projet equipement HDV3

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projet equipement HDV3
Le format HDV présente diverses caractéristiques qui le rendent particulièrement
intéressant pour les domaines d’activité de la plate-forme Arts, Sciences, Technologies. De
par son faible coût, il est plus facilement accessible pour des productions expérimentales ou
de recherche ainsi que pour les acteurs de la communication sociale. Par ailleurs, il
présente le double avantage, dans une perspective patrimoniale, d’offrir à la fois un premier
niveau de qualité haute définition mais également un format d’image en 16/9. Ce dernier
point est important quelle que soit la définition des images. En effet, on sait déjà, à partir
des premières expériences, qu’intégrer une image au format standard dans une image haute
définition 16/9 présente des difficultés notamment en termes d’habillage. Dans ces
conditions, tourner dès aujourd’hui des images au format 16/9 constitue un premier pas
important vers la haute définition, indépendamment de leur résolution. Un premier pas qui
préserve pour les années à venir les possibilités de diffusion et d’exploitation des documents.
Il a donc semblé particulièrement opportun d’analyser de manière détaillée dans cette note
les aspects techniques actuels liés à la production sur ce format.
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La télévision et la vidéo numérique vivent aujourd’hui une grande révolution :
l’avènement de la haute définition. Même si en France la diffusion de programmes télévisés
n’est pas encore totalement d’actualité (mais c’est imminent), les industriels proposent
depuis déjà longtemps tous les outils nécessaires à leur réalisation (caméscopes,
enregistreurs, station de montage….). La haute définition, pas plus que la télévision
numérique classique, n’a réussi à faire l’unanimité et à imposer un standard unique. De ce
fait différents formats d’image cohabitent, différents standards d’enregistrement existent.
Parmi eux le HDV qui présente bien des avantages (mais aussi des inconvénients) et qui est
accessible, non seulement aux professionnels mais également aux amateurs (un peu fortunés
quand même !).
Caractéristiques et particularités de ce nouveau format ; panorama des équipements
disponibles.
Le terme de haute définition fait référence aux dimensions même de l’image. Deux
formats sont aujourd’hui reconnus de par le monde : 1920 x 1080 et 1280 x 720 (chiffres à
comparer à ceux du DV : 720 x 576). Le premier chiffre correspond au nombre de pixels par
ligne, le second, au nombre de lignes. Ces deux formats sont déclinables sous différentes
formes, compte tenu du nombre d’images par seconde possible (24 – 25 – 30 – 50…) et de
l’affichage qui peut être progressif ou entrelacé (Pour de plus amples détails, voir sur ce
même site, le texte « Le point sur la développement de la haute définition en France).
En pratique, pour la diffusion, deux configurations majeures semblent émerger (pour ce
qui concerne l’Europe) : le 1080i, format en 1980 x 1080 entrelacé avec 50 trames (demiimages) par seconde et le 720p, format en 1280 x 720 progressif à 50 images par seconde.
Les images sont au format 16/9.
A partir de ces combinaisons, cinq formats d’enregistrement haute définition
(caméscopes ou magnétoscopes) ont été développées par les industriels. Ils correspondant à
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des niveaux qualitatifs et à des caractéristiques électroniques ou mécaniques différents : les
débits qui s’échelonnent entre 19 et 880 Mb/s, la quantification qui est réalisée sur 8 ou 10
bits, l’échantillonnage de la couleur qui peut être en 4.2.0., en 4.2.2 ou même, pour l’un
d’entre eux, en 4.4.4 (enregistrement en RVB), la taille de la cassette et la largeur de la
bande magnétique… Tous ces formats s’appuient sur différentes technologies de
compression afin de réduire le volume important des données vidéo (pour rappel, le débit
correspondant à un flux HD non compressé en 10 bits est de 1185 Mb/s).
Norme
1080i
720p
Sony
Panasonic
Panasonic
Format d’image 1920 x 1080 1920 x 1080 1440 x 1080
1280 x 720
enregistré
(luminance)
4.2.2.
4.2.2. et
4.2.2.
Echantillonnage
4.4.4.
couleur
10 bits
10 bits
8 bits
Quantification
960 x 720
1440 x 1080
4.2.2.
4.2.2.
4.2.0.
4.2.0.
8 bits
8 bits
8 bits
8 bits
232 Mb/s
440 ou 880
Débit
Mb/s
enregistré
½
pouce
½
pouce
Largeur de la
bande
Les formats d’enregistrement HD
140 Mb/s
100 Mb/s
100 Mb/s
19,7 Mb/s
25 Mb/s
½ pouce
¼ pouce
¼ pouce
¼ pouce
¼ pouce
Fabricant
1080i
Panasonic
1080i et
720p
Sony
1080i
720p
1080i
JVC
Sony
1280 x 720 1440 x 1080
De tous ces formats, le HDV est certainement le plus abordable sur le plan financier (le
premier prix pour un caméscope est sous la barre des 3000 euros TTC). Vieux d’à peine
deux ans, ce format semble être déjà un succès : Sony annonce avoir vendu 1500
caméscopes HDV en France durant les 8 derniers mois). Quatre modèles de caméscopes
HDV destinés aux professionnels sont aujourd’hui disponibles sur le marché. Les
concepteurs d’équipements de post-production et de montage ont emboîté le pas et ont
modifié leurs produits pour les adapter à ce nouveau format.
Le HDV semble à première vue avoir été pensé comme la suite haute définition du
format DV notamment à travers l’utilisation de la même cassette (et ce, même si dans
l’acronyme HDV, les deux dernières lettres ne font pas référence aux termes Digital Video
comme pour le DV mais signifient High Definition Video !). On retrouvera donc certains
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points communs : hormis la cassette donc, le débit qui est de 25 Mb/s (3,6 Mo/s) au
maximum, le sous-échantillonnage couleur en 4.2.0., la quantification sur 8 bits…
Pensé à l’origine par JVC, ce format est aujourd’hui décliné sous deux formes
correspondant aux deux formats d’images et aux deux modes d’affichage évoqués
précédemment. L’appellation HDV1 correspond au 720p (progressif donc avec, en Europe,
des fréquences images de 25 pour la vidéo et de 24 pour les applications cinéma) et HDV2
correspond au 1080 i (entrelacé avec 50 trames par seconde). La compatibilité est totale avec
le DV : même largeur de piste 10µm, même vitesse de défilement et même pour le HDV1,
même structure des données sur les pistes (avec le HDV2, l’inscription des données sur la
bande est légèrement différente) et donc même durée d’enregistrement sur les cassettes (une
heure sur une cassette au format MiniDV).
Empreintes des pistes sur la bande magnétique pour les formats DV et HDV. Les secteurs ITI (insert and
tracking information) servent au suivi des pistes et au positionnement des têtes. Les secteurs «sub code»
contiennent des données diverses, notamment le timecode.
A ces deux formes correspondent donc deux familles de fabricants de caméscopes : le
clan SONY, CANON qui a choisi le 1080i et JVC qui a adopté le format en 720p. A noter le
terme de « ProHD » qui est l’appellation commerciale du format HDV chez JVC.
Pouvoir réaliser une image haute définition qui contient, faut-il le rappeler, cinq fois
plus d’informations qu’une image standard (plus de 2 millions de pixels contre 415 000
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pixels environ) tout en conservant le débit maximum de 25 Mb/s qui est celui du format DV
imposait l’adoption d’un certain nombre d’artifices aux concepteurs des caméscopes HDV.
Trois voies ont été suivies.
Les deux premières ne concernent que le format 1080i. La première consiste à ne pas
enregistrer sur la bande la totalité des 1920 pixels par ligne qui composent l’image. En fait,
avec le format HDV2 (mais c’est aussi la cas d’autre formats HD CAM ou DVC Pro HD) on
n’enregistre sur la bande que 1440 pixels, le total de 1920 pixels n’étant obtenu en lecture
que par une interpolation numérique. Il ne faut donc pas confondre le nombre de pixels
enregistrés (1440 x 1080) et le nombre de pixels pouvant être restitués (1920 x 1080).
La seconde est une technologie qui a été développée par les ingénieurs de SONY et qui
est notamment implantée sur le caméscope HVR-Z1E. Cet équipement, tri CCD, est équipé
de trois capteurs de 1/3 pouce qui ne comportent chacun que 960 pixels utiles par ligne (et
non pas 1440 comme on aurait pu l’imaginer). Pour obtenir un signal de luminance complet,
l’astuce consiste à ne pas aligner les trois capteurs (dans ce cas la définition horizontale
finale ne serait que de 960 pixels) mais à décaler horizontalement l’un d’entre eux d’un
demi-pixel (les pixels sont rectangulaires avec un rapport de deux entre largeur et hauteur
alors qu’ils sont carrés selon la norme 1080i) pour disposer grâce à la technologie dite
« pixel shift » d’une information de luminance supplémentaire, permettant d’atteindre la
définition de 1920 points pour la luminance. C’est le vert qui a été choisi comme couleur
décalée car c’est lui qui apporte le plus de luminance dans l’image. Compte tenu des
capacités d’enregistrement sur la bande magnétique limitées à 25 Mb/s, le signal est ensuite
« ramené » à 1440 pixels. En résumé, on fabrique un signal luminance de 1920 pixels par
combinaison à partir de trois capteurs de 960 pixels que l'
on réduit ensuite volontairement à
1440 pour s'
adapter au débit possible sur la cassette.
Le troisième voie, commune aux deux formats, concerne la structure et le mode de
compression des images. Sur ce plan, le DV et le HDV sont totalement différents. A
l’inverse des systèmes de captation professionnels (et du format DV également) où toutes les
images sont compressées et enregistrées indépendamment les une des autres ce qui autorise
le montage à l’image près, le HDV s’appuie sur un système de compression de type
MPEG-2 diffusion. Ce format conçu à l’origine pour la télévision numérique et le DVD
parait à priori inconciliable avec la post production. En effet, dans ce cadre, on ne code pas
intégralement toutes les images, mais seulement certaines d’entre elles, à intervalles
réguliers. Ces images particulières ont été baptisées images I (pour Intra). Pour les autres
images, on exploite les redondances temporelles (similarités) qui existent dans une séquence
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en ne codant que les différences, ce qui permet d’atteindre des taux de compression plus
importants que pour les images I. Ces images sont de deux types et portent les noms
d’images P (pour prédites) et d’images B (pour bi-directionnelles). Ces images sont
dépendantes les unes des autres et ne sont donc définies que par rapport à leur voisinage.
Hormis les images I, elles ne sont pas donc directement « accessibles » pour un montage à
l’image près ce qui a entraîné, on le verra au chapitre suivant, l’adoption de technologies
particulières pour adapter ce format à la postproduction. Cette structure n’est pas celle du
format DV qui ne comporte que des images I.
On retrouvera plus de détails sur MPEG-2 dans le texte consacré à ce sujet et
disponible également sur ce site. Pour le HDV, le couple « profil / niveau » adopté est le
Main Profile@High Level 1440 ou plus simplement MP@H14. On appelle GOP (Group of
pictures) la séquence élémentaire commençant et finissant par une image I. Il est de 6 avec le
HDV en 720p et de 12 en 1080i (c’est aussi cette valeur qui a été choisie pour la diffusion
télévision ou DVD en Europe).
Ici un GOP de 6
La structure du flux et les dimensions des images étant différents pour les deux formats, les
débits ne sont pas identiques (25 Mb/s pour le 1080i et de 19,7 Mb/s pour le 720p25) mais
ils sont constants au fil d’un même enregistrement (Constant Bit Rate ou CBR).
1080i50
720p25
1920 x 1080
1280 x 720
Formats HDV (en Europe)
1440 x 1080
1280 x 720
25 Mb/s
19,7 Mb/s
Concernant l’audio, les deux formats HDV enregistrent deux canaux échantillonnés à
48 KHz sur 16 bits avec une compression de type MPEG-1 layer II audio ce qui procure un
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débit après compression de 384 Kb/s. C’est là aussi une des différences majeures avec le
format DV qui enregistre l’audio sous une forme non compressée (PCM pour Pulse Code
Modulation) suivant deux formules : 4 canaux échantillonnés à 32 KHz sur 12 bits ou 2
canaux échantillonnés à 48 KHz sur 16 bits.
Indépendamment des opérations de compression, un signal MPEG-2 peut revêtir
différentes formes selon le mode d’imbrication des différentes données entre elles, selon la
façon dont elles sont multiplexées entre elles pour l’enregistrement ou pour leur
transfert (voir tableau ci-dessous). Au niveau même de l’enregistrement sur la bande
magnétique, les deux formats HDV ne s’appuient pas sur la même forme : pour le 1080i, les
données sont enregistrées sous forme de flux élémentaires découpés en paquets (PES ou
Packetized Elementary Stream) ; pour le 720p, elles sont sous la forme d’un flux de transport
(TS pour Transport Stream). Au niveau du transfert, les deux systèmes utilisent par contre la
même forme. La liaison caméscope HDV / station de montage est réalisée par une connexion
IEEE1394 tout à fait classique. Les données audio et vidéo sont encapsulées pour le
transport en un flux MPEG-2 TS (Transport Stream). Lors de l’import dans le station de
montage, le logiciel procède à l’extraction des différentes éléments : vidéo et audio.
!
!
" # $ %&
le flux élémentaire (Elementary Stream ou ES)
C'
est le flux brut, continu qui sort d'
un codeur. Chaque flux élémentaire ne
contient qu’un seul type d’informations (par exemple vidéo, ou audio (un
seul canal), ou des données numériques). Ce flux continu peut être ensuite
découpé en paquets (Packetized Elementary Stream ou PES).
le flux de programme (Program Stream ou PS)
Le flux de programme est obtenu par un multiplexage de plusieurs flux
élémentaires (Exemple : 1 flux vidéo et 2 flux audio).
Il est utilisé dans le DVD vidéo
le flux de transport (Transport Stream ou TS)
Le flux de transport est composé d’un ou de plusieurs flux de programme.
Comme il est susceptible d’être affecté d’erreurs, des systèmes de
correction d’erreurs sont incorporés ainsi que des circuits de
synchronisation et de correction de gigue (jitter).
C’est le format qui est utilisé pour la télévision numérique par satellite.
Sur tous les caméscopes HDV, le signal haute définition peut être enregistré sur des
cassettes DV standards. Des cassettes spécifiques HDV sont également proposées sous
différentes marques. Si elles n’apportent pas de gain au niveau de la qualité des images, elles
offrent en revanche « un plus » au niveau de la fiabilité de la bande et du mécanisme interne
à la cassette, de la sensibilité, de la rémanence et de l’homogénéité de la couche magnétique.
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!
!
En cette fin d’année 2005, quatre caméscopes HDV (pour trois fabricants) sont
disponibles sur le marché professionnel français.
" '
(!
JVC
GY-HD100 et HD101
)
'
Caméscope d’épaule avec optique interchangeable
720p
tri-CCD 1/3 pouce
Prix 6500 €
Le modèle GY-HD101 dispose d’une entrée IEEE1394.
Enregistrement simultané sur bande et disque dur externe
optionnel (DR-HD100). Le signal enregistré est identique
pour les deux supports. Unique différence, dans le
deuxième cas, le flux HDV est directement encapsulé dans
des fichiers AVI en fonction de la solution de montage qui
sera utilisée ensuite (codecs AVID, ADOBE, CANOPUS…
intégrables sur le disque dur).
Prix indicatif pour un disque dur de 40 Go : 1595 € HT
Caméscope de paume tri-CCD, capteurs 1/3 pouce de 1,1
1080i
SONY HVR-Z1E
millions de pixels (voir texte)
Compatibilité HDV/DVCAM/DV
Prix indicatif : 5345 € TTC
Ce caméscope existe également dans une version grand
public sous la référence HDR-FX1 (sans la connectique
XLR et quelques fonctionnalités en moins)
Caméscope de paume mono-capteur Cmos 1/3 pouce de 3
1080i
SONY HVR-A1E
millions de pixels.
Compatibilité HDV/DVCAM/DV
Le plus petit (670g pour le caméscope seul) et le moins cher
des HDV pros. Prix indicatif : 3000 euros TTC environ.
Ce caméscope existe également dans une version grand
public sous la référence HDR-HC1 (sans connectique
XLR et quelques fonctionnalités en moins)
Caméscope
d’épaule avec optique interchangeable
1080i
CANON XL-H1
Tri CCD avec capteurs 1/3 pouce comprenant 1,7 millions
de pixels chacun.
Sorties sans compression HD-SDI et SDI
Entrée Genlock, entrée et sortie pour time-code
Prix indicatif : 10300 euros TTC
Offre professionnelle pour les caméscopes HDV
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On l’a dit, le format HDV n’est pas un format particulièrement bien adapté pour le
montage. C’est avant tout un format de captation et d’enregistrement. L’utilisation d’un
système de compression de type « MPEG-2 diffusion », si elle permet une réduction
importante des débits, ne parait pas, au premier abord, propice au montage. Elle l’est
pourtant ! Différentes stratégies ont été élaborées par les concepteurs d’ensembles de postproduction pour pouvoir réaliser des productions dans ce format.
- tout en HDV : captation et post-production en HDV natif :
La première consiste à conserver totalement le format HDV pour le montage. Lors de
l’importation des séquences vidéo dans l’équipement de montage, le signal HDV est géré de
manière totalement native. Les images sont transférées sur le disque dur sans transformation,
avec le même débit.
Pour réaliser le montage de deux plans successifs avec précision, il est nécessaire de
pouvoir accéder précisément en tout point des séquences vidéo (et bien sûr de pouvoir
afficher les images correspondantes). D’où la nécessité pour le logiciel de devoir
reconstruire pour chacun de ces points, les images intermédiaires en « récupérant » les
éléments constitutifs dans les images voisines, puis de reconstituer tout le groupe d’images,
le tout en temps réel. Ces décodages successifs sont transparents pour l’utilisateur mais
nécessitent néanmoins des ressources machines importantes. Sur un plan qualitatif, ce
travail, surtout s’il est réalisé plusieurs fois sur les mêmes images (multigénération) à
l’occasion d’effets multiples pourra affecter la qualité des images. C’est aussi ici l’une des
différences majeures avec le montage en DV natif, pour lequel il n’y a, compte tenu du
format qui ne comporte que des images I, aucune dégradation majeure.
L’utilisation du HDV en natif présente cependant des avantages. Son débit étant
identique (ou inférieur) à celui du DV, on peut utiliser pour le report une liaison IEEE 1394
(FireWire) tout à fait classique. Nul besoin d’une connexion spécifique et rapide, ni même
d’ailleurs d’une architecture lourde et coûteuse, même si compte tenu des calculs permanents
qui sont à effectuer, des ressources machines importantes sont nécessaires. Par rapport aux
autres solutions HD existantes, le format HDV oppose également le plus faible coût des
périphériques et des équipements, notamment pour ce qui concerne le stockage : avec le
HDV 1080i, le débit (et donc le volume de stockage) est 4 fois plus faible qu’avec le
DVCPro HD, 5 fois que le HDCam, 17 fois que le HDCamSR…
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- Produire en HDV via un format intermédiaire plus adapté au montage :
La seconde consiste à utiliser un format intermédiaire (lors du report sur la station de
montage ou après capture) en utilisant des codecs qui autoriseront un montage facile à
l’image près. Les logiciels de montage concernés vont inclure leurs propres codecs,
utilisables en lieu et place du codec MPEG-2. Ils n’utilisent pas de compression temporelle
comme le MPEG-2, mais s’appuient sur des compressions de type intra-image ou intratrame. Lors du report sur le disque dur de la station de montage, les images sont
immédiatement recalculées, transformées en images complètes et indépendantes (images I)
et enregistrées ainsi sur le disque dur. A partir de ce stade, tout est plus simple pour le
montage : le calcul et gestion des effets est plus facile et plus rapide, les affichages sont plus
véloces puisqu’il n’est pas nécessaire pour chaque opération de casser le GOP, de
décompresser et de recalculer les images avoisinantes. Ces codecs peuvent parfois également
assurer simultanément la transformation de l’échantillonnage de la couleur du format 4.2.0.
(HDV) en 4.2.2.
Envers du décors, de par le mode de compression utilisé, ces codecs demandent trois à
six fois plus de bande passante que le format natif et, corollaire immédiat, des espaces de
stockage plus conséquents. En revanche, sauf lors de l’importation, ils sollicitent beaucoup
moins le processeur de la station de montage (avec un codec Mpeg-2 TS, la vidéo est plus
compressée et donc moins volumineuse, mais la génération des effets impose des temps de
calcul plus importants).
Ces codecs sont spécifiques au logiciel de montage utilisé.
Pour Adobe, fournisseur de la solution Première Pro 1.5, le codec HDV (d’origine
Cineform et téléchargeable gratuitement sur le site) repose sur une compression par
ondelettes au format 4.2.2. Pour ce logiciel, il est également possible de s’appuyer sur des
solutions payantes, sans doute plus performantes et plus rapides, et qui sont proposées par
des sociétés tierces. C’est par exemple le cas avec «Aspect HD» également de CineForm
(499 €). Ce codec s’appuie sur une technologie baptisée « carlsbad » qui repose également
sur un traitement des images par ondelettes. Le débit est de 100 Mb/s environ (soit 4 fois
plus que le HDV natif). Une version Connect HD du même fabricant est également
disponible pour le logiciel Sony Vegas 6.0.
Canopus a développé son codec HQ et le propose avec son logiciel Edius. Selon un
représentant de la marque qui ne souhaitait pas dévoiler un secret (!) lors du dernier SATIS,
il utilise une technologie « plus proche du MJPEG que des ondelettes » ce qui peut signifier
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un codage intra-image de type MPEG-2-I. Il s’appuie sur le format d’image en 4.2.2. avec un
débit qui est variable selon la complexité des images et qui oscille en moyenne entre 100 et
170 Mb/s. C’est 4 à 6 fois plus que le HDV natif. A noter que le logiciel Edius permet de
« travailler », soit en HDV natif, soit en utilisant le codec HQ (le signal est transcodé en
temps réel et importé dans un fichier AVI), soit simultanément avec des formats différents
(et donc plusieurs codecs) puisqu’il est possible de mélanger sur la même time-line des
fichiers d’origines diverses: HDV natif 1080i et 720p, HQ, AVI, Quick Time, DV…
Final Cut Pro de Apple offre également les deux méthodes de travail : en HDV natif ou
dans un format ne comprenant que des images I en utilisant son codec propriétaire Apple
Intermediate Codec. Selon Apple, ce codec génère des volumes trois ou quatre fois plus
élevés que le HDV natif. Ici aussi, le débit est variable en fonction de la complexité des
images.
Montage en HDV (en natif ou avec codec propriétaire)
- la solution AVID :
La troisième est une solution intermédiaire, puisque combinant les deux premières. Sur
les systèmes de montage Avid dédiés au HDV, le transfert vers la station de montage est
réalisé en HDV natif (via une liaison IEEE1394). Le traitement des images repose ensuite
sur l’utilisation de deux codecs. Pour le montage cut des images vidéo, on conserve le HDV
en natif. Par contre, pour le calcul des effets ou pour le traitement des graphiques et des
titres, on utilisera un codec spécifique qui a été développé par Avid. Ce codec DNxHD a été
spécialement conçu pour la post-production (quantification jusqu’à 10 bits pour la
dynamique, échantillonnage en 4.2.2, encodage conservant tous les pixels d’origine). Ce
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codec offre le choix entre trois résolutions correspondant à 3 niveaux de compression. Les
débits seront compris entre 115 et 220 Mb/s.
Performances comparées du codec DNxHD et du
HDV natif (schéma Avid Info Newsletter spécial HD )
Le codec DNxHD est disponible avec toute la gamme de montage Avid. Il est libre de droit,
et disponible gratuitement par téléchargement sur le site Avid assurant de ce fait
interopérabilité et pérennité des archives qui auront été sauvegardées par ce biais.
Les trois scénarios évoqués, s’ils différent légèrement, présentent cependant la même
finalité : la production d’un document final en HDV (même s’il est bien sûr possible
d’exporter dans tout autre format standard ou haute définition). Quel que soit le cas de figure
adopté, lors de la compilation finale, il sera toujours nécessaire de reconstruire un document
vidéo qui soit conforme au standard HDV et donc de recalculer toutes les images I, P et B en
réalisant des GOP de 6 ou de 12 suivant le format HDV choisi. Cette étape de conformation
est relativement longue : on l’estime généralement à environ 3 ou 4 fois la durée du
document final, même si certains logiciels (par exemple Final Cut Pro) ne recalculent pas la
totalité des images mais uniquement celles pour lequel c’est nécessaire.
Ne pas confondre : rendu (rendering) et conformation
(conforming)
Ce sont deux opérations différentes :
Rendering (rendu) concerne le calcul des effets, des
transitions… au niveau de chacune des images.
Conforming (conformation) se rapporte au calcul final
nécessaire pour recréer des séquences conformes au standard
MPEG-2 (création des images I, P et B ; réalisation du GOP
de 6 ou 12 selon le standard).
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Un tournage en HDV peut n’être aussi que le premier pas, non pas pour une production
finale en HDV, mais pour une création dans l’un des autres formats haute définition. Deux
autres philosophies sont alors envisageables :
- produire en haute définition (tous formats) après conversion en HD-SDI
Ce scénario repose sur un transfert du signal via une liaison série HD-SDI et sur
l’utilisation de toute station de post production professionnelle haute définition ce qui permet
un montage dans le format HD de son choix. La société Miranda propose depuis peu une
interface réalisant la liaison et la conversion nécessaire. Relié à la source HDV (le
caméscope ou le lecteur HDV) par un lien IEEE1394, le HD-Bridge DEC de Miranda réalise
la conversion HDV / HD-SDI . Cet équipement assure aussi le transfert des canaux audios et
des données auxiliaires (time-code) encapsulées (embedded) dans le flux. Il fonctionne dans
les deux standards 1080i et 720p. L’équipementier Convergent Design, dispose aussi d’un
équipement similaire HDV-Connect pour réaliser la conversion HDV /HD-SDI.
Cette solution permet la réalisation d’un master de très bonne qualité - on ne relève pas
de dégradations dans les images, malgré le nombre possible de multigénérations - mais le
coût est bien entendu plus important que pour les scénarios précédents.
Montage HDV avec transfert en HD-SDI
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- produire en haute définition (tout format) en deux étapes :
La dernière solution est identique dans sa finalité à la solution précédente mais
s’appuie sur un processus de post production en deux étapes. Après captation en HDV, on
réalise :
- en premier lieu, un montage off-line dans un format vidéo standard (DVCAM par
exemple). Pour cette première étape, nul besoin donc de monopoliser une station haut de
gamme HD.
- dans un deuxième temps, une conformation finale dans le format haute définition de
son choix. On s’appuiera sur l’interface Miranda évoquée précédemment (voir schéma cidessous)
Cette solution permet également la réalisation de masters de qualité. La mise en œuvre
en deux étapes est certes un peu plus longue que pour le scénario précédent mais elle offre
un bon compromis en terme de coût.
Un processus en deux étapes pour une production de qualité
%
Pour les micro-ordinateurs de type PC, des configurations de type Pentium IV à 3 GHz
(ou équivalent) sont nécessaires. Des modèles bi-processeurs sont bien sûr préférables. Pour
la mémoire vive, 1 Go semble être un minimum. Reste à évaluer les capacités nécessaires
des disques durs. On compte habituellement un volume de 12 Go environ pour une heure de
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vidéo au format DV. Avec du HDV 1080i traité en natif, compte tenu du débit qui est
identique au DV (25 Mb/s), on obtiendra sensiblement le même chiffre (et même moins avec
le 720p : 9 G0 environ en 720p30). Par contre, l’utilisation des codecs spécifiques évoqués
dans les chapitres précédents va générer des volumes plus importants, variables en fonction
de la complexité du montage et du contenu des images. On l’a déjà dit, les débits (et donc la
taille des fichiers) pourront être entre 3 et 6 fois plus importants que pour du HDV natif.
Plus concrètement, en terme de capacités, il faudra donc prévoir des disques durs beaucoup
plus volumineux (heureusement, les prix sont actuellement très bas). A titre d’indication,
dans un document consacré à Final Cut Pro, Apple annonce le chiffre de 42 Go par heure en
1080i50 et de 25 Go en 720p30 lorsque l’on utilise le codec Apple Intermediate Codec.
MSH Paris Nord – Plate forme Arts, Sciences, Technologies – Philippe GASSER – Novembre 2005 - 15/16
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ADOBE Première Pro 1.5
Apple Final Cut Pro HD
(version 5)
AVID Xpress Pro HD
AVID Liquid v.7.0
Codec
spécifique
(ondelettes)
HDV natif
ou /et codec
spécifique
HDV natif
et codec
DNxHD
(voir texte)
HDV natif
CANOPUS Edius NX et
CANOPUS Edius SP
Codec HQ
Sony Pro Vegas 6.0
Codec
Cineform
(ondelettes)
Natif
Ulead MediaStudio Pro
Media 100 HD
)
Prix du logiciel (pour Windows) : environ 900 € TTC
Prix du logiciel : environ 1000 € TTC
Pour Macintosh uniquement
Prix du logiciel : environ 1700 € HT
PC uniquement
(implémentation HDV prochainement disponible pour
un autre produit : Media Composer Adrenaline HD)
Logiciel tout en un issu de l’ancienne gamme Pinnacle
Prix 469 € (mise à jour possible pour les possesseurs de
Pinnacle Liquid Edition)
Pour PC uniquement
Deux offres : cartes version NX (en PCI Express ou
PCI64) ou version SP + logiciel Edius Pro3
Prix indicatifs (y compris le logiciel) :
Edius NX PCI Express : 1419 € TTC
Edius NX PCI64 : 1299 €TTC
Edius SP : 3826 € TTC
Logiciel Edius Pro3 seul : 699 € TTC
Permet la sortie HD en temps réel directement depuis
la timeline sur un moniteur HDTV.
Distribué par AV2P (http://www.av2p.com)
Prix du logiciel : environ 499 €
Version complète (399 €)
Permet notamment le montage en basse résolution
(Smart Proxy) et report final en HDV pleine résolution
Pour PC uniquement
Fonction HDV fournie par Lumiere HD
Pour Macintosh
Ils existent également des produits moins sophistiqués, destinés au grand public et qui
gèrent également le format HDV en natif. Ainsi par exemple VideoStudio 9 de Ulead (prix
environ 100 euros) ou iMovie HD qui est intégré à la suite iLife05 (pour Mac uniquement,
prix : 79€). A noter également en lecture QuickTime 7 qui gère le HDV en natif et qui est
gratuit.
MSH Paris Nord – Plate forme Arts, Sciences, Technologies – Philippe GASSER – Novembre 2005 - 16/16

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