Bertrand DEZOTEUX Le Corso, 2008 Zaldiaren

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Bertrand DEZOTEUX Le Corso, 2008 Zaldiaren
2012
Bertrand DEZOTEUX
Le Corso, 2008
Zaldiaren Orena, 2010
LA GRANDE TOURNÉE
PRINCIPE
Dans le cadre de ses missions de diffusion et de sensibilisation à l’art contemporain, le Frac Aquitaine lance la
« Grande Tournée » dont le principe consiste à faire circuler dans la région une œuvre issue de sa collection durant
une année. Plus léger qu’une exposition, ce dispositif propose un moment de familiarisation à la démarche d’un
artiste, en présence d’une médiatrice du Frac, de l’artiste, et au contact d’une de ses œuvres. Cette confrontation
avec l’objet original permet une ouverture à l’univers de l’art contemporain que ne sauraient remplacer les moyens
technologiques ou numériques. Un programme de médiation, construit conjointement avec le partenaire emprunteur, le service des publics du Frac et l’artiste, accompagne l’œuvre : rencontre-débat avec l’artiste, conférence ou
ateliers de pratique artistique assurés par l’artiste…
Ce programme s’adapte aux différents publics et aux besoins des structures (établissements scolaires, bibliothèques/médiathèques, maisons de retraite, centres d’animation…). Cette relation avec le créateur de l’œuvre rend
l’expérience riche de sens pour les publics car ils ont le loisir d’être au plus près du processus de création, dans une
relation spontanée et moins intimidante.
C’est en écho à cette perspective d’échange (approche par la pratique et/ou le discours), que le Frac Aquitaine
offre la possibilité d’adapter son dispositif « La Grande Tournée » au(x) lieu(x) d’accueil et/ou au(x) public(s) visés.
Aussi, deux types d’interventions peuvent-ils être suggérés, interventions à moduler selon les besoins :
Intervention demi-journée
La présentation en demi-journée se décline en une présentation de l’œuvre suivie soit par la présentation de la
démarche générale (diaporama et discussion) soit par la mise en place d’un atelier pratique.
Cette obliquité entre approche théorique et approche empirique, mais dans les deux cas basée sur un échange
entre l’artiste et son public, permet à ce dernier d’être immergé dans la démarche générale de l’artiste.
Intervention journée entière
Cette proposition regroupant la présentation de l’œuvre, de la démarche générale ainsi que d’un atelier, permet au
public d’appréhender activement le cheminement propre à l’artiste.
Ayant toujours pour point de départ la présentation de l’œuvre, ces ateliers visent à considérer les différentes
grilles de lecture et questionnements inhérents à la démarche artistique proposée.
LA GRANDE TOURNÉE 2012
Bertrand Dezoteux / Le Corso, 2008 & Zaldiaren Orena, 2010
Le Corso, 2008
Animation 3D couleur sonore, 14’, 16/9
Collection Frac Aquitaine
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Au départ de ce projet, il y a l’envie de faire une vidéo rurale, sans anthropomorphisme, qui se placerait du point
de vue d’un animal. Ce postulat est évidemment vain (les animaux ne font pas de vidéo, encore moins de 3D), et le
film prend les allures d’un documentaire sur un troupeau d’animaux. Leur race est indistincte et les caractères sont
empruntés à différentes espèces (bovidés, félins, insectes). Malgré tout, ces bêtes semblent obéir à toutes sortes de
règles, de mimétismes et de rituels bien identifiables. Certains d’entre eux renvoient directement à une intelligence
primitive (se mettre en cercle et tourner), voire à des événements liés à un passé proche (la maladie de CreutzfeldtJakob). Petit-à-petit, des conventions sociales se mettent en place, et l’action ( jusqu’alors très mouvementée) se
déplace vers un environnement paisible, qui n’est pas sans rappeler les communautés virtuelles sur Internet.
Zaldiaren Orena, 2010
Vidéo couleur sonore, 19’20’’, 4/3
Collection Frac Aquitaine
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Reposant sur un anachronisme, Zaldiaren Orena (l’heure du cheval) imagine la seconde guerre mondiale à l’ère de
la robotique. Ici, le chef-opérateur est une machine, capable d’effectuer tous les mouvements du cinéma (grue, travelling, panoramique, plongée/contre-plongée), mais à une échelle réduite, conforme à la technologie de l’époque,
et aux moyens amateurs d’aujourd’hui.
En voici l’intrigue : en 1943, les Allemands ont envoyé au Pays basque un robot. Ce droïde a pour mission d’explorer
une ferme afin d’y trouver un cheval prétendument caché. Zaldiaren Orena montre l’exploration de cet univers rural par un être mécanique qui perçoit les plantes, les animaux et les humains sur un même plan. Au départ simple
présence contemplative, le robot sort progressivement de son état de veille, devenant de plus en plus belliqueux à
l’égard des fermiers.
Dans le cadre d’une intervention sur une demi-journée, il sera possible de visionner les deux vidéos. lors d’une action sur une journée entière (présentation de l’œuvre, de la démarche générale ainsi que d’un atelier), les deux vidéos pourront également être visionnées en matinée mais le
choix devra se porter sur entre l’une des deux œuvres au moment de l’atelier (voir les propositions
d’ateliers page suivante).
L’ATELIER
Une approche de l’œuvre par la pratique
L’atelier peut également se décliner avec un public non scolaire et en fonction des objectifs des emprunteurs. Il
s’agit ici de deux propositions : la sélection de l’œuvre, et par conséquent de l’atelier, reste au choix de la structure
accueillante. Un échange peut avoir lieu en amont de l’action afin de spécifier avec vous vos attentes (par exemple,
par rapport aux programmes académiques, à vos objectifs pédagogiques ou à tout autre projet, comme la visite
d'une exposition du Frac Aquitaine en région).
Le Corso : « L’école des animaux »
Il s’agit pour cet atelier de travailler à partir des rituels et des règles sociales que mettent en place les animaux dans
Le Corso : se déplacer en troupeau, monter en haut d’une montagne pour brouter de l’herbe, se mettre en cercle et
tourner, se laver les sabots, se baigner, parler, acheter et revendre une baguette de pain. La pratique de la vidéo est
travaillée comme un moyen d’enregistrement de l’évolution de ce groupe. Elle permet de questionner l’image en
mouvement, tant la place et le regard de l’observateur que la projection et la découverte d’un nouveau point de vue.
Le principe de l’atelier sera d’inventer une « école pour animaux », et d’imaginer son fonctionnement à partir
de ce que les élèves auront pu observer dans leur propre école. Qui sont les élèves (des oiseaux, des veaux, des
insectes, un mélange de tout cela) ? Qu’apprennent-ils en classe ? À quoi s’amusent-ils pendant la récréation, à quoi
ressemble leur cantine (espace, mobilier, sont-ils assis, ont-ils des mangeoires) ? Que leur donne-t-on à manger ? À
quels jeux (ou sports) jouent-ils ?
À partir de ces questions, la classe imaginera cette école pour animaux, ses activités, son paysage. Ensuite, les
élèves choisiront un animal dont ils réaliseront un masque. Puis, en fin d’atelier, une reconstitution filmée de cette
« école pour animaux » aura lieu, où chacun jouera le rôle qu’il s’est choisi.
Zaldiaren Orena : « L'onde archaïque »
La proposition d’atelier à partir du film Zaldiaren Orena consiste à aborder la notion d’anachronisme. Comme le
robot « DRANG » qui arpente le pays basque des années 40, il s’agira d’imaginer avec les élèves un petit film où
deux états d’évolutions se confrontent. Je leur proposerai de partir de l’amorce fictionnelle suivante : en classe, un
bruit étrange et fort se propage soudainement. Les élèves se bouchent les oreilles, mais la fréquence devient si
élevée qu’ils perdent connaissance. À leur réveil, leur évolution a régressé au stade d’hommes préhistoriques. Ils
redécouvrent ainsi leur environnement scolaire, détournent l’usage du matériel, explorent les lieux.
Cet élément fantastique a pour but de favoriser chez les élèves un regard nouveau sur leur environnement de
tous les jours. Souvent, nous ne voyons plus les objets et les lieux du quotidien, car nous entretenons avec eux un
rapport très instrumental. En proposant aux élèves d’adopter un autre mode de vie (avant l’apparition de l’écriture),
il s'agit de les inviter à appréhender différemment les espaces de vie, d’étude, de jeu, à imaginer de nouveaux
rituels, et à en jouer.
Intentions
Expérimentation d’une démarche de création dans un temps de pratique collective
Écriture d’un scénario
Réalisations plastiques des accessoires définis par le scénario
Mise en scène
Travail autour de la captation d’images
Restitution et bilan de l’expérimentation
L’objectif de cette journée est de sensibiliser les élèves à la pratique de la vidéo et ses spécificités, d’engager un
échange autour de ces questions à partir d’une expérimentation commune. Au-delà de la pratique, la présence
de l’artiste et de la médiatrice apporte un témoignage des pratiques actuelles de l’image en mouvement et plus
largement de l’univers artistique contemporain.
Matériaux
Petit matériel pour la fabrication des accessoires : papier, carton, matériel de peinture, crayons, élastiques (pour
accroches masques), agrafeuses…
La captation d’images pourra se faire grâce à une caméra (si l’école en possède une). Le Frac Aquitaine pourra
sinon assurer la mise à disposition de ce matériel. À noter que les téléphones portables ou appareils photos des
personnes encadrantes pourront également être utilisés.
Dans le cadre de l’atelier « Le droïde se réveille », la caméra fixée sur le robot télécommandé sera apportée par
l’artiste.
Nombre de personnes
25 personnes environ par atelier
COÛT DE LA GRANDE TOURNÉE
Facturé par l’artiste intervenant
Intervention demi-journée : au choix une présentation de l’œuvre et de la démarche générale (diaporama et discussion)
(210 euros)
- Intervention journée entière : présentation de l’œuvre, de la démarche générale accompagnées d’ateliers pratiques liés à l’œuvre présentée.
(350 euros)
Facturé par le Frac Aquitaine
Frais de déplacement :
L’œuvre est apportée et emportée par l’équipe du Frac qui accompagne l’artiste. Ces frais s’élèvent à 80 euros.
Frais d’assurance :
Les frais d’assurance de l’œuvre sont à la charge de la structure accueillante.
Pour une intervention d'une journée entière, la structure d'accueil prévoira le déjeuner pour l'artiste et la médiatrice.
Contact : Frédérique Goussard, chargée de l’action culturelle et éducative territoriale
. 05 56 24 71 36 / 70 71 (ligne directe)
. [email protected]
Carole Pronost, médiatrice culturelle
. 05 56 24 71 36 / 90 85 (ligne directe)
. [email protected]
à propos du travail de Bertrand Dezoteux
(Le site de Bertrand Dezoteux est consultable à l’adresse suivante : http://www.roubaix3000.com)
Des yeux à la place des tympans
Entretien avec Bertrand Dezoteux
Réalisé dans le cadre de l’exposition Dynasty, Palais de Tokyo, été 2010
Ton travail porte autant sur la science-fiction que sur un passé réinventé – est-ce une double façon de lire le
présent ?
J’essaie de créer des mondes dans lesquels nous n’avons pas notre place. Cette démarche implique de se projeter
dans des lieux, des temps et des niveaux d’intelligence lointains. Cela ne veut pas dire qu’il faut faire le tour du
monde, mais qu’il faut redevenir étranger aux choses qui paraissent indiscutables. Par exemple, quand ma grandmère a découvert l’iPhone, elle a remarqué que maintenant, pour téléphoner, il fallait se mettre un écran dans
l’oreille. Je crois qu’elle a raison : cet objet n’est valable que pour les gens qui ont des yeux à la place des tympans.
En tout cas pour des êtres qui découvriraient notre monde, il leur serait difficile de comprendre cet usage autrement.
Mon travail consiste à considérer leur point de vue.
Quel usage fais-tu du folklore et de la mythologie ?
Avec Benjamin Crotty (également présent dans Dynasty en collaboration avec Gabriel Abrantes) nous avons réalisé
un ensemble de peintures destinées à composer un décor pour une opérette, à Roubaix. Ce spectacle consistait en
un tour du monde de la chanson, un mélange exhaustif de toutes les cultures, de tous les folklores, entrecoupé
de danse flamenca, et ce pendant plus de quatre heures. Le présentateur était un sosie de Steven Spielberg, qui
paraissait de plus en plus saoul au fil des annonces. J’ai ressenti, face à cette débauche d’artifices et d’excès, un fort
effet de réel. Dans mon travail, l’usage de formes folkloriques est destiné à provoquer ce retour du réel.
La forme du conte semble souvent apparaître en filigrane ?
J’ai une passion pour les films d’Éric Rohmer. Par ailleurs, son cinéma est le cadre de bon nombre d’inventions formelles : l’usage de l’incrustation et du dessin dans L’Anglaise et le Duc, la construction de décors médiévaux pour
Perceval le Gallois, la féminisation de la voix d’un homme dans Les Amours d’Astrée et Céladon, la création musicale
dans Le Rayon vert opérée à partir du mot « BACH », et puis surtout Les Nuits de la Pleine Lune, avec Pascale Ogier,
qui réalise également les décors.
On définit souvent tes vidéos comme des « ovnis visuels », es-tu d’accord avec cette assertion ?
« Ovni visuel », cela témoigne plutôt d’une difficulté à définir ! Si certaines personnes ne savent pas où elles mettent
les pieds lorsqu’elles regardent mes vidéos, c’est bon signe. J’essaie de favoriser un sentiment d’exploration, de
placer le spectateur dans une position d’observateur, qui forcément, n’a pas en main toutes les cartes pour aborder
la réalité que je lui soumets.
Comment passes-tu d’un « film familial d’anticipation politique » (Roubaix 3000, 2007) à un « documentaire
animalier en 3D » (Le Corso, 2008) ?
Je cherche à inventer des formats qui, a priori, n’ont pas lieu d’exister. Pourquoi imaginer le quotidien des
roubaisiens dans un millénaire ? Pourquoi modéliser et simuler l’activité d’un troupeau de chèvres alors qu’il est
si simple d’aller les filmer en vrai ? Ces postulats excitent mon imagination, et j’essaie de me projeter dans des
situations qui m’excluent : que ressent-on lorsqu’on est un bourgeon, les Romains étaient-ils affectueux avec les
chats comme nous le sommes, voilà le type de questions que je me pose.
Peux-tu nous expliquer la genèse de Zaldiaren Orena, nouvelle vidéo présentée au Palais de Tokyo dans le
cadre de Dynasty ?
L’action se déroule en 1943, elle est inspirée d’une histoire que ma grand-mère m’a racontée. Pendant l’Occupation,
elle allait cacher sa jument tous les matins dans les bois. Je me suis demandé ce qu’elle aurait fait si les allemands
avaient envoyé des robots pour surveiller les propriétés agricoles et trouver les chevaux cachés. Cette vidéo montre
l’investigation de l’un de ces robots.
Qu’en est-il de Biarritz, vidéo présentée au Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris / Arc ?
Sur les fresques qui décrivent l’évolution des espèces, on peut voir que nos ancêtres étaient des amphibiens et
qu’ils vivaient dans la mer et sur la terre. L’idée de ce projet était de retourner sur l’eau et de voir s’il était possible
d’y tourner une vidéo. Pour cela, il a fallu construire un décor flottant qui a été réalisé par une jeune artiste, Anne
Lise Le Gac. J’ai été très attentif aux surfaces, aux textures et aux lumières pendant ce tournage. On y voit un couple
d’amphibiens qui débarque à Biarritz, sous le regard de la Vierge Marie perchée sur un rocher.
Quels jalons marquent ces deux œuvres dans ton parcours artistique ?
Avec Biarritz, je réfléchis davantage à la dimension plastique de mon travail et à la manière dont il pourrait exister
dans un espace d’exposition. Avec Zaldiaren Orena, toujours en production au moment où s’écrivent ces lignes,
je tente de pousser plus loin le dispositif filmique, en remplaçant le chef-opérateur par un automate. Et puis dans
ces deux projets, le rôle masculin est interprété par Paul Rodriguez : je crois que j’ai trouvé là le Brad Pitt de la Côte
basque.
Daria de Beauvais
Bertrand DEZOTEUX
Anthropologies sauvages
Christophe Kihm, artpress n°378, mai 2011
Les quelques films réalisés par Bertrand Dezoteux ces dernières années pourraient appartenir à un cinéma
« archaïque », si l’on désigne par cet adjectif une qualité qui consiste à prendre ou à reprendre les choses en leur
commencement, et qui ouvrirait le cinéma à de nouvelles formes, mais aussi à ce qui n’a pas d’histoire.
Alors que l’on célèbre le cinquantenaire de l’exposition désormais historique l’Art de l’assemblage (1) et que certaines
publications tentent d’apprécier comment ces pratiques se sont poursuivies dans le champ de l’art contemporain (2),
nous aimerions ouvrir avec Bertrand Dezoteux un nouveau chapitre à ces manières de faire. Car le travail de
cet artiste déroute l’assemblage vers la construction de récits et sa recherche est majoritairement suspendue à
la question suivante : comment créer des récits par assemblage ? Mais aussi, et sinon cette dernière revêtirait
un caractère exclusivement formel, sous quelles conditions l’assemblage offre-t-il des possibilités nouvelles à la
construction de récits contemporains ?
En consultant le site Internet de l’artiste, où sont archivés ses différents projets (3), on trouvera de nombreux indices
pour répondre à cette double interrogation. Documentation historique, entretiens, banques de données visuelles,
textes scientifiques et théoriques, extraits de romans et de films… sont les différents éléments qu’il collecte afin
de réaliser ses œuvres. Appartenant à des registres différents, ils mobilisent des disciplines et des savoirs variés
dont le montage rejoue les équilibres dans des ensembles comparables à des machineries. Où l’assemblage, qui
se couple au montage, s’éloigne des procédés d’accumulation, d’empilement et de collage et ouvre les objets et les
signes recyclés à des configurations où ils se métamorphosent.
Science-naturelle-fiction
Le Corso (2008) est un film animalier en 3D issu d’un protocole renversant, qui consiste à produire un environnement
naturel adoptant les qualités premières d’un espace numérique tramé par un logiciel de composition : formes et
mouvements des éléments et des protagonistes y sont soumis à des vitesses et des modélisations type dans un
espace qui propose l’étrange coexistence d’animaux hybrides (plus ou moins chèvres), de logos commerciaux
mobiles, d’une montagne en tour de Tatlin et de The World, l’île artificielle de Dubaï, posée au centre d’un étang
pour canards. Tout un écosystème numérique se déploie, où chaque image issue de la modélisation d’une autre,
elle-même déjà marchandise, est soumise aux lois d’un métamorphisme radical, dans ce que l’on pourrait appeler
une science-naturelle-fiction.
Autre fable, autre montage-assemblage, autres moyens avec le film Zaldiaren Orena (2010), où se conjuguent histoire
et anticipation dans le plus grand anachronisme, à travers une enquête menée par un robot allemand à la recherche
d’un mystérieux cheval dans le Pays basque pendant la seconde guerre mondiale. Le principe anachronique est
par un principe formel, relatif au point de vue adopté, puisque c’est en manipulant ce robot téléguidé muni d’une
caméra que sont produites toutes les images du film. Dans cette mise à distance et ces renversements, l’enquête
anthropologique produite par la curieuse machine présente l’homme en animal étrange, dans ses mœurs comme
dans ses coutumes.
On pourrait poursuivre cet inventaire avec d’autres projets de l’artiste : Roubaix 3000 (2007), qui utilise un dialogue
familial enregistré lors d’un dîner, à Bayonne, comme trame d’une intrigue se déroulant dans des architectures
naïvement futuristes construites à Roubaix dans les années 1980. De jeunes acteurs reprennent en play-back des
bribes de ces conversations qui, en migrant du nord vers le sud, perdent leur continuité pour s’implémenter dans
un étrange ballet des corps, des formes et des mots, où se diffracte le cercle familial…
Dénaturalisation
Si la description de ces œuvres éclaire en partie les moyens, les procédés et les méthodes d’assemblage retenues
par Bertrand Dezoteux, elle affirme également leur force à travers le jeu des redistributions et des réajustements
auxquels les soumet le montage, où s’exercent de nouveaux fonctionnements de la nature, de la technique, de
l’histoire et de la communauté, où se perturbent leurs ordres respectifs et se réorganisent leurs partages, au risque
de la dénaturalisation.
Les effets théoriques de ces bricolages produisent un écho saisissant à certaines réflexions anthropologiques et
politiques portant sur le redéfinition des espèces et les rapports humains non humains (on pense particulièrement
à Donna Haraway) loin, très loin des applications scolaires auxquelles ces studies sont souvent réduites dans l’art
contemporain. Car dans l’assemblage-montage de Bertrand Dezoteux, un cinéma expérimental trouve à repenser
ses formes et ses enjeux.
Octobre 1961, Moma, New York, organisée par William C. Seitz
L’art de l’assemblage, Relectures, sous la direction de Stéphanie Jamet-Chavigny et Françoise Levaillant, Presses Universitaires de Rennes.
(3)
http://roubaix3000.com
(1)
(2)
Bertrand DEZOTEUX
Né en 1982 à Bayonne
Expositions
2011 2010
2007 - 2009
Entre Temps, Musée Basque, Bayonne (commissaire : François Loustau)
Traversées du paysage, Académie nationale des Beaux-arts de Sofia, Bulgarie
REBOOT3, avec Arnaud et Guillaume Dezoteux, une proposition de Christophe Kihm au Palais de Tokyo, Paris
L’Océan, Casino Bellevue, Biarritz (commissaire : Florence Guionneau-Joie)
Dynasty, Musée d’art moderne de la ville de Paris et Palais de Tokyo, Paris (commissaires :
Marc-Olivier Wahler et Fabrice Hergott)
RESET, Fondation d’Entreprise Ricard, Paris (commissaire : Christophe Kihm)
Le Corso, Module du Palais de Tokyo, Paris, une invitation de Alain Della Negra & Kaori Kinoshita
Diagonale des arts, Cahors
Show Off 2008, galerie Les Filles du Calvaire (commissaire : Madeleine Van Doren)
Dans la nuit, des images, Grand Palais, Paris (commissaire : Alain Fleisher)
Panorama 9 - 10, Fresnoy, Studio National des arts contemporains, Tourcoing (commissaire : Bernard Blistène)
Plan B, Carré Bonnat, Bayonne
Statics, Espace Croisé, Roubaix (commissaire : Mo Gourmelon)
Collections Publiques
2011 Fonds régional d’art contemporain d’Aquitaine
Prix / Bourses
2010 2009 Aide à la création individuelle de la DRAC Aquitaine
Bourse Défi Jeune Envie d’Agir de la région Aquitaine
2008 Prix « Jeune Talent Numérique » décerné par la SCAM au festival e-magiciens
Projections / Festivals
2011 2010
2009 2008 7ème édition de la Fête de l’animation, Lille et Tourcoing
Carte blanche d’Alain Della Negra et Kaori Kinoshita au cinéma Le Concorde, La Roche-sur-Yon
Festival ACCÈ(S), Pau
Festival Hors Pistes, Centre Pompidou, Paris
Festival Les Urbaines, Lausanne, Suisse
Le Bal Jaune de la FIAC, Pavillon Cambon (commissaire : Claire Staebler)
Festival IFFB, Breda, Pays-Bas
Platform3, Munich, Allemagne
Projection « Écotone », La Station, Nice
Festival international de l’image environnementale, Arles
Festival Bandits-Mages, Bourges
Dans le cadre de la Saison Vidéo, Once upon a time, Musée des Beaux-arts de Calais
Transmediale09, Festival for art and digital culture, Berlin
Multiprise n°3, Musée des abattoirs, Toulouse
Rencontres Internationales Paris-Berlin-Madrid
Festival e-Magiciens, Valenciennes
Festival « Temps d’images », La Ferme du Buisson, Marne–la-Vallée
2007
« Home Cinema », association Trafic, Lausanne, Suisse
Dans le cadre de la Saison Vidéo, Portraits, ESAAT, Roubaix
Rencontres Internationales Paris-Berlin-Madrid
Interventions / Séminaires
2011
Sur une invitation de Dork Zabunyan, performance EleGTAnt, en collaboration avec Arnaud Dezoteux, dans le cadre du séminaire cinéma & jeu vidéo : pratiques sous influence, cinéma l’Hybride, Lille
« Ce que le cinéma fait avec Internet », une invitation de Jean-Michel Frodon à la Fémis
Rencontre avec les étudiants du département arts plastiques de la Faculté de Lille III
Formation
2006 - 2008 Le Fresnoy, Studio National des arts contemporains, Tourcoing
2003 - 2006 École supérieure des arts décoratifs de Strasbourg. Obtention du DNAP et du DNSEP
2001 - 2003 École supérieure de l’image (ESI) d’Angoulême
éditions / Catalogues
2011 2010 2009 2008 Saison Vidéo # 35
L’Océan, catalogue de l’exposition
PALAIS / Magazine 12
Dynasty, catalogue de l’exposition
Saison vidéo # 33
Saison Vidéo # 32
Panorama 9-10, catalogue de l’exposition
Presse
artpress n°378, mai 2011, Bertrand Dezoteux - Anthropologies Sauvages, par Christophe Kihm
Mousse Magazine n°26, novembre 2010, Unpreaching to the Choir, par Dorothée Dupuis
Sud Ouest, 17 juillet 2010, Un vidéaste émergent, par Camille Boulogne
Émission Le Rendez-vous, de Laurent Goumarre sur France Culture, 22 juin 2010
Beaux Arts Magazine n°312, juin 2010, La Seconde Life des Bêtes, par Judicaël Lavrador
artpress n°366, avril 2010, Reset, par Élie During

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