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Fonds pour l’environment mondial
NOTES
SUR LES ENSEIGNEMENTS
DU FEM
La province de Nouvelle-Irlande, île de l’archipel de Papouasie-Nouvelle-Guinée (PNG), se caractérise par une biodiversité remarquable qui est maintenant sérieusement menacée par une exploitation forestière de type industriel. En 1994, le Programme des Nations Unies pour le développement
(PNUD) a commencé, dans le cadre de son programme sur la biodiversité en PNG financé par le
FEM, à aider le gouvernement à aménager une aire protégée dans la partie sud de l’île. Le projet intégré de protection et de développement de Lak ( Integrated Conservation and Development (ICAD)
project ( s’est efforcé de répondre durablement aux besoins de développement des populations locales
tout en sauvegardant les ressources biologiques. Ce projet a toutefois eu de plus en plus de difficultés
à atteindre ses objectifs du fait des opérations de coupe déjà menées dans la région et également à
cause de l’environnement social, politique et économique particulier de la PNG. Finalement, le
PNUD et le gouvernement ont été contraints en 1996 de mettre un terme aux activités menées à Lak.
Néanmoins, ce projet soutenu par le FEM a permis d’acquérir une expérience capitale qui a contribué à améliorer les résultats d’autres projets. Le présent numéro des Notes sur les enseignements du
FEM décrit brièvement les activités et le contexte du projet et résume ensuite les enseignements qui
ont pu en être tirés.
La série des Notes sur les enseignements du FEM est essentiellement destinée aux concepteurs, directeurs et évaluateurs des projets des organismes d’exécution du FEM. Nous prévoyons de publier
entre quatre et six numéros par an. Pour être assurés de répondre à vos besoins et de vous fournir les
types d’information qui vous sont les plus utiles, nous vous invitons à nous communiquer vos observations sur le présent numéro des Notes et les numéros ultérieurs, et à formuler des suggestions quant
à la façon d’y apporter des améliorations.
—Jarle Harstad
Coordinateur du suivi et de l’évaluation du FEM
ENSEIGNEMENTS TIRES D’UNE EXPERIENCE INTEGREE DE PROTECTION
ET DE DEVELOPPEMENT EN PAPOUASIE-NOUVELLE-GUINEE*
Les possibilités offertes par un projet ICAD à Lak ont tout d’abord paru très prometteuses. En
1989, le gouvernement de la PNG, les bailleurs de fonds et des ONG nationales et internationales ont
estimé que la région de Lak était l’une des quatre zones du pays à protéger en priorité. En 1992, le représentant des autorités provinciales de Lak a proposé d’y entreprendre un projet ICAD, ce qui indiquait que la communauté était favorable à un effort intégré de protection et de développement. Même
la Metlak Development Corporation, qui participait aux opérations d’exploitation forestière industrielle, en a approuvé le principe. La demande a finalement été approuvée par le Département de
l’environnement et de la protection (DEC) de la PNG et Lak a été ultérieurement retenue comme site
du premier projet ICAD parrainé par le FEM en PNG et devant être exécuté dans le cadre du programme du PNUD sur la biodiversité.
En novembre 1993, le Comité de gestion de la réserve de Lak (Comité ICAD), élu par les communautés de Lak pour défendre leurs intérêts dans le cadre du projet, s’est réuni pour la première fois.
En janvier 1994, les opérations sur le terrain ont démarré. Dans le cadre du projet, on a créé un bureau
et mis en place une infrastructure d’appui dans les locaux du DEC à Hohola, Port Moresby, réalisé
une brève enquête pluridisciplinaire sur la biodiversité à Lak pour évaluer les niveaux de diversité et
d’endémisme, commencé à rechercher un site approprié pour la construction d’une base du projet sur
le terrain et fait appel à un conseiller technique pour le projet, à un spécialiste de la sensibilisation des
propriétaires des terres et à un directeur de chantier.
*
Ce résumé est basé sur Race for the Rainforest: Evaluating Lessons from an Integrated Conservation and Development
« Experiment » in New Ireland, Papua New Guinea, de Rob McCallum et Nikhil Sekhran, PNUD, 1997. Des exemplaires de
son texte intégral peuvent être obtenus auprès du représentant résident du PNUD, P.O. Box 1041, Port Moresby, PapouasieNouvelle-Guinée. Téléphone : (675) 321-2877 ; télécopie : (675) 321-1224.
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Les réunions tenues régulièrement par le Comité ICAD avec les communautés villageoises n’ont
cependant pas tardé à révéler que les villageois de Lak étaient loin d’être gagnés à l’idée de
l’exécution d’un projet ICAD. Les opérations de coupe industrielle étaient bien avancées et la communauté n’était pas prête à renoncer à la possibilité de percevoir des redevances. Il s’est avéré que le
projet ICAD s’inscrivait dans un contexte culturel, économique et politique à haute tension d’une extrême complexité.
Bien que le projet ait été approuvé aux plus hauts niveaux, on ne pouvait l’exécuter qu’en obtenant
la coopération des populations locales, en raison de l’environnement social et politique propre à la
PNG. Bien que le gouvernement ait pris des mesures législatives et autres pour démontrer son attachement à la protection de l’environnement, il n’avait guère la possibilité d’influer sur l’utilisation
des terres en prenant des mesures réglementaires contraignantes. Des clans détiennent des droits de
propriété coutumiers sur plus de 97 % des ressources en terres et en eau du pays. Ils considèrent
souvent que la protection et le développement sont incompatibles et utilisent leurs ressources forestières et minérales comme monnaie d’échange pour exiger que des tiers les fassent profiter des bienfaits du développement. Les responsables de la protection de l’environnement se retrouvent en
concurrence avec les sociétés d’exploitation minière pour gagner les faveurs des communautés. Les
villageois sont séduits par les retombées financières des opérations de coupe, particulièrement par
contraste avec les initiatives d’auto-assistance préconisées par les responsables de la protection de
l’environnement, car ces initiatives exigent beaucoup plus de travail et leurs avantages immédiats
sont plus limités. Pour aggraver les choses, à cause de l’environnement économique à haut risque de
la Papouasie-Nouvelle-Guinée, les exploitants forestiers n’ont qu’une optique à court terme de la gestion forestière. Par ailleurs, le gouvernement est devenu tributaire des recettes assurées par les sociétés d’exploitation forestière et minière, ce qui fait que les politiques et programmes de protection
n’ont qu’un faible rang de priorité.
Une société d’exploitation forestière opérait à Lak depuis 2 ans et entretenait toutes sortes de relations économiques et sociales avec la communauté, en particulier avec ses chefs dont beaucoup militaient depuis des années en faveur des coupes industrielles. Désireux de démontrer qu’il existait une
autre solution plus viable dans le cadre d’un projet très connu au plan national, le personnel du projet
ICAD a redoublé d’ardeur face à la résistance de la communauté. Il a intensifié la campagne de sensibilisation des propriétaires des terres, qui a été la principale des activités menées sur le terrain pendant deux ans pour expliquer aux intéressés les coûts sociaux et environnementaux présents et futurs
des opérations de coupe industrielle, entre autres thèmes. Dans le cadre du projet, on a achevé la
construction d’une base permanente du projet, évalué les autres sources de revenu envisageables, décidé de mettre l’accent sur l’exploitation forestière viable, et réalisé rapidement une enquête rurale
pour évaluer et suivre les conditions de vie des communautés. Le personnel du projet a également
commencé à organiser une série de réunions communautaires au cours desquelles les villageois ont pu
engager des discussions et décider de faire un choix entre le projet ICAD et des opérations de coupe
classique. Le projet a même offert un « programme d’avantages immédiats » constitué par un ensemble d’initiatives immédiates de développement à petite échelle, pour bien montrer aux communautés
locales que les partisans de la protection se souciaient de leur bien-être.
Toutefois, après deux ans d’efforts concertés, la communauté est restée peu disposée à soutenir un
projet intégré à long terme de protection et de développement et les coupes ont continué à épuiser les
ressources forestières indispensables pour assurer un développement durable. En août 1996, le PNUD
et le DEC ont décidé de mettre fin aux opérations sur le terrain à Lak.
Enseignements tirés du projet ICAD de Lak
On peut tirer de l’expérience de Lak un certain nombre d’enseignements d’une importance critique
pour d’autres projets ICAD, tant en PNG que dans d’autres pays en développement. En fait, après
avoir mis fin au projet de Lak, le PNUD a commencé à envisager différemment un autre projet ICAD
à Bismarck-Ramu, sur l’île principale de la PNG (voir encadré page 8). Les enseignements tirés de
l’expérience de Lak sont de trois ordres. Ils portent sur la conception et le démarrage du projet, les
méthodes utilisées et enfin, sur les ressources en personnel et les problèmes rencontrés dans ce domaine.
Conception et démarrage du projet
Une fois que le personnel du projet a commencé son travail sur place, il est apparu clairement
qu’on avait de sérieuses raisons d’avoir des doutes quant aux possibilités de développement durable à
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Lak. Tout d’abord, un projet ICAD aurait-il dû être tenté à Lak. Le personnel du projet aurait-il pu
créer des conditions plus favorables à une collaboration avec la communauté. On peut dire avec le recul que de meilleures recherches et une meilleure planification auraient peut-être permis de prévoir
une grande partie des problèmes auxquels s’est heurté le personnel du projet.
Choix du site du projet
• Communication entre les parties prenantes. La communication s’est ressentie de l’éloignement du
site du projet, de l’absence de moyens de transport, des taux d’analphabétisme fonctionnel élevés,
du manque de réseaux de communication, de la complexité de la question et des contraintes culturelles.
• Environnement social et économique favorable. Pour conclure un pacte de protection de l’environnement avec les communautés de Lak, il fallait négocier avec 67 clans dont les relations sociales
étaient régies par un système complexe fondé sur l’échange de biens et des obligations réciproques.
Les villageois s’attendaient à recevoir de l’argent, de la nourriture et des moyens de transport en
échange de l’accès aux ressources en bois qu’ils accordaient aux sociétés d’exploitation forestière,
ou en compensation des coûts d’opportunité liés à un développement durable à long terme. Ce sont
là des avantages que le projet ICAD n’était pas prêt à accorder, ou capable d’accorder, ce qui ne
pouvait qu’encourager une dépendance à l’égard du monde extérieur.
• Degré approprié de cohésion sociale et de coopération. Les clans de la PNG ont tendance à être très
divisés et ils ont rarement une direction stable. Les communautés de Lak n’avaient ni la cohésion
sociale ni les relations de coopération nécessaires pour rendre possible un effort intégré de protection et de développement à long terme.
• Principes de base de la protection et conscience écologique. Les communautés de Lak avaient tout
simplement une idée trop vague des effets à long terme des coupes de type classique sur les générations futures; en fait, beaucoup de leurs membres étaient ouvertement opposés aux efforts de
protection.
Ce qui a également compliqué les choses, c’est que le concurrent direct du projet, la société
d’exploitation forestière, bénéficiait d’une flexibilité et d’une autonomie beaucoup plus grandes que
le projet ICAD. Elle a même violé le plan officiel de protection de l’environnement de la région en
l’absence de toutes mesures contraignantes effectives de la part du gouvernement. A contrario, le projet ICAD de Lak était tenu, par les bailleurs de fonds qui le finançaient, d’être politiquement correct,
financièrement transparent et sensible aux valeurs culturelles au niveau de ses opérations. D’une
façon générale, les projets ICAD sont soumis à des contraintes du point de vue du temps disponible,
de l’autonomie financière et de la souplesse opérationnelle.
Face à ces obstacles, le personnel du projet a réagi en redoublant d’efforts. Comme il s’agissait du
premier projet ICAD financé par le FEM en PNG, le projet était très connu au plan national, ce qui
devait aussi être le cas de ses résultats. Le personnel était également incité par la présence de la société d’exploitation forestière à démontrer aux communautés locales qu’il existait une meilleure solution. Il s’est avéré difficile de mettre fin au projet à mi-parcours, même lorsqu’il est apparu clairement
que ses chances de succès étaient très compromises.
ENSEIGNEMENT : Bien que des critères biologiques puissent être utilisés pour identifier
des domaines généraux susceptibles de faire l’objet de mesures de protection, le choix
effectif du site du projet doit être fonction de critères socioéconomiques. Une étude initiale
de faisabilité sociale est cruciale pour déterminer d’importantes conditions préalables au
succès d’un projet intégré de protection et de développement.
Recueillir des informations sur les institutions locales, l’histoire de la communauté, les structures
sociales et politiques ainsi que sur les possibilités de développement et les facteurs qui y font obstacle
peut non seulement aider à faire face à des problèmes locaux spécifiques au niveau de la conception
du projet, mais aussi signaler aux partisans de la protection des problèmes locaux insurmontables qui
risquent de réduire à néant tous les efforts de protection dans une zone donnée.
Style et nature de la participation communautaire
Les communautés attendaient déjà beaucoup du monde extérieur lorsqu’a commencé le projet
ICAD. Les responsables du projet d’exploitation forestière avaient fait des promesses séduisantes aux
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villageois qui ont ensuite appliqué une stratégie consistant à lier le développement à des compensations financières. Lorsque, dans le cadre du projet, des scientifiques et notamment des expatriés sont
arrivés par hélicoptère pour procéder à une rapide étude biologique, en apportant leur propre nourriture et en montrant d’autres signes de richesse, les communautés de Lak s’attendaient à recevoir leur
part. Mais le personnel n’a pas pu commencer à offrir aux communautés tous les avantages auxquels
celles-ci estimaient avoir droit en échange de leur coopération avec le projet. Même si le personnel
avait pu leur donner satisfaction, il savait que cela n’aurait fait que rendre les villageois plus tributaires du monde extérieur. Toutefois, lorsque les villageois ont constaté que le projet ne répondait pas à
leurs exigences, ils ont menacé de cesser d’y apporter leur soutien.
ENSEIGNEMENT : Le style et la nature d’un premier contact entre les responsables
d’un projet et une communauté sont particulièrement importants pour permettre à celle-ci
d’avoir une attitude réaliste et constructive à l’égard du projet. Dès le départ, les projets
ICAD doivent s’employer à renforcer l’autosuffisance des communautés.
La prise de contact avec une communauté est un stade critique des projets ICAD. La
direction et le personnel du projet doivent définir une attitude prudente avant de même de commencer
les opérations sur le terrain. Cela devrait impliquer un processus minutieux d’engagement, de renforcement de la confiance, de recueil d’informations, de sensibilisation, d’éducation et d’autres activités.
Les projets qui s’accompagnent de signes extérieurs de richesse risquent de susciter de grands espoirs
et des attitudes de dépendance. Le personnel du projet sur le terrain doit donner l’exemple et éviter
toute activité assortie de signes extérieurs de richesse.
Établir sa présence sur place
À un stade précoce du projet, le fait que les villageois aient exigé une preuve concrète que le projet
était bien consacré au développement de leur région a incité le personnel du projet à rechercher un
site approprié pour construire à Lak une base à long terme du projet. Le site finalement retenu permettait d’accéder à d’intéressantes zones à protéger, mais il était éloigné de tout village pour éviter les
jalousies entre les communautés. Construits en dur, les bâtiments étaient censés faire comprendre aux
populations que le projet était un investissement à long terme dans la région, mais du fait des travaux
de construction, les villageois se sont mis à attendre des avantages non plus de la société
d’exploitation forestière, mais du projet. Les demandes de biens et services ont fortement augmenté,
ce qui a compromis là encore l’objectif du projet qui était de rendre les communautés plus autonomes. En outre, du fait de l’investissement considérable effectué sur le site, il est devenu plus difficile
pour le personnel du projet de se retirer de la zone lorsque le projet s’est heurté à des obstacles insurmontables.
ENSEIGNEMENT : Le niveau de présence sur place devrait correspondre à l’engagement
d’une communauté vis-à-vis du projet.
La présence physique d’un projet sur place devrait être limitée au minimum nécessaires pour que les parties prenantes gardent confiance jusqu’à ce que l’on puisse évaluer
clairement l’engagement des communautés et la mesure dans laquelle elles acceptent les efforts de
protection. Les frais fixes et les dépenses d’équipement devraient être limités jusqu’à ce que l’on
constate des signes d’engagement ferme afin de préserver la flexibilité du projet.
Méthodes utilisées
Un enseignement de portée générale tiré de l’expérience ICAD de Lak est le suivant : il est indispensable de bien préparer les activités d’un projet en éduquant la population et en renforçant les capacités et les institutions.
Éducation de la population pour transformer ses comportements et la sensibiliser
À Lak, les responsables du projet ont été contraints de s’attaquer au problème que constituait
l’ignorance qu’avaient les intéressés des incidences à long terme des opérations d’exploitation forestière industrielle. Les villageois n’avaient aucune notion de protection de l’environnement et pas la
moindre conscience écologique. Ils avaient été coupés des années auparavant des sources de subsistance que leur assurait l’environnement forestier du fait que les administrateurs coloniaux les avaient
déplacés de force, et égalmement en raison de l’introduction des services de santé, de la conversion
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de la population au christianisme et du passage à la protection de l’environnement était également
d’autant moins attrayant pour les villageois qu’ils étaient tentés par le paiement de redevances liées
aux opérations de coupe classique. De plus, les efforts d’éducation déployés dans le cadre du projet
ont été activement contrés par une campagne anti-ICAD intensive lancée par les groupes d’intérêt
pratiquant des coupes.
Lorsque la réalité des attitudes des communautés est apparue pleinement, le projet a consacré une
grande partie de ses ressources limitées en personnel à un programme de sensibilisation des propriétaires des terres. Le personnel du projet a fait faire aux villageois de Lak des visites d’étude pour leur
permettre de se rendre compte de l’effet sur les communautés d’opérations de coupe ayant saigné à
blanc leurs forêts. Bien que les villageois aient facilement admis que les communautés étaient moins
bien loties après les opérations de coupe qu’avant, cela ne les a pas empêchés de désirer eux-mêmes
des coupes. Il est clair qu’un effort d’éducation beaucoup plus intensif était nécessaire pour faire
apparaître le lien existant entre l’épuisement des ressources et les conditions de vie, mais le projet
ICAD ne disposait pas d’un personnel spécialisé suffisant pour déployer le type d’effort requis.
ENSEIGNEMENT : Les projets ICAD doivent, dès le départ, investir considérablement
dans l’éducation pour créer un environnement social propre à assurer la préservation des
ressources.
Les défenseurs de l’environnement doivent éventuellement faire passer à l’arrière
plan leurs préoccupations écologiques lorsqu’ils prennent contact avec une communauté et plutôt collaborer avec elle pour définir ses problèmes, estimer la valeur de ses ressources et examiner les avantages et inconvénients d’un épuisement de celles-ci. Les communautés doivent en venir à réévaluer le
sens du développement, les conséquences à long terme de leur mode actuel d’utilisation des terres et
la valeur de leurs forêts du point de vue de la protection de l’environnement. Elles doivent repenser
les processus par lesquels elles aspirent au développement. L’éducation devrait permettre aux communautés de se prendre en charge en leur offrant davantage de choix et d’informations pour parvenir
à des décisions en connaissance de cause. Bien que le contexte et les besoins varient d’un projet à
l’autre, les activités éducatives devraient être menées simultanément avec les autres activités des projets ICAD.
Établir des partenariats avec les intéressés et assurer leur participation effective
Le projet ICAD de Lak s’est efforcé d’établir des partenariats avec des organisations aussi bien
gouvernementales que non gouvernementales (ONG), mais ces rapports ont pour le moins laissé à désirer. Bien que le gouvernement de la PNG ait été censé accorder des crédits pour le projet, c’est en
réalité le PNUD qui a dû prendre en charge la plupart des dépenses de fonctionnement. La participation du Département de l’environnement et de la protection a été limitée par les problèmes de moral
du personnel, sa faible motivation, le manque de modèles de protection réussis, une mauvaise gestion
financière, des compétences et une capacité de production médiocres et une infrastructure inefficace.
On a reproché au projet d’être dirigé par un personnel recruté au plan international auquel il a été fait
appel pour empêcher le projet de s’effondrer faute d’un engagement adéquat de la part du gouvernement.
Les responsables du projet ont également déployé des efforts considérables pour faire participer
des ONG, mais en PNG, les capacités de celles-ci sont généralement très variables, leurs ressources
sont dans l’ensemble, limitées et elles sont souvent instables sur le plan politique. De plus, le projet a
fait appel aux compétences d’ONG dans le cadre d’accords de services spéciaux, arrangements contractuels par lequel un organisme est payé pour exécuter une composante donnée d’un projet global.
Les accords de ce type ne favorisent guère l’engagement des ONG vis-à-vis d’un projet. À Lak, plusieurs grandes ONG avec lesquelles des contrats avaient été passés n’ont pas donné satisfaction.
ENSEIGNEMENT : Les projets ICAD doivent établir, encourager et renforcer tout un
ensemble d’arrangements contractuels avec les différentes parties prenantes. Les
dispositions appropriées doivent être prises pour collaborer avec des organismes aux faibles
capacités de planification et de gestion.
Bien que le gouvernement soit une partie prenante importante, il arrive souvent que les organismes
publics n’aient pas les capacités voulues pour assurer la réalisation des objectifs des projets. Toutefois, les projets répondant essentiellement à des intérêts extérieurs sont inévitablement voués à
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l’échec et s’effondrent invariablement après le retrait des bailleurs de fonds. C’est la raison pour laquelle le gouvernement doit s’engager à s’attaquer aux causes profondes de l’inefficacité de ses services. De plus, les responsables des projets qui font appel à des ONG devraient également collaborer
avec elles dès les premiers stades de la conception des projets pour faire en sorte que les intéressés
soient responsables des principes directeurs du projet, de ses activités et de ses résultats.
Effectifs et problèmes de personnel
Les rapports entre le personnel du projet et les communautés sont toujours importants. On a tiré de
l’expérience de Lak des enseignements précis sur la dotation en personnel des projets ICAD et sur les
problèmes auxquels le personnel doit s’attendre.
Importance numérique des effectifs
Le projet, qui ne comptait que 3 employés à plein temps, a constamment souffert d’un manque de
personnel, en particulier dans le contexte sociopolitique complexe dans lequel il s’inscrivait. À mesure que des problèmes sont apparus, le personnel du projet a concentré son attention sur le programme
de sensibilisation des propriétaires des terres et sur les mesures à prendre pour faire face à la concurrence de la société d’exploitation forestière, et ce au détriment des autres activités.
ENSEIGNEMENT : Les projets ICAD ont besoin d’un personnel spécialisé dévoué et en
nombre suffisant. Les risques d’écart et de déviation doivent être identifiés et pris en
compte lorsque l’on détermine les besoins en personnel au stade de la conception du
projet.
Les projets ICAD en particulier ont besoin d’un niveau d’effectifs élevé les premières années pour
assurer les fonctions fondamentales. Les activités de promotion, d’information, de sensibilisation et
d’éducation exigent un personnel particulièrement nombreux. Les problèmes particuliers rencontrés à
Lak face à la concurrence d’un exploitant agressif exigeaient également un personnel plus nombreux.
Toutefois, une augmentation des niveaux d’effectifs fait inévitablement intervenir des considérations
logistiques.
Préserver l’objectivité du personnel
À un stade précoce, certains signes ont indiqué que le projet de Lak n’aboutirait pas, mais la nécessité de remporter une victoire en matière de protection et la publicité considérable accordée au projet
ont empêché les responsables de se retirer pour la simple raison que les initiatives de protection paraissaient trop difficiles. Le désir de mettre au point des méthodologies efficaces pour protéger les
forêts primaires en voie de disparition de la PNG a contraint le personnel du projet à trouver des
moyens de faire face aux problèmes qui se posaient. Le personnel a consacré à titre privé beaucoup de
temps et d’énergie au projet et cela ne lui a peut-être pas permis de déterminer objectivement si les
problèmes que posait le projet pouvaient être résolus ou bien si certains d’entre-eux étaient insurmontables.
ENSEIGNEMENT : L’implication personnelle considérable demandée au personnel des
projets ICAD peut affecter son objectivité lorsqu’il s’agit d’évaluer l’avancement d’un
projet. Les projets ICAD nécessitent la participation active de tierces parties pour évaluer
les progrès réalisés et recommander les modifications à apporter à la conception du projet.
Avec le recul, il apparaît que des techniques d’audit au plan organisationnel auraient été utiles en
ce qui concerne les pénuries de personnel, les problèmes de communication et l’évaluation des performances. Les communications régulières tant au sein de l’équipe du projet qu’avec les organismes parrains auraient été utiles. Des exercices visant à renforcer l’esprit d’équipe et des retraites,
éventuellement pour visiter d’autres sites, auraient aidé à instaurer au sein d’une équipe pluridisciplinaire de solides relations fondées sur la confiance et le respect mutuels.
Rester politiquement neutre
Le représentant des autorités provinciales pour Lak était partisan du projet ICAD et ses rivaux s’y
sont donc opposés. Bien que les responsables du projet aient veillé à éviter toute affiliation politique
directe, il est clair que le projet ICAD servait d’enjeu politique, ce qui a divisé la communauté suivant
des lignes de fracture politiques.
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ENSEIGNEMENT : Bien qu’il soit tentant de s’allier aux dirigeants politiques, les projets
ICAD doivent rester politiquement neutres.
Cela peut être difficile, et exiger attention et vigilance de la part des partisans d’un
projet qui doivent détecter d’éventuelles connotations politiques susceptibles d’être mal
interprétées par la communauté. Les candidats politiques devraient être traités de la même façon. Le
personnel du projet devrait éviter de participer à des meetings et réunions politiques. La base du projet ne devrait être associée à aucun village en particulier.
Prévoir les difficultés au plan opérationnel
Durant l’exécution du projet à Lak, des difficultés imprévues sont apparues au plan opérationnel,
par exemple des phénomènes naturels tels que l’éruption des volcans de Rabaul, plusieurs graves
tremblements de terre, des tempêtes et des inondations. Parmi les autres contraintes, on peut citer des
cas de paludisme et des troubles civils localisés. D’une façon générale, l’insécurité qui existe en PNG
devrait également être considérée comme une contrainte.
Encadré : Évaluation de la faisabilité du projet de Bismarck-Ramu
L’expérience de Lak a profondément influencé la conception du projet ICAD de Bismarck-Ramu et
les méthodes utilisées. Ce projet s’est vu attribuer un nouvel objectif : engager un processus de
développement communautaire à long terme pour convaincre la communauté de la nécessité d’efforts de
protection. Ce projet a essentiellement pour but de renforcer la confiance entre les membres de la
communauté et les responsables du projet en permettant aux intéressés de se prendre en charge par le
biais d’une action communautaire fondée sur une autocritique objective. Divers changements ont été
apportés au projet de Bismarck-Ramu :
• Les équipes de développement communautaires ont été constituées essentiellement de villageois d’autres régions
• Une étude initiale sur la faisabilité sociale du projet a fourni des informations vitales pour
la sélection d’un site
• Les équipes ont engagé un processus de développement communautaire en sept phases qui
a exigé beaucoup de temps
• On a accordé une grande attention à l’éducation de la communauté en menant avec celle-ci
un dialogue sur les aspirations des villageois et les dilemmes liés au développement
• On s’est efforcé de faire participer les autres parties prenantes jouant un rôle critique, telles
que les écoles et les églises
• Le volume de travail lié au projet a été réparti entre un certain nombre de spécialistes du
développement communautaire.
À Bismarck-Ramu, 14 clans ont maintenant décidé de déclarer zone protégée leurs terres soumises au
droit coutumier et d’autres ont exprimé leur désir de les imiter. On constate certains signes de succès,
mais les travaux menés à Bismarck-Ramu continuent à perfectionner les méthodes ICAD en réévaluant et
en remaniant les méthodes en fonction des exigences de la situation.
Source : Mike Parsons, Conseiller technique en chef, Programme sur la biodiversité en PNG.
ENSEIGNEMENT : Vu l’environnement dans lequel les projets sont exécutés, des
difficultésopérationnelles sont inévitables, et elles devraient être prévues par les concepteurs
des projets et la direction des organismes qui les parrainent.
Les contraintes opérationnelles imposent une lourde ponction supplémentaire sur les ressources
des projet et peuvent entraîner d’importants retards, même dans le cas des projets les mieux financés
et organisés. Il est donc d’autant plus nécessaire de simplifier les modes de communication entre le
personnel de terrain et les responsables de la gestion ou de l’administration des projets.
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INFORMATIONS EN RETOUR ET SUGGESTIONS
Nous espérons que cette série jouera un rôle de catalyseur en permettant
d’engager un dialogue permanent sur les sujets de satisfaction et les points
préoccupants, et sur la façon dont ceux qui travaillent dans le cadre du FEM ont
trouvé des solutions aux problèmes auxquels nous sommes tous confrontés. À
l’avenir, les Notes comprendront régulièrement un résumé des contributions et informations en retour que nous communiquent nos lecteurs. C’est la raison pour laquelle nous aimerions connaître vos réactions au présent numéro des Notes sur les enseignements du
FEM et vos réflexions sur les questions ci-après. Nous aimerions connaître également vos suggestions
quant aux sujets qui pourraient vous intéresser à l’avenir dans le cadre de votre travail avec le FEM.
Veuillez nous contacter par courrier électronique à [email protected] ou bien à l’adresse indiquée ci-après pour nous donner vos réponses aux questions suivantes :
• Avez-vous jugé ce numéro des Notes sur les enseignements du FEM utile pour votre travail ? Dans
le cas contraire, quel type d’information aurait été plus utile ?
• Quelles sont les implications de cette expérience pour vos activités ?
• Quels sont, selon vous, les obstacles auxquels vous vous heurtez dans vos activités ?
• Quelle expérience supplémentaire ou quels autres exemples pouvez-vous partager en rapport avec
ces enseignements ?
• Que souhaiteriez-vous savoir d’autre au sujet de cette activité ou d’activités similaires ?
• Comment pouvons-nous mieux répondre à vos besoins dans les futurs numéros des Notes sur les
enseignements du FEM ?
AUTRES PUBLICATIONS INTERESSANTES POUR LE SUIVI ET
L’EVALUATION DU FEM
On peut obtenir sur le site Web du FEM (www.gefweb.org) les Notes 1 et 2 sur
les enseignements du FEM qui portent respectivement sur l’expérience acquise en
ce qui concerne l’établissement de partenariats avec les communautés et les mesures propres à encourager la participation du secteur privé aux projets du FEM.
Si vous souhaitez recevoir régulièrement les Notes sur les enseignements du
FEM, veuillez contacter notre adresse Email ([email protected], ou nous
joindre à l’adresse indiquée ci-après. Veuillez nous faire savoir si vous souhaitez
recevoir une version électronique ou papier et en quelle langue (anglais, français ou espagnol).
En plus de la série des Notes, les publications supplémentaires de l’équipe de suivi et d’évaluation
du FEM ci-après citées pourraient vous intéresser et vous pouvez vous les procurer en nous écrivant
ou en nous contactant sur le site Web du FEM :
• Examen 1997 de l’état d’avancement des projets (janvier 1998)
• Rapport de synthèse relatif à l’étude sur les enseignements des projets du FEM (janvier 1998)
• Bilan global du fonctionnement du FEM (février 1998).
GEF Secretariat Monitoring and Evaluation Program
1818 H Street, NW
téléphone : (202) 458-7387
Washington, DC 20433
télécopie : (202) 522-3240
email: [email protected]
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