Historique de la station météorologique de Brest

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Historique de la station météorologique de Brest
Historique de la station météorologique
de Brest-Guipavas selon Marc MURATI. J’ai débuté ma carrière météo à BrestGuipavas le 1er mars 1969, elle s’acheDe mon humble avis on ne peut pas dé- vait le 31 janvier 2006.
buter l’historique de la météorologie de Arrivé au lendemain des grandes grèves
de 1968, la station principale de BrestBrest-Guipavas, sans situer Brest et le
département dans son contexte géogra- Guipavas c’est ainsi qu’elle s’appelait
phique, façade maritime importante et le officiellement, avait comme chef de stanez avancé de l’Europe, baigné par la
tion un certain M. RENAUD Ingénieur
Mer d’Iroise, La Manche et l’Atlantique. Divisionnaire des Travaux la MétéoroloC’est dire toute l’importance primordiale gie, originaire de Villeneuve sur Lot,
successeur de M. LE BRUN qui avait
et stratégique de cette position géographique qu’occupe le département, il va été chargé de la création de la station fin
de pair qu’il fallait disposer d’observa- décembre 1944 en recrutant des persontions météorologiques en temps réel
nels ingénieurs sur place.
pour appréhender de façon la plus effi- Le nouveau centre météorologique fut
cace et la plus rationnelle possible, l’es- opérationnel en 1966, la modernité des
pace météorologique, dans sa dimension locaux faisant vite oublier la vétusté des
prévisionnelle.
baraques de la première implantation de
la station de Brest-Guipavas au lendeAussi le lecteur ne s’étonnera pas du
nombre important de collecte d’observa- main de la libération.
tions météorologiques temps réel, pour .
couvrir les besoins essentiels en matière M. RENAUD faisait partie du syndicat
de prévisions. Citons les sémaphores
CGT de la Météorologie Nationale. Et à
armés « météorologiquement » , de Nord ce titre les collègues qui étaient déjà à
au Sud, Brignogan, la pointe Saint Ma- Brest en 1968, racontaient qu’il était en
thieu, sur l’île d’Ouessant le Créac’h en quelque sorte le porte drapeau des revenalternance avec celui du Stiff, la Vigie
dications « ouvrières ». Ainsi tous les
Tour César, Le Toulinguet, La pointe du matins durant le mois de mai il y avait
Raz, Penmarc’h, Beg-Meil, deux bases réunion à Brest, dans le secteur de la
aéronavales Lanvéoc-Poulmic BAN,
« maison du Peuple » avec prise de paLandivisiau BAN, deux centres civils la role, défilé en ville et dépôt à la sous
station de Quimper, et Brest-Guipavas. préfecture de motion puis vers 12h30
Une antenne météorologique déportée
dislocation du cortège des manifestants
sur le site du port de commerce de Brest. toutes professions confondues bien sûr
Un centre de météorologie Marine vien- dont les fonctionnaires des Postes, les
dra ensuite s’implanter sur le site du
personnels des arsenaux, de la DDE,
Vernis en la commune de Plouzané.
ceux de l’Aviation Cicile et les météoroPour combler les « vides » météorologi- logistes pour ne citer que les principaux.
ques plusieurs stations automatiques
Au centre de Brest-Guipavas il y avait
sans observations humaines par consédeux camps, ceux partisans de la grève,
quent, seront implantées par la suite tel- et les autres qui considéraient que la
les que Ploudalmézeau, Pleyber-Christ, grève n’était pas opportune. En ce début
Saint Ségal, Spézet, Quimperlé, Sibiril et de l’année 1969 M. COLLOBERT s’acTrégunc. Dans le cadre d’échange de
quittait des tâches administratives, cependant il n’hésitait pas à remplacer un
données avec d’autre organisme citons
les deux stations INRA situées respecti- technicien pour les tours de service au
vement à Ploudaniel et à Plomelin, les
moment des fêtes de fin d’année par
postes pluviométriques tenus par la DI- exemple sa discrétion et sa disponibilité
REN appelée aujourd’hui SRAE dont la pour tous les personnels étaient très apcharge de saisies et de validations échoit préciées de nous tous.
aux services de Météo-France.
La station principale de Brest-Guipavas
Le maillage climatologique ne serait pas comptait un service de prévisions maricomplet sans compter sur les postes
nes animé par des ingénieurs des travaux
d’observations des observateurs bénévo- épaulés par des techniciens parfois, un
les ces postes climatologiques relevant
service d’observation surface, un service
en temps différé pluie et températures du de radio-sondage, un poste de standarlieu.
diste tenu par M. NICOLAS qui bénéfiLa carte publiée dans un numéro d’Eole ciait à l’époque d’un logement de serde mars 2009 résumera et actualisera la vice sur le terrain même, d’un service de
situation des postes climatologiques de cartographie, d’un service de climatolola région météorologique Ouest.
gie départementale, d’une antenne mé(document en PJ1)
téorologique avancée située au port de
commerce de Brest et d’un service de
transmissions et enfin d’un service de
maintenance instrumentale qui comptait
deux personnes un technicien météo M.
MARTIN Joseph météo de la 1ère heure
en décembre 1944, et de M. LAOT Yves
qui avait le statut des arsenaux spécialité
radar. Il y avait un radar précipitation
qui aidait à la prévision immédiate en
général.
Le standardiste tous les jours de la semaine égrainait au technicien météo de
l’antenne du port les observations du
proche Atlantique, bateaux stationnaires
K, A,B,C en autres les navires marchands qui transmettaient leurs observations en mer parce qu’ils appartenaient
au réseau des navires sélectionnés et recevaient une petite indemnité compensatrice, des îles et des observations terrestres de l’Europe de l’Ouest, ainsi que les
isofronts. Les observations ainsi pointées servaient de carte météorologique
de base (analyse 12 h UTC en général)
pour l’affichage à la capitainerie de port
de Brest, les isofronts servant à tracer les
situations météorologiques prévues pour
les prochaines 24 heures en général également affichées à la capitainerie du port
de Brest.
Les service de cartographie tenu par des
aides-techniciens et techniciens, pointaient les observations météorologiques
tant marines que terrestres tous les six
heures sur une carte comprenant le volet
Europe, et le volet Ouest Atlantique
(d’Ouessant à Terre Neuve et intégrant
le 30 ème degré de latitude Nord et jusqu’au Groenland et la Scandinavie.) Il
tenait également une carte au format réduit dite carte de tendance barométrique,
pour situer et visualiser les zones de
forts gradients barométriques, c’était une
aide complémentaire pour placer ou et
confirmer la position des fronts. Les réseaux intermédiaires de 9h TU, 15 TU,
21 TU faisaient également l’objet de
pointage des observations dans un format géographique plus restreint que pour
les réseaux principaux.
Une partie de ce service prêtait main
forte au radio-sondage, et plus généralement effectuait la poursuite des ballonssondes au moyen du radar poursuite
vents situé à proximité de l’aire de lâcher actuelle. Les données ainsi recueillies toutes les trente secondes pendant
l’ascension du ballon étaient consignées
sur un rouleau de papier de machine à
calculer il s’agissait de la chronologie,
de l’azimut, de la distance horizontale,
de la correction de sphéricité de la terre,
le diagramme vents permettait de calculer les vents en direction et force aux
altitudes relevées, par interpolation linéaire entre deux points caractéristiques
consécutifs on pouvait ainsi déterminer
les valeurs de vents direction et force
aux géopotentiels imposés 1000 hPa on
disait millibars à l’époque, 900, 850,
700, 600, 500 etc..
Simultanément, les techniciens à plein
temps du radio-sondage, comptaient les
dents et consignaient les données brutes
au fur et à mesure du sondage d’altitude
sur un cahier destiné à ce effet, par la
suite l’abaque à angle droit (dit abaque
du radio-sondeur contrairement à l’émagramme 761 à axes à 45 °), permettait de
reporter à chaque niveau ainsi identifié
la température de l’air au niveau h, l’humidité, le niveau h étant déterminé par la
valeur de la pression. Les différentes
courbes de l’émagramme permettaient
le calcul du point de rosée, le point de
condensation par utilisation des adiabatiques sèches et saturées et donc le point
du thermomètre mouillé, ainsi que la
température virtuelle, les lignes d’égales
épaisseur et de rapport de mélange y figuraient également. A l’issue de cette
fastidieuse récolte d’informations météorologiques des messages codés d’altitude auxquels s’ajoutaient les données
de vents étaient donc crées, lesquels
messages étaient transmis par télétype et
enrichissaient ainsi le réseau national
français. On distinguait deux parties
dans ce type de messages, l’une concernant les niveaux obligatoires, l’autre
concernant niveaux caractéristiques c’est
à dire propres au sondage en question.
Au fil des années la numérisation partielle du radio-sondage déboucha sur
l’utilisation du Radar poursuite vent RAFIX dont les commandes étaient dans la
salle même du RS, l’ETADAM permettait le suivi du sondage sur diagramme et
le report des données toujours sur abaque RS à angle droit. Enfin le matériel
évolue et les ballons gonflés à l’hydrogène, les personnels fabriquant euxmêmes ce gaz, puis il fut livré en bouteilles, puis l’hélium remplaça l’hydrogène, la sonde « Mesural » fut remplacée
par la sonde « Waïssala » on aboutit aujourd’hui à la numérisation pratiquement
totale du sondage, il faut cependant veiller humainement à la bonne réception
voire à la meilleure réception possible
du signal radio émis par la sonde
« Waïssala ». La numérisation des sondages d’altitude a permis la prévision de
sondages sur les différentes zones terrestres et océanes.
Le service de transmission était chargé
de transmettre les bulletins réguliers et
irréguliers (BMS) de prévisions marines
pour les zones Atlantique de la Mer du
Nord en passant par Ouest Irlande et Sud
Gascogne etc., prévisions élaborées par
les ingénieurs du centre de Brest, les
prévisions terrestres concernant la Bretagne pour la presse écrite locale « Le télégramme » de Brest, une personne du
journal passant prendre cette carte tous
les soirs à la station pour la confier au
service spécialisé du quotidien à Morlaix, pour la parution du lendemain du
texte et de la carte, cette tâche était dévolue aux ingénieurs prévisionnistes. Le
quotidien régional « Le Télégramme »
versait une prestation financière pour la
fourniture des données météorologiques,
ciblées « média », cet argent alimentait
une cagnotte, qui nous permettait de
nous réunir une fois l’an autour d’un
repas au restaurant, avec nos conjoints
respectifs et nos enfants, une participation modique était réclamée au personnel. A l’occasion d’un mariage ou d’une
naissance un cadeau était offert à l’intéressé grâce à la cagnotte. Cela resserrait
les liens amicaux entre les personnels.
A l’époque la Météorologie Nationale
assurait pleinement ses missions de service public, l’aspect commercial des
produits météorologiques n’était pas de
mise.
La pénibilité du service permanent était
reconnue du moins partiellement par la
Météorologie dans ses statuts, car pendant de longues années encore, les
concours de technicien et d’ingénieur
des travaux de la Météorologie n’étaient
ouverts qu’aux personnes de sexe masculin. La mixité n’interviendra qu’à la
fin de la décennie des années 1970.
Le bulletin large bulletin régulier
comme les BMS éventuels étaient transmis par télétype au centre de RadioConquet qui rediffusait auprès des professionnels de la mer les informations
météorologiques. Les centres de sécurité
en mer je veux parler des Cross Manche,
Cross Atlantique, et Cross Iroise étaient
destinataires des BMS.
Nous recevions toujours par les liaisons
télétype les messages d’observations
terrestres et maritimes, des réseaux toutes les 3 heures pour le réseau intermédiaire, toutes les 6 heures pour le réseau
principal. Les fac-similés à « carbone »
nous permettait de recevoir cartes d’analyses et de prévisions, plus tard ils furent
munis de papier sensible. Il fallait donc
veiller à l’approvisionnement en papier
des télétypes comme des fac-similés. Le
programme de réception pouvait se décliner à la demande par programmation
des réceptions. Les échanges professionnels se faisaient également avec notre
centre régional de Rennes, par téléphone
et par télétypes. Nos collègues rennais
nous jalousaient, car à cette époque ils
connaissaient toujours les baraques
comme hébergement provisoire.
Le service de prévisions marines fut
chamboulé à Brest-Guipavas après le
départ en retraite des ingénieurs des travaux en poste dans ce service, les bulletins large sont élaborés par le service
central c’est à dire par Toulouse. Cependant la combativité des personnels de
Brest a contribué à maintenir la responsabilité des bulletins marines de la zone
côtière de La Hague au littoral vendéen
pour la zone des 20 milles. Ce sont donc
des techniciens qui après une formation
à la fois locale sous l’égide de Claude
FONS, et nationale suivent donc une
formation spécialisée dans le domaine
prévisions marines. Les CDM adaptent
les prévisions nationales terrestres à leur
département ainsi que la zone rivage
pour les départements littoraux. L’harmonisation des prévisions départementales se fait à l’échelle de la région, la numérisation a permis de fournir des prévisions par zone dans chaque département
c’est le maillage SYMPOSIUM, ainsi
pour le Finistère six zones terrestres ont
été définies Léon côtier, Léon intérieur,
les pointes du Finistère, les montagnes
(Monts d’Arrée et Montagnes Noires), la
Cornouaille côtière et la Cornouaille intérieure. Chaque zone doit disposée au
minimum d’une station temps réel, ainsi
pour chaque zone les prévisions de températures, de nébulosités, d’insolation,
de rayonnement, d’humidité, de vents
sont disponibles les sorties numériques
concernées sont celles des météogrammes.
Le service aéronautique, était chargé
d’exploiter les messages d’observations
(METAR) et de prévisions (TAF longue
ou courte durée) ainsi que la panoplie
des cartes TEMSI, Masse d’air, pilots,
cartes d’altitude (vents direction et force,
tropopause, isothermes, géopotentiels
etc…)
aux différents niveaux 850, 700, 500,
300 millibars). Il dressait des protections
tant pour l’aviation commerciale des
lignes régulières nationales et internationales, que pour l’aviation légère réalisant une coupe sur le trajet pour les VFR
de l’aéroclub, la liaison régulière avec
Ouessant, comme pour les aéronefs en
En transit à Brest.
Ce service fort intéressant sur le plan
professionnel étant cependant épuisant
sur le plan santé car la prise de service
se faisait à 4 heures du matin pour s’achever vers 12h TU.
Pour les données aéronautiques plus
ponctuelles on pouvait interroger par
télétype la base de données aéronautique
via le MOTNE, ou demander les METAR et TAF en dehors des collectifs que
nous étaient habituellement assignés.
Les services de jour s’étalaient en général de 07h TU à 19h TU la cartographie,
les prévisions marines et terrestres, les
transmissions, l’observation surface, le
radio sondage étant décalé, les services
de nuit regroupés en observation surface,
cartographie, transmission, et radiosondage prenaient à 19h TU pour finir à
07h TU le lendemain.
Le rythme de nuits étant assez soutenu à
plein effectif ce qui était assez rare une
nuit sur quatre, une journée de récupération, puis une demi journée, puis une
journée de 12 heures, et la nouvelle vacation de nuit le jour suivant.
En cas de congés annuels pendant les
mois d’été de mi-juin à mi-septembre, le
rythme passait à une nuit sur trois, pour
une durée hebdomadaire légale à 54 heures. Les heures de nuit étant abondées de
10% entre 21h TU et 06 TU, les samedis
de 50% , les dimanches de 30% et les
fériés de 100%.
Le service administratif était comme
pour la plus part des fonctionnaires à
horaire fixe, horaire de bureau, le service
maintenance travaillait essentiellement
de jour.
Le manque chronique d’effectifs à
Brest-Guipavas a toujours été le soucis
premier des différents chef de centre qui
se sont succédés aussi le centre a connu
de nombreuses manifestations locales
qui débouchaient parfois sur des grèves
locales déclenchées par le personnel réuni en assemblée générale.
Si je réunis mes premiers souvenirs,
donc en 1969 à l’observation surface,
Paul LE MAGUER, Jo LE BIHAN, Jean
PRIGENT, Henri LE SAOUT, Jean JACOLOT y faisait office de chef se service renforçant l’effectif en cas de besoin et assurant une partie de la climatologie. Ce service disposait des diagrammes mensuels de vent l’un pour la direction l’autre pour la force du vent moyen
sur dix minutes, un cadran indiquait les
rafales maximales instantanées, un télé-
mètre nous permettait d’évaluer la hauteur des couches nuageuses les plus basses situées au dessus de l’appareil étant
placé dans la zone d’approche donc en
bout de piste, un baromètre à mercure
type « tonnelot » pour la mesure de la
pression atmosphérique, il fallait tenir
compte de correction de température
pour ramener la mesure à 0°C, de la
correction d’altitude (altitude de la
cuvette du baro), de la correction de latitude, correction fixe instrumentale et
enfin de la correction de gravité. On
chiffrait donc la pression à 0°C et ramenée au niveau zéro mètre au dessus du
niveau moyen de la mer, en fonction de
l’altitude officielle de la piste d’atterrissage on calculait le QNH, le QFU pour
les besoins aéronautiques. L’abri grand
modèle en bois situé dans le parc à instruments disposait d’un thermomètre à
maxima (thermomètre à mercure) qu’il
fallait frondé à la manière du thermomètre médical une fois confirmée la lecture
du maximum de température, ce dernier
s’inscrivant du jour J à 06h TU au jour
J+1 à 06h TU ; d’un thermomètre à minima (à alcool) l’index donnant la lecture du minimum de température, ce dernier étant réamorcé en faisant accolé la
colonne d’alcool et l’index une fois
confirmée la lecture du minimum de
température dans l’intervalle de temps
jour J-1 à 18h TU jusqu’au jour J à 18h
TU. Un barographe, un hygrographe à
cheveux, un thermographe (bilame), une
sonde de température (thermomètre sec)
indiquait la température du moment, une
sonde d’humidité indiquait l’hygrométrie du moment, ou un thermomètre à
mercure dont le réservoir était en permanence humidifié par une mousseline
donnait la température du thermomètre
mouillé. La lecture de deux valeurs soit
température de thermomètre sec et température du thermomètre mouillé permettait de calculer à la règle psychométrique la valeur de la température du
point de rosée ainsi que l’humidité ou
température de thermomètre sec et humidité permettaient de rétablir les valeurs de la température du thermomètre
mouillé.
Dans le parc lui-même donc à l’extérieur
de l’abri bien sûr, l’héliographe Campbell exposé côté Sud, donnait les durées
d’insolation quotidienne (changement
tous les soirs au crépuscule par exemple).
Le papier sensible brûlé par l’action du
soleil sur la sphère de verre le papier
placé sur la couronne sphérique à la distance focale de la loupe que constituait
la sphère, trois rainures distinctes, une
pour l’hiver soleil bas sur l’horizon, une
autre pour l’été soleil haut sur l’horizon
et une troisième pour les saisons intermédiaires printemps et automne. Le pluviomètre SPIEA et son éprouvette permettant de faire les mesures manuelles
de hauteurs de précipitations, la planche
à neige pour la hauteur de neige fraîche,
et du cumul des hauteurs de neige, les
thermomètres à minima à +10 cm et à
+50 cm (qu’il fallait réamorcé) au dessus
d’un sol gazonné, les sondes de températures dans le sol à –10,-20,-50 et –100
cm. L’entretien de l’abri se faisant tous
les lundis un coup d’éponge, changements de diagrammes remonter le mécanisme d’horlogerie des différents enregistreurs, changement de la mousseline.
Plus tard un pluviographe fit son apparition, le pluviomètre manuel SPIEA servant de contrôle à la télémesure de la
pluviométrie.
Toutes ses mesures ou télémesures alimentaient la base de données météorologiques et la base aéronautique internationale.
Au fil des années, l’observation surface
devient partiellement numérique, le système CAOBS est remplacé aujourd’hui
par le système COBALT, les données
alimentant en mode automatique les bases de données météorologiques et aéronautiques, seuls les paramètres concernant le temps sensible sont renseignés
humainement par les observateurs, et
beaucoup de centres ont fermé les vacations de nuit, pour ouvrir à 04h30 UTC
jusqu’à 19hUTC. Seuls les centres situés
sur des aéroports « importants » sont
ouverts 24heures sur 24 et émettent des
METAR semi-horaires, des TAF courtes
et longues durées ainsi que tous les messages aéronautiques aggravation et d’amélioration.
Mais il fallait compter sur les autres services présent sur la plate-forme aéroportuaire, tels que la Brigade de gendarmerie des Transports aériens qui venait
nous rendre des visites de courtoisie durant le jour et pendant les vacations de
nuit, le service des bagagistes et agents
du terminal de l’aéroport, les collègues
de l’aviation civile, (maintenance, administration et contrôleurs), les pompiers
(électricien et agents de sécurité), tout ce
petit monde formait une grande famille.
Cette proximité géographique nous avait
conduit à faire des sorties communes,
impliquant les conjoints respectifs, mais
la création d’équipes sportives, telle que
le tennis corporatif.
C’est avec nostalgie que chacun des acteurs regrette le cloisonnement des services actuels, modernité « oblige » probablement.
Le secrétariat vers 1975 fut doté d’un
personnel administratif, et ce fut la seule
présence féminine du centre avant que
l’ouverture des concours météorologiques soient accessibles aux femmes dans
les corps techniques de la météorologie.
Au secrétariat le personnel administratif
se sont succédées, Annie JACOLOT,
Anne-Marie CHAUSSIN, et Jocelyne
actuellement en poste à Guipavas.
Vers 1975, lors de la prospection pétrolière en Mer d’Iroise, la station de BrestGuipavas fut dotée, grâce à la diligence
des « pétroliers », d’un récepteur photos
satellite comme aide à la prévision et à
la sécurité des équipages qui se relevaient en mer aux alentours du 10 ème
degré de longitude Ouest.
L’évolution de la Météorologie Nationale nous conduisit à être doté à Brest
d’un radar précipitations « MELODI »
de 10 cm de longueur d’onde, constituant ainsi une aide à la prévision immédiate en autre, la portée théorique de ce
dernier étant de 400 km, dans la réalité
elle ne dépasse guère 250 km. La numérisation du radar a doté nôtre chaîne nationale de renseignements météorologiques d’échos de pluies et leur positionnement géographique, d’animation car
les images sont stockées tous les quinze
minutes et d’une prévision à courte
échéance permet d’évaluer l’arrivée ou
la fin des zones pluvieuses.
La réception régulière de photos satellite
et la combinaison avec les radars précipitations, dans le contexte généralisé de
numérisation des données météorologiques débouchaient sur l’incontournable
« METEOTEL », le support informatique fut étendu à l’observation surface
comme altitude, l’ère de la prévision
numérique était inexorablement en marche.
Un certain nombre de personnels brestois restait sceptique dans l’utilisation
courante et quotidienne de cette panoplie
du « tout numérique », aussi Brest
connut l’ère du « tout informatique » et
« du tout numérique » plus tardivement
que certains autres centres.
Anecdote, à l’arrivée de Claude FONS,
un ingénieur des travaux en poste à
Brest faisait la réflexion suivante : De
deux choses l’une ce monsieur en parlant de nôtre nouveau chef de Centre,
« il est doué ou bien c’est du pipeau » à
propos de l’analyse ultra rapide que faisait Claude FONS au regard des sorties
numériques affichées sur les panneaux
de la salle prévi.
Tous les services furent touchés par cette
« révolution numérique », ainsi la climatologie que l’on considérait jusqu’à lors
comme parent pauvre de la météorologie
a connu un essor sans pareil, puisque
l’informatique permit la synergie temps
passé et temps présent dans l’élaboration
de modèles numériques de prévisions.
Dans le même temps on quittait définitivement la météorologie de « grandpapa » pour basculer dans l’aspect commercial le changement de statut et le
passage en EPA (établissement public
d’administration) sonnait la glas de la
météorologie d’autrefois. Désormais
plus rien ne sera comme avant, tant pour
les personnels que pour les usagers.
Nombreuses manifestations de météorologistes dénonçaient alors le recul notoire du service public de la
« Météorologie Nationale » y compris
par des actions de grève à répétition.
L’arrivée de Claude FONS, fut aussi
pour le Centre de Brest-Guipavas un regain de notoriété, dans le domaine de la
voile et des assistances dans les différentes traversées de l’Atlantique, des tours
du Monde en équipage ou en solitaire,
que dans les tentatives de records en tout
genre. Beaucoup de grands noms de la
voile mondiale, sont passés à Guipavas,
à une époque où le routage n’était pas
autorisé in situ à bord des bateaux et où
les moyens informatiques et de communications restaient relativement limités,
les PC courses respectifs étaient en permanence en contact avec le Centre de
Brest-Guipavas, et décidaient de concert
avec le navigateur solitaire ou l’équipage la stratégie météo la mieux adaptée
privilégiant la sécurité des hommes et
des matériels. Les médias tant locaux,
régionaux, voire nationaux s’invitaient
volontiers pour parler des activités diverses du centre. Depuis sont nés des
produits clés en main à destination du
monde de la voile, tels que
« NAVIMAIL » et permettent qu’il s’agisse de loisirs ou de compétitions, à
partir d’un PC portable de recevoir toutes les infos cartes de vents par zone et
ceci en routine tant le coût du matériel
informatique est devenu quasiment accessible à tous.
De cinquante quatre personnes, le centre
n’en compte plus aujourd’hui que trente
quatre.
Numérisation et automatisation de certains moyens de production ont contri-
bué à une forte baisse des effectifs. Mais
il y a plus grave encore, les politiques
ont décidé dans un cadre plus général la
diminution du nombre de fonctionnaires,
et les gestionnaires actuels tant à la direction de METEO-FRANCE que dans
les régions en général, répercutent ce
que j’appelle la casse l’outil METEOFRANCE, par la suppression des cinquante cinq centres, stations ou antennes
météorologiques de diverses importances sur le territoire métropolitain au seul
prétexte que la France doit se réformer,
se moderniser.