La Terminologie Arabe de la Téléphonie Mobile
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La Terminologie Arabe de la Téléphonie Mobile
Dirasat, Human and Social Sciences, Volume 33, Supplement, 2006 La Terminologie Arabe de la Téléphonie Mobile: Socioterminologie de la Créativité de l’imaginaire Populaire Akram Odeh* ABSTRACT This paper deals with the socioterminological phenomena on popular terminological creation concerning the nicknames of mobile telephones in the Middle East. The mobile telephones’ models are numerous, various and recurrent, and there official names are always composed of four digitals often followed by a letter, which make it hardly retainable (hard to memorize); such as Nokia 7110, Samsung N 620. It is not only for linguistic reasons of transparency and adequation between the name and the named object, but also because of an ancestral tradition; as Arab popular imagination makes use of all its linguistic and extralinguistic resources that Arabic language and culture put in its service to nickname an object that is so close and personnal such as the mobile. Digitals are very abstract and intangible; the popular imagination prefers transparent and affective imaged names formed by the canals of metaphor and metonymy. Therefore, the names of politicians, stars, songs, places, buildings and animals are all mobilized and figuratively exploited by Arab consumers in countries like Damascus, Amman, Dubai, and Riyadh etc. to nickname this hi-tech object. Socio-cultural, psycholinguistic and commercial factors clarify the reasons of this process of socio-terminologization. KEYWORDS: Mobile Phone, Socioterminology, Terminological Creation, Metaphor, Metonymy. INTRODUCTION Très peu d'innovations technologiques ont autant influencé notre mode de vie que le téléphone cellulaire aussi bien qu'on appartienne aux pays riches ou aux pays en voie de développement, aux classes favorisées ou défavorisées. Le téléphone portable a révolutionné notre quotidien et a bouleversé nos habitudes, il ne nous quitte pas. C'est du prêt à servir: il a étanché notre soif de communiquer et d'être joignable n’importe où et n’importe quand. C'est un appareil tout en un: polyglotte, le portable nous permet également d'envoyer et de recevoir des messages, des photos et des fax, des courriels etc. Petit, léger et élégant, c'est un appareil multifonction: montre, agenda électronique, radioréveil, calculatrice de poche, appareil photo caméscope numérique, jeux électroniques et mini-ordinateur(1) etc. * French Studies Center, Dept. of Foreign Languages and Literatures, Faculty of Arts, University of Bahrain, P.O Box: 32038, Kingdom of Bahrain. Received on 3/3/2005 and Accepted for Publication on 20/10/2005. Très peu d'objets ont aussi suscité un grand nombre de désignation en langue arabe, il est désigné tantôt sous son nom anglais, mobile et cellular tantôt sous son nom français, cellulaire et portable. Ceci dépend de l'appartenance du locuteur arabe au monde anglophone ou francophone. Cette merveille technologique est tantôt connue sous son étiquette arabe. Celle-ci n'est rien d'autre que le calque sémantique du terme anglais ou français(2) donnant lieu à des néologismes sémantiques: «khalawi» (cellulaire), «naqual», «jawal», (mobile) «mahmoul» (portable). En Palestine, en plus de ces dernières appellations, le terme hébreu «bliphone» est très répandu parmi la population de l'Intifada. L'arrivée récente d'un nouveau type de téléphone portable, le téléphone cellulaire satellitaire a suscité l'heureuse trouvaille terminologique métonymiquement créée «thuraya» en référence à l'étoile visible à l'oeil nu guidant jadis les voyageurs et les noctambules arabes dans les étendues du désert. La multiplication d’appellations de l'appareil luimême n'a pas empêché l'imaginaire populaire des consommateurs d'être terminologiquement créatif quant aux noms de différents modèles de diverses marques - 886 - © 2006 DAR Publishers/University of Jordan. All Rights Reserved. Dirasat, Human and Social Sciences, Volume 33, Supplement, 2006 commercialisées sur un marché mondial à la fois consommateur, concurrentiel et en perpétuelle évolution. Une créativité terminologique féconde Le phénomène que connaissent certains pays arabes de surnommer ou de coller des étiquettes aux portables dont les modèles sont vendus le plus souvent sous le nom de la marque suivi d’un numéro complexe contenant parfois une lettre tels que Nokia 6510, Nokia 8910i, Ericsson T 25, Samsung N 620 est à la fois surprenant et pique la curiosité du chercheur. Quelles sont ces appellations? Qui les confectionne et dans quel but? Que peut-on dire de leur nature? Dans quelles sources de création terminologique puise-t-on? Existe-t-il des raisons sous-jacentes à ces appellations? Pourquoi de tous les biens de consommation, seuls les téléphones mobiles suscitent un tel intérêt(3) terminologique? Pourquoi seuls les Arabes et uniquement certains Arabes laissent-ils le champ libre à leur fantaisie créative pour rebaptiser les noms de la quasi totalité des modèles qui sont loin d'être peu nombreux? Afin d'étudier ce phénomène de création lexicale et d’en constituer un corpus, nous avons mené une enquête sur le terrain auprès des sièges locaux en Jordanie des multinationales commercialisant des portables ainsi que chez les vendeurs et les revendeurs de téléphonie mobile, sans oublier évidemment les consommateurs. Vouloir prendre la Jordanie comme baromètre permettant la compréhension et l’analyse de ce phénomène sociolinguistique ne nous a pas empêché d'élargir cette enquête en vue d’atteindre la quasi-totalité de la sphère arabophone. Aussi, nous avons pu sonder des résidents, des étudiants et des estivants arabes de plusieurs nationalités notamment des Moyen-Orientaux en Jordanie. Le corpus détaillé, fourni à la fin de la recherche, est le fruit de cette enquête. Sans être exhaustif, il a néanmoins l’avantage d'être représentatif et parlant. Respectant un ordre chronologique de l’apparition des téléphones cellulaires et par conséquent leurs surnoms, les tableaux cités à la fin de cette recherche contiennent les termes que nous avons collectés oralement(4). Il donne le modèle sous son appellation officielle, c'est-à-dire sous l'étiquette de laquelle il a été lancé sur le marché, son surnom translittéré et traduit en français, une indication sera fournie quand s'il s'agit d'un régionalisme, c'est-àdire, une appellation propre à un pays. Une explication sera également fournie, quand ceci est possible, concernant la ou les raison (s) de l’appellation. Etant donné que le portable n'est ni le propre du riche ni de l'intellectuel ou encore le monopole d'une catégorie sociale déterminée, tout le monde consomme du portable, l’enfant comme l’adulte, la femme comme l'homme, l’homme d’affaires comme le demandeur d’emploi, c'est un bien de consommation de «monsieur tout le monde». Et c'est précisément de «monsieur tout le monde» qu’émanent ces néologismes linguistiques: Qu'il s'agisse d'une découverte scientifique, d'un progrès industriel, d'une modification de la vie sociale, d'un mouvement de pensée, d’une manière nouvelle de sentir ou comprendre, d'un enrichissement du domaine moral, le néologisme est impérieusement demandé, tout le monde crée des mots nouveaux, le savant aussi bien que le fainéant, le théoricien comme le praticien(5). Phénomène sociolinguistique arabe proche-oriental Notre enquête nous a révélé que les arabophones ne sont pas tous attirés par ce phénomène d'innovation lexicale concernant les modèles de portables. C'est en effet un processus terminologique propre au ProcheOrient auquel les Maghrébins n'ont pas recours. Ni le français, ni l'anglais, ni l'italien, ni l'espagnol et ni l'hébreu ne connaissent par ailleurs cette tendance; on se contente simplement de l'appellation officielle des téléphones cellulaires. Des raisons socioculturelles, linguistiques, commerciales et psycholinguistiques peuvent apporter des réponses expliquant cette créativité lexicale qui est toujours déterminée par la morphosyntaxe et par les conditions socio-historiques. L'histoire culturelle tout comme le présent des Proche-Orientaux démontre bien leur manie(6) de coller des surnoms à des personnes et à des objets préalablement nommés. En effet, les livres et les dictionnaires(7) de la tradition arabe qui répertorient les surnoms sont très nombreux. Les surnoms donnés, par exemple, aux poètes arabes et les livres qui traitent de ces surnoms constituent une excellente démonstration de l’amour des Arabes pour les surnoms. Aussi, certains poètes ont porté des surnoms d’un mot, d’un vers qu’ils avaient récités ou écrits, d’autres ont porté des surnoms d’un métier qu’ils avaient exercé ou d’un incident qui leur était arrivé ou d’un maître ou d’un tuteur qu’ils avaient eus etc. Certes, la majorité des grands noms de l’histoire poétique arabe ne nous est connue que sous l’étiquette de leurs surnoms(8). Chercher dès lors à coller des surnoms aux téléphones mobiles n’a rien d’étranger à la culture arabe. - 887 - La Terminologie Arabe … Akram Odeh Le téléphone cellulaire relève d'une nouvelle technologie de pointe destinée à la masse. Il est en pleine croissance puisque le nombre d’abonnés est en constante évolution et que l'on parle déjà d'une troisième génération de portables. Malgré le fait qu'il soit le monopole de quatre ou cinq multinationales(9), il constitue un marché très concurrentiel où la course à la nouvelle clientèle et à sa fidélisation passe nécessairement par l'innovation et la créativité technologique. Ceci explique évidemment la multiplication des modèles qui arrivent presque tous les deux ou trois mois sur le marché. Cette innovation peut porter aussi bien sur les fonctions et les formes que sur les couleurs. Si l'on jette un coup d'oeil sur les différentes appellations des modèles Nokia qui est le leader incontestable de la téléphonie mobile, on se rend compte, d'une part, de la grande diversité des modèles qui sont toujours commercialisés sous l'étiquette de quatre chiffres difficiles à retenir et qui ne suivent pas, d’autre part, un ordre croissant ou décroissant correspondant à la chronologie des lancements des modèles. En effet, les premiers modèles de Nokia ont été par exemple commercialisés sous la série de six mille tels que les spécimens 6110, 6150, 6210. On est passé par la suite, aux modèles trois mille 3210, 3210, 3330. Plus tard, on pouvait se procurer la série 7650, 7210(10) suivie par les modèles 5110, auxquels a succédé la série 6610 celle que portaient les premiers modèles etc. Il est par ailleurs intéressant de souligner que la créativité terminologique populaire porte toujours sur les portables commercialisés sous une étiquette de chiffres mais ne concerne pas les cellulaires lancés sous un nom même si ce dernier est un terme étranger comme par exemple «Communicator, Free eye, Harmonix etc.». Le marché de la téléphonie mobile connaît une forte tendance au consumérisme sauvage et au suivisme de la mode toujours motivés par des campagnes publicitaires omniprésentes. En effet, nous avons rencontré, lors de nos maintes visites de magasins de téléphonie mobile à Amman, Dubaï et Damas, un nombre important de consommateurs qui nous ont assurés avoir déjà possédé tous les modèles de Nokia et qu’à chaque lancement d’un nouveau modèle, ils sont les premiers à le posséder. L’usage frénétique des portables auprès des 13-16 ans s’explique par le fait que la possession du cellulaire signifie, comme ce fut jadis pour la cigarette, le passage de l’adolescence à l’âge adulte permettant à ces jeunes d’exprimer leur indépendance et leur liberté d’expression - 888 - et d’être joignable à tout moment. Le consumérisme, la multiplication des modèles, les difficultés de retenir leurs numéros, l’indésirabilité du chiffre et surtout l’inadéquation entre le portable et sa désignation officielle ouvre grand le champ des tropes devant l'imaginaire populaire pour surnommer ces modèles: la couverture tigrée du Nokia 6250 suffit pour le surnommer «tigre». Le design du Nokia 7600 suggère à l’esprit de l’usager l’image d’une larme. Cette merveille technologique n’est plus ni un objet ni un chiffre car elle se personnifie et devient humaine sous l’effet de l’anthropomorphisme: c’est donc une «damaa». Si les concepteurs des publicités de Nokia associent un portable à un thème ou à un objet, les noms de ces deux derniers pourraient se substituer, dans le parler des consommateurs, au nom officiel. Ainsi, lors des campagnes publicitaires des Nokia 3410 et 5510, ces deux portables ont été associés à deux animaux en peluche sémiotiquement très symboliques à savoir l’ourson et le lapereau. Pour les abonnés arabes, il s’agit respectivement de «dabdoub» et de «arnoub». L’un des derniers cris de l'univers du portable provient du minuscule caméscope intégré au Nokia 7650. Sa fonction de filmer, d'éterniser des moments privilégiés, d'immortaliser des personnes et des objets serait-elle très appréciée pour être désignées dans le discours sous un numéro? En tout cas, le parler des Proche-Orientaux lui préfère «Abou camera» littéralement «le père de la caméra, celui à la caméra», ou encore «al-hout», «la baleine», en référence au surnom donné à la somptueuse Mercedes S 500. Premier téléphone portable à posséder la fonction de dessiner, le Nokia 3410 est appelé «rassam», «artiste ou dessinateur». Pourquoi doit-on insérer dans sa mémoire semi-saturée d’objets et de concepts de la technologie de la mondialisation, un chiffre complexe et abstrait pour désigner le Nokia 7110, alors que sa forme rappelle celle de la banane. C'est tout simplement un «mouzah»: «une banane». De même, changeant de couleurs selon le degré de luminosité qu’il subit, l'Ericsson «T 25» rappelle de part son chromatisme et l'irrégularité de ses lignes, le caméléon; le surnom «a-dofda» s'impose dès lors à l'esprit du consommateur. Ce n’est pas seulement sous la plume de philosophe qu’un mot se charge de nuances de sens imprévisibles au niveau des langues; le phénomène est propre à la manifestation originale d’un vouloir-dire dans tous les discours(11). Dirasat, Human and Social Sciences, Volume 33, Supplement, 2006 Cette envie d’étiqueter ces portables relève du souci de pouvoir nommer linguistiquement les concepts et les objets extralinguistiques d’une manière claire, transparente et concise afin d’arriver à la biunivicité linguistique. Mais l'imaginaire populaire, en quête de nomination, nous dépasse et va bien au-delà du portable, de sa forme et de ses caractéristiques, il lui suffit d’un signe ou d’un incident pour être créatif. Pour démontrer aux abonnés téléphoniques jordaniens que le Nokia 5210 est imperméable, on expose ce dernier dans un aquarium. De retour chez lui, un des premiers acquéreurs de cet appareil explique à son entourage qu'il vient de s’offrir un cellulaire imperméable et déclare qu'il est par conséquent l'un des premiers à posséder un «ghatass» «plongeur»(12). Tout un suivisme terminologique s'ensuit, un suivisme loin d'être naïf: la sagesse linguistique populaire préfère l'éloquence de l'image parlante et fuit l'abstraction du chiffre fracassant. Le suivisme au niveau de la langue, autrement dit l’encodage dans l'idiome oriental de ces termes est, comme on vient de le souligner, certes rapide mais très éphémère. Le «démodage» de l'objet ou l'obsolescence du concept entraîne nécessairement les désuétudes linguistiques? Qui emploierait de nos jours les termes «pager»(13) ou «transistor» si fréquemment utilisés autrefois pour désigner les objets qui portaient en eux-mêmes respectivement les graines du cellulaire et de la radio. Même si c'est l'arrivage fréquent sur le marché de nouveaux modèles inadéquatement nommés ainsi que la massification du consumérisme qui expliquent commercialement le phénomène en question, c'est surtout l'envie de l’usager de la téléphonie mobile de personnaliser et voire, de chérir son portable, puisqu’il s’agit d’un appareil si intime qui ne le quitte pas, qui éclaire psycholinguistiquement ce phénomène de re-désignation. Le terme ainsi créé devient dès lors «le symbole non plus de la chose signifiée mais surtout de sa nouveauté dans la mesure où il est lui même une création(14)». Dans leur étude géno-linguistique menée pour comprendre pourquoi une signification nouvelle remplace une autre, les facteurs de sa production, de son acceptation et de sa diffusion, L. Roudet et H. Sperber «trouvent la source dans la charge affective de l’emploi d’un mot, dans la force expressive qui le propulse dans l’usage»(15). Le rôle des doses affectives et la force expressive de la référence extralinguistique motivent les surnoms dans le domaine de la téléphonie cellulaire comme le démontrent les exemples de notre corpus. Aussi, cette affection et cette expressivité sont-elles omniprésentes dans la terminologie de l’imaginaire populaire: le Nokia 3210 est un «asfour»: «oiseau» et le Nokia 6600, est un «panda». Au lieu de dire «je voudrais le Nokia 8250», on préfère dire plus joliment «je voudrais un papillon». Ce serait une absurdité de mémoriser Nokia 5140 puisque son équivalent «a-tamsah’»: «le crocodile» est déjà originalement codé dans la langue. Pourquoi le consommateur devrait retenir Samsung T 200 alors que son étiquette métonymique le rappelle de la douce voix de «Kathem a-Sahair» le célèbre chanteur irakien dont tous les cœurs et lèvres arabes connaissent et répètent les mots de ses chansons noircies sous les plumes des plus grands poètes arabes. La créativité néologique de l’imaginaire populaire n’hésite pas à re-employer des surnoms populaires utilisés dans d’autres domaines pour souligner un trait ou associer une idée. Ainsi, les Mercedes S 300 et S 500 sont fréquemment appelées respectivement «a-chabah», «le fantôme» et «al-hout», «la baleine». Ces termes ont été empruntés dans la terminologie téléphonique pour souligner le luxe et la perfection respectivement des Nokia 3510 et 7650. L'inégalité devant la créativité Notre enquête qui a sondé soixante hommes et femmes de sexe, âge et milieu social différents nous a permis également d'aboutir à des conclusions d'ordre linguistico-socioculturel. En effet, les Proches-Orientaux ne sont égaux ni devant ce phénomène de création terminologique de téléphone cellulaire, ni devant la connaissance et l'usage de ces néologismes sémantiques. Au prime abord, plus on descend dans l'échelle sociale plus la créativité et la connaissance des surnoms de la téléphonie portable sont importantes et vice-versa. Ensuite, si les hommes connaissent mieux le surnom des portables que les femmes, il n’y a rien de surprenant à ce que les plus jeunes soient plus au courant de l’emploi et de l’usage de cette terminologie que leurs aînés. Ces dernières conclusions sont le fruit tiré des réponses de notre enquête. Certes à la question: Dans quelles classes sociales ces termes voient-ils le jour: dans les classes sociales favorisées ou défavorisées? La réponse était unanime, ce sont les classes plutôt défavorisées qui sont terminologiquement parlant plus créatives. A l’interrogation: qui selon vous crée ces termes, les femmes ou les hommes? La majorité des sondés ont désigné les hommes. - 889 - La Terminologie Arabe … Akram Odeh A l'interrogation: qui emploient le plus ces redésignations, les jeunes ou les plus âgés, les femmes ou les hommes? Les réponses obtenues démontrent que les jeunes connaissent mieux ces surnoms que les plus âgés tandis que les hommes sont plus au courant de ces appellations que les femmes. Pour vérifier la véracité de cette dernière conclusion, il a été demandé à des femmes et à des hommes de plus de cinquante ans de citer cinq surnoms de téléphones portables. Il s'est avéré que les femmes ainsi que les plus âgés étaient moins aptes à répondre contrairement aux hommes et aux plus jeunes. Cependant, les exemples fournis dans les réponses des femmes démontrent une meilleure connaissance des surnoms dénotant des couleurs: avec une couverture rappelant la peau du tigre, le Nokia 6250 est surnommé «tigre». Les plus âgés ont plutôt démontré une meilleure maîtrise des surnoms désignant des formes: «qorss», «disque» pour Nokia 3660, «damaah», «larme» pour Nokia 7600. Une terminologie ni néologique, ni stylistique L'on peut généralement établir une distinction entre les diverses innovations néologiques qu'elles soient au niveau du signifiant ou au niveau du signifié. Il y a d'abord le néologisme dénominatif, c'est-à-dire celui qui relève d'un besoin de dénommer une invention ou une nuance conceptuelle, et puis le néologisme stylistique qui est le fruit de la fantaisie créatrice de l’usager, de l'auteur ou du locuteur. Guibert explique la néologie nominative comme étant une unité lexicale dont la formation: ne réside pas dans la volonté d'innovation sur le plan de la langue mais de la nécessité de donner un nom à un objet, un concept nouveau. Elle répond au besoin de communiquer une expérience nouvelle; elle s'inspire non de considération esthétique dans son principe mais de souci d’efficacité (…) Mais dans son principe, la néologie néologique vise à une exactitude adéquation du nom avec l'objet ou le concept à éviter toute ambiguïté dans la redésignation. C'est pourquoi celle-ci tend à une certaine description de la chose désignée que l'on peut constater dans les nomenclatures scientifiques(16). Guibert oppose cette néologie nominative à la néologie stylistique qui est fondée sur la recherche d'expressivité du mot en lui même ou de la phrase par le mot pour traduire des idées non originales d'une manière nouvelle, pour exprimer d'une façon inédite une certaine vision du monde, cette forme de création […] est liée à l'originalité profonde de l'individu parlant, à sa faculté de création - 890 - verbale, à sa liberté d'expression, en dehors des modèles reçus ou contre les modèles reçus. Elle est le propre de tous ceux qui ont quelque chose à dire(17). Le recours des Proche-Orientaux à la re-désignation des téléphones portables ne peut appartenir ni à la première classification, ni à la seconde. Certes, il ne peut y avoir dans ce contexte des innovations néologiques, puisque les portables sont baptisés avant leur lancement sur le marché mondial, ils sont nommés et étiquetés avant d'être re-étiquetés. Mais les surnommer relève-t-il vraiment du luxe linguistique? Sans nier l'existence d'une certaine volonté de recherche d'expressivité, ce recours demeure motivé, voire justifié. Cette justification, on vient de le dire, trouve ses racines, d'abord dans la culture de surnommer les personnes et les objets. Vu son utilité et son intimité avec son usager, le portable n'est pas un objet d'une seconde importance. Le recours à ces terminologies se justifie, par la suite, dans la difficulté de mémoriser et d’articuler le nom de la marque suivi d’un numéro composé de quatre chiffres. Certes, la quantité des modèles crée nécessairement une diversité de qualités qu'un nom emprunté au langage commun ou un adjectif substantivé peut merveilleusement désigner avec tant de transparence linguistique qu'aucun chiffre ne peut le faire. L'innovation lexicale ne doit pas, de surcroît, être perçue comme le fruit du hasard, elle résulte au contraire d'un locuteur d'une communauté linguistique dans une synchronie donnée. C'est un acte d'intelligence occasionnel et intentionnel d'un sujet isolé résultant de l'utilisation du code de la langue. La mise en œuvre d'un néologisme ne peut s'exercer librement par ledit locuteur: il est obligé de prendre en compte les membres de sa communauté linguistique, destinataire du néologisme et avec lesquels il partage la même langue qui est le lieu de l'innovation terminologique et le moyen de la véhiculer. Tant que l'innovation lexicale n'est pas comprise, admise et employée par la communauté linguistique, donc par la langue, elle n'est ni valable, ni viable. L'usage répandu et fréquent des surnoms de portables par les ProchesOrientaux justifie par conséquent ces innovations sémantiques. Une terminologie figurative On distingue traditionnellement trois types de procédés d'innovation lexicale: il y a d'abord, le procédé onomatopéique, autrement dit celui qui crée des nouveaux termes par imitation d'un son ou d'un bruit naturel. Du procédé morphologique, on obtient, par la Dirasat, Human and Social Sciences, Volume 33, Supplement, 2006 suite, tous les néologismes créés par dérivation et composition. Le troisième procédé est sémantique qui englobe toutes les terminologies ayant reçues une spécification ou une mutation sémantique. Etant, certes, une source d'enrichissement néologique, l'emprunt interlingual demeure un procédé étranger au corps de la langue, peu transparent et stérile linguistiquement. Un coup d'oeil sur le corpus nous permet de constater que le procédé morphologique est totalement absent, que quelques emprunts à l'anglais sont présents comme «mobile, chocolate, baby, xenon, Matrix, communicator etc.» que la majorité des surnoms relève en revanche de la néologie sémantique. Ce type de néologismes se distingue de tous les autres par le fait que la matière morphologique utilisée préexiste dans le fond lexical en tant que lexème autonome doté d'une signification lexicale. Sans subir de modification graphique ou morphosyntaxique, le lexème est pris dans une nouvelle signification au sein du champ sémantique de la discipline emprunteuse comme celle de la téléphonie. Résultant donc d'une polysémie lexicale, ce recours est rendu possible grâce et à travers le principe de l'arbitraire du signe. La mutation sémantique consiste donc à revêtir un lexème ancien d'une nouvelle signification. Certes, le locuteur met en parallèle non fortuitement deux concepts ou deux objets dont l'image de l'un provoque l'image de l'autre, soit par ressemblance d'un attribut commun ou soit par contiguïté, dans l'esprit de ce même locuteur. Aussi, ce type de néologisme puise-t-il essentiellement dans des images de l'univers référentiel. Certes, l'image est parlante, elle fait immédiatement appel à l'esprit et rend plus aisé la saisie d'un propos. Les sources néologiques dans lesquelles puise la créativité sémantique de la terminologie populaire des portables sont nombreuses. Tout en relevant des tropes, elle provient du portable lui-même. Sa couleur, sa forme et ses caractéristiques rendent le champ dénominatif très fertile. La couverture colorée du Nokia 6510 fait penser à la couleur d’une barre de chocolat, c’est métaphoriquement du «chocolat». Les diverses couleurs lumineuses du Nokia 8890 font penser à une couronne royale, c’est par conséquent un «taj», une couronne. La forme des lignes tracées sur les combinés des Nokia 7210 et 6100 ont suscité, par le biais de la métaphore, respectivement «al-mamlakah», «le Royaume» qui est un gratte-ciel dans la capitale saoudienne et «barj al-arab», «la Tour des Arabes» qui est une tour construite au large du golfe Arabo-Persique à Dubaï. La forme du Motorola ressemble tellement à un «a-sarsour», «cafard», que le baptême terminologique s’est imposé. Si l’usager de la téléphonie mobile se rend compte d’une caractéristique distinctive de son portable, il n’hésite pas à associer cette caractéristique à une personne où à une chose se trouvant dans son environnement. Ainsi, les usagers arabes du Nokia 3210 se sont-ils aperçus qu’il s’agissait d’un portable véritablement robuste. En Syrie, c’est à cause de la Skoda, la voiture tchèque, réputée pour sa solidité que ce mobile a été surnommé par les Syriens «Skoda». Au Koweït, c’est à un joueur de football au nom de «Bashar» que les Koweitiens associent, entre autres, l’idée de solidité et d’endurance puisqu’il a joué dans la publicité de ce Nokia 3210. Pourquoi dès lors ne pas coller le nom de la voiture et le nom du footballeur à ce portable. Des personnalités populaires ont inspiré certains locuteurs. Aussi, la forme rectangulaire du Nokia 2100 a évoqué dans l’esprit du locuteur la silhouette d’une star du cinéma égyptien, la métaphore est éloquente, le Nokia 2100 est donc «Leila Alawi». Si un fabricant relance un modèle déjà commercialisé après l’avoir doté d’une nouvelle technologie ou fonction, la terminologie populaire garde le surnom du modèle déjà commercialisé et rajoute au surnom en question l’adjectif «motawar»: «amélioré»: le Nokia 2110 était surnommé «al-anid», «le têtu», La compagnie finlandaise Nokia l’a relancé sur le marché sous l’étiquette 3310 après l’avoir doté d’une nouvelle technologie de sonnerie, la sagesse populaire ne lui a pas cherché un nouveau surnom, elle s’est contentée de coller à l’ancienne désignation l’adjectif «motawer». La voix de la métonymie se construisant par contiguïté, elle ne se fait pas rare dans la terminologie populaire de la téléphonie mobile. Un chanteur ou une chanteuse faisant de la publicité pour tel mobile et le mobile portera par la suite le nom du chanteur. Ainsi Samsung T 100 a-t-il été lancé à travers la voix de la chanteuse syrienne «Asalah», que la communauté des usagers loin de désapprouver cette contiguïté, l’a surnommé «Asalah». L’environnement et la période de lancement du portable sont formidablement utilisés par l’imaginaire populaire pour mettre à la lumière du jour de nouveaux termes métonymiques. Ainsi, si la campagne publicitaire visant la commercialisation d’un nouveau mobile coïncide avec une actualité dominée par une personnalité ou par un fait d’actualité (chanson, film, publicité, événement politique etc.), le portable pourrait porter le nom de celui ou de ce qui fait l’actualité. Aussi, la commercialisation du Nokia 6800 a coïncidé - 891 - La Terminologie Arabe … Akram Odeh avec la préparation et le début de la guerre contre l’Irak où l’image du Ministre irakien de l’information A-Sahaf(18) était présente sur tous les écrans de la planète, ce Nokia 6800 a donc été appelé «A-Sahaf» et l’on continue à le surnommer ainsi de nos jours. Le lancement du Nokia 3410 a par hasard accompagné la sortie de la chanson «alajib», «l’étonnant» d’Abdallah Abo Al-khair, ce Nokia a donc pris le nom de la chanson: «al-ajib», «l’étonnant». De même que le lancement de Nokia 6210 s’est déroulé au moment où la chanson d’Aiman Abdel-majid «rahib» était au top des hit-parades des chansons arabes, ce Nokia 6210 est alors baptisé «al- rahib», «l’incroyable». C’est une terminologie qui connaît une certaine synonymie. Aussi, Nokia 5210 est-il appelé «al-ghwass», ou «al-ghatass», «le plongeur», en Jordanie ainsi qu’en Arabie Saoudite, «al-ryadeh», «le sportif» au Koweït. Cette synonymie est due essentiellement à des raisons géographiques et à l’environnement social et culturel sans que le phénomène de surnommer les mobiles, ses motivations et ses effets soit différent. Mais cette synonymie est souvent motivée et apporte des précisions terminologiques. Aussi le Nokia 8210 est-il désigné sous l’étiquette Kitkat, le fameux chocolat mondialement connu. La fragilité(19) de ce mobile rappelle celle de la marque de ce chocolat ainsi que sa couverture rouge qui fait immédiatement penser à l’emballage rouge de ce même chocolat. Le même portable a été également commercialisé sous une couverture bleue; ce qui lui a valu le nom «Nivea», la fameuse crème adoucissante au contenant bleu. Les Koweitiens ont choisi d’associer par le canal de la métonymie le luxe et la solidité de la série des portables «3210», à une star de football de cet Emirat au nom de Bashar ayant fait la publicité de ce portable; les Saoudiens ont, par contre, opté d’associer la solidité et la somptuosité de ce Nokia 3210 aux biens de consommation des chanceliers supposés luxueux. Loin de l’intellectualisation du discours scientifique et technologique, le discours de la téléphonie mobile arabe est simple puisque la masse populaire constitue sa source et son destinataire. Néanmoins, à l’instar des termes technoscientifiques, la terminologie du téléphone portable est inaccessible aux non-initiés. Toutefois, l’initiation du locuteur arabe à cette dernière est facilement réalisable puisque cette terminologie est, d’une part, fondamentalement basée sur un système d’étiquetage culturellement référencié, et qu’elle est, d’autre part, communément motivée et connotée, contrairement aux nomenclatures technoscientifiques dont la connaissance - 892 - requiert nécessairement une initiation au système conceptuel propre à un domaine. De surcroît, la terminologie du portable, à l’image de celle des domaines technoscientifiques, rend la communication plus efficace et plus transparente. Certes, sur le plan morphosyntaxique, ces termes augmentent l’efficacité de la communication par la facilité phonique, par la précision et la transparence de leurs formes. Sur le plan sémantique, il s’agit d’une terminologie culturellement imprégnée et fortement figurative et biunivoque. Ce qui précède rend psycholinguistiquement parlant leur pouvoir d’évocation plus fort et par conséquent leur compréhension et leur mémorisation plus aisées. Il en résulte au plan socioterminologique une accélération du processus de divulgation, d’acceptation et d’intégration aboutissant à un usage répandu: l’usage terminologique n’est-t-il pas le critère et l’indice par excellence de la fluidité et de l’efficacité de la communication(20). CONCLUSION La créativité terminologique populaire arabe a pu remédier à l’opacité, à la complexité de la terminologie de la téléphonie mobile choisie par les fabricants, en créant une autre terminologie transparente et simple: le discours sur le portable, devenu quotidiennement fréquent, en sort efficace et plus clair. Créées et utilisées essentiellement par la jeunesse masculine arabe, ces terminologies sont majoritairement formées soit par la voix de la métaphore soit par le canal de la métonymie. Il ne s’agit pas d’une terminologie ni néologique, ni stylistique mais tout simplement d’appellations affectives dues à l’omniprésence du mobile dans la vie de l’usager. En s’aspirant de leur environnement naturel, urbain, politique, artistique et tout en exploitant la couleur, la forme et les caractéristiques du portable, l’imaginaire populaire procheoriental nous surprend par le pouvoir expressif de ses termes positivement connotés. Au delà de l’envie du consommateur de personnaliser son téléphone portable en lui donnant un nom d’une star adulée ou d’un animal préféré, la recherche de l’association entre la nouveauté de l’objet extralinguistique et la nouveauté du nom sur le plan linguistique est certes manifeste. Témoignant d’une coutume sociolinguistique ancestrale cherchant à coller des surnoms à des noms préexistants, ce processus de redésignation reflète à l’évidence le portrait d’une jeunesse victime d’un consumérisme sauvage et d’un suivisme de la mode en quête de distinction des autres. Dirasat, Human and Social Sciences, Volume 33, Supplement, 2006 - 893 - La Terminologie Arabe … Akram Odeh - 894 - Dirasat, Human and Social Sciences, Volume 33, Supplement, 2006 - 895 - La Terminologie Arabe … Akram Odeh - 896 - Dirasat, Human and Social Sciences, Volume 33, Supplement, 2006 - 897 - La Terminologie Arabe … Akram Odeh FOOTNOTES «Dictionnaire des surnoms des poètes arabes» de Sami al-Ani qui cite six cent quatre-vingt trois surnoms de (1) Il peut être aussi un moyen de guidage militaire redoutable dont l’utilité peut dépasser les satellites espions et les super soniques d’espionnage ultramodernes Awax. Lors de l’émission poètes couvrant seulement la période pré-islamique jusqu'à la fin de l’époque Abassyde. (8) Qui saurait dire le nom de ces grands poètes dont la «Sans majorité écrasante des arabophones contemporains Frontières » sur la chaîne qatarie, Aljazeera, le colonel étudient la poésie à l’école: Amro al-kaisse, al- responsable de la défense aérienne irakienne à Bagdad a Nabighah, al-Muhlhel et Torfah de l’ère pré-islamique; souligné que des centaines d’espions travaillant pour les al-Akhtal, al-Farazdaq, de l’époque des Omeyyades. Américains sillonnaient l’Irak pour repérer les défenses Abo al-Atahya, Abo a-Nawass, et al-Mutanabi de aériennes irakiennes et guider, en se servant simplement l’époque Abassyde etc. de leur «thuraya», le portable satellitaire, les (9) Ces multinationales sont: le finlandais Nokia qui détient bombardiers américains dont les attaques furent une grande part du marché arabe, Motorola, l’américain, spontanées. Ericsson, le suédois, fusionné récemment avec Sony, le (2) Le Pager, appelé en français Tatoo, objet obsolète de japonais, les nord-coréens, Samsung et LG et Siemens, nos jours, a été traduit en arabe par deux heureuses l'allemand etc. trouvailles terminologiques, Barq (éclair) et Mersal (10) www.nokia.com. (message) qui, loin d’être calqués sémantiquement sur (11) Seleskovitch, D. 1990. La traduction des hyperonymes le terme source, sont des termes monosémiques dans ce domaine, linguistiquement fertile. et autres termes de grande extension, Meta, 35, 1, p. 5. (12) Jargon dénote une terminologie employée par un (3) Ce phénomène ne concerne pas seulement les groupe limité de personnes souvent un corps de métier. téléphones portables. En effet, au Proche-Orient et Technolecte semble désigner un ensemble de termes depuis plusieurs décennies, on utilise, dans une techniques véhiculé dans un cercle plutôt restreint. Or proportion moins importante que dans le domaine des cette terminologie populaire est portables, des surnoms pour désigner les voitures consommateur notamment la Mercedes et la BMW, la Skoda et la ordinaire. Il s’agit par conséquent d’une terminologie de FIAT. Les surnoms suivants sont chronologiquement masse d’où l’inadéquation des termes jargon ou des terminologies de création populaire concernant à technolecte. ordinaire et utilisée créée par le par l’usager titre d’exemple les voitures Mercedes et BMW: (13) Contrairement aux différentes désignations arabes du Mercedes E. 200 année 1980 «Bata», «Canard», fin des portable, le Pager avait suscité deux heureuses années 1990 «Safieh al-Omari», actrice égyptienne aux trouvailles terminologiques puisées dans la tradition et grands et beaux yeux, ou encore «qarsh wa nesf», «un et la culture arabes: « a-zajel et al-mersal ». Loin des demi piastres» Mercedes E 300, «chabah», «fantôme» traductions sémantiques du portable: «a-zajel» est un en Jordanie et en Syrie et «khanserah», «cochonne» en pigeon voyageur qui fut utilisé à l’époque Abassyde Egypte. BMW série 500 année 2000 «ras e-namer», comme facteur, « al-mersal » fut et est utilisé pour «tête de tigre» etc. désigner, entre autres, une lettre d’amour, un message. (4) Certes, il s’agit d’une terminologie créée et employée oralement. (14) Guilbert, L. 1975. La créativité lexicale, p. 40. (15) Cité par Sylvia Pavel «Changement sémantique et (5) Guilbert, L. 1975. La créativité lexicale. p.15. terminologie», Meta, 36, 1, 1991, p. 3. (6) Al-Sayd, F. S. 1990. Dictionnaire des surnoms métonymiques dans l’histoire arabo-islamique, p. 135. (16) Guilbert, L. 1975. La créativité lexicale, p. 40. (17) Guilbert, L. 1975. La créativité lexicale, p.73. (7) Dans l’introduction de son «Dictionnaire des surnoms (18) A cette explication métonymique s’ajoutent deux dans l’histoire arabo-islamique» F. al-Sayad mentionne explications métaphoriques justifiant l’association entre une trentaine de livres qui ont traité ce sujet de l’époque ce ministre et le portable en question. La partie pré-islamique à nos jours. Il souligne que supérieure de ce portable, raconte-t-on, est très large à le - 898 - Dirasat, Human and Social Sciences, Volume 33, Supplement, 2006 l’image du cou de A-Sahaf. Pendant la période de la (19) Dans la plupart des parlers orientaux, le nom du guerre contre l’Irak, le Ministre de l’information irakien chocolat Kitkat est souvent utilisé pour désigner une parlait tout le temps aux médias d’où la référence à ce personne délicate, fragile et snob. Nokia dont l’autonomie de la batterie permet de parler (20) Kocourck, R. 1989. Terminologie et efficacité de la longuement. communication: critères linguistiques. Meta 30, p.123. 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SITOGRAPHIES www.ericsson.com www.motorola.com www.nokia.com www.samsung.com www.siemens.com www.sony.com - 899 - … La Terminologie Arabe Akram Odeh اﻟﺗﺳﻣﻳﺎت اﻟﺷﻌﺑﻳﺔ اﻟﺗﻲ ﺗطﻠﻘﻬﺎ اﻟﻌﺎﻣﺔ ﻋﻠﻰ اﻟﻬواﺗف اﻟﺧﻠوﻳﺔ أﻛرم ﻋودة* ﻣﻠﺧـص ﻳﺗﻧﺎوﻝ ﻫذا اﻟﺑﺣث ظﺎﻫرة اﺻطﻼﺣﻳﺔ اﺟﺗﻣﺎﻋﻳﺔ وﻫﻲ اﻟﺗﺳﻣﻳﺎت اﻟﺷﻌﺑﻳﺔ ﻟﻠﻬواﺗف اﻟﺧﻠوﻳﺔ اﻟﺗﻲ ﺗﺑﺗدﻋﻬﺎ وﺗﺑﺛﻬﺎ اﻟﻌﺎﻣﺔ .إﻧﻬﺎ ظﺎﻫرة اﺟﺗﻣﺎﻋﻳﺔ ﻟﺳﺎﻧﻳﺔ ﻓرﻳدة ﻻ ﺗﻌرﻓﻬﺎ إﻻ اﻟﻌرﺑﻳﺔ اﻟﻌﺎﻣﻳﺔ دون ﺳواﻫﺎ ﻣن اﻷﻟﺳن .أﺻﺑﺢ اﻟﻬﺎﺗف اﻟﻧﻘﺎﻝ ﻛظﻝ اﻟﻣﺳﺗﻬﻠك ﻻ ﻳﻔﺎرﻗﻪ ،ﻛﺛرت ﻣودﻳﻼﺗﻪ ا ﻓﻐز اﻷﺳواق ﺗﺣت ﻣﺳﻣﻳﺎت ﺿﺑﺎﺑﻳﺔ ﻳﺻﻌب ﺣﻔظﻬﺎ؛ ﻷﻧﻬﺎ ﺗﺗﻛون ﻣن اﺳم اﻟﻧﻘﺎﻝ ﻣﺗﺑوﻋﺎ ﺑﺄرﺑﻌﺔ أرﻗﺎم وﺑﺣرف أﺣﻳﺎﻧﺎ؛ ﻣﺻرﻋﻳﻪ ،ﻓﺄطﻠق ﻛﻧﻳﺎت ﻣﺟﺎزﻳﺔ ﺷﻔﺎﻓﺔ ﺫات ﺻور ﺑﻠﻳﻐﺔ ﻣﺳﺗﺧدﻣﺎ اﻟﻣﺟﺎز ا ﻣﻣﺎ ﻓﺗﺢ ﺑﺎب ﺧﻳﺎﻝ اﻻﺑﺗﻛﺎر اﻟﻣﺻطﻠﺣﻲ اﻟﺷﻌﺑﻲ ﻋﻠﻰ واﻟﻣﺟﺎز اﻟﻣرﺳﻝ وﻣﺳﺗوﺣﻳﺎ ﻣن اﻟﺑﻳﺋﺔ اﻟﻌرﺑﻳﺔ وﻣﺎ ﺗﺣﺗوﻳﻪ ﻣن ﺳﺎﺳﺔ وﻓﻧﺎﻧﻳن وﺣﻳواﻧﺎت وأﻣﺎﻛن وﺳﻠﻊ اﺳﺗﻬﻼﻛﻳﺔ .ﺗﻌﻠﻝ ﻫذﻩ اﻟظﺎﻫرة أﺳﺑﺎب ﺗﺟﺎرﻳﺔ ﺗﻌزى إﻟﻰ اﻻﺳﺗﻬﻼﻛﻳﺔ اﻟﻣﻔرطﺔ ٕواﻟﻰ أﺳﺑﺎب اﺟﺗﻣﺎﻋﻳﺔ ﺛﻘﺎﻓﻳﺔ ﺗﻛﻣن ﻓﻲ ﺷﻐف اﻹﻧﺳﺎن اﻟﻌرﺑﻲ ﻓﻲ اﻟﻛﻧﻳﺔ ٕواﻟﻰ أﺳﺑﺎب ﻧﻔﺳﻳﺔ ﻟﺳﺎﻧﻳﺔ ﺗرﺟﻊ إﻟﻰ اﻟﻌﻼﻗﺔ اﻟﺣﻣﻳﻣﺔ اﻟﺗﻲ ﺗرﺑط اﻟﻣﺳﺗﻬﻠك ﺑﺎﻟﻬﺎﺗف اﻟﻧﻘﺎﻝ .وﻫﻧﺎك أﺧﻳ ار أﺳﺑﺎب ﻟﺳﺎﻧﻳﺔ ﺑﺣﺗﺔ ﺗﻬدف إﻟﻰ ﺷﻔﺎﻓﻳﺔ اﻟﺗواﺻﻝ اﻟﻠﻐوي وﻓﻌﺎﻟﻳﺗﻪ ﻣن ﺧﻼﻝ ﺗﻧﺎﻏم اﻻﺳم واﻟﻣﺳﻣﻰ. اﻟﻛﻠﻣـﺎت اﻟداﻟـﺔ :اﻟﻬﺎﺗف اﻟﻧﻘﺎﻝ ،اﻻﺻطﻼﺣﺎت اﻻﺟﺗﻣﺎﻋﻳﺔ ،اﻻﺑﺗﻛﺎر اﻟﻣﺻطﻠﺣﻲ ،اﻟﻣﺟﺎز ،اﻟﻣﺟﺎز اﻟﻣرﺳﻝ. ________________________________________________ * ﻣرﻛز اﻟدراﺳﺎت اﻟﻔرﻧﺳﻳﺔ ،ﻗﺳم اﻟﻠﻐﺎت اﻻﺟﻧﺑﻳﺔ وآداﺑﻬﺎ ،ﻛﻠﻳﺔ اﻵداب ،ﺟﺎﻣﻌﺔ اﻟﺑﺣرﻳن ،ص.ب ،(٣٢٠٣٨) .ﻣﻣﻠﻛﺔ اﻟﺑﺣرﻳن .ﺗﺎرﻳﺦ اﺳﺗﻼم اﻟﺑﺣث ،٢٠٠٥/٣/٣وﺗﺎرﻳﺦ ﻗﺑوﻟﻪ .٢٠٠٥/١٠/٢٠ - 900 -