Musiques actuelles à Toulouse
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Musiques actuelles à Toulouse
Nicolas Meckel MUSIQUES ACTUELLES À TOULOUSE : Un dispositif pour la ville mars 2010 Maître d’ouvrage : Ville de Toulouse VIACULTURE : 10 rue des Princes - 31500 TOULOUSE Tél : 05 67 11 12 41 // 06 10 14 64 00 [email protected] www.viaculture-etudes.fr SIRET : 514 507 307 00026 – Code APE : 7022Z à toi Simon, cher fils… Sommaire en page 9 > A - SYNTHÈSE DES PRÉCONISATIONS 3 I - La philosophie du projet Le principe : il s’agit d’un dispositif original, pluriel et évolutif pour la valorisation des musiques actuelles à l’échelle de Toulouse, de son agglomération et de sa région. Ce dispositif a comme objectif premier d’être une ressource pour la pratique et la création musicales dans la plus grande diversité des courants en présence ; il est investi d’une forte ambition qualitative et d’une ouverture aux langages et aux techniques d’autres expressions contemporaines. Ce dispositif se compose d’une organisation humaine dédiée et d’une infrastructure satellitaire de plusieurs lieux fortement identifiables, répartis sur la ville et ses quartiers. Ce dispositif vise à proposer aux Toulousains un ensemble de prestations complémentaires à celles déjà assurées par l’ensemble des acteurs culturels œuvrant de longue date sur le champ de la diffusion des musiques actuelles, de la formation, du management et de la ressource professionnelle. Ce dispositif veillera à incarner la double diversité des esthétiques musicales et des niveaux de pratique des musiciens : amateurs, émergents, « en développement »… Ce dispositif se concevra puis évoluera dans le souci permanent de préserver la viabilité économique et professionnelle des acteurs déjà en place dans le domaine de la diffusion musicale, qu’ils soient rattachés au secteur marchand ou non-marchand. Ce dispositif fera une place régulière à la diffusion de concerts et d’événements en public, mais moins souvent comme un accueil ponctuel de tournées que comme un élément essentiel à la rencontre des chantiers artistiques en cours et des publics. 4 II - L’organisation urbaine et spatiale de l’infrastructure Le principe : il s’agit d’un dispositif satellitaire, composé de plusieurs équipements répartis dans la ville. L’équipement principal inclura : 1- une salle de concerts de 450 à 500 places et ses espaces techniques attenants 2- un vaste espace déambulatoire d’accueil dédié aux performances artistiques et au « vivre ensemble » 3- un ensemble de studios de répétition et de travail en pré-production scénique 4- un ensemble de bureaux 5- un étage indépendant destiné à l’hébergement d’une association porteuse d’un projet partenaire du dispositif. Les équipements complémentaires seront constitués : d’un ensemble de 4 à 5 petites salles municipales de quartiers d’une jauge de 100 à 200 places, réhabilitées techniquement pour permettre l’accueil de concerts et de répétition de musiques amplifiées, et disposant de plages d’ouverture publiques correspondant à cette spécialité d’un ensemble de salles sous gestion associative développant leur propre projet culturel, et qui permettront l’accueil régulier de concerts produits ou coproduits par le futur dispositif musiques actuelles de la Ville de Toulouse Une extension structurelle de ce dispositif est envisageable et souhaitable à l’échelle du Grand Toulouse, communauté urbaine ; elle dépendra de la capacité des communes affiliées à rendre des lieux dont elles seraient gestionnaires régulièrement accessibles et techniquement adaptés aux concerts et répétitions de musiques amplifiées. 5 III– L’organisation humaine du dispositif (l’Enseigne) L’organisation humaine et structurelle consistera d’abord dans le recrutement d’un chef de projet, devenant responsable d’une nouvelle entité musiques actuelles pour la Ville de Toulouse. Ce chef de projet se posera dès lors comme l’interlocuteur privilégié des milieux musicaux toulousains et comme conseil permanent au sein de la municipalité pour la mise en œuvre du dispositif. Cette entité musiques actuelles, qu’on appellera provisoirement l’Enseigne dans ces pages, connaîtra 2 époques dans ses statuts : depuis le recrutement du chef de projet jusqu’à l’ouverture de l’équipement principal, elle sera intégrée au service des Affaires culturelles de la ville dès l’ouverture de l’équipement principal, elle se mutera en une structure de droit privé au sein de laquelle la municipalité conservera une majorité décisionnelle (régie personnalisée ou association loi de 1901) Au moment de l’ouverture de l’équipement principal, un directeur sera recruté. Il sera en charge de l’ensemble du dispositif satellitaire décrit plus haut. Le chef de projet sus-désigné a naturellement vocation à occuper ce poste, sans qu’il y ait d’automaticité en ce sens. Le directeur aura alors à recruter une équipe resserrée d’une dizaine de permanents, sur des profils de poste de chargés de mission, de techniciens et d’assistants administratifs. Le directeur associera aux destinées de l’Enseigne un collège d’acteurs culturels représentant la diversité de milieu toulousain des musiques actuelles en termes de métiers et de publics concernés. Le fonctionnement détaillé de ce collège d’acteurs reste à déterminer en fonction du statut juridique qu’adoptera l’Enseigne. 6 IV – L’organisation partenariale du dispositif Il s’agit d’une logique de conventionnement entre la Ville de Toulouse et des structures associatives menant leur propre projet culturel et musical, structures reconnues et soutenues par la collectivité pour leur pertinence sur le long terme et sur leur dimension d’intérêt général. Les structures éligibles dotées d’une salle de spectacles seront amenées, au-delà du développement de leur propre projet, à offrir des possibilités d’accueils réguliers de concerts proposés par l’Enseigne musiques actuelles, produits par celle-ci ou par des associations identifiées et répondant aux conditions légales en la matière. Les autres formes de contribution du secteur associatif concerneront les formations artistiques et techniques ou encore la ressource spécialisée, comme autant de prestations « à la carte » accessibles aux groupes en résidence sur le futur dispositif. Ces structures partenaires pourront de ce fait bénéficier d’un soutien financier de la collectivité pour la réhabilitation architecturale, technique et fonctionnelle de leur équipement, le cas échéant. Les prestations « à la carte » seront prises en charge par le budget du futur dispositif musiques actuelles. 7 V – Étapes et chronologie souhaitables de la mise en œuvre Recrutement d’un chef de projet pour les musiques actuelles avant rentrée 2010 Création d’une « Enseigne musiques actuelles », entité ressource intégrée à la direction des Affaires Culturelles de Toulouse rentrée 2010 Réhabilitation de 4 à 5 salles municipales dédiées aux musiques amplifiées d’une jauge de 100 à 200 places de rentrée 2010 à rentrée 2011 Désignation d’une maîtrise d’œuvre pour l’équipement principal : un espace de création/diffusion des musiques actuelles doté d’une salle de 450 à 500 places début 2011 Validation des structures associatives partenaires reconnues comme éléments du dispositif de l’Enseigne musiques actuelles début 2011 Constitution d’un collège d’acteurs associé à l’Enseigne musiques actuelles fin 2011 Recrutement d’un prestataire en tant qu’équipe technique volante intervenant sur les salles de quartier intégrées au dispositif fin 2011 Ouverture de l’équipement principal sous gestion de l’Enseigne, celle-ci devenant alors une régie personnalisée ou une association loi de 1901 début 2013 8 SOMMAIRE A – Synthèse des préconisations 3 B – Prendre la mesure 10 1 – Introduction 11 2 – Lire ce rapport 13 3 – Musiques actuelles, enjeux publics 15 4 – Tendances 16 5 – Acteurs culturels en présence 18 6 – L’animation socioculturelle 24 C – Éléments du dispositif 28 7 – Inventer l’après SMAC 29 8 – Nommer un chef de projet 34 9 – Créer une Enseigne musiques actuelles 36 10 – Réhabiliter des salles existantes 38 11 – L’équipement principal 41 12 – Des projets associatifs partenaires 44 13 – Estimation de l’investissement principal 52 14 – Estimation du budget de fonctionnement 53 Annexe 55 Un grand merci à Félix Dupin-Meynard pour la qualité de ses prises de notes et, au-delà, pour le professionnalisme d’ensemble de sa collaboration… Photo de couverture : Nicolas Meckel (prêt de matériel : Music Halle) 9 B - PRENDRE LA MESURE 10 INTRODUCTION Premières considérations… (1) aucun domaine culturel comme les musiques actuelles ne réunit en France autant de praticiens amateurs aucun domaine culturel comme les musiques actuelles ne suscite dans les pays européens une telle mixité sociale et générationnelle, en même temps qu’une telle distinction identitaire – tribale parfois – des publics selon les courants musicaux fréquentés aucun domaine culturel comme les musiques actuelles (sinon peut-être les arts plastiques) n’est aussi présent au sein de ces projets communautaires et autres squats s’improvisant dans la cité, au carrefour de l’expérience artistique et de l’économie sociale et solidaire aucun domaine culturel comme les musiques actuelles n’aura suscité, avant même qu’on les appelle ainsi, de telles vocations militantes, fédératives et de travail en réseaux chez ses acteurs, jusqu’aux principes de co-construction qui les animent aujourd’hui aucun domaine culturel comme les musiques actuelles ne brasse à ce point les conditions marchande et non-marchande de son développement, comme il dispache la présence des musiciens professionnels et des groupes amateurs sur les scènes de la cité aucun domaine culturel comme les musiques actuelles ne confronte aussi précisément les pouvoirs publics à la prise en compte locale d’un fait d’ampleur planétaire, lui-même en perpétuelle mutation aucun domaine culturel comme les musiques actuelles n’aura occasionné ces vingt dernières années une telle « mise à l’épreuve du réel » pour toutes les collectivités publiques et toutes les institutions en charge de la décentralisation culturelle Mais de ce fait… aucun domaine culturel comme les musiques actuelles n’est à ce point tributaire des évolutions des technologies de l’information et des effets de la mondialisation, en même temps qu’il en est l’un des vecteurs aucun domaine culturel comme les musiques actuelles n’est à ce point pénalisé par la crise mondiale du disque, tout en voyant se creuser les écarts de fréquentation entre les concerts 1 Les différents marqueurs présentés ici se réfèrent aux sources suivantes : - - Les Pratiques culturelles des Français / Enquêtes de 1997 et de 2008 / Olivier Donnat / Ministère de la Culture Les données du CNV / Centre National de la Variété et du Jazz / Enquêtes 2008 Les données régulièrement actualisées de l’IRMA / Centre d’Information et de Ressources pour les Musiques Actuelles Les études menées par Avant-Mardi, pôle régional des musiques actuelles en Midi-Pyrénées Ma propre fréquentation du champ socioéconomique des musiques actuelles depuis 12 ans à l’échelle des territoires comme au plan national 11 de têtes d’affiches internationales (à la hausse) et ceux des artistes plus confidentiels et locaux (à la baisse) aucun domaine culturel comme les musiques actuelles n’a recours à ce point aux emplois précaires et au bénévolat, hypothéquant le parcours professionnel de ceux, artistes, petits producteurs, micro labels, acteurs de quartier et autres développeurs culturels, qui prétendent mener leur parcours en dehors des industries et des médias de masse Alors… aucun domaine culturel comme les musiques actuelles n’est à ce point complexe à appréhender en termes d’actions de service public, dans le souci de l’intérêt général mais aussi dans la prise en compte de tant de disparités locales, tant d’originalités associatives, tant d’arrière-salles de bars, tant de micro-économies précaires, tant de projets de proximité qui en sont d’indispensables composantes… 12 2 – LIRE CE RAPPORT Les musiques actuelles, mais encore ? Par essence, ce sont des musiques populaires. Par enjeux commerciaux, ce sont des musiques de masse. Par enjeux de politiques publiques, ce sont les musiques d’un corps social. Les musiques actuelles, combien de divisions ? le rock et ses déclinaisons folk, pop, punk, métal, progressif, hardcore… le reggae, le ska, le funk… le blues, le jazz, la soul… la chanson francophone, les musiques du monde, les musiques traditionnelles… le hip-hop, le rap, l’électro, la techno, le dub, la dance, le trip-hop, le groove… et tant d’autres, qui en sont des fusions possibles et attendues… Quant à l’appellation hasardeuse « musique actuelle », on s’abstiendra de revenir une fois encore sur le débat obligé en pareil exercice, sur son délaissement par les artistes et les publics, sur ce pléonasme d’actuel pour ce qui est d’une musique jouée ici et maintenant – quels qu’en soient par ailleurs le répertoire et la date de fabrique… Repères méthodologiques Cette mission pour une structuration des musiques actuelles à Toulouse fait suite à un appel d’offres émis en août 2009 par la Ville de Toulouse. La mission a débuté à la mi-septembre, sur un volant financier équivalent à 10 semaines de production effective par le bureau d’études Viaculture, pour s’étaler sur un calendrier prévisionnel allant jusqu’à fin décembre 2009. Le pilotage de cette mission était assuré par : Mme Nicole Belloubet, première adjointe au maire de Toulouse, maire-adjointe en charge de la culture Mme Danièle Soulé, directrice du développement culturel / Direction des Affaires culturelles / Ville de Toulouse M. Éric Fourreau, chargé du suivi du projet culturel / Ville de Toulouse Les données initiales Compte-tenu de l’objectif de faisabilité assigné au rendu de cette mission, j’ai convenu avec le comité de pilotage de consacrer l’essentiel de ce calendrier à la préfiguration opérationnelle d’un dispositif original pour les musiques actuelles sur la ville et son agglomération ; et ainsi de m’appuyer autant que possible, en terme de données-sources, sur mes précédents travaux ayant trait à ce sujet : 13 l’état des lieux contenu dans un Rapport sur les Pôles Structurants de Musiques Actuelles en Midi-Pyrénées / 2005 / pour le compte du Conseil Régional de Midi-Pyrénées l’état des lieux contenu dans un Rapport sur le développement de la Chanson en MidiPyrénées / 2008 / pour le compte du Conseil Régional de Midi-Pyrénées Il sera donc fait régulièrement référence à ces études (disponibles en intégralité auprès de la Direction de la Culture et de l’Audiovisuel / Conseil Régional de Midi-Pyrénées) ainsi qu’à diverses sources bibliographiques mentionnées en bas de page. Les données complémentaires Les Assises de la Culture organisées par la Ville de Toulouse entre juin et novembre 2008 auront permis de révéler le foisonnement – parfois l’entrechoc – des paroles et des désirs de cette population concernant les conditions de la vie culturelle dans leur cité. Le document né de cette grande concertation publique « La culture en mouvement / le projet culturel pour Toulouse 2009-2014 » tient lieu pour moi de référence évidente : référence parfois explicite, le plus souvent implicite. Les principales évolutions du champ toulousain des musiques actuelles depuis 2005, date de la première étude mentionnée, tiennent pour beaucoup à l’accroissement considérable du nombre de porteurs de projets associatifs se revendiquant d’une activité de production de concerts et festivals, de booking, de management et d’accompagnement des groupes, de soutien à la production discographique, de valorisation d’un projet de quartier ouvert aux musiques actuelles… J’ai ainsi souhaité compléter ces données initiales par la mise en œuvre d’un processus d’échanges directs avec ces porteurs de projets : 31 entretiens individuels, semi-directifs ou ouverts (détail en annexe) 71 participants (soit 51 organisations) aux 6 tables-rondes organisées à la Maison des Associations et intitulées « Diversité et convergence des nouveaux projets musiques actuelles pour Toulouse » (compte-rendu en annexe) Enfin, 52 questionnaires ont été renseignés lors de ces tables-rondes ; une exploitation en est présentée dans ces pages Ces participations avaient pour but d’enrichir et de compléter les nombreuses prises de paroles d’artistes et de porteurs de projet déjà recueillies lors des études susmentionnées et, plus récemment, lors des Assises de la Culture. Au-delà de la seule démarche d’identification des acteurs, ces échanges en groupes restreints (8 à 15 participants par date) avaient pour objet de les faire réfléchir de concert à une vision en « plan large » du devenir de leur projet, dans la meilleure prise en compte des projets voisins et surtout dans la perspective d’une véritable politique des musiques actuelles portée demain par la municipalité… Sans prétendre à une couverture exhaustive du champ socioprofessionnel étudié, nous avons désormais accès à une nette représentativité de ce milieu des acteurs toulousains en présence, à ce moment de notre intervention. 14 3 – MUSIQUES ACTUELLES, ENJEUX PUBLICS Il est bienvenu de s’interroger – encore et toujours – sur la part d’intérêt général qu’il convient d’attribuer à un domaine culturel aussi particulier que celui des musiques actuelles : secteur de droit privé avant tout, secteur aux contours aussi volatiles que le sont les lois du marché... Sa dynamique macroéconomique répond depuis ses origines aux besoins d’une consommation de masse, adossée à des nécessités de réussite à court terme et de modes, toujours tenue d’aussi près par ces « grands prescripteurs » que sont les producteurs de tournées internationales, les majors de l’édition discographique et les médias audiovisuels, de presse écrite et bien sûr d’internet. Mais à l’extrémité première de son processus, la question de cette émergence musicale du fond des garages pavillonnaires et des bars de nuit doit bien évidemment être entendue par les représentants de la cité dans sa dimension non-marchande : à la fois trans-générationnelle, sociétale et territoriale. Il s’agit à ce stade d’une pratique de grande ampleur, constituée de musiciens amateurs et de groupes en quête de développement, avec, à leurs côtés, un public aussi nombreux qu’éclectique... Dans l’espace de ce vis à vis culturel, sans équivalent en termes de fréquentation et d’attachement passionnel, toute une population s’identifie et identifie son cadre de vie. Et c’est d’autant plus vrai sur la génération des 15-35 ans, d’autant plus vrai sur une ville comme Toulouse, forte de ses 100 000 étudiants. Enfin c’est d’autant plus vrai quand on constate que les modalités mêmes de réception de la musique par ces publics dépassent de loin la seule question de leur « écoute tarifée » pour aller vers une quête de « ressenti physique » de fête et de communion dans l’espace partagé du concert. Les musiques actuelles, par la palette de leurs univers, par la diversité des lieux qu’elles investissent, par les codes et les valeurs collectives qu’elles génèrent, constituent autant un vecteur de lien social que d’épanouissement partagé dans la cité. Pourtant, parmi les quelque 700 à 1000 groupes que compte l’agglomération toulousaine, pas plus d’une dizaine ne peut espérer vivre de leur musique durant les prochaines années. Qu’en est-il alors des autres, et des porteurs de projets qui s’emploient à les représenter ? Où se situe l’intérêt général, dans ces conditions, de créer des lieux et des équipes, de soutenir la mise en lumière et la formation des talents à venir ? Au plan de la création artistique, des réponses obtenues par des villes comme Lille, Nantes, Clermont-Ferrand, Rennes s’écrivent en terme d’émulation permanente entre groupes « professionnels » et groupes « en développement », au sein des structures dédiées aux musiques actuelles apparentées SMAC, telles l’Aéronef, l’Olympic, la Coopérative de Mai, le Jardin Moderne… Plus encore, ces lieux de brassages tous azimuts sont désormais requis pour leur capacité à inventer l’événement et à animer l’espace public bien au-delà du concert ponctuel accueilli par le Zénith local ! De plus en plus, ces établissements cherchent à dépasser leur fonction de lieu scénique pour provoquer des résidences originales, pour investir l’éducation artistique, pour aller au devant de publics « empêchés », pour inventer des temps forts entres musiques et arts plastiques, arts du multimédia, chorégraphies, performances théâtrales… Par leur capacité à induire et abriter ces rencontres, les lieux publics dédiés aux musiques actuelles apprennent un peu mieux chaque jour à transformer la question de la réussite individuelle en une réponse d’imagination collective et d’animation de la vie locale ! Si les collectivités de tutelle confirment généralement leurs aides à ces structures après 10 ou 15 ans d’existence, c’est sans doute qu’elles en prennent toute la mesure… Souvent jusqu’à en faire la première « marque de fabrique » d’une politique culturelle de territoire ! En dehors de la lecture publique, aucun domaine des politiques culturelles locales n’est en mesure de concerner une aussi vaste population que le secteur des musiques actuelles... 15 4 – TENDANCES Ce qui n’a pas changé en 10 ans à Toulouse une rareté criante de salles de concerts de petite et moyenne jauge (de 100 à 300 places, équipées pour les musiques amplifiées) sous gestion publique ou associative non-marchande, permettant une expression de la diversité musicale en présence par voie de conséquence, la très forte dominante du secteur privé (bars musicaux, discothèques, Zénith, tourneurs locaux et internationaux…) sur l’organisation de concerts de groupes professionnels ou en développement un manque absolu sur Toulouse intra-muros de studios de répétition accessibles aux groupes émergents l’absence d’une entité pérenne placée sous l’égide de la Ville de Toulouse, maîtrisant la question des modalités d’accompagnement des pratiques amateurs et du développement des artistes en musiques actuelles le sentiment de frustration et de rancœur d’une majorité des groupes et d’acteurs culturels basés sur l’agglomération qui se sentent « livrés à eux-mêmes » entre la logique qu’ils considèrent restrictive du secteur privé et les carences d’une alternative de service public ou associative Ce qui a changé en 10 ans à Toulouse (et ailleurs… ) au plan mondial : une constante érosion de l’économie du disque, conséquence de diverses évolutions des modes de consommation, dont la dématérialisation des supports et de la musique téléchargée sur internet. Ce resserrement du marché de la musique enregistrée a pour conséquence un fort « retour du live » (tremplin, concert, festival, tournée) comme facteur déterminant pour l’exposition des talents, nouveaux ou confirmés. au plan national : le renforcement du phénomène d’identification des praticiens et des publics à un ensemble de valeurs et de codes liées à une esthétique musicale spécifique (punk, électro, hip-hop, reggae, techno…) ; chacune de ces familles pouvant elle-même susciter un certain nombre de sous-catégories… Cette identité esthétique est reflétée par des acteurs toulousains comme ceux des Siestes électroniques, d’Escambiar, de Progrès-Son, d’Antistatic, de Kalakuta, de KMK, de Freddy Morezon, de la Chatte à la Voisine… à Toulouse, la disparition du Bikini suite à l’explosion d’AZF en 2001, puis sa réédification à Ramonville en 2008. Cette période de 7 ans d’entre-deux où le Bikini a continué d’exister en tant qu’équipe nomade sur de multiples salles de l’agglo aura révélé, si besoin en était, son statut de structure de référence pour la diffusion des musiques actuelles, bien avant le Zénith, dont les capacités spatiales et techniques ne suffisent pas en faire un lieu identifié. Le Phare de Tournefeuille s’impose comme le spécialiste en second pour l’accueil des tournées d’artistes professionnels de la scène punk-rock-fusion. 16 très perceptible à Toulouse : l’apparition de l’ « acteur culturel » en tant qu’activiste au cœur de la cité, dans le champ des expressions populaires en général et des « nouveaux territoires de l’art » en particulier. Il s’agit d’un nouveau profil chez ces 25 – 40 ans, à la fois moins utopistes que leurs aînés et maîtrisant mieux les processus politico-administratifs en vue d’obtenir les aides essentielles à leur maintien. À un moment ou un autre, ces acteurs se confrontent pourtant à ce dilemme d’une autonomie créatrice revendiquée « do-it-yourself ! » et d’un besoin de subvention publique au plan de leur fonctionnement ou des mises aux normes techniques sur le bâti ( Mix’art Myris, Pavillons sauvages, Musicophages, Samba Résille…) le besoin pour ces personnes, souvent fortes d’un parcours universitaire conséquent et/ou d’un parcours militant, de s’approprier une activité valorisante de médiation, porteuse de sens au cœur de la cité et au sein d’un groupe identifiable autour de valeurs communes. Cette aspiration à exister dans l’espace culturel et social de la cité, dans une approche mêlant toujours des logiques de dissociation et d’association, semble se substituer peu à peu à la seule question sociale de l’artiste intermittent du spectacle, qui a vu ces dix dernières années ses espoirs de reconnaissance statutaire se réduire d’autant. c’est ainsi sous l’appellation de « développeur d’artiste » qu’on peut regrouper l’essentiel des porteurs de projets qui sollicitent aujourd’hui la collectivité, au nom de leur représentativité sur le champ des musiques actuelles à Toulouse. Plutôt bien construites et argumentées, souvent originales (ex le Sant-Carles, Mixart Myris, Samba Résille, la Pépinière, Lo Festenal…), ces diverses propositions se trouvent – tout ou partie - en concurrence les unes vis à vis des autres, dans l’attente de leur validation institutionnelle. ces projets de terrain se multiplient et se superposeront toujours davantage, aussi longtemps qu’il n’existera en face aucune vision d’intérêt général affichée et matérialisée par la collectivité ; vision suffisamment ouverte sur les principes d’accompagnement des pratiques pour proposer comme un « fil rouge » parmi la diversité des acteurs de terrain, et la plus légitime pour susciter demain des partenariats ciblés avec ces mêmes acteurs, compte-tenu de leur compétence particulière. Une organisation en particulier symbolise toute la force de cette poussée « non-institutionnelle » : Les Pavillons Sauvages Ce squat d’un ancien site militaire voit aujourd’hui son occupation légalisée du fait du rachat du terrain par la Ville de Toulouse. Au-delà des concerts de musiques actuelles, l’équipe s’est donné une mission globale de rapprochement avec la vie du quartier et d’économie sociale et solidaire (crèche autogérée, pédagogies alternatives, ateliers d’arts plastiques, AMAP, concerts de soutien…). Une cinquantaine d’associations de diffuseurs de musique et de micro-labels adhèrent et interviennent aux Pavillons : un des rares débouchés accessibles sur Toulouse en matière d’exposition de groupes émergents et d’accueil des groupes indés en tournée. Prévisible : la liste d’attente atteint désormais 3 mois avant toute possibilité de programmer dans cet espace... Bien sûr, tout reste à faire : mise aux normes ERP de l’espace concerts, insonorisation, respect des dispositions relatives à l’emploi des artistes, mise en œuvre d’un format économique viable, sortie progressive du « tout bénévole »… En tout état de cause, les Pavillons ont joué à plein le jeu de cette consultation et on été d’une grande aide pour la prise de contact avec ce vivier du « do it yourself » toulousain. 17 5 – ACTEURS CULTURELS EN PRÉSENCE Les données présentées ici font suite à l’exploitation de questionnaires diffusés lors tables-rondes organisées en novembre 2009, ayant réuni 71 participants, soit 54 organisations ayant pignon sur rue sur le champ des musiques actuelles toulousaines. En fin de chapitre est relaté le positionnement de ces acteurs sur les grands thèmes en lien avec la perspective de création d’un dispositif musiques actuelles par la Ville de Toulouse. Ces prises de paroles ont eu pour cadre ces 6 tables-rondes organisées en novembre 2009 à la Maison des Associations, ayant accueilli chacune de 8 à 16 participants. Le thème annoncé : « diversité et convergences des projets musiques actuelles à Toulouse ». Nous l’avons vu : la situation de ces porteurs de projets représente – au-delà des grands écarts d’objectifs et de moyens – le meilleur révélateur du contexte local sur lequel est amené à prendre place un dispositif de service public. Afin de mieux traduire la tendance, nous présenterons dans cette enquête un comparatif systématique des données issues des organisations les plus récentes (moins de 6 ans d’existence) vis à vis de l’ensemble du panel. Les 54 organisations participantes aux tables-rondes A Fleur de Rock Freddy Morezon Antirock Frontal Antistatic Intercollectifs APOIRC Jerkov Artscenica Kalakuta Prod At Rock Music Katatak Avant-Mardi Klak'Son Avis d'Ordure KMK Prod le Bijou La Petite Bleu Citron Mix'Art Myris la Chatte à la voisine Music'Halle Chèvrefeuille Musicophages Cinq Cinq Prod Pandémie Alternative Combustible Pavillons Sauvages COUAC Progrès Son Culture Bar Bars Projet San Carle Décibel /FLIM R.E.M.I. Dell' Arte Rotation Deux Mille Records Samba Résille Douche Froide Shabaz Earplug Stage on Fire Electrik Shower Takticollectif Escale Studio Escambiar To Loose Punkers Eskale Quilombo Toulouse l'Eté Espace Croix-Baragnon Toxic Music FLA Kultur Vita Vic 18 Retour de l’enquête acteurs / 52 questionnaires exploités les statuts juridiques 42 sont associatives (81%) 5 sont « informelles » 1 est en SAS (société anonyme simplifiée) 2 sont des services de la Ville de Toulouse 2 NSP l’inscription dans le temps 24 ont moins de 6 ans d’existence (48%) 15 ont entre 6 et 10 ans d’existence (30%) 2 ont entre 11 et 15 ans d’existence 3 ont entre 16 et 20 ans d’existence 3 ont plus de 20 ans d’existence 2 NSP Se confirme ici le profond changement du paysage des musiques actuelles toulousaines, dont la moitié des organisations œuvrant aujourd’hui n’existaient pas six ans plus tôt. « installés » et « nomades » 15 des 52 acteurs (28%) ont en gestion un lieu pérenne ouvert au public 37 des 52 acteurs (72%) ne sont pas gestionnaires d’un lieu pérenne les secteurs d’activité Diffusion de concerts 62% Manageur 40% Ressource et réseaux 40% 24% Tourneur Formation / résidences 22% 20% Action culturelle Label 8% Autres 8% Chaque organisation est présente en moyenne sur 2 de ces 6 catégories d’activités. Voilà pourquoi un total de plus de 100% est atteint. 19 Au long des années, les organisations tendent à s’ouvrir à de nouveaux pans d’activité : les moins de 10 ans d’existence développent en moyenne 2 des 7 activités les plus de 10 ans d’existence développent en moyenne 3 des 7 activités Considérant les acteurs ayant une existence inférieure à 6 ans, les activités de diffuseur/tourneur se retrouvent avec la même fréquence (-1 point) que sur l’ensemble du panel. En revanche, les activités relatives à l’accompagnement personnalisé de l’artiste (management, formation) sont nettement en retrait (- 6 points) chez les acteurs les plus récents. L’activité du disque (labels) est mieux représentée chez les plus récents (+3 points) mais les faiblesses de fonctionnement qui se cachent derrière cette appellation ne laissent pas présager de grandes opportunités à court terme pour les artistes locaux... l’emploi Les organisations emploient en moyenne 2,4 salariés permanents, soit 2,3 ETP (équivalent temps plein) En moyenne, elles ont recours au travail de 23 bénévoles sur l’année. Ce sont les acteurs travaillant sur l’action culturelle et sur l’événementiel qui ont recours au plus grand nombre de bénévoles (jusqu’à 100 pour Dell’Arte ou KMK). Considérant les acteurs ayant une existence inférieure à 6 ans, ils emploient en moyenne 1,6 salariés, soit 1,5 ETP. Elles ont recours au travail de 9 bénévoles en moyenne sur l’année. la relation « prestataire-bénéficiaire » L’apparition récente de l’acteur culturel dans le contexte toulousain revient à envisager l’artiste en résidence et le groupe managé en situation de « clients » potentiels. Qu’en est-il alors du « tout public » en bout de chaîne, du spectateur qui éventuellement paie son billet ? Dans un contexte où chacun, artistes, producteurs, manageurs, lieux ressources, institutions diverses peut s’envisager tour à tour prestataire ou destinataire d’un service, il nous a semblé intéressant d’interroger les organisations sur la manière dont elles situaient ce premier bénéficiaire de leur activité. 23 organisations désignent le « tout public » comme premier bénéficiaire de leur activité parmi celles-ci, le repérage de ce public correspond en priorité à une esthétique musicale , puis à un déterminant socioculturel, puis à une vie de quartier 22 organisations désignent les artistes ou d’autres « pros de la musique » comme premiers bénéficiaires de leur activité parmi celles-ci, c’est toujours le niveau de carrière de l’artiste (amateur, émergent, en développement, pro…) qui est pris comme facteur d’identification 8 organisations désignent simultanément les catégories tout public et pros. 20 la licence 22 organisations détiennent au moins une des trois licences d’entrepreneur de spectacle en vigueur dans le cas d’une activité de production, d’accueil ou de tournée de concerts. 1 organisation productrice a déposé une demande de licence, en cours de traitement. 10 organisations ne sont pas tenues de détenir une licence, compte-tenu de leur activité. 11 organisations sont en défaut de licence, compte-tenu de leur activité. l’envergure économique Le panel des acteurs présente des budgets de fonctionnement (exercice 2008) allant de : 700€ à 600 000€ 4 organisations présentent un budget de 0€ sur 2008 ! Le tableau ci-dessous présente 5 catégories de situation économique et d’emploi en regard de leur inscription dans le temps : Budget 2008 nb. d’Organisations nb. d’Équivalents Moyenne d’âge concernées TP / organisation organisations inférieur à 25 K€ 13 0,6 ETP 6 ans de 25 à 50 K€ 2 2,1 ETP 5 ans de 50 à 75 K€ 5 1,3 ETP 7 ans de 75 à 100 K€ 2 2,5 ETP 8 ans supérieur à 100 K€ 11 4,6 ETP 14 ans On retrouve ici une illustration des grandes disparités d’envergure socioéconomique des acteurs en présence, en particulier aux deux extrémités de la fourchette budgétaire. Le petit nombre d’acteurs situés dans l’entre-deux pose question ; il laisse pour le moins entrevoir une maturation difficile de ces associations dans les dix premières années de leur existence, avant de voir s’affirmer leur ancrage sur le paysage toulousain des musiques actuelles. Ou de disparaître… les subventions au fonctionnement 18 des 52 organisations perçoivent une subvention publique de fonctionnement, soit le tiers. Les subventions publiques cumulées couvrent de 15% à 100% des budgets. Comme c’est le cas en matière de bénévolat, ce sont les organisations travaillant sur l’éducation artistique (Samba Résille, KMK…) et sur des festivals gratuits (Convivencia, les Siestes électroniques…) pour qui le niveau de subvention est le plus important. Enfin, quand il s’agit d’un service municipal en 21 charge d’un festival sans entrées payantes, on ne s’étonnera pas que les ressources de la ville représentent 100% du son budget. Des contributions pour un nouveau dispositif… Retour synthétique des prises de parole aux 6 tables-rondes (71 acteurs) une quasi-unanimité se prononce pour la mise en œuvre de petites salles de diffusion et/ou pour une mise à disposition autrement plus conséquente des salles existantes, sous gestion de l’Animation Socioculturelle une majorité se dit favorable au principe d’ouverture d’un équipement phare pour les musiques actuelles, dont la salle de concerts comprise entre 400 et 500 places une répartition 50/50 s’établit entre les acteurs voulant faire de cet équipement une salle de concerts avant tout, et ceux qui en attendent une fonction plus globale pour l’accompagnement des artistes en développement et le soutien à la création musicale une majorité se dit favorable au recrutement d’un chef de projet, interlocuteur désigné par la Ville de Toulouse au plan des musiques actuelles une majorité estime que ce chef de projet devra occuper une fonction de médiation et d’administration plutôt qu’une fonction de direction artistique au sein d’un futur dispositif une majorité se dit favorable à l’instauration d’un système collégial aux côtés du chef de projet pour le pilotage du dispositif musiques actuelles une majorité demande à ce que la salle de concerts principale soit basée en centre-ville ; à défaut cet équipement devra être implanté dans un quartier accueillant déjà une vraie vie culturelle en soirée et, par ailleurs, desservi par un métro en toute proximité En conclusion Au delà des indicateurs quantifiables de leur activité, cette approche synthétique des organisations des musiques actuelles avait pour but de mieux cerner quelles modalités de prestation et d’échanges, quels cadres économiques, quelles visions communes et quels antagonismes coexistent aujourd’hui sur ce terrain. Il s’agit bien là d’une prise en compte indispensable avant la définition d’un dispositif de service public qui viendra compléter cette palette d’offres, tout en y associant un certains nombre d’entre elles. dans leur grande majorité, les plus récents de ces acteurs en présence sont suffisamment avertis des contextes et des contraintes dont ils dépendent pour qu’on puisse considérer qu’ils 22 ont déjà passé un premier cap de consolidation de leur fonction particulière au cœur de ce paysage. ensuite, la faible représentation d’organisations présentes sur le moyen terme (antériorité de 6 à 15 ans) laisse à penser qu’il existe un important turn-over d’acteurs culturels dans cette plage de maturation. Les structures présentes dans cette catégorie sont principalement celles qui ont su élargir leurs domaines d’activité sur le champ de l’action culturelle locale et donc audelà de la seule la diffusion de concerts (Takticollectif, Dell’Arte, Musicophages, Escambiar, Rotation, KMK…) enfin, les acteurs implantés au-delà de 15 ans (Music-Halle, Avant-Mardi, Samba-Résille, le Chèvrefeuille, le Bijou…) occupent tous un créneau qui leur est propre, que ce soit au plan d’un type de prestation, d’une esthétique de référence, ou parfois des deux… S’ils semblent désormais assurés de se maintenir sur ce champ particulier, ils n’en restent pas moins tributaires des fragilités propres au secteur, et donc concernés au premier chef par les effets d’un dispositif nouveau sur la Ville de Toulouse. 23 6 – L’ANIMATION SOCIOCULTURELLE L’état des lieux introductif et les perspectives d’évolution décrits dans ce chapitre ont été soumis au directeur de l’Animation Socioculturelle. Les différentes pistes élaborées ici ont reçu son adhésion de principe. En quelques chiffres… La Direction de l’Animation Socioculturelle (ASC) existe en tant que telle depuis 1989 dans l’organigramme de la Ville de Toulouse. Contrairement à la Direction des Affaires Culturelles, l’ASC est un service à proprement parler, avec plus de 300 agents permanents et la gestion de 43 équipements de quartier répartis entre centres culturels, centres d’animation, maisons de quartier et MJC. 300 agents municipaux permanents (titulaires et contractuels) 200 animateurs et intervenants différents, salariés par 7 organismes sous-traitants 578 contrats d’intermittents du spectacle établis (artistes et techniciens) 129 spectacles achetés en contrat de vente 29 équipements en gestion municipale, dont : o 6 centres culturels généralistes o 1 centre des arts du cirque, le Lido o 6 centres d’animation o 10 maisons de quartier o 6 structures d’accueil jeunesse 14 équipements en gestion associative, dont : o 7 MJC o 1 centre culturel o 6 autres équipements de quartier Parmi ces équipements, l’ASC dispose en gestion municipale de 11 lieux généralistes dotés d’une salle de spectacle pouvant accueillir des représentations de spectacle vivant : - CC Espace Saint-Cyprien (le Chapeau Rouge) CC Théâtre des Mazades CC Henri Desbals CA Lalande CA Saint-Simon Salle des Fêtes Lafourguette - CC Alban-Minville CC Espace Bonnefoy CC Bellegarde CA Soupetard Salle Ernest Renan Accueillir les musiques actuelles Les concerts Sur l’ensemble de la programmation musicale 2008/2009 produite par l’ASC (155 concerts), on compte 82 concerts de musiques actuelles, parmi lesquels : la chanson représente 24% des dates les musiques du monde représentent 17% des dates le jazz représente 15% des dates 24 les musiques amplifiées (rock, hip-hop, reggae, electro…) représentent 7% des dates Un grand concert gratuit est organisé chaque année en plein air au Mirail (place Abbal) par le Centre d’animation Reynerie (successivement Sergent Garcia, les Yeux Noirs, Cheb Bilal) accueillant jusqu’à 8000 spectateurs. les collaborations aux festivals L’ASC réalise un accueil de concerts et d’expositions dans le cadre de divers festivals toulousains de musiques actuelles, parmi lesquels : Rio Loco (8 équipements impliqués) Détours de chant Siestes électroniques Break in school Afrik à Toulouse les résidences artistiques La saison 2008/2009 a occasionné l’accueil de 56 résidences artistiques (théâtre, danse, musique, jeune public…) pour un total de 525 jours d’accueil cumulés. Les résidences sont dites : courtes (moins d’1 semaine) pour la finalisation d’un plan de feux ou la pré-production scénique longues (2 à 3 semaines) pour une création ex nihilo, ou un travail de répétition soutenu. le tremplin musiques actuelles « Décroche le son » (1ère édition : mars - avril 2010) Public concerné : groupes de musiciens amateurs âgés de 16 à 25 ans 6 salles de l’ASC sont impliquées dans la sélection puis la diffusion des groupes 16 groupes sont sélectionnés sur dossier (démo, bio, fiche technique) suite à l’appel à candidature émis en octobre 2009 5 plateaux de 3 à 4 groupes présenteront en mars des sets de 20 minutes par groupe ; ces plateaux sont constitués par familles d’esthétiques : o punk / hard-rock o folk / reggae o pop-rock o blues / funk o rap 5 groupes seront retenus (1 par plateau) pour le concert final du 2 avril aux Mazades le groupe lauréat se verra offrir une captation vidéo du concert (multi-caméra), une série d’affiches, un bon d’achat de matériel de musique, une journée d’enregistrement en studio professionnel… le jury est constitué de professionnels toulousains des musiques actuelles, parmi lesquels Avant-Mardi, le Bijou, Samba-Résille, Artscénica, la Mounède, Rotation, la Salle Nougaro, KMK, Willing Prod, le Fairfield café… 25 Potentiels et limites pour un nouveau départ les potentiels D’année en année les services de l’ASC gagnent en savoir-faire dans leurs actions auprès des musiques actuelles, spécifiquement (mais pas seulement) auprès des groupes amateurs. Si le volume d’activité reste plus que modeste avec une programmation réduite à moins de 5 % du nombre de concerts diffusés annuellement sur Toulouse, les actions « qualitatives » de repérage, accompagnement et partenariats d’acteurs professionnels tendent à s’étoffer d’une saison sur l’autre. L’ASC compte en son sein plusieurs professionnels manifestement compétents et impliqués au plan de la programmation et de la technique, et plutôt en phase avec les univers musicaux toulousains d’aujourd’hui. Nous reviendrons plus loin sur les inadéquations de l’infrastructure dédiée aux concerts de musiques actuelles, mais constatons dès à présent que c’est dans ce parc d’équipements gérés par l’ASC que se trouve l’essentiel des capacités d’accueil pour la diffusion non-marchande des concerts à l’échelle de la ville. La capacité cumulée d’accueil de spectateurs dans ces lieux est aujourd’hui de 2500 places environ. les limites Au plan de sa mission d’ensemble, l’ASC reste mal identifiée en tant qu’acteur pour les musiques actuelles, alors même que sa vocation à développer la pratique des arts en amateur est une part dominante de son activité... Cet état de fait traduit : une mission généraliste de loisirs et d’animation culturelle définie par la collectivité, et qui s’accorde mal avec un besoin de ressource spécialisée sur ce champ complexe et en mutation permanente que sont les musiques actuelles (sur la France en général et sur Toulouse en particulier) les trop rares opportunités offertes aux organisateurs associatifs de programmer dans ces lieux municipaux et les délais de réservations de salles qu’ils se voient imposer Généraliste ou spécialisée la diffusion du spectacle vivant par la Ville ? Culturelles ou socioculturelles, les musiques actuelles et amplifiées ? Il semble que ces seules questions cristallisent l’essentiel des malentendus depuis des années... Au plan des styles musicaux, on ne peut que constater la faible ouverture aux esthétiques amplifiées, « bruyantes », « urbaines », « socialement chargées » que sont le rock progressif, le punk et plus encore le hip-hop : à peine 7% des concerts accueillis ! Le droit de cité des formes plus acoustiques (chanson, world, jazz, blues…) est tout autre, puisqu’il concerne 9 concerts de musiques actuelles sur 10. Là réside de manière flagrante un fort hiatus entre les styles musicaux identifiés sur Toulouse et l’ouverture qui leur est faite dans les espaces de la Ville. Au plan des moyens humains et financiers, l’ASC n’a visiblement pas les ressources pour s’engager sur une diffusion plus soutenue des concerts de musiques actuelles, alors qu’en face la demande explose. Le seul fait d’élargir sur plusieurs soirs par semaine les plages d’ouverture des salles pour répondre à une petite partie de ces attentes des programmateurs associatifs supposerait un recrutement conséquent de techniciens en charge des régies et de la sécurité des lieux. Le recours 26 à des intermittents pour ce faire renvoie à la question des moyens alloués par la Ville à cette mission renforcée d’accueil de concerts… Enfin au plan de l’infrastructure, la technicité des salles de la Ville est à l’image de la technicité attribuée aux missions de l’ASC : polyvalente ! Parmi les 11 équipements dotés d’une salle de spectacle, seuls 2 ont été pensés pour l’accueil des publics de musiques amplifiées : le Chapeau Rouge (95 places) et le centre culturel Bellegarde (90 places). Même si leur traitement acoustique fait toujours défaut pour la diffusion du punk-rock, ces deux salles répondent à l’essentiel des critères de base : un sol de salle configurable à plat (pour public debout) un équipement son/lumière acceptable un environnement général compatible Nous déplorons le choix qui a été fait de doter 2 équipements importants situés dans des quartiers populaires – les centres culturels Henri Desbals (176 places) et Alban-Minville (145 places) – d’un gradin fixe bâti interdisant tout accueil d’un public debout. Un gradin rétractable aurait été de loin préférable ! Enfin – et surtout ! – il n’existe aucun studio de répétition dans les équipements de l’ASC… Nous verrons plus loin quels lieux pourraient, suite à ces constats, bénéficier d’une réhabilitation spatiale et technique leur permettant d’accueillir dans de bonnes conditions des concerts et des répétitions de musiques actuelles. Les perspectives le rôle futur de l’ASC Il n’est pas question de désigner l’ASC comme le service municipal en charge de la future structuration des musiques actuelles dans leur ensemble. Cette structuration ne peut être envisagée que comme un projet d’action culturelle spécialisé et suffisamment autonome, disposant de divers outils de diffusion, de création, d’accompagnement et de ressource auprès de ces pratiques : un dispositif nécessairement mené par un chef de projet légitime auprès de la grande mouvance des acteurs-relais, des esthétiques, des niveaux de carrière des groupes et des cadres économiques et législatifs en présence. L’envergure du projet que nous présentons le prédestine naturellement à se voir installé auprès de la direction des Affaires Culturelles. Il est pourtant souhaitable de voir se formaliser l’action de l’ASC pour les musiques actuelles dans une logique de partenariat pérenne avec le futur chef de projet et la future instance en charge de ce domaine. Si donc – comme nous le préconisons – un principe de collégialité d’acteurs est instaurée pour le développement des actions musiques actuelles de la Ville de Toulouse, il paraît indispensable que l’ASC y soit représentée. une réhabilitation des lieux de l’ASC pour l’accueil des concerts et répétitions Le directeur de l’ASC s’inscrit positivement dans notre démarche de réhabilitation et de redéfinition du mode de gestion d’équipements sous sa responsabilité. Le chapitre 10 de ce rapport décrit dans le détail ces modalités techniques et fonctionnelles. 27 C - LES ÉLÉMENTS DU DISPOSITIF Dans leurs grandes lignes, les différentes préconisations qui suivent ont été soumises et validées par une nette majorité de la centaine d’interlocuteurs consultés, lors de différents débats collectifs et entretiens individuels. 28 7 – INVENTER L’APRÈS-SMAC De la diffusion et du reste… On compte aujourd’hui 133 Scènes de Musiques Actuelles ou lieux apparentés en France... Engagée au début des années 80, l’histoire de la relation « musiques actuelles/politiques publiques » aura connu mille tours et détours pour parvenir à ce qu’elle est aujourd’hui : cet échafaudage complexe d’organismes, de fédérations, de lieux et de dispositifs territoriaux, parties prenantes d’une « co-construction » toujours en devenir... On pourra en lire un historique suffisamment élaboré sur le site de l’IRMA, sous la plume de son directeur, Gilles Castagnac 2. Pour notre propos du moment, on retiendra de ces 3 décennies la création en 1998 de la Commission Nationale Musiques Actuelles qui, la première, proposera un découpage du secteur qui ne soit ni esthétique (par courants), ni sectoriel (par métiers), mais culturel et socioprofessionnel. Les « pratiques amateurs », les « publics et les garanties de la démocratisation », la « professionnalisation », le « développement » et la « gestion de carrière » composent bien la grille de lecture la plus opérante quand il s’agit de prendre les musiques actuelles pour ce qu’elles sont dans la France d’aujourd’hui. En prolongement de ces marqueurs, le rapport fondateur de cette commission (fin 98) affirmera les grands enjeux d’une insertion sociale et territoriale des musiques actuelles : « reconnaissance », « proximité », « pluralisme », « rééquilibrage »… C’est aussi en 1998 que le ministère de la Culture produit la Circulaire SMAC, scènes de musiques actuelles 3 qui tourne la page des Cafés-musique et définit les nouvelles missions des lieux éligibles, lieux pouvant de ce fait prétendre à un conventionnement et à un financement de l’État. Dans cette circulaire, la question de la diffusion englobe dans une même phrase les différents niveaux de notoriété des groupes auxquels elle devra s’ouvrir : les artistes locaux les artistes en développement de carrière les artistes nationaux et internationaux Si l’intention ministérielle de couvrir l’ensemble du processus de maturation des groupes ne pouvait sembler contestable à une époque où l’on parlait encore de « professionnaliser » les artistes, c’est pourtant bien dans l’approximation de ce mélange des genres que s’est insérée la dérive progressive d’un certain nombre de SMAC, en tant que lieux phares pour la diffusion du rock sur un territoire attribué... Bien sûr, à plusieurs reprises dans cette circulaire, l’accent est mis sur l’indispensable ouverture à l’émergence, à la résidence de création et à l’action culturelle. Mais en désignant un seuil minimum de concerts diffusés comme premier critère quantitatif du label SMAC, en associant des notions de dynamique culturelle, artistique et « commerciale », la voie était toute tracée pour que nombre de directeurs fassent bientôt du prestige d’une programmation leur œuvre première. Avec la part de valorisation personnelle que cet appel à la tête d’affiche comporte nécessairement… Cette poussée vers l’empilement des dates – parfois plus de 100 sur l’année – est d’ailleurs rendue presque inévitable par la conception même des lieux basés dans les villes importantes, contenant 2 Le développement des musiques actuelles et leur entrée dans les politiques publiques – Gilles Castagnac, IRMA – novembre 2006 – (http://www.irma.asso.fr/IMG/pdf/HistoriqueMA-1.pdf) 3 Voir en annexe 29 jusqu’à 1500 places pour le Transbordeur de Lyon et 2000 à l’Aéronef de Lille… Car cette fuite en avant de la jauge induit non seulement une programmation indexée sur les pépites du moment et autres buzz de la presse spécialisée mais aussi une augmentation considérable des besoins en personnels techniques et de sécurité, ainsi qu’un investissement exponentiel en matériel scénique. Autant de contraintes économiques qui appellent à leur tour une recherche de rentabilisation des concerts en termes de billetterie vendue… Comment ignorer alors que les lignes budgétaires des missions « annexes » puissent être requises, à l’occasion, pour secourir un budget artistique glissant par trop vers le rouge ? SMAC en Midi-Pyrénées La Région Midi-Pyrénées héberge 6 lieux musiques actuelles soutenus par l’État /DRAC : Lo Bolegason, Castres : SMAC La Gespe, Tarbes : SMAC Le Rio Grande, Montauban : SMAC Art Cade, Sainte-Croix-Volvestre : « autre lieu » Le Bikini, Ramonville : SMAC Le Bijou, Toulouse : « autre lieu » Au-delà de leur différence d’échelle, les deux salles de l’agglomération toulousaine ont en commun d’être des lieux identifiés pour la diffusion d’artistes en tournée, même si le Bijou s’implique annuellement sur une ou deux résidences artistiques en chanson, et même si le Bikini programme régulièrement des plateaux de groupes toulousains produits par le secteur associatif 4… Adossé aux retours du milieu culturel que nous présentons aux chapitres 4 et 5 de ce rapport, ce constat en vis à vis du très national et du tout local préside au choix que nous défendons aujourd’hui : la création d’un dispositif de service public dédié aux musiques actuelles toulousaines et régionales, au sein duquel la diffusion de concerts professionnels occupera une place volontairement restreinte, au profit d’un ensemble de missions visant l’enrichissement de la partie création, comme l’accompagnement à la carte des projets en émergence, ou encore l’exportation des groupes en développement. Nous partirons donc d’un constat en quatre points pour affirmer, en ce début 2010, l’opportunité d’un projet « d’après SMAC » pour Toulouse : 1- L’expérience nationale de ces 10 dernières années – exemple que Toulouse s’abstiendra de suivre – où de nombreuses SMAC de grandes villes se sont révélées être des lieux de plus en plus dédiés aux tournées professionnelles et de moins en moins impliqués dans l’émergence locale 2- Le bon positionnement artistique du nouveau Bikini en tant que lieu de diffusion professionnelle pour l’agglomération toulousaine, ouvert à une pluralité d’horizons musicaux comme à une pluralité de niveaux de notoriété des groupes 3- L’état d’esprit d’une majorité d’acteurs associatifs toulousains attachés à l’émergence et au développement des groupes, qui se montrent à ce jour désireux 4 Voir en annexe : Toulouse in Bikini 30 d’être forces de proposition et de complémentarité au sein d’un dispositif d’intérêt général pour les musiques actuelles 4- Le potentiel de maillage de la ville que constituent les équipements du service d’Animation Socioculturelle, ce service municipal revendiquant par ailleurs un meilleur niveau d’intervention sur le terrain des musiques actuelles Ce que le dispositif musiques actuelles n’aura pas lieu d’être : un « Bikini bis » attaché à la diffusion de concerts professionnels ou à l’accueil « garage » de tournées nationales et internationales une institution hégémonique sur son territoire, prétendant apposer son « label » sur la multitude de concerts de groupes amateurs ou en développement programmés par le secteur associatif toulousain Ce que le dispositif musiques actuelles devra être avant tout : un projet identifié d’abord pour sa dimension qualitative, inventive et pluridisciplinaire, offrant diverses opportunités d’accueil, de conseils à la carte, d’enrichissement et d’exportation de la création musicale régionale, quel que soit le niveau d’entrée des artistes et des porteurs de projet en présence un projet identifié autour d’un directeur, personnalité reconnue pour sa capacité à entretenir un débat permanent avec l’ensemble du milieu culturel présenté dans ces pages un projet intégrant la diffusion de concerts comme un élément constitutif de ce parcours de valorisation des groupes émergents et en développement, ouvert aux groupes professionnels dans la mesure où leur passage sur scène contribuera naturellement à cette valorisation un projet intégrant le souci de consolidation des emplois et de préservation des formats de micro-économie et d’économie solidaire propres à ce secteur Artistes, mode d’emploi : la vigilance du SAMMIP-CGT Le Syndicat des Artistes Musiciens de Midi-Pyrénées nous alerte sur les dérives constatées à Toulouse et en Région quant aux conditions d’emploi des artistes en concert, quant à la notion déterminante de présomption de salariat liant producteur et artiste, et quant à la confusion trop fréquente (savamment entretenue par certains ?) des statuts d’amateurs et de professionnels au moment de leur rémunération (ou pas !)... On lira en annexe un extrait du courrier rédigé par le SAMMIP à l’intention de la Ville de Toulouse, dans le cadre du CCAC (Conseil Consultatif des Arts et de la Culture) du 5 mars 2010. Ayant préalablement rencontré un des représentants du SAMMIP-CGT, Michel Vié, lors de nos consultations, nous sommes en mesure d’apporter les éclairages suivants sur l’adéquation de la future 31 entité avec cette question essentielle de respect du code du travail (art. L. 7122-1 à L.7122-28) et, plus généralement, sur la viabilité de l’exercice professionnel du métier de musicien : le SAMMIP-CGT est naturellement dans son rôle par ses rappels à la loi pour la défense des conditions d’exercice des musiciens professionnels le SAMMIP-CGT, par sa capacité de vigilance sur l’ensemble des pratiques socioprofessionnelles en matière de diffusion, devra être sollicité pour une contribution régulière au sein des instances de pilotage de la future entité toulousaine des musiques actuelles, au même titre que le COUAC et autres représentations socioprofessionnelles nous retrouvons dans le courrier du SAMMIP-CGT (extraits en annexe) plusieurs convergences de vues avec nos propres constats des manquements divers ayant cours lors des concerts produits par le secteur privé (associatif ou commercial) mais aussi dans le cadre de productions assumées par les collectivités (ex tremplins) nous rappelons que le projet « d’après SMAC » que nous décrivons dans ce chapitre est avant tout pensé comme une entité d’enrichissement de la création musicale toulousaine et de ressource aux projets d’évolution des groupes, quels qu’ils soient. Le volet diffusion sera partie prenante de ce projet, mais de manière volontairement restreinte (de 30 à 50 concerts produits sur l’année) L’évolution de la loi de décembre 1953 sur les conditions d’emploi des amateurs fait l’objet d’un débat récurrent depuis 2005 entre le ministère et les représentations professionnelles ; son aboutissement sera déterminant à plus d’un titre, à Toulouse comme partout en France il va de soi que l’ensemble des concerts produits par la future entité, ou délégués à une association conventionnée, respecteront en tous points les dispositions légales d’emploi des artistes et une qualité optimale de leur accueil ; l’opération Toulouse in Bikini préfigure déjà la réalité de ces principes au-delà de sa propre activité de production et de coproduction, la future entité contribuera au mieux à la transformation progressive des mauvaises pratiques dénoncées par le SAMMIPCGT sur la place de Toulouse ; pour autant elle ne saurait se voir investie d’une mission d’autorité et d’intervention directe sur les lieux et personnes agissant de la sorte, en dehors de son propre périmètre de programmation enfin, le SAMMIP-CGT s’avance beaucoup quand il affirme que les sommes affectées par la Ville de Toulouse à la future « SMAC » de la Ville de Toulouse trouveraient un bien meilleur usage à se voir réparties entre des projets associatifs existants, comme le Sant-Carles ou Music Halle… Non seulement le modèle SMAC n’est pas la référence de notre projet, mais les orientations globales d’une politique culturelle territoriale découlent d’un champ d’analyse autrement plus large que la seule défense du statut de l’artiste, aussi indispensable soit-elle. Enfin, la structure Music Halle et le projet Sant-Carles sont loin d’être tenus à l’écart de notre dispositif, comme traité au chapitre 12 de ce rapport. 32 Prestations de l’Enseigne 5 accessibles aux groupes musicaux selon leur parcours et leur projet /approche schématique Groupes amateurs6 DÉFINITION - Musiciens regroupés autour d’un même style musical - Vivant la musique comme une activité de loisirs - Souhaitant travailler leur répertoire et le faire connaître localement >Studios de répétition Groupes émergents -Musiciens regroupés autour d’un même style et d’un même projet original (compos majoritaires) -Ayant déjà une pratique de la scène locale sous leur nom actuel - Souhaitant progresser artistiquement et techniquement - Souhaitant une meilleure visibilité de leur création auprès des publics et des diffuseurs locaux >Studios répétition et préproduction >Studio enregistrement semi-pro (maquette) PRESTATIONS DE L’ENSEIGNE >Conseil artistique et technique avec Music Halle >Opérations tremplins sur les petites salles du réseau l’Enseigne >Diffusion sur les petites salles du réseau toulousain et plateaux Toulouse in Bikini >Diffusion en co-plateaux ou ère en 1 partie sur la grande salle du réseau l’Enseigne >Rencontres avec autres artistes et autres univers artistiques sur le réseau l’Enseigne >Ressource générale de l’Enseigne Groupes en développement Groupes ayant déjà une pratique de scène conséquente, y compris hors région - Ayant une expérience aboutie sur une autoproduction de disque - Étant en voie de faire de la musique leur activité professionnelle - Souhaitant être accompagnés sur la conception d’une prestation scénique ou sur la maquette d’un nouveau disque Groupes signés et produits - Groupes signés chez un tourneur professionnel régional, national, international - Souhaitant se produire sur Toulouse dans des conditions professionnelles, sur une salle de 500 places environ - Souhaitant accueillir en première partie un groupe régional émergent (ou en développement) >Studio pré-production >Studio enregistrement semi-pro (maquette) >Coaching Music Halle >Résidence artistique >Filage technique >Diffusion sur les petites salles du réseau toulousain et plateaux Toulouse in Bikini >Diffusion en tête d’affiche ou en coplateaux sur la grande salle du réseau l’Enseigne >Rencontres avec autres artistes et autres univers artistiques sur le réseau l’Enseigne >Rencontres avec autres artistes et autres univers artistiques sur le réseau l’Enseigne >Sessions de formations techniques et administratives avec AvantMardi >Mise en réseau avec management régional >Ressource générale de l’Enseigne >Sessions de formations techniques et administratives avec Avant-Mardi >Mise en réseau régionale, nationale >Ressource générale de l’Enseigne >Résidence artistique spécifique >Diffusion en tête d’affiche sur la grande salle du réseau l’Enseigne >Rencontre avec autres artistes et autres univers artistiques sur le réseau l’Enseigne 5 L’Enseigne est le nom provisoire que nous donnons au futur dispositif toulousain pour les musiques actuelles. Les termes d’amateur, d’émergent et de développement se réfèrent ici à un niveau d’engagement et de maturité d’un groupe dans une pratique musicale ; non à un statut socioprofessionnel au regard de l’emploi des artistes… 6 33 8 – NOMMER UN CHEF DE PROJET Ce recrutement se pose, dès la fin de la présente mission d’étude, comme la toute première priorité. C’est la garantie d’installer dans la continuité un dispositif d’intérêt général pour les musiques actuelles dans la meilleure accroche des réalités du terrain et d’un contexte culturel et territorial en constante évolution, et enfin dans la pleine maîtrise des contingences de l’action publique. Les grands domaines de sa mission s’appuyant sur les attendus du présent rapport, définir par le détail la structuration de la future Enseigne musiques actuelles au plan de la ressource générale, des modalités d’accompagnement à la création, de la diffusion de concerts et des partenariats locaux ; animer l’équipe de chargés de mission en place susciter un débat permanent avec les milieux musicaux, les porteurs de projets et les autres domaines artistiques pouvant enrichir un projet original pour les musiques actuelles à Toulouse informer en temps réel les élus et services en charge de l’action culturelle sur la définition de moyens à mettre en œuvre compte-tenu de l’évolution des pratiques d’organisation de concerts constatées sur le terrain (conseil à la maîtrise d’ouvrage, conditions globales d’accueil des groupes, conditions techniques des lieux…) définir les critères et modalités d’intervention de la Ville auprès des demandes de subvention des acteurs de terrain, dans une logique de cahier des charges et d’évaluation concernant les projets retenus se poser auprès des acteurs associatifs comme une référence légitime et compétente quant à la recherche d’une meilleure qualité de leur modes de production de concerts, en terme d’exigence artistique et de modalités d’accueil des artistes et des publics Le profil du poste expérience conséquente en tant que directeur d’un établissement culturel public ou associatif diffusant régulièrement des musiques actuelles fréquentation des réseaux et des débats en cours sur la question des musiques actuelles capacité à envisager sa mission sur un projet prioritaire d’animation locale et d’accompagnement des artistes plutôt que sur la seule mise en œuvre d’une programmation de spectacles connaissance approfondie d’autres courants artistiques contemporains, hors les musiques actuelles maîtrise des enjeux de territoires et des compétences culturelles des différents niveaux de collectivités concernées capacité de gestion des ressources humaines et d’administration d’un établissement culturel 34 Les modalités du recrutement Après une première présélection, les candidats retenus pourront chacun présenter un avant-projet élaboré à partir d’une synthèse du présent rapport. L’État, la Région, le Département et la communauté urbaine pourront être associés à ce recrutement, compte-tenu des enjeux qu’il comporte pour ces collectivités. La DRAC nous a déjà donné un accord de principe en ce sens. Le cabinet Nicolas Meckel/Viaculture reste disponible pour apporter son conseil lors de ce recrutement. 35 9 – CRÉER UNE « ENSEIGNE MUSIQUES ACTUELLES » Symboliquement, la création d’une Enseigne musiques actuelles (appellation provisoire) intégrée à la direction des Affaires culturelles viendra officialiser la mission du chef de projet quant à son statut d’interface entre le champ décisionnel municipal et le champ de l’ensemble des pratiques artistiques présentes sur Toulouse, faisant enfin des musiques actuelles une composante à part entière de ce paysage culturel toulousain, et suscitant de meilleures interactions avec les autres univers du spectacle vivant et des arts plastiques et visuels (objectif visé : quelque chose comme « un art de la différence »). 2 phases dans le statut de l’Enseigne 1 / depuis le recrutement du chef de projet jusqu’à l’ouverture de l’équipement principal, l’Enseigne sera un service intégré à la Direction des Affaires Culturelles ; le chef de projet aura un statut de la Fonction Publique Territoriale (contractuel ou titulaire) 2 / dès l’ouverture l’équipement principal, l’Enseigne mutera en une entité autonome de droit privé, avec instauration d’une majorité décisionnelle pour la Ville de Toulouse. Le mode de gestion retenu ayant notre préférence est une régie personnalisée (SPIC de droit privé). Le chef de projet, s’il devient directeur de l’Enseigne, conservera un statut de droit public ainsi que l’agent comptable Régie personnalisée (SPA) Régie personnalisée (SPIC) Statut du personnel Droit public Emplois crées par le conseil d’administration Droit privé sauf pour le directeur et l’agent comptable Régime fiscal TVA IS TP En fonction de l’activité En fonction de l’activité Exonération En fonction de l’activité En fonction de l’activité Exonération Organes Conseil d’administration (les agents de la commune Conseil d’administration (majorité détenue par ou de la régie peuvent être membres), président les représentants de la commune), président (nécessairement un membre du CM) et directeur et directeur Ordonnateur Président du conseil Directeur Représentant légal Président du conseil, délégation de signature possible au directeur Directeur Pouvoirs de gestion Vote du budget Décisions par le conseil d’administration (il fixe Décisions par le conseil d’administration (il fixe notamment les tarifs des prestations), le président le taux des redevances dues par les usagers). prend les mesures nécessaires à l’exécution (nomme Exécution par le directeur qui peut bénéficier les personnels notamment), le directeur assure le de délégations de pouvoirs, exécute les fonctionnement des services. décisions du CA et dispose de pouvoirs propres (recrute et licencie le personnel, passe les actes et contrats). Par le conseil d’administration Par le conseil d’administration Un mode de collégialité tournante à vocation de ressource sera installé aux côtés de cette Enseigne, incluant une dizaine des principaux porteurs de projets reconnus sur la place de Toulouse (Avant Mardi, Music-Halle, Sant Carles, Samba Résille, Pavillons sauvages, Antistatic, La Petite, KMK…) mais aussi d’autres acteurs naturellement concernés, tels le service de l’Animation Socioculturelle, le COUAC ou les représentants syndicaux des artistes professionnels. On veillera à une représentativité 36 et donc à une diversité maximale au sein de ce collège, particulièrement au plan des générations des porteurs de projet et des esthétiques représentées. Une période de 2 ans pourra être choisie pour un rythme de renouvellement par tiers de ce collège… L’Enseigne sera donc l’outil technique de la ville, mais aussi le partenaire de différentes collectivités en région pour la mise en œuvre d’un politique originale et cohérente des musiques actuelles sur le territoire. L’Enseigne sera le support administratif depuis lequel le chef de projet pourra déployer les différents axes de sa mission dans le temps et dans l’espace : dispositifs d’accompagnement, d’aide à la création, d’exposition et de mise en réseau des projets musicaux des groupes émergents ou en développement de carrière organisation de concerts et de performances pluridisciplinaires relation permanente aux acteurs culturels du territoire et suivi des partenariats conventionnés L’Enseigne n’aura ni les moyens ni l’objectif de s’imposer comme premier organisateur des concerts de musiques actuelles sur Toulouse ; l’essentiel de l’affiche toulousaine aura toute latitude à se construire et se développer, demain comme aujourd’hui, par l’intermédiaire de la sphère associative et privée. 37 10 – RÉHABILITER DES SALLES EXISTANTES Le travail mené auprès de la direction de l’ASC (décrit au chapitre 6 de ce rapport) nous permet d’envisager la réhabilitation technique et l’évolution fonctionnelle de 4 à 6 salles de quartier en tant que lieux d’accueil pour des concerts et répétitions des musiques amplifiées, tout en désignant l’ASC comme un partenaire de premier plan du futur dispositif. La réhabilitation de chacune de ces salles permettra essentiellement : un accueil de concerts de musiques amplifiées sur sol plat pour une jauge de 100 à 200 places debout, suivant les lieux un accueil de groupes en répétition dans un studio techniquement adapté Le tableau ci-dessous dresse un inventaire des équipements aujourd’hui utilisés pour la diffusion du spectacle vivant, mais généralement mal adaptés à la spécificité technique du rock et des formes amplifiées. À partir de différents critères primordiaux, il est possible de réaliser un premier choix de lieux potentiellement adaptables en salles de concerts amplifiés, d’une jauge de 100 à 200 places debout : Configuration Salle Son / Lumière en place Insonorisation adaptée amplif* 9 sol à plat oui non 20 gradin fixe bâti oui oui 22 amphithéâtre oui oui 80 7 sol à plat non non 96 18 sol à plat oui non Équipement Jauge actuelle Ctre Culturel BONNEFOY 350 Ctre Culturel DESBALS 176 Ctre Culturel MAZADES 556 Ctre Culturel SOUPETARD Esp. St CYPRIEN (Chapeau Rouge) Nombre concerts 2008/2009 Ctre Culturel ALBAN MINVILLE 145 6 gradin fixe bâti oui oui Salle ERNEST RENAN 300 + 125 12 sol à plat non non Salle LAFOURGUETTE 300 nsp sol à plat - non non Ctre Culturel BELLEGARDE 90 nsp sol à plat oui non Ctre Animation LALANDE 150 4 sol à plat non non Ctre Animation ST SIMON 150 + 120 nsp sol à plat non non Équipement Possib créer Adéquation studio amplif* avec répétition autres activités Adéquation transports en comm. Possibilité Adéquation REHABILITATION voisinage pour amplif* Ctre Culturel BONNEFOY non non oui non NON Ctre Culturel DESBALS oui oui oui oui NON Ctre Culturel MAZADES non non oui oui NON Ctre Culturel SOUPETARD oui oui oui oui OUI Esp. St CYPRIEN (Chapeau Rouge) non oui oui non NON Ctre Culturel ALBAN MINVILLE oui oui oui oui NON Salle ERNEST RENAN oui oui oui oui OUI Salle LAFOURGUETTE oui oui oui oui OUI Ctre Culturel BELLEGARDE non oui oui non NON Ctre Animation LALANDE oui oui non oui OUI Ctre Animation ST SIMON non oui non non NON (* amplif = musiques amplifiées) 38 Ainsi, le centre culturel Soupetard, les salles Ernest Renan et Lafourguette et le centre d’animation Lalande seraient, selon nos données recueillies, les plus à même d’être réhabilités. Si cette réhabilitation devra être étudiée spécifiquement pour chacun de ces lieux, elle inclura généralement : la mise aux normes ERP des accès et issues de secours un traitement acoustique et l’insonorisation de la salle de concerts la réhabilitation éventuelle d’une scène (fixe ou amovible) et d’un équipement son l’installation d’accroches lumières, d’une petite régie, du câblage correspondant et d’un parc de projecteurs de type PAR la création d’un studio de répétition de 25 à 40 m² ventilé, insonorisé, et équipé en backline (sono, micros et batterie) la création d’un espace bar doté d’un réfrigérateur Une « double vie » pour les salles réhabilitées La nouvelle adéquation des salles à l’accueil des musiques amplifiées les destine à voir leur plages d’ouverture dédoublées entre : 1/ en journée, sous gestion de l’ASC : l’ensemble des ateliers, animations et autres activités déjà en place sous responsabilité de l’ASC 2/ en soirée, sous gestion de l’Enseigne : l’accueil régulier, à raison de plusieurs soirs par semaine, de répétitions ou de concerts de groupes de musiques actuelles. Ces concerts pourront être produits par une association habilitée mais aussi par l’ASC ou par l’ Enseigne elle-même. L’Enseigne acquiert donc une responsabilité sur le fonctionnement de ces lieux et sur l’usage qui en sera fait durant la période dévolue aux musiques actuelles. Chacune des deux entités devra donc veiller à ce que les lieux soient laissés en état de fonctionner dans le cadre de leur prochaine destination. La production des concerts sera le plus souvent attribuée par l’ Enseigne à une association organisatrice. Celle-ci sera titulaire d’une licence d’entrepreneur de spectacles à jour. L’association aura alors en charge de financer l’accueil et la rémunération des groupes, de se procurer l’ensemble du matériel son-lumière complémentaire à celui de la salle, d’émettre une billetterie, de fournir et de tenir le bar. Elle devra respecter un cahier des charges relatif à l’usage des lieux dans le cadre d’un concert. Une participation aux frais d’utilisation de la salle pourra être requise auprès de l’association. Concernant les régies techniques et la sécurisation des salles, nous proposons que soit constituée une équipe « volante » de techniciens qualifiés, intervenant en fonction des demandes. Ces techniciens pourront être salariés d’une association habilitée, facturant ses prestations à la Ville, suite à un appel d’offre. 39 Les différentes salles participant à ce futur réseau devront développer une identité propre de petit lieu dédié aux musiques actuelles – si possible autour d’un courant musical dominant– et se verront dotées d’un label et d’une « enseigne » en ce sens, les rattachant au projet global porté par la Ville. Précisons que cette démarche de réhabilitation n’est pas réservée aux salles sous gestion ASC mais pourra aussi bien s’appliquer à d’autres locaux disponibles du patrimoine communal. Nous avons présélectionné ceux-ci, en collaboration avec M. Fabié, responsable du service du Patrimoine communal: Villa des Rosiers / av. Jean Rieux Salle Antoine Osette / rue Lt Colonel Pélissier Chapelle San Subra / rue San Subra Salle associative Bourbaki / rue Gal Hoche Salle de réunion de l’Observatoire / av. Camille Flammarion Salle Cuvier / rue Francis Lopez Salle polyvalente Arènes Romaines / av. des Arènes Romaines Salle polyvalente Jean Rancy / rue Jean Rancy Salle Polyvalente Corraze / rue Raymond Corraze Salle de quartier de St Martin du Touch / rue René Sentenac Salle Christine Rumeau / rue des Turres Enfin, le site des Pavillons Sauvages, propriété de la Ville de Toulouse (voir page 17), devrait pouvoir bénéficier d’une réhabilitation de même nature que celle définie pour les salles de l’Animation Socioculturelle. Cette réhabilitation sera conditionnée à la capacité de l’association en charge du site d’inscrire dans la durée le dynamisme et la générosité de son projet, tout en se mettant en conformité avec l’ensemble des dispositions légales concernant l’organisation de concerts et l’emploi des artistes... 40 11 – L’ÉQUIPEMENT PRINCIPAL Le projet : un espace dédié à la création et à la diffusion des musiques actuelles Le nom provisoire : l’Enseigne La surface utile : 3000 à 3500 m² sur 3 niveaux + sous-sol technique 5 unités spatiales dans un même bâtiment 1/ une salle de concerts de 450 à 500 places, ses loges, ses espaces techniques attenants et ses accès camions 2/ un vaste espace déambulatoire et architecturé, dédié au « vivre ensemble » et aux performances pluridisciplinaires (musicales, scéniques et plastiques) / attenant à un espace bar et restauration / et se prolongeant sur une terrasse ouverte 3/ un ensemble de 3 ou 4 studios de répétition isolés phoniquement les uns des autres et structurellement des espaces concerts et vie publique ; un studio spécifique (de 100 à 150m²) sera dédié aux pré-productions scéniques et au travail des artistes en résidence 4/ un ensemble de bureaux et de salles de réunions 5/ un étage indépendant pour l’hébergement d’un projet associatif original, premier partenaire du projet de l’Enseigne Données de référence sur projets comparables Le CNV nous fournit un ensemble de repères relatifs à la création ou à la réhabilitation de 17 lieux de service public dédiés aux musiques actuelles, et assortis d’un coût de construction : Nom de la salle Ville année ouverture Maître ouvrage jauge gde salle jauge salle club nb studios répétition Coût M€ Le Chabada Angers 1995 Ville 900 300 2 10 La Cartonnerie Reims 2004 Ville 1200 400 8 11 Le Cargö Caen 2007 Ville 1000 420 6 10,7 La Carène Brest 2007 Agglo 1300 300 7 10 L'Autre Canal Nancy 2007 Ville 1200 300 4 7,08 4,3 Le Fil St Etienne 2008 Ville 1200 200 3 La Luciole Alençon 2008 Ville 650 300 1 4,5 La Citrouille St Brieuc 2009 Ville 420 166 4 1,68 100 4 4,6 5 4,39 11,5 Le Silex Auxerre 2010 Ville 500 L'Echonova Vannes 2010 Agglo 550 Hangar 106 Rouen 2010 Agglo 1150 350 6 en attente d'appellation Joué-lès-Tours 2011 Agglo 605 282 3 Les Bains Douches Lignières 2011 Ville 200 3,52 en attente d'appellation Marciac 2011 CDC 500 5,45 en attente d'appellation Grenoble 2012 Ville 800 en attente d'appellation Nîmes 2012 Agglo 1300 300 17 La Fabrique Nantes 2012 Ville 1200 400 16,5 8,2 8,9 41 Toute prétention à simuler trop précisément un coût d’investissement pour l’ Enseigne à partir des données de ce tableau trouvera vite ses limites : d’une part, nous remarquons que beaucoup des lieux présentés se sont édifiés sur un foncier très contraint par son environnement ou par la nature de ses sols, ayant ainsi occasionné des surcoûts importants pour réaliser l’accessibilité ou la stabilisation des fondations ( le Cargo, la Carène, la Fabrique, le Hangar 106…) d’autre part, le critère de la capacité des salles de concert est une indication sur l’envergure et sur les moyens techniques mis en œuvre dans une SMAC. Mais à son niveau, un projet comme celui de l’Enseigne tend justement à limiter les espaces de concerts au profit des espaces de création plurielle et d’accompagnement des projets Si l’on avance malgré tout une certaine corrélation entre la capacité d’accueil de la salle principale et le coût total de la construction, on obtient un coût /spectateur de l’ordre de 9000€, sur la moyenne des lieux du tableau (hors lieux réhabilités). Dans le cas d’un lieu pluridisciplinaire accueillant une salle de 500 places, on obtient ainsi une projection de coût de construction comprise entre 4,5 et 5 M€. Concernant l’Enseigne, le montant de sa construction se situera plus vraisemblablement dans une fourchette de 5,5 à 6,5 M€, compte-tenu des particularités du projet, telles que décrites plus haut. Cette estimation n’inclut pas le surcoût d’une contrainte initiale trop lourde en matière d’inscription urbaine ou de nature des sols… En d’autres termes, cette simulation concerne une implantation sur le quartier de Borderouge, très peu contraint en termes d’implantation. Concernant le site hyper-centre des Nouveautés, il nous est impossible d’aller dans une meilleure estimation que celle avancée par la précédente municipalité : de 11 à 12 M€ (au minimum). À prévoir Le maître d’ouvrage s’adjoindra les services d’un programmiste afin d’accompagner la définition fonctionnelle de l’équipement avant et après désignation de la maîtrise d’œuvre. Le chef de projet recruté par la Ville de Toulouse sera fortement associé à cette définition. La maîtrise d’œuvre retenue devra être en mesure de présenter de solides références en matière d’acoustique et de scénographie des équipements dédiés aux musiques amplifiées. Dans le cas d’une construction neuve, une démarche de haute qualité environnementale (HQE) sera systématiquement recherchée et valorisée pour l’image de marque du projet. 42 OPTION « NOUVEAUTÉS » OPTION « BORDEROUGE » Projet : Réhabilitation d’un ancien complexe abritant 3 cinémas et une discothèque, localisé en centre-ville, boulevard Carnot (desserte Métro/Bus/Vélo-station) ASPECT Projet : Construction neuve localisée sur ce nouveau quartier Nord de Toulouse (desserte Métro/Bus/Vélo-station) URBANISTIQUE OUI : > L’implantation hyper-centrale face au Centre Dramatique National, le TNT, et à deux pas des cinémas et restaurants des boulevards, affirme une ambition de premier plan pour le projet « musiques actuelles » de la municipalité. OUI : > L’implantation dans un quartier résidentiel récent, encore peu doté en équipements publics, est conforme au principe de requalification sociale et culturelle des quartiers et de ce besoin de « pluri-centralités » affirmé par la municipalité. MAIS : >Cette option centrale et « grandiose » peut être ressentie comme une marque d’hégémonie du projet institutionnel de la ville vis à vis des nombreux acteurs « musiques actuelles » implantés en périphérie pour la plupart, et mal assurés de leur propre pérennité. MAIS : > Cette option périphérique peut apparaître comme en retrait et comme une « demi-mesure » aux yeux des groupes de musiques actuelles, qui ont connaissance depuis 4 ans d’un projet d’ouverture de SMAC aux « Nouveautés », en plein centre-ville. ASPECT OUI : > Les quelque 2000 m² récupérables sur les 4 niveaux des Nouveautés offrent théoriquement un très vaste potentiel d’aménagement du bâtiment en salle de spectacles, studios de répétition, autres espaces de création, de ressource multimédia et de restauration. MAIS : > Le volume disponible du bâtiment et sa distribution verticale risquent de prédestiner cette SMAC vers un format spatialement contraint et peu conforme à l’organisation d’un équipement « interface », tel que nous l’imaginons pour les besoins de Toulouse. > La question d’accès de camions de matériel scénique et celle des stationnements publics semblent difficiles à traiter sur un tel emplacement de centre-ville. Ils demanderont de repenser totalement ses abords et sa desserte locale. ASPECT OUI : > Au plan des ressources propres, la solution de centre-ville peut générer une plus grande affluence aux concerts et donc une optimisation des recettes de la billetterie. MAIS : > La réhabilitation des Nouveautés apparaît comme la solution de loin la plus onéreuse car la mise en chantier s’avère plus contrainte et plus lourde : très peu du bâti actuel est en mesure d’être conservé. FONCTIONNEL OUI : > L’option « construction neuve » subit moins de contraintes techniques que l’option « réhabilitation », puisqu’elle n’est ici tributaire que du terrain alloué ; elle permet de valoriser le geste architectural et surtout la traduction fonctionnelle du cahier des charges de l’équipement. > L’accessibilité aux véhicules des professionnels comme des publics est facilitée par la localisation excentrée du projet (station de métro attenante au site, rocade proche). > La proximité de la friche « l’Imprimerie » /Ernest Renan) offre un espace complémentaire à l’équipement principal, doté en particulier d’un studio d’enregistrement semi-professionnel très bien équipé. MAIS : > Il conviendra de veiller à la compatibilité du projet avec le voisinage immédiat à propos des sources sonores venant du bâtiment, mais surtout des allées et venues des publics et de leurs véhicules aux heures de fin de concerts. FINANCIER OUI : > La construction sur Borderouge permet d’envisager un projet précisément dimensionné selon son programme, son cahier des charges et sa vocation partenariale. Ce projet devrait s’avérer nettement moins coûteux et moins long à réaliser que celui du centre-ville. > La revente possible du bâtiment des Nouveautés, propriété de la Ville de Toulouse, peut alors constituer une ressource importante de l’investissement. Cette option, pour être opérante, devra s’inscrire dans un programme global d’installation d’une vie culturelle de soirée sur le quartier Borderouge 43 12 – DES PROJETS ASSOCIATIFS PARTENAIRES La complémentarité associative Différents projets sont aujourd’hui en attente d’une ressource publique sur le financement du bâti et/ou du budget de fonctionnement : Sant-Carles (investissement et fonctionnement) Pépinière / Avant Mardi (investissement et fonctionnement) Lo Festenal / Chèvrefeuille (fonctionnement) Pavillons sauvages (investissement) Samba Résille et Musicophages (regroupement à envisager sur un même site, ex : la Cartoucherie) Bien que ces projets aient été pensés en l’absence d’un dispositif de référence porté par la Ville, certains présentent une adéquation évidente avec le format de l’Enseigne que nous défendons ici. Nous avons précisément demandé aux porteurs de ces projets de les repenser dans cette perspective et, en particulier, d’y conserver une « page blanche » à ce stade de leur conception. Cette « page blanche » sera écrite sous forme d’un échange de bons procédés entre le projet de la structure en tant que telle et les intérêts qu’aura l’Enseigne à diverses collaborations, qu’il s’agisse d’un partage des salles de concerts ou d’une mise en commun d’autres ressources in situ. Cette perspective a été bien accueillie par l’ensemble de ces porteurs de projets. Nous avons étudié 2 projets dont les dossiers de présentation étaient suffisamment finalisés : le Sant-Carles la Pépinière Nous avons par ailleurs considéré un établissement comme partenaire de premier plan sur le domaine de la formation artistique et du coaching des groupes en résidence : Music’Halle, l’école des musiques vivantes Bien sûr, notre choix de focaliser sur ces 3 projets n’a rien de définitif ni d’exhaustif parmi les divers dossiers nommés plus haut, ainsi que d’autres qui sont aujourd’hui en attente. Mais ces 3 projets interviennent de fait sur l’architecture même du dispositif l’Enseigne, à ce stade de son ébauche. Une fois notre travail de préfiguration rendu public, il constituera une piste indispensable, permettant à l’ensemble des acteurs associatifs des musiques actuelles de repenser leur propre organisation dans une bien meilleure visibilité du futur environnement culturel les concernant... Les principaux critères de validation d’un partenariat faisabilité financière au regard de l’enveloppe globale portée par la collectivité à l’ensemble du futur dispositif l’Enseigne capacité d’autofinancement et de financements publics diversifiés adéquation avec l’intérêt général contenu dans ce dispositif mise à disposition contractuelle des salles de concerts de ces organisations à l’usage d’autres programmations associatives soutenues par l’ Enseigne non-concurrence des projets les uns vis-à-vis des autres 44 Le projet Sant-Carle La synthèse du projet Ouverture d’un nouveau lieu de création et de diffusion musicales se référant à un double ancrage : - celui d’un courant musical dit « toulousain » ou « midi-pyrénéen », lui-même nourri d’influences composites (Chanson, Rap, Occitanie, Maghreb, Afrique, Latinité…) - celui d’un quartier, Arnaud Bernard, détenteur de cette palette culturelle incarnée par la population qui l’habite, et concrétisée par la richesse des liens sociaux et des échanges qui s’y développent. le lieu originel Un local de 530 m² sur 4 niveaux, situé au 10 rue Saint-Charles, ayant abrité en son temps la mythique Grange aux Belles... Ce local a été acheté pour un montant de 820 K€ par une SCI (composé pour l’essentiel des personnalités nommées ci-dessous) dans le but de le réhabiliter en espace culturel dédié au « projet Sant-Carles ». les personnalités associées Claude Sicre, l’âme culturelle d’Arnaud Bernard depuis la fin des années 70, chanteur des Fabulous Trobadors, musicien, auteur, directeur artistique d’Escambiar , du festival Peuple et Musiques au Cinéma… Magyd Cherfi, auteur-compositeur, chanteur de Zebda puis chanteur solo, écrivain, créateur du festival Ça bouge au Nord Gilles Jumaire, producteur et tourneur professionnel, gérant de la société Bleu Citron Alain Lahana, producteur et tourneur pour Le Rat des Villes, président du Prix Constantin, coorganisateur sur des concerts de stature internationale ( David Bowie, Rolling Stones, Depeche Mode, Iggy Pop…) Joël Saurin, ancien bassiste de Zebda, programmateur des Pauses Musicales à Toulouse, directeur pressenti du Sant-Carles Escambiar, l’association au cœur d’Arnaud Bernard qui a produit de nombreux groupes nourris de ses influences (Fabulous Trobadors, Femmouzes T, Bombes 2 Bal, Estela dou Coque…) l’investissement Il consiste pour l’essentiel dans la construction d’un nouveau bâtiment à l’arrière du bâtiment ancien sous forme d’une salle de concert de 90m² côté public pour une jauge de 270 personnes debout. La surface de scène est de 50m². Divers espaces techniques attenants représentent un total de 47m². Un balcon surplombant la régie offrira 64 places assises supplémentaires. Total au sol du bâtiment neuf : 187m². Il consiste ensuite en la création, en sous-sol de ce bâtiment neuf, de 2 studios de répétition et d’espaces techniques attenants pour un total de 150m². Il consiste en la réhabilitation du rez-de-chaussée du bâtiment ancien en espace d’accueil, de billetterie et de restauration pour un total de 155m². 45 Il consiste en la création de 4 groupes de bureaux : 3 groupes sur les 3 étages du bâtiment ancien et 1 bureau unique à l’étage du bâtiment neuf, pour un total de 577m². Ces différents espaces administratifs permettront, outre l’équipe de programmation du lieu, d’héberger les sociétés Bleu Citron et Le Rat des Villes et l’association Escambiar. Il consiste enfin en un traitement acoustique de l’ensemble du bâtiment neuf et en l’acquisition d’un équipement son/lumières complet. Les ressources prévisionnelles de l’investissement (2,25 M€) : SCI : 55% Collectivités publiques 44% (en 4 parts égales : Ville de Toulouse / Grand Toulouse / Dépt Haute-Garonne / Région Midi-Pyrénées, soit 250 K€ par collectivité) Subventions privées : 1% le budget prévisionnel de fonctionnement (487K€) Il est établi sur une activité prévisionnelle de 176 concerts, bals et « joutes poétiques » programmés sur l’année (4 spectacles par semaine / 44 semaines par an). les charges : 4 salaires de permanents : 167K€ Total des charges externes de fonctionnement : 169K€ (dont 72K€ de location annuelle versée à la SCI) Total des charges artistiques et techniques des spectacles : 147K€ les produits : Subvention publiques : 302,6K€, soit 62% du budget Billetterie : 106K€, soit 22% du budget Location salle : 40K€, soit 8% du budget Recettes bar : 37K€, soit 8% du budget une adéquation au futur dispositif toulousain On ne peut s’empêcher d’y voir la patte de Claude Sicre : derrière ce lyrisme qu’on lui connaît, s’affirme un projet aussi original qu’élaboré dans les détails. Il est remarquable en ceci qu’il concrétise en tous points cette « marque de fabrique » construite depuis une trentaine d’années sur Arnaud Bernard : ce mariage d’amour du « très local » (la vie d’un quartier populaire) et du « tout métissé » (la toile d’araignée cosmopolite qui s’y déploie jusqu’aux outre-mers de ses divers folklores). Le parti-pris identitaire occitanotoulousain est également assumé et décliné sous forme de productions musicales, dansantes et poétiques. Autour de cette toile de fond, le projet Sant-Carles décline : un aspect social, par l’implication des associations de quartier et des commerçants un aspect de vitrine artistique et de tremplin auprès des jeunes groupes de musique qui s’y produiront, dans la proximité professionnelle des producteurs Gilles Jumaire et Alain Lahana et de l’association Escambiar Au-delà même de l’intérêt culturel du projet, la création d’une salle de spectacle de 270 places en centreville, de qualité professionnelle et gérée par une équipe permanente doit être considérée comme une opportunité très favorable dans ce paysage toulousain qui manque aussi cruellement de structures de diffusion, en particulier sur le plein centre ! 46 quelques réserves cependant au plan du périmètre artistique et culturel : la notion d’ « artiste toulousain » défendue dans le projet nous semble restrictive en l’état, bien que légitime au vu de l’histoire du quartier. L’équipe d’Escambiar appelant de ses vœux un folklore de demain, devrait considérer que le rock progressif, le reggae et l’électro sont également des expressions populaires requérant sur Arnaud Bernard autant qu’ailleurs leurs vitrines et leurs arrière-cours, les formes amplifiées étant de loin les plus pratiquées parmi les groupes amateurs toulousains… Aussi généreuse que soit sa philosophie première, si le projet Sant-Carles se veut inséré dans le futur dispositif musiques actuelles toulousain, il devra conserver un réel potentiel d’accueil de concerts et de répétition pour des esthétiques autres que celles qui font « son cœur de cible ». au plan de l’investissement : le montant de la participation à hauteur de 250K€ de chacune des 4 collectivités sollicitées nous semble favorable à l’échelle de la Ville de Toulouse, compte-tenu de l’apport potentiel de ce projet auprès des forts besoins en espaces de diffusion et de répétition. Nous inciterons même la Ville de Toulouse et le Grand Toulouse à y prendre une part plus conséquente, pourvu que le Sant-Carles s’inscrive en articulation avec le projet de la ville et de l’agglomération. Pour autant, rien ne garantit que le département et la région y voient les mêmes enjeux, compte-tenu des territoires qu’ils représentent… Enfin la question de la mixité de fonds privés et publics sur un même projet devra être étudiée par les parties prenantes. au plan du fonctionnement : la répartition des 302K€ d’aides publiques entre les différents échelons territoriaux sera, là aussi, déterminante. Par ailleurs, un aspect particulier des charges retient notre attention : le montant du loyer versé par Sant-Carles à la SCI (6000€ mensuels) alors que plusieurs membres de cette SCI seront eux-mêmes usagers des lieux en tant que sociétés de droit privé. Comment ce montant de loyer a-t-il été établi, puis réparti entre locataires ? Le principe d’un placement foncier réalisé par la SCI dans la perspective d’un retour sur investissement via le Sant-Carles n’est en rien condamnable ; mais il nous semble pour le moins nécessaire que ce montage financier soit repris dans une plus grande transparence et un plus grand discernement sur ces aspects entremêlés d’intérêt général et d’intérêts privés… en conclusion Un apport conséquent à l’échelle des expressions populaires et de leur diffusion sur Toulouse, et une bonne perspective d’adéquation avec le dispositif de l’Enseigne. Ce projet, tout en conservant son identité initiale, devra s’ancrer sur une vision plus ouverte à l’ensemble des esthétiques et des modes de production qui les portent. Le montage financier demandera une meilleure dissociation des enjeux publics et des intérêts privés. 47 La pépinière / Avant-Mardi La synthèse du projet La pépinière consiste à regrouper dans un même espace de travail 14 structures professionnelles expérimentées de la filière des musiques actuelles à Toulouse. L’association Avant-Mardi, premier porteur du projet, se propose d’en assurer la coordination. On peut distinguer 3 visées essentielles pour la pépinière : la mutualisation des moyens logistiques entre ces 14 structures et l’émulation productive qu’on peut en attendre l’avant-poste d’une réflexion sur la dimension socioéconomique et sur les emplois associés au champ des pratiques musiques actuelles à Toulouse et en Région la mise en œuvre, au cœur du projet, d’une éthique d’économie sociale et solidaire, de développement durable et de prise en compte des diversités culturelles et sociales les 14 associations parties prenantes des développeurs et manageurs d’artistes o Jerkov o Klakson o La Petite o Vitavic des organisateurs de concerts et de tournées o Antistatic o Alternateuf o Progrès-Son o Regarts o Rotation o Tezla un label discographique o Cinq cinq productions une salle de concerts o le Mandala, jazz club une agence de presse spécialisée o Petite Cuisine une tête de réseau régional, lieu ressource pour les musiques actuelles o Avant-Mardi Le premier atout de la pépinière devenir une plate-forme de mutualisation de moyens et d’optimisation des ressources humaines au service d’organisations diverses ayant pour objet commun de valoriser le développement de carrière des groupes de musiques actuelles à Toulouse. Ce noyau commun se donne l’objectif de définir et de pérenniser son propre format économique sur le principe d’un SPL (système productif local). Le projet de pépinière est en pleine cohérence avec les attendus de 48 l’étude GPEC (gestion prévisionnelle des emplois et compétences) 7 portée par Avant-Mardi sur son réseau de 31 structures en Région, soit 101 salariés permanents. ce noyau commun et sa vocation d’essaimage (ouvert sur un accueil de 10 structures tous les 2 ans, sous forme de couveuse d’entreprises), devrait avoir pour effet de rendre les pratiques managériales auprès des groupes plus efficaces et mieux ajustées aux évolutions continuelles (locales et mondiales) de l’économie de la musique. Rappelons ici que ces besoins en management se situent en haut de la liste des manques exprimés par les groupes toulousains… à ce stade de son élaboration, la pépinière peut s’avérer un complément précieux à l’Enseigne musiques actuelles de la Ville de Toulouse, en ceci qu’elle travaille spécifiquement sur une pérennisation socioéconomique des métiers et des emplois en lien avec les groupes en développement : à l’interface de la consolidation des savoir-faire du management et de la valorisation des propositions artistiques elles-mêmes. quelques aspects à éclaircir en termes de besoins d’infrastructure : la projection architecturale et spatiale du projet de pépinière sur 2320m² (dont 36 bureaux individuels, 4 salles de réunion, un espace show-case, 5 espaces techniques dédiés…) nous semble particulièrement ambitieuse et donc aléatoire en regard des contributions que les diverses collectivités pourraient y apporter. en termes d’argument économique : il manque à ce dossier une lecture plus concrète et chiffrée de la manière dont une efficience supérieure (ou économie d’échelle) sera obtenue point par point grâce à la mutualisation des moyens offerte à ces 14 structures installées sous un même toit. Où se situe le gain pour chacune des parties prenantes, et où se situe le gain pour la collectivité ? en termes d’approche éthique : des valeurs d’économie sociale et solidaire et de développement durable sont fortement défendues au long du dossier. Elles sont naturellement à conforter dans l’optique non-marchande qui est la nôtre. De fait, ce « supplément d’âme » est censé générer des apports financiers de 8 organismes et dispositifs publics dédiés spécifiquement à cette dimension solidaire… La mise en œuvre de la Pépinière repose donc avant tout sur sa validation et la participation de ces fonds au projet, mais nous n’avons pas connaissance de la traduction financière espérée auprès de chacun de ces dispositifs. concernant le statut particulier d’Avant-Mardi : le fait que cette structure soit à la fois porteuse du projet et bénéficiaire au même titre que les 13 autres pose question. Nous considérons que la légitimité actuelle d’Avant-Mardi en tant que Pôle Régional Musiques Actuelles, sa forte implication dans de nombreux réseaux nationaux et son travail mené aujourd’hui sur une gestion prévisionnelle des emplois culturels (GPEC) lui confèrerait d’emblée une place de coordinateur de la pépinière : moteur plutôt que destinataire. Mais dans ce cas, quelle part de reconversion du projet global d’Avant-Mardi, en vue de cette spécialisation sur les questions de l’emploi culturel en région ? 7 Carole Le Rendu-Lizée / Étude sur la gestion prévisionnelle des emplois et compétences au sein du réseau AvantMardi / 2009 49 en conclusion Un projet pertinent pour un objectif de viabilité socioéconomique des musiques actuelles, et de pérennisation des emplois associés. Un projet ayant donc vocation à s’inscrire en toute proximité d’une Enseigne musiques actuelles Ville de Toulouse et en fort partenariat avec la Région Midi-Pyrénées. Ce projet demandera pourtant un réel temps d’affinement quant à sa faisabilité structurelle et financière, et quant au rôle qu’Avant-Mardi sera en mesure d’y tenir. Nous préconisons que ce dossier soit repensé dans la perspective où la Pépinière pourrait occuper un étage du futur équipement phare décrit dans ces pages… Music Halle, l’école des musiques vivantes La synthèse du projet Music Halle, école des musiques vivantes, est un des acteurs incontournables dans l’histoire du jazz et des musiques actuelles toulousaines. Depuis 1986, sa structuration pédagogique s’est étoffée d’année en année, jusqu’à compter aujourd’hui : 380 élèves adhérents 37 professeurs permanents et de nombreux intervenants, tous musiciens professionnels 8 départements instrumentaux des parcours à la carte, 1 cycle court, et 1 cycle long (3 ans) agréé au titre de la formation professionnelle Un statut d’établissement d’enseignement artistique reconnu en 2007 par le ministère de la Culture En 2011, Music Halle intégrera son nouvel espace de travail : le site réhabilité des usines Job, quartier des Sept-Deniers. Music Halle possède de nombreux atouts pour être le premier partenaire de l’ Enseigne au plan du conseil artistique sur les résidences, de la formation instrumentale complémentaire et d’un coaching à la carte proposés aux groupes amateurs, émergents, en développement : Professeurs très investis dans la vie artistique locale et régionale (Denis Badault, Eric Lareine, Françoise Guerlain, Laurent Marc, Thierry Di Filippo, J-Luc Amestoy…) Pédagogie de cycle court ou long, basée sur une grande place faite aux pratiques collectives, à l’improvisation, à l’ « autonomie sensible » de l’élève musicien Compétences spécifiques en écriture, en techniques vocales, en MAO, en prise de son, mixage et pré-mastering Niveau général de qualification des professeurs (DE Jazz et musiques actuelles) très supérieur à la moyenne constatée sur les écoles de musique et conservatoires en Région Structure très impliquée au plan de la diffusion locale (Mandala et Bijou en particulier), en collaboration régulière avec l’association les Productions du Vendredi (producteur de spectacles, responsable technique de studio d’enregistrement de la Friche Ernest Renan) Structure fortement impliquée dans divers réseaux nationaux et locaux de musiques actuelles (FNEIJMA, IRMA, SMA, COUAC…) 50 Le studio d’enregistrement de la Friche l’Imprimerie / Ernest Renan Durant son bail d’occupation de la friche, devenue site complémentaire de l’école de la rue Danielle Casanova, Music Halle a mis en œuvre différents espaces de répétition et de création artistique sur le lieu. Parmi ces locaux techniques, un studio d’enregistrement semi-professionnel de 53m² a été équipé par un investissement initial de la Ville de Toulouse, puis perfectionné par divers matériels acquis par Music Halle (qui composent aujourd’hui l’essentiel de la technicité de l’outil…) Ce studio a récemment permis la réalisation du dernier disque d’Eric Lareine, qui paraîtra fin mars 2010. Le studio est cogéré par l’association les Productions du Vendredi, avec Serge Faubert comme ingénieur du son. Comme souligné plus haut, la perspective d’une implantation à Borderouge de l’équipement principal de l’Enseigne, à quelques pas de l’Imprimerie, présenterait une opportunité considérable de pouvoir faire vivre un tel équipement en partenariat avec Music-Halle et les Productions du Vendredi… En tout état de cause, une unité d’enregistrement de maquettes et de création MAO sera indispensable pour le fonctionnement de l’Enseigne… Descriptif matériel TABLE DE MIXAGE Console analogique Sountracks Topaz (32 In/Line) ECOUTES Focal Solo6, Genelec 1030, Creative ENREGISTREMENT / MIXAGE Pro Tools HDI, interface Digidesign 96 I/O, interface Presonus Digimax *Tascam DA88 *MMC38 • IF-TAD (TDIF / ADAT converter) *Pro Tools LE+TDM interface Digidesign 888 PARC D’UNE TRENTAINE DE MICROS (Shure, Sennheiser, Neumann, AKG…) PÉRIPHÉRIQUES EXTERNES INSTRUMENTS *Vibraphone TAMA (1970) *Ampli guitare LANEY VC30 *Synthe Roland JP8000-JV1080-SHIOI-MSEI *KORG vocoder DVPI *YAMAHA TX81Z / * AKAI CD3000XL *Guitares électriques:Fender tele-Eko (1960) *Basse électrique Fender Precision *Guitare electro-acoustique Valley and Blues *panneaux acoustiques (X2) Clearsonic, Format Batterie, soit 5 panneaux amovibles Salle MAO 51 13 – ESTIMATION DE L’INVESTISSEMENT PRINCIPAL L’investissement principal inclut : la construction de l’équipement principal / périphérie ou centre-ville / jauge 450 à 500 pl. la réhabilitation de 5 salles municipales / périphérie essentiellement / jauges de 100 à 200 pl. la construction/réhabilitation d’un lieu de concert sous gestion associative, partenaire du dispositif / centre-ville / jauge 250 à 300 pl. Dans le cas d’un équipement principal basé sur Borderouge : de 7 M€ à 8,5 M€, dont : coût de l’équipement principal : coût de réhabilitation de 5 salles municipales : coût de construction/réhabilitation d’un lieu asso partenaire : de 5,5 à 6,5 M€ de 0,5 à 1 M€ 1M€ Dans le cas d’un équipement principal basé aux Nouveautés : de 12,5 M€ à 14 M€, dont : coût de l’équipement principal : coût de réhabilitation de 5 salles municipales : coût de construction/réhabilitation d’un lieu asso partenaire : de 11 à 12 M€ de 0,5 à 1 M€ 1M€ Les contributions prévisionnelles à cet investissement : Ville de Toulouse (maître d’ouvrage) Communauté urbaine Grand Toulouse Département Haute-Garonne Région Midi-Pyrénées État (DRAC Midi-Pyrénées) CNV / Centre National de la Variété et du Jazz En tant que maître d’ouvrage, le coût d’investissement à la charge de la Ville de Toulouse sera estimé dans une fourchette de : - pour l’option Borderouge : - pour l’option Nouveautés : de 4 à 7 M€ de 10 à 13 M€ On lira en annexe le référentiel d’un investissement à la construction constaté sur une SMAC de 700 places et une de 3000 places. 52 14 – ESTIMATION DU BUDGET DE FONCTIONNEMENT Il est naturellement aléatoire, à ce stade de notre préfiguration, de prétendre définir ligne par ligne le budget de fonctionnement d’un dispositif complexe et multipolaire, dont beaucoup d’aspects resteront à concevoir par le futur chef de projet durant la période 2010-2013… Nous nous contenterons ici de proposer les grands ratios applicables aux ambitions culturelles que nous présentons dans ces pages. Nous partirons d’un budget de fonctionnement de 1 Million d’euros, correspondant à une moyenne constatée sur des équipements de type SMAC dotés d’une salle principale de 400 à 600 places. Charges Ressources humaines : 30% budget, soit 300K€ o Correspondant à 13 postes permanents, soit 10 ETP o 1 Directeur(rice) : développement projet, relation au territoire et réseau acteurs culturels o 1 Administrateur(rice) : gestion RH, comptabilité et relation au CA o 3 chargé(e)s de mission : programmation/ résidences/ action culturelle et communication o 3 technicien(ne)s : son, lumière/ plateau/ studios répétition o 5 assistant(e)s : administration/ comptabilité/ accueil Concerts (contrats vente ou engagement) / technique/ frais et taxes: 20% du budget, soit 200K€ Chantiers création / résidences / performances in situ : 20% budget, soit 200 K€ Formation / action culturelle : 15% budget, soit 150K€ Divers fonctionnement et vie de l’établissement : 15% budget, soit 150 K€ Le ratio de 30% affecté aux ressources humaines se constate sur l’essentiel des SMAC. Dans le cas d’une régie personnalisée (voir page 35), les postes de directeur et d’administrateur relèvent de la fonction publique territoriale et n’affectent pas le budget de fonctionnement de l’établissement. On remarquera surtout un ratio de charges réparti à part égale entre les lignes création et diffusion, ce qui caractérise l’originalité première du projet de l’Enseigne. Produits Recettes d’activité : 35% budget, soit 350K€ o Billetterie : 15% o Bar, restauration : 15% o Location salle : 5% Subventions : 65% budget, soit 650K€ o Ville de Toulouse : 40%, soit 400K€ o État : 12%(culture et emplois aidés), soit 120K€ o Région : 6% (culture et formation), soit 70K€ o Département : 3%, soit 30K€ o Grand Toulouse : 2%, soit 30K€ o CNV et fonds divers : 2%, soit 20K€ 53 Concernant les recettes d’activité, on constatera la nécessité d’une ouverture régulière en bar et petite restauration, qui viendra compenser une recette de billetterie naturellement limitée, du fait de la moindre importance donnée à la diffusion de concerts dans ce projet. Ce secteur a toute vocation à être sous-traité auprès d’une entreprise extérieure. Concernant les subventions publiques, nous avons appliqué un ratio généralement constaté sur de tels projets, mais dans un cas de figure où l’État/ DRAC interviendrait plutôt en retrait du fait qu’il est déjà présent sur le financement du Bikini, en tant que SMAC pour l’agglomération toulousaine… Même si l’ensemble des collectivités devra se prononcer au regard de l’intérêt du projet selon le territoire et la compétence de chacune, un niveau de 40% du budget à la charge de la Ville de Toulouse doit être considérée comme la fourchette haute des hypothèses. Un contexte plutôt favorable de concertation et d’harmonisation des politiques culturelles entre l’ensemble des collectivités en présence – Ville et Région singulièrement – nous laisse espérer le meilleur équilibrage possible de ces apports en argent public… Achevé à Toulouse le 2 mars 2010, Nicolas Meckel pour Viaculture 54 ANNEXES 55 ENTRETIENS / BIBLIOGRAPHIE les entretiens collectifs réalisés en 6 rencontres auprès des porteurs de projets - participation de 71 personnes, soit 51 organisations (voir compte-rendu chapitre 5…) les 24 entretiens individuels auprès des acteurs culturels toulousains - Samuel Aubert / les Siestes électroniques / Rotation Guy Bertrand / La Mounède Williams Bloch / Avant-Mardi Nicolas Bordes / les Musicophages Yannick Corbères / Culture Bar-Bars Den Daubresse / les Pavillons sauvages Cyril Della Via / Avant-Mardi Jean-Marie Fraysse et son équipe / Convivencia / Lo Festenal Boris Havet / Mandala Bouge Christophe Jubé / À Fleur de Rock Gilles Jumaire / Bleu Citron Alain Lacroix / Espace Croix-Baragnon Joël Lécussan / Mix-art Myris Mathieu Leymonie / Progès-Son / Intercollectifs Hamza Medkouri / Samba-résille Philippe Metz / Music’Halle Hervé Sansonetto / le Bikini Joël Saurin / les Pauses musicales / le Sant-Carles Claude Sicre / le Sant Carles Erich Sperling / Le Cri de la Mouette Marc Tison / SMAC Lo Bolegason de Castres Michel Vié / CGT Spectacles les 6 entretiens Ville de Toulouse - Gérard Coulon / Dir. Animation Socioculturelle Jean-Louis Fabié / Service du Patrimoine Communal Michel Mathe / Dir. Animation Socioculturelle Fanny Mérimée / Maison des associations Laurent Saulle / Dir. Affaires culturelles Danièle Soulé / Dir. Affaires culturelles les 2 autres entretiens - Anne-Christine Micheu / DRAC Midi-Pyrénées Jean-François Paux / responsable service « assistance à la maîtrise d’ouvrage » / CNV Paris les sources bibliographiques - Les Pratiques culturelles des Français (à l’ère numérique) / Olivier Donnat / La Découverte/ 2009 Les musiques amplifiées et leurs impacts dans la structuration des territoires métropolitains : l’exemple des activités de diffusion dans l’agglomération toulousaine / 2009 / Sud-ouest Européen / Samuel Balti - Étude Étude Étude Étude musiques actuelles / 2005 / Région Midi-Pyrénées / Nicolas Meckel / AS’COM « action culturelle » / 2005 / Grand Toulouse / ABCD « chanson » / 2008 / Région Midi-Pyrénées / Nicolas Meckel / AS’COM de définition d’un centre culturel dédié aux cultures urbaines (quartiers nord de Toulouse) / - Des lieux pour les musiques actuelles : construire, réhabiliter / CNV / 2005 Campus Conseil / 2000 Recherche extérieure sur données nationales des SMAC / ministère de la Culture / sites internet 56 Référentiel « Investissement » : Comparatif sur coût de construction selon jauge Fiche extraite de l’ouvrage Des lieux pour les musiques actuelles : construire, réhabiliter Ouvrage collectif CNV / 2005 / La Lettre du cadre territorial DÉSIGNATION 700 places 3000 places 1.700.000 200.000 350.000 850.000 200.000 4.500.000 500.000 900.000 2.050.000 550.000 50.000 40.000 50.000 60.000 150.000 80.000 140.000 180.000 TOTAL TRAVAUX 3.300.000 8.500.000 ÉTUDES ET HONORAIRES DIVERS 1.000.000 2.700.000 dont : sélection maître d’œuvre études préalables honoraires maître d’œuvre assistance maîtrise d’ouvrage ordonnancement, pilotage contrôle assurances aléas et divers 60 .000 66.000 460.000 150.000 66.000 99.000 99.000 150.000 170.000 1.275.000 425.000 170.000 255.000 255.000 4.300.000 11.200.000 Structure et enveloppe Voiries, réseaux et espaces verts Partitions et finitions Équipements techniques généraux Équipements techniques spécialisés dont : gradins et sièges scène démontable patiences et tentures équipements scéniques accessoires COÛT TOTAL DE L’OPÉRATION HT 57 Référentiel « Fonctionnement » : Scène de musiques actuelles dans une grande métropole Fiche extraite de l’ouvrage Des lieux pour les musiques actuelles : construire, réhabiliter Ouvrage collectif CNV / 2005 / La Lettre du cadre territorial Cet équipement se situe au centre-ville d’une commune de 93 000 habitants, au sein d’une métropole de 1 100 000 habitants, dans une zone frontalière. Sa création est née d’une volonté de la mairie d’ouvrir un « Café Musiques » en 1995. Une association de préfiguration prend en charge la mise en œuvre du projet, la salle ouvre ses portes en 1997, en gestion associative. […] . L’équipement dispose d’une salle de diffusion pouvant accueillir 200 personnes en configuration assise et 690 debout. I – ACTIVITÉS - activités de diffusion o nombre de soirées sur le lieu : 76 o nombre de groupes et artistes accueillis : 138 o nombre de spectateurs payants : 13 439 o nombre de spectateurs exonérés : 2464 o activités de diffusion hors les murs (manifestations isolées, festivals…) o productions : 69, dont 10 coproductions o location de salle : 3 locations et 4 mises à disposition gracieuses - activités d’accompagnement des pratiques musicales (répétition, enregistrement, filage) o nombre de musiciens fréquentant l’équipement : 17 groupes o répétitions et filages : 67 journées o autres pratiques : ateliers scolaires, résidences II – BUDGET ANNUEL 2004 : 1 010 000 € - détail des charges o masse salariale (11 permanents) : 305 000€ o autres charges fixes de fonctionnement : 155 000€ o charges artistiques d’ensemble (cachets ou contrat de vente, accueil, taxes, technique, communication spécifique, édition billetterie, personnel soirées hors permanents…) : 407 000€ - détail des produits o billetterie : 122 000€ o bar : 61 000€ o autres recettes propres (location salle, adhésions…) : 84 500€ - subventions o ville : 220 000€ o agglomération : 4 000€ o conseil général : 30 000€ o conseil régional : 65 000€ o État (hors emplois aidés) / DRAC : 137 000€ o État / emplois aidés : 30 000€ o Autres Politique de la ville : 80 000€ Fasild : 15 000€ FSE : 20 000€ CNV : 24 000€ Fondation de France : 7 000€ 58 14 décembre 2009 Toulouse in Bikini Cahier des charges pour les associations subventionnées Préambule La Ville de Toulouse accompagne cinq soirées musicales au Bikini en 2010, en partenariat avec le Bikini. Pour cela, elle subventionne à hauteur de 6 000 € cinq associations qui ont en charge l’organisation et la direction artistique des plateaux et qui disposent des recettes de billetterie. Les objectifs de cette opération, intitulée « Toulouse in Bikini », sont multiples : - contribuer à la dynamique du vivier musical toulousain en respectant la pluralité des esthétiques ; - permettre à des musiciens issus du territoire toulousain d’être diffusés dans de bonnes conditions professionnelles ; - accompagner dans leur démarche des associations organisatrices de concerts reconnues pour leur savoir-faire en la matière ; - proposer à un large public des soirées de qualité, pour un prix d’entrée raisonnable. Conditions requises pour les associations subventionnées - Disposer de la licence d’entrepreneur de spectacle ; - Avoir fait ses preuves dans l’organisation de concerts dans des conditions professionnelles ; - Remplir et déposer le dossier de demande de subvention unique (à télécharger sur le site toulouse.fr) Cahier des charges devant être respecté par les associations subventionnées - Proposer un plateau de qualité composé d’au minimum deux groupes issus du territoire toulousain ; - Rémunérer les artistes selon les pratiques professionnelles en vigueur, honorer les obligations légales telles que le contrat d’engagement, l’assurance et les droits d’auteur SACEM (en cas de besoin, l’association Avant-Mardi peut servir d’appui) ; - Contracter avec le Bikini les prestations nécessaires au bon déroulement de la manifestation, principalement celles de la sécurité et de la technique ; - Fixer un prix d’entrée maximal de 10 € et prendre en charge l’organisation de la billetterie ; - Assurer une promotion et une communication de l’événement en mobilisant les relais de l’association, en complémentarité avec la communication de la Ville de Toulouse sur l’événement ; - Indiquer à la Ville de Toulouse, au plus tard au 18 janvier 2010, la date et la programmation de la soirée ; - Fournir à la Ville de Toulouse, au plus tard en fin d’année 2010, un bilan d’activité et un bilan financier de la manifestation. 59 Une politique « musiques actuelles » à Toulouse (extrait) Contribution proposée par le SAMMIP-CGT dans le cadre de la réunion du CCAC du 5 mars 2010. En préambule, nous tenons à préciser que le SAMMIP a été auditionné par Nicolas Meckel au début de l’année 2010. Certains aspects abordés dans le présent document devraient donc se retrouver dans le compte-rendu de mission de N. Meckel. Toutefois, le caractère naturellement synthétique inhérent à ce type de mission d’une part, d’autre part la place particulière qui est celle d’un syndicat professionnel dans ce type de débat, rendent selon nous nécessaire cette contribution particulière. […] 3 Règles du jeu. Bien que cet aspect soit régulièrement ignoré, consciemment ou non, les activités relatives aux musiques actuelles sont réglementées dès lors qu’elles entrent dans l’espace public. Les artistes bénéficient d’une présomption de salariat, aux termes de l’article L.7121-3 du Code du Travail : « tout contrat par lequel une personne physique ou morale s’assure, moyennant rémunération, le concours d’un artiste du spectacle en vue de sa production, est présumé être un contrat de travail dès lors que cet artiste n’exerce pas l’activité, objet de son contrat, dans des conditions impliquant son inscription au registre du commerce ». Le spectacle est une activité commerciale, défini dans le Code du commerce (Art. L110-1). Donc, toute entreprise qui produit et organise des concerts de façon régulière, quelle que soit sa forme juridique, est assimilée à une structure commerciale. L’activité d’entrepreneur de spectacle est réglementée et exige la détention d’une ou plusieurs licences au delà de 6 spectacles par an. Il existe 3 catégories de licences : licence 1 pour exploiter une salle de spectacle, licence 2 pour les producteurs et les tourneurs assumant la responsabilité d'employeur à l'égard du plateau artistique et la licence 3 pour les diffuseurs. La profession d’agent artistique, elle aussi réglementée (l’article L.7121-9 et suivants du Code du Travail), exige la détention d’une licence, au delà de 2 artistes représentés. La pratique en amateur est encadrée par le décret n° 53-1253 du 19/12/53, qui précise les modalités dérogatoires aux principes énoncés précédemment. 4 Les amateurs / les professionnels Contrairement à ce que l’on peut penser, nous ne sommes pas hostiles à la pratique en amateur. Personne ne naît professionnel. L’abandon d’un projet de loi, adaptant enfin le décret de 1953, sur fond de lobbying Breton a d’ailleurs donné lieu à un communiqué commun avec des syndicats d’employeurs pour l’exprimer publiquement. Actuellement, dès lors qu’une activité lucrative entoure un spectacle public, ou que les artistes perçoivent une rémunération quelconque, la législation énumérée ci-dessus peut s’appliquer. Par exemple, faire de la publicité pour un tremplin rock doté d’un prix suffit à entraîner la requalification des musiciens. C’est pourquoi nous participons activement à la plate-forme sur les Cafés-Cultures, et le fait que la Ville de Toulouse ait demandé à y être intégré constitue une bonne chose. La solution proposée (autoriser une pratique amateur encadrée et soutenir l’emploi professionnel dans les débits de boissons) dans cette concertation avec l’UMIH nous paraît un excellent programme qui répond à bien des problèmes posés. 5 Situation Toulousaine : face éclairée. Pour ce qui est de la diffusion, l’agglomération dispose d’une offre large et variée et de lieux emblématiques. Elle dispose de l’un des Zéniths les plus utilisés de France. Le Bikini et le Bijou sont des références nationales, pointus en terme de programmation et tous deux efficacement gérés, la salle Nougaro est un exemple unique en France d’implication d’un comité d’entreprise dans la gestion d’une salle de spectacle, d’autres salles ont fait leur place plus récemment, comme le Phare à Tournefeuille. 60 Pour ce qui est de la création, donc des artistes régionaux, notre terroir est riche. Doit-on encore citer des noms ? Nougaro, Fly and the Tox, Richard Calléja, Gold, Sidilarsen, Zebda, Philippe Renault, Psykup, Jean-Pierre Mader, Fabulous Trobadors, Spook and The Guay, Eric Lareine, Philippe Léogé, Juliette, les Malpolis, Art Mengo, Punish Yourself, Bernardo Sandoval ou parmi les derniers apparus, The Dodoz et Anakronic Electro Orkestra, parmi les plus connus, témoignent d’une diversité de genres remarquable. 6 Situation Toulousaine : face sombre. Si la diffusion d’envergure nationale et les talents locaux ne manquent pas, la structuration professionnelle de la vie musicale locale est par contre insuffisante, comparée à d’autres régions, par exemple la Bretagne ou les Pays de la Loire. Il est pratiquement impossible pour un artiste (souvent un groupe) de trouver un engagement respectant les normes sociales. Si les artistes, premiers maillons de la chaîne, ne sont pas normalement payés et déclarés, comment espérer qu’un environnement professionnel (labels, producteurs, lieux d’émergence) se densifie, puisqu’ils sont censés se payer sur l’exploitation commerciale du groupe ? L’inversion est pourtant monnaie courante, reposant sur l’espérance que les sacrifices d’aujourd’hui payeront demain… il en résulte une relative facilité à jouer en public, mais dans de mauvaises conditions (en plus d’être illégales), ce qui induit une instabilité des groupes – musiciens interchangeables et plus ou moins nombreux selon les conditions financières de chaque contrat, une déperdition dans la qualité artistique, accompagnée d’une durée de vie des groupes et des artistes de plus en plus courte... Nous n’avançons pas cette conclusion au hasard, mais parce que nous siégeons depuis 1996 à la Commission régionale d’attribution des licences de spectacles et que nous sommes membres depuis 1999 du Comité de suivi de la convention départementale de lutte contre le travail dissimulé dans le secteur du spectacle vivant et enregistré, et que nombre de nos adhérents sont confrontés tous les jours à cette réalité. Ainsi, instruire une demande de licences pour un établissement bien connu dans le domaine du jazz a pris 4 ans et demandé beaucoup d’efforts à la cellule de la DRAC chargée des licences. Ce lieu loue son espace scénique pour une somme symbolique à des associations qui assument le rôle d’employeur à sa place. Dans la pratique, beaucoup d’artistes créent leur association et deviennent leur propre employeur, cumulent plusieurs prestations pour se faire un cachet convenable. Les revenus de l’assurance-chômage ainsi déclenchés reposent sur économie virtuelle, il y a donc fraude à l’assurance-chômage. Par ailleurs, dans bien des cas, ces associations ne sont détentrices d’aucune licence, ce qui constitue un délit d’exercice illégal de la profession d’entrepreneur de spectacle. 7 Quelques Chiffres En 1995, le Sammip avait pointé dans l’hebdomadaire Flash 2700 concerts annoncés dans 49 débits de boissons (seuil retenu = plus de 10 concerts sur l’année) sur Toulouse et ses environs immédiats. Le GRISS (caisse de retraite complémentaire, aujourd’hui AUDIENS) en connaissait 1 sur 5, seulement 2 détenaient une licence. Pour Pôle Emploi (dans la continuité de l’ANPE spectacle) le code ROME L1202 « Artistes musique et chant » est celui qui englobe les artistes de la catégorie qui nous intéresse. Sous ce code, on dénombre en fin février 2010 : En Midi-Pyrénées, 2194 demandeurs d’emploi inscrits dont 1514 bénéficiaires de l’annexe 10. En Haute-Garonne, 1212 demandeurs d’emploi inscrits dont 816 bénéficiaires de l’annexe 10. Toulouse intra muros, 649 demandeurs d’emploi inscrits dont 385 bénéficiaires de l’annexe 10. Si l’on considère que les supplémentaires de l’orchestre du Capitole et les lyriques, ainsi que les musiciens travaillant dans le secteur du bal (autre secteur de diffusion de musiques actuelles systématiquement dénigré), combien reste t’il d’artistes « musique actuelles » pouvant prétendre à une indemnisation ? Où est la professionnalisation du secteur dont on nous parle tant ? Elle ne semble guère, au regard des chiffres, profiter aux artistes … Concernant les chiffres 2008 du CNV, qui récolte et redistribue un impôt sur la billetterie des spectacles, 1259 représentations payantes en Midi-Pyrénées ont généré une assiette de 15,7 millions d’euros HT qu’il faut minorer d’environ 12% pour en exclure les spectacles d’humour. Le CNV et son centre de ressource peuvent fournir des chiffres plus précis, concernant les genres, les évolutions sur plusieurs années, le nombre moyen de spectateurs etc. Un travail de ce type vient d’être mené récemment pour la région Poitou-Charente. 8 Ressources professionnelles ou institutionnelles Le CNV est également doté d’un service spécialisé dans l’assistance à maîtrise d’ouvrage et il pilote à ce titre le programme Zénith. Deux toulousains siègent actuellement au CA du CNV. La DRAC, via le service des licences, tient à jour un listing des licences en cours. La SACEM dispose bien évidemment de données et peut opérer un tri entre diffuseurs de musique enregistrée et de musique vivante. Les Caisses et institutions sociales du spectacle peuvent également être sollicitées, notamment l’AFDAS en matière de formation. Des toulousains siègent dans différentes commissions. En regroupant et recoupant diverses sources, une étude socio-économique du champ professionnel du spectacle vivant en LanguedocRoussillon a été menée (et publiée) il y a plus de 10 ans, produisant une photographie précise des emplois et des entreprises. 61 Des dispositifs de concertation existent, ou peuvent exister comme les Comités Régionaux des Professionnels du Spectacle (COREPS) pilotés par la DRAC. Des accords régionaux ADEC (Actions de Développement des Emplois et des Compétences) piloté par la CPNEF-SV (Commission Paritaire Emploi-Formation du Spectacle Vivant), dont le président est un toulousain, voient le jour dans différentes régions. Le Comité de suivi de la convention départementale de lutte contre le travail dissimulé dans le secteur du spectacle vivant et enregistré peut être utile. Y siègent la DDTEFP, la DRAC, Pôle Emploi, l’URSSAF, les Congés Spectacles, la SACEM, la CGT Spectacle, le Synavi. 9 Que faire ? Parce qu’elle est une métropole, une capitale régionale qui concentre les énergies, parce qu’elle abrite une forte population estudiantine, Toulouse (au sens large) et sa région peuvent devenir un centre important dans ce secteur des « musiques actuelles », à condition de choisir d’être plutôt que de paraître, ce que peu de collectivités ont l’audace ou l’intelligence de faire. Une politique en faveur des musiques actuelles sérieuse doit distinguer deux axes distincts : le secteur professionnel, ou la ville n’a pas vocation à se substituer au secteur privé, mais à l’accompagner, en particulier en matière de structuration, et un secteur socioculturel, ou l’objectif vise davantage les pratiques de loisir et le lien social. Cette distinction doit être claire, dans les objectifs affichés comme dans les actes. Les porteurs de projets doivent être à même de comprendre dans quel champ ils interviennent, selon les actions menées. Ainsi, la tentation d’un projet SMAC d’envergure, chargée d’intervenir sur les deux aspects aura certes une grande visibilité, mais son coût, en terme d’équipement et de fonctionnement, est élevé. Dans le meilleur des cas, 20 % de son budget sera consacré à l’artistique, la part réservée à la diffusion locale étant encore moindre. Il nous semble préférable d’injecter la même somme dans plusieurs projets de moindre envergure, certains vous étant d’ailleurs déjà proposés (Sant Carles, Job,…) et des dispositifs d’aides à l’emploi artistique et technique. Attention à certains clichés de genres : le hip-hop dans les quartiers difficiles, la chanson et le jazz pour les classes moyennes et supérieures, le rock pour les buveurs de bières. De la même façon, les réponses aux demandes d’aides sur des projets alternatifs, tout à fait flatteurs en terme d’image « de gauche » ne doivent pas faire l’impasse sur la viabilité du projet et les compétences de ceux qui le portent. Dans les dix dernières années, combien ont coûté les squats, devenus friches, devenus lieux culturels, aux contribuables des grandes villes ? Qu’ont-ils produits comme effet sur la déréglementation ? Nous encourageons la Ville à aller au bout de la logique légaliste souvent mise en avant. Ceci implique qu’elle se donne les moyens de vérifier le sérieux des structures missionnées. Les conventions signées doivent afficher cette exigence, et des vérifications faites. Par exemple se renseigner auprès de la DRAC sur la validité des licences, ou demander des éléments justifiant salaires et déclarations sociales. Il nous semble aussi nécessaire que la municipalité s’engage (avec d’autres) dans la voie de l’évaluation des performances en matière d’emploi, de formation, de diffusion, alors que cette palette prospective est traditionnellement considérée comme incompatible avec la création par le milieu lui-même. Pourquoi ne pas commencer par faire l’état des lieux ? Il est important de relier des protagonistes qui se parlent peu ou pas et n’ont souvent qu’une vision parcellaire du secteur. Comment relier ces partenaires hétéroclites : réseau d’équipements municipaux, universités et écoles supérieures, tenanciers de bistrot et de boîtes de nuit, labels et associations diverses, conservatoire et autres écoles de musique, « vrais » producteurs de spectacle, lieux alternatifs, syndicats, radios diverses, télé locale. Des synergies sont à trouver. Le métro diffuse toute le journée de la musique. Pourquoi ne pas le réserver aux musiques (pas uniquement actuelles) made in local ? Les visiteurs baigneraient dans les vibrations d’ici … et les artistes percevraient des droits d’auteurs. Enfin, pour terminer sur une note positive, nous souhaitons saluer des initiatives encourageantes qui ont vu le jour avec la nouvelle municipalité. La pause musicale, pour son éclectisme, la légèreté des installations, le créneau horaire, l’éveil de la curiosité. Le plateau proposé place du Capitole le 21 juin, avec une programmation 100 % locale. L’effort fait en marge de Rio Loco, que ce soit auprès du collectif Bar-Bars ou pour le plateau métissé Quai de la Daurade. Enfin l’initiative Toulouse in Bikini, sur le principe, même si nous aimerions vérifier les conditions de salariat des artistes et la régularité de tous les co-contractants … Contacts : Michel Vié Zouhir Lamalch 05 63 91 36 93 05 61 23 80 06 06 83 29 85 81 [email protected] [email protected] 62 Circulaire du 18 août 1998 sur les SMAC (scènes de musiques actuelles) Direction de la musique et de la danse Ministère De La Culture et de la Communication A MESSIEURS LES PREFETS DE REGION MESDAMES ET MESSIEURS LES PREFETS DE DEPARTEMENTS Directions Régionales des Affaires Culturelles PARIS, le 18 août 1998 OBJET : Soutien apporté par l'Etat aux Scènes de Musiques Actuelles. Les musiques actuelles constituent dans notre pays un espace de création ouvert à un large public. notamment aux jeunes. Leur reconnaissance pleine et entière s'impose aujourd'hui comme une nécessité, et c'est à ce titre qu'elles constituent désormais un axe prioritaire de la politique culturelle. Le Ministère de la culture et de la communication, à l'instar de son intervention dans les autres domaines qui relèvent de sa compétence, entend faciliter le bon fonctionnement des outils de création, de production de concerts, de diffusion et de formation, en partenariat étroit avec les collectivités territoriales et les professionnels. Dans cette perspective, les équipements de diffusion, de production et de formation déjà existants et distingués pour la qualité et la pertinence de leur action, qui constituent d'ores et déjà un élément fondamental de l'action de l'Etat en la matière, doivent pouvoir être consolidés et développés. Il convient de préciser leur champ d'intervention, et d'assurer 1a pérennité de leur fonctionnement. Il s'agit également, ainsi, de s'inscrire dans une perspective d'aménagement culturel du territoire. Tel est l'objet de la présente circulaire, qui se substitue à la circulaire du 7 juillet 1996. Issue de travaux préparatoires avec les organisations professionnelles du secteur et avec les services déconcentrés du Ministère, elle détaille les objectifs du dispositif, les conditions du soutien de l'Etat, les types de salles éligibles, et les procédures afférentes. Je vous invite à en assurer la diffusion auprès des structures concernées, en insistant sur le fait que, bien évidemment, les conditions minimales d'éligibilité au dispositif et à l'aide de l'Etat ne sauraient entraîner un droit automatique à subvention pour ces salles. ** * 1. Objectifs du dispositif mis en place. Les lieux musicaux de petite et moyenne capacité jouent un rôle fondamental en termes de diffusion et d'action culturelle, de "défrichage artistique", et d'accueil des publics. Ce secteur a connu une professionnalisation croissante ces dernières années malgré des financements publics relativement faibles comparativement à ceux dont bénéficiaient d'autres dispositifs plus institutionnalisés. Il s'agit de concourir à la stabilisation du fonctionnement des structures (recrutement des personnels nécessaires et pérennisation des emplois déjà créés), tant en regard de ses missions premières (production et diffusion, accueil des publics) que des autres activités susceptibles d'être conduites. A ce titre, le soutien apporté par l'Etat aux "scènes de musiques actuelles" prend en compte : • l'enjeu artistique et culturel que constitue pour la collectivité nationale de telles démarches qui recouvrent des pratiques larges et intègrent des objectifs d'éducation artistique, de novation musicale, voire de recherche ; • la responsabilité, l'indépendance artistique, et le professionnalisme des équipes dans un cadre de gestion adapté à leurs missions ; • l'accueil des publics dans toute leur diversité et le soutien aux pratiques amateurs, qui contribuent fortement au renforcement du lien social ; • l'inscription de ces lieux dans la dynamique plurielle (artistique, culturelle et commerciale) du secteur des musiques actuelles, nécessaire à l'émergence et au développement de nouveaux talents ; • enfin, la nécessité de diversifier l'implantation de ces structures, notamment dans le contexte géographique et sociologique, dans un esprit d'aménagement du territoire. Ce soutien est concrétisé par la conclusion d'une convention dont la signature par l'Etat vaut reconnaissance de la structure par le ministère de la culture et de la communication en tant que "scène de musiques actuelles". 2. Les critères de soutien de l'Etat aux scènes de musiques actuelles Il s'agit chaque fois d'une conjonction entre un lieu, un projet, et une équipe. 63 2.1. Le projet artistique. Les orientations suivantes sont notamment prises en compte pour l'appréciation de la pertinence du projet artistique, lequel doit être précis, argumenté, et figurer en annexe de la convention. Une programmation régulière doit être élaborée et diffusée soit dans l'enceinte de la salle, soit complémentairement ou ponctuellement dans d'autres cadres, et présenter des artistes locaux, nationaux et internationaux, en réservant une place importante aux artistes en développement de carrière. La convention doit fixer un nombre minimum de prestations (concerts/représentations) annuelles, en fonction des situations et des réalités de chaque salle. Les salles concernées doivent développer, notamment en faveur de ces artistes et groupes, des initiatives permettant d'accompagner la création (par exemple au travers de coproductions, de résidences, etc..), et en inscrivant leurs actions dans des dynamiques départementales, régionales, nationales, voire internationales. Dans une perspective d'aménagement culturel du territoire et de maillage des équipements, elles doivent également tisser des relations avec d'autres SMAC, et d'autres acteurs de la vie artistique et culturelle, en favorisant des actions concertées. Elles doivent enfin participer, le plus généralement à la vie culturelle locale (ateliers de répétitions, formation, pratiques amateurs et préprofessionnelles), à la sensibilisation et au développement des publics. 2.2. L'équipe artistique, administrative et technique. Les directeurs des SMAC doivent être des professionnels responsables des projets qu'ils mettent en œuvre avec leurs équipes. Ils doivent y exercer une mission permanente. Leurs équipes doivent être composées de professionnels tant dans les domaines administratifs que techniques. 2.3. La politique tarifaire La structure doit pratiquer des tarifs accessibles à tous les publics, compte tenu des financements apportés par l'Etat et les autres partenaires. 3. Les types de salles éligibles La salle concernée doit avoir une forme juridique stable et autonome. Son activité principale doit être la production et l'organisation de concerts : la structure doit, à ce titre, être émettrice de la billetterie pour au moins 70% de la programmation annuelle. La structure doit être gérée en conformité avec la législation sociale et fiscale, les dispositions relatives aux entrepreneurs de spectacles conformément à l'Ordonnance de 1945, ainsi qu'avec le code de la propriété intellectuelle. L'un des responsables de la structure concernée doit être détenteur de la licence d'entrepreneur de spectacle. La salle doit comporter un ou plusieurs équipements sur un seul ou plusieurs sites. La salle doit être en conformité avec les textes régissant les règles de sécurité et d'environnement, et répondre aux garanties techniques et architecturales nécessaires à la diffusion de spectacles musicaux. La structure doit exister depuis au moins une année, et justifier d'une saison d'activité significative avant d'être éligible au concours financier. 4. Instruction des demandes et conventionnement 4.1. Dépôt des demandes de soutien Les responsables des structures qui répondent aux conditions évoquées ci-dessus peuvent prendre contact avec la Direction Régionale des Affaires Culturelles compétente. Les responsables doivent transmettre les pièces suivantes : a / pièces administratives : • statuts ; • publication au Journal officiel ou extrait K bis ; • copie de l'acte d'occupation du lieu, du rapport de la commission de sécurité, et du plan des locaux ; • compte de résultat et bilan de l'exercice antérieur ; • pièces justificatives de l'immatriculation aux différents organismes sociaux ; • numéro de licence ; • contrat général de représentation conclu avec la S.A.C.E.M. b / dossier artistique : • état descriptif des activités de la saison précédente ; • projet artistique et budget prévisionnel. 4.2. Expertise Les services déconcentrés de l'Etat procèdent à une expertise et à une évaluation en liaison avec l'Inspection de la création et des enseignements artistiques du ministère de la culture et de la communication, et en relation étroite avec 64 les collectivités territoriales concernées. Ils consultent au besoin, sous une forme adaptée, les partenaires professionnels du secteur. L'avis préalable de l'Inspection de la création et des enseignements artistiques est requis pour l'inscription de la salle dans le dispositif des scènes de musiques actuelles. 4.3. Mise en place du conventionnement Le soutien de l'Etat aux missions artistiques et culturelles de ces lieux s'exprime au travers d'une convention liant les collectivités publiques impliquées et l'organisme responsable de la structure. A ce titre, ladite convention d'objectifs, qui peut être pluriannuelle, doit être adaptée à la singularité de chaque projet. Elle devra rappeler les obligations des parties, en termes, notamment, de gestion et de projet artistique, (cf. supra) et être signée par les responsables des SMAC et les collectivités publiques intéressées. La convention stipulera le montant du soutien financier pour la première année ; des avenants interviendront pour les années suivantes. Elle précisera également le mode d'évaluation de l'action entreprise. Les structures bénéficiant d'un soutien des collectivités territoriales devront être retenues prioritairement au titre du présent dispositif. 5. Suivi et évaluation Les responsables de la structure doivent présenter au moins une fois par an auprès des services déconcentrés de l'Etat le bilan des actions intervenues : c'est en fonction de l'analyse de ce dernier que sont envisagées et étudiées les modalités du partenariat pour l'année suivante. Les Directions Régionales des Affaires Culturelles procèdent à une évaluation régulière de l'activité du lieu en liaison avec l'inspection de la création et des enseignements artistiques du ministère de la culture et de la communication. Des comités de suivi réunissant les collectivités locales partenaires pourront, le cas échéant, être mis en place. Le manquement à ses obligations entraînera le cas échéant la rupture de la convention. Toute modification du projet artistique ou de l'équipe dirigeante du lieu doit faire l'objet d'une concertation avec la Direction Régionale des Affaires Culturelles et les collectivités territoriales afin d'examiner si ces changements doivent, le cas échéant, introduire des modifications dans la convention voire mettre fin à celle-ci. ** * Un bilan précis des moyens nouveaux mis en œuvre sera effectué, à la fin de l'année 1998, par l'administration centrale. Le Directeur du Théâtre et des Spectacles Directeur de la Musique et de la Danse par intérim Dominique WALLON 65