essentiels - Médiathèque Lucien Herr

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essentiels - Médiathèque Lucien Herr
essentiels
Les
> LES ESSENTIELS 2007
La sélection
littérature et musique
de la médiathèque
Sommaire
PAGE
3
Littérature
Romans et BD
Il en est des livres comme du feu dans le foyer.
On va le prendre chez le voisin
on l’allume chez soi, on le communique à d’autres
et il appartient à tous. Voltaire
Les essentiels
de l’équipe
Les pages
des libraires
14
PAGE
Musique
Les essentiels
de l’équipe
16
PAGE
Littérature
jeunesse
Albums, romans,
contes, BD
Les essentiels
de l’équipe
La page du libraire
La vision du monde que révèlent ces mots du philosophe de Ferney doit être, aujourd’hui plus que
jamais, défendue par tous ceux qui veulent que brille
encore un peu cet esprit des Lumières.
Littérature, musique, cinéma, multimédia,
tous ces champs ouverts de la culture
requièrent une démarche personnelle.
Oui, il faut savoir prendre un peu de
temps, partir en quête de ce « feu »,
l’enrichir de sa propre flamme et
diffuser autour de soi la chaleur
procurée.
Culture n’est pas un gros mot. C’est en
l’utilisant sans ostentation, mais sans
honte, que l’on réaffirme qu’elle appartient
à tous.
La médiathèque offre cette ouverture vers
tous les imaginaires et un accès aux savoirs
pour chacun et chacune.
Les essentiels sont une sélection annuelle de l’équipe
destinée à valoriser ce qui nous semble le meilleur, ce
qui reste après lecture et écoute de beaucoup de
titres.
C’est aussi une volonté de lutter contre le consumérisme.
A l’heure où les grandes surfaces s’autoproclament
« espaces culturels », où les chaînes publiques font
peu de place aux émissions dédiées à la littérature,
au cinéma, à la musique de qualité, nous, bibliothécaires, mais aussi les libraires et éditeurs qui ont avec
enthousiasme contribué à cette publication, nous
efforçons de faire un travail d’orpailleur :
debout, parfois à contre-courant, nous
manions le tamis sans relâche pour
repérer parmi des tonnes de cailloux les
rares pépites qui valent quelque chose
et dont l’éclat récompense de tous ces
efforts.
Les essentiels sont ces quelques pépites…
Les essentiels de l’équipe
Nancy HUSTON
Actes Sud, 2006 – 487 p.
Nancy Huston s’inspire d’un fait historique peu connu, la « germanisation » forcée d’enfants de l’Est, pour retracer le
destin de l’une de ces fillettes. Un destin
lu à rebours à travers quatre générations,
quatre voix d’enfants, et autant de failles… Étonnement et éblouissement nous
guettent devant une telle construction
narrative, N. Huston parvient à mêler
l’Histoire au vécu intime de chaque personnage, à nous interroger aussi sur la fausse innocence
de nos six ans, et c’est extraordinaire.
À lire du même auteur, Dolce Agonia, et dans le même
genre, A la vitesse de la lumière, de Javier Cercas.
> La maison Tudaure
Caroline SERS
Buchet Chastel, 2006 - 219 p.
L’action se déroule dans un petit village, isolé et refermé
sur lui-même. Au cœur de la forêt avoisinante, une maison
abandonnée, celle des Tudaure, attire l’attention de Claude,
un jeune homme que tous trouvent un peu étrange. Il est
fasciné par cette maison au point d’y pénétrer, de nuit, à
l’insu de tous…
Ce roman construit comme un policier se termine de
manière impromptue, avec une pointe d’humour.
Les Carnets Littéraires
des Éditions l’Estuaire
Cette collection de courts romans inédits illustrés par des
artistes contemporains est un genre nouveau à découvrir.
Nouveau, parce que remettant en question la lecture
dans ses rythmes et ses codes, l’acte de création ayant
lui-même été modifié par la rencontre particulière d’un
écrivain et d’un artiste.
> Le serrurier volant
Tonino BENACQUISTA
Ill. par Jacques Tardi. L’Estuaire, 2006 – 142 p.
(Les Carnets Littéraires).
Suite à l’attaque de son camion blindé, la vie de Marc va
être transformée. Après une longue convalescence de
convoyeur de fonds, il choisit de devenir serrurier volant…
Volant, pour être maître de son temps, et parce qu’il ne
peut pas imaginer refaire équipe avec d’autres.
Les dessins limpides de Tardi ponctuent ce roman noir plutôt
optimiste: tout peut s’ouvrir, les âmes et les cœurs aussi…
Également disponibles
> Fratelli
Jean-Bernard POUY
Ill. par Joe G. Pinelli. 2006.
> L’homme de septembre
Francis DANNEMARK
LITTÉRATURE
> Lignes de faille
Dépasser
la blessure intime
pour s’ouvrir
au monde
Ill. par Cris de Becker ; phot. Yves Fonck. 2004.
3
La part d’ombre
du chercheur
de lumière
Les essentiels de l’équipe
> L’impasse
Antoine CHOPLIN
LITTÉRATURE
La Fosse aux ours, 2006 - 153 p.
Dans une ville assiégée, en ruines, en
Tchétchénie ou ailleurs, des soldats
traquent les survivants d’une population,
tels Timour et sa famille qui se terrent au
fond d’une impasse. Des trois militaires qui
investissent la rue, deux sont d’une violence
inouïe. Le troisième, Oleg, athlète de 20
ans qui rêve des jeux olympiques, est projeté
par hasard dans un conflit qu’il ne comprend
pas.
Timour rencontre Oleg. L’occupant et l’occupé.
Le soldat et le civil. Leur jeunesse, leur
innocence font éclater ces barrières, leur
parenthèse de paix se fera dans la bibliothèque,
autour d’une sculpture de Giacometti, d’une
partie d’échecs ou sur le stade…
Preuve que l’humanité subsiste au cœur de
l’innommable.
> La véranda
Robert ALEXIS
José Corti, 2007 – 158 p.
Un homme qui a consacré sa vie aux voyages trouve un
curieux ancrage dans une villa autrichienne aperçue par la
vitre d’un train…
L’écriture et l’atmosphère de ce récit envoûtant évoquent
Zweig, Mann… R. Alexis est pourtant un jeune auteur
lyonnais dont on sait peu de chose, sauf qu’il aime
Traven… un lien avec la page suivante.
> Les oubliés
Christian GAILLY
> Je voudrais tant
que tu te souviennes
Ed. de minuit, 2007 – 141 p.
Dominique MAINARD
L’écrivain et ancien jazzman évoque, à travers cette histoire
de deux journalistes chargés d’une chronique « que sontils devenus? », les artistes laissés-pour-compte de la postérité.
Une écriture sobre, dans le lignage d’Echenoz.
Joëlle Losfeld, 2007 – 248 p.
Après Leur histoire , voici un autre récit sensible de
D. Maynard, qui met en scène des personnages à la marge
4
du réel. Une adolescente au destin écrit par la tradition
familiale crée un lien fort avec Mado, femme vieillissante
et fragile, poupée de porcelaine à la chevelure rousse, que
le handicap a confiné dans la passion étrange de photographier le sol, le minuscule, le rien. Arrive dans la ville un
jeune homme qui va sans le vouloir casser ce lien, attirant,
lui le funambule suspendu entre ciel et terre, le regard de
Mado, qui se redresse enfin…
Un roman touchant, pudique.
Être né quelque part
est toujours un
hasard
Les essentiels de l’équipe
L’énigme B. Traven
« Ma patrie est là où je suis, où personne ne me dérange,
où personne ne me demande qui je suis, d’où je viens et
ce que je fais. »
Tierra y libertad
Fidèle à ses idéaux de liberté absolue et à ses premiers écrits anarchistes,
B. Traven prend fait et cause au Mexique pour le peuple indien du
Chiapas. Un engagement sur fond de révolution mexicaine, qui se
traduira par une écriture forte et lumineuse, défendant sans relâche le
prolétaire et l’opprimé, l’homme ordinaire confronté au capitalisme et à
la violence du colonisateur.
Auteur d’une œuvre remarquable traduite dans le monde entier, Traven
demeure peu connu en France. Pour Le cycle de Caoba, œuvre majeure
dans la littérature mexicaine de Traven, seuls La charrette et La révolte
des pendus ont été traduits à ce jour.
Un auteur et un homme à (re)découvrir à l’occasion de récentes
parutions, en commençant par B.Traven, portrait d’un anonyme célèbre,
biographie passionnante mise en planches par Golo (Futuropolis, 2007 - 140 p.)
Également disponibles
> La révolte des pendus
B. TRAVEN
Trad. de l'anglais par A. Lehman.
La Découverte, 2004 – 302 p. (Cultes fictions).
> Le chagrin de saint
Antoine : et autres histoires
mexicaines
B. TRAVEN
Trad. de l'allemand par P. Vandenberghe.
La Découverte, 2006 – 110 p. (Cultes fictions).
> Le pont dans la jungle
B. TRAVEN
Trad. de l'allemand par R. Simon.
Gallimard, 2004 – 253 p. (La Noire).
> À la recherche de B. Traven
Jonah RASKIN
LITTÉRATURE
Comment ne pas raccrocher ces mots du héros du Vaisseau des morts à
la propre existence de B. Traven, sans doute le plus grand mystère
littéraire du 20e siècle?
Rare certitude, l’écrivain de langue allemande et aux multiples pseudonymes émigre au Mexique en 1924, à la chute de la dictature de
Porforio Diaz. Le vaisseau des morts , témoignage de ses années
d’errance précédentes, connaîtra dès 1926 un succès immédiat. Son
second roman, le Trésor de la Sierra Madre, sera porté à l’écran par
John Huston en 1947.
Trad. de l'anglais (États-Unis) par V. Girard.
Les Fondeurs de briques, 2007 – 311 p.
5
L’homme y passe
à travers des forêts
de symboles
Les essentiels de l’équipe
> La décimation
Rick BASS
Trad. de l'anglais (États-Unis) par A. Wicke.
Bourgois, 2007 – 268 p.
LITTÉRATURE
1836, la République indépendante du Texas est proclamée.
Deux jeunes paysans, lassés de la « paix bucolique »,
s’engagent dans une milice qui fait régner la terreur sur la
frontière mexicaine. Arrêtés et envoyés dans la plus terrible
des prisons mexicaines, ils vont connaître la faim, la soif et
l’impitoyable loi du diezmo.
Rick Bass pose avec ce western politique la question du
sens de la guerre dont il décrit la violence sans détours,
tout en gardant un œil contemplatif sur les beautés de la
nature.
6
> Indian creek : un hiver
au cœur des rocheuses
Pete FROMM
Trad. de l'anglais par D. Lagae-Devoldère.
Gallmeister, 2006 – 265 p.
En quinze jours Pete Fromm passe de sa vie d’étudiant à
celle « d’homme des bois ». Installé sous une tente au
cœur des Rocheuses sur les bords de l’Indian Creek, il a
pour mission de surveiller des œufs de saumon pendant
quelques mois. L’hiver s’installe et l’isole. Des longues
heures de solitude, à couper du bois, réfléchir, écrire, chasser…
Et on se surprend à rêver de vivre une telle expérience,
aussi proche de la nature, de connaître ce sentiment de
liberté, de légèreté…
> Le chemin des âmes
> Pas facile de voler des chevaux
Joseph BOYDEN
Per PETTERSON
Trad. de l’anglais (Canada) par H. Leroy.
Albin Michel, 2006 – 391 p. (Terres d’Amérique).
1919 : Niska, une vieille Indienne Cree du Canada,
attend sur un quai le retour du dernier de ses proches,
un soldat rescapé de la sanglante bataille de
Vimy, désormais l’ombre de lui-même. À bord du
canoë qui les ramène chez eux, il revit en transe
ces mois de cauchemar.
Selon la croyance indienne, il faut trois jours à
l’âme pour aborder l’au-delà, trouver le salut, trois
jours… le temps qu’il faut pour lire le souffle
coupé ce magnifique premier roman.
Trad. du norvégien par T. Sinding. Gallimard, 2006 – 247 p.
À 67 ans, Trond Sander quitte Oslo pour un village de la
frontière suédoise et une vie qu’il souhaite dénuée de
tout. Mais « pas facile » d’oublier lorsque les questions se
bousculent encore… Contre toute attente, une rencontre le
ramène à l’été de ses 15 ans et aux ombres de son passé.
Preuve de la vitalité de la littérature scandinave, ce roman
est un hommage à la nature et aux saisons de la vie…
Réussi.
Les essentiels de l’équipe
> Chansons d’amour
au Lolita’s club
> À la vitesse de la lumière
Juan MARSE
Trad. de l’espagnol par E. Beyer et A. Grujicic.
Actes sud, 2006 - 286 p.
Dans ce nouveau roman aux allures de polar, Marsé quitte
l’Espagne franquiste pour nous plonger dans la Barcelone
des faubourgs, des règlements de compte et de l’ETA.
Deux frères, le flic alcoolique et le simple d’esprit, un bar
à filles… tout va se jouer très vite dans un huis clos sans
issue.
> La vie est un caravansérail.
Elle a deux portes. Par l’une je suis
entrée, par l’autre je suis sortie.
Emine Sevgi OZDAMAR
Trad. de l’allemand par C. Kowalski.
Ed. Zoé, 1997 - 307 p. (Littératures d’émergence).
Un récit dense où l’auteur raconte avec humour et sensibilité son enfance en Anatolie puis à Istanbul dans la Turquie
des années cinquante. C’est la vie de tous les jours avec
les rituels du quotidien, les femmes omniprésentes, leurs
humeurs, leurs peines, leurs désirs…
C’est un véritable plaisir de lire Emine Sevgi. On tombe
tout de suite sous le charme de ce récit ponctué de comptines, de chansons de son enfance et de proverbes ou
maximes qui l’ont guidée.
Javier CERCAS
Voici un roman simple à lire mais profond.
Le narrateur, étudiant espagnol indécis qui
a des prétentions à devenir écrivain, quitte
Barcelone pour un poste d’assistant dans
une université américaine. Là, la rencontre
de Rodney, enseignant taciturne, vétéran
du Vietnam, va bouleverser sa vie entière.
Les discussions littéraires et les conseils
en écriture jalonneront cette étrange
relation. « Il est impossible de survivre
dignement au succès », lui dit Rodney,
évoquant l’exemple d’Hemingway.
La suite lui donne-t-elle raison ? À la
vitesse de la lumière, la vie enchaînera
pour l’écrivain gloire, drame, désespoir,
culpabilité, recherche de l’ami perdu,
retour sur la tragique guerre du Vietnam,
et quête d’une raison de vivre.
Au bout du compte, la littérature n’est-elle
pas salvatrice, seule ressource capable d’affronter les réalités de ce monde ainsi que les forces obscures qui sont en
chacun de nous ?
LITTÉRATURE
Trad. de l'espagnol par J-M. Saint-Lu.
Bourgois, 2006 - 303 p.
Celui qui n’est pas
occupé à vivre est
occupé à mourir
7
Il est étrange
et séduisant
de servir de port
quand on se sait
embarcation
Les essentiels de l’équipe
> Tworki
Marek BIENCZYK
LITTÉRATURE
Trad. du polonais par N. Véron.
Denoël, 2006 – 270 p.
8
Aujourd’hui encore, en Pologne, on dit des esprits
dérangés qu’ils « sont bons pour Tworki ». Cet hôpital psychiatrique fut pendant la guerre un asile… de
fous, certes, mais asile refuge surtout, en ce temps
où la folie du monde était bien pire.
Jurek, « blanc-bec, saucisson sec », y est embauché,
et découvre les « pyjamas », « siphonnés, araignée
dans le plafond », les « blouses blanches », et les
comptables. Parmi eux… la demoiselle en fleurs,
Sonia… qui aime Olek. Alors Jurek regarde Janka…
Soucis ordinaires de jeunes gens, qui vont par leur
innocence se préserver le plus longtemps possible
une enclave de bonheur, oubliant que le monde
devient « Tworki, partout Tworki! ».
Une écriture magnifique, inventive et drôle, transcendant la gravité historique.
> Soudain dans la forêt
profonde
Amos OZ
Trad. de l’hébreu par S. Cohen. Gallimard, 2006 – 117 p.
La magie des mots opère dès les premières pages, le mystère s’installe, tout devient étrange, incertain… Pourquoi
dans ce village tous les animaux ont-ils disparu ? Une
légende raconte qu’un démon les aurait enlevés et emmenés dans la forêt mais deux enfants du village, veulent
connaître la vérité et décident de pénétrer dans la forêt
interdite…
Très beau conte sur l'exclusion, les vertus de l'innocence,
et les pouvoirs de la mémoire et de la parole.
> Servir le peuple
Lianke YAN
Trad. du chinois par C. Payen. Picquier, 2006 – 188 p.
D’une grande ferveur révolutionnaire, Wu Dawang ferait
tout pour « servir le peuple », selon la célèbre injonction
de Mao Ze-Dong. Tout… jusqu’à céder aux avances de la
femme de son colonel en son absence.
Récit d’une folle passion charnelle, Servir le peuple
dénonce l’impossible liberté dans un pays d’hypocrisie et
de mensonges. Une romance à tel point politiquement
incorrecte que le livre a été interdit en Chine dès sa publication.
> La multitude errante
Laura RESTREPO
Trad. de l’espagnol (Colombie) par F. Prébois.
Calmann-Lévy, 2001 - 133 p.
Une histoire poignante qui parle de tous les réfugiés du
monde entier, victimes des guerres civiles, ceux qui ont
« traversé le miroir pour pénétrer dans l’envers de la réalité, à l’ombre de la chétive patrie officielle, l’incommensurable continent clandestin des parias ».
Les essentiels de l’équipe
> Le phare
> La couleur bleue
P.D JAMES
Jörg KASTNER
Trad. de l’anglais par O. Demange.
Fayard, 2006 – 427 p.
Trad. de l’allemand par O. Mannoni.
J.-C. Lattès, 2006 – 518 p.
Combe Island abrite une fondation destinée à permettre à des personnalités de
premier plan de venir jouir de la quiétude
de ce lieu coupé du monde. L’un de ses
habitants, Nathan Oliver, est retrouvé mort.
Le commandant Dalgliesh mène une très
discrète enquête, pour résoudre ce qui, il
en est vite convaincu, est bel et bien un
meurtre.
Lecture idéale pour ceux qui se délectent
de l’atmosphère des huis clos de la littérature policière…
Les amateurs d’intrigues mêlant histoire de l’art et suspense seront ravis :
les voilà dans l’Amsterdam du XVIIe siècle., Siècle d’or des grands peintres:
Vermeer, Rembrandt, etc. Ce dernier, à l’époque du récit, est retombé dans
l’oubli. Un jeune peintre, admirateur du Maître, devra dénouer les fils d’une
sombre histoire de tableaux peints d’une mystérieuse couleur bleue, au risque de se faire enfermer dans la Rasphuis, célèbre prison d’Amsterdam. Mais
les beaux yeux de Cornelia, fille de Rembrandt, valent bien ce risque!
Boris STARLING
Trad. de l’anglais par P. Vigneron.
L’Archipel, 2006 – 581 p.
Au lendemain du putsch manqué de 1991,
Moscou vit à l’heure des règlements de
comptes entre mafias russe et tchétchène.
Se déroulant sur cent jours au cœur de
l’hiver moscovite, ce thriller nous plonge
dans une intrigue au suspense très soutenu et donne à voir, sous un angle inédit,
la naissance de la Russie actuelle.
> Millenium 1 :
Les hommes qui n’aimaient pas les femmes.
Stieg LARSSON
Trad. du suédois par L. Grumbach et M. de Gouvenain.
Actes sud, 2006 - 575 p. (Actes noirs).
Pour ceux qui aiment se plonger dans une très longue histoire, voici un gros
polar qui est le premier volet d’une trilogie. Du très noir, des personnages
sympas, un huis clos mystérieux sur une île… Vite, la suite!
> La voix
Arnaldur INDRIDASON
Trad. de l’islandais par E. Boury.
Métailié, 2007 - 330 p. (Noir).
Fans inconditionnels de l’islandais Indridason, nous vous recommandons les
yeux fermés (pas trop !) ce troisième titre, après La femme en vert et
La cité des jarres.
LITTÉRATURE
> Vodka
Noir comme
le négatif photo
de nos sociétés
9
Éditer n’est pas
produire
mais transmettre
Les essentiels de l’équipe
LITTÉRATURE
A p p ré c i a n t p a r t i c u l i è re m e n t
le catalogue de l’éditrice Viviane
Hamy, nous avons sollicité un entretien pour comprendre comment
s’élabore une politique éditoriale.
10
V. Hamy, c’est une maison d’édition,
mais c’est d’abord le nom d’une femme.
Qui êtes-vous Viviane Hamy, et comment
vous êtes-vous lancée dans cette
aventure en 1990 ?
Dès l’instant où j’ai mis le pied
dans l’édition, j’ai su que j’aurais
un jour ma maison pour faire naître des auteurs et pousser des
livres. J’aurais aimée être avocate,
mais quand j’ai mesuré l’abîme qui
existait entre le droit et le Justice, je me
suis dit que je ne tiendrais pas, parce
qu’au fond je suis une idéaliste. J’ai créé ma
maison d’édition après avoir travaillé 10 ans
avec d’autres éditeurs, et après avoir démissionné 5 fois ! J’en avais assez de la spécialisation, de l’enfermement de chacun dans
le poste qui lui était assigné. J’avais envie de
rencontrer des auteurs avec lesquels je
serais en connivence, et en 1990, je me suis
dit que si je ne créais pas ma maison d’édition maintenant, je ne le ferais jamais.
Comment définiriez-vous vos choix
éditoriaux ?
Je ne travaille que sur coup de cœur, parce
que je suis viscéralement incapable de
publier un livre qui ne me plaît pas. Mon
seul critère est la qualité littéraire dans
tous les genres représentés, du roman policier aux récits de voyage, en passant par
les essais ou la réédition de livres anciens.
Avant d’être éditrice, je suis lectrice. Je ne
publie pas par souci de rentabilité, être éditeur ce n’est pas produire mais transmettre.
Comment avez-vous découvert des
auteurs hongrois importants mais méconnus en France, comme Szabo ou
Kosztolanyi, dont vous avez été la première à publier les traductions ?
L’édition est avant tout une histoire de
rencontres, ce sont donc des amis, des traducteurs, des éditeurs d’autres pays qui
nous font parfois partager leurs découvertes. Ma curiosité fait le reste ! Dans le
domaine hongrois, on connaissait peu
Kosztolanyi, pourtant l’un des plus grands
auteurs du XXe siècle. De la même façon,
le Voyage autour de mon crâne de
Karinthy, par exemple, avait été publié en
1950 et était devenu introuvable.
J’ai, comme à mon habitude, repris le chemin de la Bibliothèque nationale, et j’ai
republié ce texte que je trouvais essentiel.
Quant à Magda Szabo, deux sources ont
convergées : sa traductrice m’avait parlé
de La Porte, et de cet auteur incontournable. Peu de temps après, nous rencontrions
l’éditeur hongrois de Fred Vargas, Levente
Ostevitz, qui n’était autre que l’éditeur de
Magda Szabo en Hongrie !
Comment se crée et se maintient la relation entre un écrivain et un éditeur ?
François Vallejo par exemple, dont vous
publiez tous les livres ?
La relation éditeur-auteur est un lien de
confiance, je lis au moins cinq fois un texte
que je décide de publier. Pour moi, être
éditeur, c’est être au plus proche, disponible, à l’écoute, pour savoir où celui qui écrit
se situe au moment où je lui parle, et trouver les mots qui permettent de dépasser
les obstacles. La relation écrivain-éditeur
est finalement beaucoup plus intime que
l’amitié.
Merci Viviane Hamy !
La suite de l’entretien sur :
www.mediatheque-lucien-herr.fr
rubrique : Essentiels +
Un printemps
allemand...
Les essentiels des libraires
Reinhardt JIRGL
Trad. de l’allemand par M. Rémon.
Quidam, 2007 – 263 p.
2007 aura vu la première traduction
(remarquable) d’un grand écrivain allemand. L’histoire est simple : celle de quatre femmes expulsées des Sudètes en
1945, leur vie en RDA, puis dans le Berlin
réunifié. Mais à la lecture, dans un véritable choc, les références se bousculent :
G. Grass, A.Schmidt, T. Bernhard, Céline…
Aucune ne parvient à circonscrire l’étendue de ce livre et une question demeure,
comment avons-nous pu ignorer jusqu’à
aujourd’hui un tel auteur ?
> Les arpenteurs
du monde
Daniel KEHLMANN
Trad. de l’allemand par J. Aubert.
Actes Sud, 2007 – 298 p.
Le livre du jeune prodige des lettres
allemandes (33 ans, 7 titres publiés, prix
Kleist 2006), met à mal deux idées
reçues : l’austérité de la littérature allemande et l’inadéquation entre qualité
littéraire et succès public. Car une intelligence et une espièglerie nabokoviennes mènent ce récit des extraordinaires
aventures scientifiques, des grandeurs
et petitesses, des deux savants
Humboldt et Gauss. Et ce roman, brillant, a su séduire un million de lecteurs
outre-Rhin. Réjouissant, non ?
> Une femme à Berlin,
journal 20 avril–22 juin 1945
Anonyme
Trad. de l’allemand par F. Wuilmart.
Gallimard, 2006 - 259 p. (Témoins).
Avec une absence de pathos incroyable,
l’auteur relate dans ce journal l’occupation
de Berlin par l’Armée rouge. Elle y consigne
les viols, les pillages, la faim et décrit une
Allemagne qui découvre la peur et s’apitoie
sur son sort.
Publié en Europe dans les années 50, ce
livre fut très mal accueilli et l’auteur refusa
sa réédition et de dévoiler son identité. Il a
donc fallu attendre son décès pour découvrir ce témoignage, remarquable d’un point
de vue historique mais surtout littéraire.
> Loin de Chandigarh
... Un été indien
Tarun J. TEJPAL
Trad. de l’anglais (Inde) par A. Le Goyat.
Buchet-Chastel, 2005 – 677 p.
Difficile de résumer en quelques mots ce
magnifique premier ouvrage du jeune
éditeur indien Tarun J. Tejpal. Ce roman
gigogne emboîte avec bonheur une très
belle histoire d’amour, une déclinaison du
Kama-Sutra, un portrait de l’Inde des
soixante dernières années, la saga d’une
américaine atypique et libre au début du
XXe siècle, une réflexion sur la création
littéraire, une ode à la nature et mille
autres choses encore… Tarun J. Tejpal est
un charmeur de lecteurs, qu’il hypnotise
avec ce récit sensuel, lumineux, habilement construit,
pour les mener
d’une main de
maître au plaisir.
Greenwich
Librairie des littératures étrangères . 1 rue Jean Jaurès - Rennes
LITTÉRATURE
> Les inachevés
11
Que demain
diffèrera
d’aujourd’hui
Les essentiels des libraires
> Anansi Boys
> L'âge des lumières
Neil GAIMAN
Ian R. McLEOD
Trad. de l’anglais par Michel Pagel.
Diable Vauvert, 2006 - 490 p.
Trad. de l’anglais par Jean-Pierre Pugi.
Denoël, 2007 – 606 p. (Lunes d’encre).
Plus clair, plus drôle et… plus magique que
American Gods, Anansi Boys fait mouche tout de
suite. Doté d'une écriture très visuelle (on sent
bien le scénariste derrière), et d'une verve
incroyable, le roman nous entraîne sur les traces
de Gros Charlie et de ses… ''secrets'' familiaux
bien particuliers ! Chapeau Gaiman !
> La horde du Contrevent
Alain DAMASIO
LITTÉRATURE
La Volte, 2004 – 521 p. Avec 1 cd-audio.
12
Attention, monument ! Ce roman oulipien nous
narre les aventures d'une horde hétéroclite, qui
brave le vent dans un monde apocalyptique, à la
recherche de l'Extrême-Amont. Alain Damasio
transmet à son lecteur une aventure sensorielle d'une rare
perfection, d'une rare richesse, dont on ne peut ressortir
indifférent. Dans cette édition grand format, vous avez la
bande-son d'Arno Alyvan, écrite directement pour accompagner le livre.
CRITIC Librairie - Café
Bandes Dessinées
et Littératures de l'Imaginaire
19 rue Hoche - Rennes
Ne lisez pas l'Âge des Lumières. SURTOUT PAS. Ne le lisez
pas, parce que c'est le meilleur Steampunk parvenu sur
nos étagères depuis des années. Ne le lisez pas, parce
qu'il est excellemment écrit (et traduit). Ne le lisez pas,
parce que l'histoire est d'une intelligence rare, d'une subtilité incroyable, tout comme l'autre roman de McLeod qu'il
ne faut absolument pas toucher : Les îles du Soleil. Alors,
non, ne le lisez pas, c'est vraiment très mal de lire des
bons livres, il faut tous les brûler, comme dans Fahrenheit
451. Voilà, vous serez punis si vous y touchez. Et personne
ne viendra vous plaindre quand on vous arrêtera pour sédition, quand vous crierez au monde entier, comme un halluciné, dans un ultime soubresaut « Ian Mcleod est le meilleur ! Vive Mcleod ! » On vous aura prévenus !
> Le livre des Crânes
Robert SILVERBERG
Trad. de l’anglais (États-Unis) par G. Abadia.
LGF, 2004 – 351 p. (Le Livre de Poche).
Peut-être le meilleur roman de Robert Silverberg. Trois
adolescents partent sur la route, à la recherche du Livre
des Crânes, censé leur apporter l'immortalité. Ni vraiment
SF, ni vraiment Fantastique, un roman qui sonne juste, qui
frappe fort, comme le Sur la route de Jack Kerouac. Très
rock, sauvage, presque lyrique, un roman archi-culte !
> Pourquoi j'ai tué Pierre
> Rapide Blanc
Alfred & Olivier KA
Pascal BLANCHET
Delcourt, 2006 - 111 p. (Mirages).
Les Éditions de la Pastèque, 2006 – 156 p.
À notre tour de saluer ce tour de force. Cet ouvrage a
obtenu le prix du public à Angoulême 2007, et c'est parfaitement mérité. Un pur chef-d'œuvre. Un sujet médiatique certes, dans le goût des faits divers sordides dont on
a pu être abreuvés, mais comment ne pas saluer la virtuosité avec laquelle Alfred nous parle de pédophilie, et le
trait sobre d’Olivier Ka qui, sans jamais rien montrer, fait
ressortir toute l'horreur de la situation. Un petit bijou qui
fait réfléchir, c'est pas si souvent, alors chapeau bas !
ED (Librairie Critic)
Rapide Blanc est une petite ville artificielle
construite dans les années trente au Québec à
l’intention des ouvriers chargés de la construction et de l’exploitation d’un barrage hydro-électrique. Conçu comme un carnet d’illustrations
publicitaires, cet album aux couleurs chaudes
retrace les quarante années de vie de cette ville
avant sa destruction. Pour compléter votre lecture, écoutez la discographie proposée en fin
d’album, ou rendez-vous sur le site : www.lerapideblanc.com qui propose des archives photos
du village.
> Kafka
Robert CRUMB et David Zane MAIROWITZ
Actes Sud, 2007. (Actes Sud BD).
Pour notre plus grand bonheur, les éditions Actes Sud viennent de rééditer en grand format le Kafka de Crumb et
Mairowitz. Ce superbe roman graphique est l’occasion de
(re)découvrir Franz Kafka à travers sa biographie, des
extraits de son journal et des adaptations de ses œuvres.
À signaler aussi, l’Amérique, œuvre de Kafka adaptée en
BD par Robert Cara et Daniel Casanave (2 vol. Ed. par 6
pieds sous terre).
> Sur les traces de Dracula 2 :
Bram Stoker
Yves H. et Séra
Casterman, 2006 – 48 p.
Réussite totale! Le récit de la vie de l’Irlandais Bram Stoker
(XIXè s.), auteur de Dracula, entrecroise des extraits du journal
de Jonathan Harker, personnage de l’œuvre, montrant habilement comment un écrivain contrarié peut sublimer ses frustrations par la création d’un chef-d’œuvre. Les dessins magnifiques, blancs sur fond noir, avec de rares touches rouges, ainsi
que les choix typographiques, soulignent cet effet de négatif
entre fiction et réel.
À prolonger de la lecture du livre et de toutes ses adaptations.
LITTÉRATURE
Plumes et
couleurs
Les essentiels BD
13
Des frères
et des cordes
Les essentiels de l’équipe
> Tamaas
Samir Joubran. Daquí, 2003
et
> Randana
MUSIQUE
Trio Joubran. Palestine. Fairplay, 2005. (Oud).
14
Samir Joubran, né en 1973 à Nazareth d’une mère chanteuse dans un ensemble Muashahat, et d’un père luthier
reconnu qui l’initia au oud dès l’âge de 5 ans, connaît
aujourd'hui une reconnaissance internationale, après avoir
été consacré dans le monde arabe.
Dès août 2002, il commença à tourner avec son frère
Wissam, en Europe, au Canada et au
Brésil. Leur réputation ne cessa de croître
au fil des concerts.
En 2003 paraît chez Daquí* Tamaas,
magnifique album, témoignage de leur
connaissance intime de la musique, de
l'histoire de leurs instruments, et de leur
formidable talent d'improvisateurs.
Adnan, considéré comme un prodige par
ses frères aînés, les rejoint sur la scène
internationale en octobre 2004.
Unis par leur musique, leur fraternité et
leur humanité, le Trio Joubran parcourt le
monde afin de propager un message de paix au ProcheOrient.
* label des Nuits Atypiques, festival de Langon (Gironde)
qui se déroulera du 26 au 29 juillet 2007.
> Blancs
Manteaux
à volo
Volo
France. Opera Music,
2006. (Guitare & chant).
Issu des Wriggles, de la scène
pour l'un et de la régie pour
l ’a u t re, Vo l o ra p p e l l e
forcément ce quintet ou, plus précisément, son visage le
plus sensible, celui des anecdotes du quotidien.
Ce premier album acoustique a été enregistré en juin 2005
au théâtre des Blancs Manteaux à Paris en deux jours, avec
juste deux guitares et les voix des frères Volovitch. Simple
et sincère, ce duo à la narration amicale, confidente
(comme si vous le découvriez dans un bar) crée une véritable
complicité avec le public.
Les chansons, pleines d’humour, de mélancolie, de naïveté, déroulent des petites histoires, sans prêcher de
morale. La réalité, sombre, certes, mais où Volo déniche
des raisons d’espérer, se mélange à l’imaginaire.
Vous ne trouverez pas d’arrangements clinquants, ce qui
vous permettra de goûter pleinement les paroles et vous
vous surprendrez très rapidement à fredonner tous leurs
refrains.
Les essentiels de l’équipe
> Gulag Orkestar
On a aussi écouté
Beirut
> Pauline Croze
Encore une histoire de
frères, mais c’est surtout
l’auteur-compositeur et
interprète multi-instrumentiste Zach Condon
qui est le meneur de
cette déambulation
musicale aux couleurs
cuivrées. Son interprétation à fleur de peau
donne le frisson.
Imaginez que vous partez en voyage: Berlin,
Bratislava… jusqu’en Italie. À bord: Bregovic,
Kusturica et toute la fanfare dans la caravane; à
l’arrière, Calexico et ses mariachis et, se serrant
devant, les compères Yann Tiersen et Dominique
A. On pourrait ajouter de nombreuses influences
au gré des morceaux mais la voiture est pleine!
Tout ce petit monde serait conduit au son du
yukulélé, de la mandoline, des trompettes, de
l’accordéon, etc. et de la voix (un peu à la Thom
Yorke / Radiohead) de Zach, âgé d’une petite
vingtaine d’années. Pas de guitare, pas de
basse, pas de batterie sur ce disque de fanfare
pop folk des Balkans qui sonne juste et
moderne. Montez à bord! On va se serrer !
Pauline Croze
France. Accelera Son / Wagram Music, 2005. (Chanson française)
(Digipack, édition limitée, 1 CD + 1 DVD)
Révélation des Transmusicales de Rennes en 2003. Ses harmonies latino
et ses rythmiques ensoleillées contrastent avec l’amertume des textes.
Une voix douce, chaude et forte à la fois qui émeut immanquablement.
Écoutez… Frissonnez ! http://www.paulinecroze.com
> La forêt des mal-aimés
Pierre Lapointe
Québec, Canada. Audiogram / Warner Music, 2006.
(Chanson francophone)
Ce québécois mêle acoustique et électronique, cordes et boucles, pop sixties et programmations. Découvrez une autre chanson francophone : Pierre
le bien-aimé, avec l’accent aigu ! http://www.pierrelapointe.com
> L’autre bout du monde
Emily Loizeau France. Fargo Records, 2005. (Chanson française)
Derrière son piano, la pétillante Emily balance des mélodies entraînantes
alternant les petites piques amusantes et les instants poignants.
http://www.emilyloizeau.net
> The green armchair
Agoria France. Different, 2006. (Electro)
http://www.agoriamusic.com/home.htm
> Invités sur la Terre
MUSIQUE
Nouveau-Mexique, USA. 4AD, 2006.
(Fanfare pop folk)
René Aubry France. Hopi Mesa, 2002.
(Musique contemporaine)
15
Albums
LITTÉRATURE JEUNESSE
fenêtres
sur l’imaginaire
16
Les essentiels de l’équipe
> Petites météorologies
> Billy se bile
Anne HERBAUTS
Anthony BROWNE
Casterman, 2006 – 22 p.
Kaléidoscope, 2006 – 32 p.
C’est l’histoire d’un petit nuage
de vapeur rose sorti d’une cafetière. Il voyage à travers les
pages, les paysages, les villes et
finit par rencontrer un nuage bleu
échappé lui aussi d’une cafetière
à l’autre bout du livre.
Un ouvrage magnifique aux multiples fenêtres s’ouvrant sur des
cabanes, des arbres, des forêts,
recelant plein de surprises, d’autres météorologies ?
Ces pleines pages silencieuses
ont pourtant beaucoup de choses
à nous dévoiler : des petits riens,
des personnages, des émotions,
des scènes de la vie quotidienne.
Aux aplats colorés à grand coups
de crayon se mêlent des collages
et quelques photographies dans
un désordre savamment orchestré.
À partir de 2 ans
À l’heure du coucher, le jeune Billy a l’esprit bien tourmenté. Allongé dans son lit, il scrute les moindres recoins
de sa chambre.
Le motif du papier peint, les ombres des meubles, le bruit
de la pluie… tout devient terriblement inquiétant. Seule sa
grand-mère saura le rassurer en lui offrant des poupéestracas.
Anthony Browne aborde un sujet sensible : les peurs nocturnes des enfants. D’une manière simple et efficace, il
offre une histoire réconfortante pour aborder la nuit sereinement.
Les poupées-tracas existent réellement. Elles nous viennent d’Amérique centrale, où les enfants les fabriquent et
les glissent sous leur
oreiller avant de s’endormir.
Leurs couleurs s’harmonisent parfaitement avec la
palette de prédilection
d’Anthony Browne, des
tons vifs et lumineux qui
contrastent avec les gris
des cauchemars.
À partir de 3 ans
> Uma la petite déesse
> Un lion à Paris
Frédéric BERNARD.
Béatrice ALEMAGNA. Autrement, 2006 – 36 p.
Ill. par François Roca. Albin Michel, 2006 –
34 p.
Uma est la nouvelle petite déesse indienne.
Désormais, ses pieds ne doivent plus fouler le
sol. Finis les jeux, les rires et les larmes, elle
passe ses journées à recevoir des présents et
à bénir la population. Une fois par an seulement, elle sort de son sanctuaire pour défiler
dans la cité sur le dos de son éléphant sacré.
Son destin semble tout tracé, quand l’armée
des démons attaque son royaume, obligeant
Uma à se réfugier dans le palais d’un maharadjah. Devant la colère du dieu du feu, la
défaite paraît inévitable. Uma réussit à s’enfuir. Commence alors un long périple jalonné
d’épreuves redoutables.
Un conte philosophique qui montre que la
richesse, la beauté, la perfection ne font pas
nécessairement le bonheur.
François Roca dépeint ces légendes indiennes
avec réalisme et virtuosité. Les couleurs et la
précision du trait exercent une telle fascination sur le lecteur, qu‘il aura du mal à abandonner ce voyage merveilleux.
À partir de 6 ans
Un jeune lion curieux qui s’ennuie dans la savane décide de
prendre le train pour Paris afin de découvrir les joies de la ville
et y trouver un amour, un travail, un avenir. Les habitants le
déçoivent par leur indifférence. Or le lion aime se faire remarquer et la ville le séduit. Il admire le
reflet du soleil sur les vitres de
Beaubourg, le sourire du fleuve dans
lequel il se mire, le regard de la
Joconde au Louvre… Sa route
s’achève sur une grande place au
milieu de laquelle se trouve un beau
socle vide : un endroit rêvé pour le
lion qui s’y installe, accueilli en fanfare par les klaxons des voitures lui
souhaitant la bienvenue.
Cette promenade dans Paris qui se
termine place Denfert-Rochereau est
un vrai ravissement. L’album grand
format s’ouvre à l’horizontale et se
feuillette de bas en haut. Le récit est
savamment illustré par des dessins où
sont insérés des photos, des collages,
des décors crayonnés qui cohabitent
en pleine page dans un joyeux désordre esthétique. L’ensemble est d’une
grande finesse et on reconnaît la
patte très originale de l’auteur.
Albums
fenêtres
sur l’imaginaire
LITTÉRATURE JEUNESSE
Les essentiels de l’équipe
17
Les essentiels de l’équipe
pour un temps
où on en sait
déjà un bout
sur le monde
> Comme le soleil
LITTÉRATURE JEUNESSE
Romans, contes,
bandes dessinées
18
Jérôme LAMBERT
Ill. par Kimiko. Ecole des loisirs, 2006 – 45 p. (Mouche).
Pendant les vacances, Laura aime se prélasser sur son hamac. Elle aime regarder
les nuages et suivre la course du soleil. A
chaque fois que la journée est ensoleillée,
Jérémy, le garçon à la chevelure dorée
apparaît mystérieusement et dès que le
soleil décline dans le ciel, Jéremy disparaît
subrepticement.
Seule Laura semble voir ce compagnon
mystérieux, car ses parents constatent avec
étonnement que leur fille parle souvent
dans le vide. Peu importe pour Laura. Grâce
à Jeremy, chaque jour fournit une occasion
de partager des instants inoubliables.
Un beau roman sur les vacances qui
s’égrainent avec douceur et lenteur, où
face à la solitude, l’enfant s’invente un
compagnon imaginaire pour partager ses jeux et ses rêves.
À partir de 6 ans
Delphine Bournay a réussi un cocktail étonnant en offrant
des dialogues savoureux et des crayonnés au charme
étonnant.
À partir de 4 ans
> Je n’oublierai pas
Julia BILLET.
Motus, 2006. (Mouchoir de poche).
« Jamais, jamais, je ne dirai des enfants, des petits de ma
sorte, qu’ils ne savent pas, qu’ils ne comprennent pas,
qu’ils ne doivent pas entendre, qu’ils ne peuvent pas comprendre… ».
En peu de pages, peu de mots, l’essentiel de l’enfance est
dit : un temps où « on en sait déjà un bout sur le monde »,
même s’il ne tourne pas rond, et où « on en connaît déjà
tellement sur les grands et la vie ».
La collection Mouchoir de poche : des romans courts pour
des enfants de plus de six ans ; des petits livres noirs ; une
typographie blanche ; un graphisme rouge ou blanc très
sobre ; des textes forts ; une économie de mots bien choisis ; entre magie et poésie.
Autres titres de la collection :
> Grignotin et Mentalo
Delphine BOURNAY
Ecole des Loisirs, 2006 – 76 p. (Mouche).
Grignotin, un lapin tout jaune, et Mentalo, une grenouille
verte, sont les meilleurs amis du monde. L’auteur nous
raconte leurs aventures pleines de fraîcheur et d’humour.
Le petit chapon rond rouge
Ne réveillez pas le dragon
Jamais
Je suis un ange
À partir de 6 ans
> Histoires pressées
Bernard FRIOT
Illustré par plein de gens. Milan jeunesse, 2005 - 244 p.
Voici un recueil idéal de textes courts, faciles à lire, et
adaptés à tous : l’enfant qui lit peu, le grand lecteur, et les
parents, qui ont ainsi un bon support pour créer des petits
moments agréables avec les enfants.
Les nombreuses thématiques, enfance, famille, école,
amour, etc., ainsi que les styles différents, insolites, attendrissants, cocasses, ou décalés, amènent à percevoir la
diversité littéraire.
Les Histoires pressées existaient déjà en poche chez Milan,
suivies des Nouvelles histoires pressées et de Encore des
histoires pressées. Cette édition en un seul volume est
plus séduisante, grâce à l’apport de nombreux et excellents illustrateurs.
Des mises en bouche ouvrant l’appétit des enfants pour la
lecture.
À partir de 7 ans
> Tobie Lolness 1 :
La vie suspendue
Timothée DE FOMBELLE
Ill. par François Place. Gallimard, 2006 – 311 p.
Tobie Lolness est un jeune garçon de 13 ans qui ne
mesure pas plus de deux millimètres. Il appartient à une
microsociété installée sur un grand chêne séculaire.
Le petit peuple de l’arbre occupe les hautes ou les basses
branches selon le rang social.
Le père de Tobie est un scientifique, sa dernière découverte intéresse particulièrement le grand conseil, qui veut
s’en emparer par tous les moyens. La famille de Tobie se
retrouve menacée et lui seul réussit à s’enfuir.
Le jeune garçon va être pourchassé et
tombe dans un monde inconnu, celui
des basses branches ou celui des hautes herbes. Il affronte une armée de
charançons sans cesse en train de creuser et de saccager l’arbre pour réaliser
de grands travaux sensés améliorer la
vie de la population.
Un récit captivant, qui transpose dans
un monde imaginaire les menaces du
monde moderne. Une belle fable écologique qui combat aussi avec humour
et finesse les dictatures.
Un roman d’aventure, d’amitié et
d’amour, agrémenté des illustrations en
noir et blanc de François Place.
Le deuxième tome vient de paraître :
Les Yeux d’Elisha
À partir de 9 ans
Romans, contes,
bandes dessinées
pour un temps
où on en sait
déjà un bout
sur le monde
LITTÉRATURE JEUNESSE
Les essentiels de l’équipe
19
Romans, contes,
bandes dessinées
Les essentiels de l’équipe
pour un temps
où on en sait
déjà un bout
sur le monde
> L’enfant de la pierre et l’enfant
des castors.
Françoise RICHARD
LITTÉRATURE JEUNESSE
Ill. Anne Buguet.
Lo Païs d’enfance, les éd. du Rocher, 2006.
20
Dans une région marécageuse vivaient un
chasseur et sa femme. La journée, l’homme
traquait le gibier et laissait sa femme seule au
logis. Il ne la quittait pas sans lui avoir recommandé de prendre garde au rôdeur repéré
dans les environs. L’ogre Tête de Spectres,
appelé aussi Ombre de lui-même, vit dans
cette contrée.
Un conte des indiens d’Amérique d’une
grande intensité dramatique illustré par Anne
Buguet, une artiste qui peint à la gouache en
associant à ses compositions des papiers froissés et découpés.
À partir de 6 ans
> Lou 3 : le cimetière des autobus
Julien NEEL
Glénat, 2006 – 48 p.
C’est la rentrée des classes et cette année rien ne va plus.
Lou n’est pas dans la même classe que sa meilleure amie
Mina. Quand elle va mal, elle part se réfugier dans le
cimetière des autobus municipaux.
Dans le troisième tome de cette bande dessinée, Julien
Neel fait évoluer son héroïne. Elle a aujourd’hui 13 ans et
vit sa crise d’adolescence. Il aborde le sujet avec humour
et tendresse dans des couleurs édulcorées et avec un
graphisme très personnel, une technique proche du dessin
animé qui apporte de la douceur au trait. Une BD à savourer
en famille…
À partir de 8 ans
> Monsieur Blaireau et Madame
Renarde 1 : la rencontre
Brigitte LUCIANI
Ill. par Eve Tharlet. Dargaud, 2006 – 32 p.
Madame Renarde et sa fille Roussette doivent fuir leur terrier repéré par des chasseurs. Elles errent et marchent
toute une journée à la recherche d’un nouveau toit. Elles
en découvrent un par hasard mais il est habité par un papa
Blaireau qui élève seul ses trois petits. Monsieur Blaireau
accepte d’héberger ces deux fugitives, ce qui n’est pas du
goût des enfants.
Voici enfin une bonne bande dessinée pour les plus petits,
une histoire touchante sur l’acceptation de la différence et
de la famille recomposée.
À partir de 4 ans
Les essentiels de l’équipe
Une sélection de deux livres-cd, deux grands classiques,
l’un appartient au monde de la musique, l’autre à la littérature des contes de fée.
avec l’œuvre de Mozart. La Flûte enchantée entre en
résonance avec plusieurs thèmes chers à l’illustratrice : la
recherche de la lumière, l’amour, la danse et les oiseaux.
Prix Diapason d'Or et Choc du Monde de la Musique.
Le monde
en pastels :
Nathalie Novi,
notre invitée
d’honneur en avril
Un opéra de Wolfgang Amadeus MOZART.
Sous la direction de Herbert von Karajan. Texte adapté
par Jean-Pierre Kerloc’h. Ill. par Nathalie Novi. Didier,
2003 – 69 p. (Un livre, un CD).
Le lecteur-auditeur pénètre un
univers enchanté et suit les
aventures de Tamino, un jeune
prince qui voulait découvrir le
monde, la sagesse et conquérir
le cœur de la belle Pamina.
Accompagné par l’oiseleur
Papageno, il part libérer la princesse, retenue captive par
Sarastro, le grand maître des adorateurs du soleil. Pour
mener leur quête, la Reine de la nuit, la mère de Pamina,
offre aux deux compagnons des instruments dotés de
grands pouvoirs : une flûte enchantée pour Tamino et un
carillon magique pour Papageno.
Un combat s‘engage entre le monde de l’ombre et celui de
la lumière et s’achève sur la victoire de l’amour et de la
vérité.
Jean-Pierre Kerloc’h manie avec talent la langue des
contes de fée, tout en préservant le rythme des dialogues
de chaque personnage.
Les pastels de Nathalie Novi s’harmonisent parfaitement
> Peau d’âne :
histoire ancienne
et véritable de la Peau
d’ânesse.
Ecrite et racontée
par Jean-Jacques FDIDA.
Musique de Jean-Marie MACHADO.
Ill. Nathalie Novi. Didier, 2006 – 45 p.
(Un livre, un CD).
Influencée par les films de Jacques Demy,
Nathalie Novi rêvait depuis toujours d’illustrer
ce conte.
Coup de cœur de L’Académie Charles Cros 2006.
LITTÉRATURE JEUNESSE
> La flûte enchantée
21
Les essentiels des libraires
La Collection Escampette
chez Didier :
> Din’Roa la vaillante
LITTÉRATURE JEUNESSE
Jean-Louis le CRAVER
22
Ill. Martine Bourre.
>Trouvé dans un nid
Praline GAY PARA
Ill. Rémi Saillard.
Les petits qui ont apprécié les contes
de la collection A petits petons ne
seront pas déçus, en grandissant, de
découvrir ceux de la collection
Escampette. Deux histoires écrites par des conteurs de
renommée.
Le premier, Din Roa, est un petit Chaperon Rouge chinois
et le loup est remplacé par un ours. L’illustration à l’encre
avec incrustation de motifs est un délice pour les yeux.
Le second, Trouvé dans un nid, s’inspire d’un conte des frères
Grimm « Volétrouvé ».
Lili vit avec son père et la grosse Suzon. Ils se préparent à
faire cuire Trouvé, un jeune garçon recueilli dans un nid.
S’en suivra une course poursuite dans laquelle Lili découvrira
ses pouvoirs magiques.
À partir de 4 ans.
Librairie
La Courte Echelle
Rue Vasselot - Rennes
> Parle tout bas, si c’est d’amour
Sophie CHERER
Ecole des Loisirs, 2006 – 151 p. (Médium).
Depuis qu’un viol a eu lieu au lycée, le proviseur met en
place des cours d’éducation sexuelle pour faire de la prévention.
Caroline préfèrerait des cours d’Amour, seulement bien
peu d’adultes sont capables d’en parler : ni le prof de SVT,
ni celui de philo ou de français. Seule une femme de
87 ans réussit à leur faire comprendre que l’amour, c’est le
dialogue, « si on ne parle pas à ceux qui nous sont les plus
chers, nos enfants, nos femmes, nos maris, nos amoureux,
à qui va-t-on parler ? ». Les paroles de cette femme vont
aider Caroline et Olivier à avoir confiance en leur histoire.
Ils ont 16 ans, ils s’aiment mais sont entourés d’adultes qui
vivent mal: un prof de SVT qui fait une tentative de suicide,
une mère amoureuse d’un défunt, un père acariâtre, un
proviseur déprimé…
C’est entourés de ces adultes qui n’assument pas leurs
problèmes que Caroline et Olivier vont petit à petit
construire et consolider leur projet d’avenir.
Un roman plein d’amour, d’espoir et de confiance en la vie.
À partir de 12 ans.
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Rédaction : l’équipe de la médiathèque
Un grand merci aux librairies Greenwich, Critic et La Courte Échelle,
qui ont accepté de présenter leur choix de livres,
ainsi qu’à l’éditrice Viviane Hamy qui a répondu à nos questions.
Maquette : Agence Art-Terre
Couverture : illustrations de Mattotti, reproduites avec l’aimable autorisation
du label Hopi Mesa, “l’éditeur des musiques à part”
23
Illustration : Mattotti
Médiathèque Lucien Herr
18 Cours Camille Claudel
35136 Saint-Jacques de la Lande
Tél 02 99 31 18 08
[email protected]
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Ville de Saint-Jacques de la Lande
Une bulle de paix au cœur de l’été
quelques gouttes d’eau fraîche sur les lèvres
l’ombre d’un arbre centenaire dans le jardin familial
les premières notes d’un air de banjo
un fil tendu entre terre et ciel
le bruissement léger des pages tournées
presque rien et la sérénité
presque rien et l’essentiel

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