2008-03-29 Rapport Phase 1 - Partie 2

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2008-03-29 Rapport Phase 1 - Partie 2
Conseil Général de l’Aisne
1.1
Etude préalable à la réalisation d’un schéma
départemental pour la structuration d’une
filière bois-énergie dans l’Aisne
-------
Phase 1 – Rapport 2 : Etat de la ressource
31 mars 2008
CEDEN
648, chemin de la Bretèque
76 230 BOIS-GUILLAUME
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40 19 79 21
SOMMAIRE
Préambule_________________________________________________________________ 3
1
La ressource en bois dans l’Aisne __________________________________________ 4
1.1
1.1.1
1.1.2
1.1.3
1.1.4
1.2
1.2.1
1.2.2
1.2.3
1.3
1.3.1
1.3.2
1.3.3
1.3.4
1.3.5
1.4
2
Les boisements forestiers _______________________________________________________ 4
Les boisements agricoles________________________________________________________ 6
Les boisements urbains et des bords de route ________________________________________ 9
Synthèse ___________________________________________________________________ 10
La production primaire ligno-cellulosique __________________________________ 10
La paille de céréales __________________________________________________________ 11
Le miscanthus _______________________________________________________________ 12
Synthèse ___________________________________________________________________ 13
Bois en fin de vie________________________________________________________ 13
Présentation _________________________________________________________________
Les déchets d’emballages ______________________________________________________
Les encombrants des ménages (déchèteries) ________________________________________
Les déchets de bois du bâtiment (entreprises) _______________________________________
Synthèse ___________________________________________________________________
13
15
15
15
16
Synthèse des flux annuels en biomasse______________________________________ 16
Les usages et destinations actuels du bois et l’évolution _______________________ 18
2.1
2.1.1
2.1.2
2.1.3
2.1.4
2.2
2.2.1
2.2.2
2.3
2.3.1
2.3.2
2.3.3
2.3.4
2.4
2.4.1
2.4.2
2.4.3
2.4.4
2.5
3
La production primaire ligneuse ___________________________________________ 4
Bois d’œuvre ___________________________________________________________ 18
L’exploitation forestière _______________________________________________________
Les entreprises du sciage_______________________________________________________
Les produits connexes _________________________________________________________
Conclusion et perspectives _____________________________________________________
18
19
19
22
Bois d’industrie ________________________________________________________ 23
Les entreprises de la trituration __________________________________________________ 23
Les matières premières ________________________________________________________ 24
Bois-Energie ___________________________________________________________ 26
Le bois de feu : usages domestiques du bois énergie _________________________________
Les chaufferies industrielles ____________________________________________________
Les chaufferies collectives _____________________________________________________
Conclusion et perspectives _____________________________________________________
26
28
28
28
Autres usages et destinations _____________________________________________ 28
Les plates-formes de compostage ________________________________________________
Le paillage et le brûlage _______________________________________________________
Décharge ___________________________________________________________________
Synthèse ___________________________________________________________________
29
30
30
30
Bilan _________________________________________________________________ 30
Les flux disponibles pour l’énergie et les conditions de mobilisation _____________ 32
3.1
3.1.1
3.1.2
3.1.3
3.2
3.2.1
3.2.2
3.2.3
La production de plaquettes forestières et bocagères __________________________ 32
Les plaquettes forestières ______________________________________________________ 32
Les plaquettes bocagères _______________________________________________________ 44
Les plaquettes urbaines et assimilées _____________________________________________ 46
Les produits connexes ___________________________________________________ 46
Première transformation _______________________________________________________ 46
Seconde transformation________________________________________________________ 47
Conclusion__________________________________________________________________ 47
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4
3.3
Les bois en fin de vie ____________________________________________________ 47
3.4
Bilan _________________________________________________________________ 48
Liste des annexes ______________________________________________________ 49
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3
Préambule
Un programme de développement d’une filière bois-énergie départementale doit s’appuyer
sur l’étude puis la mise en place des chaufferies bois, associées ou non à un réseau de chaleur,
d’une part, et la structuration de l’approvisionnement en combustibles, d’autre part.
La première phase de la mission confiée par le Département de l’Aisne vise à identifier des
projets de chaufferies bois (phase 1 - premier rapport), à dresser un état des lieux exhaustif de
la ressource en bois, du marché potentiel, et de l’approvisionnement.
Ce deuxième rapport de la phase 1 de la mission présente l’état des lieux de la ressource
départementale en biomasse disponible pour l’énergie (sans concurrence avec les usages
actuels) et les conditions de mobilisation, en s’appuyant sur :
-
l’évaluation de la ressource totale, constituée :
- de la production primaire (forêt en massif, boisements agricoles et urbains),
- des bois en fin de vie ;
- les usages actuels de ces ressources.
Elle a enfin pour but de présenter les expériences nationales remarquables et d’identifier les
autres ressources en biomasse mobilisables pour l’énergie à l’échelle départementale (phase 1
- troisième rapport).
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4
1 La ressource en bois dans l’Aisne
A l’échelle d’un territoire, la ressource en matières premières pour les usages matière,
énergétiques ou agronomiques a deux principales origines :
-
la production primaire, dont les usages entraînent la formation de sous-produits1
susceptibles d’être utilisés ultérieurement comme combustible,
les bois en fin de vie, qui correspondent à une production primaire intervenue quelques
années, voire plusieurs dizaines ou centaines d’années plus tôt.
1.1 La production primaire ligneuse
Il convient de distinguer trois principales origines de ressources en bois mobilisables pour
l’énergie : la forêt, l’agriculture et les collectivités.
1.1.1 Les boisements forestiers
1.1.1.1
La forêt axonienne
a) Taux de boisement
Les forêts couvrent environ 123 000 ha dans l’Aisne, soit un taux de boisement de 17 %,
inférieur à la moyenne nationale (28%). On constate une forte disparité selon les 8 régions
forestières IFN2 (Inventaire Forestier National) : le taux de boisement oscille entre 53% dans
l’Ardenne primaire et 4% dans le Saint Quentinois. Les plus grandes surfaces boisées se
trouvent cependant dans le Soissonais (45 000 ha, soit un taux de boisement de 23%) et le
Tardenois (20 000 ha, soit un taux de boisement de 22%).
La superficie productive3, où une récolte de bois est envisageable, atteint 95% de la
couverture, soit environ 117 000 ha. A titre indicatif, on rappelle que, dans des régions au
relief tourmenté (Rhône Alpes…), ce taux plafonne à 58%. Ces superficies non productives
sont situées essentiellement en forêt privée, soit 5 800 ha sur un total de 6 000 ha.
b) Types de propriété4
Plus de 70% de la forêt axonienne est détenue par des propriétaires privés, valeur proche de
la moyenne nationale (75%). Cette moyenne départementale renferme là encore des
différences par région forestière IFN : le taux de forêt privée varie de 94% dans la Brie à 27%
dans le Valois.
La forêt publique (près de 30 %) comprend les forêts domaniales (24 %) et communales
(5 %).
1
Produits connexes des industries de la transformation du bois (cf. 2.1.3).
Cf Annexe 1.
3
L’IFN recense les formations boisées supérieures à 5 ares. Les formations boisées de production « doivent ne
pas avoir essentiellement une fonction d’agrément ou de protection ou ne pas souffrir d’obstacle physique à une
vocation de production de bois ».
4
Cf. Annexe 2.
2
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5
c) Types de peuplement
Hormis les peupleraies, la forêt axonienne est constituée à 94% de feuillus et 6% de résineux.
Les principales essences sont le chêne, le frêne, le hêtre et le charme pour les feuillus et
l’épicéa pour les résineux.
Au niveau des types de peuplements1, les mélanges futaie – taillis (Taillis Sous Futaie)
dominent, avec plus de 50% de l’ensemble des surfaces. En forêt publique (terrains
domaniaux et terrains communaux), les peuplements de futaie régulière sont majoritaires.
Tableau 1 :
Types de propriétés de la forêt axonienne par région forestière (IFN, 2003)
Type de propriété
Domanial
Communal
Privé
ha
%
ha
%
ha
%
500
6
8 300
94
-
Brie
Total
ha
8 800
%
7
-
-
1 800
9
18 300
91
20 100
16
Soissonnais
9 900
22
900
2
34 800
77
45 200
37
Champagne crayeuse
1 300
19
100
1
5 700
80
7 100
6
Saint-Quentinois
1 800
26
100
2
5 100
72
7 100
6
12 200
72
200
1
4 600
27
17 000
14
Thiérache
2 000
17
1 700
14
8 000
68
11 800
10
Ardenne primaire
2 900
47
1 100
17
2 200
36
6 200
5
30 000
24
6 000
5
87 000
71
123 000
100
Tardenois
Valois
Total
1.1.1.2
Production biologique nette
La production biologique nette correspond à la production brute des forêts, diminuée de la
mortalité. En clair, cela exprime le volume récoltable sans toucher au capital sur pied. Elle
englobe :
-
La production biologique au sens de l’IFN, qui correspond au gain de masse ligneuse
émanant de l’activité photosynthétique d’un boisement durant une année : l'augmentation
de biomasse ligneuse se concentre dans les troncs et branches de grand diamètre
(l'accroissement naturel) et les branches de petit diamètre néanmoins supérieur à 7 cm (le
recrutement)2.
- La part mobilisable des "fins brins" (branches d'un diamètre inférieur à 7 cm) non
comptabilisés par l’IFN. Pour obtenir une estimation de cette production, on utilise les
coefficients Carbofor cités dans la méthodologie de l’étude IFN Solagro de 2005, à savoir
un coefficient de + 61% pour les feuillus et +34% pour les résineux.
Ainsi, la production nette en bois des forêts de l’Aisne est estimée à 1 612 000 m3/an3,
volume arbre entier, répartis comme suit :
-
1 014 000 m3/an, volume de « bois fort ». C’est ce compartiment qui est aujourd’hui
majoritairement récolté pour les filières bois d’œuvre, bois d’industrie et bois de feu.
1
Cf. Annexe 3.
Ce volume est également appelé « volume bois fort ».
3
L’accroissement annuel brut avoisine 9,5 m3/ha pour les formations boisées de production, ce qui illustre un
excellent potentiel pour produire du bois de qualité (la moyenne nationale est de l’ordre de 6 m3/ha/an).
2
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-
598 000 m3/an, volume de « fins brins » ou rémanents. Une partie de ce compartiment
peut être mobilisée spécifiquement pour une valorisation en plaquettes. Cette fraction est
très peu mobilisée aujourd’hui.
Tableau 2 :
Ventilation de la production courante nette en m3/an (source : IFN, 2003)
Terrains
communaux
Terrains Domaniaux
Terrains privés
TOTAL
Bois fort Rémanents Bois fort Rémanents Bois fort Rémanents Bois fort Rémanents
Total
Production brute
302 000
178 180
61 000
35 990
751 000
443 090 1 114 000
657 260 1 771 260
Production nette
274 820
162 144
55 510
32 751
683 410
403 212 1 013 740
598 107 1 611 847
Le taux de mortalité s’élève à 9 %, soit 160 000 m3/an ; ces flux, non comptabilisés dans la
production biologique nette, pourraient être mobilisés pour l’énergie, au moins partiellement.
On estime la production nette à 1 600 000 tonnes/an, sur la base d’une densité de :
-
1 000 kg/m3 pour les feuillus,
850 kg/m3 pour les résineux.
1.1.2 Les boisements agricoles
La ressource agricole est constituée de différents types de bois sur pied issus de l’entretien :
-
-
Des peupleraies.
Des haies, éléments caractéristiques de l’écosystème bocager formant la clôture constituée
d’arbres et d’arbustes alignés marquant la limite entre deux parcelles ou propriétés
agricoles. notons que le remembrement a façonné un nouveau paysage constitué d’arbres
épars, vestiges d’anciennes haies.
Des vergers et vignes, dont l’entretien génère des tailles ou sarments et le renouvellement,
des arbres et arbustes ainsi que des souches.
1.1.2.1
Les peupleraies
Les peupleraies couvrent une surface de 9 900 ha. Elles sont en déclin : elles recouvraient
14 000 ha en 1977.
La production nette dans les peupleraies est estimée à partir des données IFN de 20031. Elle
s’élève à près de 117 000 m3/an2.
1
2
La mortalité dans les peupleraies étant voisine de zéro, la production nette est égale à la production brute.
L’accroissement annuel brut est légèrement supérieur à 7 m3/ha, ce qui est plutôt faible pour des peupleraies.
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Tableau 3 :
Ventilation de la production courante nette en m3/an (source : IFN, 2003)
Terrains Domaniaux
Terrains
communaux
Terrains privés
TOTAL
Bois fort Rémanents Bois fort Rémanents Bois fort Rémanents Bois fort Rémanents
Production nette
2 200
1 342
4 400
2 684
65 900
40 199
72 500
44 225
Total
116 725
Compte-tenu de la densité du peuplier (800 kg/m3), la production nette des peupleraies s’élève
à 93 000 tonnes/an.
1.1.2.2
Les haies
a) Présentation
On distingue deux types de haies :
-
les haies basses ou non arborées, qui n’aboutissent à la production d’aucune biomasse
valorisable ;
- les haies arborées, composées de taillis et d’arbres de hauts jets (chênes, châtaigniers,
frênes ...), actuellement entretenues pour la production de bois bûche.
Sur la base de travaux et d’enquêtes réalisés par Biomasse Normandie, on peut estimer la
production biologique des haies arborées en Basse-Normandie entre 5 et 6 tMF1/km/an. En
général, la haie est entretenue en coupe rase tous les 10 à 12 ans.
b) Evaluation de la ressource
L’étude de l’AAAT sur la Thiérache
Dans le cadre du projet européen Interreg III Eurowood Bois Energie, qui implique
notamment le nord de l’Aisne, l’association AAAT a mené une étude sur la disponibilité en
bois énergie à partir des haies dans le Parc de l’Avesnois. Le linéaire de haies (sans restriction
de taille) a été estimé par photo interprétation de photographies aériennes.
Les principales conclusions de l’étude sont les suivantes :
-
6 000 km de haies ont été identifiés en Thiérache dans l’Aisne, pour un potentiel bois
énergie d’environ 35 000 à 38 000 t/an (évalué à partir des chantiers des agriculteurs de
l’AAAT) ; ce ratio de production (5,8 à 6,3 t de MF/km/an) est cohérent avec celui issu
des études de Biomasse Normandie (6 t de MF/km/an).
- On considère que 50 % (au minimum) du potentiel bois énergie est valorisé en bûche.
L’autre moitié serait disponible pour la production de plaquettes ;
Il faut retenir aussi que la plaquette produite à partir de ce type de ressource revient assez cher
avec un prix moyen d’environ 30 €/MWh entrée chaudière, ce qui limite son utilisation en
dehors du circuit actuel d’autoconsommation dans la Thiérache, très bien inséré dans le tissu
économique local et rural.
Estimation à l’échelle du département
Le linéaire de haies dans un département est assez difficile à évaluer. En France, il y a 2
sources principales pour évaluer ce linéaire :
1
MF : matière fraîche
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-
l’IFN (Inventaire Forestier National) ; les données par département comprennent une
estimation du linéaire de haies et des alignements. Il convient de préciser que l’IFN a pour
mission première d’évaluer la ressource forestière, et les arbres hors forêt ne sont pas une
priorité. De plus les méthodologies varient selon les départements en fonction des
financements locaux. Dans l’Aisne, les données IFN concernant le linéaire de haies datent
de 1991. Elles estiment ce linéaire à 2 000 km. La définition de la haie selon l’IFN est
cependant assez restrictive : c’est une « ligne boisée d’une largeur moyenne à la base
inférieure à 25 m et d’une longueur au moins égale à 25 m, comportant au moins trois
arbres recensables d’essences forestières avec une densité moyenne d’au moins un arbre
recensable tous les 10 mètres. Les arbres ne répondant pas à cette dernière condition de
densité sont des arbres épars. Une étude réalisée par Biomasse Normandie a montré que
cette définition restrictive entrainait une sous-estimation de l’ordre de 70 %.
- l’enquête TERUTI sur l’utilisation du territoire1 ; elle fournit une information en surface,
par catégories (haies, bosquets, arbres épars…). La surface occupée par des haies dans
l’Aisne est de 1920 ha (données 2003). La largeur des haies pouvant être estimée en
moyenne à 10 mètres, cela correspond à un linéaire de 1920 km. Il faut y ajouter les
bosquets et arbres épars, que TERUTI évalue à 7 375 ha, soit l’équivalent de 7 375 km.
On arrive donc sur l’Aisne à un linéaire de haies de 9 300 km, soit 55 000 t de MF/an.
Ce dernier chiffre est nettement plus cohérent avec les données de l’étude AAAT (qui
compte-tenu de sa méthodologie et de son caractère « local », semble fiable) que la valeur
issue des données IFN. La multiplicité des définitions concernant les boisements agricoles est
à l’origine de variations sensibles entre les différentes valeurs. Une évaluation plus fiable de
la ressource en biomasse agricole nécessiterait des investigations complémentaires,
notamment sur la base de l’étude approfondie menée par l’AAAT.
On retiendra donc une ressource issue des haies et bosquets agricoles de 55 000 t de MF/an.
1.1.2.3
Les vignes et vergers
a) Présentation
L’entretien des vergers (hautes et basses tiges) et des vignes génère deux catégories de sousproduits :
-
Les tailles annuelles. Elles constituent un gisement de très petits bois (diamètre inférieur à
7 cm). Ces derniers sont en général ramassés puis brûlés en bord de champ. Des essais2 de
valorisation par la production de plaquettes agricoles permettent d’estimer la biomasse
fraîche mobilisable à environ 3 t MF/ha/an.
Les arbres entiers en fin de période d'exploitation (25 à 30 ans, voire plus pour les vignes).
A l’issue de cette période, les arbres sont coupés puis dessouchés afin de replanter de
jeunes arbres. Cette pratique permet de conserver, voire d’améliorer, la productivité en
implantant de nouvelles variétés. Traditionnellement, le tronc est récupéré sur une hauteur
de 1 à 1,5 m pour la production de bois bûche, le reste étant brûlé en bord de champ.
Divers essais conduits en France3 permettent d’estimer le bois disponible lors du
renouvellement des plantations à environ 50 t MF par hectare.
1
Réalisée par Agreste, la statistique agricole du Ministère de l’agriculture.
Biomasse Normandie – Programme de recherche et développement relatif à la ressource en bois en Normandie
(2007)
2
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b) Evaluation et mobilisation de la ressource
D’après les enquêtes TERUTI, la surface occupée par les vergers et les vignes s’élève à 5 650
hectares.
Tableau 4 :
Surfaces occupées par les vignes et vergers
Espèces
Pommiers
Vergers autres espèces
Vignes
Total
Surface (ha)
1 100
100
4 450
5 650
Compte-tenu des surfaces et du ratio de production indiqué ci-dessus, on peut évaluer la
ressource issue de la taille entre 17 000 t MF/an.
En considérant une période de renouvellement de 30 ans, environ 3,3 % de la surface totale
sont concernés chaque année. A défaut de chiffres précis concernant l’âge des plantations, on
estime que les ¾ des surfaces (soit 4 200 ha) vont être renouvelés dans les dix prochaines
années.
En se basant sur le ratio moyen indiqué au paragraphe précédent, on peut évaluer la quantité
de bois issue du renouvellement des plantations à 210 000 tonnes sur les 10 prochaines
années, soit 21 000 t MF/an.
La production totale des vergers et de la vigne peut être estimée à environ 38 000 t de MF/an.
1.1.2.4
Synthèse
La production biologique des espaces arborés agricoles s’élève au total à 186 000 tonnes de
matière fraîche/an, dont 50 % pour les peupleraies, 30 % pour les haies et 20 % pour les
vignes/vergers.
1.1.3 Les boisements urbains et des bords de route
Le patrimoine arboré des collectivités comprend les arbres d’alignement des villes et des
bords de route ainsi que ceux embellissant les parcs et jardins urbains et péri-urbains. A ces
espaces publics, il convient d’ajouter les espaces verts privatifs des particuliers et collectifs
des entreprises et administrations.
La taille des arbres est nécessaire afin d’en limiter la croissance ou d’améliorer l’intégration
dans l’environnement. Les travaux d’entretien se déroulent pendant la phase de repos des
végétaux, principalement en automne et en hiver. Par ailleurs, les opérations ayant trait à
l’esthétique et à la suppression des parties mortes sont plutôt réalisées en « vert » (printemps,
été).
L’estimation de la ressource en biomasse issue de l’entretien du patrimoine arboré des
collectivités a donc été réalisée en s’appuyant sur l’enquête TERUTI, qui évalue à 2 500 ha la
surface occupée par les boisements urbains et des bords de route dans l’Aisne. Sur la base
d’une production biologique de 7 m3/ha/an1 (avec une densité de 1000 kg/m3), la quantité de
biomasse issue de l’élagage et du renouvellement du patrimoine arboré urbain peut être
estimée à 18 000 t/an.
1
Les peuplements urbains étant en général moins denses que les boisements forestiers, dont la production
biologique est de 9,5 m3/ha/an dans l’Aisne.
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1.1.4 Synthèse
La production primaire annuelle du patrimoine arboré forestier, agricole et urbain peut être
estimée à plus d’1,8 million de tonnes de matière brute.
Tableau 5 :
Production biologique du patrimoine arboré de l’Aisne (en tonnes/an)
Patrimoine arboré
Forestier
Agricole
Urbain
Total
Matière brute
1 600 000
186 000
18 000
1 804 000
Matière sèche
880 000
102 000
10 000
902 000
88,7 %
10,3 %
1%
100 %
En %
On peut considérer qu’il s’agit d’une estimation par défaut en raison des moyens insuffisants
d’appréciation de la biomasse agricole et urbaine.
1.2 La production primaire ligno-cellulosique
Par opposition aux combustibles ligneux, qui désignent les bois issus de l’entretien des
espaces forestiers, ruraux (haies bocagères…) ou urbains (patrimoine arboré des
collectivités…), les produits connexes de l’industrie de la première et de la seconde
transformation du bois et les bois en fin de vie, on entend par combustibles agricoles
l’ensemble de la biomasse cellulosique ou lignocellulosique issue de l’activité agricole. Ce
sont :
-
les résidus cellulosiques et lignocellulosiques émanant des activités industrielles :
- les écarts de tri, qui sont en général humides et peu concernés par une valorisation par
combustion en chaufferies ;
- les issues de céréales (poussières de silos), riche en matières minérales et en protéines ;
- les anas de lin, co-produits des ateliers de teillage, actuellement utilisés pour la
fabrication de panneaux ou en litière animale ;
- les co-produits agricoles, et notamment :
- les pailles de céréales (blé, orge, avoine, maïs, seigle, triticale…) ;
- les pailles d'oléoprotéagineux (colza, tournesol…) ;
- les cultures énergétiques :
- plantes annuelles (plante entière telle que le triticale, le sorgho, le maïs...) ;
- plantes pérennes (Miscanthus, Switch Grass (Panic) …) ;
Dans le cadre de cette étude, on s’est limité à la présentation de la paille de céréales et du
miscanthus, les deux biomasses les plus pertinentes, à l’heure actuelle, dans le cadre d’une
utilisation en chaufferie de moyenne ou forte puissance.
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1.2.1 La paille de céréales
1.2.1.1
Présentation
La paille est la partie de la tige de certaines
graminées, dites céréales à paille (blé, orge,
avoine, seigle…), coupée lors de la moisson.
Débarrassée des graines sur-le-champ par la
moissonneuse-batteuse sous forme d'andains, la
paille est donc la partie résiduelle, dont une partie
est exportée en vue d’une valorisation en litière
animale.
Selon les techniques de moissonnage, la longueur
des pailles peut notablement varier de quelques centimètres à quelques dizaines de
centimètres. Après la moisson, la paille peut être conditionnée sous différentes formes :
- les balles rondes, dont la densité est d’environ 80 à 100 kg/m3,
- les balles carrées ou rectangulaires, dont la densité peut atteindre 150 kg/m3.
La production de paille varie de 4 à 6 tonnes de matière sèche par hectare selon l’espèce.
En fonction notamment des opportunités locales et de la nature des sols, la paille :
-
retourne au sol, ce qui permet aux éléments minéraux d’être restitués à la terre, assurant
ainsi un maintien de la fertilité ;
- est utilisée en litière pour les animaux ou pour l’alimentation.
Il faut noter qu’en application de l’article D 615-47 du Code rural, les agriculteurs qui
demandent des aides directes dans le cadre de la PAC1 sont désormais tenus de ne plus brûler
les pailles de céréales, ainsi que les résidus de cultures d’oléagineux, de protéagineux.
1.2.1.2
La ressource dans l’Aisne
La surface totale de cultures céréalières dans l’Aisne est d’environ 220 000 hectares, dont près
de 75 % de blé2.
Tableau 6 :
Répartition des surfaces agricoles dans l’Aisne en 2007
Superficie du département
SAU (surface agricole utile), dont :
Terres arables, dont :
Céréales (sauf maïs)
STH (surface totale en herbe)
Surface (ha)
736 900
497 639
416 470
220 930
77 417
Pourcentage
100 %
68 %
57 %
30 %
11 %
Source : Agreste, 2007
1
D’après les données du programme Cartopailles , communiquées par la FRCA2, le rendement
moyen de production de paille est d’environ 4 t/ha/an (à 15 % d’humidité), soit une ressource
en paille d’environ 880 000 t/an.
1
2
Politique Agricole Commune.
Source : Agreste, chiffres 2007.
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D’après cette étude, le potentiel durablement disponible en paille pour de nouveaux usages
(compte tenu des besoins pour l’élevage et du retour au sol d’une partie de la paille visant à
préserver la fertilité des sols) est d’environ 195 000 tonnes/an.
1.2.2 Le miscanthus
1.2.2.1
Présentation
Le miscanthus (parfois appelé « herbe à éléphants »
ou « roseau de Chine ») est une graminée vivace à
rhizome particulièrement intéressante du fait de sa
forte productivité (de l’ordre de 15 à 20 tonnes de
matière sèche par hectare et par an). Elle est
relativement « populaire » au Royaume Uni, au
Danemark ou en Allemagne et commence à
apparaitre en France, notamment :
-
en Moselle et en Alsace sous l’influence
allemande ;
dans d’autres régions sous l’influence de la
filiale française de la société britannique Bical,
qui fait figure de leader européen au niveau du
développement de cette culture énergétique.
a) Cycle de récolte
Le miscanthus est une culture pérenne ; une fois planté (au printemps), il est cultivé pendant
15 à 20 ans. Chaque année, de nouvelles pousses émergent autour de mars. La croissance est
rapide en juin-juillet et aboutit à la formation de tiges robustes qui atteignent 1 à 2 m de
hauteur et 10 mm de diamètre à la fin août. A partir de fin juillet, les feuilles commencent à
sécher puis, en automne-hiver, elles tombent et restituent en se décomposant des nutriments
au sol. Durant l’hiver, le taux d’humidité des tiges diminue jusqu’à un niveau relativement
faible (30-50%). Elles peuvent être récoltées à partir de février ou au début du printemps. A
partir de la deuxième année, la hauteur des tiges peut atteindre un maximum de 2,5 à 3,5 m (la
pousse de la première année est insuffisante pour qu’une récolte soit rentable).
b) Les atouts du miscanthus
Son fort rendement de production (15 à 20 tMS/ha/an) et son pouvoir calorifique élevé (5
MWh PCI/t MS) font du miscanthus une culture particulièrement attractive en vue d’un usage
énergétique.
De plus, il présente des caractéristiques environnementales favorables :
-
sa culture nécessite très peu d’intrants chimiques3, ce qui limite la pollution des sols et des
eaux ;
comme toutes les cultures pérennes, il protège de l’érosion en limitant le travail du sol
(une seule plantation la première année) ;
1
Réalisé par l’INRA et ARVALIS Institut du Végétal, en collaboration avec Alternatech, la Chambre
d’Agriculture de l’Aisne, LaSalle Beauvais et le soutien financier du Conseil Régional de Picardie et de la
Direction Régionale de la Recherche et de la technologie de Picardie.
2
Fédération Régionales des Coopératives Agricoles de Picardie.
3
Les traitements étant réservés à la première année, voire la deuxième, pour lutter contre les plantes adventices.
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- une grande partie du stock minéral, contenu dans les feuilles, retourne au sol.
Du fait de son apparition récente sur le territoire, le retour d’expérience sur cette culture
énergétique est encore assez limité en France. Actuellement, une grande partie des plantations
est utilisée à des fins expérimentales, visant notamment à déterminer l’influence des
conditions pédoclimatiques sur la culture du miscanthus.
1.2.2.2
Ressource dans l’Aisne
D’après la chambre d’agriculture de l’Aisne, il n’y a pas de plantations de cultures
énergétiques dans l’Aisne, pour deux raisons :
-
l’absence de débouchés,
les essais de plantations réalisés ont mis en avant des difficultés techniques, liées à la
composition des sols et aux conditions pédoclimatiques.
1.2.3 Synthèse
Les flux de biomasse agricoles mobilisables se résume aux résidus de récolte, dont on peut
estimer la disponibilité à :
- près de 200 000 tonnes/an de matière brute ;
- environ 170 000 tonnes/an de matière sèche.
Notons que la combustion dans des chaufferies collectives peut poser des difficultés (cf.
annexe 4). Aucun des deux constructeurs français (Compte et Cie, Weiss France) n’est
actuellement disposé à fournir des équipements de production énergétique à partir de pailles
ou de Miscanthus1.
1.3 Bois en fin de vie
1.3.1 Présentation
Les bois en fin de vie (ou bois de rebut) qualifient les matériaux et les objets en fin de vie,
produits par les particuliers, les commerces et les industries, tels que les palettes, les bois
d’emballage, les bois issus des chantiers du bâtiment. Ces bois sont, pour la grande majorité,
collectés par des prestataires spécialisés dans la collecte et l’élimination. On distingue trois
classes :
-
Les bois de classe A, qui n'ont subi aucun traitement et sont assimilables à de la biomasse
naturelle. Ces bois, considérés comme des combustibles, peuvent être employés dans les
chaufferies collectives. Cette catégorie est quasi exclusivement constituée d’emballages.
On distingue :
-
Les emballages lourds (palettes, caisses…). Les palettes représentent la très grande
majorité du gisement et sont de deux types :
les palettes « unirotation » ou emballages perdus ; elles ne posent aucun
problème pour la valorisation en chaufferie collective ;
1
Dans le cadre d’une étude réalisée pour la ville Châteaudun (Eure-et-Loir), CEDEN a consulté plusieurs
constructeurs : Compte et Compagnie, Weiss France, Reka. Aucun de ces constructeurs n’était en mesure de
fournir un devis, ni présenter le matériel susceptible d’être installé (chaufferie de 5 MW).
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les palettes réutilisables, dites « multirotation » ; elles sont susceptibles
d’avoir reçu un traitement de préservation : leur utilisation en
chaufferie collective nécessite de prouver qu’elles n’ont pas été traitées.
Les flux sont concentrés dans les zones urbaines, industrielles et commerciales et dans
les entreprises de collecte et/ou de réparation de palettes. Une part de moins en moins
importante du gisement est encore enfouie ou brûlée à l’air libre (mode d’élimination
inacceptable du point de vue de l’environnement, que les réglementations française et
européenne interdisent).
-
Les emballages légers (cageots, cagettes, boîtes à fromage…). Confrontés au problème
du recyclage des emballages légers en bois usagés (cagettes, barquettes…), les
producteurs et distributeurs se sont organisés en créant le système GROW
International. Sur le territoire national, GROW-France gère l’organisation et la
coordination de la récupération des emballages auprès de leur détenteur final
(principalement la grande distribution). Actuellement, les emballages légers ne
subissent aucun traitement pour leur préservation.
- Les bois de classe B sont faiblement adjuvantés. Il s'agit des bois contenant des colles
(panneaux de process) ou ayant subi un traitement de surface (peinture, vernis, teinte) ; ils
peuvent être dirigés vers l'énergie à certaines conditions : dans les faits, ils peuvent être
valorisés dans des installations industrielles soumises à autorisation ou des incinérateurs,
au titre de la loi sur les installations classées pour la protection de l'environnement (ICPE).
- Les bois de classe C sont fortement adjuvantés. Il s'agit des traverses de chemin de fer ou
des bois traités au chrome, chlore, arsenic ou bore, assimilés à des déchets spéciaux, ne
pouvant être dirigés que vers des incinérateurs ou des centres d’enfouissement.
Bien que cette classification des bois, employée par les professionnels, ne se retrouve pas au
niveau des règlementations actuelles, elle reste la plus utilisée sur le terrain. Le tableau cidessous présente la dénomination réglementaire des différentes natures de bois et leurs
répartitions dans les trois classes de bois précédemment définies.
Tableau 7 :
Catégorie
réglementaire
Les valorisations énergétiques possibles des bois en fin de vie
Classe
de bois
Matière première ligneuse
Valorisation énergétique
possible
Rubrique
ICPE
A
. Bois forestiers, bocagers et urbains
. Produits connexes de scierie
. Produits connexes de la seconde
transformation « propres »
. Palettes, caisses (non traitées et
non souillées)
. Emballages légers
. Combustion 2910 A
. Autorisation (>20 MW)
(notamment en chaufferies
collectives)
2910 A
Déclaration
(2 à 20 MW)
. Bois comportant des colles, vernis
et peintures sans composés organohalogénés ou métaux lourds
. Combustion en
chaufferies industrielles
adaptées (filière bois)
. Palettes, caisses, traitées ou
souillées
. Bois comportant des colles, vernis
et peintures avec composés organohalogénés ou métaux lourds
. Bois ignifugés
. Incinération
167 C
322-B-4
. Bois créosotés
. Bois imprégnés de sels métalliques
. Incinération
167 C
322-B-4
COMBUSTIBLES
B
DÉCHETS
C
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2910 A
Autorisation
2910 B
(>0,1 MW)
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1.3.2 Les déchets d’emballages
On estime entre 250 à 300 millions le nombre de palettes en circulation en France1 à l’heure
actuelle. Ce parc est constitué de :
-
70 % de palettes unirotation (8 à 12 kg), dont la durée de vie est d’un an, soit un flux
moyen de déchet de 10 kg/palette/an,
30 % de palettes multirotation (20 à 25 kg), dont la durée de vie est de 5 ans, soit un flux
moyen de déchet de 4,5 kg/palette/an.
On peut donc évaluer le ratio de production de déchets de palettes de 38 kg/habitant/an, soit
20 000 t/an pour le département de l’Aisne (535 000 habitants).
Dans le cadre de cette étude, on a négligé la ressource relative aux emballages légers
(cagettes, cageots…). Il s’agit donc d’une évaluation par défaut.
1.3.3 Les encombrants des ménages (déchèteries)
On dénombre 47 déchèteries et 15 plates-formes d’apport volontaire sur le département2.
Selon des données de l’ADEME Picardie3, à peine un quart de ces installations est équipé de
bennes de récupération du bois (15 déchèteries). 990 t de bois seulement ont été collectées
dans le réseau de déchetteries en 2005. Par conséquent, une proportion importante de déchets
de bois est mélangée au tout-venant et stockée en décharge.
Les 15 déchèteries équipées de bennes bois desservant 143 600 habitants, on estime le ratio de
production de déchets de bois à 7 kg/habitant/an. Du fait d’une mise en place récente de ces
équipements, ce ratio apparaît assez faible regard des résultats obtenus dans d’autres régions
où les expériences de collecte des déchets de bois en déchèteries sont plus anciennes. D’après
des études menées par Biomasse Normandie, le ratio atteint 11 kg/habitant/an en Normandie.
En se basant sur ce dernier ratio, on peut estimer qu’en équipant la totalité des déchèteries de
l’Aisne, 6 000 tonnes/an de déchets de bois pourraient ainsi être collectés auprès des 536 000
habitants du département.
1.3.4 Les déchets de bois du bâtiment (entreprises)
1.3.4.1
Les catégories de déchets
Des quantités de déchets relativement importantes sont produites par les différents chantiers
du bâtiment et des travaux publics (BTP).
Les chantiers du BTP sont de 3 types : la construction, la démolition et la réhabilitation. Ces
activités génèrent alors différentes natures de déchets, qu’il convient d’éliminer vers des
filières adaptées, soit :
-
Les inertes, constitués d’éléments stables assimilables à un substrat naturel non pollué.
Les déchets industriels banaux (DIB), assimilables aux déchets ménagers et ne
présentant pas de caractère dangereux.
1
Source : SYPAL (Syndicat de l’industrie et des services de la palette).
6 déchèteries supplémentaires sont en projet.
3
Cf Annexe 5.
2
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-
Les déchets industriels spéciaux (DIS), constitués d’éléments polluants dangereux pour
l’homme et son environnement, leur élimination est réglementée.
Les emballages, utilisés pour la protection et le transport des marchandises.
1.3.4.2
Evaluation du gisement
Tableau 8 :
La production de déchets du BTP dans l’Aisne (source DDE 02)
Catégorie
Inertes
Banals
Spéciaux
Emballages
Total
Tonnage
116 500
44 200
14 900
3 000
178 600
Pourcentage
65,2 %
24,7 %
8,3 %
1,8 %
100 %
D’après le guide ADEME sur les déchets de chantier du bâtiment et une étude réalisée par
Biomasse Normandie, la part du bois dans la totalité des déchets du BTP est d’environ 5%
(dont 12% de classe A et 88% de classe B).
On peut donc évaluer le gisement de bois à 9 000 tonnes/an.
1.3.5 Synthèse
Globalement, on peut estimer que les bois en fin de vie représentent un flux annuel de 37 000
tonnes.
Tableau 9 :
Flux annuels de bois en fin de vie (en t/an)
Bois en fin de vie
Emballages
usagés
Matière brute
Matière sèche
Encombrants des
ménages
Déchets de
chantier
Total
20 000
6 000
9 000
35 000
57 %
17 %
26 %
100 %
15 000
5 000
8 000
28 000
54 %
18 %
28 %
100 %
1.4 Synthèse des flux annuels en biomasse
Le tableau 10 présente la synthèse des estimations de la ressource en biomasse sur le
département de l’Aisne. Le gisement est évalué à plus de 2 millions de tonnes/an, dont :
-
79 % proviennent de la forêt.
Près de 10 % proviennent de l’agriculture.
Le reste provient des collectivités et de leurs prestataires, qui doivent impérativement
trouver un exutoire à leurs déchets.
Le PCI du bois dépendant directement de son humidité ; il est intéressant, afin d’évaluer le
potentiel énergétique de la ressource, de raisonner en tonnes de matière sèche. En appliquant
une humidité variant en fonction de la nature de la ressource, le potentiel annuel s’élève à près
d’1,2 million de tonnes/an de matière sèche, soit l’équivalent de près de 510 000 TEP/an.
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Tableau 10 : Estimation des flux annuels en biomasse dans l’Aisne (t/an)
Flux annuel
Type de ressource
Production
primaire
ligneuse
t/an
t/an
%
% MB
%
880 000
74
590 000
29
325 000
27
Peupleraies
93 000
4,5
51 000
4
Haies/bosquets
55 000
3
30 000
2,5
Vergers et vignes
38 000
2
21 000
2
186 000
9,5
102 000
8,5
18 000
1
10 000
1
1 804 000
89,5
992 000
83,5
20 000
0.9
15 000
1,3
Déchets des ménages
6 000
0,2
5 000
0,5
DIB
9 000
0,4
8 000
0.7
35 000
1,5
28 000
2,5
195 000
9
165 000
14
15
-
-
-
-
20
2 034 000
100
1 185 000
100
Agricole
Dont rémanents
Urbaine
Sous-total
Palettes
Sous total
Biomasse
primaire lignocellulosique
Matière sèche
79
Sous total
Bois en fin de vie
Matière brute
1 600 000
Forestière
Sous total
Humidité
Paille
Miscanthus
TOTAL arrondi
45
15-25
Une partie importante de ces flux sont déjà mobilisés pour le bois d’œuvre, l’industrie de la
trituration, l’énergie, pour les particuliers notamment (bois de feu). Certaines ressources sont
néanmoins mobilisées de manière très partielle (biomasse forestière) ; d’autres (déchets bois,
élagages…), sont parfois compostées, stockées en décharge, voire brûlées à l’air libre.
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2 Les usages et destinations actuels du bois et l’évolution
L’économie de la forêt repose sur la production essentielle de trois types de ressources :
-
le bois d’œuvre, dont la transformation mécanique en scieries et en menuiseries aboutit à
la fabrication de matériaux de construction, de mobilier et d’emballages ;
- le bois d’industrie, que les industries de la trituration transforment en papier et panneaux
de process ;
- le bois-énergie, qui se présente sous la forme de bûches (usage domestique) ou de bois
déchiqueté, utilisé dans les chaufferies individuelles à alimentation automatique et les
chaufferies collectives et industrielles.
La récolte est suivie grâce aux Enquêtes Annuelles de Branche (EAB), réalisées par la DRAF,
qui recensent les exploitations en forêt à partir de déclarations. Depuis 2005, les EAB ont
changé de mode de calcul, avec une prise en compte différente des volumes avec ou sans
l’écorce de l’arbre.
Dans la suite de l’étude, l’appréciation de cette récolte s’appuiera sur les EAB 2000, 2003,
2004, 2005 et 2006 communiquées par la Direction Régionale de l’Agriculture et de la Forêt,
et en particulier celles de 2005 et 2006, utilisant un nouveau mode de comptabilisation.
2.1 Bois d’œuvre
2.1.1 L’exploitation forestière
L’exploitation du bois d’œuvre entraîne la production de 296 000 m3 de grumes par an
(moyenne 2005-2006), soit 163 000 t de MS/an. Cette exploitation génère de l’ordre de 30 %
de rémanents abandonnés sur les parterres de coupe, soit 89 000 m3.
Tableau 11 : Evolution de la production de bois d’œuvre dans l’Aisne depuis 2000
m3
350 000
+ 13 % par an
300 000
250 000
200 000
Résineux
150 000
Feuillus
100 000
50 000
2000
2003
2004
2005
2006
Source : Enquêtes annuelles de branche (DRAF)
Après une baisse suite à la tempête de 1999 (voir annexe 6), la production de bois d’œuvre est
en forte augmentation depuis 2003 : plus 13 % par an.
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2.1.2 Les entreprises du sciage
Les enquêtes annuelles de branche recensent 24 scieurs dans l’Aisne (dont plus de la moitié
sont également exploitants forestiers).
La capacité de production de sciage dans l’Aisne concerne essentiellement les essences
feuillues. Depuis 2000, cette production a fortement diminué (- 6,3 % par an), celle-ci s’étant
néanmoins stabilisée sur les 2 dernières années. Dans le même temps, la récolte de bois a très
sensiblement augmenté.
D’après les chiffres présentés dans les enquêtes annuelles de branche et les ratios de
production de sciage de la FCBA1, 95 000 m3 de grumes par an sont consommés par les
scieries axoniennes (moyenne 2005-2006).
La récolte globale de bois d’œuvre atteignant 296 000 m3/an, l’Aisne a transformé, ces deux
dernières années, un tiers seulement de la production sylvicole de bois d’œuvre.
D’après les résultats de l’enquête menée dans le cas de la présente mission auprès des scieurs
du département2, sept scieurs consomment plus de 80 % des grumes.
Tableau 12 : Evolution de la consommation de grumes
pour le sciage dans l’Aisne depuis 2000
m
3
140 000
- 6,3 % par an
120 000
100 000
80 000
Résineux
60 000
Feuillus
40 000
20 000
2000
2003
2004
2005
2006
Source : Enquêtes annuelles de branche (DRAF)
2.1.3 Les produits connexes
2.1.3.1
Première transformation
a) Présentation
Les entreprises composant le secteur de la première transformation du bois sont les scieries et
les usines de déroulage et de tranchage (la fabrication d’emballages, bien que relevant de la
seconde transformation, est assimilée au sciage, du moins pour les sous-produits). Le
rendement matière de la transformation des grumes varie, en moyenne, de 45 à 63% selon les
1
2
Cf. Annexe 7.
Cf. Annexe 8.
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20
essences. Les produits connexes représentent donc des quantités importantes et sont composés
de dosses, de délignures, de chutes de tronçonnage, de sciures et d’écorces1.
Figure 1 :
Produits connexes de la première transformation du bois
Source : FCBA (ex-CTBA) – Biomasse Normandie
b) Evaluation de la ressource
Sur la base des volumes de sciages issus des enquêtes annuelles de branche de la DRAF et des
ratios de production de connexes de la FCBA, on peut estimer la quantité de connexes
produite par l’industrie de la première transformation du bois à près de 41 000 tonnes/an
(moyenne 2005-2006)2, dont plus de 98 % proviennent des feuillus.
Par comparaison, les enquêtes annuelles de branche donnent, pour 2005, un chiffre de 37 900
tonnes de produits connexes. Ce chiffre correspond à la déclaration des professionnels, qui
éprouve des difficultés à estimer la part utilisée en interne (pour le séchage du bois par
exemple) ou vendu localement pour l’énergie (dosses/délignures, chutes) ou des usages
agronomiques (sciures en litière animale, écorces en paillage).
Afin de cerner de façon plus précise les quantités et les voies de valorisation actuelles des
produits connexes, une enquête a été réalisée auprès des scieries axonaises. Des données ont
été recueillies sur 11 entreprises sur les 15 interrogées.
D’après les résultats de cette enquête3, la scierie Dequecker consomme de l’ordre de
3 000 t/an d’écorces dans sa chaufferie bois (3,5 MW), ce qui explique la différence entre les
deux résultats précédents.
2.1.3.2
Deuxième transformation
a) Présentation
Les entreprises de la seconde transformation du bois fournissent des produits tels que du
mobilier, des éléments de charpente et de construction pour le bâtiment, des objets divers
(tournerie, tonnellerie...) et des emballages (caisses, palettes, cagettes).
1
Cf. Annexe 9.
Cf. Annexe 7.
3
Cf Annexe 8.
2
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21
Hormis les fabricants d’emballages qui utilisent des grumes et génèrent des sous-produits
identiques à ceux de la première transformation, les industries de la seconde transformation
font appel à des matières premières variées (sciages, panneaux, placage...). La gamme de
sous-produits est donc large1.
Les chutes courtes, copeaux, sciures sèches, poussières de ponçage (également appelées fines
de ponçage) et chutes de panneaux peuvent être valorisés dans des installations de
combustion2, sous les conditions suivantes :
-
pas de traitement de préservation ni d’ignifugation ;
aucun revêtement en PVC (chant…) ;
les finitions utilisées (peintures, vernis, lasures...) ne contiennent ni métaux lourds ni
composés organohalogénés.
Les autres déchets de bois doivent être incinérés ou enfouis.
b) Estimation du gisement
Un questionnaire a été envoyé à 600 professionnels susceptibles de détenir des produits
connexes bois, dans le but de recueillir des données sur la nature, la quantité, la qualité et les
destinations principales de ces connexes.
Le taux de réponse à cette enquête a été d’un peu plus de 5 %, soit 34 questionnaires
renvoyés. Parmi les entreprises ayant répondu, un certain nombre a indiqué ne pas produire de
produits connexes bois, ou ne pas être en mesure d’évaluer leurs quantités avec précision.
L’exploitation des données des questionnaires suffisamment renseignés pour être pris en
compte est présentée en annexe 11.
Au regard de ces résultats, on a regroupé les entreprises en fonction de l’activité :
-
Classe 1 : les entreprises dont l’activité principale est la menuiserie.
Classe 2 : toutes les autres activités de la seconde transformation du bois (activité de
charpente et de couverture principalement).
Tableau 13 :
Type d’activité
Résultats de l’enquête
Nombre de
questionnaires
envoyés
Sans activité bois
Classe 1 – Menuiserie
Classe 2 – Autres activités
600
Total
600
Taux de réponse
Nombre
10
8
16
34
%
5,7
D’après les résultats de l’exploitation des questionnaires, les ratios de production de connexes
par salariés suivants ont été retenus :
1
2
-
5,9 tonnes/salarié/an pour les entreprises de la classe 1,
-
1,0 tonne/salarié/an pour les entreprises de la classe 2.
Cf. Annexe 10.
Rubrique 2910 de la réglementation sur les installations classées pour la protection de l’environnement.
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Les données sur les entreprises fournies par l’INSEE permettent de connaître le nombre
d’entreprises par tranche d’effectifs et par code APE1 dans chaque département2.
Les données sur le nombre de salariés étant renseignées par tranche, il a été choisi de retenir
la valeur basse de la tranche, augmentée d’une unité patronale.
Tableau 14 :
Classe
Activités
1
2
Total
menuiserie
autres activités
Quantité de produits connexes
Nombre
d’entreprises
217
105
322
Nombre
de salariés
741
567
1 308
Tonnes/salarié/an
5,9
1,0
-
Compte-tenu des ratios indiqués ci-dessus, les quantités de connexes théoriques produites par
les entreprises de la seconde transformation du bois peuvent être estimées à 5 000 tonnes/an.
Tableau 15 : Flux théoriques de connexes
Quantité de
connexes (t/an)
Classe 1
4 500
Classe 2
500
Total
5 000
2.1.4 Conclusion et perspectives
Sur la base des chiffres des enquêtes de branche de la DRAF et des enquêtes réalisées auprès
des professionnels de la transformation du bois, on observe plusieurs tendances :
-
-
-
Forte exportation du bois d’œuvre : l’Aisne transforme seulement un tiers du bois
émanant de la production sylvicole, alors que celle-ci est en forte augmentation (+ 40 %
depuis 2003).
Diminution et concentration de l’activité de sciage : la « consommation » de grumes
dans les scieries axoniennes a baissé de 25 % depuis 2003, plus de 80 % est transformés
par 7 entreprises. Les petites scieries sont donc en voie de disparition.
Les produits connexes des industries de la transformation du bois peuvent être estimés à
46 000 tonnes par an (dont 90 % sont issues de la première transformation).
Tableau 16 : Flux annuels de produits connexes (en t/an)
Produits connexes
1
Matière brute
Matière sèche
1
2
ère
transformation
2ème transformation
Total
41 000
5 000
46 000
89 %
11 %
100 %
25 000
4 000
29 000
86 %
14 %
100 %
Activité Principale Exercée.
Cf. Annexe 12.
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Le Grenelle de l’environnement fixe des objectifs ambitieux de croissance de la
transformation de bois à l’échelle nationale ; une augmentation de la transformation du bois
d’œuvre dans le département de l’Aisne serait d’autant plus justifiée que la production
sylvicole y est très dynamique. Notons que le développement de l’activité des scieries
induirait une augmentation des produits connexes, qui pourraient être mobilisés de façon
privilégiée vers les chaufferies industrielles et collectives.
2.2 Bois d’industrie
La trituration mobilise les ressources issues des travaux d’entretien sylvicole, les connexes de
scieries, et de plus en plus, les bois en fin de vie, tant pour le process que pour l’énergie.
2.2.1 Les entreprises de la trituration
Les entreprises de la trituration comprennent :
-
les usines de production de pâte à papier,
-
les usines de fabrication des panneaux de process.
2.2.1.1
Les papetiers
On recense une seule usine de trituration dans l’Aisne, la papeterie de La Rochette à Venizel.
En dehors du département, la papèterie M-Real à Alizay (Seine-Maritime), absorbe également
des quantités importantes de bois issu du département.
a) Papèterie de Venizel (près de Soissons)
La papèterie de Venizel consomme chaque année :
-
-
230 000 t de bois rond, dont :
-
110 000 tonnes en provenance de Champagne-Ardenne,
-
60 000 tonnes en provenance de la Picardie (et dans une moindre mesure, du NordPas-de-Calais),
-
50 000 tonnes en provenance d’Ile-de-France,
- 10 000 tonnes en provenance d’autres régions,
30 000 t de connexes de scierie, dont :
-
15 000 tonnes en provenance de Champagne-Ardenne,
-
13 000 tonnes en provenance de Picardie (et dans une moindre mesure, du Nord-Pasde-Calais).
Dans le cadre de la réorientation de son activité vers la fabrication de papier/carton recyclé
exclusivement, cette usine cessera ses achats de bois à compter d’août/septembre 2008.
b) Papèterie d’Alizay
La papèterie de M-Real produit actuellement 300 000 t/an de pâte à papier et consomme
chaque année 1 050 000 tonnes de bois, dont :
-
120 000 t d’eucalyptus importé d’Uruguay. Compte tenu de la siccité de ce bois (80 % de
matière sèche), cela correspond à 175 000 t de bois rond (55 % de matière sèche).
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-
930 000 t de bois régional, dont :
-
100 000 t de plaquettes de chêne provenant des scieries de Normandie,
- 830 000 t de hêtre, chêne et charme provenant d’un territoire élargi à la Picardie.
Malgré les forts besoins de papier à l’échelle mondiale, en particulier avec le développement
asiatique et sud-américain, les usines d’une capacité de production de l’ordre de 150 000 t/an
ont totalement disparu ; ce phénomène de concentration s’étendra inéluctablement aux usines
de 300 000 t/an à court ou moyen terme.
Par ailleurs, les industries du papier renforcent les unités de production dans l’hémisphère
sud, où la productivité biologique du bois est plus élevée et la production localisée «aux
portes de l’usine».
En d’autres termes, M-Real pourrait, à l’horizon des 5 à 10 ans, délocaliser entièrement sa
production de pâte, et libérer ainsi des quantités de bois considérables, provenant pour une
partie de l’Aisne.
2.2.1.2
Les panneautiers
L’entreprise du panneau continue à se développer et se diversifie en reprenant désormais les
déchets de bois.
Les deux panneautiers belges (SPANO et UNILIN) reprennent une proportion importante de
la production axonienne de bois rond et de produits connexes des scieries, ces derniers étant
collectés par les sociétés COPANEX et FORONEX.
2.2.2 Les matières premières
2.2.2.1
Bois rond
La ressource mobilisée en forêt pour la trituration s’élève à environ 270 000 m3/an (moyenne
2005-2006), soit 150 000 t de MS/an. Cette production génère 80 000 m3/an de rémanents
(30 %), pour une grande part abandonnée sur le parterre de coupe. Dans les peuplements de
résineux notamment, les rémanents sont mis en andains et détruits, en général aux frais de
l’exploitant forestier.
Tableau 17 : Evolution de la production de bois d’industrie dans l’Aisne depuis 2000
Production de bois d'industrie
m
3
- 4% / an
300 000
+ 21,5 % / an
250 000
200 000
Résineux
150 000
Feuillus
100 000
50 000
2000
2003
2004
2005
2006
Source : Enquêtes annuelles de branche (DRAF)
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La production de bois d’industrie, après avoir connu une augmentation très importante suite à
la tempête de 1999, est en déclin depuis 2004.
2.2.2.2
a)
Les produits connexes
Première transformation
L’enquête a permis de mettre en avant les voies de valorisation principales des produits
connexes. La majorité de ces connexes sont destinées aux industries de la trituration,
notamment :
- l’industrie papetière :
-
La Rochette à Venizel (Aisne), qui reprend les produits entre 28 et 32 €/t.
- M-REAL à Alizay (Haute Normandie).
- l’industrie de fabrication de panneaux en Belgique (UNILIN, COPANEX, FORONEX),
qui reprend les produits entre 15 (chute et dosses/délignures) et 40 €/t (sciures/plaquettes).
Une part peu importante (moins de 3 000 t d’écorces) est valorisée en interne dans une
chaufferie (scierie Dequecker), qui alimente un séchoir à bois.
A l’heure actuelle, la quasi-totalité des connexes de scierie est mobilisée. Cependant, on
remarque que le marché des produits connexes est interrégional, le bois pouvant ainsi être
transporté sur de très longues distances. Ainsi, la grande majorité des produits connexes des
scieries de l’Aisne est envoyée hors du département, (Normandie et Belgique), du fait de
l’absence de débouchés locaux (qui va s’accentuer avec l’arrêt des achats de bois de Venizel).
L'énergie pourrait ainsi constituer un débouché local et probablement plus rémunérateur pour
les scieurs (les panneautiers belges jouent sur la multiplicité de leurs approvisionnements afin
de tirer vers le bas les prix de rachat des connexes).
b) Seconde transformation du bois
Les résultats de l’enquête auprès des professionnels de la seconde transformation du bois ont
mis en évidence les difficultés des entrepreneurs à évaluer la quantité des produits connexes.
En effet, la majorité des professionnels arrive à évacuer ces produits à coût nul
(autoconsommation, bois de chauffage pour les salariés) ou positif (vente de bois de
chauffage aux particuliers). Dès lors, les quantités en jeu ne sont pas connues ou n’ont pas été
renseignées dans le cadre de l’enquête. Pour les entreprises ayant une production plus
importante, le bois est envoyé vers des entreprises de collecte, qui les revendent comme
matière première (fabricants de panneaux, pâte à papier…), ou plus rarement, dirigé vers une
déchèterie.
La plupart des entreprises de taille plus importante s’est déclarée intéressée par la mise en
place d’un service de collecte des produits connexes, à condition que cela se fasse à coût nul
ou positif pour l’entreprise.
Ces sous-produits constituent cependant un gisement diffus (en raison de la faible taille des
entreprises), souvent éliminée en mélange avec d’autres DIB et contenant parfois des
impuretés (produits de classe B).
2.2.2.3
Les bois en fin de vie
De manière plus marginale, les bois en fin de vie peuvent également être valorisés dans
l’industrie de la trituration.
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Dans l’Aisne, l’entreprise de traitement et de valorisation des déchets TRAVADEC (groupe
SITA), a collecté en 2007 environ 2 500 tonnes de déchets de bois (pour 150 000 tonnes de
déchets traités), dont :
-
500 t de bois de classe A,
2 000 t de bois de classe B.
Hormis les bois de classe A, qui sont valorisés en chaufferie collective (hors département) ou
en compostage, ces déchets sont vendus aux panneautiers belges (28 à 30 €/t rendue).
TRAVADEC a indiqué son intérêt devant la possibilité de valoriser ces bois vers des
débouchés locaux, aujourd’hui inexistants.
2.2.2.4
Conclusion et perspectives
Après une forte hausse après 1999, la production de bois d’industrie est en baisse depuis
2004.
La seule entreprise de la trituration du département (papèterie de Venizel) va arrêter ses
achats de bois d’ici quelques mois, et ainsi libérer à très court terme une importante quantité
de bois qui pourra potentiellement être dirigée vers l’énergie :
- de l’ordre de 13 000 t/an de produits connexes,
- de l’ordre de 60 000 t/an de bois rond.
A moyen et plus long terme, la perspective (non souhaitée, mais plausible) de l’importation
de l’étranger de pâte à papier par M-Real libérera également des volumes de bois rond
extrêmement importants, qui pourront être orientés en partie vers la production de plaquettes
forestières.
2.3 Bois-Energie
2.3.1 Le bois de feu : usages domestiques du bois énergie
2.3.1.1
Situation actuelle
D’après les données CEREN 2001, la consommation de bois de feu dans l’Aisne s’élève à
500 000 stères de bois1.
Sur la base d’1,5 MWh par stère, 750 000 MWh par an proviennent du bois dans le
département de l’Aisne, soit 150 000 tonnes de matière sèche.
Le chauffage domestique au bois s’appuie sur plusieurs catégories de ressources : boisements
forestiers et agricoles, produits connexes, bois d’élagage et d’abattage, bois de rebut… sur la
base de nombreuse hypothèses, cette ressource pourrait provenir :
-
-
des bois en fin de vie et assimilés (palettes, cagettes, connexes de la seconde
transformation du bois, bois d’abattage urbains, papier/carton) pour environ 15 %, soit
22 000 tonnes de matière sèche (données provenant de l’enquête CEREN en 1996) ;
de la biomasse agricole, pour environ 21 %, en prenant en considération les hypothèses
suivantes :
1
Les valeurs régionales ont été ramenées au département en les rapportant au nombre de logements individuels.
Notons que le CEREN retient le chiffre de 0,7 m3 de bois rond/stère.
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-
environ 80 % des bois issus de l’entretien et de l’arrachage des haies agricoles aboutit
à la production de bois de feu (soit 22 000 t de MS) ;
-
-
environ 20 % des bois issus des tailles de vergers/ligne et 80 % du bois issu de
l’arrachage est transformé en bois bûches (soit 10 000 t de MS) ;
de la forêt, pour les 64 % restants, soit 96 000 t MS/an ou 193 000 m3 de bois rond.
Tableau 18 : Consommation annuelle de bois de feu par origine
MWh/an
t MS/an
t MB/an
Equivalents stères/an
Bois en fin de vie
110 000
22 000
36 000
73 300
15 %
Biomasse agricole
160 000
32 000
64 000
106 700
21 %
Forêt
480 000
96 000
192 000
320 000
64 %
Total
750 000
150 000
292 000
500 000
100 %
D’après les enquêtes de branche de la DRAF, le volume de bois de feu commercialisé s’élève
seulement à 58 000 m3/an (moyenne 2000-2005). Le bois commercialisé représente donc
seulement 30 % de la consommation réelle. Une part importante de la production forestière
échappe donc à la comptabilité des services de l’État.
2.3.1.2
Perspectives
Des études menées par Biomasse Normandie et l’ADEME ont montré que le chauffage au
bois chez les particuliers connaît aujourd’hui deux tendances :
-
accroissement du nombre d’appareils de chauffage au bois individuels (utilisés en base ou
en appoint),
baisse de la consommation par appareil, du fait :
-
de l’augmentation du rendement moyen des équipements (la quantité d’équipements
neufs augmentant) ;
-
d’une amélioration des performances énergétiques des logements (isolation, double
vitrage…).
D’une manière générale, on peut ainsi avancer que la consommation de bois bûche est dans
une tendance de stabilisation, voire de légère augmentation.
Sur la base de l’enquête nationale réalisée par l’ADEME, on peut estimer qu’environ 5 000
appareils de chauffage au bois ont été acquis en 20061 dans le département de l’Aisne. Parmi
ces derniers, 8/10ème correspondent un remplacement ou un complément du chauffage
électrique, au fioul domestique ou au propane (le reste correspondant au renouvellement
d’équipements de chauffage au bois). Sur la base d’une consommation moyenne de 5,5
stères/an (5 % chauffage principal à 13 stères/an et 95 % chauffage appoint à 5 stères/an), la
consommation supplémentaire de bois bûches peut être estimé à 15 000 stères/an, soit 3 %.
Cette augmentation de la consommation apparaît extrêmement importante ; elle ne pourrait
être couverte qu’à partir de la ressource forestière, ce qui correspond une augmentation de la
production forestière de bois bûche de l’ordre de 5 %. Cette évolution suscite naturellement
une tension sur ce marché.
1
Au prorata du nombre d’appareils de chauffage au bois vendus à l’échelle nationale (500 000 en 2006), 20 %
correspondant au renouvellement d’équipements anciens chauffage au bois.
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Le nombre d’appareils a certes augmenté fortement depuis le début des années 2000, avec un
paroxysme atteint en 2006 ; toutefois, cette tendance devrait progressivement s’estomper au
profit d’un simple renouvellement d’équipements anciens, qui devrait à l’opposé se traduire
par un tassement de la consommation de bois bûche.
2.3.2 Les chaufferies industrielles
Une seule chaufferie industrielle (scierie Dequecker) consomme de l’ordre de 3 000 tonnes
d’écorces par an, soit 1 600 tonnes de matière sèche.
2.3.3 Les chaufferies collectives
Le chauffage collectif au bois est très peu développé dans le département.
L’AAAT, qui travaille sur le bois énergie depuis une petite décennie, a participé à la mise en
place d’un réseau de petites chaufferies bois en Thiérache, qui consomme de l’ordre de
1 000 t de plaquettes par an (soit 550 t de MS), issues de l’entretien des haies agricoles.
L’association est équipée d’un broyeur et supervise les contrats d’approvisionnements aux
profits des agriculteurs produisant la plaquette. De même, l’association coordonne la mise en
place d’un petit réseau de plates-formes à partir d’équipements agricoles existants.
2.3.4 Conclusion et perspectives
La majorité du bois utilisé pour le chauffage domestique provient de la forêt. L’évolution des
consommations est complexe à anticiper ; sa détermination devrait être affinée au travers
d’enquêtes régionales sur la consommation de bois bûche, les objectifs étant d’estimer la
consommation, l’origine du bois et l’évolution des besoins énergétiques et du bâti
(isolation…). L’augmentation du nombre d’équipements de chauffage au bois, si les
tendances actuelles se confirment, devrait se traduire par une forte croissance des besoins en
bois bûche. Cette demande est difficile à maîtriser, le crédit d’impôt, la dernière
réglementation thermique (RT 2005) exigeant l’installation d’un conduit de fumée en cas de
chauffage électrique et les aides accordées par les collectivités territoriales (Région) étant de
nature à stimuler ce développement.
Le bois-énergie est actuellement absent à l’échelle industrielle et collective.
Cependant, il convient de prendre en compte l’impact possible du projet CRE 21 déposé dans
le département (TERREOS à Origny Sainte-Benoîte) qui pourrait consommer annuellement
de l’ordre de 60 000 t de bois (40 000 t de plaquettes forestières et 20 000 tonnes de broyats
de DIB) et 90 000 t de paille par an.
2.4 Autres usages et destinations
En dehors de ces 3 usages principaux, on retrouve quelques autres destinations pour la
biomasse, notamment en ce qui concerne les bois d’élagage urbains. Afin d’estimer les
quantités et d’identifier les voies d’écoulement actuelles des bois issus de l’élagage et de
l’entretien du patrimoine arboré des collectivités axoniennes un questionnaire a été envoyé
aux services techniques (entretien des espaces verts) des 11 communes de l’Aisne de plus de
1
Second appel d’offre de la Commission de régulation de l’énergie portant sur les installations de production
d’électricité à partir de biomasse.
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5 000 habitants1. Le peu d’informations et l’imprécision des réponses n’ont pas permis
d’aboutir à des données chiffrées exploitables en terme de quantités de déchets verts produits.
Il semble y avoir deux explications à cette méconnaissance des communes des volumes de
déchets verts produits par l’entretien de leurs espaces verts :
-
la majorité des communes sous-traite (au moins en
verts ;
- la gestion des bois d’élagage des collectivités ne
particulier (utilisation en interne ou évacuation à
compostage).
Parallèlement, les bois en fin de vie d’origine urbaine
évacués en décharge dans le département de l’Aisne.
partie) l’entretien de leurs espaces
pose en général pas de problème
coût nul vers une plate-forme de
et industrielle sont pour l’essentiel
2.4.1 Les plates-formes de compostage
2.4.1.1
Présentation
La biomasse urbaine est souvent valorisée par compostage en mélange avec les autres déchets
verts (tontes, feuilles, tailles de haies arbustives...) : sa valorisation (notamment à des fins
énergétiques) ne doit pas perturber le processus biologique du compostage, qui nécessite
impérativement la présence de structurant (branches broyées) autorisant la libre circulation de
l’oxygène indispensable à l’activité des microorganismes. Néanmoins, une partie du bois est
récupérable en tête de station de compostage (bois d’élagage, souches) et à la fin du process
(refus de criblage).
En fin de traitement, le gestionnaire de l’installation procède en effet le plus souvent à une
séparation de la fraction fine, qui constitue le produit final (l’amendement organique) de la
fraction grossière2 principalement formée de bois. Cette dernière contient également une part
souvent importante d’impuretés (matières minérales, plastiques, métaux…) qui peuvent
constituer un frein à une valorisation en chaufferie. De ce fait, les refus de criblage, qui
représentent de 10 à 15 % du tonnage de déchets verts traités sur les installations de
compostage, sont plutôt dirigés vers des chaufferies industrielles.
2.4.1.2
Les refus de criblage
A partir des données connues sur la quantité de déchets verts traitée, il est possible d’estimer
la quantité de refus de criblage sur les principales plates-formes de compostage de l’Aisne.
Tableau 19 :
Refus de criblage des plates-formes de compostage de l’Aisne
Plateforme de
compostage de
Exploitant
2
Refus de criblage générés
Mini 10 %
Maxi 15 %
Allemant
TRAVADEC 02
4 778
480
715
Laon
VALOR'AISNE
1 147
115
170
Pommiers
VALOR'AISNE
4 094
410
615
Sainte-Preuve
ASB Greenworld
NC
-
-
Fontaine-les-Vervins
THIERACHE COMPOSTAGE
2 500
250
375
12 500
1 200
2 000
Total
1
Déchets
verts 2005
Cf. Annexe 13.
Egalement appelée refus de criblage.
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La collecte de déchets verts apparaît actuellement modeste ; ces flux devraient sensiblement
augmenter dans les années à venir si on se réfère aux résultats des départements voisins.
2.4.2 Le paillage et le brûlage
Une partie importante des bois d’élagage urbains (et, marginalement, quelques connexes de la
transformation du bois), est utilisée comme matériau de paillage pour les espaces verts des
collectivités ou les vignes.
2.4.3 Décharge
Une part encore très importante du bois ne trouve pas de voie de valorisation. Elle se retrouve
alors en entrée des centres de stockage et d’enfouissement des déchets.
2.4.4 Synthèse
S’il est difficile d’estimer la part de bois allant vers ces autre usages, on peut considérer
qu’environ 75 % des bois d’élagage urbains se retrouvent en entrée des plates-formes de
compostage ou sont utilisées en matériaux de paillage, soit 13 000 t de matière brute ou
7 000 t de MS/an.
2.5 Bilan
2.5.1.1
Synthèse
La figure 2 présente le bilan simplifié de l’utilisation du bois dans l’Aisne.
De manière générale, les besoins apparaissent largement inférieurs à la ressource en biomasse.
On peut estimer que la ressource disponible pour l'énergie (sans concurrence avec les
usages actuels) excède 560 000 tonnes de matière sèche par an, ce qui représente un
potentiel énergétique supérieur à 2,8 millions de MWh/an, soit plus de 240 000 TEP/an.
Ce bilan ne fait cependant pas apparaître les difficultés de mobilisation des biomasses
forestières, agricoles et urbaines. En effet, l'essentiel de la ressource nécessite de nouveaux
investissements portés par les acteurs de filières conventionnelles organisées autour de
méthodes sylvicoles éprouvées et connaissant les milieux forestiers et agricoles.
Notons toutefois que la biomasse aisément mobilisable est pour l'essentiel déjà valorisée.
D'une part, une concurrence, parfois forte, s'exerce avec les ressources mobilisées (produits
connexes de scieries, déchets de bois de classe A, élagages urbains...), ce qui a tendance à
générer des conflits d'usage, avec l'industrie de la trituration notamment. Il convient donc de
développer la mobilisation et le conditionnement de nouvelles ressources telles que les
déchets de classe B et les plaquettes forestières ou bocagères. D'autre part, les entreprises en
charge de la mobilisation sont souvent mal structurées, lorsque celles-ci existent.
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Figure 2 :
Bilan de l’utilisation du bois dans l’Aisne (chiffres arrondis, en tonnes MS/an)
PRODUCTION PRIMAIRE
Forêt en massif
Agriculture
Collectivités
880 000 t MS/an
102 000 t MS/an
10 000 t MS/an
992 000 t MS/an
FLUX MOBILISES
FLUX DISPONIBLE
Bois d’œuvre
Bois d’industrie
Bois énergie
(grumes)
(rondins)
(bûches/plaquettes)
163 000 t MS/an
150 000 t MS/an
130 000 t MS/an
Autres usages
7 000 t MS/an
Rémanents +
bois capitalisé +
bois d’élagage et
d’abattage
542 000 t MS/an
450 000 t MS/an
Produits
connexes
564 000
t MS/an
29 000 t MS/an
6 000 t MS/an
Objets et
structures en bois
Panneaux de
process/ papier
Chauffage
150 000 t MS/an
- individuel
- collectif
- industriel
Bois de rebut
22 000 t MS/an
BOIS EN FIN DE VIE
28 000 t MS/an
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3 Les flux disponibles pour l’énergie et les conditions de
mobilisation
Les matières premières ligneuses et lignocellulosiques sont plus ou moins facilement
mobilisables selon leur origine et leur nature.
3.1 La production de plaquettes forestières et bocagères
3.1.1 Les plaquettes forestières
Avant d’aboutir à la production de la grume1, la forêt connaît divers travaux d’entretien
sylvicole (balivage, éclaircie). Au cours des éclaircies et des coupes finales, des volumes
importants de rondins et de bois ronds sont extraits. Toutefois, une partie du bois n’est pas
valorisée ; il s’agit de bois non marchands (tiges de faible volume, branches, cimes),
abandonnés et broyés (parfois brûlés) sur les parterres de coupe.
La production de plaquettes forestières pour l’énergie vise à valoriser cette dernière fraction.
La ressource à privilégier provient :
-
des peuplements pauvres, et notamment les taillis de médiocre qualité, dont 25 à 50% des
tiges seulement sont marchandes ;
la première, voire la deuxième, éclaircie résineuse en peuplements serrés ;
les houppiers des coupes rases de feuillus et résineux.
3.1.1.1
Comparaison production biologique/récolte
D’après les chiffres évoqués précédemment, on évalue la récolte moyenne en forêt à environ
760 000 m3/an dans l’Aisne, dont :
- 296 000 m3 de bois d’œuvre,
- 270 000 m3 de bois d’industrie,
- 193 000 m3 de bois de feu.
Comparée à la production nette hors rémanents (forêt + peupleraies) évoquée précédemment
(1 130 1000 000 m3 de bois fort/an), cela correspondrait à un taux de prélèvement de 67 %, ce
qui représenterait une mobilisation déjà conséquente au regard du taux de gestion forestière de
53 %.
En forêt publique, le suivi des volumes exploités comparés aux objectifs de récolte fixés
dans les Directions Régionales d’Aménagement (DRA) et le Schéma Régional
d’Aménagement (SRA) permet d’estimer un volume supplémentaire récoltable, soit environ
55 000 m3/an, ce qui représenterait une augmentation de 24% par rapport à la récolte actuelle.
En forêt domaniale, le taux de récolte est déjà proche de l’objectif. En revanche, on constate
un écart important en forêt communale, lié aux phénomènes suivants : petite surface, faible
tradition forestière, priorité à la chasse, problèmes de desserte, crainte que la gestion des
peuplements ne perturbe la chasse.
1
Qui reste l’objectif du propriétaire forestier.
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En forêt privée, le Schéma Régional de Gestion Sylvicole (SRGS) ne mentionne pas
d’objectif chiffré pour la récolte, mais souligne le vieillissement et la capitalisation en volume
des peuplements et incite donc à « augmenter les prélèvements ». A propos du bois énergie, il
rappelle que « l’utilisation du bois énergie s’est développée…il est impératif de maîtriser les
coûts de transport et le rayon d’approvisionnement ».
Cas particulier des peupleraies
Pour le peuplier, les enquêtes annuelles de branche mentionnent une récolte de bois d’œuvre
de 100 000 à 120 000 m3 par an sur la période 2000-2005. La récolte globale en peuplier doit
se situer entre cette valeur et la récolte totale de bois d’œuvre « peuplier » et de bois
d’industrie « feuillus tendres », soit 180 000 à 210 000 m3 par an. Il n’est pas possible de
préciser plus ces volumes, car nous ne disposons pas de la part du peuplier dans les feuillus
tendres… Mais sans rentrer dans ces détails, le niveau de récolte en peuplier est nettement
supérieur à la production évoquée précédemment (73 000 m3/an).
Tableau 20 : Détail de la récolte du peuplier dans l’Aisne 2000-2006 (milliers de m3)
Bois d’œuvre « peuplier »
Bois d’industrie « feuillus tendres »
Total
2000
122
59
181
2003
93
82
175
2004
111
105
216
2005
122
88
210
2006
122
86
208
Source : Enquêtes annuelles de branche (DRAF)
3.1.1.2
a)
L’exploitation des forêts axoniennes
Gestion
La forêt publique
Les forêts publiques sont soumises au régime forestier et de fait gérées par l’Office National
des Forêts (ONF). On distingue les forêts :
-
domaniales, qui appartiennent à l’Etat. Elles sont nettement majoritaires dans l’Aisne
(30 000 ha en 15 massifs, soit une moyenne de 2 000 ha par forêt)
- des collectivités (6 000 ha pour 83 collectivités, soit une moyenne de 73 ha par
propriétaire).
En forêt domaniale, l’ONF encaisse les recettes issues de la gestion (coupes, location de
chasse…). Pour les autres forêts soumises, les recettes vont aux collectivités propriétaires,
l’ONF recevant des frais de garderie sur les ventes de bois et un versement compensateur de
l’Etat pour prendre en charge l’ensemble des frais de gestion (élaboration du document
d’aménagement forestier, marquage des bois, suivi des coupes, surveillance, missions
d’intérêt général). Ces mêmes collectivités valident chaque année les plans de coupe. Pour
l’étude, on retiendra qu’il est en général plus facile d’asseoir un approvisionnement
pluriannuel en plaquettes forestières sur des massifs domaniaux que sur des massifs
« collectifs ».
L’ONF, représenté par son agence de Picardie basée à Compiègne, rayonne sur l’ensemble de
la région. L’Agence organise la récolte de plus de 500 000 m3 de bois par an, dont environ
225 000 m3 issus des forêts publiques de l’Aisne, soit près de 45 % de la production
sylvicole pour seulement 30 % des surfaces.
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La forêt privée
La superficie de 96 7001 ha est aux mains de 56 000 propriétaires, soit une propriété moyenne
de 1,7 ha (voir tableau 11).
Le suivi de la gestion de la forêt privée est réalisé par le CRPF2 qui instruit les plans de
gestion et anime des réunions d’information pour diffuser les bonnes pratiques de gestion
forestière auprès des propriétaires. Les principaux gestionnaires en forêt privée sont :
-
Le Groupement Sylvicole Axonien (GSA), qui gère environ 26 000 ha, soit 30% de la
forêt privée totale. Cette superficie est détenue par 750 propriétaires adhérents, soit en
moyenne 35 ha par propriété. Le GSA met en vente environ 100 000 m3/an, dont 50 000
m3 de bois d’œuvre et 50 000 m3 de bois bûche et de bois d’industrie.
- La Coopérative Forestière du Nouvion, qui intervient dans le nord du département.
- Les experts forestiers, représentés par l’antenne Nord Picardie de la CNIEFEB3 (M.
Hibon).
Les massifs (forêt + peupleraies) dotés d’un plan simple de gestion (PSG) couvrent près de
37 000 ha, soit 38 % de la forêt privée.
Tableau 21 : Forêt privée et plans simples de gestion dans l’Aisne4
Avec PSG
Surface de la
Nombre
propriétaires
propriété
ha
> 25 ha
%
Sans PSG
Nombre
propriétaires
Surface (ha)
ha
%
ha
%
TOTAL
Surface (ha)
ha
%
Nombre
propriétaires
ha
Surface
%
ha
%
285
0,5
35 338
36,6
111
0,2
6 236
6,5
396
0,7
41 574
43
52
0,1
1 367
1,4
843
1,5
12 373
12,8
895
1,6
13 740
14,2
4 à 10 ha
-
-
-
-
2 071
3,7
12 530
13
2 071
3,7
12 530
13
< 4 ha
-
-
-
-
52 845
94
28 839
29,8
52 845
94
28 839
29,8
337
0,6
36 705
38
55 870
99,4
59 978
62
56 207
100
96 683
100
10 à 25 ha
TOTAL
Par ailleurs, certaines propriétés non soumises à un PSG sont gérées directement par leur
propriétaire ou par un tiers (coopérative, expert). Il est toutefois difficile d’avoir une
estimation précise de cette catégorie.
On peut cependant avancer que le taux de gestion en forêt privée est compris entre :
-
une limite inférieure de 38 % (1% des propriétaires), soit la surface totale de forêt soumise
à un PSG (36 705 ha) ;
- une limite supérieure de 70 % (6 % des propriétaires), soit la surface des propriétés
supérieures à 4 ha (67 844 ha). On considère en effet qu’en deçà de 4 ha, la gestion
forestière n’est pas rentable.
Dans la réalité, le taux de gestion des propriétés inférieures à 10 ha est en fait très faible. La
proportion de forêt gérée la plus probable est donc constituée par l’ensemble des propriétés
supérieures à 10 ha, soit une surface de 55 314 ha, ce qui représente 57 % de la surface totale
de la forêt privée (2,3 % des propriétaires).
1
86 800 ha de forêt + 9 900 ha de peupleraies
Centre Régional de la Propriété Forestière (établissement public à caractère administratif).
3
Compagnie Nationale des Ingénieurs et Experts Forestiers et des Experts en Bois.
4
Source : CRPF, 2007.
2
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Du fait de l’incertitude assez large en ce qui concerne la part de forêt gérée hors PSG, on
retiendra comme référence le taux minimum de gestion en forêt privée de 38%.
La part totale des forêts gérées
Ainsi, on estime que le taux de forêt gérée, toutes propriétés confondues, est aujourd’hui
au moins de 55%. C’est sur cette surface que se concentre la majeure partie de la récolte.
Tableau 22 : Surfaces de forêts gérées dans l’Aisne
Propriété
Surface
Publique
Totale
Gérée
Productive
1
Privée
Total
36 900
100 %
96 700
100 %
133 600
100 %
36 900
100 %
36 705
38 %
73 605
55 %
36 531
99 %
34 136
35 %
70 667
53 %
b) Conditions d’exploitation
Les conditions topographiques et la desserte des massifs forestiers sont favorables à
l’exploitation des forêts axoniennes :
-
la pente est inférieure à 30% sur 91% de la surface forestière,
la distance de débardage est inférieure à 500 m dans 75 % des cas, voire inférieure à 200
m dans 40 % des cas.
C’est en forêt publique que ces conditions globales d’exploitation sont les plus favorables.
Des progrès restent cependant à faire dans ce domaine ; ces thématiques sont traitées en
particulier dans le cadre de Plans de Développement de Massif qui analysent les besoins en
desserte forestière tous types de propriété confondus.
3.1.1.3
Définition et critères d’identification
La ressource cible pour la production de plaquettes forestières correspond à des peuplements
ou produits qui sont actuellement peu ou pas valorisés à travers les usages classiques de la
filière bois. Parmi ces produits ou peuplements, on peut ainsi citer : des taillis peu productifs,
des jeunes peuplements n’ayant pas atteint des diamètres commercialisables (jeunes
plantations ou jeunes futaies), des produits secondaires issus de l’exploitation comme les
houppiers ou les surbilles. Il s’agit donc majoritairement :
-
de produits de petits diamètres, compris entre 0 et 20 cm ;
de produits dont le prix du bois sur pied oscille entre 0 (de 0 à 7 cm) et 10 €/t (7 à 20 cm).
a) Potentiel bois énergie plaquettes et usages actuels
Aujourd’hui, les filières bois bûche et bois d’industrie valorisent pratiquement tous les bois
jusqu’à une découpe 7 cm, voire un peu moins pour la « charbonnette ». Si on veut
développer la production de plaquettes forestières sans perturber les usages existants, il faut
donc chercher à valoriser les peuplements non valorisés (ils sont rares) et surtout les
rémanents forestiers, correspondants aux sous-produits (branches, purges de grumes…)
abandonnés classiquement sur les coupes.
Mais la mobilisation des rémanents stricto sensu se heurte à plusieurs obstacles techniques :
1
Taux de forêt productive : 99 % en forêt publique et 93 % en forêt privée.
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-
les quantités récoltables par hectare sont souvent modestes. Or les retours
d’expérience sur les chantiers montrent qu’il faut mobiliser un minimum de 20 à 25 m3/ha
pour rentabiliser les travaux.
- la plaquette produite à partir de rémanents stricts1 présente un taux de fines
important, incompatible avec le bon fonctionnement de nombreuses chaufferies,
notamment de taille modeste.
Dans la pratique, on sera souvent amené à ajuster les découpes pour mobiliser suffisamment
de matière à transformer en plaquette.
Exemple
Prenons comme situation de référence une coupe où il est prévu de récolter
50 m3 de bois bûche, à partir de houppiers (branches). Cette estimation
s’entend pour une découpe 7 cm. Si on valorise l’intégralité des houppiers, on
peut mobiliser 40% de volume en plus, soit environ 70 m3 (cf. retour
d’expérience sur chantiers). On choisit alors de valoriser 50% en bûche et
50% en plaquettes. Le bilan financier montre alors un revenu supérieur pour
l’option plaquette, grâce à l’augmentation de volume mobilisé :
Recette option bûche :
Recette option plaquette :
50 m3 x 15 €/m3 = 750 €.
(35 m3 x 15 €/m3) + (35 m3 x 8 €/m3) = 805 €.
A travers cet exemple, on remarque que l’option « bûche + plaquette » permet de valoriser
plus de bois (70 m3 contre 50), ce qui constitue un des objectifs principaux de la politique
forestière française actuelle2.
Il faut aussi reconnaître que le volume valorisé en bûches va diminuer puisqu’il passera de 50
à 35 m3, occasionnant un « transfert d’usage » du bois bûche vers la plaquette. De manière
générale, il semble difficile de produire des plaquettes forestières sans susciter, au moins à la
marge, une concurrence avec les filières voisines (bois de feu, trituration).
D’ailleurs, l’arrêt de consommation de bois sur le site de Venizel illustre le lien existant avec
les autres filières. Dans ce contexte, le rôle du gestionnaire forestier et des pouvoirs publics
est de réguler ces transferts d’usage pour ne pas fragiliser les filières. Dans la pratique, cela se
traduit par le plafonnement des transferts d’usage (choix de coefficients lors de l’estimation
du potentiel bois-énergie3).
Il est également important de rappeler que la production de plaquettes forestières est rarement
le facteur de déclenchement d’une coupe. En effet, la production de plaquettes est, en
termes économiques, l’option la moins intéressante pour le gestionnaire forestier. Le
revenu est en général supérieur en cas de production de bois d’œuvre et lorsque les produits
d’éclaircie sont dirigés vers la trituration. La production de plaquettes constitue un revenu
complémentaire, mais qui nécessite, pour qu’elle soit rentable, de déchiqueter suffisamment
de volume à l’hectare.
1
C’est à dire produit < 7 cm de diamètre.
« Récolter plus en préservant mieux » est le « slogan » retenu lors du Grenelle de l’environnement par les
acteurs de la filière bois.
3
Cf. 3.1.1.5.
2
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Tableau 23 : Prix du bois sur pied selon le type de produit (€/m3)
Bois d’œuvre
de qualité
50-100
Petits sciages
25-40
Bois
d’industrie
15-25
Bois de feu
Plaquettes
10-15
< 10
Mais avant d’aborder la faisabilité technique de la mobilisation de rémanents, il faut dans un
premier temps analyser sa possibilité au regard des conditions du milieu naturel. En effet, on
observe une concentration des éléments minéraux dans les branches et la mobilisation de ces
produits peut avoir un impact négatif sur la fertilité des sols.
b) Potentiel bois énergie plaquettes et fertilité des sols
Le prélèvement des rémanents d’une parcelle s’accompagne d’une exportation des éléments
minéraux. Cette constatation doit néanmoins être relativisée : les modes d’exploitation
forestière contemporains amènent à laisser plus de bois sur la parcelle que les anciennes
pratiques sylvicoles ; de surcroît, l’essentiel des matières minérales est contenu dans les
feuilles et aguilles non exportées de la parcelle.
D’une manière générale, la production de plaquettes forestières doit être effectuée en fonction
des capacités du milieu, ce qui conduit à respecter les consignes suivantes :
-
éviter le déchiquetage des rémanents sur les terrains pauvres, notamment là où il est
envisagé une valorisation énergétique des peuplements peu productifs ;
- travailler hors sève ou laisser les rémanents ressuyer quelques mois sur le parterre de
coupe (chute des brindilles, feuilles ou aiguilles, ce qui permet un retour des éléments
minéraux au sol) ;
- si besoin, apporter une fertilisation compensatoire, notamment par recyclage des
cendres issues des chaufferies bois.
Il existe un guide de la récolte raisonnée des rémanents en forêt1, publié en 2005 par
l’AFOCEL (aujourd’hui FCBA). La réalisation de ce guide, financé par l’ADEME, a associé
une équipe pluridisciplinaire de forestiers, pédologues et naturalistes, issus de l‘AFOCEL,
l’INRA, l’UCFF et l’IDF. Des travaux complémentaires qui associent l’ONF sont en cours.
Grâce à une approche très opérationnelle pour la détermination des situations types, le guide
permet déjà de bien orienter les pratiques.
Ce guide décrit 3 grands types de situation2 :
-
Station sensible, en milieu acide, où il est déconseillé de récolter les rémanents sans
fertilisation ultérieure. L’ONF ayant choisi de ne pas recourir à la fertilisation, la récolte
de rémanents n’est pas envisagée dans les stations acides en forêt publique.
- Station intermédiaire, où il est conseillé de récolter les rémanents une seule fois dans la
vie du peuplement.
- Station riche, sur substrat calcaire par exemple, où il n’y a pas de limite pour la récolte
des rémanents.
Appliquée au département de l’Aisne, cette décomposition met en évidence que la récolte des
rémanents est écologiquement possible sur 92% des surfaces forestières. Ce pourcentage est
calculé à partir de la description des régions forestières réalisée par l’IFN2.
1
2
Ce guide est disponible sur le site de l’AFOCEL (www.afocel.fr).
Cf. Annexe 14.
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3.1.1.4
Types de gisement bois énergie plaquettes en forêt
a) Forêt publique
La sélection des gisements s’est portée sur des produits pas ou mal valorisés, à savoir :
- les houppiers,
- les coupes de taillis, notamment taillis à forte proportion de bois blanc,
- les premières éclaircies, éventuellement les dépressages.
Dépressage et éclaircie correspondent à des opérations de réduction de la densité du
peuplement, mais à des stades différents. Le dépressage intervient plus tôt dans la vie du
peuplement et génère des produits non commercialisés à ce jour. En revanche, les produits
d’éclaircie sont déjà commercialisés au niveau des filières bois bûche et/ou bois de trituration.
En pratique, les dépressages sont difficiles à valoriser en plaquettes forestières, pour plusieurs
raisons :
-
La mobilisation de ces produits est incertaine (coût et technique).
La qualité de la plaquette produite restreint ses usages. Le broyage de petits brins génère
en effet un taux de fine important, tolérable uniquement dans les grandes chaufferies.
b) Forêt privée
Les gisements qui permettront la production de plaquettes forestières en forêt privée sont les
suivants :
-
les taillis à forte proportion de bois blanc,
les coupes sanitaires dans les peupleraies (clone Beaupré notamment),
les houppiers.
3.1.1.5
Evaluation du potentiel par gisement
a) Forêt publique
En utilisant des coefficients d’estimation du potentiel bois-énergie en forêt publique1, on a
identifié un potentiel d’environ 21 000 t/an de bois énergie plaquettes dans les forêts
publiques de l’Aisne. Ce potentiel représente environ 25 000 m3 sur pied, soit près de 11% de
la récolte actuelle en forêt publique.
Ce potentiel est majoritairement constitué de feuillus (95%) et de houppiers (62%).
Sur ces 21 000 t/an, la récolte supplémentaire s’élève à 30 % (40/140) de rémanents, soit
environ 6 000 t/an ; 15 000 t/an seraient donc « détournées » d’usages actuels. Ce tonnage est
marginal au regard des consommations régionales des filières bois d’industrie (> 0,3 Mt) et
bois bûche (> 0,2 Mt).
Ce potentiel correspond au niveau de récolte actuelle observée en forêt publique. Ce potentiel
passerait à environ 26 000 t/an, si le niveau de récolte atteignait les objectifs consignés dans
les DRA et SRA2.
b) Forêt privée
Le potentiel à moyen terme (5 ans) est estimé à environ 10 % de la récolte commercialisée
actuellement, soit 56 000 m3/an ou 45 000 t/an. Cette mobilisation serait conditionnée en
1
2
Cf Annexe 15.
+13% (27/208) en forêt domaniale et +159% (27/17) en forêt communale.
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bonne partie par des investissements supplémentaires en matériel d’exploitation, l’extension
de mandats de gestion et l’amélioration de la desserte.
A court terme (2 ans), le potentiel en bois énergie mobilisable peut être estimé à 12 000
t/an, essentiellement à partir de l’activité de GSA et de certains gros exploitants. La récolte
anticipée de peupliers interaméricains en mauvaise santé constitue un gisement prioritaire.
On peut considérer que ces gisements correspondent essentiellement à du bois non valorisé
aujourd’hui.
c) Synthèse potentiel bois énergie1
En première approche, le potentiel bois énergie en forêt axonienne à court terme est estimé
à 33 000 t/an, dont 21 000 t/an en forêt publique et 12 000 t/an en forêt privée.
Ce potentiel correspond à un potentiel mobilisable à court terme (quelques années), pour
lequel il est possible d’obtenir des engagements de la part de fournisseurs.
Les fournisseurs possibles sont notamment :
-
le GSA, à travers GCF ;
ONF Energie (filiale de l’ONF) ;
Les entreprises de travaux et exploitants forestiers, trois entreprises disposant actuellement
d’un broyeur de forte capacité (Dargent, Agribois et Environnement Forêt) ;
Notons que les principaux exploitants forestiers du département (Idelot…) pourraient à terme
être intéressés par la production de plaquettes pour l’énergie.
En forêt publique, ce potentiel à court terme ne semble pas très extensible au regard du niveau
de récolte actuel.
Il existe en revanche des possibilités d’augmentation de récolte en forêt privée (environ
33 000 t supplémentaires par an), mais elles dépendront de l’extension de mandats de gestion,
de la réalisation d’investissements (desserte, place de dépôts, reboisements) et surtout de
l’engagement des acteurs.
Il faut signaler que ce potentiel à court terme est identifié dans un contexte où la production
de plaquettes forestières est marginale dans l’Aisne (quelques centaines de tonnes par an). Ce
potentiel devra être revu à la lumière des premiers grands chantiers (plusieurs milliers de
tonnes par an).
Tableau 24 : Potentiel brut et potentiel net en Bois Energie dans l’Aisne (tonnes/an)2
Terrains
domaniaux
Potentiel brut 2008
1
2
20 000
Terrains
communaux
1 000
Terrains
privés
Total
12 000
33 000
Projets locaux 2011
+ 10 000
43 000
Projets CREII 2011
+ 12 000
55 000
Potentiel net 2012
+ 11 000
66 000
Cette synthèse ne prend pas en compte les haies, qui sont traitées séparément (cf 1.2.1).
N.B. 1 t à 40% d’humidité correspond à un PCI de 2,8 MWh.
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3.1.1.6
Comparaison avec des études déjà réalisées
a) Etude IFN – SOLAGRO 2005 (Aisne)
En 2005, le consortium IFN-SOLAGRO a publié une étude sur la disponibilité en bois énergie
plaquettes au niveau national, avec une déclinaison par département et par niveau de prix.
D’après cette étude1, le potentiel en plaquettes forestières mobilisables à un coût maximum de
20 €/MWh est estimé à environ 232 000 t/an. On constate un écart d’un facteur 8 avec le
potentiel identifié à court terme dans le cadre de cette étude (33 000 t/an). Cet écart se réduira
sans doute à un facteur 4 avec la mobilisation des « gisements à moyen terme » en forêt
privée (+ 30-40 000 t/an). Mais ces différences restent conséquentes et illustrent une mauvaise
prise en compte des contraintes d’exploitation et des usages concurrents.
b) Etude GSA 2005 (Aisne)
En partenariat avec l’ADEME Picardie et le Conseil Général de l’Aisne, le GSA a mené des
actions dans le domaine du bois énergie sur la période 2004-2005. Parmi ces actions, on peut
citer l’élaboration d’une plaquette « Bois Energie », l’insertion d’une rubrique bois énergie au
niveau du site www.forêt-aisne.com, la réalisation de chantiers tests de production de
plaquettes (Coincy et Brécy), l’assistance technique au montage de certains projets et la
réalisation d’une étude sur le potentiel bois énergie dans le département.
Cette étude a dans un premier temps pré-identifié une série de peuplements cibles pour la
production de plaquettes forestières, à savoir : des taillis simples exploitables, des taillis
simples non exploitables, des taillis exploitables pauvres en réserve et des taillis non
exploitables pauvres en réserve. Puis des questionnaires destinés à apprécier le volume
mobilisable par propriété ont été adressés aux membres du GSA et du Syndicat des
Propriétaires Forestiers de l’Aisne, avec un taux d’échantillonnage d’environ 4 %. L’étude ne
semble pas avoir publié de résultats précis sur la disponibilité en bois énergie. Néanmoins,
cette étude a permis d’identifier un réseau de propriétés privées au sein desquelles il serait
possible de démarrer rapidement une production de plaquettes forestières.
3.1.1.7
Itinéraires de production
a) Généralités
Il existe une grande variété d’itinéraires techniques de production de plaquettes. Quelques
grands principes permettent cependant d’orienter les choix et de hiérarchiser les itinéraires :
-
-
-
1
limiter les opérations. Toute opération a un coût supplémentaire qui se répercutera au
final et diminuera la compétitivité de la plaquette produite. Plus concrètement, cela veut
dire travailler au maximum en flux tendu en réduisant les phases de stockage et reprise ;
manipuler un combustible le plus sec possible, ce qui évite de transporter de l’eau et
donne une meilleure valeur ajoutée au produit final ;
travailler avec du bois propre, non souillé par de la terre ou des cailloux, pour éviter les
phénomènes de vitrification en chaufferie. Ce qui implique le plus souvent un débardage
au porteur ;
les conditions d’exploitation dictent le plus souvent les techniques à employer.
Cf. Annexe 16.
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b) Principaux itinéraires techniques
Les grandes étapes
- abattage ;
- débardage ;
- broyage ;
- Transport 1 ;
- Stockage ;
- Transport 2.
En italique : opérations facultatives.
Localisation du broyage
La localisation du broyage dans la chaîne globale de production implique des itinéraires et des
choix de matériels différents1. On distingue :
-
Le broyage sur parcelle, réalisé par des broyeurs automoteurs, adapté à des gros
chantiers (matériel coûteux) et des conditions topographiques favorables. Au delà de 15%
de pente, l’engin est déconseillé. Son spectre d’action est donc réduit donc un contexte de
marché émergent. Son avantage est de pouvoir mobiliser plus de volume, car il n’y a pas
de débardage.
Figure 3 :
-
1
Broyage sur parcelle
Le broyage bord de route, effectué par des broyeurs le plus souvent montés sur châssis
de camion. C’est l’itinéraire le plus fréquent aujourd’hui en France, avec des broyeurs de
forte capacité (> 300 CV).
Cf. Annexe 17.
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Figure 4 :
Broyage en bord de route
-
Le broyage sur place de dépôt ou plate forme. On utilise cet itinéraire, lorsque que les
gisements sont très disséminés et/ou que les accès aux massifs forestiers sont discontinus
(zone de montagne).
Dans tous les cas, on a intérêt à prévoir une phase de ressuyage des bois après abattage, de 4
à 6 mois, pour que le taux d’humidité avant broyage avoisine 35-40%.
La variation des coûts dépendra essentiellement des conditions d’exploitation (abattage,
débardage) et de la nécessité de transporter les produits jusqu’à une aire de dépôt.
La production de plaquettes forestières avec un engin type fagotteuse n’a pas été envisagée
ici, car cette technique est en cours de test sur le territoire et qu’elle concerne surtout des
coupes rases sur des massifs importants, ce qui est peu fréquent dans l’Aisne.
c)
Exemples de chantier dans l’Aisne
Forêt privée : chantier test GSA 2004 – Bois de Jouvence à Brécy
- Taillis de bois blanc.
- Coupe rase sur 3,7 ha.
- Production : 550 t de plaquettes.
Itinéraire : abattage + broyage sur parcelle (Silvatec) + stockage intermédiaire sur place de
dépôt à l’air libre
d) Coûts de production
En ajoutant 10 à 15 €/tonne de transport, le coût de production des plaquettes forestières
s’élève à 53-56 €/t à 40% d’humidité (2,7 MWh/tonne), soit 19-21 €/MWh entrée chaufferie.
Cela correspond à un prix minimum, en flux tendu. Un passage par une plate forme entraînera
au minimum un surcoût de 10 €/t.
Si le produit a ressuyé (stockage en forêt de trois à six mois), le pouvoir calorifique est plus
élevé (de l’ordre de 3 MWh/tonne) et le coût de production, mieux maîtrisé : 17 à 19 €/MWh
entre chaudière.
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Tableau 25 : Décomposition du coût de la plaquette forestière1 (PCI : 2,7 MWh/t)
€/t
Prix d’achat du bois sur pied
€/MWh
5-10
1,8-3,7
Débardage
20
7,4
Broyage
10
3,7
3
1,1
38-43
14,0-15,9
Frais de gestion
Total
Enfin, on retiendra qu’un approvisionnement pour des chaufferies consommant plusieurs
milliers de tonnes de plaquettes forestières coûtera entre 17 et 19 €/MWh. Les chaufferies de
petite puissance consommant quelques centaines de tonnes par an nécessitent un combustible
sec (25%), c’est-à-dire une rupture de charge qui entraînera un surcoût : la fourchette sera
comprise entre 20 et 24 €/MWh.
3.1.1.8
Conclusion
En conclusion, la production de plaquettes forestières est envisageable dans le département de
l’Aisne. On retiendra les points suivants :
Des forêts productives, le taux d’accroissement moyen étant de 9,5 m3/ha/an (comparé à
la moyenne nationale de 6).
- Une gestion dynamique de la forêt et un taux de récolte déjà conséquent (67%, à
comparer avec la moyenne nationale de 60%), mais encore en deçà des objectifs régionaux
de gestion forestière.
- Une forte capacité en exploitation forestière.
- Des incertitudes à court terme sur certains débouchés, avec l’arrêt de la consommation
de bois du site de Venizel (et les perspectives à moyen terme d’arrêt de la production de
pâte à papier par M. REAL-76).
- Une production/consommation embryonnaire de plaquettes forestières, de l’ordre de
1 000 tonnes par an sur le département.
- Une disponibilité à court terme de 33 000 t/an et de 66 000 t/an à moyen terme.
- Un coût de production des plaquettes forestières se situant, selon le type d’usage, entre
17 et 24 €/MWh.
- Un besoin supplémentaire probable de bois bûche, de l’ordre de 10 000 à 15 000
stères/an si les achats d’appareils de chauffage au bois continuent leur progression.
Dans le contexte de l’arrêt de la consommation de bois par la papeterie de Venizel, le
développement d’une filière bois énergie représente une réelle opportunité pour la forêt
axonienne.
-
1
Cf Annexe 18 pour le détail du coût de broyage.
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3.1.2 Les plaquettes bocagères
3.1.2.1
Les haies bocagères
La possibilité de mobiliser une quantité de biomasse plus importante passe essentiellement
par la modernisation de l’entretien des haies. Celui-ci est aujourd’hui dépendant de deux
« réalités » antagonistes :
-
d’un coté, la volonté de certains agriculteurs d’entretenir les haies afin de récupérer et
valoriser une ressource ;
- d’un autre côté, la contrainte pour certains d'un chantier qui présente un coût élevé
(mobilisation de temps et de matériel, besoin en main-d’œuvre).
En termes de valorisation de la biomasse, on peut envisager deux scénarii :
-
une production majoritaire de bois bûche, complétée par une production annexe de
plaquettes bocagères, à partir du broyage des rémanents avec un broyeur à alimentation
manuelle (en bord de champ) ;
- une production intégrale de plaquettes au moyen d’un broyeur de forte capacité à
alimentation automatique ; ce scénario nécessite une réorganisation des chantiers
d’entretien (externalisation) autour de l’utilisation partagée du broyeur1.
Une étude réalisée par Biomasse Normandie a montré que la seconde option permettait de
réduire sensiblement les coûts de production unitaires (environ 48 €/t2 de plaquettes dans le
second cas contre 88 €/t dans le premier). Plusieurs facteurs expliquent cette différence :
-
les chantiers d'abattage ont une productivité plus importante dans la mesure où certains
temps consacrés précédemment à la manutention sont supprimés (façonnage des perches,
coupe des rémanents) ;
- le broyage des perches de gros diamètres permet une augmentation du débit et donc, un
amortissement des charges financières et ce sur une plus grande quantité de plaquettes de
bois.
De plus, les équipements dédiés au broyage du bois (broyeur, grue à grappin, remorques
élévatrices, bennes) peuvent bénéficier de subventions de la part des collectivités territoriales
et de l'ADEME. Même si l'impact de ces subventions sur le coût de production est
relativement faible3 (2 à 3 € HT/t), elles permettent néanmoins de limiter les risques en phase
de démarrage dans l'attente d'une montée en puissance du projet.
L’abandon de la production de bois buche au profit de la production intégrale de plaquettes
(externalisation de l’entretien des haies agricoles) est donc une solution intéressante, mais elle
nécessite de lourds investissements, et doit donc fédérer de nombreux agriculteurs. Cette
activité doit s’appuyer sur plusieurs types de structures : CUMA, Groupement sylvicole
axonien, exploitants forestiers, entreprise de travaux forestiers ou agricoles….
3.1.2.2
Les vignes et vergers
a) Types de chantier
Dans l’entretien de la vigne et des vergers, il convient de distinguer deux principales phases :
1
L’acquisition du broyeur est en général réalisée par une CUMA (Coopérative d’Utilisation de Matériel
Agricole).
2
Prix de revient « rendu chaufferie », soit 17-18 € HT/MWh.
3
Les aides concernent généralement moins de 40 % du montant des investissements.
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-
la taille annuelle, qui aboutit à la production de sarments et de branches de petit diamètre,
en général brûlé en bord de champ ;
- les arbres dessouchés à l’occasion du renouvellement des peuplements.
Dans le premier cas de figure, la valorisation vers l’énergie des tailles annuelles est pénalisée
par les faibles volumes obtenus par hectare et une qualité médiocre, en général altéré par la
présence de cailloux et de terre. Dans le second cas, les flux sont bien plus importants : de
l’ordre de 50 t/hectare. L’organisation des chantiers apparaît plus rationnelle, notamment au
plan économique.
b) Coûts
Dans le Sud Manche (Basse-Normandie), des essais ont permis d’estimer le coût moyen de
production de plaquettes à environ :
-
55-60 € HT/t livrée sur plateforme ou en chaufferie (soit 18-20 € HT/MWh) pour les
chantiers de taille de vergers ;
30-35 € HT/t livrée (soit un peu plus de 10-12 € HT/MWh PCI), dans le cas du
renouvellement de parcelles.
c) Optimisation des conditions
Dans le but de valoriser le bois issu de l’arrachage et de la taille des vignes et vergers, des
mesures visant à améliorer l’organisation des chantiers de broyage pourraient être mises en
œuvre, afin d’optimiser :
-
-
optimiser le fonctionnement des broyeurs dans le but de les utiliser au plus près de leur
capacité maximale de production (chantier préparé, deux engins de manutention sur les
chantiers, rangement des tailles…) ;
éviter les impuretés (mottes de terre, herbes…) qui gênent considérablement le
fonctionnement du broyeur et altèrent la qualité des combustibles ;
remplir au mieux les bennes assurant l’acheminement du bois depuis le chantier jusqu’à la
plateforme ou la chaufferie (le transport représente près de 20 % du coût de production des
plaquettes).
Ces optimisations permettraient d’abaisser les coûts de production de plaquettes à 1012 € HT/MWh PCI livré pour le renouvellement de parcelles et 15 €HT/MWh PCI livré pour
la taille.
La mise en œuvre de ces mesures passe essentiellement par des actions de communication
visant à sensibiliser les exploitants agricoles, en étroite relation avec la Chambre
d’agriculture, les groupements de valorisation agricole, l’AAAT…
3.1.2.3
Conclusion
Avec le concours de l’AAAT, la production de plaquettes agricoles pourrait être envisagée à
plus grande échelle. Pour permettre une production à des coûts proches des plaquettes
forestières, il convient d’adopter des moyens techniques semblables à ceux utilisés en forêt.
L’ensemble de la perche doit être broyé et la production de bûches, abandonnée.
On peut estimer néanmoins que la production de plaquettes agricoles proviendra
principalement des peupleraies, et notamment du déchiquetage de la surbille (qui n’est pas
valorisée) et des rémanents. Notons que le bois énergie peut constituer un débouché pour les
peuplements de Beaupré malades ; toutefois, le prix d’achat ne sera pas comparable à celui
proposé par les industries du déroulage et de la trituration.
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Dans les deux cas de figure, le coût de production de plaquettes agricoles s’élève à 17-18
€ HT/MWh, auxquels il convient d’ajouter un coût de transport.
Notons enfin que la ressource provenant de la vigne et des vergers reste marginale ;
néanmoins, la gestion des tailles annuelles et du renouvellement des peuplements suscitent
des coûts importants pour l’agriculteur. Un écoulement vers l’énergie constitue un moyen de
réduction de cette charge.
3.1.3 Les plaquettes urbaines et assimilées
3.1.3.1
Bois d’élagage et d’abattage
L’énergie constitue également une voie de valorisation encore peu développée mais
relativement simple à mettre en œuvre (mise à disposition de bennes de 20, 30 ou 40 m3 dans
les services techniques des villes, ouverture aux professionnels du paysage de plates-formes
associée à un prix d’achat…).
3.1.3.2
Refus de criblage
Un audit national de 100 plates-formes de compostage1 a permis de constater que la
valorisation des refus de criblage est très variable selon les sites et dépend principalement de
la présence ou non d’un débouché énergétique permettant de valoriser ce sous-produit.
Le syndicat départemental de traitement des déchets ménagers de l’Aisne (Valor’Aisne), qui
exploite 2 plateformes de compostage sur le département, précise que les refus de criblage
sont simplement broyés et réintégrés au processus de compostage.
On peut envisager que l’émergence de projets de chaufferies bois suscitera à terme la mise en
place de moyens permettant de récupérer et de valoriser ces refus de criblage.
3.2 Les produits connexes
3.2.1 Première transformation
La papeterie de Venizel consommait annuellement de l’ordre de 13 000 t/an de produits
connexes en provenance de l’Aisne et des autres départements picards. Le programme de
développement du bois énergie constitue donc une opportunité pour les scieurs du
département de l’Aisne.
Le développement du sciage à l’échelle départementale pourrait constituer un enjeu pour les
professionnels de la filière. En effet, l’essentiel du bois d’œuvre est exporté et transformé en
dehors des frontières départementales. Une augmentation de la capacité de production des
scieries de 30 % (pour revenir à un niveau de consommation du début des années 2000)
aboutirait à moyen terme à la production de 15 000 t/an de produits connexes
supplémentaires.
1
Audit des plates-formes de compostage de déchets organiques en France (coordonnée par Biomasse
Normandie et CEDEN – décembre 2007)
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3.2.2 Seconde transformation
La mobilisation des sous-produits de la seconde transformation du bois vers une filière boisénergie passe par plusieurs actions :
-
La mise en place de bennes de collecte dédiées au bois dans les entreprises produisant un
tonnage de connexes suffisamment important (20 salariés et plus)1.
- La sensibilisation des entreprises de plus petite taille (moins de 20 salariés) à l’évacuation
des connexes vers les voies de collecte existantes. Il est également important de référencer
les entreprises désireuses d’adhérer à cette démarche, afin d’envisager la mise en place de
circuits de collectes spécifiques auprès de ces entreprises.
Il faut noter que le Grenelle de l’environnement prévoit la mise en place d’une TGAP2 de
20 €/t pour l’enfouissement de déchets. Il sera donc dans l’intérêt des professionnels de
chercher à valoriser au maximum leurs produits connexes.
3.2.3 Conclusion
A court terme, les quantités de produits connexes disponibles pour l’énergie s’élèvent à
13 000 t/an. Les prix d’achat correspondent à ceux de la papeterie de Venizel, soit 28 à 32
€/tonne pour les plaquettes (10-12 €/MWh, départ usine). Les écorces (de l’ordre de 4 000
t/an) pourraient également être valorisées localement, au moins pour une partie.
Enfin, le développement du sciage à l’échelle départementale pourrait à moyen terme dégager
de l’ordre de 15 000 t/an de produits connexes de scieries supplémentaires.
3.3 Les bois en fin de vie
Les emballages lourds et légers en bois sont très partiellement mobilisés actuellement. Une
part importante est très probablement reprise par les particuliers. Par ailleurs, d’autres déchets
de bois de classe A pourraient rapidement être collectés séparément par les professionnels du
déchet dans l’hypothèse d’une mise en place d’un débouché local. En effet, l’existence de
chaufferies bois est un élément déclenchant de la mise en place de moyen de collectes des
déchets de bois. Pour exemple, Veolia propreté indique collecter auprès des entreprises (hors
déchèteries) environ 20 000 t/an de bois sur la Normandie (soit 6,1 kg/habitant), région phare
en ce qui concerne le nombre de chaufferies bois/habitant, contre seulement 7 000 t/an en
Picardie (3,7 kg/habitant) et 6 000 t/an dans le Nord-Pas de Calais (1,5 kg/habitant), régions
où le nombre de chaufferies collectives au bois est beaucoup plus faible (voire quasi-nul pour
la Picardie).
Très peu de déchèteries sont par ailleurs équipées d’une benne à bois dans l’Aisne. La
quantité de déchets de bois mobilisable dépend de la mise en place d’une collecte adaptée. On
peut estimer à terme que 3 000 à 5 000 t de déchets de bois (actuellement mélangés avec le
tout-venant) pourraient être détournées des centres d’enfouissement techniques.
Les déchets de bois issus des chantiers de construction et de démolition ne sont pas
actuellement extraits. Pour l’essentiel, ces produits sont donc stockés en décharge. La
mobilisation de cette ressource est difficile ; elle est étroitement liée à la production de
1
Les entreprises de moins de 20 salariés valorisent en interne les déchets de bois (chaudière, poêles à bois…) ou
proposent à leurs ouvriers ces produits pour couvrir leurs propres besoins énergétiques.
2
Taxe générale sur les activités polluantes.
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granulats recyclés et à l’obligation de conduire des chantiers respectueux de l’environnement,
par exemple au travers de la démarche haute qualité environnementale.
Il faut enfin rappeler que seuls les déchets de bois de classe A sont valorisables en chaufferie
collective. Les déchets de bois de classe B (ou en mélange) doivent être orientés vers les
chaufferies industrielles équipées de traitement des fumées adaptés, les déchets devant au
préalable subir un conditionnement dans une usine de traitement spécifique.
3.4 Bilan
Tableau 26 :
Flux mobilisables à court et moyen terme (tonnes/an de matière brute)
Flux mobilisés
Plaquettes forestières
Plaquettes agricoles
Plaquettes urbaines
Haies bocagères
Vignes/vergers
Peupleraies
Bois d’abattage
Bois d’élagage
Refus de criblage
Produits connexes
Bois en fin de vie
Emballages/DIB
Encombrants des
ménages
Démolition
Total
CONSEIL GENERAL DE L’AISNE
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0
1 000
0
0
0
Flux mobilisables
A court terme
A moyen terme
30 000
60 000
2 000
3 000
5 000
10 000
15 000
30 000
5 000
5 000
0
5 000
10 000
3 000
5 000
15 000
10 000
30 000
10 000
1 000
3 000
5 000
0
10 000
0
90 000
4 000
170 000
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4 Liste des annexes
Annexe 1 – Description de la forêt axonienne par Région IFN.............................................. 1
Annexe 2 – Répartition de la propriété forestière dans l’Aisne............................................... 2
Annexe 3 - Types de peuplements forestiers dans l’Aisne ....................................................... 3
Annexe 4 – L’utilisation des combustibles agricoles en chaufferie ........................................ 4
Annexe 5 – Liste des déchèteries de l’Aisne........................................................................... 17
Annexe 6 – Evolution de la récolte de bois dans l’Aisne ....................................................... 19
Annexe 7 – Estimation des flux de produits connexes de scieries......................................... 20
Annexe 8 – Résultats de l’enquête « première transformation du bois ».............................. 21
Annexe 9 – Produits connexes de la première transformation du bois................................. 22
Annexe 10 – Produits connexes de la seconde transformation du bois ................................ 23
Annexe 11 – Résultats de l’enquête « seconde transformation du bois » ............................. 24
Annexe 12 – Codes APE de la seconde transformation du bois............................................ 25
Annexe 13 – Résultats de l’enquête menée auprès des services espaces verts des communes
de l’Aisne ................................................................................................................................. 26
Annexe 14 – Caractérisation des stations pour la récolte des rémanents ............................. 27
Annexe 15 – Evaluation du potentiel bois-énergie plaquettes en forêt publique ................. 28
Annexe 16 – Données de l’étude IFN – SOLAGRO 2005 (Aisne)........................................ 29
Annexe 17 – Matériel de broyage et débardage ..................................................................... 31
Annexe 18 – Décomposition du coût de déchiquetage en bord de route............................... 32
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