CE LIEN - Fédération Française de la Couture du Prêt-à

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CE LIEN - Fédération Française de la Couture du Prêt-à
 12 e RENCONTRES INTERNATIONALES
DU TEXTILE ET DE LA MODE
LA PLACE DE L'AUTEUR
DANS LE CONTEXTE DE LA COMMANDE
samedi 28 avril 2012 / 16h30
Modérateur
Michel Mallard, Directeur de Création, Photographe, Paris
Intervenants
Jason Evans, Photographe, Londres
Jody Quon, Directrice de la Photographie, New York Magazine, New York
Kira Pollack, Directrice de la Photographie, Time, New York
Leslie Simitch, Vice Présidente Exécutive, Trunk Archive, New York
Michel Mallard
Bonjour et merci d'être parmi nous pour cette table ronde sur la photographie et la notion d'auteur. Je voudrais
d’abord remercier les organisateurs des Rencontres Internationales du Textile et de la Mode et les sponsors de
permettre à un petit bastion de résistance photographique et de défense de l'image d'exister. Ces trois jours permettent
de révéler des créations non bridées et non censurées par les règles du marché.
J'aimerais commencer par une question : combien de personnes dans la salle savent écrire ? Si vous pouviez lever la
main... Alors parmi ceux qui savent écrire, combien se considèrent comme des auteurs ? Un deux, trois... Donc, un
certain nombre d'entre vous sait écrire mais seulement trois se considèrent comme étant des auteurs. Maintenant, une
deuxième question : qui dans cette salle prend des photos ? Pas mal de monde apparemment ! Alors parmi ceux qui
ont levé la main, combien d'entre vous se considèrent comme des photographes ? Moins de monde je vois... Il est donc
évident qu'il y a une différence entre prendre des photos et être un auteur photographique. Le constat est fait.
Je vais vous présenter mes camarades qui sont autour de moi. Voici tout d'abord, Jody Quon, directrice
photographique et de l'image du New York Magazine. Elle a été rédactrice en chef adjointe pendant quelques années
au New York Times Magazine, à New York, puis comme directrice artistique de W où elle a gagné de nombreux prix,
avant de revenir à New York magazine. A ma gauche, Leslie Simitch, qui a exercé divers métiers lié à la photo : chez
Magnum par exemple ou en tant qu'agent de photographes-artistes comme Philip Lorca DiCorcia dont elle s'est
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occupé pendant longtemps. Elle nous parlera des passerelles qui existent entre le monde d'artiste et d'auteur et le
monde commercial car Philip Lorca DiCorcia a aussi réalisé des campagnes de publicité. Aujourd'hui, Leslie est Viceprésidente de Trunk Archive, une banque d'images des photographes les plus intéressants au monde. Nous entendrons
ensuite Kira Pollack, Directrice de la Photo du magazine Time. Elle a créé le blog LightBox, que je vous recommande
et qui aborde des photographies de domaines bien plus larges que celles qui sont publiées dans Time. Elle a aussi été
éditrice photo de New York Times Magazine et de Play, le magazine dédié aux sports du New York Times Enfin, Jason
Evans, qui était jury l'an dernier et qui expose ici cette année à la villa Noailles dans le cadre du festival. Jason,
j'aimerais commencer avec vous. Etes-vous un artiste, un photographe, un faiseur d'images? Comment vous
considérez-vous ?
Jason Evans
J'ai choisi de me qualifier de photographe. On me considère souvent comme un artiste mais je préfère pour ma part le
terme de photographe parce que j'apprécie la liberté qu'apporte le fait d'être photographe ; c'est plus ambigu...
Michel Mallard
Photographe commercial ?
Jason Evans
Je suis juste photographe, c'est tout !
Michel Mallard
Vous réalisez des commandes de mode, des photos artistiques ou des pochettes de disque, vous faites des vidéos pour le
groupe Radiohead, bref un tas d'activités diverses, vous avez également un blog, The DailyNice. Expliquez-nous votre
vie de photographe.
Jason Evans
En fait, je suis un peu obtus lorsque je dis que je suis photographe mais c'est simplement parce que je veux éviter les
définitions, je veux éviter d'être catalogué. J'aime la liberté. La caméra est mon passeport vers les expérimentations et
parfois elle m'a enseigné comment communiquer avec les gens, comment explorer l'espace, la vie et les idées. Si je me
considère comme étant quoi que ce soit d'autre que photographe, je sens que mon univers se rétrécit. Au cours des 1015 dernières années, nous avons été témoin de cette explosion de la "Photographie d'Art" à laquelle je ne souhaite pas
être associé. Selon moi, la "photographie d'art" est simplement le résultat de quelqu'un qui utilise une caméra pour
illustrer un concept et ce n'est pas la même chose que de faire une photo. Ce n’est pas être photographe mais plutôt
artiste conceptuel de mon point de vue. Et c'est quelque chose que je peux très bien faire un mardi alors que le
mercredi je peux faire une couverture puis travailler en mode le jeudi..
Michel Mallard
Vous n'êtes pas du tout ce type artiste pourtant, même si votre exposition s'appelle « Photographie commerciale », elle
ressemble un peu à une exposition de photographie d'art tout de même ?
Jason Evans
C'est un peu ça. Il y a beaucoup de choses dans la culture de la mode que j'appelle "LLA" ce qui signifie "Looks Like
Art" (ça ressemble à de l'art). Et il ya a beaucoup de LLA de nos jours. C'est par ironie que j'ai appelé mon exposition
Photographie commerciale. Vous pouvez ne pas être d'accord avec moi mais lorsqu'on regarde la culture éditoriale
contemporaine, la culture de la mode ou de la publicité, je crois que l’on est de nouveau au Moyen-âge, les choses sont
motivées par l'argent plutôt que par les idées ou les concepts. A moins que ce soit l'argent le concept.... Et cela peut
être très restrictif. Cela peut être très motivant pour certains mais ce n'est pas ma tasse de thé.
Michel Mallard
Kira, Time est un magazine qui traite majoritairement de l'actualité,, mais est-ce que ce type de magazine doit refléter
la culture ou la devancer, doit-il créer les tendances ou les suivre, quel est le rôle d'un magazine aujourd'hui ?
Kira Pollack
Je suis directrice de la photographie à Time et je crois que le rôle d'un magazine aujourd'hui consiste vraiment à
promouvoir la photo, les points de vue originaux et la signature des photographes. Si votre objectif est d'avoir un
magazine résolument dynamique, vous devez attirer différents types de personnes capables de traduire le contenu de
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façon authentique et originale. C'est ce que nous faisons à Time et c'est passionnant : nous proposons des
documentaires, des actualités... mais nous les conduisons dans différentes directions.
Michel Mallard
Vous publié également un numéro sur la mode.
Kira Pollack
Oui, nous venons de relancer au printemps un spécial Style, et nous proposerons une édition d'automne. Ces
publications sont également passionnantes parce qu'elles nous permettent de promouvoir ce type d'images. Vous savez,
on ne peut pas manipuler les images à Time, car il s'agit d'images traitant d'actualité, nous sommes tenus à certaines
obligations lorsqu'il s'agit de documentaires et les numéros mode permettent de s'affranchir de cela, d'expérimenter et
de s'amuser.
Michel Mallard
Hier soir, vous nous disiez que le milieu de la mode était trop conservateur, que les axes de recherche étaient trop
fermés, sans innovation ni audace... Alors que des champs d'expérimentations sont potentiellement nombreux.
Kira Pollack
Je ne commandite pas beaucoup de mode mais selon moi, la photographie de mode devrait être plus vivante,
imaginative et sculpturale. Il s'agit de forme, de rêve et de conceptualisation. Lorsque j'étais au New York Times, nous
avons commandé à Roger Ballen un portfolio de mode. C'est un grand artiste Sud Africain qui n’avait jamais fait de
photos de mode auparavant, son travail porte entièrement sur la sculpture et les formes. Nous avons pu lui donner
cette occasion de faire quelque chose de différent, d’original. Je crois que c'est le genre de situation où l'imagination
doit prendre le pas. Et même si je n'ai pas souvent l'occasion à Time de commanditer ce genre de travail, je serais ravie
d'en voir plus souvent.
Michel Mallard
Etrangement, ce sont toujours les mêmes signatures que l'on remarque dans les quelques magazines de mode les plus
connus. De nos jours, il me semble qu'une série ressemble à l'autre. C'est un peu étonnant de voir que de si grandes
signatures sont devenues interchangeables. Jody, comment se fait-il que de grands photographes, qui ont des univers si
personnels, en arrivent à faire des travaux si semblables ?
Jody Quon
Je crois que c'est là une question très complexe qui demande une réponse à différents niveaux. Et je crains que je ne
puisse traiter que quelques-uns de ces niveaux aujourd'hui... Je suis d'accord avec vous, le groupe de photographes
utilisé par les magazines de mode aujourd'hui est trop limité et c'est un problème du fait que cela a créé une sorte de
culture homogène parmi les différents magazines de mode. Ce serait bien si certains des gros titres prenaient le risque
d'expérimenter un peu plus. New York Magazine n'est pas un mensuel de mode mais un hebdomadaire d'actualités.
Ainsi, l'un des principaux privilèges que j'ai actuellement dans mon travail est que nous publions deux numéros de
mode par an et, avec la grande liberté dont nous jouissons, nous pouvons consacrer un portfolio de 26 pages à un
photographe en étant réellement en mesure de lui dire: "tu es libre de faire ce que tu veux !". Jason a souligné ce point
dans sa présentation : les possibilités sont sans fin lorsqu'on dit au photographe: "Ne t'inquiète pas des annonceurs,
fonce, ne pense qu'à faire les images que tu as dans la tête". C'est un privilège de donner cette chance au photographe.
Du moins c'est ce que je ressens. Je suis convaincu que les problèmes de publicité sont pour beaucoup dans le dilemme
auquel nous sommes confrontés. La culture du contenu éditorial et de la publicité sont devenues très proches à mesure
que les photographes qui font les campagnes publicitaires assurent également les photographies de mode dans les pages
des magazines. C'est pourquoi vous avez les mêmes photographes qui travaillent pour l'ensemble des magazines.
Michel Mallard
C'est triste ! Leslie, qu'en pensez-vous ?
Leslie Simitch
Je n'ai pas de solution...
Michel Mallard
Mais oui vous en avez ! Vous travaillez avec beaucoup de gens talentueux chez Trunk Archive.
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Les gens que vous représentez font des images mémorables. Malgré la crise éditoriale comme le dit Jason, vous avez
réussi à rassembler des auteurs qui ont produit des images cultes...
Leslie Simitch
Je crois que les photographes les plus connus de Trunk Archive sont ceux qui ont construit leur carrière sur 20 ou 30
ans. Ils ont probablement eu la chance il y a une dizaine d’années de se distinguer mais c'est peut-être de moins en
moins possible aujourd'hui, même pour eux. Je ne sais pas combien d'opportunités Nick Knight a de nos jours et s'il
est aussi expérimental qu’au temps où son nom a commencé à être connu par nous tous.
Vous savez, Philip Lorca DiCorcia dont vous avez parlé ne produit plus vraiment de contenu éditorial aujourd’hui
mais des publicités occasionnellement parce qu'il n’a pas réellement d'autres opportunités.
Michel Mallard
Pendant 10 ans, il a pourtant eu une collaboration suivie avec W Magazine. Pourquoi est-ce fini alors que son travail
était superbe ?
Leslie Simitch
C'est peut-être la fin d'une époque... Je veux dire que ceci a beaucoup à voir avec Dennis Freedman, ancien directeur
artistique du magazine W, connu pour ses choix audacieux en matière de photographes. Je dirais que le départ de
Dennis a été le début de la fin et personne ne cherche à travailler avec lui désormais. Je pense que l'on est en train de
passer à quelque chose de différent : les éditeurs ont peur, le manque d'argent effraie, tout le monde est contraint de
jouer serré et les compromis sont courants dans ce genre de situation. Je crois également que les retouches ont
beaucoup à voir avec le manque d'imagination auquel vous faites référence.
Michel Mallard
Probablement, et comme tout le monde utilise les mêmes appareils, les 5D Mark II, les Hasselblad, les mêmes logiciels,
les mêmes retoucheurs, cela uniformise un peu tout.
Leslie Simitch
Exactement. Les "retoucheurs" dans les magazines américains et probablement français et anglais ont les mêmes
"boîtes numériques". Il y a une petite main qui retouche une à une chaque photo publiée sur chaque page.
Michel Mallard
Nous devrions donc parler "d'illustrographie" plutôt que de photographie?
Leslie Simitch
Peut-être. Les choses vont dans cette direction et ce n'est pas nécessairement un mal, mais je crois que les
photographes auraient intérêt à reprendre la main sur ce processus de post-production avec plus d'audace pour que ce
soit moins interchangeable.
Michel Mallard
Jason, vous êtes vraiment un résistant : vous continuez à gratter vos négatifs, vous ne travaillez pas en digital, vous
faites des trous sur vos images...
Jason Evans
Une chose que j'essaie de faire, c'est de rendre évident le fait que je n'utilise pas la même technologie que les autres.
Parce que je pense que, quelque soit le magazine, nous y trouvons toujours le même type d'images. Tout ressemble à
une photo et les photos ressemblent à des photos... C'est comme un serpent qui se mord la queue. Cela ne m'inquiète
pas particulièrement : le cercle se ferme en se rétrécissant de plus en plus et c'est ainsi que la culture humaine a
tendance à évoluer. Vous avez ces moments critiques où les choses deviennent particulièrement ternes et déprimantes
et sans grande perspective comme actuellement. Mais ce n'est pas nécessairement une mauvaise nouvelle : il y a des
"success stories" et une résistance croissante en réponse à cela. Je pourrais citer Jop van Bennekom, Gert Jonkers et le
genre de petit empire qu'ils ont progressivement constitué.
Michel Mallard
Ils éditent les magazines Fantastic Man et The Gentlewoman en Hollande, à Amsterdam.
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Jason Evans
Ils ont d'abord identifié le public auquel ils pouvaient s'adresser, une approche très intelligente. L'autre aspect est leur
choix de contenu : lorsqu'un magazine parle de tendances de mode, il est beaucoup moins cher à commanditer car il
ne passe pas une commande à quelqu'un qui va partir et passer trois mois à travailler sur un reportage photo
extraordinaire, il s'agit juste de payer pour un studio et quelques mannequins mais vous ne payez pas les vêtements, etc.
Soudain, tous les frais généraux sont réduits et le contenu souffre de cette compromission. Dans le premier magazine
qu'ils ont publié, appelé Re, Jop van Bennekom et Gert Jonkers écrivaient sur des gens qui n'existaient pas ou étaient
de parfaits inconnus. Le second magazine qu'ils ont publié, Butt, s'adressait à la légion d'hommes gay qui se sentaient
ostracisés par la culture gay. Ils ont ensuite concocté Fantastic Man qui s'adressait à des hommes d'un certain âge non
concerné par le magazine GQ. Et enfin, ils ont commencé à cibler le plus important groupe de tous, celui des femmes
mûres avec The Gentlewoman. Ce dernier est le seul magazine que je lis actuellement ! Il n'est même pas écrit pour
moi mais je le lis. Le contenu est intelligent, Penny Martin est une excellente rédactrice et elle commandite des choses
tout à fait justes. La photographie est toute simple, réalisée principalement en argentique, ils font appel à de jeunes
photographes... Et ils publient des photos de femmes de plus de 40 ans avec des rides, qu’ils ne retouchent pas !
Michel Mallard
Le thème de cette table ronde est né lors d'une conversation que j'ai eue avec Carla Sozzani qui n'est
malheureusement pas avec nous aujourd'hui. Elle a lancé le Marie-Claire et le Vogue italiens, dirigé pas mal de hors
série pour ce dernier, et pourtant, il y a quelques années, alors qu'elle participait à la présélection des dix
photographes exposés ici à Hyères, elle m'a dit : "Michel, il ne se passe rien dans les magazines, c'est tellement
ennuyeux !" Où se trouvent donc aujourd'hui les choses excitantes ? Est-ce dans les blogs ? Où trouvez-vous vos
sources pour Time ?
Kira Pollack
Nous les trouvons partout ! Nous avons rencontré des tonnes de photographes, nous voyons beaucoup de réalisations
et nous nous rendons à de très nombreuses expositions. Je me sens très concerné ! LightBox est un peu comme un blog
collectif de travail dans notre service. Nous faisons un "pitch" des articles chaque semaine et chacun doit travailler sur
celui qui lui est assigné. Nous avons rencontré des rédacteurs photo très intéressants avec ce blog. C'est un processus
tout à fait passionnant. D'autre part, nous disposons de moins d’espace que par le passé pour publier des photos dans
le magazine. J'ai créé LightBox parce que je sentais que nous vivions une époque qui n'était pas vraiment propice à la
photo. C’est un support que nous avons conçu pour promouvoir les photographes, avec des arrières plans, du plein
écran, une plateforme performante… C’est très important car il est très difficile d’outrepasser les systèmes et de créer
une plateforme qui fonctionne bien. Nous avons été en mesure de publier beaucoup plus de travaux que nous
produisons. Alors que nous ne pouvons avoir que quelques pages dans les magazines, nous pouvons aisément mettre
trente photos en ligne et elles sont vraiment visibles. Avec Lightbox, quelqu’un comme James Natchwey peut donner à
son travail une dimension plus interactive, il écrit des articles, il fait des reportages photos pour nous, c’est une galerie
pour lui et cela lui permet de communiquer avec le public également.
Leslie Simitch
Le New Yorker a également un excellent blog photo et cela fait peut-être partie du problème : il n'y a pas suffisamment
de pages dans les magazines imprimés et nombreux sont ceux qui travaillent aujourd'hui avec des portfolios exhaustifs
que l'on peut trouver en ligne. Je crois qu'il y a encore beaucoup de nouvelle photographie. Et je suis certaine qu'il y a
pléthore de nouveaux magazines dont je n'ai jamais entendu parler remplis des travaux de nouveaux photographes. Je
ne sais même pas qui ils sont mais il semble que ce soit les endroits où montrer votre travail et le faire publier. Ce ne
sont ni Vogue, ni Elle ou Marie-Claire, mais ils existent définitivement.
Jody Quon
En complément de ce que vient de dire Kira, dans ce contexte démocratique où la photographie est omniprésente,
nous sommes ravis d'être en mesure de présenter le travail de nouveaux photographes. Ainsi n'importe qui peut nous
envoyer son book, tout a de l'importance. Nous pouvons voir 10 books et si l'on constate que le photographe du book
n°9 est fraîchement sorti de l'école ou même toujours à l'école mais qu'il ou elle a un point de vue tout à fait
particulier qui nous paraît intéressant pour un article donné de notre magazine, nous prenons acte et sommes tout à
fait enchanté de publier ce nouveau photographe pour la première fois.
J'ai souvenir de nombreux photographes qui me disent: "Vraiment, vous tenteriez votre chance avec moi? Je suis
toujours à l'école..." Vous prenez confiance lorsque vous décelez cette différence de langage dans un porfolio. Parfois
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les gens s'inquiètent et me demandent pourquoi je prends un tel risque. Et si c'était un échec? Mais en 20 ans de
pratique, je dois dire que ça n'a jamais échoué. C'est un honneur pour nous tous de pouvoir donner autant de
visibilité à un nouveau nom.
Dans l'idéal, j'aimerais faire appel à des photographes qui n'ont jamais regardé la mode et qui arrive avec un point de
vue nouveau. Il y a de l'élégance chez certains d'entre eux avec ce qu'ils font en Afghanistan ou ailleurs. Vous pouvez
voir qu'ils ont l'œil pour capter l'élégance d’une communauté comme celle de la mode. L'harmonie apparaît lorsque
vous n'êtes pas contraint d'avoir à montrer un manteau Calvin Klein d'une certaine manière mais que vous racontez
une belle histoire avec de belles photos. Et alors vous pouvez produire un magazine vraiment excitant.
Michel Mallard
C’est exactement cela qui rend intéressant le fait de feuilleter une parution, mois après mois. Certaines années,
j'attendais avec impatience le prochain numéro de certains magazines, mais maintenant je n'éprouve plus cela. Un
magazine avec un positionnement fort pourrait changer de photographe à chaque numéro et se réinventer
constamment, mais c'est précisément l'opposé qui a lieu : on cherche des valeurs sûres, les 4, 5 ou 6 signatures que
l’on voit tout le temps, et malheureusement, leur production est devenue interchangeable.
J'apprécie donc ce que vous faites dans vos magazines respectifs, comme par exemple de donner carte blanche à Paolo
Pellegrin, Steven Gill ou Vik Muniz pour la réalisation de photos de mode, ce qui est complètement inattendu. Vik par
exemple n'était pas du tout intéressé puis après quelques hésitations, il s'est dit "Pourquoi pas, je vais essayer" et le
résultat a été complètement incroyable. On a fait des photos avec Erwin Wurm, Nobuyoshi Araki, avec la photographe
Ina Jang qui est parmi nous, qui a fait cette fabuleuse couverture avec nous et qui vient de réaliser une série de photos
d'accessoires complètement folle pour Jalouse. Et pourquoi, à côté d'une superstar, ne pas avoir des jeunes ?
L'équilibre est dans la mixité. Je comprends que les magazines sont des supports prestigieux qui emploient des grands
noms pour se vendre aux annonceurs, mais je pense que le renouveau, l'audace et l'innovation sont aussi importants.
Leslie, comment avez-vous convaincu Philip Lorca DiCorcia de faire des photos de mode?
Leslie Simitch
Cela n’a pas été immédiat. Je crois qu'il racontait des histoires dans son travail artistique et ce qui l'a séduit en nous
c'est l'approche : "Tu peux nous raconter une histoire et nous ne ferons qu'ajouter des vêtements sur tes personnages."
Et c'est ainsi que tout a commencé. Chacune des séries de mode qu'il a réalisé pour W Magazine pendant ces onze
années était basé sur une histoire. Il arrivait avec une idée, disons une jeune fille russe qui se rend à Cuba, est laissée
sur place et travaille comme secrétaire mais le soir est stripteaseuse et déprime. Oui, il y avait un schéma narratif
puissant derrière chaque histoire et c'est comme cela qu'il a réalisé ces images parce que cela lui plaisait vraiment.
Plusieurs photos prises par lui pendant cette période sont devenues des icônes dans le monde de l'art et il les vend
aujourd'hui en galerie. C'était un savant mélange : sa vision s'accordait parfaitement à l'atmosphère du moment.
Michel Mallard
Entre parenthèses, je recommande vivement l'exposition du travail d'Helmut Newton, qui se tient au Grand Palais. Je
n'en croyais pas mes propres yeux en constatant tant d'innovation dans ses travaux ! L'exposition n'est pas très grande,
mais tout y est très fort. Je me suis demandé comment il a été possible de produire tout cela alors qu'aujourd'hui on ne
trouve rien dans les magazines. J’en suis ressorti plein d'énergie, j'ai pris un bol de vitamines pures et je vous conseille
vraiment cette exposition. Peut-être pourrions-nous maintenant ouvrir le débat aux jeunes photographes.
De la salle, Stéphane Wargnier, Consultant Luxe et Mode
Il y a une phrase dans l'exposition qui est tirée d'un des livres d'Helmut Newton dans laquelle il dit : "Une photo de
mode est une photo qui ressemble à tout sauf à une photo de mode".
Michel Mallard
Didier Grumbach, que pensez-vous de cette phrase ?
De la salle, Didier Grumbach, Président, Fédération Française de la Couture, du Prêt-à-porter
des Couturiers et des Créateurs de Mode
En premier lieu, je voudrais dire aux intervenants que vous êtes tous très émouvants et que vous semblez tous être
sortis de la Villa.
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En ce qui concerne Helmut Newton, il s'avère que j’étais chez Yves Saint Laurent lorsqu'il a réalisé ses campagnes, et
j'étais avec Thierry Mugler lorsqu'il a commencé à travailler pour lui. C'est donc un photographe avec qui j'ai travaillé
pendant pas mal de temps. Une expérience particulière parce qu'après avoir décidé de vous engager dans cette voie,
vous ne pouviez pas en demander plus à Helmut. Ce n'est pas qu'il ait été très autoritaire; vous saviez tout simplement
que la situation était particulière et ce que vous alliez recevoir. Vous n'aviez aucune idée du résultat, s’il serait sexy ou
donnerait lieu à controverse, mais là n'était pas la question. A la fin, c'était tout à fait acceptable et je dois ajouter qu'il
est difficile aujourd'hui de conduire les publicitaires de cette manière.
Michel Mallard
Nous allons à présent ouvrir le débat au public.
De la salle, Nicolas Bertrand, Directeur de la Communication, Comptoir des Cotonniers
J'ai beaucoup de questions. La première est : "Pourquoi n'y a-t-il pas de photo de mode parmi les dix exposants ?".
Ensuite, je pense qu'il faut quand même rester positif car certains photographes comme Jürgen Teller et d'autres ont
peut être un talent équivalent à un Helmut Newton. Par ailleurs, si les photos de publicité sont un peu identiques à
celles des éditoriaux, je crois que les premiers à incriminer sont les annonceurs, les PDG des maisons de mode et ceux
des magazines qui sont les premiers obstacles à des prises de risque vis-à-vis de leur lectorat et de leur audimat.
Néanmoins, il existe des raisons de positiver, notamment en citant les parutions comme Another Magazine. D'ailleurs,
pourquoi n'y a-t-il pas aujourd'hui de magazine de mode français ?
Michel Mallard
On ne va pas pouvoir répondre à tout mais je commencerais par dire qu'il y a plein de magazines français de mode, je
vous assure, les kiosques en sont pleins !
De la salle, Nicolas Bertrand, Directeur de la Communication, Comptoir des Cotonniers
Pourquoi ne sont-ils pas dans la salle ?
Michel Mallard
En ce qui concerne la photo de mode au Festival de Hyères, elle est bien présente avec Inez Van Lamsweerde et
Vinoodh Matadin dans la salle du squash, Jason Evans photographe au sens large dans la galerie Actualités, Ina Jang
pour la commande mode exposée aussi sur les grilles du musée. Mais parmi les 800 candidatures que nous avons
reçues de la part des jeunes photographes, les travaux les plus intéressants n'étaient pas forcément axés sur la mode. De
fait, lorsqu'on débute, on manque de moyens, et faire des photos de mode coûte cher... Il faut de beaux vêtements, de
bons coiffeurs, des maquilleurs, le bon modèle... Sans cela, la plupart du temps, le résultat sera assez médiocre. Donc,
nous préférons exposer des photographes qui ont des personnalités originales et fortes pour que par la suite, les
participants au Festival puissent les identifier, les épauler en leur trouvant la bonne équipe. Et il est plus facile de
réussir dans ce sens.
De la salle, Nicolas Bertrand, Directeur de la Communication, Comptoir des Cotonniers
Les magazines de mode pourraient dédier une partie de leurs pages à un jeune photographe en lui fournissant tout cela.
Je pense que cela fait partie d'une des missions des magazines actuels. Ils ne coûtent pas cher, hélas !
Michel Mallard
Je suis d'accord avec vous, il ne reste qu'à leur envoyer des emails et des lettres pour les convaincre !
De la salle, Nicolas Bertrand, Directeur de la Communication, Comptoir des Cotonniers
Je pense que le Festival pourrait contribuer à les convaincre.
Michel Mallard
C'est bien ce que nous faisons depuis 15 ans. Certains des photographes ont commencé par exposer ici des natures
mortes et deux ans après, ils réalisaient la campagne mondiale de Prada... Je pense à Cédric Buchet, ou par exemple à
Alexei Hay qui, après avoir dévoilé ici ses photos de portraits, a fait la campagne mondiale de Gucci.
De la salle, Nicolas Bertrand, Directeur de la Communication, Comptoir des Cotonniers
J’aime entendre cela.
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Michel Mallard
Mais cela n'arrive plus aussi souvent. Taryn Simon, autre sélectionnée de Hyères, a travaillé pour Mercedes, Chloé...
Les passerelles existent. Comme je l'ai dit dans mon introduction, nous sommes un petit bastion de résistance, nous
essayons de donner un espace d'expression aux jeunes artistes et pas seulement aux photographes mais aussi aux
illustrateurs et aux designers et nous ambitionnons de leur faire rencontrer la crème de la crème du monde visuel.
Parler avec eux est réjouissant parce que j'admire ce qu'ils font. Jody Quon a par exemple récemment commissionné
Rineke Dijkstra pour faire des portraits dans son magazine W. Je ne sais pas si vous connaissez cette photographe
hollandaise fabuleuse, elle est certainement la photographe vivante la plus chère au monde après Andraas Gursky.
Il y a donc des passerelles intéressantes et les intervenants présents ici ont le pouvoir de comprendre cela. Ce n'est
malheureusement pas les magazines les plus vendus en France, ni Grazia ou Be qui vont innover le monde du visuel.
J'apprécierais que ces personnes, qui sont peut-être pleines de bonnes intentions, essayent de faire quelque chose de
plus intéressant mais on ne peut pas convaincre des machines aisément. Nous essayons donc ici de favoriser le dialogue
en choisissant des membres du jury qui soient leaders d'opinion et en leur présentant de jeunes photographes. Les
choses évoluent ensuite naturellement.
Certaines personnes ici comme James Reid qui travaille pour Wallpaper ont commissionné pléthore de jeunes
photographes et il continue de nous soutenir. C'est un pionnier, mais peu de gens sont aussi courageux. Imaginez que
vous soyez responsable d'une grande marque de mode et qu’il vous revient de faire la campagne. Bien entendu, vous
prenez le meilleur photographe, le plus cher et le plus connu, vous êtes ainsi certain de ne pas perdre votre place. Si
vous prenez un jeune et qu'il se plante, qu'est-ce qui arrive ? Vous êtes renvoyé. Alors que si vous avez pris le meilleur
et qu'il se plante... au moins vous aviez pris le meilleur ! La mode est un métier un peu compliqué où la créativité et
l'innovation ne sont pas là où on les attend.
Li Edelkoort… dont j'ai entendu la lecture Foam, passionnante, sur A Feature of photography, souhaite intervenir.
De la salle, Li Edelkoort, Trend Forecaster
Selon moi, la cause de notre problème n'a pas été abordée aujourd'hui : c'est le styliste et le directeur artistique qui
peuvent parfois très fortement influencer le travail. Ce sont des gens de talent, mais avec une telle présence qu'ils
forcent tous les photographes à reproduire les mêmes images. Parfois, c'est flagrant pour certains stylistes, on n'arrive
plus à discerner qui est le photographe. L'importance de ce métier a quelque part écrasé la photographie. Cela peut
aller jusqu'à l'image même de la rédactrice en chef d'un magazine qui a un goût tellement affirmé qu'elle fait en sorte
que toutes les pages lui ressemblent.
Michel Mallard
Et tout cela cumulé avec le culte de la célébrité... En effet, qu'est-ce qui est le plus important dans une campagne de
publicité ou dans un magazine aujourd'hui ? On pense d'abord à la marque qui va être mise en valeur sur la couverture,
ensuite on choisit le portrait de la célébrité et en dernier, on se soucie de voir quel est le photographe disponible. La
photographie est la cinquième roue du carrosse. Certains photographes, parfois réputés, m'ont dit qu'il fallait
s'orienter vers une position plus radicale en enlevant les crédits des pages de mode, ce qui obligerait à prendre des
clichés qui vont se différencier. Ainsi, la signature ne pourrait plus être que visuelle et non écrite. J'ai trouvé cela
intéressant.
De la salle, Li Edelkoort, Trend Forecaster
Je vois Paolo Roversi arriver dans la salle, une grande signature !
Michel Mallard
Paolo, comment vas-tu ? Viens nous rejoindre. Merci d’être avec nous.
Audrey, après avoir gagné le Festival de Hyères il y a trois ans, comment se passe votre vie ? Comment et à qui
montrez-vous votre book, qui vous reçoit et qui ne vous reçoit pas ?
De la salle, Audrey Corregan, Photographe
Je suis très touchée par ce que vous racontez car c'est ce que je suis en train de vivre. Tout d'un coup, je fais
l'expérience de travailler en équipe et non de réaliser mon travail d'artiste seule dans mon coin. Je travaille à présent
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pour des supports et je suis complètement confrontée à cette notion d'auteur et à la marge de manœuvre qui nous est
attribuée dans la commande. Je suis complètement en accord avec vous: cette histoire d'annonceur prend une part
énorme dans le travail et il est extrêmement difficile d'avoir une véritable écriture sans être noyé, comme dans une
machine à laver. Je souscris aussi à ce que disait Li au sujet des stylistes qui prennent une place énorme. C'est très
porteur si l'on trouve une écriture qui convient, faute de quoi, la collaboration peut être nocive.
De la salle, Stéphane Wargnier, Consultant Luxe et Mode
Cette image des annonceurs est à la fois vraie et fausse. Il se trouve que je m'occupe du magazine Hermès, donc
l'annonceur c'est nécessairement l'entreprise. Nous avons travaillé déjà deux fois avec Audrey et je dois préciser que
quand on lui demande de photographier des chaussures, elle vient avec une carte postale de tableau. C’est une idée et
on ne part que de cela. Puis nous sommes partis dans le parc de Saint-Cloud prendre les photos avec elle. On ne lui
impose pas d'équipe, ni de styliste. Et le fait que ce soit des chaussures Hermès, je ne pense pas que ça la gêne
beaucoup pour exprimer ce dont elle a envie.
De la salle, Audrey Corregan, Photographe
Cela ne me gêne pas, c'est vrai, mais l'ouverture d'esprit que vous avez est très rare. Vous essayez vraiment de respecter
l'écriture des photographes.
De la salle, Stéphane Wargnier, Consultant Luxe et Mode
Les marques ne sont pas vraiment le sujet, ce qui compte c'est de laisser quelqu'un qui a quelque chose à dire, et
malheureusement ce n'est pas le cas de tous les photographes de mode, s'exprimer véritablement sans qu'il soit
assommé par l'équipe des retoucheurs, des stylistes, des coiffeurs, des maquilleurs, des directeurs artistiques et des
rédactrices en chef.
Jody Quon
En fait, nous avons une vision passablement obtuse sur ce qu'est un photographe de mode. Il est très réducteur et
étroit d'esprit de dire: "C'est un photographe qui travaille dans le domaine de la mode". C'est quelque chose dont il
faut se rappeler en faisant preuve d'une ouverture d'esprit car l'inspiration peut venir de toutes parts. Encore une fois,
c'est une feuille blanche et vous pouvez faire ce que vous voulez du fait que le champ est illimité.
Michel Mallard
Pouvez-vous nous expliquer comment vous commanditez la photographie à W magazine par exemple - pour nous tous,
petits photographes en France avec peu de moyens et des magazines peu sophistiqués -, comment ça se passe ?
Comment construisez-vous vos histoires ?
Jody Quon
J'ai passé cinq mois à W. J'étais en relation étroite avec le rédacteur en chef, Stefano Tonchi qui est quelqu'un qui a
une grande sensibilité visuelle et ensemble nous avons formé un partenariat pour définir ce que nous croyions être
bon pour le magazine. Lorsque nous avons relancé le magazine, l'idée était de donner la parole à de nouvelles
personnes et aussi d'entretenir une collaboration vraiment très étroite avec les stylistes. Ils ont voix au chapitre de
manière très importante sur ce qui se passe au niveau des portfolios visuels.
W avait une relation établie avec certains photographes et le défi consistait en partie à attirer un sang nouveau. C'est ce
que nous avons fait en conviant par exemple Alex Prager qui était un parfait nouveau venu dans la communauté de la
mode et je félicite Stefano de lui avoir donné la chance de réaliser un portfolio comme celui-là. Et je peux vous assurer
qu'aucun styliste de l'équipe de W n'a eu quelque chose à voir avec ça.
Michel Mallard
Vraiment?
Jody Quon
Les gens sont réticents lorsqu'il s'agit d'introduire de nouvelles voix. Et j'étais très enthousiaste parce qu'Alex avait un
point de vue très fort sur ses images. Il était donc préférable qu'elle aille chercher une valise de vêtements et qu’elle
habille la femme qui représenterait son univers. C'était en harmonie avec son travail artistique, cela s'accordait. Et dès
que les images sont arrivées, nous avons réalisé à quel point son histoire était forte. Elle a eu douze pages dans le
magazine, un très bel exemple de quelque chose qui a marché.
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Mais permettez-moi de vous parler du temps que j'ai passé au New York magazine parce que c'est vraiment de là que je
viens. J'y entretiens une relation étroite avec le rédacteur en chef qui est lui-même visuellement très sophistiqué. C'est
un hebdomadaire et un magazine d'actualités, qui n'est pas précieux alors que je le suis particulièrement.
Vous savez, nous commanditons un nombre X de portraits chaque semaine, des photos documentaires, des natures
mortes et deux fois par an de la photo de mode. Mais là, comme je l'ai déjà dis, je ne commandite jamais un
photographe de mode parce que je recherche un point de vue différent. Et je ne veux pas d'un styliste qui exige un
photographe précis, je n'ai pas besoin de faire cela. Lorsqu'il s'agit de portraits, l'idée est de toujours trouver une voie
nouvelle car je ne veux pas la même photographie d'une semaine à l'autre. Vous donnez naissance à un hebdomadaire
et vous voulez qu'il soit différent, vous cherchez à faire évoluer le discours. C'est la raison de ma présence ici, pour
rencontrer tous ces merveilleux jeunes talents. Le monde est minuscule aujourd'hui surtout avec Internet ; je peux
appeler un photographe en Allemagne ou partout dans le monde, il y a plein d’histoires au contenu différent sur
lesquelles nous pouvons travailler et c'est vraiment très excitant.
Michel Mallard
S'il n'y a plus de questions, je pense que nous pouvons clore cette table ronde.
Merci à tous pour avoir témoigné de vos expériences.
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