la toilette » d`une personne atteinte de la maladie d

Transcription

la toilette » d`une personne atteinte de la maladie d
DIU SOIGNANT EN GERONTOLOGIE
«
LA TOILETTE »
D'UNE PERSONNE ATTEINTE
DE LA MALADIE D'ALZHEIMER PEUT ETRE DIFFICILE
Dans quelle mesure le soignant peut-t 'il rendre ce soin plus facile?
Promotion 2007- 2008
Véronique LE ROUX IDE
Centre Saint Vincent Lannouchen
à LANDIVISIAU
SOMMAIRE
1-INTRODUCTION
2-LA MALADIE D'ALZHEIMER
p3
p4
2-1: Démographie p4
2-2: Définition p4
2-3: Les troubles du comportement p5
3- LA TOILETTE








p6
3-1: Les objectifs de la toilette p6
L'hygiène et la propreté p6
La communication verbale p7
La communication non verbale p7
La réhabilitation du patient p8
Lla prévention des dégradations corporelles p8
Le confort du patient p8
Le confort du soignant p8
L'observation et le recueil des données p8

3-2: Les types de toilettes p10
4-CAS CONCRETS p12
5-ANALYSE DES CAS CONCRETS p15
6- LE SAVOIR-FAIRE DES SOIGNANTS p16
1
7- LE SAVOIR-ETRE DES SOIGNANTS p19
8- LES DIFFERENTES ETAPES POUR L'ANALYSE p21
DE LA PROBLEMETIQUE
9- S'ADAPTER AUX EVOLUTIONS ET AUX
BESOINS DES PERSONNES AGEES
p22
10-LE SOIN RELATIONNEL LORS DE LA TOILETTE p23
* Rappels des troubles rencontrés p23
*Les outils pour mieux communiquer p24
*Le soignant se reconnaît t' il dans le soin? p24
11- LE RESPECT ET LA DIGNITE DU PATIENT p25
12-LE PROJET COMMUN DES SOIGNANTS p25
13- LES MODALITES D'INTERVENTION p26
14- CONCLUSION P27
- ANNEXES:
*Le quizz du soignant
*Témoignage d'une soignée
- BIBLIOGRAPHIE
2
1- INTRODUCTION
La population âgée augmente considérablement en France, et surtout le nombre de
personnes atteintes de la Maladie d'Alzheimer ou syndromes apparentés. Les
structures d'hébergement pour personnes âgées accueillent bien évidemment ces
personnes aux troubles comportementaux et souvent difficiles à gérer de part leur
attitude perturbante .
Les soignants sont formés pour les soins techniques, les soins de confort,
d'hygiène, etc...,mais se voient démunis face à ces troubles de comportement des
personnes Alzheimers; en particulier lors de la toilette, qui devrait être un moment
privilégié pour le patient; un temps de contact , de discussion ,de bien-être. Mais
trop souvent cet acte est source de conflits , d'agressivité , d'angoisse , le soignant
est sans ressources ,découragé , il veut « bien faire » son travail mais n'y arrive
pas.
Le départ ne doit t 'il pas être une connaissance de la maladie d'Alzheimer? De
comprendre ces troubles du comportement? De mieux identifier la toilette et ses
objectifs ? Et surtout de savoir quelle attitude adopter en fonction de la situation?
Ce mémoire propose une réflexion sur la prise en charge du patient atteint de
la maladie d' Alzheimer ou de syndromes apparentés lors de la toilette. Il s'agira de
réfléchir aux difficultés rencontrées,aux troubles du comportement , analyser nos
gestes , nos paroles et essayer d'améliorer notre comportement de soignants, qui
n'est pas toujours adapté et correct face aux circonstances de crise. Nous pourrons
aussi réfléchir à nos propres limites et lacunes , se former et accepter cette pénible
maladie, en ayant des gestes et paroles adaptés.
Dans mon cas ,je travaille en EHPAD depuis plus de 20 ans ,je rencontre des
personnes âgées de plus en plus dépendantes physiquement et
psychologiquement, la majorité de ces personnes sont atteintes de troubles
cognitifs (78% environ). Ce qui indique les difficultés rencontrées lors de troubles du
comportement de ces personnes, en particulier lors de la toilette ou soin d'hygiène.
3
2 - LA MALADIE D'ALZHEIMER
2-1 – Démographie
En France , il y a aujourd'hui 850 000 personnes atteintes de la maladie d'
Alzheimer ,soit 1,5% de la population française. Ces personnes sont à 72 % de
sexe féminin et sont dans 73 % des cas âgées de plus de 80 ans. Et si on en croit
les sondages , il y aurait 225 000 nouveaux cas par an.
Il est bien évident que l'augmentation de cette maladie entraine des besoins
spécifiques de structures , de soignants formés pour accompagner ces malades en
établissement spécialisé ,ou non ,et bien sûr à domicile.
2-2- Définition de la maladie d' Alzheimer:
La maladie d' Alzheimer est une maladie neuro-dégénérative qui détruit les cellules
cérébrales de façon lente et progressive. Elle porte le nom d'Aloïs Alzheimer ,
neuropathologiste allemand, qui en 1907, a fait le rapprochement entre le syndrome
démentiel et les lésions neuropathologiques caractéristiques : plaques séniles et
dégénérescence de neurones à l'intérieur desquels se forment des filaments
pathologiques.
Cette maladie affecte la mémoire (les troubles portant sur les faits récents) et le
fonctionnement mental, avec notamment altération du langage, perturbation des
gestes élaborés , troubles de l'orientation dans le temps et l'espace ; On insiste
maintenant sur les manifestations psycho-comportementales associées aux
troubles cognitifs: perturbation de l'humeur (anxiété , dépression ), instabilité
psychomotrice , hallucinations , idées délirantes.
Au début les symptômes, troubles de la mémoire et altération des capacités
intellectuelles, peuvent rester discrets et ne pas être perçus par les proches de la
personne atteinte.
Avec la progression de la maladie ,les signes deviennent plus évocateurs et
entraînent une gêne pour l'exécution des tâches quotidiennes et les activités
sociales.
A un stade avancé, la perte de la capacité de s'habiller, de se laver , d'aller aux
toilettes aboutit à un état de complète dépendance.
A terme la maladie provoque une détérioration de l'état général.
On réservait autrefois le terme de maladie d'Alzheimer ,aux cas de moins de 65
ans, parlant de démence sénile de type Alzheimer chez les sujets âgés. On sait
maintenant que quelque soit l'âge , les lésions cérébrales sont identiques. On
emploie donc l'appellation maladie d' Alzheimer ou de démence de type Alzheimer.
4
2-3- les troubles du comportement:
Les troubles du comportement se définissent comme des conduites et des attitudes
inadaptées aux lieux et aux situations. Ces perturbations peuvent être d'origines
diverses et de nombreux facteurs sont souvent intriqués: Ils dépendent du degré
d'évolution de la maladie , mais aussi de la personnalité de l'individu et de
l'environnement dans lequel il évolue. En début de maladie ,l'anxiété et la
dépression sont majorées par les situations d'échec consécutifs aux troubles
cognitifs. L'agitation, les cris, les fugues, les comportements culturellement
inappropriés et la désinhibition sexuelle surviennent plus tard dans l'évolution de la
maladie. A ce stade ,les conduites régressives et oppositionnelles sont fréquentes:
par exemple l'alitement sans raison organique, le mutisme, le refus de
l'alimentation, des traitements , des soins d'hygiène, etc...Ces troubles du
comportement rendent la prise en charge d'autant plus difficile qu'ils sont perçus
négativement par le soignant ou la famille.
L'agressivité et l'agitation sont par exemple un bon mécanisme de défense contre
l'angoisse : les cris , les comportements oppositionnels, l'usage abusif de la
sonnette ou les exigences permanentes peuvent être des moyens d'attirer
l'attention de l'entourage pour lutter contre la peur de l'abandon, la solitude ou
l'angoisse de mort.
La déambulation ou les fugues peuvent viser à rentrer chez soi, à aller retrouver un
être cher ou chercher quelque chose de perdu qui est indispensable. Un refus de
manger peut être un moyen d'appeler au secours, d'attirer l'attention sur soi, il peut
signaler un désir de mourir.
L'apathie, le repli sur soi ,la tristesse passent parfois inaperçus mais sont autant de
signes qu'il faut repérer car ces signes sont évocateurs d'une baisse de motivation,
un manque d'intérêt pour sa personne , sa santé, une diminution des relations
sociales,...ce qui entraine un repli sur soi .
Les troubles du comportement ,même s'ils peuvent s'expliquer en partie par des
lésions cérébrales, ont un sens pour la personne qui en souffre ; ils sont un moyen
d'entrer en relation avec elle pour peu que le soignant tente d'en comprendre la
signification. Comprendre cette signification permet aussi de diminuer l'expression
des troubles, donc de diminuer la charge de travail du soignant. Il faut trouver
l'origine des troubles, et non se contenter de soigner les symptômes.
La toilette est un moment particulièrement important dans la journée ,et très
souvent ce moment est pénible car le patient est nerveux, se demande ce que le
soignant vient lui imposer, on rencontre des attitudes de refus, de violence,
d'agression ,...personnes qui présentent donc des troubles du comportement.
5
3-LA TOILETTE
3-1 Les objectifs de la toilette
A quoi sert une toilette?
La question peut paraître saugrenue. La réponse permet pourtant de mesurer
l'importance de ce soin longtemps dévalorisé. Des différences importantes existent
,suivant les services, au sein même d'un établissement. C'est ainsi qu'une toilette
complète peut sans problème durer plus de 45 mm en réa, alors qu'elle excède
rarement 20mn en long séjour. Malgré ces différences, on constate que le patient
est en relation environ 45 mn par jour avec le personnel,dont 14 à 20mn pour la
toilette. Actuellement ,la toilette représente fréquemment plus de 50% du temps que
les soignants passent en relation avec un sujet âgé. Pourrait -on se permettre de
gâcher ce temps en considérant qu'il a pour seul et unique but le lavage d'un
corps?Si oui, comment éviterons nous alors que les soignants continuent à se sentir
des « techniciens de surface », que les hommes vieux dont ils prennent soin
continuent de se ressentir comme des objets.
Nous pouvons donc nous rendre compte de l'importance de la toilette, qui
représente le temps maximum passé au contact avec le patient
Rappelons aussi que le rôle de soignant c'est de prendre soin d'une personne
unique en essayant de l'aider à conserver sa santé, et si possible à l'améliorer.
C'est aussi se montrer solidaire , c'est à dire prendre en compte d'une manière
active le patient et ses problèmes.
La toilette pourra donc viser plusieurs objectifs , dont certains seront prioritaires en
fonction du patient.
1- L'hygiène et la propreté:
L'hygiène et la propreté sont par définition, les objectifs de la toilette, souvent les
seuls enseignés aux soignants. Le protocole classique est celui de savonner le
corps pour décoller les particules sales présentes sur la peau, de rincer pour les
évacuer et sécher pour éviter la recontamination, les mycoses.
De plus , l'enseignement dit qu'il faut commencer par le visage ,puis continuer par
les mains et terminer par les parties intimes; il est important de rappeler que l'ordre
à suivre est du plus propre au plus sale; or nous savons depuis 50 ans que deux
des zones les plus souillées du corps sont le visage et les mains. Lors de la toilette
, le soin des pieds, de la bouche , de la peau et des cheveux sont à ne pas oublier.
Donc, même si la toilette possédait le seul objectif celui de la propreté, nos
connaissances actuelles imposent une refonte de nos manières classiques de
procéder.
6
2- La communication verbale
Dès que nous sommes en relation avec une autre personne nous communiquons
par la parole. Chaque fois que nous ne le faisons pas ,que nous restons silencieux,
nous signifions un refus de communiquer, un refus d'entrer en relation avec elle
.Dans la majorité des situations, la communication verbale obéit à certaines règles
du feed- back(avoir un retour). C'est à dire que si une personne envoie un message
à une autre celle ci attend un retour, pour continuer à communiquer. Dans les
relations entre un patient et un soignant , ces communications non verbales
représentent 80% du total des communications. La majorité des personnes
grabataires se trouvent privées de communications verbales directes dans des
proportions importantes.
Les soignants sont très souvent concentrés sur le soin lui même,et non sur la
communication
qui peut facilement être oubliée lorsqu'elle n'apparait pas
nécessaire à l'exécution du soin.
Il faut que la réponse verbale du patient soit cohérente,en lien direct avec la parole
ou les actes du soignant. Les feed-back peuvent être rares, voire inexistants chez
les personnes présentant des syndromes d'immobilismes ou des syndromes
cognitivo-mnésiques. Cette perte de cohérence entre l'expression verbale du
patient et les actions du soignant entrainent irrémédiablement de façon naturelle ,
l'arrêt de la communication de l'émetteur. Le silence lors des soins va s'installer. Il
ne s ' agit pas de reprocher aux soignants leur silence qui apparaît lors de soins
difficiles. .Le silence est naturel, la parole doit devenir professionnelle, elle doit
s'apprendre et s'entraîner. Par exemple parler du soin, des gestes prévus (je vais
soulever votre bras droit..), exécutés; ces règles paraissent simples mais il faut un
entrainement.
3- La communication -non verbale:
En l'absence de feed-back verbal ,il existe presque toujours des feed-back non
verbaux,souvent subtils, qui peuvent, s'ils sont détectés, alimenter la
communication. L'observation des mimiques du patient est un savoir-faire
essentiel,qui implique à réaliser les soins en étant face au visage du patient ,lieu
d'expression du bien et du mal-être. Cette attitude conduit parfois à revisiter le
déroulement d'une toilette à deux soignants... dont aucun ne regarde le patient.
Une part importante de la communication non verbale passe par le toucher.
L'apprentissage d'un toucher professionnel, élément fondamental de la sécurité des
mobilisations et de la douceur des manipulations est indispensable au soignant
comme au patient.
Toucher comme communiquer s'apprend. Le toucher du soignant doit aussi
solliciter l'autorisation corporelle du patient ; tout comme ce toucher , porteur de
douceur , favorise le lien et la confiance entre les partenaires du soin.
7
Les soignants ont appris un certain nombre d'actes de soins , mais rare ceux qui
ont reçu un entraînement spécifique à l'utilisation de leurs mains. Nos mains sont
pourtant un outil primordial dans la relation et le prendre soin.
4- La réhabilitation du patient:
La toilette constitue l'un des moments privilégiés pour l'utilisation de certaines
capacités, pour la réhabilitation du mouvement , de la verticalisation et pour la
conscience du corps.
Parallèlement au choix de la toilette , il est indispensable de s'appuyer sur 2 règles:
 nous ne devons pas faire un geste à la place du patient , sauf si pour des
raisons psychologiques, médicales ou humaines il est incapable de le faire.
 Si un patient ne peut pas faire un mouvement lui même , nous ne devons pas le
toucher ,sans l'en informer au préalable (nous devons accompagner nos gestes
d'une description). Cette manière de procéder, permet de ne pas rompre la
communication avec la personne et de participer à la rééducation ou au maintien
de l'autonomie.

5- Les préventions des dégradations corporelles:
La toilette permet de prévenir de possibles dégradations corporelles. La prévention
des escarres fait partie du rôle des soignants. Les résultats sont là , car il y a une
diminution des plaies et surtout de leur gravité.
Pour prévenir les escarres,il semble qu'il faut d'abord regarder . La douche prévient
largement les escarres ,sans doute par la vasodilatation réflexe qu'elle provoque.
L'arrosage des escarres favorise le bourgeonnement des plaies.
Le patient peut aussi avoir des irritations aux plis(sous-mammaires, fessiers,
inguinaux,etc.)le lavage puis le rinçage et surtout le séchage sont très importants.
Le patient peut se replier sur lui-même et se retrouver en position foetale. La
mobilisation systématique des articulations dans leur amplitude maximum pour les
patients grabataires permet de retarder voire d'éviter ses rétractions. Il est
nécessaire que les soignants apprennent les techniques douces de mobilisations
articulaires, de contrôle des muscles agonistes et antagonistes.
Le patient peut aussi s'enfoncer dans le syndrome de l'immobilisme. La toilette est
le moment de lutte contre ce syndrome, qui voit les patients se replier sur eux
mêmes,perdre l'usage de la parole , parfois ne plus ouvrir les yeux. Les toilettes
accomplies dans le respect de ces objectifs et règles de l'art, qui permettent à la
personne de rester en communication avec le soignant et, quand elle peut ,d'utiliser
ses capacités, constituent l'une des préventions privilégiées de ce syndrome ou
l'homme vieux se replie sur lui même.
Qui sinon le soignant en contact avec les patients, peut pratiquer ces préventions?
8
6- Le confort du patient:
La toilette ,enfin doit répondre à un désir de confort du patient. Etre bien lavé, bien
rasé, confortablement vêtu seront les exigences des patients de demain. Le respect
de la pudeur est aussi fondamental.
7-Le confort du soignant:
Le confort du soignant est indissociable de celui du patient. Comment effectuer une
toilette correcte sur un lit trop bas?Le constat est que le soin peut être rallongé
,exemple le massage,si le soignant est bien installé. Le mal de dos des soignants
est autant dû à des problèmes ergonomiques qu'au problème de manutention. Les
toilettes proposées doivent tenir compte de ce facteur de confort du soignant, si l'on
veut améliorer la qualité du soin proposé au patient.
8- L'observation et le recueil de données:
Lors de la toilette, la relation privilégiée au patient permet de recueillir des
informations capitales, qui peuvent être consignées dans le cahier de soin. Le
patient se confie plus facilement aux soignants qui lui font du bien, qu'aux autres.
Pour l'infirmière c'est le meilleur moment pour faire un diagnostic infirmier,préalable,
indispensable au rôle propre.
On parle de toilette évaluative (Gineste et pelletier), c'est une toilette effectuée en
collaboration avec les aides soignantes et l'infirmière , celle ci l'évalue, et cela
permet de poser de réels objectifs de soin, adaptés à la situation; et aussi de choisir
le type de toilette pour le patient en fonction de ses capacités.
Une des conclusions après la description de ces objectifs ,est que la
toilette du patient en institution est un acte de santé . Le soignant doit
se sentir revalorisé dans ces actes et par son relationnel.
9
3-2 Les types de toilette
-la toilette au lit : c'est la toilette la plus répandue en long séjour pour les
patients grabataires ou à faible mobilité, elle est faite tous les jours par les
soignants. La toilette au lit devrait devenir exceptionnelle car elle est inconfortable
pour le soignant et l'hygiène est relative,les plis ne sont pas correctement irrigués et
séchés, les pieds ne sont pas trempés. , le shampooing est difficile ou quasi
impossible, non verticalisation de la personne. Cependant c'est la toilette la plus
pratiquée du fait de la grande dépendance physique.
-la toilette en chariot douche: c'est une toilette à l'eau coulante,qui est
utilisée pour les patients grabataires,et qui offre une qualité de soin parfaite,le
patient est bien lavé et rincé,si le séchage des plis irrités et des plaies est fait au
sèche cheveu tiède c'est parfait, ces lésions disparaissent rapidement.
-les douches sur lève-malade: elles existent mais sont rares et
inconfortables, dans notre EHPAD ça n'existe pas.
-Le bain: Les bains en baignoire traditionnelle deviennent inexistants car
difficultés de manutention et insécurité pour les patients âgés. Cependant les
baignoires à hauteur variable,parfois à bulles ou à jets sont appréciées, elles
s'adaptent à la taille des patients et à celle des soignants, le confort est assuré. En
long séjour les bains peuvent même être thérapeutiques, c'est à dire relaxant,le
patient se détend et en ressort plus calme et content . C'est un moment privilégié de
relation et de communication entre le soignant et le patient, en plus du soin lui
même.
Cependant le bain est long et certaines personnes disent avoir froid, elles préfèrent
un autre type de toilette plus rapide .
-La douche: En institution, la douche est souvent proposée aus personnes
qui se débrouillent seules,alors qu'elles constituent un véritable outil de
réhabilitation, en autre par l'effort de verticalisation qu'elle demande. La douche est
également le type de toilette le plus proche des habitudes antérieures et le mieux
ressenti au niveau de l'image de soi. C'est le moyen de toilette qui tend à se
répandre, d'autant plus qu'il existe de nouveau appareil comme la chaisedouche,qui offre un confort supplémentaire. La douche permet un bon lavage et un
bon rinçage du corps.
-la toilette au lavabo: C'est la toilette quotidienne qui est à répandre ,car elle
favorise une aide partielle qui oriente le soin vers la recherche de la participation de
la personne. Les patients peuvent être debout, assis ou debout-assis.
Il est plus aisé de laisser la personne faire ce qu'elle peut encore faire, les mains
passent sous le robinet, les pieds peuvent tremper dans une bassine, le dos est
mieux massé, etc...et elle peut se voir dans le miroir.
10
Synthèse :
Le constat est que la toilette au lit est souvent pratiquée en maison de retraite du
fait de la dépendance importante des résidents. La toilette au lavabo devrait se
développer car la personne âgée a besoin d'être mobilisée au maximum, pour le
maintien de la station debout. Quant au bain,il est relaxant si la personne âgée n'a
pas d'appréhension de l'eau et que le soignant peut consacré plus de temps .
Quant à la douche, elle devrait prendre une place beaucoup plus importante dans
nos institutions ,car elle est de loin la meilleure des toilettes(debout ou assis).
Cependant pour chaque individu , il faut respecter son choix , le soignant ne doit
pas lui imposer un type de toilette , s'il ne le souhaite pas ,ou ne le supporte pas.
Dans les instituts de formation ,l'enseignement des différents types de toilettes
devrait être inclus dans le programme des infirmières et aides soignantes. Nous ne
pouvont plus nous contenter de la toilette au lit qui doit répondre à des règles
« laver du plus propre au plus sales »par exemple, nous verrons plus loin pourquoi,
en particulier chez le patient Alzheimer.
11
4- CAS CONCRETS
1er CAS CONCRET:
Mr X est atteint de la maladie d'Alzheimer depuis 10 ans,il est entré en institution
depuis 2 mois car son épouse ne pouvait plus faire face aux troubles du
comportement de son mari et Mr X commençait à fuguer. Cependant il venait d' un
séjour à l'hôpital qui n'a fait qu'accentuer ses troubles du comportement.
A son arrivée ,il était perturbé, nerveux, se sentait persécuté par nos paroles, nos
gestes,nous soignants n'arrivions pas à atténuer ses angoisses. Il marchait tête
baissée, posait sans cesse les mêmes questions « qu'est ce que je fais ici,qu'est ce
que j'ai fait de mal?où est ma femme, elle m'a renvoyé, pourquoi? Etc..
La toilette se passait mal, il refusait de se changer, s'accrochait à nos poignets, se
contractait, ne voulait pas se laver, disait n'avoir plus besoin de se laver,....cet
homme était persécuté, hanté par les remords, il pensait avoir fait de grosses
erreurs, il se rendait compte de ses pertes de mémoire et de son comportement
perturbé.
Un matin, le voyant souillé et malheureux , je décide de faire sa toilette et de le
changer pour comprendre son attitude. Au départ , il refusait tout contact, vivait
dans cette torpeur, cette angoisse. J'ai pris mon temps, je lui ai parlé, nous avons
fait connaissance petit à petit,je lui ai dit que sa femme l'aimait et qu'il serait bien
qu'il soit beau pour lui plaire. Sa réponse a été de me dire qu'elle était fâchée parce
qu'il avait fait des bêtises; je remarquais une grosse inquiétude pour sa famille,une
angoisse d'être responsable de la rupture avec les siens,une incapacité à raisonner.
La toilette ne semblait pas lui convenir, j'ai pris mon temps , j'ai parlé, je l'ai
écouté,nous avons évoqué son passé, il a retrouvé un petit sourire. Le soin
commençait plutôt mieux, il avait accepté de venir dans la salle de bain, il revenait
sur le fait qu'il ne voulait pas se laver car ça ne servait plus à rien; mais en
détournant son esprit ,il se laisse dévêtir ,sauf arrivé au change il m'accuse d'avoir
« déchiré son pantalon », en fait c'était la protection que j'ai jeté dans le panier à
linge, difficile de le convaincre. En fait j'ai compris que tout geste doit être très bien
justifié pour éviter les confusions,même si pour le soignant ça paraît banal ,il faut
décortiquer nos gestes et les expliquer, et encore ce n'est pas évident!!
Pour le visage ,il m'a dit, je ne suis pas un bébé ,je sais me laver, je l'ai donc laissé
faire. Après le rasage ,qu'il a accepté, je lui ai proposer de mettre de l'après rasage
pour l'odeur, il a répondu, sentir bon pour qui?On note la tristesse , le désintérêt
pour tout.
Au bout de quelques jours, voir quelques semaines, Mr X a retrouvé une certaine
confiance, les soignants le connaissent, s'adaptent à son comportement . Il faut
savoir que Mr X ne connaissait ni les lieux, ni le personnel, se sentait abandonné et
prisonnier, sans mémoire,sans repères.
Sa toilette est devenue plus facile, il aime être propre, a retrouvé le goût d'être
élégant, il nous dit même parfois de choisir ses vêtements , il veut être courtois
avec les soignants et leur faire plaisir.
12
Toutefois il est très sensible aux indélicatesses et nous le fait savoir,si nous voulons
aller trop vite ,il réagit négativement .Il est aussi très préoccupé par ses affaires,a
besoin de voir où elles sont rangées.
J'ai vu un soignant vouloir lui ôter son gilet par l'arrière, sans le regarder, Mr X c'est
opposé et de suite c'est braqué ,impossible ensuite de le raisonner. Il est évident
qu'il faut parler au patient mais aussi le regarder; la prise par surprise est source de
conflit et d'agitation.
Le constat est que Mr X a besoin d'être en confiance, d'être pris pour un homme
« normal »,pas un enfant. Il souhaite être appelé par son prénom.
2ème CAS
MR Y. est entré en institution car son épouse ne pouvait plus assumer la lourdeur
des soins de son mari. Ce Monsieur est atteint d'une démence vasculaire, il est
sourd ,grabataire et a des difficultés à parler.
Lors des soins ,il crie, s'agrippe partout, pince, il est très difficile à mobiliser. La
toilette est le moment critique de la journée. Elle est faite au lit ,par deux soignants
car il faut le mobiliser.
J'ai observé les soignants lors d'une toilette, c'était l'horreur; les cris du Mr
énervaient les soignants ; ceux ci lui disait « taisez vous, laissez vous faire? On ne
vous fait pas de mal , il faut être propre,.... »Ce n'était pas d'un mauvais sentiment
mais elles ne prenaient pas le temps de lui expliquer les gestes , de le toucher
avant le soin, tout était surprise donc agression pour le patient, qui répliquait par
pincements et cris. Je sentais de l'angoisse chez le patient mais aussi chez les
soignants .
Un jour suivant, une soignante est venue me trouver en me disant que Mr Y s'était
mieux comporté lors de la toilette. Je lui ai dit de m'expliquer son soin. Elle a
communiqué avec le patient, elle connaissait sa fille, ils ont parlé du passé . Mr Y
écoutait et souriait, elle commence la toilette tout en discutant , pas de cris, pas de
pincements, elle lui caresse les mains lui explique ses gestes. Cà se passe mieux,
elle appelle une autre soignante qui l'aide à finir les soins et à le lever; elles sont
satisfaites car Mr Y n'a pas montrer d'agressivité ou presque pas. Dans la journée
Mr Y appelait sa fille et souriait ,la soignante avait réveillé ses souvenirs.
Ce qui a été plus important encore ,c'est la transmission à l'équipe , j'ai entendu dire
« il est méchant »par une personne,et la soignante de répondre, non il faut lui
expliquer les gestes , il écoute et comprend, mais il faut répéter constamment les
consignes.
3ème cas:
Mme Z refuse d'aller au bain,on essaie de la convaincre mais sans succès,son
shampooing elle n'en veut pas, se laver les pieds c'est impossible; que faire?
Mme Z est certains jours charmante ,elle accepte sa toilette et d'autres jours , elle
griffe et elle mord. Depuis quelques temps Mme Z est malade, elle a une bronchite,
elle vomit parfois, elle a peur de ne pas guérir.
13
En discutant avec elle , elle arrive à exprimer la crainte que l'eau soit froide, de
l'hiver qui est froid,tout se rapporte au froid. Nous avons conclu que la peur d'avoir
froid est une obsession chez Mme Z et que la toilette ou le bain l'obligeait à se
dévêtir. Depuis ce jour, les soignants font attention à ne pas trop la découvrir , à
faire sa toilette par étape et de lui expliquer les gestes car en plus elle est
impatiente .Ca se passe mieux, mais ce n'est pas gagné pour le bain. Il faudra peut
être voir si a un autre moment de la journée elle se sentirait mieux pour aller au
bain?bain thérapeutique?
14
5-ANALYSE DES CAS CONCRETS:
Les soins liés à la toilette ou aux soins d'hygiène sont particulièrement difficiles pour
la personne mais aussi pour les soignants. Nous constatons dans ces cas concrets
que la toilette est certes un soin d'hygiène ,mais que pour le faire correctement, il
faut passer par des étapes ,bien connaître la personne, ses habitudes de vie, son
passé ,ses goûts, entrer progressivement en contact par le regard, le toucher et la
parole, expliquer les gestes que nous allons faire,préserver la dignité de la
personne, prendre du temps pour écouter ,surtout ne jamais surprendre le malade
,s'occuper de lui sans le regarder . Il faut aussi connaître l'état de santé de la
personne, car un problème de santé peut agir sur le comportement, tout comme
Mme Z qui a une bronchite ;de suite elle ne veut plus se laver de crainte d'avoir
froid et parce qu'elle ne se sent pas bien.
Nous rencontrons beaucoup de situations difficiles,souvent rendues plus difficiles
encore par notre manque de temps ou de prise de temps pour l'écoute du patient
.Le soin relationnel est tout aussi important que l'acte de toilette en lui-même;le soin lui
peut être remis à plus tard si ça ne dérange pas l'entourage ,et qu'il n'est pas
indispensable pour le patient à ce moment précis; par contre obliger le patient a
faire sa toilette à ce moment alors qu'il est troublé , peut conduire à des troubles
plus importants; essayer de comprendre le refus, c'est peut être le soignant qui ne
lui convient pas, le moment,il a une idée précise en tête, il est désorienté dans le
temps???? S'adapter au patient ,changer de soignant, réessayer plus tard, amener
la conversation,...se sont des solutions envisageables, le soignant ne doit pas être
frustré si le patient le remballe,c'est la maladie qu'il convient de comprendre et non
le pourquoi moi?
15
6- LE SAVOIR-FAIRE DES SOIGNANTS:
-S'assurer que la personne n'ai pas d'autres problèmes médicaux :
* Les problèmes médicaux contribuent au manque d'intérêt,au manque de force à
réagir de la personne malade,à une confusion ,par exemple ,une dépression, une
infection ,des troubles de la vue, de l'ouïe,une douleur,etc...
-Assurer des soins de qualité respectant la pudeur de la personne âgée :
 Ne pas ouvrir la fenêtre pendant la toilette

 Fermer la porte de la chambre ou de la salle de bain pendant la toilette et
l'habillage pour conserver l'intimité.

 S'organiser matériellement: disposer le matériel adapté (préparer l'eau du bain,
le chariot de douche ou la douche), la personne âgée n'a pas toujours de
patience et oubli, il vaut mieux que tout soit prêt. Préparer aussi le savon, les
serviettes,la brosse,etc...

 Augmenter la température de la pièce au moment de la toilette(les personnes
âgées sont sensible aux changements de température et aiment avoir chaud);
s'assurer d'un bon éclairage de la pièce.

 Préserver l'intimité pendant la toilette, ne pas découvrir et déshabiller la
personne sans précautions ,ni tact.


-Veiller au bien-être et au respect de la personne âgée:

 Expliquer ce qui va se passer (bain, toilette...), négocier le rythme , l'horaire,
mettre en confiance
 Assurer une présentation correcte par la coiffure, le rasage pour les hommes,le
maquillage pour les femmes qui avaient l'habitude de se maquiller, il est
important de conserver une bonne image de soi.
 Ne pas oublier les soins de bouche afin de prévenir les caries et gingivites. Les
dents en mauvais état nuiront à la capacité à manger et à l'envie de manger.
Faire brosser les dents si possible, sinon essayer des soins de bouche avec une
compresse et un produit de bain de bouche, ou encore enlever l'appareil
dentaire si la personne en a un, le faire tremper,s'adapter. Faire mâcher des
bonbons sans sucre.



16
 Maintenir une image agréable pour la personne âgée, coiffeur, esthéticienne,
parfum,...Des cheveux propres et bien coiffés donnent meilleure allure au
patient,si le shampooing est impossible essayer un shampooing sec
 Respecter les désirs et les besoins de la personne,ne pas faire ce que la
personne n'avait pas l'habitude de faire ou n'aime pas,même si ça nous paraît
mieux à nos yeux.
-Préserver l'autonomie sans mettre en échec:
 Faire participer à la toilette et à l'habillage.

 Faire faire et ne pas faire à la place de la personne pour préserver son
autonomie

.Ne donner qu'une consigne à la fois avec un verbe d'action, et ne pas
hésiter à la redonner plusieurs fois.
.Allier le geste à la parole,ne pas vouloir faire deux actions à la fois,la
personne doit se concentrer sur son geste.
.Déterminer un temps pour réaliser une action limite de temps tolérable par
résident .Ne pas laisser la personne en échec,l'aider au bout d'un certain temps.
 Faire mettre ou aider à mettre les lunettes et les appareils auditifs,car sans, la
personne est encore plus isolée dans son monde, en vérifier l'état très
 régulièrement.

 Savoir différer la toilette et y revenir plus tard si la personne refuse.

 Ne pas hésiter à demander l'aide d'un autre soignant ,non pas pour faire à deux
la toilette mais pour changer de « tête »,ne pas se frustrer si la collègue arrive
mieux .
-Savoir-faire face aux troubles du comportement:
 Savoir que la toilette peut être vécue comme une agression,le malade ne se
rend pas bien compte des difficultés,il sait qu'il ne fait pas bien, mais il s'efforce
de garder son indépendance,la valorisation de l'image de soi passe par
l'implication dans les actes de la vie quotidienne comme la toilette;accepter de
l'aide c'est accepter sa dépendance, d'où l'agression envers les aides.

 Savoir que le comportement du soignant est interprété par le patient:
 il faut rester calme ,agir avec douceur, ne pas brusquer, montrer son
impatience. Il faut expliquer ses gestes et le répéter, il faut prendre son temps.
 Connaître l'importance du contact corporel surtout si la démence est évoluée.
17
 Réorienter sans s'opposer: ne pas laisser un dément dans l'erreur mais ne pas
absolument essayer de le convaincre, ça peut l'angoissé davantage.
 Ne pas laisser des objets et produits dangereux à la portée du patient,il ne
distingue pas les produits, peut aussi bien prendre le dentifrice pour la crème de
soin ou le parfum pour la boisson.
 Il est important de noter les »trucs », toutes les consignes qui peuvent
aider(coller des affiches): salle de bain, wc sur les portes, vêtements marqué sur
l'armoire, nom sur la chambre avec une photo par exemple,etc...il s'agit de
nommer les choses. Tout cela pour donner des rappels, la personne est aidée
sans pour autant constater ses pertes de mémoire, la vie devient plus facile.


Attitude devant un refus: rester calme et compréhensif.
*
donner une seule directive à la fois,laisser le temps nécessaire à la personne
-respecter les goûts vestimentaires de la personne:
 Laisser la personne choisir ses vêtements.
* Prévoir un choix de vêtements en fonction des goûts de la personne, de la
saison.
* Maintenir une garde-robe personnelle en respectant l'histoire et les habitudes du
patient.
*
Toujours ranger les affaires à la même place et dans le même ordre
 S'organiser matériellement: disposer d'un trousseau suffisant et proposer à la
personne des vêtements adaptés ,faciles à mettre , faciles à boutonner.
 Lors de soin de toilette quasi impossible:

Il existe des personnes très difficiles, chez qui la toilette n'est que agression ,où
il faut aller très vite, il existe pour ces gens là , un savon sans rinçage;ce savon
permet de laver sans rincer .Ceci doit je pense, rester exceptionnel.
18
7- LE SAVOIR ETRE DES SOIGNANTS
La toilette est part conséquent, pas si aisée à réaliser ,que nous pouvons l'imaginer.
Le soin en lui même est défini dans le paragraphe précédant ,le côté matériel et le
côté humain, le savoir -faire de chacun. Cependant il reste toute cette approche
relationnelle à définir; on parle du comportement troublé du patient, mais le
comportement du soignant est aussi a prendre en compte et est très important.
C'est pourquoi, je souhaite décrire quelques situations vécues;le soignant qui entre
dans la chambre sans frapper ,sans attendre même une seconde une réponse pour
entrer. L'entrée dans la chambre en disant tout de même « bonjour Mr x », mais
sans un regard ,sans un arrêt au lit de la personne âgée, pour très vite ouvrir les
volets, ou peut être une question posée à 2 mètres du lit ,sans attente d'une
réponse; le patient se rend t' il compte de l'heure ,du moment de la journée,de
l'endroit où il se trouve;et connait t 'il la personne qui est entrée?? . A peine ouvert
les volets , le soignant prend sa bassine,le matériel nécessaire à la toilette, retire le
drap en même temps qu'il annonce « on va faire la toilette »,déjà « on » c'est qui?,
le soignant doit t' il aussi se laver?Le gant est mouillé ,savonné et le visage est
lavé. Le résident ne va t 'il pas réagir à cette agression?a t'il compris ce que le
soignant allait faire? Le savon pique les yeux, le patient n'a rien compris.
Autant de comportements qui angoisse le malade alzheimer, ou atteint de troubles
cognitifs ,et même les autres personnes qui sont sourdes ou aveugles ,ou ralenties
dans la compréhension des actes.
Tous ces événements vécus une fois ou l'autre ,peuvent surprendre; mais qui de
nous un jour ou l'autre, par un manque de temps,un tracas , une situation mal
vécue,une fatigue,etc,...n'a pas agit de la sorte, sans pour autant vouloir mal faire
auprès du résident? Qui n'a pas oublié que la personne âgée est au centre du soin,
lors d'une toilette à 2 soignants,on bavarde ,on raconte ces dernières vacances, ou
autre ,qui n'intéresse guère la personne âgée,à moins que celle ci participe à la
conversation ??Toutes ses situations sont trop souvent rencontrées.
La toilette doit par conséquent devenir un moment privilégié pour la personne âgée,
surtout si elle a des troubles cognitifs .La manière d'être et de faire a des
répercussions sur le soin. D'abord, l'entrée dans la chambre doit se faire
doucement ,après avoir frappé et avoir attendu quelques secondes,entrer même si
la réponse n'existe pas;mais la personne est avertie d'une arrivée.
Le bonjour bien évidemment,mais face au patient ,le répéter si il ne comprend pas,
insister pour essayer d'avoir un retour; de même se présenter;s'intéresser à sa
dernière nuit, l'orienter dans le temps, lui dire l'heure,lui donner envie de se lever,lui
parler du temps qu'il fait, de ses projets pour la journée, autant de choses qui
peuvent le réorienter, l ' intéresser. La prise de contact est essentielle.
Vient le moment de la toilette,proposer à la personne notre aide,ne pas lui imposer
mais lui suggérer un mode de toilette bien sûr en fonction de ses capacités .
Privilégier une toilette debout si possible, au lavabo,à la douche,...(La verticalisation
selon Gineste et Pelletier).
19
Il se peut que la personne en raison de ses habitudes antérieures ou de l'apathie
qui s'installe ne saisisse pas la pertinence d'une toilette ou d'un bain. La gêne peut
le rendre mal à l'aise, la présence d'une autre personne et le fait de se dévêtir
peuvent blesser sa pudeur. C'est à nous soignant de le comprendre et d'adapter
nos gestes , de dévêtir la personne avec précaution,avec tact,et pas tout le corps
en même temps.
La température de l'eau est très importante ,faire ressentir cela au patient,lui
demander son avis si il est capable, sinon aller avec prudence,s 'il s'agit d'un bain,le
malade peut s'opposer au soignant par agitation et agressivité,essayer de le
rassurer, de le distraire,lui expliquer avec douceur et effectuer la mise à l'eau sans
brutalité .Les massages peuvent ensuite apaiser l'angoisse,un gant dans la main
peut distraire et éviter les pincements. Si la personne peut effectuer le lavage, la
laisser faire et lui rappeler sans cesse les endroits à laver « laver votre visage » ou
encore « tenez la serviette pour vous essuyer ».Il faut aussi éviter de laisser les
objets et produits dangereux à la portée, les ranger immédiatement après
l'utilisation .Les fournir au patient au fur et à mesure et expliquer leur usage .
Si la personne n'arrive pas à effectuer correctement les actes attendus, l'aider,bien
savonner ,rincer et sécher pour éviter les mycoses. Si il y a une agitation, lui donner
quelque chose dans les mains pour l'occuper.
La communication verbale est très importante,toujours expliquer ses gestes et
parler de la chaleur de l'eau, de la couleur de la serviette, de sa texture de l'odeur
du savon,des lotions ,toujours pour réorienter le patient. L'explication est
primordiale.
Si la personne s'agite ,on peut chanter doucement ,surtout rester calme,masser le
dos ou donner un mouvement de bercement du torse .Vérifier pendant tout ce
temps l'état de la peau,pour s'assurer qu'elle ne présente pas de lésions, ni
d'escarres.
A la fin du soin, si la personne le tolère lui proposer de se regarder dans le
miroir,ceci pour qu'elle continue à garder une image d'elle,surtout après être coiffée
et maquillée.
Un autre point sur la partie à laver en premier,à priori comme appris à l'école ,le
soignant doit agir du plus propre au plus sale, autrement dit du visage vers les
parties intimes. Les soins du visage peuvent sembler banals et rapides à faire, mais
en raison de l'importance narcissique et identitaire que représente la figure pour la
personne,ils prennent une signification majeure .Il est donc préférable de
commencer la toilette par les mains ou les bras , laisser le visage pour après.
20
8-
LES DIFFERENTES
PROBLEMATIQUE:
ETAPES
POUR
L'ANALYSE
DE
LA
Difficultés face aux troubles du comportement lors de la toilette
1°étape: Description de la situation:
-Quoi? Que se passe t' il?
-Pourquoi ce trouble du comportement?
-A quel moment se produit le trouble?
-Où se passe le problème?
-Avec qui se déclenche le trouble?
2°étape: Quelles sont les conséquences?
-pour la personne ou le résident?
-pour les autres résidents?
-pour le personnel ou l'équipe de travail?
-Pour la famille?
-Pour l'établissement?
3°étape: Rechercher les causes à l'origine de la problématique:
-causes physiques: besoin non résolu , inconfort ,...
-causes environnementales
-causes familiales
- causes psychologiques,respect de l'espace privé...
Dans la recherche des causes considérer également l'historique et les habitudes de vie de
la personne .
4°étape:Choix de causes
Après avoir identifié les causes possibles,arrêter son choix sur 2 ou 3 causes
maximum en basant son choix sur les causes les plus probables relatives aux signes
évidents constatés.
5° étape:Les solutions possibles:
Dresser une liste des solutions possibles après considération des causes et
des conséquences.
6°étape :choix des solutions:
Après analyse des solutions possibles choisir la ou les solutions réalistes
et envisageables dans le contexte.
7° étape:Application de la solution:
Appliquer la solution dans le but de remédier à la problématique du départ.
8° étape: évaluation de la solution:
Si la solution adoptée est positive, continuer à appliquer la solution. Si elle
est négative refaire le processus afin de trouver une solution à la problématique.
21
9 -S'ADAPTER AUX
PERSONNES AGEES:
EVOLUTIONS
ET
AUX
BESOINS
DES
L'adaptation de tous les soins aux évolutions des moeurs et des désirs des
personnes âgées doit conduire à réformer nos pratiques et nos organisations,c'est
à nous soignant de nous adapter aux patients ,à leurs habitudes et à leur
comportement.
Dans des études réalisées dans des hôpitaux et longs séjours , il en témoigne que
ces toilettes qui permettent aux personnes d'utiliser leurs capacités, et d'améliorer
ou de maintenir ainsi leur autonomie, leur santé, ne prennent pas plus de temps
que la classique toilette au lit. Cela ne signifie pas que toutes les institutions aient
suffisamment de personnel ,et du temps pour mettre en oeuvre dans tous les
domaines du prendre soin les approches gérontologiques humanistes ,centrées sur
la personne. Cependant ,dans le temps nous espérons y arriver dans notre
établissement, par une augmentation , une qualification et des formations du
personnel. .
Il est de notre responsabilité à tous, aujourd'hui que nous savons ce qui est
nécessaire pour le bien-être et la qualité de vie des hommes vieux,vulnérables,de
nous battre pour que nos systèmes social et médico-social permettent un prendresoin qui aide les personnes à améliorer ou à maintenir leur santé, à faire face à sa
diminution....jamais à la détruire.
Cette réorganisation des toilettes est nécessaire et ne pourra se faire que sous
plusieurs conditions:
-l'enseignement doit inclure l'apprentissage des différents types de toilettes (au lit,
au lavabo, la douche, le bain,etc,...)dans le programme des aides soignantes et des
infirmières.
Nous ne pouvons nous contenter de donner un bain ou une douche quand on a le
temps,l'enseignement doit comprendre les objectifs des différents types de toilette
et permettre d'ajuster au mieux le soin. Surtout que dans notre établissement les
chambres sont quasiment toutes équipées de douche,mais sont sous utilisées.
22
10- LE SOIN RELATIONNEL LORS DE LA TOILETTE:
10-1- Rappels des troubles rencontrés:
Bien souvent nous parlons des troubles du comportement chez le patient
Alzheimer,mais on peut s'interroger et se demander: « il y a un trouble du
comportement .La personne a un comportement ,mais qui a le trouble? »d'Yves
Gineste. Bien souvent c'est l'entourage de la personne qui est troublé par le
comportement ,qui est démuni face à l'agitation,aux déambulations,à l'agressivité.
Ce trouble de l'entourage conduit parfois le soignant à réagir rapidement,
violemment,sans s'interroger sur l'origine du trouble ou s'interroger sur sa fonction.
Si une personne déambule ,c'est qu'elle en a besoin pour son équilibre et
l'empêcher de le faire pourrait faire apparaître un autre trouble du comportement
plus douloureux pour elle.
Il existe beaucoup de troubles défensifs; la personne atteinte de troubles cognitifs
ne parvient pas à comprendre l'objectif du soin,à reconnaître le soignant. Tout geste
envers la personne est ressenti comme une agression, par exemple la prise en
« pince ».
Nous allons évoquer quelques techniques qui permettent d'entrer en contact avec la
personne ,de telle manière qu'elle ne se sente pas agressée, qui conduisent à
pacifier les situations du prendre soin. Un trouble de comportement sachons-le
peut être dû à plusieurs facteurs ,soit environnemental, psychologique, une
douleur, un inconfort corporel, une frustration, ....Donc un trouble du comportement
doit toujours faire l'objet d'une évaluation en équipe, d'un questionnement sur
l'apparition du trouble.
Il est important de rappeler quelques aspects important de la maladie d'alzheimer
ou syndromes apparentés:.
-Les troubles de l'attention qui conduisent la personne à éprouver des difficultés
à se concentrer,à accomplir plusieurs activités à la fois et à recevoir plusieurs
informations en même temps.
-Les troubles de la mémoire touchent d'abord la capacité à enregistrer de
nouvelles informations,à mettre en mémoire les personnes récemment rencontrées
ou les situations récemment vécues(un soignant qui vient tous les jours peut
apparaître étranger).
-au fur et à mesure de l'évolution de la maladie,s'accroit une amnésie d'oubli.
Ce phénomène d'oubli n'affecte pas toutes les mémoires en même temps, d'abord
les mémoires des connaissances,puis des événements vécus et plus tardivement la
mémoire procédurale (habileté, gestes,..)
-En revanche la mémoire émotionnelle n'est pas altérée,ce qui conduit au
contraire à rendre ces personnes hypersensibles affectivement ,et leur permet
souvent d'éprouver du plaisir lors d'un soin,du bien-être avec un soignant.
Les altérations des facultés cognitives ont pour conséquences de rendre
l'entourage étranger et cognitivement incompréhensible .Donc, si la personne ne
reconnaît pas le lieu où elle vit , ni les personnes qui y travaillent,ni le sens du soin,
elle sera vite angoissée et anxieuse; d'où la difficulté et le risque de troubles du
comportement.
23
Nous pouvons donc nous appuyer sur cette mémoire émotionnelle pour adapter
nos comportements, c'est à dire faire en sorte que la personne ressente bien nos
actions,nos gestes.
10-2- Les outils pour mieux communiquer:
La toilette est par conséquent un acte de santé. Mais il ne faut pas considérer ,que
l'acte de toilette ,il faut accompagner ce soin avec humanité.
Pour cela , le soignant doit respecter le territoire de la personne âgée. Le patient est
chez lui,nous entrons dans son espace. La règle est de frapper avant d'entrer pour
avertir de notre arrivée,même si il n'existe pas de réponse.
Par la suite nous devons entrer en relation avec la personne, ceci d'abord par le
regard qui doit être horizontal et axial,c'est à dire que le soignant doit être à la
hauteur du visage , en face et proche. Le regard est essentiel. Il faut capter
l'attention de la personne et chercher à la maintenir le plus longtemps possible à
condition que les actions de soin le permettent bien sûr.
Puis la parole,elle commence par une formule de politesse,par un ton doux et
audible. Il faut apprendre à lier la parole aux gestes,annoncer tous les gestes de
soin et les décrire au moment de leur exécution .Des personnes qui vivent dans la
torpeur profonde en bénéficient réellement au point de réagir par des sourires et
quelques mots éventuellement .C'est une reconnaissance pour les soignants!
Le toucher qui doit être doux ,lent et caressant, doit aussi être annoncé. La
douceur c'est l'élimination des prises en pince. Il ne faut pas soulever un membre
en le prenant par dessus ,c'est par en dessous qu'une prise s'effectue en douceur.
La douceur c'est aussi utiliser la paume des mains, plutôt que le bout des doigts,
par exemple pour une prise au dos du patient afin de le tourner,augmenter la
surface de contact c'est augmenter la douceur du soin. De plus lorsque la parole
s'associe au geste pour décrire les zones touchées.
Le regard,la parole et le toucher sont donc des outils présents dans le contexte
particulier de la toilette d'un patient. Lorsque nous réalisons la toilette d'une
personne , nous faisons plus que laver la surface de sa peau. Nous parlons à son
cerveau par le toucher,en même temps que nous nous adressons à elle par le
regard et la parole.
10-3- Le soignant se reconnaît t' il dans le soin?
Selon Yves Gineste, le soignant peu importe son type de formation, est un
professionnel parce qu'il est payé pour rendre des services à un client. Comme tout
professionnel, il doit agir selon des règles de l'art. Or ,où trouver la définition des
règles de l'art lorsqu'il s'agit de l'exécution des soins de base? Selon lui, le mal-être
d'un soignant se manifeste lorsqu'il réalise qu'il ne dispose pas de règles
appropriées.
Il pose une autre question: à qui s'adressent les soins? A une personne. Et qu'est
ce qu'une personne? Un animal, avec en plus tout ce qui le distingue des
animaux...Pour Yves Gineste la posture debout, l'intelligence, l'habillement,le rire,
l'image de soi, la perception de sa propre finitude, pour ne nommer que celles-là
,sont autant de caractéristiques de l'humanitude . Il dit: « quand je m'occupe de ce
qui est spécifique à l'humain ,je prends vraiment soin »
24
Plusieurs des difficultés des soignants viennent du fait qu'ils ne se reconnaissent
pas dans leurs gestes, ceux -ci allant à l'encontre de l'humanitude.
11- LE RESPECT ET LA DIGNITE DU PATIENT:
La prise en charge du patient Alzheimer me ramène à quelques points . La maladie
d'Alzheimer est une maladie de la mémoire; or une personne ne se résume pas
uniquement à sa mémoire. L'être humain a des sentiments, de l'imagination, de
l'énergie, de la volonté et des principes .Ma conception du soin auprès du malade
Alzheimer est que chaque personne est unique et ce jusque dans la dégradation
physique et psychique. Je ne souhaite pas apporter un modèle du patient
Alzheimer, mais plutôt une notion essentielle de ses besoins ,en particulier
relationnels. Ces malades ont mérité d'être traités avec dignité et respect. Le
respect est présent dans les petits événements de tous les jours,comme l'habillage,
la toilette,la façon de parler de la personne malade aux autres ;je pense que cette
façon d'agir permettra au patient d'accorder sa confiance aux soignants,facilitant la
relation et le travail de communication entre soignant et soigné.
Le besoin d'affection est indispensable, le contact de la main, le sourire,parler d'une
voix douce sont les bons moyens pour signifier au patient notre disponibilité, notre
empathie et notre tendresse.
Parfois les mots manquent aux soignants pour communiquer,mais je pense qu'un
échange est toujours possible.
Je pense que nous progressons en matière de savoir affectif en se mettant à
l'écoute du malade , en essayant de décoder ce qu'il souhaite nous dire.
Donc sans relation,le soin n'existe plus et la relation elle même constitue le soin, et
ce particulièrement chez les personnes démentes de type Alzheimer ,chez qui la
communication, la relation apporte une notion essentielle de respect et de
considération. Selon Naomi Feil, la méthode de la Validation ,qu'elle a crée ,est
basée sur la communication avec les personnes âgées désorientées,elle montre
l'importance de l'accompagnement et l'aide à la communication avec ces
personnes. Cette validation est basée sur une attitude empathique à leur égard et
une façon humaine de les considérer.
12- LE PROJET COMMUN DES SOIGNANTS:
Je rajoute un point qui me semble essentiel ,c'est le projet commun des soignants
dans une équipe , pour chaque patient,.Il est indispensable dans une équipe que
tous les soignants travaillent ensemble avec un même projet ;un projet où la
personne est au centre, que ce projet soit individualisé ou personnalisé,qu'il porte
sur le soin et sur la vie. Il faut que tous adhèrent et soient solidaires (pas facile pour
tout le monde);la personne doit être connue, reconnue et écoutée, les soignants
doivent partager leurs observations, leurs ressentis, ils doivent définir des
interventions communes et cohérentes, évaluer et adapter les soins.
25
Les soignants doivent être créatifs ,accepter une relation singulière. Les temps
d'échanges, de soutien, d'analyse des pratiques sont indispensables.
 13- LES MODALITES D'INTERVENTION:

L'intervention auprès des résidents suppose d'établir un lien de confiance par le
respect inconditionnel. Cette démarche s'établit dans le temps dans la constance et
la cohérence de tous les intervenants.
- L'empathie: c'est la capacité de partager et de ressentir les sentiments
vécus par l'autre mais sans jamais perdre de vue qu'il s'agit bel et bien de
l'expérience de l'autre.
Cette attitude nous permet de nous décentrer de notre propre opinion et d'écouter
la personne afin de comprendre le sens de ses messages , qu'ils soient informatifs
ou affectifs verbaux ou non verbaux.

- La relation de confiance: elle exige du temps , de l'énergie et une
capacité à se questionner sur soi et les autres. Il s'agit d'accepter la personne là
où elle est et de traiter en toute égalité et avec respect sans lien d'autorité.
 « ce qui aide vraiment à la santé mentale, ce n'est pas le service lui- même,
mais surtout la façon dont le service est donné ».


- L'atmosphère: C'est la transmission de messages par le son, le
non verbal et la tendresse.
- La stabilité et la constance:Il est essentiel que l'approche préconisée
soit la même pour tous les intervenants de l'équipe .Cela passe par la capacité à
reconnaître ses limites et accepter d'être dépendant d'une équipe.


- La cohérence: c'est l'absence de contradiction entre ce que l'on dit
et ce que l'on fait. C'est savoir tenir ses promesses. C'est l'acceptation sans
exception par tous les membres de l'équipe de règles établies par l'équipe.


- L'autonomie et le respect : les intervenants doivent découvrir les
besoins des résidents à travers leur comportement. Il faut savoir laisser la
personne faire le plus possible sans autant la placer en situation d'échec ou de
danger. Il s'agit de rechercher le potentiel plutôt que les pertes .C'est ce
principe de non directivité et respect inconditionnel qui permet de créer la
relation de confiance . L'invitation est la règle générale.
26
CONCLUSION
La toilette du malade Alzheimer est souvent difficile du fait des troubles du
comportement du patient .Pourtant ,ce moment est un temps très riche en échange
avec la personne, c'est le moment le plus long passé avec elle de la journée, il
serait donc dommage de gâcher cet instant privilégié.
Après réflexion , nous constatons que le comportement du soignant a beaucoup
d'importance pour la réussite du soin; les compétences exigées auprès de ces
patients, dits « difficiles » sont plus relationnelles que techniques. En effet un
soignant travaillant auprès de personnes Alzheimers doit être disponible, patient , il
doit écouter et analyser la situation, il doit rester neutre, ne pas juger, garder le
sourire , observer ,parler d'une voix douce sans s'énerver, avoir de la tendresse ,
tout cela pour créer une relation de confiance, une atmosphère détendue et
sereine, où tout est cohérent; où la personne se sent respectée et encore reconnue
, où l'invitation restera la règle générale.
Avant tout cela ,il convient de bien connaître les habitudes de vie de la personne
avant son entrée en institution , de connaître sa façon de faire sa toilette, si elle
préfère la douche, le bain ou si elle déteste l'eau; de savoir quand elle se lave,à
quelle heure,peut être quel jour pour le bain,etc....Le rappel des habitudes peuvent
aider le soignant. Toujours chercher une signification au comportement du résident;
le but des interventions doit être avant tout de le revaloriser .
Le projet commun de l'équipe soignante ,et individualisé pour chaque résident est
indispensable pour la continuité des soins ,pour garder une certaine cohérence
dans les actes; les transmissions détaillées entre soignants doivent rester la base
du travail et bien évidemment en mettant le résident au coeur du projet.
Il faut savoir que la chaleur humaine est la base de la thérapeutique chez la
personne atteinte de la maladie d'Alzheimer. Le soin gérontologique auprès de ces
personnes demande très peu d'actes techniques mais beaucoup d'humanité. Il faut
savoir travailler avec son coeur et sa tête.
Ce travail m'a permis de mieux comprendre le comportement de ces patients
Alzheimer, notre rôle relationnel qui est si important pour leur bien-être, leur
confort. Le regard sur ces malades devient différent ,et je souhaite pouvoir
transmettre quelques règles à mes équipes de travail ,et travailler avec elle sur ce
sujet ,essayer de trouver des solutions pour nos cas les plus difficiles.
Cependant , il nous faudrait plus de personnel pour pouvoir s'investir au mieux
auprès de nos résidents , prendre le temps de les écouter.
27
Opter pour être soignant en gérontologie, c'est déjà aimer la
vie: c'est accepter l'idée de la finitude puisque les corps sont
là ,délabrés, pour la signifier, c'est intégrer une loi
d'humanitude. C'est voir avec lucidité le temps à venir.
Bernadette Cuisinier
« On ne voit bien qu'avec le coeur ,
disait le petit Prince dans le désert
28
ANNEXES
ANNEXE 1
LE QUIZZ DU SOIGNANT EN INSTITUTION
120 sec: le temps de :
01: le nombre de:
relation avec une personne
regard pendant une toilette
3 mn : le temps qu'il faut pour:
de plus pour la toilette en communiquant
L'image du résidant malade Alzheimer : une personne ou un malade
Les deux buts du soin : autonomie et qualité de vie
Le résident a deux besoins vitaux :
Exister et estime de soi
Le rôle du soignant : établir une relation de confiance
Les deux objectifs du soin : respect , valorisation
Les deux méthodes du soin : l'écoute ,l'empathie
L'outil du soignant : relation, communication
Les trois modes de relation dans le soin avec le malade Alzheimer:
 parole......
 toucher......
 regard......
Le soin doit s'adapter aux quatre A:
 Amnésie : mémoire...
 Aphasie: parole
 Apraxie: savoir-faire ....
 Agnosie: reconnaissance ....

Les deux questions devant un trouble du comportement:
 suis je en cause?.....
 qu'est ce que je peux faire?.....
Quand parle......à la place du résident:
Quand on fait.....à la place du résident:
Quand on dit..... à la place du résident:
Quand on .décide....à la place du résident:
ON PROVOQUE DES TROUBLES DU COMPORTEMENT.
Les trois étapes devant des troubles du comportement:
 Décrire la situation
 Comprendre la situation
 Transmettre dans osiris sur les troubles du comportement.
Notre métier: intervenant gérontologique
La compétence est dans le regard.
ANNEXE II
Témoignage d'une soignée
Il y a six ans , j'ai subi l'ablation de l'estomac, opération suivie de six cures de
chimiothérapie. Chaque cure durait 5 jours toutes les trois semaines. Dès le premier
soir de cure, je commençais à vomir et je ne cessais qu'à la fin du traitement.
J'étais alors prise en charge par une hospitalisation à domicile (HAD) ou je restais
encore une semaine. Mon poids était de 35 kgs en fin de cure. Dès le deuxième
jour, je ne me levais plus, je ne me suffisais plus. J'étais donc une patiente
dépendante d'une équipe.
Je me souviens que la toilette était un moment important, un repère dans mes
journées de solitude face à la souffrance , à la peur, à l'angoisse. C'était « mon
soin ».Le fait d'être lavée, massée, remuée,écoutée,protégée,maternée me
sécurisait. Je n'étais alors plus seule face à moi-même, face à ces murs ,à cette
fenêtre, à cette porte qui s'ouvraient sur la vie.
Le fait de me laver chassait tous les miasmes emmagasinés depuis la veille, toutes
ces odeurs malsaines qui me hantaient et qui contribuaient à détester ce corps qui
m'échappait, à ne plus savoir qui j'étais, à ne plus m'aimer.
J'aimais le contact du gant chaud sur la peau du visage et du corps, si sèche , si
tirée.
J'aimais que l'on me badigeonne de la crème. J'avais l'impression que mes
articulations se détendaient, que chacun de mes membres reprenait vie , que mon
dos s'apaisait.
J'aimais que l'on change mes vêtements et j'appréciais la fraîcheur des draps bien
propres et bien tendus.
La volatilisation des mauvaises odeurs m'apportait bien-être ,relaxation et réconfort.
C'était un nouveau jour, un jour de plus, qui me conduisait vers ma famille, un jour
de plus dans mon parcours vers la guérison.
Toutes les soignantes qui m'ont entourées ont prouvé leur savoir-faire mais la
différenciation s'est manifestée dans le savoir-être.
J'ai rencontré des soignantes perturbées par l'image que j'offrais (corps
amaigri,enlaidi),très touchées par la souffrance physique qu'induit une maladie
cancéreuse.
« Et si c'était moi? »pensaient-elles peut être.
La relation entre nous s'établissait mal car leur regard exprimait de la pitié. Les
paroles et explications s'efforçaient d'être rassurantes mais elles sonnaient faux.
Il arrivait parfois que pour cacher leur anxiété, elles parlaient de leur soirée, de leur
famille...
La deuxième catégorie ,je la qualifierai de « professionnelle ».
La technicienne qui me lavait énergiquement frictionnait et massait
douloureusement,changeait brutalement de position. Technique sans chaleur,sans
amabilité, sans émotion,visage sévère,fermé,coupant court à toute forme
d'épanchement. J'appréhendais et je détestais son passage.
Quant à la troisième catégorie de soignantes, je l'appellerais « relationnelle ».
Celle qui entrait dans la chambre,s'approchait de moi,me passait la main sur le
front,me tenait la main,me souriait me demandait quel pyjama je voulais
mettre,s'intéressait à ma famille. Elle respectait mon corps meurtri, le manipulait, le
tournait,le frottait avec délicatesse et douceur. Elle m'accompagnait un bout de
chemin et son savoir-faire générait un mieux-être et un regain de confiance. Je
pleurais souvent en sa compagnie. Je déchargeais mes tensions et mes peurs
l'espace d'une toilette. Mais j'étais mieux après,aussi bien moralement que
physiquement.
J'ai accepté de témoigner parce que je voudrais souligner l'importance d'une toilette
chez un patient très dépendant. Ce soin, indispensable à l'individu pour se
maintenir en vie,se doit d'être un contact, un échange, une observation,un partage.
La maladie enferme le malade dans un carcan d'angoisse de la mort, de désespoir
,d'abandon.
Je me repliais ,tant j'avais honte d'être malade, de faire souffrir les miens,honte de
cette déchéance,de ce corps que je ne reconnaissais plus,coupable de mon
désarroi, ce corps à la merci de l'autre.
Ne plus s'assumer, ne plus se reconnaître,font que la toilette peut se résumer à:
 prendre soin
 porter un intérêt particulier en vue de favoriser, de développer, de promouvoir
la vie, le bien-être de la personne auprès de laquelle on a pour mission
d'intervenir.
 Respecter, partager, accompagner, apporteront beaucoup de richesses dans
votre coeur et dans votre vie.
Françoise Labro
Surveillante en chirurgie
Revue de l'aide-soignante. N°7 juillet/août 99
BIBLIOGRAPHIE
1- Humanitude: comprendre le vieillesse,prendre soin des hommes vieux
Yves Gineste et Jérome Pelletier. P242
2-Alzheimer : le guide des aidants. Edition 2001
réalisation d'Alzheimer europe
3-Vivre avec des personnes âgées: A domicile ,en établissement , 5è édition
Clément Picheau - Isabelle Thareau
4-Maladie d'Alzheimer; comportement et humeur.
Quides pratiques de l'aidant, tome2.
5-Soin relationnel en EHPAD : Institut Alzheimer
Laboratoire Eisai et Pfizer, Volume 1 et 2.
6- Comment vivre avec une personne atteinte de la maladie d'Alzheimer;
Michèle MICAS Edition 2006 J- Lyon.
7-La toilette de la Personne âgée, un soin chargé de sens à accompagner.
La toilette dévoilée (extraits)
Marie Annick DELOMEL.
8- Divers cours reçus au DIU soignant en gérontologie.
 Ethique et humanité
 Prise en charge au quotidien du patient Alzheimer
9- Infos « soigner le patient Alzheimer en institution »
Dr Moinard
10-Soins Alzheimer, internet. Le quotidien
www.alzheimer.ca/french/care/dailyliving-personalcare.htm
www.alzheimer.ca/french/care/dailyliving-bathing.htm
11-Les toilettes du malade en institution,quelles évolutions?
http://pagesperso-orange.fr/cec-formation.net/toilettes.complet.html
12- Accroître le soin relationnel. Le travail du vieillir.
Bernadette CUISINIER, Chronique spéciale
13- Comprendre et accompagner les malades âgés atteints d'Alzheimer
Karyne Duquenoy Spychala . Pratiques gérontologiques