l’intensité d’un exercice quand celui-ci dure au moins
deux minutes et qu’elle est inférieure à VO2max (Billat,
2003). Celle-ci s’avère donc utile et pertinente pour des
disciplines à dominante aérobie. En revanche pour des
efforts de courte durée, la fréquence cardiaque, à cause
de l’inertie du système cardio-vasculaire, ne reflète pas
précisément l’intensité de l’exercice. Son utilisation reste
également, peu recommandée pour des efforts supra
maximaux (c’-à-d. sprints, sauts…), car au-delà d’une
certaines intensité, la fréquence cardiaque n’augmente
plus, quelles que soient les intensités d’efforts.
La relation FC-consommation d’oxygène étant
individuelle, la quantification de l’intensité d’entraînement
à l’aide de la fréquence cardiaque impose au préalable la
réalisation d’un test maximal.
L’entraîneur qui utilise ce marqueur doit également
prendre en compte l’influence des facteurs endogènes et
exogènes. L’âge, le niveau d’entraînement, le
surentraînement, les conditions environnementales
(chaud ou froid), l’hydratation, la durée de l’exercice, les
émotions sont des éléments susceptibles de modifier la
fréquence cardiaque.
L’utilisation des cardiofréquencemètres est largement
répandue dans le monde sportif. Sa fiabilité et sa
précision ne cessent d’augmenter avec le temps ce qui
permet aux entraîneurs d’avoir en temps réel une
information sur sa variation, selon le type d’effort.
Le lactate (La)
Dans l’organisme le taux de lactate évolue en
fonction de l’intensité de l’effort. Mujika (1996) est le
premier chercheur à avoir utilisé le lactate pour mesurer
l’intensité de la charge d’entraînement. La charge
d’entraînement est la somme du temps passé dans
chaque zone d’intensité multiplié par son coefficient
pondérateur. Ce dernier reflète les variations du niveau
du lactate en fonction des intensités d’entraînement
mesuré préalablement à différentes vitesses de nage.
Il convient de faire cependant la distinction entre la
lactatémie qui correspond à la concentration de lactate
dans le sang et le lactate qui est le témoin de la
production d’ATP par la glycolyse lactique au niveau
musculaire. Leurs cinétiques respectives n’évoluent pas
de la même manière pendant et suite à un exercice. La
concentration de lactate musculaire augmente
linéairement avec l’intensité alors que la lactatémie
augmente exponentiellement. L’utilisation du lactate ne
renseigne donc pas sur la véritable intensité de l’effort.
Cazorla et coll. (2001) suggèrent que pour avoir une
meilleure précision de l’intensité, il faut effectuer des
mesures de lactate directement dans les groupes
musculaires sollicités.
La durée, l’intensité et surtout les efforts intermittents
influencent la lactatémie.
Le lactate ne semble donc pas être un marqueur
suffisamment fidèle pour le calcul de la charge
!
d’entraînement. Les contraintes de prélèvements sont
aussi importantes et peu appréciées par les sportifs.
Il n’existe pas de marqueurs biologiques qui
soient un indicateur de la charge d’entraînement
suffisamment sensible, fidèle et reproductible. D’autres
types de marqueurs peuvent être utilisés pour mesurer la
charge d’entraînement.
Perception de l’effort
Borresen et Lambert (2008), définissent la
perception de l’effort comme la capacité qu’a le sportif à
s’auto-évaluer pendant et après un effort. L’échelle de
perception de l’effort (EPE, RPE (Rating Perceived
Exertion)) objective la relation entre les intensités
perçues et les intensités réelles.
Afin d’être le plus précis possible dans le calcul de la
charge d’entraînement, il est nécessaire d’utiliser ce
marqueur avec des sportifs experts. Une période
d’adaptation peut être nécessaire pour des sportifs
amateurs ou initiés.
L’intérêt mais aussi les limites de l’échelle de perception
de l’effort est qu’elle intègre un grand nombre
d’informations, reflet d’une approche systémique :
musculaires, articulaires, nerveux, cardio-respiratoires,
psychologiques.
Les échelles de Borg sont les plus connues pour mesurer
l’intensité de l’effort. La plus populaire étant l’échelle
RPE. C’est une échelle côtée en 15 points, notée 6 (c’-àd. effort nul) à 20 (c’-à-d. effort maximal), associée à des
expressions verbales qui visent à faciliter l’évaluation.
Une autre échelle nommée « CR-10 » est apparue. Elle
ne contient alors que 12 items ; (c’-à-d. 0 effort nul et 10
effort maximal). La charge d’entraînement s’exprime
alors en multipliant le temps (minutes) par l’indice de
difficulté perçue par le sportif.
D’un point de vue scientifique, cette méthode a fait l’objet
de nombreuses études montrant des corrélations
significatives entre l’échelle CR-10 et des variables
physiologiques (fréquence cardiaque, lactatémie).
Au niveau pratique, cette méthode a l’intérêt de pouvoir
être utilisée avec différents types d’exercice. Qu’il
s’agisse d’exercices intermittents, d’efforts à allure
régulière ou d’efforts en musculation, les échelles de
Borg permettent de mesurer l’intensité.
Les conditions environnementales, l’état psychologique
et le temps entre la fin de la séance et la saisie sont des
facteurs pouvant limiter la précision de ce marqueur
subjectif.
Toutefois, cette méthode est assez répandue dans le
milieu sportif car elle est facile d’utilisation pour les
sportifs, et permet de mesurer l’intensité qu’elle que soit
le mode d’exercice et ainsi de la normaliser.
L’enjeu actuel semble donc se situer sur le
choix de marqueurs quantitatifs et qualitatifs spécifiques
au sportif, qui permettent de définir son état actuel
d’adaptation à l’entraînement dans le but de réguler par
la suite, la charge d’entraînement.
9
APPLICATION CONCRÈTE
Nous proposons aux entraîneurs de haut
niveau une méthodologie de calcul et de suivi de la
charge d’entraînement. Considérant que faute d’outils
ergonomiques, la quantification de la charge
d’entraînement n’est pas dans les faits réellement
réalisée ou reste le plus souvent réalisée de manière
empirique. Notre méthodologie, passe par une saisie
rapide des données sans perturbations des séances
d’entraînement. Notre méthodologie a pour objectif de
modéliser les variations non monotones, non linéaires de
la performance chez des sportifs de haut niveau.
Les marqueurs quantitatifs sont la date, l’heure
de début, l’heure de fin de la séance. Les marqueurs
qualitatifs sont mesurés avec des échelles visuelles
numériques (EVN). La saisie se fait sur internet avec un
ordinateur, une tablette ou un smartphone. Après s’être
identifiés, les sportifs cotent différents marqueurs :
! La fatigue perçue en début de séance,
! La qualité du sommeil ainsi que la vitesse
d’endormissement,
! L’intensité moyenne de l’entraînement ou du
match,
! L’intensité maximale, correspondant au pic
d’intensité atteint à un moment précis,
! Les sensations liées à la qualité de
l’entraînement,
! L’état d’esprit, fait référence à l’humeur.
Deux questions en rapport à l’état physique sont posées :
« Etes vous malade ? » « Avez-vous une douleur ? ». Si
une douleur est ressentie par l’athlète, la localisation est
alors demandée, une intensité de douleur devra être
évaluée par le sportif.
Il semble important de prendre en considération la
douleur de l’athlète. Lors de la saison 2012-2013, avec
l’effectif professionnel du Volleyball Nantes féminin, il a
été observé que le membre supérieur droit et le membre
inférieur gauche sont les plus représentés en termes de
douleur. Pour les joueuses droitières, les douleurs sont
principalement localisées sur une ligne partant de
l’épaule droite à la jambe gauche, chaîne musculaire qui
est la plus sollicitée. Ces résultats peuvent être mis en
rapport avec ceux observés par Aagaard et coll. (1996)
qui trouvent 22% de blessures au niveau de l’épaule et
46% de blessures sur la partie supérieure du corps des
volleyeuses. Ils précisent que les blessures à la cheville
et aux doigts sont les conséquences de traumatismes
directs alors que les blessures aux épaules et aux
genoux sont plutôt la conséquence de la répétition des
mouvements.
Une fois les données enregistrées, celles-ci
sont exportées et traitées par un logiciel spécifique. Un
modèle mathématique calcule les différentes variables
(p. ex. intensité moyenne de la séance, qualité du
sommeil, maîtrise technique, l’humeur…) utiles à la
gestion de la charge d’entraînement. L’entraîneur peut
également entrer les résultats de certains tests
physiques afin d’avoir un suivi longitudinal, facile d’accès.
!
L’analyse de la charge hebdomadaire est intéressante
pour l’entraîneur dans le but de constater de l’application
des principes de l’entraînement (p.ex. alternance,
progressivité, spécificité), mais aussi d’avoir une vue
globale de la fatigue accumulée au fil des semaines. Un
algorithme innovant tente de modéliser les variations de
la capacité de performance.
Les variations du marqueur « sommeil »
semblent riches d’informations. Ses perturbations
paraissent être souvent un signe précurseur des effets
des entraînements intensifs. Une étude! de! Hooper S.L
et coll. (1995) montre que des cotations de sommeil
négatives faites par les sportifs au cours d’une saison
amène généralement une future détérioration de la
performance.
CONCLUSION
Il existe aujourd’hui peu de moyens
suffisamment précis qui permettent de quantifier et de
suivre individuellement la charge d’entraînement avec
pour objectif de définir le volume, l’intensité, et la
périodicité pour provoquer des adaptations suffisamment
importantes pour le sportif.
L’évolution constante des outils communicants permet un
traitement rapide d’un grand nombre de données
caractéristiques des réactions du corps à l’effort.
Il peut être conclu que notre modèle innovant semble
fournir une description précise de la nature cyclique, non
monotone, non linéaire des effets cumulés différés de
l’entraînement sur la capacité de performance. Nos
résultats suggèrent que les périodes de récupération
dans le sport de haut niveau sont importantes. Notre
méthodologie permet de tester différentes stratégies de
distribution de la charge d’entraînement. Toutefois,
d’autres recherches sont nécessaires pour valider le
modèle et déterminer sa reproductibilité dans le contexte
du sport de haut niveau. Il doit être possible de
généraliser ce modèle avec d’autres publics (réentraînement et personnes âgées).
BIBLIOGRAPHIE
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elite volleyball. Scandinavian journal of medicine &
science in sports, 6(4), 228 32.
Banister, E.W., Calvert, T.W., Savage, M.V., &
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athletic performance. Australian Journal of Sports
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Billat. V. (2003). Physiologie et méthodologie
de l'entraînement, de la théorie à la pratique. Bruxelles:
De Boeck Universite.
Borg, G. (1990). Psychophysical scaling with
applications in physical work and the perception of
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Health, 16, 55-8.
Borresen J, Lambert MI. Autonomic control of
heart rate during and after exercise – measurements and
implications for monitoring training status. Sports Med
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10
Cazorla, G., Petibois, C., Bosquet, L., & Leger,
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Hooper, S. L., MacKinnon, T. L., Howard, A.,
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monitoring overtraining and recovery. Medicine &
Science in Sports & Exercise.
Mujika, I. (1996). Modeled responses to training
and taper in competitive swimmers. Medecine and
science in sports and exercice, 28(2), 251-258.
Werchoschanski, J. (1992). Une nouvelle
conception de l’entraînement des activités cycliques. In :
Conférence internationale de la Clusaz. France, 1-15.!!
Recommandations
- Tout entraîneur doit planifier.
- L’entraîneur doit trouver un moyen de quantifier les efforts du sportif pour limiter l’apparition du sous entraînement
ou encore du surmenage.
- Un moyen simple de mesurer l’effort du sportif : volume (en min) * intensité (FC, La, RPE).
- Utilisation de la Fréquence cardiaque pour :
- Un exercice qui dure moins de deux minutes et/ou une intensité inférieure à VO2max,
- Disciplines à dominantes aérobies.
- Utilisation de la perception de l’effort :
- Imposer une période d’adaptation auprès d’un public novice,
- Intégration d’un grand nombre d’informations,
- Peut être utilisé après tous types d’exercices,
- Facile d’utilisation pour les sportifs.
!
11
Robin SOURON : Mon cursus universitaire et plus particulièrement mes trois années de Licence m’ont permis de
développer de nombreuses connaissances dans le monde physiologique et de découvrir l’univers de la recherche.
J’ai décidé de poursuivre mes études et mon Master 1 à Grenoble pour effectuer un stage recherche au service des
sports du CHU, dans le domaine de la physiologie cardiovasculaire. Malgré l’intérêt de ce domaine, j’ai choisi de
continuer mon cursus au STAPS de Nantes afin de m’inscrire dans l’axe 1 du laboratoire « Motricité, interactions,
performance » de Nantes, qui développe des études et oriente ses problématiques sur la fonction neuromusculaire.
Ainsi, j’espère continuer à découvrir et étudier ce domaine lors d’un Doctorat à l’issu de cette année de Master.
Mail : [email protected]
!
!
LA RÉCUPÉRATION AU CŒUR DE LA PERFORMANCE SPORTIVE :
QUELLES TECHNIQUES À PRIVILÉGIER ET POUR QUELS EFFETS ?
L"
e" monde" du" sport" est" étroitement" lié" à" un" ensemble" de" méthodes" et" de" techniques"
diverses." Les" techniques" permettant" d’améliorer" l’entrainement" d’un" athlète" dans" le" but"
d’atteindre"une"performance"optimale"se"sont"largement"développées"depuis"plusieurs"années"
et" les" moyens" de" quantification" et" de" planification" de" la" charge" sont" nombreux." Ainsi," pour" qu’un"
entraineur"puisse"planifier"et"quantifier"de"manière"cohérente"et"optimale"l’entrainement"de"son"et/ou"ses"
athlètes,"il"doit"prendre"en"compte"plusieurs"paramètres"qui"vont"venir"influencer"la"qualité"du"travail"de"
l’athlète." Dans" cette" multitude" de" paramètres," la" récupération" va" occuper" une" place" de" choix" et" apparaît"
comme" un" aspect" primordial" de" la" planification." Ainsi," la" récupération" vise" à" «"retrouver"»" ce" qui" a" été"
perdu" avec" l’exercice." Bannister" (1984)" explique" que" l’objectif" de" tout" travail" est" d’augmenter" la"
performance."On"va"donc"jouer"sur"la"contrainte"externe"(qui"fait"référence"à"la"charge"d’entrainement)"et"
les" adaptations" nécessaires" pour" augmenter" le" niveau" de" performance" vont," de" manière" systématique,"
générer"de"la"fatigue."La"récupération"va"alors"permettre"de"diminuer"ce"niveau"de"fatigue"pour"maintenir""
l’athlète"à"un"haut"niveau"de"performance."
Le sport de haut niveau requiert des hauts
volumes et des hautes intensité d’entrainement pour
espérer atteindre une performance optimale et souhaitée.
Ainsi, le stress induit par ces entrainements intensifs va
porter atteinte à la performance de l’athlète. On parle
alors d’un état de fatigue transitoire, pouvant durer de
quelques minutes à plusieurs mois. Cet état de fatigue
dépend alors de changements au niveau périphérique
(e.g. perturbation de l’appareil contractile) et/ou central
(e.g. réduction de l’activation des unités motrices).
Babault et al. (2011) expliquent alors que plusieurs
métabolismes peuvent être impliqués dans ce(s)
phénomène(s) tels qu’une perturbation métabolique (e.g.
Pi, H+), une déplétion glycogénique ou encore
l’apparition et la persistance de dommages musculaires.
A partir de ce constat et du fait que la fatigue apparaît
comme un déterminant venant réguler le niveau de
performance, l’optimisation et la compréhension des
processus de récupération revêtent d’une grande
importance.
Cependant, dans le monde du sport de haut
niveau, les modalités de récupération sont la plupart du
temps laissées à la charge de l’athlète et leur absence
régulière dans l’enchainement des entrainements amène
progressivement l’athlète dans le secteur de la
!
surcharge, voir plus rarement dans celui du
surentrainement (Hausswirth & al., 2010). Néanmoins
l’intérêt des scientifiques et des praticiens pour les
techniques de récupération a connu un développement
exponentiel ces dernières années, dans l’optique
d’améliorer l’homéostasie cellulaire et le confort des
athlètes après des efforts répétés et intenses (Pournot &
al., 2011). On distingue alors plusieurs « timings » de
récupération : i) une récupération immédiate, ii) une
récupération à court terme ou iii) une récupération entre
les efforts (Bishop, 2008). Aussi, plusieurs techniques de
récupérations sont disponibles pour l’entraineur et
l’athlète : i) des techniques de récupération naturelles
(e.g. récupération active, sommeil, nutrition), ii) des
techniques de récupération physio-thérapeutiques (e.g.
massage, cryothérapie, électromyostimulation) et iii) des
techniques de récupération psychologiques (e.g.
relaxation, stretching).
Ce constat fait donc écho d’un large choix pour
les modalités de récupération. Ainsi, quelles sont les
techniques qui seront les plus efficientes et qui
permettront à l’athlète de récupérer son niveau de
performance le plus rapidement possible ? Il semble qu’il
n’y ait pas encore de consensus clairement établi
permettant de faire ressortir les avantages d’une
12
méthodes plutôt qu’une autre. Il s’agit alors ici de
présenter plusieurs techniques de récupération, de
montrer leurs intérêts et leurs limites et de les confronter
à la littérature afin de montrer leurs impacts sur les
performances dans diverses activités sportives de haut
niveau.
LA RÉCUPÉRATION ACTIVE
La récupération active se réfère à la catégorie
des techniques de récupération dites « naturelles ». On
pense alors à la course à pied, le vélo, ou encore la
natation. L’utilisation de cette technique vise
l’augmentation du flux sanguin afin d’accélérer l’apport
de substrats (e.g. oxygène et nutriments) et l’élimination
des métabolites (e.g. lactate). Menzies et al. (2010)
montrent que ce mode de récupération, comparé à un
mode de récupération passive, permet une préservation
de la performance entre deux exercices intenses de
course à pied. De plus, ils démontrent une clairance du
lactate sanguin plus importante en utilisant ce moyen de
récupération. Pour conseiller un entraineur ou un athlète
sur l’utilisation de cette méthode, il est nécessaire de
savoir qu’il faut que la durée de cette récupération soit
comprise entre 10 et 20 minutes à des intensités
comprises entre 25 et 60% de la VO2max.
L’individualisation de ces méthodes est alors
indispensable afin que chaque athlète travail et récupère
à la bonne intensité.
Cependant, une limite principale apparaît pour ces
méthodes et elle concerne les réserves énergétiques. En
effet, les athlètes vont puiser dans les réserves
énergétiques avec ce genre de pratique et cela limitera
donc la réplétion glycogénique. De plus, on évitera un
mode de locomotion contraignant qui viendra accentuer
les microlésions musculaires déjà provoquées par
l’exercice.
L’IMMERSION EN EAU FROIDE
Cette technique de récupération est assez
largement utilisée dans le monde du sport de haut
niveau. En effet, un nombre considérable d’entraineur
conseille à leurs athlètes de s’immerger dans un bain
froid après la pratique. Seulement, connaissent-ils
vraiment les effets de ce mode de récupération et
savent-ils correctement la mobiliser ?
Ainsi, il faudra respecter une immersion dans une eau
dont la température est comprise entre 8 et 15°C, durant
5 à 15 minutes (Hausswirth et al., 2010 ; Bieuzen et al.,
2013). Cette technique va alors principalement s’appuyer
sur deux mécanismes : i) les effets du froid et ii) les effets
de la pression hydrostatique. Les effets du froid, liés à la
température de l’eau, permettront de diminuer la
température corporelle post-exercice, de générer une
vasoconstriction locale ou encore de diminuer la réponse
inflammatoire (Hausswirth et al., 2010). De plus,
l’utilisation de l’eau comme moyen de récupération
permettra de faire intervenir les effets de la pression
!
hydrostatique sur la ou les parties du corps immergées.
Cette pression, grâce à un mécanisme de mouvement
des substances et fluides, réduira la taille de l’œdème
crée par l’exercice et limitera l’influx nerveux par un
mécanisme de compression des muscles et des nerfs.
Ces deux mécanismes associés permettront une
diminution des douleurs ressenties après une activité
physique intense. Il faut cependant faire attention à la
« sur-utilisation » de cette méthode et de sa durée car
certains auteurs ont remarqué une dépense énergétique
anormalement élevée afin de maintenir une température
corporelle adéquate (Bieuzen et al., 2013).
Cette méthode d’immersion en eau froide devra alors
être utilisée dans les 6 heures qui suivent l’exercice
traumatisant afin de jouer sur la diminution de la taille de
l’œdème. L’effet principal recherché par cette modalité
de récupération est alors la diminution des douleurs qui
suivent la réalisation d’un exercice physique intense.
L’IMMERSION EN EAU CONTRASTÉE
Une autre technique d’immersion est en train
d’acquérir une légitimité grandissante aux yeux des
professionnels du monde sportif et des scientifiques :
l’immersion en eau contrastée. Il s’agit alors d’alterner
une immersion en eau froide (i.e. 4-15 °C) et en eau
chaude (i.e. 36-42°C) sur une durée comprise entre 10 et
30 minutes (Hausswirth & al., 2010 ; Bieuzen & al.,
2013). Cette alternance entre chaud et froid va générer
successivement une vasodilatation (i.e. augmentation du
diamètre des vaisseaux sanguins) et une
vasoconstriction (i.e. diminution du diamètre des
vaisseaux sanguins) dans l’optique de stimuler le flux
sanguin tout en limitant la réponse inflammatoire. Les
scientifiques parlent alors de l’effet « vaso-pumping » qui
viendrait favoriser le mouvement des substances
métaboliques (i.e. accélération de l’élimination des
substances métabolique et de l’apport des substrats) et
la réparation du muscle impliqué dans l’exercice
(Hausswirth et al., 2010).
Pour conclure sur ces deux méthodes d’immersion et
pour faire un lien direct avec la pratique sportive, il est
important de dire qu’actuellement, il n’existe pas de
consensus clairement établi concernant ces deux
techniques. L’immersion en eau froide va viser la
diminution de la douleur ressentie et l’immersion en eau
contrastée sera utilisée dans l’optique d’augmenter le flux
sanguin pour favoriser l’élimination des métabolites,
immédiatement après l’exercice. Selon la nature et
l’intensité de l’activité considérée, plusieurs études
(Hausswirth et al., 2010 ; Pournot et al., 2011) ont montré
les bénéfices de ces techniques sur le maintien d’une
performance et/ou sur la limitation de sa diminution. Il est
important de préciser que les effets bénéfiques de ces
techniques sont quasi systématiques si celles-ci sont
réalisées immédiatement après la réalisation de
l’exercice, mais deviennent quasiment nul si elles sont
réalisées à distance de celui-ci (i.e. plus de 6h postexercice).
13
LA CRYOTHÉRAPIE À CORPS ENTIER (CCE)
La CCE est une méthode de récupération
récente et de ce fait, peu d’études se sont intéressées au
lien entre CCE et récupération après un exercice
physique intense. Ici, le sportif rentre dans une chambre
froide à une température généralement comprise entre 100 et -180°C. Le sujet, soumis à un air totalement sec,
est alors équipé de vêtement protégeant les extrémités
(e.g. gants, chaussons...). En France, quelques
structures commencent à être équipées de ce genre
d’outils, c’est le cas par exemple de l’INSEP à Paris ou
du CERS à Capbreton.
Les premières études semblent alors rendre compte de
bénéfices intéressants en terme de récupération et
d’amélioration des capacités de l’organisme face à l’effort
physique (Savalli et al., 2006). Ainsi, des résultats
généraux semblent émerger et font écho d’une limitation
des dommages sur les tissus impliqués dans l’exercice et
d’un rôle de prévention des blessures. Cette dernière
remarque est pertinente dans une optique d’entrainement
et on pourrait ainsi préconiser une utilisation de la CCE
avant de lourdes périodes d’entrainement. Plusieurs
études viennent conforter ces remarques préliminaires et
expliquent qu’avec l’utilisation de la CCE il y a une
diminution de la concentration de marqueurs témoins
d’inflammation chronique (e.g. Creatine Kinase (CK)). De
plus, des séances régulières de CCE pendant une
période de grosse charge d’entrainement permettent de
réduire de 34% la concentration de CK, marqueur
associé aux dommages musculaires, comparé à la
même semaine d’entrainement sans l’utilisation de la
CCE (Banfi et al., 2008 ; Pournot et al., 2011).
Ainsi, un léger consensus émerge sur l’utilisation de cette
méthode. Elle serait conseillée et efficace lors d’une
semaine à très forte charge de travail mais également
entre deux événements intenses successifs avec une
faible période de repos (e.g. 2 ou 3 matchs dans le
même semaine). Cependant, il faut mettre en garde les
praticiens sur l’utilisation de cette méthode au quotidien.
En effet, le but de l’entrainement est d’induire un stress
physique afin de générer des adaptations qui permettront
d’atteindre une performance optimale et souhaitée.
L’utilisation trop fréquente de la CCE viendrait limiter le
stress et donc limiter les adaptations nécessaires pour
atteindre par la suite une bonne performance.
L’ÉLECTROMYOSTIMULATION (EMS)
Les techniques de récupération via les
stimulations électriques se sont largement développées
ces dernières années dans le sport de haut niveau, mais
sont souvent mal utilisées (Cometti et al., 2012). Le
nombre important de paramètres liés à l’EMS va obliger
les praticiens à être renseignés sur celle-ci. En effet, la
fréquence de stimulation, l’intensité du courant ou encore
le type de courant sont autant de paramètres qui vont
jouer sur l’efficience de la récupération.
!
Dans cette optique, deux principaux effets sont attendus
avec l’utilisation de l’EMS. Un premier qui vise
l’augmentation du flux sanguin afin d’améliorer l’apport
de substrat (e.g. oxygène) et d’accélérer l’élimination des
métabolites ; pour obtenir cet effet, il est nécessaire de
positionner les électrodes sur le point moteur (i.e. endroit
ou les terminaisons nerveuses sont les plus importantes).
Un second qui vise la diminution de la douleur
musculaire à travers l’effet analgésique ; ici, on pose les
électrodes sur le point douloureux. Pour viser ces deux
effets, il est important d’utiliser des intensités élevées
mais qui restent confortables pour le sujet, et des durées
variant généralement entre 10 et 20 minutes. De plus,
pour obtenir une bonne cinétique de récupération, on
conseillera d’utiliser des fréquences de stimulation allant
de 2 à 10 Hz. Ainsi, de façon comparable à une
contraction volontaire, l’EMS produit une rythmicité des
contractions musculaires facilitant le retour veineux
(Cometti et al., 2012).
Plusieurs études montrent alors des effets positifs de
l’EMS sur la récupération même si certains résultats
viennent remettre en cause l’utilisation de cette méthode,
en affirmant notamment qu’il est préférable de se
soumettre à une récupération active pour accélérer
l’élimination des métabolites et ainsi limiter la diminution
de la performance. Le choix des intensités et des
fréquences de stimulation est alors primordial pour
accéder aux effets souhaités.
MASSAGES
Nous présenterons pour finir les techniques de
massage. Ces techniques sont largement utilisées et
réclamées par les athlètes à la suite d’un exercice
physique. Plusieurs idées théoriques concernant les
effets des massages sont alors avancées (Weerapong et
al., 2005) : des effets biomécaniques (e.g. diminution de
la raideur passive), des effets physiologiques (e.g.
diminution du stress hormonal), des effets neurologiques
(e.g. diminution de la douleur) ou encore des effets
psychologiques (e.g. diminution de l’anxiété). Cependant,
les études s’accordent sur le fait qu’une modalité de
récupération utilisant uniquement des massages ne
viendra pas limiter la diminution de la performance. De
plus, il a été montré que ces techniques de massage
isolées n’avaient aucun effet sur les concentrations de
lactate sanguin. Il va donc falloir associer ces techniques
de massage à d’autres techniques de récupération. Par
exemple, en associant du massage avec de l’EMS, on va
profiter de l’effet psychologique des massages tout en
profitant de l’effet physiologique de l’EMS (i.e.
augmentation du flux sanguin et élimination des
métabolites). Il faut alors mettre en garde les entraineurs
sur « l’effet psychologique » des massages. En effet,
l’athlète va avoir la sensation d’avoir récupéré alors que
d’un point de vue purement physiologique ce n’est pas le
cas : le risque de blessure sera donc important car
l’athlète n’hésitera pas à retourner s’entrainer avec des
intensités et des charges élevées.
14
Les méthodes de récupération les plus
couramment utilisées dans le monde du sport de haut
niveau ont ici été présentées, avec leurs intérêts et leurs
limites. La prise en compte des modalités d’utilisation de
chaque technique de récupération est primordiale pour
un entraineur afin d’obtenir des effets cohérents qui ne
seront pas néfastes pour l’athlète. Les recommandations
qui suivent s’appuient alors sur les travaux déjà menés
dans le domaine et constitue des règles d’applications
systématiques.
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(PU) et Gaëlle Delay (MCU), UFR STAPS, Université de
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Cometti C (2012). Effets de différents
paramètres de récupération lors d’exercices de
renforcement musculaire. Thèse de doctorat en
Recommandations
! Dans l’optique de favoriser l’élimination des métabolites, il est nécessaire d’appliquer les méthodes de récupération
adéquates immédiatement après l’exercice.
! Pour favoriser l’élimination du lactate, je vais privilégier l’immersion en eau contrastée et l’électromyostimulation
afin d’augmenter le flux sanguin. Par exemple, je vais réfléchir aux paramètres de stimulation en amont de ma séance,
en fonction de l’athlète considéré et de l’intensité de l’activité pratiquée.
! Pour la récupération active, il est préférable d’utiliser des modes de locomotion peu contraignant, comme la natation
ou le vélo, afin d’éviter d’accentuer les microlésions déjà provoquées par l’exercice.
! Il est nécessaire d’individualiser les paramètres de récupération (e.g. intensité du courant en
électromyostimulation, % de VO2max en récupération active...) afin de quantifier au mieux la charge d’entrainement.!
!
!
15
Guillaume LE SANT : masseur-kinésithérapeute D.E. depuis 2012. Soucieux de pouvoir combiner sa pratique
quotidienne avec les données scientifiques les plus récentes, Guillaume souhaite en collaboration avec l'Université et
le laboratoire Motricité, Interactions, Performance (EA 4334) développer des compétences dans les domaines
orthopédique et musculo-squelettique. S'il mène une expérimentation sur le thème des étirements musculaires,
Guillaume souhaite ici aborder la thématique de la reprise sportive après blessure et arrêt durant plusieurs mois, en
prenant exemple de l'entorse de genou.
!
!
ENTORSE GRAVE DE GENOU ET OPÉRATION DU LIGAMENT CROISÉ
ANTÉRIEUR... « QUAND EST-CE QUE JE REJOUE ? »
L(
'entorse( de( genou( constitue( une( des( blessures( les( plus( fréquentes( :( plus( de( 100( 000( blessures( aux(
Etats:Unis(chaque(année((Prodromos(et(al.,(2007).(Face(à(ce(traumatisme,(les(modalités(médicales(
de(prise(en(charge(sont(clairement(définies(avec(habituellement(pour(le(sportif(jeune((<40(ans),((une(
chirurgie(réparatrice(dans(le(cas(d'entorses(graves((=(rupture(totale(du(ligament(croisé(antérieur).(Malgré(
ceci,(il(n'en(demeure(pas(moins(que(sa(gestion(demeure(problématique.(En(effet,(la(question(existentielle(du(
sportif( blessé( "dis:moi( doc/kiné,( quand( est:ce( que( je( rejouer( ?"( relève( parfois( du( casse:tête( pour( le( corps(
médical(et(paramédical.(L'article(vise(ici(à(présenter(les(phases(de(rééducation,(pour(ensuite(aborder(les((
facteurs(à(considérer(lors(de(la(période(dite(de(réathlétisation(visant(à(optimiser(la(reprise.(
Les données épidémiologiques indiquent que 90% des
entorses avec rupture du ligament croisé antérieur (LCA)
sont provoquées par un accident de sport, dans des
disciplines de type "pivot-contact" tel le basket-ball, le
rugby, le football ou de type "pivot-sans contact" comme
le ski alpin (Quelard et al., 2010). Elles touchent aussi
bien le sportif occasionnel que l'athlète de haut niveau.
Les lésions sont occasionnées par un mouvement
d'hyper-extension ou de rotation forcée du genou (figure
1). La chirurgie consiste en le prélèvement de structures
tendineuses (principalement issues des ischio-jambiers
ou du quadriceps) dont l'implantation permettra de
suppléer le LCA originel rompu. Elle vise à rétablir la
stabilité du genou blessé. On dénombre environ 36000
opérations de ce type chaque année en France (HAS,
2008).
alimenter de nombreux débats, allant jusqu'à
pronostiquer le retour à la compétition des joueurs
vedettes. L'exemple récent du footballeur colombien R.
Falcao le montre encore une fois (blessé le 22/01/14,
opéré le 25/01/14), avec "50% de chances de retour pour
la coupe du monde" selon la presse sportive (France
Football, 2014).
On distingue différentes étapes, de durées variables, qui
tiennent compte des impératifs chirurgicaux et des
objectifs visés (Quelard et al., 2010). Généralement 4
phases sont décrites :
− une phase "postopératoire" (P1) immédiate, avec
comme axe majeur la gestion des conséquences de
l'opération
− une phase dite "analytique" (P2), de récupération de
la mobilité du genou opéré et des capacités
musculaires permettant une autonomie complète
(sevrage de l'attelle, des cannes anglaises...)
− une phase "fonctionnelle" (P3) avec poursuite des
objectifs antérieurs, priorisation du travail musculaire
(renforcement et contrôle moteur) jusqu'à la reprise
d'activités physiques contrôlées
− une phase de réathlétisation et de réadaptation sur le
terrain (P4), en vue d'une reprise de l'entraînement
puis à la compétition
Figure 1 - Entorses de genou par mécanisme pivot- contact, adaptée
de Grimshaw (2010) : a) rotation forcée, b) hyper-extension
LA PRISE EN CHARGE RÉÉDUCATIVE
De nombreux protocoles de rééducation existent, avec
une grande variabilité concernant la date et le taux de
reprise de l'activité sportive. Les médias vont aussi
!
Figure 2 - Schématisation de la rééducation post chirurgicale du LCA
16
Des évaluations sont réalisées au cours du suivi,
permettant de valider le passage d'une étape vers l'autre.
Un certain nombre de paramètres viennent agir sur la
durée de chacune d’entre elles : multiples cas de
blessures possibles (rupture du LCA +/- autres lésions
associées), geste opératoire choisi, lieu de réhabilitation :
centres spécialisés, cabinets de kinésithérapie libéraux,
persistance de déficits à un stade... On pourra estimer la
durée de P1 à une semaine, P2 à environ un mois, P3 à
trois mois, la durée de P4 étant dépendante des
observations de P3 et débute vers le 4è ou 5è mois
postopératoire. La compétition est classiquement reprise
dans un délai de 6 mois à un an après l'opération.
DES DÉFICITS PERSISTANTS
La troisième phase de travail comporte une partie de
tests permettant de qualifier objectivement l'évolution et
la récupération du genou opéré, en vue d'obtenir "un feu
vert" médical pour aborder la phase ultime de
réathlétisation. Ils comprennent:
− une évaluation manuelle du genou : celui-ci doit être
indolore et sans épanchement à la mobilisation. Il
doit avoir retrouvé une amplitude de mouvement
complète ;
− une évaluation instrumentée du genou : laxité
articulaire, tests de performance musculaire
(isocinétisme) ;
− une évaluation fonctionnelle du genou (basée sur un
score) : exercices de type sauts, contrôle
sensorimoteur, proprioception...
Prenons l'exemple des tests isocinétiques. Dans le cadre
d'une ligamentoplastie du LCA, un suivi particulier
concernera les performances des muscles quadriceps
(Q) et ischio-jambiers (IJ) entre le côté opéré et le côté
sain : déficits comparatifs, études des ratios Q/IJ.
Néanmoins, au vu des différences entre les disciplines
sportives, il convient d'adapter les paramètres
d'évaluation (vitesse, type de contraction...) aux plus
proches des sollicitations rencontrées par l'athlète. Il est
admis qu'un rapport Q/IJ de 0.6 permet la reprise de la
course à pied, une valeur de 0.8 étant nécessaire pour
aborder la période de réathlétisation. Une valeur du ratio
inférieure à cette dernière différera la date de retour, et
justifiera la poursuite du travail de renforcement
musculaire des membres inférieurs en rééducation. Un
ratio aux alentours de 0.9 est recommandé pour
envisager le retour à la compétition (Puig et al., 2010).
Une intervention chirurgicale utilisant le quadriceps ou
les ischio-jambiers comme site donneur pour le futur
transplant (plastie) aura des conséquences : déficits de
force musculaire, complications éventuelles, et pourra
expliquer les valeurs retrouvées pour le groupe
musculaire considéré lors du test isocinétique (Croisier et
al., 2009).
Les complications couramment retrouvées suite à la
chirurgie du LCA concernent une raideur résiduelle de
l'articulation du genou, une douleur persistante
!
(localisation variable suivant l'opération), une laxité
exagérée, et la persistance de déficits musculaires. Des
conséquences liées à la cicatrisation chirurgicale sont
aussi présentes (Quelard et al., 2010). Il faut savoir que
la cicatrisation postopératoire est longue ce qui constitue
une fragilité constitutive. Le "néo-ligament" subit une
phase indispensable de remodelage et de maturation qui
s'étend sur plusieurs années : 1 à 3 ans (Woo et al.,
2006). Ces transformations permettront de revenir vers
une structure proche du LCA sain originel.
La persistance de déficits joue un rôle sur les capacités
de reprise, et peut provoquer une prédisposition vers une
récidive (Myer et al., 2006). Des études viennent pointer
du doigt qu'une grande diversité existe sur le niveau de
reprise sportive atteint par l'athlète. L'analyse faite par
Ardern et al. 2011 montre au travers 48 études sur le
sujet, regroupant un total de 5770 sportifs de tout niveau
opérés, que seulement 44% d'entre eux ont retrouvé un
niveau sportif comparable à celui qui était le leur avant la
blessure. Un tel résultat souligne la difficulté de gestion
de cette période de transition, et le passage progressif
entre le cadre paramédical et le cadre de l'entraînement.
DES FACTEURS À CONSIDÉRER POUR LA
RÉATHLÉTISATION
La phase de réathlétisation représente une période
complémentaire, intéressant le sportif et dont le but est
de l'accompagner vers la reprise de l'activité. Les
précédentes étapes de rééducation ne sauraient suffire
pour un retour immédiat et en toute sécurité, notamment
par la persistance de déficits. Avec l'arrêt de l'activité
sportive, l'athlète blessé se retrouve dans un contexte de
"detraining". Ceci va engendrer des conséquences
importantes à différents niveaux et justifier la nécessité
de ce travail visant à récupérer les capacités nécessaires
(Middleton et al., 2005).
1. Au niveau du système cardio-respiratoire :
− une augmentation de la fréquence cardiaque de
repos et une valeur plus élevée que celle antérieure
pour un effort d'une même intensité
− une diminution des capacités respiratoires
maximales: une chute de 15 à 30% du VO2 max en 6
semaines d'arrêt (Hot, 2010).
− une modification du débit sanguin et des échanges
métaboliques, avec des répercussions sur le
fonctionnement musculaire
2. Au niveau musculaire :
− l'examen isocinétique montre une diminution des
performances musculaires (déficits)
− un manque de sollicitation généralisé à l'échelle
corporelle
− une désynchronisation des faisceaux musculaires
aboutissant à une contraction imparfaite
(tremblement)
− une diminution des capacités de contrôle moteur, et
de proprioception, perturbant le schéma moteur
17
3. Au niveau psychologique :
− une grande variabilité de symptômes plus ou moins
marqués : l'arrêt de la sollicitation sportive provoque
une diminution de la production hormonale comme la
sérotonine (Riche, 2009) ce qui peut être
responsable d'une perturbation du sommeil, de
fatigue, de syndromes agressifs...
− une dévalorisation de soi, un manque de confiance
sur les possibilités de retour, pouvant engendrer une
situation proche d'un syndrome dépressif.
L'affect psychologique de la blessure est particulièrement
soulevé dans la littérature. La peur de la re-blessure est
un thème à aborder avec l'athlète, ne se résumant pas à
la phase de réathlétisation. Hartigan et al. estiment en
2013 que cette phobie pourrait expliquer jusqu'à 24% du
taux d'abandon. D'autres auteurs trouvent une corrélation
entre facteurs psychologiques et niveau de reprise
(Ardern et al., 2011).
LA
COLLABORATION
DIFFÉRENTS ACTEURS
NÉCESSAIRE
ENTRE
La communication entre les deux milieux est
indispensable pour créer la complémentarité entre ce qui
est fait en séance de rééducation et ce qui est fait en
dehors. Illustrons ceci avec l'exemple du detraining
cardio-respiratoire. Le sportif pourra passer d'un travail
débuté en salle de rééducation à une participation
graduelle à l'entraînement avec le groupe d'entraînement
(figure 3). Les différentes filières énergétiques seront être
travaillées de manière progressive. Abordons le travail de
la filière aérobie (Hot, 2010): au départ le
reconditionnement se fera à partir d'un travail intermittent
long à faible intensité (ex: 2min travail à 80% VMA / 2min
repos à 60%VMA); jusqu'à un travail intermittent court
intense (ex: 15 sec travail à 100%VMA / 15sec repos
60% VMA). La progression se fera en modifiant différents
paramètres : % de la VMA, temps d'effort/repos, nombre
de séries et de répétitions... avec des objectifs simples et
quantifiables pour l'athlète.
Ce travail est souvent débuté au cabinet de rééducation
durant la phase 3 et doit être poursuivi dans le cadre
d'entraînement habituel. L'essentiel étant d'associer au
mieux ce qui est fait avec la kinésithérapie et ce qui est
fait en dehors : installer des échanges téléphoniques,
écrits...
au centre de plusieurs intervenants avec une perception
différente de la situation : pour l'entraineur c'est par
exemple la notion d'indisponibilité qui apparaît, pour
l'athlète il s'agit d'une atteinte de son intégrité en tant que
tel. Il s'agit de clarifier la situation et les attentes pour
obtenir un cadre favorable d'évolution, éviter une
pression pouvant engendrer un retour prématuré. Cela
passe donc par la gestion des facteurs positifs et négatifs
pouvant avoir un impact à cette période.
La réalisation d'exercices spécifiques va stimuler la mise
en confiance. Ceux-ci réalisés encore une fois respectant
le principe de progressivité, dans le cadre de rééducation
et sur le lieu d'entraînement (figure 4).
Figure 4 - Exemple du travail sensori-moteur : a) à l'entraînement, b) et
c) avec le kinésithérapeute, d’après Bizzini et al. (2012)
Une liste de questions peut permettre d'établir un arbre
décisionnel pour la prise de décision sur le retour à la
compétition (Sport physiotherapist, 2010).
− Malgré la blessure, quelle peut-être la contribution de
l'athlète sur le jeu ?
− Quel est le rôle du joueur dans le collectif, son impact
pour l'équipe ?
− Y a t' il un risque pour l'intégrité physique de l'athlète
à cette date ?
− Etc...
Une évaluation finale de terrain avant un retour à la
compétition reste indispensable. Elle doit se dérouler
suivant les sollicitations de l'activité sportive (ainsi que du
poste occupé pour les sports collectifs) en analysant
comparativement les deux côtés, afin de détecter des
asymétries. Myer et al. ont en 2011 utilisé une routine du
football américain, NFL Combine (figure 5) et l'ont adapté
aux athlètes revenant d'une ligamentoplastie du LCA en
y ajoutant une évaluation complémentaire en situation
d'instabilité (figure 6).
Figure 3 - Modalités de reprise suivant une progressivité, d'après
Bizzini et al. (2012)
Au niveau psychologique il est indispensable de ramener
l'athlète en situation de confiance. Le sportif se retrouve
!
Figure 5 - Exemples de tests de terrain de la NFL par Myer et al. (2011)
18
Figure 6 - Tests spécifiques du LCA de sauts par Myer et al. (2011)
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healing, and repair. Journal of Biomechanics, 39(1), 1–20.
Recommandations
! L'entorse grave de genou opérée entraîne un déconditionnement à plusieurs niveaux sur lesquels il convient
d'agir pour optimiser la reprise de l'activité sportive : cardio-respiratoire, musculaire, psychologique. L'absence
de considération de l'un de ces niveaux se soldant par un échec.
! Le reconditionnement se déroule durant une phase dite de "réathlétisation" qui nécessite une collaboration entre
staff médical, athlète et staff technique pour travailler sur les axes déficitaires constatés. La communication est
indispensable pour une complémentarité optimale.
! Une progressivité est à respecter durant cette phase sur l'intensité et le volume de travail demandé à l'athlète,
avec un compromis à trouver entre séances de kinésithérapie et travail dans le cadre d'entraînement.
! Une évaluation finale avant compétition est à réaliser, notamment pour constater la persistance d'asymétries et
de déficits (musculaires et sensorimoteurs +++).!
!
19
Guillaume HACQUES : Passionné par le football et l'analyse des coordinations interpersonnelles, j'évolue
actuellement en temps qu'analyste vidéo dans un club de National (USJA Carquefou) en parallèle de mon
cursus universitaire. Depuis mes 16 ans, je suis intervenu auprès de différentes catégories de joueurs (U6 à
Séniors) en tant qu’animateur, coach ou préparateur physique. Le football me passionne dans tous ses aspects
mais l’analyse des performances (individuelles et collectives) et la compréhension du jeu sont sans aucun doute
mes domaines favoris.
Mail : [email protected]
!
!
!
LA PERFORMANCE EN SPORTS COLLECTIFS : COMMENT
RENDRE COMPTE DE SA COMPLEXITÉ ?
!
!
!
D!
ans! le! contexte! du! football,! il! est! rare! de! voir! une! équipe! effectuer! un! mouvement! collectif! au!
cours! duquel! chaque! joueur! sait! à! l’avance! où! se! situera! son! partenaire.! Pourtant,! durant! les!
phases!de!jeux,!le!comportement!de!l’ensemble!des!joueurs!d’une!même!équipe!forme!un!ensemble!
cohérent!de!part!le!haut!niveau!de!coordination!des!comportements!individuels.!Dans!le!but!de!coordonner!
au!mieux!leurs!équipes,!les!entraîneurs!cherche!à!comprendre!au!mieux!les!performances!de!leurs!joueurs!
afin! de! pouvoir! donner! des! feedbacks! et! de! pouvoir! préparer! des! séances! d’entraînement! permettant! de!
répondre! aux! problème! rencontrés! en! situation! de! compétition,! le! tout! dans! le! but! d’améliorer! la!
coordination!de!leurs!joueurs.!Nous!allons!donc!ici!présenter!les!méthodes!existantes!permettant!de!rendre!
compte! objectivement! de! la! performance! individuelle! et! collective! dans! le! cadre! des! sports! collectifs! en!
s’appuyant!sur!l’exemple!du!football!puis!nous!présenterons!les!nouvelles!méthodes!et!conceptions!en!!
analyse!de!la!performance!ainsi!que!les!potentielles!innovations!pouvant!en!découler.!
DÉCRIRE LA PERFORMANCE AU REGARD DES
ÉVÈNEMENTS DU MATCH
L’analyse notationnelle
Le souci d’objectiver les performances en football est
sans doute né le 18 Mars 1950. C’est à cette date que
Charles Reep, un comptable membre de la Royal Air
Force, a pour la première fois relevé et catégorisé des
évènements d’un match opposant Swindon à Bristol
Rovers, et ce, à l’aide de son bloc-notes et de son stylo
depuis sa place en tribune. Cette méthode est appelée
une « analyse notationnelle ». Selon Reep, le but
cherché était de présenter une alternative à la
dépendance aux analyses subjectives qui menaient aux
spéculations et aux idéologies footballistiques. Mais le
travail de Reep ne se limitait à collecter des «
événements », il appliquait déjà des modèles statistiques
à ses données dans le but de révéler des patterns de jeu
prédictibles (Anderson et Sally, 2013).
Ce type d’analyse est aujourd’hui très largement utilisé
que ce soit par les staffs techniques, les scientifiques et
même par les médias. En effet, des outils permettent de
faire plus facilement ce genre d’analyse (comme les
logiciels Dartfish ou Longomatch) mais surtout, des
entreprises comme Opta, Sqawka et Prozone ont rendu
!
ces analyses systématiques, permettant même aux
professionnels d’avoir accès aux « statistiques de match
» en temps réel (par exemple, c’est ainsi qu’en regardant
un match à la télévision, les journalistes peuvent fournir
aux téléspectateurs des données comme la possession
du ballon ou le nombre de passes réussies).
Ces analyses présentent néanmoins de nombreuses
limites dans l’aide qu’elles apportent à la compréhension
et à l’analyse de la performance, qu’elle soit individuelle
ou collective. Dans le cadre du basketball, les critères de
performance sont clairement identifiés (pourcentage de
réussite au shoot, nombre de rebonds pris etc). Par
contre en football, ces mêmes critères sont souvent
débattus. L’exemple le plus parlant est la possession du
ballon. Cette statistique, souvent présentée, a longtemps
été considérée comme un critère de performance
collective. Pourtant il n’est pas rare de voir des équipes
gagner des matchs sans dominer un match en termes de
possession du ballon. En effet, le problème ne semble
pas être d’avoir le ballon mais de l’utiliser correctement.
L’analyse des réseaux sociaux
En se basant sur le relevé d’évènements, des études ont
tenté de rendre compte de l’utilisation du ballon en
20
!
représentant « le chemin du ballon » entre les membres
d’une équipe sous la forme d’un réseau (Passos et al.,
2010 ; Peña et Touchette, 2012). Ces réseaux sociaux
sont composés de « nœuds », représentant les joueurs,
liés par des « ponts » (ou « relations »), symbolisant les
passes d’un joueur à un autre. A la suite d’un match nous
obtenons donc un réseau par équipe.
Figure 1 : Ces exemples de réseaux permettent rien que
visuellement de se faire une idée de comment chacune
des équipes a utilisé le ballon au cours du match (Figure
de Peña et Touchette, 2012).
Déjà visuellement, ces réseaux semblent nous donner
des informations sur les patterns de l’utilisation du ballon
par les équipes en mettant en avant certains joueurs (ou
groupes de joueurs) et certaines relations (figure 1). Mais
les auteurs sont allés plus loin en analysant ces réseaux
grâce aux outils de la Social Network Analysis (Analyse
des réseaux sociaux). Ces outils sont des indicateurs
calculés afin de décrire le réseau à différents niveaux
(Lazega, 2007):
•
•
•
Au niveau global pour caractériser le réseau
dans son ensemble ;
Au niveau relationnel afin de décrire les sousensembles du réseau, l’idée étant de
caractériser les relations elles mêmes ;
Au niveau individuel pour définir le rôle de
chacun des individus au sein du réseau ;
L’utilisation des réseaux sociaux permet d’avoir un
aperçu du fonctionnement des deux équipes quand elles
ont le ballon en nous informant sur les relations clés.
Mais cette analyse reste très limitée de part la nature des
relations utilisées. En effet, nous n’avons ici aucune
connaissance du fonctionnement de l’équipe
défensivement. De plus nous avons une vision statique
de la performance délivrée. Or au cours du match, le rôle
des joueurs a pu évoluer ainsi que le rapport de force
entre les deux équipes : certains joueurs centraux ont pu
avoir des périodes d’absences, une équipe a peut être
dominé en début de match puis s’est éteinte, des joueurs
périphériques sur le réseau final ont peut être était très
importants sur certaines périodes de jeu etc.
Yamamoto et Yokoyama (2011) ont essayé de résoudre
ce manque de dynamisme en réalisant un réseau par
équipe toutes les 5 minutes d’un match. Néanmoins, le
problème reste le même car une attaque dure rarement
!
plus d’une trentaine de secondes.
Les limites
En conclusion, les analyses basées sur le relevé
d’évènements sont très largement utilisées pour décrire
les performances mais elles ne permettent pas de les
expliquer. En effet, les évènements sont décrits selon les
composantes « QUI », « QUOI », « OU » et « QUAND ».
Nous avons donc une description précise des actions du
match sans avoir de réponses aux composantes «
COMMENT » et « POURQUOI » des comportements
observés (McGarry, 2009). Cela s’explique par le fait que
cette méthode ne permet pas de regarder la dépendance
d’une action avec une action antérieure (Vilar et al.,
2012).
COMPRENDRE LA PERFORMANCE AU REGARD DE
LA POSITION DES JOUEURS
Les opportunités amenées par les nouvelles
technologies
Pour les équipes qui en ont les moyens, des systèmes
de vidéo tracking comme AMISCO ou Prozone
permettent de connaitre la position des joueurs et du
ballon à chaque instant du match (les mesures se font à
une fréquence de 10Hz). Ces données sont pour le
moment surtout utilisées par les préparateurs physiques
afin de connaître la quantité de travail effectué par
chacun des joueurs (distance parcouru, vitesses des
courses etc.). Aujourd’hui, les chercheurs ont commencé
à utiliser ce type de données dans le but de rendre
compte objectivement de la performance collective. Mais
cela est avant tout passer par une nouvelle conception
de « l’équipe » et du « match ».
Concevoir l’équipe comme un « superorganisme »
Une équipe de football est composé de 11 individus qui
semblent former un tout cohérent lorsqu’on les voit
évoluer en match. De plus, lorsque les joueurs sont bien
coordonnés, il semble que ce tout soit plus fort que la
somme de ses parties, comme ci la coordination des
joueurs entre eux faisait émerger plus de qualités qu’il n’y
en a dans le groupe au départ. C’est pourquoi, Duarte et
al. (2012) proposent de considérer les équipes comme
des « superorganismes ». Selon cette conception, les
parties (les joueurs) du tout (l’équipe) ont une fonction
qui se veut à la fois spécialisée (un rôle précis à jouer) et
intégrée au collectif dans son ensemble (pour tenter
d’atteindre des buts similaires au même instant). La
représentation de l’équipe comme un réseau social
emprunte également cette conception de l’équipe
(Passos et al., 2010). On peut rapprocher l’idée souvent
évoquée d’émergence d’une intelligence collective dans
les équipes, c'est-à-dire que le comportement de
l’ensemble de l’équipe est issu d’une intelligence
décentralisée, partagées par l’ensemble des joueurs
(Duarte et Frias, 2011).
21
!
Décrire le comportement d’une équipe avec des
métriques tactiques
A partir de cette conception, des auteurs ont développé
des indicateurs basés sur les séries temporelles des
données de position des joueurs pour décrire le
comportement des équipes. Ces indicateurs sont appelés
métriques tactiques. Elles sont nombreuses, mais deux
catégories se distinguent : les indicateurs permettant de
rendre compte du déplacement de l’équipe et les
indicateurs permettant de mesurer la surface du terrain
occupée par l’équipe.
Les déplacements du bloc équipe peuvent être visualisés
en calculant le « centre » de l’équipe à chaque instant en
se basant sur la position de chacun des joueurs
(Bourbousson et al., 2010 ; Frencken et al. 2012). En
associant cet indice à des évènements du match, on peut
par exemple comparer la position du bloc en phase
défensive lorsque l’équipe est menée au score à domicile
à sa position en phase défensive dans le même scénario
mais à l’extérieur. D’autres analyses peuvent être
envisagées comme le calcul de la vitesse de
déplacement du bloc équipe etc.
Selon Gourcuff, «ce qui est fondamental, c’est la
respiration du bloc : quand on perd le ballon on ressert
quand on le récupère on ouvre. C’est comme le
phénomène de respiration» (Ribot, 2006). Il est
désormais possible de rendre compte de ces
mouvements grâce à des métriques permettant de
calculer la surface du terrain occupée par l’équipe (figure
2). Ces indicateurs permettent de voir le « mouvement de
respiration » des équipes au cours du temps. On peut
imaginer différentes utilisations de ces indicateurs
comme par exemple le calcul de la vitesse d’expansion
ou de contraction du bloc équipe comme indicateur de
l’efficacité des phases de transitions.
chacune des équipes à s’auto-organiser en réaction aux
actions (offensives ou défensives) de l’équipe adverse.
Ainsi McGarry et al. (2002) considère la compétition
sportive (dans notre cas, les matchs de football) comme
étant un système complexe émergeant de l’interaction
entre les deux parties (les deux équipes) s’opposant.
L’interaction entre les deux équipes est supposée avoir
tendance à maintenir le système dans un état stable
avec une alternance des états de chacune des équipes
(phases offensives vs phases défensives) et des
moments d’instabilité (phases de transition). Ainsi, un
match peut être conçu comme un système dynamique
(McGarry et al., 2002). L’enjeu pour l’entraîneur est donc
de comprendre le fonctionnement de l’équipe adverse et
d’optimiser celui de son équipe pour que son équipe soit
capable de créer de l’instabilité quand l’adversaire
cherche à être stable et inversement. C’est pourquoi ces
nouveaux indicateurs peuvent intéresser les entraineurs
en mettant en avant les processus amenant les périodes
d’instabilité.
Mesurer le rapport de force entre les équipes
A l’aide d’indicateurs, il est possible de mesurer le
couplage entre les métriques tactiques des équipes
s’opposant. Des études ont par exemple montré que les
déplacements des deux blocs équipes avaient tendance
à se synchroniser (Bourbousson et al., 2010 en basket ;
Frencken et al., 2012 en football). Mais sur de très
courtes périodes, nous pouvons observer des
«anomalies» (par exemple un bloc équipe allant à
gauche pendant que l’autre va à droite). Ces mêmes
auteurs supposent que ce sont des périodes clés.
L’enjeu est donc de déterminer qu’elles sont les
contraintes qui vont amener ces périodes d’instabilités,
afin de proposer aux entraineurs des situations à
l’entrainement qui permettront de travailler ces périodes
d’instabilité pour les aggraver, les contrer ou les créer.
Les perspectives
Figure 2 : Nous illustrons ici l’un des indicateurs appelé «
Surface Area ». Cette métrique représente la surface
couverte par l’équipe blanche, ici représentée par le
polygone blanc (image du documentaire de Ribot, 2006).
Concevoir les matchs comme des systèmes
dynamiques complexes
Au cours d’un match, nous avons donc deux équipes
tentant dans un même temps, de protéger leur but et de
marquer dans le but adverse. Ces objectifs amènent
!
Ces outils sont récents mais promettent de belles
perspectives pour comprendre les processus sous
jacents à la performance collective. De plus, des études
commencent à mixer les niveaux d’analyse en
s’intéressant aux relations joueur-équipe (Bourbousson
et al., In Press en basketball ; Duarte et al., 2013 en
football). Nous pouvons imaginer que le développement
de ce domaine de recherche permettra de mesurer la
contribution d’un individu ou d’un groupe d’individus aux
actions du collectif et pourquoi pas permettre de qualifier
les joueurs de «stabilisateur», « rééquilibrateur » ou «
déstabilisateur » du jeu.
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22
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(12),
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doi:10.1371/journal.pone.0029638
Recommandations
!
! La description des performances en relevant les évènements des matchs est facilement réalisable et peut être un
bon complément à l’analyse subjective du staff technique.
! Une analyse systématique des matchs peut permettre d’évaluer dans le temps la progression d’un individu
et/ou du collectif.
! Il faut néanmoins être prudent et connaître les limites de ces analyses.
! Les nouvelles formes d’analyses basées sur la position des joueurs ne sont pas accessibles à tous les clubs.
Néanmoins, les recherches dans ce domaine sont sources de pistes pratiques pour les entraîneurs.
! Les avancées technologiques permettront peut-être de donner accès à ce genre d’analyse à un public plus
large dans le futur. Par exemple, la démocratisation des GPS peut aider au développement de ces analyses à
l’entraînement.
!
!
23
!
Nidhal M’SAAD : Actuellement en Master 2 et impliqué dans un processus de recherche scientifique au
laboratoire « Motricité, Interactions, Performance » de l’UFR STAPS de Nantes. Mon objectif ultime est de
devenir un préparateur mental de haut niveau et de contribuer au développement des connaissances dans
le milieu sportif et surtout pédagogique.
Mail : [email protected]
!
!
LA PERCEPTION DE MOMENTUM PSYCHOLOGIQUE PAR LES ATHLETES ET SON LIEN
AVEC LA PERFORMANCE AINSI QUE L’EFFET DE LA RUPTURE SUR LA PERCEPTION
DE CE MOMENTUM
!
!
E!
n! compétition! et! à! l’entraînement,! la! performance! des! sportifs! de! haut7niveau! est! fortement!
influencée!par!des!facteurs!psychologiques!qui!peuvent!être!la!perception!de!notre!progression!vers!
le! but! désiré,! par! exemple! vaincre! un! adversaire.! Plus! précisément,! on! utilise! le! terme! Momentum!
Psychologique!(MP)!pour!décrire!cette!perception!d’évolution!vers!le!but!désiré!(ou!évité)!d’un!individu!ou!
d’une! équipe! (Iso7Ahola! &! Mobily,! 1980).! L’objectif! de! ce! travail! de! recherche! sera! de! contribuer! à! une!
meilleure!compréhension!du!Momentum!Psychologique.!Nous!allons!nous!intéresser!plus!particulièrement!
à!l’effet!de!la!rupture!sur!la!perception!Momentum!Psychologique.!
INTRODUCTION
Étymologiquement, « momentum » est un mot latin qui
désigne une force d’impulsion ou un mouvement. Le
terme n’existe pas dans la langue française courante
(sauf en sciences physiques) alors qu’il est fréquemment
employé par les anglo-saxons pour indiquer une sorte
d’élan positif, le fait que les choses progressent bien.
"Avoir le vent en poupe", "être en pleine spirale positive",
"être porté par les événements" sont des expressions
idiomatiques françaises qui se rapportent au momentum
positif. Bien que l'usage courant du terme momentum
reflète une valence positive, on appelle momentum
négatif un élan contraire à la progression vers le but visé.
Le momentum négatif peut alors s'illustrer aux travers
d'expressions comme "avoir le vent contre soi", "être en
pleine spirale négative", ou "casser le ressort". Parce que
le momentum psychologique est un phénomène abstrait,
il n’y a pas encore une définition uniforme qui a été
développée. De nombreux chercheurs, cependant, ont
des descriptions différentes de ce concept insaisissable.
DÉFINITIONS DU MOMENTUM PSYCHOLOGIQUE
« Modification positive ou négative aux plans cognitif,
physiologique, affectif et comportemental causée par la
précipitation d’un évènement ou d’une série
d’évènements et résultant en un changement rapide de
la performance » (Taylor & Demick, 1994, p.51)
!
« Pouvoir psychologique ajouté ou gagné qui modifie les
perceptions interpersonnelles et influence la performance
mentale et physique d’un individu » (Iso-Ahola & Mobily,
1980, p.392)
Deux questions majeures accompagnent chacune des
publications sur le MP (Markman & Guenther, 2007),
p.800) :
- est-ce que le MP existe ?
- est-ce que le MP affecte la performance ?
DÉCLINAISONS THÉORIQUES DU CONCEPT
(D’après Briki & Gernigon, 2009)
1- La théorie de l’action sociale d’Adler (1981)
Adler envisage le MP dans une perspective dynamique
et donc temporelle, plus particulièrement en termes de
qualité de mouvement. Ces changements dans le temps
résulteraient des perceptions de la variation de la vitesse
du mouvement d’approche (MP positif) ou
d’éloignement (MP négatif) du but à atteindre.
Outre cette perception de progression vers le but, Adler
supporte également la prise en compte de l’importance
accordée au but considéré. Aussi à travers ces deux
déterminants du MP, les rétroactions positives ou
négatives sur la performance en cours jouent un rôle
capital du fait qu’elles jouent un rôle sur les affects
(approche/éloignement ; importance/futilité). Ces
perceptions de la variation de la vitesse du mouvement
d’approche (MP+) ou d’éloignement (MP-) du but à
24
!
atteindre expliqueraient le fait que le MP puisse se
développer de façon explosive (but de Wiltord à la
94ème minute) ou de façon graduelle (« momemtum
placide » - Real-Lyon, 2010, 1-1, égalisation de Pjanic,
75ème minute).
Cet auteur présente le MP comme découlant de
processus à la fois cognitif, affectif/émotionnel et
physiologique :
- Processus cognitifs : tout d’abord, il ne peut y avoir de
MP sans identification d’un but et par conséquent de la
distance restant à accomplir afin d’atteindre le but (plus
le but est clair, plus cette distance est perceptible).
Ensuite, ce but est alimenté par des motivations plus ou
moins autodéterminées (même si l’on sait que les
motivations les plus autodéterminées sont susceptibles
d’engendrer les conséquences affectives les plus
favorables). Ces motivations peuvent être sociales
(facteurs environnementaux) ou psychosomatiques (e.g.
recherche de sensations plaisantes).
- Processus affectifs : l’entrée et la persévérance dans
l’activité tout comme la distance variable restant à
accomplir afin d’atteindre le but se traduit sur le plan
affectif par des émotions (plaisantes ou déplaisantes,
(Bachouse et al. 2007).
- Processus physiologiques : les émotions/affects vont
se répercuter à travers une activation physiologique, qui
elle-même engendre des émotions. Ainsi cette séquence
d’états entraînerait l’amélioration ou la dégradation de la
performance.
Cas particuliers :
Le phénomène de remomentum : se révèle lorsqu’une
personne redouble d’énergie à l’approche de la fin d’une
épreuve. L’idée d’être proche du but, ainsi que
l’anticipation d’un repos imminent (ou des conséquences
positives associées à l’atteinte du but) seraient à l’origine
d’une libération des dernières réserves énergétiques.
Le phénomène d’effet sursaut : une personne peut être
animée d’une force et d’une énergie exceptionnelle lui
permettant de réaliser des exploits. Ce phénomène
résulterait d’une peur intense qui déclencherait une
activation de forces insoupçonnées lui permettant
d’échapper à une situation menaçante pour sa propre
vie.
2- Le modèle antécédents-conséquences du MP
(Vallerand, Colavecchio & Pelletier, 1988).
L’aspect novateur de ce modèle a été de séparer les
causes du MP (i.e. déterminants personnels ou
situationnels) des effets du MP (i.e. lien avec la
performance), et ainsi éviter de restreindre l’identification
du MP à la seule observation des résultats.
Les déterminants (causes) :
!
Ce modèle antécédents-conséquences postule que les
perceptions du MP résultent de l’interaction entre les
facteurs situationnels et les caractéristiques propres
de l’individu (leur tendance à rechercher le contrôle
dans les situations dans lesquelles il s’engage). Ainsi, les
déterminants situationnels sont supposés affecter les
perceptions de MP à condition d’être interprétés comme
pouvant augmenter (ou réduire) le contrôle perçu sur la
situation. Vallerand (1988) suggère ainsi que sorti de
son contexte un événement potentiellement déclencheur
de MP pourrait ne pas être perçu comme tel : exemple
tiré de Vallerand (1988,p.95) : « Réaliser trois
interceptions consécutives en basket ball alors que vous
êtes en train de mener de 30 points n’affectera pas
vraiment votre perception de MP. Cependant, effectuer
trois interceptions consécutives qui se concluent par une
égalisation au score est une situation bien différente. »
L’expérience accumulée dans une situation donnée
renforcerait la perception de contrôle de la part de
l’athlète, qui se traduirait selon Langer (1973, 1985) sous
forme d’illusion de contrôle définie comme une croyance
de contrôle d’évènements pourtant objectivement
aléatoires. Toutefois, Briki et Gernigon (2009) notent que
les athlètes les plus expérimentés développeraient des
schémas leur permettant de reconnaître les phases de
MP dans les situations rencontrées.
Les effets (conséquences) :
Ces perceptions et sentiments spécifiques du MP sont
ensuite supposés entraîner des conséquences sur la
performance réelle des individus.
La relation MP-conséquences serait modulée par des
variables :
- personnelles (e.g. niveau d’habileté, d’activation
physiologique, de motivation, d’anxiété)
- contextuelles (e.g. présence du public, nature de la
tâche, importance de la situation, conséquences
associées à l’échec/au succès)
Étude de Perreault, Vallerand, Montgomery, &
Provencher (1998) :
Population : n=20, 13 étudiantes et 7 étudiants
Conditions :
1/ no-momentum
2/ « positive momentum race » : la course simule une
perte de terrain face à l’adversaire, puis une période où
le sujet reprend du terrain puis dépasse l’adversaire.
Tâche : faire une course sur l’ergocycle contre un
adversaire (fictif) dont la course est préenregistrée sur un
écran TV, face au sujet.
Mesures : (1) puissance développée sur l’ergocycle. (2)
recueil du MP : interrogé tous les 2’45 (4 x en tout) ; la
bande est stoppée, utilisation d’un questionnaire de 5
items, mesurant leurs sensations de découragement, de
confiance, d’énergie…
Résultats : la condition non-MP n’a pas connu de
dynamique du MP dans le temps de l’exercice, alors que
la condition MP a vécu un MP-, puis un MP+ en
fonction du scénario.
On observe pour la condition MP, une augmentation de
la puissance à la fois pour le MP+ et le MP- (qui
25
!
s’apparenterait à de la facilitation négative : réaction de
l’individu confronté à un échec passager considéré
comme encore surmontable via un surcroît d’effort, cf. de
Cornelius et al. 1997).
3- Le modèle multidimensionnel du MP
(Taylor & Demick, 1994)
Ces deux auteurs proposent que la relation entre MP et
performance soit dépendante d’une chaîne de plusieurs
éléments :
- la précipitation d’un événement ou d’une série
d’évènements. Cette précipitation des évènements peut
affecter la vitesse de progression vers le but,
conditionner ensuite l’apparition du MP (positif ou
négatif), et finalement engendrer une modification rapide
de la performance.
- Les changements au niveau cognitif, affectif et
physiologique
- Changement de comportement (effort, persistance,
rythme)
- Evolution de la performance individuelle
- Réactions de l’adversaire (le MP ne serait efficace
qu’à partir du moment ou l’adversaire se situe dans
un MP-)
Cet événement ou cette série d’évènements peuvent être
de nature :
- interne (e.g. autocomplaisance, fatigue)
- environnementaux (e.g. configuration du score, coup
d’éclat, comportement de l’adversaire, décisions de
l’arbitre)
- sociale (e.g. cohésion de l’équipe, influence du staff,
de la foule)
La littérature est partagée sur cette notion de
précipitation d’évènements. Taylor & Demick (1994) avec
des tennismen, puis Perreault et al.(98) avec des
cyclistes montrent que ceux qui ont gagné éprouvaient
plus d’évènements précipités positifs que négatifs
comparativement à ceux qui avaient perdu. En revanche
à l’échelle de l’équipe, les analyses des matches de
Basket ne montrent pas de différences entre les équipes
perdantes ou gagnantes quant au nombre d’évènements
précipités + ou -.
Cette précipitation d’évènements altèrerait les
perceptions de contrôle et d’efficacité personnelle de
l’athlète.
Les athlètes expérimentés seraient plus à même
d’identifier un MP+ et d’user de stratégies afin de
maintenir ce MP sur un versant positif. Mais aussi
d’identifier un MP- et user de stratégies visant à le
réduire. De plus l’expérience faciliterait la facilitation
négative en cas de situation d’échec, et éviterait dans
un autre sens le processus d’inhibition positive,
observable lors d’un succès et se traduisant par une
perte du MP+ et une diminution de la performance.
4- Le modèle masse x vélocité (Markman et Guenther,
2007) ou la théorie du momentum psychologique
(PMT)
!
Cette théorie tente de rendre compte de l’expérience
phénoménologique (liens avec la théorie naïve des
attributions de Heider, 1958), et prend en compte :
- la vélocité, c’est à dire la vitesse et la variation
(accélération) de la précipitation des évènements
- la masse, ou la « psychological mass » est déterminée
par la puissance des variables contextuelles qui évoque
la valeur, l’immédiateté et l’importance de l’événement
vécu.
Mass (m) x velocity (v) = momentum (p)
La façon dont la vélocité et la masse y combine pour
engendrer une perception du momentum peut être
illustré comme suit (Manner & Guenther, 2007, p.802) :
Dans un match de basket ball hypothétique entre une
équipe rouge et une équipe bleue, le score étant de 6565, avec une dizaine de minutes à jouer, sur une
remontée de balle d’un joueur rouge le joueur de l’équipe
bleue intercepte le ballon et accélère et dunke
bruyamment. Dans ce type de situation, l’interception
demeure l’évènement « précipitateur ». De plus, la
violence du smash et la réaction du public s’avèrent être
des facteurs contextuels renforçant la masse que cet
évènement génère aux yeux des deux équipes. L’équipe
bleue vivant dès lors un MP + et l’équipe rouge un MP-.
RELATIONS
ENTRE
MP,
PERFORMANCE,
EFFICACITÉ COLLECTIVE ET COHÉSION
La difficulté principale d’identification de cette relation est
sa complexité, notamment à travers les phénomènes
d’imitation et de contagion émotionnelle, mais aussi
parfois de la difficulté à activer la chaîne du MP.
1- MP et performance, approche classique
Weinberg, Richardson et Jackson (1981) montrent que
sur plus de 2000 matches de tennis, 86 % des hommes
ayant gagné le premier set gagnaient le match, et 91%
chez les femmes. Iso-Ahola (1988) rapportent des
résultats similaires en tennis. Des résultats similaires ont
été reproduits dans le basket ball et le foot ball (Burke et
al. 1995). Les phénomènes de la main chaude (hot hand)
semblent conforter cette relation entre le MP et la
performance.
Néanmoins, plusieurs auteurs trouvent des relations
moins marquées voir inexistantes entre le MP et la
performance (cf. Burke et al. 1995).
Par exemple, Gilovitch, Vallone, et Tversky (1985)
montrent qu’au basket ball il n’y a pas statistiquement
plus de chances de marquer un panier lorsque l’on a
réussi le précédent. Ces auteurs soulèvent donc
l’hypothèse de l’illusion de contrôle véhiculée par le MP.
Également, certains supportent le fait que si l’athlète
gagne le 1er set, c’est certainement lié à une meilleure
habileté que l’adversaire et qu’au final il aura plus de
chances de gagner le match (Silva, hardy, & Grace,
1988).
26
!
Également Markman & Guenther (2007) montrent que
certaines personnes préfèrent ne pas s’interroger sur la
validité de leurs jugements. Ainsi ils peuvent interpréter
une série de shoots comme une évidence de la main
chaude (hot hand).
Toutefois, il est nécessaire de distinguer l’impact du MP
sur une performance collective et l’impact du MP sur une
performance individuelle. Les effets semblent plus aisés
à mettre en évidence à l’échelle individuelle (e.g.
augmentation de la dépense énergétique, Perreault et al
1998, ou augmentation du score, Taylor & Demick,
1994). Taylor et Demick (1994) expliquent l’absence
d’effet du MP sur la performance collective à la difficulté
de déclencher des séquences de MP chez plusieurs
individus simultanément.
2- MP et groupe sportif * Relations entre le MP et le
groupe
Taylor et Demick (1994) rapportent qu’il serait plus facile
d’actionner le MP chez un individu que sur un groupe
d’individus, présentant des seuils de réponses cognitives,
affectives
et
comportementales
potentiellement
différents.
Adler (1981) considère le MP comme une force sociale
(un catalyseur) et envisage le MP d’équipe comme le
mouvement d’un groupe dirigé vers l’atteinte d’un but.
* Conditions de développement du MP collectif
La particularité des groupes concerne la façon dont les
cognitions et les émotions groupales sont diffusées
notamment au travers des mécanismes d’imitation et de
contagion sociale. D’autant plus si le groupe est
cohésif. C’est à dire que la proximité des liens sociaux
facilite la propagation des sentiments et des émotions,
créant de fait un climat favorable au développement du
MP d’équipe. Ainsi Adler (1981) recommande aux
entraîneurs de renforcer la cohésion d’équipe. Eisler &
Spink (1998) montrent en volley ball que plus les équipes
sont cohésives envers la tâche, plus elles rapportent un
MP positif.
Mais la contagion émotionnelle peut également être
négative et engendrer un phénomène d’effondrement
collectif (collective collapse). Apitszsch (2006) montre
notamment que la contagion émotionnelle serait facilitée
par le statut du membre au sein du groupe.
* Impact sur l’équipe adverse
En situation de confrontation sportive, les émotions
positives d’un groupe (tel que le MP) engendreraient des
émotions négatives chez l’équipe adverse, engendrant
chez elle un effondrement collectif.
Alors que certains événements semblent perçus comme
des déclencheurs potentiels du MP, (Jones & Harwood,
2008 ; Taylor & Demick, 1994), d’autres événements
semblent provoquer son interruption.
EFFET DE LA RUPTURE SUR LA PERCEPTION DE
MOMENTUM PSYCHOLOGIQUE
A ce jour, très peu d’études ont porté sur les
processus et mécanismes impliqués dans l’interruption
du MP.
!
Markman et Guenther (2007) ont mené une étude
sur les croyances des individus concernant les effets
d’une interruption non désirée ou inattendue sur le MP.
Cette étude se base sur une lecture de scénarii
hypothétiques relatifs à deux types de condition
d’évolution où la personne doit réaliser un article
scientifique de 20 pages dans un temps donné.
Dans le premier scénario la condition mise en jeu est la
condition momentum (Rupture de la tâche par un
téléphone qui sonne après 2h30 de travail et la moitié de
l’article rédigée), et dans le deuxième scénario la
condition mise en jeu est la condition progrès régulier
(réalisation de la tache sans rupture).
Les sujets sont invités à indiquer dans quelle mesure
cette interruption était pénalisante pour la personne dans
la suite de la rédaction de son article.
Les sujets de la condition momentum ont estimé
qu’il serait nettement plus difficile pour cette personne de
terminer son document après avoir été interrompu que
les sujets de la condition progrès réguliers.
Markman et Guenther (2007) ont conclu que le
MP est naïvement perçu comme étant soumis au
mouvement inertiel de sorte qu’un élan perdu est difficile
à restaurer et qu’une interruption soudaine de l’exécution
d’une tâche (ex : la personne doit répondre au téléphone)
semble être plus handicapante lorsque l’on est en train
de faire l’expérience d’un MP positif élevé que lorsque
que l’on progresse simplement de manière régulière. En
dépit de cette croyance, l'élan psychologique demeure
un concept en grande partie inconnu dans la psychologie
du sport, et les connaissances sur les processus
impliqués dans le phénomène de rupture du MP restent
encore insuffisantes.
Dans la présente étude, nous cherchons à étudier
l’influence d’une interruption soudaine sur la perception
de momentum psychologique positif ou négatif chez des
pongistes compétiteurs.
Cette étude a été conduite auprès de 61 joueurs de
tennis de table (46 hommes et 15 femmes) de niveau
régional et national âgés en moyenne de 28,5 (10.1) ans.
Dans notre expérimentation la perception de
momentum a été mesurée avec la version française du
questionnaire de Vallerand (Vallerand et al., 1988). C’est
un questionnaire de 10 items. Les participants
répondaient sur une échelle en 7 points de (1)
certainement moi à (4) ni moi ni mon adversaire à (7)
Certainement mon adversaire. Ce questionnaire permet
de mesurer la Perception du MP (Qui semble avoir le
vent en poupe, être dans une spirale positive ?) et la
perception de l’issue du match (Selon toi, qui va gagner
le match ?).
Pour que les sujets soient en mesure de répondre
au questionnaire on a conçu sur un ordinateur un
dispositif présentant des scénarii relatifs à quatre types
de condition d’évolution de match de tennis de table. Le
scénario permet au sujet de s’imaginer jouer la manche
décisive d’une finale de la compétition la plus importante
27
!
de sa carrière, il observe l’évolution du score à l’écran
par des panneaux de score, et son score à lui est affiché
sur le panneau bleu à gauche de l’écran, à chaque point
le sujet entend le bruit d’échange de la balle et celui du
public après que le point soit marqué, ainsi le son audio
lui permet une meilleure immersion dans le scenario. On
note que chaque sujet est confronté à une seule situation
expérimentale.
Ci-dessous un résumé des conditions
expérimentales :
4 conditions (61 sujets)
Scénario avec panne électrique (rupture) vs scénario
sans rupture
* Condition 1 (15 sujets) = Scénario MP+ sans
rupture.
* Condition 2 (15 sujets) =Scénario MP- sans
rupture.
* Condition 3 (16 sujets) =Scénario MP+ avec
rupture.
* Condition 4 (15 sujets) =Scénario MP- avec
rupture.
On a mis en place deux hypothèses :
1) Les individus expérimentant un MP positif puis une
interruption de celui-ci auraient plus de difficultés à
poursuivre leur objectif que les individus qui ont cheminé
progressivement vers leur objectif.
2) Les individus expérimentant un MP négatif puis une
interruption de celui-ci auraient plus de chance à se
rattraper et compenser l’écart et prétendre à la victoire
que les individus qui ont cheminé progressivement vers
leur objectif.
On a effectué une analyse de la variance « ANOVA
» à effets principaux afin de tester les effets principaux
du scenario de score (positif vs négatif), de l’interruption
(break vs no break) et l'effet d'interaction interruption
*score.
Les principaux résultats n’ont pas montré d’effet
principal significatif de la rupture (break vs no break) sur
la perception de momentum. Cependant, ils ont montré
un effet principal significatif du score sur la perception de
momentum. On a conclu que les différences observées
sont dues à un effet de score et non pas a un effet de
rupture de MP lorsqu’on teste ces deux variables
indépendantes séparément. Il n’y a pas une interaction
interruption *score indiquant qu’il n’y a pas un effet
simultané de deux variables indépendantes le score et la
rupture.
Ces résultats ne corroborent pas sur hypothèses.
Ils soutiennent les résultats antérieurs observés par
Markman & Guenther (2007) qui montrent un effet
principal du score sur la perception de MP par des
spectateurs en basket ball.
Ces résultats ne soutiennent pas les résultats
montrés par Markman et Guenther (2007) qui indiquent
qu’un élan perdu est difficile à restaurer et qu’une rupture
soudaine de l’exécution d’une tâche semble être plus
handicapante lorsque l’on est en train de faire
!
l’expérience d’un MP positif élevé que lorsque que l’on
progresse simplement de manière régulière.
Discussion : On a pu émettre quatre hypothèses
différentes qui peuvent expliquer la différence de
perception de MP chez les sujets en fonction de scenariI
de score.
La première hypothèse qui peut être émise consiste à
ce qu’au moment de la rupture de MP, les sujets
expérimentant un MP+ ont l’impression de pouvoir garder
un avantage établi pour repartir avec une dynamique
positive. La rupture représente une préparation pour un
nouveau départ avec un ascendant moral. On note que
ce phénomène est observé chez les sujets ayant plus
d’expertise et plus d’expérience que les autres sujets
expérimentant un MP+.
La deuxième hypothèse qui peut être émise consiste à
ce qu’au moment de la rupture les sujets expérimentant
un élan positif ont l’impression que la rupture casse leur
série et va leur faire perdre le rythme permettant à
l’adversaire de se reprendre et de retrouver ses repères.
Pour ces sujets la rupture marque la fin d’une dynamique
positive et va créer un climat d’incertitude et de non
contrôle. Ce phénomène est observé principalement
chez les sujets ayant moins d’expertise et moins
d’expérience que les autres.
La troisième hypothèse qui peut être émise consiste à
ce que, les sujets expérimentant un MP-, au moment de
la rupture, ont l’impression de perdre le contrôle de la
partie et qu’ils n’ont jamais la capacité de reprendre avec
les mêmes chances de gagner que leur adversaire. Ce
phénomène est observé chez les sujets qui ont moins
d’expertise et moins d’expérience que les autres sujets
expérimentant un MP-.
La quatrième hypothèse qui peut être émise consiste à
ce qu’au moment de la rupture les sujets expérimentant
un MP-, pensent que la rupture est une grande chance
de se rattraper et de changer les stratégies, de récupérer
et ainsi de sortir d’une dynamique négative. Ce
phénomène peut être expliqué par le phénomène de
facilitation négative. Il est surtout évoqué chez des sujets
ayant plus d’expertise et plus d’expérience que les
autres.
Le travail effectué pourrait être approfondi en intégrant
des joueurs de plus haut niveau. On pourrait également
intégrer des entretiens d’auto-confrontation. On peut
aussi effectuer des études comparatives (des athlètes
d'élite vs non-élite, l'équipe vs athlètes individuels,
masculins vs féminins et des adolescents vs adultes).
Cependant cette étude connaît certaines limites :
- Les scénarii hypothétiques, fictifs impliquent une
difficulté de projection et d’identification à la situation.
- Dans le scenario le son qui accompagne chaque point
est le même, les sujets ont l’impression de jouer le
même point.
- Les sujets estiment qu’ils auraient pris un temps mort
bien avant que l’adversaire fait une série de sept points
consécutifs et revient à égalité, le scenario ne prend pas
en compte l’approche tactique des athlètes.
28
!
BIBLIOGRAPHIE
Adler, P. (1981). Momentum: A theory of social
action. Beverly Hills, CA: Sage.
Briki, W., & Gernigon, C. (2009). Momentum
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perception of psychological momentum. Journal of Sport
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beliefs. Personality and Social Psychology Bulletin, 33,
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performance. The Sport Psychologist, 5, 211-222.
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Vallerand, R. J., Colavecchio, P. G., & Pelletier,
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Taylor, J., & Demick, A. (1994). A
multidimensional model of momentum in sports. Journal
of Applied Sport Psychology, 6, 51-70.
Recommandations
!
! Ne pas hésiter à collaborer avec les chercheurs afin de mieux comprendre le phénomène de momentum psychologique
et sa relation avec la performance
! Essayer de mettre en place des situations d’entrainement afin d’améliorer chez les joueurs la perception du momentum
psychologique
! Le mental peut jouer un rôle primordial dans le volet technico-tactique de l’entrainement
! Mettre en place des stratégies pour s’adapter avec la rupture du momentum psychologique qui constitue un
événement important dans le déroulement d’un match
!
29
Loïc MASSON : Après avoir obtenu ma licence STAPS spécialité « entraînement sportif » à Caen, je suis
arrivé à Nantes en Master spécialité « Expertise Performance, Intervention » afin d’approfondir mes
connaissances dans ce domaine. Depuis le début de mon cursus STAPS, je suis également très impliqué dans
le milieu associatif. Je suis depuis plusieurs années à la fois joueur et entraîneur de Volley-ball. Cette année, je
suis à la charge de plusieurs équipes jeunes et d’une équipe senior Féminine dans l’un des plus gros clubs
Français (le VBN). Lors de stages auprès de l’équipe professionnelle et du centre de formation, j’ai pu faire
quelques recherches sur les thèmes suivant: l’utilisation de l’outil vidéo à l’entraînement et l’intérêt d’un travail
de prise d’information dans la formation des jeunes volleyeuses.
LA PRISE D’INFORMATION EN SPORTS COLLECTIFS
I"
I" parait" évident" de" dire" que" les" individus" pratiquants" des" sports" collectifs" doivent" avoir" des" habiletés"
techniques"pour"pouvoir"effectuer"correctement"les"gestes"ou"les"actions"spécifiques"à"leur"activité"mais"
aussi"des"habiletés"cognitives."Les"spécialistes"des"sports"collectifs"considèrent"même"que"les"habiletés"
décisionnelles"constituent"un"facteur"central"de"réussite"et"de"performance"pour"gérer"de"façon""
optimale"le"rapport"d’opposition"auquel"les"joueurs"sont"confrontés."
COMPLEXITE DES SITUATIONS
DIFFERENCES ENTRE EXPERT ET NOVICE
En effet, ce n’est pas le tout de savoir exécuter un
mouvement ou geste technique parfaitement, il faut aussi
savoir le faire au bon moment. Les situations auxquelles
sont confrontés les individus en sport collectifs, sont des
situations complexes remplis d’incertitudes et de
contraintes. La grandeur de l’espace de jeu et le nombre
plus ou moins important d’acteurs sur celui-ci engendrent
des incertitudes spatiales, avec un espace à gérer plus
grand que le champ visuel moyen d’une personne. On
peut ajouter à cela des contraintes temporelles. En effet,
la complexité de la tâche, avec un nombre important
d’informations à traiter, nous place généralement sous
pression temporelle, c’est-à-dire que le rapport entre le
temps accordé pour produire la réponse et le temps
requis pour cette réponse est souvent faible. Si nous
prenons un exemple en volley-ball : le temps accordé est
celui qui s’écoule entre le moment où l'attaquant frappe
la balle et celui où elle touche le sol dans le terrain du
défenseur. Le temps requis est celui nécessaire pour se
rendre de l'endroit où se trouve le défenseur à l'endroit
d'interception du ballon.
Enfin, nous sommes souvent face à des incertitudes
événementielles : les adversaires ont pour but de
masquer leurs actions, et d’augmenter ainsi l’incertitude
de la situation afin de nous induire en erreur ou au moins
de retarder nos actions ayant pour but de les contrer.
Ainsi on distingue le temps de réaction simple,
quand une réponse unique correspond à un stimulus
unique, et le temps de réaction de choix, quand il y a
plusieurs possibilités de stimuli et de réponses. Il a été
montré que le simple passage d'une à deux possibilités
augmente le temps de réaction de 58%. Ce sont des
dixièmes de secondes mais cela représente par exemple
en volley-ball plusieurs mètres de déplacement pour un
joueur.
On comprend, dès lors, l'intérêt tactique qu'il y a à
créer de l'incertitude pour l'adversaire et à s'organiser
collectivement pour réduire l'incertitude dans son propre
camp.
Pour pouvoir diminuer ces incertitudes et mieux les
gérer, il est donc important que le sportif ait de bonnes
qualités de prise d’information. On croit à tort que les
champions ont des performances visuelles plus
importantes que les autres sportifs. Cependant il a été
démontré, par une étude qui a suivi pendant plusieurs
années des sportifs et des non sportifs, que les
performances du système visuel n'évoluent pas de
manière significative sous l'effet de la pratique sportive.
De plus, il faut savoir que les capacités d'attention et de
traitement d'informations dans un temps donné sont
limitées.
Ainsi, dans les sports collectifs, les experts se
différencient des débutants par des stratégies de prise
d'informations visuelles plus performantes et non par une
amélioration des performances du système visuel luimême.
On remarque souvent que les experts sont capables
de produire des réponses correctes à un stimulus en un
temps très réduit. Par exemple, un joueur expert en
basket-ball comparé à un novice, sera capable de
détecter plus aisément lorsqu’un adversaire effectue un
shoot et pourra ainsi le contrer. Ceci est possible parce
qu’ils automatisent le traitement de l’information visuelle.
En effet, au cours de la pratique, l’expert mémorise des
informations pertinentes, qui constituent des
connaissances. Ces connaissances vont orienter, d’une
part, sa recherche d’information et elles seront d’autres
parts, récupérées automatiquement en situation pour
faire face à celle-ci. De plus, ils ont aussi la capacité, en
situation de forte pression temporelle, d’extraire les
indices visuels pertinents et de les coordonnés
temporellement. C’est-à-dire, ils regardent la bonne
chose au bon moment tout en négligeant les autres
indices qui ne sont pas pertinents, ce qui leur permet de
répondre plus rapidement à un stimulus.
Par exemple les résultats d’une étude, concernant
les gardiens de football en situation de tir au but
30
(Savelsbergh Geert J-P & Coll. 2002), montrent que les
stratégies des experts et des novices diffèrent.
On observe ainsi que les gardiens de but experts
font moins de fixations (regard plus stable), et que ces
fixations sont d’une durée plus importante que chez les
novices.
Les résultats montrent aussi que les experts
regardent essentiellement la tête, les jambes et le ballon,
alors que comparativement les novices regardent
davantage le milieu du corps (bras, tronc, hanches).
LA PREPARATION A L’ACTION
Comme nous l’avons vu précédemment, la prise de
décision en situation sportive s’effectue le plus souvent
sous contrainte temporelle. L’objectif pour le sportif est
donc de réduire le temps nécessaire à l’activation de la
réponse appropriée. Pour arriver à cela, il est nécessaire
de passer par un travail sur la préparation et sur la prise
d’information.
Il faut savoir que le choix de l'état de préparation
s'effectue avant l'apparition du signal de réponse. Dans
certaines activités sportives (sports de raquette, volleyball...), le sujet se trouve en attente d'un signal de
réponse (ex : ou va jouer le passeur ?) et dispose d'un
temps suffisant pour recueillir et traiter les informations
disponibles dans la situation. Ce traitement conduit à la
détermination d'un certain nombre de connaissances qui
vont être ensuite combinées et vont permettre de choisir
la préparation optimale face à cette situation. Ainsi un
joueur en situation de défense, aura pour objectif de
recueillir des informations concernant l’issue possible du
jeu (positions des adversaires et de ses partenaires), tout
en prenant en compte le contexte (score, enjeu…) et son
propre état (fatigue, motivation…) afin d’essayer de
prévoir les coups de l’adversaire et choisir la préparation
la plus adaptée.
Alain, Lalonde et Sarrazin (1983) ont modélisé la
notion de préparation à l’action à partir de trois états
distincts. Afin d’illustrer ces états, prenons l’exemple du
gardien lors d’un jet de 7 mètres au Handball :
•
La préparation neutre : le joueur ne détermine pas à
l’avance une préparation en faveur d’un événement
particulier. Le temps de réaction est long. Ce type de
préparation peut être choisi quand le gardien estime que
la pression temporelle associée au tir est relativement
faible.
•
La préparation partielle : le gardien se prépare à
plusieurs réponses en en préparant une plus que les
autres. Il conserve ses chances d’intercepter à temps le
tir qui avait été moins préparé.
•
La préparation totale : le joueur détermine à l’avance la
réponse qu’il va produire lors de l’apparition du signal.
Elle peut être instituée lorsque le gardien se rend compte
qu’il devra agir extrêmement rapidement au tir adverse.
QUELS INTERETS ?
Lorsqu’un individu pratique une activité sportive en
compétition, il doit automatiquement prendre des
informations sur son environnement afin d’effectuer
l’action motrice la plus optimale face à la situation à
laquelle il est confronté. Selon le modèle de Sanders
(1983), le traitement de l’information est composé de
quatre étapes en série : on effectue dans un premier
temps une étape de pré-traitement du stimulus, on extrait
ensuite les caractéristiques principales de celui-ci, puis
on sélectionne la réponse la plus adaptée, et enfin on
effectue la réponse motrice appropriée. Une performance
va donc pouvoir être optimisée si l’individu arrive à
sélectionner uniquement les informations pertinentes et à
laisser de côté les informations non pertinentes, comme
c’est le cas chez les experts.
Lorsqu’on prend des informations sur notre
environnement, on effectue différentes fixations
oculaires. La notion de « Quiet Eye » (QE) est une notion
récemment étudiée par les chercheurs et elle correspond
à la fixation finale que fait un individu sur une cible juste
avant son initiation motrice. Vine S.J. et coll. (2011) ont
montré qu’à la suite d’un programme d’entraînement au
QE, des basketteurs novices ont maintenus plus
efficacement leur contrôle attentionnel visuel dans une
situation de lancers francs et ont eu des résultats
significativement meilleurs, dans le test en situation
anxiogène, par rapport au groupe contrôle. Wood G. et
coll. (2011) ont récolté des résultats similaires sur des
joueurs de football à l’université dans une situation de
pénalty. En effet, le groupe qui a reçu un programme
d’entraînement au QE était plus efficace sur le contrôle
de l'attention visuelle, et ces mêmes footballeurs étaient
significativement plus précis, avec notamment 50% de
tirs sauvés en moins par le gardien de but, que le groupe
contrôle.
L’entraînabilité de cette notion peut être très
intéressante pour améliorer la performance des sportifs
en compétition. En effet, grâce à un programme
d’entraînement au QE, les sportifs semblent avoir une
stratégie de recherche visuelle plus efficace. Ils seraient
capables d’exclure plus facilement un certain nombre
d’indices non pertinents et de se focaliser plus
rapidement sur les indices perceptifs pertinents avec
notamment un temps de QE significativement plus long
qu’avant le programme d’entraînement. Grâce à cela, ils
pourraient agir plus efficacement à la situation confrontée
et cela peu importe les circonstances, puisque les
résultats nous montrent que même en situation
anxiogène, leurs performances ne se dégradent
quasiment pas.
CONCLUSION
Nous avons donc pu voir que les aspects perceptifs
et décisionnels sont continuellement présents dans les
sports collectifs notamment dû à la complexité des
situations auxquelles sont confrontés ces individus. Ces
aspects peuvent avoir des influences sur la performance
31
réalisée. Il serait donc intéressant pour des sportifs de
s’entraîner régulièrement sur leurs stratégies de
recherche visuelle et notamment sur la notion de « quiet
eye ». Afin d’obtenir des résultats significatifs, il est
important que les situations d’entraînement soient
signifiantes pour les sportifs. Ils pourront ensuite mieux
réutiliser ces compétences acquises lors des
compétitions.
Il faut savoir que le potentiel de développement des
habiletés perceptives et décisionnelles semble beaucoup
plus important que celui des habiletés physiques. En
effet, la part de l’inné dans ces aptitudes y est beaucoup
plus faible que la part de l’inné dans les aptitudes
physiques. Cela peut donc être une raison
supplémentaire pour approfondir l’utilisation de ce
processus à l’entraînement sportif.
BIBLIOGRAPHIE
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Modalités d’études et données actuelles », Revue des
Sciences et techniques des Activités Physiques et
Sportives, 10,19, 1989b : 53- 67.
Vine, S-J. & Mark R. Wilson (2011) « The
influence of quiet eye training and pressure on attention
and visuo-motor control » Acta Psychologica, vol. 136,
340–346.
Wood, G. & Mark R. Wilson (2011) « Quiet-eye
training for soccer penalty kicks », Cognitive Processing cogn-process, vol. 12, no. 3, 257-266.
Recommandations
! Les habiletés décisionnelles constituent un facteur central de réussite et de performance en sports collectifs.
L’un des objectifs en sports collectifs est de créer de l'incertitude pour l'adversaire et de s'organiser collectivement
pour réduire l'incertitude dans son propre camp.
! Les experts se différencient des débutants par des stratégies de prise d'informations visuelles plus
performantes et non par une amélioration des performances du système visuel lui-même.
! Une préparation optimale peut réduire le temps nécessaire à l’activation de la réponse appropriée.
! La notion de « Quiet Eye » correspond à la fixation finale que fait un individu sur une cible juste avant son initiation
motrice.
! Un programme d’entraînement au QE permet aux sportifs d’exclure plus facilement un certain nombre d’indices
non pertinents, de se focaliser plus rapidement sur les indices perceptifs pertinents et d’améliorer ainsi leur
performance.
32
Mehdi R’KIOUAK : Suite à ma licence entraînement sportif au STAPS de Nantes, j’ai découvert le monde
de la recherche en commençant par investiguer l’estime de soi chez des jeunes en centre de formation
puis en basculant sur le courant du cours d’action en Master EPI, notamment sur la coordination
interpersonnel en basketball. Cette année ma problématique de recherche se centre sur les dispositions à
agir à l’activité collective au fil d’une carrière sportive de haut-niveau.
Mail : [email protected]
!
!
!
« LA NOTION DE DISPOSITION À AGIR COMME NOUVEAU CHAMP D’INVESTIGATION EN SPORT »
AVANTAGES ET PERSPECTIVES
!
!
L!
es! fédérations,! les! clubs! de! haut3niveau! et! autres! structures! sportives! cherchent! à! recruter/former!
des! joueurs/équipes! et! des! staffs! efficaces! dans! le! but! de! performer! lors! d’une! compétition.! En!
s’appuyant!sur!une!approche!orientée!activité,!nous!discuterons!(1)!de!la!notion!de!«!disposition!»!et!
(2)! des! potentielles! perspectives! de! recrutement! ou! de! formation! qui! peuvent! en! découler.! Un! onglet!
«!recommandations!»!est!proposé!en!fin!d’article!afin!de!mettre!en!pratique!nos!propos!en!quelques!idées!!
pertinentes.
INTRODUCTION
Une notion venant de la psychologie du travail
est alors apparue comme une panacée : la notion de
« compétence ». Cette notion a été importée dans le
domaine du sport avec de forts appuis cognitivistes. Ce
terme est aujourd’hui omniprésent dans tous les
contenus de formation, il fut même caractérisé par Burke
(1952) de « God term ». Une « compétence » est alors
définie comme « une capacité d’action efficace face à
une famille de situations, qu’on arrive à maîtriser parce
qu’on dispose à la fois des connaissances nécessaires et
de la capacité de les mobiliser à bon escient, en temps
opportun, pour identifier et résoudre de vrais problèmes »
(Perrenoud, 1999).
Ainsi cette notion, centrée sur l’individu,
suggère l'idée que la compétence est ancrée en chaque
individu, la compétence est donc indépendante du
contexte, non liée au temps et à l'espace. Pour illustrer
nos propos voici un exemple, en gymnastique, de
« compétence » que l’on peut voir écrit dans les
programmes d’EPS : « savoir sauter le cheval en long ».
En s’appuyant sur cette définition, les auteurs
ont proposé de nouvelles méthodes de formation. Dans
un premier temps, les techniciens, enseignants et
chercheurs se doivent de lister les « compétences »
pertinentes à acquérir dans la discipline correspondante.
Par la suite, des situations sont construites dans le but
de produire ou de développer ces « compétences »
déterminantes pour atteindre l’expertise. Famose (1990)
met l’accent sur le concept de « tâche » se définissant
comme une situation réduite, simplifiée, épurée,
clairement délimitée et possédant une solution univoque.
!
Dans cette perspective, la réduction de la réalité (i.e. de
la situation complexe) permet de cibler exclusivement la
compétence visée, celle-ci pouvant s’apprendre en
dehors de la complexité de l’activité réelle et
potentiellement être réinvestie plus tard et en contexte
réel. Pour reprendre notre exemple précédent, ici, la
tâche serait « sauter le cheval en long ».
A ce niveau, nous remarquons le caractère
programmé de l’action répondant aux dogmes du
cognitivisme (quand je dispose de la compétence
« savoir sauter le cheval en long » alors je l’applique
dans les situations de saut de cheval), l’acteur exécute le
plan comme un ordinateur exécute une commande.
Nous verrons dans la première partie de notre
argumentation, une manière différente d’appréhender la
notion de « compétence », en déplaçant le focus sur une
approche centrée sur l’activité et non sur l’individu.
LA NOTION DE « DISPOSITION À AGIR »
La notion de compétence telle qu’elle a été
précédemment définie suggère que celle-ci est conçue
comme étant « dans la tête, dans les mains ou dans les
cœurs des individus » (Lingard, 2009). Cet aspect pose
la question du contexte et de la transversalité : un
individu possédant une compétence dans un domaine
pourrait la restituer dans un contexte différent ou dans
une situation différente à partir du moment où cette
nouvelle situation possède les mêmes traits structurels
que la tâche dans laquelle a été construite la
compétence. Or en sport nous avons tous l’exemple d’un
individu très compétent lors de l’exécution des tâches
d’entrainements mais qui n’est pas capable de réinvestir
33
!
ces compétences dans des situations similaires en
compétition.
Notre
argumentation
se
propose
d’appréhender cette notion de « compétence » sous un
œil différent et centré sur l’activité. Avant d’émettre et de
renseigner cette nouvelle idée, nous allons expliquer et
délimiter le cadre théorique d’où provient ce concept.
Nous nous inscrivons dans le courant de
l’énaction (Maturana & Varela, 1994). Ce courant se
fonde sur la notion d’un couplage asymétrique acteurenvironnement, la notion clé étant l’interaction entre
l’individu et l’environnement, Varela propose la
formulation suivante ; « notre activité (motrice, cognitive,
etc) fait en permanence émerger un monde pertinent
avec lequel on interagit ». Nous pouvons alors considérer
que la cognition est l’action de faire émerger un monde
dans lequel on atteint ses objectifs. Ainsi, il est difficile de
segmenter la cognition en processus séparés et
déconnectés de l’activité complexe à l’œuvre. Une
manière holistique d’appréhender la cognition est donc,
ici, de considérer l’expérience vécue de l’acteur comme
témoignant de façon non-dissociée des différents
processus cognitifs. Dans ce cadre, il devient intéressant
de recueillir les propos de l’acteur pour tenter de
comprendre le monde avec lequel il rentre en interaction
(i.e. son « monde propre »). En partant du principe que
toute activité est en permanence accompagnée par un
flux de conscience (i.e. on a conscience de faire telle où
telle chose), la conscience préréflexive est définie
comme « l’effet de surface » du couplage acteurenvironnement, la partie conscientisable de ce couplage.
Theureau (2004, 2006) propose que le couplage acteurenvironnement peut en partie être documenté en
accédant à la conscience préréflexive du sujet, pour plus
de
renseignement
sur
la
méthode
dite
d’autoconfrontation voir Theureau (2006 ; Chapitre 4).
Considérant (1) l’indétermination fondamentale
de l’activité (i.e., couplage), (2) sans nier l’idée de
comportement appris et stabilisés, la notion de
« disposition à agir » peut alors se définir quant à elle
comme étant une tendance à agir, une propension à
l’action qui peut être ou non actualisée en fonction du
monde propre de l’acteur et des contraintes
environnementales (Durand & Perrin, sous presse).
L’acteur, sur la base de ses expériences vécues lors
d’une situation X, va intégrer des « possibles » (i.e., ce
qu’il est possible de faire dans cette situation) qui ne
seront que potentiellement utilisable a posteriori, sous
réserve que l’acteur perçoive la situation type (i.e., lors
de l’interaction avec son monde propre) comme similaire
à celle de la situation X. Cette similarité est jugée par
l’acteur au regard des significations qu’il accorde, ici et
maintenant à la situation, et au regard des régularités
comportementales qu’il a construites dans des situations
auxquelles il allouait les mêmes significations.
Cette approche bien argumentée par Durand
(2006), tente d’appréhender le « pourquoi » dans
certaines situations un acteur (e.g., un gymnaste) va
actualiser ou non sa disposition lors d’une situation qui,
vue de l’extérieur, semblait propice à l’actualisation de
celle-ci. En adoptant une approche centrée sur l’activité,
!
la partie prédictible et déterminée de la notion de
compétence est mise à mal. Ensuite, une disposition
peut être plus ou moins stable (du fait de la récurrence
du couplage) et intègre une composante transformative,
permettant son amélioration et/ou son adaptation au fil
de l’activité du sujet. L’idée du caractère changeant de la
disposition suggère que l’individu mobilise également
une disposition « à transformer les dispositions », celle-ci
permettant aux sportifs de se développer dans leur
activité au fil de leur dynamique d’expérience. Cette
notion pourrait être la clé du développement sportif
(développement du talent) chez l’individu plutôt que de
concentrer ses efforts sur l’idée d’accumulation de
compétence et de prédictibilité qui est impossible à
prévoir en situation réelle de compétition.
Dans la rubrique suivante nous tentons de
proposer des perspectives pratiques de l’utilisation de
cette notion proposée par le courant de la psychologie de
l’activité. Les propositions sont toutefois très
personnelles, sauf pour la partie formation (Durand,
2006), et ne s’appuient pas encore sur des fondements
scientifiques éprouvés, même si des études sont en
cours.
DÉTECTION, FORMATION, CRÉER UNE ÉQUIPE
En ayant ce point de vue et cette connaissance
de ce qu’est une « disposition à agir », nous pouvons
aborder différemment les manières de détecter, former,
entrainer, recruter et coacher une équipe ou des athlètes.
La notion de disposition à agir est relativement
récente et encore peu étudiée. Cependant, dans des
perspectives de détection et/ou de recrutement d’un
« potentiel » ou d’un joueur confirmé, cette notion permet
d’entrevoir des précautions à prendre dans le but de ne
pas se tromper. La détection en tant que telle suppose
de se baser sur des informations acceptées par les
techniciens confirmés du sport en question et validées
par des chercheurs. De ce fait, avant même de proposer
des méthodes de détection, il semble nécessaire que ces
informations se fondent sur des dispositions à agir
connues et reconnues comme pertinentes et essentielles
à développer dans le cadre du sport de haut niveau. Pour
cela on peut s’appuyer sur l’analyse scientifique de la
construction des dispositions au cours du temps chez
des sportifs de haut niveau : en comparant le
développement sportif de différents sujets, des
récurrences pourront être observées dans leurs activités
respectives et dans les dispositions à agir qu’ils ont
construites au fil de leur carrière. Les techniciens
disposeraient alors d’un outil leur permettant de repérer
chez les joueurs les dispositions favorables à l’accès au
haut niveau. Pour aller plus loin, lors des séances de
détection ou de recrutement, il semble primordial de
s’attarder sur l’environnement dans lequel les sujets sont
mis en activité. En effet, nous avons démontré
précédemment que les dispositions ne sont pas
nécessairement actualisées en fonction des contraintes
environnementales imposées et de la manière dont
l’individu se projette dans ces contraintes. Les
34
!
techniciens doivent donc concevoir des situations
proches de celles dans lequel ils veulent que l’athlète
évolue dans le futur (e.g., engagement dans une
situation à dimension compétitive accrue, forte incertitude
sur sa valeur propre) et non sorties du contexte (e.g.,
exercice de tirs ou de formes de jeux).
En ce qui concerne l’entrainement, les
possibles
recommandations ressemblent à celles
mentionnées dans le paragraphe précédent. Nous
pouvons rajouter, à titre d’exemple, qu’en dialoguant
avec les athlètes, le technicien se donne la possibilité, en
accédant à leur monde propre, de les aider à construire
la perspective qu’ils adoptent sur leur activité.
L’entraineur pourrait ainsi construire, développer ou
orienter des dispositions à agir (que l’athlète mobilise
déjà ou non dans une situation vécue comme X) dans
une situation vécue comme Z définit par l’entraineur.
La formation, qui peut être apparentée à
l’entrainement quand elle est adressée à des sportifs,
« prend pour objet l’activité (de travail, de loisir, etc) et
pour moyen sa transformation, ce qui signifie une visée
d’amélioration du potentiel pragmatique des formés en
lien avec les exigences des activités cibles. » (Durand,
2006). En se basant sur cette définition, nous pouvons à
ce niveau présenter la proposition faite par Durand
(2006) afin de discuter les conceptions de l’action même
de former. La formation, aujourd’hui peut se caractériser
en 3 points majeurs ; a) les formateurs sont des
« spécialistes » de la formation et ne sont plus
pratiquants, ils ne vivent plus les expériences de terrain
des « formés » : leur capacité à accéder au monde
propre des athlètes peut être questionnée, b) les
contenus des formations sont souvent des
connaissances (par moment datant un peu) prescrites au
formé dans un contexte complétement différent de celui
de la pratique : ils gagneraient à intégrer de façon
holistique (émotions, actions motrices, intentions) la
complexité des situations visées et c) les contenus de
formation ne sont pas forcement en lien avec
l’expérience vécue du formé et ses préoccupations du
moments : en répondant à celles-ci, la formation
semblerait plus efficace et pragmatique pour le formé.
De ce fait, nous proposons en adéquation avec
les travaux de Durand (2006) que la formation mériterait
d’être envisagée plus en lien avec le formé lui même et
répondre à ses préoccupations du moment. Par exemple,
le formateur pourrait a) l’aider à formuler les problèmes
qu’il rencontre et ses expériences, b) voir si d’autres
dans le groupe (e.g., dans l’équipe) ont les mêmes
expériences et s’engagent de la même manière dans les
situations,
c) formaliser les « bonnes » dispositions à agir, un
consensus à l’aide de débriefings, d) appliquer ces
dispositions jugées propice à l’efficacité et e) constater
les effets a posteriori pour réguler les « dispositions à
agir » stimulées au sein de l’équipe (i.e., préserver/
reconstruire). Bien sur, le formateur ne va pas seulement
s’adapter au formé, celui-ci va enrichir l’environnement
des formés, dans le but d’augmenter la probabilité de
l’impact de son intervention afin que le formé puisse
développer son activité tout en maintenant sa position au
sein de la communauté.
Nous avons jusqu’à présent seulement discuté
de l’aspect individuel de la notion de « disposition ».
Cependant, à notre avis, cette notion, centrée sur
l’activité, reste à être investiguée pour tenter de
comprendre la construction de dispositions spécifiques
permettant d’agir au sein d’une activité collective. De
sorte que des profils de joueurs ou d’équipes pourraient
être envisagés avec des dispositions particulières à
construire pour chaque rôle/poste. Ceci faciliterait bien
évidemment le recrutement mais donnerait aussi des
outils au coach pour gérer les remplacements, les formes
de jeu et les entrainements.
BIBLIOGRAPHIE
Burke, K. (1952). A grammar of motives. New
York: Prentice Hall.
Durand, M. (2006). Activité(s) et formation.
Genève : Carnets de la Section des Sciences de
l’éducation.
Durand, M. & Perrin, N. (sous presse).
Dispositions et transformations de l’activité d’une
professionnelle débutante. In I. Plazaola-Giger & A.
Muller (Eds.), Dispositions à agir, travail et formation.
Toulouse: Octarès.
Famose, J.P. (1990). Apprentissage moteur et
difficulté de la tâche. Paris : Insep.
Lingard, L. (2009). What we don’t see when we
look at “competence”: Notes on a god term. Advances in
Health Sciences Education, 14, 625–628.
Maturana, H. R. & Varela, F. J. (1994). L'arbre
de la connaissance : Racines biologiques de la
compréhension humaine. Paris : Addison-Wesley.
Perrenoud, P. (1999). Construire des
compétences, tout un programme. Vie pédagogique,
112, 16-20.
Theureau, J. (2004). Le cours d'action.
Méthode élémentaire. Toulouse : Octarès.
Recommandations
!
! Pour recueillir les dispositions, il est nécessaire de documenter l’activité de l’acteur, de collecter l’expérience
vécue de l’acteur durant cette activité et de dégager les dispositions actualisée ou non de l’acteur.
! La détection/recrutement comme une séance de mise en situation immergeant l’acteur dans un monde
propre proche de celui dans lequel le sportif sera mis en compétition par le coach.
!
! La formation/entrainement comme moyen de transformation et d’amélioration du potentiel pragmatique
des formés en lien avec les exigences des activités cibles.
! Proposer des contenus de formation plus en lien avec l’expérience vécue du formé et non comme
!
prescription de contenu qui peuvent ne pas être en adéquation avec les préoccupations du moment de l’acteur.
35
Maxime BATY : il a 23 ans et il est étudiant en Master 2 au sein de l’Université de Nantes. Il est
engagé dans le football en tant que joueur mais surtout il est éducateur de football depuis 2 ans.
Il souhaite continuer son travail d’éducateur au sein d’une école de football et entrer dans un
centre de formation pour entrainer.
Mail : [email protected]
!
!
!
FOOTBALL : VERS UNE SPECIFICITE DE LA DETECTION
LE TEST LSPT1 ADAPTÉ AU FOOTBALL COMME TEST DE DÉTECTION POUR LES MILIEUX DE
TERRAIN
L"
a" détection" en" football" est" devenue" primordiale" afin" de" repérer" les" meilleurs" joueurs" dès" leur" plus"
jeune"âge,"afin"de"les"placer"dans"un"centre"de"formation"pour"qu’ils"continuent"leur"évolution"dans"
une"structure"sportive"plus"développée."Le"football,"de"part"son"évolution"et"sa"spécificité,"nécessite"
donc"d’établir"des"tests"qui"permettent"de"détecter"les"qualités"indispensables"pour"réussir"au"haut>niveau."
Ces"qualités"étant"parfois"différentes"d’un"poste"à"un"autre"sur"le"terrain,"il"semblerait"qu’une"spécificité"des"
tests" de" détection" soit" à" mettre" en" place" pour" une" bonne" évaluation" des" joueurs" selon" leur" poste." Nous"
proposons"ainsi"de"présenter"un"test"qui"permettrait"d’évaluer"de"manière"objective"les"qualités"d’un"milieu""
de"terrain"axial,"à"savoir"le"Test"LSPT"adapté"au"football."
INTRODUCTION
Le football, de part sa complexité, nécessite des qualités
indispensables pour réussir au haut-niveau. Cependant,
pour pouvoir exprimer ces qualités, il faut avoir été
détecté dès le plus jeune âge pour évoluer dans un club
professionnel et se forger un chemin vers la réussite au
haut-niveau.
La détection des jeunes talents en sport permet
d’évaluer, à long terme, les chances de réussite sportive
d’un jeune pratiquant. Elle se distingue de la sélection qui
est, quant à elle, une prédiction à court terme. Depuis la
structuration du sport de haut-niveau avec la mise en
place des centres de formation dans les années 1970,
les recruteurs des clubs professionnels parcourent la
France pour essayer de détecter les joueurs talentueux
afin de les intégrer rapidement dans leurs infrastructures,
qui permettent une progression plus importante du joueur
par une optimisation des conditions d’entrainement.
Aujourd’hui il existe des batteries de tests, à dominante
physique, technique, tactique ou encore mentale qui
permettraient d’évaluer les différentes qualités du joueur,
afin de détecter leur potentiel à réussir au haut-niveau.
Cependant, le football de haut-niveau étant en constante
évolution, quels sont les critères à prendre en compte
aujourd’hui pour reconnaître un joueur à potentiel de
haut-niveau ? Mais surtout quels tests faudrait-il mettre
en place pour rendre compte de ces qualités
indispensables à la course vers l’élite ?
LA DÉTECTION
« Détecter, c’est déceler ce qui n’est pas visible »
(Duprat E., 2013). La détection du talent permet
d’évaluer, à long terme, les chances de réussite sportive
d’un jeune pratiquant.
Ainsi les clubs professionnels ont du établir différents
tests qui leur permettraient d’évaluer un joueur de
manière plus objective.1
La détection et le recrutement est effectué aux niveaux
des clubs par les recruteurs, en collaboration avec les
entraineurs qui déterminent le plus souvent des profils de
joueurs recherchés. Ici, nous sommes donc bien dans un
processus de détection de joueurs talentueux sur
lesquels on va miser pour réussir au haut-niveau.
!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
DE LA SPÉCIFICITÉ DU FOOTBALL À LA
1
!Loughborough Soccer Passing Test : test validé scientifiquement
pour évaluer les compétences technico-tactique des joueurs en football!
!
SPÉCIFICITÉ DE LA DÉTECTION
36
!
Le football est un sport collectif complexe, puisque le
joueur individuel est placé dans un collectif dans lequel il
doit s’exprimer, dans des situations de jeu qui sont toutes
différentes les unes des autres. Ainsi, la dimension
individuelle n’existe qu’à travers un collectif de joueurs.
La variété des situations de jeu fait de ce sport, une
discipline tactique, technique, physique, psychologique,
nécessitant ainsi un grand nombre de qualités pour
réussir au haut-niveau.
Autre spécificité du football selon Dellal (2008), les
joueurs sont placés à des postes respectifs, on distingue
alors selon les lignes le gardien, les défenseurs, les
milieux et les attaquants. On peut également définir à
l’intérieur des lignes de l’équipes, des postes précis pour
chaque joueur, à savoir pour les milieux par exemple : le
milieux gauche, le milieu axial défensif ou offensif, le
milieu droit…
Ainsi, il semblerait qu’il faille noter une réelle spécificité
des postes dans le football, avec des rôles attitrés à
chacun.
Les tests de détection actuels tels que les tests
physiques de vitesse, d’endurance, les tests techniques
de jongles etc… évaluent de manière similaires tous les
joueurs de l’équipes, peu importe leur poste sur le
terrain. Cependant, est-il nécessaire d’être très bon
techniquement pour être un bon défenseur central ?
techniques de contrôle-passes, afin d’orienter le jeu en
fonction du placement des partenaires, des
adversaires…(Sajadi N. et al. 2007), d’où l’apparition de
nouveaux critères de détection :
Figure 1 : Nouveaux critères de détection de la Fédération
En somme, la prédominance physique a laissé place à
l’intelligence du jeu associée à une technique en
mouvement qui permet d’exister au sein des situations
de match. Ainsi, il semblerait qu’un bon milieu de terrain,
ait besoin d’une intelligence de jeu (sens tactique) et
d’une bonne qualité technique d’enchainement contrôlepasse notamment.
Etape 2 : Proposer un test adapté
Il existe en Futsal un test permettant d’évaluer ces
qualités, le LoughBorough Soccer Passing Test (LSPT)
créé par l’université de Loughborough au Royaume-Uni
(Figure 2).
Ainsi, il nous semble nécessaire de proposer une
spécificité des tests de détection en football, à savoir
proposer des tests spécifiques aux gardiens, aux
défenseurs, aux milieux ou encore aux attaquants, de
manière à évaluer spécifiquement les qualités requises
pour chacun des postes mentionnés ci-dessus.
UN TEST SPÉCIFIQUE POUR LES MILIEUX DE
TERRAIN ?
Etape 1 : Etablir un profil type du milieu de terrain
Avant de proposer un test spécifique pour les milieux de
terrain, il convient dans un premier temps d’établir un
profil type du milieu de terrain axial et donc définir les
qualités requises pour ce type de poste.
Selon Menaut (1998), l’intelligence de jeu, appelée aussi
intelligence technico-tactique est un facteur primordial de
réussite. L’intelligence de jeu, c’est la capacité du joueur
à sélectionner les informations pertinentes et à agir au
mieux en fonction des! alternatives présentes dans la
configuration de jeu.
Ce critère vient d’apparaître comme un nouveau critère
essentiel dans la détection des jeunes footballeurs
talentueux (Figure 1).
Autre que l’intelligence de jeu, le milieu de terrain doit
aussi être capable d’enchainer rapidement des actions
!
Figure 2 : Schéma représentatif du test LSPT en Futsal
C’est un test intéressant qui permet d’évaluer la qualité
technico-tactique des joueurs, par un enchainement de
contrôle-passes tout en prenant en compte des
informations auditives et visuelles. Plus précisément, les
joueurs devaient réaliser un enchainement de 16 passes
sur une des 4 cibles indiqués par l’expérimentateur à
haute-voix. Le but étant d’être le plus rapide possible
dans les enchainements contrôle-passes tout en restant
précis pour toucher les cibles (pénalités ajoutés au temps
final lorsque la cible n’est pas visée). Des études d’Ali A.
et al. (2007) et d’Huijgen (2012) ont montré que le LSPT
est un test valide et fiable pour évaluer les différences de
37
!
performance entre des joueurs élites et non-élite de
futsal.
lancé par l’expérimentateur à l’annonce de la couleur de
la première planche à viser.
Nous proposons alors d’utiliser ce test LSPT Futsal et de
l’adapter en football pour évaluer les qualités spécifiques
du milieu de terrain axial.
- Le joueur conduit alors le ballon dans la zone
puis
exécute une passe appuyé à partir de cette zone, en
direction de la planche indiquée. Juste après l’exécution
de la passe, l’expérimentateur annonce une autre
couleur. Le joueur, dans la continuité, va au devant du
ballon, contrôle le ballon en l’orientant pour aller faire une
passe vers la nouvelle planche indiquée auparavant etc.
Etape 3 : Evaluer spécifiquement
Il semblerait que les milieux de terrain qui réussissent le
test LSPT adapté au football possèdent donc des
qualités de vitesse d’enchainement technique de
contrôle-passes associé à une qualité de prise
d’information (intelligence de jeu). La combinaison de ces
deux qualités étant primordiale aujourd’hui en football, la
réussite à ce test permettrait donc de dire que le joueur
aurait donc plus de chance de devenir footballeur
professionnel. Plus précisément, la réussite au test LSPT
adapté au football serait corrélée avec la future réussite
du joueur au haut-niveau.
Si le joueur loupe une planche, il a la possibilité d’aller
chercher rapidement un ballon sur le coté puis revenir
dans la zone
pour enchainer ensuite sur l’autre
planche indiquée. Le joueur enchaine ainsi de suite 10
passes.
LE TEST
L’expérimentateur arrête le chronomètre lorsque le ballon
touche la dernière planche (ou franchit la ligne si la
planche est ratée). Il transmet alors le temps brut à
l’évaluateur, qui ajoutera alors les pénalités notés pour
obtenir le temps effectif.
Voici le test LSPT adapté au football, spécifique à la
détection des milieux de terrain :
Le joueur a deux essais, et l’on retiendra son meilleur
temps pour établir le classement final.
L’ÉVALUATION
L’évaluateur possède une grille de résultat (voir tableau 1
ci-dessous) sur laquelle il note le nom et le prénom du
joueur qui passe le test, sa catégorie, sa date de
naissance, son temps brut, les pénalités de temps selon
les erreurs qu’il commet (plot renversé, mauvaise
planche visée, main), et son temps effectif (qui tient
compte des pénalités).
Tableau 1 : Tableau de recueil des résultats au test
INTERPRÉTATION DES RÉSULTATS
Figure 3 : Test LSPT adapté Football
L’expérimentateur prend le chronomètre et l’évaluateur
(le préparateur physique ou le coach) possède quant à
lui une grille de résultat afin de noter les pénalités et les
résultats finaux des joueurs.
LE PROTOCOLE
- Le joueur commence l’exercice avec son meilleur pied
sur le ballon, au centre du terrain. Le chronomètre est
!
Les résultats obtenus sont alors classés, en séparant
bien les catégories d’évolution des joueurs pour
comparer les résultats des joueurs ayant le même âge.
Les joueurs qui réussissent ce test sont ceux qui
possèdent tout d’abord une bonne technique en
mouvement, à savoir une vitesse d’enchainement
contrôle-passe élevée, et une qualité technique dans la
précision des passes effectuées pour viser les planches
demandées, afin d’éviter de perdre du temps en ratant le
contrôle orienté ou encore en loupant la planche. Les
joueurs réussissant ce test font preuve également
d’intelligence de jeu, puisqu’ils prennent rapidement les
informations (avant de recevoir le ballon) sur la planche
38
!
suivante à toucher de manière à orienter leur contrôle de
balle vers la direction souhaitée.
En somme, les milieux de terrain qui réussissent ce test
semblent donc posséder des qualités incontournables du
football moderne, à savoir des qualités de vitesse
d’enchainement contrôle-passes associées à une qualité
de prise d’information, signe d’intelligence de jeu.
Parallèlement en football, ce sont ceux qui prennent
l’information, qui lèvent la tête avant de recevoir de
ballon, puis qui orientent leur contrôle afin de chercher un
joueur libre avec précision et rapidité dans les
enchainements contrôle-passe.
Indépendamment du développement physique des
joueurs qui est très variable selon l’âge des joueurs, les
qualités technico-tactiques semblent être décelables ici
par ce type de test dans la tranche d’âge 12-17 ans,
période propice à la détection et au recrutement des
joueurs de football.
CONCLUSION
Sajadi et al. (2007) affirme que la capacité à effectuer
des passes courtes associée à la prise de décision
pertinente semble être des qualités indispensables pour
réussir au haut-niveau.
Ainsi, ce test LSPT adapté au football semble évaluer
ces qualités spécifiques du milieu de terrain axial. Ce test
est facile d’utilisation et pourrait être utilisé par les
centres de formation ou la fédération, puisqu’il permet
d’évaluer la technique en mouvement associée à la prise
de décision du joueur de football, devenu alors une
véritable qualité pour réussir au haut-niveau en tant que
joueur « milieu de terrain axial ».
La spécificité du football étant devenue de plus en plus
évidente de nos jours, de part la spécificité des postes
des joueurs composant l’équipe, il semblerait alors
qu’une véritable spécificité des tests de détection soit à
mettre en place, à l’instar du LSPT adapté au football
pour l’évaluation des milieux de terrain, afin d’évaluer
spécifiquement les joueurs en fonction de leur poste
d’évolution et donc des qualités spécifiques requises
pour exceller au haut-niveau.
QUELQUES QUESTIONS À SE POSER…
Est-il possible et est-il logique d’évaluer de la même
manière un défenseur et un milieu de terrain ? Quelles
sont les qualités requises pour chaque poste sur le
terrain ? Et donc quels tests pourraient permettre
d’évaluer ces qualités spécifiques à chaque poste ? Des
tests spécifiques de détection en fonction des postes des
joueurs ne seraient-ils pas plus propices à une évaluation
objective du profil de joueur recherché ?
BIBLIOGRAPHIE
Ali A. , Williams C., Hulse M. , Strudwick A.,
Reddin J., Howarth L., Eldred J. , Hirst M. & McGregor S.
(2007) : Reliability and validity of two tests of soccer skill,
Journal of Sports, Sciences, 25:13, 1461-1470
Dellal A. (2008) : De l’entrainement à la
performance en football. Ed. De Boeck
Duprat E. (2013) : Construire la tactique et
l’intelligence de jeu : du terrain à la théorie et de la
théorie au terrain.
Huijgen B.C. H., Elferink-Gemser M. T., Ali A.,
Visscher C. (2012) : Soccer Skill Development in
Talented Players, Int J Sports Med DOI: 10.1055/s0032-1323781
Menaut A. (1998) : Le réel et le possible dans
la pensée tactique. Contribution à une théorie du jeu
sportif. Presses Universitaires de Bordeaux.
Sajadi N, Rahnama N. (2007) : Analysis of
goals in 2006 FIFA World Cup. J Sports Sci Med; 6
(Suppl 10):3.
!
Recommandations
! Des profils types de joueurs doivent être établis afin de définir les qualités requises pour chaque type de joueurs
(Gardiens, Défenseurs, milieux, attaquants …)
! Des tests spécifiques doivent être mis en place pour évaluer chaque type de joueur selon son poste d’évolution sur
le terrain
! Ces tests spécifiques, en les faisant passer à tous les joueurs, peuvent également permettre de déceler des talents
cachés de certains joueurs, pourtant « étiqueté » à leur poste alors qu’ils pourraient très bien être excellent à un autre
poste.
!
39
En quête de
Performance
Master'«'Expertise,'Performance,'Intervention'»'
« Le Master Expertise Performance Intervention s’articule autour d’une double compétence,
scientifique et professionnelle. Cette formation vise à répondre à de nouveaux besoins exprimés
par différentes structures sportives. Les professionnels qui y sont formés, sont capable de répondre
à l’étude de l’activité des ‘’ Acteurs Sportifs ‘’ (entraîneurs, athlètes, enseignants, élèves,
formateurs) dans leur globalité et complexité, c’est à dire en prenant en compte de manière
simultanée différentes facettes de l’activité, en privilégiant des approches interdisciplinaires.
Également, ils sont en mesure de concevoir des recherches poursuivant à la fois des objectifs
scientifiques et sportifs, qui soient réalisées dans un cadre de collaboration explicite et contractuel
entre les chercheurs et les acteurs sportifs tenant compte des intérêts respectifs des différents
protagonistes. Ces techniciens du sport se destinent à la conception et mise en œuvre de
programmes d’intervention (planification et programmation de plans d’entraînements ou de
réentraînement, conception de plan de formation) sur la base d’une analyse préalable et rigoureuse
des caractéristiques du contexte d’exercice. Ils coordonnent les interventions des différents
intervenants d’un staff technique en proposant des modalités de fonctionnement collectif. En
résumé, ces professionnels mettent au service de la performance sportive leurs compétences
pluridisciplinaires, en vu d’optimiser la préparation des athlètes à travers l’analyse de l’activité et la
conception de programme élaborés. »
UFR STAPS de Nantes
Université*de*Nantes*–**
UFR*STAPS*Mater*2*«*Expertise,*Performance,*Intervention*»**
Promotion*2013E2014*