Salut les Anges : nuées ardentes et train d`enfer

4
Montpellier
Midi Libre midilibre.fr
VENDREDI 28 OCTOBRE 2011
X3---
Salut les Anges : nuées
ardentes et train d’enfer
Munuera en dédicace
BD l Il signera “Fraternity” chez Azimuts.
Il est l’un des rares dessinateurs à avoir su maîtriser une
influence à la Disney, à avoir
apporté à son dessin un talent
personnel très fort, inventif.
Munuera sera, demain, en dédicace chez Azimuts pour la sortie chez Dargaud du tome II de
Fraternity.
Un autre Espagnol en signe le
scénario, Juan Diaz Canales, à
qui l’on doit aussi celui de
Blacksad, pas moins. Cela
montre toute l’étendue créatrice de l’école ibérique en BD.
Dans une Amérique ravagée
par la guerre de Sécession,
une petite communauté, Fraternity, repliée sur elle-même,
tente de survivre. Tous partagent leurs biens, troquent et
ne portent pas d’arme.
Jusqu’au jour où, dans la forêt,
apparaît une curieuse créature
et qu’une poignée de soldats
noirs se réfugient à Fraternity.
Le projet utopique va se lézarder peu à peu. Les intérêts aussi bien sentimentaux que personnels ou économiques vont
prendre le dessus. La violence
Rock l Deux anciens OTH, Spi et Motch, reviennent aux affaires.
C
ela faisait vingt ans que Motch
préparait son coup ! » Spi sourit,
aux anges. Le “coup” en question,
il n’a pas pu l’esquiver, il l’a pris
en pleine poire, et il en est heureux.
« C’est Motch qui m’a relancé. Je ne me
sentais pas de repartir dans ce type de
projet aussi rock’n’roll mais, bon,
c’était Motch. Avec lui, il y a toujours
eu un lien particulier, alors j’ai dit :
« Allez, envoie ». Il m’a passé la quinzaine d’instrumentaux qu’il avait enregistrés dans son coin. Chez moi, j’ai joué
le jeu, j’ai pris mon micro, lancé les
morceaux et il s’est passé un truc incroyable : les textes sont venus tout
seuls, comme ça, couplets, refrains, variations, tout ! » De son côté, Motch savoure, lui qui a vu tous ces précédents
projets de groupe péricliter trop tôt,
trop mal, fichu facteur humain... Rien ne
vaut le pouvoir des atomes dès lors
qu’ils sont crochus. « J’avais vraiment
envie de remonter quelque chose avec
Spi mais je n’imaginais pas qu’il allait
accrocher autant, vu qu’il avait un peu
laissé tomber le rock mais il a démarré
au quart de tour. Cool ! »
■ Le tome II de “Fraternity“,
aux éditions Dargaud.
fera le reste et seul un enfant
et l’étrange géant mi-animal
mi-humain sauront préserver
une certaine forme de paix
pour le futur. Munuera a désormais un dessin d’une belle ampleur, bourré de vie, enlevé,
très ample. Fraternity lui doit
son émotion.
J.-L. T.
◗ Dédicace librairie Azimuts,
13 rue Saint-Guilhem,
demain, dès 15 h.
ARTS D’ÉCHOS
Conscients de l’attente
French american
Hallowen party
Lundi 31 octobre, jour
d’Hallowen, le French
american center hante sa
maison pour les enfants.
Rendez-vous dès 18 h 30,
au 4 rue Saint-Louis.
Concours de déguisements.
04 67 92 30 66.
Treize-Vents
Pour Le Refuge
Grande soirée de soutien
au profit de l’association
nationale Le Refuge, ce soir,
à 20 h 30, au théâtre des
Treize-Vents, domaine de
Grammont. À l’affiche : la
pièce de Régis de Martrin
Donos, Le garçon sort de
l’ombre. Mise en scène :
Jean-Marie Besset, avec
Annick Le Goff, Thomas
Bedecarrats, Sophie
Lequenne, Stefan Delon.
20 €. 06 65 19 88 17.
Galerie Saint-Ravy
En 1991, OTH, le plus sauvage, le plus
vrai groupe de Montpellier, mettait fin à
son aventure rock’n’roll. En 2011, grâce
à la naissance de Salut les Anges, le nouveau groupe de leur ancien chanteur,
Spi, et guitariste, Motch, les OTH sont libérés. Il n’empêche, les chiens en rut ont
flairé l’embrun et rêvent le ressac. Passion et subversion, insoumission obligatoire et tant qu’on a que la haine, bref
sur les cendres carboniques l’envie de
souffler encore. « Bien sûr, j’ai
conscience de l’attente que suscitent nos
noms côte à côte. Je sais que les gens
vont vouloir du OTH », reconnaît Spi. Il
a trouvé la méthode : « Pas le choix, il
faut la jouer bélier lancé à 120 km/h,
tout envoyer à la niaque, et battre de vitesse l’attente ! » Face à la pression,
Motch, toujours d’un laconisme spectaculaire, se contente d’un : « J’adore les
challenges ». Et bien sûr d’un sourire
aussi doux et prolongé que ses solos de
guitare Gibson sont brutaux et cinglants ! Il est, lui aussi, aux anges.
Au sein du nouveau quintette (monté et
soudé par Motch, qui avait décidément
tout prévu !), il n’est question que de cela : du plaisir de jouer ; ce qui, dans le
Expo sur
Figuerolles
Jusqu’au 6 novembre, la
galerie Saint-Ravy accueille
l’exposition Figuerolles,
un quartier de Montpellier,
préalable à la sortie du livre
éponyme de Thierry Arcaix
à paraître le 23 novembre
et consacré à l’histoire du
quartier. Entrée libre, ouvert
du mardi au dimanche de
10 h à 13 h et de 14 h à 18 h.
Place Rondelet
Sémilla sème
Terrain d’aventure urbaine, la
place Rondelet est laboratoire
de l’association Sémilla qui,
après avoir délimité et fleuri
cette zone expérimentale,
lance une opération de
micro-ensemencement.
Rendez-vous demain, à 14 h
(semilla-france.com).
■ Spi et Motch avec leurs amis Greg (guitare), Vince (basse) et Calou (batterie).
cas présent, doit être compris “l’extase
d’envoyer tout à fond”. « Je redécouvre
le plaisir absolu que, chanteur, tu ressens quand tu as quatre fous furieux
qui poussent derrière, confirme Spi. Je
me sens transcendé et l’énergie que je
trouve en moi, à 55 ans, m’étonne sincèrement. C’est un phénomène étrange,
presque mystique. » Et l’ancien OTH, ancien Naufragés et toujours de la Gaudriole d’avouer que Salut les Anges est sans
doute ce qu’il a fait de mieux, « en termes d’inspiration pure ». D’ailleurs,
outre les douze déflagrations d’énergie
pure captées sur le premier album (lire
ci-contre), dix autres morceaux sont déjà prêts. Dit autrement par Spi : « Salut
les Anges n’est pas une récréation, c’est
du solide, c’est un vrai projet ! » Une assurance qui doit donner une sacrée pêche à Motch et, à Montpellier, sans doute n’est-il pas le seul...
JÉRÉMY BERNÈDE
[email protected]
DAVID CRESPIN
Un disque, un live
Publié sur le label Be fast (de l’asso
Tout à fond), l’album homonyme de
Salut les Anges est une bombe, déjà
visuelle grâce à la pochette signée
Benito. Glissée dans un
mange-disques, la galette souffle par
sa puissance sonique. Style, son,
mix, master, diable, c’est l’Amérique !
Du heavy rock tout en riffs chauffés
à blanc, double attaque de guitares,
section d’assaut rythmique, la formule
perdue par Aerosmith a été retrouvée
du côté du Clapas. Et puis ce chant,
ces textes... Spi a aiguisé sa plume
sur la meule de la maturité sans pour
autant cesser de la tremper dans
l’acide subversif. Bref, une claque
obligatoire, à prendre et à écouter live
dès ce soir, 20 h, à Victoire 2.
Entrée : 18 € avec le CD, 28 € en
version vinyle + CD. 09 50 23 37 81.
Des vampires latins pour une nuit cinéphile
Cinemed l Le Montpelliérain Thierry Lopez, d’Artus, décrypte la Nuit en enfer.
1
Les vampires
(1962)
« Le premier film qui a officiellement lancé le genre gothique en Italie ; genre consacré quatre ans plus tard avec
Le masque du démon, de Mario Bava. Ce dernier, en plus
de signer une photographie
remarquable sur ce film réalisé par Riccardo Freda, s’est
également occupé de quelques
scènes à effets spéciaux, dont
l’étonnante transformation à
vue de Gianna Maria Canale.
Tout simplement un chefd'œuvre. »
2
Le massacre des
vampires (1957)
« Dans le courant gothique,
les Italiens, toujours très prolifiques, ont exploré le film de
vampires comme sous-genre.
Dans cette œuvre de Roberto
Mauri, on retrouve Walter
Brandi, le “ Christopher Lee
italien”, un peu avant Des
filles pour un vampire. On a
souvent fait appel à lui pour
incarner un vampire aristocrate. À noter que la version
française est l’une des pires
qui ait jamais été conçue. Et
pour cause : faute de moyens,
le distributeur français de
l’époque l’aurait lui-même
doublé tout seul, dans sa cave,
le
temps
d’un
week-end… »
3
La comtesse aux
seins nus (1973)
« Un mélange réussi de gothique vampirique et d’érotisme
sadien, inspiré très librement de Sheridan Le Fanu.
Ce film a été tourné, comme
seul Franco savait le faire, en
même temps que Les nuits
brûlantes de Linda. Il y a eu
des tas de versions différentes à travers le monde, allant
du soft porn au hard, et il a
porté de nombreux titres (La
comtesse noire, Les avaleu-
ses, etc.). L’un de mes Franco
préférés ! »
4
Baron vampire
(1971)
« Un Mario Bava qui me laisse plutôt circonspect. Il signe
un film gothique à une époque tardive, alors que le genre
est déjà mort et l’horreur devenue plus moderne. Bava sait
malgré tout faire surgir la
peur, au milieu de ces salles
de torture, et sa photographie
est comme d’habitude splendide. Joseph Cotten a toujours
autant de prestance, et c’est
un réel plaisir que de retrouver l’adorable Elke Sommer. »
5
Le frisson des
vampires (1971)
« Tout l’univers érotique et
poétique de Jean Rollin est
ici en place, et l’ombre de Gaston Leroux et des écrivains
populaires n’est jamais très
loin. J’ai eu beaucoup de pei-
ne le jour où Jean-Pierre Bouyxou m’a appris sa mort. J’espère que l’on reconnaîtra enfin son œuvre à sa juste valeur, et que ce poète sera culte
chez lui (chez nous donc)
comme il l’est dans les pays
anglo-saxons depuis déjà fort
longtemps. »
Recueilli par Jérémy BERNÈDE
[email protected]
◗ Une nuit en enfer : ce soir,
à partir de 20h. Centre Rabelais,
sur l’Esplanade. Tarif : 15 €.
04 67 13 73 73.
■ “La comtesse aux seins nus”, parmi la programmation de la nuit.
Les perles du fantastique chez Artus films
Depuis 2005, Thierry Lopez
édite en DVD (avec son ami
Kevin Boissezon) des perles
du cinéma fantastique
ou du bis, européennes
et américaines. Avec une
bonne trentaine de titres
à son catalogue (tous inédits,
dont de purs chefs-d’œuvre,
et des musts du Cinemed
infernal !), Artus films fait
désormais référence en
France. Ses dernières
parutions sont ainsi toutes
indispensables : Bela Lugosi,
immortel (coffret de 4 films
de l’acteur mythique ainsi
qu’un documentaire),
Destination Mars (autre
coffret de quatre métrages
fous des années 50 autour
de la planète rouge) et, enfin,
Les dinosaures attaquent
(quatre vieux films bien plus
rigolos que Jurassic park !).
Films disponibles chez
www.artusfilms.com.