La maîtrise du cheval d`arçon

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La maîtrise du cheval d`arçon
LE MAG
SAMEDI 3 MARS 2012 L'EXPRESS - L’IMPARTIAL
JEUX
Monopoly made in Japan
SP
Plus tactique que le célébrissime jeu
grâce à un système de placements qui
récompense la ruse, « La course à la
fortune » déboule en Europe. PAGE 18
MUSIQUE Le groupe bernois de jazz Pommelhorse sera prochainement
au bar King, à Neuchâtel, pour présenter un premier disque soigné et envoûtant.
La maîtrise du cheval d’arçon
NICOLAS DONNER
Des oreilles aux yeux, en passant par l’hippocampe. A
l’écoute du disque éponyme de
Pommelhorse, un amas d’images, vieilles ou nouvelles, parcourt votre esprit. Les titres qui
défilent réveillent le souvenir
d’une discussion au crépuscule
en bord de mer, d’un centreville saturé de trafic ou encore
d’un retour chez soi imbriaque
sous la lune. Les univers traversés varient, les notes vous calment puis vous crispent. Le
disque se termine. Vous avez
voyagé. Avec la compagnie bernoise Pommelhorse.
Ce groupe, composé de cinq
musiciens qui s’étaient rencontrés à l’Ecole suisse de jazz de
Berne, a été créé à l’été 2008. A
l’image de sa musique, il vogue
entre hasards et certitudes. Le
hasard? Celui d’être assis devant une télévision diffusant
les Jeux olympiques de Pékin et
d’y trouver le nom du groupe.
«Il y avait les épreuves de gymnastique artistique. Tout d’un
coup, on a vu ce nom de ‘‘Pommelhorse’’ (réd: cheval d’arçon)
écrit en grand sur l’écran. Ça sonnait bien et ça nous a paru amusant. On l’a adopté», explique
Jeremias Keller, bassiste du
groupe.
Les certitudes? «On a ‘‘jammé’’ quelques fois et ça été très
vite clair qu’on allait faire quelque chose de plus sérieux ensemble», se souvient Jeremias. «Et
puis, quand on joue, on sait exactement où l’on veut aller. Il n’y a
pas énormément d’improvisation
dans nos compositions. Tout est
très structuré, calculé, même s’il y
a une part de liberté laissée à
chacun.»
À LA RECHERCHE D’UN SON UNIQUE
Composé de Gregor Lisser (percussion), Jeremias Keller (basse), Olivier Zurkirchen (synthétiseur), Lukas Roos (clarinette) et Joel Graf (saxophone), le
groupe Pommelhorse produit une musique «entre le jazz, le rock et l’electro»,
selon son bassiste. «Nous sommes très ouverts à tout. Notre but, c’était vraiment de trouver notre propre son, que les gens puissent reconnaître notre style
à la première écoute.» Inutile donc de chercher des influences communes.
«Nous venons tous d’univers musicaux différents. Si l’on nous demande nos
disques préférés, il n’y aura pas deux fois le même. Par contre, nous sommes
d’accord sur ce que nous n’aimons et ne voulons pas faire.» NDO
D’où le constat: «Notre nom
vient d’un hasard, mais finalement, métaphoriquement, il nous
correspond bien. Comme un programme en gym, notre musique
contient des enchaînements arrangés, du mouvement et de la liberté dans l’exécution de certaines
figures», illustre le musicien de
25 ans.
«Nous ne voulons surtout
pas paraître intellos»
«Notre nom, Pommelhorse, vient d’un hasard, mais il nous correspond bien. Comme un programme en gym, notre
musique contient des enchaînements arrangés, du mouvement et de la liberté», explique le bassiste du groupe. SP
CD
In Illo Tempore explore les richesses
insoupçonnées de Tomas Luis de Victoria
L’œuvre de Tomas Luis de Victoria
(1548-1611), essentiellement religieuse,
publiée tout au long de sa vie, a été
abondamment enregistrée jusqu’ici.
Néanmoins, une trentaine de pages,
originales, retrouvées à Rome et en
Allemagne, ont échappé à ce
traitement. Inventoriées récemment par
un musicologue canadien, elles ont été enregistrées pour la
première fois à l’abbtiale clunisienne de Payerne par le chœur
In Illo Tempore, dirigé par Alexandre Traube, maître en musique
ancienne..
Cet admirable enregistrement, deux CD, prise de son JeanClaude Gaberel, emmène à la découverte de richesses
insoupçonnées. «Dominica ad vesperas» comprend des
antiennes, motet et un hymne. «Magnificat et Completorium»
est constitué de psaumes, de Salve Regina et de répons.
Toujours subordonnés à l’expressionnisme dérivé du texte,
chœur et solistes restituent l’œuvre, profondément mystique,
avec ferveur et talent. Des pièces d’orgue jouées par Guy Bovet,
l’ensemble La Tromboncina et William Dongois. cornet à
bouquin, complètent ces CD d’une richesse musicale bien
caractérisée. Un livret, documenté, accompagne cette
réalisation. DENISE DE CEUNINCK
MÉMENTO
A l’image de la démocratie corinthienne établie dans son club
par le footballeur brésilien Socrates, nulle hiérarchie n’est instituée au sein du groupe. Chacun propose, dispose, s’oppose,
dit «ja» oder «nein». «On
amène ce qu’on veut, peu importe
que ce soit plutôt rock ou electro.
On essaie, on creuse, on adapte,
sans jamais être forcé. C’est
comme une grande place de jeux
pour nous», constate, ravi, Jeremias Keller.
Si les titres souvent loufoques
de l’album («The Grotto», «The
Painful Process of Falling Asleep
at 5:30 am», «The Circus is Closed and the Animals have Gone
Wild») traduisent une certaine
autodérision et un sens de la
fête, les compositions sont complexes et soignées. De quoi re-
buter les non-initiés? «J’espère
pas», répond le bassiste. «Notre
musique est pensée, mais nous ne
voulons surtout pas paraître intellos. Le son est moderne, je crois
qu’il peut parler aux jeunes et aux
non-musiciens»
Sur les routes et les radios
En tournée dans toute la
Suisse pendant le mois de mars
pour promouvoir son disque,
sorti au début du mois, Pommelhorse s’apprête à vivre une
grande aventure. «On se réjouit
d’être sur la route, c’est un truc
qu’on rêve de faire étant gosse»,
raconte le musicien.
Souriant, sûr de lui, le jeune
homme ne craint pas les publics clairsemés. «On doit se
faire connaître, ce serait normal.
Et puis, même devant quatre-cinq
personnes, on se donne à fond, on
a appris à ne pas trop s’en faire.»
Gageons toutefois qu’ils seront plus nombreux à goûter
leur musique le samedi 10 mars
à l’Espace noir (Saint-Imier) et
le mercredi 14 mars au bar King
(Neuchâtel). Leur disque a en
tout cas déjà convaincu bon
nombre de radios et de clubs de
jazz à travers le pays. Le «cheval
d’arçon» pourrait enfin devenir
populaire... EN IMAGE
THÉÂTRE
Jeune public. L’ennui guette une petite reine, qui vit toute seule
dans son château blanc. Lorsque la couleur fait irruption dans son
univers, que se passe-t-il? Réponse demain à 17 heures au théâtre du
Pommier, à Neuchâtel, qui accueille sur son plateau «La reine des
couleurs». Un spectacle tout public (dès cinq ans), où la comédiennepeintre Eva Noell et le marionnettiste Paul Olbrich font se rencontrer la
musique, la lumière, la technique vidéo et le théâtre d’ombre
traditionnel. MUSIQUE
Création. Johan Treichel a composé les sonorités du «Requiem
fantastique», Antoine Joly en a écrit le texte. Proposée en ouverture de
la saison 20102 de l’Ensemble Intercomunicazione, cette œuvre avantgardiste pour récitant et électronique sera créée ce soir à 19 heures à
Neuchâtel, à l’Interlope (Case à chocs), puis demain à 17 heures à la
salle Faller, à La Chaux-de-Fonds. CINÉ-CONFÉRENCE
Autour de Guantanamo. L’ABC, à La Chaux-de-Fonds, tente
d’approcher Guantanamo, la tristement célèbre prison américaine
implantée sur sol cubain. Une problématique abordée aujourd’hui via
une conférence de Salim Lambrani, spécialiste des rapports entre Cuba
et les Etats-Unis (théâtre à 16h), suivie de la projection de «The
Guantanamo Trap», un film de Thomas Selim Wallner, dans la salle de
cinéma à 18h15. SP
HAUTERIVE
Expo. La galerie 2016, à Hauterive, vernit les «Espaces mobiles»
de l’artiste neuchâteloise Dominique Lévy, demain de 11h à 13 heures.
A voir jusqu’au 1er avril. RÉD