du 5 au 27 juillet - Tour d`Europe des cinémas
Transcription
du 5 au 27 juillet - Tour d`Europe des cinémas
a Ciném garanti sans 3D MANUTENTION : 4 rue des escaliers Ste Anne / REPUBLIQUE : 5, rue Figuière 84000 AVIGNON / Tél : 04 90 82 65 36 / www.cinemas-utopia.org LE SEL DE LA TERRE EN AVANT-PREMIÈRE EXCEPTIONNELLE ! (sortie nationale prévue le 15 octobre…) Film de Wim WENDERS et Julliano RIBEIRO SALGADO France/Brésil 2014 1h50 VOSTF avec Sebastiao Salgado et ses photos… D'abord les mots de Wim Wenders : « C’est un film modeste, un film dédié aux images d’un autre. L’un des plus grands photographes d’aujourd’hui. » Wenders s’est effacé derrière l’artiste et l’homme qu’il admire et dont il a choisi de montrer le travail. Quelle découverte, et quel hommage pour ceux qui découvriront l’œuvre de Sebastiao Salgado, né au Brésil en 1944, et qui a parcouru le monde pendant quarante ans, à la recherche de l’humanité sous toutes ses formes. Le procédé de Wenders est élégant et sobre : faire parler les images de Salgado, toujours en noir et blanc. La voix off du photographe vient commenter les clichés, son visage, en fondu noir et blanc, semble parfois sortir des images, pour nous raconter l’homme derrière le photographe, l’aventurier aussi. N°345 du 25 juin au 29 juillet 2014 / Entrée : 6,50€ / le midi : 4€ / Abonnement : 48€ les dix places LE SEL DE LA TERRE Le restaurant La Manutention D’abord, Wenders, dont on entend aussi la voix, rappelle que la photographie, c’est « écrire sur la lumière ». Sans lumière, pas de bonne photographie. Sans humanité non plus. Les premières images montrent une mine d’or au Brésil, où des grappes entières d’hommes accrochés aux flancs de la terre rappellent les bâtisseurs de pyramides. Salgado ne cesse, dans son travail, de chercher l’humanité originelle, l’intrinsèque nature humaine. Le film suit ensuite le parcours chronologique des œuvres de Salgado, qui évolue à mesure que sa vie se dessine. Son père aurait voulu qu’il soit avocat mais, seul garçon parmi sept sœurs, Sebastiao se veut aventurier. Il commence des études d’économie, quitte le Brésil pour la France pendant les mouvements de gauche en Amérique latine dans les années soixante, et rencontre la femme de sa vie, Lélia – auquel le film rend aussi un hommage permanent. C’est elle qui lui fournit son premier appareil photo. C’est ensemble qu’ils décident de se lancer dans leur premier grand projet photographique (Sebastiao photographie, Lélia édite), Les Autres Amériques, consacré à l’Amérique latine que Sebastiao et Lélia retrouvent après dix ans d’exil et la naissance de leur fils Juliano. Wenders plonge dans les archives de Salgado, nous fait pénétrer au cœur du travail de l’artiste et de ses questionnements incessants sur le sens de son métier. Chaque histoire que Salgado raconte est une leçon de vie, teintée d’humour, de mélancolie, d’humanité. Toujours d’un respect immense pour les hommes qu’il croise, et qu’il regarde. Humble, il livre l’un de ses secrets : « on ne fait pas un bon portrait seul. C’est celui qui est photographié qui vous offre la photo ». Au Pérou, le peuple indigène Saraguros le prend pour un envoyé de Dieu. Au Nord-Est du Brésil, il filme le mouvement des paysans sans terre. S’étonne de ce que la vie y côtoie à ce point la mort, dans une continuité, comme cette image qui montre des cercueils en location dans une petite épicerie. Mais le vrai choc, pour Salgado, c’est l’Afrique. Le Sahel, le Soudan, dont il ne se remettra pas. Sans relâche, il filme les images d’une famine dont tout le monde se fout, et porte aux yeux du monde la tragédie africaine du siècle. Chaque cliché témoigne d’une empathie infinie pour la nature humaine. Jamais voyeur, son appareil montre ce que traversent des milliers d’hommes sur le continent oublié. Salgado capte leur dignité, leur épuisement. Leur détresse devient la sienne, dans une identification d’une force empathique rare. Puis viennent la Tanzanie, le Rwanda, l’ex-Yougolslavie. Salgado est devenu un photographe de guerre, prêt à se perdre dans les conflits. Il y passe à chaque fois entre six mois et deux ans. Et en revient cassé. Dégoûté de son métier. C’est Lélia, encore, qui lui redonne goût à la vie en ayant l’idée de replanter la forêt de leur région natale au Brésil, menacée par la sécheresse et la déforestation (elle est aujourd’hui en plein renouveau, avec deux millions d’arbres). Salgado a alors l’idée de sa grande série La genèse, qui retourne aux origines de l’humanité, à la recherche de lieux, de visages ou d’animaux inchangés depuis des milliers d’années. Ce sera les peuples nomades de Sibérie, qui se déplacent avec leurs rennes et dorment toute leur vie dans des bottes en peau. Le peuple Zo’é au Brésil, peuple « paradisiaque » où chaque femme peut avoir trois ou quatre maris (un mari prêcheur, un mari chasseur, et un mari à a maison) ! Salgado n’est plus seulement un photographe de guerre. Il est un photographe des hommes, et de la terre. A la fin, il photographie des gorilles, des ours polaires ou des tortues centenaires, dont il semble partager la sagesse, dans une identification totale. Ce qui touche au cœur et à l’âme dans le documentaire de Wenders, c’est à quel point l’homme semble se tenir tout entier dans chacun de ses clichés. Salgado est devenu l’homme-photographie. Magnifique. (Juliette Goudot, moustique.be) Tout est fait maison ! On y trouve des plats à base de légumes et fruits de saison, des vins de production locale et bio, le tout à des tarifs accessibles… Les enfants trouveront des jouets pour passer le temps pendant que les parents goûtent les plats préparés et servis par Pauline et son équipe… Tout ce beau monde vous accueille tous les jours à partir de 10h00 4 rue des escaliers sainte Anne 84000 Avignon Tel : 04 90 86 86 77 LE PROCÈS DE VIVIANE AMSALEM Écrit et réalisé par Ronit et Shlomi ELKABETZ Isarël 2014 1h55 VOSTF avec Ronit Elkabetz, Simon Abkarian, Menashe Noy, Sasson Gabay… Viviane est d'une beauté hiératique, sobre, digne. Viviane, c'est Ronit Elkabetz au sommet de son art et de son charisme. Elle n'a pas besoin de montrer ses jambes pour être sensuelle et divine. Tant mieux, la société dans laquelle elle vit ne le lui permettrait pas, pas plus qu'elle ne lui permet de laisser libres ses cheveux. Mais peu lui importe, elle semble planer loin au dessus de toutes ces choses et si elle se présente devant un tribunal rabbinique, c'est après en avoir bien pesé les conséquences, et après avoir ramassé tout son courage. Il en faut pour affronter la partie de pingpong ubuesque qui l'attend. La procédure de son divorce – qu'elle a entamée, au moment où débute le film, voici déjà trois ans ! – va jouer les prolongations et glisser peu-à-peu vers une tragi-comédie autant hilarante qu'affligeante. Quelle idée aussi, me direz-vous, d'aller divorcer devant un trio de rabbins ! C'est qu'elle n'a pas le choix, pas plus que les autres citoyennes d'Israël : toute communauté confondue, qu'elles soient croyantes ou laïques, le protocole est le même. Devant un tribunal religieux la femme vient demander le gett (sa libération) au mari. Un divorce que lui seul peut accorder. Et si ce taquin refuse ? Devinez quoi… Tout reste en l'état. Sachant que la femme non divorcée ne peut pas reconstruire de vie affective sous peine d'être mise au ban de la société et de voir ses futurs enfants considérés comme mamzer (bâtards), sans aucune reconnaissance ni protection juridique. Quant au mari, ne vous inquiétez pas pour le pauvre biquet : tant qu'il continue de pourvoir aux besoins matériels de son foyer, il peut mener sa vie comme bon lui semble et pondre des bambins qui seront reconnus, ceux-là. On imagine vite ce que ça peut produire comme excès quand ces messieurs sont un brin de mauvaise foi et rancuniers. Ils peuvent laisser poireauter leurs femmes dans les couloirs de cette petite mort sociale. Cela peut durer des années… Dans le cas de Viviane et de son mari Elisha, ce devrait n'être qu'une formalité. Devant le tribunal, Viviane ni ne critique ni n'accable, elle demande juste à ses juges d'entériner la fin d'une relation alors même qu'elle ne vit plus depuis des mois avec celui qui fut son homme, son mari, le père de ses enfants. Il suffit d'un minimum d'observation et de sens commun pour se plier à l'évidence que plus rien ne réunit ces deux-là. Ils ne se touchent plus, n'ont aucune admiration, ni compassion l'un pour l'autre. Si un sentiment persiste entre eux, il s'apparente plus à de la lassitude qu'à de l'affection. Elisha, devant les trois juges, la décrit comme une mauvaise épouse, n'ayant pas de reconnaissance envers tout ce qu'il a fait pour elle, une hystérique. Ce n'est pas qu'Elisha tienne tellement à son épouse, mais elle fait partie de son karma, une plaie envoyée par Dieu pour le mettre à l'épreuve. Alors non ! Il n'accepte pas le divorce et boira le calice jusqu'à la lie, courageusement, pour plaire à Dieu. Ridicule ? Voilà nos bons petits juges tout émus et solidaires avec Dieu (ce dernier serait-il également un homme ?) et ils voient en Elisha l'incarnation du mari parfait. Ils grondent Viviane, lui intimant de faire des efforts pour sauver son foyer. Chacun repart dans ses pénates, devant l'avocat de Viviane médusé (il fallait bien un homme pour la défendre). Et les mois passent… De convocations en convocations, de non arguments en arguments oiseux, l'affaire est bien partie pour durer comme une mauvaise farce du fait de l'inflexible Elisha. C'est une vaine bataille où tout le monde finira par mettre son grain de sel et le huis-clos du tribunal deviendra le théâtre d'une incroyable comédie humaine, presque pittoresque et formidablement enlevée. De cette situation insupportable, le duo de réalisateurs aurait pu décider de faire un drame triste et pesant à faire pleurer les pierres, ils ont pris au contraire le parti de l'humour absurde, persuadés à juste titre que le rire est l'arme la plus efficace contre le désespoir. PARIS TEXAS , Wim WENDERS USA 1984 2h25 VOSTF avec Harry Dean Stanton, Nastassja Kinski, Hunter Carson, Dean Stockwell, Aurore Clément… Scénario de Sam Shepard et L.M. Kit Carson Photo sublime de Robby Müller Musique imparable de Ry Cooder Copie numérique Version restaurée Au milieu du désert texan, Travis, un homme que l'on croyait mort, réapparaît. Harassé, il s'évanouit, pour se réveiller à l'hôpital. Prévenu, son frère Walt le retrouve muet et amnésique après quatre années d'errance. Chez Walt, Travis retrouve Hunter, son fils de huit ans que Jane, sa jeune femme, a mystérieusement abandonné quatre ans auparavant. Peu à peu, Travis reconquiert sa mémoire et son identité. Il tente de regagner l'affection de son fils. Ses efforts sont d'abord accueillis avec méfiance par le gamin, qui, peu à peu, pourtant, consent à aimer ce père étrange. Travis part avec lui à la recherche de Jane, qui travaille dans un peep-show de Houston… Wim Wenders met en scène un parcours initiatique paradoxal. Un cheminement existentiel où il ne s'agit pas de découvrir, mais de retrouver… Durant quatre années, Travis s'est en fait volontairement séparé de ses proches et exclu du cocon de la normalité. Le film raconte comment le personnage accepte progressivement de reconnaître le monde qui l'entoure : son frère, sa femme, son gosse, son pays, et surtout lui-même… Comme d'ordinaire chez Wenders, le voyage est autant géographique qu'intérieur. Si la quête de Travis le mène du Texas à Los Angeles, puis de Los Angeles à Houston, il s'agit surtout pour lui de reconstituer sa personnalité, de recoller les morceaux épars de sa mémoire. Les étendues désertiques reflètent la solitude de cet antihéros mélancolique. Le cinéaste filme l'errance de Travis avec une fascination contemplative qui devient la nôtre. On retrouve dans Paris, Texas toutes les obsessions de Wenders : l'exil, la fuite du temps, le déchirement du couple, la fascination pour l'Amérique… Mais, contrairement à ce qui se produisait dans ses films antérieurs, les références qui se bousculent en pagaille (Antonioni, Ray, Ozu, Ford…) s'incarnent ici dans une histoire simple et bouleversante, qui culmine dans les scènes finales… (O. De Bruyn, Télérama) À LA RECHERCHE DE VIVIAN MAIER (Finding Vivian Maier) Film documentaire de Charlie SISKEL et John MALOOF USA 2014 1h25 VOSTF avec John Maloof… et les sublimes photos de Vivian Maier… On ne dira jamais assez combien la fréquentation assidue des ventes aux enchères publiques peut favoriser une certaine prise de conscience quant à la relativité des choses. Voir ainsi adjugés, pour quelques euros, de gros cartons remplis de mille choses inutiles accumulées au long d'une existence de consommateur compulsif aide à prendre conscience de l'imbécillité d'une vie perdue à vouloir la gagner. A contrario, et cela s’est déjà vu, une plongée dans les petits papiers d'une vie finissante réserve parfois des surprises ! Par exemple l'émergence en pleine lumière d'un talent, voire même d'un génie gardé secret. C'est un stock de partitions musicales grignotées largement par les souris, bradées pour cinq euros, qui fait l'objet à la surprise générale d'une foire d'empoigne homérique entre deux acheteurs, lesquels avaient, seuls dans leur bulle, découvert avant la vente, que ce fatras poussiéreux recelait un trésor inconnu… C’est à ce type d’histoire que vous convie ce très étonnant A la recherche de Vivian Maier. Il est question, dans cette aventure de photographie et de cinéma. En 2007, confronté à la difficulté de trouver des documents photographiques à un prix raisonnable pour illustrer un bouquin sur Chicago, un certain John Maloof a un jour l'idée originale de tenter sa chance dans une vente aux enchères. De vieilles cartes postales, des photos de famille, de faits divers et de réunions syndicales font alors son bonheur. S'ajoute aussi, au hasard des lots constitués par le commissaire priseur, une grosse boite pleine de négatifs. Tout à son bouquin, notre homme ignore alors les négatifs et ce n'est qu'un an après qu'il entreprend, poussé par la curiosité, d'en numériser un certain nombre. Des images qu'il trouve magnifiques, et dont il veut alors percer le mystère. Après quelques recherches, notre ami John découvre que ce lot énorme de négatifs appartenait à une femme nommée Vivian Maier. Endossant le rôle d'un véritable détective, il retrouve alors une ancienne voisine de Vivian qui le met sur la piste d'un garde meuble scellé pour loyers impayés. Le gage levé, il pénètre alors dans une véritable caverne d'Ali Baba, bourrée de livres, de coupures de presse, de films et de photos… Qui était cette mystérieuse inconnue, morte dans le dénuement et l'anonymat le 21 avril 2009 à Chicago et reconnue aujourd'hui comme l'une des plus ©Vivian Maier Maloof Collection self portrait ny grandes photographes du xxe siècle ? Le film nous l'apprend magistralement, en nous faisant voyager entre photos et films d'époque pris par elle-même, entre stupeur et attachement pour cette artiste invisible, inséparable de son Rolleiflex, qui prit tout au long de son existence plus de cent mille photos au hasard des rues, ou à l'occasion de garde d'enfants auprès de familles aisées, sans jamais les montrer à personne, pour être libre, peut-être, d'exercer sa passion sans in- fluence et sans contraintes. Une invisible, bien sûr, mais aussi une observatrice lucide à l'œil aiguisé, capable de saisir l'Amérique dans son envers, en témoignant d'une réelle empathie pour les marges et les cabossés de la vie. Une excentrique aussi, qui protégea farouchement toute sa vie son intimité, face aux valeurs bourgeoises des familles qui l'employaient. On ne peut que vous inviter chaleureusement à faire sa connaissance. PALO ALTO Écrit et réalisé par Gia COPPOLA USA 2013 1h40 VOSTF avec Emma Roberts, James Franco, Val Kilmer, Nat Wolff… D'après le recueil de nouvelles Palo Alto stories de James Franco C'est au fond l'histoire tendre et cruelle d'un amour adolescent, semblable à toutes les amours adolescentes depuis toujours. Une fille aime un garçon, un garçon aime une fille. Mais comme tous les adolescents, maladroits et timides derrière les rodomontades, ils sont incapables de se le dire et tout foire jusqu'à ce que… Elle c'est April, une jeune fille plutôt sage et bonne élève, qui ne se déchaîne que dans l'équipe de foot de son lycée. Elle a une paire de parents plus que cool et permissifs, notamment un beau-père intello et amateur de haschisch, qui passe le plus clair du temps dans son bureau chaotique embrumé par les fumées qui font tourner la tête. Lui c'est Teddy, un jeune skateur à la grâce féminine, au visage d'ange, artiste, fantasque et rêveur, qui pourrait être plutôt brillant s'il ne passait pas ses journées à suivre Fred, un abruti qui enchaîne les 400 coups et qui cumule bêtise, misogynie et absence totale de respect d'autrui. Evidemment Teddy, alors que l'affaire pourrait se conclure avec April, se laisse détourner par Fred et tombe lors d'une soirée dans les bras d'Emily, la tombeuse du lycée, qui trompe son mal être dans les aventures sans lendemain. De son côté April, déçue, semble se laisser troubler par son entraineur bien trop âgé pour elle, Mr B (c'est tout à fait crédible puisque c'est James Franco, par ailleurs auteur des nouvelles dont est inspiré le film, nouvelles inspirées elles mêmes de l'adolescence de l'auteur/acteur/réalisateur dans une petite ville tranquille du Nord de la Californie). Palo Alto est une chronique lucide et acide de l'adolescence dans les classes moyennes de la Côte Ouest américaine, entre désœuvrement, absence de motivations idéologiques – contrairement à la générations de leurs parents –, recherche de la transgression mais sans objectif précis, guerre des sexes teintée de machisme et d'imagerie porno, symboles d'une sous-culture où la fille est avant tout un objet sexuel jetable, qu'il est indispensable de consommer pour être crédible aux yeux des autres garçons. On pense inévitablement aux films de Larry Clark (Kids et les suivants) ou de Gus Van Sant (Elephant, Paranoïd Park)… Mais à la différence de ses aînés, la toute jeune Gia Coppola, petit fille de Francis Ford et nièce de Sofia, part du postulat que toute cette jeunesse n'est pas définitivement foutue et la regarde avec une vraie tendresse. DU GOUDRON ET DES PLUMES Pascal RABATÉ France 2014 1h31 avec Sami Bouajila, Isabelle Carré, Talina Boyaci, Daniel Prévost, Zinedine Soualem, Charles Schneider, Gustave Kervern… Scénario de Pascal Rabaté et Antoine Pinson Vous avez aimé Les Petits ruisseaux, vous êtes fan des bandes dessinées de Pascal Rabaté… y'a pas à tricoter : vous aimerez aussi Du goudron et des plumes. Ce gars-là a une façon bien à lui de considérer ses congénères, une bienveillance amusée, un humour de proximité qui donne à voir les choses par le bon bout… Question de nature, même qu'ici le beau temps revient toujours après des orages jamais bien féroces. Et puis, il y a cette façon de faire tout à fait originale, un peu décalée mais toujours juste, cocasse sans ostentation, moqueuse sans insistance, avec un petit plus de poésie qui affleure sans en faire trop : tout en finesse, en sensibilité… Vue par Rabaté, elle est chouette, l'ambiance à Montauban : ça commence à sentir les vacances, les grillades en plein air, les plongeons dans la piscine, les garçons s'entraînent à la course à pied, à l'aviron, à la corde à nœuds, les gamines promues majorettes rivalisent de jeu de gambettes… Parce que là, c'est du sérieux : les festivités seront retransmises en direct par la télé, à l'occasion de la célèbre émission « Le Triathlon de l'été » ! Il ne s'agit pas de se louper ! Christian a la beauté, le charisme, le sourire enjôleur de Sami Bouajila, il est démarcheur à domicile pour une entreprise de lutte contre les bestioles féroces qui dévorent les charpentes des maisons de Montauban, et notre excellent vendeur abuse indûment de ses atouts naturels pour caser des contrats à de gentils vieux qui, entre autres trouilles chroniques, sont tout disposés à croire que leur toit va leur tomber sur la tête. Séparé de sa femme, Christian partage avec elle la garde de Vanessa, sa gamine qu'il adore. Solitaire et vaguement replié sur lui-même, fâché avec son frère dépressif, faisant la gueule à ses voisins, ronchonnant avec son père (excellent Daniel Prevost)… Il va néanmoins accepter, sur l'insistance de tous et pour l'amour de sa fille, de remplacer au pied levé, pour les joutes télévisées, un avi- ronneur défaillant… C'est que l'honneur de Montauban est en jeu, nom d'une pipe en bois ! En allant à la salle de gym admirer et soutenir sa progéniture, il va croiser une autre solitaire (la radieuse Isabelle Carré), mère célibataire d’Alizée, la copine de sa fille, et sa vie banale autant que tristouille va tout de suite le devenir un peu moins. Certes, les histoires d'amour se suivent d'un film à l'autre, mais si on ne s'en lasse jamais, c'est qu'elles ne se ressemblent jamais vraiment, surtout lorsqu'elles trimballent avec elles tout un tas de ces choses qui vont avec l'air du temps, tous ces petits détails qui signent notre époque formidable… Et du côté de Montauban, ce début d'été a quelque chose d'unique, parfumé, solidaire et joyeux. Tout pourrait donc être pour le mieux… mais il arrive que des petites saloperies dont on n'est pas trop fiers, concoctées en douce à l'abri des regards, vous explosent au nez en pleine lumière comme un pétard foireux et les choses vont furieusement se compliquer pour Christian et par contre-coup pour tout son petit monde… AU FIL D’ARIANE 06 85 92 69 97 Menuiserie (alu - PVC) C’est un conte, une fantaisie, presque un film prétexte pour retrouver les copains, ceux avec qui on ne se lasse pas de siroter un pastaga à l’heure où le soleil, vu de l’Estaque, commence à plonger dans la Méditerranée. Un film comme une déclaration d’amour à des comédiens qui ont fini par faire famille à force d’être bien ensemble : une bonne partie était déjà là pour Dernier été, le tout premier film de Guédiguian, ils étaient là pour Marius et Jeannette, et encore pour notre préféré A la vie à la mort et encore pour Les Neiges du Kilimandjaro, rejoints au fil des films par des petits nouveaux comme Adrien Jolivet, des petites nouvelles comme Anaïs Demoustier… Avec toujours, au centre de tout, Ariane, muse fidèle, tour à tour copine, amoureuse, frangine, maman… qui ici guide le film de l’un à l’autre, fait le lien, provoque les retrouvailles… Isolation par l'extérieur Cette fois Ariane est dans sa cuisine et s’affaire à fabriquer un bon et beau gâ- 04 66 50 92 08 [email protected] Electricité générale Maçonnerie Carrelage Placoplâtre Peinture FLM-design 06 88 26 48 00 Robert GUÉDIGUIAN France 2014 1h36 avec Ariane Ascaride, Jacques Boudet, Jean-Pierre Darroussin, Anaïs Demoustier, Youssef Djaora, Gérard Meylan, Adrien Jolivet, Lola Neymark, la voix de Judith Magre… Scénario de Robert Guédiguian et Serge Valetti teau : c’est son anniversaire. Mais la fête va tourner court, tout le monde se décommande, même sa fille, même son mari, retenu par le boulot… De quoi déprimer pour le compte. Pas le genre d’Ariane : notre dépitée a la vie chevillée au corps et bondit dans sa voiture, fonce vers le pont levant de Martigues... et s’y retrouve coincée tandis que, émoustillés par les rythmes de son auto-radio branché à fond, les conducteurs des voitures voisines se mettent tous à danser de la plus jolie façon, moment de grâce attachant autant que fugitif comme sait si bien les inventer Guédiguian... C’est gai, et c’est le coup d’envoi d’une suite d’aventures abracadabrantesques. Va savoir pourquoi elle se laisse embarquer par un jeunot jusqu’à une calanque paumée où Gérard Meylan tient un bistrot qui voit débouler régulièrement des cars de retraités tandis que Jacques Boudet philosophe jusqu’à plus soif, que Youssef Diaora n’en finit plus de célébrer son Afrique natale... La suite ne se raconte pas, ne se devine pas, et tout le charme est là : il suffit de se laisser dériver au gré du courant d’une histoire où l’on retrouve les points d’ancrage des précédents films de Guédiguian : de la voie rapide qui surplombe les ports jusqu’aux îles arides du Frioul en passant par l’Estaque… RÉSISTANCE NATURELLE Film documentaire de Jonathan NOSSITER Italie 2014 1h23 VOST Quel régal ! Résistance naturelle est plus qu’un nouveau film sur le vin et la viticulture, c’est un véritable appel à la rébellion ! Mais une rébellion douce, tranquille, avec un verre de Chianti naturel à la main. Jonathan Nossiter (qui avait déjà réalisé en 2003 Mondovino) est allé les rencontrer, ces vignerons pas comme les autres, qui résistent aux assauts de l’agro-chimico-industrie, du marché et de la mondialisation, en s’entêtant à produire un vin artisanal et naturel. Ils sont quatre, vivent et cultivent en Toscane, en Emilie-Romagne ou dans le Piémont, s’appellent Elena Pantaleoni, Stefano Bellotti – personnage principal du film et figure impressionnante, porteur d’un immense savoir, capable de vous convaincre en moins de deux que la nourriture industrielle est un pas vers le totalitarisme… savoureux ! – Giovanna Tiezzi et Stefano Borsa. Tous, à leur manière, sont remontés contre ce monde qui continue à foutre en l’air la planète avec les pesticides et autres produits chimiques divers et variés. Contre ces papes de l’œnologie et vignerons suppôts du profit-roi qui jouent le jeu des actionnaires pour imposer toujours plus leurs lois et leurs pinards au goût sucré ou boisé… Contre ces normes industrielles et administratives absurdes appliquées à leurs produits de terroir (le mot, paraît-il, n’existe pas en italien), comme la DOC (Denominazion di Origine Controllata, l’équivalent des AOC françaises, Appellations d’Origine Contrôlée), qui bannissent de leur Appellation des vins merveilleux comme par exemple le Chianti de Giovanna Tiezzi et Stefano Borsa, réalisé selon la tradition toscane, à partir des cépages historiques, et qui ne peut pas s’appeler Chianti car issu de vignes non traitées chimiquement… entre autres. On croit rêver… Évidemment, on ne peut s’empêcher de penser à Emmanuel Giboulot, notre vigneron bourguignon qui, début avril de cette année, s’est vu condamné à 500 euros d’amende pour avoir refusé de traiter chimiquement ses vignes contre la flavescence dorée… Si Jonathan Nossiter s’est intéressé de très près à la démarche de ces vignerons, qui reflète davantage une éthique qu’une idéologie, c’est par amour du vin, certes, mais c’est aussi parce qu’elle ressemble étrangement à la sienne, en tant que réalisateur. Il va donc les faire parler de leur vigne, mais aussi de cinéma… histoire de voir si les deux domaines, qu’il considère appartenir tous deux à la culture, n’auraient pas un terrain commun… Et ça tombait bien car lorsqu’il est allé les voir, ils préparaient avec le directeur de la Cinémathèque de Bologne, Gian Luca Farinelli, leur intervention pour défendre leurs positions vis-à vis de la DOC, dans un projet commun : « Les journées de l’illégalité ». Tout au long du film, dans des décors et des lumières sublimes, les conversations, illustrées de temps en temps par des extraits de films (Pasolini, Chaplin…), vont venir nourrir les démarches des uns et des autres, y compris celle du réalisateur. Il en résulte un film unique, aussi artisanal que les vins qu’il défend, d’une grande richesse. On ne saurait trop vous le conseiller. THE ROVER David MICHÔD Australie 2014 1h43 VOSTF avec Guy Pearce, Robert Pattinson, Scoot McNairy, Nash Edgerton, David Field, Anthony Hayes, Gillian Jones, Susan Prior… Scénario de David Michôd et Jœl Edgerton Bienvenue dans le désert australien après la fin du monde. Ou plutôt après la fin d'un monde, celui de l'opulence occidentale et capitaliste qui semble enfin avoir rendu l'âme (dans tous les sens du terme). Après un désastre économique dont nous ne saurons que peu mais qui nous semble si proche et si réaliste, l'Australie est devenue le satellite en plein chaos d'un probable géant asiatique. Une zone de non-droit où chacun se bat contre son prochain pour sa propre survie autour des quelques mines encore en activité, un no man's land où la vie ne vaut pas grand chose. L'univers de David Michôd – révélé par l'extraordinaire Animal kingdom – est minimaliste, c'est celui des solitudes, de ceux qui errent ou se terrent. Eric (Guy Pearce) est de ceux-là. On ne sait rien de lui. C'est un taiseux qui vient de faire halte dans une de ces auberges glauques qui ponctuent le néant désertique. Mais quand une bande de malfrats en cavale lui vole la seule chose qu'il lui reste, en l'occurrence sa voiture, il va se lancer dans une poursuite obstinée et sanglante. Une quête mortifère qu'il ne pourra mener à bien qu'avec l'aide de Rey (Robert Pattinson), un des membres du gang, abandonné par les siens parce qu'il était blessé, un jeune type aussi paumé que naïf. WE ARE THE BEST Écrit et réalisé par Lukas MOODYSSON Suède 2013 1h42 VOSTF avec Mira Barkhammar, Mira Grosin, Liv Lemoyne, Linnea Thörnvall, Peter Eriksson… D’après la bande dessinée Never goodnight, de Coco Moodysson Stockholm, 1982. La terre est envahie par une terrible vague de disco. Toutes les filles y succombent. Toutes ? Non ! Car voilà qu’un groupe d’irréductibles collégiennes de treize ans à peine se dresse contre l’ordre établi et s’écrie « Punk is not dead ! ». Bon, un groupe, c’est beaucoup dire… Mais elles sont au moins deux ! Inséparables pour le meilleur comme pour le pire, Klara et Bobo se construisent ensemble, envers et contre tous. Contre toutes leurs jolies camarades de classe qui les snobent, contre les garçons qui les traitent de moches, de débiles. Alors quand la coupe est pleine, les deux inventent des trucs pour énerver les cons. Et elles décident de monter un groupe de musique punk, devenant plus assidues aux répétitions qu’à l’école. Elles inventent des paroles anti-sociales : « we hate sport ! ». Ayant quand même conscience de leurs lacunes, elle entraînent dans leur sillage la blondinette et sage Hedvig, guitariste émérite dans le genre « Jeux interdits », que sa bonne éducation catholique ne prédestinait certainement pas à sortir des rangs ni à jouer des trucs énervés… Une bouffée d’air frais venu de Suède ! MAPS TO THE STARS David CRONENBERG Canada 2014 1h51 VOSTF avec Julianne Moore, Mia Wasikowska, John Cusack, Robert Pattinson, Olivia Williams, Evan Bird, Sarah Gadon… Scénario de Bruce Wagner Un grand Cronenberg. Un grand film malade sur Hollywood, entre The Player de Robert Altman et Mulholland Drive de David Lynch, entre l’humour féroce du premier et le vertige cauchemardesque du second. Un canevas de tragédie antique qui vient s’abattre sur l’univers gangrené de l’usine à rêves, qui lui fait rendre gorge, qui expose au grand jour ses malédictions, ses tares, ses effets néfastes. Car les images que fabrique à la chaîne l’industrie mercantile du cinéma irriguent les imaginaires, s’infiltrent dans les esprits, appauvrissent les cœurs, assèchent les âmes. Avant de s’attaquer aux enfants du monde entier, Hollywood vampirise les siens, en fait des monstres… C’est ce que semble nous dire Cronenberg, s’appuyant sur un scénario aussi riche que virulent signé Bruce Wagner. Le cinéaste canadien nous tient en haleine en installant avec une maîtrise confondante une ambiance anxiogène, une tension de chaque instant. Il passe de la caricature sardonique à l’empathie tragique, scrute ses personnages avec une précision ultra-réaliste en même temps qu’il ouvre les fenêtres aux fantômes, il est cruel et miséricordieux… quartet buccal QB o uses e l e c r les ens BLACK COAL QB du 5 au 27 juillet . 21h Théâtre le Cabestan AVIGNON OFF tel 04 90 86 11 74 Écrit et réalisé par DIAO YINAN Chine 2014 1h46 VOSTF avec Fan Liao, Lun-mei Gwei, Xue-bing Wang, Jing-chun Wang… Festival de Berlin 2014 : Ours d'Or du meilleur film et Prix d'interprétation masculine pour Fan Liao En 1999, un employé d’une carrière minière est retrouvé assassiné et son corps dispersé aux quatre coins de la Mandchourie. L’inspecteur Zhang mène l’enquête, mais doit rapidement abandonner l’affaire après avoir été blessé lors de l’interpellation des principaux suspects. Cinq ans plus tard, deux nouveaux meurtres sont commis dans la région, tous deux liés à l’épouse de la première victime. Devenu agent de sécurité, Zhang décide de reprendre du service. Son enquête l’amène à se rapprocher dangereusement de la mystérieuse jeune femme… Le récit prend donc place dans la Chine du passé, entre 1999 et 2004, comme si Diao Yinan voulait prendre ses distances pour mieux parler de l’état de son pays actuellement. Le procédé sert également le genre auquel s’attaque le cinéaste, à savoir le film noir. Ce qui peut être vu comme un moyen de contourner la cen- sure reste un élément particulièrement réussi de Black coal, qui respecte parfaitement le cahier des charges d’un genre totalement américain : le flic alcoolique qui perd son boulot après une douloureuse affaire, la veuve éplorée qui cache beaucoup de choses et une ambiance inquiétante, jouant de la pénombre et d’une géographie assez particulière. On le comprend bien vite, Diao Yinan s’intéresse plus à la société chinoise et à son évolution plutôt qu’à une intrigue un peu nébuleuse par moment… La parenté avec A touch of sin de Jia ZhangKe apparaît évidente tant les deux films partagent les mêmes préoccupations. La Chine s’embourbe dans un capitalisme sauvage, toujours plus urbain, toujours plus inhumain. Les deux films ont aussi en commun un sens certain de l’absurde, un humour à froid dérangeant et pourtant très efficace. Et bien sûr, il y a cette mise en scène impressionnante. Diao Yinan, malgré la torpeur de son univers, garde sa caméra en mouvement, déploie des trésors d’ingéniosité dans la construction de ses plans... Black coal se révèle comme une douloureuse peinture sociétale mêlé d’un impressionnant moment de mise en scène. (J. Coifman, eastasia.fr) ATTENTION POUR CE FILM EN AVANT-PREMIÈRE, SEULEMENT DEUX SÉANCES LE MARDI 15 JUILLET À 16H00 ET 20H00 La séance de 16h00 sera suivie d’une rencontre avec Jean Louis Sagot-Duvauroux, dramaturge et directeur du théâtre malien Blonba et, sous réserve, le réalisateur Abderrahmane Sissako. Cette rencontre est organisée en collaboration avec le Collectif culture du PCF/Front de gauche. Pour cette séance vous pouvez acheter vos places à partir du 4 juillet TIMBUKTU Abderrahmane SISSAKO Mauritanie 2014 1h37 VOSTF avec Ibrahim Ahmed dit Pino, Toulou Kiki, Abel Jafri, Fatoumata Diawara… Scénario d'Abderrahmane Sissako et Kessen Tall Une étendue de sable ocre inondée d’une lumière chaude et dorée… Paysage d’une beauté tranquille, comme une image de la paix… Légère, bondissante, cavale une gazelle agile. On devine à peine son regard de biche incomparablement fardé, souligné de noir par la nature. Séductrice malgré elle. Finesse et fragilité, force et vivacité… À peine a-ton le temps de l’admirer qu’on s’aperçoit que sa course est celle d’une bête traquée. Elle fuit ce monstre disproportionné, ce gros quatre-quatre et ses occupants armés jusqu’aux dents qui commencent à tirer… « Ne la tuezpas, fatiguez-là ! » ordonne l’un d’entre eux. Pourquoi ? Jeu inéquitable ? Petite joie cruelle ? Quelle gloire remporte le fort à vaincre ainsi le plus faible désarmé ? Le rapport de force est sans surprise, les dés sont pipés. La victime n’a aucune chance face à ses prédateurs. Le ton est donné. La gazelle ouvre le bal, le bal des fous, le bal des intégristes. À la ville, à Tombouctou, il y a aussi des hommes armés et leurs cibles sont des gazelles humaines aux jolies formes, objets de leur concupiscence. Parfois elles ont la langue bien pendue, moins soumises qu’elles ne le devraient et, malgré la peur, elles osent tourner en dérision ces mâles conquérants. Il faut dire que ce n’est guère compliqué de se moquer de ces djihadistes autoproclamés et de leurs avalanches de règles stupides qu’ils peinent à faire respecter et à respecter eux-mêmes. Le pompon, c’est quand ils demandent à une poissonnière de mettre des gants de laine pour vendre ses poissons ! Le ridicule ne tue pas, on finirait presque par le regretter… C’est avec un regard mi-amusé, mi-agacé, puis choqué, qu’on suit les pérégrinations de ces fanatiques, leur gaucherie. Les habitants les font tourner en bourrique et parfois on rit à gorge déployée : ils sont pathétiques. On en oublierait presque à quel point ils peuvent être dangereux. Il faut les voir sortir de la mosquée, bredouilles, après s’être fait rappeler à l’ordre comme de mauvais garnements qui n’ont pas enlevé leurs chaussures ! « Dans la maison de Dieu, celui qui se consacre à la religion le fait avec sa tête et non avec les armes. » De l’Islam, ces ignares ne connaissent ni la clémence, ni le pardon, ni la pitié. Ils ont transformé ce qui était un outil de paix en instrument de guerre pour asseoir leur domination sur tout un peuple. Un peuple qui n’a pour tout bouclier qu’une frêle lueur d’espoir contre l’obscurantisme, contre la violence brute et partiale, contre l’injustice que rendent ses tribunaux. C’est peu et pourtant… C’est sur ce faible espoir que croît peu à peu le courage individuel, ferment d’un courage collectif à reconquérir. C’est cet espoir qui permet nombre d’actes forts et beaux comme une évidence, qui vous tirent parfois les larmes, vous bouleversent. Les destinées de cette humanité souffrante et résistante se croisent. Celle de cette femme vaudou qui s’est réfugiée dans une forme apparente de folie. Celle du pêcheur aux gestes larges. Celle de Kidane, de sa famille qui vivent non loin de là au cœur des dunes. Celle de leur vache nommée GPS, symbole d’une technologie qui n’arrive pas jusque-là… C’est une parabole des temps modernes, entre fable poétique et constat terrible. C’est beau, très beau, d’une beauté jamais gratuite. La splendeur des images sert toujours le propos, le rend plus poignant, mais l’allège également quand il reflète une réalité trop cruelle. Et la deuxième arme de Sissako, c’est l’humour – il fallait l’oser ! – jamais lourd, qui permet de reprendre sa respiration. C’est un film profondément subtil, politique, humaniste. Magnifiquement inspirée, Timbuktu est une ode à la résistance, au courage des hommes et surtout à celui des femmes, qui ne font décidément pas partie des dominants… BIRD PEOPLE Pascale FERRAN France 2014 2h08 VOSTF (français/anglais) avec Anaïs Demoustier, Josh Charles, Roschdy Zem, Camélia Jordana, Hyppolite Girardot, Anne Azoulay, l'oiseau… Scénario de Pascale Ferran et Guillaume Bréaud « Les gens sont dingues, ils courent partout comme des lapins sans tête » dit Gary, super-ingénieur en informatique, présentement en transit dans un hôtel de luxe international avec vue plongeante sur les pistes de Roissy Charles de Gaulle. Gary était hier à New-york et, après une réunion à l'hôtel, doit repartir pour Dubaï… Toujours entre deux vols, relié au monde entier par le fil invisible d'internet. Là et ailleurs en permanence, partout et nulle part à la fois, toujours seul et jamais seul… comme tous ici : de quoi attraper le vertige. Audrey, elle, nettoie les chambres de tous ces gens qui ne font que passer, collée à son chariot : ramasser les chaussettes, ranger les papiers, tirer les lits, refaire, défaire, frotter, essuyer… Toujours là quand il n'y a plus personne. Elle est supposée faire des études et court elle aussi tout le temps, mais toujours au ras du sol : dix heures de trajet par semaine pour se rendre à son boulot, quarante heures par mois… C'est plutôt beau Roissy, la nuit comme le matin, une beauté glacée, glaçante, inhumaine, fascinante, angoissante… résolument moderne, pleine de lumières et d'avions qui s'arrachent en vibrant très fort. Et soudain, les choses ne vont pas s'enchaîner comme elles le devraient. Gary va arrêter de faire ce qu'on attend de lui. Et il va arriver des trucs très étranges à Audrey… Drôle d'histoire, drôle de film qui semble se dédoubler, comme qui dirait un film hybride. Il commence dans une réalité furieusement contemporaine et bifurque tout à coup dans une autre dimension, étrange, poétique, où un moineau indiscret et curieux, personnage à part entière, se faufile d'une intimité à l'autre, se prend pour un avion, pose pour un charmant dessinateur japonais… On se demande plus d'une fois, comment Pascale Ferran (c'est son premier film depuis son mémorable Lady Chatterley) va bien pouvoir atterrir sur ses pattes… Et de fait elle y parvient, et c'est très beau. DEUX JOURS UNE NUIT Écrit et réalisé par Jean-Pierre et Luc DARDENNE Belgique 2014 1h35 avec Marion Cotillard, Fabrizio Rongione, Olivier Gourmet, Catherine Salée, Christelle Cornil… De film en film, les frères Dardenne semblent affiner encore leur façon de faire, de voir, de penser, imprégnée d'une empathie profonde pour les modestes humains qui nous ressemblent, tout proches de leurs personnages et suffisamment distants pour que le regard qu'ils posent à un moment donné sur un microcosme nourrisse largement notre perception du monde tel qu'il va. On redoutait un peu la présence d'une « star » de l'envergure médiatique de Marion Cotillard mais très vite on ne voit plus que Sandra, jeune femme fragile, sur le point de lâcher prise, et qui va découvrir combien la solidarité humaine tissée d'amour et d'amitié peut régénérer les esprits et les cœurs les plus flapis, redonner une formidable envie de vivre. Sandra a décroché de son boulot suite à une petite dépression, et la voilà sur le point de réintégrer son poste dans la petite entreprise de panneaux solaires qui compte une vingtaine d'employés. Son patron n'est pas forcément ce qu'il y a de pire mais, pris lui-même par le climat économique ambiant, poussé par un contremaitre foireux, il semble penser qu'après tout si on a pu faire sans elle… d'autant qu'un salaire de moins permettrait de payer à chacun des salariés une prime de mille euros. Mille euros, bigre ! c'est une somme, et un rien manipulés par leur chef, les salariés ont voté pour la prime… enfonçant un peu plus Sandra sans qu'elle ait eu son mot à dire. Mais ce n'est que le point de départ. Tirée, poussée par sa copine, son mari, Sandra croisera in extremis le patron qui, avant de partir en week-end, acceptera de rejouer le vote à la première heure de reprise le lundi matin. Deux jours, une nuit : c'est désormais le temps dont dispose Sandra pour plaider sa cause auprès de ses collègues, contactés les uns après les autres, dans une démarche qui commence comme un chemin de croix, mais va peu à peu se transformer en remontée vers la lumière. FESTIVAL D’AVIGNON-OFF 2e étage - salle climatisée Personnes à mobilité réduite : nous contacter d’abord ACME AK-ME #2 DU 5 AU 27 JUILLET Photo et design : Pascal Colrat Cie A’Corps – cieacorps.wix.com/cieacorps 11h Chorégraphe et interprète Karim Amghar / Assistant chorégraphe Hamou Amghar Auteur Le temps d’un poème pour ACME Akhenaton / Composition Le Temps d’un poème pour ACME Imothep / Mixage, création musicale, ingénieur IAM Meche / Création et régie lumière Vincent Lopez Video expérimentale Scorpene / Régie video Arnaud De Paris / Mastering Masterdisk Europe Pièce chorégraphique pour adultes / Durée 50 min / Relâches les 14 et 21 juillet Tarifs : 12 € / 8 € (carte OFF, chômeurs, groupe) Réservations : 06 23 66 68 98 / 06 01 15 24 10 tricotage mouvementé de Boby Lapointe DU 5 AU 27 JUILLET BOBY BOY autour Photo : Vincent Toppino Cie Vilcanota - Bruno Pradet – www.compagnie-vilcanota.fr 14h15 Conception Bruno Pradet / Chorégraphie et interprétation Bruno Pradet, et en alternance Patricia De Anna et Céline Debyser / Création et régie lumière Vincent Toppino / Création sonore Yoann Sanson Régie son Adrien Ropers / Éléments scénographiques Christopher Haesmans, Dr Prout / Costumes Laurence Alquier Tout public à partir de 6 ans / Durée 50 min / Relâches les 10, 17 et 23 juillet Tarifs : 14 € / 10 € (carte OFF) / 6 € (-12ans) Réservations : 06 03 09 38 44 (Céline) pour une femme seule, et le prince charmant COCO, solo DU 9 AU 26 JUILLET 17h Chorégraphie, mise en scène Florence Bernad / Interprétation Aurélie Mouilhade Lumière Julie Valette, Samson Milcent / Musique Sinner Man de Nina Simone Administratice de production Sonia Marrec / Production, diffusion & crédit photo Maïa Jannel Pièce chorégraphique pour adultes / Durée 50 min / Relâches les 13 et 20 juillet Tarifs: 12 € / 8 € (carte OFF, chômeurs, groupe) Réservations : 06 99 16 00 20 MOLLY DU 5 AU 27 JUILLET Cie Proteiformes – [email protected] 19h45 D’après Ulysse de James Joyce / Adaptation Chloé Chevalier et Pascal Papini Interprétation Chloé Chevalier / Traduction Thiphaine Samoyault / Régie générale Pascal Papini Régie plateau Alexis Campos / Lumière et scénographie Erick Priano Public à partir de 15 ans / Durée 1h15 / Relâches les 14 et 21 juillet Tarifs : 15 € / 10 € (carte OFF) Réservations : 06 86 00 36 42 QUEL PETIT VÉLO…? DU 5 AU 27 JUILLET Petit Bois Cie – petitbois-cie.fr Texte Georges Perec / Mise en scène Jean-Jacques Mateu Avec Simon Giesbert, Benjamin Hubert, Damien Vigouroux, Lumière Mathilde Montrignac / Son Antoine Le Jouan Tout public à partir de 10 ans / Durée 1h10 / Relâche le 14 juillet Tarifs : 15 € / 10 € (carte OFF) / 8 € (–15 ans) Réservations : 07 89 30 85 62 22h45 design Julien Gaillardot / photo Éric Marque Peinture : Istvàn Sandorfi, Anne’s Back, 2005 Photo : Maïa Jannel Cie Groupe Noces Danse Images – www.groupenoces.com L'HOMME QU'ON AIMAIT TROP André TÉCHINÉ France 2014 1h56 avec Adèle Haenel, Guillaume Canet, Catherine Deneuve, Jean Corso, Judith Chemla… Scénario d'André Téchiné, Cédric Anger et Jean-Charles Le Roux, d'après le livre de Renée et JeanCharles Le Roux « - Ouh là, là ! L'affaire Le Roux on ne la connait que trop ! » me direz-vous. Cette disparition jamais élucidée, histoire à rebondissements qui dure depuis 1977… Le dernier épisode étant l'incarcération récente de l'insondable Maurice Agnelet. L'épisode suivant se profilant déjà puisque le condamné interjette appel. L'exercice était donc périlleux de s'emparer de ce fait divers pour en faire un film qui nous intrigue et nous intéresse à des situations et des personnages pas forcément intéressants… Et André Téchiné a su trouver l'angle d'approche idéal. Celui de la victime, Agnès le Roux. Car enfin que connait-on d'Agnès ? Son statut de jolie et richissime héritière aura tôt fait de la transformer en personnage de second plan, le genre de potiche trop gâtée pour être intéressante. La décidément magnifique Adèle Haenel qui l’interprète en fait un personnage complexe et crédible, à fleur de peau, du genre décidé qui n’a pas froid aux yeux. Loin d’être une rêveuse romantique, elle est plutôt pragmatique et lucide. Quand elle rentre d'Afrique après y avoir consommé son mariage, puis son divorce dans la foulée, là où d'autres se seraient contentées de rester oisives, abattues, elle passe tout de suite à l'action en décidant de monter une boutique dans le vieux Nice. C'est qu'elle est issue d'une longue lignée de prédateurs, dressée pour régner comme tous ceux de sa classe sociale. Elle est de celles qui commandent. Tout comme sa mère Renée (Catherine Deneuve, évidente !) qui mène son monde à la baguette, ne tolérant ni la contestation, ni le doute. Une patronne matriarcale en quelque sorte dont il est difficile de contester l'autorité. Faites dans le même bois, les deux lionnes s'aiment, se heurtent, se détestent. Tous ces sentiments qui se mélangent donnent une relation explosive, mais qui tient la route, ou plutôt qui tiendrait la route s'il n'y avait pas l'apparition de Maurice Agnelet (Guillaume Canet intrigant, glauque, remarquablement complexe lui aussi). C'est d'abord Renée qui l'embauche comme homme de confiance mais, pas née de la dernière pluie, elle reste sur ses gardes. Il est sans doute un avocat brillant, affuté, mais elle repère vite sous ses allures trop policées, toujours dans la séduction, l'être sans scrupule et arriviste qu'il peut cacher. Elle met des distances que Maurice n’apprécie pas au contraire d’Agnès qui va lui ouvrir son cœur. De Maurice, Agnès accepte tout, ses maîtresses, son cynisme, son absence de morale… Elle est bien décidée à affirmer son statut d’héritière. Saupoudrons le tout d'un zeste d'intrigue mafieuse dans le contexte politique niçois… et cela tend peu à peu vers une tragédie grecque, un drame cornélien au sein d'une classe sociale dont la froideur, la violence, le sens du calcul font froid dans le dos. Et on se prend à se passionner pour un sujet dont on pensait que les medias avaient fait le tour, dont on pouvait croire que jamais il ne pourrait nous concerner… Les Têtes de Jazz s’invitent à Utopia ! L’Ajmi s’installe en effet dans nos salles du 8 au 12 juillet à 10h30 pour vous faire découvrir des documentaires et des concerts enregistrés par Oléo Films. Chaque projection sera suivie d’une rencontre. Tarif : 4 euros ... PASCAL SCHUMACHER & JEF NEVE "FACE TO FACE THÉO CECCALDI TRIO PULCINELLA NAUTILIS JOUE GUY LE QUERREC "REGARDS DE BREIZH HILDEGARD LERNT FLIEGEN DÉSIRS CHRONIQUES 4 TET "QUELQUES MORCEAUX EN FORMES DE POIRES DOMINIQUE PIFARÉLY 4 TET FIVE 38 DU 0 6 A U 1 6 J U I L L E T 2 0 1 4 LE R END E Z-VO US JA Z Z D'AV IGN O N CONCERTS, PHOT O-CONCERT, PRO JECT IONS, RENCONT R ES, DÉ BATS, ... AJMI-LA MANUTENTION 4, RUE DES ESCALIERS STE-ANNE-84000 AVIGNON T/ 04 90 860 861 WWW.JAZZALAJMI.COM Retrouvez le programme des Têtes de Jazz ci-contre et sur www.jazzalajmi.com conception graphique: heureuxlescailloux.com PHILIPPE LALOY "KIND OF PINK LABTRIO DE BEREN GIEREN + SUSANA SANTOS SILVA WORKSHOP DE LYON LETTRES À DES AMIS LOINTAINS " RENAUD GARCIA-FONS SOLO REIS / DEMUTH / WILTGEN TRIO RHIZOTTOME PETERS / DENNEFELD / SÉGURON / JULLIAN 4 TET L'ÉTRANGER - "RÉMINISCENCES Oléo films a été créé en 2004 par les cinéastes Frank Cassenti et Samuel Thiebaut et consacre l’essentiel de son activité à la production de films en lien avec le spectacle vivant : documentaires, portraits de musiciens et captations de concerts. En quelques années, Oléo films a produit l’un des plus importants panoramas audiovisuels du jazz d’hier et d’aujourd’hui. Jeudi 10 juillet à 10h30 LEE KONITZ / DAN TEPFER ALL THE THINGS YOU ARE Samuel Thiebaut France 2011 54 mn Mardi 8 juillet à 10h30 Pour saisir la formidable vitalité de l’une des ultimes légendes du jazz moderne, le film pose les règles d’un jeu : le suivre caméra au poing sur 4 concerts, quatre jours consécutifs qui l’emmèneront avec le jeune pianiste Dan Tepfer, de Barcelone à Paris en passant par Hyères et Offenburg. Il interpréte à chaque concert le standard qu’il joue inlassablement depuis plus de 60 ans : All the things you are. Un émouvant road-movie en compagnie de ce « voyageur de commerce de l’improvisation » tel qu’il se définit lui même. MÉDO(S) Josselin Carré France 2014 1h36 Avec Médéric Collignon, Louis Sclavis, Jacques Bonaffé, Boris Charmatz, Andy Emler, Dgiz, Claude Barthélémy, Philippe Gleizes, Bernard Lubat, Thomas de Pourquery, Frank Woeste, Yvan Robillard, Maxime Delpierre, François Merville, David Lescot... Médéric Collignon provoque depuis des années un électrochoc dans le jazz et les musiques actuelles. Il appartient à cette catégorie, rare, des « inventeurs » en musique. On en compte un ou deux par génération : ils n’imitent plus, mais inventent, naturellement, une nouvelle musique, en composant avec leurs désirs et leur histoire. Chaque apparition est une aventure, un lâcher-prise. Un documentaire plein de fantaisie et d’inattendu, un portrait en profondeur sur un véritable phénomène musical, personnage iconoclaste et généreux, devenu en quelques années une figure centrale du jazz international. Vendredi 11 juillet à 10h30 JOACHIM KÜHN SOLO Concert enregistré au festival Jazzdor en 2010 Samuel Thiebaut France 2010 55mn Le pianiste Joachim kühn a participé à l’invention du free-jazz européen, flirté avec le jazz-rock, composé quelques symphonies, réinventé une lecture des motets de Bach et, dernièrement, emprunté une nouvelle caravane avec des musiciens du Sahara... Le recours au solo de piano lui permet, en chemin, de se retrouver seul, face à lui-même. Samedi 12 juillet à 10h30 Mercredi 9 juillet à 10h30 MARC DUCRET TOWER-BRIDGE Concert enregistré au Festival D’jazz de Nevers en 2012 Samuel Thiebaut France 2012 58mn Passionné de littérature, Marc Ducret tente par ce projet une transposition en musique de sa réception du roman Ada de Vladimir Nabokov. Tower se compose de trois formations différentes et son répertoire est construit à partir de courtes cellules rythmiques. De ce matériau de base élémentaire mais souvent inhabituel, Marc Ducret a déduit l’intégralité de sa musique. Plus fort encore, tous les morceaux de ce répertoire se répondent les uns aux autres, en un jeu infini d’emboîtements. Marc Ducret précise : « Tous les mélanges sont possibles et provoquent une relecture à l’infini du matériau thématique. Il ne s’agit pas de juxtaposer deux groupes jouant une musique similaire, mais de provoquer une interaction entre des musiciens qui utilisent un matériau commun mais organisé de façon totalement différente. » JACQUES SCHWARZ-BART JAZZ RACINE HAÏTI Giuseppe De Vecchi France 2011 1h00 Avec Jacques Schwarz-Bart, Erol Josué, Simone Schwartz-Bart Baigné depuis l’enfance par les musiques Racine haïtiennes, Jacques Schwarz-Bart nous convie à le suivre dans son travail de jazzman et à comprendre la proposition spirituelle, artistique et politique du peuple créole Vaudou. Entre New York, Haïti et l’Afrique rêvée, le voyage se déroule sous les auspices de deux grands initiés : le chanteur et officiant Vaudou, Erol Josué ainsi que l’écrivaine antillaise Simone Schwarz-Bart, sa mère. 2003 : Chirac était aux commandes… et la gauche soutenait les intermittents ! À l’heure où nous bouclons notre programme du mois de juillet, que communément nous appelons la Gazette-du-Festival, il n’est pas certain que ce Festival ait lieu… Le spectre de 2003 rôde de nouveau sur la ville. 2003 : Chirac était aux commandes… et la gauche soutenait les intermittents ! 2014, 11 ans plus tard, la droite est au MEDEF… et le PS est aux commandes ! Rappelons quand même au MEDEF que la culture rapporte beaucoup plus d’argent aux entreprises qu’elle n’en coûte à l’UNEDIC (posez la question au MEDEF du Vaucluse). Rappelons aux élus du PS qu’ils ont la fâcheuse habitude de changer d’avis selon l’endroit où ils se trouvent. À ce propos nous publions ci-dessous des extraits de la Tribune du Comité de suivi de la réforme de l’assurance chômage des intermittents parue fin mars 2014 et signée entre autres par François Rebsamen, devenu depuis Ministre du travail, de l’Emploi et du Dialogue Social (!!!) et ardent défenseur de la ligne dure face aux intermittents. Rappelons enfin que lorsque Valls dit « Oui, la gauche peut mourir » on aurait envie de lui répondre « Oui, le PS peut tuer la gauche ». Partant du constat que les principaux concernés ne sont pas écoutés là où se décide leur sort, le comité de suivi à l’Assemblée Nationale de la réforme du régime d’indemnisation chômage des intermittents, créé en 2003, a été réactivé en 2013, en vue des nouvelles négociations de la convention UNEDIC. En effet, lors de ces négociations, la délégation patronale (MEDEF, CGPME, UPA) refuse d’écouter les propositions des professionnels présents dans les délégations CGT et FO. Madame Filippetti a récemment réagi, en demandant que les propositions du comité de suivi soient étudiées. Mais, arguant que la négociation relève des partenaires sociaux, le gouvernement campe globalement sur ses positions. Nous voilà donc revenus à la case départ. […] Une récente étude de Mathieu Grégoire et Olivier Pilmis, commandée par le Syndicat national des Entreprises Artistiques et Culturelles (Syndeac), vient de démontrer que les propositions du comité de suivi sont plus adaptées, travail qu’ils subissent. Le régime de l’intermittence n’est pas un privilège par rapport à d’autres catégories de chômeurs : bien qu’insuffisant depuis 2003, il est adapté aux contrats courts, de même que le régime général l’est aux contrats longs. Contrairement à ce qui est souvent colporté, le régime des intermittents du spectacle ne représente ni un déficit, ni un surcoût. Pour rappel, les intermittents constituent 3,5% des allocataires et représentent 3,4% des dépenses. […] Nous invitons le plus grand nombre à soutenir notre démarche et nos propositions. Il nous faut stopper cette ofplus justes et plus économes que les fensive, défendre une réforme juste et règles en vigueur depuis 2003, qui ex- adaptée à ceux qui en ont le plus becluent les plus fragiles au profit de sa- soin et, plus largement, repenser la solidarité dans le monde d’aujourd’hui... lariés à hauts revenus *. Mais, nous ne voulons pas nous arrêter Cette tribune a été également signée pour autant aux seuls arguments écono- par Cécile Helle (Maire d’Avignon, vicemiques, d’autant moins que les chiffres présidente socialiste région PACA), par font régulièrement l’objet d’une mani- un grand nombre de parlementaires et pulation honteuse aux dépens des plus 25 000 professionnels. précaires, toujours qualifiés d’assistés. L’équité serait que tous les chômeurs * De cette étude, il ressort que les proposibénéficient d’une protection sociale tions défendues par le Comité de Suivi pemetadaptée à leur pratique d’emploi, et à trait d’économiser entre 100 à 150 millions même de compenser la flexibilité du d’euros par an à l’Unedic. Quelques infos complémentaires : • Plusieurs centaines d’élus socialistes, Verts, Front de Gauche… mais aussi de Droite ont apporté leur soutien aux intermittents et appellent à la négociation. • Le 3 juin, 150 cinéastes français ont signé une lettre ouverte à F. Hollande et M. Valls pour leur demander de ne pas agréer ce nouvel accord. • 80% des intermittents ont un revenu mensuel (salaires + indemnisation cumulés) entre 1 et 1,5 SMIC. • L’économie du secteur culturel en France rapporte aujourd’hui plus que celui de l’automobile (57 milliards d’euros par an). • Le Festival d’Avignon engendre 1 million d’euros par jour de retombées économiques sur la ville. Fort de dix années de réflexions le Comité de suivi a manifestement présenté un grand nombre de propositions dont personne n’a tenu compte. La situation est aujourd’hui bloquée par le gouvernement qui s’apprête à porter la responsabilité de l’annulation de spectacles. Ne jetons donc pas la pierre aux intermittents ! FÊTE LA LUTTE PAS L’AUTRUCHE ! Comme le disait le slogan de 2003 : Mettre la tête dans le sable n’a jamais empêché de se prendre des coups de pied dans le cul ! Le 25 juin à partir de 14h00 au parc des Libertés. 14h00 : accueil du public, stands, bar… • 14h30-16h30 : diffusion du film Ne vivons plus comme des esclaves suivi d’un débat avec le réalisateur Yannis Youlountas. • 16h30-18h : musique, théâtre… • 18h-20h : Interventions de Mathieu Grégoire (chercheur, au- teur avec Olivier Pilmis d’un rapport sur l’Intermittence commandité par le Syndéac), Denis Gravouil (Secrétaire National CGT Spectacle) Angeline Barth (Symptac CGT), Samuel Churin et Frank Halimi (Coordination Nationale des Intermittents et Précaires), Caroline Sart (Secrétaire Nationale Sud Culture)… Ces interventions seront suivies d’un débat public ! • 20h- 21h30 : repas, grillades… • 21h30-23h : musique, théâtre… Sud-Culture 84, CGT-Spectacle 84, Cip-Avignon, Aip-Paca Vidéo en Poche des films sur votre clé usb ! 5€ par film,sans DRM et en HD quand c’est possible, la résolution minimale étant celle d’un DVD ! Les fichiers sont lisibles par le logiciel libre VLC, mais aussi sur les Freebox, et de nombreuses TV et boitiers multimedia. Vous pouvez consulter sur le site et à la caisse du ciné le catalogue complet : www.videoenpoche.info N’AIE PAS PEUR (HD) (NO TENGAS MIEDO) Écrit et réalisé par Montxo Armendariz Espagne 2011 1h30 VOSTF avec Michelle Jenner, Lluis Homar, Belén Rueda, Nuria Gago, Cristina Plazas... « N’aie pas peur » chuchote le papa (Lluis Homar, toujours aussi juste, toujours extraordinaire) à sa fillette, « no tengas miedo ». Vous spectateurs, n’ayez surtout pas peur lorsque vous aurez pris connaissance du sujet du film, c’est une cicatrice qui ne finit pas de fermer. Une déviance. Quelque chose dont on n’aurait pas envie de parler ou de savoir que cela existe. Un fardeau, une marque laissée par une maladie, quelque chose qu’on voudrait à tout prix effacer de notre existence, et que l’on traite ici de la façon la plus naturelle qui soit. Qu’y a-t-il de plus instinctif que d’aimer son enfant ? De plus physique, de plus « normal » ? Cette incontestable « normalité » va tracer la ligne éditoriale du film, soutenue par une remarquable mise en scène, toute de retenue et de sensibilité, qui refuse la dramatisation excessive, qui approche même de temps en temps la simplicité brute du documentaire, avec juste ce qu’il faut d’huile dans les rouages pour que le film soit en permanence ouvert, accessible à n’importe quel spectateur de bonne volonté, malgré la lourdeur de son thème. Lourd mais jamais plombant parce que toujours humain, toujours équilibré, toujours généreux. Nous suivons la vie d’une femme marqué par une enfance tourmentée. À 25 ans à peine, elle décide de tout recommencer et de faire face aux êtres, aux sentiments et aux émotions qui la tiennent liée au passé. Elle décide de mettre des mots sur l’innommable, pour pouvoir se construire, enfin… Dans cette lutte contre l’adversité et contre elle-même, elle apprendra à maîtriser ses peurs et à devenir une femme adulte, responsable de ses actes. Le film excelle surtout par l’intelligence de son traitement, par la volonté de son auteur de ne pas dicter au spectateur sa conduite, sa pensée, de le laisser libre face à un sujet si grave qu’il peut épouvanter, qu’il peut paralyser mais qui est ici traité avec une telle justesse qu’on peut le regarder en face. comprendre un groupe d’adolescents de Baltimore chamboulé par la mort prématurée de l’un d’entre eux. Ici nous sommes pleinement dans la fiction, le dispositif est plus classique mais le résultat est tout aussi splendide et profondément attachant. La situation est toute simple : Taryn, une jeune irlandaise venue aux Etats-Unis sur un coup de tête et sans trop prévenir ses parents, séjourne à Ocean Bay, une station balnéaire où elle a trouvé un job temporaire. Déçue par la lâcheté ordinaire de son boy-friend, elle fuit et vient se réfugier à l’improviste chez sa tante et son oncle à Baltimore, et c’est peu dire qu’elle tombe mal : le couple est en pleine séparation. Ils sont musiciens tous les deux, la femme, Kim, est encore en pleine activité tandis que le mari, Bill, semble en panne. Leur fille, Abby, est de retour à la maison pour les vacances universitaires et tente de cacher le désarroi que lui cause la situation en affichant une attitude volontairement agressive envers sa mère, qu’elle semble juger responsable du divorce… Autant dire que les retrouvailles entre Taryn et Abby, les deux cousines qui ont visiblement été très complices durant leur enfance, ne se font pas sous les meilleures auspices… I USED TO BE DARKER Matthew Porterfield USA 2013 1h30 VOSTF - avec Deragh Campbell, Hannah Gross, Kim Taylor… C’est un très beau petit film, qui n’essaie à aucun moment de vous bluffer ni dans le récit ni dans la forme mais dont l’exquise délicatesse, la justesse des situations, le jeu remarquable de ses comédiens vont vous ravir. Un film qui va s’installer tout doucement dans votre esprit, qui mûrira, qui y restera durablement. C’était déjà le cas de l’étonnant premier film du cinéaste américain indépendant Matt Porterfield : Putty Hill (également disponible en Vidéo en Poche), qui mêlait fiction et documentaire pour essayer d’approcher et de Le charme du film doit beaucoup à la musique folk qui accompagne le récit, qui le nourrit. Une musique intimiste et mélancolique totalement en phase avec l’atmosphère familiale. Plusieurs morceaux sont donnés en intégralité, et ces séquences musicales sont d’autant plus fortes et authentiques que Kim Taylor et Ned Oldham, qui interprètent le couple en rupture, sont deux vrais guitaristes, compositeurs et chanteurs. Et des bons ! et plus de 100 autres films au catalogue : www.videoenpoche.info COMME LE VENT (COME IL VENTO) Marco Simon PUCCIONI Italie 2013 1h52 VOSTF avec Valeria Golino, Filippo Timi, Francesco Scianna, Chiara Caselli, Marcello Mazzarella… Scénario de Nicola Lusuardi, Marco Simon Puccioni et Heidrun Schleef C'est l'histoire d'une femme exceptionnelle qu'incarne ici avec beaucoup de force et de charme Valeria Golino : à la fois fragile et dure, sensible et obstinée, féminine et inflexible. En 1984, quand Armida Miserere commence sa carrière de directrice de prison, elle est la seule femme à être parvenue à s'imposer dans un univers particulièrement machiste et violent, dominé de l'intérieur par la mafia. Régulièrement menacée de mort, elle tient bon, inflexible, refu- sant toute concession, sans pour autant cesser de chercher constamment à tirer le système vers plus d'humanité, imposant le respect des droits des détenus. Elle fait partie de ceux qui pensent que la prison doit tendre à la rééducation du détenu, à sa réinsertion… L'année où elle débute voit l'arrestation deTommaso Buscetta, qui va devenir le premier « repenti » de la mafia. Par ses aveux et dénonciations, il va aider à enclencher le premier procès d'importance où seront inculpés 475 mafieux. S'en suivront des moments de tension intense, tandis que se met en place l'opération « Mani pulite » (mains propres) qui verra la mafia réagir avec violence contre l'état italien et ses représentants, qu'ils soient élus, magistrats, policiers… Armida a un grand amour dans sa vie, son compagnon Umberto Mormile, qui a commencé à servir l'état comme policier mais, croyant en la rééducation, a choisi de se servir du théâtre, de la musique, des arts… pour aider les prisonniers à évoluer et son rôle d'éducateur est sa raison de vivre. Lorsqu'il est assassiné en 1990, Armida semble encaisser, mais est incapable de trouver à nouveau le partenaire dont elle aurait besoin pour combler le vide immense qu'il laisse. Désormais seule, elle accepte la direction des prisons les plus dures, engagée jusqu'au cou dans un combat pour une justice juste, affrontant la mafia sans céder un pouce, créant des relations de camaraderie, voire davantage, avec ses collaborateurs, mais fatalement seule, désespérément seule. C'est en apprenant sa mort à Pâques 2003, alors qu'elle était directrice de la prison de haute sécurité de Sulmona, que Marco Simon Puccioni a eu envie de raconter l'histoire de cette femme pas banale qu'il admirait : « Je voulais comprendre comment et pourquoi cette fibre apparemment si solide en était venue à se rompre ». À moins que cela ait été pour elle l'ultime façon de s'opposer à ceux qui, vivants, mais déjà morts en dedans courbent l'échine, laissant définitivement l'image d'une femme libre… comme le vent. PARTIE DE CAMPAGNE Pour ce film aussi court que sublime, tarif unique : 4 euros Écrit et réalisé par Jean RENOIR France 1936 40 mn avec Sylvia Bataille, Jane Marken, André Gabriello, Georges Darnoux, Jacques Brunius… D’après une nouvelle de Guy de Maupassant Version numérique restaurée Par une torride journée d’été, la famille Dufour quitte Paris pour Bezons-surSeine. Monsieur Dufour, sa femme, sa belle-mère, sa fille et son commis s’arrêtent dans une charmante auberge en bord de Seine. Tandis que le déjeuner sur l’herbe est dressé, deux canotiers viennent à leur rencontre. La chaleur et le vin aidant, il est décidé que Madame Dufour et sa fille, Henriette, iraient faire une promenade en barque en compagnie des deux jeunes hommes. Lorsque les bateaux quittent la rive, le ciel se charge de gris et annonce l’orage à venir… « Film inachevé, Partie de campagne est pourtant un modèle d’adaptation littéraire. On comprend aisément ce qui séduisit Renoir dans la nouvelle de Maupassant : la sensualité qui déborde du cadre étouffant de la famille, le premier éveil, grâce à la nature, des sens d’une jeune fille, et surtout la rivière, charriant les êtres comme des bouchons, au gré du courant, avec plus ou moins de bonheur. Seul Renoir est parvenu à exprimer au cinéma l’idée la plus haute du naturalisme, posant sur le monde un regard noir, cruel mais sans complaisance, avant d’atteindre la sérénité des œuvres de vieillesse au panthéisme joyeux, comme Le déjeuner sur l’herbe (1959), contrepoint optimiste et tardif de Partie de campagne où l’érotisme est enfin source de bonheur. « Et puis il y a Sylvia Bataille, pure apparition, abolie par son aura angélique de la médiocrité bourgeoise qui l’accompagne, femme en devenir flottant entre ciel et terre, détentrice du plus bouleversant regard caméra de l’histoire du cinéma. Elle possède la modernité des actrices instinctives, dont le jeu date immédiatement celui de ses partenaires. « Il ne faut craindre, concernant Renoir, aucun superlatif : si les grands films sont toujours des documentaires sur les acteurs, Partie de campagne est le plus grand des films. » (O. Père, arte.tv) CONCERTS À UTOPIA-RÉPUBLIQUE (5 rue Figuière) DUO JAUVAIN-MOUZAC Du 5 au 27 juillet à 17h00 (relâche les 8, 9 et 18) Tarifs : 7€/5€ Réservations : [email protected] ou 06 85 63 76 98 www.collectifgonzo.fr Le duo Jauvain-Mouzac propose le répertoire d’un folklore imaginaire, tel aime le nommer son compositeur F. Jauvain, originaire du plateau de Langres en Haute-Marne. Le patois, la tradition, tout comme les paysages aujourd’hui disparus, sont toujours présents dans un coin de sa mémoire. A travers des mélodies simples, le duo défend une musique exigeante. De ses morceaux émane une recherche esthétique, charpentée, puissante, colorée qui invite au voyage. Agrémenté par l’interprétation personnelle de quelques « choros » et « valses » faisant partie du patrimoine musical du xxe siècle, le répertoire vacille entre le jazz, le classique et l’écriture contemporaine, sans artifices. Francis Jauvain : Accordina, saxophone baryton, accordéon / Aurélien Mouzac : Guitare électrique demi-caisse LE CRACHEUR DE MOTS Du 5 au 14 juillet et du 21 au 27 juillet à 11h30 Tarifs : 10€/7€/5€ Réservations : [email protected] ou 06 76 96 85 86 Le cracheur de mots est le spectacle musical solo de Gilles Roucaute. Qu’il chante, dise, clame, conte ou raconte, c’est de la parole qu’il nous tend, concentrée, subtile et pudique, désarçonnante et insolente, toujours juste et tendue vers l’émotion et les confins de l’intime. Il nous entraîne dans un voyage tripal et appelle à la juste résonance, dans une galerie de portraits, non-conformes et attachants, comme autant de miroirs tendus à notre humanité la plus profonde, brassant dans sa fièvre créatrice cette bête effrayante mais bienveillante Le Minotaure, un nourrisson militant qui se transforme sous nos yeux en idole menaçante J’en ai rêvé dans mon berceau, la Femme universelle, Je suis la femme... Autant de tableaux qui déshabillent notre conscient et flattent ce qui nous ressemble... ce qui nous rassemble. Artiste singulier aux différentes facettes. Roucaute propose ses premières chansons en 2001 et multiplie depuis, collaborations et projets sur scène ou en studio. Chaque spectacle est une manière unique de porter à nos regards la matière de son œuvre. PRÉLUDE DE PAN Du 15 au 20 juillet à 11h30 Tarifs : 10€/7€ Réservations : www.gaelmevel.com ou 06 30 36 91 45 C’est la fête annuelle au village. Les cafés sont pleins. Un homme étrange entre dans le village et voit un bûcheron , au café du centre, maltraiter une colombe. Il transforme la fête en un moment de folie où les hommes et les bêtes vont se mêler. Prélude de Pan est un texte extraordinaire de Jean Giono, d’une force poétique rare, un texte qui nous happe par sa musicalité et par sa force. Il parle de notre place dans la nature, de notre place parmi les animaux. Qu’avons nous oublié qui nous fait défaut ? Gaël Mevel, pianiste, violoncelliste, compositeur, improvisateur, multi-instrumentiste (bandonéon), écrivain, est un musicien dont l’oeuvre, riche et singulière, saluée par la presse internationale, relève autant de la composition que de l’improvisation. Pour Prélude de Pan, il fait danser ensemble les mots et la musique. ON A FAILLI ÊTRE AMIES Ecrit et réalisé par Anne LE NY France 2014 1h31 avec Karin Viard, Emmanuelle Devos, Roschdy Zem, Anne Le Ny, Philippe Rebbot, Annie Mercier, Marion Lecrivain… C’est fou ce qu’on rencontre de gens intéressants dans un centre de formation pour adultes… On y trouve, face à des conseillers dévoués qui ne comptent ni leur temps ni leurs efforts, des chômeurs super motivés, prêts à tout pour retrouver le goût et le chemin du travail, des jeunes déjà usés par un marché sans pitié, des destins cabossés par des plans de restructuration qui ne restructurent rien du tout, en tout cas pas les salariés licenciés… Et puis on peut aussi y trouver une Carole dont on peut se demander ce qu’elle fait là puisqu’elle n’est ni salariée, ni licenciée, ni restructurée… elle a même tellement tout pour être heureuse que sa présence en ces lieux pourrait paraître déplacée. Mais Carole, si elle a franchi le seuil du centre, avec cet air gêné de la fille qui sait qu’elle n’est pas tout à fait à sa place, c’est bien qu’elle aussi, comme ces ouvrières de l’usine du coin tout récemment mises à la porte, a besoin qu’on lui prenne la main pour la faire avancer sur un nouveau chemin. Lequel ? Elle n’en sait diable rien, mais demeure convaincue que c’est l’heure du bilan, du virage, du tournant, bref qu’un truc doit se passer dans sa vie pour qu’elle ne succombe pas d’asphyxie. Sans le savoir, elle a frappé à la bonne porte : celle de Marithé, spécialiste en remotivation des troupes, experte en pensée positive, adepte de l’empathie souriante, généreuse et déculpabilisante. Marithé fait partie de ces chouettes filles dont la rencontre produit un effet immédiat sur les esprits chagrins, comme si soudain, s’ouvraient à nouveau tous les possibles. Et des possibles, Carole en a bien besoin. Mariée à un grand chef étoilé dont elle est à la fois l’épouse fidèle, la conseillère testeuse des nouvelles aventures culinaires en même temps que la grande administratrice du petit empire gastronomique et financier qu’il a bâti, elle vit dans l’ombre du grand homme qui lui, ne vit que pour son art. Certes, elle mentirait en affirmant que tout ça ne lui apporte pas son lot gratifiant de satisfaction matérielle et de reconnaissance sociale, mais il n’empêche que Carole sature, suffoque, voudrait prendre le large, couper le cordon, s’affranchir, entrer dans la lumière. Comment ? Pour faire quoi ? Ça reste vague… Mais une chose est claire dans son esprit : la pétillante Marithé est la bonne personne pour l’accompagner dans sa toute petite envie de révolution intérieure. Les deux femmes, pourtant bien différentes de par leur parcours et l’univers social dans lequel chacune gravite, vont se trouver des affinités et une complicité un peu particulière va se tisser au fil de leurs rencontres, ponctuées par un bilan de compétences qui n’aboutira certes pas au résultat escompté (l’une des scènes les plus drôles du film !). Car la nature des sentiments est complexe et se nourrit de bien des contradictions, d’autant que le dévouement cache quelquefois des arrière-pensées moins altruistes qu’il n’y paraît. Avant d’être un film sur l’histoire d’une possible amitiés entre deux nanas (thème que le cinéma, encore macho, n’a que trop rarement abordé), c’est une comédie intelligente qui raconte aussi la difficile place que femmes mariées et séparées occupent dans ces moments charnières de leur existence, quand le grand saut devient aussi nécessaire que périlleux. Avec une belle malice, juste ce qu’il faut de moquerie affectueuse pour ses personnages et un sens aiguisé des relations humaines, Anne le Ny signe un film tendre et drôle au casting inspiré : Karin Viard et Emmanuelle Devos en « presque amies », c’est une vraie rencontre de cinéma ! MEAN STREETS Martin SCORSESE USA 1973 1h50 VOSTF avec Harvey Keitel, Robert De Niro, David Proval, Amy Robinson… Scénario de Martin Scorsese et Mardik Martin Mean streets, ce sont les vrais grands débuts de Scorsese, le premier jalon de sa fructueuse complicité avec Robert De Niro. Ne manquez surtout pas cet opéra flamboyant et désinvolte, intense et violent, à la fois fidèle à la réalité et très stylisé, rythmé par 25 morceaux de rock’n roll des années soixante qui en sont la respiration. VOTRE PUBLICITÉ dans la gazette 06 84 60 07 55 [email protected] Mean Streets raconte l'histoire des rapports entre quatre fils d'immigrés italiens. La figure centrale, c'est Charlie (Harvey Keitel), un jeune homme bien mis, plein d'ambition, qui aimerait bien devenir un vrai gangster grâce à l'appui de son oncle mafioso. Avec lui son copain de toujours, Johnny Boy (Robert De Niro) : tête brûlée sympathique et délirante, il n'est pas fou, mais ressent une rage et une frustration immenses à l'égard de son environnement. Code d'honneur, rituels, tout ce qui compose ce mode de vie, il refuse de l'assumer. Il est le bouffon qui a vu le fond des choses mais qui est impuissant à en changer le cours. Il dynamite les règles du jeu par son attitude imprévisible, mais il est incapable de s'en libérer… Face à ce duo en quête perpétuelle d'identité et de reconnaissance, deux figures mieux intégrées dans leur milieu : Tony, propriétaire d'un bar offert par son père gangster ; et Michael, qui vient d'un autre pâté de maisons, d'un autre « block ». Pas d'intrigue à proprement parler, le film est porté par les relations entre les personnages, passionnelles, imprévisibles. Avec eux, nous sommes entraînés dans une tragédie pleine de bruit, de fureur, de couleurs et de musique, où la famille lutte contre la Famille (la Mafia), où le gangsterisme est vécu comme une véritable vocation, où l'Eglise est organisée comme un business… Un tableau foisonnant, d'une vérité et d'une puissance hallucinante, qui fait de Mean streets le précurseur des chefs d'œuvre à venir : Taxi driver, Les Affranchis, Casino… Les Amis de l’Humanité DEUX PROJECTIONS EN PRÉSENCE DE CHARLES SILVESTRE, MEMBRE DES AMIS DE L’HUMANITÉ Mardi 22 juillet à 14h00. QU’ALLEZ-VOUS FAIRE DE VOS VINGT ANS ? Film de Daniel VIGNE co-écrit avec Aude LARMET France 2013 Mercredi 16 juillet à 14h00. L’ESPRIT DE 45 (THE SPIRIT OF 45) Jaurès a été assassiné en 1914, 100 ans après sa mort, que reste-t-il de lui dans l’esprit des jeunes ? Pour beaucoup, des réminiscences de cours d’histoire, un nom de rue, une station de métro. Jaurès a-t-il encore une réalité, une existence ? Sa pensée a-t-elle encore une place aujourd’hui ? Trois jeunes Léo, Lucie, Ludovic, étudiants en journalisme, mènent l’enquête, missionnés par la Dépêche du Midi. Nous les suivons, à la rencontre de jeunes agriculteurs, de lycéens, s’informant auprès de spécialistes, traquant les traces laissées par Jaurès dans les esprits et les engagements. Leur étonnement et leur curiosité nous servent de guide, pour explorer la pensée Jaurésienne. Le propos se révèle troublant par son actualité, son rayonnement humaniste et la vigueur de cette identification. Rythmé par la musique des Bombes 2 Bal, il insuffle une énergie et rend visible l’écho chaleureux et si proche de la présence de Jaurès. Ken LOACH GB 2013 1h34 VOSTF Dans L’Esprit de 45, comme son titre le suggère, Ken Loach revisite un moment clé de l’histoire de la Grande Bretagne : la victoire inespérée de la gauche britannique aux élections de 1945 et sa conséquence, la construction du modèle social anglais. A l’aide d’archives télévisuelles, à travers des témoignages de glorieux octogénaires voire nonagénaires acteurs de cette mutation, Ken Loach revient en premier lieu sur les années 30, des années terribles pour une grande partie de la classe ouvrière réduite à une extrême pauvreté, vivant dans des conditions d’hygiène et de santé lamentables. D’autant plus choquant que l’empire colonial de Georges VI était le plus puissant au monde. A cette époque, l’ouvrier anglais vit dans la plus grande précarité, travaille dans l’insécurité permanente – notamment dans les mines où le productivisme fait fi de la vie des gueules noires –, n’a pas de sécurité sociale. Le tableau que Ken Loach fait de cette époque est saisissant. Quand l’Europe est enfin libérée du joug nazi, le peuple anglais n’aspire pas seulement à retrouver la paix, mais à reconstruire une société nouvelle plus égalitaire, où chacun aura une place décente. C’est cette révolution pacifique jubilatoire que décrit Ken Loach. Au programme : création du National Health Service, la sécu anglaise, de British Rail, dans un pays gangréné par la multitude ubuesque des compagnies ferroviaires privées, nationalisation des mines et de l’énergie, création d’ambitieux plans de logements sociaux… Bien sûr tout cela a son funeste épilogue avec l’arrivée de Margaret Thatcher et son cortège de privatisations, de fermetures de mines, le déclin du système de santé… Ce modèle social anglais et chez nous celui porté par Conseil National de la Résistance furent mis en place alors que les deux pays, au sortir de la guerre, étaient financièrement à genoux. Et leurs fossoyeurs viennent nous dirent qu’ils sont aujourd’hui obsolètes, trop coûteux, déraisonnables... Enterrons les fossoyeurs ! À 17h00, toujours avec Les Amis de l’Humanité, projection du nouveau film de Ken Loach : Jimmy’hall « Qu’allez-vous faire de vos 20 ans, qu’allez-vous faire de vos coeurs, qu’allez-vous faire de vos cerveaux ? » Ces phrases, d’un discours de Jean Jaurès, résonnent aujourd’hui comme une invitation à l’engagement et à la réflexion. C’est un témoignage sur une génération qui tâtonne, cherche et se questionne, consciente qu’elle doit résolument agir dans un monde en pleine mutation dont elle aura la charge de construire la société de demain. Charles Silvestre est l’auteur de La victoire de Jaurès édité chez Privat. Autour de Jean Jaurès. Le 14 juillet à 17h30 à La Maison Jean Vilar. La culture et la République avec Charles Silvestre et Jacques Santini qui lira des extraits de textes de Jean Jaurès. William SHAKESPEARE par Orson WELLES MACBETH Écrit et réalisé par Orson WELLES USA 1948 1h50 VOSTF Noir & Blanc avec Orson Welles, Roddy McDowall, Jeanette Nolan, Dan O'Herlihy… VERSION INTÉGRALE, COPIE NUMÉRIQUE RESTAURÉE Macbeth, un seigneur écossais, vient de remporter une guerre contre un prétendant au trône d’Angleterre. Trois sorcières s’adressent à lui pour livrer leur prophétie : sa destinée sera de devenir Roi après avoir été nommé Thane de Cawdor. Cette nomination prend effet lorsqu’il revient sur ses terres. L’ambition ne cesse alors de l’habiter, un sentiment alimenté par son épouse qui le presse d’assassiner le Roi pour s’emparer du trône. Le crime sera accompli et Macbeth accédera dans la foulée au pouvoir suprême. Mais les soupçons commencent à s’accumuler et les morts violentes se succèdent autour de lui. Les deux époux régicides sont rongés par la culpabilité tandis que Malcolm, l’héritier naturel du royaume, rassemble son armée pour destituer Macbeth… Après avoir mis en scène la pièce de Shakespeare en 1936 à New York, Orson Welles coproduit lui-même son adaptation à l'écran, douze ans après. Mais à nouveau, le cinéaste maudit se heurte à des difficultés majeures et il doit couper presque une demi-heure de son premier montage. C'est cette version tronquée qui sera longtemps seule visible. C'est bien la version intégrale qui vous est aujourd'hui proposée, dans une magnifique copie numérique restaurée. Macbeth s'impose comme une œuvre maîtresse de Welles. Le cinéaste démiurge, qui est au cinéma ce que Shakespeare fut au théâtre, a construit un spectacle crépusculaire d'une beauté sombre et douloureuse, un véritable poème expressionniste aux décors limités qui se révèle un terrain de jeux morbide pour forces obscures. Welles, au sommet de son incroyable inventivité, poursuit sa quête de la dualité des êtres promis à des destins exceptionnels, aussi fourbes que sincères, aussi puissants que pathétiques… De la vision microscopique à l’infiniment grand, le film semble embrasser l'univers dans sa totalité et renvoie dos à dos croyances païennes et chrétienté. Et Macbeth, l’homme et le souverain, d'entrer dans la galerie des fabuleux personnages wellesiens. (tvclassik) OTHELLO (The Tragedy of Othello, the Moor of Venice) Orson WELLES USA 1952 1h35 VOSTF Noir & Blanc avec Orson Welles, Michael McLiammoir, Suzanne Cloutier, Robert Coote… Scénario d'Orson Welles et Jean Sacha, d'après la tragédie de William Shakespeare VERSION NUMÉRIQUE RESTAURÉE Pleureurs et pleureuses célèbrent les funérailles d'Othello et de sa femme Desdémone. Retour dans le temps : Othello, capitaine maure, homme candide et généreux, dévoué à l'aristocratie vénitienne, enlève puis épouse la belle Desdémone, fille d'un sénateur. L'un de ses lieutenants, Iago, un être fourbe et envieux, feint de l'estimer mais le déteste en secret. Il entreprend de ruiner l'amour que le capitaine porte à sa noble épouse. Ses calomnies ne tardent pas à ronger le cœur d'Othello… Après Macbeth en 1948, Orson Welles s'attaque à un autre monument de Shakespeare. Il entame la production en totale indépendance… et sans un sou. Devant l'impossibilité de réunir les fonds nécessaires en une seule fois, son Othello mettra quatre ans à voir le jour. Changements dans la distribution, tournage délocalisé en Italie et au Maroc… c'est véritablement une œuvre conçue par bribes, patiemment mises en forme par Welles durant deux ans d'un montage épique. Est-ce la marque du génie ? Toujours est-il qu'Othello ne semble jamais souffrir de ce manque de moyens et de cette conception houleuse. Bien au contraire, certains partis-pris visuels (cadrages resserrés et expressionnistes) qui avaient initialement pour vocation de masquer l’absence de décors et de moyens se muent ici en une audace visuelle qui fait de chaque plan un tableau de maître. Baigné dans un noir et blanc contrasté et crépusculaire, le film abolit toute notion de théâtre filmé en se déroulant dans sa quasi-totalité en extérieurs. Le cinéaste traduit visuellement l’enfermement des protagonistes dans la jalousie et la folie par une multitude de perspectives brisées liées à l’architecture du lieu (une forteresse en pleine mer dont les lignes ont été conçues par Alexandre Trauner). (avoiralire.com) Séance unique le samedi 12 juillet à 14h30 suivie d’une rencontre avec le réalisateur Alejandro Jodorowsky Rencontre animée par Luc Jabon, président de la SACD-Belgique, scénariste et réalisateur. En collaboration avec la SACD-Belgique et le Théâtre de La Manufacture qui présente pendant le Festival L’École des ventriloques, pièce de théâtre de A. Jodorowsky mise en scène par la Cie Point Zéro. Les places pour cette séance seront en vente à partir du 5 juillet. LA DANZA DE LA REALIDAD EXPOSITION Philippe TRAISNEL Aquarelles gouachées Campagnes au crépuscule autour d’Avignon 1er juillet – 31 août Espace Evadné Librairie Les Genêts d’Or 53 rue Joseph Vernet Avignon Tél 04 32 44 46 26 FAIRE SON JARDIN POTAGER NATUREL ROLAND PICHAUD PASSEUR DE JARDIN 06 82 44 75 41 [email protected] Écrit et réalisé par Alejandro JODOROWSKY Chili/France 2013 2h10 VOSTF avec Brontis Jodorowsky, Pamela Flores, Jeremias Herskovits, Alejandro Jodorowsky, Bastian Bodenhöfer, Andres Cox, Adan Jodorowsky, Cristobal Jodorowsky… « Si on montre une femme plantureuse on pense à Fellini, si on montre un nain on pense à Buñuel, si on montre un “freak” on pense à Tod Browning. Mais non, c’était ma vie dans mon village. Tous les éléments de mon enfance sont là. » Alejandro Jodorowsky C'est comme un voyage très lointain et sublime, voyage intérieur au plus profond de l'âme, voyage aux antipodes des terres arides du Grand Nord chilien, à la frontière bolivienne. Il faut dire que le voyageur revient lui-même de loin, de 23 ans d'absence sur les écrans de cinéma. Alejandro Jodorowsky, qui fut à la fois réalisateur culte de films météores, psychédéliques et excessifs, dans les années 70/80 (El Topo en 1970, La Montagne sacrée en 1973, Santa sangre en 1989, sans parler du fabuleux projet Dune, jamais réalisé et auquel devaient s'associer entre autres Salvador Dali et les Pink Floyd), créateur avec Topor et Fernando Arrabal du groupe poétique et actionniste Panique, et surtout scénariste de bande dessinées pour feu Moëbius avec qui il créa la série science-fiction des Incal, s'était ces dernières années consacré surtout à l'étude passionnée des tarots et de leurs vertus divinatoires. Au soir de sa vie (tout est relatif : le gaillard est bien plus vif que nombre de jeunes cinéastes, et on le croit capable de tenir encore quelques décennies !), à 84 ans, le maître nous livre un retour fascinant sur son enfance tourmentée, qui commença à Tocopilla, sinistre petite ville minière chilienne, une bourgade de western avec sa rue principale battue par les vents de sable… même l'Océan Pacifique y fait triste mine. Une enfance marquée par la solitude et l'exclusion. Exclusion, dans un environnement d'hispaniques chrétiens à la peau sombre, de ce jeune enfant juif russe trop blanc et trop circoncis dont la famille a fui les pogroms. Exclusion, dans un pays gouverné par un dictateur d'extrême-droite, de ce fils de militant communiste prostalinien. Exclusion au sein même de sa propre famille, rejeté par un père qui exaltait la souffrance et la virilité, alors que le jeune Alejandro n'était que sensibilité artistique, fragilité voire féminité. Mais on peut compter sur le délirant et fantasque Jodorowsky pour ne pas livrer une série de souvenirs sépia et surannés. Au-delà de l'imagination débordante qui transparaît à chaque instant, La Danza de la realidad offre une magnifique catharsis sur les blessures de l'enfance et leur guérison par le cinéma. AU PREMIER REGARD Écrit et réalisé par Daniel RIBEIRO Brésil 2013 1h35 VOSTF avec Guilherme Lobo, Fabio Audi, Tess Amorim, Lucia Romano, Eucir de Souza… Prix de la Critique Internationale, Festival de Berlin 2013 « On ne voit bien qu'avec le cœur » disait la rose au Petit Prince… C'est l'été à Sao Paulo, Leonardo a quinze ans et sa cécité ne l'empêche pas d'avoir une furieuse envie de se débrouiller seul et de prendre ses distances avec une famille un peu trop aimante, une mère qui tremble en permanence à l'idée de ce qui pourrait bien arriver à ce rejeton trop couvé et qui ne rêve que d'autonomie. Depuis peu, il est même saisi par un pressant désir d'amour et d'aventures. Il n'y a pas que le temps qui est étouffant et Leonardo rêve de partir faire des études à l'étranger, là où il n'y aurait ni sa mère pour lui rappeler constamment sa différence par sa sollicitude envahissante, ni ce furieux crétin de sa classe qui s'est trouvé une petite cour pour rire aux gags lourdin- gues qu'il multiplie autour de son handicap. On peut d’ailleurs imaginer que la jalousie n’est pas pour rien dans ce harcèlement stupide car Leonardo est aussi joli garçon qu’intelligent. Il a su capter l’attention de Giovanna, qui en intéresse plus d’un mais préfère sa délicate compagnie à celle des fanfarons qui ont un pois chiche à la place de la cervelle. Il y a entre Giovanna et Leonardo une forme de compréhension, de simplicité et de tendresse… Quand un nouvel élève déboule en classe au milieu d'un cours de lettres, il prend possession du bureau inoccupé derrière celui de Leonardo, si bien que la relation entre eux se fait tout naturellement. Gabriel est beau gosse, ne s'embarrasse pas de préjugés et un trio d'inséparables se forme très vite… mais tout naturellement aussi la situation sentimentale des uns et des autres va se compliquer. Les fêtes de fin d’année scolaire, fatalement un peu trop arrosées, vont servir de révélateurs aux sentiments refoulés… Giovanna rêve de Gabriel, mais Leonardo aussi, Giovanna est jalouse de l'attirance de plus en plus évidente qu'éprouve Leonardo pour Gabriel… Mais est-il possible de tomber amoureux de quelqu'un qu'on ne voit pas, comment oser aller vers lui alors qu'il n'est déjà pas vraiment facile d'assumer sa différence et qu'on se doute que les gros andouilles qui ricanent vont trouver encore plus de raisons de ricaner, lorsqu'ils sauront… Pas tout simple de négocier ce passage délicat de l'adolescence ! La ténacité acquise par Leonardo dans sa lutte constante pour imposer sa différence et son droit à l'autonomie lui donne sans doute une force qui l'aide à la fois à assumer ce qu'il est et à l'imposer à un entourage qui a beaucoup de mal à accepter cette maturité nouvelle… C'est un joli film délicat où les premiers émois amoureux adolescents se compliquent de situations pas forcément bien admises dans ce quartier un peu « classique » de ce coin du Brésil. Un chouette plaidoyer pour que chacun apprenne à laisser les autres vivre leur vie comme elle leur vient. C'est tonique et plaisant ! À LA RECHERCHE DE VIVIAN MAIER Du 2/07 au 29/07 ADIEU AU LANGAGE Du 25/06 au 15/07 AU FIL D’ARIANE Jusqu’au 15/07 AU PREMIER REGARD A partir du 23/07 BIRD PEOPLE Jusqu’au 8/07 BLACK COAL Jusqu’au 8/07 BLUE RUIN Du 9/07 au 29/07 Festival d’Avignon du 5 au 27 juillet (relâches les 14 et 21) à 17h45 Au théâtre des Carmes, 6 place des Carmes réservations : 04 90 82 20 47 VOYAGES EN HIVERNALES 30 ans de danse en Avignon d’Amélie Grand et Philippe Verrièle Riveneuve Archimbaud éditeur Amélie Grand, fondatrice en 1979 et directrice jusqu’en 2009 des Hivernales revient avec Philippe Verrièle sur cette épopée, ce grand rendez-vous annuel de la danse contemporaine que sont les Hivernales, temps fort de découverte des nouvelles tendances dans la danse contemporaine mais aussi sur la petite histoire de cette association qui devint plus tard un Centre de Développement Chorégraphique (et qui cohabita pendant de nombreuses années à la Manutention avec le cinéma Utopia et l’AJMI). Le livre est en vente à la caisse du cinéma Utopia - La Manutention COMME LE VENT Du 9/07 au 22/07 LE CONTE DE LA PRINCESSE KAGUYA A partir du 23/07 DEUX JOURS, UNE NUIT Jusqu’au 15/07 DU GOUDRON ET DES PLUMES A partir du 9/07 HIPPOCRATE Du 2/07 au 29/07 JIMMY’S HALL A partir du 2/07 L’HOMME QU’ON AIMAIT TROP A partir du 16/07 MACBETH Du 25/07 au 21/07 MAPS TO THE STARS Jusqu’au 1/07 MEAN STREETS Du 16/07 au 29/07 ON A FAILLI ÊTRE AMIES Du 16/07 au 29/07 OTHELLO Du 25/06 au 22/07 PALERME Du 2/07 au 29/07 Rencontre le 9/07 À 14h PALO ALTO Jusqu’au 8/07 PARIS, TEXAS Du 16/07 au 28/07 PARTIE DE CAMPAGNE Du 25/06 au 15/07 PEAU D’ÂNE Du 21/07 au 29/07 LE PROCÈS DE VIVIANE AMSALEM Du 25/06 au 29/07 RÉSISTANCE NATURELLE Jusqu’au 15/07 LE SEL DE LA TERRE Du 2/07 au 29/07 LES SŒURS QUISPE Du 16/07 au 29/07 Rencontre le 17 juillet à 20h30 THE ROVER Jusqu’au 1/07 UGLY Du 25/06 au 8/07 WE ARE THE BEST Jusqu’au 1/07 XENIA Jusqu’au 15/07 ZERO THEOREM Du 25/06 au 29/07 SÉANCES SPÉCIALES LA DANZA DE LA REALIDAD Le 12 juillet à 14h30 TIMBUKTU Le 15 juillet à 16h00 et 20h00 L’ESPRIT DE 45 Le 16 juillet à 14h00 QU’ALLEZ-VOUS FAIRE DE VOS 20 ANS ? Le 22 juillet à 14h00 RENCONTRES AVEC LE FESTIVAL Du 5/07 au 27/07 à 11h00 et 14h00 RENCONTRES TÊTES DE JAZZ AVEC L’AJMI Du 8/07 au 12/07 à 10h30 FILMS ENFANTS Du 4/07 au 27/07 à 10h30 AZUR ET ASMAR LES CONTES DE LA MÈRE POULE ERNEST & CELESTINE LE PARFUM DE LA CAROTTE LE PETIT ROI ET AUTRES CONTES LE TABLEAU LES 3 BRIGANDS UNE VIE DE CHAT SPECTACLES,À RÉPUBLIQUE Du 5 au 27 juillet VENTE D’AFFICHES LE DIMANCHE 29 JUIN À PARTIR DE 11H DANS LE HALL DE LA MANUTENTION : ON FAIT LE CAFÉ, ON COMPTE SUR VOUS POUR LES CROISSANTS ! PROGRAMME 14H00 ZERO THEOREM 14H20 RÉSISTANCE NATURELLE 14H20 ADIEU AU LANGAGE 14H00 XENIA 16H0018H00 THE ROVER ZERO THEOREM 16H0018H20 BIRD PEOPLE BLACK COAL 15H5018H00 WE ARE THE BEST DEUX JOURS, UNE NUIT 16H2018H20 AU FIL D’ARIANE MAPS TO THE STARS 20H00 ZERO THEOREM 20H2022H00 RÉSISTANCE NATURELLE PALO ALTO 20H0021H20 ADIEU AU LANGAGE XENIA 20H30 UGLY 14H30 PROCÈS DE V. AMSALEM 16H4017H45 PARTIE DE CAMPAGNE PROCÈS DE V. AMSALEM 20H00 PROCÈS DE V. AMSALEM JUIn 12H00 ZERO THEOREM 12H10 RÉSISTANCE NATURELLE 12H00 XENIA 12H15 THE ROVER 14H00 AU FIL D’ARIANE 13H50 BIRD PEOPLE 14H20 MAPS TO THE STARS 14H20 BLACK COAL 16H0018H00 DEUX JOURS, UNE NUIT ZERO THEOREM 16H1518H10 OTHELLO ADIEU AU LANGAGE 16H3018H50 UGLY THE ROVER 16H3018H30 PALO ALTO PARTIE DE CAMPAGNE 20H1022H00 AU FIL D’ARIANE ZERO THEOREM 19H4521H45 BLACK COAL UGLY 20H50 XENIA 19H4021H30 PALO ALTO MAPS TO THE STARS RÉPUBLIQUE 12H00 PROCÈS DE V. AMSALEM 14H10 WE ARE THE BEST 16H1018H20 PROCÈS DE V. AMSALEM PROCÈS DE V. AMSALEM 20H30 MACBETH manutention 12H10 AU FIL D’ARIANE 12H00 XENIA 12H10 PALO ALTO 12H10 PARTIE DE CAMPAGNE 14H15 ZERO THEOREM 14H20 MACBETH 14H00 BIRD PEOPLE 13H50 DEUX JOURS, UNE NUIT 16H2018H45 UGLY ZERO THEOREM 16H2018H30 MAPS TO THE STARS WE ARE THE BEST 16H3018H30 THE ROVER AU FIL D’ARIANE 16H00 18H15 OTHELLO DEUX JOURS, UNE NUIT 20H50 ZERO THEOREM 20H1021H40 ADIEU AU LANGAGE XENIA 20H3022H20 RÉSISTANCE NATURELLE BLACK COAL 20H15 22H10 BIRD PEOPLE THE ROVER 14H00 PROCÈS DE V. AMSALEM 16H1018H10 WE ARE THE BEST PROCÈS DE V. AMSALEM 20H30 PROCÈS DE V. AMSALEM 13H50 ZERO THEOREM 14H20 WE ARE THE BEST 14H15 PALO ALTO 14H00 RÉSISTANCE NATURELLE 15H5018H15 UGLY RÉSISTANCE NATURELLE 16H2018H20 AU FIL D’ARIANE PALO ALTO 16H1018H00 DEUX JOURS, UNE NUIT MACBETH 15H4517H50 MAPS TO THE STARS BIRD PEOPLE 20H0022H20 XENIA MAPS TO THE STARS 20H1522H15 ZERO THEOREM THE ROVER 20H0022H00 AU FIL D’ARIANE BLACK COAL 20H2021H45 ADIEU AU LANGAGE ZERO THEOREM 14H00 PROCÈS DE V. AMSALEM 16H1518H30 PROCÈS DE V. AMSALEM OTHELLO 20H20 PROCÈS DE V. AMSALEM JUIn 12H15 ADIEU AU LANGAGE 12H00 DEUX JOURS, UNE NUIT 11H45 MACBETH 12H00 XENIA 13H50 ZERO THEOREM 14H00 BLACK COAL 13H50 THE ROVER 14H30 AU FIL D’ARIANE 16H0018H00 ZERO THEOREM UGLY 16H1017H50 RÉSISTANCE NATURELLE BLACK COAL 15H5018H00 MAPS TO THE STARS AU FIL D’ARIANE 16H3017H30 PARTIE DE CAMPAGNE ADIEU AU LANGAGE 20H20 BIRD PEOPLE 20H0022H00 ZERO THEOREM ZERO THEOREM 20H0021H50 PALO ALTO MAPS TO THE STARS 19H0021H00 DEUX JOURS, UNE NUIT XENIA RÉPUBLIQUE 12H00 PROCÈS DE V. AMSALEM 14H15 PROCÈS DE V. AMSALEM 16H3018H30 WE ARE THE BEST PROCÈS DE V. AMSALEM 20H40 OTHELLO manutention 12H00 ZERO THEOREM 11H50 UGLY 14H00 AU FIL D’ARIANE 14H00 PARTIE DE CAMPAGNE 16H0018H10 ZERO THEOREM RÉSISTANCE NATURELLE 15H0017H00 MACBETH BIRD PEOPLE 19H5021H45 ZERO THEOREM OTHELLO 19H3021H00 ADIEU AU LANGAGE XENIA 14H00 MAPS TO THE STARS 16H1018H00 DEUX JOURS, UNE NUIT WE ARE THE BEST 20H0021H45 AU FIL D’ARIANE BLACK COAL 14H00 PALO ALTO 16H0018H10 PROCÈS DE V. AMSALEM XENIA 20H30 PROCÈS DE V. AMSALEM 14H10 BIRD PEOPLE 13H50 ZERO THEOREM 16H30 18H20 AU FIL D’ARIANE ZERO THEOREM 16H00 17H30 ADIEU AU LANGAGE UGLY 20H20 (D) 22H15 MAPS TO THE STARS ZERO THEOREM 19H50 (D) 21H45 THE ROVER BLACK COAL manutention mer 25 JUIn 12H00 AU FIL D’ARIANE 12H00 UGLY 12H10 MACBETH 12H10 OTHELLO 4 salles à la manutention 4 escaliers Ste Anne, 1 salle à République, 5 rue Figuière. Les portes sont fermées au début des séances et nous ne laissons pas entrer les retardataires (l’heure indiquée sur le programme est celle du début du film). RÉPUBLIQUE manutention JEU 26 Ven 27 JUIn RÉPUBLIQUE manutention SAM 28 JUIn 12H10 PARTIE DE CAMPAGNE 12H00 BIRD PEOPLE 11H50 XENIA 11H50 BLACK COAL RÉPUBLIQUE manutention DIM 29 LUN 30 JUIn ON RESTAURE LES FAUTEUILS DE LA SALLE 3 12H00 THE ROVER RÉPUBLIQUE manutention mAr er 1 JUIL RÉPUBLIQUE 11H50 XENIA 12H00 OTHELLO ON RESTAURE LES FAUTEUILS DE LA SALLE 3 12H00 AU FIL D’ARIANE 13H45 RÉSISTANCE NATURELLE 15H30 XENIA 18H00 19H50 (D) DEUX JOURS, UNE NUIT WE ARE THE BEST 14H00 PROCÈS DE V. AMSALEM 16H1018H10 PALO ALTO PROCÈS DE V. AMSALEM 21H50 MACBETH 20H20 PROCÈS DE V. AMSALEM Alejandro Jodorowsky viendra présenter son dernier film La danza de la realidad le samedi 12 juillet à 14h30 (places en vente à partir du 5/07) 12H00 RÉSISTANCE NATURELLE 12H00 PROCÈS DE V. AMSALEM manutention mer 2 JUIL 12H10 ZERO THEOREM 12H00 PARTIE DE CAMPAGNE 12H10 LE SEL DE LA TERRE manutention JEU JUIL 10H30 PEAU D’ÂNE 12H10 VIVIAN MAIER Ven 4 JUIL SAM 5 JUIL DIM 6 JUIL 10H45 ADIEU AU LANGAGE 10H30 ERNEST ET CELESTINE 10H30 OTHELLO 11H00 PARTIE DE CAMPAGNE 10H30 AZUR ET ASMAR 10H30 PEAU D’ÂNE RÉPUBLIQUE manutention LUN 7 JUIL mAr 8 JUIL RÉPUBLIQUE 20H0021H40 ZERO THEOREM BLACK COAL 14H00 JIMMY’S HALL 16H1018H40 XÉNIA JIMMY’S HALL 20H45 JIMMY’S HALL MÉDO(S) 16H0018H10 20H1022H15 PROCÈS DE V. AMSALEMHIPPOCRATE PROCÈS DE V. AMSALEM PALO ALTO 16H4018H40 20H45 MACBETH LE SEL DE LA TERRE PALERME 18H00 20H00 21H45 BLACK COAL AU FIL D’ARIANE UGLY 16H00 17H50 19H30 20H50 RÉSISTANCE NATURELLE VIVIAN MAIER ADIEU AU LANGAGE ZERO THEOREM 14H00 PROCÈS DE V. AMSALEM 14H30 LE SEL DE LA TERRE 14H00 PALERME 14H10 RÉSISTANCE NATURELLE 16H1017H50 ADIEU AU LANGAGE PALERME 16H4018H30 OTHELLO XÉNIA 16H0017H45 VIVIAN MAIER ADIEU AU LANGAGE 15H5017H50 AU FIL D’ARIANE ZERO THEOREM 19H5021H50 HIPPOCRATE XÉNIA 20H50 LE SEL DE LA TERRE 19H1521H00 VIVIAN MAIER BLACK COAL 19H5022H00 PROCÈS DE V. AMSALEM ZERO THEOREM 14H00 JIMMY’S HALL 16H1018H40 BIRD PEOPLE JIMMY’S HALL 20H45 JIMMY’S HALL 12H10 UGLY 12H00 MACBETH 12H20 AU FIL D’ARIANE 12H00 RÉSISTANCE NATURELLE 14H30 VIVIAN MAIER 14H00 PROCÈS DE V. AMSALEM 14H15 BIRD PEOPLE 13H45 DEUX JOURS, UNE NUIT 16H1518H15 HIPPOCRATE PARTIE DE CAMPAGNE 16H1018H10 LE SEL DE LA TERRE VIVIAN MAIER 16H4018H40 PALERME ZERO THEOREM 15H4017H30 PEAU D’ÂNE XÉNIA 19H3021H30 HIPPOCRATE ZERO THEOREM 19H5021H50 LE SEL DE LA TERRE BLACK COAL 20H40 PROCÈS DE V. AMSALEM 20H0022H00 PALERME PALO ALTO 11H30 ROUCAUTE 14H00 JIMMY’S HALL 17H00 Concert 18H40 DUO JAUVAIN/MOUZAC JIMMY’S HALL 20H45 JIMMY’S HALL 12H00 PROCÈS DE V. AMSALEM 12H15 LE SEL DE LA TERRE 12H10 BIRD PEOPLE 11H50 PALERME 14H10 HIPPOCRATE 14H20 VIVIAN MAIER 14H30 ZERO THEOREM 14H00 RÉSISTANCE NATURELLE 16H1018H10 PALERME HIPPOCRATE 16H0018H00 PALO ALTO LE SEL DE LA TERRE 16H3018H20 DEUX JOURS, UNE NUIT PROCÈS DE V. AMSALEM 15H4517H40 AU FIL D’ARIANE ZERO THEOREM 20H10 BIRD PEOPLE 20H1022H10 MACBETH BLACK COAL 20H3021H50 ADIEU AU LANGAGE JIMMY’S HALL 19H4021H20 VIVIAN MAIER UGLY 11H30 ROUCAUTE 14H00 JIMMY’S HALL 17H00 Concert 18H40 DUO JAUVAIN/MOUZAC JIMMY’S HALL 20H40 XÉNIA 14H00 Rencontre 13H50 PROCÈS DE V. AMSALEM 14H00 LE SEL DE LA TERRE 14H00 PEAU D’ÂNE 17H00 18H30 ADIEU AU LANGAGE HIPPOCRATE 16H0018H00 PALERME XÉNIA 16H0017H40 VIVIAN MAIER PROCÈS DE V. AMSALEM 15H5017H50 ZERO THEOREM RÉSISTANCE NATURELLE 20H30 LE SEL DE LA TERRE 20H30 PALERME 19H5021H40 PALO ALTO UGLY 19H3021H20 OTHELLO ZERO THEOREM 14H00 JIMMY’S HALL 17H00 Concert 18H40 DUO JAUVAIN/MOUZAC JIMMY’S HALL 20H45 BLACK COAL 12H10 ADIEU AU LANGAGE 14H20 PALERME 14H00 HIPPOCRATE 13H45 LE SEL DE LA TERRE 13H45 VIVIAN MAIER 16H2017H30 PARTIE DE CAMPAGNE LE SEL DE LA TERRE 16H00 18H00 DEUX JOURS, UNE NUIT PALO ALTO 15H45 17H45 OTHELLO AU FIL D’ARIANE 15H30 17H15 RÉSISTANCE NATURELLE PALERME 19H4521H40 HIPPOCRATE XÉNIA 20H00 21H40 (D) VIVIAN MAIER BLACK COAL 19H30 21H40 (D) PROCÈS DE V. AMSALEM PALO ALTO 19H30 21H30 (D) ZERO THEOREM UGLY 11H30 ROUCAUTE 14H00 JIMMY’S HALL 16H10 (D) BIRD PEOPLE 20H45 JIMMY’S HALL 11H30 ROUCAUTE 10H30 PEAU D’ÂNE 10H30 UNE VIE DE CHAT 10H30 Têtes de jazz 14H00 HIPPOCRATE 14H15 XÉNIA 20H30 JIMMY’S HALL Concert Concert 11H00 11H50 PARTIE DE CAMPAGNE HIPPOCRATE 10H30 11H45 PARFUM DE LA CAROTTE JIMMY’S HALL 10H30 12H10 VIVIAN MAIER DEUX JOURS, UNE NUIT 12H00 AU FIL D’ARIANE RÉPUBLIQUE manutention 16H0017H50 AU FIL D’ARIANE PROCÈS DE V. AMSALEM 16H1018H15 DEUX JOURS, UNE NUIT JIMMY’S HALL 12H00 HIPPOCRATE 10H30 12H10 LE TABLEAU UGLY 10H30 12H10 PEAU D’ÂNE PALO ALTO 11H00 13H00 DEUX JOURS, UNE NUIT PARTIE DE CAMPAGNE RÉPUBLIQUE manutention 14H15 VIVIAN MAIER 14H00 JIMMY’S HALL RÉPUBLIQUE manutention 20H0022H00 HIPPOCRATE PALO ALTO 19H30 21H20 LE SEL DE LA TERRE UGLY 13H50 ZERO THEOREM RÉPUBLIQUE manutention 16H0018H00 LE SEL DE LA TERRE PALERME 15H30 17H30 PALERME VIVIAN MAIER ON RESTAURE LES FAUTEUILS DE LA SALLE 3 10H30 PEAU D’ÂNE RÉPUBLIQUE 3 14H00 HIPPOCRATE 14H10 ADIEU AU LANGAGE Concert 12H15 ZERO THEOREM 11H50 PROCÈS DE V. AMSALEM Concert WOODY ET LES ROBOTS 18H40 JIMMY’S HALL Timbuktu, le magnifique film d’Abderrahmane SISSAKO sera présenté en avant-première le mardi 15 juillet à 16h et 20h (places en vente à partir du 4/07) manutention mer 9 JUIL 10H30 LES 3 BRIGANDS 10H30 Têtes de jazz MARC DUCRET 10H45 ADIEU AU LANGAGE RÉPUBLIQUE manutention JEU 10 JUIL 10H30 Rencontre Ven 11 JUIL 10H30 JIMMY’S HALL 10H30 Têtes de jazz LEE KONITZ… SAM 12 JUIL DIM 13 JUIL LUN 14 JUIL mAr 15 JUIL RÉPUBLIQUE 20H15 ZERO THEOREM 13H00 14H00 PARTIE DE … HIPPOCRATE 12H40 14H30 DU GOUDRON ET… ZERO THEOREM 13H45 AU FIL D’ARIANE 12H10 14H20 LE SEL DE LA TERRE RÉSISTANCE NATURELLE 16H00 17H50 PEAU D’ÂNE JIMMY’S HALL 16H3018H40 PROCÈS DE V. AMSALEM DU GOUDRON ET… 15H4017H40 DEUX JOURS, UNE NUIT LE SEL DE LA TERRE 16H1017H40 ADIEU AU LANGAGE BLUE RUIN 20H00 22H00 HIPPOCRATE JIMMY’S HALL 20H30 PROCÈS DE V. AMSALEM 19H5021H30 VIVIAN MAIER ZERO THEOREM 19H3021H30 PALERME BLUE RUIN 11H30 ROUCAUTE 17H00 Concert 18H40 DUO JAUVAIN/ MOUZAC OTHELLO 20H40 COMME LE VENT 11H30 ROUCAUTE Concert Concert 10H30 Rencontre LE TABLEAU 10H30 PEAU D’ÂNE 10H30 Têtes de jazz JAZZ RACINE HAITI 14H00 XÉNIA 10H30 LE PETIT ROI… 10H30 UNE VIE DE CHAT 11H00 PARTIE DE CAMPAGNE 10H30 AU FIL D’ARIANE 12H15 ZERO THEOREM 11H50 XÉNIA Concert 11H45 HIPPOCRATE 11H50 JIMMY’S HALL 12H00 LE SEL DE LA TERRE 12H15 ADIEU AU LANGAGE 11H30 ROUCAUTE Concert 10H30 11H50 PARFUM DE LA CAROTTE BLUE RUIN 12H00 DU GOUDRON ET… 12H00 PROCÈS DE V. AMSALEM 11H40 XÉNIA 11H30 ROUCAUTE Concert 10H30 Rencontre AZUR ET ASMAR 10H30 PEAU D’ÂNE 14H00 ZERO THEOREM 17H00 Concert 18H40 DUO JAUVAIN/ MOUZAC AU FIL D’ARIANE 20H45 HIPPOCRATE 20H0021H45 DU GOUDRON ET… RÉSISTANCE NATURELLE 19H5021H50 JIMMY’S HALL OTHELLO 20H0021H45 BLUE RUIN XÉNIA 20H45 ZERO THEOREM 14H30 Rencontre 11H30 ROUCAUTE RÉPUBLIQUE manutention 16H1018H00 DEUX JOURS, UNE NUIT COMME LE VENT 14H00 ZERO THEOREM 13H45 14H40 16H45 18H40 PARTIE DE… JIMMY’S HALL BLUE RUIN LE SEL DE LA TERRE 10H30 11H45 14H00 15H5018H00 CONTES DE LA MÈRE… PROCÈS DE V. AMSALEM DU GOUDRON ET… HIPPOCRATE PALERME 10H30 Têtes de jazz 13H50 16H0018H15 JOACHIM KüHN SOLO LE SEL DE LA TERRE PROCÈS DE V. AMSALEM ADIEU AU LANGAGE 12H10 14H10 16H0017H45 MACBETH PEAU D’ÂNE VIVIAN MAIER COMME LE VENT RÉPUBLIQUE manutention 11H30 ROUCAUTE 5 CAMERAS BRISÉES RÉPUBLIQUE manutention 20H0022H00 JIMMY’S HALL HIPPOCRATE 20H45 DU GOUDRON ET… 19H5021H50 LE SEL DE LA TERRE BLUE RUIN 20H0021H40 BLUE RUIN XÉNIA 11H00 Rencontre RÉPUBLIQUE manutention 14H40 DU GOUDRON ET… 14H00 JIMMY’S HALL 12H15 14H30 PROCÈS DE V. AMSALEM BLUE RUIN 17H0018H00 PARTIE DE CAMPAGNE HIPPOCRATE 16H3018H30 AU FIL D’ARIANE PROCÈS DE V. AMSALEM 16H1018H00 PEAU D’ÂNE VIVIAN MAIER 16H1518H15 MACBETH RÉSISTANCE NATURELLE Concert 14H00 Rencontre PALERME ERNEST ET CELESTINE RÉPUBLIQUE manutention 11H45 HIPPOCRATE 12H30 LE SEL DE LA TERRE 18H00 19H00 20H45 PARTIE DE CAMPAGNE BLUE RUIN JIMMY’S HALL 14H20 16H3018H40 20H50 LE SEL DE LA TERRE JIMMY’S HALL PROCÈS DE V. AMSALEM HIPPOCRATE 13H50 16H0018H00 20H1022H10 PROCÈS DE V. AMSALEM HIPPOCRATE ZERO THEOREM LE SEL DE LA TERRE BLUE RUIN 14H15 15H4517H45 19H3021H20 ADIEU AU LANGAGE DEUX JOURS, UNE NUIT VIVIAN MAIER DU GOUDRON ET… DU GOUDRON ET… LA DANZA DE LA REALIDAD 14H00 OTHELLO 17H00 Concert 18H40 DUO JAUVAIN/ MOUZAC COMME LE VENT 14H00 Rencontre 17H00 DES OISEAUX, PETITS ET GROS JIMMY’S HALL 19H10 HIPPOCRATE 20H45 PALERME 21H10 BLUE RUIN 20H0021H40 RÉSISTANCE NATURELLE ZERO THEOREM 20H15 PROCÈS DE V. AMSALEM 19H3021H40 COMME LE VENT OTHELLO 14H00 DU GOUDRON ET… 14H10 BLUE RUIN 13H50 PALERME 15H5018H10 PROCÈS DE V. AMSALEM DU GOUDRON ET… 16H0018H10 ZERO THEOREM LE SEL DE LA TERRE 15H5017H45 PEAU D’ÂNE VIVIAN MAIER 14H00 XÉNIA 17H00 Concert 18H40 20H45 DUO JAUVAIN/ MOUZAC DEUX JOURS, UNE NUIT MACBETH 14H00 Rencontre 13H50 HIPPOCRATE 14H10 JIMMY’S HALL 14H00 LE SEL DE LA TERRE 17H00 18H10 PARTIE DE … PROCÈS DE V. AMSALEM 15H5017H45 PEAU D’ÂNE JIMMY’S HALL 16H1518H15 PALERME BLUE RUIN 16H1017H45 ADIEU AU LANGAGE ZERO THEOREM 20H30 LE SEL DE LA TERRE 19H5021H40 DU GOUDRON ET… DEUX JOURS, UNE NUIT 20H1022H00 HIPPOCRATE ZERO THEOREM 19H5021H30 VIVIAN MAIER RÉSISTANCE NATURELLE 14H00 COMME LE VENT 17H00 Concert 18H40 DUO JAUVAIN/ MOUZAC AU FIL D’ARIANE 20H45 OTHELLO 16H00 Rencontre 20H00 Avant-première22H00 BLUE RUIN 19H45 21H50 JIMMY’S HALL HIPPOCRATE 20H40 PROCÈS DE V. AMSALEM 20H00 (D) 21H30 ADIEU AU LANGAGE ZERO THEOREM HAMLET GOES BUSINESS 12H10 VIVIAN MAIER 12H15 BLUE RUIN 12H00 PALERME 14H00 DU GOUDRON ET… 13H50 JIMMY’S HALL 14H00 PROCÈS DE V. AMSALEM 14H00 COMME LE VENT 16H00 HIPPOCRATE 16H15 (D) AU FIL D’ARIANE 16H10 DU GOUDRON ET… 11H30 Concert GAËL MEVEL 14H00 LE SEL DE LA TERRE 17H00 Concert 18H40 DUO JAUVAIN/ MOUZAC MACBETH TIMBUKTU 18H50 (D) PARTIE DE CAMPAGNE 18H00 (D) RÉSISTANCE NATURELLE 18H15 (D) XÉNIA 18H00 (D) DEUX JOURS, UNE NUIT TIMBUKTU 20H45 LE SEL DE LA TERRE SÉANCES POUR LES MALENTENDANTS : Au fil d’Ariane le mardi 1/07 à 16h10, Bird people le vendredi 4/07 à 16h10 (à République) et On a failli être amies le jeudi 17/07 à 16h15 manutention 11H00 Rencontre 16 10H30 LES 3 BRIGANDS 11H00 PARIS, TEXAS 10H30 PEAU D’ÂNE mer JUIL ROBYN ORLIN, DE JOHANNESBURG… RÉPUBLIQUE manutention JEU 17 JUIL Ven 18 13H50 HIPPOCRATE 13H45 DU GOUDRON ET… 12H15 14H00 ON A FAILLI ÊTRE AMIES COMME LE VENT MY ARCHITECT 10H30 ERNEST ET CELESTINE 10H30 PEAU D’ÂNE 11H00 Rencontre JUIL 12H00 JIMMY’S HALL 12H00 HIPPOCRATE 12H15 DU GOUDRON ET… 14H10 LE SEL DE LA TERRE 14H00 VIVIAN MAIER 14H00 ZERO THEOREM 14H00 COMME LE VENT 11H30 Concert GAEL MEVEL 14H00 17H00 Concert 18H30 20H45 L’HOMME QU’ON AIMAIT… DUO JAUVAIN/MOUZAC L’HOMME QU’ON AIMAIT… PARIS, TEXAS 13H45 JIMMY’S HALL 12H10 13H45 LES SŒURS QUISPE LE SEL DE LA TERRE 12H00 14H10 PROCÈS DE V. AMSALEM HIPPOCRATE 12H00 14H00 PALERME DU GOUDRON ET… RÉPUBLIQUE 11H30 Concert GAEL MEVEL manutention 11H40 ZERO THEOREM 11H50 L’ESPRIT DE 45 12H00 COMME LE VENT 12H10 BLUE RUIN SAM 19 10H30 LE PETIT ROI… JUIL 11H30 Concert GAEL MEVEL RÉPUBLIQUE manutention DIM 20 JUIL manutention LUN JUIL RÉPUBLIQUE manutention mAr 22 JUIL RÉPUBLIQUE 19H3021H40 JIMMY’S HALL ZERO THEOREM 19H5021H50 LE SEL DE LA TERRE MEAN STREETS 20H0022H00 HIPPOCRATE BLUE RUIN 19H4521H30 DU GOUDRON ET… PARIS, TEXAS 10H30 PEAU D’ÂNE 17H15 PROCÈS DE V. AMSALEM 15H5018H00 LE SEL DE LA TERRE ON A FAILLI ÊTRE AMIES 16H1518H10 PEAU D’ÂNE VIVIAN MAIER 16H0018H00 PALERME LES SŒURS QUISPE 13H50 JIMMY’S HALL 14H10 HIPPOCRATE 14H10 DU GOUDRON ET… 14H00 17H00 Concert 18H40 L’HOMME QU’ON AIMAIT… DUO JAUVAIN/MOUZAC MACBETH 16H0017H40 LES SŒURS QUISPE JIMMY’S HALL 15H4017H45 ZERO THEOREM LE SEL DE LA TERRE 16H1518H10 DU GOUDRON ET… ON A FAILLI ÊTRE AMIES 15H4017H50 COMME LE VENT OTHELLO 20H45 L’HOMME QU’ON AIMAIT… 19H4521H45 HIPPOCRATE LE SEL DE LA TERRE 19H5022H00 PROCÈS DE V. AMSALEMBLUE RUIN 20H0021H45 DU GOUDRON ET… ZERO THEOREM 19H4021H45 MEAN STREETS LES SŒURS QUISPE 14H00 17H00 Concert 18H30 20H40 L’HOMME QU’ON AIMAIT… DUO JAUVAIN/MOUZAC L’HOMME QU’ON AIMAIT… PARIS, TEXAS 11H30 JIMMY’S HALL 12H00 HIPPOCRATE 11H50 LE SEL DE LA TERRE 11H30 ROUCAUTE 14H00 17H00 Concert 18H30 20H45 L’HOMME QU’ON AIMAIT… DUO JAUVAIN/MOUZAC L’HOMME QU’ON AIMAIT… BLUE RUIN Concert 10H30 Rencontre UNE VIE DE CHAT 19H4521H50 JIMMY’S HALL HIPPOCRATE 20H1022H10 LE SEL DE LA TERRE BLUE RUIN 20H0021H45 ON A FAILLI ÊTRE AMIES ZERO THEOREM 19H3021H40 PROCÈS DE V. AMSALEMMACBETH 13H45 PROCÈS DE V. AMSALEM 13H40 ZERO THEOREM 14H00 ON A FAILLI ÊTRE AMIES 14H00 DU GOUDRON ET… LE PARFUM DE LA CAROTTE 21 19H5021H50 ZERO THEOREM MEAN STREETS 19H4522H00 PROCÈS DE V. AMSALEMON A FAILLI ÊTRE AMIES 20H2022H10 BLUE RUIN DU GOUDRON ET… 14H00 Rencontre LA COUR DE BABEL 13H50 JIMMY’S HALL 10H30 11H30 13H45 CONTES DE LA MÈRE… PROCÈS DE V. AMSALEM HIPPOCRATE 10H30 12H30 14H10 AZUR ET ASMAR VIVIAN MAIER LE SEL DE LA TERRE 11H50 13H40 PEAU D’ÂNE PALERME 10H30 Rencontre 15H5018H00 MEAN STREETS VIVIAN MAIER 15H5018H00 COMME LE VENT ZERO THEOREM 16H1018H00 PEAU D’ÂNE HIPPOCRATE 15H5017H40 OTHELLO DU GOUDRON ET… 20H30 Rencontre Contraluz LES SŒURS QUISPE 20H30 L’HOMME QU’ON AIMAIT… LES REVES DANSANTS… 11H30 Concert GAEL MEVEL 16H1518H10 ON A FAILLI ÊTRE AMIES JIMMY’S HALL 15H4517H45 OTHELLO LE SEL DE LA TERRE 16H0017H45 DU GOUDRON ET… HIPPOCRATE 16H1018H20 PROCÈS DE V. AMSALEMPALERME 20H30 L’HOMME QU’ON AIMAIT… 13H45 16H00 17H45 L’HOMME QU’ON AIMAIT… ON A FAILLI ÊTRE AMIES PARIS, TEXAS 11H00 Rencontre RÉPUBLIQUE 19H20 21H15 HIPPOCRATE ZERO THEOREM 15H5018H00 19H5021H50 LE SEL DE LA TERRE ON A FAILLI ÊTRE AMIES LE SEL DE LA TERRE MEAN STREETS 15H4017H45 20H0022H00 MACBETH PROCÈS DE V. AMSALEM JIMMY’S HALL DU GOUDRON ET… 16H1018H15 20H1522H00 ZERO THEOREM PALERME DU GOUDRON ET… BLUE RUIN 14H00 17H00 Concert 18H45 L’HOMME QU’ON AIMAIT… DUO JAUVAIN/MOUZAC LES SŒURS QUISPE TOUT SEUL AVEC MON CHEVAL… 10H30 LE TABLEAU 17H00 JIMMY’S HALL 11H30 Concert GAEL MEVEL 11H00 Rencontre RÉPUBLIQUE manutention 12H10 VIVIAN MAIER 14H00 Rencontre… L’ESPRIT DE 45 14H00 Rencontre 12H15 ZERO THEOREM 11H30 MEAN STREETS 12H10 DU GOUDRON ET… 11H30 ROUCAUTE Concert 16H00 17H50 (D) PEAU D’ÂNE MACBETH 15H4017H45 JIMMY’S HALL COMME LE VENT 15H5017H50 HIPPOCRATE LES SŒURS QUISPE 15H5018H00 LE SEL DE LA TERRE DU GOUDRON ET… 20H00 22H00 ZERO THEOREM DU GOUDRON ET… 19H5021H45 PALERME MEAN STREETS 19H3021H20 ON A FAILLI ÊTRE AMIES PARIS, TEXAS 19H4521H30 VIVIAN MAIER JIMMY’S HALL 17H00 19H4521H45 JIMMY’S HALL ON A FAILLI ÊTRE AMIES 16H2018H00 19H5021H45 VIVIAN MAIER ON A FAILLI ÊTRE AMIES HIPPOCRATE ZERO THEOREM 15H5017H50 19H4521H50 HIPPOCRATE DU GOUDRON ET… LE SEL DE LA TERRE MEAN STREETS 15H45 18H00 (D) 20H00 (D) 22H10 PROCÈS DE V. AMSALEMOTHELLO COMME LE VENT BLUE RUIN QU’ALLEZ-VOUS FAIRE DE VOS 20 ANS ? PARIS, TEXAS 14H15 JIMMY’S HALL 13H45 LE SEL DE LA TERRE 14H00 LES SŒURS QUISPE 14H00 17H00 Concert 18H40 L’HOMME QU’ON AIMAIT… DUO JAUVAIN/MOUZAC PALERME 20H40 L’HOMME QU’ON AIMAIT… MARRE DE LA PRESSE DÉTENUE PAR LE GRAND CAPITAL ? BESOIN D’UNE FEUILLE DE CHOUX MADE IN INDEPENDANT : Demandez LE RAVI, FAKIR et l’AGE DE FAIRE à la caisse du cinéma ! manutention mer 23 JUIL 11H00 Rencontre 10H30 ERNEST ET CELESTINE 10H30 PEAU D’ANE RÉPUBLIQUE manutention JEU 10H30 LE TABLEAU 24 JUIL Ven 10H30 LES 3 BRIGANDS 25 JUIL RÉPUBLIQUE manutention SAM 10H30 LE PETIT ROI… 26 JUIL RÉPUBLIQUE manutention DIM 27 JUIL RÉPUBLIQUE 15H4017H50 L’HOMME QU’ON AIMAIT… HIPPOCRATE 15H4517H45 JIMMY’S HALL PALERME 16H3018H20 ON A FAILLI ETRE AMIES LE SEL DE LA TERRE 16H1018H20 ZERO THEOREM LES SŒURS QUISPE 19H5021H40 AU PREMIER REGARD HIPPOCRATE 19H4521H50 L’HOMME QU’ON AIMAIT… ZERO THEOREM 20H30 LA PRINCESSE KAGUYA 20H0022H10 JIMMY’S HALL BLUE RUIN 11H30 ROUCAUTE 17H00 Concert18H30 DUO JAUVAIN/MOUZAC DU GOUDRON ET… 20H20 PROCES DE V. AMSALEM 10H30 CONTES DE LA MÈRE… Concert 12H00 HIPPOCRATE 12H00 LE SEL DE LA TERRE 12H10 JIMMY’S HALL 12H00 PROCES DE V. AMSALEM 11H30 ROUCAUTE RÉPUBLIQUE manutention 13H50 VIVIAN MAIER 12H00 13H45 DU GOUDRON ET… AU PREMIER REGARD 12H20 14H30 PROCES DE V. AMSALEM LE SEL DE LA TERRE 12H00 14H10 MEAN STREETS PALERME KAPITALISM, NOTRE RECETTE SECRÊTE Concert 14H00 PARIS, TEXAS 14H00 Rencontre 17H40 JIMMY’S HALL 14H10 16H0018H15 AU PREMIER REGARD L’HOMME QU’ON AIMAIT… LES SŒURS QUISPE 14H20 16H0018H00 VIVIAN MAIER PALERME LA PRINCESSE KAGUYA 14H10 16H0018H10 ON A FAILLI ETRE AMIES PEAU D’ANE AU PREMIER REGARD 19H4021H45 L’HOMME QU’ON AIMAIT… MEAN STREETS 19H4521H45 HIPPOCRATE JIMMY’S HALL 20H40 LE SEL DE LA TERRE 20H0022H00 ZERO THEOREM BLUE RUIN 14H10 DU GOUDRON ET… 17H00 Concert 18H30 DUO JAUVAIN/MOUZAC PARIS, TEXAS 21H10 DU GOUDRON ET… 14H00 Rencontre 17H50 PALERME 16H2018H00 VIVIAN MAIER LES SŒURS QUISPE 16H0018H10 MEAN STREETS HIPPOCRATE 16H2018H10 DU GOUDRON ET… JIMMY’S HALL 19H5022H00 PROCES DE V. AMSALEM JIMMY’S HALL 19H4021H30 AU PREMIER REGARD LE SEL DE LA TERRE 20H1022H15 ZERO THEOREM BLUE RUIN 20H1522H00 DU GOUDRON ET… HIPPOCRATE PIERROT LE FOU 12H00 AU PREMIER REGARD 12H00 L’HOMME QU’ON AIMAIT… 12H00 PEAU D’ANE 12H00 BLUE RUIN 14H20 HIPPOCRATE 13H50 LE SEL DE LA TERRE 13H45 PARIS, TEXAS 11H30 ROUCAUTE 14H00 17H00 Concert 18H30 20H45 LA PRINCESSE KAGUYA DUO JAUVAIN/MOUZAC L’HOMME QU’ON AIMAIT… ON A FAILLI ETRE AMIES Concert HER 12H00 L’HOMME QU’ON AIMAIT… 12H10 ON A FAILLI ETRE AMIES 12H00 LE SEL DE LA TERRE 12H10 VIVIAN MAIER 14H15 DU GOUDRON ET… 14H00 JIMMY’S HALL 14H10 PROCES DE V. AMSALEM 14H00 LES SŒURS QUISPE 16H0018H00 AU PREMIER REGARD ON A FAILLI ETRE AMIES 16H1018H10 HIPPOCRATE LE SEL DE LA TERRE 16H3018H20 PEAU D’ANE ZERO THEOREM 15H4018H10 LA PRINCESSE KAGUYA VIVIAN MAIER 11H30 ROUCAUTE 14H00 PARIS, TEXAS 17H00 Concert 18H30 20H45 DUO JAUVAIN/MOUZAC PROCES DE V. AMSALEM PALERME 11H30 LA PRINCESSE KAGUYA 11H15 PARIS, TEXAS 12H00 LE SEL DE LA TERRE 11H45 JIMMY’S HALL 14H10 L’HOMME QU’ON AIMAIT… 13H50 AU PREMIER REGARD 14H10 HIPPOCRATE 13H45 ZERO THEOREM 16H2018H10 ON A FAILLI ETRE AMIES LES SŒURS QUISPE 15H5017H40 DU GOUDRON ET… AU PREMIER REGARD 16H1018H00 PEAU D’ANE PROCES DE V. AMSALEM 15H5018H00 JIMMY’S HALL PALERME 11H30 ROUCAUTE 14H10 17H00 Concert 18H20 PROCES DE V. AMSALEM DUO JAUVAIN/MOUZAC PARIS, TEXAS Concert Concert 20H0021H50 AU PREMIER REGARD MEAN STREETS 20H2022H20 HIPPOCRATE DU GOUDRON ET… 20H30 L’HOMME QU’ON AIMAIT… 20H0022H00 JIMMY’S HALL BLUE RUIN 19H4522H10 LA PRINCESSE KAGUYA ZERO THEOREM 19H4021H50 LE SEL DE LA TERRE L’HOMME QU’ON AIMAIT… 20H1022H00 DU GOUDRON ET… BLUE RUIN 20H0021H40 VIVIAN MAIER HIPPOCRATE 21H00 MEAN STREETS UTOPIA RÉPUBLIQUE PREND QUELQUES VACANCES manutention LUN 28 JUIL manutention mAr 29 JUIL 12H00 AU PREMIER REGARD 12H00 ZERO THEOREM 12H10 DU GOUDRON ET… 12H00 LES SŒURS QUISPE 13H50 LA PRINCESSE KAGUYA 14H10 L’HOMME QU’ON AIMAIT… 14H00 JIMMY’S HALL 13H45 LE SEL DE LA TERRE 16H2018H30 PROCES DE V. AMSALEM VIVIAN MAIER 16H30 18H30 PALERME L’HOMME QU’ON AIMAIT… 16H1018H10 HIPPOCRATE DU GOUDRON ET… 15H4517H30 PEAU D’ANE JIMMY’S HALL 20H1021H50 ON A FAILLI ETRE AMIESHIPPOCRATE 20H45 (D) PARIS, TEXAS 20H0021H45 BLUE RUIN MEAN STREETS 19H3021H30 LE SEL DE LA TERRE AU PREMIER REGARD 11H30 LA PRINCESSE KAGUYA 11H50 JIMMY’S HALL 12H00 LE SEL DE LA TERRE 12H10 BLUE RUIN 14H00 AU PREMIER REGARD 14H00 LE SEL DE LA TERRE 14H10 DU GOUDRON ET… 14H00 (D) VIVIAN MAIER 15H50 18H00 (D) L’HOMME QU’ON AIMAIT… ON A FAILLI ETRE AMIES 16H00 18H10 (D) HIPPOCRATE PALERME 16H00 (D) 17H50 (D) PEAU D’ANE MEAN STREETS 15H50 (D) 18H10 (D) PROCES DE V. AMSALEM LE SEL DE LA TERRE 19H50 22H00 L’HOMME QU’ON AIMAIT… DU GOUDRON ET… 20H10 (D) 22H10 HIPPOCRATE AU PREMIER REGARD 20H10 22H10 (D) JIMMY’S HALL BLUE RUIN 20H10 (D) 21H40 (D) LES SŒURS QUISPE ZERO THEOREM MIDI-PY RÉNÉES FAIT SON CIRQUE ÎLE PIOT CIE ENDOGÈNE BÊTES DE FOIRE PETIT THÉÂTRE DE GESTES PSiRC LA MONDIALE GÉNÉRALE CIE YIFAN CIE EL NUCLEO ALEXIS ROUVRE MAGMANUS OKTOBRE LE LIDO, CENTRE DES ARTS DU CIRQUE DE TOULOUSE Nouveau Monde DDB Toulouse © DR L’ATTRACTION CÉLESTE FAIT SON CIRQUE EN AV IG N O N DU 10 AU 26 JUILLET 2014 Le conte de la Princesse Kaguya Film d'animation d'Isao TAKAHATA Japon 2013 2h17 VOSTF VISIBLE PAR TOUS, ENFANTS À PARTIR DE 10 ANS Les yeux s'écarquillent, la bouche s’entrouvre de béatitude, tous nos poils se hérissent de bonheur, on se sent empreint d'une sérénité semblable à celle qui s'emparerait de nous si nous étions téléportés au printemps au pied du mont Fujiyama alors que les fleurs des cerisiers s'envolent et qu'un léger vent fait frémir les rizières… C'est l'effet Princesse Kaguya… Cette merveille de film d'animation est l'œuvre d'Isao Takahata, l'alter ego de Hayao Miyazaki au sein des désormais légendaires Studios Ghibli. Un alter ego moins célèbre, moins productif mais tout aussi talentueux, dont les chefs d'œuvre étaient jusqu'à présent Le Tombeau des lucioles et Mes voisins les Yamada. Mais c'était avant Le Conte de la Princesse Kaguya… Au soir de sa vie, Takahata est allé chercher, très loin dans le temps mais pas si loin dans l'imaginaire nippon, un conte millénaire, celui du « Coupeur de bambous », écrit probablement à la fin du ixe siècle mais que tout petit Japonais connaît aussi bien que nous connaissons la souris verte ou le corbeau et son calendos coulant. L'histoire suit un couple, un vieux coupeur de bambous et sa femme, dont la vie pourrait être heureuse s'ils étaient parvenus à avoir un enfant. Jusqu'au jour où, après un coup de machette miraculeux, le brave homme découvre au creux d'un bambou un nourrisson, une petite fille, cadeau de la nature. Ils l'adoptent, fous de joie, et tout serait normal si l'enfant ne grandissait exceptionnellement vite, au point de devenir en un rien de temps une superbe jeune fille. Et ce au moment où le coupeur de bambous trouve par hasard une pépite d'or dans laquelle il voit un signe du destin : il financera ainsi l'avenir de sa fille qu'il compte bien emmener à la ville pour en faire une princesse qui pourra être mariée aux plus grands notables de l'Empire. Tout en respectant le récit au premier degré du conte, Takahata en fait une merveilleuse allégorie sur le temps qui passe bien trop vite, nous menant à la fin inéluctable (le film prend là des allures testamentaires), et sur la liberté. La jeune princesse, au départ émoustillée par le faste, les beaux tissus, les palais, comprend vite, alors qu'on veut lui imposer les codes de la femme aristocratique japonaise (noircir ses dents, raser ses sourcils, être posée et soumise) et que les prétendants (y compris l'Empereur) se pressent pour avoir sa main, que la liberté et le bonheur ne sont pas là mais du côté des champs où elle imitait (scène géniale) les grenouilles et riait avec ses amis garçons de ferme. Visuellement c'est éblouissant, à vingt mille lieues de l'esthétique dominante de l'animation japonaise : Takahata a travaillé avec différentes techniques, notamment l'esquisse et le fusain, son trait évoque les estampes traditionnelles, débarrassées de leur hiératisme pour leur apporter une douceur propre à l'univers du réalisateur, douceur qui convient bien à la description sereine des paysages ruraux et de la nature luxuriante. Côté animation, c'est parfois vraiment bluffant, comme dans cette scène incroyable où Kaguya, fuyant ses prétendants à grandes enjambées, devient dans un maelström graphique un tourbillon presque abstrait. Face à une telle merveille, on voudrait que les deux géants que sont Takahata (78 ans) et Miyazaki (73 ans) poursuivent leur œuvre et deviennent centenaires, sinon on va se sentir bien orphelins… Gazette Utopia Avignon SARL Les Films du potager 4, rue escaliers Sainte-Anne 84000 Avignon Responsable de publication : Patrick Guivarc’h Imprimeur : Rotimpres Carrer Pla de l’Estany 17181 Aiguaviva (Girona) CINQ ANS APRÈS LE « PARI » DE LA FERMETURE D’UN COLLÈGE ZEP À AVIGNON ! (suite) Situé dans un quartier considéré comme extrêmement défavorisé, le collège Giera a fermé ses portes en 2009 et les élèves ont été « intégrés » pour la grande majorité dans deux établissements de bonne réputation de l’intra-muros d’Avignon : les collèges Mistral et Vernet. Il y a quelques semaines, devant la menace de perte de postes et l’augmentation mécanique des effectifs des classes (trente élèves), un mouvement des professeurs du collège Vernet a mis en lumière la dégradation de leur établissement qui, en recevant des élèves de Giera, devait pourtant être un laboratoire de la réussite de la mixité sociale. Nous avons publié dans notre précédente gazette les réflexions d’une partie de l’équipe éducative de ce collège (vous pouvez retrouver ce document sur cinemas-utopia.org/avignon). Aujourd’hui nous vous proposons celles de membres du Groupe de Réflexion des Politiques Publiques qui, en 2009, avaient pris parti pour la fermeture du collège Giera. En 2009, nous avions pris parti pour la fermeture du collège Giera, estimant négatif pour la réussite scolaire des collégiens, leur maintien dans des situations de ségrégation qui généraient « captivité » et inégalités. Nous proposions de promouvoir la mobilité des jeunes et des familles, de repenser la carte scolaire et de mettre en œuvre un projet éducatif ainsi qu’un accompagnement afin de faciliter l’accessibilité des jeunes aux équipements et services de la ville dans son ensemble. Des avancées positives mais des inégalités qui persistent Le texte paru dans la précédente gazette, et avec lequel nous sommes en accord, présente les aspects positifs de la venue des élèves de l’ex-Giera dans les collèges Mistral et Vernet, grâce à une scolarité dans un contexte de plus grande diversité sociale et de meilleure appropriation du centre-ville par les jeunes. Il en situe aussi les limites. Ne pas laisser des enfants poursuivre une scolarité dans un environnement accentuant les inégalités représentait un choix nécessaire, mais remettre de la mixité sociale dans l’école ne suffit pas pour inverser les résultats scolaires et pour lutter contre les inégalités. Ce différentiel est également le produit d’autres facteurs : le déficit des ressources culturelles des familles populaires par rapport aux savoirs dominants et à la culture scolaire, les limites d’un système scolaire souvent démuni et trop seul devant la complexité des problématiques sociales, la tendance à l’évitement de ces établissements par les familles ayant la compréhension des stratégies promotionnelles, mais aussi l’insuffisance de volonté politique et de projet partagé entre les services publics concernés. La fragilisation des situations familiales et le système éducatif de plus en plus compétitif et opaque pour les familles populaires jouent également dans l’augmentation des inégalités. En effet le système scolaire exige de mobiliser des connaissances livrées à l’école mais aussi, et en plus grand nombre, des connaissances autres, implicites, délivrées par les familles les plus favorisées. On ne peut cependant tout renvoyer aux problèmes des publics, sans interpeller les institutions sur leur responsabilité dans la réduction des inégalités. En effet cette démarche ambitieuse relève d’une responsabilité collective : de l’Education Nationale d’abord, sur le plan du parcours pédagogique des enfants, des moyens spécifiques alloués et, de façon évidente, du nombre nécessaire d’adultes encadrant les élèves, mais tout autant du Conseil Général qui, depuis le début de la démarche aurait dû accroitre ses engagements et la mobilisation transversale de ses différents services (éducation, action sociale, prévention, culture…), dans le cadre d’un projet éducatif dépassant les seules préoccupations financières. Penser à la fois la réussite scolaire et éducative Malgré 30 années d’éducation prioritaire et de discrimination positive, les résultats scolaires des jeunes des quartiers populaires connaissent toujours des écarts importants en leur défaveur. Il faudrait sans doute sortir du modèle binaire centré sur les savoirs scolaires pour faire une place aux compétences acquises dans l’éducation non formelle, et penser les trajectoires de façon moins normative. Il s’agirait également de travailler à la mobilité physique et psychique des jeunes des quartiers populaires par une politique de flux fondée sur leur accès à l’ensemble des ressources éducatives et scolaires de la ville, dans le cadre d’un véritable projet éducatif local qui, à ce jour, fait défaut sur Avignon. L’amélioration des résultats scolaires passe aussi par une reconnaissance des compétences et des cultures des familles populaires qui souffrent de statuts fragiles à tous égards, de l’ethnicisation des rapports sociaux, subissent un déni social important et sont souvent désignées comme responsables de l’échec de leurs enfants. L’éducation, une responsabilité partagée Ce constat appelle l’élaboration d’un projet d’éducation partagé avec, dans et autour de l’école, l’instauration d’une démarche commune permettant la sécurisation des parcours (on n’apprend bien que dans un cadre sécurisant), car les enfants des milieux populaires sont plus que d’autres dans des situations d’insécurité sociale et de ruptures diverses qu’il faut les aider à dépasser. Il conviendrait de mobiliser la complémentarité des différentes compétences professionnelles pour accompagner les jeunes vers des trajectoires de réussite éducative, en valorisant la réussite scolaire certes, mais aussi le développement personnel, les socialités et les différents apprentissages. Ainsi, pour ce qui concerne Mistral et Vernet, si l’on veut éviter que les formes de ségrégation ne fassent que se déplacer de la périphérie vers le centre (avec la fuite de certains publics vers le privé), il est temps d’opposer une approche réellement politique autour d’un projet éducatif qui demande un engagement clair de la part des Collectivités Locales et de l’Etat, dans une volonté affirmée à la hauteur des enjeux. Latif Dehy, Corinne Dessis, Bruno Carlon ([email protected]) LES SOEURS QUISPE La séance du jeudi 17 juillet à 20h30 sera suivie d’une rencontre avec María Paz Santibañez, attachée culturelle à l’ambassade du Chili à Paris. Écrit et réalisé par Sebastian SEPULVEDA Chili 2013 1h20 VOSTF avec Digna Quispe, Catalina Saavedra, Francisca Gavilan… D'après la pièce Las Brutas, de Juan Radrigan C'est un film aussi beau et aride que les paysages minéraux au cœur desquels il se déroule, que les visages burinés de ses trois personnages. Un film d'un minimalisme puissant, dont on pourrait croire au premier abord qu'il ne raconte rien ou presque alors qu'il relate une histoire vraie, une histoire ordinaire qui s'imposa pourtant comme un événement majeur de l'histoire du Chili, que le récit de ce fait divers marqua durablement son peuple et inspira une pièce de théâtre dont est adapté le film du jeune Sebastian Sepulveda. Nous sommes en 1974, aux confins de l'Altiplano chilien, à plus de 4000 mètres d'altitude, là où l'air et la végétation se font rares. Justa, Lucia et Luciana sont trois sœurs, bergères indigènes Coyas entre deux âges. Leur existence minimale et répétitive s'apparente à de la survie, les bergères vivant aux creux de grottes où elles partagent des repas de fromage et de viande séchée tout en tentant d'échapper aux vents glacés. La journée est occupée à la surveillance des animaux, et les conversations du soir, souvent graves, tournent au- tour de la mémoire de leur sœur disparue, victime l'hiver passé d'un coup de froid, et des échecs rencontrés auprès des hommes, auxquels ces femmes déjà avancées en âge semblent avoir renoncé définitivement. Malgré une certaine accoutumance à la solitude, l'année est rythmée par les rencontres avec d'autres bergers. Et quand elles ne les voient plus et que leur parvient la rumeur selon laquelle beaucoup d'entre eux auraient vendu leur troupeau, l'angoisse commence à les envahir, car ce qui leur fait supporter cette rude existence pourrait disparaître. L'arrivée d'un marchand forain, petite parenthèse joyeuse qui voit les trois femmes acheter une robe ou du tissu, va renforcer leur inquiétude : le nouveau pouvoir en place (nous sommes l'année qui suit le coup d'Etat de Pinochet) a décidé d'exproprier les éleveurs de l'Altiplano, coupables selon lui de provoquer la désertification de ces terres rares en végétation. Le monde des trois sœurs Quispe, dont on se demande bien qui il peut déranger, menace d'être réduit à néant. Alors, peu à peu, on sent venir l'inéluctable. L'arrivée d'un étranger en fuite vers la frontière argentine – un homme que les trois sœurs, très loin des bouleversements politiques de Santiago, croient être un voleur – pourrait peut-être changer la donne… Mais peut-on changer une vie qui se perpétue de génération en génération depuis des temps immémoriaux ? Ces bouleversements sont aussi l'occasion pour les trois sœurs taiseuses de se dire des choses et des secrets enfouis qu'elles ont tus, malgré les longues veillées qui se sont succédées pendant des années. Superbement filmé dans un cinémascope digne d'un western de John Ford, le désarroi des sœurs Quispe, au cœur des paysages majestueux qui les ont toujours vu vivre, est bouleversant, d'autant que les trois personnages sont incarnés par des actrices incandescentes de présence quasi-muette : Catalina Saavedra, vue dans La Nana, Francisca Gavilan, alias Violeta, et dans le rôle de l'aînée, la propre cousine des sœurs, Digna Quispe, non professionnelle mais aussi impressionnante que ses collègues. Au final, le film s'avère une ode splendide et tragique à la résistance, ici pour maintenir un mode de vie ancestral face à l'arbitraire des États. Fiesta Grande de Contraluz avec le groupe Son del Puente samedi 28 juin à 20h, restaurant Le Pont d’Avignon, 10 chemin de la Barthelasse à Avignon dizaines de mètres plus loin. Rahul le poursuit dans une cavalcade effrénée mais l'homme se fait écraser accidentellement, la piste de Kali est perdue… UGLY Écrit et réalisé par Anurag KASHYAP Inde 2013 2h06 VOSTF avec Ronit Roy, Tejaswini Kohlhapure, Rahul Bhat, Anshikaa Shristava… Musique de Brian McOmber et Prakash Kumar S'il y a un film qui ne fera pas plaisir à l'office du tourisme de Bombay, c'est bien celui-là ! De l'Inde on ne connaît souvent que les images colorées et surannées de Bollywood, croisement entre l'héritage de l'Inde éternelle et le sentimentalisme de roman photo ; ou, à l'opposé, l'Inde misérabiliste de Salaam Bombay ou de Slumdog Millionnaire, celle des inclassables qui luttent dans les bidonvilles pour leur survie. Mais on connaît moins l'Inde émergente des classes moyennes, celle qui est née avec l'essor économique impressionnant d'un pays qui aspire à devenir une des principales puissances de l'Asie. Eh bien Ugly arrive à point nommé pour nous balancer en plein visage que cette Inde là n'est guère reluisante et encore moins généreuse pour les faibles. Rahul et Shalini sont les deux parents divorcés de Kali, dix ans, une petite fille adorable et capricieuse obsédée par la mode et son portable comme de nombreuses fillettes de par le monde. Rahul est un acteur un peu raté qui court les castings. Quant à Shalini, elle s'est re- mariée avec Shoumik, l'autoritaire chef de la police de Bombay, et vit depuis une existence déprimante et cloîtrée, qu'elle tente d'oublier grâce à l'alcool et aux médicaments. Un jour où le négligent Rahul a laissé Kali dans sa voiture quelques instants, la fillette disparaît. C'est un cauchemar kafkaïen qui commence. Rahul appelle Kali sur son portable, celui-ci sonne dans la poche d'un vendeur de rues quelques Ugly prend le meilleur du cinéma d'action américain ou sud-coréen, imposant un rythme effréné fait de ruptures surprenantes. L'enquête policière autour de l'enlèvement est menée tambour battant mais avec brutalité et désorganisation, montrant au passage la totale incompétence de la police indienne, corrompue, servile et composée d'abrutis, une enquête avec ses incontournables appels masqués des ravisseurs, ses remises de rançons qui tournent mal. Et la musique achève de scotcher le spectateur, déjà saisi par cette atmosphère asphyxiante et hallucinée. Mais Anurag Kashyap va au-delà du thriller haletant et dénonce l'obsession du gain dans un monde où l'enlèvement d'enfants est un commerce courant, mais aussi l'oppression et le mépris dont sont victimes les femmes, qu'elles soient mariées, cloîtrées et dépressives comme Shalini, ou au contraire futiles et totalement soumises aux canons imposées par les médias sexistes comme la maîtresse de Rahul. Et surtout Anurag Kashyap pointe la faillite des valeurs familiales… Après Gangs of Wasseypur, splendide diptyque qui montrait l'ascension sur cinquante ans d'une dynastie de brigands dans une ville moyenne gangrenée par la corruption et le poids des mafias, Anurag Kashyap s'impose, avec son cinéma anti-Bollywood impressionnant d'efficacité et de noirceur, comme un des plus importants cinéastes indiens actuels. les voitures qui changent la ville ! > Profitez de voitures en libre-service 24h/24, pour une heure ou plus avignon.citiz.fr 04 90 22 17 11 Écrit et réalisé par Jeremy SAULNIER USA 2013 1h30 VOSTF avec Macon Blair, Devin Ratray, Amy Hargreaves, Kevin Kolack, Eve Plumb, David W. Thompson… L'accroche est simple, comme souvent dans les bons thrillers, et celuici est excellent, et assez réjouissant… Un homme qui a disparu de la circulation refait surface pour régler de vieux comptes. Alors vous me direz, le gars qui revient de nulle part pour une histoire de vengeance, on a déjà vu ça cent fois. Sauf qu'ici le gars en question n'est ni un vétéran de l'armée ni un expert en arts martiaux ou en explosions, c'est juste un gars comme vous et moi avec ses faiblesses, sa maladresse et son humanité. On pourrait craindre aussi une énième série B sans grand relief, mais que nenni, car le jeune réalisateur mêle savamment tension, violence et humour, comme savent si bien le faire par exemple les frères Coen. Le fait que le personnage principal (Macon Blair, impeccable !) n'ait aucune faculté particulière pour la castagne en fait iné- vitablement une sorte de looser de la vengeance. Se procurer un flingue aux États-Unis est d'habitude un jeu d'enfant… ici cela paraît une transaction insurmontable pour notre anti-héros. Bref ce petit film noir sait créer une ambiance tout à fait singulière qui vaut le détour ! Dwight est un vagabond qui vit sur une plage, il squatte une bagnole qui a jadis été bleue et qui lui sert d'abri. Habillé de guenilles, il se nourrit de ce qui lui tombe sous la main et va prendre un bain dans les baraques laissées vides par leurs occupants dans la journée. Mais un jour les flics du coin débarquent et l'embarquent au poste. On se dit : ça y est, ils vont le mettre en taule pour on ne sait quelle raison… mais en fait pas du tout, les policiers lui apprennent que va sortir de prison l'homme responsable de la mort de ses parents, et ajoutent qu'ils espèrent bien que ça ne modifiera pas son petit train-train de gentil clodo. Sauf que l'information va faire l'effet d'une bombe dans la tête de Dwight et réveiller l'homme qu'il a sans doute été avant ce drame. Une fois relâché par la maréchaussée, il fait un brin de toilette, se rase de près, se donne un coup de peigne et enfile des fringues potables. Et puis deux, trois coups de clé dans le moteur de sa poubelle roulante plus tard, le voilà parti pour la Virginie, sa contrée natale, sans doute pour faire tout le contraire de ce qu'il a juré aux flics : se venger ! Pourquoi cette vengeance ? Quel est le passé de cet homme ? C'est ce que l'on va apprendre petit à petit, au gré des rencontres, tout en apprivoisant ce personnage. En plus de sa double casquette de scénariste-réalisateur, Jeremy Saulnier est également directeur de la photographie, il a notamment travaillé sur Putty Hill et I used to be darker, les deux excellents films de Matt Porterfield (disponibles en Vidéo en Poche), qui brillaient entre autre par la qualité de leur cadre et de leur lumière. Autant dire que les images de Blue ruin sont particulièrement soignées et expressives, au service d'une mise en scène sèche et sans fioriture qui sied parfaitement au genre. Un film noir dans la plus pure tradition américaine, qui prend sa source dans la haine tenace entre deux familles… Voilà qui nous rappelle le premier film de Jeff Nichols, le remarquable Shotgun stories (disponible en Vidéo en Poche). Il se pourrait bien que Jeremy Saulnier soit de la même trempe que le réalisateur de Take shelter et Mud. Festival Avignon 5-27 juillet 2014 relâche le 16 Le Roi se meurt d’Eugène Ionesco 11h - Salle du Chapitre Mise en scène, scénographie Alain Timár * Le temps suspendu de Thuram d’après Véronique Kanor 11h - Salle de la Chapelle Mise en scène, scénographie Alain Timár Confessions de Kim Kwang-lim 14h - Salle du Chapitre Au dehors d’Alain Ubaldi 14h - Salle de la Chapelle Ô vous frères humains d’Albert Cohen 16h - Salle du Chapitre Mise en scène, scénographie Alain Timár Du luxe et de l’impuissance de Jean-Luc Lagarce 16h - Salle de la Chapelle * RENCONTRE AVEC LILIAN THURAM Jeudi 17 juillet à l’issue de la représentation À titre provisoire de Catherine Monin 18h30 - Salle du Chapitre Toni M. de Gaëtan Vassart 18h30 - Salle de la Chapelle Intégrale de la trilogie : Charles Gonzalès devient... d’après les lettres et les textes de Camille Claudel, Thérèse d’Avila et Sarah Kane 21h - Salle du Chapitre Lilith de Julie Recoing 21h - Salle de la Chapelle BILLETTERIE : 04 32 76 24 51 www.theatredeshalles.com THÉÂTRE DES HALLES Rue d u R oi R ené - Av ignon LE PETIT ROI ET AUTRES CONTES Cinq films réalisés par Larjos NAGY et Maria HORVATH Film d’animation Hongrie 2008 41mn Pour les enfants à partir de 4 ans. Autour de l’aventure du Petit roi, le dernier court métrage qui donne son titre à ce programme, venez découvrir cette balade dans les contes et légendes de Hongrie. Grâce au cinéma d’animation nous avons voyagé en Iran, en Russie, en Lettonie, dans les pays Scandinaves, au Japon et dans plein d’autres pays que j’oublie... mais je crois bien que c’est la première fois que la Hongrie animée s’invite sur nos écrans. Au programme, dans l’ordre d’apparition : LE VEAU D’OR : un roi bien décidé à marier ses deux enfants envoie sa fille et son fils sur les routes du royaume à la recherche de celui et de celle qu’ils pourront épouser. Le long chemin est semé d’embûches : réussiront-ils, l’une et l’autre, à trouver l’amour ? LE CHÂTEAU MAUDIT : il était une fois… un merveilleux château, aussi vaste qu’élégant, aussi imposant que fastueusement aménagé. Un jour, le roi décide de le vendre à une jeune femme. Dès la première nuit passée entre ces murs vénérables, la nouvelle propriétaire rencontre un mystérieux chat noir… Mais qui est-il donc ? LE JOUEUR DE FLÛTE : le royaume est inconsolable, la jeune princesse est malade, et aucun médecin n’arrive à trouver un remède pour la soigner. Le roi promet de donner la main de sa fille à celui qui la sauvera. Un jeune berger va tenter sa chance, à l’aide de sa flûte et de son agneau… pas comme les autres. LES TROIS FRÈRES : trois jeunes hommes se voient confier des tâches difficiles par leur père, qui veut les voir devenir rapidement indépendants. Au grand dam de ses deux aînés, Martin va recevoir le soutien surprenant… d’une grenouille ! LE PETIT ROI : la princesse est inconsolable, elle pleure sans repos car elle est boiteuse… Son père le roi offre alors la moitié de son royaume à celui qui la guérira de son handicap. Le petit, tout petit Janko se présente alors pour tenter d’accomplir ce qui pourrait bien s’appeler un miracle… LES TROIS BRIGANDS Hayo FREITAG Allemagne 2007 1h19 avec les voix de Tomi Ungerer en narrateur, et Saïd Amadis, François Siener, Pascal Casanova, Mélanie Maupin, Catherine Cerda... D’après le conte de Tomi Ungerer. Pour les enfants à partir de 3 ans. « Les enfants n’ont pas besoin de livres (films) pour enfants, mais d’histoires bien racontées. » Tomi Ungerer Il était une fois, trois redoutables (ça dépend pour qui) brigands, vêtus de grands manteaux noirs et de hauts chapeaux noirs. Et même quand ils enlevaient leur grand manteau et leur haut chapeau, leur tignasse noire et leur barbe noire faisaient qu’on ne voyait pas vraiment la différence. Sauf quand ils riaient, ce qui leur arrivait somme toute assez souvent, et alors on voyait leurs dents, forcément, blanches. La nuit, quand tout était sombre, ils se mettaient à l’affût au bord de la route qui chemine à travers la forêt. Le premier avait un tromblon. Le deuxième avait un soufflet qui crachait du poivre. Le troisième avait une énorme hache rouge… Et voilà c’est parti ! Parti pour une heure vingt de franches rigolades et de vrais sentiments, de suspense et d’émerveillement, parti pour un régal de dessin animé beau, beau, beau, beau et pas con à la fois, joli mais pas poli, édifiant mais pas gnan-gnan, fantastique et poétique, et en plus quelle musique ! La chanson des Trois brigands, savoureuse, vigoureuse, ravageuse, c’est quelque chose… Tiffany est une petite bondinette qui a bien du malheur puisqu’au début du film elle se retrouve orpheline. Avec ses couettes, sa robe à collerette et ses blanches socquettes, elle ressemble assez à son prénom de petite fille modèle, genre un peu chichiteuse, mais dès qu’elle bouge, dès qu’elle sourit de toutes ses dents moins une, dès qu’elle cause, on change d’avis sur son compte : c’est qu’elle a la langue bien trempée, la môme, et le caractère bien pendu (cherchez l’erreur...) ! Et elle n’a aucune envie de rejoindre le nouveau foyer que la société des adultes a choisi pour elle : l’orphelinat du canton, dont son instinct de gamine maligne lui dit qu’il n’a rien du home sweet home et tout de la prison qui n’ose pas dire son nom. Et figurez vous que ce sont nos trois bons gros brigands, répondant aux doux noms de Rapiat, Grigou et Filou, qui vont faire office de sauveurs de l’orpheline : elle va se débrouiller pour se faire kidnapper par l’inénarrable trio et cette rencontre explosive va tout chambouler dans la forêt et même dans toute la contrée… LES CONTES DE LA MÈRE POULE Trois merveilles de l’animation iranienne Iran 2000 46mn VF Pour les enfants à partir de 2 ans. Le cinéma d’animation iranien est particulièrement riche et vivace et propose un univers enchanteur, avec des techniques d’animation très peu utilisées en occident : les trois films de ce programme ont été réalisées avec du papier découpé, des éléments de textiles découpés ou brodés, avec une inspiration qui rappelle la splendeur des tapis persans. Les histoires témoignent toujours d’un souci éducatif mais jouent aussi avec l’espièglerie et la magie des contes. Quand on vous dit que ce sont trois merveilles, on n’exagère pas... Dans Shangoul et Mangoul, une maman chèvre part au travail. Ses trois chevreaux vont rester seuls à la maison. « N’ouvrez pas la porte, le loup viendrait vous manger. Ouvrez à moi et à moi seule, vous me reconnaîtrez, c’est simple, j’ai une clochette qui tintinabule autour du cou... » Dès que la maman est au travail, le loup pointe son vilain museau, et dans son sac il a plus d’un tour, et même il a une clochette... La séance du mardi 22 juillet à 10h30 sera suivie d’une rencontre avec Alain Gagnol, l’un des réalisateurs. Le Poisson arc-en-ciel... Qu’est ce qu’il est beau, avec ses belles écailles brillantes, de toutes les couleurs! Il rutile, il scintille, il a vraiment fière allure. Tellement fier est ce poisson-là qu’il snobe les autres, qu’il refuse de jouer avec eux... Mais va lui arriver une sacrée mésaventure, qui va l’obliger à se lier d’amitié avec ses copains moins rutilants ! Écrit et réalisé par Alain GAGNOL et Jean-Loup FELICIOLI France 2010 1h05 - avec les voix de Dominique Blanc, Bernadette Lafont, Jean Benguigui, et Bruno Salomone. Lili Hosak raconte l’aventure périlleuse d’un petit poussin un peu trop téméraire. Il échappe à la surveillance du coq et de la poule, ses parents tout fiers d’avoir un si joli rejeton, il s’approche de la mare, sans crier gare... et plouf ! il tombe dedans. Il faudra l’aide de tous les animaux de la ferme pour le tirer de là. UNE VIE DE CHAT Pour les enfants à partir de 6 ans. Un polar visible dès six ans et jusqu’à plus d’âge, une histoire haletante en plus d’être intelligente, des personnages complexes et attachants servis par des dialogues aux petits oignons, le tout couronné par un graphisme à l’élégance inspirée de Modigliani avec des décors magnifiant un Paris revisité ! Cette gageure, on la doit au studio français Folimage installé dans une ancienne cartoucherie à Bourg-lès-Valence dans la Drôme. Alain Gagnol et Jean-Loup Felicioli se sont rencontrés comme objecteurs de conscience à Folimage vingt ans auparavant. Fidèles du studio, dans la lignée de leur travail clairement identifié au travers de leurs courts-métrages, Jean-Loup Felicioli et Alain Gagnol s’ouvrent au long-métrage familial jeune public. Ces deux metteurs en histoires et en images forment un duo talentueux et complet qui a ciselé jusque-là des courts métrages pour adultes dans un parcours imprégné de fantastique, d’étrangeté et de surréalisme. Leurs films présentent une pâte caractéristique dès 1995 avec L’Egoïste leur premier film, suivi de leur série Les Tragédies minuscules jusqu’à l’un de leurs derniers films Le couloir. Leurs influences sont celles de la peinture, de la bande dessinée, de la littérature et du cinéma ; d’ailleurs, le méchant est ouvertement inspiré par le Joe Pesci des films de Martin Scorsese. Dino est un chat qui partage sa vie entre deux maisons. Le jour, il vit avec Zoé, la fillette d’une commissaire de police. La nuit, il escalade les toits de Paris en compagnie de Nico, un cambrioleur d’une grande habileté. Jeanne, la commissaire de police, est sur les dents. Elle doit à la fois arrêter l’auteur de nombreux vols de bijoux, et s’occuper de la surveillance du Colosse de Nairobi, une statue géante convoitée par Costa, le criminel responsable de la mort de son mari policier. Depuis ce drame, la fillette ne dit plus un mot. Les événements vont se précipiter la nuit où Zoé surprend Costa et sa bande. Une poursuite s’engage, qui durera jusqu’au matin, et qui verra tous les personnages se croiser, s’entraider ou se combattre, jusque sur les toits de Notre-Dame... PEAU D’ÂNE Écrit et réalisé par Jacques DEMY France 1970 1h29 avec Catherine Deneuve, Jacques Perrin, Jean Marais, Delphine Seyrig, Micheline Presle… D’après le conte de Charles Perrault POUR LES ENFANTS À PARTIR DE 7 ANS Peau d’âne, c’est encore et toujours un véritable enchantement, porté par la musique et les chansons de Michel Legrand. À voir et à revoir en famille. Jacques Demy harmonise à la perfection la féerie du conte de Charles Perrault, la poésie de Jean Cocteau (La Belle et la bête) et un humour très contemporain. On y découvre des chevaux bleus et d’autres rouges, une robe couleur du temps, une cabane qui scintille, une rose qui parle, un âne banquier, une dame laide qui crache des crapauds, une fée qui connaît tout des choses de l’avenir… Le livre s’ouvre. Il était une fois, dans un heureux royaume, un roi, une reine et une belle princesse. Un jour, la reine vint à mourir et elle fit promettre au roi de n’épouser qu’une femme plus belle qu’elle. Dès ce jour, le roi ne voulut plus jamais revoir sa fille et s’enferma dans son veuvage. Mais le royaume réclamait un prince héritier et le roi devait se remarier. Parmi tous les portraits de princesses à marier que lui ramenèrent ses messagers, un seul retint son attention : celui de sa propre fille. « Amour, amour, je t’aime tant »… Le roi décide de l’épouser. Affolée, la princesse court chercher conseil auprès de sa marraine, la fée des Lilas. « La situation mérite attention »… La fée, ayant un contentieux à régler avec le roi, élabore un plan pour la princesse : elle dira oui à son père s’il réalise un souhait impossible… Il y a un beau prince charmant et tout finira bien… Mais Jacques Demy a adapté le conte à sa manière. D’un coup de baguette magique, il traite d’une question quelque peu immorale, sous la houlette d’une fée féministe avant l’heure, d’autant plus inoubliable qu’elle est incarnée par la merveilleuse, par l’inoubliable Delphine Seyrig… La séance du lundi 21 juillet à 10h30 sera suivie d’une rencontre avec le réalisateur Arnaud Demuynck. LE PARFUM DE LA CAROTTE France 2014 43 mn - À partir de 3 ans. Un programme épatant pour les petits, qui célèbre à juste raison ce légume qui n’a pas toujours été orange, qui donne bonne mine et qui rend aimable : j’ai nommé la carotte. Et en bonus, un petit hommage à la pomme, qui ne compte pas non plus pour des prunes ! La projection du mardi 15 juillet à 10h30 sera suivie d’une rencontre avec le réalisateur Michel Ocelot. AZUR ET ASMAR Ecrit et réalisé par Michel OCELOT France 2006 1h35 avec les voix de Cyril Mourali, Karim M’Riba, Patrick Timsit, Hiam Abbass, Rayan Mahjoub… Pour les enfants à partir de 7 ans. Inutile bien sûr de vous rappeler que le réalisateur d’Azur et Asmar est le créateur du gentil Kirikou. Ce petit garçon espiègle et attachant, dont les aventures furent plébiscitées par des centaines de milliers de bambins permettant enfin d’écorner le monopole absolu dont jouissaient jusqu’alors les produits Disney. Azur et Asmar, deux jolis garçons sortis d’un conte de fées qui pourrait commencer par : « Il était une fois » … Il était une fois les mille et une nuits et leur univers merveilleux comme aucun cerveau humain disponible, comme aucune imagination, même fertile, ne peut les concevoir. Et sans doute fallait-il le dessin animé de Michel Ocelot et de son équipe, pour rendre enfin visible sous nos yeux éblouis toute la magie, les couleurs, les décors, la musique de ces contes arabes qui, depuis le règne de Louis xiv, dépassent de leurs fastes orientaux la Cour même de Versailles. « Faire un long-métrage en dessin animé, c’est consacrer six ans de sa vie à un sujet. Il faut que cela en vaille la peine. Le sujet qui me tenait le plus à cœur ? D’une part, tous ces gens qui se détestent – ils ont été élevés comme ça – qui se font la guerre, d’autre part, les individus, des deux côtés, qui ne suivent pas et qui s’estiment, s’aiment par-dessus les barbelés. C’est cela qui me touche au plus profond. J’ai d’abord pensé à la France et l’Allemagne. Mais nous sommes désormais tellement en paix que je n’ai pas eu envie de revenir sur ce passé lamentable et révolu. J’ai envisagé ensuite d’inventer un pays ennemi, avec une fausse langue étrangère. Inventer un pays ennemi, quelle triste idée ! Inventer une langue fausse, quelle mauvaise idée ! J’ai alors pensé à la vie quotidienne en France et dans le monde. Il ne s’agissait plus de traiter d’une guerre déclarée, mais d’une animosité ordinaire entre citoyens de souche et citoyens récents et, poussant plus loin, entre Occident et Moyen-Orient. J’avais mon sujet : une réalité brûlante à traiter en conte de fées merveilleux… » Michel Ocelot La Confiture de carottes de Anne Viel (2013, 6 mn) Deux amis lapins, en plein hiver, voient s’épuiser leur réserve de confiture de carottes. La grosse tuile ! Où donc trouver des carottes dans les jardins saisis par le froid ? Mais au fait, il y a la carte au trésor que leur a légué l’oncle Robert… La Carotte géante de Pascale Hecquet (2013, 6 mn) Une souris est poursuivie par un chat qui est poursuivi par un chien qui est poursuivi par une petite fille qui est grondée par sa mamie qui se fait houspiller par le papy qui fait sa soupe et a besoin d’une carotte… Le Petit hérisson partageur de Marjorie Caup (2013, 5 mn) Un petit hérisson trouve une belle pomme dans la forêt. Il la roule derrière un rocher pour se la boulotter pénard. Mais voilà que, par l’odeur alléchés, d’autres gourmands s’invitent au festin… Le Parfum de la carotte (2013 26 mn) d’Arnaud Demuynck associé à Rémi Durin Le plat de résistance, le clou du programme ! Lapin et Écureuil sont voisins et amis. Ils sont aussi gourmands et bon vivants. Jusqu’à ce qu’un différend d’ordre culinaire vienne semer entre eux la zizanie : Lapin en a marre des recettes tout à la noisette d’Écureuil ; et ce dernier n’en peut plus de cette odeur de carotte qui flotte dans l’air en permanence. Alors Écureuil décide de déménager, il quitte son arbre en pleine nuit sans se douter que dans les parages rôde un renard… dU Mardi 8 aU saMedi 26 jUillet relâche les diManches 13 et 20 9h45 MétaMorf’ose Compagnie du Loup-ange (95) Théâtre musical et corporel dès 6 mois 25 mn + exploration par les enfants 20 mn 9h50 flûtt ! Compagnie piCCoLa VeLoCiTà (13) Théâtre dansé dès 1 an - 35 mn 10h25 VénaVi saUf 12 & 14 jUillet oU PoUrQUoi Ma soeUr ne Va Pas Bien ThéâTre du phare (75) Théâtre de récit dès 7 ans - 50 mn UN POUR UN Un accompagnement scolaire individualisé (Ecoles publiques St Roch, Scheppler, Louis Gros) UN POUR UN Avignon C’est un adulte qui va aider un enfant d’origine étrangère (en classe élémentaire) quelques heures par semaine (maîtrise de la langue française, ouvertures culturelles) en liaison avec sa famille et son enseignant DES ENFANTS ATTENDENT UN TUTEUR 14h25 tiMide Compagnie Le beL après minuiT (94) Théâtre et objets dès 3 ans - 35 mn 15h15 jeU à 3 Mains TeaTro aLL’improVViso (ITALIE) Théâtre musical et visuel dès 3 ans - 45 mn 15h20 BaGatelle agora TheaTer (beLgique) Théâtre dès 6 ans - 50 mn 16h10 flûtt ! Compagnie piCCoLa VeLoCiTà (13) Théâtre dansé dès 1 an - 35 mn 10h30 Marche oU rêVe Compagnie LunaTiC (75) 16h20 rêVes de saBle Conte circassien et musical dès 3 ans - 35 mn Compagnie YTuquepinTas (espagne) art de sable et musique dès 5 ans - 50 mn 11h10 l’hoMMe QUi Plantait des arBres Compagnie arkeTaL (06) Théâtre et marionnette dès 7 ans - 50 mn 11h20 non ! Compagnie paVé VoLubiLe (75) Conte, théâtre d’ombre et marionnette dès 3 ans- 35 mn 14h00 le joUrnal de Grosse Patate Compagnie gorgomar (06) Théâtre dès 6 ans - 1h05 16h30 toUt Petit hoMMe Compagnie de L’eneLLe (13) Conte, slam, théâtre, musique dès 6 ans - 55 mn En plus dEs spEctaclEs 10h30,11h15,14h00,15h00 et 16h00 forêt BleUe TeaTro aLL’improVViso (ITALIE) parcours interactif dès 3 ans- 45 mn 14h15 les Petits doiGts QUi toUchent upCp méTiVe / gérard baraTon (79) Théâtre - récit dès 7 ans - 50 mn toute la journée laUrent corVaisier exposition 1 pour 1 Avignon MPTChampfleury 2, rue Marie Madeleine- 84000 Avignon Tel. 04 90 82 62 07 - http://1pour1-avignon.fr M a is o n d U t h éâtre PoUr en fa n t s 5 5 9 5 5 8 0 9 04 99 0 4 8 6iValt8h1eatr0enfa8nts.coM www.fest a r - aV iG n o n l c n o M e U n e 2 0 aV sPectacles > 9€ adUltes / 6,50€ enfants et off | forêt BleUe > 4€ La séance du samedi 12 juillet à 10h30 sera suivie d’une rencontre avec le réalisateur JeanFrançois Laguionie et la scénariste Anik Le Ray. LE TABLEAU Réalisé par Jean-François LAGUIONIE Scénario original d’Anik LE RAY. France 2011 1h16 Pour les enfants à partir de 6 ans. Nous sommes nombreux à nous souvenir à quel point, enfants, nous avions été impressionnés par Le Roi et l’oiseau, le célèbre film d’animation de Paul Grimault d’après Jacques Prévert, devenu aujourd’hui un classique incontesté du cinéma français. Le film racontait comment un jeune ramoneur s’opposait un puissant roi qui voulait lui ravir sa bien aimée. Grimault nous entraînait dans un monde fabuleux, tout à la fois poétique et dangereux, où il moquait les puissants pour leur suffisance, leur bêtise et leur cruauté envers les gens de peu. Aujourd’hui Jean-François Laguionie est sans aucun doute le digne héritier de Paul Grimault. D’abord et tout naturellement parce qu’il a partagé l’atelier du maître pendant près de dix ans, mais surtout parce qu’il prolonge cette tradition et cette exigence de qualité aussi bien de forme que de fond. Avec Le Tableau, il signe une œuvre majeure, qui ne manquera pas de faire date dans l’histoire de l’animation et même du cinéma. Le Tableau allie merveilleusement film d’aventure et réflexion humaniste en même temps qu’il constitue une formidable initiation à la peinture, nous plongeant dans l’histoire de l’art au travers de tableaux qui font référence aux grands maîtres : Ingres, Modigliani ou encore Matisse, Gaudi ou Lautrec… Magnifique ! Un château, des jardins fleuris, une forêt menaçante, tel est le décor d’une œuvre qu’un Peintre, pour des raisons mystérieuses, a laissé inachevée. Au cœur du tableau vivent trois sortes de personnages : les Toupins qui sont entièrement peints, les Pafinis auxquels il manque quelques couleurs et les Reufs qui ne sont que des esquisses. Au moment où l’histoire débute, une petite phrase s’est répandue comme une rumeur chuchotée dans le Tableau : « le Peintre ne viendra plus… » La séance du jeudi 10 juillet à 10h30 sera suivie d’une rencontre avec Benjamin Renner, l’un des réalisateurs. ERNEST ET CELESTINE Ecrit et réalisé par Benjamin RENNER, Vincent PATAR et Stéphane AUBIER Scénario de Daniel PENNAC, d’après les albums de Gabrielle Vincent (Éd. Casterman). France 2012 1h19 avec les voix de Lambert Wilson et Pauline Bruner... Pour les enfants à partir de 5 ans. C’est du bonheur en branches, un ravissement pour les yeux, l’intelligence, le cœur, les oreilles... Un miracle de l’hiver (pour vous en plein été), un conte qui se raconte au coin d’un feu qui pétille, une histoire pleine de philosophie, de drôlerie, de tendresse et d’humour pour remonter le moral des grands et apprendre aux enfants qu’il est possible d’inventer un monde meilleur pourvu qu’on refuse de se laisser obscurcir la vue par ces sombres préjugés qui entretiennent la haine de l’autre et donc de soi-même. C’est une fable morale qui plaide pour le pas de côté qui peut tout changer… incite à la tolérance sans jamais bêtifier. C’est un moment de grâce qui doit tout au travail de quatre ans d’une équipe formidable qui n’a pas seulement cultivé la splendeur visuelle en rajoutant une dimension fantastique aux albums de Gabrielle Vincent, mais pris un plaisir communicatif à donner du sens au moindre détail. La petite souris, c’est Célestine, adorable petite orpheline abandonnée de tous, mais qui refuse de rentrer dans le rang : son rêve, c’est de peindre et dessiner et son regard sur la terre entière n’est que bienveillance et curiosité. L’ours, c’est Ernest, qui fait figure de marginal cool et a déçu cruellement son papa qui l’aurait rêvé juge, mais il rejette lui aussi sa destinée tracée d’avance, quoi qu’il lui en coûte, en devenant chanteur, musicien, poète… Ces deux « refuzniks » étaient donc fait pour se comprendre… et pour nous faire fondre tout en donnant aux petits enfants une vision très réaliste de leur propre monde, un monde que même une petite souris et un gros ours peuvent contribuer à faire évoluer. Séance unique mercredi 16 juillet à 11h00 suivie d’une rencontre avec Robyn Orlin. ROBYN ORLIN, DE JOHANNESBURG AU PALAIS GARNIER Écrit et réalisé par Philippe Lainé et Stéphanie Magnant Avec Robyn Orlin, les Étoiles, les Premiers Danseurs et le Corps de Ballet de l’Opéra national de Paris et les Arts Florissants dirigés par William Christie, les Via Katlehong, Penelope Thloloe et les enfants de l’école de danse d’Alexandra, les étudiants de Moving into dance… En avril 2007, la chorégraphe Robyn Orlin présentait au palais Garnier-Opéra national de Paris sa nouvelle création : L’Allegro, il penseroso ed il moderato, sur une musique de Haendel interprétée par l’orchestre des Arts Florissants, sous la direction de William Christie. Tout au long du processus de création, les réalisateurs Philippe Lainé et Stéphanie Magnant ont suivi Robyn Orlin, se sont confrontés à sa méthode de travail et ont filmé la genèse de L’Allegro : les premiers contacts avec l’Opéra de Paris, la rencontre avec William Christie, le choix des danseurs, des décors, des costumes, les premières répétitions, jusqu’à la générale. « Je découvre l’univers de Robyn Orlin en 2005. Je trouve son travail ludique et complexe, hors norme et généreux. Elle me parle d’elle, de ses créations en cours et de ses projets. J’ai immédiatement le désir de la filmer, elle accepte et me propose peu après de collaborer à sa prochaine création, prévue en avril 2007 : L’Allegro, Il Penseroso ed Il Moderato de Georg Friedrich Haendel à l’Opéra Garnier. « Je la filme au sein de l’institution et l’Opéra Garnier devient le cadre idéal pour montrer les contradictions et les contrastes qui la caractérisent : son rapport au pouvoir, son regard sur le monde de la danse et la quête de reconnaissance, son identité sud-africaine et l’exil. C’est en l’observant dans ces rapports aux autres que le film montre le sens de son mode relationnel. Et c’est en montrant sa relation à l’Afrique du Sud que le film en révèle les enjeux véritables. « Ses préoccupations artistiques, les sources de ses engagements, ses contradictions, sont en effet indissociables de la réalité sud-africaine : l’exil, la culpabilité, le pouvoir. Le film se construit ainsi à partir du lien entre la création de l’Allegro et Johannesburg, dans un récit non chronologique, fait de correspondances et d’associations. » Philippe Lainé Robyn Orlin présente At the same time we were pointing a finger at you, we realized we were pointing three at ourselves… au gymnase du lycée Aubanel du 13 au 18 juillet à 18h. Séance unique lundi 20 juillet à 11h00 suivie d’une rencontre avec Didier Ruiz. LES RÊVES DANSANTS, sur les pas de Pina Bausch Anne LINSEL et Rainer HOFFMAN Allemagne 2009 1h30 VOSTF - avec Pina Bausch, Jo-Ann Endicott, Bénédicte Billiet et 40 jeunes danseurs… À partir de 11 ans. Pina Bausch, à quelques mois de sa mort, avait eu l’idée géniale de reprendre son fameux spectacle Kontakthof, et cette fois sans sa troupe mais avec une bande d’adolescents même pas danseurs, qui n’étaient jamais montés sur scène, qui avaient juste envie de participer, tremblants de trouille de n’être pas à la hauteur… Débuter avec une telle icône, reconnue, aimée, adulée dans le monde entier, on conçoit que la chose peut filer le frisson. On est là en plein dans la manière très particulière d’aborder la danse qui a fait la marque de fabrique de Pina Bausch, cette façon de travailler avec le matériau humain, ne forçant pas les corps mais s’adaptant aux possibilités des uns et des autres, interrogeant sans cesse les danseurs sur leur vie, leur passé… revenant constamment à ce qui a toujours fait le coeur de son travail : les émotions, la communication entre hommes et femmes… exprimés dans des déplacements qui paraissent spontanés à force d’être répétés, des mouvements d’une grande fluidité. Les filles ont des longues robes souples et soyeuses, les garçons portent costumes stricts et cravates… Le film accompagne le processus des répétitions jusqu’à la première, et on mesure peu à peu ce que ce formidable travail collectif apporte à chacun jusque dans le plus intime de sa vie et combien ce labeur de toute une année peut être une formidable machine à épanouir, à décoincer, à forcer les barrages. On est dans la construction collective, certes, mais aussi dans l’écoute individuelle. La « terrible » Pina assiste à la sélection première, puis à quelques répétitions décisives, et on sent bien à quel point cette grande prêtresse de la danse contemporaine intimide et séduit à la fois. On découvre comment, en quelques commentaires, quelques regards, elle parvient, avec l’aide de deux merveilleuses danseuses de sa troupe, Jo-Ann Endicott et Bénédicte Billiet, omniprésentes au quotidien, à insuffler cette chose si bizarre qui est la force créatrice d’un groupe en osmose avec un leader aimé et admiré. Didier Ruiz présente 2014 comme possible au Tinel de la Chartreuse du 24 au 27 juillet à 18h. Séance unique samedi 19 juillet à 14h00 suivie d’une rencontre avec la réalisatrice Julie Bertucceli. LA COUR DE BABEL Julie BERTUCELLI France 2014 1h29 avec Brigitte Cervoni (professeur de français) et les 24 élèves, venus de partout, de la classe d’accueil du collège de la Grange aux Belles, dans le 10e arrondissement de Paris… À partir de 11 ans. La tour de Babel… c’est un mythe, une histoire fantastique qui court dans toutes les religions. Vous avez entendu parler sans doute de Noé, son Arche et tout le bastringue… et vous savez aussi que tout juste après le Déluge, les hommes parlaient tous la même langue, se comprenaient et cela leur donnait une telle force qu’il leur vint l’idée de construire une tour immense qui monterait jusqu’aux cieux pour parler en direct à Dieu, comme qui dirait d’égal à égal. Mais la chose déplut à Dieu qui aime bien qu’on l’encense et lui fasse moult salamalecs mais pas qu’on lui tape sur l’épaule ! Et il se mit très en colère. Alors il cassa la tour en petits morceaux et obligea ces sales petites créatures prétentieuses à se disperser aux quatre coins du monde. Pour être sûr qu’elles ne puissent plus imaginer s’élever jusqu’à lui, il leur embrouilla la tête et le langage au point qu’elles n’arrivèrent plus à se comprendre et se mirent à parler qui l’hébreu, qui l’arabe, qui le ch’ti, qui l’occitan… et c’en fut fini de la belle harmonie, tout ça parce que Dieu, comme tous les machos du monde, n’était au fond pas si sûr de lui que ça : semer la division entre les humains lui permettait d’imposer son pouvoir… La cour de Babel... c’est, au cœur d’un collège parisien, une classe particulière où des adolescents venus de tous les bouts du monde apprennent le français sous la houlette d’une magicienne qui s’appelle Brigitte, mais apprennent aussi à écouter toutes les cultures, à s’imprégner de cette curiosité gourmande qui génère de la compréhension et tout un tas de jolies choses comme le respect d’autrui et donc l’estime de soi… Ils arrivent du Mali, de Pologne, de Tunisie, du Brésil, d’Irlande, du Chili, du Sri Lanka, de Chine… et de bien d’autres contrées encore. La classe qui les rassemble est une sorte de sas où ils se préparent à plonger dans la société française, guidés, initiés par cette prof qui a le chic pour provoquer la parole, l’échange, l’écoute : une bienveillante qui prend les choses par le bon bout, à commencer par la découverte des mille et une façons d’écrire et de se dire « bonjour ». Ils sont gais, ils sont drôles, ils sont beaux, vifs, ont vécu déjà plein de choses et apprennent aussi à surmonter la douleur du déracinement. Brigitte tend des perches, met en lien, écoute, relance, reçoit les proches des enfants. Ce qui se passe dans le cocon de cette petite communauté de toutes colorations culturelles est jubilatoire : on parle religion, politique, certitudes et doutes, on raconte ses origines... Julie Bertuccelli capte au vol des regards, des expressions : il est évident qu’elle aime ces visages et sa camera transmet bien cette épatante empathie. Le film semble porté par une relation de confiance, une chouette humanité irradie de ce microcosme pétillant. Samedi 19 juillet à 17h au Conservatoire (3, rue du Général Leclerc à deux pas du cinéma) : Au cinéma et au théâtre, regards croisés sur l’adolescence. Julie Bertuccelli et Didier Ruiz, qui présente 2014 comme possible au Tinel de la Chartreuse, posent leurs regards d’artistes sur l’adolescence d’aujourd’hui et bousculent nos idées reçues en revisitant cet âge des possibles. En présence du président de la S.A.C.D. Co-organisée par le Festival d’Avignon, la S.A.C.D., le Cinéma Utopia et le Conservatoire à rayonnement régional du Grand Avignon. À noter : Didier Ruiz interviendra le 20 juillet à 11h00 après la projection de Les Rêves dansants, sur les pas de Pina Bausch. Séance unique dimanche 13 juillet à 14h00, suivie d’une rencontre avec Marie-José Malis. UCCELLACCI E UCCELLINI Des oiseaux petits et gros Pier Paolo Pasolini Italie 1966 1h31 Avec Toto, Ninetto Davoli, Femi Benussi... On voit un père et son fils qui marchent sur la route. Ils sont joués par Toto, l’acteur le plus célèbre de la comédie italienne, et Ninetto Davoli, l’acteur fétiche de Pasolini. Toto dit qu’on n’attrape rien avec la lune. Même les poissons se cachent. Il faut attendre la marée haute. On passe du coq à l’âne dans la conversation, Ninetto allant jusqu’à faire l’éloge du dentier de maman. Dès le début, avec ces deux silhouettes sur la route, c’est à Charlot le vagabond qu’on pense, même si le récit, picaresque et allégorique, s’inspire tout autant de la fable que de Chaplin. Après avoir appris à danser, dragué une fille déguisée en ange, Ninetto traverse des rues avec des noms impossibles et demande à son père comment on fait pour mourir. Toto répond qu’il ne sait pas, il n’a jamais été mort. C’est à ce moment que se présente à eux un corbeau qui parle. « Vous voulez que je vous accompagne ? », demande l’oiseau noir. Il précise qu’il «vient de l’Idéologie, rue Karl-Marx», c’est un corbeau de gauche. Le corbeau raconte une histoire et voilà nos deux compères transformés en moines du XIIIe siècle, qui se mettent en route pour évangéliser les oiseaux. Il faut d’abord apprendre à leur parler et Toto s’essaye tant bien que mal aux cris d’oiseau. Ils prient pendant plusieurs saisons, l’automne, l’hiver neigeux et le retour du beau temps. Après un an de silence, la gorge de Toto se bloque et de vrais cris d’oiseaux sortent enfin de sa bouche. Il parle d’amour aux faucons qui, apparemment, le comprennent (le langageoiseau est sous titré). Mais après avoir évangélisé les faucons, il faut faire de même avec les moineaux. Toto trouvera qu’avec les moineaux le langage est en fait le sautillement et pas les cris. Eux aussi seront évangélisés. Et le chemin sur la route de Toto et Ninetto pourra continuer. Louis Skorecki dans Libération Marie-José Malis présente Hypérion au théâtre Benoît XII du 8 au 16 juillet à 18h, relâche le 11. Séance unique jeudi 24 juillet à 14h00 suivie d’une rencontre avec Dimitris Karantza PIERROT LE FOU Jean-Luc GODARD France 1965 1h50 avec Anna Karina, Jean-Paul Belmondo, Graziella Galvani, Dirk Sanders, Samuel Fuller, Raymond Devos, Lazlo Szabo, Jean-Pierre Léaud... D’après le polar Obsession, de Lionel White. Images sublimes de Raoul Coutard. L’histoire de Pierrot le fou ? Je ne sais pas. Il doit y en avoir une, mais elle n’a aucune importance. Un homme aime une femme, que voulez-vous de plus ? Il s’appelle Ferdinand. Elle l’appelle Pierrot. Ensemble, ils courent vers le soleil, vers la mer, vers la chaleur, ils traversent des incendies de couleur et des plages de mélancolie, ils sautent d’une voiture dans l’autre, d’un livre à l’autre, d’une humeur à l’autre. Ils vivent une passion, et sans passion on ne vit pas. On se traîne. Il l’aime, alors elle s’ennuie. Elle en suit un autre, il la tue, il se tue, tout éclate, oui, c’est quelque chose comme ça, Pierrot le fou. Quelque chose qui éclate. Quelque chose de rouge et bleu, très beau, très tragique, très drôle, et qui vous dilate le cœur et qui vous rentre dedans les yeux et par les oreilles. Les gens sérieux ont horreur de ça. C’est un film anarchiste, ils disent. Bien sûr. Interdit, à ce titre, au moins de 18 ans. Sans doute que, passé 18 ans, il n’y a plus rien à craindre ? La glu est sèche, plus question de décoller ? O stupidité de la censure ! Les gens sérieux ont horreur de Godard. Françoise Giroud, L’Express, 8 novembre 1965 « J’sais pas quoi faire, qu’est-ce que j’peux faire ? », se lamente Marianne sur la plage. Elle s’emmerde. Normal : même rimbaldienne, l’errance, c’est l’art de composer avec l’ennui. Godard révèle ce moment triste de l’humanité qui se rend compte qu’elle ne durera pas toujours. Au sommet de sa période Karina-Technicolor, il soigne l’esthétique très nouveau réalisme. Le visage de Belmondo peint en bleu devient une image d’Épinal publicitaire. Où est le labyrinthe, où est le fil d’Ariane ? C’est le jeu de Godard : pas faire des films mais faire semblant, faire du cinéma. Les InRocks 15/08/2006 Dimitris Karantza présente O Kyklismos Tou Tetragonou à l’Opéra du Grand Avignon du 22 au 25 juillet à 22h ADIEU AU LANGAGE Écrit et réalisé par Jean-Luc GODARD Suisse/France 2014 VOSTF avec Héloïse Godet, Zoé Bruneau, Kamel Abdelli, Roxy… Festival de Cannes 2014, Prix du Jury « La langue est fasciste ; car le fascisme, ce n'est pas d'empêcher de dire, c'est d'obliger à dire. » (Roland Barthes) Plus personne n’ose demander de quoi « parle » le nouveau Godard. Fameux pour ses aphorismes, lui-même a longtemps répété l’anecdote : « Quand j’étais petit, mes parents me disaient qu’il faut pas raconter d’histoires ; maintenant que je fais du cinéma et que j’obéis à mes parents, tout le monde me dit qu’il faut raconter des histoires ». Alors que se passe-t-il dans Adieu au langage ? Eh bien, il y a un couple en crise – comme toujours chez Godard – et une grande nouveauté : un chien. Et ? Et c’est à peu près tout. C’est-à-dire pas grand chose et en même temps : tout. Concrètement, le film de Godard nous parle du langage. Les raisons de la crise du couple sus-cité sont pour le moins floues. La femme réclame l’égalité, les querelles de la grande Histoire se sont immiscées entre eux… Du Mépris à Nouvelle vague, le couple chez Godard s’est progressivement réduit jusqu’à l’esquisse. Celui d’Adieu au langage est devenu iconique, Godard filme d’ailleurs l’homme et la femme nus, tel Adam et Ève. Le traumatisme de l’Histoire, grand thème godardien, est entré dans le quotidien. À travers eux, le cinéaste exprime sa lassitude du monde ; ce monde dont il dit que le fascisme, bien qu’il ait perdu par les armes, est le vrai gagnant. Levinas, Ellul, De Stael et tant d’autres : à son habitude, le cinéaste use de nombreuses citations piochées dans la littérature, les arts ou la philosophie, il superpose les images, brûle les couleurs, tord les sons, et donne au final le sentiment que, pour lui, la société actuelle n’est que tyrannie du bonheur, désastre technologique, contamination de la nonpensée. Une phrase parmi d’autres résonne fort dans ce maelström étourdissant : « Vous êtes emplis du goût de vivre. Je suis là pour vous dire non. Et pour mourir. » Et puis il y a l’apparition de plus en plus fréquente du chien. C’est le chien de Godard et de sa compagne. Il le filme avec des petites caméras, des téléphones portables, dans un tas de situations ordinaires. Il semble véhiculer l’idée, assez nouvelle chez Godard, d’un éloge de l’état de Nature. Alors que le couple s’empêtre dans l’incom- municabilité, le chien semble capable d’écouter le bruit de la rivière, il apparaît dans des images évoquant l’impressionnisme, toujours dans un rapport immédiat et sincère au monde. Jean-Luc Godard nous emmène sur les chemins de traverse d’un cinéma à l’état primitif, qui accorde pleine confiance aux formes et aux couleurs, d’un art intimiste et à la puissance évocatrice infinie, d’un idiome dégagé du sens manifeste. Plus que jamais, ce nouvel essai de Godard porte haut sa croyance dans le cinéma. Avec une liberté totale, il suit les pas de Claude Monet, qu’il cite : « Ne pas peindre ce qu’on voit, puisqu’on ne voit rien, mais peindre ce qu’on ne voit pas. » Cet en deçà (ou au-delà) du langage, Godard le travaille via la redondance, cette esthétique du ressassement, où les propositions visuelles résonnent peu à peu avec les citations, les surimpressions et les sons, pour former au final la « troisième image », principe moteur de tout son cinéma : la juxtaposition de deux images qui en crée une troisième. Autrement dit, l’évasion du sens premier (ou second), l’ouverture sur la poésie du monde, dans un mouvement que Godard pratique depuis longtemps déjà : la pensée qui prend forme et la forme qui pense. Séance unique lundi 7 juillet à 14h00 suivie d’une rencontre avec Alexandre Singh. WOODY ET LES ROBOTS Woody ALLEN Slepers USA 1973 1h29 VOSTF avec Woody Allen, Diane Keaton, John Beck… « Tu crois en quoi ? » « Le sexe et la mort. Deux choses qui n’arrivent qu’une seule fois dans la vie. Mais au moins, après la mort, on n’a pas la nausée. » C’est le genre de répliques qui fusent toutes les trente secondes dans Woody et les robots (Sleepers, 1973), un Woody Allen première période. Au début des années 70, le petit New-Yorkais Allen Stewart Konigsberg ne cherchait pas à imiter ses maîtres européens, Fellini et Bergman. Il faisait ses gammes de cinéaste en revisitant les grands genres hollywoodiens, transformés pour l’occasion en machine à produire des gags. Après le polar social (Prends l’oseille et tire-toi) et le film militant (Bananas), Woody Allen s’attaquait à la science-fiction dans Sleepers. Son personnage, entré à l’hôpital pour un ulcère, se réveille deux siècles plus tard, après avoir été cryogénisé. En 2173, il découvre un monde où tout le monde est fiché, sous la surveillance d’un Grand Leader. Pour survivre, Woody-Hibernatus se transforme en robot-ménager, puis en révolutionnaire. Mécanisation de la vie moderne et clonage font les frais des vannes alléniennes. Mais dans la carrière d’Allen, le film se distingue davantage par la large place accordée pour la première (et la dernière) fois au comique purement visuel. Nombre de scènes, riches en mimes, poursuites, chutes, sont des références-hommages aux gags muets de Keaton, Chaplin et, surtout, Harold Lloyd, autre célèbre binoclard du cinéma américain. Un comique essentiellement physique donc, a priori incongru dans l’univers de Woody Allen qui avait bâti sa renommée sur les gags purement verbaux (Annie Hall) qu’il alignait dans ses one man show au cabaret. Le slapstick (style des comédies du cinéma muet américain) de Sleepers s’est révélé plutôt convaincant, mais sans doute pas assez pour son réalisateur. Le film suivant, Guerre et amour, en dépit d’une scène muette hilarante (la tentative d’enlèvement de Napoléon), est le plus bavard de toute sa carrière. Samuel Douhaire, Libération. Alexandre Singh présente The Humans au gymnase du lycée Aubanel du 5 au 9 juillet à 18h. Séance unique lundi 17 juillet à 11h00 suivie d’une rencontre avec Ivo Van Hove. My Architect Nathaniel Khan États-Unis 2003 1h56 VOSTF avec Louis Khan, Nathaniel Khan, Sue Ann Khan… Lorsque l’architecte Louis Khan meurt d’un infarctus en 1974 dans les toilettes de la Penn Station à New York à son retour d’Inde, des trous béants dans sa biographie se révèlent peu à peu aux yeux du monde. Outre le mystère qui entoure les conditions de sa mort et son passeport à l’identité effacée, il laisse derrière lui trois enfants, trois femmes, trois familles, dont deux extraconjugales restées cachées dans l’ombre de l’officielle. Son fils, Nathaniel, né de sa troisième union, n’a alors que onze ans. Après de nombreuses absences, son père est parti à tout jamais, pas mort, juste parti. Aujourd’hui âgé de 39 ans, metteur en scène et cinéaste accompli, il revient au travers de ce documentaire sur la vie de cet homme qu’il a finalement peu connu. Sous l’interrogation ultime « peut-on comprendre quelqu’un après sa mort ? » et il jette comme multiples fils directeurs les diverses questions qu’il se posait au sujet de son père lorsqu’il était enfant. A quoi ressemble son travail réellement ? Que peut-il bien refléter de sa personnalité ? Comment était-il avec les autres personnes ? Quelles étaient ses relations avec les différentes femmes de sa vie ? Est-il vraiment mort ? Vingt-huit ans ont passé, il part à la recherche de la réelle identité de ce père absent pour essayer de mieux le connaître, de mieux appréhender son monde, de percer la carapace du mythe et des énigmes qui l’entourent. La première étape de cette recherche était sans doute de s’entretenir avec ses proches, ses femmes, ses filles, ses collaborateurs, ses complices, ses adversaires. Des interviews servent de jalons, de trame de fond à ce documentaire. Nathaniel Khan se focalise sur discours de son père, sa façon d’appréhender et de penser son métier, ses conférences dans les écoles d’architecture. Il fait des gros plans sur des petits détails qui révèlent toute une façon de vivre. Des petits bouts de l’homme, des balises, qui apparaissent et disparaissent comme le faisait Louis dans la vie de son fils. Ivo Von Hove présente The Fountainhead dans la cour du lycée Saint-Joseph du 13 au 19 juillet à 21h, relâche le 14. Séance unique mercredi 23 juillet à 11h00 suivie d’une rencontre avec Gianina Carbunariu. KAPITALISME, NOTRE RECETTE SECRÈTE Alexandru SOLOMON Roumanie 2010 1h14 Imaginez que Ceausescu revienne vingt ans après son exécution. Imaginez qu’il rencontre ses anciens généraux, les exmembres du parti et leurs enfants et qu’il découvre qu’ils sont à présent les businessmen de la Roumanie. Imaginez que l’ancien dictateur communiste comprenne alors que ce sont ses « héritiers » qui ont ouvert les portes au capitalisme dans le pays, et qu’ils font désormais affaire avec l’Union Européenne depuis l’adhésion du pays en 2007. Imaginez tout cela et vous comprendrez très vite le paradoxe auquel sont confrontés les Roumains et les autres habitants d’Europe de l’Est, depuis le passage du régime communiste au capitalisme. En contrepoint des commentaires du vieux dictateur, Alexandru Solomon dresse le portrait haut en couleur des oligarques de la Roumanie actuelle, en une sorte de Who’s Who du grand business, leur poids économique étant la valeur étalon ! L’humour et la dérision y sont présents, à travers les commentaires truculents du réalisateur, quelques scénètes mêlant pêle-mêle légos et pâte à modeler ou vidéos montages insolites. Sortes de digressions critiques, récréatives et salutaires qui offrent le recul nécessaire pour éviter la nausée tant la pilule paraît difficile à avaler ! Il y est donc question de recette. Prenez un pays en pleine révolution, un bon pactole que la securitate utilisait pour les échanges extérieurs (en dollars bien entendu !) à l’aide d’une société écran basée dans le petit paradis fiscal de Chypre (bien entendu !). Ajoutez ensuite une part de nomenklatura cupide. Assaisonnez le tout de passe-droits, corruptions et relations. Et vous obtenez le point de départ d’un rapt gigantesque au nez et la barbe d’une population, le détournement des principales sources d’expansion de la Roumanie. L’addition est salée, mais pas pour les plus voraces ! La Roumanie a le plus petit PIB des anciens pays communistes bien qu’elle compte le plus grand nombre de fortunes (qui représentent eux-mêmes 32% du PIB). En revanche, aucun « homme d’affaire» n’a été inquiété, sur 462 dossiers liés à la grande corruption… Aucune sentence n’a été prononcée… Certains siègent même au parlement européen… Imaginez que Ceausescu revienne vingt ans après son exécution… Gianina Carbunariu présente Solitaritate au gymnase du lycée Mistral du 19 au 27 juillet à 15h, relâche le 23. Séance unique le vendredi 18 juillet à 11h00, suivie d’une rencontre avec le réalisateur Alexandre Barry et Claude Régy. TOUT SEUL AVEC MON CHEVAL DANS LA NEIGE, AXEL BOGOUSSLAVSKY Alexandre Barry France 2014 1h14 Avec : Axel Bogousslavsky Isolé dans une maison perdue au cœur d’une forêt profonde, loin des contraintes et des conventions du monde moderne, Axel Bogousslavsky, homme-enfant de 76 ans, acteur, poète, musicien, dessinateur, collaborateur et compagnon de vie de Marguerite Duras et de Claude Régy, mène une vie solitaire et secrète. La puissance poétique de son imaginaire - folie et sagesse mêlées -, sa connaissance mystérieuse des choses de l’esprit, les fulgurances de ses paroles et de ses visions envahissent la pièce unique dans laquelle il vit. Cet espace réduit devient le théâtre intime et cosmique où apparitions et souvenirs prennent vie. De l’aube à l’aube, une voix intérieure le submerge et révèle le portrait en reflets d’un être sans limites, enfant éternel et vieux sage chinois, qui a choisi, plutôt que de se perdre dans le monde d’aujourd’hui, de rester tout seul avec son cheval dans la neige. « Le souffle d’Axel Bogousslavsky suscite le feu, et ce même souffle, traversant sa flûte, invente la musique. Et le même bois pris dans la forêt va, sous le souffle, flamber, mais il sera cendre. On voit le feu, on voit la cendre. Axel crée un espace où devient possible une autre façon d’être vivant. Si son cheval est imaginaire, la neige aussi bien peut ne pas tomber. Axel est étendu de tout son long sur le cheval, sa tête sur la croupe. Il invente une identité de la poésie et de la vie très rarement pratiquée. Par la non-spécialisation, les frontières éclatent, ouvrant large le portail de l’infini. Axel nous fait croire qu’il est possible sans cesse d’inventer. C’est ce qu’il fait. Et c’est ce que fait le film. La nouveauté à chaque instant est absolue. » Claude Régy, 02/2014. Claude Régy présente Intérieur à la salle de Montfavet du 15 au 27 juillet à 18h, relâches les 18 et 23. 11h Le Roi se meurt d’Eugène Ionesco - CRÉATION 2014 mise en scène, scénographie Alain Timár (version chinoise surtitrée en français) « J’ai voulu revisiter cette pièce avec six jeunes acteurs… chinois. Personnages en révolte envers leurs ainés et la société, ces jeunes gens se rejouent la parodie du pouvoir et font un pied de nez à la mort pour mieux exorciser leurs angoisses. Face à un monde qui s’écroule, ils ne peuvent qu’exprimer une énergie, une violence et un rire féroces, aux coups impitoyables. » A.T Salle du Chapitre - Durée : 1h30 11h Le temps suspendu de Thuram d’après Véronique Kanor - CRÉATION 2014 mise en scène, scénographie Alain Timár « C’est la figure du footballeur Lilian Thuram qui sert de fil conducteur à cette pièce pour questionner et explorer notre rapport à la célébrité, à l’image et aux médias. » Salle de la Chapelle - Durée : 1h25 16h Ô vous frères humains d’Albert Cohen - CRÉATION 2014 Crédit photo : Manuel Pascual mise en scène, scénographie Alain Timár « Un enfant de dix ans découvre, un jour du mois d’août, la haine et le rejet dans les paroles et le regard d’un camelot, occupé à vendre dans une rue de Marseille, des bâtons de détacheur : cet enfant juif, c’était lui… Une histoire où trois acteurs témoignent ; de cette toujours brûlante actualité : trois êtres, trois pays, à jamais bercés ou secoués mais imprégnés par la même culture française. » Salle du Chapitre - Durée : 1h30 BILLETTERIE 04 32 76 24 51 THÉÂTRE DES HALLES Rue du Roi René - Avignon www.theatredeshalles.com Festival Avignon 5-27 juillet 2014 relâche le 16 La projection du mercredi 9 juillet à 14h00 sera suivie d’une rencontre avec la réalisatrice Emma Dante. PALERME (VIA CASTELLANA BANDIERA) Emma DANTE Italie 2014 1h42 VOSTF (sicilien) avec Emma Dante, Alba Rohrwacher, Elena Cotta, Renato Malfatti… Scénario d'Emma Dante, Giorgio Vasta et Licia Eminenti Le soleil plombe Palerme, un petit siroco insidieux agace les nerfs, les rues sont désertes : c'est un dimanche d'été à l'heure de la sieste. Rosa et Clara se rendent au mariage d'une amie dans une voiture sans clim, perdue dans un dédale de petites rues étroites… jusqu'à s'enfiler dans la via Castellana Bandiera où, la faute à pas de chance, déboule en sens inverse l'unique voiture qui roule dans Palerme ce jour-là ! La venelle est trop étroite pour que les voitures puissent se croiser, mais pas question que Rosa recule, pas question non plus que la vieille Samira, qui trimballe la famille Calafiore au complet, cède de son côté. Alors les voitures, arrêtées à mi-rue, calendre contre calendre, phares dans les phares, vont rester bloquées pendant la journée entière et même davantage, tandis que les occupants, sans boire ni manger, commencent à défaillir, les gamins à râler : c'est une drôle d'affaire, comme une guerre silencieuse entre deux entêtées, sans gestes violents ni paroles. Dans les véhicules immobiles, les regards se chargent de haine, comme si quelque chose de vital était en jeu, histoire d'orgueil, de territoire, de frontière… Un truc inscrit dans les gènes qui les aveugle et les obstine : plutôt crever de chaud, d'inanition sur place que reculer. C'est absurde et fendard, mais ça n'a rien à voir avec ce qu'on imagine d'une comédie à l'italienne, c'est âpre et sec, marqué par l'idée qu'on se fait d'une culture palermitaine qui ignore les concessions, source de querelles sans fin, de haines inépuisables. Les deux nanas sont pire encore que les mecs qui autour d'elles sont les témoins de ce formidable duel silencieux. Emma Dante a vraiment beaucoup d'atouts dans sa pogne : elle est ici actrice dans le rôle de Rosa, la conductrice obstinée, bornée, bourrue, quasi macho, et scénariste-réalisatrice qui, sur le mince prétexte d'un refus de passage, brode une fable étonnante et prenante renvoyant à tous les conflits de la terre. Unité de lieu, unité de temps, suspense et sens de la mise en scène : on comprend mieux cette maitrise quand on sait que Emma Dante, figure de proue du théâtre contemporain italien, a joué très jeune avec les plus grands (Vittorio Gassman, Mastroianni…) et a fini par fonder en 1999 sa propre compagnie de théâtre. Via Castellana Bandiera est d'abord une pièce de théâtre de son cru, qu'elle a joué avec sa troupe et qu'elle s'est décidée à transformer en film, dans la rue de Palerme qui lui est familière et porte vraiment ce nom. Emma Dante présente Le sorele macaluso au gymnase du lycée Mistral du 7 au 15 juillet à 15h, relâche le 11. Séance unique vendredi 11 juillet à 11h00, suivie d’une rencontre avec Arkadi Zaides. CINQ CAMÉRAS BRISÉES Les Territoires cinématographiques sont organisés en collaboration avec le Festival d’Avignon (avec l’aide de la SACD). Ils sont un lieu de rencontre et de dialogue entre le spectacle vivant et le cinéma. Ce programme tisse des liens étroits avec la programmation du Festival. Plusieurs artistes viennent échanger autour d’un film ou d’un documentaire emblématique de leur parcours, important pour leur écriture artistique. Au regard de la programmation jeune public du Festival, un cycle pour enfants de tout âge est proposé pendant trois semaines. Il permet notamment de découvrir les mystères du film d’animation grâce à la présence de plusieurs réalisateurs, auteurs et scénaristes. Pour cette nouvelle édition des Territoires Cinématographiques et dans le cadre de son action culturelle animation, la SACD apporte son soutien à la venue des réalisateurs et scénaristes de la programmation pour les plus jeunes. Il s’agit de permettre au public de découvrir ou revoir des films en résonnance avec la programmation jeune public du festival et de faire se croiser les regards entre cinéma et théâtre. Emad BURNAT et Guy DAVIDI Palestine/Israël 2012 1h30 VOSTF Emad Burnat n’avait rien pour devenir cinéaste. Paysan ordinaire de Bi’lin, petit village de Cisjordanie, il s’était contenté d’acheter en 2005 une caméra pour filmer les premiers pas de son quatrième enfant. Mais 2005, c’est justement l’année où l’occupant déboule avec des bulldozers pour arracher les oliviers qui gênent la construction d’un mur de séparation destiné à protéger la nouvelle colonie israélienne de Mod’in Illit, prévue pour 150 000 résidents. Conséquences pour les 1700 habitants de Bil’in : la perte de la moitié de leurs terres et une vie qui devient insupportable. Les villageois décident alors que tous les vendredis, ils iront manifester pacifiquement devant le chantier du mur. Emad est parmi eux et cette petite caméra à destinée familiale devient témoin de cette longue résistance collective. En même temps que les joies et les peines de sa famille, c’est la vie du village que Emad va filmer semaine après semaine : chaque vendredi hommes, femmes, enfants, éclopés ou bien por- tants manifestent et ne reçoivent pour réponse que jets de lacrymogènes, tirs de flash-balls, quand ce ne sont pas des rafales de M16… Mais la population ne se décourage pas pour si peu, ne se laissant pas gagner par la tentation de la violence, à l’exception de quelques jets de pierres. Les images de son fils alternent avec celles des manifestations pacifiques contre la construction du mur de séparation. A l’amplification des soutiens internationaux, y compris ceux d’Israéliens et de Juifs du monde entier, Israël répond par une intensification de la répression militaire. Des personnes sont arrêtées, d’autres blessées, des gens du village sont tués. Emad, comme tous les autres, est mis en danger et cette violence subie en permanence, les caméras en sont les témoins, mais aussi les victimes : en cinq ans de tournage, ce sont cinq caméras qui vont être brisées par les colons ou les militaires. Emad les a gardées, comme il a gardé toutes leurs images, parfois brouillées, ou hésitantes, qui racontent l’histoire d’un peuple qui n’est pas prêt à se soumettre. Arkadi Zaides présente Archive au Tinel de la Chartreuse du 8 au 14 juillet à 18h30, relâche le 11 Séance unique lundi 14 juillet à 14h00, suivie d’une rencontre avec Nathalie Garraud et Olivier Saccomano. HAMLET GOES BUSINESS Aki KAURISMÄKI Finlande 1987 1h26 Avec Pirkka-Pekka Petelius, Kati Outinen, Elina Salo, Esko Salminen, Kari Väänänen C’est l’histoire du prince de Danemark, ramenée à notre vingtième siècle dans le milieu des affaires. Milieu sans amour et sans âme. Meurtres en col blanc dans les couloirs vides d’un Elseneur bourgeois. Complètement à l’opposé de Shakespeare, donc, bien que les épisodes, annoncés par des têtes de chapitre, suivent presque jusqu’au bout le synopsis de la version originale. Juste un synopsis. Des situations, quelques répliques référentielles, comme le squelette vu en transparence de la tragédie la plus énigmatique de tous les temps. Ici, dans le noir et blanc d’une photo (de Timosalminen) qui isole des visages blafards, efface les détails, transforme les décors en compositions expressionnistes au bord de l’abstraction, ici, règne un climat très lourd d’angoisse et de suspicion. Personne n’est blanc-bleu. Pas même Ophélie (Kati Outinen), petite garce calculatrice au menton fuyant, qui se suicide dans sa baignoire, se penche doucement et tombe, s’anéantit dans l’eau mousseuse jusqu’à n’être plus qu’une chevelure flottante. Gros blond mou, goulu, dépressif, Hamlet (Pirkka-Pekka Petelius) flotte, lui, dans le vide de son existence. Il est devenu ici parricide et manipulateur de médiocres, mené par des ambitions sans folie. Aucun fantôme ne le hante, ni remords. Petit frère beckettien de Lorenzaccio, il se lamente sur l’inutilité de l’action. Il n’y a pas de Fortimbras pour annoncer un monde nouveau. C’est Horatio, appelé Simo (Hannu Valtonen) ami d’enfance d’Hamlet, son chauffeur et espion des syndicats, qui a le dernier mot. Le film se termine sur une chanson infiniment triste qui dit que les jours meilleurs ne sont pas pour demain. Sans la dure beauté des images, sans leur ironie déchirée, il ressemblerait plus à Dallas qu’à Hamlet. La référence est contraignante, parfois irritante pour le spectateur, mais elle lui permet de faire jouer les souvenirs des passions, des démesures shakespeariennes, et à Kaurismäki de resserrer l’intrigue, d’en donner cette version insolente, émouvante. (D’après Le monde) Nathalie Garraud et Olivier Saccomano présentent Othello, variation pour trois acteurs, spectacle itinérant du 9 au 25 juillet à 20h (excepté le 15 : 19h30), relâche les 11, 14, 18, 21 et 24. Séance unique vendredi 25 juillet à 14h00, suivie d’une rencontre avec Fabrice Murgia HER Écrit et réalisé par Spike JONZE USA 2013 2h06 VOSTF avec Joaquin Phœnix, Amy Adams, Rooney Mara, Chris Pratt, Olivia Wilde… et la voix ensorcelante de Scarlett Johansson... Musique de Arcade Fire. Imaginez un monde où les ordinateurs auraient acquis une conscience. Conscience d’eux-mêmes, conscience des autres. Un monde où les ordinateurs seraient capables d’interagir intelligemment avec chacun d’entre nous. C’est dans ce futur plus ou moins proche que nous projette Spike Jonze, dans une ère numérique nouvelle, où toute ressemblance avec notre réalité ne serait pas totalement fortuite... C’est à Los Angeles, ville de tous les possibles, que commence notre histoire. Théodore (Joaquin Phœnix, extraordinaire) est un modeste écrivain, travaillant pour un site internet spécialisé dans les liaisons épistolaires. Sa vie un peu morne, pas mal triste, sera bientôt dynamitée par l’achat d’un programme informatique ultramoderne, habité par la voix de Samantha (Scarlett Johansson). Une intelligence artificielle conçue pour s’adapter à chaque personnalité et répondre à tous les besoins, qui s’exprime à travers une voix féminine suave, intuitive et étonnamment drôle, dont Théodore va peu à peu tomber amoureux... Il est bousculé dans ses certitudes par le cas de conscience de Samantha : « Mes sentiments sont-ils réels ou est-ce juste de la programmation ? ». Rien ne semble pourtant plus réel que leur première nuit d’amour, lorsque la voix sensuelle et éraillée de Samantha atteint son paroxysme. Joaquin Phœnix est impressionnant de justesse et de charisme dans un registre qui ne lui est pourtant pas coutumier. Il incarne instantanément Théodore, nous rend palpable la mélancolie d’un homme qui trouve refuge dans cet amour virtuel, « plus humain que l’humain » pour citer Philip K.Dick. Il irradie chaque plan de la grâce subtile de ses sentiments, de ses doutes, de ses fêlures. Et n’oublions surtout pas la performance étonnante de Scarlett Johansson, qui donne sa voix rocailleuse et incroyablement vivante à Samantha. Une prestation vocale qui lui a valu le Prix d’Interprétation féminine au dernier Festival de Rome. Une première ! Fabrice Murgia présente Notre peur de n’être au gymnase du lycée Aubanel du 21 au 27 juillet à 20h, relâche le 25. XENIA Panos H. KOUTRAS Grèce 2014 2h08 VOSTF avec Kostas Nikouli, Nikos Gelia, Aggelos Pappadimitriou, Romanna Lobach… et la lumineuse, l'incroyable Patty Pravo… Scénario de Panos H. Koutras et Panagiotis Evangelidis VILLE DE LES AVIGNON C'est une ode fantasque, drôle et touchante à la liberté et à la tolérance. Et elle porte un titre qui est tout l'opposé de ce que devient la Grèce aujourd'hui : Xenia, ça veut dire hospitalité, une valeur qui fut historiquement celle de la Grèce Antique, où l'étranger était le bienvenu (enfin, s'il ressemblait un peu trop à un Perse, ça se discutait…). Xenia sonne un peu ironiquement dans un pays où le droit du sang prime désormais sur le droit du sol, et où la chasse aux migrants (et par extension à tous ceux qui leur ressemblent) a été abandonnée par la police aux fascistes de Aube Dorée, ce parti qui ferait passer notre FN pour un mouvement centriste… C'est dans ce contexte que l'on fait la connaissance de Dany et Odysseas, deux frères de 16 et 18 ans séparés par la vie et que tout oppose. Dany, extraver- ti et insouciant – voire parfois complètement irresponsable – vit en Crète et assume pleinement son homosexualité au point d'en faire un gagne-pain auprès de messieurs peu scrupuleux. Mais sa mère vient de mourir et il décide de rejoindre à Athènes son frère Odysseas, aussi hétéro et rangé que lui-même est folle et chaotique. Et entre le cadet, ses vêtements colorés, son petit lapin blanc dont il est dingue, sa passion lourdingue pour Patty Pravo, la pasionaria de la variété italienne des années 70, et l'aîné, qui se partage entre son boulot dans un snack et son coloc amateur de foot, le courant ne va pas tout de suite passer. Mais les deux frères vont être amenés à se lancer dans une improbable équipée qui va les rapprocher : Ody aura bientôt 18 ans et, Albanais par sa mère, il risque de se faire expulser s'il ne retrouve pas rapidement le père grec qui a abandonné sa famille et aurait été repéré à Thessalonique, où il serait devenu… politicien d'extrême-droite ! Voilà donc Ody et Dany lancés dans une quête du père qui aura tout de l'odyssée initiatique et refondatrice de leur relation… L'atypique Panos H. Koutras pourrait être un petit cousin kitsch et funky des Dardenne, il fait preuve d'une lucidité d'analyse et d'une générosité de sentiments qui donnent furieusement confiance dans l'avenir de la Grèce, dont on ne doute pas que les valeurs de tolérance et de démocratie finiront par reprendre le dessus. ZERO THEOREM Jusqu'au jour où Management lui confie un projet ultra-confidentiel : décrypter le fameux « Théorème Zero », qui prouvera que l'infini existe… ou démontrera que ce n'est qu'un leurre. Et pour cette mission spéciale, Qohen pourra effectuer ses recherches sans bouger de chez lui, le bonheur ultime. Mais la studieuse solitude du chercheur de fond est perturbée par les visites intempestives des émissaires de Management : Joby, sorte d'inspecteur des travaux finis, Bob, un jeune informaticien surdoué, et la voluptueuse autant que mystérieuse Bainsley. Sans compter les interventions d'une psychiatre virtuelle aussi intrusive qu'à côté de la plaque… Entre ses calculs infernaux et les contacts avec ces intrus, Qohen finira-t-il par percevoir le sens de la (sa) vie ? Sans jamais se prendre au sérieux, en gardant en permanence un univers de bricolage artisanal (on est à mille lieues des blockbusters futuristes ultra-balisés), le film porte un regard à la fois amusé et inquiet sur l'évolution technologique effrénée de nos sociétés, sur le contrôle permanent, sur l'hyperconnexion obligatoire, sur l'isolement impossible et la paradoxale solitude qui en découle, sur la perte de sens et de repères… La fable est sombre dans le fond mais joyeuse dans la forme, en tout cas bourrée d'énergie et de fantaisie. Terry GILLIAM GB/USA 2013 1h46 VOSTF avec Christoph Waltz, Mélanie Thierry, David Thewlis, Lucas Hedges, Tilda Swinton, Matt Damon, Sanjeev Bhaskar, Peter Stormare, Ben Whishaw… Scénario de Pat Rushin C'est la nouvelle folie de Terry Gilliam, le plus américain en même temps que le plus visionnaire des indépassables Monty Python, et c'est une sorte de Brazil trente ans plus tard… On retrouve cette même vision kafkaïenne et déjantée de la société, avec les couleurs flashy en plus. Cette veine de l'anticipation – même si l'univers ici décrit n'est qu'une très crédible extrapolation du nôtre – permet à Gilliam d'exploiter au mieux son imaginaire débordant. On retrouve sa patte dans les décors rétro-futuristes, dans les costumes et les coiffures plus extravagants les uns que les que les autres. Le film déborde d'idées, de trouvailles saisissantes, comme ces publicités qui vous suivent partout dans la rue, ou ces fêtes où chacun danse sur sa propre musique sortie de ses écouteurs… Une dystopie foisonnante, bourrée d'imagination, d'humour et de générosité. Londres, dans un avenir proche. Les avancées technologiques ont placé le monde sous la surveillance d’une autorité invisible et toute-puissante : Management, un cousin germain de Big Brother… Qohen Leth, génie de l’infor- matique, vit reclus dans une chapelle abandonnée où il attend désespérément l'appel téléphonique qui lui apportera les réponses à toutes les questions qu’il se pose, donnant ainsi, enfin, un sens à sa vie. Malheureusement il doit régulièrement quitter son antre pour aller travailler, au risque de louper ce fameux appel, et doit se mêler à ses congénères, ce qu'il redoute au plus haut point… C'est le formidable Christoph Waltz, découvert par Tarantino, qui incarne Qohen : crâne rasé, timide, névrosé (il parle de lui à la première personne du pluriel), finalement très drôle et infiniment humain. Mais tous les acteurs sont épatants, y compris les guest-stars qui nous réservent quelques apparitions réjouissantes : Matt Damon en Management caméléon, ou Tilda Swinton en psy-rom complètement frappadingue. HIPPOCRATE critères de rentabilité qui sont de plus en plus présents, envahissants. Il est bien placé pour bien connaître la question, Thomas Lilti, puisqu'il est lui-même toubib ! Toute ressemblance avec des personnes ou des situations existantes ou ayant existé sera donc tout sauf fortuite. Un hôpital, c’est un peu comme le grand théâtre de la tragi-comédie humaine. Les émotions y sont exacerbées, tout y est fort parce que tout ne tient qu’à un fil, tout y est plus puissant qu’ailleurs car c’est ici que l’on naît, ici que l'on souffre, ici que l'on guérit ou que l'on achève sa vie. A l’hôpital, Eros la vie et Thanatos la mort jouent à cache-cache entre l’étage des naissances et l’aile des soins palliatifs, sous les regards attentifs, le plus souvent bienveillants et parfois impuissants des acteurs principaux de cette pièce pleine de bruit et de fureur dont on ne connaît pas toujours la fin : les médecins, les infirmiers, les aides-soignants… Tous ces métiers pouvant s'entendre au féminin aussi bien qu'au masculin, mais allez savoir pourquoi, les toubibs sont le plus souvent des hommes, et les autres professions le plus souvent exercées par des femmes… Des blouses blanches, vous allez en voir lors de cette plongée singulière dans le service de médecine générale de ce grand hôpital public. Des professeurs de médecine, des chefs de service, mais surtout des carabins. Ces futurs médecins à peine sortis de l’adolescence et déjà lâchés dans l'arène vont devoir apprendre « sur le tas » les gestes médicaux plus ou moins décisifs autant que leur propre capacité à encaisser l’épreuve ultime de la confrontation avec les patients. Et s’ils maîtrisent (plus ou moins) les bases théoriques, les diagnostics, les pronostics, les posologies, ils n’ont pas vraiment appris dans les amphis à gérer le stress des familles, l'anxiété des malades, la peur de la mort, l’empathie, bref tout ce qui fait la difficile relation à cet autrui meurtri. Heureusement, depuis l'époque d'Hippocrate, le corps médical a su inventer des techniques pour évacuer les angoisses au cours des fameux « tonus », bamboches potaches et très arrosées, ou simplement au quotidien dans la salle de garde, lieu où l’on peut, loin des malades, faire du bruit, chanter des chansons grivoises, dire des choses horribles ou mimer des scènes que la bienséance nous interdit de décrire ici. Voici donc le tout jeune Docteur Benjamin Barois, interne fraîchement débarqué dans le service de médecine générale dirigé par son papa. On va le suivre, lui coller aux basques à travers les méandres de l’hôpital et vivre avec lui les joies et doutes de l’internat : de la première ponction lombaire au premier décès, il va découvrir les rouages et secrets d’un système hospitalier qui fonctionne tant bien que mal avec de moins et moins de moyens et de plus en plus de pressions sur un personnel qui doit faire des miracles avec des bouts de chandelles. A ses côtés, Abdel, médecin algérien plus âgé et plus aguerri, qui doit en toute humilité refaire ses preuves pour pouvoir prétendre à une équivalence dans ce pays hospitalier qui sait bien exploiter cette « main d’œuvre » pas cher et docile qui ne demande bien sûr qu’à faire des gardes de soixante douze heures d’affilée ! Dans les pas de Benjamin et d'Abdel, on se dit que rarement dans le cinéma de fiction on en avait appris autant sur ce monde fermé, assez fascinant et parfaitement représentatif de l'état de santé d'une société. On rit beaucoup, on est ému souvent, captivé tout le temps. Bref une éclatante réussite. Jimmy’s Hall Ken Loach sera à l’honneur le mercredi 16 juillet : à 14h00, projection du film L’esprit de 45 suivie d’une rencontre avec les Amis de l’Humanité puis à 17h00, présentation de Jimmy’s Hall. Ken LOACH GB 2014 1h46 VOSTF avec Barry Ward, Simone Kirby, Jim Norton, Aisling Franciosi, Francis Magee, Aileen Henry… Scénario de Paul Laverty Avec ce film qu’il affirme être son dernier– on n’a pas du tout envie de le croire ! –, Ken Loach nous offre un vrai moment de bonheur, dosant judicieusement les moments de lutte et ceux de tendresse, de lyrisme aussi, les enrobant d’une joie communicative, composant une des ces fresques modestes dont il a le secret, qui donnent envie d’avancer, de ne jamais baisser les bras. L’histoire de Jimmy est une ode à l’insoumission, aux rebelles de tous les pays, de toutes les époques, qui donne envie de rentrer dans la danse avec eux. 1932. Nous sommes dans le Leitrim, un comté d’Irlande balayé par le vent et la pluie après l’avoir été durant des années par la guerre. Le jeune parti Fianna Fáil, mené par Eamon de Valera, vient de l’emporter, en affichant une politique plus marquée à gauche, même si elle reste très inféodée à l’Église et n’inquiète en rien les capitalistes irlandais. Néanmoins, le climat s’étant apaisé, l’absence lui étant devenu pesante, Jimmy Gralton a décidé de revenir au bercail pour aider à la ferme sa mère qui se fait vieille. C’est comme le retour de l’enfant prodigue. Même ceux et celles qui mouillaient encore leurs couches au moment de son départ, une dizaine d’année auparavant, en ont entendu parler. Jimmy c’était cet esprit libre, ce militant de tout temps, cet autodidacte qui ne mâchait pas ses mots, participait aux jacqueries pour soutenir les paysans et s’engageait auprès de l’IRA. Celui qui a dû fuir pour survivre et a continué à lutter depuis les États Unis avec la même ferveur pour soutenir son pays. Tour à tour paysan, mineur, docker, marin, syndicaliste, prisonnier, serveur… Une vraie légende vivante qui revient dans son pays natal. Très vite les plus jeunes ne rêvent que d’une chose, supplient Jimmy : il faut qu’il réouvre le « Pearse-Connoly Hall », un petit dancing de campagne qui était bien plus que ça : une lueur d’espoir dans la nuit la plus sombre, un symbole de la résistance contre l’oppresseur, un havre où l’on se retrouvait pour danser certes, mais aussi pour échanger, pour réfléchir, pour étudier, pour organiser les luttes tous ensemble. Jimmy a beau aspirer à une paix bien méritée, l’aventure est trop tentante. Chacun apporte sa pierre à l’édifice, ses anciens compagnons de combat, la charmante Oonagh qui aurait pu devenir sa compagne s’il ne s’était pas exilé… Le Hall sort de l’abandon et reprend vie, d’autant que les disques de jazz américains qu’il passe sur son gramophone stimulent la curiosité. Non seulement on y vient de loin pour faire la fête, mais le lieu devient vite une sorte de centre culturel alternatif, autogéré, vivant. Un lieu d’apprentissage tout autant que de détente. Et là, le curé du coin, le père Sheridan, dresse l’oreille, monte au créneau : l’éducation est la prérogative de la Sainte Église, ceux qui s’en mêlent indûment commettent un sacrilège ! Il sermonne les fidèles de sa paroisse, les exhorte à choisir entre le Christ et Gralton, à ne pas aller se trémousser sur des musiques venues de l’Afrique la plus noire et qui enflamment les passions ! La guerre est déclarée, obligeant chacun à choisir son camp. Jimmy Gralton a vraiment existé et dérangé tellement que des archives nationales qui le concernaient ont été détruites. Garder la mémoire, c’est aussi un acte de résistance. Et les mots de celui qui réquisitionnait des fermes bien avant que le DAL n’existe résonnent malheureusement toujours avec justesse : « Ils veulent nous faire croire que notre pays est uni. Mais l’intérêt d’un enfant pauvre est-il le même que celui d’un gros propriétaire terrien qui exige des loyers exorbitants ? » Ciném a garanti sans 3D MANUTENTION : 4 rue des escaliers Ste Anne / REPUBLIQUE : 5, rue Figuière 84000 AVIGNON / Tél : 04 90 82 65 36 / www.cinemas-utopia.org HIPPOCRATE EN AVANT-PREMIÈRE (sortie nationale prévue le 3 septembre…) Thomas LILTI France 2014 1h41 avec Vincent Lacoste, Reda Kateb, Jacques Gamblin, Marianne Denicourt, Félix Moati, Carole Franck, Philippe Rebot… Scénario de Thomas Lilti, Julien Lilti, Baya Kasmi et Pierre Chausson Hippocrate, c'est pour le serment. C'est une histoire de médecins. L'histoire de jeunes internes qui découvrent le fonctionnement pour le moins agité d'un grand hôpital parisien. Le sujet est important, le film est épatant. Drôle, léger, déconnant, d’un humour souvent décalé, presque burlesque, et en même temps grave, lucide, profondément et terriblement humain. Thomas Lilti a pris le parti d'en rire, en tout cas de faire œuvre vivante et énergique. Mais il ne cache rien de la situation quasi-intenable du système hospitalier français, coincé entre sa mission de soigner le mieux possible les malades qui lui sont confiés et les N°345 du 25 juin au 29 juillet 2014 / Entrée : 6,50€ / le midi : 4€ / Abonnement : 48€ les dix places