Le Projet associatif

Transcription

Le Projet associatif
Association Un Toit en Gâtine
Le Projet associatif
2013-2023
Un Toit en Gâtine pour tous !
Famille
Jeunesse
Lien social
Habitat
Territoire
Un Toit en Gâtine garde toujours l’audace de croire en ses projets
« Aujourd’hui…
… et demain »
38, rue Ganne – BP 16 – 79201 Parthenay Cedex - 05 49 64 32 52 – [email protected]
1
Table des matières
Refondation du projet associatif ..............................................................................................p.3
Enjeu de la refondation et démarche participative ................................................p.4
Synthèse de la démarche ................................................................................................ p.5
Limites ..................................................................................................................................... p.6
Diagnostic territorial.......................................................................................................................... p.7
Territoire concerné par le diagnostic ............................................................................. p.8
Habitat et jeunesse en Gâtine ...................................................................................... p.14
Habitat et ménages en Gâtine .................................................................................... p.39
Un Toit en Gâtine s’auto diagnostique ....................................................................... p.65
Synthèse.................................................................................................................................................... p.68
Le Projet associatif ........................................................................................................................... p.73
Le programme de développement .................................................................................. p.78
2
Refondation du projet associatif
Enjeux de la refondation et
démarche participative
Synthèse de la démarche
Limites
3
Enjeux de la refondation et
démarche participative
Pourquoi refondre le projet associatif ?
Parce que le projet actuel de l’association date de plus de 15 ans, que le Conseil d’Administration a besoin de forces
vives, que le renouvellement des cadres de gouvernance oblige à anticiper certains changements, que le contexte
administratif et politique actuel réinterroge le projet au regard de la future commande publique et enfin parce que
nombre d’actions et de missions de l’association se sont mises en place par empilements successifs et selon un mode
empirique, Un Toit en Gâtine s’est donné comme objectif de s’arrêter un peu pour redéfinir un cap et créer les
conditions d’un élan pour 10 ans.
Une démarche de refondation participative
Groupes de travail salarié / administrateurs
Dans un premier temps, l’association a fait appel au cabinet ACCOLADES dans le cadre d’un Dispositif Local
d’Accompagnement (DLA). Dès lors, une phase d’enquête avec les salariés et les administrateurs de l’association s’est
mise en place. Ce travail a permis de dégager des problématiques qui, par la suite, ont guidé le diagnostic.
Trois grands questionnements sont apparus au cours des séances de travail salariés / administrateurs :
•
•
•
Quels sont les besoins du territoire et quels sont les enjeux pour l’association ?
Sur quels aspects l’association est-elle déjà bien positionnée ?
Quelles sont les difficultés que rencontre Un Toit en Gâtine pour répondre aux besoins identifiés ?
Enquête auprès des jeunes et ménages sur le territoire de Gâtine
Méthodologie de recueil de données
Le recueil des données s’est effectué à partir de plusieurs outils :
•
•
•
•
Des entretiens individuels semi-directifs avec une grille d’entretien adaptée à chaque public
Des débats collectifs « passations » avec les jeunes résidents
Des réunions collectives avec les acteurs de terrain d’Airvault et de Parthenay
Des questionnaires destinés aux anciens résidents et aux habitants
A noter que lors du diagnostic, des « jeunes bénéficiaires » et des « jeunes non bénéficiaires » ont été enquêtés. Les
jeunes bénéficiaires sont les résidents/usagers de l’association Un Toit en Gâtine (résidents RHJ, ALT, sous location,
…). Les jeunes non bénéficiaires sont ceux qui ne bénéficient pas des services de l’association et qui vivent sur le
territoire. Ils sont donc extérieurs aux dispositifs d’Un Toit en Gâtine. En revanche, ils peuvent être présents sur des
manifestations organisées par l’association (concerts, expositions, …).
L’ensemble des grilles d’entretiens, des passations et des questionnaires est intégré aux annexes du projet associatif.
Engagement d’Un Toit en Gâtine sur son projet associatif : une élaboration collective partagée !
Au total, 30 élus, 20 ménages, 50 jeunes, 50 habitants et 25 acteurs de terrain ont été interrogés, soit un total de 175
personnes. Chaque membre de l’association a participé au diagnostic. Entretiens, passations, réunions collectives, tous
ont eu un rôle à jouer. L’association est très attachée à cette démarche participative qui a permis de créer une réelle
synergie entre l’ensemble des acteurs associés au diagnostic.
4
Synthèse de la démarche
Finalité
Anticiper les futurs changements et redonner un élan à l’association pour les dix prochaines années.
Objectif général
Mesurer l’action menée par Un Toit en Gâtine sur le territoire afin de dégager des axes de travail prioritaires pour le
développement de l’association.
Objectifs intermédiaires
•
•
•
•
Porter une appréciation sur la lisibilité de l’association sur le territoire de manière collective et partagée
Porter une appréciation sur son fonctionnement et ses services
Identifier les « bonnes pratiques », les difficultés et les manques
Dégager des préconisations (orientations) et des « pistes d’action »
Objectifs opérationnels
•
•
•
•
•
•
Etablir un diagnostic interne à l’association auprès de l’équipe et des membres du bureau et du C.A
Etablir un diagnostic territorial auprès de l’ensemble du réseau de l’association
Constituer une analyse comparative via le plan de masse (voir annexes)
Traduire cette analyse en programme opérationnel (voir page 78)
Mettre en forme le projet associatif et le projet politique
Se donner des échéances
Rappel des thématiques évoquées lors des enquêtes
Equipe,
bureau
et CA
Elus
Partenaires
Jeunes non
bénéficiaires
Jeunes
bénéficiaires
Ménages
Habitants
Anciens
résidents
Regard porté sur
l’association /
Connaissance /
Méconnaissance
Ressenti / Valeurs
Projet politique
Place et rôle attribués à
l’association / Les plus /
Les moins / Les manques /
Perspectives
Représentation de
l’accompagnement / Des
services
Perception du lieu /
Environnement /Actions
collectives
Inscription territoriale
(habitat, territoire, emploi)
/ Projection sur le
territoire
Parcours logement
Définition de la jeunesse /
ménages en difficulté
Couleurs reprises dans le diagnostic pour identifier les paroles des différents acteurs.
5
Limites
Ce document, riche et dense, présente quelques limites.
Un document évolutif
Les orientations présentées ci-après (page 73) ne doivent pas être figées dans le temps. En effet, certaines d’entre-elles
pourront être révisées en fonction d’évolutions conjoncturelles et/ou structurelles, à commencer par le mouvement de
refonte des territoires qui impactera et requestionnera nécessairement l’activité et le champ d’action de l’association
(voir ci-dessous).
Dès lors, le diagnostic doit être évolutif et requestionner, si nécessaire, les orientations fixées pour que l’association
puisse rester en veille et en adéquation avec les besoins du territoire.
Une influence parthenaisienne
Le diagnostic, engagé dans la refonte du projet associatif, avait pour objectif de recueillir la parole des acteurs et
habitants du territoire du Pays de Gâtine. Pour ce faire, des élus, des institutionnels, des partenaires et des jeunes ont été
questionnés sur ce territoire (Airvault, Thénezay, Secondigny, la communauté de communes de Parthenay, …). Il faut
noter néanmoins que le diagnostic s’est recentré sur la communauté de communes de Parthenay.
« Pôle » du Pays du Gâtine ou encore, « ville centre », Parthenay a constitué pour partie le terrain d’étude. Les pôles
« secondaires » comme Airvault, Secondigny, Saint Aubin-Le-Cloud et Mazières-en-Gâtine ont été approchés, mais
plus par le prisme institutionnel et politique que par le prisme des jeunes et des ménages. En revanche, dans un contexte
mouvant où les contours des territoires se redessinent, cette orientation s’est faite naturellement, d’autant que le siège
social de l’association est basé à Parthenay.
Un panel non exhaustif
Beaucoup de matériaux ont été recueillis pour le diagnostic notamment sur la question de la jeunesse. Choix assumé par
l’association qui a de fait interrogé des jeunes extérieurs à Un Toit en Gâtine et pas de ménages non bénéficiaires
inscrits sur le territoire. Enfin, les 30 élus et institutionnels interrogés ainsi que les 25 partenaires ont spontanément
orienté leurs entretiens ou réunions sur la question de la jeunesse, au détriment de la question de l’habitat et des
ménages en difficulté où leurs argumentaires et explications étaient moins développés.
Ainsi, le diagnostic aurait pu être plus exhaustif sur la question de l’inscription des ménages sur le territoire et de leurs
besoins. Néanmoins, la focale sur la jeunesse à la fois par l’association, les partenaires et par les élus n’est pas dénuée
de sens…
Une refonte territoriale
Le diagnostic prend en compte le Pays de Gâtine tel qu’il existe aujourd’hui, même si certaines communes n’ont pas été
interrogées en vue des futurs découpages déjà prévus (du fait des influences et rayonnements préexistants).
Ainsi, la réforme territoriale va entrainer des modifications importantes sur le territoire. Ce diagnostic est donc amené à
évoluer au gré des changements même si les orientations ont été pensées avec la réforme des collectivités territoriales en
arrière-fond. Néanmoins, une question reste en suspens : l’association restera-t-elle Un Toit « en Gâtine » ?...
6
Diagnostic territorial
Territoire concerné par le diagnostic
Diagnostic : « Habitat et jeunesse en
Gâtine »
Diagnostic : « Habitat et ménages en
Gâtine »
Diagnostic : « Un Toit en Gâtine
s’auto diagnostique »
7
Territoire concerné par le diagnostic
Situation générale du territoire de l’étude
A. Position géographique et population
Situation géographique
Situé entre Bressuire, Niort et Poitiers, le Pays de Gâtine comprend 10 cantons, 10 communautés de
communes et 103 communes. Ce territoire s’organise autour d’un pôle urbain, Parthenay et de deux
pôles ruraux, Moncoutant et Airvault. Enfin, Secondigny, Mazières en Gâtine et Thénezay constituent
des pôles de troisième ordre.
Qui plus est, la Gâtine est marquée par des disparités spatiales liées à l’influence de l’agglomération
niortaise au sud et au rayonnement interne des pôles ruraux. A noter que Niort donne plus d’habitants
qu’elle n’en attire en raison du phénomène périurbain qui se développe au sud du Pays.
Population et démographie
En 2010, le Pays de Gâtine comptabilisait un peu plus de 80000 habitants contre 75700 en 1999 (+5%) et représente
22% de la population des Deux-Sèvres. C’est un territoire rural confronté au vieillissement de la population mais qui
garde une démographie dynamique (augmentation de la population, migrations,…).
B. Evolutions démographiques
1er constat : vieillissement de la population mais dynamisme démographique !
Selon l’INSEE1, la part de la population de 60 ans et plus passerait de 25% en
2006 à 32% en 2020. Ainsi, si les conditions de santé demeurent identiques, le
département passera de 89000 en 2006 à 124 000 personnes de 60 ans et plus en
2020, soit +40% en quatorze ans, soit un peu plus que l’augmentation régionale.
Comme l’indique l’étude prospective, les personnes âgées sont
proportionnellement plus présentes dans les espaces ruraux que sont le Pays de
Gâtine et l’espace rural du Sud Deux-Sèvres.
Ensemble
de 60 à 79 ans
de 80 ans et plus
Population 2020
Ensemble
de 60 à 79 ans
de 80 ans et plus
Evolution 2006-2020
(en%)
Ensemble
de 60 à 79 ans
de 80 ans et plus
1
2
3
Pays du
Pays
Bocage
de
BressuiraisGâtine
Thouarsais
92700
77300
17100
16600
5000
5500
Aire
urbaine
de Niort
Espace
rural
Sud 79
Département
131300
21700
6600
56100
11900
4300
357400
67300
21400
100900
24500
7000
79900
21000
7700
147300
33400
8900
59700
16000
5800
387800
94900
29400
+8,8
+43,4
+40
+3,3
+26,4
+39,7
+12,2
+53,6
+35,1
+6,4
+34,5
+35,1
+8,5
+40,9
+37,4
En 2006, la population de plus
de 60 ans représentait 28.7% de la
population totale du Pays de
Gâtine. En 2020, elle devrait
atteindre 36%.
Comme le souligne l’INSEE2, s’il y
globalement un renouvellement de
population avec beaucoup d’arrivants, cela
couvre pas totalement les départs au sein
Pays.
a
la
ne
du
En revanche, après une longue décroissance
démographique de plusieurs années, le Pays de
Gâtine a progressivement connu une phase de
stabilité puis une reprise nette de sa population3
(+4.3% entre 1999 et 2008).
INSEE, Décimal n°307, décembre 2010.
INSEE, Décimal n°244, 2004.
Brève de Scot, numéro 5, juin 2012.
8
2ème constat : plus de jeunes sortants que de jeunes entrants
L’évolution des tranches d’âge permet d’observer que la Gâtine se situe
globalement dans les moyennes départementales et régionales, avec une
classe d’âge des jeunes légèrement en dessous de la moyenne et donc une
classe d’âge des plus de 60 ans qui tend à augmenter.
Néanmoins, les jeunes ont tendance à sortir du territoire (Scot et Lettre n°11
de l’Observatoire Nord 79 des Maisons de l’Emploi). Constat déjà mis en
évidence en 20044 par l’INSEE qui affirmait que « ce sont surtout les jeunes
qui quittent la Gâtine : ils représentent quasiment la moitié des départs entre
1990 et 1999. La population des 20-24 ans a diminué de 32% durant cette
période et celle des 25-29 ans de 17%. Il s’agit également des populations
les plus diplômées […]. Quant aux régions de destination de ceux qui
quittent la Gâtine, elles sont principalement limitrophes : les départements
du Poitou-Charentes et ensuite les régions Pays de la Loire et Aquitaine ».
En revanche, l’observatoire de la Maison de l’Emploi Nord 79 a indiqué
récemment que si l’on zoomait sur la tranche d’âge 25-29 ans, les entrants
étaient supérieurs aux sortants (BAC +2 et plus étant les plus représentés). A
noter que ce constat prend en compte le Pays de Gâtine mais également le
Bressuirais et le Thouarsais…
3ème constat : arrivée de familles et explosion du nombre de ménages !
Ainsi, on a des départs et des arrivées dont l’intensité diffère selon les âges. Tandis que la part des moins de 40 ans avait
tendance à diminuer ces dernières années, celle des plus de 40 ans augmentait. L’INSEE notait en 2004 que cette
dernière classe d’âge était alimentée par l’arrivée de familles avec enfants qui restent ensuite dans le Pays jusqu’aux
âges les plus élevés.
De plus, comme le souligne le Pays de Gâtine dans ses récentes
études, le nombre de ménages a explosé en 40 ans (+136%). Cette
évolution s’explique par deux principaux phénomènes conjugués : la
croissance démographique (solde taux natalité / mortalité/migrations)
et le desserrement familial (couples monoparentaux / familles
séparées / recomposées / décohabitation familiales / …).
De la sorte, alors que le territoire a perdu des habitants sur les derniers recensements, le desserrement familial et donc
l’évolution des modes de vie a induit une forte progression du nombre de ménages sur le territoire et donc de résidences
principales.
C. Habitat et logement
En vue des éléments précédemment cités, les besoins en logement ont augmenté de 43% entre 1968 et 2008.
Dès lors (au regard des trois constats) les questions du logement des anciens, des jeunes et jeunes ménages ainsi que des
familles monoparentales sont fondamentales. A noter que deux bailleurs sociaux publics sont présents sur le territoire
(SA Atlantique et Habitat Nord 79) et un privé intervenant dans le champ social (le PACT) en plus de l’association Un
Toit en Gâtine.
Enfin, les chiffres relèvent une augmentation des logements vacants et vétustes sur le territoire. Nombreux sont ceux qui
ne correspondent plus à la demande et aux modes de vie actuels (logements petits, mal isolés, …) car 80% des
logements individuels ont été construits avant 1981. Les logements collectifs sont également relativement anciens et
datent des années 1950 à 1970.
4
Ibid.
9
Globalement, peu de données existent aujourd’hui sur l’Habitat en Gâtine. La démarche de diagnostic engagée dans le
cadre du schéma de cohérence territorial (Scot) apportera des éléments d’analyse et de prospective exhaustifs.
D. Economie
Dynamique territoriale5 :
L’agriculture
L’agriculture est en nette recul mais son poids reste deux fois
supérieur à la moyenne régionale avec plus de 16% d’actifs dans ce
secteur. Les chefs d’exploitations vieillissent (71% des exploitants
ont plus de 40 ans), les jeunes sont peu nombreux et ont des
difficultés à s’installer. En revanche, le Pays a su se moderniser en
s’appuyant sur son savoir faire pour l’élevage et en maintenant sur
son territoire des unités productives de transformation de la viande.
A noter que le canton de Secondigny est l’employeur le plus
important dans le secteur agricole avec 1942 salariés (Lettre n°4 de
l’observatoire nord 79, 2010).
Une importante industrie agroalimentaire
Trois pôles industriels d’activités sont recensés sur le territoire :
Parthenay avec plus de 800 emplois salariés industriels, Airvault et
Moncoutant avec plus de 600 emplois salariés industriels chacun.
Cela permet de définir deux grandes zones en Gâtine. La première au
nord disposant d’une autonomie relative en termes de développement
agro-industriel. La seconde au sud où, en dehors de l’activité agricole, les salariés du secondaire et du tertiaire sont
captés par le pôle urbain de Niort.
La Gâtine emploie ainsi près de 5000 salariés dans l’industrie. Elle est dotée d’un important appareil industriel de
transformation des produits agricoles pour animaux. Les industries agroalimentaires emploient près du tiers des effectifs
salariés dans l’industrie de la Gâtine. De plus, 22% des salariés de l’industrie travaillent dans le secteur de la mécanique
et 10% dans chacun des secteurs de l’équipement de foyer, métallurgie et produits minéraux. Enfin, le secteur tertiaire
représente 54% des emplois.
A noter que ces secteurs ont particulièrement souffert durant la crise, notamment l’industrie automobile et les
entreprises de travail temporaire. Ainsi, à partir des bases chiffrées de l’URSSAF on constate que sur une année entière
(décembre 2008- décembre 2009) le Nord 79 a perdu 2200 emplois salariés (soit une baisse totale de -5.7%) dont 1017
sur le Bocage bressuirais, 814 en Gâtine et 370 en pays thouarsais.
Trois emplois sur quatre dans les services6
L’économie sociale du Pays de Gâtine privilégie la forme associative. Les associations rassemblent alors à elles seules
70% des établissements et 61% des salariés. Les coopératives arrivent en second avec 28% des établissements de ce
secteur et 38% des salariés. De plus, l’activité des établissements de l’économie sociale est centrée dans le secteur des
services (huit établissements sur dix).
Ainsi, 77% des salariés de l’économie sociale de Gâtine travaillent dans les services, soit plus de 2000 personnes et
1700 salariés en équivalent temps plein. Au total, les services, qu’ils soient marchands ou non marchands, occupent près
de 9600 salariés dans l’ensemble de l’économie de Pays.
5
6
INSEE, Décimal, n°244, septembre 2004.
INSEE, Décimal, n°260, septembre 2005.
10
Emploi et demandeurs
Un recours important aux emplois saisonniers et intérimaires
L’intérim est en progression et le temps partiel féminin est très répandu. Cela s’explique par la présence d’activités de
main-d’œuvre, utilisant une population féminine (les secteurs de l’agroalimentaire et des services aux personnes) et par
la saisonnalité de certaines activités (cueillette des pommes, abattage des volailles, …). Dès lors, l’emploi ouvrier ou
employé est fortement représenté (77% des salariés sur le Nord 79 en 2010. Lette n°4 de l’observatoire nord 79).
Les titulaires de CAP et BEP (42%) sont beaucoup plus nombreux que les diplômés de l’enseignement supérieur, ces
derniers moins représentés que dans l’ensemble de la région (6%). Conséquence des activités présentes dans le
territoire, des emplois peu qualifiés et du faible taux d’encadrement, le niveau de salaire net horaire moyen, en Gâtine,
en 2000, est inférieur à celui de la région, qui figure lui-même parmi les plus bas de France.
Les jeunes arrivent plus rapidement sur le marché de l’emploi (nord 79)
A partir de 18 ans, le taux de scolarisation sur le Nord 79 devient moins important qu’à l’échelle de la Région. En effet,
le territoire offrant peu de formation post-bac, les jeunes recensés ici sont plus souvent sur le marché de l’emploi. A
noter que ceux qui sortent du territoire pour faire des études sont comptabilisés sur le lieu d’étude.
En 2008, parmi les « 15-29 ans » recensés sur le Nord 79 : 32% étaient inactifs (39% en P-Ch.), 58.4% occupaient un
emploi (49% en P-Ch) et 9.7% étaient au chômage (12% en P-Ch).
Les jeunes sont proportionnellement plus souvent en contrat à durée déterminée et notamment en contrat de travail
temporaire. A noter que le Nord 79 fait partie des territoires les plus utilisateurs du travail temporaire en PoitouCharentes, notamment pour répondre aux besoins de l’industrie qui est une spécificité du territoire.
Demandeurs d’emploi
Le nombre de demandeurs d’emplois dans le
Nord 79 (Lettre observatoire n°6 nord 79, 2011)
croît depuis 2008, même si globalement le
chômage progresse moins vite que la moyenne
régionale.
Deux principaux constats sont à noter : une forte
progression du nombre de demandeurs
d’emplois inscrits depuis plus d’un an, et les
jeunes de moins de 26 ans sont les plus touchés.
E. Migrations résidentielles et mobilité7
Un habitant sur 10 est arrivé depuis moins de 5 ans (nord 79)
En 2008, 162 841 individus de plus de 5 ans sont recensés sur le Nord 79. Parmi eux, 17577, soit 10.8% n’habitaient pas
le territoire. Une grande majorité des migrants du Sud (Niort) se sont installés en Gâtine (84%) notamment sur les
cantons de Mazières-en-Gâtine, de Champdeniers-Saint-Denis et de Coulonges-sur-L’Autize, et 52% des migrants de la
Vienne se sont installés en Gâtine principalement dans le canton de Parthenay.
7
Lettre n°10 de l’observatoire Nord 79 des maisons de l’emploi, 2012.
11
Les jeunes sont mobiles
Certaines tranches d’âge sont davantage
concernées par les migrations résidentielles.
Ainsi, comme mentionné ci-dessus, les « 1530 » ans représentent 56% des flux entrants
et 53.7% des flux sortants. Ceux qui quittent
le territoire ont l’âge d’être étudiants et ceux
qui entrent ont l’âge de chercher un emploi
ou un apprentissage.
Dès lors, mise à part la catégorie
« étudiant », le Nord 79 est un territoire qui
attire globalement plus qu’il ne perd
d’habitants. Les actifs sont les plus
nombreux parmi ceux qui s’installent et participent au dynamisme économique (consommation et économie
résidentielle) du territoire. A noter qu’on comptabilisait l’entrée de 747 enfants de moins de 14 ans sur le Nord 79 en
2008.
12
Territoire concerné par le
diagnostic « jeunesse et
ménages »
A retenir
Le territoire du Pays de Gâtine se caractérise par sa ruralité, sa
centralité géographique et ses multipolarités (rayonnement des pôles
internes : Airvault, Secondigny, Mazières en Gâtine, …).
Vu de l’extérieur, le Pays renvoie l’image d’un territoire en déprise.
Et pourtant, la Gâtine a une démographie dynamique et une économie
active malgré la crise actuelle.
•
•
•
Ainsi, l’évolution démographique fait apparaitre trois points :
Le vieillissement de la population et l’augmentation
importante des plus de 60 ans (notamment des 80 ans et plus)
La forte mobilité des jeunes sur le territoire : départ des
jeunes étudiants et arrivée de jeunes entre 25 et 30 ans en
recherche d’emploi ou en situation d’apprentissage
L’explosion du nombre de ménages du fait des
recompositions familiales (décohabitation, rupture conjugale,
…)
Ces différents points viennent questionner les équipements et services
mis à la disposition de ces populations ainsi que l’offre de logements
disponible. D’autant que l’influence niortaise et poitevine est
favorable à la Gâtine qui voit arriver de nouveaux ménages avec
enfants.
•
•
•
•
De plus, l’évolution économique fait apparaitre quatre points :
Prégnance des secteurs agricole, industriel et tertiaire
(services)
Forte représentation des catégories socioprofessionnelles, des
retraités, des ouvriers et des employés sur le territoire
(entrants compris)
Importance des contrats à durée déterminée, de l’emploi
intérimaire et saisonnier notamment chez les jeunes
Entrée (retour ?) de jeunes qui ont l’âge de travailler ou qui
cherchent un contrat d’apprentissage sur le territoire
A noter que les jeunes sont les plus impactés par le chômage sur le
territoire ; d’autant qu’ils sont « autonomes » plus précocement que
dans le reste de la région, donc exposés plus facilement au risque du
chômage. Leur situation au regard de l’emploi sur le territoire est
donc « fragile » en termes de formes de contrat (CDD, intérim, emploi
saisonnier, …) et de stabilité financière (montant et régularité en
fonction des contrats).
13
Diagnostic : « Habitat et jeunesse en
Gâtine »
I.
Introduction : état des lieux du logement et l’hébergement des jeunes en Gâtine
L’action d’insertion par le logement que l’association souhaite conduire se veut globale. En revanche, pour analyser les
besoins spécifiques, Un Toit en Gâtine cible son action sur un public bien défini : les jeunes de 16 à 30 ans ainsi que les
ménages ayant une problématique logement (couples avec ou sans enfant, familles monoparentales, personnes seules,
…).
A. Prospective Gâtine 2000-2010
Anciennes orientations sur le logement des jeunes
Un diagnostic partagé a été réalisé, il y a de ça quelques années par tous les acteurs
du territoire pour définir des actions à mettre en place pour l’aménagement et le
développement de la Gâtine en matière d’habitat. Cette démarche participative
intitulée « Prospective Gâtine 2000-2010 » réaffirmait la nécessité de la mise en
œuvre d’une politique forte pour l’accueil et le maintien des populations, notamment
des jeunes.
13.84% de la population du
Pays de Gâtine a entre 15 et 29
ans. INSEE, RP 2009
A ce titre, le pays se dote d’un document de référence de la politique de l’habitat « le Programme Local de l’Habitat du
Pays de Gâtine en 2000 » reprenant les orientations concernant le logement des jeunes :
- la restructuration des locaux occupés par l’association
- la création de 3 Résidences Habitat Jeunes éclatées sur la Gâtine
- la mise en œuvre d’un Programme Social Thématique Jeunes (PST)
- l’expérimentation d’une bourse au logement rural
- la réalisation d’une Opération Programmée pour l’Amélioration de l’Habitat (OPAH)
L’ensemble de ces préconisations ont été réalisées. Aujourd’hui il convient d’en pérenniser et d’en développer certaines.
B. Etat des lieux actuel
Une demande d’hébergement / logement croissante au sein des dispositifs jeunes
Devenue l’acteur unique sur le territoire de Gâtine en matière de logement des jeunes, l’association en 2011 accueillait
153 jeunes sur les résidences habitat jeunes, répondait à 67 demandes sur le SILOJ et 43 sur le CHRS jeunes. A ce titre,
on constate une augmentation de l’ensemble des demandes d’hébergement des jeunes.
Nombre de jeunes accueillis à
la RHJ
Nombre de demandes sur le
SILOJ
Nombre de demandes sur le
CHRS Jeunes
2009
2010
2011
130
131
153
100
59
67
31
29
43
Rapport d’activité Un Toit en Gâtine, 2011
Depuis plusieurs années les demandes ont sensiblement évolué. Dans un
contexte de crise, la situation des jeunes se dégrade. On observe une montée
de la précarité des jeunes sur nos territoires et les associations locales tentent
de s’adapter à cette réalité. Ainsi, l’association a dû faire face à une
augmentation des demandes sur le CHRS jeunes de plus 40% entre 2010 et
2011.
30% des jeunes accueillis au sein
des résidences habitat jeunes sont sans
ressource (20% en 2009 et 22% en 2010)
et 50% des demandes sur le Service
Logement concernent des jeunes de
moins de 30 ans. Rapport d’activité, Un
Toit en Gâtine, 2011.
14
On constate trois phénomènes :
1°) Une hausse des demandes
2°) Une précarité croissante des jeunes demandeurs8
3°) Un élargissement des dispositifs concernés par le public jeune. Le centre d’hébergement d’urgence, la stabilisation,
l’ALT sont désormais concernés par ces demandes. Cette tendance se retrouve au niveau départemental, puisque le
SIAO Insertion note une augmentation significative des demandes des jeunes ménages sur les dispositifs d’urgence
(115) et d’insertion (CHRS, stabilisation, ALT).
Une décohabitation rapide : « Des jeunes autonomes plus tôt »
Comme l’indique l’observatoire Nord 79 des maisons de l’emploi, les jeunes seraient autonomes plus tôt sur nos
territoires. Sans surprise, les plus jeunes (15-19 ans) vivent chez leurs parents et les plus âgés (25-29 ans) sont
majoritairement autonomes et nombre d’entre-eux sont en situation de parentalité.
Dès lors, les jeunes du Nord 79 partent rapidement du domicile familial et font des enfants plus tôt que la moyenne des
jeunes en France.
C. Précarité de la jeunesse : bien plus qu’un constat local, un constat national
En France 23 % des jeunes sont pauvres
Cette situation semble être à l’image des difficultés et des points de blocage de la société française. Aussi, une des
questions centrales « est de déterminer s’il faut mettre en œuvre une action globale en direction de la jeunesse ou s’il
convient plutôt d’adopter une politique ciblée en faveur de certaines franges particulièrement en difficulté »9. Ainsi,
certains experts réfutent l’idée d’un destin commun à une génération. « Tous les jeunes ne sont pas logés à la même
enseigne » comme l’affirme Olivier Galland et bien d’autres10.
Hétérogénéité des jeunes : scission entre deux jeunesses ?11
Les jeunes sont en effet les premières victimes de la récession mais tous ne la subissent pas aussi violemment12. Ainsi,
les jeunes non diplômés subissent une triple peine : ils sont rejetés par l’école, ils ont de faibles ressources familiales et
ils sont insuffisamment aidés par la puissance publique (pas de RSA pour les moins de 25 ans).
En France, 23% des jeunes sont âgés de 16 à 25 ans sont pauvres selon le premier rapport de l’Observatoire de l’Institut
Nationale de la Jeunesse et de l’Education Populaire (Injep).
Le taux de pauvreté des 18-24 ans atteint 22.5% selon le rapport, alors qu’il ne dépasse pas 14% dans l’ensemble de la
population. De plus, chez les jeunes, il a progressé de 5 points depuis 2004.
Au total, selon l’INJEP, plus d’un million de jeunes sont désormais confrontés à une situation de grande précarité en
France
8
« Jeunes : le nouveau combat contre la pauvreté » (2011). La Nouvelle République, 19 octobre, p.6.
Galland O., « Comment vraiment aider les jeunes ? », site de l’INJEP, 31 janvier 2012.
10 P. Cahuc, S. Carcillo, O. Galland, A. Zylberberg, La machine à trier. Comment la France divise sa jeunesse, 2011, Eyrolles.
11 Ibid.
12 Kremer P., « En France, 23% des jeunes sont pauvres », Le Monde ,03 décembre 2012.
9
15
Diagnostic : « Habitat et
jeunesse en Gâtine »
A retenir
Trois constats s’observent au regard de l’activité de l’association et
des maisons de l’emploi (nord 79) :
•
•
•
Une prise d’autonomie rapide des jeunes sur le territoire
(décohabitation familiale)
Une hausse des demandes d’hébergement et de logement des
jeunes sur les trois dernières années formulées auprès de
l’association
Une précarité croissante d’une partie de cette population et un
élargissement des dispositifs concernés par leur accueil
(urgence, stabilisation, logements temporaires,…).
16
II.
Recueil de la parole des élus et institutionnels locaux sur la jeunesse
A. Les élus et les institutionnels locaux : perception de la jeunesse
Comme peuvent le souligner la plupart des élus et des institutionnels locaux, le
prisme de lecture de la jeunesse est souvent teinté de négatif. Aujourd’hui, le
terme jeunesse renvoie bien souvent à des problèmes de repères, d’insertion, de
mobilité, d’ordre public,…
En revanche, les élus ne se limitent pas à cette analyse. Ils considèrent, pour la
majorité d’entre-eux, que la jeunesse est un processus plutôt qu’un état et que
cette étape est indispensable dans l’apprentissage de leur propre vie. Aussi, la
jeunesse apparaît être « l’âge de tous les possibles », « l’avenir de la société »,
« une période de développement de soi, d’apprentissages et d’expérimentations ».
« Une population qui en bave »,
« Une perte de repères », « Les jeunes
subissent », « Hélas, je définis la
jeunesse par ses difficultés »
« 8 Français sur 10 (81%) pensent
qu’il est difficile d’être un jeune
aujourd’hui », IPSOS, 2011
A cet égard, ils mettent en avant le fait que les jeunes doivent désormais construire par eux-mêmes leur destin
professionnel, ils ne l’héritent plus de leurs parents. C’est pourquoi, cette période de la vie est perçue comme une phase
de tâtonnements nécessaire pour, dessiner son avenir professionnel et capitaliser un certain nombre de ressources
sociales (familiales, amicales, …).
ZOOM sur…13
Hétérogénéité
Les jeunes face aux représentations14
« Des » jeunesses
« Pour les uns, les jeunes auraient perdu le goût du travail, seraient anesthésiés par les prestations
d’assistance et s’éterniseraient dans le confort douillet de la vie de famille en passant leur journées
devant la télévision. Une génération « canapé » en quelque sorte. Pour les autres, les jeunes seraient
confrontés à un déclassement brutal, une précarité permanente à laquelle même les diplômés
n’échapperaient pas. Bref, une génération « galère ».
Plusieurs experts se sont donc regroupés au sein de l’INJEP
l’INJEP en 2012 et ont publié un rapport,
Inégalités entre jeunes sur fond de crise.
crise. Ils viennent apporter un éclairage sur la situation des jeunes
et les moyens de l’améliorer. Ils insistent sur une division des jeunesses : l’une diplômée et l’autre
laissée pour compte. Ils réfutent donc la notion de « génération » qui induirait que la jeunesse est un
tout homogène, en opposition à d’autres générations. En effet, des situations de jeunes se différencient
et il existe de très fortes solidarités intergénérationnelles
intergénérationnelles informelles à l’intérieur notamment des
familles (qui renforcent d’autant plus les inégalités entre jeunes).
Si les élus et institutionnels – et plus globalement les Français – sont conscients des difficultés importantes auxquelles
les jeunes doivent faire face, ils semblent avoir du mal à comprendre ces jeunesses qu’ils jugent parfois sévèrement.
« - Les 18, 25 ans sont dans
l’indécision mais aussi dans l’inquiétude
- C’est normal, tout leur tombe « tout cuit
dans le bec
- Non, ça n’est pas vrai. Les jeunes
subissent et ont du mal à rebondir car ils
n’ont pas appris. On ne peut pas leur
reprocher ».
13
INJEP (Institut National de la Jeunesse et de l’Education Populaire), « Inégalités entre jeunes sur fond de crise », 4 décembre 2012, La Documentation
française, Paris,
14 P. Cahuc, S. Carcillo, O. Galland, A. Zylberberg, La machine à trier. Comment la France divise sa jeunesse,
jeunesse, 2011, Eyrolles.
17
B. Les jeunes, de qui parle-t-on ? (représentations des élus)
Les élus ont été questionnés à ce sujet. Encore une fois, la pluralité des réponses
montre leur difficulté à trouver un consensus sur une définition de la jeunesse et sur
une façon d’appréhender cette étape de la vie.
Dès lors, la confusion « enfance jeunesse » est très présente.
Définition au regard de l’âge : des bornes consensuelles ?
« Une population entre le
collège et la vie active (14-25 ans)
qui en bave », « Génération
zapping et perte de repères. Les
18-25 ans sont dans l’indécision
mais aussi dans l’incertitude »,
« Ce sont les jeunes de 8 à 21
ans », « Je situe les frontières entre
16 et 25 ans »
Pour certains élus la jeunesse se situerait entre le collège et la vie active. Ainsi, les 14-25 ans, les 15-25 ans, les 16-25
ans, les 18-25 ans constitueraient la jeunesse. Enfin, il y a ceux qui évoquent des périodes : l’enfance, l’adolescence et
l’âge adulte. D’autres se référent aux compétences de leur commune et de leur communauté de communes pour borner
cette étape ; ils statuent sur 8-21 ans.
La disparité des bornes fixées par les élus est révélatrice des difficultés qu’ils
rencontrent dans leur tentative d’approche.
La jeunesse : un statut provisoire et un état d’esprit ?
On se rend compte que le critère de l’âge n’est pas satisfaisant. En l’occurrence, la
majorité des élus sont d’accord sur un point : les jeunes sont des « citoyens en
devenir ». Il s’agit bien d’une étape « tremplin » !
De plus, les élus s’interrogent sur les nouveaux comportements de la jeunesse
qu’ils qualifient pour certains de « provocateurs » et de « ségrégatifs ». La jeunesse
ne serait plus celle d’Antan ! Et pourtant, paradoxalement, ils affirment ne pas
réussir à l’approcher. Le fantasme d’une jeunesse « délinquante » et « perdue »
s’est installé. Or, toutes les générations ont été confrontées à ce type de jeunesse :
exemple, les « loubards » dans les années 1980.
« Celui qui est en devenir et
qui cherche son équilibre
personnel », « En tant que citoyen
lambda je pense que les jeunes
sont des personnes en devenir
social, familial et professionnel.
Des personnes en construction »
« Les codes qui régissent les
comportements des jeunes sont
plus ségrégatifs qu’intégratifs »,
« Certes il y a des comportements
inhérents à la jeunesse mais ce
côté provocateur m’interroge »,
« Les jeunes sont acteurs
également d’actes d’incivilité ».
La précarité : nouveau dénominateur commun de la jeunesse ?
A défaut d’avoir une définition consensuelle, la jeunesse est une étape imaginée de
tous et finalement méconnue. En revanche, d’une manière générale, la jeunesse
d’aujourd’hui est confrontée à la précarité au sens large. Dans l’environnement
socio-économique actuel les jeunes constituent la variable d’ajustement des
politiques publiques. Missions intérimaires, CDD à répétition, chômage, petits
boulots pour financer les études, … leurs préoccupations sont quotidiennes.
« Les jeunes c’est un enjeu
pas un problème »
Réflexion et débat
Réflexion
« Surtout la jeunesse est bien dorénavant ce personnage
collectif, en partie fantasmé, dans lequel la société
investit toutes ses craintes et ses espoirs, sous le double
signe de la menace et du renouvellement : menace pour
l’ordre social, mais renouvellement, régénération d’une
société […] à laquelle les jeunes générations sont
appelées à donner un nouvel idéal », Galland O.,
Sociologie de la jeunesse, 2011.
Pour ou contre un
revenu d’autonomie ?
Débat
« C’est le moment de la prise
d’indépendance et d’autonomie.
Je suis pour ma part favorable à un
revenu minimum d’autonomie et
pour tous les jeunes qui entraine
une revisite de l’ensemble de notre
politique fiscale et familiale », élu.
Temps des
expérimentations
18
Définition de la jeunesse15
Les jeunes au travers de l’histoire…Eduquer, s’identifier, puis expérimenter !
Fin XVIIème s., il fallait éduquer les jeunes ! Ils sont donc devenus une catégorie en soi devant
faire l’objet d’un traitement spécifique.
ZOOM sur…
Progressivement, on voit apparaître un nouvel âge de la vie : l’adolescence ! On assiste alors à une
transformation des représentations. La jeunesse est pensée comme une étape de
transition essentielle dans la construction des individus !
Auparavant, on relevait des rites de passage pour accéder à l’âge adulte (mariage, …). Ces rites
ont disparu... Ainsi, l’âge ne constitue plus une catégorie
catégorie de classement du fait de l’allongement
de l’entrée dans la vie adulte !
Aujourd’hui, on identifie 3 attributs permettant à jeune d’entrer dans la vie adulte : le départ de la
famille, l’entrée dans la vie professionnelle et la formation d’un couple. Seulement,
l’enchaînement de ces évènements n’est ni automatique ni linéaire au regard de la situation du
marché du travail, de l’éclatement des modèles familiaux,…
On assiste à un brouillage des repères et à des décalages qui transforment de plus en plus la
jeunesse en un temps d’attente. On serait passé d’un modèle de l’identification à un modèle de
l’expérimentation.
C. Quelle(s) politique(s) jeunesse sur le territoire de Gâtine ?
La question de la construction des politiques locales Jeunesse est très récente en France puisqu’elle a une dizaine
d’année. Par ailleurs, et comme nous l’avons précédemment cité, elle se situe dans un contexte bien particulier : nous
avons à faire à une catégorie de la population que l’on perçoit d’une manière essentiellement négative. C’est donc une
vision négative et paternaliste de la jeunesse qui prédomine dans les esprits. Cette vision pessimiste a des conséquences
importantes en termes de choix d’intervention opérationnelle en direction des jeunes.
Diversité des situations de jeunesse
Tous s’accordent sur la pluralité de la jeunesse. Cette diversité complexifie la lecture et
la compréhension que peuvent en avoir les élus : « La demande est difficile à cerner »
quand bien même le rôle d’un élu est bien d’écouter et de traduire leurs attentes. C’est
pourquoi les élus estiment que « la collectivité ne peut pas faire seule, elle fait également
ou fait faire par des opérateurs extérieurs telles que les associations ».
« On a tendance à
méconnaitre ce public »
« Il est nécessaire de
mettre les acteurs en
direction de la jeunesse en
réseau »
Politique jeunesse : entre volontarisme et latence…
Deux grandes tendances sont observables chez les élus et institutionnels : soit on relève une politique volontariste, soit
on est face à une absence volontaire d’actions ciblées.
Ainsi, le Conseil Régional s’est engagé avec les jeunes dans le cadre du PACTE pour
l’emploi (Caution régionale, aide à la mobilité, …) alors que ce public ne relève pas
d’une compétence obligatoire du C.R.
« Proposer trop de choses
n’est pas mieux, quelquefois
l’ennui est productif et
permet de se mobiliser »
A contrario, certains élus avouent que cette population n’est pas prise en considération
ou encore qu’il n’est pas souhaitable de « tomber dans l’encadrement » de la jeunesse.
On relève ainsi différentes approches, à la fois volontaristes et parfois quasi inexistantes. A noter qu’il est question ici
de politique globale en direction de la jeunesse (économique, sociale, culturelle, …).
15
Galland O., Sociologie de la jeunesse, 2011, Armand Colin, éd. U, Paris.
19
... mais toujours sur un fond de « vivre ensemble » et de lien social !
Les notions de « lien » et de « vivre ensemble » sont très présentes dans le
discours des élus qui, bien souvent, préfèrent aux infrastructures des lieux
informels de convivialité et d’échanges. Ainsi, deux idées sont prégnantes :
impulser le « faire ensemble » et accompagner les jeunes dans leurs projets.
Car, la plupart des élus constatent « qu’on ne leur donne pas la place et qu’on
ne leur fait pas confiance »…
« Mon projet politique repose sur
l’humain plutôt que sur les
infrastructures, le sens de l’engagement
politique est le vivre ensemble et le lien
de solidarité, de convivialité entre les
gens »
L’image et la place des jeunes en France
ZOOM sur…
« Dans la grande enquête sur les valeurs en Europe (European Social
Survey) de 2008, on demandait aux personnes interrogées de dire, selon
elles, quel statut la plupart des gens attribuent aux 20-29 ans (échelle de 1
à 10). Les Français sont ceux qui attribuaient la note la plus basse ».
« Pour ma part, je pense que
l’action publique c’est d’aller à contre
courant, leur donner des outils pour
convaincre les autres adultes de leur
faire une place! »
La jeunesse : défis de l’intercommunalité ?
Les intercommunalités des zones rurales et périurbaines font face aujourd’hui à un redéploiement de la population et de
certaines activités économiques (notamment de services) sans précédent.
Ainsi, on compte six grands défis pour l’intercommunalité en matière de jeunesse16 :
- Un enjeu global dans le développement territorial
- L’accueil de nouvelles populations en milieu rural
- Le changement et le basculement des représentations dominantes en direction de la jeunesse
- La professionnalisation des intervenants socio-éducatifs
- Le partenariat en tant que levier de développement
- La redéfinition de l’espace des politiques jeunesses entre l’Etat, les collectivités, les CAF et les institutions
départementales et régionales
Attractivité du territoire : deux tendances…
L’ensemble des élus œuvrent pour le maintien des populations et notamment
des jeunes. D’une part parce que la Gâtine est un territoire vieillissant et d’autre
part parce que « les jeunes c’est l’avenir ». Mais quels sont les atouts de notre
territoire ? Les élus en recensent plus d’un :
- un bassin d’emploi suffisant : création de la Maison de l’Emploi pour mettre
en relation l’offre et la demande
- un territoire dynamique et innovant : des animations culturelles, des festivals,
« Parthenay : ville numérique », une vie associative développée, …
- une identité rurale forte et une qualité de vie : le bien être, la tranquillité,
l’environnement, la proximité,…
- un territoire accueillant
- une situation géographique centrale
« On a trop tendance à raisonner
sur le territoire de la commune alors
que les jeunes sont mobiles et ont des
réseaux qui dépassent très largement le
seul espace communal, alors pensons
global ! »
« De l’emploi, il y en a ! »
« Oui, le territoire est attractif, il y a de
l’emploi et des services d’intérêt
public qui facilitent la vie des
ménages »
« Un territoire de festivals ! »
« Un territoire où il fait bon vivre »
En revanche, quelques freins au maintien des populations apparaissent dans le discours des élus. Alors que le
dynamisme économique semble suffisant pour certains, il est en souffrance pour d’autres. Par ailleurs, la Gâtine est un
territoire rural et enclavé induisant certaines contraintes. Enfin, il manquerait un « environnement facilitant » pour les
jeunes ménages en termes de services annexes, de lieux de rencontres et de terrains constructibles accessibles. Le
territoire serait donc finalement peu dynamique pour les jeunes comme peuvent l’expliquer certains élus.
16
Mutations et enjeux politiques jeunesses : de l’intervention de l’Etat aux politiques territoriales : les défis de l’intercommunalité », (2006), in Communautés
de Communes et politique jeunesse, Compte rendu de la journée d’information et d’échanges du mercredi 29 novembre 2006 à Paris.
20
Diagnostic : « Habitat et
jeunesse en Gâtine »
A retenir
Les élus rencontrent des difficultés à recueillir la parole des jeunes
sur le territoire et à impulser
impulser une politique jeunesse. Néanmoins, tout
dépend de ce qu’on laisse entendre par « jeunesse ». Car, les actions
en direction de la petite enfance sont très souvent évoquées
contrairement à celles en direction des adolescents et des jeunes
adultes. Dès lors, la confusion « enfance jeunesse » reste très
prégnante.
Et pourtant, le thème de la jeunesse (hors petite enfance) est un vrai
enjeu pour l’intercommunalité (vieillissement de la population, sortie
des jeunes du territoire, …).
21
III.
Recueil de la parole des élus et institutionnels locaux sur le rôle de l’association Un Toit en Gâtine
A. Légitimité et plus values de l’association
Légitimité à intervenir auprès des jeunes publics
Au-delà d’être un acteur identifié sur le territoire de Gâtine en matière
d’habitat, l’association est reconnue par les donneurs d’ordre pour les
missions qui lui sont confiées : « Reconnue par tous », « Acteur référent sur le
territoire qui est impliqué ». Un Toit en Gâtine est également perçue comme
une entité dynamique, solidaire, humaine, à l’écoute des populations qu’elle
accueille, parfois même l’association semble « obstinée ». Tous les élus
reconnaissent sa pertinence et sa légitimité à agir sur le territoire.
A noter que cette légitimité intervient davantage auprès des jeunes publics. A
la question « Comment définiriez-vous l’association Un Toit en Gâtine ? », la
majorité des élus évoque l’action de l’association en direction de la jeunesse.
Un outil d’aménagement du territoire
Cette légitimité assoit l’association sur le territoire de Gâtine. Comme
l’expriment certains élus, Un Toit en Gâtine est « un outil d’aménagement du
territoire qui participe à son développement ». Ainsi, le logement est perçu
comme un outil de mobilité permettant aux jeunes et aux ménages de
s’inscrire sur l’espace rural.
Accueillir, Informer, Orienter et Accompagner les jeunes
Soutien à la ruralité, oui ! Dans ce sens, les élus s’accordent tous sur le fait
que l’association est l’acteur incontournable en direction de
l’accompagnement des jeunes (et de fait, de la mobilité et du maintien de ces
derniers sur le territoire). Ainsi, comme vu précédemment, l’action de
l’association est majoritairement regardée par le prisme de la jeunesse.
L’association est donc identifiée par ses actions d’accueil, d’information,
d’orientation et d’accompagnement (AIOA) des jeunes présents sur le
territoire de Gâtine.
Créer du lien et participer au vivre ensemble
« Solidarité, dynamique, humaine
tant de la part des salariés qu’auprès
des usagers et à la fois territoriale », « Il en
ressort un esprit de grande famille »,
« Une action de qualité sur l’ensemble
du territoire de Gâtine »
« L’association est l’acteur majeur
en matière d’accueil et
d’accompagnement des jeunes face à
l’emploi et aux difficultés de la vie »,
« Gestion des FJT et travail avec les
collectivités locales sur le logement des
jeunes », « Association qui accompagne
les jeunes dans leur autonomie ».
« C’est à la base un simple FJT qui a
considérablement élargi son spectre
d’intervention et qui constitue
aujourd’hui un élément majeur de la
dynamique locale en matière de
logement, d’insertion et d’éducation à
la vie des jeunes en situation précaire »,
« Un véritable outil de soutien à la
ruralité »
« Offrir des possibilités aux jeunes de
se sentir bien », « L’association doit jouer
un rôle d’orientation et d’information des
jeunes. Elle permet de prodiguer aux
jeunes qui en ont besoin un
accompagnement ».
« Un rôle d’éducation à laisser
poindre la folie créatrice », « Se servir de
l’entrée jeunes pour questionner le vivre
ensemble »
Comme vu précédemment, les élus sont sensibles à la question du lien social et du vivre ensemble. En ce sens, Un Toit
en Gâtine est perçue comme une entité créatrice de liens qui participe plus largement au vivre ensemble sur le territoire.
Observation et conduite de projets
Une nouvelle mission pour l’association est apparue au cours des enquêtes
auprès des élus ; celle d’observatoire. Cette demande a davantage été
exprimée par les élus locaux du Pays de Gâtine. Demande émanant
également des partenaires locaux : « Légitimité au niveau du territoire qui est
prouvée et donc on attend l’association sur la question de l’habiter et de
l’observatoire de la jeunesse », « Manque un observatoire de l’habitat sur le
territoire ».Plus largement, les élus départementaux insistent sur la capacité de
l’association dans la conduite de projets et sur sa faculté à travailler « de concert »
avec l’ensemble des partenaires locaux. La notion d’innovation intervient également
à plusieurs reprises, davantage autour de questionnements (« Comment être
suffisamment dans la prospective ? ») et/ou de mots clés (Imagination ? Continuité ?).
« Une capacité à la conduite de
projets, démarche qu’on ne voit pas
ailleurs dans le département, vous êtes les
seuls repérés comme tels ! »
« Nous élus, on ne sait pas qui sont
nos jeunes ! Alors que l’association un Toit
en Gâtine est en mesure d’apporter un
éclairage global sur les jeunes », « Etre une
sorte d’observatoire », « Faire remonter les
besoins des jeunes et être une sorte
d’aiguillon permanent des élus »
22
B. Points de vigilances
Nécessité de renforcer le partenariat et de mutualiser
Comme vu précédemment, l’association semble être incontournable dans le
« Se poser les questions d’un
partenariat local. En revanche, les élus insistent sur l’idée de le renforcer pour
regroupement ou d’une mutualisation
deux raisons principales : 1°) Dans la mesure où les élus rencontrent des
avec les autres acteurs habitat
difficultés à cerner et recenser les demandes des jeunes, il est demandé que le
jeunes »
partenariat entre tous les acteurs de la jeunesse puisse se renforcer et contribuer à l’étude prospective des besoins des
jeunes sur le territoire de Gâtine 2°) De surcroit, les notions de partenariat et de réseau sont essentielles dans la conduite
de projets !
ZOOM sur…
Expérimentation lancée en 2010, AGILOJE, Agir pour le Logement des Jeunes, a permis à
différents acteurs de l’insertion socioprofessionnelle du département de se réunir
régulièrement et de créer une plateforme partenariale. Missions Locales, Associations
Habitat Jeunes, ADIL, PACT, Chambre des Métiers et de l’Artisanat et Conseil Général
ont ainsi travaillé ensemble pour rendre plus lisible l’action d’AIOA en direction des
jeunes en Deux-Sèvres. Cette expérimentation a pris fin en 2012. L’association Un Toit en
Gâtine pilotait AGILOJE sur le département et contribuait ainsi à la dynamique
partenariale du territoire. Certaines initiatives perdurent encore bien que les financements
aient pris fin…
De plus, la mutualisation semble être une piste essentielle – déjà exploitée –
dans un environnement socio-économique en constante mutation. Ainsi, dans ce
contexte, la mise en commun de moyens et d’activités semble primordial pour :
améliorer la qualité de l’action, faire valoir le « faire ensemble » ainsi que les
échanges de pratiques et diminuer les prises de risque individuelles.
Cette mutualisation intervient aujourd’hui sur deux niveaux : 1°) Les
Résidences Habitat Jeunes du département sont déjà dans cette dynamique par
le biais de leur réseau, l’URHAJ (Union Régionale de l’Habitat des Jeunes) 2°)
Le SIAO (volet hébergement-logement d’insertion) donne la possibilité aux
centres d’hébergement du département de mettre en commun des pratiques, des
outils et des projets.
« Un opérateur qui sait mobiliser et
s’entourer », « Acteur sur le territoire qui
développe un réel partenariat »
« Continuer à développer des
actions innovantes, collectives et
partenariales »
L’Association Un Toit en Gâtine est bien présente dans ces deux réseaux puisqu’elle porte la coordination du SIAO
Insertion départemental (Service Intégré de l’Accueil et de l’Orientation) et que le directeur de la structure est codélégué de l’URHAJ. L’objectif à moyen et long terme est bien de maintenir ce type de positionnement.
Nouer des relations avec le monde économique
« L’association devrait être en lien
Les élus mentionnent à plusieurs reprises la nécessité d’intégrer les acteurs
avec les entreprises ! ». « Travailler sur
des
leviers d’insertion professionnelle »
économiques au sein du réseau de l’association pour activer un levier
supplémentaire concernant l’insertion socioprofessionnelle des jeunes, voire des ménages en difficulté. Ce point fait
inévitablement écho à l’approche globale portée par les associations
associations Habitat Jeunes en général et par l’association Un
Toit en Gâtine au travers de l’ensemble de ses services (Service Logement, CHRS, …). Enfin, intégrer des acteurs
économiques comme partenaires permettrait à l’association de nouer d’autres formes de partenariat (mécénat, …). Dans
le contexte actuel où les financements publics se détériorent, l’idée de nouveaux vecteurs de financements n’est pas à
exclure.
23
Mieux faire valoir sa contribution à l’intérêt général
L’association est identifiée, légitimée et répartie sur l’ensemble du territoire de
Gâtine. Pour autant, certains élus estiment qu’il serait opportun de construire un
argumentaire montrant les réelles plus values qu’elle apporte. Association
d’utilité sociale, Un Toit en Gâtine devrait pouvoir mettre davantage en
exergue ses actions contribuant à la cohésion sociale, à la solidarité, à la mixité,
…
« L’association a pris une place et
elle remplit déjà une mission de service
public, il faut sans doute donner à
montrer cette contribution à l’intérêt
général et mieux le faire savoir […] Il
faut que l’association essaie de
développer un argumentaire afin de
montrer la plus value qu’elle apporte
réellement aux collectivités »
24
Diagnostic : « Habitat et
jeunesse en Gâtine »
A retenir
Les élus soulignent tout l’intérêt d’une association comme Un Toit
en Gâtine sur le territoire en matière de jeunesse : outil
d’aménagement du territoire, lieu d’accueil, d’information et
d’accompagnement, instance créatrice de liens et contributrice du
vivre ensemble, …
Dès lors, les élus sont en attente d’une nouvelle mission que pourrait
porter l’association, à savoir celle d’observatoire de la « jeunesse »
au regard de son champ d’action et du public qu’elle accueille (jeunes
en insertion en situation de mobilité socio professionnelle). Recenser,
observer et aiguiller pourraient faire partie des nouvelles missions de
l’association selon les élus.
En revanche, ils mettent en avant plusieurs points
points de vigilance qui ne
sont pas sans rappeler le contexte socioéconomique
socioéconomique actuel
(mutualiser, nouer des relations avec les entreprises et mieux faire
valoir sa contribution à l’intérêt général).
25
IV.
Recueil de la parole des partenaires sur la question de la jeunesse
A. Identification des besoins en fonction des territoires
Comme vu précédemment, les partenaires (comme les élus) évoquent en premier lieu la mission de l’association en
direction de la jeunesse. Les questions de précarité et d’accompagnement des ménages ne sont venues que dans un
second temps lorsque les partenaires ont été amenés à recenser les besoins du territoire. Dès lors, au regard des trois
questions qui leurs ont été posées, ils ont identifié les plus values de l’association et les manques.
Les partenaires présents sur la communauté de communes de Parthenay
« Du cousu main »
Les partenaires parthenaisiens ont insisté sur cette notion. Ainsi, ils connaissent
parfaitement les missions de l’association en direction de l’habitat des jeunes. A
la fois identifiée comme « un toit pas cher » et un « espace de socialisation,
d’accompagnement, d’animations et de concerts », ils ont une lecture complète
de l’action de l’association en direction de ce public.
« Locomotive territoriale » et coordination
De plus, ils ont insisté à plusieurs reprises sur le partenariat existant sur le
territoire et le rôle de l’association au travers de ce partenariat. Dès lors, Un Toit
en Gâtine est perçue comme une « locomotive territoriale » et est reconnue pour
son travail de coordination partenariale.
Les partenaires présents sur l’airvaudais
« Multi fonctions autour de
l’habitat », « Aide à la mobilité des
jeunes », « Hébergement temporaire
pour les jeunes », « Solution logement »,
« Offrir une palette d’actions et de
services pour les jeunes »
« Que l’association soit une force
de propositions et d’innovation sur le
territoire avec une fonction de
chargée de projets », « Qu’Un Toit en
Gâtine soit une coordinatrice avec les
acteurs locaux pour les problèmes de s
jeunes et que cette coordination nous
permette de nous réunir régulièrement
pour apporter des pistes de travail »
« Une RHJ sur chaque canton avec des logements type CHRS »
Les partenaires de l’airvaudais ont très vite axé leur discours sur l’outil
résidence habitat jeunes, à savoir sur le bâti et l’accompagnement. Ainsi, le
manque de logements sur la résidence habitat jeunes d’Airvault est très vite
apparu : « Plus de logements RHJ sur Airvault pour pouvoir accueillir les
apprentis ». Ils soulèvent également le manque d’accueil des jeunes qui arrivent
en « urgence » sur le territoire ou qui sont en difficulté.
« Créateurs de structures et
animateurs de ces structures »,
« Développeur du concept habitat
jeunes »
« Manque d’accompagnement »
De plus, ces partenaires se sont plus orientés sur l’accompagnement à la fois
individuel et collectif. Demandeurs d’actions collectives et d’un
accompagnement individualisé plus important, ils souhaiteraient avoir « un
service logement qui soit identique à Parthenay, voire créer une antenne Un Toit
en Gâtine sur l’airvaudais ».
« Actions collectives à renforcer »,
« Manque un suivi éducatif plus
prégnant », « Manque
d’accompagnement dans la durée »
« Manque de présence physique sur le territoire »
Plus éloigné de Parthenay, le rayonnement de l’association apparait moins
important. Les partenaires d’Airvault soulignent le manque de proximité et
d’échanges alors que sur Parthenay, ce point est apparu comme étant un acquis
fondamental.
« Plus de concertation avec les
acteurs de terrain », « Que l’association
poursuive son travail de partenariat
mais avec plus de proximité et
d’échanges », « Manque
d’interventions au-delà de la mission
ASLL »
Développer l’axe mobilité
Les partenaires de l’airvaudais soulignent le besoin de travailler sur la question de la mobilité en développant les
locations de cyclomoteurs et de voitures.
26
B. Socle commun des deux territoires
« Un tremplin, une étape, un relais et un départ pour les jeunes »
De Parthenay ou d’Airvault, tous les partenaires reconnaissent la pertinence de l’association au regard de sa mission
d’insertion par le logement. Ils soulèvent alors plusieurs plus-values communes :
•
•
•
•
Une solution logement adaptée pour les jeunes
Un lieu d’écoute, un « secours »
Un accompagnement à la citoyenneté
Un espace de socialisation, d’animations et de concerts pour les jeunes et pour le territoire
« Plus de logements de dépannage pour les jeunes et plus d’accompagnement »
En revanche, tous expriment le manque de logements d’urgence et de place
CHRS pour les jeunes les plus fragiles. De plus, certains partenaires
souhaiteraient qu’il y ait encore plus de correspondances entre formation,
emploi et logement même si certaines dispositions existent déjà (participation
de la Maison de l’Emploi aux commissions d’attributions de l’association, …).
« Pas assez d’accompagnement
pour les jeunes en rupture familiale et
sans revenu car, les places CHRS sont
limitées », « Mettre en place plus de
temps d’écoute pour les jeunes »
« Expertise, innovation et observatoire »
Même si les notions d’expertise et d’innovation étaient plus présentes sur Parthenay, les partenaires d’Airvault avaient
malgré tout souligné celle d’observatoire : « Il manque un observatoire de l’habitat sur le territoire et sur le public et les
jeunes ».
Les partenaires et l’association
« Un lieu de ressources
d’accès de droits pour
les jeunes »
« Développeur du concept habitat
jeunes à l’échelle du pays »
« Une des portes parole de la
jeunesse sur le territoire »
« Un tremplin, une étape, un relais et
un départ pour les jeunes ! »
« Interface autour de la question
jeunesse »
« Du cousu main »
« Aide à la réinsertion des jeunes »
27
Diagnostic : « Habitat et
jeunesse en Gâtine »
A retenir
Les partenaires ont des attentes différentes en fonction des territoires
sur lesquels ils sont inscrits même s’ils ont globalement des points de
convergence.
Les partenaires présents sur Parthenay n’ont pas de demandes
spécifiques vis-à-vis de l’association concernant le public jeune mise
à part l’affirmation d’Un Toit en Gâtine comme « locomotive »
partenariale sur cette question (et celle des ménages).
Les partenaires de l’airvaudais quant à eux, ont développé plusieurs
besoins propres à leur territoire :
•
•
•
•
Manque de logements en RHJ et d’hébergements adaptés type
CHRS jeunes
Besoin de renforcer l’accompagnement à la fois individuel et
collectif sur la résidence (actions collectives, ateliers, …)
Pas assez de présence physique d’Un Toit en Gâtine sur ce
territoire
Développement de l’aspect mobilité
Enfin, qu’ils soient parthenaisiens ou airvaudais, tous s’accordent sur
plusieurs points :
•
•
•
Avoir un réel « projet fil conducteur » permettant d’assurer
une insertion socio professionnelle aux jeunes
Nécessité de renforcer des logements pour les jeunes plus en
difficulté (type CHRS)
Les notions d’expertise, d’innovation et d’observatoire font
partie des qualités attribuées à l’association et des demandes
des partenaires
28
V.
Regard des jeunes sur leur territoire : Recueil de la parole des jeunes
A. Rappel des éléments de méthodologie et du recueil des données
Les jeunes et le diagnostic
Après avoir énoncé les représentations des élus et la définition sociologique de la jeunesse, il est question désormais de
laisser la parole aux jeunes concernant leurs
leurs conditions de vie sur le territoire et au sein de l’association Un Toit en
Gâtine. Les jeunes enquêtés au cours du diagnostic constituent un échantillon représentatif. Jeunes de 18 à 30 ans,
étudiants, salariés, apprentis, de passage à la RHJ, au CHRS, sur le Service Logement, jeunes extérieurs à l’association,
chacun d’entre-eux a pu s’exprimer !
Les jeunes au sein de l’association Un Toit en Gâtine
L’association Un Toit en Gâtine rencontre les jeunes par le biais de la RHJ, du SILOJ, du CHRS Jeunes, de la souslocation, voire de l’ASLL lorsque les éducatrices accompagnement des familles. Ainsi, ce n’est pas tant l’âge qui définit
l’intervention de l’association, mais bien la situation des personnes.
Ceci étant, certains dispositifs sont ciblés et sont
sont bornés tels que la RHJ, le SILOJ et le CHRS Jeunes. Seuls des jeunes
âgés de moins de 30 ans peuvent y accéder (16-30 ans). L’âge de 16 ans en borne inférieure a été retenu puisque
l’association peut accueillir des apprentis.
D’autres dispositifs locaux sont fléchés « jeunes » tels que les PST (Plan Sociaux Thématiques). Ainsi, certains des
logements en sous-location de l’association sont concernés.
B. Les jeunes vivent leur territoire
Les jeunes tirent la sonnette d’alarme
« Que pensez-vous de la Gâtine et de Parthenay ? »
A la question : « Que pensez-vous de la Gâtine et de Parthenay » les jeunes sont
unanimes : « Il n’y a pas grand-chose pour les jeunes ». Ils reconnaissent qu’il
existe certaines manifestations telles que le FLIP (Festival Ludique International de
Parthenay) mais cela n’est que ponctuel. Certains soulignent que « la situation de la
jeunesse en Gâtine est pauvre et ne s’arrange pas », « On ne s’occupe pas des
jeunes, ce qui compte à l’heure actuelle c’est tout ce qui est environnement,
énergies renouvelables, écologie, … ».
« Parthenay c’est mort »,
« Au fil du temps Parthenay va
devenir une maison de retraite
géante », « Ca ne va pas le
devenir, ça l’est déjà », « Il n’y a
rien à faire », « Le théâtre c’est
souvent pour les vieux », « Je ne
trouve pas que Parthenay soit
une ville de jeunes »
De surcroit, tous les jeunes interrogés évoquent le manque de lieux pour se retrouver.
Quand on leur demande de citer les endroits où ils se rendent, voici ce que certains
répondent de manière schématique : « A Parthenay c’est un petit peu : le bar…le
bar… Hyper U et ah Diff’art ! ». Leur demande ? Un lieu où ils pourraient se retrouver « entre jeunes » à un coût
moindre pour « sortir de la routine » et « aller vers autre chose ». Leurs idées ? « Mettre en place des Festivillages en
Gâtine », « Rendre le coin plus attrayant », « Plus de partage, de dynamisme entre les personnes », « Plus de salle de
sport et de club » (Airvault), …
« Sur Parthenay, à part la
Résidence … »
« Les animations : pas si mal que ça. Il y a Internet, des
festivals, des concerts, du théâtre, des expos, une
discothèque et des bars de nuit. Ceci étant, on a vite
fait le tour. Après, il n’y a pas d’enseignement supérieur
donc les jeunes doivent partir et comme il y a peu
d’emplois, ils ne peuvent que rarement revenir
s’installer ».
« La vie sociale se résume au
Baratin, au FJT, chez des amis,
Diff’art, la piscine, le marché et
sa convivialité »
29
ZOOM sur…
Le centre-ville de Parthenay !
« Il n’y a plus de vie des
commerçants en centre-ville.
Il y a des budgets aberrants
sur certaines choses mais ça
ne va pas dans la bonne
direction »
« Niveau animation, ce
n’est pas terrible »
« A Parthenay… Il y a un
centre-ville à
Parthenay ?! »
« Je suis optimiste malgré tout,
il y a forcement des choses à
relancer : plus de boutiques, de
bars originaux, de
bibliothèques, … Car
aujourd’hui, il n’y a pas de
cohérence dans les choix »
L’emploi : une denrée rare pour les jeunes gâtinais ?
La Gâtine semble manifestement peu
attrayante pour les jeunes en termes d’emploi.
Bien souvent, ils partent faire leurs études sur
Niort, la Rochelle ou Poitiers ce qui les
éloigne du marché de l’emploi local. De plus,
le taux de chômage des jeunes de 15-24 ans
est élevé sur le canton de Parthenay.
Ceci étant, quelques jeunes relativisent ces propos en indiquant que dans le contexte
actuel, le manque d’emploi est une réalité nationale.
Enfin, certains jeunes non qualifiés expliquent que le manque de formation nuit à
leur insertion. On leur propose donc uniquement des contrats précaires de type
« Il y a peu d’emplois, les
jeunes ne peuvent que rarement
revenir s’installer à Parthenay. Si
la population active déserte
Parthenay, les magasins et les
activités culturelles seront
désertées également », « Plus de
magasin, le risque c’est que la
ville meurt »
« Envie d’aller voir ailleurs, ici il
n’y a pas d’avenir professionnel
pour évoluer », « Si encore il y
avait des entreprises à
Parthenay…. Il vaut mieux quitter
Parthenay »
intérim, CDD, ou encore des contrats aidés à répétition.
« On nous propose surtout des
Concernant l’apprentissage, les quelques jeunes
CDD, intérim, des petits boulots :
« Il y a les contrats
CAE et des travaux saisonniers.
agnostic
estiment
qu’il
est
de
plus
concernés
dans
le
di
d’apprentissages mais il
Abattoir, abattoir… Des endroits
en plus difficile de trouver des patrons dans la région et
faut trouver des patrons
sans qualification »
avant la rentrée »
dans les temps impartis. Parallèlement, en 2012, la
Chambre des Métiers et de l’Artisanat fait le constat de la baisse de ses effectifs au sein des
Campus des Métiers. Une part importante de jeunes n’aurait pas trouvé de maître d’apprentissage remettant ainsi en
question leur inscription.
Ainsi, l’engouement d’entrer dans le monde du travail par un contrat d’apprentissage ne faiblit pas. En 2011, la CMA
enregistrait 1445 demandes contre 1280 en 2010 au niveau départemental. En revanche, en 2011 seulement 59% des
demandes on été satisfaites (rapport annuel CMA).
Part des jeunes de 16-25 ans en apprentissage (en
%, en 2008, source DEPP)
30
ZOOM sur…
Quel s Que représente le travail pour les jeunes ?
Sécurité
Rencontrer des gens
Moyen de s’intégrer dans un milieu car à un
moment tu as besoin d’appartenir à un milieu
Epanouissement
Nécessaire
Indispensable
Cotisation
Etre reconnu
Respecter son éthique
Séparation trop forte entre les jeunes et les anciens
« Je pense que je serais contrainte de partir car, le
bassin
d’emplois
de
la
grande
ceinture
Parthenaisienne (Mazières, l’Absie, Amailloux, Vasles)
est très pauvre, surtout pour les jeunes. Je crois
qu’Airvault se développe économiquement assez
bien. Ils profitent de la 3 voies Parthenay-Thouars, ils
ont la cimenterie, Marie et d’autres entreprises
s’implantent… Je voudrais rester sur Parthenay s’il y
avait du boulot mais je suis pessimiste car, les
entreprises et les petits commerces ferment »
Sentiment d’appartenance ?
La plupart des jeunes rencontrés émettent le souhait de rester sur Parthenay et les alentours. Très souvent, même s’ils
partent le temps des études, les jeunes gâtinais reviennent sur le territoire où ils retrouvent leurs amis et/ou leur famille.
Comme l’exprime un jeune ci-dessous : « Tout dépend de ce qu’on laisse ici ». Ce même constat se retrouvait dans
l’étude prospective 2000-2010 : les jeunes exprimaient leur volonté de rester au pays !
« A 18 ans je m’imaginais partir. Je suis partie pour
les études et le travail mais je garde un pied ici
où sont mes racines. Parthenay c’est mon port
d’attache. On peut partir, voir ce qui se passe
ailleurs mais à un moment donné on éprouve le
besoin de revenir. Parthenay ne change pas et
pour moi c’est rassurant. En fait, tout dépend ce
qu’on laisse ici »
Les jeunes se projettent-ils sur le territoire ?
Deux grandes tendances apparaissent : 1°) Certains jeunes sont catégoriques, ils ne se projettent pas sur le territoire 2°)
D’autres se ne projettent pas particulièrement sur la Gâtine mais ils ne réfutent pas l’idée pour autant !
Les jeunes catégoriques : 16 ans – 20 ans
« Il n’y a rien à faire, je voudrais aller dans une grosse ville » (16 ans), « Non pour le moment je ne me projette pas ici.
J’ai très envie d’aller voir ailleurs, ici il n’y a pas d’avenir professionnel pour évoluer » (21 ans).
Les jeunes de 16 à 20 ans ne montrent pas spontanément de signe d’identification à Parthenay. Ils souhaitent quitter la
ville. Ceci étant, cette catégorie d’âge est dans une dynamique scolaire et/ou professionnelle qui la pousse à quitter la
ville de Parthenay, et plus largement la Gâtine, pour faire des études sur Poitiers, La Rochelle,… Très pessimistes, ces
jeunes se projettent ailleurs au vu de leur futur parcours (scolaire, professionnel pour les apprentis, …) et de leur volonté
d’expérimenter. Ce n’est pas pour autant que tous quittent brusquement la Gâtine une fois leur bac en poche !
31
Les jeunes indécis : 25 – 30 ans
Certains jeunes expliquent vouloir partir de Parthenay mais émettent le souhait d’y
revenir au cours de leur vie : « Dans le futur j’aimerais partir ailleurs mais revenir pour
ma retraite et acquérir un terrain. Je reviendrais en fait pour une maison de famille
même si je ne suis pas plus optimiste que ça pour les animations sur le territoire » (25
ans), « Je m’imagine pourquoi pas vivre ici dans quelques années, mais pour le
moment je préfère aller voir ailleurs » (27 ans), « Je voudrais rester sur Parthenay s’il
y avait du boulot mais je suis pessimiste car les entreprises et les petits commerces
ferment » (25 ans). D’autres enfin sont partis puis, revenus !
« Vivre à Parthenay :
pourquoi pas ouais ! C’est assez
sympa, assez tranquille même si
ça manque parfois d’activités. Il
y a plein de gens qu’on connait
et c’est sympa »
Ainsi, malgré une volonté de partir et un certain pessimisme, certains jeunes se sentent appartenir d’une manière ou
d’une autre au territoire : « A 18 ans je m’imaginais partir […] On éprouve le besoin de revenir […]. En fait, tout
dépend de ce qu’on laisse ici » (29 ans). L’emploi et la situation socioprofessionnelle, voire familiale, impactent le
choix de ces jeunes qui sont à la limite ou qui ont franchi l’âge adulte (voir
(voir définition de la jeunesse page 15). Par
ailleurs, l’attractivité du territoire et les représentations que les jeunes en ont, sont des éléments a priori structurants dans
leur projection (données qui mériteraient d’être étayées).
ZOOM sur…
« Quel serait le Parthenay de tes rêves ? »
« Plus de transports »
« Un coup de frais sur les
bâtiments ! »
« Des universités, car il faut toujours
partir pour faire ses études ! Plus de
bowling pour que les gens se
retrouvent ailleurs qu’au cinéma ou à
la piscine. Le manque de structures
nous oblige à aller dans les bars pour
rencontrer des jeunes de notre âge »
« Plus de nouveauté pour
attirer les gens. Il n’y a pas
d’enseignement supérieur
donc les jeunes doivent partir
et comme il y a peu
d’emplois, ils ne peuvent que
rarement revenir sur
Parthenay »
« Plus de formation
post-bac »
« Faire en sorte que tous les partenaires
locaux participent au développement local
sur tout ! Sur la bouffe, privilégier les
producteurs locaux ; Revisiter l’éducation
des jeunes avec plus d’autorité, pourquoi
pas créer un Centre Socio culturel ! »
« Plus de partage, de
dynamisme et de rencontres
pour des débats »
« Sans architecture comme
la Gendarmerie jaune
poussin et le Hyper U en
plein centre ! »
32
Diagnostic : « Habitat et
jeunesse en Gâtine »
A retenir
Les jeunes ont tendance à sortir du territoire plus qu’à y entrer.
Etudes, emploi, autant de raisons qui les poussent à partir de la
Gâtine.
En revanche, même s’ils souhaitent quitter le territoire après leurs
années lycée, ils expliquent être attachés à leurs origines, et revenir
s’installer en Gâtine reste une possibilité : « Tout dépend de ce qu’on
laisse ici ». Ce point est fondamental car, il souligne l’ambivalence
l’ambivalence
de leurs propos sur le territoire auquel ils appartiennent.
Les jeunes gâtinais sont donc liés et ancrés au territoire mais
déplorent qu’il n’y ait pas plus d’espaces d’échanges et de rencontres
qui leurs soient dédiés. Dès lors, ils soulignent le manque de
dynamisme au sein de Parthenay.
Ainsi, l’attractivité du Pays et les représentations qu’ils en ont
constituent a priori des éléments structurants dans leur projection sur
le territoire (installation, départ, …).
33
VI.
Recueil de la parole des jeunes sur les services et missions de l’association
A. Les jeunes connaissent-ils les services et missions de l’association ?
Lors du diagnostic, des jeunes non bénéficiaires ont dû répondre aux questions suivantes : « Connaissez-vous Un Toit
en Gâtine ? », « Si oui, pouvez-vous décrire ses missions et / ou ses services ? », « Que pensez-vous d’une association
telle que celle-ci ? ».
Globalement, l’ensemble des jeunes interrogés connaissent l’association, mais surtout par le prisme de la RHJ et,
éventuellement de la sous location, sans jamais parler des autres missions : « Je connais de nom car j’ai une amie qui
vivait au FJT », « Je connais l’association de nom car j’ai une amie qui a été logée sur le service logement ».
De surcroit, le logement et l’hébergement sont les premiers éléments évoqués : « Une aide pour les jeunes pour un petit
logement », « Une association pour ceux qui cherchent un logement dans le cadre d’un stage ou d’un travail ».
Enfin, deux grandes tendances se dessinent : 1°) Certains jeunes ont eu une très bonne image de l’association 2°)
D’autres n’ont pas forcement une image positive de celle-ci et développent des mécanismes de différenciation.
Représentations des jeunes non résidents : utilité, transition et différenciation
Certains, en effet, reconnaissent le caractère philanthropique et utile de
l’association : « C’est utile », « L’association est nécessaire ». Et, ils insistent sur
la notion de transition et d’arrangements : « Je pourrais très bien venir à
l’association quelque temps », « Je pourrai avoir besoin de ce type de structure si
par exemple je partais à l’étranger ou n’avait plus de ressource… ça a un côté
rassurant d’être dans une résidence de jeunes ». Quelques jeunes soulignent le
rôle de l’association dans la mise en œuvre des projets de chacun.
De surcroit, certains identifient l’association comme un espace dédié aux jeunes en difficulté : « C’est l’hébergement de
jeunes plus ou moins en difficulté », « Je n’en ai pas forcement une image positive, on entend souvent parler de ceux qui
foutent le bordel ». Et, quelques jeunes expliquent que l’association serait un de leur dernier recours : « Je ne viendrai
pas à l’association, sauf si je n’avais pas le choix ». Cette différenciation révèle une « division » entre les jeunesses.
ZOOM sur…
Que représente l’habitat pour les jeunes ?
POINT DE REPERE
ZONE D’INTIMITE
« T’as pas d’adresse, t’es
personne »
« Un point de repère »
« Ca nous protège de
l’extérieur »
OUVERT SUR LE MONDE
« Etre dans la société, être
rattaché à quelque chose »
« Autonomie, liberté,
responsabilités »
« APPARTENIR A »
UNE ETAPE DE LA VIE
« Se sentir bien chez soi, en
sécurité »
« Nous apprend la vie »
« C’est un endroit où on
peut manger, se nourrir, se
poser quoi »
SECURITE
« C’est aussi appartenir à un
endroit, ça crée des
identités »
« Pour moi, c’est un lieu très
privé. Un lieu fermé,
quelque chose de très
personnel »
34
Représentations des jeunes résidents : utilité, transition et collectivité
Deux éléments caractérisent l’association pour les jeunes bénéficiaires :
Arrangements et transition
Lors des passations, les jeunes bénéficiaires ont mis en évidence le côté pratique et
arrangeant de la résidence. Très souvent, ils vivent ce passage comme une transition,
voire comme une situation de « nomadisme ».
« Le FJT c’est précaire,
enfin c’est transitoire ! », « Je
suis d’accord avec la
transition »
A cet effet, on voit apparaitre une certaine confusion dans les propos de jeunes entre la perception qu’ils ont de leur
situation socio-professionnelle, et de celle qu’ils peuvent avoir de la résidence. Le contexte socio-économique actuel les
pousse à être en permanence dans une posture d’attente, de mobilité et de précarité économique qui les empêche de se
projeter de façon durable, à commencer par leur projection dans un logement.
Ainsi, l’association peut parfois être associée à une forme de précarité. Emploi et logement sont donc désormais deux
thématiques indissociables, l’emploi conditionnant les choix d’habitat des jeunes (et inversement). Cette confusion entre
« transition et précarité » est révélatrice des besoins des jeunes en matière d’habitat. Ils recherchent des solutions
adaptées à leurs situations et besoins du moment avec des possibilités d’habitat qui soient souples, abordables et
interchangeables mais avec la possibilité de se « poser » et de se projeter (soit sur le territoire soit dans une future
mobilité).
En ce sens, même s’ils parlent de précarité, les jeunes soulignent la pertinence d’une
association comme Un Toit en Gâtine. Ils vont même jusqu’à déplorer la stigmatisation
de ce type de structure et la méconnaissance de celle-ci par les jeunes : « Il faut faire
baisser les préjugés sur le FJT », « Je pense qu’Un Toit en Gâtine tous les jeunes ne
connaissent pas. Moi je n’aurais pas eu ma sœur, le FJT je ne connaissais pas ».
« C’est difficile de
trouver un emploi et donc
d’avoir un logement. Le FJT
permet d’avoir certains
arrangements »
Animation et collectivité
C’est certain, l’association est destinée à tous les jeunes, quels qu’ils soient. A chacun sa transition pourrait-on dire !
Ceci étant, l’aspect animation et collectivité est essentiel comme peuvent le mentionner les jeunes : « Heureusement
qu’il y a les animations du FJT ! », « Ce qui est bien, les animateurs créent l’évènement, ils cassent vraiment la
routine ! ».
Ainsi, véritable creuset de la mixité, les RHJ permettent aux jeunes de se rencontrer et de prendre conscience des
difficultés de chacun : « En venant ici, j’ai découvert que les personnes n’ayant pas fait d’études c’est plus ou moins la
norme. Avant, pour moi la norme c’était d’être étudiant ».
A noter que les jeunes ont le sentiment d’être dans une société de la débrouille où ils ne peuvent compter que sur eux et
leurs relations interpersonnelles. Dès lors, chacun essaie de s’en tirer du mieux qu’il peut. C’est pourquoi à l’effacement
des valeurs collectives, on voit apparaitre depuis plusieurs années une individualisation des parcours17. Nécessairement,
les jeunes qui ont peu ou pas de ressources sociales (appui familial, …) sont davantage en difficulté.
Au-delà de la distinction jeune bénéficiaire / jeune non bénéficiaire, s’ajoute la distinction par « catégories ». Qu’on soit
un jeune étudiant ou un jeune en voie de désaffiliation, les attentes et les besoins en matière d’habitat ne sont pas les
mêmes.
Les typologies présentées ci-dessous ne sont évidemment ni hermétiques ni linéaires.
17
Roch Sonnet, « Les valeurs collectives des jeunes s’effacent au profit des valeurs individuelles », site internet INJEP, 20 janvier 2013.
35
Des représentations qui varient en fonction des publics jeunes
Les jeunes 18 apprentis et étudiants
Ces jeunes sont amenés à utiliser les Résidences Habitat Jeunes à la suite d’un
déplacement géographique occasionné par un motif scolaire ou de première insertion
professionnelle. Départ de la région d’origine, prise/changement d’emploi ou de stage,
autant de raisons qui les poussent à contacter les Associations Habitat Jeunes.
La raison principale de leur venue n’est, a priori, pas liée à des difficultés d’ordre
familial, ou du moins de difficultés familiales importantes. Ils conservent pour la plupart
de très bons rapports avec leurs parents et rentrent d’ailleurs souvent le week-end.
31% des jeunes
accueillis au sein de la RHJ
sont en situation de stages
ou en apprentissage.
Rapport d’activité, Un Toit
en Gâtine, 2011.
Ainsi, ils doivent pouvoir accéder rapidement à un logement ainsi qu’à des services annexes sans lourd investissement
de départ, sans engagement de longue durée et sans démarche trop complexe. Et, cet hébergement doit pouvoir offrir
des possibilités de relations et un cadre rassurant. L’accompagnement de ces jeunes est donc plus léger que pour les
jeunes en voie de désaffiliation (montage de dossiers administratifs, conseils sur le logement, …). Enfin, ils sont
demandeurs d’activités la semaine, l’animation socioculturelle est donc un élément important.
Les jeunes actifs19 : jeunes actifs occupés ou au chômage
Comme nous avons pu le voir précédemment, le contexte socioéconomique actuel
n’est pas en faveur des jeunes. La situation du marché de l’emploi n’a cessé de se
dégrader ces dernières années augmentant ainsi le chômage des jeunes et leur
précarité d’emploi. Pour ces derniers, le logement est secondaire par rapport au
travail, il n’est que l’accompagnement nécessaire de la stabilité. En revanche, même
si le logement leur semble secondaire, il a un rôle capital : il peut devenir le point de
stabilité et d’ancrage d’un itinéraire, stabilisant ainsi l’ensemble.
On constate une
augmentation des jeunes en CDD
(13%) et contrats aidés (5%) et une
diminution des jeunes en CDI (2%)
et intérimaires (3%). Rapport
d’activité, Un Toit en Gâtine, 2011.
A cet effet, l’instabilité occasionnée par l’incertitude professionnelle ne leur permet pas toujours de prendre un
logement de droit commun. Les associations habitat jeunes peuvent permettent à ces jeunes de trouver un compromis le
temps de la stabilité, le logement y participant vivement, ainsi que toutes les activités annexes (animations
socioculturelles, ateliers d’information collective,…).
Les jeunes en voie de désaffiliation20
Souvent, ces jeunes ont un parcours institutionnel dense (placement, mesure protection jeunes majeurs, …). L’ensemble
de leurs carences familiales a des conséquences souvent irréversibles sur leur vie scolaire et professionnelle. Ainsi,
l’échec scolaire, le manque de soutien familial ne permettent pas de définir un véritable projet professionnel. Le travail
s’impose d’abord comme une nécessité vitale : « Une nécessité pour survivre », « Pas être à la rue et avoir l’estomac
plein ».
Les jeunes bénéficiaires du CHRS jeunes ont très bien souligné cette nécessité de travailler même si parfois ils semblent
désintéressés, voire résignés. Ils reconnaissent également la stigmatisation entre jeunes.
Pour parvenir à y échapper et à s’insérer socialement et professionnellement, il faut donc qu’ils acquièrent une certaine
autonomie, en particulier une autonomie financière et, de surcroit, une sécurité dans le travail. C’est bien là tout l’enjeu
des CHRS jeunes au travers d’un accompagnement individuel et collectif. Et, la proposition de moments culturels et
festifs pourraient leur permettre de s’impliquer, de créer et de faire du lien avec leurs pairs, et inversement : « En venant
ici, j’ai découvert que les personnes n’ayant pas fait d’études, c’est plus ou moins la norme. Avant, pour moi la norme
c’était d’être étudiant ».
18
19
20
Galland O. et M-V. Louis, Jeunes en transit, 1984, Politique Sociale, Les éditions ouvrières, Paris.
La population active au sens du BIT regroupe la population active occupée et les chômeurs.
Castel R., Les métamorphoses de la question sociale, 1995, Folio Essais, éd. Gallimard, Paris.
36
Mais que pensent les anciens résidents de l’association ?
Quelques anciens résidents se sont retrouvés le temps d’une soirée à la résidence.
Plusieurs questions leur ont été posées dont : « Quels souvenirs gardez-vous de
l’association et qu’est-ce qu’elle a pu vous apporter dans votre parcours de vie ? ».
Les réponses sont unanimes, ils retiennent : les personnes, la convivialité, le
partage, la mixité, l’ouverture sur la ville, l’écoute, les temps forts, et la notion de
tremplin. Mais ce sont surtout les temps d’animation qui restent dans les
mémoires et les grands projets fédérateurs : « C’était ma première expérience en
bateau », « Je me rappelle de notre séjour au ski et des rencontres inter FJT »,
« J’ai fait mon baptême d’ULM », « Le Raid 4000 et la spéléo sont mes plus grands souvenirs ! ».
ZOOM SUR…
C’est quoi l’Education Populaire ?21
Curieux mot qu’emploient sans même le savoir des millions de personnes et qui
parait si abstrait, pourtant ! L’Education Populaire, c’est l’éducation qui n’est pas
cadrée dans les structures traditionnelles de la famille, de l’école ou de l’université.
C’est l’éducation au sein du temps de loisir oui, mais par la pratique volontaire de la
vie de groupe, la confrontation, le partage. C’est aussi l’éducation de chacun par
chacun.
L’Educ Pop s’intéresse à la culture au sens large : sciences, sports, connaissance des
arts, expression artistique, … C’est l’apprentissage de la citoyenneté, enfin : la
citoyenneté qui n’est pas seulement la politisation (l’art de réfléchir sur la politique
institutionnelle) mais une pratique active : art de parler en public, de savoir écouter,
de gérer un groupe, de s’intégrer à la société, …
Même si le terme « populaire » nous renvoie quelques années en arrière,
l’ « éducation populaire » n’a pas perdu de son sens !
ZOOM SUR…
Les anciens résidents reviennent sur leur séjour à la RHJ
Levier
Un hébergement
Des rencontres
De la convivialité
Des expériences
Un tremplin !
« Une alternative à
un appartement »,
« Un loyer pas très
cher », « Une aide
pour les jeunes pour
un petit logement »,
« Réactivité
et
écoute »,
« Très
accueillant »,
« Disponibilité de
l’équipe »
« Je retiens surtout
les personnes et les
rencontres », « J’ai
fait la rencontre de
vachement
de
gens »,
« Vie
communautaire,
sociabilité », « Les
rencontres et les
différences »,
« Permet de faire
des rencontres »
« Les veillées tous
ensemble le vendredi
soir », « Les soirées
où on chantait avec
Michel », « Les repas
avec Cisco », « La
convivialité du lieu »,
« L’ambiance,
le
partage, les soirées
tarot ou coupe du
monde
sur
la
terrasse »
« Un monde que j’ai
découvert, Parthenay
aussi ! », « Un monde
assez contradictoire :
il faut faire avec les
gens des projets mais
on ne va pas tous à la
même vitesse », « Ca
m’a permis de vivre
en groupe »
« Très bon tremplin
quand on démarre »,
« Intégration à la vie
sociale
de
Parthenay », « ça m’a
permis de faire mes
études ici », « Permet
la
prise
d’indépendance
et
l’autogestion », « Un
vrai tremplin pour la
suite ! »
21
Jean Bertin, magazine Politis.
37
Diagnostic : « Habitat et
jeunesse en Gâtine »
A retenir
Les jeunes extérieurs à l’association reconnaissent son utilité mais
l’identifient aux jeunes « en difficulté » (mécanismes de
différenciation).
Les jeunes résidents – ou qui ont résidé à l’association – ne
développent pas spontanément de mécanisme de différenciation. En
revanche, ils reconnaissent avoir découvert la complexité de certaines
situations de jeunes
jeunes au sein de la résidence. A ce titre, la participation
au collectif leur a permis de mieux connaitre leurs pairs.
A cela s’ajoute une certaine confusion entre la perception que les
jeunes ont de leur situation socioprofessionnelle
socioprofessionnelle de celle qu’ils
peuvent avoir de la résidence. Dès lors, l’association
l’association peut parfois être
associée à une forme de précarité. Le contexte socio-économique
actuel les pousse à être en permanence dans une posture d’attente, de
mobilité et de précarité économique qui les empêche de se projeter
de façon durable, à commencer par leur projection dans un logement
et sur un territoire.
Néanmoins, les jeunes soulignent la pertinence d’une association
comme Un Toit en Gâtine. Ils vont même jusqu’à déplorer la
stigmatisation de ce type de structure et la méconnaissance de celleci par leurs pairs.
Enfin, aux différentes « typologies » de jeunes (apprentis, actifs,
jeunes en voie de désaffiliation) sont associées différentes
problématiques. Comme vu précédemment, l’association doit pouvoir
lever la confusion « transition précarité » en proposant aux jeunes
des modes d’habitat adéquats à leur situation, favorisant la mixité et la
cohésion sociale ainsi que la projection (installation ou mobilité). Car,
c’est bien de cela qu’il s’agit au travers de la dynamique d’Education
Populaire…
38
Diagnostic : « Habitat et ménages en
Gâtine »
I.
Etat des lieux actuels
Evolution des demandes au sein des services de l’association
Dans le cadre de la mission d’Accueil, Information, Orientation du Service
Logement, 227 demandes de logement ont été instruites à l’association en 2011. Pas
d’augmentation significative, mais une évolution des demandes (public jeune et
familles monoparentales) et une installation durable dans la pauvreté avec une
augmentation des personnes sans ressource et des bénéficiaires de minima sociaux.
Pas d’augmentation du nombre
de demandes sur le Service
Logement mais une précarité qui
s’installe durablement
De plus en plus de personnes sans ressources ou bénéficiaires des minima sociaux
Constats généraux
Sur l’ensemble des accueils effectués au sein du Service Logement, 16%
16% des personnes accueillies sur
le Service Logement n’ont
concernent des ménages sans ressources (9% en 2009 et 2010) et 33% des
aucune ressource
bénéficiaires de minima sociaux (26% en 2009 et 33% en 2011). Ces
augmentations sont d’autant plus visibles sur la stabilisation et la sous location (voir tableau ci-dessous). A noter que le
pourcentage de personnes sans revenu ou bénéficiaires de minima sociaux sur l’ALT est conséquent même si une baisse
est constatée depuis 2009.
Stabilisation
en %
Service Logement
Nbre total de
demandes
en
nbre
Sans ressource
Bénéficiaires de
minima sociaux
2010
2011
256
231
227
51
28
45
41
47
50
15
12
8
23
33
40
Sans ressource
30
20
26
Bénéficiaires de
minima sociaux
53
60
47
Sans ressource
Sous-location
Bénéficiaires de
en %
minima sociaux
ALT en %
2009
De surcroit, la composition des ménages accueillis sur les différents dispositifs est en évolution.
Familles monoparentales
L’accueil des familles monoparentales est en constante évolution au sein du
service logement. Ainsi, les familles monoparentales accueillies par nos équipes
représentent 20% des personnes rencontrées en 2011 sur le S.L (13% en 2010). De
plus, sur le dispositif ASLL, la part de ces familles est de 30%
Sur l’ensemble des personnes
accueillies par l’association en
2011, 20% concernent l’accueil de
familles monoparentales. Leur
nombre est deux fois plus élevé
que dans l’ensemble de la
population où elles représentent
environ 9% des ménages.
39
35% de jeunes de moins de 35 ans accueillis en urgence22 à l’association en 2011…
Depuis trois ans, le nombre de jeunes accueillis sur le dispositif de l’urgence n’a cessé d’augmenter. De 8% d’accueils
de jeunes de 18 à 25 ans en 2009, l’association est passée à 15% en 2011. Conjointement, les personnes accueillies sans
ressources ont augmenté de 21 points (44% en 2009, 65% en 2011) et l’accueil de bénéficiaires de minima a baissé de
moitié (47% en 2009, 26% en 2011).
Ce constat vient appuyer l’augmentation d’accueil de jeunes a priori sans ressources. Et, plus globalement, il souligne la
précarité croissante des personnes accueillies sur le dispositif de l’urgence (voir tableaux annexes).
… et plus globalement, 40% de 18-25 ans sont accueillis au sein du Service Logement
Depuis plusieurs années, l’accueil des jeunes au sein de l’association sur des
40% des accueils au sein du
dispositifs d’urgence et d’insertion est important. 50% de jeunes de moins de 35
Service Logement concernent des
ans sont concernés par un accueil ainsi que 40% de jeunes âgés entre 18 et 25 ans.
jeunes âgés entre 18 et 25 ans
A noter que le SILOJ, Service d’Information pour le Logement des Jeunes est
compris dans le comptage et qu’il concerne un public exclusivement jeune (16-30 ans). Néanmoins, la précarité
croissante des jeunes a été mise en avant plus d’une fois dans ce diagnostic, que ce soit dans la partie jeunesse avec une
augmentation des demandes CHRS et un accueil de jeunes de plus en plus en proie à une fragilité financière, que sur le
dispositif d’urgence et d’insertion où ils représentent la moitié des accueils. A noter que cette demande de jeunes et
jeunes ménages est également en augmentation sur le dispositif ASLL (4% d’accompagnement de jeunes ménages en
2009 contre 10% en 2012).
Fragilités des parcours logement : installation dans la précarité…
ASLL
Nbre de dossiers traités
Bénéficiaires de minima
sociaux en %
Demandeurs d'emploi
en %
Logement parc privé à
l'évaluation en %
Logement parc social à
l'évaluation en %
2010
26
2011
48
2012
65
40
67
58
40
46
58
80
51
54
8
18
21
L’activité de l’association sur l’Accompagnement Social
Lié au Logement (ASLL) pose certains constats. A la
hausse des demandeurs d’emploi et des bénéficiaires de
minima sociaux sur la période 2010-2012 vient s’ajouter
une hausse des demandes de ménages installés dans le parc
social (et une baisse conjointe d’accompagnement dans le
parc privé : 80% en 2010 contre 54% en 2012).
A cela s’ajoutent des phénomènes d’insalubrité et d’expulsion. Ainsi, les
expulsions représentaient en 2010 5% des motifs de l’ASLL liés au logement
évoqués par les ménages contre 21% en 2012. De plus, les ruptures conjugales et la
modification de la composition familiale représentent à eux seuls 74% des motifs
d’ordre familiaux.
Les expulsions représentent 21%
des accompagnements ASLL en
2011
Spécificité de l’accueil des personnes victimes de violences conjugales
En 2010, parmi les problématiques
L’association dispose d’un accueil pour hommes et femmes victimes de violences
repérées par les assistantes
conjugales. En 2011, 5 femmes (+ 3 enfants) et 2 hommes ont bénéficié d’un
sociales, le critère « violences
conjugales » a été ajouté. En 2009
appartement et d’un accompagnement. En revanche, au total 16 demandes ont été
on recensait 31 cas contre 90 en
traitées, 9 autres femmes ont été reçues en entretien individuel mais elles ont
2010 sur le territoire de Gâtine.
trouvé d’autres solutions ou sont retournées au sein du domicile conjugal. Ces
accueils concernent donc des personnes isolées avec ou sans enfant, aux ressources fragiles (bénéficiaires des minima
sociaux). L’association ne dispose pas de suffisamment de recul pour constater une hausse ou une baisse de ces accueils.
En revanche, ces accueils sont à mettre en lien avec le phénomène de desserrement familial et de recomposition
familiale qui précarisent très souvent les personnes concernées. Dès lors, un accompagnement et un soutien
psychologique constituent des éléments indispensables dans la réinsertion et la reconstruction des personnes.
22
Le dispositif d’urgence ne fait pas partie du Service Logement.
40
Spécificité de l’accueil des ressortissants européens
Les ressortissants communautaires sont de plus en plus nombreux à être accueillis
4 fois plus d’accueils de
ressortissants européens en
au sein de l’association et notamment sur l’accueil d’urgence : alors qu’en 2009
urgence depuis 2009.
l’association accueillait dix ressortissants européens, en 2010 ils étaient quinze, et
en 2011 quarante et un. A noter que les conditions d’accès aux droits sociaux pour les ressortissants communautaires
sont très complexes, ce qui n’est pas sans poser problème aux structures comme Un Toit en Gâtine qui les
accompagnent dans leur parcours.
Progression de l’activité des services sociaux et médico sociaux du territoire
Globalement, l’ensemble des services sociaux et médicosociaux du territoire de Gâtine (AMS, CAF, …) relèvent une
progression de leur activité. A ce titre, le nombre d’accueils physiques et téléphoniques a augmenté de 43% en 2010 à
l’antenne médicosociale de Parthenay. De surcroit, 66% des personnes rencontrées à l’AMS vivent seules ou en
situation monoparentale (38% de personnes seules et 28% de personnes seules avec enfants). A cela s’ajoute, comme
précisé dans le rapport d’activité 2010 de l’Antenne, une complexification des situations familiales nécessitant un travail
en réseau.
Enfin, la CAF indique une hausse de 7% d’allocataires en 2011. Et, sur l’ensemble des allocataires (2011), une part non
négligeable de familles monoparentales et de personnes isolées perçoivent une prestation.
Monoparent/isolé
nbre enfants
nombre
Couple
%
Total
nombre
%
nombre
%
0
3380
32
643
6
4023
38
1
613
6
1252
12
1865
17
2
456
4
2937
28
3393
32
3 et +
187
2
1205
11
1392
13
Total
4636
43
6037
57
10673
100
Source CAF 79, 2011
Augmentation de l’activité des associations et services sociaux et médicosociaux : bien plus qu’un constat
local, un constat départemental et national
En 2011, le département des Deux-Sèvres enregistrait la plus forte hausse des allocataires du RSA socle et RSA activité
à l’échelle régionale et francilienne
Depuis 2009, le département des
Deux-Sèvres enregistre une des plus
fortes hausses du nombre
d’allocataires du RSA socle sur la
Région et le territoire francilien (+16%
en 2009, +11% en 2010 et +4.6% en
2011).
Les départements de la Charente, de la Charente-Maritime et de la Vienne concentrent le plus d’allocataires. Avec plus
de 48 allocataires du « RSA socle » pour 1 000 adultes en âge de travailler, la densité d’allocataires dans ces
départements est supérieure au niveau national (43 ‰). Le département des Deux-Sèvres concentre moins
d’allocataires, mais c’est, cette année encore (2011), celui qui enregistre la plus forte hausse dans la région (+4,6 %).
41
A l’échelle nationale, les têtes de réseaux alertent 23 24
Plusieurs constats sont alors posés notamment par le Secours Catholique et la Fondation Abbé Pierre :
•
•
•
•
•
•
•
Une progression du chômage ces dernières années
Le travail ne protège plus de la grande pauvreté car il devient de plus en plus précaire et aléatoire (sous emploi,
…)
Les familles les plus pauvres s’installent durablement dans la pauvreté
Les impayés et les situations d’endettement progressent
La pauvreté féminine augmente à tout âge de la vie et touche plus particulièrement les femmes en situation de
famille monoparentale
Les personnes isolées sont très fortement exposées au mal-logement
Les capacités d’accueil des centres d’hébergement restent insuffisantes
et inadaptées
En parallèle, certaines têtes de réseaux telles que l’UNCCAS confirment le mal
aise actuel en posant deux grands constats :
- Augmentation des demandes d’aides notamment en milieu rural.
- Ces demandes concerneraient en premier lieu des difficultés du quotidien
(paiement du loyer, facture d’énergie, …).
En 2012, selon un bilan de l’UNCCAS,
les difficultés quotidiennes liées au
paiement du loyer ou des factures
d’énergie sont devenues le 1er
élément déclencheur des nouvelles
demandes d’aides adressées aux
CCAS.
Le dernier baromètre de l’UNCCAS,
« Les CCAS au pied du mur »,
enregistrait une hausse des
demandes d’aides pour la 4ème
année consécutive avec une
tendance « plus fortement exprimée
en milieu rural »
23
24
Secours Catholique, « Regards sur 10 ans de pauvreté », statistiques d’accueil 2011.
Fondation Abbé Pierre, Rapport 2013 sur l’état du Mal-logement en France.
42
Diagnostic : « Habitat et
ménages en Gâtine »
A retenir
La majeure partie des personnes accueillies au sein du Service
Logement et de l’accueil d’urgence de l’association restent des
personnes seules et sans enfant (environ 60% d’accueils de personnes
isolées sur les trois dernières années). Ces personnes isolées sont
particulièrement exposées aux situations de mal-logement, comme
l’ont souligné par exemple les derniers rapports de la Fondation Abbé
Pierre.
En revanche, la composition des ménages évolue. Le phénomène de
recomposition familiale augmente considérablement le nombre de
ménages présents sur les territoires et notamment sur celui de Gâtine.
Au-delà du nombre, la fragilité et la précarité de ces nouveaux foyers
posent question (familles monoparentales, …).
De surcroit, l’accueil des jeunes au sein des dispositifs
d’accompagnement (ASLL), d’insertion (stabilisation, logements
temporaires, sous-location) et d’urgence (accueil de jour/nuit) prend
une place considérable. Ce n’est pas sans rappeler les constats
préétablis dans la partie jeunesse du diagnostic (voir page 15).
De plus, l’accueil des ressortissants européens en urgence ne cesse
d’augmenter depuis trois ans.
Ainsi, les jeunes, les ressortissants communautaires et les familles
monoparentales semblent être des publics plus impactés par la crise
actuelle puisque leur part augmente au sein des dispositifs d’aide
depuis maintenant plus de trois ans (constat local, départemental et
national).
Enfin, le nombre d’accueils des plus de 50 ans sur le Service Logement
est passé de 8 à 11% en trois ans. Et, les mesures ASLL sur trois ans
(moyenne) concernaient 37% de cette tranche d’âge. Pas
d’augmentation significative mais leur proportion n’est pas
négligeable.
43
II.
Recueil de la parole des élus sur la question de l’habitat
Pourquoi agir sur l’habitat ?
A la question « Pourquoi agir sur l’habitat ? », les élus locaux optent pour deux
grandes orientations. L’une est davantage axée sur la notion de « mieux-être » et de
vivre ensemble, alors que l’autre est beaucoup
plus pragmatique et insiste sur l’attractivité, la
« Revitaliser le centre ville »,
« Réhabiliter le patrimoine et
démographie et la revitalisation des centres. Cette
réinjecter des habitants sur le
seconde approche est davantage parthenaisienne. Ces deux entrées sont évidemment
territoire »
complémentaires mais certains élus ont de prime abord privilégié une approche plus
qu’une autre.
« Agir sur le mieux être : le
fait que les gens soient bien chez
eux renforce la notion du mieux
vivre ensemble »
Quels besoins les élus identifient-ils en matière d’habitat sur leur territoire ?
Un constat semble faire l’unanimité : une offre de logements qui se détériore et la
prééminence du parc de logements vacants : « On est confrontés à une offre de
logements qui se détériore et aujourd’hui nous avons dans le bourg au moins 40
logements vacants ». A ce titre, certains élus déplorent la baisse de moyens dédiés à
l’amélioration de l’habitat. Dès lors, les programmes tels que les OPAH, les PIG, les
PST, … sont de moins en moins développés sur le territoire. A cela s’ajoute un
contexte difficile sur le marché de l’immobilier et, certains élus regrettent le manque
de cohérence territorial sur les différents projets, en rapport avec la compétence des
différentes collectivités.
« Les programmes ANAH se
réduisent comme peau de
chagrin ! », « Je regrette pour ma
part que l’on ne puisse plus
développer d’opérations de
type OPAH en direction des
propriétaires bailleurs ! »
Quelles sont leurs actions et contributions actuelles ?
Programmation d’amélioration de l’habitat
Certaines communes ont toujours des OPAH en cours, comme celle de Parthenay (OPAH RU et OPAH).
Actions sur le parc public et privé
Des communes expliquent agir à la fois sur le parc privé et public. Sur le parc
public, certaines font du locatif ordinaire géré par un bailleur social.
Actions ciblées selon les publics
Pour ce qui est du public jeune, les résidences habitat jeunes de l’association ont été
citées tout comme le SILOJ.
« Nous faisons du locatif
ordinaire géré par Habitat nord
79 de type pavillonnaire »
« Il y a une volonté d’agir et
de mettre en œuvre une réelle
politique habitat en direction
notamment des jeunes et des
personnes âgées »
Aides à la précarité énergétique
La Région participe par le biais d’aide à la précarité énergétique (BBC) et de subventions pour des maisons en bois.
Pas d’action particulière
Enfin, certains élus des communautés de communes ne mènent pas d’action particulière puisque les communes ont
gardé la compétence.
44
Diagnostic : « Habitat et
ménages en Gâtine »
A retenir
L’habitat est une question centrale pour les élus qui y voient un réel
intérêt. A la fois support de la mixité et du mieux vivre ensemble, outil
au service de l’évolution démographique et de l’attractivité du
territoire, l’habitat et le logement constituent de véritables enjeux pour
les élus.
En revanche, plusieurs contraintes viennent à l’encontre de la politique
habitat de chacun : insalubrité, vacance, baisse des financements
ANAH et difficultés sur le marché immobilier.
Enfin, le manque de cohérence territoriale est pointé du doigt par
certains élus. Les questions : « qui fait quoi » et « qui finance »
restent prégnantes.
45
III.
Recueil de la parole des élus sur la question de la précarité sur leur territoire
A. Orientations et leviers pour faire face à la précarité
A la question « Comment votre collectivité ou service s’empare-t-il de la question de la précarité des habitants », les
élus et institutionnels donnent des réponses variées en fonction de leur positionnement territorial.
Premier cas de figure : « Au coup par coup »
Certains élus locaux, démunis face à des situations complexes rencontrées
sur leur commune, expliquent agir « au coup par coup au vu de l’urgence ».
A ce titre, seuls des constats sont posés : « Nous avons été interpellé deux
fois en 2011 pour des problèmes rencontrés par des familles en difficulté ».
« Au coup par coup au vu de
l’urgence », « J’ai peu de lisibilité sur cet
aspect »
Dès lors, leurs actions s’inscrivent dans des situations « d’urgence » sociale.
Second cas de figure : « Par l’action classique que peut mener un CCAS »
Les élus et techniciens de Parthenay évoquent spontanément le CCAS au
travers de ses différentes actions (aide alimentaire, chantier d’insertion, …) :
« Grâce au CCAS et aux chantiers d’insertion et Troc services ».
« Non il n’y a pas de CIAS. Les CCAS
sont en charge de cette question »
Pour les élus des communes alentours, ils mentionnent parfois ne pas s’emparer de cette question puisqu’ils ne
disposent pas de CCAS « outillé » dans leur commune.
Troisième cas de figure : « En agissant sur le levier du logement »
Face à cette interrogation, d’autres élus soulignent leurs actions et projets en
termes de logements. Ou bien, ils émettent des constats sur l’arrivée de
populations et l’offre de logements disponibles : « Il afflue sur la commune
des gens qui viennent se mettre au vert. Mais il existe beaucoup de logements
insalubres ».
« En agissant sur le levier du
logement, la commune dispose d’un
parc important de logements sociaux. La
commune propose d’ailleurs à habita t
nord 79 des candidats locataires »
Dès lors, ces élus assimilent la thématique du logement à celle de la précarité et y voient un réel levier pour faire face
aux situations des ménages les plus fragiles.
Quatrième cas de figure : « Par le biais des assistantes sociales du Conseil Général »
Les assistantes sociales de secteur sont étrangement peu citées. Seules les communes disposant d’un parc social et de
relations avec les bailleurs sociaux évoquent l’action des AS. Elles ne sont pas identifiées spontanément par les élus
locaux.
Echelle départementale et régionale : entre compétence et volontarisme
Les instances départementales et régionales mettent en avant leurs actions au
travers de projets et d’outils existants mais aussi au travers d’une réelle
politique de solidarité sur le territoire.
« PLIE , »« Micro crédit social »,
« Fonds sociaux dans les lycées, « Micro
crédit vert », …
En matière d’aide sociale, le
A cet effet, les instances régionales soulignent leur engagement sur cette
département est la collectivité « chef de
question même si cela ne relève pas de leur compétence : « Nous avons mis
file »
en place le micro crédit social, les fonds sociaux dans les lycées et le micro
crédit vert. Nous avons aussi des conventions avec le Conseil Général 79 dont c’est la compétence ».
Le département, quant à lui, réaffirme son rôle en matière d’action sociale en insistant sur la variété de son champ
d’actions : « Toute l’action sociale relève de la compétence du Conseil Général 79. On agit aussi en direction de la
précarité énergétique ». Enfin, la CAF des Deux-Sèvres insiste sur la notion d’ « action » sociale. Le projet de la CAF
s’inscrit bien dans une action sociale globale et ne se résume pas à l’attribution
l’attribution d’une aide financière.
46
Zoom sur …
Répartition des missions et
compétences entre l’Etat
et les différents niveaux de
collectivités
Au niveau national, l’Etat est garant de la péréquation des crédits décentralisés et de l’égalité
de traitement des personnes et de l’équité territoriale. Au niveau régional, les différentes
politiques impactent le cadre d’intervention des acteurs locaux. Un travail de concertation
avec les Régions s’avère donc pertinent même si l’action sociale n’est pas une de leurs
compétences. Enfin, le département est le « chef de file » des collectivités en matière
d’action sociale. A noter que l’action et les compétences des CIAS / CCAS, au niveau infradépartemental, sont en lien permanent avec l’action du CG.
B. Points de vigilance !
« Qui fait quoi ? »
Au travers des différents témoignages des élus sur la question de l’action sociale,
on remarque que chaque collectivité (commune, département, région) a son
fonctionnement sans qu’il y ait toujours une cohésion d’ensemble. C’est bien ce
que rapportent certains élus en se questionnant sur le « qui fait quoi ? » et « qui
finance quoi ? ». A ce sujet, un élu déplore le manque de territorialité et de
proximité.
« Il s’agit de clarifier le rôle
de chacun entre les différentes
strates et les différentes structures
d’accompagnement des
personnes », « Il y a pléthore
d’intervenants et ion ne sait plus
qui fait quoi ! »
Travailler en réseau !
En revanche, tous les élus et institutionnels étaient unanimes sur un point : « Faire
« On a un rôle de facilitateur
ensemble ». D’une part, les élus insistent sur leur rôle de « facilitateur » et de
dans les démarches », « On
soutient les acteurs locaux »,
soutien aux acteurs sociaux du territoire. De plus, ils soulèvent l’importance du
« Par un travail d’animation en
partenariat sur cette thématique : « Grâce aux liens avec les autres partenaires du
réseau comme EQUAL* »
travail social, on ne peut rien faire seul ». D’ailleurs, à la question : « Quels sont de
votre point de vue les principaux acteurs en direction des personnes en difficulté ? », ils expliquent déjà travailler en
partenariat avec l’AMS, la CAF, la MSA, les opérateurs associatifs (dont Un Toit en Gâtine) et les associations
caritatives.
* EQUAL : Un programme d’initiative communautaire (PIC) qui vise à combattre les discriminations, réduire les inégalités pour une meilleure cohésion sociale. Le
projet porté par le Pays de Gâtine s’intitule : « Les gens au service des gens » et comprend une dizaine de partenaires (CG, CCAS, ADMR, MSA, CSC des Forges,
…).
Néanmoins, certains élus souhaiteraient aller plus loin dans la démarche
partenariale en imaginant un maillage territorial plus important (création d’un
CIAS, …) allant jusqu’à la constitution d’une « plateforme », d’un « relais » pour
donner plus de transversalité aux actions menées sur les territoires en direction des
personnes en difficulté.
Mixité et lien social…
« Dommage qu’il n’y ait pas
de maillage territorial au niveau
des différents acteurs, agir en
plateforme me semble la
solution. Il s’agit de donner plus
de transversalité à nos actions »
« On manque d’infos
partagées »
Certains élus, comme dans la partie jeunesse, parlent de « faire du lien » et proposent de favoriser la mixité entre les
populations.
Ainsi, quelques maires s’emparent de la question sociale par le biais d’actions
d’actions ponctuelles socioculturelles favorisant le
brassage des personnes et de fait la cohésion sociale. A cet effet, un maire témoigne d’une action qu’il a développé sur
son territoire : « Nous avons mis en place une action de mobilisation des habitants
« Par des actions socio
autour de la venue d’un groupe de musique internationale avec des tarifs
culturelles et le brassage des
préférentiels en direction des populations précaires ».
populations »
47
Observation sociale : anticiper et avoir une vision prospective des besoins
La notion d’observatoire est apparue de nouveau dans le discours des élus et
institutionnels. A la différence du volet jeunesse, une analyse des besoins a déjà été
effectuée sur le territoire via le CCAS de Parthenay qui a pointé des problématiques
(4ème âge, petite enfance, déplacement et mobilité, …). Néanmoins, certains
soulèvent le manque de diagnostic plus qualitatif sur l’évaluation de la situation des
personnes.
« Il nous semble qu’il y a un
regard plus quantitatif que
qualitatif sur la situation des
personnes »
48
Diagnostic : « Habitat et
ménages en Gâtine »
A retenir
La précarité des populations sur les territoires interrogent les
compétences de chacun (collectivités, organismes sociaux, opérateurs
associatifs, …).
A la question « Comment, en tant qu’élu maire, vous emparez vous de
cette question sur votre territoire ? », trois grandes catégories de
réponses apparaissent :
•
•
•
« Au coup par coup » quand il s’agit d’une « urgence
sociale »
Par le levier du logement social et de la mixité
Pas de CCAS « outillé » sur la commune donc pas d’action
clairement identifiée en direction de cette frange de la
population.
Les institutionnels et collectivités départementales et régionales, quant
à eux, insistent sur la volonté de mettre en place une réelle « action »
sociale plus que de simples prestations et « aides » sociales. Ainsi, des
outils ont été développés sur les territoires (à différentes échelles) et
contribuent à aider les ménages les plus fragiles (Exemple, Gâtine : le
projet EQUAL. Région : développement des micros crédits). Dans
tout cela, le Conseil Général fait office de « chef de file ».
En revanche, les élus pointent plusieurs points de vigilance :
•
•
•
•
S’accorder sur le « qui fait quoi ? »
Renforcer le travail en réseau en imaginant par exemple une
« plateforme locale » de partage d’information et d’échange
entre acteurs sociaux (transversalité)
Favoriser la mixité et le lien social sur le territoire
Compléter l’observation sociale actuelle (analyse des besoins,
CCAS) par une approche plus qualitative
49
IV.
Recueil de la parole des partenaires sur la question de la précarité sur leur territoire
A. Identification des besoins en fonction des territoires
Comme vu précédemment, les partenaires (comme les élus) évoquent en premier lieu la mission de l’association en
direction de la jeunesse. Les questions de précarité
précarité et d’accompagnement des ménages ne viennent que dans un second
temps lorsque les partenaires ont été amenés à recenser les manques et besoins du territoire.
Les partenaires présents sur la communauté de communes de Parthenay
Plus de logements d’urgence pour les familles et adultes en souffrance
Les partenaires rencontrés sur Parthenay ont insisté sur le développement
d’hébergement d’urgence et d’insertion pour les adultes en difficultés. Ils
souhaiteraient que l’association puisse se saisir de cette question à la même
hauteur que celle de la jeunesse.
Proposer un accompagnement social individualisé
Dès lors, ils ont mentionné à plusieurs reprises la nécessité de renforcer
l’accompagnement de ces publics ; accompagnement à la fois social et
psychologique.
« Besoin de logement d’urgence
pour les adultes », « Besoin de plus de
logements pour les familles », « Besoin
de plus de places CHRS pour les
publics en risque de marginalisation »
« Que l’association puisse
accueillir plus de personnes en
difficultés sociales avec un
accompagnement personnalisé »,
« Besoin de logements pour les
personnes en difficulté avec un
accompagnement psychologique »
Les partenaires présents sur l’Airvaudais
Des besoins essentiellement centrés sur la jeunesse
Sur Airvault, la réunion s’est orientée davantage sur la jeunesse. Lorsqu’ils ont
été amenés à parler de l’habitat et de la précarité sur leur territoire ils ont insisté
sur l’importance du parc vacant et sur l’absence physique de l’association sur le
territoire.
« Manque de mobilisation des
propriétaires », « Avoir des moyens
financiers plus importants pour
transformer des locaux publics vacants
en logement »
« Manque de présence physique sur le territoire »
Ainsi, leurs demandes ne portaient pas tant sur l’offre de logements proposée par
l’association en direction de ce public mais davantage sur la lisibilité des
missions de l’association. A priori mal identifiée par les usagers, les partenaires
de l’airvaudais souhaiteraient que les missions de l’association soient plus
lisibles.
« Manque des interventions au-delà de l’ASLL »
Actions collectives sur l’énergie, élargissement des dispositifs, les partenaires de
l’airvaudais envisageraient de développer d’autres actions sur leur territoire en
direction des publics en difficulté.
« Que le public ait plus de lisibilité
des services de l’association », « Un
service logement qui soit identique à
Parthenay, voire créer une antenne Un
Toit en Gâtine sur l’airvaudais »
« Manque un travail sur l’énergie,
le chauffage, … », « Manque des
points d’infos logement sur le
territoire », « Pas assez d’aide pour les
publics en général »
B. Socle commun des deux territoires
« Poursuivre le travail partenarial »
Les acteurs des deux territoires s’accordent sur la poursuite du travail partenarial
engagé par l’association. Néanmoins, comme mentionné dans la partie jeunesse,
les partenaires d’Airvault souhaiteraient qu’il y ait plus de proximité et
d’échanges.
« Plus de concertation avec les
acteurs de terrain »
50
« Expertise, innovation et observatoire »
Enfin, à l’identique de la jeunesse, les partenaires des deux territoires ont mis
l’accent sur la notion d’observatoire et le besoin d’une analyse plus qualitative
des besoins des ménages.
« Manque un observatoire sur
l’habitat et les publics », « Qu’elle soit
une force de propositions et
d’innovation sur le territoire avec une
fonction de chargée de projets »
51
Diagnostic : « Habitat et
ménages en Gâtine »
A retenir
Les partenaires, comme sur le volet jeunesse, ont des attentes
différentes en fonction des territoires sur lesquels ils sont inscrits
même s’ils ont globalement des points de convergence.
Les partenaires présents sur l’Airvaudais soulignent un manque de
lisibilité des missions de l’association auprès des ménages sur leur
territoire. Enfin, ils aimeraient développer des actions collectives et
des dispositifs nouveaux, au-delà de l’ASLL.
Les partenaires de Parthenay quant à eux ont introduit deux
principaux points :
•
•
Manque de logements d’urgence pour les familles et les
personnes en voie de marginalisation
Manque d’accompagnement social et psychologique pour ce
même public
Dès lors, ils ont pointé du doigt le manque de places CHRS adultes
sur le territoire.
Qui plus est, qu’ils soient de Parthenay ou d’Airvault, les acteurs du
territoire insistent sur l’importance du partenariat et sur le rôle
conséquent de l’association au travers de ce partenariat. Malgré tout,
les partenaires d’Airvault souhaiteraient plus de proximité et
d’échanges.
Enfin, ils mentionnent à plusieurs reprises le besoin d’une analyse
qualitative sur les besoins des ménages sur le Pays.
52
V.
Recueil de la parole des élus sur le rôle de l’association Un Toit en Gâtine au regard des populations
précaires
Avant même d’identifier le rôle de l’association au regard de l’habitat et de la
précarité, les élus reconnaissent sa légitimité à agir sur ces thématiques en Gâtine. En
revanche, sur l’aspect « habitat et précarité », ils sont beaucoup moins précis dans les
missions qu’ils attribuent à l’association que sur le volet jeunesse. D’ailleurs certains
iront jusqu’à dire qu’Un Toit en Gâtine devrait être moins axé sur le volet « social »
et plus sur le volet jeunesse.
« Une place précieuse »,
« Un rôle important », « On en a
une image très positive »
A. Légitimité et plus values de l’association
Interface sur l’amélioration de l’habitat
Quelques élus souhaiteraient que l’association puisse relayer les moyens
d’information sur l’amélioration de l’habitat, voire être à l’initiative de programmes
(OPAH, PST, …). Par ailleurs, d’autres identifient l’association comme une aide à la
résorption du parc privé via les différents programmes et dispositifs déjà en place
(PST jeunes, …).
« Relayer les moyens
d’information sur l’amélioration
de l’habitat », « Etre à l’initiative
de programmes »
Accueil de populations
L’association est perçue comme un outil participant à la dynamique du territoire,
notamment par l’accueil de jeunes populations. Elle permet aux personnes plus en
difficulté d’accéder à un logement convenable à un prix raisonnable. L’association
doit ainsi participer à l’accueil des gens en difficulté ou en mobilité professionnelle.
Un accompagnement et un logement
« Un rôle important pour le
territoire et pour l’accueil de
jeunes », « Offrir aux personnes
accueillies des logements
adaptés et convenables à des
prix attractifs »
Dès lors, la première mission de l’association est la mise à disposition d’un hébergement ou d’un logement. En
revanche, les élus soulignent également la mission d’accompagnement et de parcours résidentiel : « L’accompagnement
et le toit », « Elle doit intervenir dans l’élaboration d’un parcours résidentiel à proposer aux personnes fragiles qu’elle
accueille ».
Relais et vivre ensemble
Enfin, l’association est également envisagée comme un relais et une interface entre
les personnes et les institutions pour :
•
•
•
« Faire en sorte que
l’association se présente comme
pouvant être le relais des
personnes qu’elle touche »
« Pouvoir nous bousculer, nous élus, pour que l’on soit en phase avec la
réalité sociale et les besoins des populations »
« Pour améliorer la participation des habitants »
« Créer les conditions du comment vivre ensemble sur l’espace communautaire et être force de proposition en
direction des élus de la communauté de communes pour dégager des axes et des priorités »
Ainsi, deux grandes orientations sont mises en avant :
1°) Etre un relais de la parole des usagers pour pouvoir faire remonter des besoins
2°) Participer à la réflexion sur le « comment vivre ensemble » sur l’espace communautaire.
53
Diagnostic : « Habitat et
ménages en Gâtine »
A retenir
« Habitat », « précarité » et « territoire » sont trois thématiques
inévitablement associées. Comme le soulignent les élus, l’association
a un rôle à jouer en la matière.
Plusieurs missions sont attribuées à Un Toit en Gâtine :
•
•
•
•
Interface sur l’amélioration de l’habitat (informations et
déclencheur de programmes types OPAH, PST, …)
Outil d’aménagement du territoire (accueil de populations,
mixité, contributeur du vivre ensemble, …)
Pourvoyeur d’hébergements et de logements
« Accompagnateur » et « facilitateur » dans les parcours
résidentiels des personnes accueillies
A noter qu’il existe deux tendances au sein des élus et institutionnels.
Alors que certains souhaiteraient que l’association se recentre sur
l’activité jeunesse, d’autres, à l’inverse, désireraient que l’association
élargisse davantage son champ d’action (universalité des publics avec
par exemple la création de place CHRS adultes).
Ce constat vient renforcer ceux préalablement établis : les élus
privilégient davantage l’action de l’association en direction de la
jeunesse au détriment parfois de celle destinée à des publics plus en
difficulté.
54
VI.
Recueil de la parole des ménages : « Parcours de vie » et trajectoires résidentielles
A. Rappel des éléments de méthodologie et du recueil des données
Ménages rencontrés
Lors du diagnostic une vingtaine de personnes accueillies par l’association, ou ayant été accueillies au cours des
dernières années, ont été enquêtées. Il s’agit de personnes qui ont traversé des difficultés au cours de leur parcours de
vie et qui ont été reçues par le Service Logement de l’association via la porte d’entrée « AIO » (Accueil, Information,
Orientation).
Respect et confidentialité
Ces entretiens individuels ont été réalisés dans un souci de respect et de confidentialité. Les usagers ont été interrogés,
non pas par les interlocuteurs avec qui ils sont, ou avaient été accompagnés, mais par des personnes de l’association
qu’ils ne connaissaient pas, afin de ne pas être influencés ou gênés dans leurs réponses.
B. Les ménages reviennent sur leur parcours de vie
Les personnes qui sollicitent l’association ont un parcours logement plus ou moins complexe avec la plupart du temps
une expérience de la précarité et des difficultés financières (hébergement dans la famille, chez des amis ou en caravane,
logements insalubres, dettes locatives avec éventuellement expulsion, difficultés financières, parfois même à la rue, …).
A ce titre, depuis la fin des Trentes Glorieuses, on assiste à la montée d’un nouveau type d’individus modernes, que
Robert Castel25 qualifie de vulnérables. Nouveau, car selon lui « la fragilisation des positions sociales, le caractère
aléatoire des trajectoires professionnelles, le manque de ressources pour affronter l’avenir posent aujourd’hui des
problèmes qui ne sont pas la répétition des vulnérabilités d’autrefois ».
Parcours de vie et trajectoire résidentielle26
L’individu est « vulnérable » explique Castel, parce que le processus de promotion de l’individu est aujourd’hui en
crise, « parce que les supports nécessaires pour assurer la consistance de cet individu lui font défaut ».
Plus précisément, un individu vulnérable n’est pas seulement une personne manquant de ressources économiques, ou un
exclu rejeté par la société, mais « c’est très souvent quelqu’un qui a été vulnérabilisé, fragilisé, pris dans un processus
de perte d’appartenance et de ressources ».
Processus de désaffiliation
Au travers des histoires individuelles et des vulnérabilités de chacun présentées ci-dessous, il est flagrant de constater un
décrochage, parfois complet, aux appartenances collectives (processus de désaffiliation). Ainsi, les accidents de
parcours, la solitude, la méfiance et la stigmatisation viennent renforcer la perte de ressources (supports) et
d’appartenance de ces publics.
Les « supports »
Castel rappelle que la montée de l’individualisme, ou plutôt la décollectivisation du monde social, laisse l’individu seul
face aux difficultés de l’existence, avec ses seules ressources individuelles, autrement dit ses « supports ». Il distingue
alors deux types de supports : la propriété privée et la propriété sociale (droits sociaux, protection du travail, …).
Dès lors, « L’individu a besoin de propriété pour exister positivement parce que la propriété donne la capacité d’exister
par et pour soi-même, d’échapper à la dépendance ».
25
Castel R., Les métamorphoses de la question sociale, 1995, Folio Essais, éd. Gallimard, Paris.
Master II Sociologie de Poitiers, « Etude sur l’accès au logement des populations vulnérables en Poitou-Charentes », commanditée par la DRJSCS et la
DREAL Poitou-Charentes, 2011.
26
55
Illustration de parcours logement
Michel, homme seul, la cinquantaine : « Je m’en suis pris plein la gueule »
Souvenirs d’enfance…
Michel est issu d’une famille ouvrière.
« Mon grand-père était cheminot. Quand il disait le train part à 7h, c’était 7h et
pas 7h01 ! »
« J’ai commencé gamin, j’ai travaillé en ferme »
Parcours de vie au regard du logement
Vie en caravane
avec ses parents
Construction
maison (parents)
Enfance, adolescence
Habitat précaire puis
logement
Hébergé par
des amis
Jeune adulte, peintre en
bâtiment, problème de
santé
Domicile
conjugal
Vie maritale
avec enfant
Incarcération
Rupture, 18 mois
d’incarcération
Location
Location
privée seul
SDF, Un Toit
en Gâtine
Route,
soucis
santé
Décohabitation
« Quand il y a trop de monde je suis malade, j’aime
Processus de désaffiliation :
Minima sociaux
« Tu sais, quand
bien ma solitude.
solitude. J’aime bien être seul… Ah c’est marrant, depuis que je suis tout petit j’ai
tu touches le RSA c’est pas terrible »
toujours été seul. Dans l’immédiat, c’est mon problème d’alcool qu’il faut que je règle »
« Aujourd’hui… »
« J’aimerais revoir mon fils, ça serait bien, c’est la priorité c’est sur. Quand j’ai eu ma petite fille de 3 ans ½ sur mes
genoux, j’ai eu un déclic. Mais mon fils je ne l’ai pas vu depuis 10 ans » (processus de désaffiliation).
Analyse
Usé et fatigué, Michel souhaite désormais se poser. Parce que son corps l’empêche de continuer et parce qu’il arrive à
un tournant de sa vie (prise de recul), il dit en avoir «
marre de faire la route ». D’autres personnes interrogées au
centre d’urgence nous on fait part de cette même volonté.
Ces parcours nous laissent entrevoir deux éléments essentiels : la prégnance du sentiment de solitude et l’installation
progressive du processus de désaffiliation. A ce titre, Xavier (routard également) explique que «
si tu n’as pas
d’activité, il faut être dans le paysage pour s’intégrer car, la solitude c’est très difficile ». Michel quant à lui
explique aimer cette solitude. Et pourtant, il affirme vouloir retrouver une partie de sa famille. De plus, son entretien a
commencé par cette phrase, révélatrice d’une partie de sa souffrance : « Tu sais, je m’en suis pris plein la gueule »… Au
travers de ces parcours, on constate une surexposition au manque d’attaches (sociale, familiale) et au manque de
supports liés au travail qui les enferment dans la catégorie dite des « exclus ». Cette stigmatisation les amène parfois à
refuser toutes aides qui les assimileraient encore davantage à des « assistés ». Mickaël (autre SDF rencontré) nous
avouera ne pas percevoir son RSA depuis plusieurs années car «
c’est la société qui paie et c’est déjà beaucoup ».
Personnes marquées et endurcies, leur cheminement prendra encore certainement du temps, parfois même ils
continueront leur errance… A ce titre, depuis l’étude, Michel est reparti sur la route, sans donner de nouvelles.
56
Cécile, femme seule, la trentaine : « Au lieu de descendre, il faut se faire aider »
Liens familiaux
« J’ai été jugé longtemps par ma famille. Mais ils ont accepté mon état. Ils m’aident maintenant »
Stigmatisation et intériorisation
« On nous dévalorise, mais ce n’est pas grave. Quelque part j’ai choisi cette vie… »
Maison
(parents)
Chambre
universitaire
Foyer PTT
Etudiante,
logement
étudiant
Concours réussi,
logement sur
Paris XV
Location
Rue
HLM
Location
Décohabitation
Enfance,
adolescence,
logement
Fin de contrat,
déménagement et
impayés de loyers
Rue, hôtel,
hébergement
par des tiers
Travail de nuit
Hébergée par des
amis
Arrivée dans
le 79, sans
emploi
Rue, Un Toit
en Gâtine
Bouche à oreille,
ALT
Location
Location
Appartement,
Saint Paul
Petite
maison,
Amailloux
8 ans en HLM sur
Paris suite
interpellation mairie
Mutation, maison
individuelle en
location
Travail à la Poste, CDI
Petits boulots et minima sociaux :
« Je suis
passée d’un salaire à O, je n’avais rien du tout. Au
moment où je suis arrivée à l’association, j’étais
paumée, je ne savais pas où aller » »
Aujourd’hui…
« La situation idéale pour moi, ne plus jamais avoir à demander quand il y a une grosse facture. C’est toujours les
frères et sœurs qui casquent. Et, j’aimerais bien être propriétaire ».
Analyse
Le sentiment de dépendance qu’exprime Cécile est fort et renvoie au processus de stigmatisation dont elle a pu faire
face. En quête à la fois de protection et de reconnaissance sociale, elle « vagabonde » durant des années jusqu’à vouloir
se poser et construire « son » projet, celui qu’au fond elle désirait.
désirait. Car, comme elle l’explique, « je m’ennuyais à la
poste, j’ai donc démissionné ». De là, ne pouvant plus faire face aux aléas de la vie, elle a demandé de l’aide à ses
proches qu’elle a finalement « payé très cher ».
Dès lors, Cécile a intériorisé le stigmate (le fait d’être aidée et « assistée » : « Ils ont accepté mon état ») au point de
ne plus savoir à qui s’adresser. Comme l’exprimera Magali dans un autre entretien : « Je me sens vraiment assistée.
On a envie d’avancer par soi-même mais on se rend compte qu’on ne peut pas ». Ainsi, comme peut l’expliquer
Castel, la propriété et la prise d’indépendance sont des éléments majeurs pour permettre à ces personnes de se sentir
« libres » et d’être de réels acteurs dans leurs parcours de vie.
57
Liliane, femme seule victime de violences conjugales, « Seule dans le logement, ça n’aurait pas marché »
Domicile conjugal
Violences
conjugales
Un Toit en Gâtine,
ALT
Logement et accompagnement
« J’avais besoin d’un logement pour me séparer de mon compagnon mais sans aide je n’aurais pas franchi le cap
car, je n’ai jamais vécu seule et sans aide de quelqu’un. Avant j’avais ma grand-mère mais on s’est fâchées ».
« A la proposition du logement j’étais soulagée et en même temps j’avais peur. Seule dans mon logement, sans
accompagnement, ça n’aurait pas marché. J’apprends dans ce logement à me protéger ».
Aujourd’hui…
Liliane est toujours en logement temporaire à l’association. Elle est impatiente d’avoir son propre logement.
Analyse
Au travers du témoignage de Liliane, on prend la mesure de l’importance de l’accompagnement. Au départ sur la
défensive comme elle a pu le rapporter, elle a trouvé dans l’accompagnement un réel soutien qui lui a permis d’avoir un
« déclic », celui de quitter le domicile conjugal et se protéger. Comme Cécile ou Magali, la protection et la
reconnaissance sont deux éléments majeurs, structurants dans la suite de leur parcours.
M et Mme Blot, couple sans enfants à charge, « Les temps sont durs, on se prive et on calcule tout »
Problèmes de
santé de
Madame. Plus
de ressource
Chômage partiel
de son mari
(difficulté de
l’entreprise)
Impayés de
loyers (10 mois)
et procédure
d’expulsion
Enclenchement de
l’ASLL pour le maintien
dans le logement
Location depuis plus de 5 ans (bailleur public) Pas de droits
APL. Loyer de 370 euros.
Objectif : maintien dans le logement
« On s’est un peu laissé aller car on ne savait plus quoi faire ».
« Le juge au tribunal nous a condamnés à verser 50 euros pendant plusieurs années, en plus du loyer tous les mois,
c’est dur ».
« L’objectif est de rester dans le logement car c’est proche de mon travail (monsieur). A Airvault, on ne peut pas
trouver moins cher et ma femme n’a pas le permis. Et, on a de bonnes relations avec le bailleur. On entretient le
logement, on a fait des travaux ».
58
Analyse
Le sentiment de honte
« On a honte, on sent un
un rejet car on est des mauvais payeurs » et le fait de ne pas oser
demander de l’aide place M et Mme Blot dans une situation d’immobilisme, qui s’est détériorée avec le temps. Entre
l’intériorisation du stigmate (ne pas oser demander de peur d’être étiqueté)
étiqueté) et un sentiment d’injustice ( « le tribunal
nous a condamné ») ils ont perdu pied mais font désormais face à la situation grâce à l’enclenchement de l’ASLL.
Leurs supports étaient suffisants pour rebondir (emploi, vie sociale sur Airvault, …), l’accompagnement social lié au
logement a permis d’éviter l’expulsion, de remobiliser le couple et de stabiliser leur situation financière.
Ici, l’écoute et l’empathie sont des éléments essentiels qui permettent aux personnes de se détacher du sentiment de
honte et de culpabilité qui les ronge. D’ailleurs, Madame explique que « Nous n’avons pas eu le temps d’expliquer notre
situation au juge. Le juge n’écoute pas mais on a pu parler avec Mme Jeudy. Elle nous a redonné goût à faire les
démarches, elle nous bouge ».
M et Mme Thouin, « C’était un véritable taudis, on a eu des problèmes de santé »
Exploitation
agricole
(propriétaires)
+ maison (hors
exploitation)
Dégradation de la
maison (logement
insalubre) + liquidation
de l’exploitation
(vente)
Problèmes de
santé
(madame,
AAH)
Enclenchement de
l’ASLL pour un
relogement
Historique
L’objectif pour le couple à l’époque était de trouver une autre maison car, ils devaient quitter le logement dans lequel ils
vivaient (depuis plus de 29 ans) pour des raisons d’insalubrité.
« C’était un véritable taudis, très humide où tout piquait, impossible à chauffer ».
« On a eu des problèmes de santé et notre fils aussi. Asthme avec hospitalisation ».
Conditions du relogement
Madame ayant des problèmes de santé (dos), le couple recherchait une maison de plain pied avec un loyer modéré en
raison de la cessation de leur activité. De surcroit, le couple ne voulait pas se séparer de leurs 4 chiens (donc nécessité
d’un espace extérieur) et désirait un terrain pour faire un potager.
« Parfois, on a eu le sentiment de ne pas être compris par rapport aux chiens ».
Aujourd’hui…
M et Mme Thouin on trouvé un logement et ont gardé leurs chiens.
Analyse
Il faut noter que la situation de ce couple a été particulièrement
particulièrement suivie par les acteurs locaux (mairie, assistantes sociales
de la MSA et de l’AMS, médiateur, …) en raison de sa complexité et de l’état de détresse de ces personnes :
« Sans
le soutien de toutes ces personnes, on se serait suicidés, d’ailleurs ça a failli se faire, tout était prêt. Ils ont tous été
rassurants, c’était un vrai cercle autour de nous qui nous protégeait ». Ce cas de figure souligne plusieurs points :
l’importance de la coordination entre les différents partenaires ainsi que le désarroi de ces personnes. La protection, la
reconnaissance, l’écoute et l’empathie ont permis de solutionner leur problématique. L’ASLL a donc remobilisé le
couple et impulsé une dynamique entre les différents partenaires présents.
59
Points de convergence
Tous ces témoignages soulèvent et interrogent la question du lien social. Au travers de ces portraits, on constate que
toutes les personnes n’ont pas les mêmes degrés d’appartenance au monde du travail et aux cellules de socialisation
(famille, réseau amical, inter connaissances, …). Ainsi Castel identifie quatre « zones différentes de densité des rapports
sociaux » :
•
•
•
•
La zone d’intégration : personnes qui possèdent une stabilité au niveau de l’emploi et une capacité à mobiliser
des relations sociales fortes (cas de M et Mme Blot)
La zone de vulnérabilité : individus qui vivent une précarité de l’emploi non passagère et/ou une certaine
forme de fragilité relationnelle (cas de Cécile et de Magali)
La zone d’assistance : personnes exclues du marché du travail à qui on autorise momentanément ou
définitivement de ne pas travailler, pour lesquelles il existe des dispositifs d’assistance et qui ont des relations
sociales plus ou moins fortes (cas de Liliane et de M et Mme Thouin)
La zone de désaffiliation qui associe l’exclusion du travail à l’isolement social (cas de Michel, Xavier et
Mickaël)
Malgré ces différentes catégories, toutes les situations présentées ci-dessus témoignent du processus de désaffiliation.
Certaines personnes plus vulnérables que d’autres, au regard de « supports » fragilisés (famille, emploi, …), s’inscrivent
durablement dans ce processus et restent parfois des « incompris » alors qu’en reprenant leur trajectoire, on saisit
facilement la difficulté de se sortir de cette spirale, tant elle a été structurante pour eux. Il leur faudra alors du temps
pour se poser mais chaque rencontre leur permet de déposer quelque chose…
60
Diagnostic : « Habitat et
ménages en Gâtine »
A retenir
« L’institution demande alors au prétendant d’être déjà dans ce qu’il
doit devenir », Charles Soulié (« Le classement des sans abris », Actes
de la Recherche en Sciences Sociales, n°118, juin 1997, p.69 à 80).
Les différents témoignages des personnes rencontrées au sein du
Service Logement ou du centre d’hébergement d’urgence de
l’association, au regard de leur parcours de vie et trajectoires
résidentielles, posent un certain nombre de constats :
•
•
•
•
Toutes ces situations témoignent du processus de
désaffiliation : ils se retrouvent à un moment donné, seuls
face aux difficultés de l’existence (perte d’emploi, maladie,
rupture conjugale, …)
Il existe une graduation au sein du processus de
désaffiliation ; certaines personnes sont plus vulnérables que
d’autres car, elles disposent de moins de « supports » (famille,
emploi, réseau amical, …)
La stigmatisation (être « assisté »), le sentiment de honte (ex :
être de « mauvais payeurs ») et d’injustice constituent des
freins pour les personnes dans l’accession à l’aide sociale
Selon les situations, les individus ne formulent pas les mêmes
demandes même si la protection et la reconnaissance
(fondements du lien social selon Castel) sont deux notions
essentielles à prendre en considération dans l’approche et
l’accompagnement de ces personnes.
Dès lors, ces individus affirment vouloir être acteurs dans leur
parcours, l’accompagnement doit les remobiliser et non les assujettir :
« Elle nous a fait confiance, elle s’est mise en retrait et nous a laissé
faire mais on savait qu’on pouvait faire appel à elle si on avait des
difficultés »
61
VII.
Recueil de la parole des ménages : que pensent-ils de l’association Un Toit en Gâtine ?
Les ménages connaissent-ils l’ensemble des missions de l’association Un Toit en Gâtine ?
Alors que certains partenaires pointent le manque de lisibilité des missions de l’association, qu’en pensent les usagers et
anciens usagers ? Est-ce une difficulté pour les publics de ne pas être au fait de l’ensemble des missions de
l’association ?
Personnes accueillies sur le dispositif de l’urgence
Les personnes accueillies sur l’urgence sont très souvent inscrites dans un parcours
d’errance depuis plusieurs années. Ainsi, les usagers sont souvent connus de
l’association et des autres centres d’hébergement du département soit via le 115 soit
localement. Néanmoins, certains « passent » par hasard, font la route et s’arrêtent.
« Les gens que j’ai croisé sur
la route m’ont dit qu’il y avait un
truc à Parthenay »
Personnes accueillies sur le service logement
Les personnes accueillies sur le Service Logement ont opté pour deux entrées principales :
•
•
Par le bouche à oreille (famille, amis, …)
Par les assistantes sociales ou autres partenaires sociaux (ATI, DEFI, …)
Qui plus est, à la question « Que connaissez-vous de l’association ? » ils indiquent
majoritairement des noms de travailleurs sociaux d’Un Toit en Gâtine et non des
services. A ce titre, très peu arrivent à identifier les services de l’association mise à
part ceux qui lui ont déjà fait appel.
A ce sujet, les personnes interrogées ont précisé venir en grande majorité pour leur
situation individuelle :
« On est là pour notre situation particulière. On a nos
problèmes donc ce que fait l’association ne nous intéresse pas forcement ».
D’ailleurs, certains avoueront ne pas connaître l’emplacement géographique de
l’association.
En revanche, la majorité des personnes identifient l’association comme une aide dans
l’accès au logement.
« Je connaissais Mme Jeudy
car une parente a déjà eu un
ASLL mais je ne connais pas les
autres services de l’association »
« Je ne connais que Mme
Guittet, la femme de ménage et
l’accueil », « Mme Guittet, M
Cros, la psychologue et le
directeur »
« On était tellement déprimé
et en difficulté, on n’a pas
cherché à savoir »
« Je sais qu’en m’inscrivant
chez vous, vous pourrez m’aider
à trouver un logement », « Je
pense que l’association gère des
logements un peu partout »
Rôle de l’association Un Toit en Gâtine au regard de leur parcours
« Le local est bien. Il y a tout
ce qu’il faut, la machine à laver
et le téléphone, c’est pratique »
Une structure adaptée sur l’urgence
Les personnes rencontrées au centre d’hébergement d’urgence apprécient le lieu
d’accueil. Petite structure équipée, ils expliquent préférer ce type d’espace aux
complexes plus importants. Connue via le 115 ou leur réseau, l’association est
identifiée et reconnue par ses usagers (écoute, soutien, solidarité,…).
« Je préfère les petites
structures où je me sens bien.
Dans les grosses, il y a des vols
entre les SDF »
Ecoute, respect et mise en confiance
« Ici, c’est sympa. Tous ceux
que j’ai vu sont à l’écoute et
c’est bien. J’avais du mal à
libérer ma confiance, à me
confier, avec eux j’y arrive »
« Je ne me sens pas seule.
Elle m’écoute et répond à mes
questions »
« On n’avait pas le moral, on en
avait marre, on était prêt à partir, à
coucher dans une toile de tente et
elle nous a écouté et soutenu »
« Heureusement qu’on a
quelqu’un pour nous écouter »
Disponibilité
« Elle prend du temps avec
nous, beaucoup plus que l’AS.
« Mme Guittet elle est
neutre, c’est un peu ma
confidente quoi »
62
Les personnes interrogées ont insisté sur la disponibilité des différents intervenants
intervenants de l’association autant sur l’urgence
que sur le Service Logement.
« L’écoute, c’est un grand
mot mais c’est essentiel quand
tu t’es épaissi le cuir sur la route »
Posture de facilitateur et de « remobilisateur »
Enfin, ce qui est très présent dans le discours des personnes, c’est la notion
d’impulsion et de retrait, favorable à leur remobilisation vis-à-vis de leur parcours de
vie :
« Elle nous a redonné goût à faire les démarches, elle nous bouge, elle
ne fait pas tout », « Comme dirait Mme Guittet, quand c’est mûr, c’est mûr.
J’écoute mais si je ne suis pas prête ça ne passe pas ».
Améliorations à apporter ?
« L’association
m’accompagne, elle ne
m’impose pas. Ce n’est pas le
même lien avec les AS. Ils ont
plus tendance à diriger les gens.
Je ne suis pas une gamine non
plus ! Vous ne savez pas où vous
en êtes, on va dévider pour
vous. Et bien non ! Ce n’est pas
comme ça que ça marche non
plus »
L’ensemble de ces ménages feraient appel de nouveau à l’association en cas de
besoin : « Je n’hésiterais pas à refaire appel à l’association car je connais maintenant le service et Mme Guittet donc je
me sentirais à l’aise »
En revanche, plusieurs personnes estiment que l’association devrait se faire connaître
davantage : « Si on avait de nouveau des problèmes, on sait comment solliciter
une aide. On demanderait beaucoup plus tôt car le seul regret que l’on peut
avoir c’est qu’il aurait fallu que l’ASLL vienne plus tôt. On ne se serait peutêtre pas enfoncés autant et ce serait plus facile aujourd’hui ».
« Il faudrait que vous vous
fassiez mieux connaitre car sans
AS je n’aurai jamais su ce que
vous pouviez faire pour moi »
63
Diagnostic : « Habitat et
ménages en Gâtine »
A retenir
Les ménages rencontrés lors du diagnostic connaissent bien souvent
l’association mais uniquement par le prisme de leurs difficultés.
Parfois, ils avoueront même ne pas connaitre le siège social d’Un Toit
en Gâtine. Ce qui leur importe, c’est de pouvoir avoir un interlocuteur
identifié et à l’écoute.
Connaître tous les services de l’association n’apparait donc pas
comme une nécessité. En revanche, ils déplorent que les actions qu’ils
leurs sont destinées ne soient pas plus visibles (ASLL, logements
temporaires et sous location, hors urgence).
Qui plus est, les personnes rencontrées au centre d’hébergement
d’urgence apprécient le lieu d’accueil. Petite structure équipée, ils
expliquent préférer ce type d’espace aux complexes plus
importants. Connue via le 115 ou leur réseau, l’association est
identifiée et reconnue par ses usagers (écoute, soutien,
solidarité,…).
Les ménages rencontrés sur le Service Logement quant à eux
soulignent la nécessité d’une association comme Un Toit en
Gâtine. Ils ne relèvent pas tant la solution logement proposée –
même si cela contribue à leur satisfaction – mais plus
l’accompagnement et le soutien apportés par l’intervenant.
L’écoute, le respect, la mise en confiance et la disponibilité sont
des qualités qu’ils attribuent aux intervenants de l’association.
Enfin, le rôle de facilitateur du travailleur social est l’élément phare
qui revient à plusieurs reprises dans leur entretien. Remobiliser pour
faire en sorte qu’ils redeviennent acteur de leur parcours de vie est un
point qu’ils apprécient car, enfin, ils se sentent partie prenante de leur
parcours et s’aperçoivent qu’ils peuvent reprendre la main…
64
Diagnostic : « Un Toit en Gâtine
s’auto diagnostique »
Recueil de la parole des membres de l’association (salariés et administrateurs)
Les membres de l’association, salariés comme bénévoles, ont participé à ce diagnostic
diagnostic et ont eux aussi donné leur avis
sur Un Toit en Gâtine. L’objectif de ce « brainstorming » collectif était d’identifier la situation de l’association au
regard des enjeux du territoire. Trois questions leur ont donc été posées :
Salariés
•
•
•
Quels sont les besoins de la population que vous identifiez sur le territoire ?
Quels sont ceux pour lesquels vous estimez que l’association ou votre service est bien
positionné ?
Quelles sont les difficultés que vous rencontrez pour répondre aux besoins identifiés ?
Administrateurs
•
•
•
Quels sont les enjeux pour l’association pour son action sur le territoire ?
Sur quels enjeux vous estimez que l’association est bien positionnée ?
Quelles sont les difficultés que l’association rencontre pour mener à bien son projet ?
Rôle de l’association ?
Les Administrateurs : « Une association fortement ancrée sur l’humain »
A la question « Comment définiriez-vous l’association ? » plusieurs
réponses complémentaires sont alors apportées.
L’habiter est la façon dont l’homme « fonde ce qui demeure » et « ouvre ce qui est possible »27
La notion d’habitat / d’habiter a été exposée à plusieurs reprises. Les
administrateurs ont alors clairement exprimé l’idée qu’habiter c’est à la fois vivre
dans un lieu de vie (zone d’intimité, espace privé) mais c’est aussi s’inscrire sur un
territoire (point de repère ouvert sur le monde extérieur). Comme Bachelard et
Salignon pouvaient l’écrire, le logement représente l’essence du territoire de
l’homme et s’identifie à « notre coin du monde ».
Accepter l’autre et parier avec lui
Les administrateurs ont relevé ces notions d’acceptation et de pari. Ces deux idées
s’inscrivent au regard de parcours de vie et prennent sens au travers du
cheminement des personnes.
« Habiter chez soi », « Offrir
aux personnes une place dans la
société »
« Parier avec les personnes
que leurs capacités à se mettre
en mouvement »
« Toujours prêts à accepter
et à offrir à l’autre une nouvelle
opportunité pour aller plus loin »
« Une association qui mobilise, ancrée et rayonnante »
Enfin, les administrateurs insistent sur la capacité de l’association à se mettre en
mouvement. Professionnalisation, innovation, association qui tente des paris, autant
de points qui sont appréciés des administrateurs.
27
« Une évolution certaine
d’un militantisme amateur vers
une professionnalisation »,
« Capacité d’innovation qui offre
un service de proximité et active
le partenariat »
Salignon B., Qu’est-ce qu’habiter, Réflexions sur le logement social à partir de l’habitat méditerranéens,
méditerranéens, CSTB, Z’Editions.
65
Les salariés : « Prise en compte de l’humain, convivialité, partage et respect des rythmes de chacun »
Les salariés reprennent les notions précédemment citées par les administrateurs mais, de part leur posture, ils utilisent
des termes plus techniques que philosophiques et « politiques ».
« Les aider à s’intégrer au
mieux dans leur
environnement »
Partenariat
Accueillir, Informer,
Orienter, Accompagner
« Accueillir, loger, réconforter,
aider, accompagner, faire
découvrir »
« Soutenir le projet de vie des
personnes »
Respect des
parcours de vie
« Proposer un
accompagnement par le
logement adapté aux besoins
de chacun »
« Contribuer à l’insertion des
personnes par le logement »
Perméabilité des
services
Insertion par le
logement
« Chiche, parier et oser avec
les personnes »
« Professionnalisme », « Respect », « Solidarité », « Générosité », « Empathie »
Questionnements et perspectives
Les administrateurs
Les questions posées par les administrateurs relèvent du développement de l’association. On peut les classer en cinq
« préoccupations » :
•
•
•
•
•
Mobiliser de nouveaux administrateurs
Garder des marges de manœuvre (« mutualisation », « alternatives », …)
Développer les services de l’association et « créer »
Interpeller les donneurs d’ordres au regard de notre action
« Mailler » le territoire
« Comment convaincre les
habitants de devenir
administrateurs ? »
« Comment étoffer l’offre de
services à partir d’une veille
active ?
Les salariés
Les salariés quant à eux expriment plusieurs choses, à savoir à la fois des inquiétudes
et des éléments de réflexion (technique). La crainte majeure est celle concernant les
départs des cadres de gouvernance dans les cinq prochaines années.
Les questionnements quant à eux sont liés à la structuration et à l’activité de
l’association, ils sont de trois ordres :
•
•
•
« Que va devenir
l’association dans les années à
venir avec les changements de
personnel ? »
« Peur de suites, difficulté à
se projeter »
Qu’entend-t-on réellement par « AIO », Accueil, Information, Orientation ?
Quelles entités font sens et doit-on fonctionner en « pôles » ? (pôle jeunesse, pôle CHRS, …)
Quels nouveaux projets développer ? (AIVS, Auberge de jeunesse, bar associatif,…)
66
Diagnostic : « Un Toit en
Gâtine s’auto
diagnostique »
A retenir
« L’habitat c’est le lieu où l’homme garde un repère présent-là-icimaintenant pour pouvoir aller vers le devenir » (Salignon).
Les membres de l’association, salariés comme bénévoles, sont
unanimes, « Un Toit reste un espace de tolérance et de liberté » qu’il
convient de préserver.
Dès lors, comme ils l’expliquent, au travers de l’habitat, l’association
tente de donner une opportunité et une place à chacun. Levier et
creuset des appartenances, l’habitat doit à la fois permettre aux
individus de construire leur chez-eux en étant inscrits sur un territoire
et de se constituer ainsi un bout de « coin du monde » (Bachelard,
Salignon).
De plus, comme ils le soulignent, l’association, par son
professionnalisme, son écoute, sa générosité et sa foi en l’humain, se
doit d’accompagner les parcours de vie des personnes en respectant
leur rythme. Ainsi, plus qu’un logement c’est bien d’un « habitat »
dont il est question : un lieu d’habitation ainsi qu’un espace d’écoute,
d’échanges et d’interactions.
Administrateurs comme salariés, des craintes et des questionnements
sont pointés.
Les bénévoles font état de « quatre » grandes préoccupations :
*Mobiliser de nouveaux administrateurs
*Garder des marges de manœuvre
*Développer les services de l’association et « créer »
*Développer sa capacité à interpeller les donneurs d’ordre
*Garder son inscription territoriale et la développer
Les salariés ont une inquiétude majeure, celle du départ des
cadres de gouvernance dans les cinq prochaines années.
Enfin, ils formulent trois types de questionnements d’ordre
technique, liés à la structuration et à l’activité de
l’association :
* Qu’entend-t-on réellement par « AIO », Accueil,
Information, Orientation ?
* Quelles entités font sens et doit-on fonctionner en « pôles »
? (pôle jeunesse, pôle CHRS, …)
* Quels nouveaux projets développer ? (AIVS, Auberge de
jeunesse, bar associatif,…)
67
Synthèse du diagnostic territorial
Territoire
Jeunesse
Ménages
Association
38, rue Ganne – BP 16 – 79201 Parthenay Cedex - 05 49 64 32 52 – [email protected]
68
Synthèse du diagnostic – Projet associatif Un Toit en Gâtine
Refonte du projet : pourquoi ?
ENJEUX
Parce que le projet actuel de l’association date de plus de 15 ans, que le conseil d’administration a
besoin de forces vives, que le renouvellement des cadres de gouvernance oblige à anticiper certains
changements, que le contexte administratif et politique actuel réinterroge le projet au regard de la
future commande publique et enfin parce que nombre d’actions et de missions de l’association se
sont mises en place par empilements successifs et selon un mode empirique, Un Toit en Gâtine s’est
donné comme objectif de s’arrêter un peu pour redéfinir un cap et créer les conditions d’un élan à 10
ans.
Résultats du diagnostic territorial
La Gâtine : un territoire en évolution
Etre en mouvement
Faire le pari du
développement
Faire valoir nos valeurs
Page
8
Anticiper les nouveaux contours de l’intercommunalité pour délimiter l’action de l’Association
Le redécoupage des intercommunalités vient modifier le territoire actuel du Pays de Gâtine.
« Parthenay-Gâtine », « Grande Gâtine », … les frontières vont être redéfinies remettant en question
(ou non) la pertinence et la légitimité du Pays de Gâtine. Inévitablement, Un Toit « en Gâtine » va
devoir se questionner et se rapprocher de ses donneurs d’ordre et partenaires pour délimiter son
champ d’action qui, aujourd’hui, dépasse la future intercommunalité parthenaisienne (intervention
sur Moncoutant, Coulonges sur l’Autize, Mazières en Gâtine,…).
Délimiter le champ
d’action de l’association
au regard de la future
intercommunalité
Une démographie dynamique !
La Gâtine vieillit, constat propre aux territoires ruraux et largement partagé. Néanmoins, sa
démographie ne se résume pas à cet effet de vieillissement. Augmentation du nombre de ménages et
mouvements de va-et-vient des jeunes sur le territoire : deux éléments qui viennent bousculer les
représentations que la majorité d’entre-nous peuvent avoir de la Gâtine. Ainsi, le nombre de ménages
explose depuis une quarantaine d’années et, les jeunes sortent et réentrent sur le territoire. Ces deux
phénomènes s’expliquent de la façon suivante : éclatement de la cellule familiale traditionnelle et
arrivée de ménages des territoires voisins (Vienne majoritairement) qui démultiplient le nombre de
foyers en Gâtine. De plus, phénomène pouvant contredire certaines représentations : oui, les jeunes
sortent du pays le temps des études mais ils réentrent (reviennent ?!...) à partir de 24-25 ans, âge du
premier emploi (ou période d’alternance).
S’adapter aux
évolutions
démographiques
territoriales pour rester
en adéquation avec les
besoins du territoire
Précarité : complexification des situations et élargissement des publics
Du fait de l’éclatement des familles, les personnes seules avec ou sans enfant(s) sont confrontées plus
durement au phénomène de précarité. De plus, les jeunes étant plus rapidement sur le marché de
l’emploi sur le nord 79, ils sont davantage confrontés à la mise en couple précoce et aux périodes de
chômage. Ce public est dorénavant majoritaire au sein des services de l’association quels qu’ils soient
(Résidence Habitat Jeunes, centre d’hébergement d’urgence, service logement, Centre
d’Hébergement et de Réinsertion Sociale, …). Qui plus est, les ressortissants communautaires sont
depuis 3 ans de plus en plus présents sur les dispositifs d’urgence. Enfin, la part des personnes de plus
de 50 ans n’est pas négligeable sur l’ensemble des services (cette tranche d’âge correspondait à 37%
des mesures ASLL sur 3 ans ; et, sur le Service Logement leur part est passée de 8 à 11%). Dès lors, les
jeunes, les personnes isolées, les familles monoparentales, les ressortissants communautaires et les
personnes âgées de plus de 50 ans constituent des publics vulnérables.
Hausse de la précarité chez les jeunes adultes (18-30 ans)
Bien plus qu’un constat national, la précarité des jeunes est l’affaire de tous, y compris des
associations telles qu’Un Toit en Gâtine. Depuis plusieurs années, leurs demandes d’hébergement
augmentent au sein de l’association et concernent de plus en plus de dispositifs, notamment le centre
d’hébergement d’urgence (8% d’accueils de jeunes âgés de 18 à 25 ans en 2009 à 15% en 2012). Une
des raisons pouvant être évoquées est la prise d’autonomie rapide des jeunes sur le territoire (peu de
formation post bac. Entre 18 et 24 ans le taux de scolarisation est le plus bas de la Région). Dès lors,
les jeunes sont davantage exposés à la précarité du marché de l’emploi en cumulant les missions
intérimaires, les CDD et autres contrats atypiques. Enfin, entre 18 et 25 ans les jeunes n’ont pas de
revenu de solidarité ce qui les place dans une zone de non droit, favorisant de fait leur précarité.
En lien avec le SIAO,
participer à
l’observation sociale des
populations sur le
département en
contribuant à une veille
locale sur la question
des ménages en
difficulté
Pouvoir répondre aux
demandes
d’hébergement et
d’accompagnement
croissantes des jeunes
sur le territoire
Porter une approche
globale pour permettre
aux jeunes de s’insérer
69
1
La jeunesse : entre représentations et réalités
Page
14
Méconnaissance et confusion : que penser des questions de jeunesse ?
Ah, la jeunesse… Elle fait parler et représente un collectif qu’on ne sait réellement définir. Craintes,
menaces, espoirs, renouvellement, tous autant que nous sommes nous fantasmons volontiers sur la
jeunesse. Les élus sont pris dans cette difficulté et avouent ne pas savoir comment se saisir de cette
question. Quoique, en y regardant de plus près, certains détaillent leur action en direction de la
jeunesse en valorisant leurs initiatives auprès de la petite enfance. Or, la jeunesse ne peut se résumer
à cette tranche de vie. Enfants, adolescents, jeunes adultes, tous sont inscrits dans la catégorie
« jeunesse » et tentent de se construire en ayant des besoins différents en fonction de leur tranche de
vie. Alors que l’enfant aura tendance à « s’identifier », l’adolescent et le jeune adulte vont chercher à
« expérimenter », d’où la nécessité « d’espaces » dédiés à leur épanouissement et prise
d’autonomie…
ENJEUX
Proposer des
« espaces »
d’expérimentation pour
les jeunes inscrits sur le
territoire de Gâtine
Jeunes et ambivalence : « La Gâtine : je pars, je reviens, je repars, … »
Quitter la Gâtine lorsque l’on a 16, 17 ou 18 ans semble être une évidence. En effet, leur parcours
scolaire ainsi que leur besoin d’expérimenter les poussent à vouloir sortir du territoire. Et, ils sortent !
(Voir diagnostic) Ainsi, après la terminale, beaucoup se rendent dans d’autres villes plus « étudiantes »
que la Gâtine (Poitiers, Bordeaux, Nantes, …). En revanche, le discours des jeunes adultes (25-30 ans)
est beaucoup plus nuancé. Même s’ils souhaitent quitter le territoire, y revenir reste une possibilité
(Alors même qu’ils ne sont pas partis ou qu’ils y sont déjà revenus !). Finalement, les jeunes gâtinais
sont liés à leur territoire et plus que liés, ils y sont ancrés. Le marché du mercredi sous les Halles, le
manque de dynamisme du centre-ville de Parthenay, … autant de points sur lesquels ils s’arrêtent
volontiers. Leur grande crainte ?! Le manque de dynamisme et « d’espaces » qui leur soient dédiés.
Même s’ils reconnaissent que le FLIP, le festival AH ?, le festival du Bouche à Oreille, … font vivre la
ville, ils soulignent que ces éléments ne sont que ponctuels et ne structurent pas leur vie sur le
territoire au quotidien… Alors que le territoire vieillit, maintenir un sentiment d’appartenance chez les
jeunes semble constituer un des enjeux pour le territoire de Gâtine…
Continuer à recueillir la
parole des jeunes sur le
territoire pour qu’ils s’y
sentent acteurs
Positionner l’Association
comme un des acteurs
culturel du territoire
pouvant proposer des
« espaces » dédiés aux
jeunes (manifestations, …)
Représentations des jeunes de l’association : entre utilité, expérimentation et forme de précarité
Les jeunes extérieurs à l’Association reconnaissent son utilité néanmoins, pour ce qui les concerne, qui
dit utilité, dit jeunes en difficulté (mécanisme de différenciation). L’Association semble donc en partie
« stigmatisée » par ces jeunes. Les jeunes résidents quant à eux – ou qui ont résidé à Un Toit en Gâtine
– ne développent pas spontanément de mécanisme de différenciation. Ils reconnaissent uniquement
avoir découvert la complexité de certaines situations de jeunes et que leur norme n’était pas
forcement celle de leurs pairs. Néanmoins, ces jeunes associent parfois l’association à une forme de
précarité du fait de leur situation socioprofessionnelle. Le contexte actuel les inscrit dans une posture
d’attente, de mobilité voire de précarité qui empêche toute possibilité de se projeter de façon
durable, à commencer par la projection dans un logement et sur un territoire. Certains jeunes
identifient alors leur situation à une forme de nomadisme ; ils posent leur sac à dos le temps d’une
mission intérimaire, d’un stage, … puis repartent en fonction de leur formation et/ou des offres
d’emplois. Pour autant, les jeunes résidents ou anciens résidents déplorent la stigmatisation de ce
type de structure. Car, l’Association leur a permis de rencontrer des amis et/ou leur future conjointe,
de voyager, de se découvrir, … Une étape marquante et structurante pour la suite de leur parcours de
vie…
Mieux communiquer sur
les publics accueillis au
sein de l’association
(exemple : le SILOJ
s’adresse à TOUS les jeunes
en situation de mobilité
sur le territoire)
Continuer à proposer des
formes d’Habiter adaptés
aux situations de jeunesse
pour que le sentiment de
transition et
d’expérimentation se
substitue à celui de
précarité
Un Toit en Gâtine sur la voie de l’expertise et de l’innovation en matière de jeunesse
Outil du territoire et lieu d’accueil, d’information et d’orientation pour les jeunes, l’Association et son
action auprès de la jeunesse semble faire l’unanimité auprès des élus et des partenaires. Parce
qu’accueillir, informer, orienter fait partie des missions premières d’Un Toit en Gâtine et parce que
cette entité structure et maille le territoire (pour que tout jeune – et ménage – en insertion / mobilité
puisse trouver une solution d’hébergement / logement), les élus et partenaires la considèrent comme
une des associations légitimes et reconnue sur le Pays, d’autant que la jeunesse reste un mystère (ou
presque) pour certains d’entre-eux… Dès lors, ils sont en attente d’une nouvelle mission – que
pourrait porter l’Association – à savoir celle d’observatoire de la jeunesse. Observer, comprendre et
analyser les pratiques des jeunes : sujets récurrents sur lesquels la nouvelle intercommunalité devrait
se pencher… Enfin, les activités socioéducatives et « la folie créatrice » de l’Association sont des points
tout aussi essentiels pour les donneurs d’ordres et acteurs sociaux du territoire qui y voient un réel
intérêt dans le cadre du vivre et du « mieux » vivre ensemble en Gâtine…
Faire de l’association un
des acteurs ressources pour
le territoire de Gâtine en
matière d’observation
sociale de la jeunesse
Promouvoir l’Education
Populaire au travers des
missions de l’Association
(« Folie créatrice »)
70
2
Portraits de la précarité en Gâtine au regard de l’Habiter
Page
39
ENJEUX
L’Habitat : point de convergence et cristallisation des situations de précarité
L’Habitat est une préoccupation de chaque acteur du territoire. A ce sujet, les élus y voient un réel
intérêt puisque l’habitat constitue le support de la mixité et du mieux vivre ensemble et, est un outil
au service de l’évolution démographique et de l’attractivité du territoire. Pour les partenaires sociaux
(CAF, bailleurs sociaux, Mission Locale, …), « Habiter » c’est donner l’opportunité à des ménages de
s’installer et de s’insérer. L’Habitat est donc un levier dans les politiques territoriales et sociales. A
noter que dans les territoires ruraux le parc de logements est souvent ancien et moins bien équipé. De
plus, les travaux de réhabilitation sont très généralement insuffisants. Le logement peut donc devenir
le creuset des situations de précarité d’une part parce qu’il peut être vétuste et d’autre part, il est au
cœur de la vie des ménages et donc de leurs problématiques.
Elus, partenaires : comment s’emparer de la question de la précarité sur le territoire ?
Il n’existe pas en Gâtine de réponse toute faite à cette question. Entre urgence sociale (« au coup par
coup »), projet de logements sociaux (mixité et liens sociaux) et aucune action (car, pas de CCAS
outillé sur la commune), les élus expliquent néanmoins se tourner spontanément vers les partenaires
sociaux et le travail en réseau, essentiel pour solutionner certaines situations. En revanche, parfois la
multitude d’acteurs et/ou le manque de coordination vient parasiter le bon déroulement de la prise
en charge de ces dernières. Face à ce constat d’éparpillement des acteurs, les élus et partenaires sont
demandeurs de rassemblement à la fois en termes de coordination (« Plus de proximité et
d’échanges ») mais aussi de collecte de données qualitatives. Enfin, les partenaires soulignent
inévitablement des manques en termes d’accompagnement, d’hébergement et de logement sur le
territoire pour les ménages qui se retrouvent dans des situations d’urgence sociale (CHRS adultes en
Gâtine, écoute psychologique plus importante, …).
Un Toit en Gâtine : une interface et un « facilitateur »
Interface, outil d’aménagement du territoire, pourvoyeur d’hébergement / logement mais aussi et
surtout « accompagnateur » et « facilitateur » dans les parcours résidentiels des personnes accueillies,
l’association est de nouveau légitimée par les élus et partenaires sociaux mais cette fois-ci sur la
question de l’habitat et de la précarité. A ce titre, certains acteurs souhaiteraient que l’Association
développe – désormais – davantage ce volet (universalité des publics par exemple avec la création
d’un CHRS adultes). Car, globalement l’action en direction de la jeunesse est plus visible et développée
que celle en direction des ménages. Mais, cette orientation s’explique par l’histoire de l’Association et
les volontés politiques (élus mais aussi conseil d’administration et direction).
Quand le lien social est la clé…
Malgré que les ménages ne formulent pas les mêmes formes de demandes d’aides à l’Association, la
protection et la reconnaissance – fondement du lien social – sont les 2 éléments majeurs dans la prise
en charge des personnes en difficulté. Car, dans les différents témoignages, le sentiment de honte et
d’injustice, nourris en partie par le phénomène de stigmatisation, sont identifiés comme de réels
freins à l’accession à l’aide sociale. Dès lors, certaines situations se complexifient et l’enclenchement
d’un accompagnement arrive bien trop tard, au moment « d’éteindre le feu ». Les personnes entrent
alors progressivement dans un processus de désaffiliation et deviennent « vulnérables »
(affaiblissement des liens familiaux et amicaux, perte d’un emploi, rupture conjugale, …).
Maintenir l’Habitat
comme levier dans
l’insertion des personnes
sur le territoire
Continuer à piloter des
coordinations
départementales de type
SIAO du fait de la capacité
de l’Association à fédérer
un certain nombre
d’acteurs
Maintenir la présence de
l’Association dans
certaines instances locales
(CCAPEX, réseau
Personnes Victimes de
Violences Conjugales,
réunions bailleurs,…)
Pouvoir répondre aux
demandes d’hébergement
et d’accompagnement des
ménages en difficulté sur
le territoire
Rendre plus lisibles les
actions auprès des
ménages
Garder la notion de lien
social comme un des
fondements de
l’Association :
« Habitat, Territoire et
LIEN SOCIAL »
« Accompagnateur » et « remobilisateur »
Les personnes interrogées affirment vouloir être acteurs dans leur parcours. Dès lors,
l’accompagnement doit, selon eux, les remobiliser et non les assujettir. A ce titre, la confiance, la
reconnaissance et l’écoute sont des éléments essentiels pour qu’ils se sentent partie prenante dans
leur accompagnement et qu’ensuite, ils puissent « reprendre la main »… Ainsi, l’accompagnement
dispensé au sein de l’Association se structure au regard de 3 points :
1°) Le temps et l’écoute
2°) La possibilité donnée aux personnes de « se poser » et de « cheminer »
3°) L’impulsion d’une remobilisation et non du « faire à la place de ».
Continuer à respecter
les parcours de vie et le
rythme de chacun par
du professionnalisme,
de l’écoute, de
l’empathie, de la
générosité dans un
esprit de solidarité
71
Les membres de l’association s’auto diagnostiquent (salariés et administrateurs)
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65
L’habitat, levier et ancrage
ENJEUX
Volet technique
Les membres de l’association, salariés comme bénévoles, sont unanimes, « Un Toit reste un espace de
tolérance et de liberté » qu’il convient de préserver. Dès lors, comme ils l’expliquent,
l’expliquent, au travers de
l’habitat, l’association tente de donner une opportunité et une place à chacun. Levier et creuset des
appartenances, l’habitat doit à la fois permettre aux individus de construire leur chez-eux en étant
inscrits sur un territoire et de se constituer ainsi un bout de « coin du monde » (Bachelard, Salignon).
Pour cela, l’association doit pouvoir proposer une gamme de logements diversifiée permettant à tout à
chacun de trouver la réponse adaptée à sa propre situation.
Accueillir, Informer et Accompagner les personnes : bien plus qu’un toit !
De plus, comme les membres de l’association le soulignent, l’association, par son professionnalisme,
son écoute, sa générosité et sa foi en l’humain, se doit d’accompagner les parcours de vie des
personnes en respectant leur rythme. Ainsi, plus qu’un logement c’est bien d’un « habitat » dont il est
question : un lieu d’habitation ainsi qu’un espace d’écoute, d’échanges et d’interactions. Dès lors,
chaque service doit être clairement identifiable par les
les publics (jeunes, ménages, …). Le droit à
l’hébergement et au logement doit pouvoir être activable par l’ensemble des personnes désireuses
d’un toit et d’un accompagnement.
« Chiche, cap, d’acc ! »
Travailler sur l’humain c’est inévitablement faire des allers-retours perpétuels, parier sur l’Autre et en
sa capacité à rebondir et à investir sa propre vie. A ce sujet, les membres d’Un Toit en Gâtine sont
unanimes : parier et oser font partie des fondements de l’association. Véritable leitmotiv, il prend sens
pour chaque salarié qui côtoie quotidiennement des jeunes et/ou des ménages inscrits dans des
parcours de vie complexes, voire précaires.
Veiller à la
perméabilité et à la
transversalité des
différents services
(CHRS, Service
Logement, …)
Ecrire les différents
projets de services et se
pencher sur les notions
d’Accueil Unique (AIO)
et de « pôles »
(jeunesse, centre
d’hébergement, …)
Faire le pari du
développement avec le
lancement de nouveaux
projets pour
l’Association
Volet politique
Mobiliser de nouveaux
administrateurs
Pour avancer il faut savoir se remettre en question
La démarche de refonte enclenchée part de plusieurs constats et préoccupations. Renouvellement à
venir des cadres de gouvernance (direction et chef de service), fragilité des financements publics,
conseil d’administration en quête d’un second souffle, territoire « mouvant », … autant d’éléments qui
peuvent venir fragiliser l’assise de l’association sur son territoire et sur son champ d’action. Pour
autant, aujourd’hui Un Toit en Gâtine se « porte bien ». Comme l’expriment les administrateurs et
salariés, c’est une structure « rayonnante » et il est bien question d’anticiper les changements à venir
pour ne pas qu’elle perde de son éclat. Ainsi, faire le pari de son développement, de sa « folie
créatrice » et de sa montée en puissance en matière d’expertise et d’innovation,
d’innovation, font partie des points
essentiels mentionnés par l’ensemble des membres d’Un Toit en Gâtine…
Habitat, Territoire et Lien Social
…
Interpeller les donneurs
d’ordre au regard de
l’action de l’Association
Continuer à être
présent sur l’ensemble
du territoire
Garder des marges de
manœuvre
(mutualisation, …)
« Créer », développer
Voir aussi le « Projet politique » page 73
et le « Programme de développement de l’Association » page 78
72
34
Plus qu’un logement, un « habitat »
Offrir la possibilité de se loger, de s’insérer, de rencontrer et de créer
Projet politique de l’association Un Toit en Gâtine
Un Toit en Gâtine garde toujours l’audace de croire en ses projets
Habitat, territoire et lien social
=
73
« Savoir donner pour mieux recevoir », « Une vraie rencontre des autres »
Un nouvel élan associatif
S’engager à réinterroger notre projet associatif est pour moi l’occasion de réaffirmer notre projet : « Habiter comme facteur
essentiel d'insertion, d'intégration et pierre indispensable à la construction d'une vie » ; mais c’est avant tout dans la
manière que nous aurons à le porter collectivement, à le faire vivre, à savoir faire preuve de conviction et d’ambition qu’il
prendra toute sa dimension.
Le but, c’est le chemin disait Goethe !
En s’engageant dans la refonte de son projet associatif, l’Association Un Toit en Gâtine affirme sa volonté de renforcer sa
connaissance du territoire, affirme sa volonté de se positionner comme intermédiaire entre les politiques publiques et les
usagers, et affirme sa volonté d’agir comme opérateur de solutions d’habitat adaptées dans le cadre d’une approche
globale et participative.
C’est dans ce contexte qu’il nous faudra nous donner des nouveaux challenges, de nouvelles perspectives et un nouveau
cap pour les dix prochaines années.
En prenant appui sur nos valeurs d’humanisme, de générosité et d’écoute, il nous faut relever les défis de demain en
proposant de nouveaux chantiers à ouvrir en phase avec les besoins du territoire. C’est notre volonté et c’est ce que nous
mettrons en œuvre ensemble dans les prochains mois et qui se traduit dès maintenant dans le travail réalisé lors de la phase
de diagnostic et d’écriture du projet.
Je ne voudrais pas terminer sans remercier tous les participants de ce chantier, et ils
ils sont nombreux, qu’ils soient jeunes
résidents, usagers, locataires, mais aussi salariés et administrateurs sans oublier les partenaires et les élus du territoire qui
nous accordent leur confiance indéfectible.
Christian VIGNAULT
Président
Un projet associatif pour se mobiliser sur l’essentiel
Toute organisation se doit d’être en mouvement au risque de se déliter petit à petit et de perdre son utilité sociale.
S’interroger sur son projet, c’est s’arrêter un peu, se poser et regarder ; c’est imaginer sans retenue, c’est discuter pour
mieux comprendre, c’est enfin se projeter dans un futur que l’on sait fluctuant. C’est aussi et surtout faire le pari du
développement ! !
La démarche que nous avons entamée il y a maintenant un peu plus d’un an trouve son aboutissement
aboutissement ou du moins arrive au
terme de sa première étape aujourd’hui. C’est un vaste chantier, qui s’appuie sur la volonté politique du conseil
d’administration, que d’imaginer quelle sera l’action de l’association « Un Toit en Gâtine » en 2020 ! !
Notre association s’est constituée petit à petit, et en 25 ans s’est enrichie de nouveaux services, de nouvelles personnes, de
nouveaux dispositifs souvent de manière construite, quelquefois de manière empirique. Même s’il y a lieu de constater qu’il
ressort de l’ensemble une certaine cohérence et que l’association est aujourd’hui légitimée sur son cœur de métier,
l’insertion par l’habitat, il y a nécessité de se repencher sur l’évolution du contexte, des besoins des populations auxquelles
nous nous adressons et ainsi renforcer nos actions en y imprimant l’empreinte des valeurs que nous portons !
C’est le sens de la démarche à laquelle nous avons voulu associer dans un large tour de table les bénéficiaires à savoir les
jeunes ménages, les familles, les usagers des différents services, mais aussi les partenaires habituels de l’association, les
donneurs d’ordre que sont les institutions et les élus des collectivités territoriales et enfin l’équipe de professionnels et
administrateurs de l’association. Gardons intacte cette capacité d’innovation, d’audace, d’écoute et de rencontre !
Jacques LEBERT
Directeur
74
Identité d’Un Toit en Gâtine
« Pour poursuivre son étoile, il faut
avoir le droit de se tromper, le droit
de s’opposer et naviguer pour
atteindre son objectif »
L’association, créée en 1986, participe à un
mouvement de transformation sociale par
l’habitat dont le socle commun est une approche
humaniste et dont le but est de garantir à chacun
la capacité de mener son existence de manière
décente et libre, quelles que soient les personnes
et leurs particularités.
Nos valeurs
« Il faut être enraciné pour gagner sa liberté »
Près de 25 ans après sa création, la ligne de conduite de chaque acteur de l’association (administrateur, bénévole et
professionnel) est de développer l’autonomie des personnes accueillies pour qu’elles puissent mener à bien leur projet de
vie.
Pour répondre à ses principes, l’association a crée différents services. Elle a ainsi développé une gamme diversifiée de
réponses logement pour pouvoir accueillir l’ensemble des populations – à partir de 16 ans et tout au long de la vie –
présentes sur le territoire de Gâtine et participer à leur insertion socio professionnelle.
Au-delà de la réponse logement, l’association valorise une approche globale. Ainsi, Un Toit en Gâtine prend en considération
les situations des personnes dans leur globalité en s’intéressant à l’ensemble des « thèmes » qui composent leur vie (emploi,
famille, …). Plus qu’un logement, cette démarche se traduit concrètement par des actions d’accueil et d’accompagnement,
et des actions liées au « vivre ensemble ».
Humanisme et générosité
Membre de l’Economie Sociale et Solidaire, l’association se caractérise par une manière différente d’entreprendre en
plaçant la personne humaine au centre du développement économique et social. Ainsi, un Toit en Gâtine affirme son
attachement aux valeurs d’écoute, de respect, de solidarité, de générosité et de tolérance. Son action est guidée par des
valeurs humanistes partagées par l’ensemble de ses membres.
Parier et oser avec les personnes
Un Toit en Gâtine est une association qui ose parier avec les personnes. Croire en l’autre et lui permettre d’accéder à un
statut en lui proposant un hébergement et un accompagnement, est le parti pris de l’association. Parfois, la route est
longue, mais l’association donne la possibilité aux personnes accueillies de « cheminer » dans leur parcours de vie. Peu
importe le nombre d’allers-retours et la destination, ce qui est significatif c’est bien le chemin parcouru.
Prendre en considération l’autre
En tant que personne, chacun doit pouvoir compter sur l’ouverture, l’intérêt, la bienveillance, la reconnaissance et l’appui de
tous. Accueillir, écouter et s’adapter au rythme de chacun fait partie de la philosophie de l’association et se traduit
concrètement par un service d’Accueil, d’Information et d’Orientation ainsi qu’une mission d’accompagnement. Plusieurs
formules d’accompagnement existent en fonction des services. Cette pluralité permet à chaque personne accueillie de
trouver une réponse adaptée à sa situation. C’est aussi pouvoir proposer un certain nombre d’activités socio-éducatives,
culturelles et festives en fonction des projets des personnes et de leurs envies, et ainsi contribuer à l’élaboration de leur
projet de vie.
75
Notre volonté
Vers une transformation sociale par l’habitat…
Le mot « Habitat » exprime tout à la fois : le logement, la domiciliation, « être sur un
territoire », …28 Support de l’identité sociale des individus, l’habitat constitue un réel
point d’ancrage des populations sur un territoire.
L’habitat renvoie au territoire tout
comme le territoire renvoie à
l’habitat. Les deux sont indissociables
dans la construction des identités
collectives
De plus, cette notion renvoie à celles de « cohabitation » et d’ « espace » qui servent de support à la socialisation29. A cet
égard, l’habitat sert véritablement de lien à la construction d’une identité collective. La mémoire du groupe favorise et
participe donc à la construction de cette identité.
Ainsi, l’association Un Toit en Gâtine
L’habitat constitue un lieu de dépôt
œuvre pour l’insertion des personnes par
de la mémoire et le support d’un
sentiment d’appartenance
« l’Habitat ». L’objectif est de conquérir,
par ce levier, son autonomie et de trouver
peu à peu sa place dans la cité. En utilisant l’habitat individuel, semi-collectif et/ou
collectif, l’association tente de participer à la construction de rapports sociaux et
d’une mémoire collective, structurants dans les parcours des personnes
accueillies ; associée, si besoin, à un accompagnement et à un soutien.
Ainsi, au regard de la définition de l’habitat précédemment citée, l’association s’est donnée plusieurs missions :
De l’individuel au collectif
Adapter les solutions habitat
Insertion, socialisation
Accompagner et soutenir les personnes dans leur parcours
Mise en relation, créer la rencontre
Favoriser l’intermédiation entre l’offre et la demande
Mémoire sociale et ancrage sur le territoire
Proposer des temps forts socio-éducatifs, culturels et festifs
… dans une dynamique d’Education Populaire
« Lieu de rencontres des hommes, carrefour des pratiques et des expériences, tel doit être aujourd’hui le rôle des héritiers
de l’Education Populaire »30. La notion d’ « Education Populaire » renvoie avant tout à la notion de citoyenneté. Ainsi, à
l’image de la citoyenneté, l’Education Populaire se traduit quotidiennement dans les pratiques. Les gains de ce mouvement
sont divers et variés : gains de nature sociale, personnelle et psychologique (avoir des amis, être apprécié et respecté des
autres, se sentir utile, se réaliser, …).
Ce mouvement intervient également dans la technicité de l’association et dans le partenariat qu’elle peut tisser avec les
acteurs du territoire (associations, partenaires socio-culturels, …). Le « rechercher » et le « faire ensemble » s’appliquent à
tous et c’est ce qui fait la force de l’action impulsée par l’association. Ainsi, Un Toit en Gâtine s’appuie sur cette dynamique
d’une part pour donner le ton de son action et, d’autre part, dans la réalisation de temps forts (socio-éducatifs, culturels et
festifs). Plus que s’inscrire dans la démarche de l’association, « l’Educ’ Pop’ » en est la substance !
28
Projet associatif, UNHAJ, 2012
Processus par lequel les personnes apprennent et intériorisent des valeurs et des normes tout au long de leur vie pour s’adapter à leur environnement
social. Elles acquièrent des « manières de faire, de penser, de sentir », …
30
BOURRIEAU Jean, « L’Education Populaire réinterrogée », Paris, L’Harmattan, 2011
29
76
Un Toit en Gâtine : un Habitat tremplin réservé à la jeunesse ?
L’association, au regard de son histoire, de son attachement à l’Education Populaire et de son
affiliation au réseau UNHAJ, est identifiée comme un acteur privilégié
privilégié de la jeunesse sur le territoire.
La jeunesse, temps des expérimentations et des apprentissages, semble ainsi être la cible parfaite de
l’Education Populaire. Tant dans les actions que dans l’approche, les administrateurs, les bénévoles, la
direction et les salariés de l’association s’attachent à transmettre les grands mouvements de ce
principe aux jeunes : se rencontrer, échanger, créer, imaginer, …
Par le biais de l’Habitat et l’alternance de temps individuels et de temps de vie en groupe, l’association favorise les temps
des apprentissages et accompagne les jeunes dans leur parcours (jeunes apprentis, jeunes en rupture familiale, …). Par
ailleurs, il s’agit de promouvoir les démarches de jeunes porteurs de projet(s) pour que ceux-ci se « réalisent » et qu’ils
puissent contribuer à la vie de leur territoire !
Ainsi, c’est bien le parti pris de l’association que de proposer aux jeunes un Habitat entre individuel et collectif, rencontre et
création, accompagnement et émancipation, hébergement et logement de droit commun, mobilité et installation.
Un Toit en Gâtine pour tous !
L’association rencontre des jeunes mais également des ménages qui connaissent des accidents de parcours (difficultés
sociales, économiques, …). Par le biais d’une approche globale, l’association s’attelle à donner un « coup de pouce » aux
personnes en difficulté quelles qu’elles soient. Famille, personne isolée, couple, jeune ménage… chacun doit pouvoir
trouver une réponse adaptée en fonction de ses besoins.
L’Education Populaire et la citoyenneté sont l’affaire
l’affaire de tous, d’autant plus dans une société où la fragilisation des liens
sociaux touche l’ensemble des populations. Aussi, les moments de « convivialité populaire » et les actions de solidarité
doivent concerner toutes les catégories sociales du territoire qui se retrouvent, à un temps donné, dans une situation
difficile (marginalisation, mobilité professionnelle, rupture familiale, perte de revenus, …). Comme l’expliquent certains
experts, une nouvelle politique du logement est nécessaire31.
Nos grands principes d’intervention
L’Habitat : bien plus
qu’un logement !
Le droit au
recommencement
Un accueil
inconditionnel !
Un engagement
pluriel !
Une démarche
participative !
Une solidarité
active !
Innovation et liberté dans l’action
Les 3 grandes orientations du projet associatif !
Destination I : Vie associative et
développement
- Respect du projet associatif
- Gouvernance du projet
- Développement
31
L’association dans 10 ans !
Destination II : Habitat et territoire en
Gâtine
Destination III : Accueil, Accompagnement et
lien social
- Proposer différentes solution habitat
sur l’ensemble du territoire
- Faire de l’association un des acteurs
ressource pour le territoire de Gâtine
- Développer et consolider le partenariat
- Accueillir, Informer, Orienter, Accompagner
les personnes
- Favoriser l’expression de la vie collective
dans une démarche d’Education Populaire
LE BRAS H., CARLI Pierre, Crise des liens, crise des lieux – Pour un logement social solidaire, Paris, l’Aube, Broché, 2012.
77
Programme de développement
Vie associative et développement
Habitat et territoire
Accueil, accompagnement et lien
social
78
Finalité : Œuvrer pour la transformation sociale par l’habitat afin de donner à chacun une place reconnue dans la société
Mots clés : HABITAT, TERRITOIRE ET LIEN SOCIAL
Destination I : VIE ASSOCIATIVE ET DEVELOPPEMENT
Direction 1
Direction 2
Direction 3
Respect du projet
associatif
Gouvernance du projet
Développement
Destination II : HABITAT ET TERRITOIRE EN GATINE
Direction 1
Direction 2
Direction 3
Proposer différentes
solutions habitat sur
l’ensemble du territoire
Faire de l’association Un
Toit en Gâtine un des
acteurs ressource pour le
territoire de Gâtine
Développer et consolider
le partenariat sur le
territoire
Destination III : ACCUEIL, ACCOMPAGNEMENT ET LIEN SOCIAL
Direction 1
Direction 2
Accueillir, Informer,
Orienter, Accompagner
(AIOA) les personnes
Favoriser l’expression de la
vie collective dans une
démarche d’Education
Populaire
79
Vie associative et développement
Direction 1 : Respect du projet associatif
Introduction – Constats
Ce diagnostic met en avant des besoins et donc des futures préconisations, celles-ci nécessitant d’être priorisées. Dès lors, il parait
essentiel d’instituer un cadre garant de la bonne mise en œuvre du projet (feuille de route, comité de pilotage, concertation
d’équipe, …).
DIRECTION 1
OBJECTIFS GENERAUX
OBJECTIFS
OPERATIONNELS
ACTIONS
*Mise en place d’une feuille
de route à N+3
Suivre
l’évolution
opérationnelle des destinations
et veiller au respect de la
feuille de route
* Nomination d’un référent de
l’animation de projet (garant
du cadre)
* Création d’un comité de
suivi (qui, quand et comment)
Respect du projet associatif
Mettre en œuvre le projet
associatif
* Pilotage des actions
Prioriser les actions et les
missions en fonction de la
feuille de route
* Création d’indicateurs de
suivi pour assurer une
démarche
d’amélioration
continue
*
Réalisation
d’un
« séminaire » annuel d’équipe
Existant
- Projet triennal/quadriennal (à destination de la Caisse des Allocations Familiales)
Enjeux
•
•
Passer d’une culture de l’oral à l’écrit pour laisser une « trace » de l’existant (services, actions, …)
Tout mettre en œuvre pour respecter les préconisations et permettre le développement de l’association
80
Vie associative et développement
Direction 2 : Gouvernance du projet
Introduction – Constats
Au regard des changements à venir dans la gouvernance de l’association, il semble essentiel d’appréhender les renouvellements
(membres du C.A) et la passation (direction). Ces changements ne pourront s’effectuer qu’avec un mode de faire réfléchi et
partagé.
L’organisation interne de l’association et l’articulation des services sont des chantiers à poursuivre et à améliorer.
DIRECTION 2
OBJECTIFS GENERAUX
OBJECTIFS
OPERATIONNELS
ACTIONS
*Communication,
argumentaire, interpellation,
mobilisation de nouvelles
personnes au sein du C.A
* Organisation de formations
en direction de bénévoles
actifs de l’association
Constituer un C.A militant
Renforcer la gouvernance
associative
* Soutenir et valoriser le
bénévolat de compétence
* Prévision de la passation par
un recrutement anticipé
Anticiper / préparer
changements de direction
les
Gouvernance du projet
Penser et renforcer
l’organisation de l’association
Penser l’articulation de
l’évaluation interne avec le
projet associatif et son plan
d’actions
Proposer un nouveau cadre de
travail transversal et collectif
Elaborer un référentiel
d’évaluation de qualité prenant
appui sur les moyens d’actions
du projet associatif
* Préparation de l’équipe à
l’arrivée de la nouvelle
direction
* Révision de l’articulation des
services en mettant en place un
nouvel organigramme
* Elaboration d’un nouveau
projet de service par secteur
d’intervention
* Création d’un comité de
pilotage de l’évaluation interne
* Prendre connaissance de tous
les éléments relatifs au plan
d’amélioration de qualité de la
loi de 2002
Existant
- C.A participatif
- Espaces de concertation entre les différents services
Enjeux
•
•
•
Renforcer le renouvellement et la militance du C.A pour favoriser davantage le débat participatif
Permettre une meilleure cohérence et lisibilité des services pour l’association, ses usagers et ses partenaires
Evaluer la qualité des actions et des projets menés au sein de l’association
81
Vie associative et développement
Direction 3 : Développement
Introduction - Constats
En vue de la baisse des financements publics, il est nécessaire de faire perdurer les financements existants et de trouver de
nouveaux vecteurs.
DIRECTION 2
OBJECTIFS
OPERATIONNELS
OBJECTIFS GENERAUX
Pérenniser les financements
existants
ACTIONS
*Production et diffusion du
rapport d’activité
* Argumentation en lien avec
les résultats de l’association
Développement
Maintenir et rechercher de
nouveaux financements
Continuer à diversifier les
financeurs
locaux
(CAF,
MSA, CDC, Pays, …)
*
Production
argumentaire
Etudier l’orientation vers le
mécénat et le sponsoring
d’un
* Travail sur un support
d’information
* Mise en place d’une stratégie
de communication
Effectuer une veille sur les
appels à projets, sur les
dispositifs et sur les plans
locaux
* Ciblage de Fondations au
regard du projet associatif
* Se mettre dans une posture
de veille collective
Existant
- Une dizaine d’organismes financeurs publics
- Veille et réponse aux appels à projets (Fondation de France, ..)
Enjeux
•
•
Maintenir l’équilibre budgétaire de l’association
Permettre le développement de l’association dans le respect du projet associatif
82
Habitat et territoire
Direction 1 : Proposer différentes solutions habitat sur l’ensemble du territoire (Partie 1 –
Jeunesse)
Introduction – Constats
Il existe des besoins en termes d’habitat pour les jeunes sur le territoire de Gâtine. Ces besoins sont différents selon les territoires
et la situation socio professionnelle des jeunesses.
DIRECTION 1
OBJECTIFS GENERAUX
OBJECTIFS
OPERATIONNELS
Proposer un hébergement en
résidence habitat jeunes en site
principal sur la communauté de
communes de Parthenay
Proposer différentes solutions
habitat sur l’ensemble du
territoire
Offrir des solutions d’habitat
diversifiées en direction des
jeunes de 16 à 30 ans inscrits
dans un parcours d’insertion et
permettre leur mobilité
Proposer un hébergement en
résidence
habitat
jeunes
éclatées sur quatre communes
de Gâtine
ACTIONS
* Continuité de la gestion et du
développement de la résidence
habitat jeunes de Parthenay en
proposant de nouvelles formules « à
la carte » pour les jeunes (« formule
apprentis », colocation, …)
* Pérennisation de la gestion des
résidences habitat jeunes éclatées de
Thénezay et d’Airvault en proposant
de « nouvelles formules » à la carte
pour
les
jeunes
(« formule
apprentis », colocation, …)
*Développement
de
nouvelles
résidences éclatées sur les communes
de Secondigny et de Mazières en
Gâtine
* Pérennisation et développement du
SILOJ
sur
les
territoires
précédemment cités
Proposer des solutions habitat
jeunes alternatives innovantes
sur
la
communauté
de
communes de Parthenay, du
Pays Thénezéen, du Val de
Thouet, du Pays sud Gâtine, de
l’Espace
Gâtine,
de
l’Airvaudais et du pays
Ménigoutais
* Continuité de la gestion de la
« résidence apprentis » de Vasles
* Création d’un hébergement de type
« Auberge de jeunesse » à Parthenay
en
s’appuyant
sur
une
expérimentation
* Evaluer l’opportunité d’un camping
social répondant à la mobilité des
jeunes saisonniers sur le territoire
Existant
- Résidence Habitat Jeunes de Parthenay, Airvault, Thénezay et Vasles
- Programme Social Thématique (PST) Jeunes
- Hébergement jeunes apprentis / stagiaires (colocation, …)
- SILOJ, Service d’Information pour les Logement des Jeunes
- CHRS Jeunes (renvoi destination 3)
Enjeux
•
•
Pouvoir répondre au plus grand nombre de demandes habitat des jeunes sur le Pays de Gâtine
Favoriser la mobilité des jeunes
Contribuer au développement territorial (culturel, économique, social, …)
83
Habitat et territoire
Direction 1 : Proposer différentes solutions habitat sur l’ensemble du territoire (Partie 2 –
Ménages)
Introduction – Constats
Il existe des besoins en termes d’habitat pour les ménages sur le territoire de Gâtine. Ces besoins sont différents selon les
territoires et les situations de précarité.
DIRECTION 1
OBJECTIFS GENERAUX
OBJECTIFS
OPERATIONNELS
Accueillir et informer les
ménages relevant du PDALPD
au sein d’un pôle « Service
Logement » structuré
Proposer différentes solutions
habitat sur l’ensemble du
territoire
Proposer des solutions habitat
en direction des ménages
relevant du PDALPD
Proposer des solutions habitat
intermédiaires sur l’ensemble
de la Gâtine
ACTIONS
* Refonte du Service Logement
actuel en le dotant d’un projet
de service écrit
* Révision des conditions
d’accueil et d’information pour
le public
* Captation de logements
sociaux privés sous forme de
mandat de gestion (AIVS, …)
*
Pérennisation
et
développement
de
l’intermédiation locative avec le
système des baux glissants
Existant
Le Service Logement :
- L’intermédiation locative (sous-location, gestion locative adaptée, SILOJ, …)
- La stabilisation
- Les logements temporaires (ALT)
Enjeux
•
Pouvoir répondre au plus grand nombre de demandes habitat des ménages en difficulté sur le Pays de Gâtine
Contribuer au développement territorial (culturel, économique, social, …)
84
Habitat et territoire
Direction 1 : Proposer différentes solutions habitat sur l’ensemble du territoire (Partie 3 –
Ancrage territorial)
Introduction – Constats
Les élus, les partenaires et les usagers ne perçoivent pas toujours l’ensemble des missions de l’association et son périmètre
d’intervention (en termes de services et de contours géographiques).
La présence physique de l’association sur le territoire pose question.
DIRECTION 1
OBJECTIFS GENERAUX
OBJECTIFS
OPERATIONNELS
ACTIONS
* Identification des acteurs les
plus à même de relayer l’action
de l’association sur l’ensemble
de la Gâtine
Proposer différentes solutions
habitat sur l’ensemble du
territoire
Améliorer l’ancrage territorial
de l’association
Amorcer des actions de
communication et de diffusion
dans le réseau de l’association
* Proposition
de
temps
d’échange avec ces acteurs sur
les actualités de l’association
* Amélioration de la présence
de
l’association
sur
les
territoires de Gâtine
Existant
- Réunions d’équipe élargies
- Outils de communication diffusés dans le réseau de l’association et sur le territoire
Enjeux
•
•
Faire connaitre les services de l’association au plus grand nombre
Etre plus présent et avoir plus d’échanges avec les partenaires sur le territoire de Gâtine
85
Habitat et territoire
Direction 2 : Faire de l’association Un Toit en Gâtine un des acteurs « ressource » pour le
territoire de Gâtine (Partie 1 – Habitat)
Introduction – Constats
L’association est identifiée comme un acteur incontournable sur la question de l’habitat sur le Pays de Gâtine.
DIRECTION 2
OBJECTIFS GENERAUX
OBJECTIFS
OPERATIONNELS
ACTIONS
* Recueillir des données
disponibles
et
mise
en
perspective en lien avec les
activités de l’association
Faire de l’association Un Toit
en Gâtine un des acteurs
ressource pour le territoire de
Gâtine
Contribuer à l’expertise
territoriale sur les questions
relatives à l’habitat sur le
territoire de Gâtine
Participer à une réflexion
prospective sur l’habitat en
Gâtine et effectuer une veille
sur les données disponibles
* Investir / Réinvestir des
espaces
d’élaboration
des
politiques publiques (SCOT,
PLH, CRH, …)
* Participation aux instances où
se situe l’enjeu de la mise en
œuvre des politiques publiques
départementales et régionales
(comité de suivi du PDAHI,
concertation
autour
du
PDALPD, …)
Existant
- Présence dans certains espaces de concertation
- Adhésion à des réseaux (FAPIL et UHNAJ)
Enjeux
•
Rester un des acteurs « ressource » du territoire en matière d’habitat (volet technique et politique)
86
Habitat et territoire
Direction 2 : Faire de l’association Un Toit en Gâtine un des acteurs « ressource » pour le
territoire de Gâtine (Partie 2 – Jeunesse)
Introduction – Constats
Les élus et les partenaires mettent en avant un manque d’analyse et de concertation sur la question de la jeunesse sur le territoire
de Gâtine.
DIRECTION 2
OBJECTIFS GENERAUX
OBJECTIFS
OPERATIONNELS
ACTIONS
*
Production
d’études
dynamiques pour tirer des
éléments de perspectives d’aide
à la décision (observatoire)
Faire de l’association Un Toit
en Gâtine un des acteurs
ressource pour le territoire de
Gâtine
Contribuer à l’expertise
territoriale sur les questions
relatives à la jeunesse sur le
territoire de Gâtine
Construire une prospective sur
la jeunesse en Gâtine au regard
de l’activité de l’association
*
Investissement
et/ou
réinvestissement des espaces
d’élaboration des politiques
publiques
* Participation aux instances où
se situe l’enjeu de la mise en
œuvre des politiques publiques
locales, départementales et
régionales
Existant
- Expérimentation AGILOJE (2009-2011) et dispositif SILOJ (journées professionnelles, comités de pilotage)
Enjeux
•
Devenir un des acteurs « ressource » sur la question de la jeunesse en Gâtine
87
Habitat et territoire
Direction 2 : Faire de l’association Un Toit en Gâtine un des acteurs « ressource » pour le
territoire de Gâtine (Partie 3 – Modalités d’accompagnement)
Introduction – Constats
Face à la complexité des situations des ménages sur le Pays de Gâtine, les élus relèvent le manque de coordination entre les
acteurs sociaux du territoire.
DIRECTION 2
Faire de l’association Un Toit
en Gâtine un des acteurs
ressource pour le territoire de
Gâtine
OBJECTIFS GENERAUX
Contribuer à l’expertise sur les
questions relatives aux
modalités d’accompagnement
des publics vulnérables
OBJECTIFS
OPERATIONNELS
ACTIONS
Construire une prospection sur
les modalités
d’accompagnement
* En lien avec les activités et le
SIAO, mise à plat des modalités
d’accompagnement, de leur
évolution et typologie des
publics accueillis, pour analyser
les pratiques et s’adapter aux
situations des usagers
Repositionner l’usager au
centre des questions relatives à
l’accompagnement
* Mise en place de rencontres
avec les usagers (enquêtes,
débats, …)
Existant
- Espaces d’échanges de la pratique au sein du SIAO avec l’ensemble des acteurs départementaux
- Réunions bimensuelles avec les bailleurs sociaux du territoire
- Réunions bimensuelles avec le Conseil Général
Enjeux
•
•
•
Rester un des acteurs « ressource » sur la question de l’accompagnement des usagers sur le territoire
Contribuer à la coordination des partenaires sociaux sur des situations complexes
Inscrire les usagers dans la construction des modalités d’accompagnement
88
Habitat et territoire
Direction 3 : Développer et consolider le partenariat sur le territoire
Introduction – Constats
Identifiée comme « une locomotive territoriale », l’association a un partenariat solide avec les acteurs sociaux du territoire. En
revanche, selon les élus et les partenaires, les acteurs économiques semblent être les grands absents de ce partenariat.
DIRECTION 3
OBJECTIFS GENERAUX
OBJECTIFS
OPERATIONNELS
ACTIONS
* Création d’une cartographie
partenariale
Contribuer à la consolidation du
partenariat existant avec les
structures sociales
Continuer à « faire ensemble »
Contribuer à la consolidation du
partenariat existant avec les
associations
*Mise en œuvre de chartes ou
conventions
« cadres »
de
partenariat ciblé : Maison de
l’Emploi, Centre socio culturel,
bailleurs sociaux, Diff’art, …
* Initiation d’actions collectives
d’échange de pratiques avec des
acteurs du territoire
* Réalisation d’un argumentaire
sur les plus values apportées par
l’association au regard de
l’enjeu économique
Développer et consolider le
partenariat sur le territoire
* Création d’une cartographie
de réseau
Développer de nouveaux
réseaux
Nouer de nouvelles relations
partenariales avec le monde
économique
* Création / Participation aux
forums (emploi/habitat)
* Réactivation de notre
participation au Club des
Entrepreneurs du Pays de
Gâtine
* Officialisation d’accords avec
les entreprises locales (mécénat,
sponsoring, parrainage, …)
Existant
- Espaces d’échanges de la pratique au sein du SIAO avec l’ensemble des acteurs départementaux
- Réunions bimensuelles avec des partenaires sociaux (bailleurs, AMS, …)
- Expérimentation AGILOJE (2009-2011) : plateforme partenariale
- Projets multi partenariaux avec participation de l’association (exemple : commission jeunes sur Airvault)
- Projets culturels portés par l’association (exemple : court métrage, expositions d’artistes locaux, évènements en lien avec les
associations culturelles locales,…)
32
- Appel à projet Sillon Solidaire avec parrainage d’une entreprise
- Sollicitation d’entreprises locales qui soutiennent le projet de l’association (exemple : baisse des coûts d’impression sur des
supports de communication, …)
Enjeux
• Rester un partenaire incontournable sur le territoire
• Participer à la dynamique et production collective locale
• Maintenir et développer l’approche globale portée par l’association
32
Objet de l’appel à projet : développer le SILOJ sur le territoire de Gâtine et mettre en place une première approche avec le monde de l’entreprise au
travers d’un parrain soutenant le projet de l’association.
89
Accueil, accompagnement et lien social
Direction 1 : Accueillir, Informer, Orienter, Accompagner les personnes (Partie 1 – Etre
identifié comme un espace référent et de conseils en matière d’habitat)
Introduction – Constats
L’ensemble des personnes interrogées (élus et partenaires) identifient aisément la mission d’AIOA de l’association.
Les usagers (jeunes et ménages) connaissent cette mission mais très souvent par le prisme de leurs difficultés. Dès lors, la notion
d’accueil unique peut parfois être mise à mal au profit d’une logique par service, qu’ils connaissent parfois de façon
approximative.
Les partenaires soulignent le manque de solutions d’hébergement et d’accompagnement pour les publics les plus fragilisés sur le
territoire.
DIRECTION 1
OBJECTIFS GENERAUX
OBJECTIFS
OPERATIONNELS
Affirmer la notion d’accueil
unique comme première étape
de l’accueil des personnes
Accueillir, Informer,
Orienter, Accompagner les
personnes (AIOA)
Etre identifié comme un espace
référent et de conseils en
matière d’habitat
Enclencher une dynamique
collective d’accès à
l’information
Faciliter l’accès à l’information
des jeunes résidents
ACTIONS
* Renforcement des moyens de
l’espace d’accueil unique
* Evaluation de la remise en
place de permanences de
partenaires au sein des locaux
de l’association
* Lancement d’ateliers de
recherche de logement en
direction des jeunes usagers
* Veille permanente
actualités (dispositifs, …)
des
* Veille permanente des besoins
des publics accueillis
Existant
- Accueil unique (AIO)
- Un secrétariat sensibilisé aux missions de l’association et à l’accueil de publics en difficulté
- Expérimentation AGILOJE 2009-2011 (ateliers logement jeunes)
- Aide administrative possible pour les jeunes et ménages reçus à l’association (dossiers CAF, Locapass, …)
Enjeux
•
•
•
•
Simplifier la lecture qu’ont les usagers de l’association pour leur faciliter l’accès à l’information, à l’orientation et à
l’accompagnement
Prendre en considération la demande de l’usager et l’orienter vers les bons interlocuteurs et/ou dispositifs
Continuer à impulser une dynamique collective d’accès à l’information en parallèle d’un accompagnement individualisé pour
favoriser le partage d’expériences
Avoir les informations nécessaires au bon accueil et accompagnement des usagers
90
Accueil, accompagnement et lien social
Direction 1 : Accueillir, Informer, Orienter, Accompagner les personnes (Partie 2 – Mieux
accompagner les jeunes en difficulté)
Introduction – Constats
Les jeunes entre 18 et 30 ans sans revenu sont de plus en plus présents sur les dispositifs d’urgence et d’insertion.
Les partenaires soulignent le manque d’offre d’hébergement et d’accompagnement pour les jeunes en grande difficulté sur le
territoire.
DIRECTION 1
Accueillir, Informer,
Orienter, Accompagner les
personnes (AIOA)
OBJECTIFS GENERAUX
Mieux accompagner les jeunes
en difficulté
OBJECTIFS
OPERATIONNELS
Développer une offre de
services plus large pour les
jeunes en difficulté
ACTIONS
* Augmentation du nombre de
places en CHRS
* Développement d’un suivi
éducatif, si besoin, des jeunes
résidents
(RHJ
Parthenay,
Airvault, Thénezay)
Existant
- 4 places CHRS jeunes
- 3 résidences habitat jeunes : Parthenay, Airvault et Thénezay
Enjeux
•
Pouvoir répondre aux demandes d’hébergement et d’accompagnement croissantes des jeunes en difficulté
91
Accueil, accompagnement et lien social
Direction 1 : Accueillir, Informer, Orienter, Accompagner les personnes (Partie 3 – Mieux
accompagner les parcours des ménages en difficulté)
Introduction – Constats
Les nuitées sur l’urgence n’ont cessé d’augmenter sur les 3 dernières années (+28%).
De 2009 à 2011, les ménages sans ressource ou bénéficiaires de minima sociaux ont une place conséquente, notamment sur le
dispositif de stabilisation.
Les partenaires soulignent le manque d’offre d’hébergement et d’accompagnement pour les personnes en grande difficulté sur le
territoire.
DIRECTION 1
Accueillir, Informer,
Orienter, Accompagner les
personnes (AIOA)
OBJECTIFS GENERAUX
Mieux accompagner les
parcours des ménages en
difficulté
OBJECTIFS
OPERATIONNELS
ACTIONS
Développer une offre de
services de type prise en charge
pour les ménages très
déstructurés
* Création de 5 places en CHRS
insertion adultes
Repenser le projet Urgence et
Stabilisation afin de mieux
prendre en compte les besoins
des personnes en situation
d’urgence
* Réhabilitation ou construction
d’une
nouvelle
structure
d’accueil d’urgence et de
stabilisation
Développer un accueil de jour
* Mise en œuvre des modalités
d’accueil de jour au sein d’une
structure ad hoc
Evaluer l’accompagnement post
dispositif
*
Evaluation
de
l’accompagnement
réalisé
(évolution des parcours 6 mois
après la sortie des personnes
accueillies)
Existant
- 6 places d’urgence
- 4 places de stabilisation
- 5 logements temporaires (ALT)
- 37 logements en sous location
Enjeux
•
•
Pouvoir répondre aux demandes d’hébergement et d’accompagnement des ménages en difficulté sur le territoire
Evaluer l’accompagnement proposé au sein des dispositifs pour continuer à proposer des réponses d’hébergement en
adéquation avec les attentes des ménages, leur situation de précarité et leur composition familiale
92
Accueil, accompagnement et lien social
Direction 1 : Accueillir, Informer, Orienter, Accompagner les personnes (Partie 4 – Offrir un
accompagnement visant le maintien ou le relogement des ménages en difficulté sur leur
logement de droit commun)
Introduction – Constats
Le nombre de dossiers ASLL sur les 3 dernières années (2010, 2011,2012) a augmenté de façon significative.
DIRECTION 1
OBJECTIFS GENERAUX
OBJECTIFS
OPERATIONNELS
ACTIONS
Accueillir, Informer,
Orienter, Accompagner les
personnes (AIOA)
Offrir un accompagnement
visant le maintien ou le
relogement des ménages en
difficulté sur du logement de
droit commun
Maintenir l’activité
d’accompagnement social lié au
logement sur le territoire de
Gâtine
* Continuité du traitement du
nombre de dossiers annuels
Existant
- Mesures ASLL sur l’ensemble du territoire de Gâtine
Enjeux
•
Continuer à être un des porteurs de l’activité ASLL sur le département en vue de la sécurisation des parcours logement des
ménages en difficulté sur le territoire de Gâtine (insalubrité, recomposition familiale, expulsion, …)
93
Accueil, accompagnement et lien social
Direction 2 : Favoriser l’expression de la vie collective dans une démarche d’Education
Populaire (Partie 1 – Affirmer le rôle de l’association comme un des acteurs culturels de
Parthenay)
Introduction – Constats
Les concerts, les expositions et tous les autres évènements culturels de l’association rythment le programme culturel de la
communauté de communes de Parthenay. Grand nombre d’habitués se déplacent sur ces temps festifs.
Les jeunes résidents (et anciens) soulignent l’importance de ces moments conviviaux « populaires » qui favorisent les rencontres
et les échanges, d’autant que sur Parthenay ils identifient très peu d’autres lieux de rassemblement, d’échange et de partage.
DIRECTION 2
OBJECTIFS
OPERATIONNELS
OBJECTIFS GENERAUX
ACTIONS
* Organisation d’expositions,
de concerts pour faire vivre cet
espace et l’ouvrir sur l’extérieur
Continuer à faire de l’espace
collectif de la résidence de
Parthenay un lieu d’expression
artistique et de rencontres
Favoriser l’expression de la
vie collective dans une
démarche d’Education
Populaire
Affirmer le rôle de l’association
comme un des acteurs culturels
de Parthenay
* Impulsion de moments
conviviaux autour de repas
festifs et partagés
*
Proposition
changeants
d’espaces
Faire participer l’ensemble des
publics accueillis aux
évènements types « Busi
Musi »
* Inscription de ces temps dans
le CAVA et les actions
collectives
proposées
par
l’association
Créer un bar associatif
* Création ou reprise d’un bar
de quartier sous la forme d’un
bar associatif
Existant
- Une programmation artistique variée mensuelle
- Accueil d’artistes en résidence
- Des expositions d’artistes locaux selon les opportunités
- Des temps d’échanges entre jeunes et artistes sur les modes de faire
- Des évènements type Busi Musi, la Caravane Amoureuse, …
Enjeux
•
•
•
Continuer à être un des acteurs culturels du territoire
Favoriser l’ouverture de la résidence de Parthenay sur la ville
Permettre à chaque usager d’être associé aux événements pour bénéficier de leurs plus values (échanges, rencontres, être un
acteur sur le territoire, …)
94
Accueil, accompagnement et lien social
Direction 2 : Favoriser l’expression de la vie collective dans une démarche d’Education
Populaire (Partie 2 – Faire émerger la parole des jeunes usagers)
Introduction – Constats
Les jeunes sont demandeurs d’espaces d’échanges et de débats, peu existants sur le territoire.
Les anciens résidents insistent sur les notions de tremplin, d’autonomie et d’intégration à la vie sociale lorsqu’ils évoquent leur
passage à l’association.
DIRECTION 2
Favoriser l’expression de la
vie collective dans une
démarche d’Education
Populaire
OBJECTIFS GENERAUX
OBJECTIFS
OPERATIONNELS
ACTIONS
Mise en place d’espaces de
parole (débats collectifs, …) au
sein de la résidence et inter
résidences (Thénezay, Airvault,
Vasles) ; au sein du Service
Logement et du CHRS Jeunes
*
Lancement
de
débats
collectifs, des dîners quizz, des
passations sur des sujets divers
en
direction
des
jeunes
accueillis
Faire émerger la parole des
jeunes usagers
Susciter une citoyenneté active
chez les jeunes accueillis
* Participation des jeunes aux
instances de l’association (C.A,
Conseil de la Vie Sociale, …)
* Affirmation des valeurs
d’Education Populaire auprès
des jeunes
Existant
- Diners quizz,…
- Outil « passation »
- Participation des jeunes aux instances de l’association (C.A, Conseil de Vie Sociale, …)
Enjeux
•
•
Maintenir et promouvoir la dynamique d’Education Populaire à laquelle l’association est attachée
Recueillir la parole des jeunes sur le territoire pour répondre à leurs besoins et faire qu’ils se sentent acteurs dans leur
parcours
95
Accueil, accompagnement et lien social
Direction 2 : Favoriser l’expression de la vie collective dans une démarche d’Education
Populaire (Partie 3 – Développer les capacités des personnes accueillies à se prendre en
main et à s’organiser)
Introduction – Constats
La réelle plus value du mouvement d’Education Populaire mis en avant par les jeunes (échanges, rencontres, ouverture) doit
pouvoir s’envisager sur l’ensemble des services et des publics accueillis.
Les usagers, les partenaires et les membres de l’équipe pointent un manque d’activité pour des publics en grande difficulté.
DIRECTION 2
Favoriser l’expression de la
vie collective dans une
démarche d’Education
Populaire
OBJECTIFS GENERAUX
Développer les capacités des
personnes accueillies à se
prendre en main et à s’organiser
OBJECTIFS
OPERATIONNELS
ACTIONS
Engager des projets humains
fédérateurs
* Remise en place d’opérations
type RAID 4000
Renforcer les ateliers CAVA en
direction d’un public plus large
et/ou des ateliers préventifs
(exemple : énergie)
* Lancement d’ateliers cuisine,
hygiène, technique avec les
personnes accueillies en ALT,
en
sous-location,
en
stabilisation ou en résidence
Mettre en place une démarche
pédagogique et éducative
reposant sur la capacité d’auto
gestion des personnes
* Organisation de prise en
charge de manière à ce que les
usagers en soient partie
prenante
* Responsabilisation collective
des résidents sur l’organisation
partagée des moments festifs ou
d’activités
Existant
- RAID 4000, spéléologie, voyage à bord d’un trimaran, …
- Ateliers collectifs proposés à tous les bénéficiaires de l’association (hormis la stabilisation et l’urgence)
Enjeux
•
•
Renforcer la participation des publics accueillis et la dynamique collective au profit de leur parcours de vie
Continuer à proposer un accompagnement à la fois individuel et collectif pour contribuer à l’insertion des personnes sur le
territoire
96