Rico 13bis - Paroles d`Ozoir

Transcription

Rico 13bis - Paroles d`Ozoir
R
ico chets
2 =C
«Ignorance est mère de
tous les maux». Rabelais
«Paroles d’Ozoir»
n°13 - mars-avril 2004
Une grande surface à Ozoir
L’ouverture, le 23 mars, rue François de Tessan,
d’un centre commercial dédié à l’habillement,
à la chaussure et aux produits culturels
va-t-elle dynamiser le commerce local?
d’un DVD, d’un CD, d’une
E nvie
cartouche d’encre pour votre
imprimante, d’une paire de chaussures
Reebook, Adidas ou Puma, d’une belle
robe, d’un costume masculin, de matériel scolaire, d’un beau livre ou de
tubes de peinture...? Inutile désormais
de courir à Pontault-Combault: tout
cela se trouvera dans le nouvel espace
marchand qui ouvre ses portes à Ozoir.
Selon le promoteur du projet, M.
Roberto Giorgio, ce centre est une
chance pour la ville. «Faute d’une
offre locale suffisante, les habitants
vont chercher ailleurs ce qu’ils ne
trouvent pas sur place. Seul l’alimentaire résiste encore à Ozoir; si nous ne
réagissons pas, les communes voisines
continueront d’attirer la clientèle du
secteur. Pour sauvegarder l’économie
de cette ville, il faut lui donner des
armes, donc des mètres carrés...».
Des mètres carrés, M. Giorgio en a
trouvé un bon paquet entre la rue Fran-
çois de Tessan et la ligne de chemin de
fer, à l’ouest de la ville. C’est là que
vont ouvrir sous peu un Espace Temps
consacré aux produits culturels, un
grand magasin de chaussures et un
Vétimarché.
Géré par Mark Vander Plaetse et son
épouse, l’Espace Temps devrait permettre aux consommateurs de produits
culturels de consulter, écouter et voir
avant de se décider à acheter. «Il n’y a
pas de marchands de disques à Ozoir,
la video ne se trouve qu’en location,
quant à l’offre de livres, elle nous
semble inadaptée au nombre d’habitants. Nous allons offrir un choix tel
que les Ozoiriens ne jugeront plus
nécessaire de se déplacer à la FNAC
(lire la suite en page 8)
enquête
Adapter la ville aux handicapés
un
sacré
paroissien
ous, les anciens de la Brèche, l’avons
N
connu en 1969 lorsqu’avec toute sa
famille, Claude Bachelier, quittant Casablanca, s’installa à Ozoir. Dès son arrivée, il se lia avec ses voisins et avec la
paroisse pour devenir très vite le chef de
la chorale naissante. À l’époque l’église
ne disposait pour l’accompagnement
musical que d’un harmonium. Grâce à
son entregens et à sa farouche volonté,
Claude parvint à nous dénicher un
orgue... toujours en service aujourd’hui.
De leur séjour au Maroc, les Bachelier
ramenaient des habitudes et une cuisine pleine de soleil. Tous les ans, le 14
juillet, ils invitaient les amis de la Brèche
à un couscous. Ceux qui ont connu la
confiture d’oignons de Claude en salivent encore.
Il serait trop long
de dire tout ce que
Claude et Christiane ont organisé
dans notre ville. Je
retiendrai quand
même l’accompagnement très apprécié qu’ils offrirent, pendant des années, aux familles
catholiques endeuillées.
Ce qui a toujours frappé les amis, c’est la
réussite familiale du couple Bachelier,
riche de sept enfants unis et toujours
heureux de se retrouver.
Aujourd’hui, nous sommes nombreux à
avoir perdu un ami à la générosité incomparable et, comme beaucoup d’Ozoiriens,
je dis à Christiane et aux enfants que
nous prenons part à leur peine.
LOUIS GRAFFARD
n ne voit pas beaucoup
O de personnes handicapées dans nos rues, nos boutiques, nos lieux publics. Et
pourtant elles existent, cloîtrées chez elles faute des élémentaires installations qui
leur permettraient de profiter
de la ville. Pour les satisfaire,
il conviendrait de commencer
par les consulter, connaître
leurs difficultés et leurs
besoins réels. 2003 ayant été
déclarée «année européenne
du handicap», on aurait pu
penser que, depuis l’école
jusqu’à la retraite, la person-
ne handicapée allait enfin
pouvoir trouver un environnement propice à sa totale
intégration, être un citoyen
parmi les autres dans une
ville conçue pour lui comme
pour les autres. Hélas, la
montagne a accouché d’une
souris...
Objurgations gouvernementales obligeant, une rencontre
fut organisée en février 2003
entre la municipalité d’Ozoir
et les principales associations
concernées. À ce jour elle n’a
eu aucune suite.
Comme dans beaucoup de
villes, il y a quelques réalisations, mais elles sont sporadiques et ne permettent pas
aux personnes à mobilité
réduite de vaquer à leurs
affaires. Quant aux aveugles
et mal entendants, ils sont les
grands oubliés.
Or, mener une action efficace
est possible et pas forcément
coûteux. Nous avons pu le
vérifier en nous promenant
dans la ville de Metz.
Tout est donc affaire de prise
de conscience et, ensuite, de
volonté politique...
(lire le dossier en pages 4 et 5)
parkings de la gare:
château d’Ozoir
payants ou pas payants?
quel prix pour l’achat?
Au deuxième temps de la valse… le
rapport du cabinet spécialisé est présenté en Conseil municipal (le 18
décembre 2003). Il s’agit de demander les subventions aux partenaires
ad hoc. Mais le maire, qui n’a jamais
pris Eole que d’Ozoir à Roissy le jour
de l’inauguration, et ne connaît pas
de problèmes de fin de mois, fait valider un projet dont les premières
phases supposent une réduction du
nombre de places de stationnement et
La commune refuse
toujours de se porter
acquéreur du château
d’Ozoir et de son parc.
«Trop cher», affirme
le maire sans avancer
d’autres arguments.
Établir le prix du
domaine n’est pourtant
pas si difficile.
Mais le résultat que l’on
obtient ne justifie plus
un choix qui se révèle
beaucoup plus politique
qu’économique...
(lire la suite en page 3)
(voir en page 3)
La colère éclate facilement si une menace nouvelle
pointe à l’horizon. Elle peut alors entraîner la mairie
dans une drôle de danse en trois temps comme ce
fut le cas, fin janvier, du côté de la gare d’Ozoir.
u premier temps de la valse… il
y a les prévisions marketing de
la SNCF. Vous allez voir, le
RER c’est 40 % de voyageurs en plus
en quelques années. Voyez Torcy… Il
faut vous y préparer. Un Comité de
pôle, regroupant des représentants de
la Ville, des transporteurs, des associations... est donc mis en place et
une étude menée pour adapter les
abords de notre gare (dans un rayon
de 300 mètres) à cet afflux de voyageurs annoncés.
A
Mais que fait
la police?
e mystérieux agresseurs,
au poil dru et hirsute, au
langage incompréhensible,
s’en sont pris récemment à des
résidents du quartier Anne Frank.
Les malheureuses victimes rentraient chez elles à l’issue d’une
journée de dur labeur. Après
enquête, les coupables ont été
identifiés: il s'agissait de sangliers.
Que fait la police?
D
Monsieur le Maire a informé les
élus que la salle du Conseil (elle
sert aussi de salle des mariages),
venait d’être cambriolée.
Disparus les câbles de raccordement des micros des élus
minoritaires à la sono. Disparus
aussi les fauteuils des mariés.
Que fait la police?
La loi française prévoit que tout
conseiller municipal d’opposition
a le droit de s’exprimer dans le
journal local. À Ozoir, depuis
deux ans, on refuse d’appliquer
cette loi votée par le Parlement.
Que fait la Justice?
CLAUDE BRELNEIRA
Bourbon
intermittent
Que faisait à Ozoir, lors de la soirée des vœux du Maire, le
Prince Michel, Marie, Xavier, Waldemar, Georges, Robert,
Charles, Aymard de Bourbon Parme, l’un des 114 Bourbons
actuellement en vie? À peine descendu de sa Jaguar immatriculée dans le 92, on l’a vu monter sur l’estrade officielle et, un
quart d’heure plus tard, plonger vers les petits fours. «Merci
Michel d’être parmi nous ce soir» avait entre temps minaudé
not’ bon mai(t)re Jean-François d’Ozoir. Finir intermittent du
spectacle des vœux d’un godelureau qui se permet de vous
tutoyer, pour une Altesse, quelle dégringolade...
DANTON
DE L’AUDACE
Tribulations d’une banlieusarde
dans le ventre d’Eole
U
n sacré progrès Eole? Telle ne fut
pas mon impression, ce mardi, lors
de mon premier voyage à Paris par
ce moyen de transport. Il faut dire que je
souffrais d’une sciatique, ce qui ne rend
pas l’humeur badine. Alors, dès la montée dans le wagon, je me suis énervée:
une énorme marche et un large trou séparent le quai du marchepied. Aïe ma sciatique! Et si un de mes pieds avait glissé
dans ce trou? Vision d’horreur. Pressée de
m’asseoir, je cherche… Aucun siège sur
mon palier. Pour trouver où poser son
postérieur, il faut soit descendre quatre
marches très raides soit en monter six
tout aussi abruptes. Ronchon, je m’assieds (les sièges sont minuscules et
recouverts d’un aberrant velours déjà
gras et râpé, peu engageant) et je lis mon
journal. Voyage sans histoire jusqu’à la
station Magenta...
Fichtre! J’en frissonne encore: un univers
à la Brazil (le film), froid, bétonné, des
angles bruts, de hauts murs couleur mastic, un sol de même couleur en marbre
pré-sali de traînées grises, de longs couloirs, des escalators qui montent puis qui
descendent jusqu’aux entrailles de la
terre, une lumière orangée glauque et
sinistre diffusée par d’affreux lustres
(c’est ça le design?). Aucun plan de
métro visible. Je finis par en trouver un
sur un petit panneau mobile où il est
impossible de comprendre comment cette
station Magenta s’articule avec les
2
diverses lignes. J’arrive au spectacle déjà
fatiguée…
Deux heures plus tard, je prends mon
petit métro, la sciatique toujours en bandoulière. Comme je l’ai fait pendant trente ans de travail à Paris, je descends Gare
de l’Est pour rejoindre Ozoir. Stupeur!
On m’a volé mes trains de banlieue! Plus
d’horaires direction Tournan ni cités voisines! Croyez-vous que, là où j’avais mes
habitudes, un panneau m’indiquerait, où
il faut désormais que je me rende? Non.
Discrétion totale. Un gentil jeune homme
me conseille de trimballer ma sciatique
sur toute la longueur des pas-perdus, puis
de prendre l’escalier à droite. L’escalier?
Tu parles! C’est toute la rue d’Alsace,
l’escalier, pas quelques marches à couvert de la verrière. Enfin, boitillant de
plus en plus bas, me voici à Magenta. Je
me crois sauvée: je sais que je dois
prendre le RER E. Pas si simple. Il y a le
E 53, le E 54, le E 49 et j’en passe.
Croyez-vous qu’on m’indiquerait gentiment où chacun se dirige? Après un
moment d’errance j’aperçois «Tournan»
apposé sur un mur, mais sans flèche
directrice. Un escalier à droite, un autre à
gauche, ma latéralisation normale m’incline à droite. Pas de chance, il fallait
prendre l’autre. Je remonte et je redescends sur le quai opposé...
Un merveilleux progrès, Eole? Alors il
est bien triste, le progrès…
ISAMONA
courrier
Si le château lutter
toujours...
m’était conté
O
n disait autrefois: «des guerres il y
en a toujours eu, il y en aura toujours». On dit aujourd’hui: «Il y a toujours eu des pauvres, il y en aura toujours»; «Il y a toujours eu des chômeurs,
il y en aura toujours»...
À entendre ceux qui tiennent pareils propos, ce monde ne pourrait qu’être chargé
de misères et de difficultés pour ceux qui
sont tombés du mauvais côté de la corbeille. Et c’est vrai - les bénévoles des
associations caritatives le constatent - les
conditions de vie s’aggravent, y compris
à Ozoir. Mais où est la fatalité? «Ce n’est
pas de ta faute, mais tu y es pour beaucoup, mon frère» disait le poète Nazim
Hikmet. Ceux qui refusent d’accepter
cette soi-disant fatalité savent que l’ordre
des choses peut être changé pour éviter
que les mêmes soient toujours utilisés
comme chair à canon ou rejetés par le
système économique.
«Nous vivons dans la crainte, désormais
nous vivrons dans l’espoir» écrivait
Tristan Bernard, arrêté comme juif
durant la dernière guerre mondiale.
Qu’un tel homme ait pu dire cela durant
les sombres heures du nazisme, devrait
nous inciter à rêver d’un autre monde et
à nous donner les moyens de faire évoluer le cours des choses...
JACK HAVRANECK
De ce château d’Ozoir, la volonté d’achat
Précise qu’aux calendes grecques on y pensait déjà
Oh! rage. Oh! Désespoir, Oh! château ennemi
N’as tu donc tant vécu que pour cette infamie?
Dans les têtes elle germait, ça ne date pas d’hier,
Depuis longtemps, hélas, et de plusieurs manières...
Deux permis de construire, qui s’y voyaient déjà
Remisés au placard, le Préfet l’ordonna.
Les panneaux d’affichage en furent-ils la seule cause?
Déposés, retirés, tout ça manquait d’osmose.
Par la faute d’un permis qu’on n’a pas su instruire
On s’affaire en mairie, on est proche du délire.
Construire n’importe comment, ce n’est pas si facile
Le POS est bien voté, il rend le maire fébrile.
Un parc et un verger transformés en logements
Au plus loin où l’on pense, cela reste dément.
Rendre urbanisable une parcelle classée
Cela devait séduire les gens mal informés.
Même si le maire l’accorde, détruire un espace vert,
Ne concerne pas seulement les amoureux de la terre.
Ozoiriens, pour nous, ce château c’est l’idylle
De te voir transformé en un hôtel de Ville.
Vivra-t-on assez vieux, château, je t’en supplie
Pour voir enfin fleurir en ton sein la mairie?
Les fleurs, les oiseaux, les enfants, les promeneurs,
Ne rêvent qu’à s’emparer d’une si noble demeure.
Les Ozoiriens le souhaitent, tout Ozoir le réclame
Pourvu que le Conseil n’y perde pas son âme.
JEAN-PIERRE LE CAZOULAT
une inauguration
parfaitement
cocasse
i le rire est bon pour la santé, alors
l’inauguration de la salle des fêtes
va me protéger de la maladie pour
quelques mois. (...) Le 4 mars, à 19h,
j’entre avec deux amies dans cette fameuse salle... et l’on nous invite aussitôt
à en sortir pour le discours de M. le
Maire et la cérémonie du dévoilement
des lettres magiques. Cela fait très pharmacie: où est la croix verte? Le discours
terminé, chacun veut se mettre au chaud
car il fait frisquet. Hélàs, les portes sont
bloquées. Priorité au maire qui doit franchir, en tête de la procession, le seuil de
la salle des fêtes-salle de spectacles.
S
Q
Volatile
ui ne connaît l’expression:
«politique de l’autruche»?
Elle traduit le refus de prendre un
danger ou une menace en considération. Si l’autruche se cache la tête,
c’est donc pour ne pas se la prendre. (...) J’ai décidé d’offrir à «Ricochets» une autruche en guise de
cadeau de nouvel an. Fière, joviale,
l’œil à la fois malicieux et
lucide, souhaitons
qu’elle apporte à
tous moins de souffrance et un peu de
bonheur.
ROGER
COLLERAIS
Nous lui emboitons le pas...
Quelle mise en scène! Une haie de choristes (ceux de François de la StarAcadémy) nous accueille en tapant dans
les mains et en scandant sur un air de
Florent Pagny: «Bienvenue à l’Espace
Horizon; vous ne vous attendiez pas à
trouver un si bel endroit». On se croirait
au milieu des Krishna. C’est tellement
ridicule que nous éclatons de rire.
Dans la salle, la municipalité n’a pas
lésiné sur la taille et le nombre des
affiches montrant en alternance un horizon sombre et un autre avec un arc-enciel, des fois qu’on aurait pas saisi le
Abonnement
message du premier coup (1). Nous
voilà devant un grand rideau derrière
lequel doit se passer le «show». Hélàs, le
rideau refuse de s’ouvrir: il s’écoulera
vingt minutes avant que l’on parvienne à
le tirer. Nous sommes debout puisqu’il
n’y a ni chaises ni gradins. Les petits
fours? Pas encore tout à fait dégelés.
Heureusement, il y a le champagne.
Rien que pour ça, il fallait en être...
SOPHIE LAURENT
(1) Horizon 2000, était le nom de l’équipe de M. Oneto lors des dernières municipales. C’est toujours celui du groupe
majoritaire au Conseil municipal (ndlr).
(à retourner à «Paroles d’Ozoir», 6, rue Jules Renard - 77330 Ozoir-la-Ferrière).
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Date:
Signature:
Ricochets - n°13 - mars 2004
Edité par «Paroles d’Ozoir» (Pdt: Cl. Le Bihan).
6, rue Jules Renard, 77330 Ozoir-la-Ferrière.
Directeur de la publication: Michel Lis.
Rédacteur en chef: Jean-Louis Soulié.
Photos: Michel Kafka et J.-L. Soulié.
Annonces: Christiane Laurent.
Promotion: Monique Le Cazoulat.
Numéro ISSN: 1630-3806.
N° Commission paritaire: 0104 G 82272.
Imprimerie 2 GCA à Roissy-en-Brie.
Dépot légal: décembre 2003.
Le numéro: 2 euros.
Abonnement pour 10 n°: 20 euros.
Renseignements: 01.64.40.39.38.
Email: [email protected]
Ricochets - n° 13 mars-avril 2004
vie locale
Élections
Vieux Pays
quel prix
pour l’achat
du château?
Une pétition demandant que la commune se porte
acquéreur du château d’Ozoir circule toujours en ville
et vous êtes nombreux à nous écrire pour savoir si le
refus du maire de faire jouer le droit de préemption de
la commune est justifié. Retour sur un sujet déjà abordé.
rop cher!». Pour le maire,
T l’achat du château «ruinerait»
«
les finances municipales. «Faux»
répondent ses opposants. «La
commune en a tout à fait les moyens sans augmenter les impôts ni
recourir à l’emprunt».
Évaluer avec exactitude le coût
d’une installation de la mairie au
château et d’une ouverture du
parc au public est difficille puisqu’il y aurait fatalement des négociations avec les propriétaires. On
peut, en revanche, donner un
ordre de grandeur qui se situe aux
alentours de cinq millions d’euros.
Cinq millions d’euros pour l’achat
et la rénovation complète du bâtiment central, des communs et de
la ferme de la Doutre utilisée
comme annexe.
Est-ce jouable? «Bien sûr que oui»,
affirment les «pour» qui s’appuient
sur l’exemple récent de Méry-surOise. Cette commune de 9000
habitants vient en effet de racheter
son château (pourtant beaucoup
plus cher que le nôtre: 9,2 millions
d’euros). «Cela prouve que des
subventions sont possibles»,
notent les partisans du projet...
«L’état des finances communales
permet un achat en douceur, à
condition de revoir le projet de
ville», reconnaît Jacques Nedel.
Pour l’ancien adjoint de JeanFrançois Oneto, le coût du transfert de la mairie à Arluison (choix
actuel de la majorité municipale)
s’élèverait à trois millions d’euros.
Un chuffre avancé par le maire luimême.
Manque donc deux millions...
«Pas besoin d’augmenter les impôts
pour les trouver», affirme Monique
Bellas, conseillère municipale
d’opposition. «La commune vient
de toucher une manne inespérée
de redressements fiscaux et l’excédent budgétaire 2004 dépasse de
très loin la somme recherchée. Si le
maire ne met pas cette situation
exceptionnelle à profit pour acheter
le château, il montrera que les raisons de son refus sont politiques et
non économiques».
J.-L. S
Respecter le «jeu» démocratique
Mode de scrutin compliqué, institutions mal identifiées, en ce début de campagne électorale, la
majorité des Français se dit peu ou pas intéressée par les prochaines élections cantonales et régionales. À Ozoir, la volonté de vaincre du maire-candidat fait parfois fi du respect de la loi...
«
l’UMP qui craint le «vote
E ntre
sanction» et le PS qui n’a toujours
pas de programme alternatif crédible,
il y a un boulevard pour les extrêmes.
De gauche ou de droite, ils vont encore
cartonner».
À la sortie de la librairie de la gare,
Johan, vingt-sept ans, se risque au jeu
des pronostics tout en affirmant qu’il
n’ira pas voter. «Surtout pas à Ozoir»,
croit-il utile d’ajouter sans préciser le
sens de son propos. Manque de
motivation ou méconnaissance des
enjeux, faute d’information?
Si, pour les Régionales, le vote par
listes permet un repérage assez aisé,
pour les Cantonales (élection de nos
représentants au Département) c’est
l’incompréhension totale.
D’autant qu’il est difficile de dire qui a
le plus de chance de l’emporter entre le
Conseiller général sortant, François
Perrussot (PS), premier adjoint à
Roissy, et le maire d’Ozoir, JeanFrançois Oneto (UMP). À moins, bien
sûr, qu’un troisième larron, toujours
possible en ces temps d’incertitude,
mette ces deux là d’accord en leur
jouant un tour à sa façon.
Car les deux favoris rencontrent des
difficultés de même nature. Le premier,
confiant dans le fait que le canton est
entre les mains de la gauche depuis des
lustres, souffre de la discorde régnant
au sein de l’équipe municipale roisséenne. «La faute au caractère autoritaire du maire», déclarent les adversaires de celle-ci. Iront-ils jusqu’à faire
payer à François Perrussot la rancune
accumulée à l’égard de sa tête de liste?
Des voix de gauche pourraient bien
faire défaut les 21 et 28 mars...
En manquera-t-il, à Ozoir, au candidat
UMP? C’est l’avis de ceux qui estiment qu’en matière d’autoritarisme le
maire d’ici vaut largement celui de làbas. «La barque des libertés prises
avec la loi républicaine commence à
être un peu trop chargée», constate
Jacques Loyer. Et l’ancien maire
d’Ozoir de se lancer dans une dénonciation féroce du non respect de la loi
par son successeur: «Fidèle à ses habitudes, Jean-François Oneto semble ne
La Gare
payants ou pas payants,
les parkings?
(suite de la première page)
envisage de rendre ces parkings longue
durée payants.
Au troisième temps de la valse… la nouvelle se répand chez les commerçants de la
gare. Une pétition recueille des centaines
de signatures en quelques jours. Les commerçants estiment qu’ils perdraient une
bonne part de leur clientèle, découragée,
qui préfèrerait prendre le train à Roissy, où
le parking reste gratuit. Les voyageurs
trouvent déjà assez pénalisants les trajets
longs et chers, sans avoir à y ajouter des
frais de stationnement comme en plein
Paris. La pression des citoyens est efficace. Alerté, le maire vient par trois fois
négocier et finalement écrire sous la dictée
des commerçants «qu’aucune décision de
ce genre n’a été prise» et «qu’il n’y est pas
favorable». Le service communication de
la ville photocopie ce document en deux
formats: l’un normal, l’autre agrandi…
pour affichage ! Fin de la valse.
scepticisme
Trop longtemps ignorés, tenus à l’écart
des études qui détermineront leur avenir,
certains commerçants du quartier de la
Ricochets - n° 13 mars-avril 2004
La démocratie a ses règles.
L’une d’elle précise qu’il
est interdit à tout candidat
de coller ses affiches sur les
panneaux officiels avant
que la campagne ne soit
déclarée ouverte...
gare, sceptiques, n’osent croire à la sincérité de la lettre du maire écartant le stationnement payant: «Ce sera à vérifier à
plus long terme. Pour l’instant, il voulait
seulement faire retirer une pétition
gênante en période préélectorale». «Mais
je vais l’afficher, cette lettre, en surlignant la phrase où il est dit qu’il n’est pas
favorable au stationnement payant» affirme la pharmacienne.
D’autres, confiants, saisissent cet engagement comme tel, et conservent soigneusement un écrit, preuve d’un geste d’apaisement du premier magistrat de la ville.
Il y a aussi des indifférents. Leurs commerces sont moins liés au flux des voyageurs qu’à la clientèle du quartier, alors
ces questions de parkings sont secondaires. Ce qui compte, c’est la sécurité et
l’installation de caméras de surveillance
sur la place Roger-Nicolas et le retour de
la Police nationale. «Faut-il attendre qu’il
se passe à nouveau quelque chose de
grave pour les voir revenir?».
L’insatisfaction des commerçants, la tension permanente dans laquelle ils vivent
se sentent dès que l’on interroge un peu.
Y a-t-il un afflux de nouveaux clients?
Difficile à dire – c’est trop tôt. Il y a bien
des visages nouveaux, mais surtout beaucoup de fidèles, dont chaque commerçant
connaît le nom ou le prénom… À rester
calmement en observatrice chez l’un ou
l’autre, la vie semble y couler, aimable,
tranquille, au fil d’une activité incessante… Mélange miraculeux de sourire
«commercial» et de réelle convivialité.
Le commerce est un art difficile, au service de la paix sociale, et qu’il faut absolument préserver.
MYRIAM AUJOUX
connaître d’autre légalité que la sienne. Refusant toujours de donner la
parole à ses opposants dans le journal
municipal (après deux ans d’attente,
nous venons de saisir la Justice), il
colle ses affiches sur les panneaux
avant l’ouverture de la campagne officielle, impose aux services techniques
de la ville de travailler des journées
entières pour organiser ses meetings
électoraux, utilise le matériel municipal de façon scandaleuse, affiche son
nom sur des calicots alors que cela
n’est pas permis en période électorale,
procède à des inaugurations dont le
caractère politique n’échappe à personne. Certains employés municipaux
se sont fait vertement reprocher leurs
conversations avec des gens soupçonnés de ne pas pencher à droite».
Selon M. Loyer, le maire aurait également décalé le repas des personnes
âgées pour mieux faire passer le message de sa candidature.
La campagne sera courte mais elle ne
devrait pas décevoir les amateurs.
J.-L. SOULIÉ
Les propositions présentées
au Conseil municipal
PHASE 1
Opération n°1: Reconfigurer la gare routière et réaménager l’avenue Raoul-Nordling. La gare routière reste au
centre devant la gare RER (6 quais et un rond-point de
retournement). Le stationnement des voitures particulières y
est interdit. L’espace piétonnier est agrandi, place RogerNicolas. Installation d’équipement de vidéo-surveillance et
information dynamique des voyageurs. Un trottoir est créé
côté habitat, avenue Raoul Nordling, au détriment des
pelouses actuelles.
Opération n° 2: Aménagement du parking nord. Les 200
places sont ramenées à 119. Les places des commerçants
ont été contestées lors de la discussion au Conseil municipal car elles seraient sans assise juridique. Un chemin piéton est prévu le long de la voie ferrée.
Opération n° 3: Aménagement du parking sud. Les 295
places sont ramenées à 276. Mais 68 places seront créées
sous le château d’eau, en prolongement du parking actuel. Il
n’y aura plus de stationnement de courte durée (zone bleue)
sur ce parking.
PHASE 2
Une rue est ouverte reliant l’avenue Nordling à la rue
Félix-Éboué, à l’extrémité du Foyer, réintégrant ce quartier
dans la circulation urbaine et facilitant l’accès au parking
annexe.
PHASE 3
Aménagement de la parcelle verte le long de la rue FélixÉboué pour un nouveau parking et des jeux de proximité
(2 terrains de basket et 5 pistes de boules).
3
dossier
Accessibilité
É
patant! Une cela se fait dans certaines villes, d’un bip lui faisant
personne en savoir que quelqu’un qui
fauteuil roulant
ne peut pas monter l’attend sur le trottoir avec une
peut très facile- ordonnance…
ment accéder au La caissière du cinéma est aimable: alertée, elle fait
bureau de poste entrer les personnes qui en ont besoin par la porte de
d’Ozoir: la
sortie. Mais il faut un accompagnateur pour acheter le
rampe est large, lisse et de faible pente. Mais une fois
billet et la prévenir. Pour aller emprunter un livre à la
la porte franchie, c’est une autre histoire. Impossible
bibliothèque, miracle, il existe un monte-personnes…
de se faufiler dans le labyrinthe de la file d’attente
Mais il est si poussif qu’il semble avoir été délaissé, et
comme tout le monde. Bien entendu les clients préde toute façon, il est fermé à clé.
sents, avec un aimable sourire, proposeront de laisser
Sauf sur le quai de la gare, il n’existe nulle part de
leur tour en tête de file, et voilà notre handicapé, lui
bande à picots signalant aux malvoyants qu’ils ont
qui ne souhaite rien tant que de passer inaperçu, signa- atteint le rebord du trottoir. Aucun feu rouge n’est
lé à l’attention générale. Et que se passe-t-il lorsque,
équipé pour eux d’un signal sonore. Aucun pictogramaprès force manœuvres pour se glisser dans l’étroit
me clair ne remplace les panneaux indicatifs à l’inten«espace de discrétion», il se retrouve devant le guition des handicapés mentaux. Et bien entendu, personchet? Rien. Il ne se passe rien: le comptoir lui arrive à
ne, ni officiels ni organisateurs de spectacles, ne songe
hauteur des sourcils… La machine à composter a été
à la présence d’un interprète en langue des signes pour
conçue à bonne hauteur, mais pas le distributeur de
les malentendants.
monnaie.
On pourrait multiplier abondamment les exemples
À la mairie, le service de l’état civil (mais aucun des
d’obstacles à l’autonomie. «C’est l’inaccessibilité
services relatifs à l’enfance et à la scolarité) est accesgénérale, constate Daniel, handicapé moteur. Sans
sible aux personnes à mobilité difficile. Que dire en
aide, en fauteuil il est impossible de circuler même sur
revanche du Syndicat d’Initiatives, du poste de police,
les avenues principales: on se retrouve tout de suite
du Relais Emploi (quinze marches pour ce dernier)?
coincé par des voitures garées n’importe comment et il
Si Intermarché, Franprix, Lidl sont de plain-pied, il est n’y a presque pas de bateaux… Moi, j’ai renoncé!»
impossible aux personnes en fauteuil
À Metz, ville où l’intégration
roulant et à celles dont la marche est
des personnes handicapées et
difficile, de faire leurs courses dans les
dépendantes est une des prioriboutiques de la ville: presque toutes
tés de la politique municipale,
présentent une ou deux marches à l’entout passage piéton est signalé
par une bande podotactile intétrée. La palme du n’importe quoi
grée dans la chaussée. Ainsi
revient sans conteste au quartier comavertis, les aveugles et mal
mercial de la Source, où des places de
stationnement réservées ont été aména- voyants n’ont plus qu’à attendre
le signal sonore leur indiquant
gées, mais où la pente des trottoirs et
qu’ils peuvent traverser sans
les bordures bétonnées constituent des
danger. Ce signal est déclenché
empêchements
par un boîtier que tout handicapé messin a en sa possession
rédhibitoires. Peut-être un jour la phar(les visiteurs et touristes peumacie, au moins elle, s’équipera comme
vent se le procurer, pour la
durée de leur séjour, à l’Office
de tourisme de la ville).
Transports,
logement,
travail...
Le règne du
n’importe quoi
ême avec des parents formidables, le
souhait de tout jeune handicapé est
de vivre en autonomie. Responsable de
soi-même. Libre. La difficulté est tout à
fait surmontable pour peu qu’urbanistes et
promoteurs y aient pensé en amont de
leurs travaux. La loi en fait désormais
obligation, mais cette mesure est récente
et ne s’est encore que peu concrétisée
dans les faits. A Ozoir comme partout,
trouver un appartement de plain-pied ou
doté d’un vaste ascenseur, de portes
larges, d’une place de parking réservée à
proximité, demande de très longues
recherches. Quant au signal lumineux en
guise de sonnette pour les malentendants,
à l’ascenseur parlant pour les mal
voyants, n’en parlons même pas...
Une fois la merveille trouvée, il incombe
encore à la personne handicapée d’aménager, à ses frais, son appartement en
fonction de ses besoins spécifiques.
our un handicapé ozoirien, se déplacer
relève de l’exploit. Les cars ne présentent aucune facilité d’accès. A la gare, on
atteint le summum du n’importe quoi.
Oui, on a prévu des places de parking
M
P
4
réservées: elles ne sont pas aux normes.
Oui, il existe une rampe d’accès extérieur: sa grille est fermée à clé. L’ascenseur est en panne. Une affiche l’indique: il suffit d’alerter le personnel du
guichet pour rencontrer une aide. À
condition d’arriver très en avance et en
dehors des heures d’affluence (et au
retour de Paris, quand on débarque sur le
quai, que fait-on?). En admettant que la
personne à mobilité réduite soit parvenue
à atteindre le quai malgré le double escalier à franchir, comment monter dans le
RER vu l’espace séparant le quai du marchepied?
Le malvoyant devra trouver une personne
complaisante pour lui indiquer la station à
laquelle il veut descendre: les gares ne
sont pas signalées vocalement dans les
wagons.
ien n’est donné sans mal aux personnes handicapées (ou à leurs
familles) pour accéder à une intégration
dans le monde du travail. Les structures,
les aides, la législation existent, mais...
Il convient tout d’abord de faire évaluer
son taux d’incapacité par la COTOREP
R
qui est habilitée à délivrer la carte permettant d’avoir accès aux dispositifs spécialisés d’aide à l’insertion professionnelle et à la formation. Ensuite, après avoir
suivi une formation pertinente, il faut
trouver un employeur bien informé. À
Ozoir, si certaines entreprises font appel à
la sous-traitance auprès du CAT bien peu
emploient directement une personne handicapée. Par crainte ou ignorance la plupart du temps, elles préfèrent verser leur
quote-part à l’AGEFIPH plutôt que de se
risquer à quelques embauches pour remplir leur obligation de 6% de l’effectif.
Pourtant, ce même organisme, c’est sa
vocation, pourrait financer des aménagements de postes adaptés ainsi que la formation du salarié…
Adapter
la ville
aux handicap
Cette enquête ne
traite que des
handicaps moteurs
et sensoriels.
Le handicap
mental sera
abordé dans un
prochain numéro.
L’intégration,
c’est tous les jours...
Témoignage:
je suis né, mon cerveau n'a pas
Q uand
été oxygéné assez vite. Ces quelques
secondes d'asphyxie ont déterminé toute
ma vie: je me déplace en fauteuil électrique, coordonne très mal mes mouvements. Je ne peux ni écrire à la main, ni
boire directement au verre. Je ne suis
jamais sûr qu’une cuillerée que je porte
à ma bouche y arrivera sans encombre.
J'ai de grandes difficultés d'élocution
même si les oreilles attentives me comprennent très bien. Je suis un « infirme
moteur cérébral » (I.M.C.).
J'ai passé douze ans de ma vie dans des
centres spécialisés. Et puis un jour, bac
B en poche, me voilà parachuté dans un
amphi de huit cents étudiants, tous
valides. Ce fut, je crois, mon plus grand
choc lié à la notion de «différence». Que
pouvais-je faire au milieu d'un groupe de
jeunes à l’image aussi éloignée de la
mienne ?
J’ai très vite compris que si je ne n’allais
pas vers les autres, eux ne viendraient
pas vers moi. Cette attitude passive du
monde «valide» est souvent dénuée de
toute méchanceté ou dédain. Elle tient
seulement à la peur du handicap.
Pour casser ce mur invisible, il faut faire
le premier pas et ne jamais avoir l'air de
«porter» son handicap. On peut en parler
certes, mais sans que cela envahisse tout
le champ de la communication. Il faut
aussi savoir être à l'écoute des autres.
De bons résultats dans les études, du
dynamisme et de l’humour m’ont permis
de devenir un élément moteur à l'université d'Amiens. Mon appartement fut très
vite un lieu d’échanges et de soirées
mémorables. Ma volonté de m’intégrer a
ainsi puisé sa force dans les rencontres.
Dans la ville lorraine, il
n’est pas un seul escalier
qui ne soit flanqué d’une
rampe destinée aux personnes en fauteuils roulants, aux mamans promenant leurs bébés dans des
poussettes, ou aux personnes âgées ayant quelque
difficulté à monter ou descendre des marches.
Tout au long de ma vie, aides et soutiens
ont contribué à ma conquête d'autonomie.
L’intégration a aussi un coût financier. Si
l'aménagement de mon habitat, ma voiture, mon matériel informatique
n'avaient pas été pris en charge par la
collectivité, jamais je n'aurais pu vivre
seul, conduire, poursuivre mes études,
me rendre à mon travail aussi facilement. Il est donc regrettable qu’obtenir
les subventions indispensables à toute
personne handicapée exige un invraisemblable parcours du combattant.
L'énergie que l’on peut perdre dans d’interminables démarches administratives!
Ces efforts énormes, conjugués aux problèmes directs du handicap, découragent
nombre d'entre nous, qui préfèrent se
retrancher dans des foyers. Comment
condamner leur inertie ?
J’ai moi-même rencontré au cours de ma
vie de nombreux obstacles, échecs et
déceptions. Mais aujourd’hui, titulaire
d'un DESS, je travaille comme webmestre dans une collectivité locale,
conduis ma voiture, sors énormément et
j'ai beaucoup d’amis.
On me demande quelle serait, à mon
avis, la priorité des priorités en termes
d’aménagement urbain… Le problème
du déplacement dans sa globalité (transports en commun inadaptés, places de
parking réservées non respectées, inaccessibilité des logements et de nombreux
bâtiments publics....) constitue, à mon
sens, un des grands facteurs d’exclusion
de la vie de la cité des personnes en
situation de handicap.
Aussi, la première priorité qui me tient à
cœur paraît basique: il faut rendre acces-
Ricochets - n° 13 mars-avril 2004
Pragmatiques, de nombreuses
grandes surfaces ont intégré dans
leur stratégie commerciale le fait
que le vieillissement de
la population va multiplier le
nombre des personnes à
mobilité réduite.
À l’inverse, la quasi totalité des
commerces d’Ozoir demeure
interdite aux handicapés.
La place «parking réservé»
(quand elle est respectée)
ne suffit pas à résoudre tous
les problèmes d’accessibilité.
és
Enquête:
Christiane Laurent et
Isabelle Monin Soulié
L’office de tourisme de Metz
met à disposition des aveugles
des cartes en relief de tous les
monuments de la ville. Le non
voyant, en arpentant les rues,
peut ainsi se représenter les
merveilles qu’il côtoie...
Dans ce bâtiment, derrière
une partie du comptoir à
hauteur de fauteuil, une
jeune handicapée diplômée
assure avec compétence un
accueil chaleureux.
sibles aux fauteuils roulants tous les trottoirs de France et de Navarre. C’est loin
d’être le cas aujourd’hui. Il m’arrive souvent d'être bloqué dans mes déplacements par une hauteur de trottoir infranchissable. Lorsque je trouve un bateau
aménagé, je l'emprunte avec un sentiment de liberté. Mais il n’est pas rare
que, trois ou quatre cents mètres plus
loin, il me faille revenir en arrière, car
l'autre extrémité est beaucoup trop haute
et rend la descente périlleuse ou impossible. Et me voilà obligé de braver les
dangers de la jungle automobile.
La notion de "personne en situation de
handicap" remplace maintenant celle,
plus statique et définitive, de "personne
handicapée". On envisage ainsi que cette
personne, au sein d’un environnement
adapté, puisse accomplir les mêmes activités que tout autre citoyen. Des efforts
certains ont été faits, notamment en
termes d'accessibilité dans certaines de
nos villes, bâtiments publics, écoles et
universités… Ils restent cependant ponctuels et disparates, et manquent d'une
harmonie globale sur le plan national.
Une politique nationale d'accessibilité en
milieu urbain est donc absolument indispensable, mais, ne l’oublions pas, l’intégration se fera d'abord dans nos villages,
villes et quartiers, et commence… dans
les relations de palier.
VICTOR RODRIGUES
Une centaine de
fauteuils roulants
à Ozoir ?
Tous handicaps confondus (sensoriels,
moteurs, mentaux), en France en 1991
l’INSEE recensait 5,5 millions de personnes
déclarant un handicap ou une gêne dans la
vie quotidienne, et 1,8 million déclarant un
handicap sévère restreignant significativement leur autonomie. Si l’on extrapole ces
chiffres à la proportion d’une ville de 20.000
habitants comme la nôtre… cela fait du
monde (1). Où sont-ils? Que font-ils?
Pourquoi les côtoyons-nous si rarement?
aucune définiE ntionFrance,
n’est donnée du handicap. Depuis 1993, celui-ci
s’évalue en «taux d’incapacité», notion peu gratifiante
pour la personne concernée.
L’évolution s’en est faite
lentement au cours du XXe
siècle. La première approche
officielle du concept est
apparue peu après le conflit
de 14-18, pour prendre en
compte la situation des invalides de guerre. Mais ce
n’est que beaucoup plus tard
que la notion s’étend aux
invalides civils. Les lois progressent par petits bonds
désordonnés: «assistance
aux infirmes» (1949),
«reclassement professionnel
du travailleur handicapé»
(1957)… Jusqu’à la fameuse
«loi d’orientation de 1975»
(remodelée en 1993) qui
s’efforce de rationaliser les
dispositifs antérieurs et pose
les principes généraux suivis
jusqu’à nos jours: importance de la prévention et du
dépistage; obligation sinon
scolaire du moins éducative;
accès à tout ce qui fait la vie
sociale et maintien si pos-
Des chances
plein le cartable
Apprendre et jouer au milieu de camarades de son âge,
qu’il ne voie pas, n’entende rien, se déplace en fauteuil
ou qu’une maladie chronique l’oblige à des soins
fréquents, tel est le droit absolu de tout enfant...
prescrit: l’école «ordinaiL are»loialel’obligation
de l’accueillir.
ontacté par l’Association des défi-
de la section randonnée pédestre de la
VSOP n’a pas hésité une seconde: «Cette
rencontre pouvait, en joignant l’utile à
l’agréable, diversifier nos activités ». Un
beau dimanche, huit malvoyants ou
aveugles avec sept chiens guides et des
accompagnateurs voyants, soit vingt-six
personnes au total, s’engagèrent donc en
forêt de Ferrières. «Notre handicap nous
permet de développer certains sens:
l’ouïe, le toucher, l’odorat, le goût; mais
nos sensibilités sont les mêmes que celles
des voyants», expliqua Sophie, aveugle de
naissance. Journaliste, elle travaille sur
son ordinateur (clavier tactile) et à la
radio. «Les aveugles acquérent une parfaite autonomie et nous n’avons eu nul
besoin de les materner, constate Henri, un
accompagnateur. Le pique-nique permit
des échanges enrichissants et le retour
s’effectua dans la joie et la bonne humeur.
Depuis lors, j’oublie mes petits bobos
pour avoir un autre regard sur la vie».
ROGER COLLERAIS
N B: Une nouvelle sortie est prévue dimanche
14 mars pour la randonnée de la mi-carême.
Ricochets - n° 13 mars-avril 2004
(1) Environ 2000 handicapés
légers, 600 handicapés sévères et plus d’une centaine de
fauteuils roulants.
Il existait il y a une dizaine d’années à Ozoir une section
handisport. Elle a disparu, faute d’effectifs. Une telle
organisation ne peut être envisagée que dans le cadre
d’une intercommunalité. À Metz, des places pour les fauteuils roulants sont systématiquement aménagées dans les
tribunes des équipements sportifs et culturels.
Une balade presque ordinaire
C cients visuels qui propose des sorties
en Ile-de-France, Henri Daëns, président
sible dans un cadre ordinaire
de travail et de vie.
Parallèlement sont créées la
Commission Technique
d’Orientation et de
Reclassement Professionnel
(COTOREP) pour les
adultes à partir de 20 ans,
ainsi que les Commissions
Départementales de l’Éducation Spéciale (CDES) pour
les enfants et adolescents.
Malgré la nette avancée,
médecins, éducateurs, associations, handicapés euxmêmes ont reproché à cette
loi sa globalisation sans
finesse et son trop grand
flou permettant toutes les
interprétations. Les récentes
modifications proposées à
l’issue de «l’année du handicap» (elles offrent en particulier une amélioration de la
situation financière de la
personne handicapée) ne
semblent pas prendre mieux
en compte la diversité des
problèmes.
Pour les classes maternelles et primaires, enseignants et municipalités
unissent leurs efforts en ce sens (1).
À Ozoir, ces dernières années, aucun
problème insurmontable ne s’est
présenté. Écoles et collèges, avec la
plupart des classes de plain-pied,
ignorent les difficultés d’accessibilité. Marie Laurencin accueille actuellement une élève en fauteuil roulant
et l’école primaire Belle-Croix en
compte deux. Les autres facteurs
handicapants sont étudiés au cas par
cas dans les bureaux de la CCPE,
dans une aile de l’école Arluison.
M. Sivadier, qui en est chargé, précise: «Nous tentons toujours l’intégra-
tion, même si celle-ci, parfois, est
très difficile et se limite à moins
d’une heure par semaine. Chaque
dossier est soigneusement étudié
avec les parents, les enseignants,
psychologues, ergothérapeutes et
médecins scolaires. Nous n’avons
jamais rencontré de difficultés avec
les municipalités successives lorsque
des aménagements (de locaux ou de
personnel) ont dû être envisagés.»
Un enfant handicapé compte pour
deux dans l’effectif d’une classe.
Des Assistants de Vie Scolaire sont
détachés pour apporter une aide
matérielle dans les cas lourds «Mais,
déplore monsieur Sivadier, ce sont
des emplois à temps partiel, mal formés et mal rémunérés, ce qui n’as-
sure aucune stabilité.»
L’enseignement scolaire est souvent
complété par des soins à la maison
assurés par le Service d’Education et
de Soins Spécialisés à Domicile
(SESSAD). Il arrive que des enfants
ne soient pas immédiatement scolarisables en milieu ordinaire, on les
fait alors passer par la classe d’intégration scolaire (CLIS) qui, pour
une raison d’effectif, est actuellement située à Roissy-en-Brie.
Outre l’évident bénéfice retiré de
son intégration scolaire par l’enfant
handicapé, sa présence constitue un
plus pour ses petits camarades qui
apprennent ainsi à ne plus craindre
la différence et à se montrer spontanément solidaires.
(1) Sous les directives de la
Commission de Circonscription pour le
Préélémentaire et Elémentaire (CCPE)
et avec l’aide du Réseau d’Aide aux
Enfants en Difficultés (RASED).
5
culture
exposition
spectacle
I’eau source de vie
la 4 nuit
de la poésie
e
L’«Exp’eau solidarité» invitera, début mai, à un passionnant voyage sur la planète H2 O. L’argent récolté lors de cette manifestation, imaginée et mise en
chantier par l’antenne locale du Secours populaire,
financera un ouvrage hydraulique en Afrique.
Q
ue d’eau, que d’eau!». S’il
était encore de ce monde,
le président Mac-Mahon
en perdrait son discours comme
devant les crues de la Garonne. Du
5 au 11 mai, l’Espace Besson ouvre
grand les vannes à une exposition
consacrée au plus précieux des trésors. Une dizaine de stands thématiques, un décor inédit, des jeux,
des projections de films, des baptêmes de plongée dans la piscine
municipale, un concert de «chansons aquatiques» et un débat pour
ne parler que d’eau. Sous toutes
ses formes et dans tous ses états.
Douce ou de mer, pure ou polluée,
convoitée ou gaspillée, source de
vie mais cause de mort lorsqu’elle
vient à manquer ou s’avise à sortir
de son lit. Le sujet semble si vaste
qu’on en perdrait pied. C’est précisément la raison pour laquelle le
Secours Populaire l’a choisi comme thème central d’une opération
à la fois pédagogique et solidaire.
«
En mai 2002, Jack Havraneck,
ingénieur en retraite avait, avec
l’aide du designer Christian Ragot,
mis sur pied une très belle exposition sur la vie en Afrique Subsaharienne au profit d’un village du
Burkina-Faso. Cette fois encore, les
«Lorsque l’on parle
de développement,
de mondialisation
ou d’environnement,
la question de l’eau
est toujours présente.
organisateurs visent le coup double. Un: sensibiliser les Ozoiriens
et leurs enfants (plus de 1500
élèves des écoles sont attendus)
aux enjeux de «l’or bleu». Deux:
par le biais d’une vente d’objets
d’art, récolter des fonds pour financer un ouvrage hydraulique de
l’autre côté de la Méditerranée.
«
Pour aider le Secours Populaire à
dresser cet aqueduc symbolique
entre deux continents: l’UNICEF,
l’UNESCO, la Ligue de Protection
des Oiseaux, la Fédération d’Études et de sports sous-marins, le
Laboratoire de météorologie dynamique de Paris V, la Société de gestion des eaux de Paris ou encore La
Générale et la Lyonnaise des Eaux.
En tout quinze participants, chacun
apportant son eau au moulin jusqu’à aborder cette certitude (thème
du débat organisé le vendredi 9
mars): «L’eau est aussi nécessaire
que l’air pour vivre». Maud Fontenoy, première femme à avoir traversé l’Atlantique à la rame et marraine de cette «Exp’eau» en sait
quelque chose: privée d’eau douce
au dessus d’un océan, elle avait du
boire son urine pour ne pas mourir
déshydratée. Une histoire qui ne
manque pas de sel pour souligner
tous les paradoxes de l’eau.
FLAVIEN PLOUZENNEC
E
lle égaye la vie des amoureux de belles phrases et de beaux
sentiments notre nuit de la poésie et, cette année, nous avons
décidé de vivre la modernité. Au placard (doré) les vieux copains
Hugo, Prévert, Vian et consorts. Place aux poètes vivants».
Enfoncé dans son fauteuil de cuir, Claude Le Bihan, Officier des
Arts et des Lettres, ancien Directeur de l’Action culturelle à
«Télérama», fait répéter ses troupes. C’est à peine s’il consent à
s’extraire quelques minutes de sa tâche
pour répondre au questionneur. L’heure
est aux derniers ajustements et le maître
est difficile. «Les auteurs modernes ont
l’audace d’être limpides, écoutables par
le commun des mortels», lâche-t-il en
bougonnant. Puis, l’enthousiasme reprenant le dessus: «Il faut partir à la découverte des merveilleux poèmes de Jacques
Lacarrière, Andrée Chedid, André Welter,
Jean l’Anselme, Thierry Renard, MarieClaire Blanquart, Seyhmus Daktekin...
et de tous ceux que Gallimard a eu la
bonne idée de regrouper dans une anthologie poétique intitulée «Une salve d’avenir, l’Espoir». C’est un régal».
L’espoir: ce sera le thème de la nuit du
13 mars qui, l’habitude en est désormais
prise, se déroulera dans les beaux bâtiments du lycée Lino Ventura.
Gageons que Françoise Dellyes,
Catherine Dumontier, Dominique
Humeau, Josyane Kruger, Huguette Le
Bihan, Isabelle Soulié, Anaïs Souquet,
portrait
Franck et Juliette
Du 18 mars au 11 avril, Salle Gaveau à Paris, Franck
Steckar, accompagnera Juliette, pour un show anniversaire. «Ricochets» saisi cette occasion pour faire plus ample
connaissance avec ce persussioniste, pianiste et accordéoniste, installé en famille à Ozoir depuis dix-huit ans.
I
«
l manque pas d'air celui-là!».
Dès la première répétition, voilà
qu'il fait du gringue à la copine de la
«patronne». «Une drague volontairement grotesque», nuance l'intéressé.
Elle provoquera d'ailleurs un grand
éclat de rire, prompt à détendre l'atmosphère et sceller le début d'une
belle histoire. Celle de Franck et
Juliette, douze ans de musique commune, six albums et des concerts par
centaines. Juliette Nouredine: artiste
en chair et en gueule, poète et trublion
de la chanson à texte, sacrée sur le
tard «Révélation de l'année» aux
Victoires de 97. Franck Steckar: yeux
farceurs et houppette à la Tintin, musi-
6
cien multicartes (percussions, piano et
accordéon), installé en famille à Ozoir
depuis dix-huit ans. Les deux se produisent, avec le reste de leur bande, à
partir du 18 mars jusqu'au 11 avril,
Salle Gaveau à Paris. «Juliette, 20 ans,
ma vie, mon œuvre, mon orchestre»:
un show anniversaire qui revisite la
déjà longue carrière de la «mécano
des mots», sous la forme d'un contrôle technique bidonnant. «La salle va
devenir un garage sponsorisé par
Dunlop et Uniroyal, avec musiciens
en bleu de travail et vidange du
piano», se marre Franck Steckar,
nommé pour l'occasion «responsable
des soufflets et vilebrequins». Ce job,
tout ce qu'il y a de plus sérieux, le
musicien le décroche en 1992, quand
son ami pianiste Michel Goubin, lui
parle des projets de Juliette, figure des
pianos-bars toulousains révélée quelques années plus tôt au Printemps de
Bourges. «Elle faisait des one-manshow et voulait monter un orchestre.
Moi je n'avais jamais entendu parler
d'elle. La chanson, ça n'était pas trop
mon truc», se souvient Franck Steckar
qui, à l'époque, réserve l'essentiel de
ses talents au jazz et au rythmn'blues.
«On a réussi à mettre en place une
cohabitation extraordinaire, très riche.
Juliette sait mettre en valeur ses musiciens, laisse beaucoup de champ
libre». On s'est aperçu que nos deux
pères se connaissaient».
Comme celui de Juliette, le père de
Franck est musicien. Une sacré pointure même. Tromboniste et tubiste,
Marc Steckar a joué avec Aznavour
puis Nougaro, et posé sa griffe en studio sur plus d'une galette. Le fils, né
en 1964, a profité de l'ADN et des
encouragements pour endosser la carrière. Après quelques studieuses
années de piano - poursuivies en autodidacte - Franck opte pour les percussions. A 20 ans, il décroche le premier
prix du Conservatoire National de
Paris. Son père lui offre aussi son premier contrat en l'intégrant au
Tubapack, un combo jazz de renommée internationale. Il y restera jusqu'en décembre dernier, date de la
dissolution de l'orchestre. Fidèle mais
«jamais exclusif», intermittent invétéré
et militant - «Moi, ça va, j'ai fait mes
heures. Mais beaucoup d'autres risquent de se retrouver privés de droits»
- Franck Steckar s'est construit entretemps un CV aussi vaste que sa curiosité. Il a collectionné les groupes de
jazz et les orchestres classiques,
accompagné des dizaines d'artistes
sur scène (Nino Ferrer, Gilbert Lafaille,
Lio.), mis ses talents d'arrangeur-compositeur au service de jeunes chanteurs de variété. Aujourd’hui, il assure
l'intérim pour «Capt'ain Mercier»
(rythm'n blues) et reste un incontournable de «Mama Kaya» et ses spectacles pour enfants.
Des enfants, ce papa cool de quarante
ans marié à un professeur de physique
chimie, en a deux. Une fille et un garçon avec qui il partage son autre passion, celle de la plongée sous-marine.
Inscrit en famille au club local, le pianiste adepte du monde du silence
s'offre, dès qu'il le peut, une petite
escapade en Mer Rouge. «C'est assez
magique. On a le sentiment d'appréhender un univers qui n'est pas le sien
et auquel on apprend à s'adapter». Un
exercice dans lequel le musicien de
Juliette est aujourd'hui passé maître.
FLAVIEN PLOUZENNEC
Ricochets - n° 13 mars-avril 2004
Calixte Vernhes, Jean-Pierre Le Cazoulat,
Léon Amégan, François Carbonel, Augustin
Raimbault, Claude Le Bihan..., toute la
bande du groupe des poètes de «Paroles
d’Ozoir», sauront faire passer le message avant
d’ouvrir la voie au bonheur en musique.
Vente de mimosa,
courant février,
dans la galerie
commerciale du
Carrefour de
Pontault-Combault.
Le but du Lions Club
d’Ozoir est de trouver
l’argent nécessaire
au financement des
frais d’éducation
de chiens-guides
qu’il remettra ensuite
gratuitement
aux non-voyants.
Car, cette année, Euterpe accompagnera ses
sœurs Erato, Polymnie et Calliope en revêtant, de prime abord, les traits d’Audouy, Brunet et Renault.
Ces trois-là sont imprévisibles: on prend avec eux un ticket
pour les bords de Marne et on se retrouve en plein océan
Atlantique au milieu des flibustiers. M’étonnerait pas qu’ils
interprêtent des chants de marins...
Après quoi Claude et ses copains nous présenteront Clovis et son ami Le
Marquis. Clovis, c’est un extraterrestre, ou plutôt un extralunaire. On a dit de lui un jour
qu’il était un bienfaiteur de
l’humanité. C’est parfaitement
exact... Musicien virtuose,
ancien de la célèbre fanfare
des Beaux-Arts, il joue d’une
trentaine d’instruments dont un
bon nombre sont issus de son
imagination.
Le saxo et la flûte voisinent avec
la râpe à fromages et la poêle à marrons; la guitare et l’accordéon font bon ménage avec le gainsbourophone, le saucisson et le chandelier.
Clown, musicien, chanteur, chansonnier, poète farfelu, tel est Clovis dont
le spectacle, truffé de gags, mené à
un rythme délirant, enchante, étourdit et nous fait quitter les rivages
saumâtres de la morosité quotidienne. Ça n’est pas remboursé par la
Sécu, mais ça devrait.
ANTOINE BOUGOT
barres à mine, bêches, burins,
poinçons, ciseaux à brique, pioches...
La
TAILLANDERIE
8, rue Lavoisier - BP 71 - Z.I. d’Ozoir-la-Ferrière
01.60.02.94.60
Ricochets - n° 13 mars-avril 2004
association
On pourrait, en croisant ces distingués
messieurs du Lions d’Ozoir, s’imaginer
qu’ils s’en vont à leur club pour y jouer au
bridge ou fumer un cigare. On aurait tort.
le Lions Club:
british et efficace
Dès la première édition du téléthon, les Lions de France ont été les partenaires
de l’Association Française de lutte contre les Myopathies (AFM). Ils eurent à gérer,
les centres téléphoniques de promesses de dons et leurs 4000 lignes.
a première chose que nous offrons,
c’est du temps, pas de l’argent:
quand on entre au Lions, on le fait
pour servir». Comme tous ses prédécesseurs à la Présidence du Lions Club
d’Ozoir (le renouvellement du poste est
annuel), François Coudray est ferme sur
les principes qui définissent l’éthique du
Lionisme. «Si un doute s’élève quant à
la valeur morale de ma position, ou de
mon action envers les autres, je dois
prendre le doute contre moi-même», liton dans la charte d’un mouvement dont
les membres s’essaient à vivre un humanisme moderne. Avec, par ailleurs, un
constant souci d’efficacité dans
l’organisation des multiples actions
qu’ils mènent dans les domaines médical, social et culturel...
Car les Lions participent aussi bien à
l’implantation de centres de soins dans
les pays en voie de développement qu’à
la création de bibliothèques sonores pour
les personnes sourdes (mise à disposition
de cassettes de livres lus et enregistrés
par des bénévoles). Ils peuvent encore
offrir aux enfants défavorisés des séjours
en vacances à la mer, à la montagne ou
en forêt, financer un concert philharmo-
L
«
nique, participer à un projet éducatif,
acheter deux tonnes de conserves pour
un centre d’action sociale, soutenir un
projet local d’insertion pour un jeune
RMIste...
On pourrait allonger cette liste à l’infini
tant l’activité est protéiforme. Les organisateurs des Dicozoir le savent bien, eux
qui reçoivent chaque année l’appui de
Lions à l’efficacité appréciée.
L’autre caractéristique des actions du
Lions local est l’originalité. Ne va-t-il
pas, le 28 mars, organiser une «journée
golf» à Ozoir pour soutenir financièrement la lutte contre certaines formes de
cancers touchant les enfants?
Les aides ponctuelles (offre d’un ordinateur à une jeune handicapée, financement
Les
recet es
d’une classe partie pour gravir le toit de
l’Europe...) alternent avec des mobilisations plus larges, par exemple lors de
tempêtes ou de tremblements de terre...
Majoritairement issus de professions
libérales, les membres du club sont intronisés après une période durant laquelle le
postulant découvre «que l’on n’entre pas
dans ce club comme on va au marché».
Quant aux Lionnes, on les voit en
maintes occasions soutenir leurs époux.
Aussi ne comprend-on pas toujours très
bien pourquoi le club local n’a pas opté,
comme d’autres, pour une moderne
mixité. Mais il est vrai que cet aspect
très british fait aussi partie du charme
indéniable du Lions Club d’Ozoir.
J.-L. S
cuisine
de
Françoise
Il n’est pas une fête, pas une manifestation
à laquelle Françoise soit invitée, sans qu’on
la voie arriver les bras chargés de plateaux
aux contenus multicolores. Et c’est tellement délicieux que tout est avalé en moins
de temps qu’il n’en faut pour le dire…
«Vous l’avez dit, commente Françoise. Les
gens avalent, on se demande s’ils font
seulement attention à ce qu’ils mangent.
Pourtant, c’est rien que du bon, varié et
si possible pas trop courant. La base,
c’est du bon pain de mie. Il faut prendre
des grandes tranches plutôt que les petits
carrés, c’est plus économique et plus
moelleux. On enlève la croûte et on les
coupe en quatre, ou en deux triangles.
Pour la garniture, j’écrase tout. Alors il y
a plusieurs variantes.
Gros succès, en général, pour celle-là: fromage bleu (roquefort ou bleu d’Auvergne,
ou autre à votre goût) pilé avec des noix et
un peu de beurre (Vous n’y mettez pas un
petit alcool, cognac ou marc, demande la
rédactrice? Si vous voulez, répond Françoise,
mais ça cache un peu le goût du fromage).
Dernièrement j’ai innové et ça a beaucoup
plu: j’ai fait cuire des poivrons rouges dans
de l’huile, tout doucement et assez longtemps, puis je les ai écrasés avec du saumon
frais juste poché et quelques gouttes de
tabasco pour relever (il faut toujours que ce
soit bien relevé, ces petits trucs), c’est très
bon et c’est joliment coloré. Pour contraster en couleur, à côté on peut faire olives
vertes ou noires (toujours écrasées) et un
peu d’huile d’olive. Pour rester dans les tons
verts: avocats avec citron et tabasco. Et à
côté de ça une touche de rose clair: jambon
malaxé avec un peu de beurre et du poivre.
Après, il y a les plus classiques: le pâté par
exemple. Là il faut relever mais aussi acidifier. On mettra donc des herbes, estragon, aneth ou ciboulette, et puis des cornichons ou des olives. N’oublions pas le classique thon adouci par l’huile d’olive et
réveillé par le citron. Et on ne manquera
pas de rester dans la tradition française
avec la bien classique petite rondelle de
saucisson sur pain beurré, surmontée d’un
cornichon. On remarquera qu’il n’y a nulle
part d’oignon ou d’ail: pensons à l’haleine
fraîche pour les conversations de coktail!»
La rédactrice, décidément bien intempestive
aujourd’hui, ajoute que chez soi, si on ne veut
pas bourrer le bidon de ses invités avant de
leur servir un délicieux dîner, on peut mettre
toutes ces bonnes et belles préparations sur des
tranches de concombre ou de radis noir, ou en
garnir de petites feuilles d’endives.
PROPOS RECUEILLIS PAR
ISABELLE MONIN SOULIÉ
7
quelques nouveaux
commerces
Pépins et mandarine
La boutique de Marion a ouvert le 20 décembre et compte déjà plus de mille
pièces. Dans ce dépôt-vente de vêtements pour enfants de 0 à douze ans, vous
trouverez aussi des jouets premier âge, des articles de puériculture (landaus,
lits pou bébés etc.), des vêtements de grossesse, le tout en excellent état.
79, avenue du Général de Gaulle. Ouvert du mardi au samedi de 9h à 12h et de
14h à 18h. Tél.: 01 60 02 20 39
L’élégance
en rondeur
Ozoir 77 Prêt à porter homme fashion
Avec sa boutique branchée pour homme, Mademoiselle Sorin veut "amener la
mode parisienne chez nous à des prix cassés". Elle propose jusqu'à 50% de
réduction sur certains articles par rapport aux prix pratiqués dans la capitale.
Ses marques: B&B (son premier fournisseur), Costello, Hispanic, qu'elle est la
seule à distribuer dans la région.
13, avenue du Général Leclerc ouvert de 10h30 à 12h30 et de 15h30 à 20h
(sauf Dimanche, Lundi matin et Jeudi matin) Samedi ouverture non stop.
Chez «Modes 77», rue Auguste Hudier,
à deux pas de «Franprix», Martine Girod
habille la femme du 40 au 54. Voire plus...
L
’activité du vêtement est devenue diffcile depuis une dizaine
d’années. Les habitudes on changé, on s’habille moins et on dépense davantage dans le loisir.
Autrefois, on s’habillait le dimanche ou pour aller dîner dehors.
Maintenant, c’est le tout jean,
même pour certains mariages.
Liberté retrouvée, certes, mais on
peut avoir des regrets: c’est une
belle chose de porter des vêtements élégants...».
Malgré ces constats, Martine
Girod n’est pas mécontente de la
fréquentation de sa boutique
«Modes 77». L’accueil amical
qu’elle y offre, ses conseils pertinents, la qualité des marques proposées, les retouches gratuites, tout
lui assure la fidélité de sa clientèle.
«Parfois même les mères de mes
clientes, qui habitent en province,
viennent chez moi quand elles ren-
«
M. Giorgio,
le promotteur
du projet...
dent visite à leurs filles». Et pour
peu que l’on soit dotée de quelques
rondeurs (il paraît que la mode y
revient), on est assuré de trouver
sur les portants la petite robe, l’ensemble, la jupe ou le pantalon qui
vont bien tomber.
«C’est une question de coupe,
commente madame Girod. Les
bonnes marques (Karting, Virginie,
Claude Havrey, Rondissimo, Coutureine...) savent placer la pince
qu’il faut, l’empiècement qui décolle le vêtement, la taille élastiquée qui assure le confort. Et avec
de jolies étoffes, des couleurs
gaies, même les femmes un peu
fortes éprouvent un réel plaisir à
s’habiller».
Depuis quelques temps, la boutique
n’est plus ouverte le dimanche
matin: «La réduction du temps de
travail incite sans doute un grand
nombre de familles à s’absenter le
Pain Fanny
week-end, suppose Martine. Inutile
donc de faire de la présence pour
ne voir personne. En revanche,
«Modes 77» travaille bien le vendredi: les habitudes d’achat se
seraient-elles déplacées?
Martine ne pense pas que la proximité de la galerie commerciale de
Pontault puisse lui faire du tort: «Je
ne propose ni les mêmes produits,
ni le même service». Visiblement,
elle n’est pas près de perdre son
beau sourire chaleureux.
ÈVE ALFONSO
Le ranch 77
Ouvert depuis le 2 mars, sert sur place et
livre gratuitement pizzas, menus tex-mex
ou grecs, salades et sandwichs.
4, avenue Grimeler, ouvert 7 jours sur 7
de 11h à 14h30 et de 18h à 22h30. Fermé
le Dimanche midi.
Tél.: 01 64 40 01 01
,
«Modes 77», 8, rue Auguste Hudier.
Tél.: 01.64.40.13.41.
Ouvert du mardi au samedi de 10h à 12h 30
et de 15h 30 à 19h 30. Ouvert le dimanche
matin sur rendez-vous. Fermé le lundi.
Retouches gratuites.
Une grande surface
La réception des premiers
vêtemnts, quinze jours avant
l’ouverture du Vétimarché.
s’ouvre à Ozoir
(suite de la première page)
ou chez Virgin». Cinq vendeurs spécialisés
ont été recrutés et un point d’accueil central
est prévu pour ceux qui ne souhaitent pas
passer des heures à chercher. «Un plus par
rapport aux hypermarchés où ce service est
inexistant», constate M. Vander Plaetse.
de l’ado à la mamie
Du côté de Vétimarché, Sandra, 26 ans,
fille de Roberto, se montre pleine d’une
juvénile ardeur. Son objectif: proposer des
vêtements de qualité pour hommes,
femmes et enfants à des prix raisonnables.
Cible prioritaire: les moins de trente-cinq
ans... mais pas seulement. Des marques,
bien sûr, et le service comme petit plus:
retouches gratuites, paiement en trois fois
sans frais et douze personnes pour
conseiller la clientèle le désirant... «Je crois
Casa
Ouvert depuis le 5 février, c’est un termmial de cuisson haut de gamme pour un
pain de qualité. Les croissants au beurre des Charentes sont délicieux, et les
panini maison et pan-bagnats, bien appétissants. Avec sa dizaine de tables, cet
endroit convivial est à l'image des patrons: très sympatique. Notez la formule
café-croissant pour 1 euro 50, et la pan-bagnat au Nutella qui a déjà ses accros.
1, rue Danton, ouvert de 7h30 à 19h; le
samedi jusqu'à 16h, fermé le dimanche.
Tél.: 01 60 02 49 79
que nous sommes en mesure de répondre
aux attentes de l’adolescente moderne, de
sa mère qui travaille et a besoin de changer
de tenue tous les jours, et de sa grand mère,
mamie moderne qui s’habille dans le coup
mais cherche quelque chose d’adapté à son
âge. Quant aux hommes, ils trouveront
enfin chez nous ce qui leur a fait si longtemps défaut à Ozoir» constate Sandra
Giorgio.
«L’ouverture du centre commercial de la
rue François de Tessan, loin de nuire au
commerce local, va créer une dynamique
qui profitera à l’ensemble du commerce
local». affirme son père. Un point de vue
partagé par beaucoup de commerçants,
même parmi ceux directement concernés.
Certains toutefois reconnaissent qu’ils craignent un peu cette concurrence nouvelle.
JEAN-LOUIS SOULIÉ
LUBE Design
over
Sandra
Giorgio
qui prend la
direction de
Vétimarché
Frank Vander
Plaetse gèrera
l’«Espace Temps»
MEUBLES
DE STYLES
ANCIENS
DENNEMOR
Cuisines - Salles de bains
Rangements
Maison Fondée en 1870
41, Av. du général De Gaulle
94510 LA QUEUE EN BRIE (N4)
01 45 76 30 19
20 bis, avenue du général Leclerc - 77330 Ozoir-la-Ferrière
Tél.: 01.60.34.55.55. Fax: 01.60.34.55.58.
E-mail: [email protected]
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Ricochets - n° 13 mars-avril 2004

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