Article Le Républicain

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Article Le Républicain
Marmande
VENTE.
LE RÉPUBLICAIN
JEUDI 24 MARS 2016
www.lerepublicain.net
16
Le camion, une institution
Régulièrement, un gigantesque camion s’installe sur le parking de la Filhole : ce magasin ambulant
est une tradition qui se perd dans les villes, perdure à la campagne. Immersion.
A l’heure où tout s’achète sur
internet, en pleine croissance des
grandes surfaces de bricolage
et de jardinage (deux des activités préférées des Français), il
est un commerce qui existe
encore dans nos petites villes et
villages, presque le reflet d’un
autre temps : le fameux camion
qui, une fois tous les deux mois
environ, s’installe sur la place.
22m de long
A Marmande, le camion
d’Outillage de St-Etienne se
pose sur le parking de la Filhole
et nous avons pu constater
qu’il a encore sa clientèle. On
y trouve de tout, ou presque. Il
y a même des vêtements, pour
les messieurs et les dames (ah,
le lot de 9 soutiens-gorge extraconfortables !). 1.500 articles
référencés dans ce camion qui,
avec sa remorque, est long de
22m ! Et à son bord, un conducteur-vendeur-conseiller, qui parcourt les routes entre l’Ile de Ré
et Cahors. Fabien Violleau nous
a gentiment ouvert les portes de
son immense camion, entre deux
clients qui, sans se bousculer ce
matin-là - pluie oblige - sont
venus dans un flot régulier chercher l’« outil » qu’il leur fallait.
Ça commence généralement
par le petit catalogue que l’on
reçoit dans la boîte aux lettres.
On n’a besoin de rien, mais on
regarde quand même, au cas où,
surtout que les prix sont plutôt
attractifs… Et puis, quelquefois,
les commentaires valent le détour, il faut bien l’avouer.
Mais si l’on compte bricoler
ou jardiner, peut-être le petit
trésor se trouvera-t-il dans ce
fameux catalogue… Et surtout,
dans le camion, dont la venue
est annoncée sur la première
page. Vendredi dernier, direction, donc, la Filhole, où le camion Shopix (la marque sur le
net et des magasins)/Outillage
de St-Etienne allait passer la
journée. « Ah oui, le camion,
c’est une institution ! » reconnaît Fabien Violleau, le vendeur.
« Nous allons toujours dans
les villages, un peu moins
dans les grandes villes, car la
concurrence des magasins de
brico ou des grandes surfaces
est trop forte. Mais à la campagne, on apporte le service,
avec le conseil ».
Un certain âge
Car la clientèle du camion
est constituée en grande par-
Fabien Violleau accueille et sert les clients, depuis son camion
d’Outillage de St-Etienne.
tie de seniors, « des retraités,
jusqu’à 90 ans. Ces personnes
ont toujours connu le camion,
et on prend le temps de les
conseiller, de les écouter ». De
papoter aussi un peu, parfois.
« Quand on donne le produit,
on explique comment il fonctionne. C’est aussi comme ça
que l’on crée une certaine
confiance ».
Avouons aussi que cette
clientèle senior est souvent
plutôt exigeante : « Ah, il est
certain que si on a annoncé
l’arrivée du camion à 8h30,
il vaut mieux être ouvert à
8h15 ! Des fois, c’est un peu
la foire d’empoigne, ils ont
Lot-et-Garonne
OCcitana
quinzena
26 mars - 10 avril 2016
sans doute peur de manquer ! Dans ce cas-là, il faut
savoir être à la fois correct et
directif. Mais dans certains
villages, le camion est aussi
le seul commerce, et quand
j’arrive, c’est un peu comme
si j’installais un chapiteau de
cirque, c’est un petit événement ! ».
De tout, dans tous
les styles
Le camion, justement. De la
bâche au tuyau d’arrosage en
passant par les nombreux escabeaux, les piles électriques ou
encore les torchons, sans oublier
le séchoir ou l’étagère, il contient
des centaines et des centaines
d’articles. « Et pour chacun, il
faut parfois plusieurs tailles
et/ou plusieurs couleurs. Mais
si nous n’avons pas l’article
voulu dans le camion, on l’envoie à la personne, au même
prix, sans frais de port, pour
qu’elle ne soit pas venue au
camion pour rien. ». Ici, on
peut aussi arriver avec le bon
de préparation de commande,
en fin de catalogue. Un bon rempli… ou pas ! « C’est comme
le catalogue de jouets pour
Noël : certains arrachent les
pages, d’autres entourent les
produits ».
A l’intérieur du camion, tout
est dans l’ordinateur, mais Fabien
connaît aussi l’emplacement de
presque tous les produits. C’est
aussi cela, « avoir le sens du
commerce d’autrefois », la
marque de fabrique chère à
cette société pas si ancienne que
ça en fait… Elle possède sept
magasins en France, mais aucun
par chez nous : ici, à Marmande
mais aussi Ste-Bazeille, Bouglon,
Casteljaloux…, on connaît le
camion. Il repassera dans deux
mois, toujours conduit par Fabien Violleau.
Marie-Pierre Caris
Jacky, client occasionnel
Jacky est agriculteur à Cocumont. Vendredi matin, il est venu
à Marmande, sur le parking de la Filhole, pour acheter une
lance en aluminium, «que je ne trouve pas ailleurs à ce
prix, 39,99€, et dans cette matière. Oui, c’est meilleur
marché, et des fois, on trouve des choses uniquement
au camion. Mais vous savez, cela faisait un bout de
temps que je n’étais pas venu; c’est mon frère qui m’a
demandé de le faire aujourd’hui!». Quand il reçoit le
catalogue, «je compare quand même, y compris avec les
concurrents d’Outillage de St-Etienne. Parfois, la qualité n’est pas vraiment là, mais bon, on le sait!».
bals & concerts
balades
conférences
projections
ateliers artistiques
22m de long…
→→360 jours par an
Un camion « tourne »
360 jours par an, avec une
pause en fin d’année. Deux
chauffeurs-vendeurs se
relaient sur un camion pour
assurer les tournées, du samedi au dimanche, sachant
que le camion est ravitaillé
le mardi par un… autre
camion qui arrive de SaintEtienne. La société, créée
en 1980 et rachetée en
1994 par la famille Faure,
compte une vingtaine
de camions dans toute
la France (sauf en région
parisienne), 16 sont régulièrement sur les routes.
Outillage de St-Etienne
(présent sur internet sous le
nom de Shopix) sort 4 à 6
catalogues par an.
→→Un métier à part
Il faut être vendeur, certes,
mais aussi conseiller, bon
en bricolage et dépannage, mais aussi chauffeur de poids lourd pour
pouvoir s’occuper de ce
mastodonte et l’amener
sur les places et placettes
de France. « C’est un
mix entre le marché et
le commerce, explique
Fabien Violleau. Oui, c’est
un métier un peu rude,
parce qu’il ne faut jamais
quitter le camion ». Pas
question en effet de laisser
l’engin et sa marchandise
seuls, alors, il faut souvent
se débrouiller. Heureusement, côté planning, tout
est organisé depuis la maison-mère : « Les tournées
sont élaborées six mois
à l’avance. Pour pouvoir
installer le camion, il
nous faut l’accord de la
mairie, bien sûr, avec un
droit de vente. Généralement, on essaie d’être sur
le marché d’une grosse
commune le matin et,
l’après-midi, souvent, on
fait deux villages. On se
déplace en faisant un
saut de puce ». Du vrai
service.
→→Le prix
LO LONG DE L'AIGA...
AU FIL DE L'EAU...
EOE-IEO 47 - Escòla occitana d’estiu - Coordinateur de la Quinzena occitana
Tél. : 05 53 41 32 43 - [email protected]
Programme détaillé sur www.lotetgaronne.fr
Les clients ne rentrent pas dans le camion: ils s’adressent à
Fabien Violleau qui va chercher dans ces véritables rayonnages
aux 1.500 références le produit de leur choix.
Avec ce commerce à ciel
ouvert, plusieurs critères
entrent en ligne de compte
pour la réussite ou l’échec
de la journée : la météo,
bien sûr, « mais aussi les
impôts, le jour, le mois,
les fêtes… Si le produit
est passé sur une chaîne
de télé-achat, on est
sûr qu’il va marcher!
Toutefois, depuis un an
et demi, le problème
récurrent, c’est le prix :
on voit quand même que
les gens font de plus en
plus attention ».

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