Saddam Hussein Abd al-Majid al-Tikriti

Transcription

Saddam Hussein Abd al-Majid al-Tikriti
Saddam Hussein Abd al-Majid al-Tikriti
(en arabe : ‫)ﻱﺕﻱﺭﻙﺕﻝﺍ ﺩﻱﺝﻡﻝﺍ ﺩﺏﻉ ﻥﻱﺱﺡ ﻡﺍﺩﺹ‬
Présumément né le 28 avril 1937 et exécuté par pendaison le 30 décembre 2006
à Bagdad pour crimes contre l'humanité, était un homme d'État irakien, viceprésident (1968-1979), puis président (1979-2003) de l'Irak. Il a été renversé lors
de l'invasion de l'Irak en 2003, par les États-Unis, le Royaume-Uni et quelques
autres pays de la coalition.
Des gouvernements et organisations non gouvernementales (ONG) l'accusent de
crimes de guerre, meurtres, crimes contre l'humanité et de génocide envers les
Kurdes1. Arrêté en décembre 2003, il est condamné à mort le 5 novembre 2006
pour le massacre de Doujaïl de 148 villageois chiites en 1982. Quelques jours
après que le verdict eut été confirmé en appel (le 26 décembre 2006), la
sentence est exécutée avec sa pendaison qui se déroule le 30 décembre 2006 à
six heures, heure locale (03H00 GMT) dans une caserne des renseignements
militaires irakiens située dans le quartier chiite d'Al-Khademiya à Bagdad.
On ne sait que peu de choses sur les premières années de sa vie. Il serait né le
28 avril 1937 dans une famille très pauvre de paysans sans terre du village
d'Aouja, non loin de Tikrit. Selon sa biographie officielle, son père, Hussein Abd
al-Majid serait mort, peu avant ou peu après sa naissance, mais selon d'autres
biographies, non officielles et généralement écrites par des opposants, son père
aurait en fait abandonné sa femme et ses enfants.
De fait, le petit Saddam aurait été élevé par le nouvel époux de sa mère, un
homme qui aurait été brutal et illettré, et qui l'aurait traité rudement3. Il aurait alors
vécu dans une petite maison en torchis, qui n'aurait été composée que d'une
pièce et où, comme dans la quasi totalité des demeures irakiennes de l'époque, il
n'y aurait pas eu l'électricité. Dès l'âge de six ans, il aurait commencé à travailler
comme berger. Sa famille n'ayant pas les moyens de lui payer des chaussures, il
serait allé travailler dans les champs pieds nus. À l'âge de huit ans, il aurait fui le
domicile familial, et aurait été recueilli à Bagdad par un oncle maternel, Khairallah
Talfah, ancien officier qui aurait soutenu la révolution de Rachid Ali al Gaylani et
qui serait devenu maître d'école. Avant de le connaître, Saddam Hussein aurait
été appelé ibn aziqa ou littéralement, « fils des ruelles ». Son oncle l'aurait
scolarisé dans l'école municipale ; Saddam Hussein aurait alors été l'élève le plus
âgé de sa classe. Khairallah serait ensuite parti pour Bagdad avec le jeune
Saddam où, en plus d'aller à l'école, il aurait exercé de petits métiers, comme
celui d'assistant de chauffeur de taxi et de vendeur de cigarettes à la criée. Son
oncle lui aurait également appris le maniement des armes, et l'aurait instruit sur
l'histoire de l'Irak, Nabuchodonosor pour l'histoire antique de l'Irak, et Saladin
pour l'histoire médiévale de l'Irak.
Son oncle lui aurait "donné" sa fille en mariage. Celui-ci serait ainsi rentré de
plain-pied dans la tribu des Albou Nasser. Admiratif de son oncle, il aurait décidé
de devenir, comme lui, officier. Il se serait présenté à l'Ecole militaire pour passer
le concours d'entrée, mais il aurait échoué - ce qui n'aurait eu rien d'étonnant,
compte tenu de l'éducation qu'il aurait reçue de son oncle3.
Après la fin de ses études secondaires, le jeune Saddam rejoint une cellule
clandestine du parti Baas (le parti socialiste de la Renaissance arabe). Ce parti,
fondé par un Syrien chrétien, Michel Aflaq et par un musulman Salah al-Din alBitar, affilié à la IIe internationale socialiste, présent de façon officielle ou
clandestine dans tous les pays arabes, prône un nationalisme arabe laïc et l'unité
du monde arabe, mélangé de références socialistes modérées (nationalisation
des richesses nationales, notamment du pétrole).
Membre du parti Baas, il milite dès le début des années 1950, pour l'unité arabe.
Quelques années plus tard, il est condamné, avec son oncle, à six mois de prison
pour avoir tué un informateur de la police. Il participe en 1956 à un coup d'État
avorté contre le roi d'Irak, soutenu et imposé par la Grande-Bretagne. En 1958,
un autre groupe, communiste, sous la direction du général Kassem, officier
marxiste, parvient à détrôner le roi.
Le 7 octobre 1959, il fait partie d'un groupe qui tente d'assassiner le général
Kassem et d'instaurer un régime nationaliste en Irak, mais ils échouent, et
Saddam Hussein est blessé lors de cette opération où il n'a eu finalement qu'un
rôle subalterne. Plus tard, ses services de propagande tenteront d'embellir son
action, jusqu'à en faire le personnage central de ce complot manqué et le héros
d'une nouvelle « geste ».
Après sa tentative manquée d'assassinat du général Kassem, il se serait enfui à
cheval, aurait traversé l'Euphrate à la nage3 et, avec l'aide de réseaux syriens,
aurait traversé le désert, puis se serait réfugié parmi des bédouins ; il se réfugie
alors à Damas, où il rencontre des baasistes syriens. Il reste à Damas pendant
trois mois, c'est pendant ce court séjour qu'il fait la connaissance de Michel Aflaq.
C'est avec sa rencontre avec le secrétaire général du Baas, qu'il devient membre
à part entière du parti. Puis, il part au Caire, à l'époque de la République arabe
unie, et il est condamné par contumace à mort par le gouvernement irakien. Il
continue sa scolarité au Caire, où il obtient son "diplôme" en 1961, puis, en 1962,
il entame des études de droit. Mais il est contraint d'abandonner ses études pour
retourner en Irak.
Après la révolution irakienne du 8 février 1963, lors de laquelle le régime marxiste
du général Kassem est renversé par des groupes nationalistes baasistes
commandés par le général Aref, Saddam Hussein revint en Irak en passant par la
Syrie, où il rencontre une nouvelle fois Michel Aflaq qui lui transmet un message
qu'il devait donner à Ahmad Hasan al-Bakr. Il se fait l'intermédiaire des baasistes
syriens et irakiens. Il participe également à plusieurs conférences panarabes, du
parti à Damas, où il expose les mêmes idées qu'Aflaq. Avec son retour en Irak, il
travaille au recrutement de nouveaux militants.
En 1964, Saddam Hussein aurait projeté d'assassiner le président Abdel Salam
Aref. L'attentat qui était prévu pour le 5 septembre est découvert par la police la
veille, et il se fait emprisonner avec un complice. Durant sa détention, sa femme
Sajida lui apporte des livres approfondissant ainsi sa culture nationaliste. Il
parvient à s'évader le 23 juillet 1966, au cours d'un transfert entre deux prisons. Il
se consacre alors à la constitution d'une branche clandestine du Baas, qui
implique une centaine de personnes.
Écarté du pouvoir, pour un temps, le parti Baas revient en force, lors d'un coup
d'État, le 17 juillet 1968, et devient le parti le plus puissant et le mieux structuré
de la région. Lors de la « Révolution blanche » (nom donné parce qu'aucune
goutte de sang n'a coulé pendant ce coup d'État), Saddam Hussein aurait –
d'après les sources baasistes » – assiégé le palais présidentiel avec un tank et
"pris le pouvoir". Le 30 juillet 1968, alors qu'il n'avait encore aucune fonction
officielle importante, ni dans le Parti Baas, ni dans l'Etat irakien, Saddam Hussein
aurait limogé le premier ministre et le ministre de la défense en personne. Au sein
du Parti Baas (ou de l'Etat irakien), Saddam Hussein prend alors la tête des
services de sécurité, à l'âge de 31 ans. Il occupe également le poste de viceprésident du Bureau révolutionnaire. Il doit ce poste important à son oncle par
alliance , le général Ahmad Hasan al-Bakr, Président de la République et
dirigeant baasiste historique.
Épaulé par son groupe, sa "tribu", constituée de sa proche famille, de ses
nombreux cousins et alliés, et des natifs de sa ville de Tikrit, Saddam Hussein,
peu à peu, "élimine" ses rivaux, et réussit à "contrôler" Bagdad, la capitale. Il
devient Vice Président de la République en 1971. Cependant, pour contrôler le
pays, il a besoin d'un parti à sa dévotion, et prend modèle sur le Parti
communiste de l'Union soviétique, avec laquelle l'Irak signe en 1972, un traité
d'amitié. Saddam Hussein se rend aussi en France la même année, le 14 juin.
Selon un membre d'un niveau hiérarchique élevé de la CIA , il en serait revenu en
emportant un drapeau tricolore dans ses bagages .
Le Parti Baas, devient rapidement omniprésent, omnipotent, et un passage obligé
pour toutes les affaires et pour accéder au pouvoir. En quelques années, ce parti
devient un instrument entièrement au service de Saddam Hussein, qui concentre
tous les pouvoirs entre ses mains, passant d'un pouvoir collégial, au début, à un
despotisme absolu, même s'il a conservé pour la forme, le Conseil de
commandement de la révolution, censé détenir le pouvoir (Ezzat Ibrahim Al-Duri
en est le vice-président).
Un diplomate occidental, citant un proverbe "arabe", aurait dit du système
politique irakien, qu'il fonctionnait comme un palmier, arbre qui est d'ailleurs un
des symboles de l'Irak : « Il demeure toujours vert si on coupe ses branches les
plus basses ».
Au début des années 1970, il se donne le titre de général "honoraire". Le 1er juin
1972, plusieurs années avant d'avoir pris le pouvoir , Saddam Hussein
commence une vaste nationalisation des compagnies pétrolières, richesse
nationale qui se trouvaient jusque là entre des mains étrangères. L'Irak connaîtra
alors un développement industriel et social sans précédent. Saddam Hussein
s'est efforcé de moderniser l'économie et l'industrie. Le 11 mars 1974, Saddam
Hussein signe avec les deux Partis "autonomistes / indépendantistes" PDK et
UPK Kurdes un accord relatif à l'autonomie du Kurdistan irakien, avec la "Loi pour
l'autonomie dans l'aire du Kurdistan", qui stipule notamment que "la langue kurde
doit être la langue officielle pour l'éducation des Kurdes". Cette loi permet aussi
l'élection d'un conseil législatif autonome, qui contrôle son propre budget.
Cependant, 72 des 80 membres élus de ce conseil de la première session
d'octobre 1974 ont été sélectionnés par Bagdad. En octobre 1977, la totalité du
conseil est choisie par le régime. En 1973, Saddam Hussein devient général, et
en 1979, à 42 ans, se sentant assez puissant, il succède à Ahmad Hasan al-Bakr
et devient Président de la République d'Irak, suite au renoncement "précipité" de
son prédécesseur, officiellement pour "raison de santé" . Des milliers de cadres
du parti Baas sont alors convoqués d'urgence et vingt-deux d'entre eux, accusés
de trahison, sont arrêtés en pleine assemblée, présidée par "un Saddam Hussein
fumant le cigare et pleurant parfois", et sont emmenés à l'extérieur pour être
"exécutés sommairement". La scène est filmée et est "suivie en direct dans tout
le monde arabe"; elle servira à "asseoir" le pouvoir du nouveau dictateur en Irak,
et deviendra "célèbre mondialement" comme illustration de ses méthodes et de
sa personnalité.
Durant les vingt-quatre années de son pouvoir, Saddam Hussein utilise tous les
moyens pour contrôler la population et régner sans partage. Comme dans les
régimes totalitaires, la propagande est omniprésente à travers les différents
médias et les affiches représentant le portrait du Raïs (à l'époque moderne, dans
le monde arabe, le terme de Raïs semble avoir été exclusivement utilisé en
Égypte à propos de Gamal Abdel Nasser, qu'il semble ne jamais avoir été utilisé
en Irak à propos de Saddam Hussein, où seul le terme de Président de la
république ou, plus simplement, Président, semblent avoir été employé ; le terme
de Raïs paraît avoir été quasi exclusivement employé dans la presse occidentale
« grand public », surtout en Grande Bretagne et en France). La presse est
censurée et la peur d'être arrêté et exécuté paralyse les opposants au régime,
principalement chiites (à l'exception des communistes chiites, la très grande
majorité des chiites était totalement opposée au régime laïc imposé au pays dès
le début des années 1960) et kurdes (qui souhaitent établir un Etat Kurde
indépendant , reconnu internationalement, en unifiant les provinces kurdes de
Turquie, d'Irak, de Syrie et d'Iran ).
Durant cette période Saddam Hussein a échappé à plusieurs attentats ou
tentatives de renversement par la force, pratiquement tous perpétrés par des
organisations secrètes islamistes chiites interdites (par exemple, la tentative
d'assassinat en 1982 à Doujaïl, organisée par le parti Dawa islamique de la ville).
L'ouverture de la phase préliminaire de son procès a eu lieu à Bagdad au début
du mois de juillet 2004. C'est un tribunal d'exception, le Tribunal spécial irakien
(TSI), qui le jugera pour génocide, crime contre l'humanité et crime de guerre,
avec plusieurs autres membres importants du parti Baas.
Mille cinq cents personnes dont vingt-deux avocats principaux venant d'Irak, de
Jordanie, de Libye, de France et des États-Unis se sont proposés pour assurer la
défense de Saddam Hussein. Jacques Vergès et Roland Dumas sont quelquesuns de ces nombreux avocats.
Le 7 juillet 2005, Ziad al-Khasawneh, le principal avocat de Saddam Hussein,
démissionne, suite aux pressions d'avocats américains, voulant l'empêcher de
prendre position pour la résistance irakienne et contre l'invasion armée.
Le 8 août 2005, tous ses avocats commis d'office par le Tribunal, sauf un Irakien,
Khalil al-Doulaïmi, sont récusés par la famille Hussein, qui les accuse de s'être
autoproclamés défendeurs de Saddam Hussein sans avoir été mandatés.
Le 4 septembre, le porte-parole du gouvernement irakien annonce que l'ouverture
d'un premier procès aura lieu le 19 octobre, soit juste après le référendum sur le
projet de Constitution, prévu le 15 octobre. Ce procès concernera uniquement la
condamnation à mort par un tribunal irakien et l'exécution de 148 chiites du
village de Doujaïl en 1982 (dont le seul « crime », pour certains, fut d'avoir été
membre de l'organisation secrète islamiste qui avait organisé la tentative
d'assassinat de Saddam Hussein, sans avoir eux-mêmes participé activement à
la tentative d'assassinat), la destruction de propriétés privées et l'exil interne,
pendant quatre ans, des 14 000 habitants de cette ville.
Le porte-parole du gouvernement a également déclaré que si Saddam Hussein
était condamné à la peine de mort, la sentence pourrait être exécutée sans
attendre les jugement relatifs aux autres procès qui étaient prévus, relatifs à
d'autres actes d'accusations portées à l'encontre de Saddam Hussein (voir Irak).
La peine de mort avait été abolie en Irak par l'administrateur civil de l'Irak Paul
Bremer ; elle semble y avoir été réintroduite à la suite de l'arrestation de Saddam
Hussein.
Le 19 octobre, jour d'ouverture du procès, Saddam Hussein défie le tribunal, en
ne reconnaissant pas son autorité et plaide non coupable pour le massacre de
Doujaïl. Des témoins programmés au procès, ayant trop peur d'être des témoins
publics, ne sont pas venus à Bagdad. Le premier procès de Saddam Hussein est
alors ajourné pour permettre d'entendre ces derniers dans des conditions de
sécurité satisfaisantes. La prochaine audience était prévue le 28 novembre, mais
elle a été encore une fois reportée au 5 décembre. Le 6 décembre, Saddam
Hussein continue de « perturber » le procès.
Le 23 janvier 2006, le président du Tribunal Rizgar Mohammed al-Amin
démissionne, il est remplacé par Raouf Abdul Rahman considéré comme plus
ferme.
Le 15 mars, Saddam Hussein est appelé par l'accusation en tant que témoin. À la
barre, il a fait une déclaration politique, affirmant notamment qu'il se considérait
toujours comme le Président de l'Irak, appelant les Irakiens à cesser les violences
entre eux et à combattre les troupes américaines. Le juge a alors coupé son
microphone et la suite de l'audience s'est déroulée à huis clos.
Le 15 mai, il est formellement accusé de « Crime contre l'humanité » pour le
massacre de Doujaïl, et refuse de plaider, trois de ses avocats ayant été
assassinés lors des premiers jours du procès et Saddam Hussein ayant récusé
tous ceux, commis d'office, que le tribunal spécial irakien lui proposait en
remplacement, en ajoutant qu'« il n'y avait aucune possibilité de juger le
Président de l'Irak » , ou que « le tribunal spécial irakien n'a pas autorité, au
terme de la Constitution de la République irakienne, pour juger le Président de
l'Irak » (Saddam Hussein ne reconnaissait pas la nouvelle Constitution irakienne
adoptée le 15 octobre de l'année précédente, sous "prétexte" qu'elle avait été
"imposée" à l'Irak par les forces d'occupation étrangères).
Ses avocats boycottent le procès accusant le tribunal de partialité et de manque
d'indépendance vis à vis du pouvoir politique. Saddam Hussein refuse également
d'être présent lors des auditions. Le président du tribunal ordonne alors sa
convocation d'office. Des témoins appelés par la défense, suspectés d'avoir
mentis à la cour, sont emprisonnés.
Le 19 juin, Jaffar al Musawi, le procureur général du tribunal spécial irakien
requiert la peine de mort contre Saddam Hussein, contre son demi-frère Barzan
al-Tikriti et contre l'ancien vice-président Taha Yassine Ramadan.
Ne bénéficiant d'aucun avocat autre que ceux commis d'office par le tribunal,
c'est le conseiller canadien des avocats de la défense, William Wiley, qui se
chargera d'écrire la plaidoirie finale. Ce dernier ainsi que le conseiller chargé
d'assister les juges, l'avocat américain Eric Blinderman, tous deux envoyés par le
gouvernement américain, ont eu pour rôle d'assurer le bon déroulement du
procès au respect des normes internationales et à l'équité de la procédure.
Le 5 novembre, Saddam Hussein est condamné à mort par pendaison pour crime
contre l'humanité. D'après les statuts du tribunal, il y a automatiquement appel
pour ce type de condamnation. Le procès en appel devait durer trente jours.
Plusieurs autres membres de l'ancien parti Baas sont également jugés et furent
condamnés à mort ou à des peines allant jusqu'à l'emprisonnement à perpétuité,
citons notamment :
Taha Yassine Ramadan, ancien vice-président (exécuté par pendaison le 20
mars 2007)
Barzan al-Tikriti, ancien chef des renseignements (exécuté par pendaison le 15
janvier 2007)
Awad Ahmed al-Bandar, adjoint du chef de cabinet de Saddam Hussein (exécuté
par pendaison le 15 janvier 2007)
Abdallah Kadhem Roueid, responsable local du parti Baas (condamné à 15 ans
de prison le 5 novembre 2006)
Mezhar Abdallah Roueid, responsable local du parti Baas (condamné à 15 ans
de prison le 5 novembre 2006)
Ali Daeh Ali, responsable local du parti Baas (condamné à 15 ans de prison le 5
novembre 2006)
Mohammed Azzam al-Ali, responsable local du parti Baas (acquitté le 5
novembre 2006)
Le 26 décembre, la cour d'appel irakienne confirme la condamnation à mort de
l'ancien président irakien Saddam Hussein. La cour d'appel refuse d'accéder à la
dernière volonté de Saddam Hussein d'être fusillé, comme le prévoyait l'ancienne
Constitution irakienne pour les crimes politiques, et confirme l'exécution par
pendaison, qui était réservée en Irak aux Droits communs, dans les trente jours à
venir.
De nombreuses ONG et de nombreux juristes dans le monde ont dénoncé ce
procès. Human Rights Watch estime ainsi dans un rapport que ce dernier fut
« entaché d’irrégularités, aussi bien sur la forme que sur le fond » et
« foncièrement inéquitable ». Seuls, quelques hommes politiques, pratiquement
tous américains ou irakiens, l'ont qualifié de « parfaitement équitable ».
Le 29 décembre 2006, le Monde apprend par le député Sami al-Askari,
collaborateur du Premier ministre Nouri al-Maliki que Saddam Hussein sera
exécuté dans la nuit du 29 au 30 décembre 2006 ou, au plus tard, le 4 janvier
2007 (après l'Aïd el-Kebir, la fête la plus sacrée du calendrier musulman).
Le 30 décembre 2006, l'ancien président irakien est finalement exécuté à Bagdad
à 06 h 05, heure locale (03 h 05 GMT). Livré par les Américains aux autorités
irakiennes, ce sont des Irakiens qui exécutent la sentence. Saddam Hussein est
mené au gibet, les bras et les pieds entravés, mais conserve son calme et lit des
versets du Coran. Il demandera d'avoir la tête découverte, ce qui lui fut accordé. Il
acceptera un foulard pour éviter les blessures occasionnées par la corde.
Pendant toute la durée de la préparation de son exécution, les (ou, de) nombreux
officiels chiites présents sur le lieu de l'exécution l'insultent, ou scandent :
« Moqtada, Moqtada », par référence à Moqtada al-Sadr, le chef de l'Armée du
Mahdi, dont le père, islamiste radical, avait été exécuté sur l'ordre de Saddam
Hussein. L'émission du 8 août 2007 sur France 2 « Un jour, un destin » explique
que les personnes ayant crié le nom de « Moqtada » auraient été ses miliciens,
qui auraient payé « un prix d'or » pour assister à l'exécution ; il semble toutefois
difficile de porter un jugement quant à la vraisemblance de cette hypothèse,
même si des partisans de Moqtada al-Sadr se sont certainement infiltrés dans un
gouvernement présumé hostile au leader chiite. La scène de l'exécution a été
filmée illégalement, et diffusée sur internet. Elle a été reprise par de nombreuses
chaînes de télévision de par le monde, chaînes qui semblent avoir, pour la
plupart, autocensuré tout ou partie de la bande son.
La pendaison de Saddam Hussein mit fin à toutes les actions judiciaires dont
celui-ci devait encore répondre devant le tribunal spécial irakien, dont sept autres
procédures, toutes susceptibles de conduire à une condamnation à mort , au
cours de la succession de procès qui devaient en découler si Saddam Hussein
n'était pas condamné à mort lors du procès précédant le suivant , puisque tous
les crimes étaient qualifiés de Crimes contre l'humanité (tous les crimes
reprochés à Saddam Hussein étant, pour des raisons qui sont restées
mystérieuses, antérieures à 1991 , cette qualification des crimes était
indispensable pour qu'il n'y ait pas prescription ) ) qualification indispensable pour
que Saddam a, étant en cours d'instruction. Si, par extraordinaire , Saddam
Hussein n'avait pas été condamné à mort lors de son premier procès, un autre
procès aurait donc dû être ouvert, à l'issue duquel Saddam Hussein aurait peutêtre dépassé l'âge de 70 ans, âge à partir duquel on ne peut normalement plus
exécuter un condamné en Irak.
Après son exécution, le cadavre fut amené en « zone verte », le périmètre de
sécurité de Bagdad, dans la résidence du premier ministre, où fut organisée une
fête entre amis pour fêter la pendaison. Il a ensuite été remis aux proches de l'exdictateur. Le 31 décembre, il est enterré à 4 h 00 (1 h 00 GMT) dans un bâtiment
construit au cours de sa présidence et destiné à honorer les morts, dans le centre
d'Aouja, à 180 km au nord de Bagdad et 4 km au sud de Tikrit. Il repose avec son
oncle et ses fils Oudaï et Qoussaï.
Aussitôt après, cette exécution à la sauvette déclenche une polémique. De
nombreux observateurs dénoncent une « mascarade », une « parodie de
justice ». Ainsi, selon Antoine Basbous, directeur de l'Observatoire des pays
arabes, interviewé sur France 3 le 2 janvier 2007, le choix d'exécuter Saddam
Hussein le jour de l'Aïd el-Adha fut désastreux. Exécuter Saddam Hussein un jour
de paix et de pardon pour les Sunnites (pour les Chiites, l'Aïd était le lendemain),
qui plus est, une fête au cours de laquelle on sacrifie un animal, serait selon lui
une provocation délibérée de la part de ceux qui détiennent désormais le pouvoir
à Bagdad. La question de la responsabilité des Américains dans ce choix reste
ouverte pour le moment.
Pour de nombreux analystes, l'exécution serait plus un acte de guerre civile que
de justice, ou tout du moins un acte de vengeance communautaire :
- le fait qu'il s'agisse d'un jour saint pour les sunnites et pas pour les chiites ;
- l'exécution a eu lieu dans un quartier à majorité chiite (Khadamiya), dans une
caserne des renseignements militaires, une unité notoirement infiltrée par l'Armée
du Mahdi ;
- la prière des personnes présentes faisait référence à des imams historiques
chiites.
Le quotidien égyptien Al-Masri Al-Youm commentait ainsi : « Les États-Unis ont
offert Saddam en sacrifice sur l'autel de la guerre civile irakienne »