Solène Hass

Transcription

Solène Hass
#1
Prix libre
Un nouveau zine avec un but simple : fixer sur papier des articles
parus seulement sur internet... Vous trouverez donc peu de choses
inédites ici, mais simplement un "best of". Il ne s'agit pas tant de garder
une trace pour la postérité que d'avoir un support qui se transporte au
delà des cables réseaux et des connexions hasardeuses, qui se pose dans
une distro, qui se lit sous la couette, dans le jardin, sur la table du petit
déjeuner, etc... Bref, les blogs c'est bien, mais ça ne suffit pas...
La parution sera aléatoire, et la forme aussi... Ca dépendra du temps,
des thunes, des envies, etc...
Pas vraiment de cahier des charges précis quant à la sélection des
articles, mais en gros ça parlera principalement de trucs de trans et de
lesbiennes... Mais pas que.
Puis sinon, faut lire tout ça en considérant que ça vient des bords d'un
milieu alterno féministe transpédégouine punk anarkosquat
franchouillard, sans grande conviction quant à cette appartenance...
Mais les faits sont les faits.
Si vous voulez imprimer et diffuser ce zine, faites vous plaisir...
Vous
pouvez
le
trouver
en
téléchargement
libre
ici
:
http://tpgaf.herbesfolles.org/Un_Bruit_De_Grelot
Sinon je peux vous en envoyer autant que vous voulez, au prix des
copies et des frais de port...
Contactez moi ici : unbruitdegrelot [at] herbesfolles [point] org
Bonne lecture.
SH.
Les articles de ce numéro proviennent (entre autres) des sites suivants :
http://lapetitemurene.over­blog.com
http://pink.reveries.info
http://butch­fem.toile­libre.org
http://unbruitdegrelot.herbesfolles.org
#1 – juillet 2011
dossier EXOTISATION
Je ne suis pas une théorie
par Butch Cassidyke Ceci est une lettre ouverte, destinée à tou∙te∙s les féministes, les queers, les révolutionnaires et autres progressistes en tout genre qui vénèrent, idolâtrent et, en fin de compte, exotisent les trans, vantant leur extrême subversivité d'un côté et de l'autre, les grondant et les paternalisant pour leur soi disant adhésion aux normes de genre. Ceci est destiné à la personne qui m'a expliquée que, si j'étais féministe, je ne devais pas suivre d'hormonothérapie, parce que tout de même, c'était céder aux sirènes des normes de féminité ; à celle qui me trouvait subversive mais refusait de m'appeler «elle» parce que quand même, elle n'allait pas s'emmerder à retenir ça, et qu'il fallait bien comprendre, c'est pas évident ou (variante pseudo­queer) «ça déconstruit le genre»; à celle qui trouvait abominable l'idée que je puisse vouloir me faire opérer, sans prendre la peine de chercher à savoir si c'était effectivement le cas ; et, de manière plus générale, à toutes celles qui m'apprécient comme on peut apprécier les lions ou les girafes : c'est­à­dire, au zoo.
Je sais ­ je pense ­ que vous ne vous considérez pas comme ces mecs hétéros qui se branlent sur des trans dans la pornographie straight, parce qu'une fille à bite, c'est vraiment trop «cool», bizarre et exotique, parce que ça permet de jouir sur une pseudo­subversion, à condition que celle­ci ne remette pas en cause les privilèges des dominants. Je le sais bien, que vous pensez être très différent∙e∙s, mais moi, je vous trouve assez semblables. À un détail près, c'est que le translover de base, lui, ne brandit pas ça comme un étendard et a plutôt tendance à le cacher, à en avoir honte. Vous, non, vous en êtes fi∙er∙ère∙s et clamez sur tous les toits à quel point votre «acceptation» des trans fait de vous quelqu'un∙e de bien. Sauf qu'en fait, ce n'est qu'une arnaque, et votre soi­disant «acceptation», voire idolâtrie, n'est qu'une façade qui s'effrite rapidement dès que vous réalisez que, dans nos vies réelles, nous ne sommes pas toujours à la hauteur de vos fantasmes de subversion par procuration. Je voudrais juste vous faire passer un petit message, très bref, dont j'apprécierais beaucoup qu'il rentre dans vos crânes : JE NE VIS PAS POUR VOUS. dossier EXOTISATION
Ma vie n'est pas destinée à ajouter un peu de sel, d'amusement, de piment ou de «subversion» dans les vôtres. Mon identité et mon corps ne sont pas là pour que vous puissiez trouver cela génial ou, au contraire, me reprocher de «renforcer les normes de genre» parce que je me définis d'une certaine manière ou parce que je modifie certaines parties de mon anatomie. Mon genre n'est pas à votre disposition pour que vous puissiez jouer avec, pour que vous puissiez trouver amusant de m'appeler «ille», «il/elle», etc. après que j'ai dit très clairement vouloir être appelée dans un féminin on ne peut plus classique. Si vous trouvez cela trop binaire pour vous, pas assez «queer», si vous voulez «déconstruire le genre» déconstruisez le vôtre. Sinon, cela a un nom, et ce nom n'est pas le mot «queer» ni «déconstrution» mais un autre, beaucoup plus banal : «oppression». Les parties de mon corps qui sont intimes ne le sont pas moins parce que je suis trans ou parce que vous les considérez comme potentiellement «fausses». Par exemple, non, ce n'est pas subitement correct de demander ce que j'ai entre les jambes, si mes seins sont vrais, ou si je prends des hormones, alors qu'on n'est pas potes, juste parce que je suis trans et, par conséquent, que vous estimez que ces informations doivent être à votre disposition. Mes choix n'ont pas à valider les vôtres, même si ça vous défrise, même si vous pensez que vraiment, quand même, ce serait mieux si je faisais ci, ou ça, si je suivais en marchant au pas les critères de soi­disant «émancipation» que vous voulez imposez. Les troubles que vous pouvez ressentir face à moi, aux personnes trans, ou aux sujets trans de manière générale, sont vos problèmes et pas le mien : je ne suis ni une psy destinée à entendre tous les dilemmes que vous pouvez avoir, comme si c'était moi qui en étais responsable et pas votre transphobie ; ni une curée censée vous donner l'absolution lorsque vous confessez un préjugé ou un autre. Je ne vis pas pour vous. Pas plus que je n'ai envie d'être l'objet de fantasmes sexuels pour des straights en quête de sensations fortes, je ne veux pas être l'objet de vos fantasmes pseudo­révolutionnaires. Je ne suis pas votre «Barbie® subversive». Bref, je ne suis pas une théorie ; apprenez à vivre avec, ou vous allez devoir réaliser que la semelle de mes godasses est, elle, bien concrète. dossier EXOTISATION
Plutot transphobe que translover
par Solène Hasse ne me touche pas ne joue pas avec moi je ne suis pas exotique une destination touristique pour tes déviances contrôlées des samedis soirs éméchés ne me touche pas ne joue pas avec moi tu me donnes des caresses discrètement à la sauvette tu retrouves tes esprits car que vont dire tes amiEs ne me touche pas ne joue pas avec moi je ne suis pas optionnelle
insensible à tes appels je ne suis pas que sexuelle
je ne suis pas que sexuelle
ne me touche pas ne joue pas avec moi je ne veux pas de tes désirs je ne veux pas de ton aumône je ne veux pas de ta compassion je ne veux pas de tes impressions ne me touche pas ne joue pas avec moi ne me touche pas ne joue pas avec moi je ne suis pas une occasion qu'on encule par exception je ne suis pas un jouet pour transloverEs esseuléEs ne me touche pas ne joue pas avec moi faudra te branler ce soir je ne me contenterai pas d'un peu de ton désespoir ou d'envies que tu n'assumes pas ne me touche pas ne joue pas avec moi je ne suis pas exotique une destination touristique pour tes déviances contrôlées des samedis soirs éméchés ne me touche pas.
dossier EXOTISATION
Là bas si j'y suis :
les mésaventures de l'exotisation.
par La Petite Murène La petite murène louche de temps en temps avec agacement sur le énième feuilleton des audacieuses françaises séquestrées par des états ou mouvements barbares et mal intentionnés, qui n’ont rien compris à leur désir de connaître. C’est pas nouveau. Quand elle était enfant il y avait déjà Françoise Claustre dans les sables du Ténéré. Plus tard il y eut la mère Aubenas qui y a gagné semble­t’il une espèce de magistère surjournalistique à parler avec autorité de tout et de rien. Et là on vient d’avoir droit à l’affaire Reiss. En attendant la prochaine qui ne tardera pas, puisqu’il s’agit de la reproduction d’une attitude sociale et de ses diverses conséquences. Ce qui relie quand même ces mésaventures, ne vous en déplaise, c’est le principe d’exotisme. Là bas si j’y suis. Ou si s’y trouve quelque vérité dont je puisse m’arrondir. Aller se flanquer au milieu des plus excitantes émeutes, des guérillas les plus pathétiques, des civilisations et gouvernements sur lesquelles la controverse est le plus à la mode. Parce que bien sûr, ce n’est pas dans nos tristes fesses que se situe l’intérêt, la valeur et la promotion sociale chez les siennes. C’est chez le Turc ou l’Algonquin, vieille et moisie passion française et probablement un peu rousseauiste. Principale variante il est vrai : il fut un temps où on partait sans désir de retour, où on « prenait le turban » par exemple, où on s’établissait et adieu. Ça concernait peu de gentes, et fréquemment des qui s’étaient mis en position de n’avoir guère plus le choix. Ce n’est plus le cas, pas même des bobos écolos qui ont paraît­il bâti un cauchemar nommé Auroville dans les Indes orientales, pour y vivre leur fantasme purificateur au contact (ce fameux contact, ce mot dit tout…) de la civilisation indienne (mais surtout pas de la misère et de la pollution galopantes). Á gerber. Mais l’autre version, contemporaine, c’est le tourisme militant. Lequel a, comme le militantisme en général, fusionné avec l’universitaire. On part avec quelques grades et une recommandation académique. Et en frétillant de désir de s’immerger. Et on s’immerge tellement dans la vraie vie qui bouge qu’on finit en prison, avec quelques grappes de penduEs qui se balancent aux alentours. On est quand même préservée de la pendaison, en général, quand on n’a pas eu l’idée lumineuse d’aller se ressourcer par exemple chez ceux que les médias nomment les talibans. Mais on ne sait pas quand et comment on pourra en sortir. dossier EXOTISATION
Bon, la petite murène n’a pas envie de faire dans la satire. Elle déteste le Canard Enchaîné et autres saloperies évidentistes du même tonneau. Ce qu’elle veut dire par là, c’est que ces affaires qui font couler bien de l’encre et du télex sont la petite corne de l’énorme iceberg de l’exotisation. De ce souci dévorant d’aller se chercher chez les autres. Si possible des autres bien autres, tellement on a appris à se détester et à se mépriser, à s’ennuyer avec soi. Et aussi appris que l’ennui c’est mal, ça participe de la frustration et là, c’est l’enfer, l’enfer de la honte. Nous sommes dans une société de la fierté, notamment dans les mouvements alterno­
universitaires. Il faut pouvoir se gonfler comme des grenouilles, gonfler et resplendir de réalisation, d’expérience, de savoir. Toujours plus. Toujours plus loin. Toujours plus autre. Puisque le rêve, plus ou moins avoué selon les personnes et les idéologies, c’est de se faire autre. La petite murène en a connu qui s’affublaient de noms arabes et cherchaient à ne coucher qu’avec des « racisées », par exemple, pour faire bonne figure dans notre pays islamophobe et contenter leur masochisme envahissant. Ah c’est que ça vous change la moelle des os de vous appeler avec un K dans le nom (ah non, pas Karine, ça c’est nul !) et de vous promener au bras d’une personne bien typée, comme on dit. Mais il est vrai qu’aller serrer la paluche à des guérillères Kurdes ou faire sa thèse à Téhéran, là aussi ça vous pose en vous­
même, ce vous­même qui justement ne peut prendre de valeur qu’en se remplissant de ces autres, de leur image correctement lissée, et en s’éloignant de notre triste destinée pâlote, à jamais répudiée (à part l’héritage des parents quand il y en a, évidemment). Les renégatEs du dix­septième, par exemple, acceptaient d’être des mortEs civilEs dans leur pays d’origine. RayéEs des cadres. Á l’époque des avions, d’internet et des identités multiples, on a fait fi de ces limitations. On n’a plus à choisir, dieu merci. On collectionne et accumule. Identités multiples et multipliées, du reste. Ce que les alternotes et compagnie cherchent dans les collectifs, c’est déjà à dépasser cette triste enveloppe qui nous fait irrémédiablement unes. Uniques au mauvais sens du terme, limitées, pauvres quoi. Et du coup, une des magies de l’exotisation, c’est de brancher nos tristes personnes enfermées dans leur peau sur des peuples entiers, des destinées époustouflantes. Encore mieux que le mille­pattes collectif blanchouillon, hein ? Étrange évolution du rapport de la fameuse individualité occidentale et chrétienne (ah ah !) au fourmillement enrichissant des autres. On peut difficilement se montrer plus cynique dans la reconduction du vieux rapport raciste et colonisateur… La petite murène vous dit ça – elle y a trempé aussi, elle a pataugé dans cet enthousiasme fétide. Elle se rappelle, ça c’est en plus le summum du tourisme militant bien­pensant, une « mission civile » en Palestine, par exemple. Et plus tard d’avoir suivi avec entrain une de ces « néo­K » chez les « indigènes ». D’y avoir battu sa coulpe en chœur et répété avec componction des aberrations essentialistes dossier EXOTISATION
qui ne se distinguaient que pour avoir été inversées. D’avoir joué la petite Delphy quoi. Ah elle en est pas fière d’avoir participé à ces faux débats d’abruties. D’avoir fait taire le doute. Marché en cadence. Obéi. Elle en a été récompensée par les plus ignobles saloperies. Elle dirait somme toute « bien fait », bien fait pour avoir été aussi bête, si justement ce « bien fait » ne participait pas encore de tout ce cirque « là bas si j’y suis ». Et de la déresponsabilisation généralisée. Elle n’est pas là bas, elle n’est pas ailleurs. Sa pauvreté est sa pauvreté mais sa haine est aussi sa haine, on en verra peut­être les effets quelque jour. Bref voilà. Les sentiments et réflexion qui l’agitent à lire les articles sur les péripéties de cette universitaire manifestante. Mais surtout sur la passion sociale qui anime tout ce qui dans ce pays ne se veut pas ou plus « bourge » ou « norméE ». Normée ou exotisme. Binarité de cauchemar. Est­ce que les Chartreux y échappent ? Comment échapper, oui, à cette alternative de plus en plus tyrannique, à cette confiscation du possible par des attitudes et positions de plus en plus rigides, répétitives et misérables pour ne pas paraître pauvres ? Mesquine ou envahissante, le beau menu… On a l’impression d’une fuite éperdue devant l’éventualité de se reconnaître (et d’ainsi pouvoir reconnaître autrui autrement que comme une fonction sociale et un appât existentiel). Fuite considérablement facilitée par des moyens techniques (véhicules, télécommunications) que Jeanne Bloy, encore elle, décrivait dès 1900 comme une accumulation de possibilités de se débiner, justement. De se débiner physiquement mais aussi moralement et existentiellement ! Il va de soi que la case prison au beau milieu de cette débauche de mouvement ne peut apparaître que comme un scandale. Immobilité et réclusion ! Hé oui, l’exotisme a ses risques, puisque c’est ainsi que l’on nomme les fatalités logiques en cette époque d’assurances et de tribunaux. On passe sous un bulldozer blindé, on se prend une rafale d’arme automatique (auquel cas on passe martyre, car il ne faut rien laisser perdre) ; ou bien on stagne dans une geôle. Le traitement de l’affaire est d’ailleurs un peu compliqué, notamment dans les deux premiers cas. On ne peut, ici, trop le dénoncer comme un scandale, parce que ce serait oublier que les gentes qui vivent là bas subissent ça tous les jours, anonymement. Et que c’est pour le progrès de l’humanité. D’où la voie moyenne du « martyre », pas trop célébré non plus. La rage exotique a ses pudeurs. De toute manière il n’y a plus personne à sauver. Dans le cas de l’emprisonnement, c’est une autre affaire. Encore une fois, la petite murène se fiche de la cuisine qui se joue en pareil cas et des divers enjeux. Ce qui lui fait souci c’est ce qui mène à ça et le monde idéologique qui va avec. D’ailleurs, il n’est pas même indispensable d’aller sous une autre latitude pour faire dossier EXOTISATION
l’expérience : comme signalé plus haut, il y a de nombreuses opportunités dans ce pays même. Y compris de se retrouver en prison, mutilée ou morte. De se retrouver martyre ou scandale médiatique en étant sortie de soi, en ayant revêtu quelque défroque idéalisée. C’est encore arrivé il n’y a pas très longtemps. Et les comédies jouées autour ont dépassé tout ce qu’on avait vu depuis longtemps en stupidité bienveillante. Tout pour ne pas se retrouver seule avec soi, avec son histoire, sans valeur ajoutée. On a la désagréable impression que c’est devenu (mais depuis quand ?) l’unique enjeu réel de ce qu’on pourrait appeler rébellion, sous nos latitudes… Dans ses Prisons, la très grande Marguerite de Navarre pose en troisième et suprême lieu de détention, dont il se faut évader, la science, l’obsession de la transformation de soi par l’accumulation de connaissance, de certitudes et de découvertes. Je crois que c’est une des très rares qui aient eu conscience de cela dans notre histoire de plus en plus positiviste. C’est en nous et dans notre propre pauvreté que nous avons à chercher. Elle est sans fond. dossier EXOTISATION
Post Post Colonial Song
par Grace et Volupté Van Van feat June
Handicapé­e je veux t'baiser Ca fera bien sur mon CV Laisse­moi monter sur ta machine J'ferai des photos pour mon fanzine Si t'es crust c'est le must Vieux pantalon, transpiration Mon orgasme en suspension A la vision de ton moignon T'es toxico ou alcoolo
Moi je kiffe trop les anormaux Quand tu te piques à l'héroïne Ca fait couler toute ma cyprine La pauvreté me fait mouiller Précarité au fond de ma raie J'préfère les fists de RMIstes C'est encore mieux si t'es métis­se­s Erotisation des oppressions Résultats de ma réflexion J'ai déconstruit ma blanchitude Au contact des lesbiennes kurdes Minorités en faculté Dans les amphis des racisé­e­s Y en a aussi qui sont pédés Et parfois même hormoné­e­s Addition des oppressions Fais augmenter l'excitation Ma famille est prolétaire Avec les pauvres je sais y faire J'ai souffert plus que toi Alors en débat la ramènes pas Enfance sordide, minou humide Tes cicatrices me rendent liquide Pour les vacances je vais squatter Un building tout délabré Tu pourras me toucher Dans la zone de gratuité ́
Moignon, mignon dans mon fion, Handi, joli, sex­party, Galère, misère, c'est super, So queer, so queer, so funny! Moi j'ai un corps trop pas normé J'ai une boule de gras sous le pied droit Ca fait bien un copain gros Mais c'est un peu trop pour mes photos Te faire grossir c'est mon plaisir J'reste accroché à tes bourrelets Si t'es trans­pute et sans papier J'ai bien envie de t'embrasser Rien que l'idée de te faire payer Ca suffit à m'exciter Sex­worker fait mon bonheur Dominatrice je bois ta pisse So queer, so queer, so funny! dossier EXOTISATION
Je suis lasse de vous entendre...
par Solène Hasse
À toutes les personnes qui trouvent que les trans remettent en question la binarité de genre et à qui ça “pose plein de questions”, qui en font des émissions de radio, qui s’extasient et qui se rejouissent. À touTEs les “genderfuckers” qui s’imaginent que parce que je suis trans mon but dans la vie est de repousser les barrières des genres. À toutes ces féministes bios qui disent voir en nous une sorte de réponse aux problématiques de genre. À touTEs celleux qui considèrent que la transidentité remet en cause la “binarité homme/femme.” À touTEs celleux qui pensent que l’existence des trans montre à quel point les rôles hommes/femmes sont construits. À toutes celles qui pensent que NOUS pouvons être un pas de plus vers LEUR épanouissement de féministes. En fait, scoop ! : si je suis féministe ce n’est pas pour vous ! Si je suis féministe, ce n’est pas pour vous apporter quelque chose (quoi, d’ailleurs ? une nouvelle approche de choses ? un peu plus de légitimité ? un nouveau point de vue ? un quota ? un petit loisir intellectuel ?…). Je ne suis pas trans pour vérifier quelque théorie féministe. Il s’avère juste que le féminisme m’a permis de comprendre certaines choses sur moi. Le féminisme fait partie de ma transition, et non pas l’inverse. Ma transition ne fait pas partie du féminisme, et encore moins de VOTRE féminisme. Ma transition ne fait pas non plus partie de vos théories queer de dépassement des genres. Je ne suis pas, de part mon existence même, subversive. Je n’ai strictement rien de plus que quiconque à apporter aux éternelles questions sur la binarité et le genre. Je ne me situe pas à l’intersection des genres. Je n’ai pas vu “les deux côtés”. Je ne suis pas la concrétisation de vos théories ou de vos espoirs. Il n’y a aucune raison de supposer que je souhaite plus que quelqu’unE d’autre la disparition des genres. Il n’y a aucune raison de penser que je me sentirais mieux dans une société “dégenréE”. Il n’y a aucune raison de penser que ma transidentité, à elle seule, ait le moindre dossier EXOTISATION
intérêt “révolutionnaire”. Je n’appartiens pas à une avant­garde qui prétendrait bouleverser la “binarité” et les catégories genrées. Je ne pense pas qu’en existant, je contribue d’une quelconque manière à ouvrir des nouvelles voix pour un “troisième genre”, ou pour l’abolition du genre, ou pour des possibilités de multiplication des identités. Et je ne le souhaite en aucun cas. Je n’ai aucune envie de répondre à ces questions, et encore moins à VOS questions. Je n’ai plus envie de vous entendre analyser MA vie à la lumière de VOS fantasmes. CertainEs camarades trans portent ce genre de questions. CertainEs tentent d’y répondre. CertainEs se situent à des intersections de genres et le revendiquent. CertainEs tentent de tracer un chemin pour un “troisième genre”, ou un quatrième, ou d’autres encore… CertainEs ne veulent être ni femmes, ni hommes. C’est vrai. Et els font bien ce qu’els veulent… Mais il ne s’agit en aucun cas de touTEs les personnes trans. Certaines femmes et certains hommes sont trans mais ça n’en fait pas pour autant des militantEs anti­
binarité ou une avant­garde cherchant à dépasser le genre. Et leur simple existence n’est la preuve d’aucune de vos théories et d’aucun de vos rêves. En bref, deux petites suggestions : * vous, camarades trans’ anti­binarité et/ou queer : ne parlez pas “des trans” comme si on était touTEs sur la même longueur d’onde ou dans les mêmes perspectives. * vous, cisgenres féministes et/ou queer : en ce qui nous concerne, contentez vous de vous taire. Ou avant de parler, posez vous au moins des questions et cherchez à comprendre les réalités, pas à vérifier vos fantasmes. dossier EXOTISATION
Dans la famille "pour ne plus" :
prendre sur soi et s'occuper de ses fesses. par La petite poule rousse Pour ne plus devenir prisonnière des bonnes intentions, de la militance, du féminisme, de l’antiracisme, de la « déconstruction » et autres cages à bons points et faux débats. Déjà vous aurez remarqué que j’écris prisonnière au singulier. Beh oui – parce que je crois désormais, après une trop longue expérience (mais j’ai la tête lente et l’auto­estime émiettée), que la première cage sur ce chemin est le pluriel. La terreur de rester seule. De ne pas se voir agrégée. De devoir prendre parti et choisir sans garantie collective. Bien sûr, si j’écris, c’est pour d’autres – et tout d’abord dans l’espoir que ça servira à ce que quelques unes échappent à ces papiers tue­mouches qui pendent en travers de tous les carrefours de la sociabilité militante. On a pris, depuis bien deux siècles, et un peu partout, notamment en france, le pli obligatoire de partir des idées, forcément productrices de réalité et dispensatrices du bien commun. J’ai toujours eu tendance, depuis l’enfance, et dans une vie qui n’a jamais été drôle, voire un tantinet cauchemardesque, de partir des conséquences et des résultats pour juger des prédicats et des systèmes. J’ai laissé trop souvent contrarier cette pente par la loyauté aux dogmes qu’on me proposait en m’alléchant par leur rigueur morale. Quand on est une vieille chrétienne on ne se refait pas, hélas… C’est d’autant plus étonnant, parce que ces résultats, les comportements engendrés quoi, ouvrent pourtant toutes grandes d’impressionnantes fenêtres sur les motifs immédiats et réels, les enjeux quoi, de la course, de la bousculade même, pour se trouver au bon endroit, au bon moment, avec le bon badge et la bonne idée. J’ai déjà dit ailleurs qu’un des caractères majeurs de l’idéologie, et peut être un de ses buts, est le travestissement des enjeux. C’est d’ailleurs pas moi qui l’ai découvert, je vous prie de me croire… Mais bon, on a tellement pris aussi cette sale habitude de tout justifier, d’alléguer le bonheur futur jusque devant des charniers et des camps, bref de « casser des œufs » ­ si possible autres que soi – pour en confectionner la fameuse omelette de félicité, que même l’évidence n’émeut plus personne, bien au contraire. On arrive même à se mentir, et donc à mentir à autrui ­ disons, dans une certaine mesure (oui, je ne crois plus à la sincérité béate ni rageuse de mes ex­camarades), et à devenir une bonne et efficace paveuse de l’enfer des bonnes intentions. dossier EXOTISATION
C’est ça aussi : j’ai toujours refusé de croire que les gentes étaient des imbéciles. Elles m’ont toujours au contraire impressionnée. C’est probablement dans mes périodes d’adhésion maximale à leurs idées que je les ai le plus prises pour des connes, relativement – de croire justement à leur sincérité. Quant à moi, je me vois comme une jobarde incurable, particulièrement peu intelligente, ce qui m’a désignée toute ma vie pour être abusée et dupée à répétition, mais aussi, finalement, qui me sauve à la fin et m’ôte de cette entreprise obstinée de vessies et lanternes. Tout simplement parce que je ne suis pas assez maligne pour suivre, pour triturer la réalité à la même vitesse que les bonnes militantes, ni pour prévoir les changements de cap et retourner ma veste assez vite. Je crois enfin trop facilement à ce qu’on m’affirme ou me jure. J’en reste au mot et ne sais pas lire entre les lignes. Je suis une intellectuelle, je n’en ai d’ailleurs absolument pas honte, mais une intellectuelle par accumulation, sans étincelles. Une intellectuelle pas douée. C’est pour ça qu’à quarante cinq ans j’en suis juste à me dépêtrer de ce dont bien d’autres se sont dégagées à trente. Je suis pauvre d’esprit. Et ça me va très bien. Je juge et jugerai ainsi désormais strictement au ras des pâquerettes, c'est­à­dire des conséquences et des faits. C’est pour cela que je vais causer de ce que j’annonce au départ, ces idéologies qui tiennent une grande part dans un certain monde politique et moral contemporain, qu’il soit institutionnel ou alternatif – d’un point de vue qu’on pourra juger subjectif, parce qu’il ne sera pas systématique. Je vais parler des effets que j’en ai vus. Et remonter un peu, mais depuis ces effets. Je suis en effet intimement convaincue de ce principe de plouque : qu’aux fruits on connaît l’arbre. Le plus drôle est que j’avais déjà mené cette enquête, avec la même méthode, il y a quinze ans, en m’extirpant de l’antispécisme. Où j’avais somme toute identifié des buts et des passions, des dissimulations et des mensonges à peu près semblables, dans ce petit troupeau, à ce que j’ai vu en grand dans les dernières années, depuis 2000 disons, dans le féminisme « déconstructeur », l’antiracisme et ce qui tourne assez largement autour, bref les obsédants faux débats qui dévalent de partout comme des cascades en période de crue. Faux débats parce que les buts immédiats des grandes démonstrations et professions de foi ne sont pas ceux qui sont prétendus. Mais aussi parce que, de ce fait, l’auto­arnaque est générale, parce qu’il faut bien se structurer et s’appuyer sur une cohérence interne, et qu’on assiste à d’hallucinantes reconstructions, tout aussi tordues que, si on veut, l’excipement par un gouvernement de raisons de « sécurité » (passion qu’il partage avec les alternotes qui l’appellent « safety) pour promulguer une loi essentiellement raciste et surtout stupide. dossier EXOTISATION
C'est­à­dire – et je sais que c’est redoutable parce que ce sont quelquefois les arguments aussi d’autres idéologues, celleux de la réaction – que les objets mis en avant sont dans les faits des prétextes à un tout autre jeu. Mais justement : parmi les principes désastreux de ce genre d’approche, il y a celui de ne pas dire quelque chose quand ça pourrait ressembler, de près ou de loin, à la critique des méchants criminels ennemis de l’humanité. La vraie raison à mon sens n’étant pas de ne pas « faire objectivement leur jeu » ou pas, mais juste de se préserver soi de l’accusation qui tue… Par exemple, dans l’antiracisme « déconstructeur » en milieu « de genre », j’ai assisté principalement à la surenchère de nanas « blanches » hypocrites et avides, terrorisées par la simple idée de ce qu’elles sont, courant après les « racisées » pour s’en faire bienvenir dans une grimace de soumission (un peu comme les mecs proféministes après les nanas), ainsi que pour coucher avec puisque c’est la sanction sociale suprême d’une société obsédée par la sexualité comme valeur fondatrice. Et au revers, courant à reculons vers elles, des « racisées » paranoïaques, abusives, assoiffées de pouvoir et qui tombaient rapidement dans le puits de l’image dithyrambique d’infaillibilité essentielle que leur présentaient les « blanches » comme un miroir ! Bref l’arnaque réciproque dans des trombes d’obséquiosité et de « reconstruction » de la réalité. Un véritable assaut de stupidité volontaire prêtée et rendue. J’avoue que c’était tellement gros, arrogant, que j’y ai cru un moment – un peu gênée quand même des fois par l’abêtissement délibérément réducteur, le manichéisme binaire (tiens le revoilà çui­là) et le « tout va dans l’même sens » consécutifs… Et par l’usage répété des prétextes « politiques » à visée… relationnelle, pour rester prude… Je mentionne juste en passant, parce que ce sont des corollaires qu’on rencontre absolument partout, la pratique généralisée de la culpabilité, et la passion pour la surveillance, nommée joliment vigilance, comme dans les partis totalitaires ou les vigipirates démocratiques. Des fois on dit softement attention ou bienveillance, mais ça veut dire la même chose. Je donne cet exemple, parce que je l’ai vu de près et qu’actuellement il est particulièrement gratiné – mais dans tous les coins, de l’alternative comme ailleurs, et sur une foultitude de thèmes, on en est à des fonctionnements similaires. J’ai vécu ça aussi dans la transphilie en vogue, tout à fait conditionnelle du reste : il faut être, surtout mtf, une bonne trans, sans quoi on est moins que rien. De même dans l’antiracisme : on est déconstruite ou on n’est pas.
Tout ça pour, en somme, se fuir, d’un côté comme de l’autre, sans parler du troisième et du dixième. L’exotisme, et le néo­essentialisme des « histoires sociales » qui seraient la source de tout (comme de son contraire), sont les expressions devenues bien étranges et tordues de ce narcissisme généralisé et solipsiste que d’aucunEs voyaient poindre depuis quelques décennies. Avant il fallait « être soi­
même », ce qui était déjà tyrannique et hors de prix ; désormais il faut, consciemment ou pas du reste, « être ce qui est bien », et qui est toujours, dossier EXOTISATION
positivement ou a contrario, véhiculé ou signifié par une « autre », cet indispensable « autre », ou plutôt image d’autre. Mais surtout il faut se fuir – le péché originel, bouh ! Et abolir toute forme de reconnaissance d’un soi comme d’autres et d’un réel trop prosaïques. Trop pauvres. Il les faut enrichir d’idées, de statuts, de certitudes, de désirs et que sais­je encore – et de fait les, nous remplacer et travestir. Tout cela mène à un curieux ballet d’expropriation réciproque et obligatoire. Comme dans ces jeux qui sont tant prisés dans certains milieux, et où on doit tout être à l’exception de soi­même. Sauf que là le jeu est grandeur nature et les dégâts aussi. On s’étonnera donc à peine que, pendant ce temps et dans ces conditions, les rapports sociaux et personnels réels n’évoluent guère vers du mieux, ni même vers du plus clair, mais plongent plutôt dans l’inconscience, la violence, l’irresponsabilité et même la folie furieuse. Et je ne parle là que du troupeau des « conscientisées » ­ quoique ce qui s’y passe finit par ressembler assez à ce qui se passe partout ailleurs. Cette attitude – parce qu’au fond je crois que ça se tient d’abord dans l’attitude – me semble donner juste une catastrophe, ou une kyrielle de catastrophes. Où évidemment les unes agrippées aux autres basculent à la suite dans le même trou. C’est d’ailleurs sinistrement comique de penser à toutes les tirades sur les « spécificités » et les « légitimités », les « irréductibilités » et la mauvaiseté horrible de « l’universalisme » ­ et de voir toutes celles qui clament ça marcher résolument dans les mêmes directions et avec la même logique, se courir après et se vautrer ensemble… Le minimum, même dans les illusions d’ordonnancement du monde, aurait été de s’éloigner les unes des autres et de creuser son propre lopin. Et de ne plus rien se réclamer ! Que d’chique, c’est au contraire la ruée sur la même bourse. Je crois qu’une pareille apparente inconséquence révèle à elle seule l’enjeu effectif. D’ailleurs je me fiche des baffes : je l’avais déjà compris et écrit il y a quinze ans. Mais le clinquant des « nouvelles luttes » et l’autorité culpabilisante de quelques hamsters m’avaient troublé l’esprit… on va dire… J’avais même cru devoir « m’y retrouver » à la faveur d’une transition mtf – alors qu’on ne peut pas se « retrouver » dans une entreprise visant à se perdre à tout prix ; à mettre à la ddass sa pauvre défroque pour l’échanger contre je ne sais quel avatar de jeu vidéo. Il m’a fallu longtemps pour me rendre compte, en causant avec une amie et en retrouvant la mémoire, que ma transition n’avait pas grand’chose à voir avec un « acte politique », comme on dit en novlangue, et heureusement ! – mais que c’était la seule manière de la rendre lisible, acceptable, assez pleine quoi, aux yeux à facettes de ce milieu. Que c’était tout simplement mon affaire, mon histoire si on tient à ce mot, et que j’en ai été littéralement expropriée par toutes les bonnes dossier EXOTISATION
volontés adjacentes ! Il me reste aujourd’hui à en ramasser les débris et à partir avec ça, que je ne laisserai plus tripoter par quiconque. Avertissement sans frais pour d’autres ! Ne vous laissez pas tripoter, ni physiquement, ni moralement – et encore moins politiquement. Car alors vous ne pourrez vous en prendre qu’à vous­même de tout ce qu’on vous aura fait subir ! S’en prendre à soi­même. Tiens. Voilà bien l’antithèse du cantique dévastateur hurlé par toutes les bouches dans l’enfer du politiquement correct. J’en parlais avec une amie, il y a quelques temps, qui, comme moi, est native de ce que j’appelle l’époque de la névrose, qui a du se finir au milieu des années 60, et dont je trouve les produits humains et comportementaux infiniment plus aimables que ceux de l’âge de la schizophrénie qui l’a suivi incontinent. J’ai parlé plus haut de cette rage de ne pas vouloir rester en soi­même, et d’en sortir à tout prix. Soit. Mais on ne peut pas vivre dans le vide, ah ça c’est pas possible, nous ne sommes pas des esprits (hélas me dis­je souvent). Il nous faut ces défroques, ces identités, après lesquelles nous courons. Et si nous ne voulons pas de la nôtre, trop simple et gueuse, eh bien il nous faut nécessairement aller prendre celle d’autrui, nous y introduire, la dépecer à plusieurs au besoin s’il y a résistance. Et voilà la fatalité de l’expropriation que j’évoquais. Un de ses aspects est de passer son temps et énergie à réclamer. Á se réclamer les unes les autres tout ce qu’on s’est potentiellement arraché et même le reste, dans cette foire épouvantable où on ne peut vivre que sur autrui ! Ce qui indique corollairement le refus comme l’incapacité absolue de s’en prendre à soi­
même, comme de prendre sur soi ! Il nous faut toujours un bouquet de coupables et de débitrices sur notre table de nuit. On peut même en venir à inventer les maux pour pouvoir aller glaner dans le champ social ! Mais inventés ou pas, là n’est pas la question. Ça fait juste partie du travestissement généralisé des enjeux, là aussi. Et de l’existence sociale : n’existe que celle à qui on doit quelque chose. J’ai mis moi­même trop d’années à me rendre compte que toute cette affaire ne tient pas plus debout que ces combinaisons folles pour amasser des thunes, qui ne fonctionnent que si le groupe thésaurisant s’accroît toujours. Ce qui d’ailleurs fait une fois de plus le lien avec l’idéologie libérale d’un monde potentiellement infini et ouvert à toutes les croissances ! J’ai moi­même réclamé. Je ne voulais pas être en reste… L’imbécile ! Je parlais donc avec cette personne de choses qu’une autre lui réclamait, de la reconnaissance ou je ne sais quoi. Ce qui d’ailleurs est ahurissant parce que c’est certainement une des personnes qui devrait le moins aux autres, même dans la dossier EXOTISATION
logique effrénée de redevabilité – mais là aussi il y a la fatalité qui veut qu’on demande le plus à celles qui sont le moins. Et il nous apparaissait à toutes deux que c’était bien bel et beau, mais qu’un monde qui n’était plus qu’un concert de réclamations, et où personne ne voulait simplement prendre sur elle sa vie et ce qu’il y a dedans, ou pas, eh bien deviendrait à faible échéance tout à fait invivable, comme l’est, précisément, le monde économique des compagnies d’assurance où tout a un prix, et où surtout ce prix est toujours exigible à autrui. Que finalement ça retombe sur les plus faibles est par ailleurs une banale constante. Une autre connaissance, elle aussi de la vieille branche, m’écrivait il y a peu que la dégoûtait ce monde « où on préfère mentir que souffrir ». Voilà qui nous concerne aussi directement. C’est vrai que ça coûterait cher de ne plus travestir choses et gentes ; dans le sens où d’un coup toute l’accumulation boursière que constituent la valorisation sociale et les réclamations innombrables tombent alors au néant. Le krach ! Toutes en chemise ! Et quant à accepter de souffrir, ou simplement de ne pas tout avoir, voilà un scandale en notre époque de bien­être. Il y faut forcément des coupables. Voilà qui me tire par le bout de la jupe bien loin de la militance contemporaine, indubitablement. Prendre sur soi. La malédiction ! Ce qu’on est décidées à éviter au prix de la vie s’il le faut, la sienne comme celle des autres ; comme de la réalité. Oulà. Ça va loin… Ça va aussi loin que la folie dans laquelle je suis persuadée que nous basculons en ce moment même, avec toutes nos idées infaillibles et nos belles connaissances. Faute de savoir revenir sur nous et nous occuper de nos fesses. Je crois très précisément que pour sortir des cages il faut rentrer en soi­
même. C’est je crois le seul moyen actuel pour n’être ni happée ni prisonnière. Et sortir de ce monopoly débile et maniaque. C’est ce que j’appelais déjà il y a longtemps une autre forme de décroissance : abandonner ses prétentions. Et plutôt que d’exiger un maximum impossible et littéralement meurtrier, comme je l’ai fait bêtement moi­même au nom d’une égalité de gavage, vivre sur un minimum. Et commencer par soi. Prendre sur soi me paraît l’indispensable remède à la rage de travestissement incroyablement coûteuse des gentes, des faits et des choses à laquelle nous nous livrons, fût­ce avec les meilleures intentions du monde, et où nous nous sommes perdues. Ne plus. C’est quand même hallucinant que nous répétions régulièrement ces deux petits mots qui n’ont l’air de rien, au milieu de la folie d’accroissement et de réclamations tous azimuts qui nous caractérise. Peut­être un morceau de conscience qui nous reste un peu libre nous chuchote que vraiment ça ne va pas dossier EXOTISATION
comme ça. Mais comme, selon notre bonne coutume, nous allons réclamer ce « ne plus » les unes aux autres, tout en accumulant ce faisant un extraordinaire fatras de pratiques, de constructions, de déconstructions, d’identités et de fuites, évidemment ça tombe par terre. Si vraiment on veut « ne plus » ­ alors il ne faut plus. Et ce n’est pas du côté de l’accumulation des bons points et des capitaux existentiels, même « déconstruits » ­ ce qui est juste une marque de fabrique d’ailleurs – ni de la bourse aux créances sociales et identitaires qu’on va trouver ça. C’est en se retirant. Chez nous. Avec tous nos vilains défauts. Et nos gnons dans la gueule. J’en reviens somme toute à ce que je disais déjà il y a quinze ans, mais avec la vision d’un passif beaucoup plus lourd : déserter des prétentions, exercer son jugement, cesser de s’en remettre à autrui. « Occupons nous de nos fesses ! ». C’est sans doute la première longueur d’une longue marche rétrograde qui commence par ne plus s’occuper des fesses des autres, au propre comme au figuré, et qui pourra peut­être mener, dans très longtemps, à voir ce qu’on peut faire. La terre ne s’en arrêtera pas de tourner. Joyeuses Pâques ! Alors le pire, je vais vous dire… J’ai l’impression d’avoir en substance et même souvent en paroles déjà écrit ça il y a quinze ans… De juste faire le même constat aujourd’hui, sans doute dans le cadre d’une frénésie qui est maintenant encore plus concentrée qu’à l’époque, et après être repassée dans la soupière dissolvante. Je ne suis pas triste de me répéter ; je crois fermement que le monde est fini, pas très divers, et qu’on ne peut ni n’a besoin de dire un nombre ahurissant de choses. Mais quand même, le sentiment de ne m’être pas écoutée moi­même, au milieu des haut­parleurs géants d’un mouvement qui prétend au contraire nous ramener à nous… seulement c’est à un soi démesuré et illusoire. Le bon vieux soi du progrès, de l’accumulation et de l’intensité. La baudruche monstrueuse d’un soi de proie et de dépouille. C’est quand même un comble. Pour s’écouter, il faut se boucher les oreilles ! les trans renforcent les normes de genre #1
L'OPERATION
C'EST MAL
par Butch Cassidyke Parmi les différents aspects de la transphobie à laquelle j'ai pu être confrontée dans ma courte vie de travelotte, l'un d'entre eux particulièrement présents chez les féministes et progressistes en tout genre est le fait que les trans renforcent les normes de genre, le patriarcat, et tout le tintouin. Les trans sont des caricatures de féminité/masculinité ; les femmes trans transitionnent par fétichisme et pour s'approprier le corps des femmes, tandis que les hommes trans transitionnent pour avoir plus de privilèges, trahissant le féminisme ; les trans sont simplement des homos refoulé/e/s qui ne veulent pas envisager d'aimer des personnes de même sexe, et changent donc de sexe pour devenir hétéro ; ou encore, les trans, en se faisant opérer, sont essentialistes. Si je suis motivée, je ferai peut­être un billet pour parler de chacun de ces points mais, aujourd'hui, je vais me contenter du dernier, parce que j'ai vu une discussion là­dessus récemment. Comme souvent dans la transphobie qui est présente dans le milieu féministe, l'aspect réactionnaire est couvert par une couche de vernis progressiste, féministe, subversif. Ici, l'idée est de partir du postulat, qui me semble bon, que la bite ou la vulve ne font pas le genre, pour dire qu'il n'y a pas besoin de «changer de sexe» pour être un homme ou une femme. Et par conséquent, les personnes qui «changent de sexe», c'est­à­dire qui se font opérer, le font parce qu'elles ont besoin d'avoir une bite ou vulve pour être de «vrais» hommes ou de «vraies» femmes, et sont donc essentialistes. Dans sa variante radicale, cette forme de transphobie fait aussi le postulat que tou/te/s les trans veulent se faire opérer. Je me rappelle notamment d'une personne qui insistait sur le fait que j'étais réactionnaire de vouloir me faire «opérer», ce que j'avais assez mal vécu étant donné que je n'ai absolument aucune envie d'avoir une vaginoplastie. Ça m'avait un peu donné envie d'opérer cette personne à la rangeos, mais, comme je n'avais pas de rangers à l'époque, j'ai dû faire sans. Dans sa variante «modérée», la transphobie est plus subtile puisqu'elle consiste à séparer d'un côté les «bon/ne/s trans», qui ne veulent pas d'une telle opération, et de l'autre les «mauvai/x/ses» qui ont besoin de ça, les con/ne/s. Cela dit, les deux variantes ont le même point commun, c'est­à­dire de parler à la place des autres, de s'estimer mieux placé/e pour parler des motivations d'une personne que cette personne elle­même ; point commun qui est d'ailleurs présent les trans renforcent les normes de genre #1
dans beaucoup de formes de transphobie mais aussi d'autres oppressions. En effet, les tenant/e/s de cette position estiment que les trans qui veulent avoir une chirurgie de réassinagtion génitale (que j'appellerais dans la suite de ce post CRG) ne peuvent avoir qu'une raison de le faire : parce qu'ils/elles estiment que c'est nécessaire pour être homme/femme. Il y a un fond de vérité à ça : c'est que certaines personnes trans mettent effectivement en avant cette raison pour justifier d'une CRG. Autrement dit, oui, il y a des trans essentialistes, tout comme il y a des cis essentialistes. Surprenant, hein ? Et ensuite, il y a le mensonge, qui consiste par syllogisme à étendre ça à tout le monde. Ce n'est pas très original, et cela a déjà été utilisé de façon différente, que ce soit pour dire que les personnes votant NON au Traité Constitutionnel Européen sont toutes d'extrême­droite, ou encore pour dire que tou/te/s les arabes sont des voleu/r/se/s. La vérité est que les personnes trans peuvent avoir différentes motivations pour se faire opérer et, en refusant de prendre en compte le fait qu'une personne puisse avoir envie d'avoir une bite ou une vulve par choix, et pas forcément par obligation pour être vraiment homme ou vraiment femme, il me semble qu'on va contre la liberté de disposer de son corps comme on l'entend sans avoir à se justifier. Après, je ne suis pas naïve, et je suis consciente qu'à l'heure actuelle il y a aussi une pression importante quand on est trans pour se faire opérer, qu'elles viennent des psychiatres ou des médecins qui veulent forcément que ce soit «tout ou rien», de l'état qui ne donne des papiers que si on passe sur le billard, de certain/e/s trans qui pensent que tu n'es pas un/e vrai/e trans sans chirurgie, et plus généralement de la société transphobe où, par exemple, flirter avec des mecs quand on est une fille à bite revient un peu à jouer à la roulette russe. Et pour qu'il y ait une vraie possibilité d'avoir un choix réel, il me semble qu'il faut éliminer ces pressions. Mais ce n'est pas ce que font les «anti­
CRG» (toute ressemblance avec «anti­
IVG» serait purement fortuite), qui ne font que rajouter des pressions et limiter encore plus le droit réel de choisir pour les personnes concernées.
les trans renforcent les normes de genre #2
Les trans sont
des caricatures
de masculinite
/ feminite
par Butch Cassidyke Pour continuer dans la série «la transphobie dans les milieux féministes et queer pourtant hyper trop trans­friendly, cools et subversifs», je voudrais parler aujourd'hui de l'expression de genre des trans, toujours passée sous l'oeil scrutateur des personnes cisgenres, parce que suspectes d'être soit «trop masculine» (pour les garçons), soit «trop féminine» (pour les filles). La féministe transphobe Julie Bindel le résume bien : « Imagine a world inhabited just by transsexuals. It would look like the set of Grease. »
« Imaginez un monde habité uniquement par des transsexuel∙le∙s. Ça ressemblerait au plateau de Grease. »
Après moi je trouve qu'elle aurait pu aussi dire : « Imaginez un monde où toutes les lesbiennes seraient trans. Une série télé sur les lesbiennes ressemblerait à The L Word. » mais du coup ça se serait peut­être un peu plus vu que les personnes cisgenres n'avaient jamais eu besoin des trans pour être capable d'ériger des normes de genre et de rentrer dedans en partie ou en totalité. Plus sérieusement, je pense qu'on peut répondre à cet argument (les trans sont des caricatures de masculinité/féminité, pas «quel film représente le plus ce que serait une planète trans ?») de deux façons différentes : 1. les personnes trans ne sont pas forcément plus que les autres des caricatures de leur genre ; 2. quand bien même ce serait le cas, on vous emmerde. Et donc du coup je vais faire deux parties distinctes. les trans renforcent les normes de genre #2
1. Les personnes trans ne sont pas forcément plus que les autres des caricatures de leur genre Le problème dans l'idée que les trans sont plus masculins/féminines que les personnes cis, c'est qu'en général il y a une sorte de deux poids, deux mesures, comme si, pour reprendre les exemples cinématographiques donnés plus haut, les personnes cisgenres avaient eu besoin de trans pour tourner Grease. De fait, quand je marche dans la rue, je trouve que je croise un paquet de mecs (a priori pas tous trans) qui sont quand même indiscutablement masculins, qu'il s'agisse de la masculinité du skinhead ou de celle du cadre en costard­cravate. De la même manière un certain nombre de nanas (certainement pas toutes trans non plus) sont aussi indubitablement féminines, qu'elles soient en mini­jupe et talon aiguille ou en tailleur et escarpin. Je pense que la plupart des trans s'insèrent là­dedans sans détonner particulièrement ; au contraire, j'ai plutôt eu l'impression durant ma transition que les conseils de pas mal d'autres filles trans étaient de ne surtout pas en faire trop, histoire de ne surtout pas ressemble à «une pute» ou à «un travelo», ce qui, pour une fâme, est la déchéance absolue. Par ailleurs, la féminité et la masculinité ne me semblent pas vues de la même manière : le masculin, comme dans la grammaire, est neutre, alors que le féminin est la spécificité, la différence, artificielle. Par exemple, à part dans quelques milieux féministes, j'ai rarement vu un mec se faire reprocher d'être trop masculin (trop féminin, oui, pas de problème, par contre). Par contre, une fille trop féminine va facilement se le voir reprocher en se faisant traiter de pute, de salope, ou encore lorsqu'en en cas d'agression on va lui dire qu'elle l'a cherché. Il me semble aussi que chez les filles trans (je parle que des filles parce que je sais pas si ça se passe d'une façon comparable pour les FtM).), j'ai l'impression que dans beaucoup de cas le postulat «les filles trans sont des caricatures de féminité» continue en bonne partie à fonctionner parce que c'est surtout les filles trans qui rentrent dans ce modèle qui vont être perçues comme trans[1] (par exemple si je suis habillée de manière masculine, on va me prendre soit pour un mec cis, soit pour une fille cis, mais jamais pour une travelotte). Avec l'effet pervers que si on rentre pas dans le cliché de la trans on est du coup assez invisibilisée. les trans renforcent les normes de genre #2
2. Quand bien même ce serait le cas, on vous emmerde Cela dit, je ne vais pas développer le premier argument plus que ça, parce qu'en fait, finalement, je trouve qu'on (c'est­à­
dire, on va dire, les militant∙e∙s trans et trans­friendly) le fait assez, et qu'au final on en arrive parfois un peu à reprendre la logique comme quoi ce serait extrêmement mal d'être féminine ou masculin, et que bien sûr il y a des trans «binaires» qui sont un peu bêtes et rentrent dans ce jeu, mais nous, quand même, on vaut mieux que ça. Et franchement, ça me gonfle aussi. Parce que je me rends compte qu'à cause de cette espèce de «contre­norme», je me suis vachement censurée, à me dire qu'il fallait pas que je sois trop féminine pour pas faire «cliché» [2], à me dire que c'était très mal de porter des jupes pendant un mois de suite sans alterner avec des pantalons, et tout ça. Bref. Ce qui me gonfle avec tout ça, c'est d'une part que finalement ça revient à ériger des contre­normes qui ne sont pas moins absurdes que les normes dominantes, et d'autre part l'impression que son «féminisme» est jugé en fonction de sa tenue vestimentaire. Ce qui est idiot : je ne suis pas moins féministe si je mets une mini­jupe et du maquillage «de fille» que si je mets un treillis et que je me dessine des faux poils pour me kinguer (surtout que pour les deux j'utilise le même maquillage...). Pourtant, et j'admets que j'ai vachement intériorisé ça, je trouve qu'on reproduit dans certains milieux le truc de considérer que c'est super plus subversif d'oser affirmer une forme de masculinité qu'une forme de féminité (en tout cas quand on est une fille, j'imagine que pour les mecs ça se pose pas de la même manière). Je pense qu'il y a de ma part aussi une intériorisation de la transphobie, une nécessité de vouloir montrer que je suis pas comme la trans typique, que je suis «acceptable» dans les milieux féministes et queer où on ne brille pas toujours par notre visibilité. Et de fait j'ai l'impression d'être parfois mieux accueillie quand je suis catégorisée «gouine qui n'a pas peur de mettre des fringues masculines» que comme «transgirl» (même si les gens savent que je suis trans, là n'est pas la question). Et par ailleurs là où c'est compliqué c'est que je ne fais pas ça que pour être bien perçue, et qu'il y a une sincérité dans le fait que j'aime porter des fringues catégorisées comme masculines ; mais d'un autre côté ça m'emmerde d'avoir dans certains cadres l'impression d'être mieux acceptée parce que je peux être vue comme «pas comme ces autres transgirls hyper­
féminines» et de me dire que j'ai vachement eu tendance à reprendre ça. Pour moi ça rejoint vachement les reproches qui sont faits (à l'intérieur de nos «communautés» toujours, je m'attaque pas aux milieux ouvertements misos qui sont de toute façon, ben, misos) aux lesbiennes Fems, qui sont soit accusées d'être trop soumises à l'ordre hétéropatriacal (alors les trans renforcent les normes de genre #2
qu'en fait, ben non), perçues comme moins féministes, moins méchantes avec les mecs, etc., soit présupposées comme un peu inférieures et pas capable de faire du bricolage, plus sexualisées, prises moins au sérieux... Et du coup tous ces discours pour dire qu'il faut pas être trop féminine, pas de manière trop vulgaire, trop suspecte, trop salope, trop pute, trop travelotte, ben ça me gave vraiment, parce qu'en fait autant c'est bien de critiquer les injonctions à la féminité, autant quand on en vient à valoriser le masculin et à dévaloriser le féminin dans nos milieux, ben je trouve que ça reproduit un tout petit peu la misogynie globale. Et je trouve aussi qu'il y aurait vachement à discuter sur les similarités qu'il peut y avoir entre la marginalisation des Fems et des transgirls (et des Fems transgirls) dans certains milieux militants. En tout cas j'ai vraiment l'impression que les identités Fems et Butches m'ont vraiment permis de développer mon identité à moi (qui est je pense un peu Fem et aussi un peu Butch ­ j'aime bien le terme butch travelotte ­ mais en tout cas pas trop respectable ni franchement «ni trop féminine, ni trop masculine») et que ça résonne pour moi vachement avec mon parcours en tant que trans et tout ça. _____
Notes [1] Et aussi parce que les nanas trop féminines risquent assez de se voir traiter de travelos, même sans être trans. [2] Bon et aussi des fois à ne pas être trop masculine pour pouvoir «passer» un minimum, mais ça pour le coup ça mériterait un billet à part sur la difficulté d'être butch et transgirl. Rhétoriques anti butch/fem
par M.
Nous ne sommes pas une partie insignifiante des lesbiennes, nous avons participé à la construction de notre communauté, à son histoire, à sa culture. « Je suis une fem depuis plus de vingt­cinq ans. Je sais ce que provoque actuellement cette affirmation : beaucoup de lesbiennes me rejettent comme si j’étais une victime, une femme qui n’a pas eu le choix, mais ma vie dans toute sa vérité révèle une histoire fort différente. Nous, les fems, avons contribué à maintenir notre monde lesbien uni à une période dangereuse. Nous avons prodigué plus d’amour et de moiteur sur nos tabourets de bar et dans nos maisons que ce qu’on attend des femmes. » (Joan NESTLE) « Mener une vie butch­fem n’a pas été un exercice intellectuel, ni une série de théories. Je sais intimement ce qu’a signifié être fem, mais il est très difficile d’articuler cette identité de manière a ce que cela rende justice à sa nature profonde tout en satisfaisant la curiosité des lectrices. » (Joan NESTLE) J'entends souvent dire « la dynamique butch/fem prend tout l'espace», « je ne comprends vraiment pas... », « je ne vois pas l'intérêt », « ça m'énerve »... Y aurait­il donc une ombre butch/fem planant au­dessus de notre communauté en avalant tout sur son passage ? De vous à moi, y­a­t­il tant de lesbiennes que ça dans votre entourage s'identifiant comme butch ou comme fem ? Si vous vous amusiez à faire des pourcentages pour avoir une idée, sur un plan strictement quantitatif, du nombre que nous représentons ? Vous conviendrez, je n'en doute pas, que nous ne sommes pas si nombreuses... Certes, on peut faire dire ce que l'on veut à des statistiques, mais la question initiale n'ayant que deux réponses possibles (oui ou non) permet un résultat plutôt fiable. J'entends déjà les « oui, mais des personnes utilisent ces termes pour parler d'autres personnes... ». Utiliser des termes tels que butch ou fem dans un sens descriptif peut s'avérer pratique dans un certain nombre de situations, par exemple : « ­ j'ai trop flashé sur une meuf à cette soirée, carrément trop canon... ­ ah ouais elle est comment ? ­ bah habillée en noire avec un pull à capuche, 1 patch, et 2 badges... ­ lol ­ ..et plutôt fem (ou butch). ­ ah ok je vois, celle juste derrière moi non ? » Cependant, utiliser ces termes dans une optique de parler de l'identité de genre supposée d'une personne, me paraît plus compliqué, par exemple : « ­ J'ai vu Z. au repas de quartier hier. Elle mangeait avec sa partenaire, c'est une butch j’te dis! Sa partenaire est arrivée avec de la bière et des légumes, du coup trop un vrai couple butch fem! Bon je ne leur ai pas adressé la parole, mais elles sont à fond dans cette dichotomie, j'te jure grave old school quand même les deux... » Ou encore « nan mais toi t'es une vraie fem » (au bout de 12s de discussion à une inconnue dont on ne sait rien) .
Ces identités sont construites, réfléchies, politisées... et nommer des personnes sans se renseigner si ces dernières s'en revendiquent ou non, peut très certainement renvoyer l'image de l'omniprésence des relations butch/fem, mais d'après moi cela renvoie clairement à un processus de dénigrement de ces identités. Au fond, ces identités ne sont pas réellement politiques, on peut donc les utiliser pour parler de n'importe qui car il n'est question que d'apparence. Donc si je comprends bien il ne s'agit là pour vous que de superficialité, d'esthétique qui ne méritent pas d'être prises au sérieux ou respectées. Si telle est votre opinion merci d'utiliser, quand même, masculine ou féminine, voir lipstick et andro dans une certaine mesure, pour signifier un minimum de respect envers les personnes s'en réclamant, il y a quelques mots fait pour ça. Et est­ce­que cela n'est­il pas également révélateur du manque de mots que nous avons ­nous, lesbiennes­ pour parler de nous ? Pourquoi en existe­il si peu ? Pourquoi autant de personnes ne veulent­elles surtout pas « d'étiquettes »? Si on regarde les canons de beauté et d'attitudes lesbiens, ils m'ont l'air de surtout valoriser une meuf neutre ­ni trop masculine, et surtout pas trop féminine (mais comme vous avez je n'en doute pas une certaine culture féministe, le neutre=l'universel=le masculin), et que ce soit dans nos milieux tpg ou lgbt ressemblant à Shane (bien qu'il me semble que ces temps­ci avoir le crane en partie rasé est très à la mode), et de se comporter en heartbreaker désinvolte. Shane ne s'identifie à ma connaissance ni comme butch, ni comme fem, et n'est pas perçue comme telle. Elle ne s'identifie pas à une identité de genre en particulier, elle n'en a pas besoin vu qu'elle correspond en grande partie aux normes en vigueur dans le microcosme lesbien, milieu qu'elle fréquente le plus dans sa vie. Quel intérêt à rechercher des mots pour « dire qui nous sommes » quand nous faisons parti de la majorité sociologique d'un milieu ? Les mots « lesbienne », « dyke », « gouine » semblent suffisants vu qu'ils renvoient l'image de cette majorité, ou du moins des canons du milieu dans lesquels certaines vont pouvoir se reconnaître. Quand des personnes se mettent à utiliser d'autres termes (ici butch et fem), il y a pour certainEs l’impression que nous sommes vraiment tout plein. Pour faire un parallèle un peu simpliste la plupart des hétéros ont l'impression de connaître vraiment beaucoup d'homos, même si, je pense que vous serez d'accord, 10% d'amiEs ou de connaissances ne participant pas au mensonge ne représentent pas « beaucoup ». 10% sont ouvertement non­hétérosexuelLEs, mais comme els ne sont pas dans la norme straight, il y a l'impression d'un beaucoup, comme quoi il en faut peu parfois pour être « beaucoup ». Dans le même genre, un type qui m'avait pris en stop se livrait à un exposé fort passionnant pour essayer de démontrer qu'à la télé aujourd'hui vraiment il y a beaucoup de présentateurs gays, et que les hétéros sont en voie de disparition. Effectivement à l'époque il y avait au moins une petite douzaine de présentateurs hors placard mais sur combien de centaines ? A cela avec les expressions de genre butch et fem s'ajoutent aussi autre chose, notamment lié à l'identité fem. Cette fois c'est la « féminité » qui ne correspond plus à la norme, et cela renforce l’impression que nous sommes encore plus « beaucoup ». Un test avait été fait à ce sujet (pas sur les fems, mais sur la perception de la féminité), à je­ne­sais­plus­trop­combien­de­
personnes on avait donné deux photos. Sur la 1ère, il y avait une dizaine d'hommes (genre des cadres) en train de prendre des décisions au sein d'une entreprise. Personne chez les testéEs ne trouva à redire, tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes. Sur la 2nde photo, même scène, sauf que cette fois c'était des femmes. Et là, stupeur chez les cobayes, il n'y a aucun homme ! Tout cela pour dire qu'on remarque beaucoup plus des personnes dites féminines que masculines (si jamais vous n'avez pas compris cet exemple, il y a de très bonnes brochures sur infokiosques ­et ailleurs par rapport à « l'universel masculin »). Combien de personnes dans nos milieux portent des « attribues de la féminité » régulièrement ? Y aurait­il un lien entre impression de beaucoup et personnes ne correspondant pas à la norme et qui plus est sur plusieurs points ? Quand à une quelconque « pression » à être fem ou butch, pensez­vous vraiment qu'elle existe ? Je suis assez curieuse de connaître par quels types d'argumentaires des personnes sont amenées à cette déduction. Bon effectivement certainEs en définissent d'autres sans avoir eu la moindre discussion avec pour parvenir à ces conclusions, et nous avons vu à quel type de vision des expressions de genre cela renvoyait. Et puis pour qu'il y ait vraiment une pression ne faudrait­il pas que ces identités représentent la norme ? De plus, se définir est rapidement vu comme réducteur dans certains milieux, et est perçu comme potentiellement dangereux pour le groupe. C'est assez flagrant si on regarde l'intégration des lesbiennes dans les mouvements féministes. En employant des termes et des concepts pour nous désigner, nous pouvons systématiser nos problématiques et ainsi sortir du particulier et se rendre compte des systèmes de dominations dans lesquels nous évoluons. Par exemple se dire lesbienne, en rencontrer d'autres, permet de dégager des vécus communs et de constituer une (ou des) identitéS lesbienneS. Ainsi nous ne sommes pas des « femmes qui aiment d'autres femmes », des « femmes qui aiment autrement », ou un titre de chanson de Mécano, mais des gouines. La lesbophobie existe et est générée par la société hétéro­patriarcale. Quand je me fais frapper, menacer explicitement de viol et que des insultes lesbophobes sont utilisées, ce n'est pas parce que ma tête ne revient pas à mon agresseur, qu'il a sûrement bu et qu'il n'a que peu de mots à son vocabulaire ou qu'il s'agit d'un homophobe isolé, mais parce que je suis considérée socialement comme une déviante et qu'il est normal et toléré de me le rappeler. Il en est de même pour des adoEs qui se font mettre à la porte par leurs géniteursTRICES car illes ont commis l'infamie d'être LGBT et cela se passe dans la plus grande indifférence. Me définir comme fem s'inscrit dans cette même dynamique. Il s'agit de signifier que je ne me reconnais pas forcément dans une grande identité généraliste recouvrant des réalités différentes. De la même manière s'affirmer comme gouine (et/ou d'autres identités) nous fait sortir d'une vision que nous sommes toustes des femmes confrontées aux mêmes problèmes. Pour en revenir à cette « pression » à être butch ou fem, je n'ai pas l'impression que nos milieux se situent dans une démarche follement matérialiste, et il est quand même assez bien toléré de ne pas se définir sur des questions de sexualité (entre autre). Alors comment est­il possible d'évoluer à la fois dans un milieu où il est envisageable de ne pas se définir, tout en ayant accès à un grand nombre d'activités et réseaux sociaux censés aborder des thématiques lesbiennes (du moins en théorie), et dans le même temps subir de la « pression » pour se définir avec certaines notions faisant partie de l'identité de lesbienne ? Il me semble également compliqué de justifier une quelconque valorisation d'identités ne représentant pas la norme. De plus, elles n'ont pas vocation, d'après moi, à être généraliste, et de recouvrir l'ensemble des vécus lesbiens. Est­ce­que toutes les personnes se reconnaissant comme « gouine » devraient relationner, baiser, s'habiller, parler, s'énerver exactement de la même manière ? Je pense que nous sommes d'accord sur ce point. Toutefois même si j'ai toujours rêvée d'être unique, et de tout inventer, je dois bien être réaliste : des concepts et des notions me précèdent et je me retrouve dedans. Il y a aussi une impression pour beaucoup de connaître ces identités et donc de ne pas avoir besoin de se renseigner plus pour voir si elles correspondent, un temps soit peu, à quoi l'on est confrontée. La plupart du temps quand je demande à quelqu'unE ce que signifie butch ou fem, ces mots sont compris, on ne me regarde pas avec des grands yeux en me demandant de répéter. Ainsi ils sont passés en partie dans notre vocabulaire. Pourtant quand vient la réponse, elle tient en quelques mots et c'est très souvent réduit à une simple question d'apparence. Parfois il y a une re­contextualisation historique et géographique (États­Unis, années 1950, tout ça tout ça) mais je dois avouer que ça se limite souvent à ça. Ce qui est marrant c'est que pratiquement tout le monde à un jugement sur ces identités (le plus souvent ça donne quelque chose comme « pas pour moi ») alors qu'il y a clairement une méconnaissance et un désintérêt pour ce sujet. S'ajoute à ça une vision légèrement pétrie de misogynie à l'égard des fems et un truc genre « les butchs c'est un peu dégueulasse ». Ceci étant dit, passons à la « compréhension » du butch/fem. Cette phrase me met souvent mal à l'aise, car je ne sais pas si pour mon interlocutrice il est question de personnes se retrouvant dans des relations butch/fem, ou si c'est plutôt les identités en elles­mêmes qui ne sont pas comprises. Vu que je suis naïve et que d'après moi une personne rentrant en interaction sur un mode discursif ne méprise pas totalement ce que je suis, nous allons partir du postulat qu'il est question de la dynamique de relation. Tout d'abord il n'existe pas une seule manière d'être fem ou d'être butch (power fem, top, bottom, stud, high fem, stone, tranny butch, etc...). De plus penser que ces dynamiques ne correspondent qu'à un seul type de relation, et généralement dans l'imaginaire on retrouve une fem passive et une butch active (quelques personnes faisant preuve d'une grande originalité parviennent à imaginer une fem dominatrice), me semble de nouveau faire partie d'un certain processus de dénigrement évoqué plus haut. Il existe une multitude de dynamiques dans ce type de relations, et la vision toute stéréotypée que certaines personnes s'en font me semble quelque peu réductrice. Il est aussi intéressant de voir ce que les personnes projettent en matière de scénaris sentimentaux et/ou sexuels lorsqu'illes sont confrontéEs à des butchs et des fems, on peut même se demander s'il n'y a pas un peu de misogynie intégrée... De plus, personne ne vous a oblige à participer à de telles dynamiques. De ce fait, si cela ne vous attire pas, est­ce vraiment très important ? Pourquoi vous sentez­vous obligez de m'en faire part ? Si ce n'est pour me dire à demi­mots que vous ne comprenez pas l'intérêt de mon identité. Devrais­je moi aussi dans une discussion avec une Shane (sortant avec une autre Shane ­ou pas­, mais très certainement vu que les Shane sortent entre elles) lui dire que je ne vois pas l'intérêt de ses choix de relations, que je ne la comprends pas, que la réciprocité c'est quand même vachement années 70, et que sortir avec son clone quelle étrange idée, non ? En tout cas elle prend part à une dynamique bien trop freudienne à mon goût... Pour les personnes que cela énerve. Qu'est ce qui vous énerve au juste ? Est­ce parce que vous percevez les fems ou les butchs comme des concurentes, car vous aussi avez très envie de relationner avec une fem ou une butch (car comme chaqu'unE sait une fem n'est attirée qu'exclusivement par une butch et réciproquement, d'ailleurs les butchs pédés ou les fem à fem n'existent pas), mais que vous n'êtes pas binaire donc vous ne vous retrouvez pas dans ces identités ? Par rapport aux dynamiques de concurrence, je dois vous avouez qu'elles me mettent quelques peu mal à l'aise. Sommes­nous suffisamment nombreuses pour y adhérer ? Est­ce que cela ne renvoie pas en quelque sorte, à comment nous concevons le fait d'être gouine ? Il y a quand même là une certaine vision comme quoi il s'agit au final juste de sexe, de drague et d'attirances avec une valorisation de soi et de ses propres intérêts au détriment de relations amicales, ou d'une communauté (qui peut­être n'existe pas et n'existera jamais). A ce propos, je pense que la fem solidarité est vraiment intéressante et arrive même plutôt bien à fonctionner. Ou peut être cela vous énerve parce que vous trouvez que nous renvoyons une image caricaturale du lesbianisme ? Mais alors deux lesbiennes masculines relationnant ensemble aussi, car les lesbiennes sont forcément masculines... Et s'il s’agit de deux lesbiennes féminines dans ce cas ça renvoie au fantasme premier des garçons hétéros ? Donc si je comprends bien, au final pratiquement aucune relation lesbienne ne renvoie l'image que vous souhaitez à straightland ? Il serait intéressant de penser le fait d'être lesbienne comme incompatible avec ce monde là, et de cesser de le prendre comme point de comparaison Non je dois sûrement me tromper par rapport à la prégnance d'hétéroland dans nos vies, ne s'agit­il pas plutôt pour vous de relation hétéro­normée ? C'est marrant mais d'habitude la plupart des personnes se demandant « qui fait l'homme » et « qui fait la femme » sont des hétérosexuelLEs pensant avoir un questionnement très pertinent. Souvent illes essayent de deviner qui a tel ou tel rôle, certainEs n'hésitent pas à faire part de leurs pensées à haute voie, par exemple « ah ah! je suis sûre que c'est toi l'homme dans le couple ! Ça se voit !». Els sont généralement qualifiéEs de lesbophobes, et ce de manière quasi unanime par l'ensemble de la communauté. Ne pas arriver à penser nos relations en dehors de l'hétérosexualité est quelque peu problématique. N'avons nous pas nos propres cultures, nos propres codes, nos propres moyens de reconnaissance, nos propres histoires... qui n'existent pas dans hétéroland. De plus sur quelles bases appuyez­
vous ces réflexions ? Si je comprends bien, les relations butch/fem sont une parodie de l'hétérosexualité ? De ce fait, les relations butch/fem doivent être mieux acceptées socialement que celles vécues par des lesbiennes dans d'autres expressions de genre. Je vous invite à aller de ce pas vous promener avec une amie butch et une amie fem, que vous trouverez, je n'en doute pas, relativement facilement vu leur omniprésence dans nos milieux, et de les laissez marcher côte à côte. N'entendez­vous pas la moindre réflexion, le moindre regard désapprobateur ou signifiant un dégout certain, ne voyez­vous pas de charmants garçons prendre des postures menaçantes, faire bruyamment des commentaires...? Ainsi comme vous venez de vous en rendre compte les personnes en relation butch/fem sont­
elles aussi confrontées à la lesbophobie et que leur passing d'hétéro est à revoir. De plus assimiler une butch et une fem à un couple hétérosexuel m'hérisse les poils, notamment par rapport au faite que si je suis votre raisonnement les fems ne sont que des bisexuelles ou alors des hétéras refoulées, se faisant détourner du droit chemin par des butchs, et je ne parle même pas du regard que vous posez sur les butchs... Ceci me rappelle un vieux cliché misogyne et lesbophobe qui visiblement reste d'actualité. (...) Terminologies trans
MtF / FtF / XtF / MtB / FtB... (par Solène Hasse)
Allez hop, une contribution aux éternels débats !… J’avoue que j’hésite encore entre me dire que ces questions sont relativement inutiles, ou au contraire qu’elles sont fondamentales… Mais bon, en ce moment je me pose pas mal de questions sur les termes employés pour définir les transidentités …tF (et tB aussi un peu). I. MON INTERPRETATION DES TERMES UTILISÉS ACTUELLEMENT En gros, j’ai l’impression qu’aujourd’hui, on a la présence de deux grandes tendances plus ou moins assumées (attention, il ne s’agit pas ici des définitions officielles, mais des interpretations que j’en fais à partir de leur usage courant actuel dans les milieux/forums trans) : > “transsexuelle” : mot employé pour définir plutôt les MtF old school et post­op ou pré­op. Bref, c’est un peu has been comme mot, et un brin essentialiste. En gros, t’es transsexuelle si tu as un néo­vagin ou que tu prévois de t’en faire constuire un bientôt, que tu sais que tu es une fâme depuis tes 2 ans et demi, et que ton objectif prioritaire est d’être une fâme comme les autres. > “transgenre” : mot employé pour définir les autres MtF (non­op) et éventuellement les travesties, ou comme terme générique regroupant toutes les personnes assignées mâles à la naissance et ayant une expression de genre plutôt “féminine”. C’est la variante queerisée à la mode, qui vise à se détacher de l’essentialisme en disant que peut­être c’est pas un drame d’être une meuf sans pour autant avoir de vagin, et qu’il y a peut­être des choses plus importantes dans la vie. Bon, en vrai, c’est pas si simple que ça, mais je résume. Ces deux termes me posent deux grands problèmes : 1/ ça se focalise quand même beaucoup sur ce qu’on a dans la culotte. 2/ ça part du postulat qu’à la base, on est assignées “M” à la naissance. Et j’ai l’impression que chacun de ces termes est le reflet d’un revirement essentialiste, même du côté de celles qui cherchent à s’en détacher. En gros, on a deux barricades qui n’ont que deux côtés chacune : 1/ soit t’es une Fâme© Transsexuelle©, soit t’es une imposture ridicule 2/ soit t’es trans’, soit t’es cis’ PS : ah, j’oubliais, y’a aussi celleux qui se disent que pour éviter les conflits, le mieux c’est d’appauvrir le language en se contentant d’utiliser le terme ” trans’ “, pour englober tout… ou rien… II. ET LES BIOTRANS DANS TOUT ÇA ??? III. CELLES QUI SONT “ELLES” Bon, vous savez que je ne suis pas vraiment pro­queer et que je ne crois pas spécialement à la multiplication infinie et libérale des identités… Pourtant, il y a des réalités qui existent, et des personnes qui sont “hors la loi du genre” comme disait Leslie Feinberg. Voilà pourquoi je me revendique aujourd’hui comme transsexuelle et non comme transgenre, même si ce n’est pas demain que j’aurais les thunes pour passer sur le billard, et même si je considère effectivement que le contenu de la culotte, politiquement, est une question assez secondaire. Des exemples parmi d’autres : les fems, les butchs, les tranny butchs, les hards fems, etc… Mise en situation #1 : une fem cis’, ne serait­elle pas aussi un peu une meuf transgenre ? Mise en situation #2 : une butch cis’, ne serait­elle pas aussi un peu une meuf transgenre ? Lors des luttes trans des vingt dernières années, “on” a mis très fortement l’accent (et à juste titre) sur la nécessité de reconnaître incontestablement que les MtF sont des femmes et que les FtM sont des hommes. On a aussi, plus récemment, mis l’accent sur le fait qu’il ne fallait pas se foutre de la gueule des trans, et qu’il ne suffisait pas d’être vaguement déviantE de genre pour être trans (qui n’a jamais entendu, dans les milieux LGBT ou queers, des propos du style “au fond, on est touTEs un peu trans”). Mais on a oublié de se poser la question de ce qu’on faisait avec les personnes cis’ qui ne sont pas des “caricatures” de leur genres, voir même qui s’en échappent, sans pour autant passer “de l’autre côté”. Parce que je me pose la question de savoir si les “meufs trans”, ce ne sont pas tout simplement toutes ces “elles” qui ne sont pas des Fâmes©, et ça inclue toutes les variations qui partent d’une femme ou d’une lesbienne, que celle­ci soit trans ou cis ! Bref, les MtF, peuvent soit être des Fâmes©, soit être des meufs trans. Et ça n’a rien à voir avec le fait qu’elles soient transsexuelles ! En clair, les MtF ne sont pas, en tant que MtF, des meufs transgenre. IV. EN BREF
Bon, tout ça pour dire que je me demande si ce ne serait pas plus judicieux d’utiliser “transsexuelle” pour désigner les MtF (qu’elles soient post­
op, non­op ou pré­op), et “meufs transgenre” pour désigner les “elles” qui ne sont pas Fâmes© (qu’elles soient transsexuelles ou cissexuelles). On peut donc être transsexuelle ET cisgenre, ou cissexuelle ET transgenre, ou transsexuelle ET transgenre, ou cissexuelle ET cisgenre, … V. POST­BIOTRANS…
Tout ça peut nous mener bien loin, puisque si par exemple une butch cissexuelle (car elle est “elle” et qu’elle a été assignée F à la naissance), n’étant pas dans les critères en vigueur du genre féminin (puisque butch) est une meuf transgenre ; alors une Fâme© hétéra transsexuelle (car elle est “elle” et qu’elle a été assignée M à la naissance) correspondant aux critères du genre féminin, est une femme cisgenre. Et du coup, une transsexuelle fem, par exemple, est une meuf transgenre non pas parce qu’elle est transsexuelle (c’est à dire parce qu’elle est “Elle” malgré un M à la naissance) mais parce qu’elle est fem (c’est à dire parce qu’elle n’est pas Fâme© malgré qu’elle soit “Elle”) Au final, ça veut dire qu’on ne peut pas dés­éssentialiser les choses à moitité. Soit on parle d’anatomie, soit on parle de rapports sociaux. Mais on ne peut définitivement pas faire passer des rapports sociaux pour des “essences”, même si on ne peut nier que la place dans les rapports sociaux est À L’ORIGINE définie par la société patriarcale en fonction de l’anatomie. VI. JUSTIFICATIONS
Vous allez me dire que je joue sur les mots, que je relativise à outrance, et que tout ça n’est qu’une pâle performance intellectuelle. Ben…, non…, je ne crois pas…. Je cherche tout simplement à affirmer clairement (et aussi vis à vis de moi­
même, parce que parfois j’en doute) que sexe et genre peuvent être des choses VRAIMENT différentes qu’on a encore trop souvent l’habitude de lier, y compris dans les mouvements/milieux trans.
Et c’est à cause de ce type d’erreurs qu’on se retrouve, entre autres, avec des espèces de “biotrans” qui nous expliquent qu’illes comprennent vraiment ce qu’on vit et qu’els sont aussi vraiment trop grave trans, au fond…
Ben ouais, ptet bien, mais “trans” c’est qu’un préfixe, alors tout dépend de ce qu’on met derrière. Non, ce ne sont absolument pas les mêmes vécus/situations entre une meuf cissexuelle transgenre et une meuf transsexuelle transgenre, ni entre une meuf transsexuelle cisgenre et une meuf cissexuelle transgenre, etc… Et d’ailleurs, perso, je n’ai pas de grandes ambitions dans la vie, mais juste être un préfixe, c’est quand même pas terrible je trouve… VII. VÉRITÉS UNIVERSELLES À RETENIR ET À APPRENDRE PAR COEUR :
* Etre transsexuelLE, c’est être d’un genre différent de celui assigné à la naissance. * Etre transgenre, c’est avoir une expression de genre qui ne correspond pas aux critères en vigueur du genre auquel on appartient. Chroniques de brochures
LE MOUVEMENT
TR ANSGENRE
DE
/
LIBÉR ATION
20pA5
/
http://infokiosques.net/spip.php?article725 Nouvelle édition de
cette
brochure
qui
circulait
en
format
papier depuis 2005 et
qui constitue la seule
traduction connue en
français de ce texte de
Leslie Feinberg qui date
pourtant de 1992. Ici,
on a une nouvelle mise
en
page
et
une
disponibilité en libre
téléchargement sur le
net. Au niveau du fond,
Feinberg développe l'idée d'un mouvement de
libération transgenre qui commencerait à
prendre de l'ampleur (en 1992, donc), et qui
s'enracinerait très loin dans l'histoire des
populations humaines. Il illustre tout ça avec
des tas d'exemples de personnages historiques
qui
seraient
« déviantes
de
genre »,
crossdresseurEUSES,
FtM,
MtF,
etc...
Honnêtement, je ne suis pas très fan des
interprétations historiques au travers de
concepts contemporains, et je doute quelque
peu de l'intérêt de se chercher à tout prix une
histoire pour se sentir légitime. D'un point de
vue militant, je ne vois pas pourquoi le fait de
trouver la trace d'unE trans en mars 1276
serait un argument fondamental pour exiger le
respect pour les personnes trans' qui sont
simplement là, actuellement, et qui constituent
une réalité concrète. On a droit au respect, peu
importe qu'on ait une histoire chargée ou
qu'on appartienne à un « phénomène » récent.
Ceci dit, ce texte est mine de rien lié à l'histoire
du mouvement trans', et cela suffit à le rendre
fort intéressant, ne serait-ce que pour analyser
les 20 dernières années, et voir où Feinberg
avait vu juste, et où les choses se sont passées
différement...
LE
CONSENTEMENT
/
16pA5
http://infokiosques.net/spip.php?article659
/
Ici encore, une réédition, revue et augmentée
d'un texte qui a pas mal circulé en version
papier. Nouvelle mise en page, mise en ligne,
et ajouts de certains paragraphes.
Le sous-titre dit « 100 questions sur les
interactions sexuelles » et c'est bien de ça qu'il
s'agit, ni plus ni moins. Une liste de 100
questions qui parlent de consentement, de
dialogue, de safe sex, d'exotisation, de
violences, de relations, etc...
Perso, je vois ça comme
une
brochure
de
réduction des risques
pour les personnes qui
baisent et/ou sont en
relations
amoureuses/affectives,
pour les aider à faire
les choses un peu
moins pire... Et à ce
niveau là, je trouve
qu'elle
est
assez
réussie.
Mais faut avouer que ça me laisse un peu
circonspecte car même si cette brochure est
pavée de bonnes intentions, elle reste très en
surface quant aux réflexions sur la valeur
même que l'on donne aux relations et à la
sexualité. Par ailleurs, il est aussi tout à fait
nécessaire de la coupler avec des réflexions sur
les rapports sociaux et les rapports de pouvoir
entre les genTEs, parce qu'il serait fort
présomptueux de penser qu'un « oui » est
toujours synonyme de consentement réel et
éclairé.
Bref, une bonne entrée en matière, mais on
attend la suite...
MON CORPS – MA FIERTÉ – MA FORCE
/ 36pA5 / http://www.garance.be/cms/?Mon­
corps­ma­fierte­ma­force
Voici un guide pratique
de sécurité pour les
travailleuses du sexe
(tds)
–
prostituées.
C'est édité par Garance,
en partenariat avec
plusieurs autres assos
de tds ou d'alliées... Il
s'agit là d'une démarche
communautaire,
avec
une brochure ponctuée
de brefs témoignages de
personnes
tds,
de
conseils très concrets, de petites stratégies à
mettre en oeuvre en tapinant ou avec le
client... Bref, des petites recettes pour se
préparer et attendre le client, le sélectionner et
lui poser les règles, sur la passe et s'assurer de
ne jamais être trop vulnérable, sur la
préservation de sa vie privée, sur les
agressions et les droits face à la police, sur
l'auto-défense, etc...
C'est très concrêt, très précis et probablement
très en phase avec les besoins réels d'un
certain
nombre
de
personnes
tds
–
prostituées...
Chroniques de zines
MARS
AT TACKS
#00 / 16pA5
Un
nouveau
zine
transpédépunk
très
classe, qui met des
points aux “i” et des
pieds aux culs, le tout
dans un esprit assez
constructif, mine de
rien.
On commence avec un
édito où les rédacteurs
expliquent
plus
ou
moins d’où ils parlent
et mettent quelques bases au clair.
On enchaîne avec un texte qui questionne
l’engouement actuel des pédés bios pour les
trans et des mecs trans pour les pédés bios, en
mettant en évidence que ça pue quand même
un peu l’exotisme et la recherche de
reconnaissance, en passant aussi par la case
“homophobe”
des
mecs
hétéros…
Puis, on a droit à une mise au point sur le
virilisme et l’hétérocentrisme qui existent
aussi chez des mecs trans.
Ensuite, un court texte qui questionne et
relativise la notion d’espace “safe”, en pointant
le fait qu’il ne suffit pas de se débarasser des
mecs hétéros bios pour que tout aille bien,
qu’il n’y a aucune évidence à ce qu’un espace
“non-mixte” soit forcément safe, et que la paix
sociale à tout prix c’est pas forcément un bon
calcul.
Enfin, on termine avec un gros crachat à la
tombe des milieux et de leurs normes, contrenormes, post-normes et évidences, qui au
final, laissent plus ou moins toujours les
mêmes sur le bord de la route, sur fond
d’essentialisme brut, d’essentialisation du
social et de la plus banale transphobie.
Au niveau de la forme, esthétique punk avec
collages et écriture à la main, simple et
efficace, qui ajoute une vraie touche de classe
au contenu…
Ca fait vraiment du bien de lire ça…
L’impression de voir écrit noir sur blanc des
choses qui sont très peu soulevées et
questionnées, vu que ça risquerait de plomber
des plans cul, l’ambiance de la boum et les
mondanités
d’usage…
Que
des
choses
nécessaires, en somme...
Chroniques du net
QZAP
http://www.qzap.org
QZAP, ça veut dire Queer Zines Archive Project,
et c'est un site qui collecte, numérise et mets à
disposition une bonne quantité de zines queer,
principalement des Etats-Unis. On y trouve de
tout, y compris des trucs très classes, et
d'autres assez pourris... Mais voilà, c'est le
genre de truc qui me fait regretter de ne pas
être née 10 ans plus tôt, parce que les années
90 c'est quand même assez classe pour
certaines choses... Et là, y'a un bon nombre de
zines transpédégouines des 90's, entre autres.
Les zines mis à disposition ont des mises en
page parfois très classes, et des contenus très
divers allant des petits zines graphiques persos
aux guides pratiques en passant par les gros
zines sur des thèmes précis (épidémie du
SIDA, jeunes LGBT en prison, hard femme bike
tour, histoire des mouvements LGBT, santé
trans, etc...). Bref, je ne vais pas m'étaler plus
que ça ici, à l'avenir vous aurez droit à des
chroniques précises de quelques zines trouvés
sur ce site...
LEZSPACE
http://lezspace.lezspace.info
Lezspace, c'est « un espace pour les blogs de
gouines, de lesbiennes, et tout et tout... ». En
gros, lezspace fait de l'hébergement de blogs, et
sert aussi et surtout d'interface rescensant les
articles publiés sur des tas de blogs, herbergés
ou non sur lezspace. En bref, si vous voulez
être tenue au courant de ce qui se passe dans
une partie de la blogosphère lesbienne, il suffit
de vous connecter sur ce site qui vous
redirigera ensuite vers les derniers articles de
vos blogs préférés. Du coup, c'est pratique. Et
surtout, ça permet de découvrir de nouvelles
choses parfois très bien, parfois beaucoup
moins... Mais c'est à peu près sûr que vous
trouverez au moins quelques petites choses qui
au minimum vous parlent, au mieux vous
plaisent...
BUTCH-FEM
http://butch­fem.toile­libre.org
Une bien belle idée que ce site/forum qui
n'aurait besoin que d'un peu de public pour
devenir
quelque
chose
de
vraiment
intéressant. En gros, le site fourni un certain
nombre de ressources (brochures, musiques,
documentaires, interviews) sur les expressions
de genre butch et fem et leurs dynamiques. La
partie forum invite à des discussions sur de
nombreux thèmes très variés tels que les
théories de genre, la visibilité, les solidarités,
les sexualités, les identités, etc... Bref, on a là
un outil qui semble fondamental, mais il
semblerait qu'en france les butchs et les fems
soient discrètEs, ou alors n'aiment pas trop
internet... Bref, le site est encore récent, mais
le forum ne décolle pas trop, et le nombre
d'inscritEs reste assez bas. Dommage...
Espérons que ce n'est qu'une affaire de temps,
et que bientôt des foules de butchs et de fems
déferlerons le long des cables réseaux pour
attérir dans ce bel endroit pour se rencontrer,
discuter, s'engueuler, s'aimer, réfléchir et
s'entraider...
STS 67
FUCK YEAH CUTE TR ANS CHICKS
http://fuckyeahcutetranschicks.tumblr.com
Je ne sais pas trop
ce que je pense du
concept
« fuck
yeah »
qui
s'il
permet
de
montrer qu'on est
beaucoup et qu'on
est belles, entérine
aussi l'idée qu'il
faille à tout prix
être beaucoup et être belles... Ceci dit, j'en
parle quand même dans ces colonnes parce
que je suis bien obligée d'admettre que mes
balades le long des pages de ce site me gonflent
de force, de fierté et d'admiration... Dans ma
vie, il m'arrive souvent de me laisser aller au
regret inutile de ne pas être née femme
cisgenre.... Et il s'avère que ce site,
FuckYeahCuteTransChicks,
me
coupe
totalement cette envie et me fait me dire que
pour rien au monde je n'aimerais être cisgenre
! Et que y'a pas à chier, les meufs trans on a
quand même trop la classe !
Alors pour préciser quand même, ce site est
une simple succession de photos de meufs
trans.
Et je ne suis vraiment pas sûre que j'aime
beaucoup le concept de devoir à tout prix être
belle, fière et de le montrer, mais quoi qu'il en
soit, ce site me fait du bien...
http://www.sts67.org
Ceci est le site du
groupe trans militant
historique
de
Strasbourg.
Et
l'intérêt réel qu'on y
trouvera, c'est surtout
la
quantité
d'informations,
de
références
et
de
ressources pratiques
sur les transitions MtF. Outre les témoignages
personnels qu'on trouvera plus ou moins utiles
selon les sensibilités, sont présents des
dossiers très fournis sur les traitements
hormonaux et l'endocrinologie, l'épilation
laser, les chirurgies, le maquillage, le droit et
les lois, ainsi que plein de petites astuces et
quelques références culturelles (musique,
cinema, littérature,...). Le tout dans une
optique de support, donc avec l'idée de fournir
des informations brutes à passer ensuite par le
crible de la critique et des choix personnels à
chacune. Bref, un site de référence comme il
en existe malheureusement trop peu...
Chroniques de films
MATER NATUR A
De Massimo Andrei, avec Maria Pia Calzone, 2005.
Mater
Natura,
c'est
l'histoire
un
peu
pathétique de Desiderio,
une
meuf
trans
hétérosexuelle qui a
une vie un peu pourrie
parce que comme elle
est canon les mecs la
kiffent, mais comme elle
est trans les mecs ne se marient pas avec elle
et repartent assez vite... Pour faire original :
elle tapine, elle danse et passe sa vie à attendre
un prince charmant qui finalement lui pose un
lapin après maintes péripéties...
Bon, vous aurez compris, ce n'est pas
spécialement pour l'histoire de fond que ce film
est
génial,
mais
principalement
pour
l'ambiance et le contexte dans lequel ça se
passe. Desiderio passe sa vie entourée d'une
petite troupe de meufs (trans et cis) et de
pédés folles qui font du théâtre et de la
chanson... Puis un jour, els décident que la vie
en ville c'est pourri et finissent par squatter
une ferme à la campagne, où els continuent de
répéter leurs spectacles, où els cultivent un
petit jardin, et où els font de l'accueil pour
personnes LGBT isolées et/ou placard... Ce qui
donne un résultat finalement assez plaisant,
où l'on s'éloigne de ce monde insupportable...
Du coup, ce qui me plaît, c'est surtout cette
espèce d'ambiance hyper classe qui court tout
au long du film, entre moments un peu trash
et tristes, et moments détendus où l'on s'oublie
dans les abus de fêtes et les instants
tranquilles de constructions collectives.
Bref, un film en adéquation parfaite avec ce
monde atroce et ce qu'il peut rester à en faire :
se cacher dans un coin et attendre que ça
passe...
DOOMSDAY
De Neil Marshall, avec Rhona Mitra, 2008.
On change de style avec ce film postapocalyptique complètement fou de série B. En
2005, l'Ecosse a été
frappée
d'un
virus
dévastateur puis coupée
du reste du monde par
un mur pour éviter que
l'épidémie
ne
se
propage. Depuis, plus
personne ne se soucie
de ce qui s'y passe et les
personnes restées du
mauvais côté du mur
sont
laissées
pour
mortes.
Mais en 2035, une souche du même virus
apparaît en plein coeur de Londres. Du coup,
le gouvernement panique et envoie pour la
première fois depuis trente ans une équipe de
l'autre côté du mur, en Ecosse, pour essayer de
repérer des survivantEs et trouver un antidote
au virus. Pour guider cette équipe, c'est le
major Sinclair qui s'y colle et qui a trop la
classe, avec son carré plongeant et son oeilcaméra électronique,...
Une fois de l'autre côté du mur, elle se
retrouve confrontée à des hordes de punksteuffeureuses cannibales complètement taréEs,
à un chef de bande un peu vulgaire, à des
chevaliers médiévaux eugénistes, et elle
s'embarque dans des courses-poursuites dignes
de Mad Max, des explosions, des duels dans
l'arène, des complots politiciens, des évasions,
et plein d'autres suprises... Et même que c'est
elle qui gagne à la fin...
FREEWAY
De Matthew Bright, avec Reese Witherspoon, 1996.
Là, on arrive dans la
rubrique « elle gagne à
la fin mais elle en chie
quand même un peu
avant de se venger de ce
gros
connard »,
autrement
dit,
film
plutôt classe mais pas
fun, alors à regarder
avec précautions si on
n'a pas envie de se prendre des trucs un peu
trash dans la face...
Bref, c'est l'histoire de Vanessa, ado issue du
white trash américain, avec mère traquée par
les flics pour prostitution et beau-père
abuseur. Un jour elle se retrouve sans famille
et préfère s'enfuir plutôt que de retourner en
famille d'accueil. Sur la route, elle croise Bob,
une espèce de taré psychopathe qui profite de
son petit pouvoir psychologique sur les gentes
pour abuser d'elles et faire le ménage à sa
façon au sein de la lie de la société dans le but
d'aboutir à un monde uniquement fait de
personnes respectables et propres sur elles...
Manque de bol pour lui, Vanessa c'est pas une
p'tite caisse alors elle se défend et lui remet les
pendules à l'heure. Manque de bol pour elle,
Bob est un personnage assez puissant et qui a
le bras long, alors il va la pourrir autant qu'il
peut pour lui faire payer l'audace qu'elle a eu
de le remettre à sa place...
S'en suit pour Vanessa toute une série de
galères, de rencontres et de débrouilles, entre
procès et prison, mitard et bastons, évasions et
sororités, prostitution et braquages, cavales et
vengeance...
Le truc qui craint : la seule lesbienne du film
est complètement tarée, ce qui en soi ne serait
pas bien grâve si ça n'était pas déjà le cas dans
80% des films où des personnages sont
lesbiennes.
MISS MONA
LOST AND DELIRIOUS
De Mehdi Charef, avec Jean Carmet, 1987.
De Léa Pool, avec Piper Perabo, 2001.
Un film où comme tant
d'autres une femme
trans est jouée par un
mec cisgenre... Ce qui
est quand même très
énervant... mais pas
surprenant
compte
tenu du monde de
merde dans lequel on
vit... Y'a bien eu des films où les blancHEs se
mettaient du cirage sur la tronche pour jouer
des noirEs, alors pourquoi pas des mecs qui se
travelottent pour jouer des meufs... Mais
bizarrement, ça n'arrive que pour les meufs
trans ce genre d'histoires. Mais c'est bien
connu, on est visibles à des kilomètres, alors
pourquoi faire un effort de crédibilité et de
respect dans les personnages ? Faut croire que
ça leur fait peur de voir que les actrices trans
ne sont pas forcément si visibles et si
spéctaculaires que ça. Bon, là, je ne râle pas
spécialement sur ce film en particulier qui
finalement n'est pas si pire que ça, et est même
beaucoup plus crédible que quand c'est Felicity
Huffmann qui se la joue Marge Simpson (pour
reprendre les mots de Butch Cassidyke) dans
Transamerica...
Bref, Mona est une meuf trans d'une
cinquantaine d'années qui vit avec sa mère
mourante dans une caravane au bord d'un
canal parisien. Elle tapine et tire les cartes
pour survivre. Un jour, elle croise la route de
Samir, mec sans-papiers en france et qui
galère, exploité par un patron et traqué par les
keufs... Elle en tombe un peu amoureuse et le
prend sous sa maigre aile pour lui trouver du
taf et des papiers... Mona voit en Samir une
personne avec qui partager un petit bout de vie
et sortir de l'isolement. Samir voit en Mona
une personne un peu tarée mais pleine de
ressources pour peut-être le sortir de la galère.
Les autres personnages sont tantôt racistes,
tantôt transphobes, tantôt homophobes...
Parfois c'est pas fait exprès et c'est le
réalisateur qui a fait de la merde.
Croisements de vies compliquées, de galères et
d'oppressions, des histoires tristes et crues
sans blush pour les égayer, des personnages
qui assurent souvent et qui font des trucs
nazes parfois. Le réalisateur ne rajoute pas
trois couches de pathos pour faire larmoyer lae
spéctateurice ...la réalité très concrète suffit...
À voir absolument.
Là, on arrive dans la
rubrique « lezmovie où
on a envie de se tirer
une balle à la fin. » En
clair, si tu déprimes
parce que ta vie est
pourrie et que tu veux
te changer les idées,
évite ce film. Bon, je
sais, c'est le cas de
beaucoup de lezmovies
et ça mériterait un
article
entier
qui
parlerait des lezmovies
de propagande straight pour te dégouter à tout
jamais d'être lesbienne.
En gros, la morale du film pourrait être : « 2
solutions pour les gouines : le retour dans le
droit chemin ou le suicide ». Bon, d'accord, je
sais, ça ne donne pas trop envie, dis comme ça,
et globalement vous devriez survivre assez
bien si vous décidez de ne pas voir ce film.
Mais s'il vous arrive de vous laisser aller à des
rêveries
teenage
d'histoires
d'amour
dramatiques dans un pensionnat religieux
pour adolescentes de bonne famille, alors vous
devriez y trouver un petit quelque chose. C'est
une histoire d'amour banale entre une gouine
qui s'assume et qui est prête à braver la terre
entière et une meuf qui n'assume pas du tout
et qui préfère renoncer à la possibilité d'être
heureuse
plutôt
que
de
risquer
la
stigmatisation et le rejet. Bref, c'est parfait
pour une session larmes entre copines, y'a de
quoi pleurer tout au long du film...
Et Piper Perabo a quand même trop la classe,
avec son faucon sur l'épaule et ses envolées
chevaleresques...
BET TER
CHOCOL ATE
THAN
De Anne Wheeler, avec Karyn Dwyer & Cristina Cox & Peter Outerbridge, 1999.
On arrive dans la
rubrique « culte » avec
ce lezmovie de 1999 où
Maggie, jeune lesbienne
bossant
dans
une
librairie LGBT essaye de
vivre
une
histoire
d'amour avec Kim, jeune travelleuse de
passage en ville avec son camion. Mais Maggie
se retrouve à héberger Lila, sa mère, qui
débarque à l'improviste, qui vient de divorcer
et qui découvre peu à peu la vie de sa fille.
Bon, honnêtement, le scénario n'est pas
complètement ouf, mais l'ambiance et les
personnages sont plutôt classes.
Différents aspects de vies et de militantisme
LGBT
y
passent
:
histoires
d'amour
romantiques, dramas, censure institutionnelle,
coming out, rejets, agressions homophobes et
transphobes,
resistances,
ambiance
« communautaire » de la librairie, soirées
cabaret et show, prévention santé, tout ça tout
ça... Bref, c'est parfois un peu caricatural, ou
simpliste, mais c'est léger, pas dramatique,
personne ne meurt et tout fini bien... Ce qui
est plutôt plaisant, quand on n'a pas envie de
visionner un enième film ou l'héroïne
lesbienne et/ou trans meurt à la fin et/ou est
une psychopathe dangereuse.
Tout particulièrement, deux personnages
retiennent l'attention : Frances, cheffe de
librairie timide, organisée, et redoutable ; et
Judy (manque de bol : encore une meuf trans
jouée par un mec cis !), amie sincère
spécialiste en relations humaines et chanteuse
envoutante (elle a vraiment trop la classe !)
qui brille de mille feux lorsqu'elle interprète
« I'm not a fucking drag-queen »...
Bref, un univers plutôt sympa, pas de prise de
tête, pas de sécrétion d'adrénaline, que du
positif, du rigolo, du mignon... À voir pour se
faire du bien...
Chroniques de concerts
CR ASH FEST 2011
Splendeurs et misères du CrashFest 2011 à
Toulouse (10-13 février)...
Je suis allée au
Crash Fest sans en
attendre
grand
chose, sans prévoir
de participer aux
ateliers
ou
aux
discussions,
sans
prévoir
de
m'impliquer
dans
une
quelconque
organisation
collective,
sans
avoir
envie
de
recontrer plein de
nouvelles
personnes... Bon, soyons claires, je suis venue
pour faire la teuf et voir des groupes que je
n'avais jamais vu jouer en live. Le simple fait
que je sois venue faire la teuf alors que ça
m'arrive quand même assez rarement suffit à
expliquer que je n'ai pas été d'une vivacité folle
pendant ces quelques jours, et que j'ai même
passé la dernière journée à papoter dans un
sleeping bien au chaud sous une couverture...
Sans surprise, le Crash Fest, c'était un peu LE
moment de l'année à ne pas louper si tu veux
avoir un bon capital social dans la sphère
« transpédégouine et féministe ». Mais il ne
suffisait pas d'être là, encore fallait-il ne pas
être trop vulgaire, trop séparatiste, trop
pauvre, ou trop danser SUR la scène.
Pas trop vulgaire ? Parce que sinon certaines
personnes faisaient des détours quand elles
passaient devant toi et te regardaient du haut
de leur mondanité, d'un air « c'est vraiment
pathétique d'en arriver à un tel stade de
déchéance ».
Pas trop séparatiste ? Parce que quand même,
les meufs hétéras sont nos amies, même si
elles viennent s'encanailler quelques jours en
se laissant aller à quelques batifolages lesbiens
exotisants...
Pas trop pauvre ? Parce que sinon t'avais
intérêt à tourner à l'eau lors des deux
premières soirées qui ont eu lieu dans une
espèce de salle-bar où deux euros ne
suffisaient pas pour boire une bière...
Pas trop danser SUR la scène ? Parce que
sinon tu te faisais tomber dessus par une
horde de personnes très heureuses de jouer
aux vigiles et de préserver la paix sociale avec
un lieu commercial, et qui manifestement ne
comprenaient pas des phrases telles que « je
n'ai pas envie de te parler » ou « ne me touche
pas », déclanchant ainsi quelques gestes de
défense physique entrainant bousculades,
coups et mépris affiché pour celles qui ne sont
pas
assez
mondaines,
douces
et
compréhensives... Puis c'est vrai que c'est
tellement agréable de se faire plaindre d'avoir
été repoussée violement en insistant pour
parler à quelqu'une qui demandait juste qu'on
lui foute la paix et qui ne faisait chier
personnne d'autres que les tenantEs de la
bienscéance et de la respectabilité.
Bref, toutes ces histoires ne me sont pas
arrivées à moi personnellement, mais j'en ai
été témoin, et ça ne m'a pas plu du tout...
Voilà pour le linge sale.
Passons maintenant au récit chronologique
partiel de ces quelques jours.
Premier soir : Vices et Râlements Déviants,
CBA, Ste Macabe, DJ punkette des étoiles.
Alors ça m'a fait plaisir de revoir VRD avec un
peu plus d'expérience, les ayant seulement vu
une fois deux ans plus tôt au XXYZ #5. Et
effectivement, leur set hip hop a pas mal de
pêche, et je trouve les nouveaux morceaux
particulièrement réussis, même si c'est pas
non plus un flow de ouf. En tout cas j'ai kiffé
et ça m'a fait du bien (vous savez, ces espèces
de picotements d'émotion qui arrivent dans les
bras et que vous savez même pas d'où ils
viennent, ben ça me fait ça sur certains
morceaux de VRD). CBA, c'était ouf de voir le
nombre de mots que le type réussissais à
placer en une quantité limitée de temps sans
bafouiller... Et les autres groupes/DJ c'était
bien mais pas des révélations non plus en ce
qui me concerne, alors je vais pas en écrire des
lignes...
Le lendemain : AubeL, Tough Titty, De Fatwas,
DJ Prisce de Cockroach.
Ce soir là c'était dramatique parce qu'en
essayant d'éviter Aube L (trop artiste et
conceptuelle
à
mon
goût,
même
si
techniquement, elle est vraiment douée), j'ai
râté les deux tiers du set de Tough Titty, qui
finalement étaient trop arrachées pour jouer
en deuxièmes et qui ont donc entamé la
soirée... Je n'ai donc vu que la fin de leur set,
mais ça m'a suffit pour tomber amoureuse.
Deux meufs qui ont grave la classe et qui
jouent une espèce de punk destructuré un peu
chaos mais quand même hyper dynamique et
péchu. Le bonheur quoi... Une guitare, un
tom, une cymbale, deux micro et une machine
(je crois que c'était un ordi mais ma mémoire
flanche alors peut-être aussi ça pouvait être
une groove box ou quelque chose dans le
genre...). Bref, c'était juste génial comme
groupe, et rien que pour les dix minutes que
j'en ai vu ça valait la peine de descendre sur
Toulouse.
Ensuite Aube L pendant bien une heure trente.
Puis De Fatwas, groupe hollandais de punk
hardcore bien classe, avec des morceaux
rapides où on n'a pas le temps de se poser de
questions, qui déboitent grave, et qui ont cette
espèce de pêche qui donne envie de sauter
dans tous les sens pendant des heures sans
s'arrêter. Premier bémol : elles jouaient à mon
goût vraiment pas assez fort par rapport aux
autres groupes et à leur zik qui aurait mérité
beaucoup plus de décibels... Deuxième bémol :
non, c'est vraiment pas possible de balayer les
rapports d'oppression par des formules telles
que « homos ou hétéros, on s'en fiche c'est
toujours de l'amour » (ceci n'est pas une vraie
citation, mais une retranscription vague du
contenu d'une citation).
Le troisième soir, je n'ai pas la moindre idée de
ce qui s'est passé dans la salle du TDB
tellement elle était bondée... J'ai même pas
essayé d'y rentrer... Tout ce que je me souviens
c'est d'avoir passé toute la soirée à boire des
coups sur une chaise longue près de la porte
en discutant avec beaucoup de monde (mon
moment de sociabilité du festival), puis d'un
coup me retrouver complètement sobre dans la
rue à attendre le SAMU qui venait pour une
arcade, pour enfin 2 heures plus tard
retourner à la fête sans grande conviction.
Puis le dernier jour, pas du tout le courage de
voir du monde ni de discuter du coup j'ai passé
la soirée en petit comité sous une couverture...
Et je serais assez incapable de vous dire ce qui
s'est passé, à part qu'il y a eu quelques films
projetés, ainsi qu'une discussion sur les
évenements pas cools de la veille.
Pendant ces quelques jours, il y a aussi eu
plein d'ateliers et de discussions, mais je n'y ai
pas mis les pieds, alors pas grand chose à en
dire...
Bref, je suis mitigée vis à vis de ce festival,
entre d'un côté un certain engouement d'avoir
vu certaines personnes et groupes et d'avoir
passé des vrais bons moments, et d'un autre
côté une réelle frustration de ne pas réussir à
vivre les mêmes trucs dans un contexte où je
serais moins amenée à cautionner autant de
trucs qui ne me vont pas...
Voilà, si ça se reproduit, je pense
retournerais, mais que je continuerais
râler... Je sais, c'est assez médiocre
conclusion... Et assez déprimant,
perspective de vie...
que j'y
aussi à
comme
comme
APPEL À CONTRIBUTIONS
COMING OUT
Si tu es
LESBIENNE,
,
E
N
I
U
O
G
et /ou
PÉDÉ,
TRANS...
...ta vie nous intéresse...
Le coming out est une étape parfois marquante, mémorable et angoissante de nos vies de lesbiennes, gouines, pédés et/ou trans. Parfois ça se passe sans qu'on ait vraiment eu le temps de comprendre comment. Parfois ça n'est pas nécessaire parce que le fait qu'on soit lesbienne, gouine, pédé et/ou trans s'est posé comme une évidence dès notre enfance. Parfois on attend des années avant d'en parler. Parfois ça passe comme une lettre à la poste et rien ne change vraiment dans notre vie. Parfois c'est difficile et ça a un impact sur une très longue période de notre vie. Parfois on est rejetéE. Parfois on se rapproche. Parfois on doit s'y reprendre plusieurs fois. Parfois ça ne change rien parce que les autres comprennent. Parfois ça ne change rien parce que les autres ne comprennent pas. Parfois ça change tout parce que les autres comprennent. Parfois ça change tout parce que les autres ne veulent pas comprendre. Parfois on se transforme en carpette de peur d'être rejetéE. Parfois on se transforme en Xena pour ne pas se laisser faire. Parfois on demande aux autres de nous accepter. Parfois on ne leur laisse pas le choix. Parfois on n'a même pas besoin de faire de coming out parce que c'est marqué sur notre gueule. Parfois on doit en faire tous les jours parce que les autres ne comprennent vraiment rien à qui on est. Parfois c'est dans un repas de famille. Parfois c'est au lit. Parfois c'est sur la plage. Parfois c'est au téléphone. Parfois c'est par lettre recommandée. Parfois c'est à la Pride ("regardez la télé ce soir, je passe au JT régional"). Parfois c'est de très très très loin. Parfois c'est juste à côté. Parfois c'était il y a des années. Parfois c'était hier. Parfois ce sera demain. Parfois c'est jamais le bon moment. Parfois on fini toujours par craquer.
Le but est de collecter une variété de temoignages pour en faire une brochure retraçant
diverses expériences de coming out (réussies, ratées, rigolotes, difficiles, trash,
rassurantes, tristes, re-re-re-faites, etc...), pour rendre compte de cette partie de nos vécus
de lesbiennes, gouines, pédés et/ou trans... L'idée étant de donner de la visibilité à nos
histoires parfois heureuses et parfois malheureuses, parce que personne ne le fera à notre
place, et certainement pas les tenanciers de la culture et de l'histoire straight...
À SAVOIR AVANT DE TE METTRE À ÉCRIRE
Les textes doivent être libres de droit. La brochure sera disponible, entre autres, sur Internet, téléchargeable et diffusable librement. Donc une fois ton témoignage envoyé, attend toi à ce qu'il soit lu par beaucoup de monde et à le retrouver dans plein d'endroits. Des passages seront peut­être copiés et cités sans qu'à aucun moment nous n'en soyons averties.
Les textes doivent être dégenrés. Exemple : si tu écris "de nombreux amis étaient présents", ça veut dire que tous les amis en question étaient des mecs ! Si ce n'est pas le cas, tu peux alors écrire "de nombreu­x­ses ami­e­s étaient présent­e­s", ou "de nombreuXSES amiEs étaient présentEs", ou "il y avait beaucoup de monde" ou "de nombreuses personnes étaient présentes", etc... Il est probable que des corrections, à ce niveau là, soient apportées par nos soins sur les textes envoyés.
En dehors d'éventuelles fautes d'orthographe, de conjugaison ou de dégenrement, nous n'apporterons évidemment aucune modification aux contributions.
Selon le nombre de contributions reçues, ainsi que notre propre jugement tout à fait subjectif, il est possible que certains textes ne soient pas publiés dans la brochure. C'est comme ça, et il faut s'en accomoder... Tu es complètement libre quant à la forme. Ça peut être un témoignage, un récit, une version un peu romancée voire même une fiction (mais précise le dans ce cas), un poème, une BD, une analyse théorique de ton expérience, un dessin, etc... Evite quand même de dépasser les 4­5 pages, et garde en tête qu'au final ça sera publié sur un support photocopié en noir et blanc (évite donc les photos/dessins avec trop de nuances de couleurs).
Les contributions doivent être envoyées en format informatique. Fichier texte (.txt, .odt, .doc) pour les écrits, et en fichier image (.jpg, .png, etc...) ou .pdf pour les dessins/BD/
photos. Les contributions sont à envoyer avant le 30 septembre 2011 dernier délai, pour qu'une publication soit possible avant la fin de l'année 2011.
Envois / Contact :
[email protected]
dossier : EXOTISATION
rhétoriques anti butch-fem
trans et normes de genre
terminologies trans
chroniques
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