naruto et la balance du destin

Transcription

naruto et la balance du destin
CHAPITRE PREMIER : SECONDE CHANCE
Le soleil était déjà bien haut dans le ciel de Konoha lorsque Naruto se réveilla finalement.
La nuit dernière n'avait pourtant pas été si agitée que ça, mais la flemmardise était une
aptitude que le jeune garçon avait développé au-delà de toute autre chose chez lui. Après
quelques exercices grossiers d’étirements qui durèrent une bonne heure, il daigna quitter le
confort de sa couette. Et alors qu’il prenait son petit-déjeuner dans un état semi-comateux, il
entendit une voix douce et familière provenant du dehors :
- Et bien, tu émerges enfin !
La fatigue du garçon disparut soudain en un clin d’œil, et son regard se dirigea vers la
fenêtre de sa cuisine. Hinata était assise sur l’une des branche du grand arbre qui s’élevait
juste devant, et contemplait les toits du village depuis ce qui semblait être un long moment.
Le printemps l’entourait en permanence, grâce à la Pierre Florale, et elle s’amusait à faire
pousser des fleures partout où elle allait. Personne d’autre que Naruto et elle ne connaissait
l’existence de ce secret, mais ils savaient tous deux qu’ils leur faudrait expliquer cela aux
autre villageois.
Hinata plongea ses yeux blancs dans ceux de Naruto et lui lança aussitôt un magnifique
sourire. Cela faisait aujourd’hui un peu moins d’une semaine qu’ils étaient revenus du Pays
des Fleures, et chaque jour ils avaient profité de la grande tranquillité qui régnait à Konoha.
Après avoir effectué une telle mission, on les avait plutôt laissé tranquille jusque là, et ils
étaient dispensés d’entraînement. Le temps semblait s’être arrêté rien que pour eux,
immobilisant le monde dans un instant de quiétude éternelle.
- Tu te lèves toujours aussi tard, Naruto-kun ? lui demanda Hinata.
- Oh, tu sais… ça dépend de ce que j’ai à faire dans la journée.
- C'est-à-dire ?
- Ba… si j’ai un truc important de prévu, j’essaye de me lever tôt, mais sinon…
- Je vois. Donc demain, y a des chances pour qu’on te vois émerger à l’aube, je
pense.
- A l’aube ?!! Et pourquoi ça ?
Hinata le regarda alors avec un amusement non dissimulé. D’un mouvement agile, elle
sauta de sa branche et à travers la fenêtre pour atterrir juste devant Naruto et lui poser son
index devant le nez.
- Tu n’est pas au courant ? C’est l’examen chunin demain.
Naruto resta un long moment à regarder Hinata, sans dire un mot. Il mit un long moment
à réagir, mais sa réaction n’en fut que plus énorme :
- QUOI !!!!!!!!!
Comme à son habitude, Tsunade était en train de boire une bonne bouteille de sake sous
son bureau, tout en faisant semblant de travailler, lorsque Naruto entra en trombe dans la
pièce. Telle une tornade, il ouvrit la porte à toute vitesse et fut en un instant sur l’Hokage pour
lui hurler :
- Mamie-Tsunade ! Vous devez absolument m’inscrire pour l’examen chunin !
- Quoi ? Mais les épreuves commencent demain ! Tout est prévu depuis des
semaines ! Comment est-ce que tu veux que je fasses ?
- Mais il faut que je participe à l’examen !
Tsunade était exaspérée. Elle se mit soudain à regretter de n’avoir pas envoyé Naruto en
mission loin d’ici, et se demanda comment elle pouvait se débarrasser de lui à présent. Elle
savait parfaitement que lorsqu’il était comme ça, il existait peu de choses capables de le faire
oublier ce qu’il veut. Le confort de sa bouteille de sake commençait à lui manquer très
fortement lorsqu’elle céda en annonçant :
- C’est d’accord. Je vais t’inscrire. Mais t’as intérêt à devenir Chunin, sinon je te
botterai tellement les fesses que tu ne pourra plus jamais t’assoir.
Naruto déglutit soudain, sachant que ce genre de menace n'était jamais à prendre à la
légère de la part de Tsunade. Puis il se ravisa et reprit son air confiant.
- T'inquiètes. Cette fois-ci, il n'y a aucune chance que j'échoue.
CHAPITRE DEUX : HARUKA
Dire que Naruto était fou d’impatience était une expression encore trop faible pour
expliquer son était d’esprit. Il était en train de vérifier une dernière fois son équipement
lorsqu’Hinata frappa à sa porte, et il arrêta immédiatement cette tâche pour lui ouvrir.
- Alors ? fit-elle en le voyant. Tu es finalement prêt ? Les premières épreuves
commencent dans une heure !
- Je suis prêt, Hinata-chan. Je n’attendais plus que toi pour partir.
- Alors allons-y. Ce serait dommage que tu rates ces examens pour si peu.
Heureusement, la maison de Naruto était assez proche du lieu des premiers examens, et il
ne leur fallut pas plus de trente minutes de marches pour s’y rendre. Il y avait là plusieurs
dizaines de ninjas venus de tous les pays, prêts à tout pour prouver leurs talents et faire la
fierté de leur village. Tous étaient déterminés à devenir chunins, même s’ils savaient que très
peu d’entre eux y parviendraient. Naruto, lui, était certain d’y arriver.
En arrivant devant l’entrée du bâtiment d’examen, les deux jeunes ninjas furent accueillis
par une équipe de jounins qui surveillaient le déroulement de l’épreuve. L’un d’eux s’avança
et demanda aussitôt :
- Quels sont vos noms ? Et comment se fait-il que vous n’êtes que deux ?
- Je suis Uzumaki Naruto, et je suis seul dans mon équipe. Hinata-chan ne fait que
m’accompagner.
Le jounin sortit alors une liste sur laquelle était marqués les noms des participants et la
parcouru du regard :
- Uzumaki… Uzumaki… en effet, vous êtes inscrit. Par contre, vu que vous êtes seul,
vous êtes dispensé pour la première épreuve.
- Pardon ?
La surprise de Naruto était on ne peut plus visible. En voyant ses yeux exorbité et sa
bouche grande ouverte, Hinata ne put s’empêcher de rire doucement de son côté. Elle se
sentait un peu gêné pour lui, mais ne voulu pas intervenir et préféra attendre que le jounin
s’explique :
- Cette épreuve sert essentiellement à tester l’esprit d’équipe des participants. Il y a
également la capacité à recueillir des informations, mais comme vous avez déjà passé ce test
avec succès précédemment, il n’est pas nécessaire que vous le repassiez.
- Super ! Comme ça, je peux m’entraîner un peu plus !
- Vous avez plutôt intérêt, car l’épreuve de survie est beaucoup plus difficile pour une
personne seule. Je vous conseille quand même de rentrer à l’intérieur, ne serait-ce que pour
faire connaissance avec vos futurs adversaires.
- Merci, fit Naruto. Tu viens, Hinata-chan ?
- Non, je n’ai pas le droit de rentrer. Mais je t’attendrais ici.
D’un simple sourire, elle lui montra qu’elle serait patiente, comme elle l’a toujours été.
Plein d’entrain et de confiance, Naruto pénétra alors dans la salle d’attente, où se trouvaient
tous les participants à l’examen. La plupart d’entre eux étaient bien plus âgés que lui, et en
était certainement au moins à leur troisième tentative, mais il en fallait bien plus pour effrayer
le garçon. Presque tous les pays étaient représentés, certains ayant envoyé plus d’une dizaine
de ninjas, et d’autre seulement trois.
Naruto observait chacun d’eux du mieux qu’il pouvait, mais l’observation n’avait jamais
été sa spécialité. Il se rendit vite compte qu’à part l’aspect de ses adversaire et les éventuelles
armes qu’ils portaient sur eux, il lui était difficile d’apprendre quoi que ce soit. Mais malgré
cela, il était content de se trouver au milieu de tous ces adversaires potentiels, pariant
inconsciemment sur qui réussirait ou pas cette première épreuve. La pire de toute, pensa-t-il.
Même si elle ne vous fait pas risquer votre vie, c’est celle qui élimine le plus de monde. Bonne
chance à vous. Moi, je vous attendrai pour la suite.
Alors qu’il se retournait pour quitter la salle, Naruto percuta une jeune fille, et ils
tombèrent tous les deux à la renverse.
- Imbécile ! fit-elle d’un ton étrangement neutre. Regarde un peu où tu vas.
- D… désolé. Je m’excuse.
Ils se relevèrent tous les deux et s’observèrent longuement. La jeune fille venait du pays
du Vent, et était vêtue d’une petite veste de combat blanche et une longue jupe couleur bleu
ciel. Naruto se demanda comment elle pouvait combattre dans un telle tenue, mais comprit
qu’il devait y avoir une bonne raison. Ses longs cheveux étaient d’un blanc nuageux, tantôt
gris, tantôt immaculé, et son visage lui-même était d’une pâleur qui faisant grandement
ressortir ses yeux bleus. Tout cela lui donnait un aspect assez angélique, si on oubliait
l’humeur glaciale qui se dégageait d’elle.
C’est toujours avec un ton totalement vide d’émotion qu’elle s’adressa à Naruto :
- Tu peux garder tes excuses, minable.
- Hé ho ! Doucement ! Qu’est-ce que t’as à t’énerver comme ça ?
- Ca ne te regarde pas. Maintenant dégage avant que je m’énerve vraiment.
Naruto pensa d’abord à relever la provocation, mais se ravisa au dernier moment. Déjà
parce que ce n’était pas correcte de se battre ainsi avant les épreuves, ensuite parce qu’il ne
savait absolument rien des capacité de cette fille, et puis surtout parce qu’Hinata l’attendait
dehors et qu’il ne voulait pas qu’elle se fasse du soucis pour lui. Encaissant calmement
l’insulte, et continua son chemin jusqu’à la sortie :
- Tu abandonne déjà ? demanda la jeune ninja.
- Non. C’est juste que je n’ai pas à passer cette épreuve. Je suis simplement venu pour
connaître mes adversaires.
- Etrange comportement. Mais cela ne te servira à rien.
- Pas complètement : maintenant je sais que tu es quelqu’un de très agressive, même
si tu n’en as pas l’air. Peux-tu au moins me dire comment tu t’appelles ?
La jeune fille regarda longuement Naruto dans les yeux, semblant chercher à comprendre
son mode de raisonnement, mais apparemment sans succès. D’un autre côté, même quelqu’un
qui connaissait assez bien Naruto ne pouvait pas toujours savoir ce qui se passait dans sa tête.
- Et à quoi est-ce que cela te servirait ? demanda-t-elle.
- A rien. Mais j’aime bien avoir un nom à mettre sur un visage, c’est tout.
Le silence avait reprit possession de cette partie de la salle. C’est alors que des jounins
ouvrirent les portes de la salle d’examen, et que les participants s’y rendirent aussitôt. Avant
de partir elle aussi pour la première épreuve, la jeune fille se décida à répondre :
- Je m’appelle Haruka, et ne me demande pas mon nom de famille : je n’en ai jamais
eut. J’espère bien t’affronter plus tard.
- Moi aussi, avoua Naruto avec le sourire avant de partir. Bonne chance à toi !
CHAPITRE TROIS : PREPARATIONS
La première épreuve ne durait qu’une heure à peine, mais Naruto avait bien l’intention
d’utiliser chaque minute disponible pour être au maximum de ses capacités pour la seconde.
Ses souvenirs de sa première expérience de l’examen chunin étaient aussi vifs que s’ils
dataient de la veille, avec leurs blessures encore ouvertes. C’était dû en grande partie à sa
rencontre avec Orochimaru et la bataille pour Konoha qui avait succédée aux épreuves, deux
évènements particulièrement marquants dans la vie d’un jeune garçon. Mais cette fois-ci, ce
serait différent. Cette fois-ci, tout se passerait parfaitement normalement.
Alors que les autres candidats affrontaient le premier test écrit, Naruto s’entraînait avec
Hinata devant la « Forêt de la Mort », un nom qui ne lui inspirait plus la moindre crainte,
désormais. Lui et la jeune Hyunga s’affrontaient depuis plusieurs dizaines de minutes sans
retenir leurs coups, déployant l’ensemble de leurs méthodes de combat et de leurs techniques
secrètes. Mais comme ils connaissaient parfaitement leurs capacités respectives, très peu de
leurs attaques réussissaient à toucher, et ils se retrouvaient alors obligés d’inventer de
nouvelles techniques. C’était ainsi que Naruto cherchait à devenir plus fort.
Le jeune Uzumaki n’était pas du genre à prendre une stratégie défensive, ce que sa
partenaire maîtrisait beaucoup plus. Alors qu’il multipliait les attaques de toutes part avec
plusieurs dizaines de clones de l’ombre, Hinata se contentait de parer et d’éliminer les clones
au fur et à mesure qu’ils arrivaient. Aucun signe de fatigue n’était visible chez les deux ninjas,
chacun possédant une incroyable source d’énergie qui n’étaient pas prêtes de se tarir, et la
seule partie d’eux qui pouvait se retrouver à bout était leur imagination.
C’est alors que la jounin Anko Mitarashi apparut au loin, suivie par les candidats ayant
réussi la première épreuve. Naruto et Hinata cessèrent aussitôt leur combat, ne voulant pas
monter ouvertement leurs techniques aux autres participants, et Naruto scruta ces derniers du
regard pour chercher Haruka. Il fut heureux de voir qu’elle faisait bien parti du groupe, même
si elle marchait assez à l’écart de tous les autres, le regard toujours aussi vide.
Lorsque tout le monde fut rassemblé devant lisière de la forêt, Anko expliqua les règles de
la seconde épreuve. Naruto écouta pour connaître d’éventuels changements par rapport à la
dernière fois, mais n’en décela aucun. Et après avoir rempli le formulaire de consentement, il
alla récupérer son parchemin pour l’épreuve. Anko lui remit celui de la Terre, qu’il rangea
dans un cylindre accroché à sa ceinture et dissimulé sous ses vêtements. Voici mon plus gros
handicap : les autres équipes savent que je possède un parchemin, alors que moi, je vais
devoir essayer de deviner lequel de chaque groupe porte leur parchemin. Il va falloir que je
surveille bien mes arrières, car de nombreuses équipes vont chercher à me tomber dessus…
Alors qu’il sortait de la tente où l’on remettait les parchemins, Naruto se retrouva face à
face avec Haruka. Elle ne le regarda même pas, et pénétra immédiatement à l’intérieur. Ne
cherchant pas plus à comprendre l’esprit de cette jeune fille bizarre, il alla retrouver Hinata
qui l’attendait un peu à l’écart, s’amusant à faire pousser des fleures sur les branches d’un
cerisier.
- Tu devrais éviter de montrer ce pouvoir comme ça, lui fit Naruto en arrivant à ses
côtés.
- Je sais, mais je commence à en avoir assez de devoir le dissimuler. Quand est-ceque nous irons en parler à Tsunade-sama ?
- Bientôt. Nous devons juste laisser s’écouler suffisamment de temps pour prouver
que ce pouvoir n’est pas dangereux entre tes mains. Sinon, mamie-Tsunade risquerait de te
prendre la Pierre Florale pour la sceller. Et ça, tu ne le veux pas, non ?
Hinata se contenta de baisser les yeux et de serrer son précieux pendentif, qui était caché
sous son habit, et au bout duquel pendait la Pierre. Bien qu’aucun signe de dépendance n’était
apparu depuis leur retour du Pays des Fleures, Hinata y était trop attachée pour seulement
penser à s’en séparer. Pour elle, cette pierre était beaucoup plus qu’un simple pouvoir : c’était
le symbole de son amour, et un souvenir de tout ce qui s’était passé au Pays des Fleures. La
jeune fille finit par se détendre et reposa ses yeux sur ceux de Naruto.
- Et sinon, tu te sens prêt ?
- Plus que jamais ! fit-il avec le sourire. Je vais les atomiser !
- Ca va être dur de t’attendre cinq jours…
- A qui le dis-tu…
Les deux jeunes ninjas se regardèrent longuement avant de se jeter chacun dans les bras
de l’autre. Alors qu’ils échangeaient un long baiser, le signal du rassemblement fut donné.
Naruto posa alors sa main sur le cœur de sa moitié, afin d’écouter ses battements de vie, et se
rendit compte qu’elle était incroyablement calme. Tout en Hinata respirait la confiance en lui,
et c’est la seule chose qu’il lui fallait pour réussir cette épreuve. Il lui donna un dernier baiser
d’au-revoir, il fit semblant d’essayer de la rassurer :
- Je te retrouverai dans cinq jours, Hinata-chan. C’est promis.
CHAPITRE QUATRE : DEPART
- Ouvrez les portes ! ordonna Anko.
Les 44 portes d’accès de la forêt de la mort s’écartèrent aussitôt, mais très peu d’entre
elles furent utilisées par les candidats, le premier examen ayant déjà été très sélectif. Il ne
restait en tout que 16 équipes de trois, ainsi que Naruto et Haruka qui évoluaient en solitaires.
Le jeune Uzumaki ignorait totalement où cette fille bizarre pouvait être, mais ne doutait pas
qu’il la rencontrerai plus tard, sinon pour les matchs de la troisième épreuve. Plein
d’assurance, il traversa la porte n°12, la même qu’il avait emprunté avec Sakura et Sasuke
lors de sa première tentative de passer Chunin.
Cet endroit lui rappelait tant de choses sombres et douloureuses qu’il avait du mal à
respirer calmement, aussi prit-il le temps de s’adapter à cet environnement ténébreux, aux
multiples dangers et aux pièges mortels. Son premier objectif était de récupérer un parchemin
du Ciel, avant de rejoindre la grande tour située au centre de la zone, à dix kilomètres de la
muraille circulaire. Mais Naruto savait parfaitement qu’avec si peu de participant, il allait être
très difficile de trouver une équipe adverse si tôt dans l’épreuve, et qu’il fallait d’abord se
rapprocher du centre pour augmenter ses chances de rencontres.
En essayant d’être le plus discret possible, le jeune garçon se dirigea vers la tour,
surveillant les alentours en faisant particulièrement attention à la faune et la flore de la zone. Il
n’avait pas l’intention de réitérer sa rencontre avec l’un des serpents géants qui peuplaient
cette forêt. Non pas que cette bestiole était un véritable danger pour lui, mais qu’elle risquait
de le faire repérer par les autres équipes de ninjas. Il surveilla également les surfaces sur
lesquelles il avançait, évitant celles qui pourraient laisser des traces ou produire un bruit trop
important, bien que ce ne soit pas toujours possible.
Durant la première journée, il put parcourir plus de la moitié du parcours jusqu’à la tour
sans rencontrer la moindre menace. Après une nuit presque sans sommeil, il repartit vers son
objectif, tout en mettant en place son plan de recherche de parchemins : il créa plusieurs
dizaines de clones de l’ombres qui partir dans toutes les directions pour trouver les équipes
adverses. Et alors qu’il continuait son chemin vers le centre de la zone, il ressentit la mémoire
de l’un des clones lui revenir soudainement. C’était la particularité qui faisait des clones de
l’ombre une techniques redoutable pour l’espionnage : lorsque l’un d’eux disparaissait, la
mémoire qu’il avait accumulé revenait à celui qui l’avait créé.
Celui-ci avait trouvé une équipe de trois ninjas du pays de la Pluie situés à l’Est de sa
position, tous puissamment armés. Le clone avait eut la bonne idée de disparaître de lui-même
pour éviter de se faire repérer, et Naruto n’avait donc plus qu’à leur préparer une embuscade
quelque part, afin de prendre leur parchemin. Il rappela aussitôt tous ses autres clones, et
réorienta sa route pour intercepter le groupe ennemi le plus discrètement possible.
Les trois ninjas s’étaient arrêté pour prendre leur repas de midi au bord d’une rivière. Ces
trois hommes ressemblaient plus à des novices qu’à autre chose, car ils ne possédaient aucun
signe particulier visible. La proximité d’une source d’eau devait sans doute les rassurer, car
cela leur permettait d’utiliser beaucoup plus facilement leurs techniques secrètes, mais pour
Naruto cela ne faisait aucune différence. Le jeune garçon observa avec attention ses cibles,
cherchant à repérer l’ensemble de leur équipement pour ne pas avoir trop de surprises pendant
le combat.
Mais soudain, une autre équipe de trois ninjas, composée de deux hommes et d’une
femme, apparut sur la berge opposée. Ils portaient le bandeau de la citée des Nuages, le
village ninja du pays de la Foudre, et ne semblaient pas vouloir faire dans la discrétion. Les
deux hommes étaient lourdement protégées par de nombreuses plaques métalliques formant
une sorte d’armure, tandis que la femme portait une tenue noire souple, et dissimulait son
visage sous un foulard blanc. Dès qu’ils les virent, les ninjas du pays de la Pluie se levèrent et
prirent leurs positions de combat.
Seulement, ils n’eurent pas le temps de se préparer. En un instant, la femme de l’équipe
adverse traversa la rivière et se retrouva derrière l’un d’eux, son kunai lui ayant déjà traversé
la gorge. Son sang éclaboussa l’un de ses camarades qui fut alors prit de panique, et qui sortit
aussitôt un parchemin de la Terre pour le poser au sol :
- P.. pitié ! Prenez-le ! Je vous le donne ! Mais je vous en prie, épargnez-nous !
- Je n’ai pas besoin que tu me le donne, répliqua la kunoichi avec mépris.
Sur ces mots, elle posa sa main sur la tête du malheureux, et y déversa une pluie d’éclairs
qui le firent trembler longtemps après sa mort. Puis elle se tourna vers le dernier, qui lui avait
bien l’intention de défendre chèrement sa peau : aussi rapidement que possible, il effectua une
série de sceaux et l’eau de la rivière se mit à s’élever pour former un énorme serpent. Mais la
femme ninja sauta droit vers la créature pour la couper en deux avec son bras, qui crépitait
d’énergie électrique.
Profitant de la panique de son adversaire, elle forma sa propre série de sceaux, avant de
sortir un parchemin d’invocation. Lorsque celui-ci s’activa, un nombre impressionnant de
sombres nuages en sortit pour s’élever dans les airs au-dessus des combattants, tout en
crépitant d’énergie menaçante. La ninja jeta soudain une série de kunais vers son ennemi, qui
les évita d’une mouvement habile… pour se retrouver sur la trajectoire d’un dernier projectile,
qu’elle avait volontairement lancé après la volée. Il fut obligé de l’intercepter en le saisissant
fermement avant d’être touché.
C’est alors que la foudre se mit à s’abattre sur le malheureux. Des dizaines d’éclairs le
frappèrent directement, comme s’ils étaient attirés par lui, le réduisant instantanément à l’état
de cendres.
- Quelle bande de nuls ! pesta la femme en ramassant le parchemin de la Terre. Enfin,
ça fait toujours une équipe de plus à notre actif.
- Au fait Riuka, fit l’un de ses compagnons, on en est à combien ?
- C’est la troisième.
Naruto n’avait pas perdu une miette de ce terrible affrontement, et n’avait pas l’intention
de chercher à venger ces pauvres malheureux dont le sang se mêlait désormais à l’eau de la
rivière. La fureur coulait dans chacune de ses veine devant la mort injuste qui leur avait été
infligée, mais il réussi tout de même à trouver le bon sens de ne pas se ruer au combat. Cette
nana est sacrément forte, et aussi incroyablement rapide. Je n’ose même pas imaginer les
capacités de ses coéquipiers. Même s’ils possèdent le parchemin qui m’intéresse, je
préférerai ne pas avoir à les affronter, car tout seul, j’aurais déjà énormément de difficulté
contre cette Riuka. Je ferais mieux de chercher d’autres équipes, en orientant mes recherches
à l’opposé de ce groupe de meurtriers.
CHAPITRE CINQ : EMBUSCADE
Tout en s’éloignant le plus possible des ninjas du Pays de la Foudre, Naruto utilisa de
nouveau sa technique de clones de l’ombre afin de repérer d’autres équipes en route vers la
tour. Le nombre de participant n’était déjà pas très important, et avec des collectionneurs dans
leur genre, c’était encore plus difficile de trouver le rouleau complémentaire. Il lui fallut
plusieurs heures avant de trouver un autre groupe de ninjas, qui progressaient à travers la
partie Est de la forêt. Maintenant, je n’ai plus qu’à espérer qu’ils possèdent le bon
parchemin…
Il s’agissait de trois ninjas du pays du Sable, tous bien plus âgés que lui. C’était un
coup de chance qu’il ait réussi à les détecter, car ils faisaient preuve d’une furtivité
incroyable. Ca peut vouloir dire qu’ils ne cherchent pas l’affrontement parce qu’ils ont déjà
les deux parchemins, et qu’ils veulent atteindre la tour sans d’autres combats. Ils vont être
déçus…
Grâce à ses clones de l’ombre, Naruto prépara rapidement un piège sur la trajectoire de
ses cibles sans pour autant arrêter de les surveiller. Il creusa une énorme fosse de plus de
quatre mètres de profondeur, qu’il recouvrit avec un fragile couvercle de branchages et de
terre, avant d’aller se dissimuler dans les hautes frondaisons des arbres alentours. Lorsque les
ninjas de Suna arrivèrent, Naruto lança une volée de shirukens dans leur direction, et ils
s’arrêtèrent aussitôt, non loin du piège. L’instant d’après, il surgit derrière eux et leur
annonça :
- Désolé les gars, mais j’ai besoin de votre parchemin.
- Lequ… fit l’un d’eux avant qu’un autre, un grand costaud aux cheveux rouges
coupés courts, l’oblige à se taire d’un signe de main.
Un large sourire apparut aussitôt sur le visage de Naruto. Parfait. Il voulais dire
« lequel ». Cela signifie qu’ils ont déjà récupéré les deux parchemins. Au moins, je ne risque
pas de me battre pour rien. Si mon plan fonctionne correctement, ça sera terminé en un rien
de temps.
Sans chercher à réprimander son partenaire pour son erreur, le grand ninja qui semblait
être le chef de groupe se tourna vers Naruto et lui lança :
- Je sais pas qui t’es, morveux, mais tu as mal choisi tes cibles. Tu ferais mieux de
partir tant que je t’en laisse l’occasion.
- D’abord je vais récupérer votre parchemin, et ensuite je m’en irai. Attention les
yeux !
Sur ces mots, Naruto créa un clone de l’ombre qui l’aida à former un Rasengan. La
sphère aveuglante de chakra surpris ses adversaires, lui offrant une opportunité de frapper. Il
se jeta vers le premier d’entre eux, mais celui-ci se remit de sa surprise et évita l’attaque avant
de lui lancer un kunai dans le dos, où l’arme se planta dans une gerbe de sang.
- Pff ! lâcha le ninja de Suna. Quel raté !
C’est alors que Naruto disparut dans un nuage de fumé, car ce n’était qu’un clone. Et
l’instant d’après, il surgit de derrière un arbre, dix mètres plus loin.
- Qui tu traite de raté ? fit-il d’un air moqueur.
Une grande colère commença à monter parmi les trois combattants, doublée d’une
exaspération naissante. Sans réfléchir, il foncèrent en direction de leur adversaire… pour
tomber aussitôt dans le piège de Naruto. Dès qu’ils se retrouvèrent pris au fond de ce trou,
trois paires de Naruto sautèrent de derrière les buissons tout autour, un rasengan dans les
mains, pour plonger eux aussi dans la fosse. Une incroyable explosion frappa les ninjas de
Suna, et fit s’effondrer le sol tout autour d’eux, les ensevelissant en un instant.
Mais Naruto n’avait pas l’intention de les tuer, et créa aussitôt un grand nombre de
clones pour creuser à nouveau et les sortir de là. Lorsqu’ils revinrent à l’air libre, les trois
genins étaient bouleversés et épuisés, principalement à cause de l’énorme masse de terre qui
les avait écrasé. Naruto en profita pour les fouiller et récupérer leur parchemin du Ciel. Avant
de partir, et alors que ses clones s’évaporaient, il leur dit avec une compassion véritable :
- Ne vous inquiétez pas, il vous reste encore trois jours pour obtenir un autre
parchemin. J’aimerai bien vous retrouver pour la troisième épreuve, donc je vous donne un
conseil : évitez la partie Ouest de la forêt. Il y a là-bas des adversaires beaucoup trop puissants
pour vous.
CHAPITRE SIX
Les vainqueurs de la seconde épreuve de l’examen étaient rassemblées dans la grande
salle de la tour, attendant la suite des évènements. Il y avait Naruto, bien sûr, mais également
l’équipe de Riuka, ainsi que Haruka. Ce fut à ce moment que Naruto se rendit compte que,
tout comme lui, elle était seule pour passer l’examen, et il comprit alors qu’elle n’était pas
quelqu’un à sous-estimer. De plus, elle n’était affiliée à aucun village.
Il y avait également une deuxième équipe de trois avait également réussi à passer
l’épreuve de survie. Il s’agissait d’un trio de ninjas du pays de la pluie. Leur chef, un homme
d’une trentaine d’année armée d’un long katana et vêtu d’un grand manteau noir, avait de
quoi impressionner pas mal de monde. Ses deux coéquipiers étaient d’ailleurs dans le même
genre, apparemment aussi expérimentés que leur leader, mais étaient habillés beaucoup plus
légèrement, avec des armures complètes de cuir. Cette équipe possédait un très fort charisme,
et bien qu’elle paraissait être la plus faible de toutes celles restantes, ses membres semblaient
assez sûr d’eux. Ils me plaisent assez, pensa Naruto au fond de lui.
Les organisateurs de l’examen annoncèrent alors le déroulement de la troisième
épreuve :
- Félicitation à vous tous pour avoir réussi ce test. Vous êtes maintenant prêts pour
devenir de vrais chunins. La troisième partie de cet examen est un tournois dans lequel vous
vous affronterez pour prouver vos compétences. Sachez que l’obtention du rang de chunin ne
sera pas déterminé par le nombre de vos victoires, mais par votre manière de combattre, qui
sera évaluée par un jury. Vous pouvez très bien gagner le tournois et ne pas devenir chunin,
ou au contraire perdre au premier match et obtenir ce rang. Le fait de gagner un match vous
donne uniquement une opportunité supplémentaire de prouver votre valeur.
« Il n’y aura que deux combattants par matchs, et vous devrez considérer ces matchs
comme des combats réels, identiques à ceux que vous effectueraient pendant vos missions de
ninja. Cela signifie que les affrontements eux-même ne sont régis par aucune règle. Un
combat se terminera dès que l’un des participants abandonne, ou se retrouve dans l’incapacité
de combattre, mais l’arbitre peut décider d’arrêter le match si nécessaire.
« A partir d’aujourd’hui, vous avez un mois pour vous préparer à ces combats, et vous
renseigner sur vos futurs adversaire. Toutes les méthodes sont autorisées, du moment que
vous ne vous affrontez pas avant le début des matchs officiels. Ce genre de tâche de
renseignement fait partie intégrante des méthodes de ninja, et pourra vous donner un net
avantage durant le tournois si vous le fait correctement.
« Et maintenant, voici l’organigramme du tournois.
Naruto eut une certaine forme de soulagement en voyant qu’il ne commençait ni par un
affrontement contre Hakura, ni contre la terrible Riuka, mais ressentit tout de même de
l’inquiétude à l’idée que ces deux-là devraient se rencontrer dès leur premier match. Bien que
j’aurais aimé affronté cette fille du pays de la Foudre, je préfèrerais encore que Hakura la
batte. Je lui ai presque promit de me battre contre elle, et ça me ferait mal de ne pas en avoir
l’occasion…
Chacun des participants se vit recevoir une copie de l’organigramme, et fut autorisé à aller
se reposer. Mais alors qu’ils se dirigeaient vers la sortie de la tour, Hinata surgit de l’un des
couloir et se précipita dans les bras de Naruto. Celui-ci, bien qu’incroyablement heureux de la
revoir, n’en était pas pour le moins surpris :
- Mais, Hinata-chan, qu’est-ce que tu fais là ?
- Tsunade-sama m’a autorisé à venir t’accueillir, mais je devait attendre la fin de
l’épreuve pour cela. Je suis si contente !
Les deux amoureux se serrèrent l’un contre l’autre tendrement, tendis que les autres
participants de l’examen continuait leur route. C’est alors que Hakura passa à côté d’eux tout
en les observant. Et lorsque le regard d’Hinata croisa le sien, elle s’arrêta net de marcher.
C’était comme si elle était impressionnée par quelque chose, mais quelque chose que le
commun des mortels ne pouvait pas voir. Son regard était perdu dans une dimension au-delà
de la réalité, où elle paraissait percevoir le fort intérieur d’Hinata, et en être bouleversée. Ce
regard ne dura que quelques secondes, avant qu’elle ne se détourne des deux amants pour se
diriger de nouveau vers la sortie.
Naruto sentit soudain un tremblement. D’abord faible, puis de plus en plus intense, qui le
secouait. Il se rendit alors compte que c’était Hinata qui tremblait. Elle n’arrivait pas à
détacher son regard de Haruka, et même lorsque celle-ci fut partie, ses yeux blancs restèrent
figés vers la sortie.
- Naruto, fit-elle d’une voix craintive. Tu ne dois pas l’affronter.
- Quoi ? Mais qu’est-ce que tu raconte.
- Ce n’est pas une fille normale. Elle… elle me fais peur.
Naruto savait qu’Hinata pouvait avoir facilement peur, mais d’habitude, elle ne le disait
pas, et tentait par elle-même de vaincre cette faiblesse. Le fait qu’elle le lui dise à lui était
encore plus significatif, et il ne pouvait pas ignorer cet avertissement. Afin de rassurer son
amour, il lui dis :
- Ne t’inquiètes pas, elle dois affronter quelqu’un de très dangereux pour son premier
match. Il y a de fortes chances qu’elle soit éliminée dès le début.
- Non. Elle ne perdra pas. Elle ne perdra contre personne.
CHAPITRE SEPT : ANGOISSE
Cela faisait maintenant trois semaines que la seconde épreuve était terminée, et les
participants avaient profité de ce temps au mieux. Certains avaient parfait leurs techniques,
voir inventé de nouvelles attaques, d’autres s’étaient contenté d’augmenter leur force, de
repousser leurs limites. Très peu d’entre eux avaient cherché à se renseigner sur leurs futurs
adversaires, car la plupart étaient bien trop confiants dans leurs capacités. Seuls les sous-fifres
de Riuka et de Tsugo s’étaient chargé de connaître le style de combat de leurs ennemis. De
son côté, Naruto s’entraînait à chercher de nouvelles techniques secrètes, car il savait que sa
plus grande faiblesse était le manque de diversité de ses attaques. Mais contrairement à ce
qu’il aurait voulu, il s’entraînait sans Hinata.
En effet, la jeune fille était bien trop occupée par une autre tâche, beaucoup plus
importante : espionner la mystérieuse Haruka.
Depuis ce jour où leurs regard s’étaient croisés, Hinata ne pouvait plus penser à autre
chose. A ce moment, elle avait ressentit quelque chose de terrifiant et d’incroyablement
puissant, comme si cette fille renfermait un énorme pouvoir maléfique au fond d’elle-même.
De plus, la façon dont Haruka l’avait regardé n’avait rien d’anodin. C’était comme si elle
savait pour la Pierre Florale. Je sais bien que j’ai changé depuis notre mission au Pays des
Fleures, mais jusqu’à présent, personne à Konoha n’a été capable de le découvrir. Mais
elle… elle semblait lire en moi comme dans un livre.
Mais ce n’était pas la seule chose qui inquiétait Hinata. Car à n’importe quelle heure de la
journée, où qu’elle soit, elle surveillait Haruka de loin grâce à son Byakugan, et depuis trois
semaines, le constat avait toujours été le même : Haruka ne s’était pas entraîné une seule fois.
Les journées de la mystérieuse fille se résumaient à de longues promenades dans la forêt
entourant Konoha. Elle ne revenait au village qu’à la nuit tombée afin d’aller se coucher dans
la chambre de l’auberge la plus à l’écart du reste des habitations. Pas une fois, elle n’avait
formé le moindre sceau ninja ou concentré son chakra, ni même effectué le moindre
entraînement musculaire pour se maintenir en forme. Même le plus faible des ninjas se devait
d’entretenir son corps et ses techniques, et cette exigence était déjà particulièrement élevée
pour un Chunin. Or, Haruka ne semblait pas avoir besoin de s’entraîner.
Et cela inquiétait Hinata au plus haut point. Elle ne s’entraîne certainement plus depuis
longtemps, et pourtant elle a réussi la seconde épreuve de l’examen… toute seule. Même en
imaginant qu’elle n’ait eut qu’à vaincre une seule équipe pour obtenir son rouleau
complémentaire, cela constitue déjà un exploit incroyable. Jusqu’à quel point s’étend son
pouvoir, et de quel nature est-il ? J’aurais dû surveillé la deuxième épreuve avec mon
Byakugan…
Lorsque la dernière semaine commença, Hinata décida d’abandonner l’espionnage pour
aider Naruto à se préparer. Elle savait parfaitement où le trouver : il avait aménagé un petit
terrain d’entraînement dans une clairière au beau milieu de la forêt. Un endroit que
bizarrement, Haruka n’avait jamais approché alors qu’elle avait visité presque tout le reste de
la région. Hinata tenta de chasser cette fille de ses pensée, mais ne réussi que partiellement,
gardant au fond d’elle-même une angoisse aux dimensions inimaginables.
Naruto était bien là, en train de parfaire sa maîtrise du rasengan, qu’il arrivait désormais à
former sans l’aide d’un clone. Cela lui permettait de gagner du temps et d’économiser un peu
de chakra. Il ne voulait plus avoir recourt à Kyubi pour combattre, et Hinata le comprenait
parfaitement. Cette bête démoniaque était une menace qu’il fallait garder scellée à tout jamais,
quel qu’en soit le prix. C’est pourquoi Naruto allait tout faire pour gagner ses combat avec
son seul chakra à lui. Et depuis trois semaines, il tentait de connaître les limites de cette
réserve personnelle, afin de pouvoir la gérer au mieux pendant ses matchs.
Dès que Hinata pénétra dans la clairière, Naruto cessa ses exercices et se précipita vers
elle. Il la prit dans ses bras, mais vit très rapidement qu’elle n’allait pas bien.
- Laisse-moi deviner, fit-il. Elle ne s’est toujours pas entraîné ?
- Non.
Naruto avait lui aussi beaucoup de difficulté à croire que quelqu’un puisse participer à
l’examen chunin sans jamais s’entraîner, mais les faits étaient là. Lui-même, il ne laissait
jamais une journée s’écouler sans faire quelques exercices de maintient physique.
Apparemment, Haruka n’avait pas les mêmes obligations que lui…
- Tu vas encore la surveiller ? demanda-t-il.
- Non. Ca ne sert plus à rien maintenant. Je préfère t’aider pour la dernière semaine.
Tu en auras bien besoin.
- Tu me conseilles toujours de ne pas l’affronter ?
Hinata ne répondit pas, mais Naruto savait parfaitement ce qu’elle pensait : Haruka était
beaucoup trop forte pour lui. Elle était beaucoup trop forte pour qui que ce soit. Cependant, il
ne voulait pas croire qu’il aurait à abandonner le tournois au deuxième match, ce qui le
disqualifierait automatiquement. Depuis son plus jeune âge, il avait toujours voulu devenir
Hokage, et pour cela, il lui fallait d’abord devenir chunin. S’il n’était pas capable de passer cet
examen, il lui faudrait renoncer à ses rêves. Mais ça, il en est hors de question.
Naruto n’était pas du genre à abandonner, quelle que soit la situation, et Hinata le savait
parfaitement. Malgré cela, il ne pouvait ignorer la peur qui s’était emparé de celle qu’il
aimait. Il ne comprenait pas encore toute l’ampleur du danger que dissimulait réellement
Haruka, mais savait que cela affectait Hinata d’une manière assez préoccupante. Je ne peux
pas la laisser comme ça. Il faut que je la rassure d’une manière ou d’une autre.
- Et si on allait déguster des ramens chez Ichiraku pour oublier un peu tout ça ?
La jeune fille sourit faiblement, et hocha la tête pour dire oui. Aussitôt, Naruto la souleva
pour la mettre sur ses épaules, avant de se diriger vers l’entrée de Konoha.
CHAPITRE HUIT : EN SCENE
Le jour du tournois était finalement arrivé. Tout Konoha ne s’était éveillé que pour cet
évènement, et il semblait bien que l’espace d’une journée, le monde extérieur n’existait plus
pour les habitants du village. Les gradins du stadium étaient pleins à craqué de spectateurs,
beaucoup étant venus de nombreux pays différents, mais la majorité étaient de Konoha. Et
parmi ces dernier, au moins la moitié étaient venus pour voir combattre Naruto.
Hinata faisait bien sûr parti d’eux, et était venu au stade à la première heure pour pouvoir
obtenir une place au premier rang. A ses côtés se trouvaient les membres de sa famille, mais
aussi tous les meilleurs amis de Naruto, depuis Rock Lee à Sakura en passant par Chouji et
Shino. Pour leur plus grand plaisir à tous, le combat de leur ami contre l’un des ninjas du
village de la Pluie était le match d’ouverture, ce qui assurait de démarrer le tournois de façon
très dynamique. Le public attendait beaucoup de ce combat.
Mais ils avaient oublié l’un des caractères principaux du jeune Uzumaki : il était très
étourdi. Et alors que les participants était déjà rassemblé au milieu de l’énorme arène en
contre-bas, le premier d’entre eux se faisait attendre assez impatiemment.
- Mais qu’est-ce qu’il fait, ce crétin ? pesta Shikamaru. Il a envie de se faire
disqualifier ?
Les minutes passaient, et Naruto ne venait toujours pas. La tension commença alors à
monter parmi le public, qui se voyait privé du combattant le plus prometteur du tournois.
Hinata dit alors avec regret :
- J’aurais dû passer chez lui ce matin. J’ai été trop confiante.
- Il n’est pas encore trop tard, fit Kakashi en apparaissant derrière elle. Va le chercher,
je vais convaincre Godaime de reporter son match.
- D’accord.
Immédiatement, Hinata et Kakashi disparurent dans les airs, partant chacun de leur côté.
La maison de Naruto était assez éloignée du stade, et il fallut du temps pour la jeune fille
avant de l’atteindre… et découvrir Naruto dormant à poings fermés dans son lit.
- Naruto ! hurla-t-elle avec la fureur de la mauvaise surprise. Lève-toi
immédiatement !
- Hein ?… fit le garçon en relevant sa couvertue. Qu’est-ce que ? … OH MERDE !!!!
Quelques minutes plus tard…
Lorsque Naruto et Hinata arrivèrent enfin aux portes du stade, les deux jounins qui y
étaient posté leur annoncèrent immédiatement :
- Ne vous inquiétez pas, tout est arrangé : le match a été reporté.
- Et le deuxième combat ? fit Naruto avec un intérêt non dissimulé. Comment se
passe le deuxième combat ?
Le match qui devait normalement succéder à celui de Naruto était le combat de Haruka
contre Ryuka. Ces deux adversaires étaient particulièrement dangereux, d’autant qu’Hinata
avait de très grosses inquiétudes concernant Haruka. Il était donc normal que Naruto
s’intéresse aux capacités de celles qui pourraient être son deuxième adversaire.
Mais le visage du jounin devint soudain très grave, et il ne parvint pas à donner une
réponse au garçon. Son collègue tenta alors d’expliquer la situation à sa place, mais semblait
aussi troublé que lui :
- On ne sait pas ce qui se passe. Les… les deux combattantes sont totalement
immobiles et ne se battent pas.
- Quoi ?
- Allez voir vous-même, je ne peux pas vous en dire plus.
Naruto et Hinata se rendirent donc sur les premiers gradins et purent voir de leurs
propres yeux ce qui se passait : Haruka et Ryuka étaient debout, immobiles, à environ vingt
mètres de distance l’une de l’autre, les yeux fermés toutes les deux. Il fallait être un ninja
particulièrement doué pour percevoir le faible mouvement de respiration qui prouvait qu’elle
était encore vivantes, mais à part cela, pas un seul de leur muscle ne bougeait.
L’inquiétude et le mauvais pressentiment d’Hinata commencèrent à grandirent de façon
exponentiel. Aussi vite qu’elle le put, elle se dirigea vers son frère et lui demanda :
- Qu’est-ce qui s’est passé ? Pourquoi est-ce qu’elles ne bougent plus ?
- Je ne sais pas, fit Néji. Je n’ai pensé à utiliser le Byakugan qu’après qu’elles se
soient immobilisé. Elles ont d’abord commencé à se battre normalement, puis Haruka a fermé
les yeux. Une seconde plus tard, Ryuka les a fermé aussi, et c’est comme ça depuis. Ca fait
bien au moins dix minutes maintenant.
- Leurs états sont normaux ?
- Leurs flux de chakras n’ont rien de bizarre, donc ce n’est pas un problème physique.
Et je ne pense pas qu’il s’agisse d’un genjutsu.
- Alors qu’est-ce que c’est ? fit Hinata qui commençait à céder à la panique. Qu’estce que c’est, bon sang ?
- Je n’en sais rien. Et je peux te dire que ça me fait peur.
Soudain, Ryuka tomba en avant et s’affala sur le sol de l’arène, tandis que de son côté,
Haruka rouvrait les yeux et se dirigeait lentement vers les quartiers des combattants.
Immédiatement, l’un des arbitres s’approcha de Ryuka et lui prit le pouls. Son visage devint
alors livide, et il se releva avec un regard terrifié avant d’annoncer à tous :
- Elle… elle est morte. … Haruka vainqueur.
CHAPITRE NEUF : TERREUR ABSOLUE
Un silence de mort avait envahi toute l’arène. Le public était abasourdi et les juges ne
savaient plus quoi faire. Il n’était pas interdit de tuer son adversaire lors de ces combats, mais
généralement, les arbitres réussissait toujours à empêcher cela. Le dernier mort lors d’un
tournois chunin remontait à plusieurs dizaines d’années, et la plupart de l’assistance était trop
jeune à l’époque pour l’avoir vécu. L’impact avait été total pour tous, sauf pour Haruka.
La mystérieuse ninja ne s’était même pas arrêté en entendant l’arbitre. L’expression sur
son visage était resté totalement froide alors qu’elle se dirigeait vers la sortie de l’arène.
Lorsqu’elle arriva devant la porte, elle s’arrêta, et resta immobile de longues secondes
pendant lesquelles tout le public retint son souffle. Soudain, sans hésitation et sans avoir à le
chercher dans la foule, Haruka dirigea son regard vers Naruto. Et malgré la grande distance
qui les séparait, le garçon sut qu’elle le regardait droit dans les yeux aussi précisément que s’il
était juste devant elle.
Le visage de Naruto devint alors extrêmement dur, aussi dur que le reproche silencieux
qu’il adressait à Haruka à travers son regard. Et intuitivement, il serra tendrement la main
d’Hinata, comme pour essayer de la rassurer, mais il savait que rien ne pouvait dissiper la
terreur qui l’avait envahie. Haruka détourna alors son regard vers Hinata pour la dévisager un
long moment. Et soudain, son visage exprima pour la première fois de la surprise. Une
surprise intense mêlée d’inquiétude, qui semblait lui faire presque peur. Elle fronça alors des
sourcils comme pour lancer des éclairs à la jeune Hyunga, puis sortit de l’arène.
- Qu… qui est cette fille ? balbutia Shikamaru.
- Elle n’a pas de pays d’origine, répondit Naruto en essayant de garder son calme.
Elle n’a pas non plus de nom de famille, et on ne sait pas d’où elle vient.
Personne n’osa dire un mot. Toute l’arène resta silencieuse une minute entière, comme
pour respecter la graviter de la mort de Ryuka. Même si elle était mauvaise, pensa Naruto, ce
n’était pas une raison pour qu’elle meure. J’aurais bien aimé la combattre et tenter de la
comprendre un peu… mais maintenant ce n’est plus possible. Et même si je connais encore
moins Haruka, je n’ai pas l’intention de la laisser tranquille après ça…
Il fallut un long moment avant que l’un des arbitre se remette totalement du choc et
finisse par annoncer :
- Combattants du match suivant, veuillez vous placer au centre de l’arène !
Naruto était sur le point d’y aller lorsque Hinata le retint par le bras et le força à la
regarder dans les yeux. Il put y lire toute l’ampleur de sa détresse, de sa panique et de son
inquiétude. Elle était effrayée, et tremblait comme une feuille d’automne sur un arbre
mourrant. Rien dans cette vie ne lui avait fait plus peur que ce moment, et Naruto le voyait
bien. Mais il n’avait pas l’intention de reculer. Pas maintenant.
- Ne t’en fais pas, Hinata. Je ne ferai que ce premier combat. Il suffit que je prouve en
un seul match que je suis digne d’être chunin et ce sera terminé. J’abandonnerai
immédiatement contre Haruka.
La jeune fille le regarda intensément d’un air incertain, comme si elle ne le croyait pas,
mais Naruto savait qu’elle avait juste du mal à croire ce qu’elle entendait. Il savait qu’elle le
croyait, comme elle l’avait toujours cru. Leur amour était d’une transparence cristalline, d’une
pureté au-delà de tout ce qui pouvait exister en ce monde, et rien ne le changerait jamais. Il fit
alors glisser sa main sur la joue d’Hinata, et posa son front contre le sien.
- Fais-moi confiance. Je gagnerai, et je deviendrai chunin.
- Je t’aime, Naruto.
- Je t’aime moi aussi.
Ils se sourirent mutuellement, d’un sourire franc et heureux qui les réconforta au fond
d’eux-mêmes, balayant la terreur et les mauvais sentiments qui s’était emparé de leurs esprits.
A leurs côtés, leurs amis esquissèrent eux aussi de légers sourires, et une partie du public qui
les entourait se permit également un instant de béatitude, face à cette scène. Pour beaucoup
d’entre eux, Naruto était devenu le symbole de l’espoir, que ce soit pour Konoha ou pour les
autres pays. Il avait un dont pour changer les gens. Son seul regret en cet instant était de ne
pas avoir l’occasion de changer Haruka. Peut-être que ce n’est pas avec un combat que je la
comprendrai. Je verrai plus tard ce que je peux faire pour elle. En attendant, j’ai un
adversaire à affronter…
Sans dire un mot, il embrassa Hinata une dernière fois, puis il se dirigea vers la rambarde
de sécurité des gradins, et sauta dans l’arène.
CHAPITRE DIX : LE TUTEUR DE LA PLUIE
Bien que Haruka Ryuka soient les deux adversaires qu’il trouvait les plus dangereux,
Naruto savait que son premier adversaire n’était pas à sous-estimer. Dansei Tsugo, le chef de
l’équipe des ninjas du village caché de la Pluie, avait une allure imposante, et un visage qui
témoignait d’une grande expérience du combat. Naruto se demanda comment cela se faisait
qu’il ne soit pas déjà chunin à son âge, et surtout pourquoi les deux autres ninjas de son
groupe soient nettement plus jeunes que lui. Il doit y avoir un truc, et j’ai intérêt à le
découvrir avant que cela me tombe dessus.
Naruto et Tsugo se placèrent face à face au centre de l’arène, attendant avec impatience le
signal de l’arbitre. Le jeune garçon put voir un sourire de satisfaction sur le visage de son
adversaire, et cela augmenta son inquiétude. Contre un combattant de son âge, Naruto aurait
pensé que cela trahissait une trop grande confiance en lui, mais là, c’était différent. Certes,
Tsugo avait l’air sûr de lui, mais il devait certainement y avoir une bonne raison.
L’arbitre était encore sous le choc du premier match, et jaugea longuement les deux
combattants pour voir si un autre drame était possible. La prudence était de mise avec des
ninjas aussi dangereux. Puis, finalement, il se décida à annoncer :
- Que le deuxième match… commence !
Aussitôt, Naruto s’élança contre son adversaire en jetant une volée de kunais. Pendant
que Tsugo les esquivait, il créa une série de clones qui s’empressèrent d’attaquer de toutes
parts. Mais avec une facilité déconcertante, Tsugo réussi à contrer et contre-attaquer à chaque
assaut. Les clones disparurent tous, et le vrai Naruto se retrouva à terre sans même avoir
réussi à toucher sa cible. Il est sacrément fort. Mais il doit avoir un défaut, c’est sûr.
Rapidement, Naruto recréa une série de dix clones qui se jetèrent sur Tsugo, à part un qui
resta à ses côtés. Puis il jeta deux bombes fumigènes aux pieds du ninja, avant de commencer
à préparer un Rasengan, pendant que ses clones occupait son adversaire. Lorsque son attaque
fut enfin prête, il se jeta également dans l’épais nuage de fumée, où Tsugo n’eut pas le temps
de le voir venir. Il prit le Rasengan en plein thorax, et laissa s’échapper un puissant cri de
douleur lorsqu’il s’envola dans les airs pour s’écraser contre le mur de l’arène. Le mur se
fissura légèrement sous l’impact, avant que Tsugo ne s’effondre au sol, immobile.
L’arbitre s’approcha avec précaution du corps du ninja, craignant que lui aussi n’ait été
tué. Il fut rassuré en voyant qu’il respirait encore, mais comprit rapidement que la blessure
causée par l’attaque de Naruto était assez grave. Dans cet état, il lui était impossible de
continuer le combat. Lentement, il leva la main en direction de Naruto, et annonça :
- Vainqueur, Nar…
Tous les spectateurs de l’arène poussèrent un cri d’étonnement en voyant Tsugo lever la
main pour stopper la déclaration de l’arbitre. Lentement, le ninja de la Pluie se releva en
titubant, révélant une importante brûlure circulaire sur son thorax. Puis il plaça ses deux
mains sur sa blessure, et y concentra une quantité importante de Chakra. Non, pensa Naruto. Il
n’est quand même pas aussi un ninja médecin ?
En à peine quelques secondes, la brûlure de Tsugo disparut entièrement, et il sembla de
nouveau être en pleine forme. Voyant le visage stupéfait de Naruto, il laissa s’échapper un
léger sourire avant d’expliquer :
- Le corps humain est en grande partie fait d’eau. Pour régénérer les cellules détruites,
il suffit de rajouter de l’eau en y diluant les éléments essentiels des cellules intactes.
- Je voie, fit Naruto. Mais cette technique doit être dangereuse si elle est utilisée trop
souvent.
- En effet, car le matériel vital ne peut pas être recréé de cette façon. Mais tu n’auras
plus l’occasion de me blesser à nouveau. Maintenant que t’as fini de t’amuser, je vais pouvoir
m’y mettre sérieusement.
Tsugo leva alors les mains vers le ciel, et aussitôt, de minuscules nuages se mirent à
apparaître un peu partout dans les airs au-dessus de l’arène. Des dizaines apparaissaient à
chaque secondes, et se rassemblaient pour former une énorme masse nuageuse dont le ton
blanc noircissait de plus en plus à chaque instant. L’arène fut alors recouverte d’un épais voile
d’ombre alors que des éclairs se mettaient à crépiter parmi les nuages. Un premier éclair
frappa le sol de l’arène, juste entre Tsugo et Naruto qui ne bronchèrent pas, et l’instant
d’après, une pluie torrentielle se mit à tomber.
Le village de Konoha s’était toujours arrangé pour que le tournois chunin se déroule un
jour de beau temps, mais Tsugo avait réussi à amener son élément jusqu’à lui malgré cela. Il a
utilisé l’eau contenue dans l’air pour former des nuages et déclencher la pluie. Maintenant, il
est certainement beaucoup plus fort qu’avant. Je vais devoir faire très attention à ses
techniques…
Pendant ce temps, sur les gradins, Hinata s’était mis inconsciemment à prier pour que le
combat se déroule bien. Tous les amis de Naruto savaient qu’il avait fait d’énormes progrès
pendant son entraînement avec Jiraya, mais il était facile de voir que son adversaire n’était pas
n’importe qui. Le niveau de maîtrise de Tsugo était clairement au-dessus du niveau chunin.
Visiblement très inquiète, Hinata se tourna vers Kakashi qui s’était assis derrière elle :
- Comment se fait-il que ce Tsugo soit aussi fort ?
- J’ai entendu parlé d’une étrange méthode de préparation à l’examen chunin, qu’on
pratique au village de la Pluie lorsque le nombre de chunins est trop bas. Elle consiste à
interdire à un ninja de participer à l’examen chunin pendant quinze ans.
- Quoi ? Quinze ans ?
- Oui. On appelle cela un Tuteur. Ce ninja a pour devoir de s’entraîner durement pour
le jour où il sera à nouveau autorisé à passer l’examen. Lorsqu’il a atteint un certain niveau de
compétences, le village lui donne un titre spécial qui lui donne l’autorité d’un chunin parmi
les autres ninjas du villages, et lui permet d’effectuer des mission de haut rang avec une
équipe de trois genins qu’on lui confie. Puis, lorsqu’il peut finalement passer l’examen, il
choisit les deux meilleurs ninjas de son équipe pour le passer avec lui, le troisième devenant
lui-même un Tuteur.
- Je comprends, fit Shikamaru qui avait tout écouté. Cela permet d’augmenter les
chances de ces jeunes ninjas d’arriver jusqu’à la troisième épreuve, la seule qui compte
réellement pour devenir chunin. Ainsi, la formation du Tuteur est rentabilisée presque à coup
sûr.
- En effet, confirma Kakashi. C’est une méthode un peu malhonnête, certes, mais
légale. Les meilleurs Tuteurs peuvent atteindre des capacités proches d’un niveau jounin à la
fin de leur formation. Tsugo semble être de ceux-là.
- Alors Naruto va perdre ? demanda Hinata.
Kakashi observa le combat qui continuait en contre-bas. Naruto enchaînait les attaques
de clones multiples afin de trouver une faille dans la technique de Tsugo, qui ne paraissait pas
montrer le moindre signe de faiblesse. Il était encore difficile d’avoir une certitude absolue sur
l’issue du combat, mais Kakashi avait une certaine confiance en son jeune prodige :
- Il peut gagner. Naruto a déjà vaincu des ennemis redoutables sans l’aide de
personne. Par contre, cela peut poser un problème.
- Lequel ? fit Hinata, de nouveau inquiète.
- S’il gagne contre Tsugo, ce ne sera que de justesse. Une victoire sur le fil n’est pas
prise en compte par le jury. Il est donc fort probable que ce combat ne soit pas suffisant pour
lui accorder le rang de chunin.
- Alors qu’est-ce qu’il peut faire ?
- S’il veut vraiment devenir chunin, il devra affronter Haruka.
_
SOMMAIRE
_
CHAPITRE ONZE : DETERMINATION
Dès que la pluie s’était mise à tomber, Naruto avait décidé d’adopter une stratégie
défensive, attendant que Tsugo dévoile ses techniques. Il espérait y entrevoir une faiblesse qui
pourrait lui donner l’avantage. Pour le moment, l’adversaire du jeune garçon s’était contenté
d’observer la scène en savourant chaque seconde, comme s’il avait attendu ce moment toute
sa vie. D’un air de satisfaction totale, il lança à Naruto :
- Fais-moi plaisir : n’abandonne pas tout de suite. J’ai envie de m’amuser un peu avec
toi avant de t’achever.
Naruto esquissa soudain un large sourire d’amusement.
- Abandonner ? Moi ? Tu rigoles, j’espère.
Tsugo ne fit même pas attention à la réplique du garçon, et commença subitement à
former des sceaux. C’était le moment que Naruto attendait pour faire surgir du sol une paire
de clones qu’il avait dissimulé. Ils apparurent juste derrière Tsugo et l’attaquèrent
immédiatement, mais il ne bougea pas d’un pouce. Lorsque les clones furent sur le point de
l’atteindre, une sphère d’eau apparut pour entourer le ninja, comme une sorte de bouclier.
Mais l’attaque des clones de Naruto fut à peine freinée par l’écran liquide, et ils
s’enfoncèrent dans la sphère pour atteindre Tsugo. Le voile d’eau déformait l’image à
l’intérieur, et il était impossible de savoir ce qu’il s’y passait. Mais une fraction de seconde
après que les clones soient entrés dans la sphère, ils en ressortir en volant dans les airs pour
s’écraser à plus de cinq mètres de leur ennemi. Lorsqu’ils disparurent, leurs mémoires fut
transférée à celle de Naruto, et il put voir ce qui s’était passé : les clones n’avaient rencontré
qu’une infime résistance au niveau de la sphère, et Tsugo les avait accueilli avec une rapidité
déconcertante. Je vois, se dit-il. Il utilise la déformation d’image de la sphère pour diminuer
la précision des attaques provenant de l’extérieur, et ralentir un peu la vitesse de
l’adversaire. Ainsi, quiconque pénètre à l’intérieur a de fortes chances de rater sa cible, et de
se retrouver à la merci d’une contre-attaque. Ce n’est certainement pas sa technique la plus
puissante, et j’ai intérêt à le mettre hors de combat avant qu’il ne s’énerve réellement. Mais si
je veux le vaincre, il faut que je ne lui laisse aucune échappatoire.
Naruto joignit aussitôt ses mains et créa une quantité impressionnante de clones qui se
rassemblèrent par paires pour préparer des rasengans. Puis, lorsqu’ils furent tous prêts, ils se
jetèrent à l’assaut de la sphère. Mais cette fois, lorsqu’ils l’atteignirent, ils rencontrèrent une
résistance bien plus forte que la première fois, et furent nettement plus freinés. Heureusement,
la force tourbillonnante des ransengan finit par avoir raison de cet écran de protection, et le
balaya totalement pour faire apparaître Tsugo. Mais avant qu’ils ne puisse l’atteindre, le ninja
de la pluie sauta dans les airs en dégageant les clones qui se trouvaient sur sa trajectoire.
Merde… il est vraiment fort.
- Je peux agir directement sur la densité de l’eau en la compactant, expliqua Tsugo
calmement. Je peux la rendre jusqu’à quarante fois plus résistante que l’eau normale, et même
une mince couche de ce liquide peut stopper les plus puissantes attaques. Mais cette résistance
n’est pas réservée qu’à la défense.
Rapidement, Tsugo forma une série de sceau et porta sa main au sol. Lorsqu’il la
releva, ce fut comme s’il tirait l’eau du sol en une longue et épaisse colonne liquide,
rassemblant plusieurs dizaines de litres d’eau. Puis cette colonne s’amincit à un point tel
qu’elle finit par former un long katana d’au moins un mètre et demi. Sa lame n’était
cependant pas rigide, et ondulait légèrement à certains endroits. J’ai un très mauvais
pressentiment…
- Je me suis suffisamment amusé, annonça Tsugo. Maintenant, je vais en finir.
Naruto ne répondit pas, et rassembla toute sa concentration dans l’étude de cette arme
étrange. C’est alors que Tsugo leva sa lame, mais le garçon ne s’inquiéta pas car il y avait au
moins dix bons mètres entre lui et son adversaire. Mais lorsque la lame s’abaissa, dans sa
direction, elle s’allongea à une vitesse incroyable pour filer droit vers son cœur.
Si l’attention de Naruto avait été moindre, il n’aurait eut aucune chance de l’éviter. Par
chance, il réussit à bouger au dernier moment, mais la lame l’atteignit tout de même et lui
transperça le corps sous l’épaule gauche. Puis, Naruto fut soulevé dans les airs alors que
l’épée aqueuse changeait de forme pour ressembler plus à un long serpent. Alors qu’il tentait
en vain de briser la lame d’eau, il entendit retentir le rire de satisfaction de Tsugo :
- Lorsque l’on condense autant de l’eau, il se crée une force de tension qui, si elle et
libéré, peut projeter la matière à une vitesse impressionnante. Sur une arme pareil, seule la
pointe a besoin d’être solide pour frapper. Le reste de la lame peut servir à étendre mon
allonge et atteindre ma cible aussi loin qu’elle puisse se trouver.
- Je vois, fit Naruto en essayant de contenir la douleur. Une technique plutôt balaise,
je l’admet. Mais je n’ai pas l’intention d’abandonner si vite : je dois encore devenir Hokage.
Tsugo eut un court moment de surprise face à cette déclaration, puis se mit à rire à gorge
déployée. Naruto en profita pour créer un clone à ses côté, qui lui permit de former un
rasengan rapidement. Il plongea la boule de chakra tourbillonnant dans la lame d’eau qui se
brisa en millier de gouttes et le laissa tomber lourdement sur le sol. Merde ! Je suis très mal
barré, là. A ce rythme, je vais y passer en moins d’une minute. Je dois réfléchir, vite. Il doit
bien y avoir un moyen de contrer ce truc…
Mais déjà, Tsugo avait reformer la pointe de son arme, et attaqua de nouveau. Le clone
de Naruto eut tout juste le temps de s’interposer pour dévier le coup, qui passa juste à côté de
l’oreille droite du vrai Naruto. Celui-ci jeta un kunai à l’un des endroits où l’eau de la lame
s’était relâchée, et sectionna ainsi l’arme une nouvelle fois. Le serpent d’eau s’agita comme
s’il ressentait la douleur du coup et se réduit pour reformer un simple katana.
- Tu as pas mal de ressources, mon garçon ! lança Tsugo. Je te félicite. Alors je vais te
faire une fleure et te laisser une dernière chance d’abandonner.
- Je te l’ai déjà dis : je n’ai pas l’intention d’abandonner si vite.
Une fois de plus, Naruto appela un clone à la rescousse pour créer un rasengan.
- Encore cette attaque ? se moqua Tsugo. Je la connais déjà par cœur. Tu n’as donc
vraiment rien d’autre ?
Naruto ignora ces paroles et se mit en position défensive, attendant que Tsugo face le
premier mouvement. Mais celui-ci n’avait pas l’intention de bouger de sa position. Il se
contenta de pointer sa lame en direction de Naruto, et de l’allonger à une vitesse incroyable.
Mais le jeune garçon s’y était attendu, et réussi à anticiper la trajectoire de l’arme pour y
interposer son rasengan. La pointe vola en éclat sous la puissance du typhon d’énergie,
dispersant d’innombrables gouttes dans la direction de Tsugo, qui ne réalisa pas tout de suite
ce qui se passait. Ces larmes de liquide hyper-condensée lui transpercèrent le corps de part en
part comme s’il était une simple feuille d’arbre.
Tsugo ne cria même pas, et se contenta de sourire à Naruto, comme pour le féliciter.
Puis il s’effondra sur le sol tremper de l’arène. Quelques secondes plus tard, la pluie cessa
brusquement, et les nuages se dispersèrent dans le ciel de Konoha.
CHAPITRE 12 : LA BALANCE DU DESTIN
L’arbitre se précipita vers Tsugo et s’empressa de lui prendre le pouls. Il afficha
rapidement un air soulagé en s’apercevant qu’il était toujours en vie, puis annonça :
- Vainqueur : Uzumaki Naruto !
Pour la première fois depuis le début du tournoi, un tonner d’applaudissement retentit
depuis les gradins pour résonner dans toute l’arène. Naruto leva alors les yeux vers le ciel
pour apprécier pleinement ce moment. Puis il chercha ses amis parmi le publique, et leur fit le
signe de la victoire. Mais brusquement, la douleur à son épaule gauche augmenta intensément,
et il porta alors la main à sa blessure. La vache ! jura-t-il intérieurement. Ca fait mal ! Mais
peu importe, je n’ai pas l’intention de continuer. J’ai promis à Hinata-chan.
Sous des applaudissements qui ne faiblissaient pas, Naruto retourna aux quartiers des
combattants en contenant sa douleur. Dans le même temps, Hinata se leva de sa place et quitta
les gradins d’un pas décidé. Lorsqu’elle se retrouva dans le couloir de sortie, elle fut surprise
de voir Tsunade qui semblait l’attendre depuis peu.
- Tsunade-sama, fit la jeune fille. J’ai justement besoin de vous voir.
- Je sais. C’est à propos de Naruto, n’est-ce pas ?
- Oui. Je voulais savoir s’il pouvait s’arrêter là.
Le regard de l’Hokage devint soudain grave et elle soupira faiblement, comme si elle
s’était attendue à cette question. Elle mit un long moment avant de trouver un moyen de
répondre à Hinata :
- Je… pense qu’il pourrait devenir chunin dès maintenant. Mais c’est loin d’être sûr.
Il a eut beaucoup de chance.
- … Je comprends.
- Mais il faut que tu saches quelque chose sur cette Haruka, ou qui qu’elle soit
d’autre.
- Qu’est-ce que c’est ? fit soudain Hinata plein de curiosité et d’inquiétude.
- Elle pourrait très bien perdre contre lui.
La jeune fille ne chercha même pas à cacher son incroyable surprise face à cette
déclaration. C’est impossible ! Naruto m’avait dit plusieurs fois que Riuka était vraiment très
forte, et pourtant elle s’est fait battre si facilement. Haruka n’a même pas eut une
égratignure. Pourquoi Naruto pourrait-il la vaincre ?
- Je comprends ton étonnement, poursuivit Tsunade. Mais j’ai de bonnes raisons de
croire qu’il est l’une des rares personnes pouvant réussir à la battre.
- Pouvez-vous me les expliquer ?
Une moue de gêne apparut brusquement sur le visage de l’Hokage. Apparemment, elle
ne semblait pas enclin à donner ce genre d’information. Cela doit être quelque chose de
particulièrement important.
- Je pense que je peux te faire confiance, finit par dire Tsunade. En fait, il est possible
que Haruka soit liée à une prophétie du pays de la Terre : la Balance du Destin. Elle parle
d’un enfant aux pouvoir extraordinaires, capables de lire dans les cœurs et de vaincre ses
ennemis en utilisant leurs sentiments. Cet enfant apparaîtrait à la suite d’une série de grands
malheurs, afin de faire disparaître les conflits et de rétablir la paix. Mais…
- Laissez-moi deviner : pour cela, il faudrait détruire l’Humanité, c’est ça ?
- Comme toutes les prophéties, il est assez difficile de l’interpréter correctement. Mais
il y a de grandes chances pour que ce soit effectivement de cette façon.
- Haruka serait donc cet enfant… fit Hinata songeuse. Mais cela ne m’explique pas
pourquoi vous pensez que Naruto pourrait la vaincre.
- Comme je te l’ai dit, si elle est effectivement la réalisation de cette prophétie, alors
elle utilise principalement les sentiments des gens pour les détruire intérieurement. Tu as put
le voir avec Riuka : elle n’a pas eut la moindre blessure, et pourtant elle est morte. Or, je sais
que Naruto est parmi les ninjas qui possède les sentiments les plus purs, particulièrement
depuis votre mission au pays des Fleures.
Hinata sourit à cette dernière remarque, mais ce ne fut qu’un bref instant. Elle était
encore très inquiète, et Tsunade ne la comprenait que trop bien. Elle savait que Naruto était
quelqu’un d’incroyablement droit et pur d’esprit, mais pourtant, le doute subsistait. Et si les
pouvoir de Haruka allaient bien plus loin que cela ? Si elle pouvait manipuler les sentiments
avant de les utiliser pour les détruire ? Sans compter Kyuubi… si jamais elle réussissait à
l’utiliser, ce serait la catastrophe…
- Les membres du jury sont-il au courrant de cette légende ? demanda Hinata.
- Oui, tous. J’en ai d’ailleurs discuté avec eux avant de venir ici.
- Vous vouliez me voir ? Pour me demander de dire à Naruto de continuer le
tournois, c’est ça ?
- … c’est ça, avoua l’Hokage avec une pointe de regret dans la voix. Je sais que cela
doit être très difficile pour toi, mais tu dois comprendre que si Naruto ne l’arrête pas
maintenant, d’autres gens mourront. Beaucoup d’autres.
Hinata comprenait parfaitement, mais son cœur n’arrivait pas à s’accorder avec sa raison.
Si Naruto pouvait stopper Haruka, il fallait le laisser essayer, mais il pouvait très bien
échouer… et mourir. Je ne dois pas avoir peur, se dit-elle. Je ne dois pas avoir peur, et
particulièrement pour Naruto. Il a toujours surmonté toutes les épreuves qui se sont trouvées
devant lui, et il ne s’est jamais écarté de la ligne de conduite qu’il s’est fixé. Il peut le faire. Il
peut la vaincre. C’est pourquoi je dois le laisser continuer.
- C’est d’accord, dit-elle finalement. Je vais lui dire.
- Merci, Hinata-chan.
- Mais promettez-moi une chose.
- Laquelle ?
- Si jamais il échoue, je veux que vous mettiez tout en œuvre pour arrêter Haruka.
Absolument tout.
CHAPITRE TREIZE : CONFRONTATION
Naruto attendait son prochain combat avec un calme trompeur depuis maintenant une
bonne demi-heure dans les quartiers des combattants. Il n’avait même pas prit le temps
d’observer les autres match du tournois, préférant utiliser son temps à la méditation. Car pardessus tout, il avait besoin de se calmer, d’évacuer cette pression qui s’appliquait en
permanence sur l’ensemble de son corps, diminuait sa respiration et augmentait son stress. Il
faut que je trouve un moyen… vite. Haruka doit bien avoir un point faible. Je pourrais peutêtre utiliser la puissance de Kyubi, mais j’ai peur que cela cause des dégâts trop importants.
C’est alors que Naruto entendit la voix de l’arbitre annoncer la fin du dernier combat du
premier tour. Il ne fit même pas attention à qui avait put gagner, son attention étant
entièrement concentrée sur ce qu’il savait de son adversaire. Et malheureusement, il ne savait
presque rien. Il n’avait jamais vu Haruka combattre, et le peu qu’il avait vu de son match
contre Riuka n’avait rien d’un combat. Cela avait plus ressemblé à une exécution mentale,
comme si elle s’était seulement servie de sa pensée pour la tuer. C’est peut-être quelque chose
comme ça. Un art d’illusion genjutsu particulier permettant de tuer l’adversaire sans même le
toucher. Si c’est le cas, je ferais mieux d’éviter de la regarder dans les yeux…
Soudain, Naruto entendit de nouveau la voix de l’arbitre qui annonça :
- Bien ! Nous allons commencer les demi-finales ! Première demi-finale : Uzumaki
Naruto contre Haruka. Que les combattants se placent au milieu de l’arène !
Naruto respira un dernier grand bol d’air en fermant les yeux, inspirant par le nez et
expirant par la bouche, mais il ne sembla pas ressentir le moindre changement dans la
pression invisible qui l’écrasait. Acceptant cette faiblesse, il avança dans la lumière de
l’extérieur sous les applaudissements de la foule. Haruka le suivait de près, et ils se placèrent
tous deux au centre du terrain, attendant aussi calmement que possible le signal de l’arbitre.
Naruto avait un mal terrible à éviter de croiser le regard de la jeune fille. Elle portait toujours
ses vêtements amples totalement inadapté pour le combat, et ne semblait pas posséder de sac à
équipement. Elle n’utilise donc aucun objet particulier. Tout ce dont elle a besoin se trouve
directement en elle, et l’éventualité que sa technique échoue ne semble pas faire partie de ses
considérations. Son regard est toujours aussi froid… qu’a-t-elle bien put vivre pour être
devenu aussi glaciale ?…
- Combattants ! fit l’arbitre. Vous êtes prêts ?
Naruto et Haruka acquiescèrent chacun d’un faible hochement de tête, puis le signal du
départ fut enfin donné. Naruto effectua aussitôt un mouvement de retrait et créa une vingtaine
de clones parmi lesquels il se mélangea avant de les disperser aux quatre coins de l’arène. Je
dois diminuer au maximum ses chances de me prendre dans sa technique. De plus, j’ai
l’avantage de la mobilité, et je peut me démultiplier presque à l’infini. Si j’arrive à garder
cette confusion suffisamment longtemps, je pourrais trouver un moyen de la battre.
- Intéressant, lâcha Haruka d’un ton neutre en observant les clones. Tu penses pouvoir
m’échapper avec ça ?
Le jeune garçon ne répondit pas. Je ne dois pas tomber dans son jeu. Je ne dois pas faire
l’erreur de trop parler. Sinon, je risquerais de lui donner des informations précieuses sur mes
techniques ou ma stratégie, qu’elle pourrait très bien retourner contre moi.
- Tu es quelqu’un d’intéressant, continua Haruka sans bouger de sa position. J’ai
attendu longtemps pour pouvoir t’affronter, tu sais ? Le ninja qui a vaincu Gaara du Sable,
qui s’est opposé à Orochimaru, et qui a sauvé le Pays des Fleures. Tes exploits sont presque
des légendes pour les autres pays. J’ai dû faire tellement pour pouvoir t’attendre, et
maintenant tu es enfin devant moi.
Elle est venue à l’examen uniquement pour m’affronter ? Pourquoi ? Est-ce que ce serait
un piège pour me faire parler ? Pourtant, elle a l’air de bien me connaître. De plus, cela ne
fait que peu de temps que nous avons sauvé le Pays des Fleures, les autres et moi… Pour
savoir cela, elle doit vraiment s’être beaucoup intéressé à moi. Cela ne ressemble pas à une
ruse, mais je vais quand même prendre mes précautions…
L’un des clones de Naruto avança vers la jeune fille, et lui lança :
- Pourquoi tenais-tu autant à me rencontrer ?
Parce que tu es celui qui cherche à retrouver Uchiwa Sasuke plus que n’importe
qui.
- Quoi ? Tu le recherche aussi ? Pourquoi ?
- Tu le sauras bien assez tôt.
C’est alors que la couleur des yeux d’Haruka changea, passant du vert profond d’une mer
d’émeraude au bleu intense d’un ciel d’été. Ils semblaient briller d’une énergie surnaturelle
alors qu’elle regarda droit dans les yeux le clone qui avait parlé. Celui-ci s’immobilisa
aussitôt, puis disparut dans un nuage de fumée.
Tu sembles prendre beaucoup de précautions contre une simple jeune fille
désarmée, fit Haruka. Mais ce n’est pas bien grave. Maintenant que je t’ai en face de moi, je
n’aurais aucun ressentiment à utiliser ma technique à son plein potentiel.
La jeune ninja déboutonna lentement sa robe blanche pour l’enlever, révélant la peau
meurtrie de son corps couvert de blessures, de brûlures et cicatrices. Elle ferma alors les yeux
et joignit ses mains comme pour prier. Puis, lentement, sa peau se mit à se couvrir de
symboles étranges, aussi rouges que le sang. Leurs formes ressemblaient à de petites
silhouettes fantomatiques déformées, comme s’il s’agissait d’autant d’esprit emprisonnés en
elle, et qui cherchaient à s’échapper. Ces symboles se mirent brusquement à bouger
parcourant sa peau en tout sens comme une foule paniquée cherchant la sortie d’une pièce où
on aurait introduit un monstre.
Naruto ne comprit que trop tard à quoi servait cette technique : elle permettait de lancer
un genjutsu de n’importe quelle partie de son corps. Avant qu’il ne puisse réagir, le garçon
ressentit tous ses muscles se raidir violemment, et tous ses clones disparurent rapidement, ne
laissant plus que lui face à Haruka.
- Je te tiens, fit-elle d’une voix toujours aussi froide. Maintenant nous allons jouer à
un jeux.
- Qu… quel jeux ?
- Un jugement.
Soudain, l’espace autour de Naruto s’évanouit, ne laissant qu’un noir absolu où rien
n’était visible. Je dois rester calme. Ce n’est qu’une technique d’illusion. Je peux m’en
échapper si j’arrive à faire fluctuer le chakra dans mon cerveau.
C’est alors que Haruka apparut devant lui, de nouveau vêtue de son ample robe
étincelante. Comprenant que la technique de la jeune fille s’approchait de plus en plus du
moment mortel, Naruto se concentra sur ses flux de chakra, tentant désespérément d’échapper
à cette obscurité.
- C’est inutile, annonça Haruka. Ce n’est pas une simple technique d’illusion. Il n’y a
qu’un seul moyen d’y échapper, et c’est en affrontant ton jugement.
Soudain, une surface dorée apparut sous les pieds de Naruto. Alors qu’il tournait son
regard de part et d’autres, il se rendit compte qu’il se trouvait au bord d’un gigantesque
plateau d’or circulaire, dont le bord opposé lui semblait être aussi lointain que l’horizon d’un
océan. Quelques secondes plus tard, un autre plateau tout aussi grand apparut en face de celui
sur lequel il se trouvait, quelques centaines de mètres plus bas dans cet espace ténébreux.
Puis, ce furent d’énormes câbles qui surgirent des ombres, partant des extrémités de chaque
plateau, et s’unissant au-dessus de leurs centres avant de se rejoindre au niveau d’un énorme
pilier. Celui-ci faisait presque la largeur d’un bâtiment, et son pied se perdait dans les ténèbres
abyssales qui se trouvaient en dessous. Le tout formait une balance aux dimensions
titanesques…
- Bienvenu sur mon terrain de jeu, fit Haruka. Bienvenu sur le lieu de ton Jugement.
Tu vas maintenant affronter la Balance du Destin.
CHAPITRE QUATORZE : LE JUGEMENT
- La Balance du Destin ? répéta Naruto.
- C’est ainsi que j’ai nommé cet endroit, expliqua Haruka. Il se trouve quelque part
dans une dimension parallèle à notre monde, en un lieu que l’on ne peut atteindre qu’en
mourrant.
- Alors je suis déjà…
- Mort ? D’une certaine façon, c’est exacte : j’ai coupé l’ensemble des flux de chakra
de ton cerveaux, ce qui t’as placé en mort cérébrale. En ce moment, ton véritable corps est
toujours au milieu de l’arène, mais ton âme est ici.
Naruto regarda alors ses mains, et comprit alors qu’elle n’avait pas la même consistance
que d’habitude. Elle semblaient comme diluée dans l’air ténébreux de cet endroit, aspirée par
le vide de ce noir absolu qui l’entourait. Mais la matière qui constituait la balance aux
dimensions gargantuesques était bien réelle, sa surface dorée reflétant une lumière qui ne
venait de nulle part. Il n’y avait aucun soleil, aucune source lumineuse, et pourtant chaque
objet était éclairé comme en pleine journée. Alors c’est ça qui est arrivé à Rukia ?
- Et pourquoi est-ce que tu es là, toi ?
- Je suis le Juge de la Balance, ce qui fait que je peux assister aux jugements de ceux
qui sont tués par ma technique de genjutsu.
Haruka se trouvait au sommet de l’énorme pilier central de la balance, à quelques
centaines de mètres de Naruto, et pourtant celui-ci pouvait entendre chacun de ses mots aussi
clairement que si elle était en face de lui. Sa position était clairement celle d’un maître.
- En fait, fit Haruka, il te restes encore une chance de revenir à la vie : si tu passes
l’épreuve du Jugement avec succès, tu pourras regagner ton corps et tes flux de chakras
redeviendront normaux.
- Et comment se déroule cette épreuve ?
- C’est un combat. Un combat contre tes propres sentiments.
La jeune fille forma alors une série de sceaux, et soudain, d’innombrables d’entités
fantomatiques apparurent sur les surfaces des deux plateaux. Peu à peu, les formes de
certaines d’entre elles devinrent plus nettes, plus réelles, et Naruto put reconnaître leurs
visages. Ils étaient trop nombreux pour qu’il puisse les identifier tous, mais il avait autour de
lui tous ses amis, de Konoha et d’ailleurs, ainsi que d’autres personnes qu’il avait rencontré
durant ses aventures et avec qui il avait tissé des liens d'attachement.
Dans le même temps, il put reconnaître sur le plateau opposé de la balance tous les
adversaires les plus mauvais et maléfiques qu’il avait put affronter au court de sa vie. Tous
ces visages ennemis lui firent remonter tellement de souvenir qu’il aurait voulu oublier, et
tellement de sentiments qu’ils n’aimait pas ressentire. Pourquoi cette répartition aussi
tranchante ? Que cherche-t-elle à faire ?
- Mais avant que tu n’affrontes ce qui se trouve au fond de toi-même, fit Haruka, je
veux que tu me dises où se trouve Uchiwa Sasuke.
- Pourquoi veux-tu le savoir ?
- Parce qu’il est un peu particulier. Alors ?
- Je ne sais pas où il est.
- Mais si tu le sais. Enfin, maintenant que tu es mort, tu le sais.
- Quoi ?
- Cet endroit est un peu spécial : tout est gouverné par les émotions et les sentiments
que tu portes envers les gens. De ce fait, si l’un de tes désir est suffisamment fort, il se
réalisera. Tu es celui qui souhaite retrouver Sasuke par-dessus tout, et c’est pourquoi j’ai tant
cherché à t’affronter. Tu es le seul qui puisse me guider jusqu’à lui.
Naruto ne parvenait pas à croire en ce que disait la jeune fille. Ces paroles lui semblaient
totalement insensées. Mais tout en cet endroit me paraît insensé. Serait-ce possible que je
puisse trouver où Orochimaru a caché Sasuke, rien qu’en le voulant ?
Et brusquement, il s’aperçut qu’il savait. C’était comme s’il l’avait toujours su, sauf qu’il
venait tout juste de le découvrir. La surprise fut telle qu’il ne réalisa pas l’erreur qu’il fit en
déclarant à voix haute :
- Jacurutu. Il est à Jacurutu.
- Je te remercie pour cela, fit froidement Haruka. Maintenant tu vas pouvoir mourir.
Naruto se maudit intérieurement pour cette faiblesse d’esprit, et serra les dents de rage en
comprenant son impuissance. Il se retrouvait face à une puissance qui le dépassait
complètement, et devant laquelle il se sentait ridicule. Aucune échappatoire n’était en vue…
- Comme ton combat risque d’être intéressant, déclara Haruka, je vais t’en expliquer
les règles :
« Cet endroit rassemble toutes les âmes qui ont existé en ce monde depuis la
conception de la Balance, il y a des siècles. Celles des personnes que tu as rencontré durant ta
vie possèdent une présence physique lors de ton jugement, et son réparties entre ces deux
plateaux selon les sentiments que tu leur portes. Lorsque je débuterai l’épreuve, elles seront
libérées de toutes contraintes, et agiront selon leurs volontés propres. Certaines décideront de
t’ignorer, et d’autres se feront un plaisir de te combattre ou de t’aider.
« Les limites du temps, de l’espace et de la Mort n’ont pas court ici. Peu importe que
ces personnes soient à l’autre bout de la Terre ou dans l’au-delà, elles agiront autant que les
autres. Et ne pense pas que, simplement parce que tu les portes dans ton cœur, les personnes à
tes côtés se battrons à tes côtés se battrons pour toi. Tu ne sera probablement pas assez
important à leurs yeux pour qu’ils se fatiguent à t’aider dans cette bataille. Certains risquent
même de te montrer leurs véritables sentiments en te poignardant dans le dos.
« Chaque âme que tu vois ici est entière, et se battra au maximum de ses capacités,
même si cela signifie de te dévoiler des techniques que tu n’as jamais vu. Mais ce n’est pas le
chakra qui constitue l’énergie vitale ici. En ce lieu, seuls les sentiments sont puissants.
« L’épreuve se déroule en deux étapes : d’abord, je libèrerai uniquement les entités se
trouvant sur ton plateau, le Plateau de l’Amitié. Si tu arrives à vaincre les ennemis dissimulés
au sein de tes amis, alors je libèrerai ceux qui se trouve sur l’autre plateau, le Plateau de la
Haine. Et si tu survie à ça, alors tu pourras retrouver ton véritable corps et ressusciter.
Naruto comprit alors toute l’ampleur de la situation. Il s’agit réellement d’un Jugement.
Un jugement rendu par toutes les personnes que l’on a connu, et pour lesquelles nous avons
exprimé un sentiment, quel qu’il soit. C’est le moment où nous devons affronter la dure réalité
de ce qu’elles ressentent réellement pour nous, et prouver qu’elles veulent nous voir vivre à
nouveau. Vu sa personnalité, Riuka n’a pas dû avoir la moindre chance.
- Cet endroit est mon terrain de jeu, fit Haruka. C’est ici que je vois les êtres humains
affronter ce qu’ils sont au fond d’eux-mêmes. Je les force à faire face à tout ce qu’ils
détestent, afin qu’ils voient combien ce monde est noir, et combien leur cœur est sombre.
Personne n’a jamais survécu à ce lieu, et tu ne seras pas une exception.
Hinata savait. Elle savait en quoi consistait le pouvoir d’Haruka. Je ne sais pas comment
elle pouvait le savoir, mais en tout cas, elle est certaine que je peux réussi cette épreuve. Elle
mieux que quiconque connaît mes sentiments, et les sentiments de ceux que j’ai rencontré.
Elle a confiance en moi, et c’est tout ce dont j’ai besoin.
- Tu es prêt ? demanda Haruka.
Un sourire apparût soudain sur le visage de Naruto. La confiance revenait en lui, et c’est
avec une grande détermination qu’il déclara lentement :
- Oui. Je suis prêt.
- Alors, que le Jugement commence !
CHAPITRE QUATORZE : SASUKE
Naruto regarda tout autour de lui, cherchant à identifier le plus grand nombre des
personnes qui se trouvaient à ses côtés, alors que ces dernières commençaient à s’animer
lentement. Il y avait là presque tous les habitants de Konoha, même feu le troisième Hokage,
revenu d’entre les morts. Naruto reconnu aussi Gaara, dans son costume de Kazekage, ainsi
que Kankuro et Temari, entouré de plusieurs habitants du village du Sable, et aussi
d’innombrables autres personnes des autres pays que le jeune Uzumaki avait rencontré. Ils
étaient si nombreux. Je ne pense pas pouvoir douter de leurs sentiments envers moi. J’ai tissé
avec eux tous des liens si forts que rien ne pourrait les retourner contre moi. En fait, la seule
personne parmi eux qui pourrait vouloir m’affronter serait…
Naruto scruta la foule en tous sens, sans se rendre compte que l’inquiétude commençait à
le gagner, augmentant au rythme de ses battements de cœur. Puis il finit par le voir.
Sasuke…
Le jeune ninja du clan Uchiwa approchait de Naruto en écartant violemment la masse
des gens qui les séparaient, son visage toujours aussi inexpressif. Il était vêtu d’un kimono
blanc et noir portant la marque du sceau maudit d’Orochimaru, et gardait sa main droite sur la
garde du long katana qui pendait à sa ceinture. Il s’arrêta à environ dix mètres de Naruto,
mais la tension qui se lisait dans ses yeux obligea la foule à s’écarter pour former un cercle
autour des deux ninjas, dans lequel personne n’osa entrer, de peur de perturber cet instant
crucial. De longue secondes s’écoulèrent alors qu’ils se regardaient dans les yeux, comme
s’ils cherchaient à y lire les pensées de l’autre. Puis Naruto se décida à parler :
- Alors… que vas-tu faire, Sasuke ?
- Tu es encore assez bête pour me poser la question ? répliqua l’Uchiwa avec un
immense mépris. Je te l’ai déjà dit : j’éliminerai quiconque cherche à s’opposer à ma
vengeance.
- Mais je ne veux pas t’en empêcher.
- Je sais, fit Sasuke avec une réelle franchise. Mais tu t’opposes à ma recherche de la
puissance. Cela revient à m’interdire de me venger, et je ne peux pas le permettre.
- Alors tu va me tuer ?
- Cela m’est nécessaire, pour deux raisons.
C’est alors qu’une grande partie de la foule s’avança pour se placer derrière Naruto,
prêts à l’aider. De Rock Lee à Neji, de Gaara à Shikamaru, de Kakashi à Sandaimee, et même
plusieurs personnes qui n’étaient même pas des combattants, qu’ils soient de Konoha ou
d’ailleurs. Hinata vint à ses côtés et lui prit la main pour le rassurer, gardant son sourire
confiant. Mais la détermination de Sasuke n’en fut pas affectée le moins du monde. Sa main
ne quittait pas la garde de sa lame, et ses yeux ne quittaient pas ceux de Naruto. Celui-ci
n’arrivait pas à trouver un moyen pour convaincre son ami de renoncer à le combattre. Sa
détermination était immense, de même que sa haine. Plus rien d’autre ne comptait plus que sa
vengeance contre son frère, Itachi. Itachi…
- Si tu décides de te battre à mes côtés, alors tu pourras te venger ici même.
- Qu’est-ce que tu veux dire ?
- Itachi attend sur l’autre plateau de la balance. A partir de maintenant, tu as deux
solutions : soit tu me rejoints, et tu pourras alors l’affronter, soit tu refuses, et cette
opportunité t’échapperas pour toujours.
Le regard de Sasuke changea aussitôt, et un doute profond immergea ses yeux, qu’il
ferma pour tenter de dissimuler cette émotion. Calmement, il considéra la situation, puis
annonça :
- Mais même si j’accepte et que j’affronte Itachi, je ne pourrais pas le tuer ici.
- C’est vrai, mais tu pourras au moins tester ta force face à la sienne. Tu pourras
éprouver ses techniques et trouver ses faiblesse. Cela augmentera tes chances pour lorsque tu
l’affrontera réellement.
Un faible sourire apparut sur le visage de Sasuke, et Naruto crut qu’il avait réussi. Mais
le regard de l’Uchiwa n’avait pas changé, restant toujours aussi froid et méprisant,
transformant ce sourire en une expression d’ironie blessante.
- Tu crois vraiment pouvoir me convaincre comme ça ? lança-t-il. Oublierais-tu où
nous nous trouvons ? Ce lieu n’est pas réel, et je ne suis pas réellement là. Seule une infime
partie de mon âme est venue ici pour faire ce choix que tu me tend comme un appât à insecte.
Lorsque tout ceci sera terminé, cette parcelle de moi retournera à mon corps, mais aucun
souvenir ne l’accompagnera. Combattre mon frère ici ne me servira à rien. Par contre, j’ai une
opportunité de te tuer, toi et l’obstacle que tu représentes.
Naruto sentit brusquement un accablement profond l’envahir. L’espoir l’avait totalement
quitté, et il se rendit alors compte que c’était la première fois que cela lui arrivait. La première
fois de toute sa vie. J’ai échoué. Je ne réussirai jamais à le résonner. Je n’arriverai pas à
récupérer mon meilleur ami. Et je n’aurais jamais la force pour l’affronter, encore moins
pour le tuer, même ici. Tout est fini…
- Mais cette proposition m’amuse, continua Sasuke. Même si cela ne m’apportera rien
et que je n’en garderai aucun souvenir, je ne peux pas refuser une telle occasion. J’accepte de
t’aider, jusqu’à ce que j’ai tué Itachi.
CHAPITRE QUINZE :
- Content de te revoir parmi nous, dit simplement Naruto, tentant de dissimuler son
soulagement.
- Ne te réjouit pas trop vite, fit Sasuke toujours aussi froidement.
Bien que cette alliance ne soit que temporaire, Naruto ne pouvait que se réjouir de la
décision de son ami. Il avait ainsi évité un combat qui, même facile à remporter avec l’aide de
tous ses autres amis, aurait causé en lui des dommages aussi colossaux qu’irréversibles. Je
dois faire en sorte de le garder à mes côtés le plus longtemps possible, même si cela consiste
à protéger Itachi…
C’est alors que Naruto sentit le bras d’Hinata s’enrouler autour du sien, lentement, pour
joindre sa main dans celle du garçon. Il se rendit alors compte que c’était parce qu’il
tremblait, et qu’elle voulait le rassurer. Le regard de la jeune fille était rempli d’une confiance
sans borne, qui se diffusa en lui comme une douce chaleur, tandis que la tendresse transmise
par sa main le remplissait d’un calme immense. Il savait bien que ce n’était pas réellement
Hinata, mais cela importait peu. Ses sentiments étaient les mêmes.
- Allons, allons, intervint soudain Haruka du haut de son perchoir. Ne te repose pas
sur tes lauriers. Ce n’était qu la partie facile. Rien d’étonnant lorsque l’on voit ta capacité à te
faire des amis. Mais tu as également rencontré beaucoup des plus dangereux combattants de
ce monde, et ils t’attendent sur l’autre plateau. Auras-tu le courage de les affronter ? Et tes
amis auront-ils envie de t’y aider ?
- Ne t’inquiète pas pour ça, fit Naruto. Je suis prêt. Et eux aussi.
Une moue de mécontentement apparut sur le visage de la mystérieuse jeune fille. C’était
la première émotion qu’elle exprimait devant Naruto, et celui-ci en fut quelque peu satisfait.
Mais son plaisir fut de courte durée lorsqu’il s’approcha du bord de son plateau, le plateau de
l’Amitié, pour voir s’animer au loin des silhouettes qu’il aura voulu ne jamais revoir :
Kisamee, Kabuto, Itachi, les cinq ninjas du son, Orochimaru, et les innombrables autres
ennemis qu’il avait rencontré. Mais surtout, il y avait au-dessus de cette foule neuf énormes
silhouettes, dont deux seulement sortirent de l’ombre : le Raton-Laveur des sables et le
Renard de feu, Ichibi et Kyubi. Oh non, pas eux…
Le doute commença soudain à ronger le jeune garçon. Alors qu’il se tournait vers ses
amis, il put lire sur le visage de chacun la peur qu’ils ressentaient en voyant s’éveiller de si
terribles adversaires. Même s’ils étaient nettement plus nombreux que leurs ennemis, la
combinaison de leurs forces pouvait ne pas être suffisante. Le village de Konoha avait faillit
disparaître en tentant de maîtriser Kyubi, et Ichibi avait répandu la même terreur à travers le
pays du Sable. Ces deux bijuus, ces créatures légendaires, représentaient à eux seuls une
menace bien plus grande que l’ensemble des autres ennemis présents sur le plateau de la
Haine. Mes amis tiennent-ils assez à moi pour se risquer à affronter ces deux monstres ?
Alors qu’il se posait cette douloureuse question, torturant son esprit à l’extrême, Hinata
se tourna vers la foule de ses amis. D’une voix forte et emplie de détermination, elle déclara :
- Habitants de ce monde ! Nous nous trouvons ici aujourd’hui rassemblés pour un
choix. Un choix qui déterminera la survie d’une personne qui nous porte tous dans son cœur :
Uzumaki Naruto. Nous devons choisir entre l’aider à affronter ses ennemis pour rester
continuer à vivre, ou le laisser combattre seul sans se soucier de sa survie. Car il ne s’agit que
de cela : de sa survie.
« Car contrairement à lui, nous ne sommes pas entièrement là. Si nous mourrons ici,
ce ne sera qu’ici, pas en vrai. Alors que si lui meure ici, ce sera définitivement. Allons-nous le
laisser risquer sa vie seul sans rien faire ? Importe-t-il si peu pour nous ? Sommes-nous si
égoïstes pour le laisser mourir ainsi ? Je vous laisse choisir par vous-même, mais moi, je vais
l’aider, avec ou sans vous.
Et, sans attendre la moindre réaction, sans même espérer quoi que ce soit, Hinata saisit
fermement la main de Naruto, et le força à sauter avec elle jusqu’à l’autre plateau de la
balance. Ils chutèrent de plusieurs dizaines de mètres, mais atterrirent comme s’ils n’avaient
sauté que du premier étage d’une maison. Lorsqu’ils se relevèrent, ce fut pour affronter le
regard des êtres parmi les plus malfaisants qui aient jamais existé en cette époque. Et
maintenant ? pensa Naruto. Que va-t-il se passer ?
Le premier à avancer vers les deux jeunes ninjas fut Orochimaru, dont les yeux de
serpent exprimaient un amusement sadique. Rapidement, il fut suivit par ses semblables, mais
brusquement, une gigantesque patte enflammée s’abattit devant eux. Kyubi ne semblait pas
avoir l’intention de les laisser faire. Est-ce qu’il voudrait… me protéger ? espéra Naruto au
fond de lui-même. Je ne l’ai jamais aimé, mais c’est vrai qu’il fait partie de moi. Ma vie et la
sienne sont étroitement liées. Cela voudrait-il dire qu’il ne peut pas me laisser mourir ?
- Où est-ce que vous croyez aller, avortons ? rugit le bijuu d’une voix qui n’était que
fureur et rage. Ce garçon est à moi !
Orochimaru et les autres se mirent aussitôt à reculer. La puissance brut de Kyubi était
quelque chose d’impressionnant et d’incroyablement intimidant, même pour eux. Non sans
afficher un grand mécontentement, ils s’écartèrent de Naruto et d’Hinata, que Kyubi regard
d’un air malicieux.
- Parmi nous tous, je suis celui qui tirerait le plus grand profit de sa mort. S’il meure,
alors je serais libre ! LIBRE ! Alors laissez-moi le tuer moi-même, ou je vous écrase comme
les vulgaires insectes que vous êtes !
Une boule se forma soudain dans la gorge de Naruto. Kyubi le dominait d’une bonne
vingtaine de mètres, et respirait une puissance destructrice capable de dévaster le monde
entier. Et dire que depuis ma naissance, j’ai ça à l’intérieur de moi…
- Alors, gamin ! continua le renard géant. Tu as perdu ta langue ? D’habitude, tu
répond assez facilement. Qu’est-ce qui t’arrive, tout d’un coup ? Aurais-tu peur ?
Ce dernier mot eut autant d’impact sur Naruto qu’une volée de shurikens. Un déclic
survint brusquement en lui, et son esprit retourna à ce jour si lointain où il avait accomplit sa
première vraie mission de ninja. C’était la dernière fois qu’il avait succombé à la peur, et que
cela avait faillit coûter la vie à ses amis. Depuis ce jour, il avait juré sur son sang de ne plus
jamais montrer une telle faiblesse. Plus jamais…
La volonté de cet instant passé revint alors en lui, et il retrouva ces sentiments qui le
caractérisait autant : la volonté de protéger ces amis. Et pour continuer à les protéger, il devait
survivre à son Jugement. Lentement, le jeune garçon se releva, et fixa Kyubi droit dans les
yeux :
- J’ai juré de ne plus jamais avoir peur. Je ne ferais pas une exception juste pour ta
sale gueule.
- Tu est vraiment un gamin arrogant, grogna Kyubi. Je vais me faire un plaisir de te
mettre en pièce, toi et ton amie.
- Non, tu ne la touchera pas.
Une moue qu’on pouvait traduire comme de l’amusement apparut sur le visage du bijuu.
Un sourire en coin trancha sa gueule en deux alors qu’il inclinait légèrement la tête dans la
mimique d’un animal curieux.
- A bon ? fit-il d’un air moqueur. Et pourquoi ça ?
- Parce que même si elle n’est présente ici qu’en partie et qu’elle ne peut pas
réellement mourir, je ne te permettrai jamais de lui faire du mal ! Parce pour moi, mes amis
comptent plus que ma propre vie, et je les protègerai quel qu’en soit le prix, même dans ces
circonstances, même si pour cela je dois t’affronter seul ! Ils font partie de moi, et si un seul
d’entre eux meure ici, mon âme en sera à jamais changée ! C’est pour eux que je me bats !
C’est pour eux que je veux devenir Hokage ! Et c’est pour eux que je vais te mettre une
raclée !
- PAS SANS NOUS !!!
Ce cri avait été poussé par tellement de voix différentes que Naruto n’en reconnu aucune.
Mais un instant plus tard, il put voir les innombrables silhouettes de ses amis atterrir derrière
lui, prêts à la bataille. Même certains qui n’étaient pas des combattants avaient décidé de venir
l’aider. Une véritable armée avait envahi le plateau de la Haine, mais cela n’eut pour effet que
d’élargir le sourire sadique de Kyubi…
CHAPITRE DIX-SEPT : LE DEMON-RENARD
Parmi les amis de Naruto, seul Sasuke était resté sur le plateau de l’Amitié, avec Sakura à
ses côtés qui tentait de le raisonner. Mais rien à faire : si Itachi n’intervenait pas, il n’avait
aucune raison de s’impliquer dans la bataille. Désespérée par son comportement, Sakura
hésitait entre descendre aider Naruto et rester là à essayer de convaincre celui qu’elle avait
toujours aimé. Finalement, elle se dit qu’elle serait nettement plus utile si elle réussissait à
ramener Sasuke dans le bon chemin, et décida de rester à ses côtés.
Pendant ce temps, en bas, Kyubi avait déjà engagé les hostilités, balayant l’espace autour
de lui de toute la terrible puissance de ses neufs queues. Naruto et ses amis avaient
énormément de mal à se défendre, et encore plus à attaquer, mais progressivement une
stratégie fut mise en place : ceux qui possédaient les meilleurs techniques de défense, comme
Gaara, Hinata ou Neji, avaient pour tâche de créer des zones de sûreté à l’intérieur desquels
les autres se protégeaient des coups portés par Kyubi avant de lancer leurs propres attaques.
C’était une chose impressionnante que de voir combattre côte à côté tant de si grands
ninjas, tous employant leurs techniques au maximum de leur puissance. Kakashi tentait de
trancher les queues du bijuu grâce à son Raikiri, tandis que Chouji employait toute sa force
pour affaiblir l’une de ses pattes aux côtés de Tsunade. De leur côté, Kantouro et Kiba
jouaient avec l’attention du Démon-Renard, l’un en utilisant ses nombreuses marionnettes et
l’autre en sautant dans tous les sens devant son énorme regard. De nombreux autres groupes
s’étaient formés plus ou moins instinctivement, chacun avec son objectif propre, comme les
nombreuses pièces d’un puzzle constituant un plan global. Mais ce plan peut-il nous mener à
la victoire ? demanda Naruto. Avons-nous une chance de gagner ?
Parmi tous les adversaires de Kyubi, c’était Gamabunta, le maître des Grenouille, qui
représentait la plus grande menace. Même s’il était incroyablement moins puissant que le
Démon-Renard, sa taille égale à celle du bijuu faisait qu’il pouvait aisément lui causer de gros
dégât, surtout avec son katana. C’est pourquoi Kyubi se concentra principalement sur lui dès
le début de la bataille, lacérant le crapaud géant de toutes ses griffes avec la rage qui le
caractérisait tant. Rapidement, Gamabunta fut obligé de se retirer, attendant un moment plus
propice pour intervenir. D’un saut puissant, il retourna sur le plateau de l’Amitié et
commença à lécher ses plaies, laissant les autres amis de Naruto affaiblir Kyubi.
Le jeune Uzumaki, quant à lui, avait créé un nombre incroyable de clones qui avaient
deux fonctions : la première était d’apporter un soutient au plus grand nombre possible, que
ce soit en appuyant les attaquants qu’en protégeant les non-combattants, et la deuxième était
d’empêcher Kyubi de le cibler efficacement. Jusque là, aucune perte n’avait été déplorée,
mais il y avait déjà de nombreux blessés, principalement parmi les non-combattants. Naruto
employait plus de la moitié de ses clones à protéger ces gens désarmés contre les attaques de
Kyubi, car chacun d’eux comptait trop pour qu’il accepte de les voir mourir, même en rêve.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que le Démon-Renard ne se ménageait pas. Ses neufs
queues à moitié enflammées balayaient la surface du plateau avec une violence digne de la fin
du monde, mais il usait également de ses griffes et de ses crocs avec une rapidité diabolique
compte tenu de sa taille. Peu importe la quantité de dommage qu’il encaissait, il ne montrait
pas le moindre signe de fatigue. Il nous faut changer de tactique. Sinon nous serons à bout de
force bien avant lui.
Mais Kyubi n’avait pas l’intention de les laisser s’organiser. Ses attaques incessantes
rendaient carrément impossible toute concertation prolongée, ne permettant que de courts
conseils hurlés au milieu du chaos de la bataille. La confusion ne tarda pas à être totale sur le
plateau de la Haine, et une faiblesse mentale ne tarda pas à envahir Naruto et ses amis. Mais
le jeune Uzumaki n’avait pas dit son dernier mot : d’une série de sceaux rapides, il créa une
bonne cinquantaine de clones qu’ils répartit par paire pour préparer des rasengans. La plupart
d’entre eux furent écraser sous les queues de Kyubi avait qu’ils ne soient prêts, mais les
survivants étaient suffisants pour la réalisation de son plan. Les clones restants se dispersèrent
avant de sauter droit vers la tête du renard géant qui ne sût pas lequel écarter. Leur cible était
évidente : les yeux du bijuu.
Malheureusement pour lui, le Démon-Renard ne comprit cela que trop tard. Il intercepta
une bonne partie des clones grâce à ses deux queues les plus proches, mais une bonne dizaine
d’entre eux réussirent à atterrir sur son visage, faisant fi de l’intense chaleur qui se dégageait
du pelage de la bête. Avant même qu’une gigantesque patte s’abatte sur eux, leurs rasengan
transpercèrent les paupières géantes pour atteindre la masse gélatineuse de ses yeux, et
lorsque Kyubi les écrasa sous ses puissantes griffes, il était déjà aveugle.
- Bravo Naruto ! scandèrent ses amis. T’es formidable !
Mais leur joie ne fut que de courte durée. En effet, la fureur de la bête légendaire fut
décuplée par cette blessure, et bien qu’il ne pouvait plus voir ses ennemis, sa puissance ne se
donnait désormais plus aucune limite. Une aura impressionnante de chakra rouge entoura tout
son corps alors qu’ils multipliait les coups portés au hasard. Si cette bataille s’était passé en
un endroit réel, le paysage aurait certainement été transformé en une antichambre de l’enfer,
mais la nature surnaturelle de la balance ne souffrait d’aucun dommage. Ce terrain
parfaitement plat avantageait grandement Kyubi, car il ne laissait aucune protection, aucun
couvert, rien qui ne puisse s’interposer entre lui et ses proies.
Heureusement, maintenant que la bête était aveugle, il était plus facile pour Naruto et ses
amis de se rassembler pour établir un plan. Plusieurs des ninjas les plus rapides comme
Kakashi, Lee et Gai se chargèrent de distraire Kyubi par des attaques furtives d’un côté, tandis
que de l’autre, le reste des combattants se concertaient :
- Il faut arriver à l’immobiliser, déclara Sandaimee.
- Et comment est-ce qu’on est sensé procéder, fit Naruto.
- Déjà, nous devons le mettre à terre en attaquant ses pattes. Si nous arrivons à en
briser deux, ça devrait suffire. De préférence celle de devant.
- Chouji et moi avons presque réussi à en broyer une, annonça Tsunade. Si on s’y met
tous, ça devrait pouvoir marcher.
- Gaara, fit Naruto. Est-ce que tu pourrais t’en charger avec ton Cercueil du Désert ?
Le Kazekage, libéré de l’emprise qu’Ichibi avait sur lui dans la vie réelle, esquissa un
difficile sourire de complicité qui combla Naruto de joie. En fin de compte, il est comme tout
le monde. Lorsque tout ceci sera finit, il faudra vraiment que j’aille le voir à Suna…
- Sans problème, répondit Gaara. Tu peux compter sur moi.
- Parfait, fit Sandaimee. Et ensuite, on se concentrera sur sa tête jusqu’à ce qu’il
s’effondre. Inutile d’attaquer ses queues : elles repousseraient aussitôt, et Naruto le sais aussi
bien que nous.
Les ninjas acquiescèrent tous énergiquement, traduisant dans leur geste l’impatience qu’ils
avaient d’accomplir ce plan. Lorsque Sandaimee donna le signal, ils se dispersèrent en
plusieurs groupes de combat. Gaara fut placé en première ligne. Il ne lui fallut pas longtemps
pour repérer la patte déjà fragilisé par Chouji et Tsunade, et il s’attela aussitôt à finir le travail.
Malheureusement, ce lieu était totalement dépourvu de sable ou même de terre, et la seule
matière qu’il avait à disposition était le sable enfermé dans sa gourde. De plus, Kyubi ne
semblait pas vouloir se laisser faire, et rendait la tâche encore plus dure. Il fallut l’aide de
plusieurs autres ninja parmi les plus talentueux pour réussir à broyer la première patte.
La rage de Kyubi, aux dimensions déjà gigantesque, prit soudain une ampleur dépassant
l’imagination de n’importe quel homme. Ses mouvements furieux causèrent des explosions de
flammes tout autour de lui, tandis que son corps s’agitait en tout sens pour empêcher d’autres
blessures. Rapidement, il devint presque impossible d’approcher le bijuu à moins de dix
mètres. Quelques uns tentèrent bien le coup, mais furent aussitôt balayés par les coups
imprévisibles de la bête. Ainsi, Kakashi, Neji et plusieurs autres se retrouvèrent hors de
combat, mais sauvés in extremis par les clones que Naruto envoya.
- On ne peut absolument rien faire ! cria Naruto par-dessus le bruit apocalyptique.
Qu’est-ce qu’on fait ?
Mais avant qu’une réponse ne lui vint, un éclair traversa l’espace depuis le plateau de
l’amitié et fila vers Kyubi. L’instant d’après, la seconde patte avant du bijuu se retrouva
tranchée en deux au niveau du genoux, et la bête s’effondra en avant dans un râle qui brisa de
nombreux tympans. Lorsque le corps de Kyubi toucha le sol, Sasuke était devant lui en train
de ranger son katana, avec Sakura à ses côtés.
La jeune fille accueillit aussitôt la tête du monstre par un puissant coup de poing digne de
son maître, et l’envoya rouler sur le côté. Sans lui laisser le temps de se relever, Sasuke
agrippa Sakura par les hanches et les deux ninjas attaquèrent à nouveau. La rapidité de
mouvement de Sasuke combinée à la terrible puissance de Sakura martyrisa Kyubi pendant
plus d’une minute sans que celui-ci n’arrive à les intercepter. Les mouvement de Kyubi
faiblissaient à chaque seconde, à chaque coup porté, jusqu’à finalement disparaître. Le Renard
à Neuf Queues était enfin vaincu.
CHAPITRE DIX-SEPT : TU DOIS VIVRE
Personne n’osa dire un mot pendant un long moment, ni même esquisser un geste. Kyubi
commença lentement à se décomposer, chaque parcelle de son énorme corps tombant en
cendres qui furent rapidement emportées par un vent que personne ne ressentit. Lorsque le
dernier fragment de la bête légendaire disparu dans les ténèbres enveloppant la Balance du
Destin, Sasuke se dirigea d’un pas décidé vers Naruto, et Sakura lui emboîta alors le pas.
Aussitôt, Hinata se plaça à nouveau aux côtés de son amour, enroulant son bras autour du sien
et unissant leurs mains comme pour lui transmettre sa confiance. Sasuke s’arrêta devant son
ami en plongeant son regard dans le sien, toujours sans esquisser la moindre émotion, mais ne
prononça pas un mot.
- Alors tu as finalement décidé de nous aider, dit finalement Naruto en souriant.
- Non. J’ai décidé d’éliminer un obstacle.
Naruto vit soudain le regard de Sakura que s’abaissa avec une expression d’amertume, et
il comprit alors le fragile équilibre qui s’était établit entre ses besoins et ceux de Sasuke. Elle
l’a convaincu d’intervenir pour assurer l’intervention d’Itachi. En empêchant nos autres
adversaires de nous combattre, Kyubi est devenu un nouvel obstacle à sa vengeance. Mais il
n’avait pas perçu cela au début… il a fallut que Sakura manipule ses sentiments pour le
forcer à nous aider. Qu’est-ce que je peux bien faire pour lui ôter Itachi de sa tête ?
Mais Naruto savait qu’il n’y avait qu’une seule réponse à cette question : il fallait le
laisser tuer son grand frère.
- Je ne t’empêcherai pas de l’affronter ici, dit-il calmement. Fais ce que tu veux.
Le regard de Sasuke se détourna de Naruto et perça à travers la foule des ennemis pour
rencontrer le regard d’Itachi. Celui-ci était accompagné de Kisamee, son coéquipier de
l’organisation Akatsuki, au faciès de requin. Tous les deux commencèrent à écarter ceux qui
se tenaient entre eux et Sasuke, de façon plus ou moins violente, jusqu’à s’arrêter devant
Naruto et ses amis. Heureusement que je ne connais que ces deux-là parmi l’Akatsuki, pensa
Naruto au fond de lui-même. Après Kyubi, ils représentent certainement la plus grande
menace parmi tous mes ennemis. Même Orochimaru n’oserait jamais les attaquer seul…
- Uzumaki Naruto, fit Itachi, nous allons t’aider à passer ce Jugement.
Un véritable raz de marée de surprise envahi soudain les deux camps qui furent pris d’une
agitation incroyable, et tandis que les amis de Naruto étaient plutôt ravis de voir venir de
nouveaux alliés, ses ennemis étaient particulièrement paniqués. Le jeune Uzumaki, quant à
lui, ne comprenait absolument rien, et cela se lisait dans ses yeux écarquillés.
- Sasuke te l’a peut-être déjà dit, continua Itachi : pour obtenir le Mangekou Sharigan,
il doit te tuer. Mais pas ici. Et moi, j’ai besoin qu’il l’obtienne.
- Pourquoi ?
- Parce qu’ainsi, il pourrait me fournir un pouvoir beaucoup plus grand. Un pouvoir
grâce auquel je pourrai devenir le plus puissant ninja qui ait existé. J’ai besoin que tu survives
aujourd’hui pour mourir plus tard.
La main d’Hinata serra plus fortement celle de Naruto lorsqu’une esquisse de sourire
apparut sur le visage d’Itachi, et qu’un rire particulièrement sombre sortit de la gorge de
Kisamee. Pour lui, je ne suis qu’un pion servant ses ambitions, tout comme Sasuke. Et son
coéquipier dois certainement avoir ses propres raisons de l’aider. Je vais finir par croire que
le Destin a vraiment décidé de s’acharner sur moi toute ma vie. Mais dans l’instant présent,
leur aide est plus que providentielle…
- Et tu crois que je vais te laisser faire comme ça ?! intervint Sasuke d’un air furieux.
- Range ta colère, petit frère. Tu n’es pas encore assez fort pour me vaincre.
- On va voir ça.
Sur ces mots, Sasuke dégaina son katana et pointa sa lame vers Itachi. Celui-ci ne
broncha pas, observant la rage qui se lisait dans les yeux de son cadet. Puis il lâcha un faible
soupire d’exaspération avant de lâcher :
- Alors je vais te donner une leçon pour la peine. De toute façon, ton aide ne nous est
pas nécessaire.
Puis, il se tourner vers Kisame et lui dit froidement :
- C’est un combat entre Uchiwa. Assures-toi que personne n’intervienne.
Le ninja à face de squale acquiesça d’un simple sourire avant de saisir son énorme épée
couverte de bandages pour l’abattre sur le sol dans un énorme fracas. Personne n’osa
protester, ni même faire le moindre mouvement. Le duel était inévitable dans ce lieu sans
barrières. Bien que Sasuke savait parfaitement que cela ne lui servirait à rien, sa haine le
guidait au-delà de toute logique, même si elle devait le mener à sa propre destruction. Pour
lui, ce combat allait donc être un test, un moyen de savoir s’il était bien capable de le vaincre
avec ses capacités actuelles, dont il ne se souviendrait du résultat que le temps de sa
victoire… ou de sa mort.
Lentement, les amis et ennemis de Naruto reculèrent jusqu’à être séparer d’une bonne
centaine de mètres, laissant aux deux adversaires tout l’espace dont ils avaient besoin. La
tension pouvait se ressentir partout, dans chaque geste, dans chaque regard, dans chaque
tremblement. Bien évidemment, la plupart des personnes présentes ne savaient rien de la
raison de ce combat, mais il était aisé de comprendre qu’il valait mieux ne pas tenter de
l’empêcher.
Sasuke attaqua le premier, fonçant sur son grand frère pour frapper de son épée par le
haut en hurlant toute sa haine d’un regard fou. Itachi bloqua le coup avec un kunai, et le temps
sembla brusquement s’arrêter alors qu’ils s’immobilisaient tous les deux, leurs lames posées
l’une sur l’autre, leurs pupilles plongées l’une dans l’autre. Naruto comprit alors qu’ils
venaient d’engager un combat mental, dans une technique d’illusion lancer par l’un d’eux
grâce au Sharingan. Dans ce genre de situation, c’est souvent la volonté qui compte. J’ignore
jusqu’où Itachi est prêt à aller pour accomplir son but, mais Sasuke doit certainement avoir
l’avantage…
En effet, ce fut Sasuke qui s’éveilla le premier de cet état de transe, relevant son arme
pour frapper à nouveau, mais Itachi revint à lui juste à temps pour dévier la lame. D’un saut
agile, il s’éloigna de Sasuke et forma une suite de signes à une vitesse telle que peu de
personne purent les suivre, tout en avalant un maximum d’air. Puis il annonça sa technique :
- Kanton ! Goukakyuu no jutsu ! (boule de feu suprême)
Une flamme gigantesque surgit alors de sa bouche pour foncer vers Sasuke. Mais
soudain, le corps de celui-ci se couvrit de minuscules tatouages semblables à des flammes
noires, que Naruto et quelques autres reconnurent comme la marque du sceau maudit
d’Orochimaru. Lorsque les flammes le recouvrirent, fut impossible de savoir s’il avait réussi à
contrer l’attaque jusqu’à ce que le souffle enflammé s’arrête et que la fumée se dissipe.
L’énorme boule de feu avait donné naissance à un brouillard épais, au milieu duquel apparut
lentement un Sasuke transformé, tel que Naruto l’avait affronté lorsqu’il avait voulu
l’empêcher de quitter Konoha.
Deux énormes ailes en formes de mains palmées avaient poussées dans son dos, et
s’étaient placées devant lui pour le protéger des flammes. Sa peau était devenu sombre tandis
que ses cheveux avait prit de la longueur, ainsi qu’une coloration bleu électrique. Dès qu’il
eut de nouveau Itachi en vue, Sasuke bondit à une vitesse phénoménale, la main tenant son
épée vibrant sous les éclairs d’un Chidori.
Personne n’aurait jamais put éviter un coup portée à une telle vitesse… sauf un Uchiwa.
Itachi esquiva l’attaque au dernier moment, et saisit le bras armée de Sasuke au passage,
utilisant la force de son élan pour l’envoyer dans les airs. Mais les ailes du jeune ninja lui
permirent de rapidement se retourner pour foncer à nouveau, portant un nouveau coup que,
cette fois-ci, Itachi n’esquiva pas. L’épée de Sasuke lui perfora l’épaule droite, faisant couler
le sang sur le sol doré de la Balance du Destin.
Mais brusquement, le corps d’Itachi devint noir, et se transforma en une multitude de
corbeau qui s’évanouir dans les airs. Et avant même que Sasuke comprenne qu’il avait été
joué par une technique d’illusion, son grand frère surgit de la foule pour l’attaquer dans le
dos. Heureusement, il réagit assez vite pour contrer, avant de se dégager en lançant une série
de shuriken pour se couvrir.
Seulement, il avait oublié la maîtrise de son aîné quant aux lancé de shurikens. Il suffit à
celui-ci d’en lancer un seul qui ricocha sur tous les autres pour les dévier. Deux d’entre eux
furent même renvoyés vers Sasuke qui ne réussi à en éviter qu’un seul. Le second se ficha
dans sa cuisse gauche, ce qui lui causa immédiatement un déséquilibre que Itachi mit aussitôt
à profit : en une fraction de seconde, il se retrouva dans le dos de son petit frère. D’une série
de mouvements habiles et quasi imperceptibles, il saisit le katana de Sasuke et le lui planta à
travers le corps.
- C’est finit, dit-il en relâchant la poignée de l’arme. Maintenant tu ne nous gêneras
plus.
Cet instant s’imprima en Naruto avec la force d’une montagne qui s’écraserait sur sa
mémoire tandis qu’il voyait son meilleur ami s’effondrer. Sans hésiter, il se précipita vers lui
pour le retenir juste avant qu’il ne touche le sol, tout comme Sakura qui avait eut le même
réflexe. Itachi ne s’était pas retenu, et avait visé le cœur, une blessure que la ninja-médecin ne
pouvait pas guérire. Dans les derniers souffles qui lui restait, Sasuke regarda son ami et lui
confia :
- Naruto… il faut… que tu me retrouves. Je … mon vrai moi croit que je peut tuer
Itachi. Mais je… ne …. peut pas. Naruto … il faut que tu me préviennes. Tu … dois … vivre.
CHAPITRE DIX-NEUF
Cela faisait maintenant plus une demi-heure que Naruto et Haruka étaient immobiles, face à
face dans un duel qui ne se déroulait plus dans ce monde depuis longtemps. Sur les gradins,
entourée de ses amis, Hinata sentait une peur profonde dans chaque parcelle de son corps et
de son être, qui commençait à la rendre folle. Au moins dix fois elle aurait juré avoir vu
Naruto bouger, mais ce n’était que son imagination qui déformait sa vue selon les peurs et les
désirs de son cœur.
Pendue à son cou et dissimulée sous ses vêtements, son fragment de la Pierre Florale
vibrait d’une toute nouvelle force, et Hinata comprit alors que sa peur commençait à envahir
le pouvoir de son talisman. Je dois me calmer, se dit-elle. Je dois avoir confiance en Naruto.
La peur est la Mort intérieure, et il me faut la dominer, sinon je risque de causer une
catastrophe. L’étendue de ce pouvoir m’échappe encore trop pour que je me laisse aller...
Une nouvelle fois, elle eut l’impression que Naruto bougeait, et tenta de chasser cette
vision… mais celle-ci ne se dissipa point. Le garçon était belle et bien revenu à lui. Et bien
qu’il titubait fortement sous l’effet d’une étrange fatigue, il reprit rapidement ses esprits pour
fondre sur Haruka sans perdre un instant. La jeune fille, apparemment complètement
désemparée, n’eut pas de temps de réagir, et fut mise à terre d’un coup de poing semblant
contenir une rage sans limite.
Haruka se releva pourtant très rapidement, et jeta une bonne demi-douzaine de fumigènes
aux quatre coins de l’arène, réduisant la visibilité à zéro sur une très large zone. Le byakugan
d’Hinata put cependant voir la silhouette de la mystérieuse ninja sauter par-dessus le mur
d’enceinte de l’arène et s’enfuire. Les ANBU surveillant la zone attendirent un ordre de
l’Hokage pour la poursuivre, mais celui-ci ne vint jamais. Au lieu de cela, alors que le vent
commençait à dissiper la fumée, Tsunade fit signe à l’arbitre de continuer le tournois
normalement.
- Et bien ! fit celui-ci d’un ton relâché pour détendre l’atmosphère. En voilà une qui
panique bien rapidement.
La blague eut l’effet désiré en déclenchant une belle vague de rire parmi les spectateurs,
et fit rapidement oublier la longue attente remplie d’ennuie ou de tension selon les personne.
Toujours d’un ton aussi détendu, l’arbitre annonça :
- Uzumaki Naruto, vainqueur par abandon ! Et maintenant, si vous le voulez, nous
allons passer à un match un peu plus classique.
Alors que les deux combattants suivants étaient appelés au centre de l’arène, Naruto
rejoignit les quartiers des combattants d’un pas lent. Depuis sa place, Hinata put voir que
Tsunade s’éclipsait, probablement pour aller le voir, et elle décida de faire de même. Comme
elle l’avait prévu, aucun des ninjas postés comme gardes dans l’arène ne l’empêcha de passer,
s’écartant même dès qu’il la voyaient. Tsunade doit avoir laissé des ordres précis me
concernant.
A part Naruto, aucun participants du tournois n’était présent dans la vaste salle remplie
d’une demi-douzaine de lits, car Tsunade s’était arrangée pour que les blessés des matchs
précédents soient hospitalisés ailleurs par les équipes médicales. Avec elle étaient venus
Jiraya ainsi que Kakashi, ce qui témoignait de la gravité de la situation. Naruto s’était allongé
sur l’un des lits et tentait de rester clame tendis qu’il racontait ce qui lui était arrivé.
- Après la mort de Sasuke, termina Naruto, le combat s’est passé très vite. L’aide
d’Uchiwa Itachi et de son coéquipier a suffit pour éliminer les ennemis les plus dangereux.
Ensuite, l’espace autour de la Balance s’est illuminé et j’ai dû fermé les yeux. Lorsque je les
ai rouvert, j’étais de nouveau dans l’arène.
Le silence s’installa avec ces derniers mots, et dura un long moment pendant lequel les
différentes personnes présentes se regardèrent d’un air perplexe. Tout comme Tsunade,
Kakashi et Jiraya avait entendu parlé de la légende de la Balance du Destin, mais ils n’y
avaient jamais réellement cru. L’histoire leur avait semblé trop incroyable. Mais Naruto était
la preuve que Haruka était l’enfant de la prophétie, et son expérience celle que la jeune fille
représentait un danger sans limites.
Ce fut Tsunade qui prit la parole la première :
- Est-ce qu’elle t’a dit pourquoi elle recherche Sasuke ?
- Non.
La voix de Naruto était emplie de regret, et cela se comprenait. Il ne pensait même plus
au tournois, son esprit restant enfermé dans la terrible vision de son ami mort devant lui, et
qui semblait devoir le hanter pour toujours. A ses côtés, Hinata tentait de le rassurer par son
doux contact, ce qui apparemment semblait faire effet. Le regard du garçon se perdait au-delà
du plafond de la pièce, et sa respiration était incroyablement lente, comme si sa vie se mettait
à ralentir. Il avait besoin de se calmer. Cependant, Tsunade n’en avait pas fini avec lui :
- Alors, son pouvoir n’est qu’une simple technique d’illusion, c’est ça ?
- Oui et non. Le principe est basé sur la manipulation des flux de chakra du cerveau,
mais cela permet de directement tué la cible. Si elle l’avait voulu, elle aurait très bien put me
transpercer le corps pendant que j’affrontais mon jugement…
- Mais ce n’est pas ce qu’elle cherche, intervint Hinata. Elle semble suivre un objectif
bien précis selon un certain code d’honneur. Son but n’est pas de détruire l’Humanité, mais de
la juger. Cela nous laisse encore une chance de la raisonner.
Les regards entourant la jeune fille lui confirmèrent qu’elle avait vu juste. Une lumière
d’espoir avait subitement apparu en eux, et c’était ce dont ils avaient le plus besoin. Après
avoir réfléchit le plus calmement possible, Tsunade prit sa décision :
- Naruto, Hinata ! Je vous charge de poursuivre Haruka et de l’arrêter pour la ramener
à Konoha. Traquez-la où qu’elle se trouve et neutralisez-la le plus vite possible, avant qu’elle
ne retrouve Sasuke. Vous partirez dès que tu te seras suffisamment reposé, Naruto.
- Mais… protesta le garçon, si nous attendons trop longtemps nous ne pourrons plus
retrouver sa trace !
- Je vous donnerai l’un de mes chiens-ninjas pour la pister, fit Kakashi. Avec cette
aide, ce sera un jeux d’enfant.
- … alors c’est d’accord. Donnez-moi deux heures de repos, et je serai prêt.
Un peu plus de deux heures plus tard, alors que la nuit commençait à tomber, les deux
jeunes ninjas était à la demeure de l’Hokage. Tsunade et Kakashi leur avaient déjà préparé un
ordre de mission afin qu’ils puissent justifier leur présence au-delà des frontières du pays du
Feu, si jamais leur poursuite les y conduisait.
- Et maintenant, dit Tsunade avec un sourire amusé, je vais vous faire un petit cadeau
pour vous aider dans votre mission.
Elle marcha alors jusqu’à une grande armoire placée dans un coin de la pièce, et en écarta
l’un des volet. A l’intérieur se trouvaient deux tenues complètes de membres de l’ANBU, les
troupes d’élite de Konoha.
- Nous avons eut du mal à en trouver deux qui correspondent à vos tailles, expliqua
l’Hokage, mais elles sont en excellent état.
- Quoi ? fit Hinata hébétée. Vous nous offrez ces tenues ?
- Non, bien sûr. Je vous les prête uniquement pour le temps de cette mission. La
première raison est qu’elles vous permettront de justifier votre ordre de mission et d’éviter les
question. La seconde est que cela empêchera peut-être Haruka de vous reconnaître, et donc de
se méfier de vous. La troisième raison est cependant la plus importante : les masques des
ANBU sont conçus pour protéger leurs porteurs des techniques d’illusion.
Il n’y avait rien d’autre à ajouter. Chacun leur tour, Hinata puis Naruto s’enfermèrent
dans l’armoire pour revêtir leurs tenues spéciales qui leur allaient comme un gant. Noires avec
des plaques de protection argentées, et fournies avec un long katana, ces uniformes avaient de
quoi impressionner. Leurs masques blancs comportaient chacun des symboles différents,
peints en rouge sur celui de Naruto, et en bleu sur celui de sa moitié, ce qui leur correspondait
parfaitement.
Il ne fallut pas longtemps pour que Kakashi invoque Pakum, son meilleur chien-ninja en
ce qui concerne le pistage, et pour que la petite équipe quitte Konoha. Sous la lumière des
étoiles, ils se dirigèrent vers le Nord-Ouest, où se trouvait le pays de la Terre.
CHAPITRE VINGT : LARMES DANS LA NEIGE
Hinata et Naruto avaient poursuivi leur fugitive toute la nuit sans réussir à la rattraper
complètement. D’après Pakum, Haruka avait prit beaucoup d’avance sur eux au départ, mais
il semblerait qu’elle ait ralenti en approchant des montagnes qui bordaient le pays de la Terre.
Les deux ninjas pouvaient voir au loin les silhouettes imposantes des massifs rocheux, qui
constituaient à eux seul la plus efficace protection de cette contrée face aux envahisseurs.
Cette barrière était une cassure nette dans le paysage, car aucun arbre ne poussait sur les
pentes abruptes de cette région, et la plupart de ces montagnes étaient si hautes qu’elles
transperçaient les nuages, où la neige les recouvrait entièrement.
Mais il était temps pour eux de s’arrêter. Leur course à travers les épaisses forêts du pays
du Feu les avaient épuisé, et il était inutile de rattraper Haruka s’ils n’étaient pas pleinement
capable de la neutraliser ensuite. De plus, une forte pluie commençait à tomber sur la région.
Ils s’abritèrent donc à l’intérieur d’une ancienne mine, apparemment creusée il y a longtemps
et dont la galerie principale s’était effondrée. Naruto se dépêcha de récupérer ce qu’il trouva
de branches mortes avant que tout le bois disponible aux alentour soit mouillée, puis
commença à allumer un feu.
Pendant ce temps, Hinata sortait les repas qu’ils s’étaient préparé avant leur départ.
Cependant, des questions raisonnaient dans sa tête, comme un échos infini produit par ses
propres pensées. Il y avait dans toute cette histoire trop de choses qui dépassait ses
connaissances ou même sa propre logique, et elle n’avait pas voulu embêter Naruto avec ses
questions pendant leur poursuite. Mais maintenant qu’ils étaient arrêtés, l’occasion se
présentait à elle de discuter de tout ceci :
- Naruto, fit-elle avec hésitation. Qu’est-ce que Jacurutu ?
Le jeune garçon s’immobilisa brusquement en entendant ce nom, et une moue d’angoisse
se dessina sur son visage. Lentement, il se tourna vers Hinata, ses yeux perdus indiquant
clairement la gravité de ce sujet.
- C’est un lieu secret se trouvant quelque part au pays des Nuages. On n’en sait pas
grand-chose, et pour beaucoup de personnes, ce n’est qu’une légende. Moi-même je n’y
croyait pas jusqu’à ce que…
Mais il ne finit pas sa phrase. Ce souvenir était beaucoup trop proche d’un autre, rempli
de douleurs et de souffrances dépassant ce qu’il pouvait supporter. Hinata chercha donc à
rediriger ses pensées vers Jacurutu :
- Et lorsque tu as eut cette vision, est-ce que tu as découvert où se trouvait ce lieu ?
- …non. J’ai vu une succession de grottes et de cavernes couvertes de symboles
incompréhensibles, mais je n’ai rien vu de l’extérieur.
- Comment savais-tu alors qu’il s’agissait de Jacurutu ?
- Je le savais, c’est tout ce que je peux te dire.
Hinata s’approcha lentement de Naruto et posa sa main sur l’épaule du garçon, tandis
que de l’autre elle le força doucement à la regarder. Les yeux blancs de la jeune fille
diffusèrent en lui force et confiance, comme elle l’avait toujours fait en d’autres occasions
depuis qu’ils s’étaient trouvés. La puissance de la pierre florale se fit soudain ressentir alors
qu’elle exprimait pleinement son amour, et alors que le bijou pendant à son cou s’illuminait
lentement, des fleures se mirent à pousser dans cette caverne où la lumière du soleil était quasi
inexistante. Ce petit miracle aida Naruto à retrouver le sourire, et Hinata posa alors ses lèvres
sur les siennes, ne faisant même pas attention à Pakum qui préféra se cacher les yeux plutôt
que de voir ça.
- Je vais prendre le premier tour de garde, dit Naruto. Repose-toi bien.
- D’accord.
Quelques heures plus tard, les deux ninjas reprirent leur route. Apparemment, Haruka
elle aussi avait décidé de s’abriter pendant la pluie, car l’écart qui les séparait n’avait presque
pas grandit. Ou alors, pensa Naruto, cela voudrait dire qu’elle a déjà atteint sa destination.
De toute façon, elle ne se dirige certainement pas vers Jacurutu : le pays des Nuages est dans
la direction opposée. Pourtant elle semblait si impatiente de trouver Sasuke…
Rapidement, la petite équipe arriva au pied des montagnes nues. Mais aussitôt qu’ils
commencèrent l’ascension, une demi-douzaine de ninjas surgirent des rochers pour les
entourer. Ils portaient des bandeaux marqués du sceau du pays de la Terre. L’un d’eux
s’avança vers Hinata et Naruto, apparemment sans intentions hostiles, et demanda
calmement :
- Je suis Atagi Fuyotoba, jounin gardien de cette frontière. Que faites-vous aussi loin
de votre village, ninjas de Konoha ?
- Nous poursuivons une jeune fille qui a causé un incident durant l’examen chunin,
répondit Naruto. Nos ordres sont de la capturer et de la ramener à Konoha.
- Je vois. Nous avons reçu des faucons-messagers pour nous prévenir de votre
possible arrivée. Malheureusement, je crois qu’elle vous a échappé : nous n’avons vu
personne passer dans le coin depuis des jours.
- Ma truffe me dit pourtant le contraire, intervint Pakum. Notre cible se trouve bien
en haut de cette montagne. Elle a dû échapper à votre vigilance.
Atagi était sur le point de s’emporter, mais Hinata se dépêcha d’excuser la remarque du
chien-ninja en expliquant :
- Cette jeune fille est très dangereuse. Elle a atteint les demi-finales de l’examen
chunin toute seule et a tué l’un des participants de sang froid avec une technique d’illusion
inconnue. Il n’est pas impossible qu’elle ait réussi à se jouer de vous.
- C’est donc pour cela que Konoha envoie des ANBU, comprit Atagi. Dans ces
circonstances, je vous laisse passer. Bonne chance dans la poursuite de votre cible !
Les ninjas s’écartèrent alors, laissant Naruto et Hinata reprendre leur ascension, guidés
par Pakum dont l’odorat était bien plus précis maintenant qu’il n’y avait plus de végétation
aux alentours. La montée fut longue et éprouvante, la plupart des flancs de montagnes étant de
véritables falaises rocheuses où il était absolument nécessaire de s’accrocher grâce au chakra,
et l’oxygène devenait de plus en plus rare tandis qu’ils se rapprochaient des nuages. Puis il
atteignirent finalement un large plateau enneigé, à environ cinq cent mètres du sommet. A
partir de là, les falaises devenaient moins abruptes pour devenir des versants praticables,
même pour des personnes n’étant pas des ninjas. Au loin, à travers le faible brouillard qui les
entourait les deux ninjas purent apercevoir les contours de plusieurs habitations, d’où
curieusement aucune lumière n’était visible.
- Haruka est là-bas, indiqua Pakum en pointant les formes lointaines.
- Elle serait venu chercher de l’aide ? supposa Naruto. Ou bien pour se préparer à
partir pour Jacurutu…
- Contentons-nous d’agir avec prudence, fit Hinata. Si jamais nous devons lui tomber
dessus, je préfèrerai que tu me laisse la neutraliser seule, Naruto. Elle sera peut-être plus
facilement influençable si elle croit avoir affaire à de véritables ANBU.
- C’est d’accord. Je me contenterai de te couvrir.
- Cela implique également que tu ne parle pas, précisa Pakum au jeune Uzumaki.
- J’avais compris, merci.
Mais au fur et à mesure qu’ils s’approchait des habitations, ils s’aperçurent que leurs
contours étaient irréguliers, discontinus. Ce n’est que lorsqu’ils furent à une dizaine de mètres
de la première maisons qu’ils comprirent qu’il s’agissait un village en ruine. La plupart des
bâtiments portaient d’ailleurs encore les traces des incendies qui les avaient fait s’écrouler, ce
qui laissait clairement penser qu’il ne s’agissait pas d’un accident de la nature. Naruto fut
étonné du nombre de temples qu’avait comporté ce village, tous apparemment de dimensions
incroyables et ornés de fines sculptures impressionnantes représentant des scènes et symboles
d’une religion inconnue.
- Qu’est-ce qui a bien put se passer ici ? lâcha Hinata.
Mais Naruto lui fit signe de se taire : devant eux, à la limite du village détruit, se trouvait
un énorme cimetière dont un grand nombre de tombe semblaient avoir été faites très
rapidement. Et au milieu de ce lieu funeste se tenait Haruka, méditant au milieu des sépultures
dans la position du lotus. Lentement, Naruto et Hinata s’approchèrent d’elle, mais il était
difficile d’être silencieux en marchant sur une aussi épaisse couche de neige. Haruka ouvrit
les yeux en les entendant venir vers elle, mais ne relâcha pas sa posture, se contentant de dire :
- Alors vous m’avez finalement retrouvé.
- Rends-toi sans faire d’histoire, fit Hinata, et il ne t’arrivera rien.
- J’ai une autre proposition, fit la jeune fille en se relevant finalement. Je vous tue
tous les deux sur-le-champ, et il ne m’arrive rien non plus.
- Ca, tu vois, j’en doute.
Les yeux d’Haruka s’illuminèrent soudain d’une colère aussi sombre que la plus
ténébreuse nuit, et leur couleur changea du vert au bleu une nouvelle fois. Elle serait capable
de juger plusieurs personnes en même temps ? se demanda Naruto. Jusqu’où son pouvoir
s’étend-t-il exactement ?
Mais contrairement à ce qu’elle avait prévu, les deux ninjas ne s’immobilisèrent pas, et
une terrible inquiétude s’empara brusquement d’elle. Rapidement, Hinata fonça sur elle et la
jeta au sol pour l’immobiliser, profitant de l’effet de surprise qui l’avait tout simplement cloué
sur place.
- Tu ne sais donc pas qu’il existe des protections contre les techniques d’illusion ? la
nargua-t-elle.
Il ne lui fallut pas longtemps pour attacher solidement Haruka avec une corde spéciale, et
lui poser sur la tête une cagoule noir recouvrant presque entièrement son visage. Elle ne
disposait que d’une mince fente par où l’air arrivait faiblement, l’empêchant de s’énerver en
limitant sa vitesse de respiration. Lorsque Hinata fut certaine qu’elle l’avait bel et bien
neutralisé, elle lui lança :
- Nous avons été envoyés pour t’arrêter et te ramener à Konoha. Mais d’abord, nous
avons quelques questions à te poser.
- Allez vous faire voir, enfoirés.
Naruto répliqua immédiatement par un violent coup de poing qu’il abattit sur la joue
gauche de la jeune fille. Hinata se tourna aussitôt vers lui dans une attitude étonnée, mais il lui
montra silencieusement qu’il n’avait fait qu’agir en véritable ANBU, et qu’ils ne devaient pas
faire preuve de faiblesse. Sans perdre plus de temps, Hinata continua son interrogatoire :
- Ne rend pas les choses plus difficiles. Ta seule option est de répondre honnêtement
à nos questions, si tu ne veux pas souffrir plus.
Haruka baissa alors la tête, lâchant un long soupire de résignation. Elle avait perdu tout
moyen de combattre et n’avait absolument aucune échappatoire. C’est alors que Naruto vit
une larme tomber de sous la cagoule couvrant son visage pour se joindre à la neige
immaculée. Elle pleure ? Mais les véritables méchants ne pleurent pas ! De tels sentiments
leur sont totalement étrangers. Ils s’en moquent autant qu’ils méprisent la vie des autres.
Qu’est-ce qui peut la mettre dans un tel état ?
- D’accord, fit-elle faiblement. Je ferais ce que vous voudrez. Que voulez-vous
savoir ?
CHAPITRE VINGT-ET-UN : LA GENESE D’UN MAL, PARTIE 1
Huit mois plus tôt…
La neige tombait depuis plusieurs semaines, et les passages à travers la montagne menant
à Hakari, aussi appelé le village de la balance, étaient de plus en plus difficiles à pratiquer.
Haruka et plusieurs autres enfants de Hakari avaient été envoyés déblayer le chemin pour
l’expédition du pays de la Terre, qui devait venir comme toutes les semaines pour
l’approvisionnement. La jeune fille en profitait pour s’amuser avec ses camarades, par
exemple en déclenchant une bataille générale de boules de neige.
Ca cible préférée était Ishida Tosakagi, un garçon de son âge qui tentait toujours de
garder ses distances avec elle, mais que Haruka n’hésitait jamais à venir embêter. Son air
perdu disparaissait aussitôt que ses yeux croisaient ceux de la jeune fille, et pourtant il n’avait
jamais osé lui parler de lui-même. C’est donc pour cela qu’elle lui envoya gentiment une
demi-douzaine de boules de neige, attendant qu’il réplique, mais rien ne vint en réponse.
C’est alors que le grand prêtre de Hakari survint derrière les enfants :
- Et bien ! fit-il d’une voix forte mais amicale. Que ce passe-t-il ici ?
La bataille enfantine cessa aussitôt, et les plus zélés reprirent immédiatement le travail.
Haruka, par contre, affronta avec son habituel sourire le regard amusé de son père.
- T’en fais pas, papa. Le passage sera dégagé avant l’arrivée de l’expédition. C’est pas
grave si on prend un peu de bon temps, non ?
Le grand homme se contenta de sourire de toutes ses dents. Sous son épais manteau de
fourrure, la grande robe de cérémonie qui indiquait son rang brillait, même sous la faible
lumière du jour traversant les nuages. A son cou pendait un petit disque d’argent dans lequel
était gravé l’emblème de la balance, parfaitement équilibrée, symbolisant le pouvoir que
renfermait le village et dont il était le gardien. Bien qu’il n’ait pas encore dépassé la
soixantaine, le grand prêtre Dohko Onura était un exemple de sagesse et d’autorité pour tous
les habitants, comme l’avaient été tous ses ancêtres. Depuis la création du village en des
temps désormais oubliés, la famille Onura avait toujours occupé la fonction de grand prêtre, et
un jour, Haruka prendrait sa place.
Sa mère était morte en la mettant au monde, et Haruka était alors fille unique, seule
héritière du clan. Bien qu’il n’y ait jamais eut de grande prêtresse aux commandes du village,
Dohko refusait de reprendre femme uniquement pour assurer sa succession par un fils.
L’amour qu’il portait à son épouse défunte transcendait les limites de la vie et de la mort, et
beaucoup d’habitants pensaient que cela était dû à la nature du secret ancestral qu’il
protégeait.
Haruka n’était cependant pas inquiète de ce destin qui était le sien. Depuis toute petite,
elle s’était faite à l’idée de devoir un jour endosser la fonction de grande prophétesse,
observant chaque jour les tâches qui seraient les siennes, et ce jour là, elle en voyait l’une
d’elle. Il me faudra faire preuve de compréhension et de patience envers les jeunes
générations, pensa-t-elle. Le Bun’Betsu, notre religion, prône la présente en chaque être
humain d’une part de bonté, même infime, et grâce à laquelle il est toujours possible de faire
entendre la raison. Chaque villageois de Hakari passe la plupart de son temps à prier, dans
l’espoir de voir surgir une ère de paix qui règnera pour l’éternité. Lorsque je serai adulte,
mon rôle sera de les guider comme l’on fait tous mes ancêtres. Et c’est pour cela que je dois
être attentive à toute chose : chaque geste, chaque regard, chaque sentiment contient en lui
son enseignement que je me dois d’assimiler, pour le bien futur de ma communauté.
Sans rien ajouter, la jeune fille se remit au travail tandis que son père retournait au
temple. Mais alors qu’elle se retournait vers le passage qu’il fallait dégager, Haruka aperçut la
silhouette d’un homme loin en contrebas, qui montait vers le village. Rien qu’en observant ses
mouvements agiles, la relative facilité avec laquelle il escaladait la montagne et ses
déplacements assurés témoignant d’une bonne connaissance du terrain, il était clair que c’était
un ninja du pays de la Terre. Probablement un messager. Cette impression fut confirmée
lorsque l’homme arriva devant les enfants, et que ceux-ci purent clairement voir sur son
bandeau le symbole du village caché d’Iwa.
- Je suis un émissaire, annonça-t-il. J’ai un message urgent à transmettre au grand
prêtre Doko Onura.
- Venez avec moi, fit Haruka. Je vais vous mener à lui.
La jeune fille conduisit le messager jusqu’au grand temple du village, où son père priait
avec plusieurs prêtres, entonnant des chants cantiques dans la langue ancestrale de Hakari. La
religion de le Bun’Betsu était basée sur l’harmonisation par résonance depuis ce toit du
monde, qui avait pour but de diffuser dans le monde entier un certain apaisement. Mais
lorsque le messager d’Iwa pénétra dans le temple, ses pas alourdis par le poids de son armure,
le calme qui régnait habituellement en ce lieu fut soufflé comme la lumière d’une bougie.
- Je suis navré de vous interrompre ainsi dans votre prière, mon révérant, fit
l’émissaire en s’inclinant respectueusement, mais la situation est grave
- Que se passe-t-il ? fit Dohko en s’avançant.
- Une armée se dirige vers le pays de la Terre. Et d’après nos éclaireurs, elle va
passer par votre village d’ici . Vous devez évacuer le plus vite possible.
- Quoi ? Mais… comment est-ce possible ?
- Ils ont choisi ce passage montagneux par pur hasard, et nos n’avons pas le temps
d’organiser une défense assez rapidement pour vous protéger.
Le pays de la Terre avait connu de nombreuses invasions, en particulier ces derniers
mois, depuis le début d’une nouvelle guerre contre le pays des Nuages. Mais le Kage d’Iwa
avait toujours tout fait pour maintenir l’existence de Hakari secrète, même parmi la
population de son propre village. Car il savait que la disparition du village de la Balance et de
ses habitants ne pourrait causer que des choses terriblement mauvaises. Chaque invasion du
pays de la Terre avaient donc été détournée au loin, mais il était fou de penser que cela
pouvait durer éternellement.
- Je suis désolé, fit Dohko, mais nous ne pouvons pas quitter ce village.
- Pourquoi ?
- Je ne peux pas vous le dire, mais je vous remercie de nous avoir prévenu. Nous
affronterons cette tempête avec nos propres moyens.
CHAPITRE VINGT-DEUX : LA GENESE D’UN MAL, PARTIE 2
Moins de six heures après le départ du messager d’Iwa, les premiers soldats du pays des
Nuages arrivèrent devant les portes du village de la balance. Comme ils ne s’attendaient pas à
tomber sur des habitations dans ces montagnes enneigées, les ninjas crurent tout d’abord qu’il
s’agissait d’une base avancée ennemie qu’ils allaient devoir balayer. Mais les prêtres d’Hakari
s’étaient préparés à leur arrivée, et montrèrent très clairement aux soldats à quel point ils se
trompaient.
Le village caché de la Foudre était réputé pour la rapidité d’action phénoménale de ses
ninjas et leur grande imprévisibilité. Ses soldats étaient capables d’effectuer des attaques
éclairs sur n’importe quel objectif, employant l’élément de surprise comme principal avantage
pour remporter la victoire. Ils frappaient comme la foudre, de façon fulgurante et jamais deux
fois au même endroit. Heureusement, ce village n’était pas aussi belliqueux que celui de la
Pluie, et il ne fut pas difficile aux prêtres de la balance pour prouver qu’ils ne comptaient pas
se battre. Les ninjas investirent Hakari en un instant, et peu de temps après, leur chef se
présenta devant le grand temple de la Balance.
Le seigneur de guerre Togo Fiushiba était un homme d’une stature imposante, de celles
que l’on n’acquiert qu’au long de dizaines d’années de combat. Enveloppé dans un épais
manteau sombre de fourrure d’ours, sous lequel on pouvait apercevoir une armure argentée, il
était d’une taille dépassant largement la moyenne. Leader respecté de ses troupes pour sa
force, son expérience mais aussi pour sa sagesse, aucun de ses subordonnés n’avait jamais
cherché à le remplacer ou même remis en cause ses décisions. Du haut de ses cinquante-huit
ans, il était connu dans le monde entier pour être l’une des personnes les plus influentes en ce
qui concernait les conflits. Pour le village caché de la Foudre, c’était un héros.
Lorsque le seigneur de guerre et le grand prêtre d’Hakari se trouvèrent face à face sur la
place devant le grand temple d’Hakari, chacun d’eux recouvrit son visage d’un masque de
neutralité propre aux négociations. Dohko prit la parole le premier, afin de conserver le peut
de pouvoir qu’il gardait face à l’écrasante force militaire de Togo :
- Au nom de mon peuple, et au nom de la Raison elle-même, je vous prie de ne pas
faire usage de la force.
- Nous n’en avons pas l’intention, répondit le commandant.
- Notre peuple ne fait pas réellement partie du pays de la Terre. J’ignore pour quelles
raisons vous êtes en guerre avec le village d’Iwa, mais nous n’avons aucune part la-dedans.
- Vous êtes donc en train de me dire que ce territoire est indépendant ?
- En effet. Nous laissons les ninjas d’Iwa utiliser ces montagnes pour défendre leur
territoire, et ainsi nous protéger également, mais notre village n’est affilié à aucun pays.
Le visage du seigneur de guerre devint brusquement aussi froid que l’air qui
l’environnait. Son regard glacial examina le peu d’expression que laissait transparaître Dohko,
cherchant des indices d’un mensonges, mais sembla ne rien trouver. Son incertitude se
transforma peu à peu en un profond doute, puis en une forte suspicion qu’il ne chercha même
pas à cacher. Sur le ton de quelqu’un effectuant un interrogatoire, et avec la voix d’un général
habitué à se faire obéir, il demanda :
- Quelle garantie puis-je avoir que ce que vous me dites est vrai ?
- Je n’ai que notre bonne foi dans la parole que je vous donne.
Un sourire amusé trancha subitement le visage de Togo en deux, ce qui fit sursauter la
plupart des habitants d’Hakari observant la scène. Au milieu de la foule inquiète, Haruka
tremblait pour son père. Jamais le village de la balance n’avait été menacé par une quelconque
puissance, ce qui rendait l’évènement encore plus inquiétant. Qu’allons-nous bien pouvoir
faire ? se dit-elle. Si cet homme ne fait pas preuve de compréhension, que risque-t-il de nous
imposer ? Nous n’avons rien de valeur si ce n’est nos maisons et nos temples.
- Je suis désolé, fit Togo, mais il va falloir me donner un peu plus que cela.
Un vent de désespoir commença à souffler faiblement sur Dohko, qui sentait la situation
lui échapper un peu plus à chaque seconde. Ses yeux fuyaient ceux de son interlocuteur,
cherchant un nouvel atout à déployer dans la négociation, mais rien ne lui venait. C’est alors
qu’il croisa le regard de sa fille, et qu’il lut en elle toute la peur qui avait envahi ses villageois.
Pendant de longues seconde, Dohko chercha dans ces yeux apeurés la solution à cette crise
qui venait de les toucher, mais en vain. Togo suivit le regard du grand prêtre… et trouva
Haruka. C’est alors qu’un nouveau sourire lui scinda le visage.
- Je crois que nous pouvons trouver un arrangement, dit-il lentement. Souvent, les
conflits on put être évités grâce à des mariages politiques et il se trouve justement que le fils
de notre Hokage, mon neveu, cherche à prendre femme. Donnez-lui votre fille, et nous
laisserons votre village en paix.
Le visage de Dohko devint brusquement livide, sa peau blême pouvant presque se
confondre à la neige autour de lui. C’était comme si tout ce en quoi il croyait s’était effondré
sur lui, et que le néant laissé à la place avait aspiré ce qui lui restait de volonté. Il n’était plus
qu’une coquille vide manipulée par une force qui le dépassait. Le grand prêtre jeta un regard
vide vers Haruka, mais il ne vit pas plus de détermination en elle, au contraire. La jeune fille
était devenu un gouffre de désespoir. Déjà, Dohko pouvait voir des soldats s’approcher d’elle
pour l’isoler du reste des villageois.
- Je pense qu’il est inutile de dire que vous n’avez pas vraiment le choix, continua
Togo. Votre fille est peut-être un peu jeune, mais c’est une vraie merveille qui siéra
parfaitement aux goûts de mon neveu, j’en suis sûr.
- Vous ne comprenez pas : Haruka est ma fille unique. Elle est destiné à me succéder
à la tête de notre village.
- Alors vous devrez trouver quelqu’un d’autre pour cela, trancha le seigneur de guerre
d’un ton sec. Mes conditions ne peuvent être contestées en aucune manière.
Les soldats saisirent alors les deux bras d’Haruka et l’amenèrent de force devant Togo.
Celui-ci, qui la dominait d’au moins deux bonnes têtes, caressa doucement sa joue d’une main
rude, et ce premier contact sembla lui plaire. Par réflexe, Haruka détourna les yeux, cherchant
un échappatoire mental par lequel s’évader, oublier la gravité de la situation, fuir… mais où
que se porte son regard, le même désespoir s’affichait à elle. Le rideau de ses paupières
s’abattit alors sur sa vision, faisant couler une larme le long de sa joue.
- Elle est encore plus belle de près, dit Togo d’une voix mielleuse. Donnez-la nous et
votre village gardera son indépendance.
- Je…
Mais avant même que Dohko ait put dire un mot de plus, le général avait levé la main
pour lui faire signe de se taire.
- Vous avez deux solutions : soit vous nous l’offrez de votre plein grès, et vous
pourrez continuer votre vie comme avant, soit vous refusez, et nous la prenons par la force en
annexant votre village. Je sais que vous êtes un homme de raison qui saura faire le bon choix.
Dohko baissa soudain la tête dans un signe de soumission. Haruka avait l’impression
d’être sous l’emprise d’une malédiction, d’un cauchemar dont elle était destinée à ne jamais
s’éveiller, et d’autres larmes tombèrent alors dans la neige à ses pieds. Je suis perdue.
Perdue… mais pas mon village. Ces hommes, ces femmes, ces enfants, ils étaient tous destinés
à devenir mes disciples, ceux qu’il m’aurait un jour fallut diriger selon les règles du
Bun’Betsu pour assurer leur bien-être. Maintenant, la seule chose que je puisse faire, c’est les
sauver aujourd’hui, et leur donner la chance d’échapper à la tyrannie, pour perpétrer la
tradition, et continuer à garder notre secret.
Rassemblant ce qui lui restait de volonté, Haruka sécha ses larmes et affronta le regard du
seigneur de guerre pour lui dire avec respect :
- Si ce sont vos conditions pour laisser mon peuple en paix, alors je m’offre de moimême en mariage à votre neveu.
Un cri de stupeur retentit brusquement à travers toute la foule. Certains habitants parmi
les plus pieux tombèrent même à genoux sur le sol enneigé, priant l’esprit de la Balance dans
le vain espoir que tout ceci soit faux. Les ninjas du village de la Foudre s’empressèrent de
gérer la panique qui s’était emparé du peuple d’Hakari, parfois en employant la force. Depuis
des années, les villageois l’avaient vu grandir, de corps comme d’esprit, sous l’éducation de
son père. Pour beaucoup d’entre eux, Haruka était le symbole d’un futur radieux, d’une ère de
prospérité spirituelle qui pourrait être celle aboutissant au Grand Equilibre. Mais mon règne
ne viendra jamais, se dit-elle. Je dois me sacrifier pour préserver mon peuple, quelles qu’en
soient les conséquences.
- Haruka !!! Non !!!
Une lueur d’espoir naquit brusquement dans l’esprit de la jeune fille en entendant ce cri.
Elle connaissait cette voix, même si celle-ci n’avait encore jamais prononcé son nom.
Ishida…
Le garçon avait quitté la foule anonyme, pour se présenter devant elle et le seigneur
Togo. Les même larmes qu’avait versé la jeune fille ruisselait sur son visage, contrastant avec
la détermination intense que jetait son regard. Il prit une profonde respiration pour rassembler
son courage, et lança à la jeune fille :
- Tu ne peux pas nous abandonner, Haruka ! Nous avons besoin de toi ! Tu es notre
espoir et notre foi ! Tu es le pilier d’Hakari !
- Qui est ce jeune fou ? fit Togo.
- Je suis Ishida Tosakagi ! Et je ne vous laisserai pas nous prendre Haruka ! Prenez ce
que vous voulez, qui vous voulez, mais pas elle !
A nouveau, Togo afficha un sourire d’amusement qui terrorisa la foule, mais face auquel
Ishida resta stoïque. Pendant un instant qui sembla durer une éternité pour Haruka, le seigneur
de guerre observa ce garçon qui s’était dressé devant lui. Puis, lentement, il lui demanda :
- Serais-tu prêt à donner ta vie pour elle ?
- Si cela peut la sauver, alors oui.
Il n’y avait eut aucune hésitation dans la voix d’Ishida. Cela déstabilisa quelque peu le
seigneur de guerre, mais celui-ci se reprit immédiatement pour retrouver son allure martiale,
croisant ses bras derrière son dos en signe d’assurance. Haruka se tourna alors vers son père,
qui était totalement perdu, et semblait léguer tous ses espoirs en Ishida.
- J’aime ton courage, avoua Togo. Vraiment. Mais cela ne changera pas ma décision.
- Alors je vous défi ! lança Ishida. Battons-nous, et laissons le destin montrer qui a
raison !
- Tu es sérieux, mon garçon ?
- Je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour protéger Haruka. Et si cela signifie
donner ma vie pour elle, alors qu’il en soit ainsi !
Le sourire de Togo s’élargit soudain à son maximum, alors que le seigneur de guerre jeta
au sol son épais manteau de fourrure, révélant l’impressionnante armure d’argent qui
protégeait son corps. Alors qu’il retirait une à une les plaques protectrices qui tombaient
lourdement dans la neige, il lança un regard terrifiant à Ishida.
- Comme je fais presque quatre fois ton âge, je vais te faire une fleure : pendant une
minute, je me contenterai de parer tes coups. Après seulement, j’attaquerais, sans employer de
technique de ninjutsu.
Une terreur sans nom avait prit possession d’Haruka, son esprit enfermé dans une cage
de souffrance mentale dont elle ne pouvait s’échapper. Ishida… non ! Tu n’as aucune
chance ! Il va te tuer ! Je… je t’aime. Et je sais que tu m’aimes, mais il n’y a plus de future
possible pour nous deux. Tout ce que je peux faire, c’est te permettre de continuer à vivre
libre, ainsi que tous les autres habitants de Hakari. S’il te plait, renonce ! Laisse-moi partir
de moi-même. Laisse-moi au moins être libre de cette décision.
Ces mots, Haruka aurait voulu les prononcer à haute voix, mais quelque chose en elle le
lui interdisait. C’était comme si une part d’elle-même refusait d’avouer ces sentiments, ou
même de les admettre, comme si elle en éprouvait de la honte ou de la gêne. Je suis désolé,
Ishida. Depuis que je te connais, j’ai toujours que tu étais trop timide pour me déclarer ta
flamme. Et aujourd’hui, tu es prêt à mourir pour moi alors que je n’arrive même pas à
prononcer ces mots magiques. Je comprends maintenant, que de nous deux, c’est moi qui suis
la plus timide. Je cachais juste ma passion derrière mes plaisanteries, en attendant que tu
fasses le premier pas. Et maintenant que tu avance trop, sans voir le gouffre qui s’est creusé
entre nous, je dois t’empêcher de t’écraser.
Avec les dernières forces mentales qui lui restaient, Haruka se précipita devant Togo et
enroula ses bras autour du corps imposant du seigneur. Elle était bien sûr totalement incapable
de le retenir, mais son geste avait plus de force que ses muscles, tout comme son regard
implorant.
- Je vous en prie, seigneur ! Pardonnez l’insolence de ce garçon ! Je m’offre à vous
librement ! C’est ce que vous désiriez, non ? Alors partons et laissez mon village en paix
comme vous l’aviez promis.
L’insistance avec laquelle la jeune fille parlait fit reculer Togo, qui n’était pas habitué à
ce genre de contact. Lentement, un pas après l’autre, il s’approcha de la grande statue de
pierre qui ornait la place devant le temple. C’était une représentation de la Balance du Destin,
au sommet de laquelle se tenait la silhouette du Juge Ultime, l’être qui viendrait un jour pour
établir le Grand Equilibre dans le monde. Elle était entouré d’un petit muret de briques
blanches formant un cercle autour de la statue, et sur lequel Togo trébucha. Sa masse sur
laquelle s’appuya Haruka tomba en arrière, ainsi que la jeune fille, et le seigneur ne put
dégager ses bras à temps pour prendre appuie quelque part. Sa tête heurta l’une des branches
du trépied d’or soutenant la balance, et qui était lourdement orné par des symboles, des
gravures, et plusieurs sculptures s’extériorisant de la structure principale. C’est sur l’une de
ces sculpture que sa nuque tomba violemment pour être littéralement transpercé par le
matériaux ultra-résistant, tuant le seigneur de guerre sur le coup.
CHAPITRE VINGT-TROIS : LA GENESE D’UN MAL, PARTIE 3
Haruka ne comprit pas tout de suite ce qui s’était passé. Ou plutôt, elle n’arrivait pas à
admettre que le seigneur Togo était mort, et que c’était entièrement de sa faute. Les yeux
hébétés, elle cherchait vainement une trace de vie dans le regard immobile de l’homme sur
lequel elle était restée affalée, jusqu’à ce qu’elle aperçoive le sang couler sur le sol. Cette
vision lui fit un tel choc qu’elle se releva d’un bond, et recula de plusieurs mètres en secouant
la tête, comme si elle voulait se réveiller d’un faux rêve, mais l’horreur ne disparut pas. Son
esprit anéanti, elle tomba à genoux sur le sol pavé de la grande place.
Tout le village d’Hakari semblait s’être figé autour d’elle, et seul le vent faisant vibrer les
vêtements et les chevelure de la foule lui prouvait que le temps s’écoulait toujours. Puis, peu à
peu, tous les regards qui étaient tournés vers le corps sans vie de Togo se dirigèrent sur
Haruka. Un poids gigantesque commença à écraser le mental de la jeune fille, car à travers
tous ces regards étaient transmis une quantité phénoménale de sentiments, qui cherchaient à
pénétrer sa conscience. Où que se portait ses yeux, Haruka se retrouvait forcée d’affronter
ceux de ses semblables et ceux des envahisseurs, exprimant chacun un torrent d’émotions qui
ne pouvaient lui échapper.
La religion de Hakari, le Bun’Betsu, avait pour but ultime d’apporter la paix l’Humanité.
Son enseignement avait trois phases devant être suivies par chacun des disciples du village de
la Balance : la compréhension de soit-même, la compréhension des autres, et la découverte de
l’harmonisation. Haruka n’en était encore qu’à la seconde phase. Comprendre les autres
consistait à apprendre comment voir les émotions, à les décrypter dans chaque regard, chaque
geste, chaque intonation de voix. C’était un enseignement particulièrement difficile, qui
demandait de la concentration, de la patience, et surtout énormément de pratique.
Et à cet instant, au milieu de toute cette foule exprimant librement l’ensemble de ses
émotions, ce fut comme si l’enseignement d’Haruka s’était accéléré à un point sur-humain.
Une quantité incroyable d’informations qu’elle décodait inconsciemment sur les visages
furent envoyés à son cerveau, et de nombreux flashs de lumière illuminèrent sa vision comme
pour diminuer ce flot nerveux.
Soudain, un mouvement parmi la foule attira le regard d’Haruka : l’un des ninjas du pays
des Nuages, portant une armure d’officier, s’avança vers Togo et lui prit le pouls. Puis il
tourna vers la jeune fille ses yeux injectés de haine, jetant à la foule le message qu’elle
redoutait tant :
- Il est mort !
- Je… je n’ai pas voulu… bafouilla Haruka.
- Tu voulais sauver ton amis alors qu’il ne craignait rien ! le commandant voulait juste
lui donner une leçon et lui apprendre les lois de la vie ! Il n’avait aucune intention de le tuer !
Inconsciemment, Haruka recula vers son père, cherchant une quelconque protection contre
toute la colère qui s’abattait sur elle. Dohko la prit dans ses bras mais ne put dire un seul mot.
Le contact paternel rassura quelque peu la jeune fille qui put alors affronter les regards des
ninjas tandis que ces derniers commençaient à sortir leurs armes. Non… Pas ça… Essayez de
comprendre, je vous en prie.
Ces mots, Haruka aurait voulu les crier, mais aucun son ne sortit de sa gorge. La peur
l’avait totalement paralysé. L’officier ninja qui s’était avancé commença à s’approcher d’elle,
dégainant une longue dague courbe qu’il dissimulait dans son dos.
- Tu as tué notre seigneur ! hurla-t-il. N’espère pas recevoir la moindre indulgence de
notre part !
Le monde entier semblait s’être transformé en un cauchemar vivant dans l’esprit de la
jeune fille. Ses yeux se fermèrent, acceptant la sentence jusqu’au plus profond de son âme,
adressant une dernière prière à son peuple. Cette pensée fut interrompue par le cri d’Ishida qui
se précipita vers le ninja en armure, mais celui-ci ne porta qu’une faible attention à cet
importun. Une attention juste suffisante pour calculer le moment où faire exécuter à sa lame
aiguisée comme l’éclair une courbe qui trancha net la gorge du garçon, ainsi que le bras que
ce dernier avait inconsciemment avancé pour se protéger.
- Je ne ferai pas la même erreur que notre seigneur, lança le ninja.
L’homme leva sa dague dans les airs, et Haruka referma les yeux. Le bruit du métal
transperçant la chair parvint jusqu’à ces oreilles avec une netteté absolue, comme si elle
connaissait ce son depuis qu’elle était venue au monde. Mais bizarrement, elle ne ressentit
aucune douleur. Suis-je déjà morte ? Cela aurait été aussi rapide ? Pourtant, j’ai toujours
conscience de mon existence… et de mon corps. Je peux… je peux ouvrir les yeux…
Et ses paupières se levèrent, pour voir le visage de son père qui s’était interposé. Du sang
s’échappait de sa bouche, et sa respiration était irrégulière. Sur sa poitrine émergeait la pointe
de la dague ensanglantée. Non…
- Pardonne-moi, Haruka… murmura Dohko.
L’officier du pays des Nuages retira sa lame du corps du grand prêtre, et celui-ci tomba à
genoux devant sa fille. Aussitôt, des cris de stupeurs retentirent à travers toute la foule tandis
que les villageois cherchait à s’approcher. Les soldats ennemis tentèrent de les retenir, mais se
retrouvèrent vite forcés de faire usage de leurs armes. Une émeute éclata rapidement.
L’attention du ninja en armure se retrouva détournée un instant, et Dohko en profita pour
rassembler les dernières forces qu’il lui restait, afin de mener Haruka jusqu’à l’intérieur du
grand temple d’Hakari. Les villageois refermèrent la porte derrière lui et refusèrent l’entrée
aux guerriers de la foudre avec toute la force dont ils disposaient. Tandis que le chaos du
massacre retentissait à l’extérieur, Dohko porta sa fille devant l’autel central : un large cercle
de pierre sur-élevé accessible par un large escalier. Haruka était totalement inexpressive, son
esprit presque disparu et son âme sur le point de mourir.
De sa main libre, Dohko traça un symbole invisible sur l’une des pierres de l’escalier, et
celui-ci commença alors à s’abaisser marche après marche, révélant un tunnel qui s’enfonçait
dans les profondeurs de la montagne. Plusieurs torches étaient accrochées à l’entrée du
passage, et Dohko en saisit une pour s’éclairer. Il sentait la vie le quitter lentement, et pour la
première fois de sa vie depuis la mort de sa femme, il ressentit la peur l’envahir : la peur de
mourir avant d’avoir accomplit sa dernière tâche. Le village d’Hakari ne disparaîtra pas
ainsi, sans livrer son dernier message au monde. La prophétie a commencé, et je ne peut
l’empêcher de s’accomplir jusqu’au bout. Tel est notre destin.
Lentement, le grand prêtre et sa fille arrivèrent jusqu’à une gigantesque salle souterraine,
dont les murs de pierres blanches étaient couvertes de textes écrits dans l’ancienne langue
d’Akari. Au centre de cette salle se trouvait une représentation de la Balance du Destin au
moins cinq fois plus grande que celle qui était érigée sur la grande place du village, et devant
laquelle il posa le corps inerte d’Haruka. La jeune fille était encore consciente de ce qui lui
arrivait, mais toute force de corps et d’esprit l’avait abandonné, ne lui permettant plus ni de
bouger, ni de penser. C’était comme si elle était morte, et que son fantôme refusait de quitter
son enveloppe charnelle. Dohko savait qu’il devait faire vite, avant que ce qui restait de
volonté à Haruka la quitte, rompant définitivement le lien de son âme en lui offrant la plus
malheureuse des morts.
Dohko sortit soudain une lettre de sous sa robe, et la glissa dans celle d’Haruka.
L’hémorragie dans la poitrine du grand prêtre s’agrandit lorsqu’il souleva sa fille pour la
transporter le long d’un escalier menant à l’un des énormes plateaux d’or de la balance, où il
la posa délicatement. Le poids de son corps rompit l’équilibre de l’édifice, amenant le plateau
opposé à hauteur d’un autre escalier, que Dohko emprunta. Lorsqu’il se retrouva finalement
sur le large disque d’or, dont la surface étincelante était couverte d’écrits sacrés datant d’une
époque sans âge, les deux plateaux se croisèrent pour stabiliser de nouveau la statue. Et bien
que le corps de Dohko était nettement plus lourd que celui de Haruka, l’équilibre redevint
parfait lorsque la vie le quitta.
Haruka, ma tendre petite fille,
Si tu lis ces mots, cela signifie que notre village est maintenant disparu, ainsi que moimême, et que tu es désormais la dernière représentante de notre peuple. Cela signifie
également que j’ai été obligé d’agir selon l’accomplissement de la prophétie, et que tu te
retrouve maintenant dans le lieu le plus sacré de Hakari : le véritable temple de la Balance
du Destin.
Je regrette tellement de ne pouvoir te dire ces mots de vive voix, afin que tu puisses
ressentir toute la tristesse et le chagrin qu’ils contiennent. Mais je n’ai pas eut le choix. Tu
dois probablement avoir vu de bien terribles choses, désormais, et contemplé la sombre vérité
de ce monde. J’ignore comment tu réagira face à tout ceci lorsque cela arrivera, mais je suis
sûr que tu resteras forte, comme tu l’as toujours été. Tous mes espoirs sont réunis en toi,
Haruka. Et maintenant, je te laisse cette lettre en espérant que tu comprendras son message.
Tu es l’enfant de la prophétie, ma fille chérie. Ton destin est de rétablir l’équilibre et
de faire disparaître les conflits, grâce au pouvoir que je t’ai donné. C’est un pouvoir
immense, qui a le pouvoir de faire disparaître à jamais le Mal de la surface de ce monde. Tu
es devenue le Juge Ultime de la Balance du Destin. C’est un poids avec lequel il te faudra
vivre, et je suis sincèrement désolé de devoir t’imposer une telle charge.
Je regrette aussi profondément de ne pas avoir put terminé ton éducation. La
recherche de l’harmonisation est un enseignement que j’aurais tant voulu te voir réussir,
mais il va te falloir recherche par toi-même cette leçon. Tout ce que je peux faire, c’est te
guider vers quelqu’un d’autre, un vieil ami qui vis désormais en ermite au pays du Feu. Va à
la grande ville de Torishoba, en venant par le Nord pour éviter le village caché de Konoha.
Là-bas, demande ton chemin vers la Montagne Argentée, jusqu’au temple de la Lumière. Tu y
trouvera Mundo Okada, un ancien prêtre de notre village qui a voulu répandre le Bun’Betsu
à travers le monde. C’est lui qui terminera ton éducation.
Lorsque tu seras prête, cherche parmi les hommes qui possèdent le plus de haine en
eux. Cherche celui qui possède la haine la plus totale envers ses semblables et envers
l’Humanité elle-même. C’est lui qui t’aidera à éradiquer le Mal, pour apporter la paix à tous.
Sa haine te permettra de tuer tous les êtres maléfiques de cette terre, pour épargner
uniquement les âmes les plus pures, qui formeront alors un nouveau paradis. Je sais que cette
vision t’effrayera probablement, mais c’est ton destin, et le temps te permettra de l’accepter.
Je te fais mes adieux, ma chérie. Je te lègue tout mon amour et tous mes espoirs, afin
que tu trouve la force d’accomplir la prophétie de notre village, et pour que notre sacrifice
n’ai pas été inutile.
Je t’aime, Haruka, et je resterai toujours dans ton cœur.
CHAPITRE VINGT-QUATRE : L’ÊTRE DE HAINE SUPRÊME
Huit mois plus tard...
La neige avait cessé de tomber sur les montagnes blanches entourant le cimetière, tandis
que le faible brouillard qui régnait jusqu'à présent commençait à se lever. Naruto et Hinata
s'étaient tous deux assis face à Haruka pour écouter son récit, qu'elle leur avait livré d'une
voix d'enfant désespéré, pleurant même vers la fin. Les deux ninjas de Konoha avaient du mal
à imaginer qu'elle avait put inventer toute cette histoire pour les attendrire. Depuis le début,
pensait Naruto, je me trompais sur son compte. Je croyais qu'elle était quelqu'un de froid et
meurtrier, qui tuait pour sa simple satisfaction... mais je n'ai jamais été aussi loin de la vérité.
- Lorsque je suis sortie du temple, continua Haruka, le village était entièrement
détruit, et tous ses habitants avaient été massacrés, leurs corps rassemblés en un immonde
charnier. J'ai passé une journée entière à les enterrer ici, puis je suis partie voir l'ami de mon
père.
- Et c'est lui qui a terminé ton éducation ? demanda Hinata pour accélérer les choses.
- Oui. Puis j'ai recherché l'Être de Haine Suprême, en récoltant des informations
parmi les habitants du pays du Feu. Rapidement, j'ai entendu parlé d'Uchiwa Sasuke.
- C'est pour cela que tu es venue à l'examen chunin de Konoha ?
Haruka acquiesça d'un hochement de tête sous la cagoule que les deux ninjas lui avaient
mise. Malgré sa tenue relativement légère pour un climat aussi rude, elle ne tremblait pas le
moins du monde, ce qui signifiait qu'elle n'avait pas froid, mais aussi qu'elle n'avait pas peur.
En fait elle est juste... désespérée.
- Mon maître, Mundo Okada, m'a permis de participer à l'examen en envoyant une
lettre de recommandation à votre Hokage. Je voulais rencontrer Uzumaki Naruto, qui était le
seul capable de me dire où se trouvait Uchiwa Sasuke.
- Et pourquoi es-tu revenue ici, maintenant que tu sais où il est ? fit Hinata.
Haruka resta silencieuse un long moment. Ce ne fut que lorsqu'elle entendit Naruto se
lever pour la frapper à nouveau qu'elle avoua :
- Mon pouvoir n'est pas parfait. Lorsque je tue quelqu'un grâce à la Balance du
Destin, son âme se retrouve piégée à l'intérieur de moi, et son énergie vitale se mêle peu à peu
à mon chakra. C'est pourquoi je dois revenir ici avant que mes victimes ne disparaissent
totalement : pour relâcher leurs âmes dans le temple de la Balance. Si jamais je tarde trop, ces
âmes disparaissent définitivement, et ne peuvent plus rejoindre le domaine des cieux.
- J'espère pour toi que tu l'as déjà fait, lança Hinata d'un ton menaçant.
- Bien sûr que oui, s'écria Haruka. C'est la première chose que j'ai fait en arrivant ici !
Je voulais juste me recueillir quelque temps sur la tombe de mon père avant de repartir. Vous
comprenez cela, au moins ?
Mais Hinata ne le comprenait que trop bien, et avait du mal à contenir ses émotions parmi
lesquelles se mêlaient surtout compassion et regret.
- Nous allons te ramener à Konoha, dit-elle avec un calme forcé. Notre Hokage
décidera de ton sort là-bas.
- Pourquoi est-ce que vous ne me tuez pas tout de suite ? C'est ce que vous voulez,
non ?
La question de la jeune fille avait été franche. Tellement franche qu'elle causa un haut-lecœur à Hinata, qui était effrayée de voir qu'elle et Naruto étaient vus comme de vulgaires
meurtriers semblables à ceux qui avaient détruit ce village.
- On ne nous a pas envoyés pour te tuer, mais pour te ramener à Konoha ! Nous ne
sommes pas des assassins ! Maintenant ne parle pas ainsi des gens que tu ne connais pas !
- J'ai rencontré assez de gens pour connaître la façon dont raisonne le monde.
C'en était trop pour Hinata. D'un pas rapide, elle se dirigea vers Haruka et lui arracha sa
cagoule pour la regarder dans les yeux, et s'aperçut qu'elle pleurait... de rage. Elle croyait
fermement en ce qu'elle disait, et elle n'avait pas peur de le montrer. Derrière son masque
blanc et bleu d'ANBU, Hinata se permit d'afficher une mine attristée, dont elle seule avait
conscience. Les regards des deux filles restèrent figés l'un dans l'autre pendant un long
moment avant qu'Haruka accepte de s'expliquer :
- La première chose qui vient est la méfiance. Devant une personne inconnue, c'est le
premier sentiment qui s'exprime. Puis, plus vous en apprenez sur cette personne, plus vous
avez de raison de vous en méfiant, et même de la mépriser. La nature humaine est ainsi :
chacun essaye de préserver des autres son petit monde intérieur. Cette envie indomptable le
pousse toujours à rechercher en chacun ce qui pourrait lui être dangereux, et qui pourrait
menacer son sanctuaire mental. Notre premier ennemi, c'est toujours les autres.
« Ainsi, tout le monde se méfie de tout le monde, tissant dans la réalité une épaisse
toile de sentiments haineux dans laquelle ils se retrouvent piégés. La société est une immense
bombe émotionnelle, qui ne se maintient dans le temps que grâce à de petites explosions
ponctuelles prenant la forme de disputes, de combats, de batailles, de guerres.
« L'Homme n'est pas fait pour s'aimer. Il a reçu de la Nature le don du libre arbitre,
mais sa bêtise animale le conduit à s'autodétruire en voulant préserver à toux prix son univers
personnel, le seul endroit où il se sent bien. Sa naïveté et son égoïsme sont les deux maîtres de
sa pensée, où la Raison n'a pas la place d'exister. A tout instant, chacun ne cherche que son
propre intérêt, et ne voit dans les autres que des obstacles au bonheur vers lequel il tend. Au
lieu de s'unir afin de construire un futur radieux pour tous, les hommes se montent les uns
contre les autres, chacun tentant d'être celui qui atteindra réellement son but.
« J'ai traversé tant de lieux, et j'ai croisé le regard de tant de gens. Dans chacun
d'eux, je n'y ai vu presque que des sentiments égoïstes, comme s'ils avaient eux-même choisis
de s'isoler du reste de l'humanité. Et bien que la plupart du temps, chacun possède en lui
quelques bons sentiments pour une poignée de personnes, tout cela est si facilement détruit.
« C'est ainsi que le monde a l'impression de bien fonctionner, croyant que son
équilibre est le seul possible. Mais j'ai été choisie pour modifier cet équilibre, en lui donnant
une nouvelle base sur laquelle s'appuyer. Je n'ai qu'une seule raison de vivre, et c'est parce que
vous me redouter que vous êtes venus m'arrêter. Je représente un danger qui doit être éliminé,
par tous les moyens. Et maintenant, si je ne peux accomplir mon destin, je n'ai plus de raison
de vivre. Alors ne vous gênez pas, et tuez-moi tout de suite ! Vous n'aurez qu'à dire que j'ai
résisté et que vous avez dû vous défendre !
Mais seul le vent glacial répondit aux paroles de Haruka. Les deux ninjas de Konoha
restaient immobiles, paralysés par ces mots si durs prononcés par une personne si jeune. Et
des deux adolescents, Hinata était de loin la plus affectée. Ses blessures sont-elles aussi
profondes pour fausser ainsi son jugement sur les autres ? Son objectivité a complètement
disparu, et elle n'est plus capable de voir autre chose que le malheur qui l'entoure.
Une profonde tristesse envahit soudain le cœur d'Hinata, alors qu'elle prenait conscience
du véritable problème auquel elle devait faire face : Haruka ne devait pas être maîtrisée, mais
raisonnée.
- L'humanité n'est pas mauvaise en elle-même, commença la jeune Hyuuga. C'est
seulement qu'il existe en ce monde des gens suffisamment malveillants pour créer autour
d'eux de mauvais sentiments. Il n'existe qu'un très petit nombre de personnes vraiment
maléfiques, et celles-ci disséminent la peur et la méfiance dans le cœur des hommes. C'est
ainsi que peut se créer une société haineuse envers elle-même.
« Mais cela ne justifie par que tu puisses ainsi juger le monde entier comme cela, à ta
guise. Le pouvoir que tu as reçu n'existe pas dans ce but. La vérité est que tu n'as tout
simplement pas choisi de punir les bonnes personnes. Il faut que tu étouffes les mauvais
sentiments en éradiquant le Mal à sa source, en éliminant ceux qui sont à l'origine de cette
sombre toile de haine.
- Même en faisant cela, répliqua Haruka, d'autres prendront leurs places. La nature
humaine est telle qu'ils faut toujours que les forts profitent des faibles, et qu'un trône de
puissance appelle à être pris.
- Un trône piégé fait hésiter même les plus téméraires. Personne n'oserait tenter de
faire régner sa propre loi après que les être les plus dangereux de ce monde aient été vaincus.
- La peur n'affecte pas les fous ou les obsessionnels. De plus, ceux qui naîtront après
un tel évènement recommenceront les mêmes erreurs, et nous ne pourront rien faire à cela. La
seule solution, pour que les gens comprennent, c'est un cataclysme tellement puissant que sa
force purificatrice incitera les survivants à trouver la voie de la Raison.
« Après chaque grande catastrophe, chaque grande guerre, à chaque fois que
l'humanité a essuyé un fléau qui a fait disparaître un nombre de vies titanesque, les Hommes
ont retrouvé la véritable noblesse qui est cachée en eux. Alors je vais faire appel à un fléau
d'une ampleur telle que ceux qui survivront montreront une noblesse toute aussi grande, qui
ne tarira jamais, et qu'ils transmettront pour l'éternité à leurs descendants.
« Voilà pourquoi j'ai besoin de Uchiwa Sasuke : parce qu'il considère le monde
entier comme un obstacle a sa vengeance. Et l'un de ses plus grands désirs est de voir
disparaître tous ces obstacles. Il est l'Être de Haine Suprême, celui qui, lorsqu'il sera jugé par
la Balance du Destin, fera exploser sa haine pour tuer l'humanité entière. Et seuls ceux qui
sont suffisamment forts et suffisamment bons survivront.
Ces paroles brisèrent les convictions d'Hinata avec la facilité d'une brique traversant un
miroir, et ses espoirs de raisonner la jeune fille volèrent en éclat pour être emportés par le
vent. La tristesse qu'elle exprimait pour Haruka se fit alors plus profonde, plus forte.
Et c'est alors que la Pierre Florale se mit brusquement à vibrer sous son uniforme
d'ANBU. Aussitôt, la neige recommença à tomber, et le vent se fit plus fort, tourbillonnant
autour d'elle dangereusement. Hinata comprit aussitôt que cette réaction ne ressemblait à rien
de ce qu'elle avait déjà connu. Mes émotions n'étaient pourtant pas assez fortes pour
déclencher une telle réaction. Alors pourquoi ? Quel est l'élément catalyseur qui a causé
cela ? Qu'est-ce qui fait que ces sentiments diffèrent de mes sentiments habituels ? ... Ils
concernent Haruka. Son pouvoir et le mien ont commencé à résonner entre eux. Si cela
continue, je risque de perdre le contrôle de ma Pierre Florale. Il faut que je m'éloigne d'elle.
- Dis-moi où se trouve le sanctuaire souterrain de la Balance ? demanda Hinata d'un
ton ferme. Plutôt que de te tuer, je vais mettre un terme à ton pouvoir.
CHAPITRE VINGT-CINQ : VENGEANCE
Le vent continuait de tourbillonner dangereusement autour du petit groupe, frappant les
tombes autour d’eux de bourrasques enneigées, cinglant leurs visages de filets d’airs glacés.
Hinata sentait le pouvoir de la Pierre Florale qui s’exprimait de plus en plus à chaque instant,
et qui se rapprochait du moment où il échapperait totalement à son contrôle. Il lui fallait
absolument s’éloigné d’Haruka, et c’est pourquoi elle afficha un regard aussi froid que l’air
environnant, afin de l’inciter à répondre à sa question.
- Il y a deux entrées pour y accéder, déclara la jeune fille. L’une se trouve dans le
temple, comme je vous l’ai raconté, et l’autre se trouve ici, à l’intérieur du mausolée des
grands prêtres.
Hinata balaya alors le cimetière du regard, afin de trouver un bâtiment sombre et
lourdement décoré, à peu près de la taille d’un grand arbre. Le mausolée se trouvait à une
centaine de mètres du petit groupe, à moitié dissimulé derrière les derniers voiles du
brouillard.
- Je vais y allez, Naruto. Toi reste ici, et garde un œil sur elle.
- Naruto ? fit Haruka avec une surprise totale en se tournant vers le garçon. Vous êtes
Uzumaki… Naruto ?
En guise de réponse, le jeune ninja retira son masque et lui afficha un beau sourire.
Hinata sentit immédiatement un danger et eut un mouvement vers lui, mais il fit signe que
tout allait bien :
- Ne t’inquiète pas : elle ne peut plus rien me faire, maintenant. J’ai déjà été Jugé.
- Tu es sûr ?
- Va inspecter sanctuaire. Je me charge de la surveiller pendant ce temps.
Il n’y avait aucune faiblesse dans la voix de Naruto. La confiance régnait en maître sur
son visage, comme toujours. Et cette confiance, il savait comment la faire partager, comment
la transmettre à ses amis et, surtout, à celle qu’il aimait. Hinata n’avait besoin de rien d’autre
que de voir ce visage rayonnant pour être convaincue. Sans rien ajouter, et sans même se
retourner, elle se dirigea d’un pas décidé vers le mausolée des grands prêtres. Alors qu’elle
s’éloignait, le vent tomba brusquement, et la neige se fit plus rare.
- Elle aussi possède un grand pouvoir, remarqua Haruka.
- Oui, avoua Naruto. Mais même si son pouvoir est différent du tient, le danger qu’il
représente si elle l’utilise mal n’en est pas moindre, au contraire. Elle aussi, elle pourrait faire
appel à des fléaux innommables, encore plus facilement que toi. Cependant, elle a choisi une
autre voie, plus dure, plus difficile à suivre, mais plus noble. C’est quelqu’un sur qui tu
devrais prendre exemple.
Haruka ne répondit que par un léger rire d’amusement auquel Naruto préféra ne pas faire
attention. La jeune fille était ligotée, et son pouvoir n’avait plus d’effet sur lui maintenant
qu’il l’avait déjà subit une fois. Il n’avait aucune raison de la craindre. Par contre, il avait de
bonnes raisons de craindre pour la vie d’Hinata. Elle venait tout juste d’entrer dans le
mausolée, ce qui à la fois rassurait et inquiétait Naruto. Car même si elle s’éloignait de la
seule personne dangereuse présente dans le coin, elle s’enfonçait également dans un lieu
inconnu où tout pouvait arriver.
Et soudain, comme une réponse à ses peurs, Naruto entendit Hinata pousser un violent
cri de terreur, malgré la distance qui le séparait du mausolée. Sans se poser de question, il se
précipita vers l’édifice en hurlant le nom de son amour, laissant derrière lui Haruka et son rire
moqueur qui s’amplifiait. Lorsqu’il arriva devant la lourde porte de métal à moitié ouverte, la
voix d’Hinata retentit dans les ténèbres qui régnaient à l’intérieur.
- Naruto ! cria-t-elle. Aide-moi ! C’est…
Mais elle ne finit pas sa phrase, et ses paroles raisonnèrent entre les murs du mausolées
durant de longues secondes. Naruto ne savait plus quoi faire lorsque, subitement, il aperçu une
silhouette menaçante sortir de l’ombre, et dont la vision lui glaça le sang : Uchiwa Itachi.
C’est impossible ! Pourquoi serait-il ici ?
- Qu’as-tu fais à Hinata ? lança le garçon en dégainant son sabre d’ANBU. Où estelle ?
- Mais ici, répondit l’Uchiwa.
Lentement, Itachi leva son bras, et le cœur de Naruto cessa de battre. Dans sa main se
trouvait la tête d’Hinata.
Il la tenait fermement par les cheveux, et le sang coulait à flot du cou tranché dont la
blessure faisait atrocement souffrir le garçon. Le regard vide de la jeune Hyuuga était figé
dans ses derniers instants de peur, fixant involontairement le garçon dans les yeux. Ce regard
le terrifia à un point au-delà de son imagination, et le fit reculer au dehors. Mais Itachi sortit
lui aussi du mausolée, continuant de dresser la tête d’Hinata devant lui.
Naruto ne savait plus quoi faire. Il était totalement perdu. Hinata… ce n’est pas
possible… pas toi ! Tu étais si sage… si douce… si parfaite. Tu étais ma vie, mon âme, tout.
Qu’est-ce que je suis maintenant, sans toi ? Qu’est-ce que je peux faire ? Qu’est-ce que je
dois faire ? Je dois… je dois… JE DOIS TE VENGER !
Avec une rage sans limite qu’il fit retentire en un cri de souffrance ultime, Naruto se
précipita sur Itachi, la pointe de son katana en avant. L’Uchiwa ne chercha même pas à
esquiver le coup, et la lame lui transperça le torse alors qu’il souriait sans broncher. Il a
probablement déjà lancé une technique d’illusion, pensa Naruto. Cette image va disparaître
d’un instant à un autre, et il va m’attaquer par derrière. Je dois réagir très vite…
Mais quelque chose de bien plus terrible arriva à la place. Les mains de Naruto, qui
étaient jusque là fermement agrippée au pommeau de son sabre, se mirent subitement à
trembler comme deux feuilles mortes. Puis il lâcha son arme, et recula de frayeur en titubant,
avant de tomber à la renverser sur le sol. Il ne ressentit même pas le froid contact de la neige,
ni le vent glacial qui fouettait son visage. Il ne sentait plus rien qui n’appartiennent à se
monde. Dans ses yeux apeurés et tremblant ne régnait que la peur la plus totale, la plus
absolue, la plus pure qu’il ait jamais ressenti.
Devant lui, à la place qu’occupait Itachi, se trouvait désormais Hinata, le corps transpercé
par son katana. La jeune fille regardait sa blessure, recueillant son propre sang dans le creux
de ses mains comme pour essayer de le retenir. Elle tomba brusquement à genoux dans la
neige qui se tâcha de rouge, et leva son regard vers Naruto alors que du sang commençait à
s’écouler de sa bouche. Ses yeux étaient remplit d’une incompréhension totale, mêlée d’une
tristesse infinie dans laquelle le garçon aurait voulu se noyer… pour mourir avec elle.
Les dernières parcelles d’énergie d’Hinata étaient en train de disparaître, et elle
s’effondra complètement sur le sol. Avec ce qui lui restait de force, elle tenta de retirer le
katana de son corps, mais n’y parvient que partiellement. Epuisée, elle laissa ses bras
retomber, et se tourna vers le ciel. Naruto s’approcha d’elle en rampant, avec une difficulté
qui n’était plus grande que toutes les faiblesses physiques. Sa main avança vers le visage de
son amour, mais ne put se résigner à la toucher.
- Hinata, dit-il au bord des larmes. Je…
Mais Hinata ne pouvait plus l’entendre. Ses yeux étaient figés, fixant un point virtuel du
ciel sombre d’où s’était remis à tomber la neige, de plus en plus fort. Elle était morte.
Le désespoir qui avait prit possession de Naruto se transforma peu à peu en colère alors
qu’il entendait de nouveau le rire ironique d’Haruka retentir derrière lui. Cela lui donna la
force de se relever, abandonnant Hinata pour aller saisir l’Enfant de la Balance par le col, et la
soulever violemment.
- Qu’est-ce que tu as fais, espèce de monstre ?! Répond ! Qu’est-ce que tu m’as fais ?!
- Mon maître Mondo Odaka n’a pas fait que terminer mon éducation, le nargua
Haruka. Lorsqu’il a apprit que j’étais investi du pouvoir de la Balance, il m’a apprit à
l’utiliser, ce qui nécessitait un entraînement aux techniques d’illusion. J’étais naturellement
très doué pour cela, et j’ai rapidement appris à effectuer des techniques de genjutsu avec
n’importe quelle partie de mon corps. Apparemment, tu es assez facile à manipuler.
- Mais pourquoi ? Pourquoi m’avoir obligé à faire ça ? Je vais te…
- Me tuer ? Vas-y ! Fais éclater ta haine !
C’est alors que Naruto comprit : elle voulait mourir. Elle avait fait tout cela dans l’unique
but que sa haine le conduise à la tuer, maintenant qu’elle n’avait plus de raison d’exister.
Qu’est-ce que je dois faire ? Je voudrais tant venger Hinata… alors qu’en vérité c’est moi qui
l’ai tué. C’est moi… mais j’étais sous l’illusion d’Haruka. C’est de sa faute ! Oui, de sa
faute ! Je vais… je dois…
Sa main fouilla dans sa sacoche, et trouva ce qu’il cherchait : l’un de ses kunais. Ses
doigts serrèrent la petite arme si fermement qu’ils saignèrent, sans qu’il s’en soucie un instant.
Voyant cela, Haruka se laissa tomber en arrière, et ferma les yeux en attendant qu’il frappe.
Et il frappa.
Pendant ce temps, en un lieu se trouvant partout et nulle part…
- Alors c’est cela, la Balance du Destin ?
CHAPITRE VINGT-SIX : ABSOLUTION
Hinata n’était pas surprise de se retrouver en un tel lieu, que Naruto lui avait décrit dans
les plus infimes détails. La Balance du Destin était aussi magnifique qu’elle l’avait imaginée,
et il s’en dégageait une aura de puissance incroyablement forte, qui faisait vibrer la jeune fille
de tout son corps. Alors qu’elle portait la main à sa poitrine pour calmer les battements
chaotiques de son cœur, elle s’aperçu que la Pierre Florale n’était plus à son cou. Son pouvoir
a certainement été repoussé par celui de la Balance. Tant pis. De toute façon, je n’en ai plus
besoin dans ce monde.
La jeune fille n’était nullement effrayée de se trouver là, au seuil des mondes spirituels.
Depuis le jour où elle avait faillit mourir au pays des Fleures, Hinata avait longtemps songé à
ce que c’était d’être réellement mort. Nous disparaissons tous un jour. L’important n’est donc
pas ce que nous avons été, mais comment les autres se souviendront de nous, et les choses que
nous avons accomplis pour qu’ils ne nous oublient pas. Je ne sais pas combien de personnes
se souviendront de moi dans quelques années, mais je sais que ceux qui le feront garderont de
moi l’image de quelqu’un de bien. Et c’est la seule chose qui importe.
Naruto… pourquoi faut-il que ce soit toi qui mit fin à ma vie ? Il y a tant de chose que
j’aurais voulu te dire, te montrer, ou te faire vivre… mais je ne le pourrai jamais. Je sais que
ce n’était pas de ta faute. Tu devais certainement être sous l’emprise d’une technique
d’illusion… J’espère seulement que tu y survivras.
Les deux gigantesques plateaux de la Balance du Destin venaient tout juste d’apparaître,
révélant leur surface d’or resplendissante à Hinata, qui était pour l’instant seule dans cet
immense espace sacré. Mais la solitude n’était pas un problème pour elle. D’autant que cela
ne va certainement pas durer...
C’est alors que Haruka apparut au sommet du pilier central soutenant les deux plateaux.
- Je suis navré d’avoir dû en arriver là, avoua-t-elle, mais grâce à cela, ton ami Naruto
me tuera peut-être pour te venger.
- Tu tiens tant que cela à mourir ?
- N’as-tu donc pas compris ? Je suis le Juge de la Balance, de par le pouvoir que m’a
légué mon père. Et grâce à cela, je continuerai de juger ceux qui quitteront le monde des
vivants.
- Est-ce donc là le seul but de ta vie ?
- Ma vie ? … Ma VIE ?! Pour moi, je suis morte en même temps que mon village !
Mon seul but était de les venger dans un holocauste ultime ! Mais ton ami et toi, vous m’avez
interdit ce destin ! Je me contenterai alors de juger l’humanité dans l’autre monde.
Hinata savait parfaitement que la détermination d’Haruka ne pouvait être ébranlée par les
mots, qu’elles pouvait facilement ignorer. Les paroles ne sont fortes que pour ceux qui savent
les écouter, et elle ne m’écoutera pas. Je pense qu’aujourd’hui, seuls la force ou les actes
d’une grande puissance peuvent encore la raisonner. Et ici, dans cet état, je suis bien
incapable de lui apporter l’un ou l’autre…
- De toute façon, continua Haruka, ce n’est plus ton problème. N’espère pas pouvoir
être ressuscité par ton Jugement comme l’a fait ton ami. Seule une personne tuée par ma
technique ultime peut espérer revenir d’entre les morts, et jusqu’ici, il n’y a que lui qui ait
réussi à la faire. Peut importe le nombre de personnes que tu portes dans ton cœur, leurs âmes
ne pourront pas te sauver.
- Epargne-moi ces paroles inutiles, lança Hinata. Je sais quelle sera ma fin, et je ne
chercherai pas à l’éviter. Lance tes hordes d’esprit, je ne les crains pas.
Un sourire en coin traversa le visage d’Haruka. De sa main droite, elle forma dans les airs
un symbole… qui se matérialisa aussitôt en une sorte de rune de glace. Naruto n’avait pas fait
mention de ce phénomène, et d’après le regard plein de surprise que jetait Haruka sur la rune,
ce n’était pas un oubli. Qu’est-ce qui se passe ? Pourquoi est-ce que cela ne se déroula pas
comme d’habitude ?
Mais alors qu’elle réfléchissait, Hinata put voir se matérialiser autour d’elle les âmes
innombrables de son monde. D’abord aussi diffuses et transparentes que des fantômes, puis de
plus en plus nette, ces entités prenaient peu à peu conscience de leur apparition en ce lieu.
Seulement, quelque chose n’allait pas : normalement, la plupart des âmes devaient rester
fantomatiques, et seules ceux que Hinata avait connues devaient prendre une existence
physique. Mais bizarrement, cette fois-ci, absolument toutes les âmes présentes sur la Balance
du Destin devinrent réelles. Ce n’est pas possible ! Je n’ai jamais connu autant de
personnes…
- Mais qu’est-ce que c’est que ça ? s’écria Haruka. Qu’est-ce que… qu’est-ce que tu
as fait ?!
- Je n’ai rien fait. C’est toi… qui a choisi la mauvaise personne.
Alors que les mots d’Hinata résonnaient dans l’immensité qui l’entourait, les esprits
invoquées se déplacèrent pour prendre place sur la Balance.
Il n’existe pas de mots pour exprimer la stupeur qui s’empara d’Haruka lorsqu’elle vit
toutes les âmes présentes et passées de cet univers se placer sur le Plateau de l’Amitié, aux
côtés d’Hinata. Une aura magique d’un bleu pâle se mit lentement à recouvrir la jeune
Hyuuga alors qu’elle fermait les yeux pour harmoniser ses sentiments avec ceux des
innombrables entités qui l’entouraient. Jamais elle n’avait attend un tel niveau de
concentration, qu’elle ne parvenait à maintenir que grâce à la volonté de fer que Naruto lui
avait transmise.
Je peux le faire. Maintenant je sais pourquoi j’ai reçu cette Pierre Florale. Ce pouvoir
m’a été légué pour balayer de mon âme toute émotion malsaine, et purifier mes sentiments en
prévision de ce seul moment. S’il existe un Être de Haine Suprême, il existe forcément son
opposé, son contraire. La Pierre Florale m’a enseigné la bonté, la compréhension et le
pardon, qui me permettent de ne point ressentir la moindre haine. Je dois me concentrer…
rassembler mes souvenirs, mes pensées, mes sentiments… et ne laisser qu’une affection
universelle. Je peux être… je dois être… je suis l’Être d’Amour Suprême.
Alors que ces mots s’imprimaient dans son esprit, l’aura bleutée qui entourait Hinata
s’étendit soudain à toutes les âmes présentes autour d’elle, et commença à s’intensifier. Sa
pâleur initiale se transforma peu à peu en une lumière aussi intense que celle d’un soleil
naissant, aveuglant Hinata et Haruka pendant de longs instants. Lorsque l’illumination
disparu, elle avait emportée avec elle toutes les âmes invoquées, laissant la Balance du Destin
vide.
Soudain, la rune de glace que Haruka avait involontairement créé se fissura. D’abord
faiblement, puis de plus en plus, jusqu’à s’effriter complètement et exploser devant elle.
Haruka sentit aussitôt que quelque chose avait changé en elle, comme un vide qui s’était créé
subitement. Lentement, elle balbutia :
- Je… je… mon pouvoir !
- Il ne t’appartient plus, annonça Hinata d’une voix douce. J’ai prouvé à la Balance
du Destin qu’il existe encore de la bonté dans le cœur des hommes, et que le temps du
Jugement Ultime n’est pas encore venu. Tu n’es donc plus utile à cette destinée.
« Si je dois quitter le monde des mortels, que ce soit au moins en le protégeant du
terrible danger que tu représentais. Maintenant, je peux disparaître sans remord, en paix avec
mes souvenirs. Je suis prête, enfin, à mourir…
Hinata ferma alors de nouveau les yeux, et attendit. Mais un long moment s’écoula, et
rien n’arriva. Elle sursauta soudain lorsqu’elle sentit la main d’Haruka se poser sur sa joue.
Lorsqu’elle rouvrit les yeux, Hinata s’aperçut que l’ancien Enfant de la Balance flottait dans
les airs devant elle, et lui souriait, d’un sourire amical et sincère.
- Tu es vraiment quelqu’un d’exceptionnel, lui dit Haruka. Maintenant je comprends.
J’étais dans l’erreur, aveugle et stupide, guidée par ma seule envie de vengeance alors que
j’aurais dû me tourné vers mes souvenirs. La mémoire de mon père ne méritait pas de tels
actes. Il m’a fallut te tuer pour voir cette vérité…
- J’accepte tes regrets et te pardonne tes actes. Sache que je suis heureuse d’avoir pu
te raisonner avant de partir.
- Non, fit Haruka. Tu ne partiras pas. Je vais te faire un cadeau, le genre qu’on ne peut
offrir qu’une seule fois en une vie.
Haruka se posa alors lentement sur le Plateau des Amitié. Son seul poids, le poids ultime
de la Balance du Destin, rompit l’équilibre pour faire descendre les deux jeunes filles… vers
le monde des mortels.
Naruto n’avait pas lâché le manche de son kunai, depuis qu’il l’avait planté. Le coup lui
avait semblé le plus difficile qu’il ait jamais porté, bien que sa cible soit totalement immobile
et sans défense. Tous ses muscles tremblaient sous le flux intenses de toutes les émotions qui
se disputaient son esprit. Derrière ses paupières baissées, il tentait de maîtriser ses pensées,
qui semblait tourbillonner en lui comme le vent glacial qu’il ne sentait même plus. Par
impulsion, au rythme des battements de son cœur, une question s’imposait à lui de plus en
plus fort, sans qu’il puisse y répondre. Est-ce que j’ai pris la bonne décision ?
Puis il ouvrit finalement les yeux, et affronta ceux d’Haruka. La lame du kunai avait
frappé la neige à un centimètre à peine du cou de la jeune fille.
- Alors ? lâcha-t-elle. Pourquoi ne veux-tu pas la venger ?
- Parce que ce n’est pas ce qu’elle aurait voulu.
- Peu importe ce qu’elle aurait voulu. Seul importe ce que toi tu v…
Mais Haruka ne fini pas sa phrase. Une aura bleuté se mit soudain à l’entourer, et ses
yeux se perdirent dans une autre dimension où elle semblait puiser quelque chose.
Naruto se tourna aussitôt vers le corps gisant d’Hinata, qui s’était illuminé du même halo
mystique. L’enveloppe charnelle de la jeune Hyuuga fut soulevée dans les airs par une force
invisible, tandis que des vents magiques tourbillonnaient autour de sa blessure. En quelques
instant, son corps fut régénéré, et la Pierre Florale brilla d’une lumière plus intense que jamais
alors que l’âme d’Hinata revint à la Vie. Autour d’elle poussa instantanément un cercle de
fleures qui, en s’ouvrant, libérèrent un nuage de papillons multicolores. Lorsqu’elle ouvrit
enfin les yeux, les sombres nuages qui régnaient sur ces montagnes depuis l’éternité
s’écartèrent pour laisser le soleil illuminer la scène.
- Hinata ! cria Naruto en se précipitant vers elle. Je… oh si tu savais combien je suis
désolé…
- Ne regrette rien, répondit-elle. Sans le savoir, tu as sauvé notre monde.
CHAPITRE VINGT-SIX : NOUVELLE VIE
Tsunade contemplait depuis maintenant un bon quart d’heure le temps magnifique qui
illuminait le village de Konoha. Le ciel était parfait, ses quelques nuages organisés comme
une œuvre d’art, apportant juste ce qu’il fallait de blancheur dans tout ce bleu intense. Et il
n’y avait pas que le ciel : tout le reste du paysage était parfait lui aussi. Les fleures des
cerisiers lâchaient leurs pétales roses dans les airs, où le vent les faisaient danser
agréablement. La verdeur du village n’avait jamais été aussi éclatante, aussi harmonieuse et
pleine de vie. Elle y est certainement pour quelque-chose, pensa Tsunade.
C’est alors que quelqu’un toqua à la porte de son bureau.
- Entrez !
L’Hokage n’avait pas besoin de se retourner pour savoir de qui il s’agissait. L’avantage
de cela était qu’elle pouvait continuer d’observer le paysage, et ainsi donner la véritable
image d’un chef, chose qui lui était rarement possible. Derrière elle, Hinata et Naruto
attendaient qu’elle prenne la parole. Tsunade décrocha finalement son regard du paysage et
contempla les deux adolescents, qui n’avaient pas honte de se tenir la main devant elle.
Naruto était impressionnant dans son nouvel uniforme de chunin, qui lui allait à ravir.
Tsunade n’avait même pas eut à intervenir auprès du jury de l’examen pour lui faire obtenir
son nouveau rang, car le dur combat qu’il avait mené contre Dangô ayant largement suffit. Il
faut avouer que ce n’était pas un adversaire normal pour ce genre de tournois. Haruka non
plus…
Quand à Hinata, elle était plus resplendissante que jamais. Il ne lui était plus possible de
cacher le pouvoir de la Pierre Florale, qu’elle montrait désormais ouvertement accrochée à
son cou. Au milieu de ses cheveux, une rose blanche restait éternellement fraîche depuis
qu’elle était revenue, et l’air semblait se purifier autour d’elle. La jeune Hyuuga était devenu
quelqu’un d’extraordinaire. La compagne idéal pour quelqu’un comme Naruto…
- Je suis vraiment fière de vous, leur confia-t-elle d’une voix presque maternelle.
Vous avez vraiment fait un travail remarquable.
- Merci, répondirent-ils en cœur.
- Par contre, je pense qu’il est inutile de vous dire pourquoi vous devez garder le
secret sur toute cette histoire.
Les deux jeunes ninjas répondirent d’un hochement de tête, ce qui suffit amplement à
Tsunade.
- Parfait. Et maintenant, j’aimerais que vous vous reposiez un peu avant de débuter
votre prochaine mission, qui débutera dès demain.
- Une mission ? s’étonna Naruto. Demain ? Mais il faut que j’aille chercher Sasuke
au plus vite !
- C’est justement cela, l’objectif de votre mission : ramener Uchiwa Sasuke. Cela
peut également impliquer d’éliminer toute chose empêchant la réalisation de cet objectif.
Un sourire de satisfaction franc et entier apparut aussitôt sur le visage de Naruto, qui jeta
un regard complice vers Hinata. Mais il n’avait pas besoin de la regarder pour savoir qu’elle
partageait ses sentiments, et qu’elle le suivrait sans hésitation, quel que soit le danger.
- Cette mission est de rang A, continua Tsunade. Je suis donc dans l’obligation de
mobiliser une escouade complète de trois chunins pour la remplir.
- Nous ne serons pas sous le commandement d’un jounin ? s’étonna Hinata.
- Non. Et je pense d’ailleurs que vous réussirez mieux ainsi.
- Peut-on choisir le troisième membre de notre équipe ? demanda immédiatement
Naruto.
- Désolé, mais j’ai déjà désigné votre partenaire.
La-dessus, Tsunade se dirigea vers la porte menant au couloir devant son bureau, et fit
signe à quelqu’un d’entrer. L’instant suivant, Haruka pénétra dans le bureau avec un uniforme
de chunin sur elle, et un bandeau portant le symbole de Konoha accroché autour du cou. D’un
signe de la main, et dans un magnifique sourire, elle salua les deux autres ninjas. Bien qu’elle
ait été leur ennemie à peine deux jours plus tôt, Naruto et Hinata l’accueillerent comme la
plus intime des amies.
A leur retour, Tsunade avait appris de la bouche des deux jeunes ninjas ce qui s’était passé
au village de la Balance : lorsque Hinata était revenue à la vie, elle avait ramené avec elle les
souvenirs de son Jugement, qu’elle avait alors transmis à Haruka. L’ancienne fille de la
Balance avait donc profité de l’enseignement qu’Hinata lui avait inculqué dans l’autre monde,
pour devenir quelqu’un de totalement différente. Depuis cet évènement, elle n’avait jamais
cessé de sourire, d’exprimer la joie immense qu’elle avait reçue, voyant enfin le bon côté de
l’existence. C’est pour cela qu’elle a voulu rejoindre l’académie ninja de Konoha, pensa
Tsunade. Elle désire se faire pardonner. Mais je pense qu’elle souhaitait également rester à
leurs côtés…
- Du fait que vous allez affronter l’un des ninjas les plus doués dans l’art de l’illusion,
expliqua l’Hokage, j’ai pensé qu’il vous serait utile d’avoir dans votre équipe quelqu’un qui
s’y connaisse dans ce domaine.
- Excellente idée, appuya Hinata en faisant fleurir plusieurs roses de joies parmi ses
cheveux. Je suis certaine que Haruka nous sera d’une aide plus que précieuse.
De son côté, Naruto n’eut rien à dire, car il suffisait d’observer son regard pour y lire
toute la réjouissance qui brûlait en lui. J’avais oublié combien il aime se faire des amis…
- Alors cette question est réglée, annonça Tsunade. Demain, vous reviendrez ici pour
prendre votre ordre de mission et partirez pour Jacurutu. Ca vous va ?
Les trois chunin acquiescèrent silencieusement puis quittèrent la pièce ensembles.
Lorsqu’ils furent partis, Tsunade retourna à sa fenêtre pour contempler le paysage. Elle se
surprit à regretter d’avance le départ d’Hinata. Même si nous sommes à la belle saison, tout
sera nettement moins beau sans elle.
C’est étrange… avant qu’elle ne parte en mission pour le pays des Fleures, je pensais
qu’elle était juste quelqu’un de timide et renfermée, qui avait besoin de temps pour devenir
adulte. Mais cette aventure a révélé sa véritable personnalité. Avec la Pierre Florale, l’un des
sept joyaux ultimes du monde, elle ne peut plus tricher avec ses sentiments. La force cachée
qu’elle contient peut tout autant apporter la prospérité au pays que le plonger dans un
cataclysme destructeur. Je comprends maintenant pourquoi le pays des Fleures a tenu secret
l’existence de cette pierre pendant si longtemps…
Si elle le voulait, Hinata pourrait même devenir le prochain Hokage…
Tsunade se permit d’exprimer un certain plaisir à cette pensée. Depuis la fondation du
village de Konoha, tous les Hokage avait été des hommes jusqu’à sa nomination. Cela
l’amusait d’imaginer une nouvelle ère où le village serait dirigé uniquement par des
femmes… mais elle savait bien que ce n’était qu’un rêve stupide. Après tout, c’est Naruto qui
est destiné à devenir le prochain Hokage. Mais peut-être le deviendront-ils tous les deux, s’ils
reviennent de cette mission.
Laissons donc le temps nous apporter la réponse…

Documents pareils