Ford Madox Brown Pionnier pré-raphaélite 25.2.

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Ford Madox Brown Pionnier pré-raphaélite 25.2.
Ford Madox Brown
Pionnier pré-raphaélite
25.2. - .3.6.2012
FORUM + SALLE A
Ford Madox Brown (1821-1893) est l’une des personnalités les plus originale de
l’art anglais. Il est renommé pour ses chefs d’œuvre préraphaélites, Dernier regard
sur l’Angleterre et Le Travail. Tous deux sont des sujets réels puisés dans la vie
quotidienne combinant réalisme profond et version originale. Leur engagement
politique et social fait figure d’exception au sein de l’art victorien.
Brown a une forte influence sur les années de formation des jeunes préraphaélites.
Bien avant la création de la Confrérie préraphaélite en 1848, il élabore un style
nouveau qui s’inspire de la simplicité des primitifs qui précédèrent Raphaël. Les
membres de la Confrèrie reprirent ses conceptions mais lui-même subit à son tour
leur influence. Menant parallèlement leurs recherches, ils reprirent son sens du
détail minutieux et ses couleurs vives qui devinrent les caractéristiques du
Préraphaélisme.
La manière de peindre de Brown est anti-académique, rejetant toute solution de
facilité, mièvrerie et formules traditionnelles du style victorien. Ses paysages révèlent
de manière inattendue la beauté de lieux ordinaires et anticipe les effets de plein-air
chers aux impressionnistes.
Il dépeint les enfants sans la moindre sentimentalité et les pauvres sans aucune
condescendance. Il s’oppose aux idées traditionnelles concernant la beauté
artistique, le balancement des formes et le décorum. Brown est en avance sur son
temps par son emploi de couleurs affrontées, de poses heutées, de mouvements
agités, d’expression outrée et d’humour.
Cette rétrospective est la première exposition approfondie consacrée à cet artiste
depuis quarante ans. Elle témoigne de la volonté de l’artiste de voir d’un œil
renouvelé, d’apporter de l’air frais, de la lumière naturelle et du réalisme au sein
des formes traditionnelles acquises lors de son apprentissage.
Elle comporte également des vitraux et des meubles dessinés pour William Morris
et des modèles d’œuvres que Brown a réalisés pour Manchester où il a vécu pendant
plusieurs années pour la réalisation des peintures murales relatant l’histoire de
Manchester dessinées à l’Hôtel de ville. Ces peintures, sa dernière réalisation
importante, montrent que même à un âge avancé, l’artiste n’avait rien perdu de
son génie et de son inventivité.
L’artiste et sa famille
Le parcours de Ford Madox Brown est inhabituel pour un artiste anglais. Il nait à
Calais en 1821. Ses parents sont anglais mais vivent dans le nord de la France. Ils
envoient leur fils étudier aux académies d’art de Belgique. Après un séjour parisien,
il s’établit à Londres. Brown se marie à deux reprises. Sa première épouse, sa cousine
Elisabeth Bromley, meurt cinq ans après leur mariage. La seconde, Emma Hill est
illettrée lorsqu’ils se rencontrent et il lui fait donner une éducation tant domestique
que sociale. Ils s’unissent en secret, sept ans après la naissance de leur premier enfant.
Les tableaux de Brown ne se vendent pas facilement. Il en devient dépressif et reclus, quant à Emma , elle développe un problème de boisson. La famille n’a que peu
de moyens et durant les années 1850, leur situation est précaire. Deux des enfants
Brown meurent dans leur prime enfance. Son fils Olivier s’éteint à l’âge de 19 ans.
Deux filles, Lucy et Catherine survivent. Toutes deux furent artistes jusqu’à leur mariage. Au début de sa carrière, Brown fait appel à des modèles professionnels, mais
également aux membres de sa famille et à ses amis.
Plus tard, Brown eut des liaisons amoureuses avec deux jeunes femmes; Marie Spartali, une de ses élèves, ainsi que la poétesse libre-penseuse et féministe, Mathilde
Blind. Ces deux relations furent probablement purement platoniques. Quoiqu’il en
soit, son mariage avec Emma survit. Celle-ci reste son modèle favori et sa beauté
continue de l’inspirer jusqu’à sa mort en 1890.
3.
La famille Bromley
1844
Huile sur toile
Manchester City Galleries
Ford Madox Brown épouse sa cousine Elisabeth Bromley en 1840.
On la voit ici, sur le tableau, au premier rang, à droite, assise à côté de sa mère, alors veuve.
Elles sont entourées par d’autres membres de la famille. Les Bromley font partie de la classe
moyenne prospère du comté de Kent. La santé d’Elisabeth s’avère fort fragile, elle mourut de
tuberculose en 1846.
2.
Autoportrait
1850, (1853)
Craie noire
National Museums Liverpool, Walker Art Gallery. Acquis grâce au concours du Art Fund,
1984
1.
Autoportrait
1844/45
Huile sur carton
Grâce à l’entremise de Peter et Renate Nahum, London
Les premières années
Ford Madox Brown étudie tout d’abord aux Académies des Beaux-Arts de
Bruges et de Gand, puis à celle d’Anvers qui est alors une des figures de proue
de l’enseignement des Beaux-Arts en Europe. L’éducation, basée sur le modèle
de l’Académie des Beaux-Arts de Paris, y est beaucoup plus stricte et approfondie
que ce que l’on peut rencontrer, à la même époque, en Angleterre. Elle offre aux
étudiants autant une formation technique que de sérieuses compétences au niveau
de la composition et de l’anatomie. Ceci leur permet de produire de la grande
peinture d’histoire comportant des groupes de figures complexes et exaltant des
thèmes élevés puisés dans l’histoire, la littérature et la mythologie. Ce qui est
considéré comme le summum de l’art du peintre. Brown séjourne aussi pendant un
certain temps à Paris où il remet en question sa formation académique. Les quelques
tableaux de cette période, qui nous sont parvenus, sont sombres et dramatiques,
influencés par les romantiques français tels Eugène Delacroix et Hippolyte
Delaroche. Mais les tableaux de Brown sont plus personnels et moins léchés que
ceux de ces artistes en raison des expressions faciales outrées et de notations satiriques dus à son admiration pour William Hogarth. Son dessin rude et puissant,
comme on peut le voir dans la série consacrée au Roi Lear, s’oppose au style suave
enseigné dans les académies. Tout comme les romantiques français, Brown a une
nette prédilection pour les sujets tirés d’ouvrages de George Byron ou de William
Shakespeare. En France cette mode fut de courte durée par contre Brown éprouve
sa vie durant une passion pour l’histoire et la littérature anglaise.
8.
Daniel Casey
1848
Craie noire
Birmingham Museums and Art Gallery. Acquis par souscription, 1906
Ce dessin a été considéré de tout temps comme un portrait de l’artiste irlandais Daniel Casey,
un compagnon d’étude de Ford Madox Brown à Anvers. On sait que ce dernier a réalisé un
portrait de son ami. Celui-ci a cependant disparu et l’identification du personnage est
malaisée. Il est possible qu’il ne s’agisse pas de Casey mais bien d’un certain Meadows,
un modèle professionnel.
9.
Tête de jeune fille
ca 1840
Huile sur toile
Tate, Londres. Acquis en 1935
7.
F.H.S. Pendleton
1837
Huile sur bois
Manchester City Galleries
Frederick Henry Snow Pendleton est un compagnon d’études et un ami de Ford Madox
Brown durant ses études à l’Académie de Gand. Il lui apprend à jouer du violon. Brown
est à peine âgé de seize ans lorsqu’il peint ce portrait.
6.
Tête de jeune garçon
1836/1837
Huile sur toile
Birmingham Museums and Art Gallery. Offert par L.M. Angus-Butterworth par l’entremise
de The National Art Collections Fund, 1960
13.
Le prisonnier de Chillon
1843
Huile sur toile
Manchester City Galleries
Le poème de Lord Byron, Le prisonnier de Chillon raconte le sort réservé à un patriote
genevois , François de Bonivard, emprisonné en compagnie de ses frères, chacun enchaîné à
un pilier. Les deux frères perdant tout espoir se mettent à décliner et meurent. Ford Madox
Brown représente le moment où François de Bonivard, assiste impuissant au décès de son
second frère. L’intérieur sombre, éclairé par un rayon de soleil évoque ‘the pale and livid light’.
11.
Manfred sur la Jungfrau
1841, 1861
Huile sur toile
Manchester City Galleries
Manfred est le héros d’un poème dramatique de Lord Byron. Obsédé par la mort de sa
fiancée qu’il a tuée involontairement et souhaitant la mort, Manfred tente de se jeter dans un
précipice. Il est sauvé de justesse par l’arrivée d’un chasseur de chamois. La pose théâtrale
du personnage central est la conséquence de sa formation académique à Anvers et de son
observation des romantiques français. Le tableau, à l’origine plus sombre, a été repeint par
la suite dans des tons plus clairs typiques de son style préraphaélite.
L’exécution de Mary Stuart
1840/42
Huile sur bois
The Whitworth Art Gallery, The University of Manchester
Mary, reine d’Ecosse fut exécutée pour cause de trahison. Etant catholique, elle n’eut pas
l’autorisation d’être assistée par un prêtre. Ford Madox Brown la montre en compagnie du
doyen protestant de Lincoln qui lui déclare qu’elle sera damnée si elle n’abjure pas sa foi.
La reine le doigt sur la bouche, impose le silence à sa dame de compagnie qui sanglotte.
Brown présente une version de plus grande dimension de cette toile au Salon de Paris.
Ces couleurs sombres et le style mélodramatique sont typiques de son œuvre de jeunesse.
Dessins pour le Roi Lear
Lors de son séjour parisien, Ford Madox Brown réalisa seize illustrations de
scènes tirées du Roi Lear de William Shakespeare. Six d’entre elles sont présentées
ici. Brown aborde ainsi pour la première fois un des nombreux thèmes
shakespeariens qui parcourent son œuvre. Il est particulièrement fasciné par la
tragédie du Roi Lear en raison de l’expression démesurée des émotions et des
confrontations dramatiques entre les personnages. Brown montre ses figures non
dans des attitudes héroïques et conventionnelles mais dans une immédiateté terre à
terre qui confine au grotesque. Il rejette ainsi la manière de dessiner modérée et les
proportions idéales qu’il avait apprises en Belgique. William Michael Rossetti écrit
que les dessins pour Le Roi Lear sont ‘énergiquement mouvementés’. L’usage par
Brown d’une ligne libre et expressive est en avance sur son temps. Selon les normes
de l’époque, elle est considérée comme primitive et inachevée.
14.
Cordélia, déshéritée est demandée en mariage par le roi de France
1843/44
Encre (plume) et crayon
The Whitworth Art Gallery, The University of Manchester
15.
La séparation de Cordélia et de ses sœurs
1843/44
Encre (plume) et crayon
The Whitworth Art Gallery, The University of Manchester
16.
Le roi Lear qui n’a rien gardé pour lui qu’une escorte de 100 cavaliers…
1843/44
Encre (plume) et crayon
The Whitworth Art Gallery, The University of Manchester
17.
Le roi Lear ne veut pas croire que sa propre fille Régane a condamné aux entraves Kent,
son messager
1843/44
Encre (plume) et crayon
The Whitworth Art Gallery, The University of Manchester
18.
Le roi Lear se rend compte que Gonéril et Régane ont les mêmes intentions. Il les maudit et
fuit, sans espoir de trouver un abri au sein de la tempête qui se prépare
1843/44
Encre (plume) et crayon
The Whitworth Art Gallery, The University of Manchester
19.
Le roi Lear et son fou dans la tempête
1843/44
Encre (plume) et crayon
The Whitworth Art Gallery, The University of Manchester
SALLE B
Les tableaux de concours
Brown participe aux concours organisés à Londres en 1844 et 1845 pour la
réalisation des peintures murales du nouveau parlement. Les artistes doivent
envoyer des cartons grandeur nature (dessins préparatoires) accompagnés de
modèles de fresque ou d’autre type de peinture murale. Il leur est demandé de
traiter des sujets tirés de l’histoire et de la littérature anglaise ou des représentations
allégoriques de la Justice, de la Religion ou de la Chevalerie. Le choix de Brown
témoigne à la fois de son patriotisme et de sa sympathie pour les opprimés. Il dépeint
les Anglo-Saxons vaincus par l’envahisseur étranger et les abus de pouvoir d’un riche
baron.
Ces concours pour des peintures murales furent l’occasion pour Brown d’utiliser les
techniques de compositions à multiples personnages apprises lors de son séjour en
Belgique. Il ne remporte aucune commande mais ses œuvres lui valent des critiques
favorables et suscitent l’admiration du jeune Dante Gabriel Rossetti, à l’époque
encore un étudiant.
22. Etude pour un seigneur temporel de L’Esprit de Justice
1844/45
Craie noire
Birmingham Museums and Art Gallery. Présenté par Harold Hartley, 1905
21.
Etude pour ‘L’Esprit de Justice’
1844–45
Crayon, aquarelle et gouache
Manchester City Galleries
Une pauvre veuve opprimée par un puissant baron demande justice. Le baron est
accompagné par un conseiller véreux. Au-dessus d’eux se tiennent les barons chargés de
rendre la justice ainsi que les évêques et les pairs (pouvoir spirituel et temporel) ce qui
convient aux peintures murales d’un parlement. La Justice, une femme aux yeux bandés
est assise au sommet. La Clémence et l’Erudition se trouvent à sa droite, la Vérité et la
Sagesse, à sa gauche.
23. L’Ascension
1844
Huile sur toile
The Forbes Collection, New York
20. Le corps de Harold apporté à Guillaume le Conquérant
1844, 1861
Huile et cire encaustique sur toile
Manchester City Galleries
Après la bataille de Hastings, le corps du roi Harold est amené auprès du vainqueur, le roi
Guillaume. Ford Madox Brown propose ce tableau, considéré comme un exemple de peinture
à l’encaustique, au concours pour la réalisation des peintures murales du parlement.
Le tableau fut accompagné d’un carton en noir et blanc de 4 mètres par 4,5.
Changement de direction
Entre 1845 et 1846, Ford Madox Brown voyage à travers l’Europe en compagnie de
sa première femme Elisabeth afin de passer l’hiver à Rome dans l’intérêt de sa santé.
Ils passent par Bâle, Milan et Florence et séjournent durant sept mois à Rome. Ce
voyage, marqué par la tristesse, puisque Elisabeth meurt au cours de son retour en
Angleterre, a des conséquences radicales sur l’art de Brown. Son style change
profondément: ses couleurs s’allègent, il devient plus naturaliste et effectue des
essais en lumière naturelle afin d’apporter de “l’air et du soleil” à ses sujets
historiques. Il subit principalement l’influence de la Renaissance italienne, des
maîtres (primitifs) flamands qu’il a vus lors de son séjour en Belgique et des travaux
des peintres Nazaréens qu’il a rencontrés à Rome. Ses portraits sont marqués par le
réalisme sans compromis d’un Holbein et il compose de nombreux tableaux
montrant des maternités inspirées par les Vierges à l’Enfant italiennes et flamandes.
Même s’il est sensible à ces influences artistiques étrangères, il les adapte à des sujets
typiquement anglais qui témoignent de son patriotisme.
La nouvelle manière de peindre de Brown s’avère “préraphaélite” avant même que
le style porte ce nom et influence les compositions de ceux qui formeront, quelques
années plus tard, la fraternité préraphaélite. Son art est en harmonie avec celui du
jeune Dante Gabriel Rossetti. Ils furent amis toute leur vie. Rossetti le présenta à
William Holman Hunt et à John Everett Millais. En 1848, ceux-ci fondent la
fraternité préraphaélite. Brown n’en fut jamais un des membres mais son style
fut déterminant pour la formation des préraphaélites. Il fut de plus un de leurs
principaux représentants.
26. Notre-Dame du samedi soir
1847, 1852/53, 1854, 1861
Pastel, aquarelle, craie noire et rehauts d’or
Tate, Londres. Don d’Alfred A. de Pass 1910
Un ange présente un bassin d’eau à la Vierge Marie en train de baigner l’Enfant Jésus. Le
tableau est inspiré des modèles italiens de Vierge à l’Enfant que Ford Madox Brown a vus lors
de ses voyages. Il le décrit comme “l’expression des émotions et des souvenirs de l’art italien
qui toujours vibrent en moi”. Cependant, il modernise et anglicise le sujet. Le titre fait référence à la coutume des classes moyennes de l’époque victorienne de donner aux enfants un
bain par semaine : “ Les enfants sont des Anglais modernes, ils sont lavés, poudrés, peignés,
mis au lit et éduqués pour dire leurs prières comme des bébés protestants anglais”
Brown réalisa tout d’abord un dessin en noir et blanc et n’ajouta la couleur qu’en 1861.
25. La veillée des séraphins
1847
Huile sur bois
Collection privée
Un séraphin et un chérubin contemplent, dans le ciel, le fouet et la couronne d’épines, symboles des souffrances terrestres du Christ.
Ford Madox Brown put voir des figures angéliques similaires lors de son séjour en Italie sur
les tableaux de la Renaissance et ceux des Nazaréens, un groupe d’artistes allemands vivant à
Rome pour y retrouver la pureté et la spiritualité de la peinture des primitifs italiens. Brown
réalise deux versions de cette composition. Lorsqu’il présente la seconde version à Londres, il
l’intitule Une réminiscence des maîtres anciens.
24. Millie Smith
1846
Huile sur papier marouflé sur panneau de bois
National Museums Liverpool, Walker Art Gallery
27. James Bamford
1846
Huile sur toile
Collection privée
Tableaux concernant l’origine de la littérature anglaise
Ford Madox Brown est un lecteur fervent avec une prédilection “patriotique” pour
la littérature anglaise. Lors de son séjour à Rome, il eut l’idée de réaliser un grand
tableau célébrant les poètes anglais du passé comme des temps présents. Il le conçoit
en trois parties comme un retable d’autel. Pourtant , après son retour à Londres,
il ne le complète pas, abandonne les panneaux latéraux et peint une grande version
du panneau central. Il s’agit d’une scène médiévale élaborée et haute en couleurs
montrant Geoffrey Chaucer, le premier poète qui rejetant le latin et le français,
écrivit en langue anglaise. Il réalise également un hommage au grand théologien
du moyen-âge, John Wycliffe, qui le premier traduisit la Bible de latin en anglais.
Brown considère que ces deux écrivains ont démocratisé la littérature la rendant
accessible à un plus grand public.
31.
Geoffrey Chaucer lit la Légende de Constance devant Edouard III et sa cour
1850, 1864–65, 1867-68
Huile sur toile
Tate, Londres. Acquis en 1906
Chaucer lit son texte devant la famille royale et une assemblée de courtisans richement vêtus.
Leur différentes expressions et les gestes pris sur le vif confèrent une dynamique à la scène.
Il s’agit ici du premier tableau historique que Ford Madox Brown peint en lumière naturelle
“comme si cela est réellement peint à un moment précis et non pas en un temps indistinct ou
incertain”.
La fontaine au centre de la composition et le laboureur semant le grain, à l’arrière-plan,
symbolisent le rôle de Chaucer comme initiateur de la poésie anglaise. Dante Gabriel Rossetti
servit de modèle pour le personnage de Chaucer. Ce tableau, basé sur le panneau central
des Semences et des fruits de la poésie anglaise, est une réplique d’une toile de plus grandes
dimensions que Brown expose à la Royal Academy en 1851. Celle-ci est exposée de nos jours
à l’Art Gallery of New South Wales de Sydney.
33. Etude de Jean Froissart pour ‘Chaucer’
1847
Huile sur carton
Manchester City Galleries
30. Les semences et les fruits de la poésie anglaise
1845–51, (1853)
Huile sur toile
The Ashmolean Museum, Oxford. Don de Mme W.F.R. Weldon, 1920
Le panneau central montre le poète Geoffrey Chaucer faisant la lecture à Edouard III.
Les volets sont occupés par des poètes plus tardifs; à gauche on reconnaît John Milton,
Edmund Spenser et William Shakespeare, et au-dessus le profil d’Oliver Goldsmith.
A droite se trouvent Lord Byron, Alexander Pope et Robert Burns ainsi que le profil de
James Thomson. Dans les écoinçons de la voûte un barde saxon et un troubadour normand
sont endormis. Tous deux représentent la tradition poétique que Chaucer a supplantée. Ford
Madox Brown a commencé ce tableau à Rome. Il s’agit d’une étude pour un grand triptyque
semblable aux retables gothiques. Seul le panneau central fut réalisé en grande dimension.
29. La première traduction de la Bible en anglais: Wycliffe lit sa traduction du nouveau
testament à son protecteur Jean de Gand, Duc de Lancastre, en présence de ses disciples
Chaucer et Gower
1847-48, 1859–61
Huile sur toile
Bradford Museums and Galleries (Cartwright Hall Art Gallery)
Au centre se dresse le réformateur religieux John Wycliffe, pieds nus et habillé de manière
austère. A sa gauche son protecteur Jean de Gand et son épouse écoutant attentivement.
Cependant leur fillette s’est endormie, il s’agit ici d’une notation humoristique typique de
Ford Madox Brown. A droite se trouvent les poètes Geoffrey Chaucer et John Gower. Les
deux tondi montrent un moine portant un livre fermé et un ange portant un livre ouvert
symbolisant respectivement le catholicisme et le protestantisme. La composition symétrique
et les couleurs pâles sont comparées, par un critique de l’époque, aux fresques florentines.
A l’origine, la tonalité de l’oeuvre était plus pâle. Brown la retouche par la suite pour la rendre
plus éclatante. Depuis lors les tons se sont assombris.
12.
Tête du prince Azo (Etude pour Parisina)
1842
Craie noire et lavis
Birmingham Museums and Art Gallery. Acquis par souscription, 1906
Il s’agit ici d’une étude de l’expression démoniaque du prince Azo, un des personnages du
poème de Lord Byron Parisina. Azo tente de tuer son épouse, lorsque à son réveil, il entend
celle-ci murmurer dans son sommeil le nom de son amant, le fils naturel d’Azo. La Parisina
de Ford Madox Brown est refusée, en 1843, au Salon à Paris, le sujet étant jugé inconvenant.
Il sera exposé plus tard à Londres, ou le thème du tableau ne rencontre aucune objection.
32. Etude d’un homme portant chaperon et chapeau pour ‘Chaucer’
1847
Craie noire
Birmingham Museums and Art Gallery. Acquis par souscription, 1906
SALLE D
Le peintre de la vie moderne
Ford Madox Brown est l’un des premiers artistes du XIXe siècle à peindre avec
sérieux des sujets contemporains, abordant des problèmes sociaux et politiques.
Brown ne mène pas une vie politique active, mais il a des idées précises sur le sujet.
Il critique avec aigreur la noblesse et le système des classes et admire Thomas
Carlyle qui condamne le matérialisme victorien et l’hypocrisie. Sa conscience sociale
se manifeste dans l’aide qu’il apporte aux défavorisés: il enseigne au Working Men’s
College à Londres et fonde un Bureau du Travail à Manchester, afin de venir en aide
aux chômeurs. Il est également un patriote convaincu et rejoint les volontaires du
Artist’s Rifles Corps lorsque se répandent les rumeurs d’une invasion française de
l’Angleterre, à la fin des années 1850. Brown aborde pour la première fois un sujet
de la vie moderne avec Attent, une modeste scène domestique peinte au début de
l’année 1851. L’année suivante, il imagine trois sujets de tableaux plus largement
en rapport avec les idées de l’époque. Ceux-ci sont probablement Un après-midi
d’automne anglais, La dernière vision de l’Angleterre et Le Travail.
Dans ses trois œuvres, Brown remet au goût du jour la peinture d’histoire et
de paysage du dix-neuvième siècle. Ainsi il accumule les détails triviaux au lieu
d’aborder des thèmes plus élevés et aborde, au lieu de mythes ou de faits héroïques,
la transformation du paysage et des loisirs dans Un après-midi d’automne anglais,
l’émigration dans La dernière vision de l’Angleterre et les classes sociales et les
inégalités qui en découlent dans Le Travail. Leur réalisme intense découle de son
zèle à observer le moindre détail, de ses recherches sur la lumière naturelle et de sa
vision acérée, rejetant tout artifice ou convention.
44. Attente: Au coin de feu en Angleterre vers 1854–55
1851–52, 1854–55
Huile sur bois
National Museums Liverpool, Walker Art Gallery. Acquis à l’aide de subsides du National
Heritage Memorial Fund, du V&A Purchase Fund, du Pilgrim Trust et des Friends of
Merseyside Museums and Galleries, 1985
45.
‘Prenez votre fils, Monsieur’
1851–52, 1856–57, 1860
Huile sur toile
Tate, Londres. Don de Mlle Emily Sargent et Mme Ormond en mémoire de leur frère John S.
Sargent, 1929
Ford Madox Brown commence par une étude montrant Emma riant. Il élargit ensuite la toile
et la peint présentant son bébé au père qui se reflète dans le miroir situé derrière elle. Mais
Ford Madox Brown commence par une étude montrant Emma riant. Il élargit ensuite la toile
et la peint présentant son bébé au père qui se reflète dans le miroir situé derrière elle. Mais
Brown n’aime pas ce tableau et le laisse inachevé.
En raison de la grimace de la jeune femme, on a souvent considéré celle-ci était une femme
non mariée montrant son fils illégitime à un amant récalcitrant. Mais il est probable que
Brown veut au contraire mettre l’accent sur la fierté des parents face à un nouveau-né. Son jeune
fils Arthur qui venait de naître sert de modèle pour le bébé.
Le modèle de miroir convexe dans lequel se reflète le spectateur est emprunté au Portrait Arnolfini
de Jan Van Eyck qui se trouve à la National Gallery de Londres. Brown place le miroir de telle sorte
qu’il forme une auréole autour de la tête de la femme, comme s’il sanctifiait cette maternité.
47. Etapes de la cruauté
1856, 1857–60, 1890
Huile sur toile
Manchester City Galleries
Nous nous trouvons ici face à un tableau moralisateur dans la lignée de ceux réalisés au
dix-huitième siècle par William Hogarth. Une jeune femme ignore les supplications d’un
amoureux. Elle brode, un bouquet d’amarante accroché au corsage. Son attitude cruelle
trouve un écho dans la manière où la petite fille traite son chien. Le titre du tableau est
emprunté à une série d’estampes de Hogarth montrant que la cruauté envers les animaux
chez l’enfant se transforme en attitudes criminelles à l’âge adulte.
36. Les jolis agneaux
1851, 1852, 1853, 1859
Huile sur bois
Birmingham Museums and Art Gallery. Acquis en 1956
Ford Madox Brown peint son épouse et un bébé, en plein soleil, dans leur jardin.
Les moutons viennent des pâturages de Clapham Common, situés non loin de là. Les
personnages tout comme l’arrière-fond sont peints pour la première fois en plein air. Brown
restitue les contrastes colorés perceptibles dans les zones d’ombre telles les touches bleues et
pourpres placées sur les tons de chair, une innovation que l’on attribue habituellement aux
impressionnistes français. Lorsque le tableau fut exposé pour la première fois, le public fut
choqué par l’étonnant mélange de modernité et de références historiques. Il pourrait s’agir ici
d’une Madone à l’Enfant, mais Brown dénie toute connotation religieuse. La robe qui date du
dix-huitième siècle semble inappropriée au stricte réalisme moderne de Brown. Le langage
puéril du titre fit dire à la critique que cette œuvre est “une production fantastique et puérile
…un bel effort pour une nursery”
Le peintre de paysage
Les premiers paysages de Ford Madox Brown se situent en marge de ses
compositions historiques; Il s’agit de tableaux, réalisés d’après de petites études faites
en plein air, mais peints dans l’atelier. Les autres préraphaélites, s’inspirant de l’idée
prônée par Ruskin que seule la nature est vraie, exécutent leurs grands tableaux de
paysage en plein air mais y ajoutent les personnages, plus tard, dans l’atelier.
La toile Les jolis agneaux amorce un revirement. Pour la première fois, Brown peint
à l’air libre, à la fois les figures et le paysage afin d’obtenir un ensemble plus unifié et
convaincant. Il restitue avec grande fidélité l’éblouissement provoqué par la chaude
lumière du soleil. Dans les années 1850, alors qu’il réside à Hampstead et à Finchley,
il peint un ensemble de petits paysages d’une grande originalité, traduisant différentes heures du jour et saisons et divers types de scènes.
Il tente de restituer avec exactitude ce qu’il voit, sans se soucier des conventions du
paysage tels les arbres servant d’encadrement, ou la perspective aérienne. Il exécute
également des formats ovales ou circulaires pour se distancier des tableaux
rectangulaires qui sont comme des fenêtres. La grande toile intitulée Un après-midi
d’automne anglais est parfaitement conforme à la réalité. Il s’agit d’un vrai paysage
moderne: la précision propre aux préraphaélites s’applique ici à une scène ordinaire
et quotidienne dont les personnages portent des vêtements contemporains. Il fait
référence aux idées du temps concernant le paysage et les loisirs. Brown n’était pas
formé à la peinture de paysage. Il décrit dans son journal combien il doit lutter pour
saisir les lumières et les couleurs sans cesse changeantes de la nature. Cependant ses
paysages sont d’une finition de très grande qualité.
35. Windermere
1848, 1854–55
Huile sur toile
National Museums Liverpool, Lady Lever Art Gallery
36. Vue de Shorn Ridgway, Kent
1849, 1850-51, (1873)
Huile sur papier marouflé sur carton
Amgueddfa Cymru – National Museum Wales. Don de Sylvia Crawshay, 1990
39. Une étude de la Brent à Hendon
1854, 1855
Huile sur carton
Tate, Londres. Don de F. Hindley Smith, 1920
40. En moissonnant le grain
1854
Huile sur bois
Tate, Londres. Acquis en 1934
42. Walton-on-the-Naze
1859-60
Huile sur toile
Birmingham Museums and Art Gallery. Don du Trustees of the Public Picture Gallery Fund,
1915
41.
Le pré de fauche
1855
Huile sur bois
Tate, Londres. Acquis en 1974
43. En dehors de la ville
1843, 1858
Huile sur papier marouflé sur toile
Manchester City Galleries
38. Un après-midi d’automne anglais, Hampstead – Scène en 1853
1852, 1853-54, 1855, (1856,1861)
Huile sur toile
Birmingham Museums and Art Gallery. Présenté par the Public Picture Gallery Fund, 1916
La vue, prise de la plus haute fenêtre de la maison de Ford Madox Brown, embrasse les hauts
de Hampstead en direction de Hihgate. Elle restitue un effet de lumière qui a lieu
précisément vers 15 h. un après-midi de fin d’octobre. La hauteur de la ligne d’horizon, le
manque de perspective aérienne et le cadrage inhabituel témoignent de la détermination des
préraphaélites de rejeter les approches visuelles conventionnelles.
Même le paysage est loin d’être une charmante vue campagnarde mais bien une succession
de granges, de vergers et d’arrière-jardins et de détails triviaux tels le pigeonnier constellé de
fientes d’oiseaux. Le couple qui jouit de la vue indique clairement la position prise Brown qui
requiert pour tout un chacun l’accès à ces lieux à un moment l’on commence à construire des
villas à cet endroit. De cette façon, Brown confère à son tableau une dimension plus profonde
en le transformant en un sujet d’histoire contemporaine.
46. Dernier regard sur l’Angleterre
1852-55
Huile sur bois
Birmingham Museums and Art Gallery. Acquis en 1891
Ce tableau se fait l’écho de la grande vague d’émigration qui a lieu vers le milieu des années
1850. A cette époque des milliers de personnes, poussés par la pauvreté ou le chômage
quittent l’Angleterre pour l’Australie ou l’Amérique. Cette toile nous présente également une
autre approche du thème de la maternité. Le bébé est enveloppé dans le châle de sa mère,
seule sa petite main est visible. Derrière le couple, deux voyous sont confinés, avec d’autres
passagers, dans un espace restreint. Ford Madox Brown exécute l’ensemble avec un réalisme
exacerbé, restituant “l’aspect particulier d’objets qui lors d’une journée nuageuse en mer
semblent baignés de lumière”. L’homme et la femme sont des portraits de Brown et d’Emma,
son épouse. Brown envisagea lui-même d’émigrer. Son visage reflète son désespoir de ne pas
pouvoir vivre de son art.
48. Le travail
1852, 1855, 1856–63, 1865
Huile sur toile
Manchester City Galleries
Le Travail est la plus importante et la plus réflèchie des oeuvres de Brown consacrée
à la vie quotidienne. Il la commença en 1852 et y travailla avec de nombreuses
interruptions jusqu’en 1863. Au cours des années intermédiaires, il réalisa bon
nombre d’autres toiles, mais celle-ci était de loin la plus ambitieuse. Il la considérait
comme l’oeuvre de toute une vie.
A première vue, il s’agit d’une vue urbaine animée, une représentation des activités
fébriles de chacun au sein d’une ville victorienne en pleine expansion. La rue est
peuplée d’individus consciement choisis au sein des différentes strates de la société.
Rien que cette dernière donnée témoigne du caractère atypique de ce tableau pour
son époque. Les artistes victoriens dédaignaient la représentativité d’habits
modernes et s’ils peignaient des travailleurs, il s’agissait essentiellement de paysans
ou de journaliers au sein d’un paysage rustique idéalisé.
Le Travail est également une allégorie de la place qu’occupe le travail dans la société.
Brown choisit ses personnages de façon consciente afin de pouvoir les opposer les
uns aux autres: actifs et passifs, pauvreté et bien-être, travail manuel et
intellectuel. Il représente les riches qui n’ont pas besoin de travailler, les sans-emplois
qui ne peuvent trouver de travail, les travailleurs manuels, les colporteurs, les
bénévoles qui s’occupent d’oeuvres sociales et les intellectuels qui proposent des idées
à cette nouvelle société si puissante.
Les intellectuels - que Brown qualifie de travailleurs cérébraux - sont les deux
hommes situés à droite qui nous regardent. Il s’agit de portraits de personnes
ayant existé: le pamphlétaire Thomas Carlyle et le pasteur Denison Maurice, un des
fondateurs du socialisme chrétien. Tous deux sont la personnification des idées
qui soustendent le tableau même si l’on trouve dans cette collection de détails
colorés des références à d’autres tendances présentes dans la vie commune de
l’époque victorienne.
D’un point de vue purement visuel, tant de choses se produisent au sein du tableau
que l’on est tout d’abord quelque peu dérouté. La composition est structurée mais
Brown rompt ici les règles strictes de la peinture académique qu’il avait acquises lors
de ses années d’apprentissage. Il n’y a pas de perspective aérienne, aucun point
central clairement déterminé, de sorte que le regard du spectateur saute d’une zone
à l’autre sans savoir ou se fixer. Tout est détaillé avec minutie, tout est examiné avec
la même attention soutenue, tant à l’avant-plan qu’à l’arrière de sorte qu’il se produit
un enchevêtrement de couleurs discordantes, de juxtapositions inattendues, de
confrontations heurtées. L’acuité visuelle aigue qui caractérise les autres tableaux
de la vie moderne peint par Brown, ne se retrouve donc pas ici. Mais c’est justement
cette confusion qui traduit le bruit et l’agitation de la vie urbaine moderne.
Au cours de l’été 1852, Brown vit un groupe d’ouvriers creuser une tranchée dans
Heath Street à Hampstead, au nord de Londres. C’est ainsi que naquit l’idée du
tableau. Les terrassiers personnifiaient pour Brown, le Travail dans sa forme la plus
visible. Les terrassiers de Heath Street travaillaient à un collecteur faisant partie d’un
plus large réseau de distribution d’eau destiné à fournir l’eau courrante à ce quartier.
La santé et la propagation de l’hygiène étaient deux des thèmes exploités par les
réformateurs et les philanthropes lors de leur campagne pour améliorer les
conditions de vie de la classe ouvrière que l’on qualifiait à l’époque de “the Great
Unwashed” (La masse malpropre ou Ceux qui ne se lavent pas). L’Hygiène est alors
considérée comme un problème d’ordre moral, religieux et pratique. Dans le tableau
intitulé Notre-Dame du samedi soir, une oeuvre de jeunesse de Brown la propreté du
corps est associée à la pureté de l’âme. L’eau courrante était vitale dans la lutte contre
les logements insalubres et la maladie. Au cours des années 1840-1850 survinrent
plusieurs épidémies de cholèra. De même, en 1854, Brown lui-même participa à une
collecte destinée “aux orphelins du choléra”.
Typologie des personnages de Travail
Brown intègre à son tableau des types de personnages contemporains que le spectateur pouvait aisément reconnaître grâce aux vêtements et aux attitudes. Il les décrit
dans une brochure accompagnant sa composition dans laquelle il donne des indica-
tions complémentaires qu’on ne peut déduire de la seule vision de l’oeuvre en imaginant des récits fictifs autour de chaque personnage ou en tentant de restituer leurs
pensées. Pour figurer certains d’entre eux, des amis ou des membres de sa famille
posèrent comme modèle. D’autres sont peints d’après des personnes rencontrées en
rue qu’il put convaincre de venir poser pour lui.
Les travailleurs cérébraux
Les deux hommes qui se trouvent à droite du tableau sont ceux dont les idées
inspirent la composition. Il s’agit de Thomas Carlyle (le plus grand des deux ) et du
pasteur Frederick Maurice. Dans son ouvrage Past and Present (Passé et Présent)
Carlyle déclare que le travail est la base d’une société plus équitable et la voie du salut
personnel. Le tableau incarne ces idées qui se retrouvent sous forme de citations sur
le cadre original (non exposé ici). Maurice est un pasteur, un réformateur social et
un pédagogue. Il est un des fondateurs du parti social-chrétien et du Working Men’s
College, un exemple novateur d’éducation ouvrière, où Brown donna cours pendant
un certain temps. A gauche de la composition, le peintre représente sur le mur une
affiche de ce college. Brown décrit Carlyle en Maurice comme des travailleurs
cérébraux – dans notre langage actuel nous dirions des intellectuels qui selon Brown
“semblent ne rien faire mais en réalité oeuvrent et se soucient d’un travail approprié
et du bonheur des autres.”
Les terrassiers
Ces travailleurs sont occupés d’éventrer une rue. Brown les place au centre de la
composition afin d’insister sur l’apport fondamental que le travail physique offre
à la société. Chacun des ouvriers, caractérisés par une stature physique et un âge
différents, est représenté effectuant un travail particulier – creuser, tamiser la terre,
apporter des pierres, prendre une pause afin de se désaltérer, mélanger le ciment.
Brown écrit que le jeune terrassier à gauche du groupe occupe la place du héros.
Les enfants pauvres
A l’avant-plan, au milieu, on voit un groupe d’enfants pauvres ou pour être exact une
de ces bandes misérables et pouilleuses qui bruyamment vous courent dans les pieds.
L’aîné des fillettes porte des vêtements d’emprunt qui sont trop grands pour elle. Le
bébé porte des rubans noirs, signe de deuil, car sa mère est morte. Brown écrit que le
père boit et que les enfants sont à l’abandon.
Le vendeur de mouron
L’homme portant un pannier rempli de plantes est un vendeur de mouron, une
plante sauvage portant des baies qui servent de nourriture pour les oiseaux. Il
regarde au travers des trous de son chapeau garni d’épis de blé, symbolisant
traditionellement la folie. Ce type de colporteurs se recrutait souvent parmi parmi
les sans-abri, les vagabonds ou les mendiants; Brown le décrit comme un va-nu-pied
déguenillé qui n’ a jamais appris à travailler.
Les dames riches
Les belles dames symbolisent la classe possèdante qui ne doit pas travailler. La plus
âgée s’occupe de bonnes-oeuvres. Elle distribue des tracts contre les abus de l’alcool
et tente de le remettre à un des hommes dans la tranchée. Celui ne lui prête aucune
attention. Dans sa description de l’oeuvre, Brown écrit de manière laconique que
“il serait préférable que celle-ci recoive des prospectus comportant les idées des
ouvriers”. La jeune femme à l’avant-plan est habillée à la mode. Elle est de celles
“dont le seul but actuellement dans la vie est d’être joliment parée et belle pour notre
seul plaisir”. Derrière ces femmes, un commissionnaire portant le plateau vert d’un
pâtissier, personnifie l’abondance.
Le parlementaire et sa fille
L’homme à cheval accompagné d’une jeune femme sont un riche parlementaire et
sa fille, vêtus d’habits coûteux mais sobres. Ils dominent la composition en tant que
représentants de la classe dirigeante. Mais Brown n’avait pas une grande confiance
dans les politiciens, c’est pourquoi il place les deux figures dans l’ombre alors que
les enfants et les terrassiers qui jouissent de sa sympathie se retrouvent en pleine
lumière.
Le vendeur de bière
L’homme qui tient un exemplaire du Times sous son bras et porte un gilet barriolé
est un vendeur de bière. Dans sa main, il tient un porte-bouteilles vert. Brown le
représente la bouche ouverte, vantant sa marchandise. D’après Brown, “il a
probablement récolté son œil au beurre-noir, en tentant de maîtriser un voyou
solidement bâti alors qu’il surveillait le négoce de son patron.
Les Irlandais
En raison de la pénurie de pommes de terre, en Irlande, au cours des années 1840,
de nombreux Irlandais vinrent chercher du travail à Londres. Dans son commentaire
du tableau , Brown explique que l’homme qui, à droite, mélange le ciment et celui
qui s’appuie contre un arbre, sont des Irlandais. A côté de celui-ci sont assis un jeune
irlandais, les pieds nus, son épouse et leur bébé qu’ils nourrissent. Contre un des
bornes, sont couchés des émigrés endormis, peut-être s’agit-il d’Irlandais cherchant
du travail? A l’extrème droite, on apperçoit un agent de police repoussant une
vendeuse d’oranges. A l’époque, la plupart des vendeuses d’oranges à la sauvette
étaient Irlandaises.
Les chiens
Au centre de la composition, placé de part et d’autre du groupe des orphelins, on
appperçoit trois chiens. Ces trois animaux résument de façon symbolique les diverses
classes sociales présentes au sein de la composition. A gauche, la levrette vêtue d’un
manteau rouge appartient vraisemblablement à la jeune coquette. Fine et racée elle
personnifie la classe possédante. Au centre couché sur la veste d’un des terrassiers,
un chiot bull-terrier massif et musclé évoque la puissance des travailleurs. Vers la
droite, une corde autour du cou en guise de laisse, un chien bâtard accompagne les
jeunes orphelins. Comme eux, il vit dans la rue.
50. Esquisse pour ‘Le travail’
1852/1855 (?)
Crayon
Manchester City Galleries
49. Les rues Mount et Heath à Hampstead
1852, 1855–56
Huile et crayon
Manchester City Galleries
51.
Etude pour ‘Le travail’
probablement réalisée en 1864, mais reprenant un dessin antérieur
Aquarelle et crayon
Manchester City Galleries
61. Thomas Carlyle
1858
Charles Thurston Thomson (photographe)
Tirage albuminé
Birmingham Museums and Art Gallery. Acquis en 1975
60. Carton pour Frederick Denison Maurice et Thomas Carlyle
1858
Crayon
Manchester City Galleries
55. Carton pour le chiot bull-terrier
fin des années 1850
Crayon
Manchester City Galleries. Don de Virginia Surtees, 2010
56. Carton pour le chien batard
fin des années 1850
Crayon
Manchester City Galleries. Don de Virginia Surtees, 2010
54. Carton pour le lévrier
fin des années 1850
Crayon
The Ashmolean Museum Oxford. Don anonyme en mémoire de James Bannantyne Stewart
Robinson, 1966
58. Carton pour le terrassier buvant de la bierre
probablement à la fin des années 1850
Craie noire
Manchester City Galleries
52. Feuille d’étude pour ‘Le travail’
probablement à la fin des années 1850
Crayon et encre
Tate, Londres. Don d’Edmund Houghton, 1898
53. Etude du bras du terrassier
probablement à la fin des années 1850
Crayon et lavis
The Trustees of the British Museum, Londres
67. Etude pour ‘le prisonnier de Chillon’
1856
Crayon
The British Museum, Londres
57.
Etude pour le bébé
1857
Craies de couleur
National Museums Liverpool, Walker Art Gallery. Acquis avec l’aide du Art Fund, 1984
59. Etude pour la dame au parasol
probablement à la fin des années 1850
Crayon
National Museums Liverpool, Walker Art Gallery. Acquis avec l’aide du Art Fund, 1984
4.
Emma Hill (étude pour ‘Le Roi Lear’)
1848
Craie noire
Birmingham Museums and Art Gallery
5.
Emma Hill (étude pour ‘Dernier regard sur l’Angleterre’)
1852
Craie noire et lavis
Birmingham Museums and Art Gallery
ZAAL E
Le narrateur
La peinture narrative offre à Ford Madox Brown l’opportunité de combiner son
amour de la littérature avec ses capacités de peintre d’histoire. Il développe les
techniques de narration qu’il avait étudiées en Belgique. Ses peintures se
caractérisent par des mouvements et des expressions extrêmes. Son ami Charles
Rowley écrit à ce sujet “ Certains de ses compositions les plus fortes recèlent des
éléments si curieux, si exagérés, « si incontrôlés » que même ses meilleurs amis ne
peuvent l’accepter. Cette profonde originalité est le prix à payer de son abondante et
durable force créatrice”
Brown est un lecteur acharné et bon nombre des sujets qu’il illustre sont de ses
auteurs favoris. Il attaché une grande importance non seulement aux œuvres de
William Shakespeare et de Lord Byron, mais aussi au texte de Thomas Carlyle,
Héros et culte des héros. Les héros que Brown représente, sont des personnages
intransigeants et non conventionnels, en marge de la société, tels Cordélia, Lear,
Manfred ou le Prisonnier de Chillon. Brown héroïse également Thomas Carlyle dans
son tableau Le Travail. Il peint également un des héros cher à Carlyle, Olivier
Cromwell. Les passages de la Bible que Brown illustre sont souvent destinés à des
vitraux ou des illustrations de livres. Jeune homme, il est, semble-t-il membre de
l’Eglise d’Angleterre, mais vers la fin de sa vie, il est agnostique. Son admiration pour
la Bible s’adresse bien plus aux leçons qu’elle contient pour la société moderne que à
la doctrine religieuse.
62.
Jésus lave les pieds de Pierre
1851–52, 1854, 1856, (1857, 1858)
Huile sur toile
Tate, Londres. Acquis par souscription en 1893
Après la dernière Cène, Jésus lave les pieds de ses disciples en témoignage d’humilité. Brown
confère à cette scène une dimension politique, en mettant l’accent sur la sainteté des tâches
les plus humbles et sur le renversement de l’ordre social établi. Des idées égalitaires
identiques sont exprimées en des termes plus modernes dans son tableau Le travail.
64.
La mise au tombeau
1866–69
Aquarelle et rehauts d’or
Collection privée
63.
Elie et le fils de la veuve
1868, (1869)
Aquarelle et gouache
Victoria and Albert Museum, Londres
Le prophète Elie ramène à la vie le fils de la veuve de Sarepta qui était mort de maladie.
Ford Madox Brown représente la femme agenouillée, rendant grâce à Elie qui porte l’enfant,
encore enveloppé dans son linceul, à l’extérieur de la maison, en plein soleil. Le tableau mêle
réalisme et pensée symbolique. Une bouteille est placée dans le mur afin de servir de nid aux
hirondelles. L’ombre de l’oiseau symbolise le retour de l’âme dans le corps.
65. La part de Cordélia
1869
Crayon, encre, craie et lavis
Manchester City Galleries. Legs de Edmund George Francis, 1917
Le tableau reprend la composition d’un des dessins parisiens présenté dans la salle B.
Les détails expressifs du dessin des débuts de Ford Madox Brown sont ici combinés avec des
caractéristiques de son style plus tardif: des formes contournées, des draperies ondoyantes,
des structures décoratives, un coloris riche mais retenu. En 1893, Brown est un des
artistes invités, à Bruxelles, par le groupe d’avant-garde belge, Les XX. Il expose, à l’occasion
du dernier salon organisé par ceux-ci avant leur dissolution, différents tableaux dont La part
de Cordélia . La toile impressionne la critique dont Emile Verhaeren et la revue d’avant-garde
L’Art moderne lui consacre un article louangeur.
34. Le Roi Lear (Cordélia au chevet de Lear)
1848–49, 1853–54, (1862–63)
Huile sur toile
Tate, Londres. Acquis avec l’aide du Art Fund et de souscripteurs, 1916
70. En aval: le premier mai de l’an passé
1871
71.
En aval: Le premier juin de cette année
1871
Jenkin (xylographe) d’après un dessin de Ford Madox Brown
Xylographie
Birmingham Museums and Art Gallery. Don de Charles Fairfax Murray, 1912
La première gravure illustre les premiers vers d’un poème de Dante Gabriel Rossetti: un
homme embrasse passionnément une jeune femme dans un canot au bord de la rivière. La
seconde se fait l’écho de la fin tragique du poème. Ces illustrations ont été réalisées pour un
magazine littéraire, The Dark Blue, dont l’existence fut fort brève.
73. Le voyageur
1868, 1884
Huile sur bois
Manchester City Galleries
Un voyageur de nuit, solitaire, accompagné de son chien passe devant une auberge. Il semble
ignorer l’hôtesse et son enfant, la fenêtre illuminée et la promesse d’un repas. Il poursuit son
chemin, attiré par un feu follet luisant sur croix au bord du chemin. Le tableau est basé sur
une illustration de Ford Madox Brown, inspiré par le poème de Victor Hugo, A un passant et
destiné à un magazine.
66. Le prisonnier de Chillon
1857
Les Frères Dalziel (graveurs) d’après un dessin de Ford Madox Brown
Xylographie
Birmingham Museums and Art Gallery. Don de Charles Fairfax Murray, 1912
68.
Etude de corps pour ‘le Prisonnier de Chillon’
1856
Crayon
Birmingham Museums and Art Gallery. Legs de James Richardson Holliday, 1927
69.
Le corsaire
1869
Craie
Manchester City Galleries
Le poème de Lord Byron, Le corsaire décrit le retour de captivité de Conrad, un capitaine
pirate. Il découvre alors sa bien-aimée Médora morte, ses cheveux répandus autour d’elle,
tenant en main des fleurs mortes. Il s’agit d’une des six illustrations que Ford Madox Brown a
conçues pour les poésies de Byron. Une autre de celles-ci représente Le rêve de Byron exposé
dans cette même salle.
72.
Le rêve de Byron
1874
Huile sur toile
Manchester City Galleries
Le poème de Lord Byron, Le rêve nous fait part de l’engouement du poète pour son premier
amour de jeunesse, Mary Chaworth, qui le repoussa. Ford Madox Brown les représente tous
deux, embarrassés, assis l’un à côté de l’autre: elle ne lui adresse aucun regard et observe avec
impatience son futur époux qui de loin se dirige à cheval vers elle. Un dessin de Ford Madox
Brown destiné à servir de page de titre à une édition des poésies de Byron est à l’origine de ce
tableau.
Le portraitiste
Ford Madox Brown n’a pas peint de nombreux portraits de commande. La plupart
de ses modèles sont sa famille ou ses amis qu’il insère également comme personnages
dans sa peinture narrative. Pour ses portraits à part entière, il n’utilise pas les
normes habituelles des portraitistes professionnels victoriens. Il varie son approche
en fonction de chaque modèle. Cependant tous ses portraits sont approfondis et
directs, sans aucune flatterie. Bon nombre de ceux-ci combinent ressemblance
individuelle et signification plus générale. Ils possèdent des caractéristiques
communes avec les portraits de belles dames peints par Rossetti mais sont dénués
de tout érotisme. Les portraits d’enfants sont particulièrement vivants. Grâce à son
habilité à voir par-delà les conventions, il parvient à dépeindre la personnalité réelle
des enfants, sans cette sentimentalité et cette mièvrerie propre au portrait d’enfant
victorien.
82.
Madeline Scott
1883
Huile sur toile
Manchester City Galleries
Madeline est la fille de C.P. Scott, l’éditeur du Manchester Guardian (à l’heure actuelle The
Guardian). Elle est représentée, à l’âge de sept ou huit ans, assise sur un tricycle dans le
jardin de la propriété de ses parents, The Firs à Fallowfield. Ford Madox Brown réalise ce
portrait au moment où, en Angleterre, la furie pour les tricycles atteint un point culminant.
Le père de Madeline est un cycliste enthousiaste qui utilise chaque jour son vélo pour se
rendre au bureau de son journal, situé en plein centre de la ville.
80.
Catherine Madox Brown
1872
Craies de couleur
Collection privée
79.
En pensant (Emma Madox Brown)
1869
Craies de couleur
Maidstone Museum and Bentlif Art Gallery
Ce portrait montre Emma, âgée d’une quarantaine d’années. Ce tableau témoigne du style
tardif de Ford Madox Brown, caractérisé par de larges draperies, de profondes lignes courbes
et des couleurs retenues. Le titre tout comme le style est typique de l’oeuvre de Rossetti qui
lui aussi utilise des titres comme Rêverie ou En rêvassant. En 1893, Brown a l’honneur d’être
invité par le groupe d’avant-garde belge, Les XX. Ce tableau est l’un des trois exposés à cette
occasion et suscite l’admiration des visiteurs.
81.
Henry et Millicent Fawcett
1874
Huile sur toile
National Portrait Gallery, Londres. Legs de Sir Charles Wentworth Dilke, 2nd Bt., 1911
Les Fawcett forment un couple intellectuel libéral. Henry Fawcett, aveugle depuis un accident
de tir, est professeur de politique économique à l’université de Cambridge et un parlementaire
libéral. Il est le premier aveugle qui a été élu au parlement. Son épouse (née Millicent Garrett)
est une activiste féministe, luttant pour le vote des femmes. Après son mariage, elle devient
sa secrétaire et son guide. Etroitement unis, chacun considérait l’autre comme son égal d’un
point de vue intellectuel. Ford Madox Brown représente la jeune femme tenant une lettre que
son mari lui a dictée.
78.
Mauvais Sujet (La leçon d’écriture)
1862
Aquarelle
Tate, Londres. Acquis en 1917
76.
Le gamin anglais
1860
Huile sur toile
Manchester City Galleries
77.
La fillette irlandaise
1860
Huile sur toile
Yale Center for British Art, Paul Mellon Fund
Le gamin anglais est un portrait du fils de Ford Madox Brown, Oliver regardant avec
impassibilité vers le spectateur. Le tableau est étonnant par son immédiateté. A l’opposé du
jeune garçon au regard franc, la fillette irlandaise semble moins à son aise, inclinant la tête
et regardant de biais. La petite fille est une vendeuse d’orange que Brown rencontre lorsque il
cherche des modèles pour Le Travail. Les deux tableaux n’ont pas la même dimension mais
forment cependant une paire. Leur titres suggèrent que Brown les considéraient comme
des représentations du caractère national et non comme des portraits individuels. Peut-être
faisait-il allusion au sérieux anglais opposé à la sauvagerie irlandaise, des stéréotypes
communs à l’époque. Le chapeau et le fouet du garçonnet contrastent avec le bleuet rustique
de la fillette. Brown les représente tous deux comme des personnages réels ayant autant de
présence que de personnalité.
74.
William Michael Rossetti
1856
Huile sur bois
Wightwick Manor (National Trust)
75.
James Leathart
1863, 1869
Huile sur toile
Collection de la famille Leathart
Leathart est un des plus importants industriels de Newcastle-on-Tyne. Il est aussi un des
principaux mécènes des préraphaélites. Sa collection comporte alors des tableaux de Dante
Gabriel Rossetti, d’Holman Hunt, de Ford Madox Brown et d’Arthur Hughes. Les jolis
agneaux est la première œuvre de Brown, acquise en 1859, par Leathart. Il commanda
également une réduction du Travail que l’on voit derrière lui sur le portrait. Leathart
demande à Brown de peindre son portrait comme pendant de celui de son épouse réalisé par
Rossetti. L’artiste y ajoute une vue montrant les principaux bâtiments ainsi qu’un ferry qui
traverse la rivière amenant les ouvriers sur leur lieu de travail.
28.
Lucy Madox Brown
1849
Huile sur carton
Collection privée
SALLE G
La période de Manchester
En 1878, la municipalité de Manchester demande à Ford Madox Brown de réaliser
les peintures murales du nouvel hôtel de ville. Dans un premier temps, il élabore ses
dessins à Londres et vient travailler sur place pour de courtes périodes. En réalité
l’exécution des peintures murales prit plus de temps que prévu. Frederic Shields, un
artiste local, chargé à l’origine de concevoir six des panneaux, se retire. Brown doit
donc achever les douze panneaux. De 1881 à 1887, Brown s’installe à Manchester.
Tout d’abord à Crumpsall ensuite à Victoria Park. Après 1887, il retourne à
Londres et continue à travailler aux tableaux dans la capitale. Le dernier d’entre
eux sera complété, en 1893, six mois avant sa mort.
103. Esquisse pour ‘Le procès de Wycliff en 1377’
1885-1886
Huile sur toile
Trustees of the Hamilton Bequest, 1929
Le réformateur religieux John Wycliffe (Ford Madox Brown écrit son nom de différentes
façons) fut condamné pour hérésie lors d’un procès qui s’est tenu en la chapelle Notre-Dame
de l’ancienne Cathédrale Saint-Paul de Londres. La scène évoque le début du nonconformisme à Manchester, même si le procès n’a pas eu lieu dans cette ville. Wycliffe est
défendu par Jean de Gand, Duc de Lancastre. Jean de Gand, l’épée en main, plaide la cause
de l’homme d’église devant l’Evêque de Londres et l’Archevêque de Canterbury. Il s’agit ici de
l’étude préliminaire peinte par Brown avec plus de détails et en une dimension plus grande
que ses autres études pour les peintures murales de Manchester.
101. Esquisse en couleur pour ‘Le baptême d’Edwin en 627 après J.C.’
1879
Huile sur panneau
Tullie House Museum & Art Gallery. Don du Dr. Gordon et de Emily Bottomley, 1949
Edwin est roi de Northumbrie et de Deira, région où se trouve Manchester
Selon l’historien Bède, son épouse, la reine Ethelberge le persuade de devenir chrétien. Ford
Madox Brown représente la reine assistant au baptême de son époux. Le sujet met l’accent
sur l’introduction du christianisme à Manchester, car le baptême a eu lieu, en réalité, à York.
102. Esquisse pour ‘L’établissement des tisserands flamands à Manchester en 1362’
1881, 1888
Tempera sur panneau
Manchester City Galleries
La reine Philippine de Hainaut, à qui on attribue l’établissement des tisserands flamands
à Manchester, est représentée ici admirant un tissu vert tenu par des tisserands. Le thème
principal est complété par des détails anecdotiques tels un des lévriers soigneusement lustrés
appartenant à la reine, reniflant un chat de Manchester. Le panneau symbolise les débuts de
l’industrie drapière à Manchester. Brown exécuta ce petit dessin avant de commencer la
peinture murale puis l’achèva plus tard afin de pouvoir le vendre.
104. Esquisse pour ‘Crabtree attendant le passage de Vénus en 1639’
1881, 1888
Tempera sur panneau
Manchester City Galleries
William Crabtree fixe des yeux l’ombre de Vénus passant devant le soleil et projetée au travers
d’un télescope, placé dans un grenier sombre. Ce transit a été prédit par l’astronome
Jeremiah Horrox et corroboré par les observations prises par son ami Crabtree. Le tableau
symbolise les découvertes scientifiques. Le sujet a du plaire à Ford Madox Brown, car
contrairement à Horrox, Crabtree, originaire de Broughton, Salford, n’était pas un homme
instruit. Il était drapier de profession et l’artiste le représente enveloppé d’une robe de
chambre en soie, laissant tomber d’émotion son compas et son carnet de note. Il s’agit ici du
dessin original de Brown achevé par la suite pour le vendre.
105. Etude inachevée pour ‘John Kay, Inventeur de la navette volante en 1753’
1888
Tempera sur panneau
Manchester City Galleries
Ce tableau montre des émeutiers qui tentent de s’introduire dans la demeure de John Kay
afin de briser sa nouvelle invention, la navette volante. Celle-ci permet d’accélérer le tissage
et de n’employer sur le métier à tisser qu’un homme à la place de deux. A droite, John Kay
est enveloppé en hâte dans un drap et emmené vers une voiture qui l’attend à l’extérieur pour
échapper aux insurgés. Le panneau évoque l’importance des inventions et de la mécanisation.
Le designer
Ford Madox Brown est un des fondateurs de Morris, Marshall, Faulkner & Co.,
la firme de décoration intérieure fondée par William Morris en 1861. Brown dessine
une centaine de cartons de vitraux, réalisés ensuite par la firme, destinés pour la
plupart à des églises. Certaines commandes sont cependant à usage domestique. Ses
verrières, tout comme ses tableaux, sont originales, ont un dessin vigoureux et une
forte expressivité. Il a également dessiné des motifs textiles et de papiers peints.
Conjointement à Dante Gabriel Rossetti, il conçoit également les cadres de ses
tableaux. Les deux artistes considère l’encadrement non pas comme une addition
décorative au tableau mais bien comme faisant partie intégrante de celui-ci. Bon
nombre de ceux présents dans cette exposition sont originaux et de la main de
Brown. L’artiste est l’un des premiers a prôner l’égalité entre les beaux-arts et les arts
appliqués. Cette attitude fondamentale est celle des doctrines de William
Morris et plus tard du mouvement des Arts and Crafts dont les protagonistes admiraient l’œuvre de Brown.
93.
Aristote (Philosophie)
1870, 1878
94.
Alfred Le Grand (Royauté)
1878
95.
William Shakespeare (Tragédie)
1878
Craie noire et lavis
The University of Manchester
Ce dessin fait partie d’un ensemble de douze cartons représentant les hommes illustres.
Récupérée au sein de dessins de jeunesse, la série n’était pas destinée à la réalisation de
vitraux. Ces héros forment en quelque sorte le panthéon personnel de l’artiste et servent à
promouvoir son œuvre au moment où Ford Madox Brown est pressenti pour les peintures
murales de l’hôtel de ville de Manchester.
87.- Le mariage de Sainte Edith
90. De gauche à droite: Le roi Athelstane, Sainte Edith, le roi de Northumbrie, La bénédiction
nuptiale de l’Evêque.
1878
Cartons de vitraux, encre et lavis d’après des dessins de Ford Madox Brown, 1873
The Whitworth Art Gallery, The University of Manchester
Ce projet montre le mariage d’Edith, sœur du roi anglo-saxon Athelstane, avec Sigtrig,
roi de la Northumbrie du sud. La cérémonie se tint à Tamworth. Edith, fonde, par la suite,
non loin de là, l’abbaye de Polesworth dont elle devint l’abbesse.
Ford Madox Brown a uni, de façon inhabituelle, les différents personnages en une seule scène
allant jusqu’à tendre des bras par-delà les divisions en pierre. Ce vitrail, faisant partie d’un
ensemble destiné à l’église Sainte-Edith de Tamworth, est l’un des plus étonnant des projets
de verrière de Brown. Les cartons originaux ont été perdus, mais ces répliques sont réalisées
sous sa direction.
91.
Saint Jude
1874
Carton de vitrail, craie noire et lavis
National Museums Liverpool, Walker Art Gallery. Offert par les souscripteurs du Fund for
Purchasing and Presenting Cartoons to Principal Galleries, 1894
Saint Jude est le patron des causes perdues. Habituellement, il tient en main une représentation du Christ. Ford Madox Brown lui attribue cependant un bâteau. Ce personnage est
destiné à l’un des vitraux de la cathédrale de Llandaff. La petite scène du Naufrage de Saint
Paul, présenté dans cette même exposition, fait partie de la même verrière.
86.
Le serpent d’airain
1872, (1878)
Carton pour un vitrail, craie noire et lavis
Collection privée, en prêt à la Manchester City Galleries
Dieu envoie des serpents afin de punir les Israelites qui s’étaient détournés de lui. Lorsqu’ils
se repentent, Moïse intercède pour eux auprès de Dieu “Et le seigneur dit à Moïse : fabrique
un serpent ardent et place-le au-dessus d’une perche : il viendra en aide à tous ceux qui sont
mordus. Lorsqu’ils lèveront les yeux vers lui, ils vivront.” Le carton de vitrail de Ford Madox
Brown est une de ses compositions les plus vigoureuses. Il montre les Israelites aux corps
entourés de serpents qui lèvent les yeux vers le serpent d’airain afin de guérir. Le dessin a été
réalisé pour un vitrail de l’église de la Sainte-Croix à Haltwhistle, dans le Northumberland.
85.
Le mariage du roi René
1864
Huile sur panneau de bois
Amgueddfa Cymru – National Museum Wales. Collection James Pyke-Thompson
Le jeune époux, René, roi d’Anjou et sa reine, blottis l’un contre l’autre, entreprennent les
plans de leur nouvelle demeure. Le dessin, qui comporte une note humoristique, a été conçu
à l’origine pour un des panneaux peints d’un grand coffre dû à l’architecte John Pollard
Seddon. Ce meuble comporte des scènes réalisées par Ford Madox Brown, Dante Gabriel
Rossetti, Edward Burne-Jones et d’autres et montre le roi en compagnie de la reine pendant
leur lune de miel s’occupant d’activités artistiques comportant la musique, la peinture, la
sculpture et le jardinage.
92.
Le naufrage de Saint Paul
1874
Carton pour un vitrail, craie noire et lavis.
Manchester Metropolitan University Special Collections
Saint Paul est prisonnier d’un navire pris au sein d’une forte tempête. Il exhorte les
personnes qui sont à bord d’avoir la foi, de ne pas abandonner l’embarcation et de rompre
ensemble le pain. Ford Madox Brown le représente tendant un morceau de pain à un
centurion et à un rameur.
96.
Chaise égyptienne
1858
Bois teint en partie noirci
Victoria and Albert Museum, Londres
98. Lavabo
99. Table de toilette
100. Porte-serviettes
1860/62
Morris, Marshall, Faulkner & Co., d’après des dessins de Ford Madox Brown
Bois teint en vert
Collection de Kelmscott Manor. Avec l’autorisation de the Society of Antiquaries of London
97.
Chaise du Sussex au siège arrondi
Produit à partir de 1865
Morris, Marshall, Faulkner & Co., d’après les dessins de Ford Madox Brown
Bois noirci, siège en paille
Collection de Kelmscott Manor. Avec l’autorisation de la Society of Antiquaries of London
84.
L’élagage (Le bûcheron)
1863
Morris, Marshall & Co., d’après un dessin de Ford MadoxBrown
Vitrail
William Morris Gallery, London Borough of Waltham Forest
L’homme grimpant dans un arbre, tenant une scie et un couteau à élaguer, symbolise le mois
de mars au sein d’un ensemble décrivant les travaux mensuels. Dans le coin supérieur droit,
on voit Aries, le Bélier, un des signes du zodiaque. Ford Madox Brown dessina quatre des
mois pour un ensemble de carreaux en céramique. Les autres furent conçus par Dante
Gabriel Rossetti, Edward Burne-Jones et William Morris. Le vitrail est à l’origine destiné
à la maison d’un industriel de Bradford. Cette demeure ne fut cependant pas construite.
83.
La mort de Sire Tristan
1862
Morris, Marshall, Faulkner & Co., d’après un dessin de Ford Madox Brown
Vitrail
Bradford Museums and Galleries (Cliffe Castle Museum)
Le roi Marc, époux d’Isolde, brandit l’épée avec laquelle il vient Sire de tuer Sire Tristan,
l’amant de sa femme. Celle-ci, désespérée, se jette sur le corps de son bien-aimé. Ford
Madox Brown dessine cette scène pour un ensemble de treize panneaux de verre racontant
la légende de Tristan et Isolde. Ces vitraux ont été réalisés pour le hall d’entrée de la maison
d’un marchand de Bradford, Walter Dunlop. Les autres scènes sont de Dante Gabriel
Rossetti, Edward Burne-Jones, Arthur Hughes, Val Prinsep et William Morris.

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