Ford Madox Brown Pionnier pré-raphaélite 25.2.
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Ford Madox Brown Pionnier pré-raphaélite 25.2.
Ford Madox Brown Pionnier pré-raphaélite 25.2. - .3.6.2012 FORUM + SALLE A Ford Madox Brown (1821-1893) est l’une des personnalités les plus originale de l’art anglais. Il est renommé pour ses chefs d’œuvre préraphaélites, Dernier regard sur l’Angleterre et Le Travail. Tous deux sont des sujets réels puisés dans la vie quotidienne combinant réalisme profond et version originale. Leur engagement politique et social fait figure d’exception au sein de l’art victorien. Brown a une forte influence sur les années de formation des jeunes préraphaélites. Bien avant la création de la Confrérie préraphaélite en 1848, il élabore un style nouveau qui s’inspire de la simplicité des primitifs qui précédèrent Raphaël. Les membres de la Confrèrie reprirent ses conceptions mais lui-même subit à son tour leur influence. Menant parallèlement leurs recherches, ils reprirent son sens du détail minutieux et ses couleurs vives qui devinrent les caractéristiques du Préraphaélisme. La manière de peindre de Brown est anti-académique, rejetant toute solution de facilité, mièvrerie et formules traditionnelles du style victorien. Ses paysages révèlent de manière inattendue la beauté de lieux ordinaires et anticipe les effets de plein-air chers aux impressionnistes. Il dépeint les enfants sans la moindre sentimentalité et les pauvres sans aucune condescendance. Il s’oppose aux idées traditionnelles concernant la beauté artistique, le balancement des formes et le décorum. Brown est en avance sur son temps par son emploi de couleurs affrontées, de poses heutées, de mouvements agités, d’expression outrée et d’humour. Cette rétrospective est la première exposition approfondie consacrée à cet artiste depuis quarante ans. Elle témoigne de la volonté de l’artiste de voir d’un œil renouvelé, d’apporter de l’air frais, de la lumière naturelle et du réalisme au sein des formes traditionnelles acquises lors de son apprentissage. Elle comporte également des vitraux et des meubles dessinés pour William Morris et des modèles d’œuvres que Brown a réalisés pour Manchester où il a vécu pendant plusieurs années pour la réalisation des peintures murales relatant l’histoire de Manchester dessinées à l’Hôtel de ville. Ces peintures, sa dernière réalisation importante, montrent que même à un âge avancé, l’artiste n’avait rien perdu de son génie et de son inventivité. L’artiste et sa famille Le parcours de Ford Madox Brown est inhabituel pour un artiste anglais. Il nait à Calais en 1821. Ses parents sont anglais mais vivent dans le nord de la France. Ils envoient leur fils étudier aux académies d’art de Belgique. Après un séjour parisien, il s’établit à Londres. Brown se marie à deux reprises. Sa première épouse, sa cousine Elisabeth Bromley, meurt cinq ans après leur mariage. La seconde, Emma Hill est illettrée lorsqu’ils se rencontrent et il lui fait donner une éducation tant domestique que sociale. Ils s’unissent en secret, sept ans après la naissance de leur premier enfant. Les tableaux de Brown ne se vendent pas facilement. Il en devient dépressif et reclus, quant à Emma , elle développe un problème de boisson. La famille n’a que peu de moyens et durant les années 1850, leur situation est précaire. Deux des enfants Brown meurent dans leur prime enfance. Son fils Olivier s’éteint à l’âge de 19 ans. Deux filles, Lucy et Catherine survivent. Toutes deux furent artistes jusqu’à leur mariage. Au début de sa carrière, Brown fait appel à des modèles professionnels, mais également aux membres de sa famille et à ses amis. Plus tard, Brown eut des liaisons amoureuses avec deux jeunes femmes; Marie Spartali, une de ses élèves, ainsi que la poétesse libre-penseuse et féministe, Mathilde Blind. Ces deux relations furent probablement purement platoniques. Quoiqu’il en soit, son mariage avec Emma survit. Celle-ci reste son modèle favori et sa beauté continue de l’inspirer jusqu’à sa mort en 1890. 3. La famille Bromley 1844 Huile sur toile Manchester City Galleries Ford Madox Brown épouse sa cousine Elisabeth Bromley en 1840. On la voit ici, sur le tableau, au premier rang, à droite, assise à côté de sa mère, alors veuve. Elles sont entourées par d’autres membres de la famille. Les Bromley font partie de la classe moyenne prospère du comté de Kent. La santé d’Elisabeth s’avère fort fragile, elle mourut de tuberculose en 1846. 2. Autoportrait 1850, (1853) Craie noire National Museums Liverpool, Walker Art Gallery. Acquis grâce au concours du Art Fund, 1984 1. Autoportrait 1844/45 Huile sur carton Grâce à l’entremise de Peter et Renate Nahum, London Les premières années Ford Madox Brown étudie tout d’abord aux Académies des Beaux-Arts de Bruges et de Gand, puis à celle d’Anvers qui est alors une des figures de proue de l’enseignement des Beaux-Arts en Europe. L’éducation, basée sur le modèle de l’Académie des Beaux-Arts de Paris, y est beaucoup plus stricte et approfondie que ce que l’on peut rencontrer, à la même époque, en Angleterre. Elle offre aux étudiants autant une formation technique que de sérieuses compétences au niveau de la composition et de l’anatomie. Ceci leur permet de produire de la grande peinture d’histoire comportant des groupes de figures complexes et exaltant des thèmes élevés puisés dans l’histoire, la littérature et la mythologie. Ce qui est considéré comme le summum de l’art du peintre. Brown séjourne aussi pendant un certain temps à Paris où il remet en question sa formation académique. Les quelques tableaux de cette période, qui nous sont parvenus, sont sombres et dramatiques, influencés par les romantiques français tels Eugène Delacroix et Hippolyte Delaroche. Mais les tableaux de Brown sont plus personnels et moins léchés que ceux de ces artistes en raison des expressions faciales outrées et de notations satiriques dus à son admiration pour William Hogarth. Son dessin rude et puissant, comme on peut le voir dans la série consacrée au Roi Lear, s’oppose au style suave enseigné dans les académies. Tout comme les romantiques français, Brown a une nette prédilection pour les sujets tirés d’ouvrages de George Byron ou de William Shakespeare. En France cette mode fut de courte durée par contre Brown éprouve sa vie durant une passion pour l’histoire et la littérature anglaise. 8. Daniel Casey 1848 Craie noire Birmingham Museums and Art Gallery. Acquis par souscription, 1906 Ce dessin a été considéré de tout temps comme un portrait de l’artiste irlandais Daniel Casey, un compagnon d’étude de Ford Madox Brown à Anvers. On sait que ce dernier a réalisé un portrait de son ami. Celui-ci a cependant disparu et l’identification du personnage est malaisée. Il est possible qu’il ne s’agisse pas de Casey mais bien d’un certain Meadows, un modèle professionnel. 9. Tête de jeune fille ca 1840 Huile sur toile Tate, Londres. Acquis en 1935 7. F.H.S. Pendleton 1837 Huile sur bois Manchester City Galleries Frederick Henry Snow Pendleton est un compagnon d’études et un ami de Ford Madox Brown durant ses études à l’Académie de Gand. Il lui apprend à jouer du violon. Brown est à peine âgé de seize ans lorsqu’il peint ce portrait. 6. Tête de jeune garçon 1836/1837 Huile sur toile Birmingham Museums and Art Gallery. Offert par L.M. Angus-Butterworth par l’entremise de The National Art Collections Fund, 1960 13. Le prisonnier de Chillon 1843 Huile sur toile Manchester City Galleries Le poème de Lord Byron, Le prisonnier de Chillon raconte le sort réservé à un patriote genevois , François de Bonivard, emprisonné en compagnie de ses frères, chacun enchaîné à un pilier. Les deux frères perdant tout espoir se mettent à décliner et meurent. Ford Madox Brown représente le moment où François de Bonivard, assiste impuissant au décès de son second frère. L’intérieur sombre, éclairé par un rayon de soleil évoque ‘the pale and livid light’. 11. Manfred sur la Jungfrau 1841, 1861 Huile sur toile Manchester City Galleries Manfred est le héros d’un poème dramatique de Lord Byron. Obsédé par la mort de sa fiancée qu’il a tuée involontairement et souhaitant la mort, Manfred tente de se jeter dans un précipice. Il est sauvé de justesse par l’arrivée d’un chasseur de chamois. La pose théâtrale du personnage central est la conséquence de sa formation académique à Anvers et de son observation des romantiques français. Le tableau, à l’origine plus sombre, a été repeint par la suite dans des tons plus clairs typiques de son style préraphaélite. L’exécution de Mary Stuart 1840/42 Huile sur bois The Whitworth Art Gallery, The University of Manchester Mary, reine d’Ecosse fut exécutée pour cause de trahison. Etant catholique, elle n’eut pas l’autorisation d’être assistée par un prêtre. Ford Madox Brown la montre en compagnie du doyen protestant de Lincoln qui lui déclare qu’elle sera damnée si elle n’abjure pas sa foi. La reine le doigt sur la bouche, impose le silence à sa dame de compagnie qui sanglotte. Brown présente une version de plus grande dimension de cette toile au Salon de Paris. Ces couleurs sombres et le style mélodramatique sont typiques de son œuvre de jeunesse. Dessins pour le Roi Lear Lors de son séjour parisien, Ford Madox Brown réalisa seize illustrations de scènes tirées du Roi Lear de William Shakespeare. Six d’entre elles sont présentées ici. Brown aborde ainsi pour la première fois un des nombreux thèmes shakespeariens qui parcourent son œuvre. Il est particulièrement fasciné par la tragédie du Roi Lear en raison de l’expression démesurée des émotions et des confrontations dramatiques entre les personnages. Brown montre ses figures non dans des attitudes héroïques et conventionnelles mais dans une immédiateté terre à terre qui confine au grotesque. Il rejette ainsi la manière de dessiner modérée et les proportions idéales qu’il avait apprises en Belgique. William Michael Rossetti écrit que les dessins pour Le Roi Lear sont ‘énergiquement mouvementés’. L’usage par Brown d’une ligne libre et expressive est en avance sur son temps. Selon les normes de l’époque, elle est considérée comme primitive et inachevée. 14. Cordélia, déshéritée est demandée en mariage par le roi de France 1843/44 Encre (plume) et crayon The Whitworth Art Gallery, The University of Manchester 15. La séparation de Cordélia et de ses sœurs 1843/44 Encre (plume) et crayon The Whitworth Art Gallery, The University of Manchester 16. Le roi Lear qui n’a rien gardé pour lui qu’une escorte de 100 cavaliers… 1843/44 Encre (plume) et crayon The Whitworth Art Gallery, The University of Manchester 17. Le roi Lear ne veut pas croire que sa propre fille Régane a condamné aux entraves Kent, son messager 1843/44 Encre (plume) et crayon The Whitworth Art Gallery, The University of Manchester 18. Le roi Lear se rend compte que Gonéril et Régane ont les mêmes intentions. Il les maudit et fuit, sans espoir de trouver un abri au sein de la tempête qui se prépare 1843/44 Encre (plume) et crayon The Whitworth Art Gallery, The University of Manchester 19. Le roi Lear et son fou dans la tempête 1843/44 Encre (plume) et crayon The Whitworth Art Gallery, The University of Manchester SALLE B Les tableaux de concours Brown participe aux concours organisés à Londres en 1844 et 1845 pour la réalisation des peintures murales du nouveau parlement. Les artistes doivent envoyer des cartons grandeur nature (dessins préparatoires) accompagnés de modèles de fresque ou d’autre type de peinture murale. Il leur est demandé de traiter des sujets tirés de l’histoire et de la littérature anglaise ou des représentations allégoriques de la Justice, de la Religion ou de la Chevalerie. Le choix de Brown témoigne à la fois de son patriotisme et de sa sympathie pour les opprimés. Il dépeint les Anglo-Saxons vaincus par l’envahisseur étranger et les abus de pouvoir d’un riche baron. Ces concours pour des peintures murales furent l’occasion pour Brown d’utiliser les techniques de compositions à multiples personnages apprises lors de son séjour en Belgique. Il ne remporte aucune commande mais ses œuvres lui valent des critiques favorables et suscitent l’admiration du jeune Dante Gabriel Rossetti, à l’époque encore un étudiant. 22. Etude pour un seigneur temporel de L’Esprit de Justice 1844/45 Craie noire Birmingham Museums and Art Gallery. Présenté par Harold Hartley, 1905 21. Etude pour ‘L’Esprit de Justice’ 1844–45 Crayon, aquarelle et gouache Manchester City Galleries Une pauvre veuve opprimée par un puissant baron demande justice. Le baron est accompagné par un conseiller véreux. Au-dessus d’eux se tiennent les barons chargés de rendre la justice ainsi que les évêques et les pairs (pouvoir spirituel et temporel) ce qui convient aux peintures murales d’un parlement. La Justice, une femme aux yeux bandés est assise au sommet. La Clémence et l’Erudition se trouvent à sa droite, la Vérité et la Sagesse, à sa gauche. 23. L’Ascension 1844 Huile sur toile The Forbes Collection, New York 20. Le corps de Harold apporté à Guillaume le Conquérant 1844, 1861 Huile et cire encaustique sur toile Manchester City Galleries Après la bataille de Hastings, le corps du roi Harold est amené auprès du vainqueur, le roi Guillaume. Ford Madox Brown propose ce tableau, considéré comme un exemple de peinture à l’encaustique, au concours pour la réalisation des peintures murales du parlement. Le tableau fut accompagné d’un carton en noir et blanc de 4 mètres par 4,5. Changement de direction Entre 1845 et 1846, Ford Madox Brown voyage à travers l’Europe en compagnie de sa première femme Elisabeth afin de passer l’hiver à Rome dans l’intérêt de sa santé. Ils passent par Bâle, Milan et Florence et séjournent durant sept mois à Rome. Ce voyage, marqué par la tristesse, puisque Elisabeth meurt au cours de son retour en Angleterre, a des conséquences radicales sur l’art de Brown. Son style change profondément: ses couleurs s’allègent, il devient plus naturaliste et effectue des essais en lumière naturelle afin d’apporter de “l’air et du soleil” à ses sujets historiques. Il subit principalement l’influence de la Renaissance italienne, des maîtres (primitifs) flamands qu’il a vus lors de son séjour en Belgique et des travaux des peintres Nazaréens qu’il a rencontrés à Rome. Ses portraits sont marqués par le réalisme sans compromis d’un Holbein et il compose de nombreux tableaux montrant des maternités inspirées par les Vierges à l’Enfant italiennes et flamandes. Même s’il est sensible à ces influences artistiques étrangères, il les adapte à des sujets typiquement anglais qui témoignent de son patriotisme. La nouvelle manière de peindre de Brown s’avère “préraphaélite” avant même que le style porte ce nom et influence les compositions de ceux qui formeront, quelques années plus tard, la fraternité préraphaélite. Son art est en harmonie avec celui du jeune Dante Gabriel Rossetti. Ils furent amis toute leur vie. Rossetti le présenta à William Holman Hunt et à John Everett Millais. En 1848, ceux-ci fondent la fraternité préraphaélite. Brown n’en fut jamais un des membres mais son style fut déterminant pour la formation des préraphaélites. Il fut de plus un de leurs principaux représentants. 26. Notre-Dame du samedi soir 1847, 1852/53, 1854, 1861 Pastel, aquarelle, craie noire et rehauts d’or Tate, Londres. Don d’Alfred A. de Pass 1910 Un ange présente un bassin d’eau à la Vierge Marie en train de baigner l’Enfant Jésus. Le tableau est inspiré des modèles italiens de Vierge à l’Enfant que Ford Madox Brown a vus lors de ses voyages. Il le décrit comme “l’expression des émotions et des souvenirs de l’art italien qui toujours vibrent en moi”. Cependant, il modernise et anglicise le sujet. Le titre fait référence à la coutume des classes moyennes de l’époque victorienne de donner aux enfants un bain par semaine : “ Les enfants sont des Anglais modernes, ils sont lavés, poudrés, peignés, mis au lit et éduqués pour dire leurs prières comme des bébés protestants anglais” Brown réalisa tout d’abord un dessin en noir et blanc et n’ajouta la couleur qu’en 1861. 25. La veillée des séraphins 1847 Huile sur bois Collection privée Un séraphin et un chérubin contemplent, dans le ciel, le fouet et la couronne d’épines, symboles des souffrances terrestres du Christ. Ford Madox Brown put voir des figures angéliques similaires lors de son séjour en Italie sur les tableaux de la Renaissance et ceux des Nazaréens, un groupe d’artistes allemands vivant à Rome pour y retrouver la pureté et la spiritualité de la peinture des primitifs italiens. Brown réalise deux versions de cette composition. Lorsqu’il présente la seconde version à Londres, il l’intitule Une réminiscence des maîtres anciens. 24. Millie Smith 1846 Huile sur papier marouflé sur panneau de bois National Museums Liverpool, Walker Art Gallery 27. James Bamford 1846 Huile sur toile Collection privée Tableaux concernant l’origine de la littérature anglaise Ford Madox Brown est un lecteur fervent avec une prédilection “patriotique” pour la littérature anglaise. Lors de son séjour à Rome, il eut l’idée de réaliser un grand tableau célébrant les poètes anglais du passé comme des temps présents. Il le conçoit en trois parties comme un retable d’autel. Pourtant , après son retour à Londres, il ne le complète pas, abandonne les panneaux latéraux et peint une grande version du panneau central. Il s’agit d’une scène médiévale élaborée et haute en couleurs montrant Geoffrey Chaucer, le premier poète qui rejetant le latin et le français, écrivit en langue anglaise. Il réalise également un hommage au grand théologien du moyen-âge, John Wycliffe, qui le premier traduisit la Bible de latin en anglais. Brown considère que ces deux écrivains ont démocratisé la littérature la rendant accessible à un plus grand public. 31. Geoffrey Chaucer lit la Légende de Constance devant Edouard III et sa cour 1850, 1864–65, 1867-68 Huile sur toile Tate, Londres. Acquis en 1906 Chaucer lit son texte devant la famille royale et une assemblée de courtisans richement vêtus. Leur différentes expressions et les gestes pris sur le vif confèrent une dynamique à la scène. Il s’agit ici du premier tableau historique que Ford Madox Brown peint en lumière naturelle “comme si cela est réellement peint à un moment précis et non pas en un temps indistinct ou incertain”. La fontaine au centre de la composition et le laboureur semant le grain, à l’arrière-plan, symbolisent le rôle de Chaucer comme initiateur de la poésie anglaise. Dante Gabriel Rossetti servit de modèle pour le personnage de Chaucer. Ce tableau, basé sur le panneau central des Semences et des fruits de la poésie anglaise, est une réplique d’une toile de plus grandes dimensions que Brown expose à la Royal Academy en 1851. Celle-ci est exposée de nos jours à l’Art Gallery of New South Wales de Sydney. 33. Etude de Jean Froissart pour ‘Chaucer’ 1847 Huile sur carton Manchester City Galleries 30. Les semences et les fruits de la poésie anglaise 1845–51, (1853) Huile sur toile The Ashmolean Museum, Oxford. Don de Mme W.F.R. Weldon, 1920 Le panneau central montre le poète Geoffrey Chaucer faisant la lecture à Edouard III. Les volets sont occupés par des poètes plus tardifs; à gauche on reconnaît John Milton, Edmund Spenser et William Shakespeare, et au-dessus le profil d’Oliver Goldsmith. A droite se trouvent Lord Byron, Alexander Pope et Robert Burns ainsi que le profil de James Thomson. Dans les écoinçons de la voûte un barde saxon et un troubadour normand sont endormis. Tous deux représentent la tradition poétique que Chaucer a supplantée. Ford Madox Brown a commencé ce tableau à Rome. Il s’agit d’une étude pour un grand triptyque semblable aux retables gothiques. Seul le panneau central fut réalisé en grande dimension. 29. La première traduction de la Bible en anglais: Wycliffe lit sa traduction du nouveau testament à son protecteur Jean de Gand, Duc de Lancastre, en présence de ses disciples Chaucer et Gower 1847-48, 1859–61 Huile sur toile Bradford Museums and Galleries (Cartwright Hall Art Gallery) Au centre se dresse le réformateur religieux John Wycliffe, pieds nus et habillé de manière austère. A sa gauche son protecteur Jean de Gand et son épouse écoutant attentivement. Cependant leur fillette s’est endormie, il s’agit ici d’une notation humoristique typique de Ford Madox Brown. A droite se trouvent les poètes Geoffrey Chaucer et John Gower. Les deux tondi montrent un moine portant un livre fermé et un ange portant un livre ouvert symbolisant respectivement le catholicisme et le protestantisme. La composition symétrique et les couleurs pâles sont comparées, par un critique de l’époque, aux fresques florentines. A l’origine, la tonalité de l’oeuvre était plus pâle. Brown la retouche par la suite pour la rendre plus éclatante. Depuis lors les tons se sont assombris. 12. Tête du prince Azo (Etude pour Parisina) 1842 Craie noire et lavis Birmingham Museums and Art Gallery. Acquis par souscription, 1906 Il s’agit ici d’une étude de l’expression démoniaque du prince Azo, un des personnages du poème de Lord Byron Parisina. Azo tente de tuer son épouse, lorsque à son réveil, il entend celle-ci murmurer dans son sommeil le nom de son amant, le fils naturel d’Azo. La Parisina de Ford Madox Brown est refusée, en 1843, au Salon à Paris, le sujet étant jugé inconvenant. Il sera exposé plus tard à Londres, ou le thème du tableau ne rencontre aucune objection. 32. Etude d’un homme portant chaperon et chapeau pour ‘Chaucer’ 1847 Craie noire Birmingham Museums and Art Gallery. Acquis par souscription, 1906 SALLE D Le peintre de la vie moderne Ford Madox Brown est l’un des premiers artistes du XIXe siècle à peindre avec sérieux des sujets contemporains, abordant des problèmes sociaux et politiques. Brown ne mène pas une vie politique active, mais il a des idées précises sur le sujet. Il critique avec aigreur la noblesse et le système des classes et admire Thomas Carlyle qui condamne le matérialisme victorien et l’hypocrisie. Sa conscience sociale se manifeste dans l’aide qu’il apporte aux défavorisés: il enseigne au Working Men’s College à Londres et fonde un Bureau du Travail à Manchester, afin de venir en aide aux chômeurs. Il est également un patriote convaincu et rejoint les volontaires du Artist’s Rifles Corps lorsque se répandent les rumeurs d’une invasion française de l’Angleterre, à la fin des années 1850. Brown aborde pour la première fois un sujet de la vie moderne avec Attent, une modeste scène domestique peinte au début de l’année 1851. L’année suivante, il imagine trois sujets de tableaux plus largement en rapport avec les idées de l’époque. Ceux-ci sont probablement Un après-midi d’automne anglais, La dernière vision de l’Angleterre et Le Travail. Dans ses trois œuvres, Brown remet au goût du jour la peinture d’histoire et de paysage du dix-neuvième siècle. Ainsi il accumule les détails triviaux au lieu d’aborder des thèmes plus élevés et aborde, au lieu de mythes ou de faits héroïques, la transformation du paysage et des loisirs dans Un après-midi d’automne anglais, l’émigration dans La dernière vision de l’Angleterre et les classes sociales et les inégalités qui en découlent dans Le Travail. Leur réalisme intense découle de son zèle à observer le moindre détail, de ses recherches sur la lumière naturelle et de sa vision acérée, rejetant tout artifice ou convention. 44. Attente: Au coin de feu en Angleterre vers 1854–55 1851–52, 1854–55 Huile sur bois National Museums Liverpool, Walker Art Gallery. Acquis à l’aide de subsides du National Heritage Memorial Fund, du V&A Purchase Fund, du Pilgrim Trust et des Friends of Merseyside Museums and Galleries, 1985 45. ‘Prenez votre fils, Monsieur’ 1851–52, 1856–57, 1860 Huile sur toile Tate, Londres. Don de Mlle Emily Sargent et Mme Ormond en mémoire de leur frère John S. Sargent, 1929 Ford Madox Brown commence par une étude montrant Emma riant. Il élargit ensuite la toile et la peint présentant son bébé au père qui se reflète dans le miroir situé derrière elle. Mais Ford Madox Brown commence par une étude montrant Emma riant. Il élargit ensuite la toile et la peint présentant son bébé au père qui se reflète dans le miroir situé derrière elle. Mais Brown n’aime pas ce tableau et le laisse inachevé. En raison de la grimace de la jeune femme, on a souvent considéré celle-ci était une femme non mariée montrant son fils illégitime à un amant récalcitrant. Mais il est probable que Brown veut au contraire mettre l’accent sur la fierté des parents face à un nouveau-né. Son jeune fils Arthur qui venait de naître sert de modèle pour le bébé. Le modèle de miroir convexe dans lequel se reflète le spectateur est emprunté au Portrait Arnolfini de Jan Van Eyck qui se trouve à la National Gallery de Londres. Brown place le miroir de telle sorte qu’il forme une auréole autour de la tête de la femme, comme s’il sanctifiait cette maternité. 47. Etapes de la cruauté 1856, 1857–60, 1890 Huile sur toile Manchester City Galleries Nous nous trouvons ici face à un tableau moralisateur dans la lignée de ceux réalisés au dix-huitième siècle par William Hogarth. Une jeune femme ignore les supplications d’un amoureux. Elle brode, un bouquet d’amarante accroché au corsage. Son attitude cruelle trouve un écho dans la manière où la petite fille traite son chien. Le titre du tableau est emprunté à une série d’estampes de Hogarth montrant que la cruauté envers les animaux chez l’enfant se transforme en attitudes criminelles à l’âge adulte. 36. Les jolis agneaux 1851, 1852, 1853, 1859 Huile sur bois Birmingham Museums and Art Gallery. Acquis en 1956 Ford Madox Brown peint son épouse et un bébé, en plein soleil, dans leur jardin. Les moutons viennent des pâturages de Clapham Common, situés non loin de là. Les personnages tout comme l’arrière-fond sont peints pour la première fois en plein air. Brown restitue les contrastes colorés perceptibles dans les zones d’ombre telles les touches bleues et pourpres placées sur les tons de chair, une innovation que l’on attribue habituellement aux impressionnistes français. Lorsque le tableau fut exposé pour la première fois, le public fut choqué par l’étonnant mélange de modernité et de références historiques. Il pourrait s’agir ici d’une Madone à l’Enfant, mais Brown dénie toute connotation religieuse. La robe qui date du dix-huitième siècle semble inappropriée au stricte réalisme moderne de Brown. Le langage puéril du titre fit dire à la critique que cette œuvre est “une production fantastique et puérile …un bel effort pour une nursery” Le peintre de paysage Les premiers paysages de Ford Madox Brown se situent en marge de ses compositions historiques; Il s’agit de tableaux, réalisés d’après de petites études faites en plein air, mais peints dans l’atelier. Les autres préraphaélites, s’inspirant de l’idée prônée par Ruskin que seule la nature est vraie, exécutent leurs grands tableaux de paysage en plein air mais y ajoutent les personnages, plus tard, dans l’atelier. La toile Les jolis agneaux amorce un revirement. Pour la première fois, Brown peint à l’air libre, à la fois les figures et le paysage afin d’obtenir un ensemble plus unifié et convaincant. Il restitue avec grande fidélité l’éblouissement provoqué par la chaude lumière du soleil. Dans les années 1850, alors qu’il réside à Hampstead et à Finchley, il peint un ensemble de petits paysages d’une grande originalité, traduisant différentes heures du jour et saisons et divers types de scènes. Il tente de restituer avec exactitude ce qu’il voit, sans se soucier des conventions du paysage tels les arbres servant d’encadrement, ou la perspective aérienne. Il exécute également des formats ovales ou circulaires pour se distancier des tableaux rectangulaires qui sont comme des fenêtres. La grande toile intitulée Un après-midi d’automne anglais est parfaitement conforme à la réalité. Il s’agit d’un vrai paysage moderne: la précision propre aux préraphaélites s’applique ici à une scène ordinaire et quotidienne dont les personnages portent des vêtements contemporains. Il fait référence aux idées du temps concernant le paysage et les loisirs. Brown n’était pas formé à la peinture de paysage. Il décrit dans son journal combien il doit lutter pour saisir les lumières et les couleurs sans cesse changeantes de la nature. Cependant ses paysages sont d’une finition de très grande qualité. 35. Windermere 1848, 1854–55 Huile sur toile National Museums Liverpool, Lady Lever Art Gallery 36. Vue de Shorn Ridgway, Kent 1849, 1850-51, (1873) Huile sur papier marouflé sur carton Amgueddfa Cymru – National Museum Wales. Don de Sylvia Crawshay, 1990 39. Une étude de la Brent à Hendon 1854, 1855 Huile sur carton Tate, Londres. Don de F. Hindley Smith, 1920 40. En moissonnant le grain 1854 Huile sur bois Tate, Londres. Acquis en 1934 42. Walton-on-the-Naze 1859-60 Huile sur toile Birmingham Museums and Art Gallery. Don du Trustees of the Public Picture Gallery Fund, 1915 41. Le pré de fauche 1855 Huile sur bois Tate, Londres. Acquis en 1974 43. En dehors de la ville 1843, 1858 Huile sur papier marouflé sur toile Manchester City Galleries 38. Un après-midi d’automne anglais, Hampstead – Scène en 1853 1852, 1853-54, 1855, (1856,1861) Huile sur toile Birmingham Museums and Art Gallery. Présenté par the Public Picture Gallery Fund, 1916 La vue, prise de la plus haute fenêtre de la maison de Ford Madox Brown, embrasse les hauts de Hampstead en direction de Hihgate. Elle restitue un effet de lumière qui a lieu précisément vers 15 h. un après-midi de fin d’octobre. La hauteur de la ligne d’horizon, le manque de perspective aérienne et le cadrage inhabituel témoignent de la détermination des préraphaélites de rejeter les approches visuelles conventionnelles. Même le paysage est loin d’être une charmante vue campagnarde mais bien une succession de granges, de vergers et d’arrière-jardins et de détails triviaux tels le pigeonnier constellé de fientes d’oiseaux. Le couple qui jouit de la vue indique clairement la position prise Brown qui requiert pour tout un chacun l’accès à ces lieux à un moment l’on commence à construire des villas à cet endroit. De cette façon, Brown confère à son tableau une dimension plus profonde en le transformant en un sujet d’histoire contemporaine. 46. Dernier regard sur l’Angleterre 1852-55 Huile sur bois Birmingham Museums and Art Gallery. Acquis en 1891 Ce tableau se fait l’écho de la grande vague d’émigration qui a lieu vers le milieu des années 1850. A cette époque des milliers de personnes, poussés par la pauvreté ou le chômage quittent l’Angleterre pour l’Australie ou l’Amérique. Cette toile nous présente également une autre approche du thème de la maternité. Le bébé est enveloppé dans le châle de sa mère, seule sa petite main est visible. Derrière le couple, deux voyous sont confinés, avec d’autres passagers, dans un espace restreint. Ford Madox Brown exécute l’ensemble avec un réalisme exacerbé, restituant “l’aspect particulier d’objets qui lors d’une journée nuageuse en mer semblent baignés de lumière”. L’homme et la femme sont des portraits de Brown et d’Emma, son épouse. Brown envisagea lui-même d’émigrer. Son visage reflète son désespoir de ne pas pouvoir vivre de son art. 48. Le travail 1852, 1855, 1856–63, 1865 Huile sur toile Manchester City Galleries Le Travail est la plus importante et la plus réflèchie des oeuvres de Brown consacrée à la vie quotidienne. Il la commença en 1852 et y travailla avec de nombreuses interruptions jusqu’en 1863. Au cours des années intermédiaires, il réalisa bon nombre d’autres toiles, mais celle-ci était de loin la plus ambitieuse. Il la considérait comme l’oeuvre de toute une vie. A première vue, il s’agit d’une vue urbaine animée, une représentation des activités fébriles de chacun au sein d’une ville victorienne en pleine expansion. La rue est peuplée d’individus consciement choisis au sein des différentes strates de la société. Rien que cette dernière donnée témoigne du caractère atypique de ce tableau pour son époque. Les artistes victoriens dédaignaient la représentativité d’habits modernes et s’ils peignaient des travailleurs, il s’agissait essentiellement de paysans ou de journaliers au sein d’un paysage rustique idéalisé. Le Travail est également une allégorie de la place qu’occupe le travail dans la société. Brown choisit ses personnages de façon consciente afin de pouvoir les opposer les uns aux autres: actifs et passifs, pauvreté et bien-être, travail manuel et intellectuel. Il représente les riches qui n’ont pas besoin de travailler, les sans-emplois qui ne peuvent trouver de travail, les travailleurs manuels, les colporteurs, les bénévoles qui s’occupent d’oeuvres sociales et les intellectuels qui proposent des idées à cette nouvelle société si puissante. Les intellectuels - que Brown qualifie de travailleurs cérébraux - sont les deux hommes situés à droite qui nous regardent. Il s’agit de portraits de personnes ayant existé: le pamphlétaire Thomas Carlyle et le pasteur Denison Maurice, un des fondateurs du socialisme chrétien. Tous deux sont la personnification des idées qui soustendent le tableau même si l’on trouve dans cette collection de détails colorés des références à d’autres tendances présentes dans la vie commune de l’époque victorienne. D’un point de vue purement visuel, tant de choses se produisent au sein du tableau que l’on est tout d’abord quelque peu dérouté. La composition est structurée mais Brown rompt ici les règles strictes de la peinture académique qu’il avait acquises lors de ses années d’apprentissage. Il n’y a pas de perspective aérienne, aucun point central clairement déterminé, de sorte que le regard du spectateur saute d’une zone à l’autre sans savoir ou se fixer. Tout est détaillé avec minutie, tout est examiné avec la même attention soutenue, tant à l’avant-plan qu’à l’arrière de sorte qu’il se produit un enchevêtrement de couleurs discordantes, de juxtapositions inattendues, de confrontations heurtées. L’acuité visuelle aigue qui caractérise les autres tableaux de la vie moderne peint par Brown, ne se retrouve donc pas ici. Mais c’est justement cette confusion qui traduit le bruit et l’agitation de la vie urbaine moderne. Au cours de l’été 1852, Brown vit un groupe d’ouvriers creuser une tranchée dans Heath Street à Hampstead, au nord de Londres. C’est ainsi que naquit l’idée du tableau. Les terrassiers personnifiaient pour Brown, le Travail dans sa forme la plus visible. Les terrassiers de Heath Street travaillaient à un collecteur faisant partie d’un plus large réseau de distribution d’eau destiné à fournir l’eau courrante à ce quartier. La santé et la propagation de l’hygiène étaient deux des thèmes exploités par les réformateurs et les philanthropes lors de leur campagne pour améliorer les conditions de vie de la classe ouvrière que l’on qualifiait à l’époque de “the Great Unwashed” (La masse malpropre ou Ceux qui ne se lavent pas). L’Hygiène est alors considérée comme un problème d’ordre moral, religieux et pratique. Dans le tableau intitulé Notre-Dame du samedi soir, une oeuvre de jeunesse de Brown la propreté du corps est associée à la pureté de l’âme. L’eau courrante était vitale dans la lutte contre les logements insalubres et la maladie. Au cours des années 1840-1850 survinrent plusieurs épidémies de cholèra. De même, en 1854, Brown lui-même participa à une collecte destinée “aux orphelins du choléra”. Typologie des personnages de Travail Brown intègre à son tableau des types de personnages contemporains que le spectateur pouvait aisément reconnaître grâce aux vêtements et aux attitudes. Il les décrit dans une brochure accompagnant sa composition dans laquelle il donne des indica- tions complémentaires qu’on ne peut déduire de la seule vision de l’oeuvre en imaginant des récits fictifs autour de chaque personnage ou en tentant de restituer leurs pensées. Pour figurer certains d’entre eux, des amis ou des membres de sa famille posèrent comme modèle. D’autres sont peints d’après des personnes rencontrées en rue qu’il put convaincre de venir poser pour lui. Les travailleurs cérébraux Les deux hommes qui se trouvent à droite du tableau sont ceux dont les idées inspirent la composition. Il s’agit de Thomas Carlyle (le plus grand des deux ) et du pasteur Frederick Maurice. Dans son ouvrage Past and Present (Passé et Présent) Carlyle déclare que le travail est la base d’une société plus équitable et la voie du salut personnel. Le tableau incarne ces idées qui se retrouvent sous forme de citations sur le cadre original (non exposé ici). Maurice est un pasteur, un réformateur social et un pédagogue. Il est un des fondateurs du parti social-chrétien et du Working Men’s College, un exemple novateur d’éducation ouvrière, où Brown donna cours pendant un certain temps. A gauche de la composition, le peintre représente sur le mur une affiche de ce college. Brown décrit Carlyle en Maurice comme des travailleurs cérébraux – dans notre langage actuel nous dirions des intellectuels qui selon Brown “semblent ne rien faire mais en réalité oeuvrent et se soucient d’un travail approprié et du bonheur des autres.” Les terrassiers Ces travailleurs sont occupés d’éventrer une rue. Brown les place au centre de la composition afin d’insister sur l’apport fondamental que le travail physique offre à la société. Chacun des ouvriers, caractérisés par une stature physique et un âge différents, est représenté effectuant un travail particulier – creuser, tamiser la terre, apporter des pierres, prendre une pause afin de se désaltérer, mélanger le ciment. Brown écrit que le jeune terrassier à gauche du groupe occupe la place du héros. Les enfants pauvres A l’avant-plan, au milieu, on voit un groupe d’enfants pauvres ou pour être exact une de ces bandes misérables et pouilleuses qui bruyamment vous courent dans les pieds. L’aîné des fillettes porte des vêtements d’emprunt qui sont trop grands pour elle. Le bébé porte des rubans noirs, signe de deuil, car sa mère est morte. Brown écrit que le père boit et que les enfants sont à l’abandon. Le vendeur de mouron L’homme portant un pannier rempli de plantes est un vendeur de mouron, une plante sauvage portant des baies qui servent de nourriture pour les oiseaux. Il regarde au travers des trous de son chapeau garni d’épis de blé, symbolisant traditionellement la folie. Ce type de colporteurs se recrutait souvent parmi parmi les sans-abri, les vagabonds ou les mendiants; Brown le décrit comme un va-nu-pied déguenillé qui n’ a jamais appris à travailler. Les dames riches Les belles dames symbolisent la classe possèdante qui ne doit pas travailler. La plus âgée s’occupe de bonnes-oeuvres. Elle distribue des tracts contre les abus de l’alcool et tente de le remettre à un des hommes dans la tranchée. Celui ne lui prête aucune attention. Dans sa description de l’oeuvre, Brown écrit de manière laconique que “il serait préférable que celle-ci recoive des prospectus comportant les idées des ouvriers”. La jeune femme à l’avant-plan est habillée à la mode. Elle est de celles “dont le seul but actuellement dans la vie est d’être joliment parée et belle pour notre seul plaisir”. Derrière ces femmes, un commissionnaire portant le plateau vert d’un pâtissier, personnifie l’abondance. Le parlementaire et sa fille L’homme à cheval accompagné d’une jeune femme sont un riche parlementaire et sa fille, vêtus d’habits coûteux mais sobres. Ils dominent la composition en tant que représentants de la classe dirigeante. Mais Brown n’avait pas une grande confiance dans les politiciens, c’est pourquoi il place les deux figures dans l’ombre alors que les enfants et les terrassiers qui jouissent de sa sympathie se retrouvent en pleine lumière. Le vendeur de bière L’homme qui tient un exemplaire du Times sous son bras et porte un gilet barriolé est un vendeur de bière. Dans sa main, il tient un porte-bouteilles vert. Brown le représente la bouche ouverte, vantant sa marchandise. D’après Brown, “il a probablement récolté son œil au beurre-noir, en tentant de maîtriser un voyou solidement bâti alors qu’il surveillait le négoce de son patron. Les Irlandais En raison de la pénurie de pommes de terre, en Irlande, au cours des années 1840, de nombreux Irlandais vinrent chercher du travail à Londres. Dans son commentaire du tableau , Brown explique que l’homme qui, à droite, mélange le ciment et celui qui s’appuie contre un arbre, sont des Irlandais. A côté de celui-ci sont assis un jeune irlandais, les pieds nus, son épouse et leur bébé qu’ils nourrissent. Contre un des bornes, sont couchés des émigrés endormis, peut-être s’agit-il d’Irlandais cherchant du travail? A l’extrème droite, on apperçoit un agent de police repoussant une vendeuse d’oranges. A l’époque, la plupart des vendeuses d’oranges à la sauvette étaient Irlandaises. Les chiens Au centre de la composition, placé de part et d’autre du groupe des orphelins, on appperçoit trois chiens. Ces trois animaux résument de façon symbolique les diverses classes sociales présentes au sein de la composition. A gauche, la levrette vêtue d’un manteau rouge appartient vraisemblablement à la jeune coquette. Fine et racée elle personnifie la classe possédante. Au centre couché sur la veste d’un des terrassiers, un chiot bull-terrier massif et musclé évoque la puissance des travailleurs. Vers la droite, une corde autour du cou en guise de laisse, un chien bâtard accompagne les jeunes orphelins. Comme eux, il vit dans la rue. 50. Esquisse pour ‘Le travail’ 1852/1855 (?) Crayon Manchester City Galleries 49. Les rues Mount et Heath à Hampstead 1852, 1855–56 Huile et crayon Manchester City Galleries 51. Etude pour ‘Le travail’ probablement réalisée en 1864, mais reprenant un dessin antérieur Aquarelle et crayon Manchester City Galleries 61. Thomas Carlyle 1858 Charles Thurston Thomson (photographe) Tirage albuminé Birmingham Museums and Art Gallery. Acquis en 1975 60. Carton pour Frederick Denison Maurice et Thomas Carlyle 1858 Crayon Manchester City Galleries 55. Carton pour le chiot bull-terrier fin des années 1850 Crayon Manchester City Galleries. Don de Virginia Surtees, 2010 56. Carton pour le chien batard fin des années 1850 Crayon Manchester City Galleries. Don de Virginia Surtees, 2010 54. Carton pour le lévrier fin des années 1850 Crayon The Ashmolean Museum Oxford. Don anonyme en mémoire de James Bannantyne Stewart Robinson, 1966 58. Carton pour le terrassier buvant de la bierre probablement à la fin des années 1850 Craie noire Manchester City Galleries 52. Feuille d’étude pour ‘Le travail’ probablement à la fin des années 1850 Crayon et encre Tate, Londres. Don d’Edmund Houghton, 1898 53. Etude du bras du terrassier probablement à la fin des années 1850 Crayon et lavis The Trustees of the British Museum, Londres 67. Etude pour ‘le prisonnier de Chillon’ 1856 Crayon The British Museum, Londres 57. Etude pour le bébé 1857 Craies de couleur National Museums Liverpool, Walker Art Gallery. Acquis avec l’aide du Art Fund, 1984 59. Etude pour la dame au parasol probablement à la fin des années 1850 Crayon National Museums Liverpool, Walker Art Gallery. Acquis avec l’aide du Art Fund, 1984 4. Emma Hill (étude pour ‘Le Roi Lear’) 1848 Craie noire Birmingham Museums and Art Gallery 5. Emma Hill (étude pour ‘Dernier regard sur l’Angleterre’) 1852 Craie noire et lavis Birmingham Museums and Art Gallery ZAAL E Le narrateur La peinture narrative offre à Ford Madox Brown l’opportunité de combiner son amour de la littérature avec ses capacités de peintre d’histoire. Il développe les techniques de narration qu’il avait étudiées en Belgique. Ses peintures se caractérisent par des mouvements et des expressions extrêmes. Son ami Charles Rowley écrit à ce sujet “ Certains de ses compositions les plus fortes recèlent des éléments si curieux, si exagérés, « si incontrôlés » que même ses meilleurs amis ne peuvent l’accepter. Cette profonde originalité est le prix à payer de son abondante et durable force créatrice” Brown est un lecteur acharné et bon nombre des sujets qu’il illustre sont de ses auteurs favoris. Il attaché une grande importance non seulement aux œuvres de William Shakespeare et de Lord Byron, mais aussi au texte de Thomas Carlyle, Héros et culte des héros. Les héros que Brown représente, sont des personnages intransigeants et non conventionnels, en marge de la société, tels Cordélia, Lear, Manfred ou le Prisonnier de Chillon. Brown héroïse également Thomas Carlyle dans son tableau Le Travail. Il peint également un des héros cher à Carlyle, Olivier Cromwell. Les passages de la Bible que Brown illustre sont souvent destinés à des vitraux ou des illustrations de livres. Jeune homme, il est, semble-t-il membre de l’Eglise d’Angleterre, mais vers la fin de sa vie, il est agnostique. Son admiration pour la Bible s’adresse bien plus aux leçons qu’elle contient pour la société moderne que à la doctrine religieuse. 62. Jésus lave les pieds de Pierre 1851–52, 1854, 1856, (1857, 1858) Huile sur toile Tate, Londres. Acquis par souscription en 1893 Après la dernière Cène, Jésus lave les pieds de ses disciples en témoignage d’humilité. Brown confère à cette scène une dimension politique, en mettant l’accent sur la sainteté des tâches les plus humbles et sur le renversement de l’ordre social établi. Des idées égalitaires identiques sont exprimées en des termes plus modernes dans son tableau Le travail. 64. La mise au tombeau 1866–69 Aquarelle et rehauts d’or Collection privée 63. Elie et le fils de la veuve 1868, (1869) Aquarelle et gouache Victoria and Albert Museum, Londres Le prophète Elie ramène à la vie le fils de la veuve de Sarepta qui était mort de maladie. Ford Madox Brown représente la femme agenouillée, rendant grâce à Elie qui porte l’enfant, encore enveloppé dans son linceul, à l’extérieur de la maison, en plein soleil. Le tableau mêle réalisme et pensée symbolique. Une bouteille est placée dans le mur afin de servir de nid aux hirondelles. L’ombre de l’oiseau symbolise le retour de l’âme dans le corps. 65. La part de Cordélia 1869 Crayon, encre, craie et lavis Manchester City Galleries. Legs de Edmund George Francis, 1917 Le tableau reprend la composition d’un des dessins parisiens présenté dans la salle B. Les détails expressifs du dessin des débuts de Ford Madox Brown sont ici combinés avec des caractéristiques de son style plus tardif: des formes contournées, des draperies ondoyantes, des structures décoratives, un coloris riche mais retenu. En 1893, Brown est un des artistes invités, à Bruxelles, par le groupe d’avant-garde belge, Les XX. Il expose, à l’occasion du dernier salon organisé par ceux-ci avant leur dissolution, différents tableaux dont La part de Cordélia . La toile impressionne la critique dont Emile Verhaeren et la revue d’avant-garde L’Art moderne lui consacre un article louangeur. 34. Le Roi Lear (Cordélia au chevet de Lear) 1848–49, 1853–54, (1862–63) Huile sur toile Tate, Londres. Acquis avec l’aide du Art Fund et de souscripteurs, 1916 70. En aval: le premier mai de l’an passé 1871 71. En aval: Le premier juin de cette année 1871 Jenkin (xylographe) d’après un dessin de Ford Madox Brown Xylographie Birmingham Museums and Art Gallery. Don de Charles Fairfax Murray, 1912 La première gravure illustre les premiers vers d’un poème de Dante Gabriel Rossetti: un homme embrasse passionnément une jeune femme dans un canot au bord de la rivière. La seconde se fait l’écho de la fin tragique du poème. Ces illustrations ont été réalisées pour un magazine littéraire, The Dark Blue, dont l’existence fut fort brève. 73. Le voyageur 1868, 1884 Huile sur bois Manchester City Galleries Un voyageur de nuit, solitaire, accompagné de son chien passe devant une auberge. Il semble ignorer l’hôtesse et son enfant, la fenêtre illuminée et la promesse d’un repas. Il poursuit son chemin, attiré par un feu follet luisant sur croix au bord du chemin. Le tableau est basé sur une illustration de Ford Madox Brown, inspiré par le poème de Victor Hugo, A un passant et destiné à un magazine. 66. Le prisonnier de Chillon 1857 Les Frères Dalziel (graveurs) d’après un dessin de Ford Madox Brown Xylographie Birmingham Museums and Art Gallery. Don de Charles Fairfax Murray, 1912 68. Etude de corps pour ‘le Prisonnier de Chillon’ 1856 Crayon Birmingham Museums and Art Gallery. Legs de James Richardson Holliday, 1927 69. Le corsaire 1869 Craie Manchester City Galleries Le poème de Lord Byron, Le corsaire décrit le retour de captivité de Conrad, un capitaine pirate. Il découvre alors sa bien-aimée Médora morte, ses cheveux répandus autour d’elle, tenant en main des fleurs mortes. Il s’agit d’une des six illustrations que Ford Madox Brown a conçues pour les poésies de Byron. Une autre de celles-ci représente Le rêve de Byron exposé dans cette même salle. 72. Le rêve de Byron 1874 Huile sur toile Manchester City Galleries Le poème de Lord Byron, Le rêve nous fait part de l’engouement du poète pour son premier amour de jeunesse, Mary Chaworth, qui le repoussa. Ford Madox Brown les représente tous deux, embarrassés, assis l’un à côté de l’autre: elle ne lui adresse aucun regard et observe avec impatience son futur époux qui de loin se dirige à cheval vers elle. Un dessin de Ford Madox Brown destiné à servir de page de titre à une édition des poésies de Byron est à l’origine de ce tableau. Le portraitiste Ford Madox Brown n’a pas peint de nombreux portraits de commande. La plupart de ses modèles sont sa famille ou ses amis qu’il insère également comme personnages dans sa peinture narrative. Pour ses portraits à part entière, il n’utilise pas les normes habituelles des portraitistes professionnels victoriens. Il varie son approche en fonction de chaque modèle. Cependant tous ses portraits sont approfondis et directs, sans aucune flatterie. Bon nombre de ceux-ci combinent ressemblance individuelle et signification plus générale. Ils possèdent des caractéristiques communes avec les portraits de belles dames peints par Rossetti mais sont dénués de tout érotisme. Les portraits d’enfants sont particulièrement vivants. Grâce à son habilité à voir par-delà les conventions, il parvient à dépeindre la personnalité réelle des enfants, sans cette sentimentalité et cette mièvrerie propre au portrait d’enfant victorien. 82. Madeline Scott 1883 Huile sur toile Manchester City Galleries Madeline est la fille de C.P. Scott, l’éditeur du Manchester Guardian (à l’heure actuelle The Guardian). Elle est représentée, à l’âge de sept ou huit ans, assise sur un tricycle dans le jardin de la propriété de ses parents, The Firs à Fallowfield. Ford Madox Brown réalise ce portrait au moment où, en Angleterre, la furie pour les tricycles atteint un point culminant. Le père de Madeline est un cycliste enthousiaste qui utilise chaque jour son vélo pour se rendre au bureau de son journal, situé en plein centre de la ville. 80. Catherine Madox Brown 1872 Craies de couleur Collection privée 79. En pensant (Emma Madox Brown) 1869 Craies de couleur Maidstone Museum and Bentlif Art Gallery Ce portrait montre Emma, âgée d’une quarantaine d’années. Ce tableau témoigne du style tardif de Ford Madox Brown, caractérisé par de larges draperies, de profondes lignes courbes et des couleurs retenues. Le titre tout comme le style est typique de l’oeuvre de Rossetti qui lui aussi utilise des titres comme Rêverie ou En rêvassant. En 1893, Brown a l’honneur d’être invité par le groupe d’avant-garde belge, Les XX. Ce tableau est l’un des trois exposés à cette occasion et suscite l’admiration des visiteurs. 81. Henry et Millicent Fawcett 1874 Huile sur toile National Portrait Gallery, Londres. Legs de Sir Charles Wentworth Dilke, 2nd Bt., 1911 Les Fawcett forment un couple intellectuel libéral. Henry Fawcett, aveugle depuis un accident de tir, est professeur de politique économique à l’université de Cambridge et un parlementaire libéral. Il est le premier aveugle qui a été élu au parlement. Son épouse (née Millicent Garrett) est une activiste féministe, luttant pour le vote des femmes. Après son mariage, elle devient sa secrétaire et son guide. Etroitement unis, chacun considérait l’autre comme son égal d’un point de vue intellectuel. Ford Madox Brown représente la jeune femme tenant une lettre que son mari lui a dictée. 78. Mauvais Sujet (La leçon d’écriture) 1862 Aquarelle Tate, Londres. Acquis en 1917 76. Le gamin anglais 1860 Huile sur toile Manchester City Galleries 77. La fillette irlandaise 1860 Huile sur toile Yale Center for British Art, Paul Mellon Fund Le gamin anglais est un portrait du fils de Ford Madox Brown, Oliver regardant avec impassibilité vers le spectateur. Le tableau est étonnant par son immédiateté. A l’opposé du jeune garçon au regard franc, la fillette irlandaise semble moins à son aise, inclinant la tête et regardant de biais. La petite fille est une vendeuse d’orange que Brown rencontre lorsque il cherche des modèles pour Le Travail. Les deux tableaux n’ont pas la même dimension mais forment cependant une paire. Leur titres suggèrent que Brown les considéraient comme des représentations du caractère national et non comme des portraits individuels. Peut-être faisait-il allusion au sérieux anglais opposé à la sauvagerie irlandaise, des stéréotypes communs à l’époque. Le chapeau et le fouet du garçonnet contrastent avec le bleuet rustique de la fillette. Brown les représente tous deux comme des personnages réels ayant autant de présence que de personnalité. 74. William Michael Rossetti 1856 Huile sur bois Wightwick Manor (National Trust) 75. James Leathart 1863, 1869 Huile sur toile Collection de la famille Leathart Leathart est un des plus importants industriels de Newcastle-on-Tyne. Il est aussi un des principaux mécènes des préraphaélites. Sa collection comporte alors des tableaux de Dante Gabriel Rossetti, d’Holman Hunt, de Ford Madox Brown et d’Arthur Hughes. Les jolis agneaux est la première œuvre de Brown, acquise en 1859, par Leathart. Il commanda également une réduction du Travail que l’on voit derrière lui sur le portrait. Leathart demande à Brown de peindre son portrait comme pendant de celui de son épouse réalisé par Rossetti. L’artiste y ajoute une vue montrant les principaux bâtiments ainsi qu’un ferry qui traverse la rivière amenant les ouvriers sur leur lieu de travail. 28. Lucy Madox Brown 1849 Huile sur carton Collection privée SALLE G La période de Manchester En 1878, la municipalité de Manchester demande à Ford Madox Brown de réaliser les peintures murales du nouvel hôtel de ville. Dans un premier temps, il élabore ses dessins à Londres et vient travailler sur place pour de courtes périodes. En réalité l’exécution des peintures murales prit plus de temps que prévu. Frederic Shields, un artiste local, chargé à l’origine de concevoir six des panneaux, se retire. Brown doit donc achever les douze panneaux. De 1881 à 1887, Brown s’installe à Manchester. Tout d’abord à Crumpsall ensuite à Victoria Park. Après 1887, il retourne à Londres et continue à travailler aux tableaux dans la capitale. Le dernier d’entre eux sera complété, en 1893, six mois avant sa mort. 103. Esquisse pour ‘Le procès de Wycliff en 1377’ 1885-1886 Huile sur toile Trustees of the Hamilton Bequest, 1929 Le réformateur religieux John Wycliffe (Ford Madox Brown écrit son nom de différentes façons) fut condamné pour hérésie lors d’un procès qui s’est tenu en la chapelle Notre-Dame de l’ancienne Cathédrale Saint-Paul de Londres. La scène évoque le début du nonconformisme à Manchester, même si le procès n’a pas eu lieu dans cette ville. Wycliffe est défendu par Jean de Gand, Duc de Lancastre. Jean de Gand, l’épée en main, plaide la cause de l’homme d’église devant l’Evêque de Londres et l’Archevêque de Canterbury. Il s’agit ici de l’étude préliminaire peinte par Brown avec plus de détails et en une dimension plus grande que ses autres études pour les peintures murales de Manchester. 101. Esquisse en couleur pour ‘Le baptême d’Edwin en 627 après J.C.’ 1879 Huile sur panneau Tullie House Museum & Art Gallery. Don du Dr. Gordon et de Emily Bottomley, 1949 Edwin est roi de Northumbrie et de Deira, région où se trouve Manchester Selon l’historien Bède, son épouse, la reine Ethelberge le persuade de devenir chrétien. Ford Madox Brown représente la reine assistant au baptême de son époux. Le sujet met l’accent sur l’introduction du christianisme à Manchester, car le baptême a eu lieu, en réalité, à York. 102. Esquisse pour ‘L’établissement des tisserands flamands à Manchester en 1362’ 1881, 1888 Tempera sur panneau Manchester City Galleries La reine Philippine de Hainaut, à qui on attribue l’établissement des tisserands flamands à Manchester, est représentée ici admirant un tissu vert tenu par des tisserands. Le thème principal est complété par des détails anecdotiques tels un des lévriers soigneusement lustrés appartenant à la reine, reniflant un chat de Manchester. Le panneau symbolise les débuts de l’industrie drapière à Manchester. Brown exécuta ce petit dessin avant de commencer la peinture murale puis l’achèva plus tard afin de pouvoir le vendre. 104. Esquisse pour ‘Crabtree attendant le passage de Vénus en 1639’ 1881, 1888 Tempera sur panneau Manchester City Galleries William Crabtree fixe des yeux l’ombre de Vénus passant devant le soleil et projetée au travers d’un télescope, placé dans un grenier sombre. Ce transit a été prédit par l’astronome Jeremiah Horrox et corroboré par les observations prises par son ami Crabtree. Le tableau symbolise les découvertes scientifiques. Le sujet a du plaire à Ford Madox Brown, car contrairement à Horrox, Crabtree, originaire de Broughton, Salford, n’était pas un homme instruit. Il était drapier de profession et l’artiste le représente enveloppé d’une robe de chambre en soie, laissant tomber d’émotion son compas et son carnet de note. Il s’agit ici du dessin original de Brown achevé par la suite pour le vendre. 105. Etude inachevée pour ‘John Kay, Inventeur de la navette volante en 1753’ 1888 Tempera sur panneau Manchester City Galleries Ce tableau montre des émeutiers qui tentent de s’introduire dans la demeure de John Kay afin de briser sa nouvelle invention, la navette volante. Celle-ci permet d’accélérer le tissage et de n’employer sur le métier à tisser qu’un homme à la place de deux. A droite, John Kay est enveloppé en hâte dans un drap et emmené vers une voiture qui l’attend à l’extérieur pour échapper aux insurgés. Le panneau évoque l’importance des inventions et de la mécanisation. Le designer Ford Madox Brown est un des fondateurs de Morris, Marshall, Faulkner & Co., la firme de décoration intérieure fondée par William Morris en 1861. Brown dessine une centaine de cartons de vitraux, réalisés ensuite par la firme, destinés pour la plupart à des églises. Certaines commandes sont cependant à usage domestique. Ses verrières, tout comme ses tableaux, sont originales, ont un dessin vigoureux et une forte expressivité. Il a également dessiné des motifs textiles et de papiers peints. Conjointement à Dante Gabriel Rossetti, il conçoit également les cadres de ses tableaux. Les deux artistes considère l’encadrement non pas comme une addition décorative au tableau mais bien comme faisant partie intégrante de celui-ci. Bon nombre de ceux présents dans cette exposition sont originaux et de la main de Brown. L’artiste est l’un des premiers a prôner l’égalité entre les beaux-arts et les arts appliqués. Cette attitude fondamentale est celle des doctrines de William Morris et plus tard du mouvement des Arts and Crafts dont les protagonistes admiraient l’œuvre de Brown. 93. Aristote (Philosophie) 1870, 1878 94. Alfred Le Grand (Royauté) 1878 95. William Shakespeare (Tragédie) 1878 Craie noire et lavis The University of Manchester Ce dessin fait partie d’un ensemble de douze cartons représentant les hommes illustres. Récupérée au sein de dessins de jeunesse, la série n’était pas destinée à la réalisation de vitraux. Ces héros forment en quelque sorte le panthéon personnel de l’artiste et servent à promouvoir son œuvre au moment où Ford Madox Brown est pressenti pour les peintures murales de l’hôtel de ville de Manchester. 87.- Le mariage de Sainte Edith 90. De gauche à droite: Le roi Athelstane, Sainte Edith, le roi de Northumbrie, La bénédiction nuptiale de l’Evêque. 1878 Cartons de vitraux, encre et lavis d’après des dessins de Ford Madox Brown, 1873 The Whitworth Art Gallery, The University of Manchester Ce projet montre le mariage d’Edith, sœur du roi anglo-saxon Athelstane, avec Sigtrig, roi de la Northumbrie du sud. La cérémonie se tint à Tamworth. Edith, fonde, par la suite, non loin de là, l’abbaye de Polesworth dont elle devint l’abbesse. Ford Madox Brown a uni, de façon inhabituelle, les différents personnages en une seule scène allant jusqu’à tendre des bras par-delà les divisions en pierre. Ce vitrail, faisant partie d’un ensemble destiné à l’église Sainte-Edith de Tamworth, est l’un des plus étonnant des projets de verrière de Brown. Les cartons originaux ont été perdus, mais ces répliques sont réalisées sous sa direction. 91. Saint Jude 1874 Carton de vitrail, craie noire et lavis National Museums Liverpool, Walker Art Gallery. Offert par les souscripteurs du Fund for Purchasing and Presenting Cartoons to Principal Galleries, 1894 Saint Jude est le patron des causes perdues. Habituellement, il tient en main une représentation du Christ. Ford Madox Brown lui attribue cependant un bâteau. Ce personnage est destiné à l’un des vitraux de la cathédrale de Llandaff. La petite scène du Naufrage de Saint Paul, présenté dans cette même exposition, fait partie de la même verrière. 86. Le serpent d’airain 1872, (1878) Carton pour un vitrail, craie noire et lavis Collection privée, en prêt à la Manchester City Galleries Dieu envoie des serpents afin de punir les Israelites qui s’étaient détournés de lui. Lorsqu’ils se repentent, Moïse intercède pour eux auprès de Dieu “Et le seigneur dit à Moïse : fabrique un serpent ardent et place-le au-dessus d’une perche : il viendra en aide à tous ceux qui sont mordus. Lorsqu’ils lèveront les yeux vers lui, ils vivront.” Le carton de vitrail de Ford Madox Brown est une de ses compositions les plus vigoureuses. Il montre les Israelites aux corps entourés de serpents qui lèvent les yeux vers le serpent d’airain afin de guérir. Le dessin a été réalisé pour un vitrail de l’église de la Sainte-Croix à Haltwhistle, dans le Northumberland. 85. Le mariage du roi René 1864 Huile sur panneau de bois Amgueddfa Cymru – National Museum Wales. Collection James Pyke-Thompson Le jeune époux, René, roi d’Anjou et sa reine, blottis l’un contre l’autre, entreprennent les plans de leur nouvelle demeure. Le dessin, qui comporte une note humoristique, a été conçu à l’origine pour un des panneaux peints d’un grand coffre dû à l’architecte John Pollard Seddon. Ce meuble comporte des scènes réalisées par Ford Madox Brown, Dante Gabriel Rossetti, Edward Burne-Jones et d’autres et montre le roi en compagnie de la reine pendant leur lune de miel s’occupant d’activités artistiques comportant la musique, la peinture, la sculpture et le jardinage. 92. Le naufrage de Saint Paul 1874 Carton pour un vitrail, craie noire et lavis. Manchester Metropolitan University Special Collections Saint Paul est prisonnier d’un navire pris au sein d’une forte tempête. Il exhorte les personnes qui sont à bord d’avoir la foi, de ne pas abandonner l’embarcation et de rompre ensemble le pain. Ford Madox Brown le représente tendant un morceau de pain à un centurion et à un rameur. 96. Chaise égyptienne 1858 Bois teint en partie noirci Victoria and Albert Museum, Londres 98. Lavabo 99. Table de toilette 100. Porte-serviettes 1860/62 Morris, Marshall, Faulkner & Co., d’après des dessins de Ford Madox Brown Bois teint en vert Collection de Kelmscott Manor. Avec l’autorisation de the Society of Antiquaries of London 97. Chaise du Sussex au siège arrondi Produit à partir de 1865 Morris, Marshall, Faulkner & Co., d’après les dessins de Ford Madox Brown Bois noirci, siège en paille Collection de Kelmscott Manor. Avec l’autorisation de la Society of Antiquaries of London 84. L’élagage (Le bûcheron) 1863 Morris, Marshall & Co., d’après un dessin de Ford MadoxBrown Vitrail William Morris Gallery, London Borough of Waltham Forest L’homme grimpant dans un arbre, tenant une scie et un couteau à élaguer, symbolise le mois de mars au sein d’un ensemble décrivant les travaux mensuels. Dans le coin supérieur droit, on voit Aries, le Bélier, un des signes du zodiaque. Ford Madox Brown dessina quatre des mois pour un ensemble de carreaux en céramique. Les autres furent conçus par Dante Gabriel Rossetti, Edward Burne-Jones et William Morris. Le vitrail est à l’origine destiné à la maison d’un industriel de Bradford. Cette demeure ne fut cependant pas construite. 83. La mort de Sire Tristan 1862 Morris, Marshall, Faulkner & Co., d’après un dessin de Ford Madox Brown Vitrail Bradford Museums and Galleries (Cliffe Castle Museum) Le roi Marc, époux d’Isolde, brandit l’épée avec laquelle il vient Sire de tuer Sire Tristan, l’amant de sa femme. Celle-ci, désespérée, se jette sur le corps de son bien-aimé. Ford Madox Brown dessine cette scène pour un ensemble de treize panneaux de verre racontant la légende de Tristan et Isolde. Ces vitraux ont été réalisés pour le hall d’entrée de la maison d’un marchand de Bradford, Walter Dunlop. Les autres scènes sont de Dante Gabriel Rossetti, Edward Burne-Jones, Arthur Hughes, Val Prinsep et William Morris.