Tapie, le pionnier de la bling-bling attitude

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Tapie, le pionnier de la bling-bling attitude
Par Ivan Valerio
Mediapart.fr
1998, Tapie vient de sortir de prison. C'est beau la vie, chante-t-il avec Bruno Beausir, alias Doc Gynéco. C'était
dix ans avant que les deux ne se rallient à Sarkozy. «Dans le foot, les affaires, le rap, les ministères, c'est
toujours le gangster qui contrôle l'affaire» fredonnent-ils.
Ce morceau extrait de l'album Liaisons dangereuses marque le retour de Bernard Tapie sur la scène. C'est par
la chanson d'ailleurs que tout a vraiment commencé pour lui. Enfin presque.
Bernard Tapy (RCA)
Né en 1943 à Paris et d'origine populaire, il passe brièvement par les jeunesses communistes et l'école des Arts
et Métiers (dont il sortira ingénieur) avant d'essayer d'embrasser une carrière de chanteur ringard sous le nom
de Bernard Tapy dans les années 60. Le public et le showbiss à l'époque l'ignore, et il doit vite de rendre à
l'évidence que cette scène-là ne sera pas le tremplin de sa carrière.
Car Bernard Tapie, c'est avant tout l'homme de l'Ambition, du nom de l'émission de télévision qu'il a animée en
prime-time sur la première chaîne pendant l'année 1986.
Ex-patron de Testut, La Vie Claire, Manufrance Terraillon, Look, d'Adidas et de l'OM, l'homme aux multiples
casquettes séduit en affichant son côté autodidacte et sa soif de réussite sans égal. Dans le monde des affaires,
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du sport, du show-business ou de la politique, il s'impose d'abord en prédateur, toujours nourri d'un insasiable
appétit de succès, de pouvoir, d'argent. «Flambeur» selon le titre de la biographie romancée que lui ont
consacré Valérie Lecasble et Airy Routier en 1994, ou «héros malgré lui» selon celle de François Moreau, 1998,
il court derrière la notoriété et fascine par une personnalité des plus controversées.
L'ascension
Son ascension, Bernard Tapie la doit d'abord au monde des affaires... et à la crise économique. A la fin des
années 1970, il retient l'attention des média avec le rachat des châteaux de Bokassa (voir ici, le JT Antenne 2 du
21 juillet 1980). La célébrité, qu'il affectionne tant, ne va alors plus le quitter. Sa spécialité sera la reprise des
entreprises en difficulté qu'il affirme pouvoir redresser. En 1980, c'est le rachat La Vie Claire, l'entrée dans le
capital de Manufrance (voir ici, le JT d'Antenne 2 du 3 juillet 1980 et là, celui de TF1 du 22 juillet 1980), une des
plus grosses entreprises de Saint-Etienne.
En 1981, il rachète Terraillon. Testut en 1983. Par la suite, il met la main sur Wonder (voir ici, le JT d'Antenne 2
du 18 septembre 1984), puis SAFT-Mazda dans le secteur des piles électriques.
1983, c'est déjà la fin des euphories à gauche et alors que le gouvernement de François Mitterrand prend le
tournant de la rigueur, Bernard Tapie incarne lui la réussite par l'entreprise, l'individualisme et l'argent facile. Il
est le goldenboy du moment. Celui qui, issu du peuple, retrousse ses manches et réussi.
Le «zorro des entreprises» (voir ici, le JT d'Antenne 2 du 25 juillet 1983) diront certains, le «sauveur» qui, en
forme de bras d'honneur à la crise, donne des leçons pour créer des emplois. Sans négliger, afin de soigner son
image, d'exiger que les licenciements soient mis en œuvre avant son arrivée, notamment chez Wonder.
Il est le premier aussi sans doute à ne pas hésiter à bouscouler en direct à la télévision des syndicalistes, à
parler flexibilité et mobilité, mots encore peu connus mais qui allaient faire des ravages dans les conditions de
travail durant la décennie suivante.
Extrait du Jeu de la verité présenté par Patrick Sabatier sur TF1, le 15 mars 1985, peu après le rachat de
Terraillon.
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Sur le terrain électoral, l'affrontement aura lieu lors des élections régionales de 1992: face à Jean-Marie Le Pen
pour le FN, et à Jean-Claude Gaudin pour l'UDF, Tapie emmènera la liste Majorité présidentielle aux côtés
d'Elisabeth Guigou, de Léon Schwartzenberg, de Mylène Demongeot ou de Daniel Hechter.
L'année suivante, Tapie est élu député européen avec la liste Energie Radicale. Implicitement soutenu par
François Mitterrand, il permet au président de la République de se défaire de Michel Rocard qui essuie une
lourde défaite, notamment à cause du bon résultat de Bernard Tapie. Après cette déroute électorale, Michel
Rocard est définitivement hors-jeu.
Le 2 avril 1992, Pierre Bérégovoy nomme Bernard Tapie ministre de la Ville. Il n'y restera que 52 jours. Inculpé
par le juge Boizette pour abus de biens sociaux et présentation de faux bilans sur plainte du député RPR
Georges Tranchant dans l'affaire Toshiba, Pierre Bérégovoy démet Tapie de ses fonctions pour qu'il puisse
«mieux assurer sa défense». A gauche, les langues se délient et Pierre Mauroy, premier des premiers ministres
de Mitterrand lâchera bien vite que Tapie n'a «jamais été sa tasse de thé».
Bénéficiant d'un non-lieu dans l'affaire Toshiba, Tapie, revanchard, récupère son portefeuille le 24 décembre
1992. Mais la défaite législative de 1993 fera tomber le gouvernement Bérégovoy. Et pour Tapie, c'est le début
des ennuis.
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Le temps des "affaires"
Fini le temps du succès, Bernard Tapie est rattrapé par les «affaires». Le 10 février 1994, en tant que le
président de l'OM, il est mis en examen pour corruption et subornation des témoins dans l'affaire du match VAOM. Des joueurs de Valenciennes ont déclaré avoir été payés pour lever le pied. A quelques jours de la finale de
la coupe d'Europe, il s'agissait de ne blesser personne.
Cette même année, le Crédit Lyonnais et le fisc lui réclame près d'un milliard de francs (voir ici, le JT d'Antenne
2 du 17 mars 1994)
En décembre 1995, Il est condamné à huit mois de prison ferme et seize avec surcis, dans l'affaire du match VAOM. 300.000 francs avaient été promis à trois joueurs valenciennois : Jorge Burruchaga, Christophe Robert et
Jacques Glassman. (voir ici, le JT de France 3 du 03 février 1997) Bernard Tapie est également condamné par
le tribunal correctionnel de Paris à 3 ans de prison dont 8 mois fermes pour fraude fiscale (7,1 millions d'euros
dus aux impôts) dans le cadre de l'affaire Phocéa (voir ici, le JT d'Antenne 2 du 29 juin 1994). Sa peine sera
confondu avec la précédente.
Le retour
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Librement, Bernard Tapie, Plon, 1998
A sa sortie de prison, il publie Librement, livre où il devait de dévoiler le dessous des affaires. Mais pas de scoop
à la clé.
Théâtre, radio, télévision, Tapie retrouve le monde du showbiz qu'il a tant aimé et dans Commissaire Valence
sur TF1 endosse l'habit du flic sympa.
La politique ne l'a pas pour autant lâché : s'il s'affirme toujours du côté de la gauche, ce n'est que du bout des
lèvres qu'il soutient, à la présidentielle de 2002, Christiane Taubira, candidate du Parti radical de gauche dont
Tapie fut un des dirigeants. En 2007, il sera encore moins élégant, flinguant allègrement Ségolène Royal sur les
plateaux de télévision à quelques semaines de l'élection présidentielle.
Il ne cache pas vraiment que Nicolas Sarkozy «a ses faveurs». Le mercredi 7 février le Canard Enchaîné dévoile
le soutient officiel de Bernard Tapie à Nicolas Sarkozy. Il est alors en contact régulier avec le candidat UMP, qu'il
soutient aussi «fort qu'il peut». Au soir du premier tour, alors que d'ordinaire ne se succèdent sur les plateaux
télé que des hommes et femmes politique, Bernard Tapie, débarque étrangement sur le plateau de France 2,
dénonce le «bal des faux-culs» au PS, et martèle, au milieu de maint lapsus, son appui à Nicolas Sarkozy.
La politique ne «l'intéresse plus du tout», répète-t-il ce 21 juillet, dans un entretien au journal Le Monde. Tout en
précisant plus loin, qu'il serait «très fier de faire partie des proches de Nicolas Sarkozy».
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[16] http://www.ina.fr/archivespourtous/index.php?vue=notice&from=fulltext&full=tapie prison&num_notice=1&total_notices=16
[17] http://www.ina.fr/archivespourtous/index.php?vue=notice&from=fulltext&full=tapie phoc�a&num_notice=1&total_notices=21
[18] http://abonnes.lemonde.fr/politique/article/2008/07/21/m-tapie-j-ai-rapporte-beaucoup-plus-d-argent-au-contribuable-que-je-ne-luien-ai-coute_1075396_823448.html
[19] http://abonnes.lemonde.fr/archives/article/2008/07/21/m-tapie-j-ai-rapporte-beaucoup-plus-d-argent-au-contribuable-que-je-ne-luien-ai-coute_1075396_0.html
[20] http://www.ina.fr/archivespourtous/index.php?full=Tapie&action=ft&x=0&y=0
[21] http://fr.wikipedia.org/wiki/1991
[22] http://fr.wikipedia.org/wiki/1994
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