I La logistique humanitaire

Transcription

I La logistique humanitaire
SAETTI Aurélie
Expression Communication
CAUËT Olivia
Formation Continue
LA LOGISTIQUE HUMANITAIRE :
BESOINS, ENJEUX, MOYENS,
CADRE REGLEMENTAIRE,
ETUDE DE CAS
Année 2008/2009
Résumé
Les crises humanitaires sont définies par le dénuement de population entière. Issues
de catastrophes naturelles ou de conflits armés, elles nécessitent bien souvent l’aide
internationale. Celle-ci peut être sollicitée par les gouvernements des pays touchés où, en cas
d’ingérence, imposée par la communauté internationale.
Lorsque les ONG arrivent sur place, elles doivent agir immédiatement car ce sont des
vies humaines qui sont en jeu. Pour ce faire, elles se référent à un mode de fonctionnement
logistique déjà bien rodé grâce aux missions précédentes. Elles acquièrent des marchandises
nécessaires sur place ou font importer, grâce aux fonds débloqués par certains Etats, aux dons
d’entreprises ou de particuliers. Les différentes étapes de la chaîne logistique sont alors les
mêmes que dans l’industrie : achat, transport, stockage, distribution.
Mais le contexte de la logistique humanitaire entraîne des contraintes particulières
auxquelles les ONG doivent répondre chaque jour. La logistique humanitaire a ceci de
particulier qu’elle est une logistique d’urgence.
1
Sommaire
Résumé ...................................................................................................................................... 1
Sommaire .................................................................................................................................. 2
Introduction .............................................................................................................................. 3
I. La logistique humanitaire .................................................................................................... 4
1. Définition : ......................................................................................................................... 4
2. Cadre réglementaire .......................................................................................................... 7
II. Fonctionnement ................................................................................................................... 9
1.
Ressources...................................................................................................................... 9
2.
Acheminement .............................................................................................................. 10
III. Logistique humanitaire : la logistique de l’urgence ..................................................... 14
1.
Contraintes ................................................................................................................... 14
2.
Solutions ....................................................................................................................... 16
Cas pratique............................................................................................................................ 19
Conclusion............................................................................................................................... 21
Annexes ................................................................................................................................... 22
Annexe 1 :............................................................................................................................ 22
Annexe 2 :............................................................................................................................ 23
Bibliographie........................................................................................................................... 26
2
Introduction
Depuis toujours, les catastrophes qu’elles soient d’ordre naturelle, militaire ou
sanitaire,
touchent des populations entières dans le monde, de manière hasardeuse et non
prévisible. Ces populations se trouvant démunies n’ont pas les ressources nécessaires pour
faire face à ces situations et sont dans l’obligation d’avoir recours à l’aide internationale. Les
interventions humanitaires se pratiquent dans des situations très perturbées et conflictuelles et
reposent sur deux piliers fondamentaux : la protection et l'assistance. Dans des situations aussi
chaotiques, il est primordial que les missions puissent se référer à certaines normes afin de
pouvoir coordonner au mieux l’arriver de l’aide sur place et sa distribution équitable aux
victimes. En effet, les ONG jouent un rôle de protection envers les populations locales en leur
permettant de résister et de faire respecter les Droits de l’Homme dans leur pays. Mais elles
jouent aussi un rôle d’assistance.
L’enjeu de la logistique humanitaire est le sauvetage de vies qui ne possèdent plus rien
du jour au lendemain. Cette logistique d’urgence se base sur les fondements de la logistique
industrielle. En revanche, de par la différence de ses enjeux et de ses contraintes, cette
logistique a un mode de fonctionnement qui lui appartient.
Ainsi, nous expliquerons dans une première partie ce qu’est la logistique humanitaire
en définissant l’ensemble des termes nécessaires à la compréhension du sujet, puis nous
étudierons le cadre règlementaire spécifique de l’humanitaire. Dans un second temps, nous
verrons le fonctionnement propre à la logistique humanitaire, en terme de ressources mais
également en terme d’acheminement de l’aide. Enfin, dans une troisième partie nous
analyserons les contraintes de la logistique humanitaire en tant que logistique de l’urgence
puis nous nous intéresserons aux propositions qui existent pour répondre à ces contraintes.
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I. La logistique humanitaire
1. Définition :
Qu’est ce que l’humanitaire ?
Selon le Larousse, l’humanitaire est « ce qui se préoccupe du bien de l’humanité, qui
vise à améliorer son sort ».
En ce sens, l’humanitaire est né avec la charité chrétienne. Mais l’acte fondateur de
l’humanitaire moderne est la création de la Croix Rouge en 1963. En effet, c’est dans un
contexte historique particulièrement meurtrier qu’Henry Dunant, suite à la bataille de
Solferino, décide d’organiser des secours et entreprend de soigner les blessés sans distinction
de nationalité. Il témoigne de son action dans un ouvrage intitulé Souvenir de Solferino dont
s’inspire la Communauté Européenne pour bâtir le 22 août 1864 la première Convention de
Genève, qui servira de fondement du Droit International Humanitaire. Ce texte pose ainsi les
principes de ce que deviendra la Croix Rouge
Dans les années 1900, se créent sur ce modèle, de nombreuses associations
humanitaires partout dans le monde, principalement d’inspiration religieuse. Ces associations
ont pour but principal de venir en aide aux nombreuses victimes que font les deux guerres
mondiales.
L’année 1945 et la création de l’ONU (dont le but est de maintenir la paix à la surface du
monde) sont un tournant majeur pour l’aide humanitaire internationale. Ainsi en découle en
1947 la création de l’UNICEF et en 1951 celle de HCR (Haut Commissariat des Nations Unis
pour les Réfugiés).
Le mouvement humanitaire moderne est né en 1968 avec la guerre du Biafra, l’un des
conflits les plus sanglants de l’après Seconde Guerre mondiale. Des voix de médecins
s’élevèrent alors pour dénoncer la situation, alerter l’opinion publique et instituer la loi du
tapage médiatique, opposant au devoir de réserve de la Croix-Rouge un devoir de parole.
Médecins Sans Frontières fut créé en 1971.
En 1960, pendant le conflit du Biafra, de nombreux médecins français décident de
briser le principe solidement ancré de la Croix Rouge qui consiste à garder silence et
neutralité sur leurs missions. Ainsi né le mouvement des « french doctors », qui fondent en
1971 Médecins Sans Frontières.
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Le projet du mouvement des sans frontières est de rendre l'aide humanitaire
indépendante des Etats en s'appuyant sur l'opinion publique prise à témoin ; d'où l'importance
accordée à la médiatisation de ses interventions. L'Humanitaire s'installe alors durablement
dans le tiers-monde et s'inscrit dans une perspective Nord-Sud.
Contrairement à l’aide au développement, l’humanitaire ne vise pas à construire,
reconstruire ou encadrer le destin de groupes de population dans la durée mais à intervenir en
urgence, pour la survie des populations. Depuis le début des années 1970, avec l’arrivée de
nouveaux foyers de violence et l’arrivée de nombreuses "guerres internes" (Angola,
Cambodge, Afghanistan...), les associations humanitaires se développent.
Qu’est ce qu’une ONG ?
Une ONG est une Organisation Non Gouvernementale. Cette expression a été utilisée
dès 1946 par l’ONU pour distinguer les structures issues de la société civile par opposition
aux Etats. Suite au massacre de la première moitié du XX° siècle et à l’émergence des Droits
de l’Homme, apparaissent les ONG. Dans un premier temps, elles ont un rôle urgentiste, puis
sur un modèle de mission de santé et d’éducation elles donnent naissance aux premières ONG
de développement.
Selon Philippe Ryfman, directeur du DESS développement à la Sorbonne, 5 éléments
les caractérisent :
-
La notion d’association
-
La position non étatique
-
La volonté de s’inscrire dans une « démocratie » participative
-
La solidarité
-
Le caractère transnational de leurs actions
Elles couvrent tous les secteurs de la vie économique et sociale : éducation, science,
culture, art, environnement, aide et protection sociale, habitat, santé, loisirs, agriculture,
emploi, action syndicale, religion, etc. Leur action peut avoir lieu à échelle locale, régionale,
nationale, internationale…Elles sont de taille et de budget variables.
Ces ONG sont également connues sous le terme ASI, Associations de Solidarité
Internationale.
A partir de 1960, les ONG luttent pour le droit et le devoir d’ingérence humanitaire
internationale. L’ingérence humanitaire est la situation dans laquelle les secours donnés aux
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victimes par les ONG internationales médicales le sont sans l’autorisation des autorités
légitimes, et donc en violation des souverainetés nationales.
Qu’est ce que la logistique ?
La logistique a comme racine grecque logisteuo signifiant avant tout « administrer ».
A l’origine, c’est un terme militaire qui signifie « ensemble des activités menées en soutien
des armées permettant de vivre, de se déplacer, et d’assurer les évacuations et le traitement
médical des combattants ».
L’institution militaire a utilisé ce terme pour définir l’activité qui réussit à combiner
deux facteurs nécessaires dans la gestion de flux : l’espace et le temps. La logistique a donc
été un sujet de réflexion intensif pour les grands chefs militaires. C’est avec la Seconde guerre
mondiale que la logistique va trouver sa consécration dans l’art de la guerre en Occident. En
effet le débarquement des alliés en Normandie a été un problème logistique formidable qui a
consisté à débarquer 150 000 hommes sur des plages appuyés par 14 000 hommes acheminés
par avions et planeurs en quelques heures. Ce sont des logisticiens démobilisés qui vont
devenir les premiers acteurs de la logistique d’entreprise. Cette dernière apparaît tardivement
dans l’organisation économique des entreprises. Elle est utilisée comme outil d’optimisation
de leurs coûts et de leurs délais.
Par extension, la logistique est un terme économique qui signifie « ensemble des
activités permettant de gérer les flux physiques et d’information aux moindres coûts et en
respectant des conditions de délais et de qualité ; la logistique comprend les manutentions, les
gestions
des
stocks,
l’entreposage,
les
transports,
les
conditionnement,
les
approvisionnements, les techniques du commerce international… »
L’Association Française pour la Logistique (ASLOG) définit la logistique comme
étant « l’art et la manière de mettre à disposition un produit donné au bon moment, au bon
endroit, au moindre coût et avec la meilleure qualité ».
Qu’est ce que la « Supply Chain » ?
La « Supply Chain » se définit comme la gestion globale de la chaîne logistique allant
du fournisseur du fournisseur au client du client. C’est donc une gestion qui cherche à
anticiper l’ensemble des flux physiques de l’entreprise en partant de la demande (élaboration
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de la meilleure prévision possible de vente), en essayant d’envisager tout ce qui va se produire
pour élaborer cette demande.
Qu’est ce que la logistique humanitaire ?
La logistique humanitaire consiste à mettre en place une action qui vise à
l’amélioration de la situation d’un groupe de personnes se trouvant provisoirement ou
durablement dans une situation soit d’urgence, soit qui ne lui permet pas de subvenir aux
besoins de premières nécessités tels que le logement, une hygiène correcte, l’alimentation,
l’accès à la santé et aux soins, l’accès à l’eau potable… Ces personnes ont donc besoin d’une
aide extérieure.
Qu’est ce qu’un logisticien humanitaire ?
C’est sur le logisticien que repose toute l’intendance et l’organisation logistique et
matérielle de la mission ou du programme.
Il supervise notamment les transports de personnes, de vivres, de médicaments et
d’équipements. Concrètement, le logisticien gère les équipements techniques de la mission
(parc de véhicules, maintenance de matériel, télécommunications, entrepôts…), ainsi que la
chaîne des approvisionnements (achats de denrées, transport, stockage, et distribution de
l'aide). Il doit par ailleurs assurer l'encadrement et la formation des équipes logistiques, la
mise en œuvre du plan de sécurité et la gestion du budget, la négociation des contrats locaux
avec des entreprises, les relations avec les autorités locales. Mais ces attributions varient
beaucoup en fonction de la taille et de la nature de ses missions.
2. Cadre réglementaire
Selon le projet de Convention de l’Institut de Droit international de 1950, « les
associations internationales….sont des groupements de personnes ou de collectivités,
librement créés par l’initiative privée, qui exercent, sans esprit de lucre, une activité
internationale d’intérêt général, en dehors de toute préoccupation d’ordre exclusivement
national ».
Le Conseil de l’Europe, créé le 5 mai 1949 a pour objectif de favoriser en Europe un
espace démocratique et juridique commun, organisé autour de la Convention européenne des
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Droits de l’homme et d’autres textes de référence sur la protection de l’individu. Ce dernier
est plus précis.
Les associations, fondations ou autres institutions privées doivent remplir les
conditions suivantes :
-
avoir un but non lucratif d’utilité internationale
-
avoir été créées par un acte relevant du droit interne d’une Partie
-
Exercer une activité effective dans au moins deux Etats
-
Avoir leur siège statutaire sur le territoire d’une Partie et leur réel sur le territoire
de cette Partie ou d’une autre Partie.
La résolution 43-131 votée le 8 décembre 1988 par l’Assemblée générale de l’ONU,
réaffirmée par la résolution 62-92 du 1er février 2008 souligne le principe selon lequel, lors
d’une catastrophe naturelle, c’est à l’Etat sinistré qu’incombe la responsabilité d’organiser, de
coordonner et d’exécuter les activités d’aide humanitaire ; s’il peut recevoir des secours en
provenance d’autres Etats, rien ne l’oblige à accueillir les secouristes étrangers.
Dans une autre de ses résolutions (1674 du 28 avril 2008), le Conseil de sécurité des
Nations Unis accepta le principe d’une « responsabilité de protéger » les populations en cas de
génocide, de crime contre l’humanité ou de crime de guerre. Pour être applicable, cette
résolution doit recueillir l’accord du Conseil de sécurité.
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II. Fonctionnement
1. Ressources
Mécénat : Ces dernières années en France, on a vu se développer une forte volonté de
la part des entreprises de s’engager dans les causes humanitaires. Elles le font sous forme de
mécénat, souvent à l’aide de fondations, en faisant pour la majorité des dons en nature. Les
entreprises apportent leur soutien sans chercher de contrepartie directe, en effet, cela leur sert
d’outil de communication en les valorisant auprès de l’opinion publique.
C’est le cas de la Fondation Internationale Carrefour, indépendante du groupe de grande
distribution, qui s’investit auprès des victimes de catastrophes et qui finance de projets
d’insertion gérés par des associations locales à travers le monde.
Les fondations deviennent alors une source majeure de collecte de dons physiques, rapide et
organisée.
Dons : Les dons peuvent provenir d’organisations, d’entreprises privées ou de
personnes. Ceux-ci peuvent être récoltés tout au long de l’année sous forme de dons spontanés
ou au moment de catastrophes grâce à des appels aux dons de la part des organisations. Dans
ce cas elles doivent identifier au préalable les besoins nécessaires afin d’orienter les donateurs
et éviter d’avoir à gérer des dons « inutiles ». En effet, les dons non utilisables posent un
problème de stockage et mobilisent une main d’œuvre qui pourrait être mise à profit pour des
tâches plus urgentes.
Importation : Pour palier à l’indisponibilité de matériel sur le marché local, les ONG
ont souvent recours à l’importation, afin d’avoir à disposition les ressources nécessaires pour
répondre aux besoins. Là aussi il est nécessaire que les équipes sur place fassent une analyse
des besoins au préalable. Néanmoins, certaines ressources constituent des besoins de base et
sont nécessaires lors de chaque intervention : alimentation, hébergement, eau, santé,
assainissement… Pour évaluer les besoins les ressources nécessaires, les équipes sur place
peuvent faire appel aux autorités locales, aux contacts locaux (ONG, dirigeants communaux),
à d’autres organisations nationales et internationales déjà présentes, aux agences des Nations
Unies, et à la presse.
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Achat local: Lorsque c’est possible, les ONG s’approvisionnent directement sur place.
Cela leur évite des frais considérables de stockage, de manutention et d’affrètement. Il faut
pour cela que les marchandises soient disponibles en quantité suffisante sur place, mais aussi
que la qualité apportée soit égale à celle des produits proposés par les pays du Nord. De plus,
il faut tenir compte de l’effet que l’achat local peut produire sur l’économie des pays en
question. Car si cela favorise la production et entraîne un emploi massif des populations, ça
peut aussi vider certaines régions de leurs ressources et priver les habitants de ce produit.
2. Acheminement
Transport : Par la définition même de « crise », l’arrivée sur place du matériel doit
être assurée de manière extrêmement rapide. Le choix du type de transport dépend d’une série
de paramètres tels que les besoins et les possibilités. Ils peuvent être :
-
Aérien : c’est le moyen de transport le plus rapide, le plus sûr mais également le
plus coûteux. Néanmoins cela nécessite de prendre en compte de nombreuses
conditions à respecter pour l’atterrissage et le décollage (par exemple la
disponibilité de vastes espaces). Mais il faut également penser à la possibilité du
réapprovisionnement de combustible afin de faire repartir les avions.
-
Routier : Ce moyen de transport permet de transporter de grandes capacités de
marchandises de manière économique et de travailler en flux tendu. Mais là aussi,
des infrastructures sont nécessaires et pas toujours présentes dans les régions
concernées.
-
Ferroviaire : Ce moyen de transport permet de transporter de grandes capacités et
de gros tonnages. Il nécessite la présence sur place de lignes de chemin de fer en
bon état. C’est un moyen de transport peu coûteux.
-
Maritime : Les bateaux ont une grande capacité de transport, ce qui en fait le
moyen de transport le plus économique. En revanche, une infrastructure portuaire
est nécessaire et les délais de livraisons ainsi que les formalités de douanes peuvent
être très longs. Parfois ce moyen de transport est utilisé pour désengorgés les
moyens de transports cités précédemment.
Toutefois, il est nécessaire d’effectuer une rapide vérification du site accueillant la
marchandise afin de déceler toutes situations pouvant affecter l’arrivée de l’assistance.
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Par exemple, en Indonésie, pour la gestion du tsunami le 26 décembre 2004 autour de
Banda Aceh, certaines ONG ont utilisé des images satellites pour administrer la logistique des
premiers secours, ce qui a permis de mieux évaluer l’état d’accessibilité des différentes zones.
Le stockage : Pour gérer au mieux les approvisionnements, il est nécessaire de les
stocker dans des entrepôts qui permettront de protéger les marchandises jusqu’à leur
distribution effective. Il existe 3 types d’entrepôts qui peuvent être regroupés dans un seul et
même entrepôt souvent en raison d’un manque de place :
-
L’entrepôt général d’expédition : c’est un entrepôt où les produits sont stockés
pour une durée indéterminée, ou en attente d’être envoyés sur le terrain, ou dans un
entrepôt secondaire. Ces entrepôts sont généralement situés dans les capitales ou
en des points centraux que l’on appel des barycentres.
-
L’entrepôt de rotation lente : c’est un entrepôt où on stocke les articles non
urgents, en réserve ou très peu consommés, comme les pièces détachées, les
équipements ou les outils.
-
L’entrepôt de rotation rapide : c’est un entrepôt d’expédition où on stocke les
produits d’expéditions quotidiennes ou fréquentes.
Même si dans l’urgence peu de choix s’offrent aux ONG quant au lieu de stockage, il
faut tenir compte :
-
Du type de provisions stockées : Il faut par exemple, des entrepôts frais, secs et
ventilés
pour
les
médicaments
et
les
aliments
et
certains
types
d’approvisionnement ne peuvent pas être mélangés.
-
De la praticité du lieu : Il faut que l’entrepôt soit facilement accessible pour les
transports et il est prudent de prévoir plus de place que nécessaire pour le stockage.
-
Des règles minimums de sécurité : Il faut tenir compte des conditions de sécurité
de l’entrepôt, qu’il soit en bon état et fonctionnel, mais aussi des conditions de
sécurité externes. Pour cela il faut vérifier l’environnement naturel et social
(possibilités d’inondations, de glissements de terrain, base de milices armées à
proximité…)
S’il n’y a pas de structure existante sur place, il est possible d’en créer une
temporairement.
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La distribution : L’objectif principal de l’aide humanitaire est de distribuer l’aide de
manière égalitaire et contrôlée afin d’éviter qu’elle ne tombe entre de mauvaises mains ou
qu’elle ne soit perdue.
En fonction de la situation et de la capacité des ONG à distribuer cette aide, on peut avoir :
-
une distribution directe : cela permet un contrôle directe de l’aide apportée, mais
nécessite une excellente connaissance de l’environnement naturel et social, une
capacité administrative, d’infrastructures et en main d’œuvre. Pour cela, il est
préférable d’avoir des contacts sur place. Un système d’enregistrement et
d’identification des bénéficiaires permet de contrôler que la distribution soit égale
et proportionnelle aux différents besoins.
-
une distribution indirecte : cette méthode est beaucoup plus rapide et facile pour
les ONG, mais elle nécessite de trouver une contrepartie locale qui connaisse
parfaitement le site et sa population, qui soit fiable, neutre, et impartiale en cas de
conflit. En effet ce mode de distribution n’assure pas une visibilité assurée de la
destination de l’aide apportée.
Parfois, l’accès au lieu géographique où se trouvent les populations démunies est
absolument impossible par voie « normale ». C’est souvent le cas lors de catastrophes
naturelles. La distribution des dons nécessite alors l’intervention d’hélicoptères, avec à leur
bord un autochtone pour cibler plus rapidement les zones sinistrées.
L’expédition : La préparation des envois de marchandises est très importante afin
d’éviter la casse et les pertes. Il faut donc être très organisé et méticuleux quant à la
préparation des paquets et suivre des codages spécifiques à chaque ONG. Ces derniers
doivent être numérotés, les coordonnées de l’expéditeur et du destinataire doivent être
apparents. Il est important de tenir compte du voyage et de la manipulation que les paquets
auront à subir. Ainsi le matériel utilisé pour l’empaquetage doit être très résistant et dans la
mesure du possible étanche. Il faut également tenir compte du fait que le chargement et le
déchargement peuvent être fait manuellement. Comme dans le transport industriel, certains
chargements ne doivent pas être mélangés, par exemple les médicaments et les aliments.
La gestion des hommes : La réalité quotidienne des ONG est très précaire. Les
humanitaires travaillent dans l’urgence et avec peu de moyens (ils déchargent les camions
sans chariot élévateur, stockent sans infrastructure, réparent sans garage). La force vive des
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ONG est, la plupart du temps, constituée de salariés mais aussi de nombreux bénévoles. Ceuxci sont formés par les organisations elles-mêmes et prêts à intervenir en situation d’urgence.
Les salariés s’occupent principalement de la gestion, de l’administration et des formations.
Mais des volontaires peuvent les appuyer dans ces missions. La difficulté pour les équipes sur
place est de respecter les codes d’un pays étranger et de s’adapter aux coutumes locales. Les
humanitaires doivent faire preuve de diplomatie à l’égard des populations locales qui ne
comprennent pas toujours l’intrusion d’expatriés dans leur pays.
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III. Logistique humanitaire : la logistique
de l’urgence
1. Contraintes
Comme nous avons pu le voir précédemment, les exigences de la logistique
humanitaire sont identiques à celle de la logistique industrielle : réduction des coûts, garantie
d’une qualité des marchandises et des services, livraison des quantités adéquates au bon
endroit, dans les délais les plus brefs. La différence réside dans l’imprévisibilité et la
dangerosité du contexte. De plus, les délais sont beaucoup plus courts que dans une entreprise
commerciale. La logistique humanitaire se retrouve à la croisée de ces impératifs de coûts et
de délais, qu’elle doit concilier avec les contraintes du terrain de l’action humanitaire.
Contrainte administrative : Chaque étape d’une opération logistique nécessite une
autorisation, ou un accord civil ou militaire. Le risque réside dans les délais d’obtention de ces
autorisations, voire de refus. Les risques encourus sont majeurs : les responsables habilités à
autoriser une opération ou à signer les papiers officiels peuvent être absents physiquement,
certaines fêtes religieuses peuvent immobiliser la fonction publique, le renversement brutal de
gouvernement peut faire changer les règles du jour au lendemain, les contrôles militaires
peuvent être inutilement méticuleux.
Contrainte de sécurité : Que ce soit lors de catastrophes naturelles ou dans un
contexte de conflit armé, les équipes humanitaires en mission sont soumises à de perpétuels
dangers. Il arrive qu’elles soient rapatriées provisoirement ou de manière définitive dans la
capitale du pays en question ou dans leur pays d’origine. Ces rapatriements ont bien entendu
de lourdes conséquences aussi bien sur la gestion de la mission que sur la réputation de
l’organisation ce qui lui est préjudiciable pour la poursuite de ses actions.
Il arrive pourtant chaque année, que des membres locaux ou étrangers de diverses
organisations décèdent sur le terrain. Il est donc nécessaire durant une mission de respecter
des règles strictes de sécurité et d’anticiper les dangers potentiels.
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Contrainte culturelle : La communication dans une zone sinistrée se fait très
rarement dans la langue du pays. L’anglais devient très souvent la langue de liaison. Or si
l’anglais n’est la langue maternelle d’aucune des deux parties, les malentendus et les
différences culturelles sont alors amplifiés.
Contrainte temporelle : Elle représente une contrainte majeure pour les ONG. En
effet, les besoins des victimes sont urgents et la pression de l’opinion publique est forte. Il
faut être vigilent quant à la date de péremption des produits afin d’éviter tout gaspillage. De
plus, un mauvais entreposage, trop de ruptures de charge et un transport inadapté peuvent
dégrader les produits.
Contrainte humaine : Le but ultime de l’humanitaire est de sauver des vies. Toutes
activités mises en place à des fins humanitaires tournent donc autour de cette problématique.
La logistique humanitaire vise donc, non pas à optimiser des bénéfices comme la logistique
industrielle, mais à gagner temps et moyens pour sauver un maximum de victimes. Ainsi, le
retard de livraison d’un supermarché n’engendrera pas les mêmes conséquences qu’un
conteneur de vaccins qui n’est pas livré en temps et en heure dans un dispensaire.
Contrainte politique : La plus forte pression que subissent les humanitaires
aujourd’hui, et quelque soit les missions et leur localisation, est la pression politique. En effet,
comme nous l’avons vu précédemment, sauf en cas d’ingérence, les gouvernements locaux
doivent donner leur accord aux organisations pour qu’elles puissent s’établir dans leur pays.
Entrent alors en jeu les relations des gouvernements recevant l’aide et de ceux auxquels sont
rattachées les associations humanitaires. L’histoire entre alors en compte car les relations
entre pays sont souvent liées à des contentieux antérieurs. La problématique pour les ONG,
surtout en cas de conflits, consiste à apporter leur aide aux populations sans que celle-ci ne
profite aux gouvernements qui les oppriment ou aux troupes rebelles. Les ONG doivent
entretenir de bonnes relations avec les états qui les hébergent, sans laisser le moindre doute
sur d’éventuelles corruptions. Il faut bien savoir où se situent les limites entre le respect
mutuel et la compromission.
Effet pervers de l’envoi de matériel : Faire de l’humanitaire à travers le don est une
pratique extrêmement développée en France. A première vue, cette démarche peut paraître
noble et pleine de bonnes intentions ; pourtant ces réflexes à caractères caritatifs peuvent
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contre toute attente réserver des faces cachées. Les associations humanitaires négligent
souvent l’existence des entreprises locales. En envoyant du matériel déjà fabriqué ou
commercialisé sur place, les associations entravent l’émergence et le développement d’un
marché local et contribuent au chômage local. Il faut donc que les ONG étudient le potentiel
de production du marché local. De plus, cela permet des économies considérables liées à
l’envoi du matériel. Une bonne connaissance de l’économie locale du pays où l’association
souhaite intervenir est donc un préalable indispensable au lancement d’un projet humanitaire.
Il faut ajouter que l’envoi de ces matériels peut contribuer à accentuer « la politique de la
main tendue » des pays du Sud. Ces pays se reposant sur l’aide des pays occidentaux et sur
l’aide internationale créent ainsi une dépendance. L’envoi des dons pourrait alors renforcer le
désengagement des gouvernements du Sud vis-à-vis du bien être et du développement des
populations desquelles ils sont responsables. Les ONG ne sont pas là pour se substituer aux
états du Sud mais pour les accompagner par des projets.
2. Solutions
Les kits : Pour paliers aux contraintes de temps, certaines organisations
internationales ont mis en place des kits. Ils constituent un ensemble de groupes
d’équipements et de matériels de même sorte et ayant la même utilité, tels que les kits
d’hébergement et les kits de traitement, les kits d’installation de dispensaire, les kits de
magasinage et distribution de l’eau, les kits de médicaments et d’équipement médical
essentiels, les kits de génération électriques et les kits de choléra. Ces kits ont fait l’objet de
nombreux tests dans diverses situations d’urgence. Tout l’équipement nécessaire ainsi que
tous les outils sont réunis dans un seul et même colis. En commandant des kits déjà complets,
les équipes gagnent du temps car elles ont tout ce dont elles sont besoins à disposition et déjà
préconçu.
Bureau de Coordination des Affaires Humanitaires (BCAH) : La nécessité d’une
coordination internationale des associations humanitaires, pour une meilleure efficacité et une
meilleure pertinence des moyens déployés en temps de crise, a conduit l’ONU à créer un
Bureau de Coordination des Affaires Humanitaires.
Le BCAH fait partie du Secrétariat de l’Organisation des Nations Unies et a pour
mission de coordonner l’assistance des Nations Unies. La nature à la fois pluridimensionnelle
et complexe des situations humanitaires incite nombre d’acteurs comme les gouvernements,
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les organisations non gouvernementales, les organismes des Nations Unies et les particuliers à
réagir simultanément.
Le BCAH intervient à plusieurs niveaux pour une meilleure coordination de
l’assistance humanitaire :
-
Il surveille et alerte rapidement
-
Il planifie des actions d’urgence en consultant ses partenaires et organise des plans
communs pour un résultat optimal. Il partage les missions de chaque intervenant,
mobilise des moyens en lançant des appels inter organisations et, en suivant
l’évolution des secours, met en place une organisation logistique nécessaire au
stockage des moyens de secours. 
-
Il évalue l’évolution de la situation et des besoins, afin de programmer et
hiérarchiser les actions.
-
Il coordonne les actions sur le terrain. Les coordinateurs de l’aide humanitaire
travaillent en étroite collaboration avec des organismes des Nations Unies ainsi
qu’avec des ONG internationales qui apportent un appui pour que l’action soit
cohérente et rapide.
-
Il mobilise les ressources nécessaires en vue d’une assistance rapide.
Culture de l’urgence : Dans l’humanitaire, une seule et même culture est commune et
partagée de tous : la culture de l’urgence. Mais cette culture doit s’acquérir. Pour cela il
semble important que les organisations mettent en place des plans de gestion de crise afin de
se donner les moyens d’anticiper, de préparer et de réagir sur ces situations.
Ce plan de gestion peut se résumer en six grandes étapes :
-
Constituer une cellule de crise afin de pouvoir piloter sa gestion lors de son
éclatement
-
Identifier des scénarii de référence et y associer des réponses
-
Mettre en place une stratégie de communication afin de contrôler la diffusion
d’informations et de messages
-
Mettre en place un manuel de référence
-
Former le personnel amené à réagir
-
Développer l’entreprise dans une culture de crise afin d’apprendre sereinement le
phénomène
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Cette culture repose sur des éléments comme la disponibilité, l’ouverture d’esprit ou la
capacité de communication. Les qualités humaines sont une potentialité supplémentaire de la
réussite et de l’élaboration d’une culture de l’urgence.
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Cas pratique
L’ORGANISATION DE LA CROIX ROUGE FRANÇAISE
Les moyens humains et matériels de la Croix-Rouge Française sont prêt à partir
immédiatement en cas de d’opération humanitaire d’urgence. Partout dans le monde, les
salariés et les bénévoles de la Fédération Internationale Croix-Rouge (FICR) sont
mobilisables en moins de 48 heures. Le département logistique, intégré au Service de Gestion
des catastrophes et coordination des secours est très compétent. Il emprunte à la logistique
industrielle ses techniques mais est guidé par des intentions très différentes que celles d’une
entreprise. Le statut d’ONG offre des avantages considérables notamment au niveau du
dédouanement. Cependant, la FICR a des contraintes éthiques importantes, comme par
exemple : se fournir dans les pays respectant les Droits de l’Homme et de l’Enfant, assurer la
loyauté de la concurrence chez ses fournisseurs, ne pas s’entourer de logisticiens ou de
fournisseurs qui stockent le matériel avec d’autres produits douteux comme des armes.
Ce service logistique de la Croix-Rouge Française a un service d’achat qui négocie les
produits qu’il achète afin de maximiser l’envoi de matériel dans les zones où la Croix-Rouge
agit. Comme dans beaucoup d’ONG, ces achats représentent une grande part du budget de la
FICR. Certains sont effectués depuis le siège, d’autres par les humanitaires sur place, ce qui
contribue au développement de l’économie locale et réduit les coûts d’expédition et les délais
qu’ils occasionnent.
Lorsqu’une mission se prépare à partir, c’est le Directeur du service logistique qui fait
procéder à une évaluation de la situation par ses services.
Ils évoluent les stocks, les colis sont suivis tout au long de la chaîne d’approvisionnement, de
l’achat à la distribution. La FCRF connaît toujours, en temps réel, l’évolution de ses stocks.
Ils décident des articles qui partiront prioritairement et du mode de transport utilisé. Pour
cela, ils font une évaluation sur les lieux des capacités de transport en vérifiant grâce à des
relais sur place les infrastructures existantes, l’état de routes ou la possibilité de faire atterrir
des avions.
Même en situation d’urgence, les marchandises ne sont distribuées immédiatement. Elle sont
alors stockées dans des entrepôts gérés de la même manière que des entrepôts de sociétés
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commerciales. La différence réside dans le réapprovisionnement qui n’est jamais prévisible
puisqu’il est fonction de sorties qui elles-mêmes, sont fonction de la situation du moment et
des entrées qui proviennent essentiellement de fonds débloqués par les états et de dons
spontanés.
LA CROIX ROUGE FACE AU TSUNAMI DANS LE SUD EST ASIATIQUE
Lors de grandes catastrophes, la Croix-Rouge est sollicitée dès que le gouvernement du pays
touché déclare l’état de catastrophe nationale et lance un appel officiel à l’aide internationale.
Ainsi, la Croix Rouge Française a été appelée lors du tsunami qui a frappé, le 26 décembre
2004, la côte Ouest de l'île indonésienne de Sumatra provoquant une catastrophe humanitaire
sans précédent dans plusieurs pays d’Asie. En quelques heures, tous les services de FIRC
étaient fonctionnels pour répondre au mieux aux besoins des populations.
Le principe de la logistique étant l’envoi de flux physiques répondant aux flux d’information,
la Croix Rouge a dû se tenir informée de la situation heure après heure de l’évolution de la
situation.
Lorsque qu’elle a été alertée, elle a dû faire très rapidement un plan de mobilisation détaillé.
Les services de logistique centraux ont décidés quels produits seraient acheminés vers quelle
destination et dans quel ordre, alors que la FICR a pris les décisions des acquisitions de ces
produits. Ces sont les unités d’urgence mises en place dans les pays concernés qui ont
réceptionné, entreposé et acheminé l’aide.
Sur place, la Croix-Rouge a connu beaucoup de difficultés, notamment pour circuler. En effet,
les voies de communications étant pour la plupart détruites, les équipes ont du trouver des
alternatives aux moyens de transport classiques. Elle ont alors utilisé des hélicoptères et des
barges pour se déplacer sur les eaux qui parcouraient nombre de villes.
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Conclusion
Dans la logistique humanitaire, l’optimisation de la gestion des flux permet le
sauvetage de nombreuses vies. En effet, les techniques d’appel d’offre, l’utilisation de
marché, la mise en concurrence des fournisseurs, l’utilisation de l’outil informatique sont
devenus des pratiques courantes dans les ONG. Nous sommes maintenant loin du logisticien
humanitaire qui part à l’aventure avec son sac à dos et son canif. Aujourd’hui les métiers de
l’humanitaire se sont professionnalisés pour un meilleur rendement de leurs activités. Zéro
défaut, zéro délai, zéro panne, zéro stock, zéro papier sont devenus les principes
indispensables d’une mission réussie.
La logistique humanitaire, logistique de l’adaptation utilise donc les mêmes règles en
matière d’achat, de négociation des coûts ou des transports que la logistique commerciale. Les
ONG s’appuient donc les techniques de la logistique industrielle, tout particulièrement sur
l’utilisation de la Supply Chain, mais les entreprises bénéficient de l’expertise de leurs
homologues de l’humanitaire et développent des outils et des méthodes leur permettant de
faire face plus rapidement aux divers changements à court terme.
La notion de concurrence n’existe pas dans le fonctionnement de la logistique
humanitaire car la mise en commun de savoirs faire et l’entraide sur le terrain sont des
conditions indispensables au bon déroulement d’une mission. Dans cet état d’esprit l’ONU
coordonne les actions des différentes ONG en assurant diplomatie, impartialité et efficacité.
Les organisations internationales doivent mettre au service des populations en détresses toutes
leurs qualités humaines pour œuvrer ensemble vers un objectif commun : aider et soulager la
souffrance de personnes.
La logistique humanitaire aujourd’hui peut alors se définir comme une logistique
humaine qui intègre les concepts les plus évolués. Sa technicité est la même que celle que l’on
connaît dans la logistique industrielle. Mais les logisticiens humanitaires doivent savoir faire
preuve de débrouillardise et d’adaptabilité pour évoluer dans des contextes sans cesse
changeants.
La logistique humanitaire est donc une logistique « bon sens », où il faut, avec le
minimum de moyens, aider au maximum.
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Annexes
Annexe 1 :
Source : Supply Chain magazine, octobre 2008
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Annexe 2 :
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Dissertation
Les organisations humanitaires qui agissent chaque jour sur le terrain, que ce soit dans
l’urgence ou dans le cadre de mission de développement, ont pour but d’agir pour le respect
du droit de survie et de vie dans des conditions décentes. Ces organisations interviennent dans
de nombreux pays touchés par des guerres civiles ou des conflits armés, créant généralement
des vagues de populations déplacées où nombre d’êtres humains survivent dans des
conditions inhumaines.
L’humanitaire moderne est né lors de la naissance de la Croix Rouge en 1886. A cette
époque, dans un souci de neutralité et d’impartialité et parce que le seul but était de sauver des
victimes démunies sans aucune distinction et sans prendre parti, la Fédération Internationale
de la Croix-Rouge a établi dans l’obligation de garder le silence pendant les missions sur
l’environnement social, politique et moral des pays en crise.
"Afin de garder la confiance de tous, le Mouvement international de la Croix-Rouge et
du Croissant-Rouge s'abstient de prendre part aux hostilités et, en tout temps, aux
controverses d'ordre politique, racial, religieux et idéologique" dit la charte de la CroixRouge Française.
Cette neutralité implique donc une attitude de réserve à l'égard des controverses dans
lesquelles toute prise de position pourrait susciter une méfiance d'une partie de la société et
paralyser l'action de la mission au détriment des plus vulnérables. En situation conflictuelle ou
de troubles, ce principe signifie que les équipes sur place ne doivent en aucune façon agir de
manière à favoriser l'une ou l'autre des parties en lutte.
En effet, la quintessence de l’action humanitaire est de sauver toute vie humaine en
péril. La discrimination qui serait induite par une prise de partie en faveur d’une population
plutôt qu’une autre délaisserait une partie de ces vies à sauver.
Mais cette neutralité ne doit pas pour autant vouloir dire fermer les yeux sur la
situation sur place et les ONG sont aussi là pour dénoncer des gouvernements totalitaires et
pour lorsque c’est nécessaire alerter l’opinion publique sur des décisions discutable de l’ONU
où de la communauté internationale. C’est dans cette logique qu’en 1971, les « french
doctors », pendant la guerre du Biafra ont créés Médecins Sans Frontières. Le projet du
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mouvement des sans frontières est de rendre l'aide humanitaire indépendante des Etats en
s'appuyant sur l'opinion publique prise à témoin ; d'où l'importance accordée à la
médiatisation de ses interventions.
Alors que la neutralité est un élément essentiel de l’action humanitaire sans laquelle
des dérives discriminatoires pourrait apparaître, il semble impossible de prendre parti au point
d’apporter de l’aide de manière inéquitable. Pourtant, les équipes humanitaires sont
constituées d’hommes et de femmes dotés de réflexion et qui ont un avis sur les situations
dans lesquelles elles évoluent. Ainsi, dans ces cas de conflits armés où des gouvernements
totalitaires oppriment ses habitants et bafouent les Droits de l’Homme, il est difficile de rester
insensible à ces faits et de garder neutralité et impartialité.
On peut alors se poser la question de savoir si apporter des soins à un membre d’une
milice gouvernementale qui a assassiné des hommes, violé des femmes et brûlé des villages
entiers requiert de la compétence des ONG. N’est-il pas humain de se demander si une fois
remis, cet homme ne va pas reprendre ses activités de tortionnaire et si le fait de ne pas le
sauver ne va pas permettre de sauver plus de vies encore ?
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Bibliographie
-
Les métiers de l’humanitaire, D. Barbier Sainte Marie, guide jeune 1997
-
La question humanitaire, P. Ryfman, Ellipses 1999
-
Humanitaire s’adapter ou renoncer, P. Micheletti, Marabout 2008
-
Aide à l’organisation logistique d’une mission, Médecin sans frontière 2003
-
Voyage au bout de l’humanitaire, M. Vachon, La Découverte 2007
-
A l’ombre des guerres justes : l’Ordre international cannibale et l’action
humanitaire, F. Weissman, Flammarion 2003
-
Entre urgence et développement : pratiques humanitaires en question, C.Pirotte,
-
Karthala 2003
-
L’aventure humanitaire, JC.Rufin, Gallimard 1994
-
Supply Chain Magazine n°28, Octobre 2008
-
www.croix-rouge.fr
-
www.ifrc.org
-
www.reliefweb.int
-
www.disaster-info.net
-
www.msf.org (Médecins Sans Frontières)
-
www.hcr.ch (Haut Commissariat aux Réfugiés)
-
www.acf-fr.org (Action Contre la Faim)
-
www.bioport.asso.free.fr
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