excavations in the necropolis of salamis

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excavations in the necropolis of salamis
Sxlrad front
REPUBLIC OF CYPRUS
MINISTRY OF COMMUNICATIONS & WORKS
DEPARTMENT OF ANTIQUITIES
SALAMIS VOL. 5
EXCAVATIONS IN THE
NECROPOLIS OF SALAMIS
III
(Text)
BY
VASSOS KARAGEORGHIS
(with appendices by B. Helly, H. J. Hundt, E. W. Marsden, O. Masson,
H. Hjelmqvist, C. Tyler and C. J. Talbot, P. H. Greenwood and G. J. Howes,
A. Demetropoulos, P. Ducos, A. C. Western)
PUBLISHED FOR THE REPUBLIC OF CYPRUS
BY THE DEPARTMENT OF ANTIQUITIES, CYPRUS
AND PRINTED BY ZAVALLIS PRESS LTD., NICOSIA
1973·
VI. - APPENDICES
APPENDIX I
LES MONNAIES
par B. HELLY
Les Tombes 77, 79 et 80 ont livré respectivement 14, 21 et 9 monnaies, au totai
44 pièces. Sur ce nombre, 19 pièces sont illisibles et figurent pour mémoire dans
le tableau qu'on trouvera plus loin. L'étude des 25 monnaies identifiables, que
Monsieur V. Karageorghis a bien voulu nous confier, aboutit aux résultats suivants.
I. Monnaies d'Évelthon et de ses successeurs (7 exemplaires).
1.
Tête de bélier de profil à gauche;
R/ face plane et lisse.
AR, n , 5
mm
> 0-685 £0 bonne conservation; provenance Τ 8ο, n° 25 (photographie figure 1).
Le type est celui des oboles, hémioboles et quarts d'obole à revers lisse attribués à Évelthon (G.F. Hill, BMC Cyprus, p. LXXXV, 1 c, nos 8-11). Le poids
de 0.685 g pourrait correspondre à celui de deux-tiers d'obole selon l'étalon persique1. La date exacte de ces monnaies reste cependant difficile à établir, comme
nous l'avons dit en publiant un exemplaire analogue provenant d'une tombe de
Cellarka, Excavations in the Necropolis of Salamis, II, 1970, p. 2382. Cet exemplaire de Cellarka possède un grènetis autour de la tête du bélier, alors qu'il n'y en
a pas trace sur la monnaie de la Tombe 80, ni non plus sur les pièces décrites par
G.F. Hill. Poids, style et technique semblent montrer ainsi que la production de
ces monnaies a pu s'étendre sur une période assez longue, du milieu du Vie s. au
début du Ve s. av. J.C.
2.
Tête de bélier à gauche ;
R/ carré incus, avec traces indistinctes d'une figure.
AR, ajustement indéterminé, 13 mm, 0.851 g; droit assez bien conservé; provenance Τ 8ο, n° 23 A.
3.
Tête de bélier à gauche;
R/ traces d'un carré incus.
AR, ajustement indéterminé, 11 mm, 0.491 g; usé; provenance Τ 8ο, n° 22.
4.
Droit illisible ;
R/ carré incus avec traces indistinctes.
1. G.F. Hill appelle oboles les deux exemplaires du British Muséum dont les poids sont de 0.815 et 0.802 g {BMC
Cyprus, p. 47, n os 8 et 9) pour un diamètre un peu inférieur à celui de notre exemplaire.
2. Cité désormais Excavations II.
APPENDIX I
205
AR, ajustement indéterminé, 12 mm, 0.210 g, mais il manque la moitié du flan; provenance Τ 8ο,
n° 23 B.
5.
Tête de bélier à gauche;
R/ traces d'un carré incus.
AR, ajustement indéterminé, 8 mm, 0.290 g; très usé; provenance Τ 8ο, n° 19.
6. Tête de bélier à gauche;
R/ carré incus, avec figure indistincte, peut-être un avant-train de cheval (Pégase), dont on reconnaît
les pattes antérieures à droite. AR -> 8 mm, 0.258 g; usé; provenance Τ 8ο, n° 20.
7. Droit illisible;
R/ carré incus avec traces indistinctes.
AR, ajustement indéterminé, 7 mm, 0.108 g; très usé; provenance Τ 8ο, n° 21.
Ces six monnaies sont caractérisées par la tête de bélier au droit, le carré incus
au revers. En cela elles ne se distingueraient guère des séries salaminiennes attribuées à Évelthon et à ses successeurs, si l'on pouvait retrouver dans le carré incus
la représentation traditionnelle de la croix ansée, accompagnée ou non de signes
syllabiques. Mais le seul exemplaire dont la conservation est suffisante montre
plutôt la figure d'un animal allant à droite. On pourrait y reconnaître un avanttrain de Pégase. Dans Excavations II, p. 238-239, nous avons établi qu'il existait
dans le monnayage salaminien des monnaies avec avant-train de Pégase, et que
ces monnaies pouvaient être attribuées à Nicoclès (374-361 av. J. C). L'apparition d'une petite monnaie en argent au même type, dans une tombe de la nécropole royale, suggère que l'utilisation du type à Salamine est plus ancienne encore,
et remonte au moins à la fin du Vie s. av. J.C.
On ne saurait affirmer, étant donné leur état, que les six monnaies offraient
toutes le même type, mais cela est possible. Quoi qu'il en soit, on peut remarquer
qu'elles ont des poids relativement cohérents: 0.851, 0.491, environ 0.420 (0.210
plus 0.210 au moins, pour le n° 4), 0.290, 0.258 et 0.108 g, pour des diamètres également répartis: 13, 12-11 et 8-7mm. On pourrait penser à des monnaies représentant
les modules des oboles, hémioboles, quarts et dizièmes d'oboles, suivant l'étalon
persique1.
II.
Monnaies d'Évagoras I et d'Évagoras II (2 exemplaires).
8. Tête de jeune homme imberbe, de profil à droite;
R/ roue à quatre rayons.
AR, ajustement indéterminé, 9 mm, 0.265 g; brisé en partie, mais assez bonne conservation des types;
provenance Τ 79, n° 975.
La série des monnaies à ce type a été étudiée par J. et V. Karageorghis, "The
Meniko Hoard", Op. Atheniensia, 5, 1965, p. 13 et 15-16: il s'agit des premières
émissions attribuées à Évagoras I (à partir de 411-410 av. J.C). Le plus grand
nombre des exemplaires de cette série semble être des tr ois-quarts d'obole au poids
de 0.50-0.60 g; les plus petits modules connus ont des poids qui se situent entre
1. Cf. Excavations II, p. 237, les monnaies de petits modules provenant de Cellarka, et la discussion sur la difficulté
de les dater.
206
NECROPOLIS OF SALAMIS III
0.38 et 0.45 g. On peut y rattacher l'exemplaire de la Tombe 19, si l'on tient compte
de la perte de poids due à l'usure.
9. Tête coiffée d'un casque corinthien, de profil à droite;
R/ étoile à six ou huit rayons ?
AE, ajustement indéterminé, 15 mm, 2.882 g; très usée; provenance Τ 79, n° 803A (trouvée avec
le squelette dans l'amphore n° 769, Tombe 79).
Nous reconnaissons au droit un type bien attesté pour les monnaies en bronze
d'Évagoras II (361-351 av. J.C.), cf. G.F. Hill, BMC Cyprus, p. CVII, no 7 et
Excavations II, p. 240-241, nos 12 et 13. Le revers de la monnaie est très abîmé:
nous y distinguons les traces de ce qui paraît être une étoile à rayons placés autour
d'un point central, elle aussi caractéristique des émissions d'Évagoras IL Cependant l'association de la tête d'Athéna portant le casque corinthien au droit avec
l'étoile au revers est nouvelle. Sur les monnaies en argent d'Évagoras II on trouve
Athéna au casque corinthien et une tête d'Aphrodite tourrelée ou bien l'étoile et
une Athéna coiffée du casque athénien (G. F. Hill, BMC Cyprus, p. CV, no 2 et
no 5). Pour les monnaies de bronze il existe une tête d'Athéna au casque corinthien associée à un lion marchant à droite1 (BMC Cyprus, p. CVII, n° 7 ; Excavations Π, nos 12 et 13) ou bien une étoile à huit rayons associée à une tête d'Aphrodite couronnée (BMC Cyprus, p. CVII, no 10). La monnaie de la Tombe 79 correspondrait bien à ce dernier type, en reprenant comme lui, et d'une manière pour
ainsi dire symétrique, deux des représentations déjà illustrées sur les monnaies
en argent du roi Évagoras IL Pour le poids, 2.882 g, la monnaie publiée ici s'aligne, malgré son état, sur quelques autres monnaies en bronze d'Évagoras II,
soit aux environs de 3 g 3 .
III.
Monnaies aux types d'Alexandre et au nom des Salaminiens (3 exemplaires).
10.
Tête d'Héraclès de profil à droite;
R/ Massue à six noeuds, en bas arc et carquois allongé placé entre le bois et la corde tendue; légende
illisible, mais que l'on peut restituer à coup sûr: entre la massue et l'arc [Αλεξάνδρου] en haut et en
bas [Σα-λ(αμινίων)].
AE \ 19 mm, 3.001 g; très usée; provenance Τ 77, n° 261.
11.
Droit illisible ;
R/ traces de l'arc et du carquois, légende illisible.
AE, ajustement indéterminé, 14 mm; 2.114 g; très usée; provenance Τ 77, pyre B, n° 50.
12.
Tête de profil à droite;
R/ Massue à six noeuds, arc et carquois; entre la massue et l'arc, légende [Άλ]εξά[νδρου].
1. L'étoile à huit rayons figure dans le champ au-dessus de l'animal.,
2. Cette monnaie est attribuée aussi à Paphos, cf. G.F. Hill, o.L, p. LXXVIII, n° III et pi. XXIV, 16.
3. Les monnaies publiées dans Excavations II sont nettement au-dessous de ces poids (nos 12-13: 2.305 et 2.336 g)
ou au-dessus (n° 14: 4.270 g). La répartition de ces poids semble correspondre à celle que nous avons donnée aussi
pour les monnaies des Salaminiens, cf. tableau dans Excavations II, p. 248, colonnes 1 et 3.
APPENDIX I
207
AE ν* 9 mm, 0.611 g; assez bonne conservation; provenance Τ 77, pyre B, n° 54.
Nous avons étudié ces monnaies aux types d'Alexandre dans Excavations
II, p. 241-261, nos 15-23. Ces émissions, faites à Salamine, se placent dans les
années 332 à 322 av. J.C. Les trois exemplaires trouvés dans la Tombe 77, bûcher
du roi Nicocréon et de sa famille, entrent parfaitement dans la série. Les exemplaires nos 10 et 11, au diamètre de 19 et 14 mm, au poids de 3.001 et 2.114 g, correspondent aux monnaies nos 22-23 de Cellarka, dont le module, un peu au-dessous
de 3 g peut être considéré comme unité par rapport à des multiples et à des fractions
(cf. Excavations II, p. 248). Très intéressante à cet égard, la monnaie publiée ici
sous le no 12 apparaît désormais comme la plus petite fraction de cette série: son
diamètre, 9 mm, et son poids, 0.611 g, la désignent comme étant le quart de l'unité 1 . Cela confirme aussi que la taille des monnaies de cette série suivait une division par deux, en opposition avec le système chypriote, qui utilise une division
par trois (cf. Excavations II, p. 253, n. 4).
IV. Monnaies au nom des Salaminiens (1 exemplaire).
13.
Tête d'Athéna de profil à gauche, coiffée d'un casque athénien à cimier et crinière ondulée;
R/ illisible.
AE, ajustement indéterminé, 14 mm, 2.261 g; très usé; provenance Τ 77, pyre B, n° 96.
Le type de cette monnaie a été décrit dans Excavations II, nos 24-25. Ce sont
des émissions faites par les Salaminiens après la mort d'Alexandre, vraisemblablement entre 322 et 312, peu avant la mort du roi Nicocréon. Par son diamètre
et son poids, l'exemplaire de la Tombe 77 correspond au module désigné comme
étant les deux-tiers de l'unité, entre 2.450 et 2.015 g {Excavations II, p. 248, colonnes
3 et 4).
V. Monnaies d'époque hellénistique (5 exemplaires).
14. Roue à huit rayons avec axe central globulaire;
9
R/ Ancre entourée de la légende circulaire [βασιλ]έως Αλεξά[νδρου] et d'un grènetis.
AE, ajustement indéterminé, flan très mince à tranches biseautées, 14 mm, 1.195 g; bonne conservation, bien que les types soient en partie hors du flan; provenance Τ 79, n° 8 (ΗΘ 10, à om 50 de profondeur).
Cette monnaie semble nouvelle. La légende, bien claire, fait d'abord songer
à une émission au nom d'Alexandre le Grand. Cependant cette attribution soulève plusieurs difficultés. D'une part les types ne sont pas ceux d'Alexandre,
tête d'Héraclès, massue, arc et carquois. D'autre part le monnayage d'Alexandre
à Salamine est bien connu: il paraît trop complet et trop cohérent pour que nous
puissions lui adjoindre d'autres émissions. Les types ne sont d'ailleurs pas non plus
ceux de Salamine : la roue à huit rayons ne figure sur aucune monnaie salaminienne,
les monnaies d'Ëvagoras I (ci-dessus no 8) portent une roue à quatre rayons. La
roue à huit rayons ne se confond pas non plus avec l'étoile à huit rayons autour
d'un point central, qui figure sur les monnaies d'Ëvagoras II (ci-dessus no 9). Au
1. Le poids moyen des exemplaires de module "un" se situe à 2.811 g, ce qui donne un poids de 0.700 g environ
pour la fraction du quart.
208
NECROPOLIS OF SALAMIS III
revers, l'ancre ne pose pas moins de questions. Certes, nous avons identifié
comme chypriote, et vraisemblablement même comme salaminienne une série
de monnaies en bronze avec l'ancre au droit et la bipenne au revers {Excavations
II, p. 246-247 et 256-259). Mais la monnaie de la Tombe 79 présente une combinaison de types bien moins caractéristique, si bien que nous hésitons à la considérer
comme salaminienne.
D'autres observations orientent dans une autre direction. La monnaie a
été trouvée dans une région de la tombe 79 d'où proviennent plusieurs monnaies
ptolémaïques du Ile s. av. J.C. ; toutes ces monnaies étaient à une faible profondeur, environ 0m 50 sous la surface (cf. ci-dessous nos 15-18). Cela semble indiquer que notre monnaie ne remonte probablement pas au IVe s. av. J.C. Le flan
très mince à tranches biseautées convient d'ailleurs mieux pour des monnaies de
date relativement basse. On constate enfin que le type et la légende du revers sont
très proches, sinon identiques à ceux des monnaies des rois séleucides, Alexandre
1er Bala (152-144 av.J.C), ou Alexandre II (128-123 av. J.C), cf. BMC Seleucids,
p. 84, no 30, etc. Mais nous ne pouvons soutenir formellement ces attributions,
car le type du droit, à notre connaissance, n'est pas celui que ces princes utilisent.
15.
Tête barbue (Zeus Ammon) de profil à droite; traces d'une légende disposée sur le pourtour;
R/ Figure féminine debout de face, gainée d'une longue robe, le bras droit replié, la main droite près
de l'épaule.
AE |
13 mm, 1.996 g; assez usée; provenance Τ 79, n° 35 (ΗΘ 8-10, à om 80 de profondeur).
Cette monnaie entre dans une série étudiée par J. Svoronos, Ta νομίσματα...,
1904, n°s 1005-1009, et correspond exactement, pour le diamètre et pour le poids
aux exemplaires décrits sous le n° 1009: 13 mm, poids entre 1.410 et 1.980 g.
La série est attribuée à Chypre par G.F. Hill, BMC Cyprus, p. LXXXI, n° 1, sous
le titre "Paphos", et par D.H. Cox, Coins from the Excavations at Curiurn, NNM,
145, 1959, p. 11, nos 80-82 et p. 101. L'origine de la plupart des exemplaires,
lorsqu'elle est connue, est chypriote1. Cela conduit à identifier la divinité féminine
du revers comme Aphrodite paphienne. L'atelier est sans doute Paphos. La tête
placée au droit est celle de Zeus Ammon, commune sur les monnaies ptolémaïques.
D.H. Cox, o.L, p. 101, date ces émissions du règne de Ptolémée III (246-221 av.
J.C).
16.
Tête barbue, laurée, de profil à droite, légende circulaire [βασιλ]έως [Πτολεμαίου] ;
R/ Figure debout de trois-quarts à gauche (Zeus Salaminios ?), barbu, vêtu d'une longue robe, les bras
étendus et tenant dans la main droite deux épis de blé (ou une double torche ?) et s'appuyant de la main
gauche sur un long sceptre; grènetis.
AE ^ flan à tranches biseautées, tenon de coulée; 14 mm, 2.109 g; bonne conservation; provenance
Τ 79, n° 41 (H 24 à ο m 50 de profondeur).
Les types de cette monnaie ont été attribués à Chypre par E. Babelon, "Collection Waddington", Rev. Numismatique, 1898, p. 205, nos 4838-4839, puis par G.F.
Hill, BMC Cyprus, p. LXXXI, no 2, sous le titre "Paphos", enfin par D.H. Cox,
Coins from the Excavations at Curium, NNM, 145, 1959, p. 16, no 128 et p. 107-108.
1. C'est le cas de plusieurs exemplaires cités par G.F. Hill, <?./., des deux exemplaires de la collection Waddington
mentionnés par J. Svoronos; un autre exemplaire vient d'Asie-Mineure, G.F. Hill, ibid., un autre d'Alexandrie (Berlin,
cf. K. Regling dans J. Svoronos, notes aux n o s 1005-1009).
APPENDIX I
209
Pour le style et la fabrique, D.H. Cox rapproche ces monnaies de celles de Ptolémée
IV et Arsinoé III; elle les place cependant plutôt sous le règne de Ptolémée V
(203-180 av. J.C.)1.
La monnaie de la Tombe 79 est la première de la série où Ton peut reconnaître
l'existence d'une légende au droit, légende qui se restitue à coup sûr [βασιλ]έως
[Πτολεμαίου]. L'identification du type illustré au revers dépend naturellement de
la localisation de l'atelier. De Chypre provient le plus grand nombre d'exemplaires; l'atelier est certainement chypriote. En conséquence, le dieu représenté
sur la monnaie est vraisemblablement Zeus Salaminios. On n'hésitera pas non
plus sur la provenance : l'atelier de Salamine a fonctionné concurremment à celui
de Paphos, pendant la plus grande partie de l'époque ptolémaïque2. Cette série
de monnaies paraît ainsi exactement parallèle à celle que nous avons évoquée en
étudiant la monnaie précédente, no 15: les deux séries semblent bien parallèles,
chaque atelier frappant un type de revers qui le caractérise, comme cela semble
être aussi le cas pour les monnaies de l'époque impériale. Si ce parallélisme est
reconnu, il conviendra sans doute d'harmoniser aussi quelque peu les dates que
l'on attribue jusqu'à présent à chacune de ces séries; il faut attendre pour cela
d'autres trouvailles.
17. Tête barbue (Zeus Ammon) de profil à droite, grènetis;
R/ illisible, grènetis seul conservé.
AE, ajustement indéterminé. 14 mm. 1.756 g; très usé; provenance Τ 79, n° 24 (ΗΘ 10, à om 40 de
profondeur).
Cette monnaie, ptolémaïque elle aussi, provient de la même région que les
exemplaires précédents.
VI.
Monnaies de Γ époque impériale romaine.
18.
Tête de profil à droite;
R/ illisible.
AE, ajustement indéterminé; 28 mm, 10.947 g; très usée; provenance Τ 79, n° 34 (ΗΘ 8-10, à ο m
80 de profondeur).
Cette monnaie paraît être un exemplaire des émissions faites au nom du
κοινόν Κυπρίων sous Claude: même apparence du métal, même module, et
même style de la tête illustrée au droit (cf. G. F. Hill, BMC Cyprus, p. 76, n° 16).
19. Buste d'Antonin de profil à droite, portant l'habit militaire; grènetis; légende circulaire, dont
il reste seulement des traces;
R/ buste de Marc-Aurèle de profil à droite, en habit militaire; grènetis; légende circulaire Μ(αρκος)
Αυρήλιος Καϊ-σαρ [υιός Σεβασ(τοϋ)].
AE j, 3 2 m m > 2 3· 2 77 £'•> bonne conservation; provenance Τ 78, n° 42 (ΖΗΘ 8-10, à ο m 90 de profondeur).
1. On trouve des types assez semblables, mais avec l'ethnique de Marathos, dans J. Svoronos, Τα νομίσματα...,
os
1904, n 1073-1085 et 1087-1088, classés au règne de Ptolémée III.
2. Les fouilles de l'Institut Fernand-Courby à Salamine ont livré deux exemplaires de ce type, Sal. inv. 849 et 4626.
210
NECROPOLIS OF SALAMIS III
20-23. Même type, légende circulaire plus ou moins lisible Αύτο(κράτωρ) Κ(αισαρ) Τ(ίτος)
Αϊλ(ιος) ε Αδρ(ιανός) Άντωνϊνος Σεβ(αστός) Εύ(σεβής);
R/ Même type, légende circulaire comme au n° 19.
AE, n° 20: φ 26 mm, 9.273 g; bon état; provenance Τ 79, n° 16 (ΖΗΘ 8-10 à ο m 40 de profondeur);
n° 21: ψ 26 mm, 15.718 g; bon état: même coin de droit que le n° 20; provenance Τ 79, n° 17 (ΖΗΘ
10, à om 40); n° 22: j 26 mm, 10.118 g; bonne conservation; provenance Τ 79, n° 14 (ΖΗΘ 10, à om
40); n° 23: \ 26 mm, 10.084 g; bonne conservation, provenance Τ 79, n° 21 (ΗΘ 8-10, à om 60).
Le type de ces monnaies est décrit par G.F. Hill, BMC Cyprus, p. 83-84, nos
42-53, D.H. Cox, Coins front the Excavations at Curium, NNM, 145, 1959, nos
140-141 et p. 109. Leur attribution à Chypre, assurée, dépend entièrement des
provenances, étant donné l'absence d'une mention plus précise, comme l'inscription Koivôv Κυπρίων (cf. G. F. Hill, 0./., p. CXXV). Il existe deux dénominations,
l'une de 33 mm, l'autre de 25-27 mm, toutes deux représentées par les monnaies
de la Tombe 79 (nos 19 et 20-23). Les exemplaires nos 20 et 21 ont sûrement été
frappés par le même coin de droit, ce qui surprend, si l'on considère la grande
différence de poids existant entre les deux (9.273 et 15.718 g). D.H. Cox a observé
des différences analogues, pour les dimensions des flans, sur des exemplaires trouvés à Courion; ils ont été surfrappés sur des flans qui présentent les caractéristiques
des grands bronzes ptolémaïques. Peut-être la différence des poids pour les nos
20 et 21 peut-elle s'expliquer par les mêmes raisons.
24. Buste de jeune homme imberbe, de profil à gauche, lauré et portant une cuirasse; grènetis;
légende circulaire FL IVL CRIS-PVS NOB C;
R/ porte de camp à six assises de pierres, en haut étoile; grènetis; légende circulaire PROVIDENTIAE CAESS; à l'exergue MNB.
AE ψ 19 mm, 3.098 g; très bon état; provenance Τ 79, n° 30 (EZ 8-10, à om 40 de profondeur).
Cette monnaie de Crispus César a été frappée à Nicomédie (atelier B') en
325-326 ap. J.C., cf. P. M. Bruun, RIC, VII, Constantin and Licinius, 1966, p.
620, no 122, et commentaire p. 597.
25. Droit illisible;
R/ deux figures debout face à face, peut-être une Victoire couronnant l'empereur.
AE, ajustement indéterminé, 16 mm, 1.392 g; très usée; provenance Τ 79, n° 20 (ΘΙ 12-14, à om 30
de profondeur).
La figure du revers ne permet pas une identification certaine de la monnaie,
mais autorise à la dater du Bas-Empire.
Les monnaies que nous n'avons pu déchiffrer, au nombre de 19, sont toutes
des pièces de bronze, et proviennent des trois tombes:
Τ 77, pyre B, nos \f 38, 49, 72, 96 A;
carrés, nos 2, 72 A et B, 98, 160, 190, 193;
Τ 79, nos 19, 21, 25, 36, 37, 43, 44;
Τ 80, no 24.
211
APPENDIX I
La répartition chronologique des monnaies des trois tombes apparaît dans
ie tableau suivant:
Nombre
AR
Monnaies
Évelthon et ses successeurs
Provenance
Τ 80, nos 19-25
AR
AE
ÉvagorasI
Évagoras II
Τ 79, no 975
1
Τ 79, no 803 A
1
AE
Alexandre le Grand
et Salaminiens
Τ 77, nos 50, 54,
96 et 261
4
AE
AE
Monnaies hellénistiques
(Ile s. av. J.C.)
Empereur Claude
Τ 79, nos 8, 24,
35 et 41
Τ 79, no 34
AE
Antonin et Marc-Aurèle
Τ 79, nos 14, 16, 17,
AE
Constantin (Crispus César)
τ
AE
Bas Empire
Τ 79, no 20
29 et 42
79, no 30
7
4
1
5
1
De ce tableau ressort très clairement l'homogénéité du matériel numismatique
provenant des Tombes 80 et 77, le caractère hétérogène de celui de la Tombe 79.
La Tombe 79 a livré des monnaies d'époques diverses, depuis Évagoras I et Évagoras II, jusqu'au IVe s. ap. J.C. Ces monnaies ont été trouvées dispersées. On
n'aperçoit aucun rapport entre elles, sauf pour quelques-unes, qui semblent former
deux groupes: les quatre monnaies hellénistiques (ici nos 14-17), les cinq monnaies
d'Antonin et Marc-Aurèle (nos 19-23).
Les autres tombes donnent une image toute différente. Les monnaies d'argent
de la Tombe 80 (nos 1-7) sont de la seconde moitié ou de la fin du Vie s. av. J.C,
ce qui concorde avec la date attribuée au reste du matériel trouvé dans la tombe1.
Pour cette raison, on s'étonne de trouver avec ce groupe de monnaies une pièce
de bronze (T 80, n° 24, illisible). S'agit-il réellement d'une monnaies frappée,
cela paraît douteux; le nettoyage n'a pas pu faire apparaître clairement la nature
de cette pièce, très usée et oxydée.
Le matériel de la Tombe 77 est, lui aussi, très homogène : monnaies d'Alexandre
et monnaies des Salaminiens (nos 10-13) dont les émissions sont datées entre 332
et 312 av. J.C. Nous pouvons considérer que les exemplaires restés illisibles entrent
eux aussi dans ce groupe. L'examen, tout relatif qu'il soit en ces cas, permet
d'assurer qu'il n'y a aucun grand bronze d'époque ptolemaïque ou romaine, aucun
flan mince, mais seulement des flans épais, de 18, 14, 13 et 12 mm, pour des poids
allant de 0.334 à 1.534 g. Les monnaies de la Tombe 77 concordent exactement,
elles aussi, avec le reste du matériel archéologique. Elles confirment et complètent
notre connaissance des émissions monétaires faites à Salamine dans les trente
dernières années du IVe s. av. J.C, elles contribuent à nous découvrir l'histoire
même de la cité.
1. Cf. V. Karageorghis, Chronique des fouilles, BCH, 90, 1968, p. 313.
NECROPOLIS OF SALAMIS III
212
(T. 80.25)
(T. 80.23 a)
m m
(T. 80.23b)
7
(T. 80.21)
(T. 80.19)
8
(T. 79.975)
(T. 80.22)
6
(T. 80.20)
(T. 79.803 a)
10
(T. 77.261)
13
(T. 77.96)
15
(T. 79.35)
Fig. 1
APPENDIX I
213
17
(T. 79.24)
16
(T. 79.41)
18
(T. 79.34)
19
(T. 79.42)
20
(T. 79.16)
23
(T. 79.29)
25
(T. 79.20)
24
(T. 79.30)
Fig. 2