Quelques aspects de l`oeuvre de Nauman, à partir de l`exposition

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Quelques aspects de l`oeuvre de Nauman, à partir de l`exposition
Portrait de Bruce Nauman, 2009
Photo © Jason Schmidt
Pencil Lift/Mr Rogers, 2015, installation audiovisuelle 2015 à la Fondation Cartier.
Pencil Lift, 2013
Installation audiovisuelle
3 min 57
Mr. Rogers, 2013
Installation audiovisuelle
46 sec.
For Beginners (instructed piano), 2010; For Children, 2010.
Versions sonores présentées à la Fondation Cartier, 2015.
For Children/For Beginners, 2009
Le projet
For Beginners (instructed piano), 2010;
For Children, 2010.
Vues de l’installation Galerie Sperone, New York en 2010.
For Beginners (instructed piano), 2010,
Installation vidéo sonore
FEED ME/ EAT ME/ ANTHROPOLOGY»
«HELP ME/ HURT ME/ SOCIOLOGY»
«FEED ME, HELP ME, EAT ME, HURT ME»
Anthro/Socio (Rinde Facing Camera), 1991.
Anthro/Socio (Rinde Facing Camera), 1991.
Vue de l’installation à la Kunsthalle de Hambourg en 1992.)
Anthro/Socio (Rinde
Facing Camera), 1991
et Carousel (Stainless
steel version), 1988.
Vue de l’exposition
Bruce Nauman à la
Fondation Cartier,
2015.
Vue de l’exposition Bruce Nauman, Fondation Cartier pour l’art contemporain, 2015.
Photo © Luc Boegly
Carousel (Stainless steel version), 1988, Acier inoxydable, aluminium moulé, mousse
polyréthanne, moteur électrique. Hauteur : 213, 4 cm ; diamètre : 548,6 cm.
Untitled, 1970- (reconstitutions successives), vidéo couleur, boucle temporelle.
Vue de l’installation de 2009 à la Biennale de Venise, pavillon des USA. Photo: M. Lamanna.
Untitled, 1970- 2015, vidéo couleur, 1 source vidéo, 2
projecteurs, 2 haut-parleurs, boucle temporelle.
Vue de l’installation de 2015 à la Fondation Cartier.
Performances initiales dans l’atelier: expérimenter
Dance or Exercise on the Perimeter of a Square, 1967-68
La référence à Beckett
Schéma de la géométrie des mouvements
Samuel Beckett, Quadrat I et Quadrat II, 1981.
Pièces pour la télévision, vidéo, N/Blc (I)
couleur (II), sonore, 15’
Développements spatiaux d’une géométrie déstabilisante
Square depression, projet dessiné en 1977, réalisé en 2007 à Münster, parc de
l’Université des Sciences Naturelles.
Des objets pour un corps
Une très belle pièce, pleine
d’histoire, est la marche
inclinée, The Slant Step.
Objet trouvé dans une
brocante de San Francisco,
acheté par Nauman, il fut le
sujet d’une exposition à
Berkeley en 1966, et Richard
Serra le vola à cette occasion
et l’emporta à New York.
The Slant Step, 1966, bois, linoléum
The Slant Step avec Frank
Owen
Il appartient aujourd’hui à la New York Society for
the Preservation of the Slant Step. Cet objet culte,
couvert d’un linoléum verdâtre, pourrait paraître
utile, fonctionnel, mais en fait il ne sert à rien, il
est inutilisable. Peut-être peut-il évoquer un priedieu ou un faux siège( une "miséricorde") de stalle
d’église. Mais Nauman, le dessinant, le moulant, le
reproduisant, n’y voit qu’un objet absurde autour
duquel construire un processus de création, bâtir
une autre histoire.
Recouvrements, surfaces, masques
Art Make Up, 1967-68
Ensemble de 4 films conçus pour être projetés simultanément sur les 4 murs
d’une pièce : White (1967), Pink (1968), Green (1967-68), Black (1967-68)
Film cinématographique 16 mm couleur, silencieux, durée : 49’
Art Make Up, 1967-68
Réalisés à ses débuts, les quatre films qui forment Art Make Up sont très représentatifs de
l’art de Nauman. Son corps est la matière première de son travail, un choix qui s’est imposé
à lui par la force des choses mais qui a donné lieu à une très riche réflexion sur le rôle de
l’artiste. «Quand j’ai quitté l’école, explique-t-il [... ] je n’avais aucune chance de pouvoir
parler de mon œuvre. Beaucoup de choses parmi celles que je faisais alors ne menaient à
rien, et j’ai donc cessé de les faire. Je me suis retrouvé seul dans l’atelier, et je me suis posé
la question fondamentale de ce qu’un artiste fait lorsqu’il se trouve ainsi. Ma conclusion
fut que j’étais un artiste et que j’étais dans l’atelier, et que par conséquent tout ce que je
faisais dans l’atelier devait être de l’art. Et ce que je faisais en réalité, c’était boire du café
et marcher de long en large. Il s’agissait alors de structurer ces activités de sorte qu’elles
soient de l’art, ou qu’elles aient la cohésion nécessaire pour devenir accessibles aux gens.»
Dans Art Make Up, Nauman se recouvre successivement
le torse de ces quatre couleurs : le blanc, le rose, le vert et le noir, en fixant la caméra
comme s’il
se regardait dans un miroir. Ayant l’impression d’être derrière une glace sans tain, le
spectateur, occupé à observer ce mystérieux rituel, est entraîné, à son insu, à participer.
À l’origine, cependant, les quatre films n’étaient pas faits pour être montés les uns après
les autres, mais pour être projetés simultanément sur les quatre cimaises d’une salle du
Musée de San Francisco, et constituer un environnement que le spectateur expérimente
avec son propre corps en déambulant dans l’espace, au centre des images. Avec ce projet,
Nauman voulait instaurer un dialogue entre lui et le visiteur, le corps de l’un se projetant
sur le corps de l’autre, l’un devenant le miroir de l’autre.
Plasticité du corps et segmentation de l’image: entre mutisme et grotesque
Pinchneck, 1968, film 16 mm couleur, 1’ 54’’
Studies for Holograms, 1970
Cockeye Lips (série Infared Outtake), 2006, impression jet d’encre
Self Portrait as a Fountain, 1966, tirage chromogénique, 49.5 × 59.1 cm.
Un hommage ironique à Duchamp
Clown Torture (Dark and Stormy Night Laugher),
1987, vidéo,
dispositifs variables à 2 ou 4 moniteurs.
Le thème de la main
Fifteen Pairs of Hands, 1996, bronze patiné sur bases peintes en blanc.
Fifteen Pairs of Hands (1996) exposé à la
National Gallery of Art de Washington
Hands only (Série Infared outtake), 2006, impression jet d’encre.
Raw Material: Washing Hands, Normal
(A et B de A/B), 1996, vidéo, 2 moniteurs,
couleur, sonore, 55’ 56’’
Bill Viola, Four Hands, 2001, vidéo, 4 écrans plats, N/B, 205’
Henry Moore, The Artist’s Hand IV, de la
série ‘The Artist’s Hands’, 1979, gravure
sur papier, 22 x 16,8 cm. Londres, Tate
Gallery
Rodin, Cathédrale, 1908, pierre,
hauteur 64 cm. Musée Rodin, Paris.
Rodin, La main de Dieu ou La création, vers 1896, marbre, 94 x 82,5 x 54,9 cm, marbre,
Paris, musée Rodin
Rodin, Mains enlacées, 1878, résine, 6 x 9 cm.
Rodin, ‘Abattis’:
Bras droit, poignet cassé et bras droit,
vers 1890-1900, plâtre. Musée Rodin, Meudon.
Richard Serra, Hand Catching Lead, 1968; Hands Tied, 1968,
films expérimentaux N/B, silencieux
Maurizio Cattelan, L.O.V.E., 2010, Piazza Affari Milano. Photo Zeno Zotti.
Œuvres sonores
Days installé au ICA de Londres en 2012
Days, version italienne, installé au Philadelphia Museum of Art en 2010.
Days à la Biennale de Venise, 2010
Œuvres de textes: inversion de lecture, d’impression, alternances, circulation
Clear Vision, 1973, lithographie, 91,4 x 124 cm. Nordea Collection, Oslo.
RAW/WAR, 1971, lithographie, 57 x 72 cm.
EAT/DEATH, 1972, néon couleur,
apparitions alternatives de EAT et
DEATH.
Life and Death, 1983, néons bicolores, collection S.M.A.K, Gand
My Name as Though It Were Written on the Surface of the Moon, 1968
Pour voir diverses œuvres de néons: Youtube. https://youtu.be/PBEAPp8Q8yk
One Hundred Live and Die, 1984
Double Poke in the Eye II, 1985, néons colorés, Berlin, Collection Frick, Hamburger Bahnhof.
La première œuvre réalisée
à partir d’animaux
Three Part Large Animals,
1989, aluminium. Tate Gallery,
Londres.
Three Part Large Animals, 1989, polyuréthane et fils, 140,9 x 307 cm.
Untitled (Four Small Animals), 1989.
One Hundred Fish Fountain, 2005, 97 poissons de bronze suspendus à une grille métallique.
Vue de l’installation à la Gagosian Gallery, Madison Avenue, New York en 2012.
« l’espace est une expérience »
Bruce Nauman
Cages
Couloirs
Passages
Bruce Nauman, Double steel cage Piece, 1974.
Live Taped Video Corridor, 1970
Exposition “Raw Materials” au Bristol
Museum & Art Gallery, Bristol.
Bruce Nauman déplace les questions du temps
et de l'espace de l'objet-sculpture au
spectateur lui-même, qui est sommé de se
remettre en cause en tant que sujet récepteur.
Ce n'est plus le sujet coordonné de façon
cartésienne et immuable, c'est un sujet
vacillant dans ses certitudes. Bruce Nauman
est un phénoménologue : pour lui l'objet,
l'espace n'existent pas en dehors de
Corridor Passage, 1984.
J'avais installé un objectif grand angle au plafond l'expérience que nous en avons, et cette
juste à l'entrée - de sorte qu'en progressant dans expérience possède une temporalité propre qui
le couloir, on s'éloignait de soi-même. On
va de pair, la plupart du temps, avec la
s'éloignait même doublement de soi-même,
sensation de vivre un moment d'une très
parce que notre image était prise dans notre dos grande intensité émotionnelle.
et en plongée, et parce que à mesure que l'on
Patrick Hébrard
avançait, l'objectif grand angle modifiait la
vitesse à laquelle on s'éloignait de la caméra.
Lorsqu'on faisait un pas, on avait l'impression
d'en faire deux par rapport à sa propre image...
C'était une impression étrange. B. Nauman
https://www.youtube.com/watch?v=9IrqXiqgQBo
Nauman, Acoustic Corridor, 1971,
installation Galerie Leo Castelli, 1973.
Nauman, dessin pour Acoustic Pressure Piece, 1971;
Acoustic Corridor, 1971, vue de l’installation au MAM de la Ville de Paris, 1990.
Nauman, Going around the corner Piece, 1970, installation avec vidéo,
4 moniteurs. MNAM
Bruce Nauman, Dream Passage with Four Corridors, 1984, installation cruciforme,
panneaux, tubes fluorescents, 2 tables et 4 chaises, 283 x 124,5 x 124,5 cm.
Centre Georges Pompidou, MNAM, Paris.
Dessin avec aquarelle,
45x56,5 cm.
L’extrémité du couloir
Nauman, Dream Passage with 4 Corridors, 1984.
L’entrée du dispositif.
Point de vue du couloir jaune
et détail du néon rouge
Bruce Nauman, Get out of my mind,
Get out of this room, 1968 .
Présentation à la Hamburger
Bahnhof, Berlin, 2010
Description:
Deux haut-parleurs dissimulés dans les murs
d’une salle vide s’adressent au visiteur qui
entend quelques bruits de pas, puis deux
exclamations répétées inlassablement (« Get
out of my mind, Get out of this room »), sur un
ton alternativement enjoué et menaçant. Le
message intime donc au spectateur l’ordre de
sortir de la pièce ; prenant ainsi le contre-pied
de l’exigence classique de l’œuvre d’art qui
requiert d’être contemplée, l’œuvre invite le
spectateur à la fuir. Ici encore, la voix est
d’autant plus comminatoire qu’elle est invisible
et qu’elle joue sur différents registres de
tonalités, tantôt douce, tantôt inquiétante.
Bruce Nauman - Make Me Think,
film documentaire de Heinz Peter
Schwerfel, 1997.
À regarder sur Youtube.
https://youtu.be/Fe1AIpjw6i8