Elle poignarde son compagnon à mort après une énième dispute

Transcription

Elle poignarde son compagnon à mort après une énième dispute
TERGNIER
Elle poignarde son compagnon
à mort après une énième dispute
Mardi soir, au troisième étage d’un immeuble de la rue Pierre-Loti, Christelle
Lecourt a frappé son homme d’un coup de couteau à viande à l’épaule. Fatal.
Sous une lumière blafarde, une
quinzaine de traces ensanglantées
de pieds nus parsèment les carreaux de linoléum hors d’âge au
troisième étage de l’immeuble de la
rue Pierre-Loti, à Tergnier. Les empreintes sont celles de Christelle
Lecourt, le sang celui de Jean-Pierre
Laratte, son compagnon. L’une est
en garde à vue, l’autre est mort, à
58 ans.
Mardi soir, 19 h ont sonné depuis
quelques minutes quand des cris
s’échappent – une fois de plus – de
l’appartement 415 du couple ternois. Les deux amants vivent là depuis environ un an et sont bien
connus des services de police. Les
fonctionnaires du commissariat local sont intervenus à plusieurs reprises pour des disputes violentes,
certaines ayant trouvé leur conclusion devant la justice.
« Au secours, on s’est disputé,
j’ai pas fait exprès »
En face, au 416, casque sur les
oreilles, immergé dans son jeu vidéo, le locataire ne perçoit rien du
drame qui se joue à quelques
mètres. « Je suis revenu chez moi vers
18 h 30, témoigne-t-il alors qu’il
met sa clé dans la serrure. J’ai compris ce qui se passait avec l’arrivée
des pompiers et de la police. » Le
jeune homme n’entend donc pas sa
voisine quitter affolée son appartement.
À l’autre bout de l’étroit couloir
d’une quinzaine de mètres, vit une
femme qui, elle, n’a rien perdu de la
scène, tout en préférant ne pas s’en
mêler. « Elle a crié “Au secours, au secours. On s’est disputé, j’ai pas fait
exprès”. » La locataire regarde par
son œilleton. Ne voyant rien, elle
entrouvre sa porte. À peine. « J’ai
pas voulu m’en occuper, qu’elle
Le coup assené, la quadragénaire est sortie affolée dans le couloir commun, y laissant des empreintes ensanglantées.
vienne me raconter ses histoires. Ils
ont qu’à se démerder entre eux. »
D’autres voisins se montrent plus
concernés. Ils ouvrent leur porte et
découvrent la femme de 41 ans
dont les pas ensanglantés s’arrêtent au milieu du couloir. Les secours sont prévenus, le Smur arrive,
il n’y a plus rien à faire. Dans son
appartement, un homme de 58 ans
vient de se vider de son sang en
quelques minutes. Poignardé à
mort par sa compagne.
Lorsque la police débarque peu
après les pompiers, la quadragénaire est auprès du défunt. Elle est
appréhendée sans difficulté, puis
placée en garde à vue. Devant les
enquêteurs, elle évoque une dispute, sans vraiment en livrer l’origine. Toujours est-il qu’elle dégénère. La meurtrière présumée saisit
un couteau à viande, de « ceux que
l’on utilise pour couper son beefsteak, pointu », précise-t-on du côté
du commissariat.
Ainsi munie, de haut en bas, la
Ternoise en assène un coup – un
seul – dans l’épaule gauche de son
compagnon. L’autopsie à venir devra déterminer quel organe vital a
bien pu être touché pour entraîner
une mort si rapide. La prolongation
pour 24 h de la garde à vue de
Christelle Lecourt apportera peutêtre aussi de plus amples explications.
Dans l’immeuble, si elle attriste,
l’issue fatale de cette relation orageuse n’étonne qu’à moitié. « Ça devait arriver, résume la voisine de
l’autre bout du couloir. Ils se disputaient chaque jour de paye du RSA. Le
pauvre, il aura pas pu en profiter
longtemps de son RSA », ajoute la locataire, entre froid constat et second degré morbide. Et d’évoquer
un couple marqué par l’alcool, physiquement,
avec
lequel
les
échanges se limitaient à un « bonjour, bonsoir ».
À l’entrée du petit immeuble de
trois étages et d’une vingtaine d’appartements, du bruit dans un local,
une sorte de débarras. Un homme
en sort, il réside au rez-de-chaussée. Fermant la porte derrière laquelle un chat tourne en rond, il explique que l’animal est celui du 415.
« La police m’a dit de le garder chez
moi pour l’instant, mais j’en ai déjà
plusieurs, alors je l’ai mis là en attendant. J’espère qu’ils vont revenir le
chercher. »
V.D.