Les Boréales partent en live
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Les Boréales partent en live
les boréales NORVÈGE * LETTONIE/RIGA Les Boréales partent en live Cette année encore, la musique sera au cœur de la programmation du festival. Frissons, douceur et beats endiablés se compléteront pour offrir un panorama de ce qui se fait de mieux sur la scène artistique scandinave et balte. THERESE AUNE À CAEN ET EN RÉGION DU 13 AU 21 NOVEMBRE Seule avec son piano, la talentueuse Norvégienne s’apprête à donner une série de concerts dans la région, où folk, musique classique et indie rock vont se mélanger pour le plus grand plaisir des oreilles bas-normandes. JAY-JAY JOHANSON & L’ORCHESTRE RÉGIONAL DE BASSE-NORMANDIE À LA COMÉDIE DE CAEN, THÉÂTRE D’HÉROUVILLE LE VENDREDI 28 NOVEMBRE Pour la première fois accompagné par un orchestre, Jay-Jay Johanson – le Suédois qui fait figure de pointure sur la scène trip-hop mondiale – se prépare à présenter une création exceptionnelle dans laquelle il proposera une relecture complète de ses morceaux. Une occasion unique de redécouvrir Believe in Us, I Miss You Most of All ou Blind de la plus belle des manières. WEEK-END BALTIQUE AVEC L’ORCHESTRE RÉGIONAL DE BASSE-NORMANDIE À L’ÉGLISE NOTRE-DAME-DE-LA-GLORIETTE, CAEN LES 22 ET 23 NOVEMBRE Le temps d’un week-end, la musique contemporaine baltique va être mise à l’honneur grâce à l’Orchestre régional de BasseNormandie qui va reprendre les créations de compositeurs mondialement connus : Arvo Pärt, PËteris Vasks, Jean Sibelius et Tonu Korvits. FM BELFAST AU BIG BAND CAFÉ, HÉROUVILLE-SAINT-CLAIR LE SAMEDI 22 NOVEMBRE Suite à l'annulation de son concert l’année dernière, l’un des groupes les plus déjantés d’Islande tient sa promesse et est prêt à faire feu et à diffuser ses ondes bienfaisantes sur le public du festival. novembre 2 0 1 4 - Livre / éc h a nge I SOIRÉE DE CLÔTURE ASTRID ENGBERG & MATTIC, TRAINSPOTTERS, MOVITS ! AU CARGÖ, CAEN LE SAMEDI 29 NOVEMBRE Entre sonorités trip-hop, soul, jazz, rap et swing, cette soirée s’annonce riche en découvertes. Ce qui est sûr, c’est que la fête sera au rendez-vous. © Daniela Trujillo Les Boréales NORVÈGE * LETTONIE/RIGA Portraits de festivaliers Depuis plus de vingt ans, une lumière polaire vient éclairer les soirées d’automne de Basse-Normandie. Le festival Les Boréales réunit en moyenne chaque mois de novembre cinquante mille visiteurs qui s’approprient une programmation pluridisciplinaire et participative. Originellement littéraire, le festival a, dès 1994, contribué à la découverte du cinéma, de la musique, du design et du nouveau cirque d’Europe du Nord. Ce maelström Boréales, ce sont les spectateurs qui en parlent le mieux. Témoignages et portraits de sept d’entre eux, venus d’horizons divers. Des festivaliers caennais Sylvie, enseignante de maternelle, aujourd’hui retraitée, suit activement le festival sur Facebook. Pour elle, l’entrée dans la saison hivernale se fait plus facilement grâce aux Boréales. Elle avoue la traverser avec « plus d’énergie ». Avec deux années de cours de danois et de norvégien dans son parcours, ce sont avant tout les débats littéraires qu’elle attend. Selon elle, la pluridisciplinarité de la programmation en incarne toute la richesse : « Au fil des ans, notre culture nordique se construit au gré des pays invités d’honneur du festival, et je ressens toujours plus d’échos en moi. » Sandrine , assistante de direction de 41 ans, suit le festival depuis six ans. Elle apprécie que Les Boréales offrent « une approche globale d’une culture » même si c’est la musique qu’elle suit avec la plus grande attention. Cette année, ce sont les concerts de FM Belfast, Bror Gunnar Jonsson et Waves avec Peter von Poehl qu’elle ne manquera sous aucun prétexte et qu’elle viendra voir avec sa « bande » d’une dizaine d’amis. Sa demande ? Plus de musique classique venue de Scandinavie. Son rêve ? Voir les Islandais de Sigur Ros ou Björk programmés un jour à Caen. On la comprend… Des festivaliers d’Alsace, de Bretagne et ailleurs… Emmanuella et Jean-Pierre sont retraités. Marc Elea , animatrice de radio et trentenaire, suit elle aussi attentivement la programmation musicale des Boréales. Elle se réjouit d’y découvrir « des groupes qui ne seraient jamais venus à Caen sans Les Boréales. Des groupes qui parlent des langues bizarres avec des noms rigolos, super durs à prononcer. Mais aussi super talentueux ». À cet égard, un de ses meilleurs souvenirs reste le concert des brillants Estoniens d’Ewert and the Two Dragons à l’université de Caen. Cette année, elle attend avec impatience le retour de FM Belfast et sa pop explosive mais aussi les expositions photographiques des Finlandaises Susanna Majuri et Nelli Palomäki. Car Elea, comme bon nombre des spectateurs des Boréales, a élargi son centre d’intérêt principal à l’occasion du festival. Notamment en participant aux ateliers de pratiques artistiques proposés avec la Comédie de Caen. Le workshop donné par le circassien suédois Jonas Södergren en 2012 demeure gravé dans son esprit. Elle avoue avoir découvert une discipline : l’art du clown. « J’ai attrapé le virus, le clown qui sommeillait en moi s’est révélé lors de cet atelier destiné aux amateurs. » Pour Elea, ces moments participatifs et intimes font la singularité des Boréales et permettent des rencontres et échanges avec les spectateurs. Ils incitent également à la curiosité : « L’année qui a suivi l’atelier avec Jonas, je suis allée voir son spectacle, je suis allée au théâtre, moi l’habituée des salles de concert. » Elea a aussi assisté aux Dîners en Nord proposé par le festival. Le principe est simple : dans un lieu d’abord tenu secret vous est offerte la possibilité de dîner avec un écrivain nordique francophone. Près de quinze personnes se retrouvent ainsi attablées sans se connaître préalablement. Elle nous raconte son dîner avec le Suédois Björn Larsson : « J’ai été très bien accueillie, mise à l’aise immédiatement comme les autres convives. Ce concept, c’est vraiment un moment privilégié. C’est fondamentalement une autre façon de se rencontrer et d’échanger. Dans un monde où tout va vite, on a enfin du temps pour se parler, s’écouter. J’en garde un très bon souvenir. » , infirmier libéral de 50 ans, est originaire de Bayeux. Il vit aujourd’hui à Strasbourg avec sa famille. « Je reste en contact étroit avec le festival sur Facebook. Lorsque j’habitais à Caen, je ne ratais aucune édition des Boréales. J’y ai découvert Budam, lors d’un magnifique spectacle à la Comédie de Caen, Sur la route, bouleversant duo de cirque franco-finlandais, ou encore Sonja mis en scène par le Letton Alvis Hermanis. » Marc avoue une relation personnelle aux pays du Nord. Après un voyage en auto-stop en Norvège, il a aussi travaillé au Danemark comme saisonnier avant de passer un séjour enneigé à Stockholm. Comme beaucoup de fidèles du festival, rien de ce qui vient de Scandinavie ne lui est indifférent. « Les Boréales, c’est un festival unique par son thème central et la diversité des formes artistiques proposées. C’est un joyau au cœur de l’automne, un rendez-vous auquel j’espère être fidèle cette année. » Anciens directeurs d’école, ils quittent chaque année leur île de Batz et ses cinq cents habitants dans le Nord-Finistère pour passer les deux semaines des Boréales en Basse-Normandie ! Festivaliers intensément gourmands et aventuriers (il y a près de vingt ans, ils ont visité l’Islande et la Laponie en campingcar avec leurs jumeaux de 6 ans), ils retiennent du festival sa programmation pluridisciplinaire : « Cela nous convient parfaitement car nous avons le sentiment d’explorer la culture d’un pays dans sa totalité, en allant même jusqu’à découvrir des spécialités culinaires comme la fiskisupa ou le tricot islandais. » Ils sont particulièrement friands du « 24H chrono du polar nordique » et de la nuit blanche qui en découle, ainsi que des Dîners en Nord, occasion pour eux de « soirées mémorables et d’une extrême convivialité ». Spectateurs très attentifs et exigeants, nos Bretons n’hésitent pas à faire remonter aux organisateurs leurs remarques et reproches avec le souci d’améliorer l’organisation pour les visiteurs qui, comme eux, viennent de loin pour s’installer en Basse-Normandie le temps du festival. Leur principal regret : l’absence de pass ou d’abonnement pour Les Boréales. « Il faut jongler avec les numéros de téléphone et les nombreux chèques à envoyer ici ou là. » Ils regrettent aussi les concerts qui affichent complet trop tôt comme celui d’Agnes Obel l’an passé. Cette année encore, ils prépareront leur venue avec minutie et attention, car « ce festival est désormais un grand moment de notre vie et nous aurions beaucoup de mal à nous en passer ». Ils seront, comme l’année passée, logés chez l’habitant à Hérouville-Saint-Clair. Hadrien a quant à lui 18 ans. Il étudie l’islandais et le De nouveaux festivaliers suédois en licence à la Sorbonne. Il partage sa vie entre Paris et la Picardie et arbore fièrement au revers de son caban le Véronique, 41 ans, viendra pour la première fois au badge Boréales, dont il aime le design « sobre et élégant ». L’édition islandaise de 2013 fut pour lui l’occasion de venir pour la première fois au festival avec sa petite amie. Comblé par le concert du génial Ólafur Arnalds au Big Band Café, il a tout autant apprécié de pouvoir dialoguer avec les auteurs islandais Jón Kalman Stefánsson et Bergsveinn Birgisson. Sa rencontre avec le traducteur Éric Boury fut aussi un temps fort pour lui : « Je suis heureux que le festival m’ait permis de faire de telles rencontres, que je n’aurais sinon jamais espéré faire avant plusieurs années d’études. » Pour lui comme pour beaucoup d’autres élèves de langues nordiques venus de Paris ou d’ailleurs en France, les conférences données pendant le festival sont d’un intérêt pédagogique précieux. Hadrien, logé l’an passé dans un hôtel bon marché à Hérouville-Saint-Clair, ajoute : « Le bas coût des événements, voire leur gratuité, m’a agréablement surpris. » Un paramètre qui l’incitera à revenir au festival cette année en famille pour assister notamment aux concerts dédiés à Arvo Pärt et aux débats littéraires avec l’Islandaise AuDur Ava Ólafsdóttir. novembre 2 0 1 4 - Livre / éch a nge I I festival en novembre. Depuis le Lot, où elle vit, elle a découvert le festival sur Facebook. Lectrice assidue de romans nordiques depuis quinze ans, elle a prolongé ses découvertes littéraires par des voyages en Norvège, Suède et même aux Lofoten. Sensible aux paysages et atmosphères du Septentrion, elle passera quatre jours à Caen avec une amie et souhaite assister aux spectacles de cirque, au concert de Jay-Jay Johanson ainsi qu’au week-end littéraire. Coline, 17 ans, étudiante à la Sorbonne à Paris, a voyagé dans les pays nordiques à travers des actions de volontariat international en Estonie, Finlande et Islande. Elle a découvert le festival sur Internet en cherchant à approfondir ses connaissances sur la culture scandinave. Une amie l’hébergera près de Caen et elle a prévu de consacrer ses week-ends de novembre aux Boréales. C’est la programmation musicale « définitivement attirante » qui motive sa venue en train. On lui souhaite un excellent festival. DIMANCHE 23 NOVEMBRE À 17 H 30 À L’AUDITORIUM DU MUSÉE DES BEAUX-ARTS, CAEN Rufus lit La Lettre à Helga de Bergsveinn Birgisson Découverte littéraire de l’édition 2013, le texte de Bergsveinn Birgisson est paru en livre audio aux éditions Audiolib. Une rencontre inattendue entre Rufus, comédien français de premier ordre, et la poésie islandaise. J’ai eu le plaisir de me rendre compte, en lisant ce roman islandais, qu’on pouvait s’amuser à regarder sa vie avec un peu de recul. J’ai été surpris en apprenant que l’auteur n’avait pas attendu l’âge de 70 ans pour se livrer à cet exercice. C’est-à-dire mon âge ainsi que l’âge du personnage du narrateur. Ce tout jeune homme semble faire peu de cas des frontières du possible répertorié en Europe et entretient avec les personnes invisibles de l’au-delà des relations privilégiées. Ceux qui n’aiment pas les barreaux derrière lesquels nous adorons être enfermés plongeront avec délices dans les subtilités de ce livre comme je l’aurai fait. Quant au travail d’acteur que j’ai fait en réalisant cette lecture à voix haute, ce fut un travail bâclé comme à chaque fois qu’on fait une lecture sans un seul jour de répétition. Miraculeusement, ce travail fut rattrapé par le preneur de son qui a pris cinq mots dans la première prise, quatorze dans la sixième prise et ainsi de suite pour arriver en collant des centaines de petits bouts à vous donner l’impression d’une fluidité et d’une grande aisance. Heureusement, ma frustration prendra fin lorsque je lirai ce texte en public sans le recours du montage. Pour préparer cette brève lecture, il me faudra une semaine de répétition : votre déplacement jusqu’à moi l’exige. Et puis vous ne savez pas l’appétit que me donne cette aventure, l’une de mes cinéastes préférées est Sólveig Anspach, née le 8 décembre 1960 à Heimaey dans les îles Vestmann en Islande. Rufus Ru f u s JUSSI ADLER-OLSEN : LE 29 NOVEMBRE À 19 HEURES À LA BIBLIOTHÈQUE D’HÉROUVILLE-SAINT-CLAIR Albin Michel en terre scandinave Quatre questions à Anne Michel, chargée du département de littérature étrangère des éditions Albin Michel, à l’occasion du week-end littéraire des 22 et 23 novembre 2014, et du prix Boréales / Région Basse-Normandie du Polar nordique attribué à Jussi Adler-Olsen. que nous avons eu la chance de pouvoir les acquérir pour notre maison. Mais nous n’avons pas de « domaine scandinave » à proprement parler. Jussi Adler-Olsen Livre/échange : Depuis 2010, les éditions Albin Michel ont nettement développé leur fonds scandinave. Quel en a été le déclencheur ? Anne Michel : 2010 correspond à mon arrivée à la tête du département de littérature étrangère des éditions Albin Michel. Ayant auparavant dirigé le département de littérature étrangère des Presses de la Cité, où je publiais déjà des auteurs scandinaves, j’ai souhaité développer ce domaine chez Albin Michel, qui avait à son catalogue Johan Theorin, dans le domaine du polar, et quelques grands auteurs, dont Tove Jansson, Axel Munthe ou Björn Ranelid. Très vite, j’ai eu la chance de lire Jussi Adler-Olsen en allemand, avant qu’il ne devienne une star internationale et de pouvoir l’acheter pour la France, où il a tout de suite trouvé son public. Puis, de fil en aiguille, nous avons acquis d’autres auteurs aussi bien dans le domaine policier, tels Viveca Sten, Åsa Larsson ou Stephen Anheim, que dans celui de la littérature, avec Riikka Pulkkinen, Philip Teir ou Tommi Kinnunen. Notre liste commence à être conséquente et j’espère bien qu’elle s’agrandira encore à l’avenir. Dans l’ensemble, nos dernières publications scandinaves ont toutes été des succès. L/é : Pouvez-vous nous parler du site « En terre scandinave » ? Est-ce pour vous un moyen de revendiquer un choix éditorial ? A. M. : Devant l’engouement français pour les auteurs de polar scandinaves, nous nous sommes dit que c’était une bonne idée de créer un univers visuel qui permettrait de rassembler nos auteurs sur le Net, pour que les internautes puissent les découvrir ensemble. Nos auteurs sont très contents de ce site où nous pouvons présenter des interviews, des extraits des nouveaux livres et des bonus sur les personnages ou les lieux des romans, donner un contenu riche sur leurs œuvres. Je ne cherche pas à revendiquer une ligne éditoriale particulière, parce que pour moi c’est un concept assez flou. J’aime les livres qui me font vibrer, bien écrits et singuliers, comme la plupart de mes confrères, je suppose. Je n’ai aucun a priori, je ne cherche pas particulièrement des romans d’un genre ou d’un pays particulier, mais des bons livres tout simplement qui peuvent être défendus par Albin Michel. Il se trouve que la Scandinavie compte beaucoup d’auteurs formidables tant dans le domaine du polar que dans le domaine littéraire et novembre 2 0 1 4 - Livre / é cha nge I I I L/é : Jussi Adler-Olsen recevra en novembre prochain le 4e prix d’honneur Boréales du polar nordique. Pourriezvous présenter cet écrivain à ceux qui ne se seraient pas encore plongés dans les affaires du Département V ? A. M. : Véritable phénomène d’édition dans la quarantaine de pays où il est désormais publié, Jussi Adler-Olsen s’est imposé en quelques années comme une figure incontournable du thriller scandinave. Il a été couronné par les prix scandinaves les plus prestigieux, de la Clé de verre au Golden Laurels des libraires danois, et, en France, a déjà reçu le grand prix policier des lectrices de Elle et le prix polar des lecteurs du Livre de Poche, avant de se voir décerné cette année le prix du festival des Boréales. Ce qui fait la force des enquêtes du Département V, c’est le trio improbable d’enquêteurs qui constitue ce département : le cynique inspecteur Carl Mørck, son mystérieux assistant syrien Assad, et Rose, la secrétaire aux multiples personnalités. Ces trois personnages à la fois décalés et touchants, qu’on apprend à découvrir au fil des enquêtes, s’attaquent à des cold cases, depuis longtemps oubliés, et réussissent toujours, en exhumant ces vieilles affaires, à révéler des aspects sombres de la société danoise. Grand admirateur de Sjöwall et Wahlöö, Jussi Adler-Olsen compte comme eux publier dix tomes d’enquêtes du Département V. Quatre sont déjà parus en français, Miséricorde, Profanation, Délivrance et Dossier 64. L’Effet papillon, la cinquième enquête, paraîtra en janvier 2015. L/é : Jussi Adler-Olsen, Riikka Pulkkinnen et Viveca Sten seront cette année aux Boréales. Quelles sont les futures publications nordiques à paraître aux éditions Albin Michel ? A. M. : En janvier 2015 paraîtra L’Effet papillon de Jussi Adler-Olsen, mais également La Guerre d’hiver du Finlandais suédophone Philip Teir, un grand roman familial caustique et contemporain, dans la lignée d’un Jonathan Franzen. Suivront en avril le dernier tome de la tétralogie d’Öland du Suédois Johan Theorin, en juin un nouveau Viveca Sten, et en octobre un nouveau Åsa Larsson. De très belles découvertes attendent donc les lecteurs l’année prochaine ! Les Boréales NORVÈGE * LETTONIE/RIGA MUSÉE DES BEAUX-ARTS, CAEN, DU 14 NOVEMBRE 2014 AU 18 JANVIER 2015 RÉGION BASSE-NORMANDIE, ABBAYE-AUX-DAMES, CAEN, DU 15 NOVEMBRE AU 31 DÉCEMBRE 2014 L’eau en source d’inspiration À la frontière des lumières Territory, Reinis Hofmanis. Exposition en partenariat avec l’ARDI. Water is fiction, Susanna Majuri. Au pourtour Les paysages nordiques de Finlande, d’Islande, de Norvège, de Suède ou des îles Féroé dans lesquels Susanna Majuri invite des inconnus à servir de modèle sont le théâtre de mises en scène oniriques. Prises à travers une vitre ou à la surface, les photographies explorent les propriétés changeantes de l’eau, lui offrent un rôle multiple et décisif, à la fois motif, symbole et matériau de l’œuvre. Dans les créations les plus récentes, d’immenses toiles cirées tendues au fond d’une piscine constituent le décor devant lequel les personnages prennent place. Si la couleur est un élément essentiel dans la composition de l’image, c’est à travers l’eau qu’elle trouve tout son intérêt pour la photographe finlandaise – qui dit aimer le turquoise de la piscine. Incolore, transparente, et adoptant pourtant toutes les teintes, elle est révélatrice de coloris des plus subtils aux plus profonds. La matière mouvante porte les corps et sa surface en perpétuel mouvement distord les images, efface les contours, perturbe notre perception du monde et accentue, par des jeux d’optique, le décalage d’échelle entre les personnages et leur environnement. L’eau, lieu d’apparitions et de disparitions, construit la fiction, elle véhicule l’émotion. Elle instaure une distance avec le réel et agit comme un voile. À travers l’atmosphère merveilleuse de ces fragments de légendes boréales, le monde intérieur de l’artiste prend forme. Mises en scène et situations étranges, voire irréelles, invitent le spectateur à prendre part à un récit plus long et font appel à l’imagination. Nombre de ces histoires trouvent leur origine dans la musique, les contes de fées et les romans, de PJ Harvey aux frères Grimm. Le révélé et le caché, le visible et l’invisible, le réel et le fantastique, cohabitent ainsi dans l’œuvre de cette jeune représentante talentueuse de l’école d’Helsinki. tural. Ses déambulations nocturnes dans ces villes d’Europe du Nord lui donnent l’occasion de rencontres, transcrites dans des mises en scène lumineuses. En un seul instant, le cadrage se fige et va à l’essentiel dans un face-à-face interrogateur. L’écriture photographique s’exerce avec les rayons artificiels de la lumière électrique et profite de la réverbération de la pluie ou de la neige. Loin des paillettes de la vie des noctambules et de la séduction des paysages sous les étoiles, Reinis Hofmanis sait retenir notre regard. Saisissant l’attention de l’homme en faction dans sa guérite, il fixe promptement les franges blafardes de la cité dans le crépuscule des jours d’hiver. Le photographe propose ainsi une lecture contemporaine des sentinelles de la nuit. En se focalisant sur leurs abris, il enrichit dans une version nocturne les typologies urbaines. G i ll es B oussa rd © Reinis Hofmanis © Susanna Majuri de la cité, Reinis Hofmanis se glisse dans les intervalles de l’urbanisation soviétique aux atours néolibéraux. Dans l’incertitude de la nuit, l’artiste choisit de prélever des parcelles de paysages sombres, emblématiques des confins de l’urbanisme. Dans ce dédale, le photographe tombe en arrêt devant des constructions incongrues, témoins d’un choix de société et entre en contact visuel avec les hommes de la nuit, les guetteurs. Pour parvenir à ses fins, l’artiste convoque l’histoire de la photographie : le travail de Brassaï la nuit, les observations d’Eugène Atget dans la ville, et le souci de sérier l’architecture à l’image des Becher, sans oublier « l’instant décisif » d’Henri CartierBresson. Armé de cette histoire, l’artiste met au point une série cohérente centrée sur la fragilité. La photographie de Reinis Hofmanis appartient aussi à ce style documentaire, avide d’inventaires du tissu urbain et architec- Lou i se Le ge leux © Nelli Palomäki L'ARTOTHÈQUE, CAEN, DU 14 NOVEMBRE AU 24 DÉCEMBRE 2014 Voyage dans le temps Breathing the same air, Nelli Palomäki. Nelli Palomäki est une jeune artiste finlandaise (née en 1981), diplômée de l’École d’art et de design d’Helsinki. Dans le cadre de cette 23e édition du festival Les Boréales, l’Artothèque, Espaces d’art contemporain de Caen, présente une série de photographies que l’artiste finlandaise a réalisée en 2010 lors d’une résidence en Haute-Normandie. Spécialiste du portrait et fascinée par les anciennes photographies, Nelli Palomäki a imaginé la région à travers les filtres de la nostalgie et du romantisme. Elle présente ici une série de portraits d’enfants et de jeunes femmes en tenue d’époque XIXe. « Chaque portrait que j’ai pu réaliser est aussi une photographie de moi. Ce que je décide de voir, ou plutôt mon rapport aux choses que je vois, détermine irrémédiablement l’image finale. Mais au-delà, c’est l’intensité du moment partagé avec le sujet qui domine le portrait. » Parallèlement est présentée une partie plus récente de son travail photographique, des portraits, en noir novembre 2 0 1 4 - Livre / éc ha nge I V et blanc, de jeunes gens, tous issus d’une institution militaire russe. Ces portraits, plus classiques dans leur forme, parlent d’identité et de personnalité à travers le prisme de l’enfance et du devenir adulte. « Un portrait est éternel. C’est une manière désespérée de rester en contact avec des individus qui, même lorsqu’ils me sont inconnus, me demeurent ainsi familiers. C’est ma manière de conserver un condensé de cette personne, de l’embaumer. À travers son portrait, je construis une relation avec mon sujet. Je porte son souvenir en moi, intimement lié à cette photographie. Je scrute leurs visages en secret. C’est ainsi que je me les rappelle. Je me demande s’ils se souviennent de moi. Tandis que le temps nous consume lentement, je conserve ces images d’eux, qui sont l’unique instance de la connaissance que j’ai de leur personne. Et de ce sentiment pénétrant : je les ai rencontrés, ils vont mourir et je vais mourir aussi. » Cor al i e De sm ur s