La problématique des résidences secondaires
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La problématique des résidences secondaires
2.3.2. Tendances résidentielles. « Quant à la vie locale, ces résidents s’y implique peu, voire pas du tout. Habitants d’un genre particulier, ils sont à la fois dedans et dehors. Ici et pas d’ici. C’est pourquoi on les dit secondaires. » Jean Didier URBAIN1 Ce que l’on a coutume de désigner par « les nouvelles mobilités » résultants de l’accélération des communications, a engendré une « résidentialité » plus complexe où la frontière entre ce qui relève de la résidence principale et de la résidence secondaire devient de plus en plus ténu. Cette tendance qualifiée par certains auteurs de « nomadisme résidentiel »vient appuyer la thèse de Jean Didier URBAIN selon laquelle : « Le résident secondaire n’est pas un touriste, ni un visiteur occasionnel…Le touriste, le villégiateur, le résident, sont trois aspect différents de l’homme des loisirs, avec des demandes spécifiques. »2 L’auteur qualifie d’ « ultraprovincial » ce résident secondaire d’un type nouveau pour qui sédentarité et mobilité s’associent dans un mouvement identique : la birésidentialité. Des invariants semblent toutefois ancrés dans la pratique de cette passion hexagonale. En bonne place, la valeur de placement patrimoniale qui a fait dire à Jean Luc MICHAUD que « la résidence secondaire constitue un placement avant d’être un hébergement de loisir 3», tendance que confirme le chiffre des transmissions : seulement 9% des résidences secondaires sont héritées. Autre invariant fort : la fonction de refuge des familles et des générations comme l’a très bien décrite Françoise DUBOST4. Enfin, un phénomène est en train de poindre avec l’arrivée massive des génération du baby-boom à l’âge de la retraite : de nombreuses résidences secondaires sont occupées de façon beaucoup moins temporaire transformant les modes de vies locaux5. 2.3.3. La Corse sous la pression résidentielle. Nous l’avons vu, la capacité d’hébergement de la Corse est de 420 000 lits, dont 120.000 pour le secteur marchand et 300 000 pour les résidences secondaires. Cela représente un nombre de plus 60 000 résidences secondaires selon le recensement Insee de 19996. 1 Opus cité p.47. 2 Interview donnée au magazine « Source » - n° 63, Janvier 2003. 3 « Le tourisme face à l’environnement » - Jean Luc MICHAUD - PUF, 1983. 4 « L’autre maison. La « résidence secondaire », refuge des générations » - Françoise DUBOST Autrement, 1998. 5 6 Ce phénomène a été observé dans les stations littorales de Vendée (St Hilaire de Riez) et de CharenteMaritime (St-Georges-de-Didonne) par Nacima BARON-YELLES. In « Le tourisme en France. Territoires et stratégies » - Nacima BARON-YELLES- Armand Collin, 1999, p. 30. In « Economie corse »- Insee Corse - n° 91, Avril 2000. Figure n°25 : Répartition géographique des résidences secondaires en Corse. Figure n°26 : Répartition des résidences secondaires par pays touristiques. L’observation des figures précédentes met en évidence la double réalité des résidences secondaires en Corse : - une réalité liée au tourisme avec d’importants foyers d’implantation sur le littoral des grands bassins d’accueil : Sud Corse, Balagne, Pays Ajaccien, littoral oriental. - une réalité liée au mode de vie insulaire où l’on se partage entre la vie urbaine et la maison de village : 45% des bastiais et 55% des ajacciens possèdent une résidence secondaire au village (voir p.244) La moyenne régionale donne une proportion de 57 % de résidences secondaires par rapport aux résidences principales (60 600 pour 106 000)7, la moyenne française est de 10 %, 1 logement sur 10. Au Baléares le rapport est de180 019 résidences secondaires pour 234 074 résidences principales, soit un taux de 77 %. Les proportions les plus élevées de résidences secondaires vont être à la fois l’apanage des petites communes littorales mais aussi des cantons ruraux les plus désertifiés. Inversement, les taux les plus faibles sont ceux des zones urbaines de Bastia et d’Ajaccio ainsi que les grandes zones agricoles. La région littorale de Porto Vecchio, premier bassin touristique de l’île, affiche un taux de résidences secondaires de 50 % du nombre total de logements alors son arrière pays montagneux, l’Alta Rocca, atteint les 61%8. Cet exemple est significatif quant à l’incidence de la désertification et du tourisme sur le mode d’occupation de l’habitat. Les deux se rejoignent à une différence près mais qui est de taille : le dynamisme démographique constaté sur le littoral. Toujours sur la base du recensement Insee de 1999, nous avons pris une autre zone d’étude : le bassin de vie de Calvi et ses quatorze communes, deuxième foyer récepteur de l’île. La part des résidences secondaires dans le total de logements est quasiment identique à la région Sud Corse : 51 %. L’écart le plus élevé entre les communes est de 45 %, 8 communes sur 14 possèdent plus de résidences secondaires que de logements permanents. Parmi celles-ci, certaines communes (Algajola, Lumio) atteignent quasiment le seuil des 75 % de résidences secondaires dans le total des logements (à ne pas confondre avec le rapport : résidences secondaires/résidences principales), quand la moyenne régionale est de 36 % (60600/166600) et celle des Baléares de 43 %. Nous sommes de toute évidence en présence de ce que certains auteurs qualifient d’« économie résidentielle ». 7 Tableaux de l’économie corse - Insee, 2001. 8 Insee Corse - Recensement de la population (exploitation principale lieu de résidence), 1999. Tableau n° 27 : Les résidences secondaires dans le bassin de Calvi (Haute Corse). Communes Nombre total de logements Algajola Aregno Avapessa Calenzana Calvi Cateri Galeria Lavatoggio Lumio Manso Moncale Montegrosso Sant Antonino Zilia Total 379 346 76 1224 3703 177 345 115 1593 114 155 330 98 191 8846 Nombres de résidences secondaires 274 96 48 490 1653 64 195 62 1172 57 67 168 59 93 4503 Part des RS dans le total des logements 72 % 28 % 63% 40 % 44 % 36 % 56 % 54 % 73 % 50 % 43 % 51 % 60 % 48 % 51 % Source : Insee Corse - Recensement de la population (exploitation principale lieu de résidence), 1999. Quant à l’évolution globale du parc, le nombre de résidences secondaires a progressé de 10,5 % entre les recensements de 1990 et 1999, on enregistre des pics littoraux de l’ordre de 20% comme dans la région de Porto Vecchio9. La Corse possède une façade littorale où le taux de construction de résidences secondaires est parmi les plus important de France avec la Vendée, la Charente maritime, les Landes et l’Aude10. Si l’on conjugue tendances et invariants précédemment évoqués et que l’on y ajoute les critères majeurs de construction d’une résidence secondaire à savoir : - le temps de déplacement - le coût du foncier - les disponibilités de terrains intéressants (faible urbanisation, proximité de la mer, « authenticité »…) la Corse présente le profil requis pour connaître une pression forte et durable. 9 10 Economie corse - n° 91, Avril 2000, p. 23. Source : observatoire du littoral - Ifen - Base de donnée Sitadel de 1990 à 2003. Il reste à faire la part des opportunités et des menaces que présente un tel phénomène. 2.3.4. Développement des résidences secondaires : déclin ou vitalité d’un territoire ? « Dans les zones touristiques de la Méditerranée occidentale, renforcées par l’importance du tourisme national, les hôtels représentent une partie minimale du logement touristique. En France, par exemple, les hôtels représentent 20 % du total des places touristiques et, en Espagne, pas plus de 10 %. En effet, dans cet espace, les appartements et les résidences secondaires croissent plus rapidement que l’hôtellerie traditionnelle et sont à l’origine de déséquilibres régionaux de l’offre de logements. »11 Ainsi s’exprimaient, en 1998, un certain nombre d’ONG réunies au sein de MED Forum, réseau composé de 19 pays riverains du « mare nostrum ». Côté montagne, le jugement de Francesco FRANGIALLI12 est encore plus abrupt : « …la structure du parc d’hébergement des stations alpines, par sa faible « banalisation », constitue manifestement le facteur bloquant de toute transformation en profondeur du produit offert ... Ce déséquilibre se répercute sur la qualité de l’offre ; il porte gravement atteinte à l’environnement des stations, tend à élargir les surfaces urbanisées, à majorer les coûts des services collectifs, à accentuer l’incidence négative des phénomènes de saisonnalité, à rendre difficile toute animation hors saison lorsque ces résidences sont vides. » L’immobilier touristique à usage de résidence secondaire constitue un champ d’analyse qui reste très ouvert. Il possède ses partisans et ses pourfendeurs : élus locaux, promoteurs, associations de défense de l’environnement et, ainsi que nous l’avons précédemment évoqué, les résidents secondaires eux-mêmes. La recherche objective nous amène ainsi à étudier un phénomène à géométrie variable. De qu’elle résidence secondaire s’agit-il ? C’est face à des réalités très différentes que l’on doit se poser cette question préalable sur la nature des résidences secondaires. En 2000, l’INSEE a réalisé une enquête en Poitou-Charentes13, région extrêmement partagée entre un fort développement touristique littoral, avec des sites emblématiques de la pression immobilière (île de Ré), et une forte tradition agricole. Il ressort de l’étude le principe suivant : 11 « Tourisme soutenable en Méditerranée - Guide pour la gestion locale » - Brau Editions, MED Project Ulixes 21, 1998, p. 27. 12 Ex secrétaire général de l’OMT. 13 « Décimal » - Insee, n°205, Mai/Juin 2000. - quand l’augmentation du nombre de résidences secondaires se fait par la construction (littoral), cela entraîne une augmentation des résidences principales et de la population (création d’emplois) ; - quand l’augmentation du nombre de résidences secondaires se fait par changement de destination des habitations cela entraîne une baisse des résidences principales. Le solde migratoire ne peut suffire à maintenir le minimum d’activités et de services. C’est ce dernier cas de figure observé sur l’espace rural qui fait dire à Jean Claude BONTRON14 « que la densité des résidences secondaires augmente là où la densité des « locaux » diminue ». Nous sommes donc confrontés à un phénomène qui revêt deux réalités : - celle des résidents secondaires « non touristiques » peu profitables à une dynamique de développement et appauvrissant le parc de logements disponibles pour les résidents - celle des résidents secondaires touristiques, dynamique économiquement mais susceptible d’enclencher un certain nombre de dérives Du bon et du mauvais usage de la résidence secondaire pour le territoire. Il y a en matière de résidences secondaires des aspects assez tranchés quant à leur impact sur le milieu local et, inversement, d’autres plutôt schizophréniques. Du côté des impacts positifs nous avons évoqué plus haut les aspects bénéfiques sur l’emploi et sur la démographie lorsqu’il s’agit de résidences secondaires en construction neuve et en zone littorale. Cette opportunité de développement local s’entend par les dépenses d’investissement, de consommation et l’augmentation de l’assiette de la fiscalité locale, elle a été formalisée en économie par la « théorie de la base économique » de Werner SOMBART15 qui distingue sur un territoire donné : - les activités locales (résidentielles ou de proximité) réalisées par des actifs locaux à destination de consommateurs locaux, leurs production, distribution et consommation se faisant dans un périmètre géographique restreint 14 « Quel avenir pour le rural français ? » - Jean Claude BONTRON, Charles MORACCHINI - Revues « Problèmes économiques » - n° 2275, 14 Mai 1992. Jean Claude BONTRON est directeur de la Société d’Etudes Géographiques Economiques et Sociologiques Appliquées (SEGESA) 15 La théorie de la base économique a été l’une des premières représentations théoriques permettant d’appréhender le développement régional et urbain (« Der moderne kapitalismus, erster band, die vorkapitalistische wirtschaft » - Werner SOMBART - Duncker & Humbolt, Munich, 1916). - les activités de base mises en œuvre par des actifs locaux pour des consommateurs résidant habituellement en dehors du territoire, « exportatrices » pour le territoire concerné Ainsi, les résidences secondaires contribuent au développement d’un territoire parce qu’elles y attirent des revenus en provenance de l’extérieur. Pour Antoine GOUJARD : « Les apports de revenus dus aux résidences secondaires sont d’autant plus grands que les produits intérieurs bruts régionaux par habitant sont faibles, Rhône-Alpes et PACA à part. Dans des régions comme la Corse, le Limousin, la Basse Normandie, le Languedoc-Roussillon, la Bretagne, les revenus liés aux dépenses quotidiennes des résidents secondaires dépassent 0,5 % du PIB régional (1996) »16. Après la contribution à la création de valeur ajoutée brute il faut cerner la contribution fiscale pour les territoires d’accueil. L’étendue des bases de la taxe d’habitation et du foncier bâti liée à la concentration des résidences secondaires dans les zones touristiques, permet de contenir la pression fiscale sur les ménages tout en dégageant des ressources honorables pour les communes concernées. Il est important de préciser que les communes peuvent choisir de ne pas appliquer aux résidences secondaires l’abattement général à la base qu’elles appliquent aux résidences principales (5, 10 ou 15 % de la valeur locative moyenne des habitations). En contre partie, ces communes doivent assumer des dépenses de fonctionnement plus lourdes que des communes non touristiques de taille équivalente : entretien de la voirie, éclairage public, sécurité et propreté des plages, ordures ménagères, subventionnement d’organismes impliqués dans l’activité touristique, etc.… A cela il faut ajouter les dépenses d’investissement liées à la nécessitée de se doter d’infrastructures capables de répondre aux variations saisonnières de la fréquentation : eau, assainissement, routes… D’après les statistiques du ministère des finances17, le niveau élevé des produits de la fiscalité dans les communes touristiques permet de financer des charges de fonctionnement et d’investissement plus lourdes que dans les autres communes. Au-delà des apports direct de la fiscalité, il faut aussi y voir un effet indirect induit de la présence des résidences secondaires : leur prise en compte dans le dénombrement de la population locale entraîne une augmentation de la dotation globale de fonctionnement (à la population communale est ajouté conformément à l’article L.2334-2 du code général des collectivités territoriales, un habitant fictif par résidence secondaire). Les impacts négatifs du phénomène vont se partager entre aspects économiques, sociaux et environnementaux : 16 « Résidences secondaires des étrangers et territoire français - Localisation et retombées économiques locales, la valorisation d’un capital symbolique » - Antoine GOUJARD - Mémoire de DEA, Institut d’urbanisme de Paris, Université Paris Val de Marne, 2003. 17 Ministère des finances - Direction générale des collectivités locales - 2001. - Renchérissement des prix du foncier et de l’immobilier pouvant placer les résidents permanents en situation d’exclusion quant à l’accès au logement et à l’accession à la propriété (syndrome Tropézien). Il faut également et à l’inverse, évoquer l’existence du syndrome de Floride par référence au « krach immobilier» que connu cet Etat américain lors de l’effondrement des prix du marché. La débâcle fut consécutive à une très forte période d’euphorie ayant créé une « bulle » qui éclata lorsque des spéculateurs se mirent à vendre massivement. - Renchérissement du foncier et de l’immobilier provoquant un attentisme spéculatif chez les propriétaires de terrains agricoles dont l’état d’esprit s’inscrit désormais sous l’angle de la rente d’anticipation. - Captation, en milieu rural, de surfaces liées traditionnellement à l’agriculture (achat d’anciennes fermes). - Concurrence d’une offre touristique souterraine avec le secteur marchand. - Un faible taux d’occupation par rapport aux autres hébergements18 : ○ 13 nuitées touristiques par an pour les résidences secondaires ○ 35 nuitées touristiques par an pour les hébergements de plein air ○ 140 nuitées touristiques par an pour les hôtels homologués ○ 180 nuitées touristiques par an pour les locations meublées - Une très forte consommation d’espace ayant donné des formes d’urbanisation par mitage (péri urbanisation, rurbanisation) avant que les grandes lois d’aménagement et d’urbanisme ne commencent à y mettre un frein. - Déstructuration des sociétés locales. Des problèmes de cohabitation avec la population résidente allant parfois jusqu’à déborder dans le champ politique en raison d’un rapport de force numérique tournant au désavantage des locaux. Le schéma «société d’accueil - société de passage » devient caduque : « Il y a deux sociétés qui se côtoient, qui vivent ensemble, mais qui peuvent ne pas avoir grand-chose en commun : ni la langue, ni la culture, ni les traditions et sûrement pas les mêmes valeurs »19. Création d’emplois direct faiblement qualifiés (femmes de ménage, jardiniers) qui a fait dire à Malcolm CRICK20 que le tourisme résidentiel produit dans son sillage « une école de laquais ». A cela il convient d’ajouter que les emplois indirects, eux, sont de bien meilleure qualité : services public, architectes, commerces, etc. - 18 « Tourisme et aménagement touristique : des objectifs inconciliables ? » - Pierre MERLIN - La documentation française, 2001, p. 57. 19 « Les nouvelles Baléares. La rénovation d’un espace touristique mythique » - Miguel SEGUI LLINAS L’Harmattan, 1995, p.155. 20 « Representations of international tourism in the social sciences : sun, sex, sights, saving and servility » - Malcolm CRICK - Annual review of anthropology, 18, 1989, pp.307-344. - Afflux de capitaux à blanchir. C’est le syndrome andalou, très bien décrit par Francisco JURDAO ARRONES21, urbaniste et sociologue, sur la municipalité de Mijas au cœur de la Costa del Sol dans les années 90. En examinant les impôts payés sur les plus-values par des sociétés l’auteur en était arrivé à la savoureuse conclusion suivante : « Presque toutes présentaient deux éléments curieux en commun : elles étaient baptisées du nom d’arbres fruitiers ou de fleurs et étaient immatriculées à Gibraltar». Quelques années plus tard, une étude réalisée par l’institut andalou inter universitaire de criminologie de l’université de Malaga conclue à une forte présence d’argent mafieux dans les investissements immobiliers en Costa del Sol. Les experts soulignent des pratiques généralisées de corruption et même « l’intérêt du crime organisé à prendre le contrôle politique des municipalités »22. Sur l’autre rive de la Méditerranée, le même phénomène est extrêmement palpable aujourd’hui sur un site en peine expansion tel que Marrakech. L’importance du phénomène immobilier dans le tourisme ne semble pas contestable malgré le faible intérêt scientifique porté à ces sujets dans la pratique. Nous avons en effet trouvé peu de travaux consacrés à cette problématique, la majorité de l’existant étant abordé sous l’angle sociologique plus que socio économique ou d’autres disciplines. Pour exemple, les travaux consacrés aux relations entre l’architecture et le tourisme sont rares. Les problèmes graves résultant du développement touristique, dégradant la qualité de l’environnement de nombreux territoires justifient la motivation à étudier le phénomène immobilier sous des aspects divers. L’architecture, l’espace urbanisé et le territoire de nombreux pays sont en étroite relation avec le tourisme et par conséquent en subissent les impacts, souffrant de changements majeurs qui doivent être autant de source de réflexion et d’enseignement. L’occupation démesurée des territoires, parfois sous des formes illégales, abusives et dégradantes, la détérioration des paysages et de l’architecture doit faire l’objet d’études permettant d’identifier les causes afin d’imaginer les solutions. 2.4. Conclusion : détermination d’un optimum. Cette réflexion sur l’immobilier nous ramène tout naturellement à la capacité de charge touristique d’un territoire, cette idée simple faite d’éléments complexes : déterminer le seuil au delà duquel le tourisme devient un problème et en deçà duquel sa contribution à l’économie est insuffisante. Pour faire en sorte que le phénomène immobilier apporte une contribution positive aux économies touristiques locales, il convient de le réguler dans les limites d’un optimum. 21 « Espana en venta » - Francisco JURDAO ARRONES - Ediciones Endymion, Madrid, 1990. 22 « Practicas ilicitas en la actividad urbanistica. Un estudio en la costa del sol » - José Luis DIEZ RIPOLLES, Alejandra GOMEZ CESPEDEZ, Anna Maria PRIETO DEL PINO, Per STANGELAND, Diego J. VERA JURADO - Ed.Tirant Lo Blanch - Valencia, 2004. Celui-ci peut être parfaitement intégré à n’importe quel document de planification sans qu’il soit nécessaire de déroger au droit commun, tout en innovant (il est dit dans le Plan de Développement de la Corse que : « la population touristique ne doit pas dépasser une fois et demie la population résidente », cela s’entend sur la période de pointe en haute saison). Des moyens techniques existent pour une régulation des problèmes liés à l’expansion de l’immobilier touristique et à la concurrence pour le foncier que se livrent les activités. Leur mise en œuvre s’appuie sur les documents d’urbanisme eux-mêmes encadrés par les documents de planification régionaux. L’équipe MIT de l’université de Paris 7 23, a défini trois seuils pour appréhender la problématique de l’occupation de l’espace par les résidences secondaires : - quand les résidences secondaires représentent moins de 25% du total de logements cela signifie que l’on se situe vraiment dans des espaces de vie - quand les résidences secondaires représentent de 25% à 50 % du total de logements cela signifie que l’on se situe dans des espaces de transition entre lieu de vie permanents et lieux touristiques au sens strict - Quand les résidences secondaires représentent plus de 50% du total cela signifie qu’il s’agit de lieux touristiques au sens strict Sur ce type de base, à l’échelle communale comme à l’échelle régionale, les décideurs politiques peuvent aujourd’hui disposer d’outils d’aide à la décision. A condition bien sur d’une petite révolution culturelle : passer d’un tourisme vécu sur le mode du constat à un tourisme vécu sur le mode du choix. 23 « La mise en tourisme des lieux : un outil de diagnostic » - Equipe MIT (Mobilité, Itinéraire et Territoires) - URP MIT - Université Paris 7, Denis DIDEROT - Mappemonde 57, 2000.