Nutrition et spermatozoïdes
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réalités en gynécologie-obstétrique # 170_Novembre/Décembre 2013 Le dossier Nutrition et fertilité Nutrition et spermatozoïdes Résumé : L’infertilité touche environ 15 % des couples qui cherchent à obtenir une grossesse. Dans 20 à 50 % des cas, on retrouve une anomalie de la qualité du sperme ou un facteur masculin d’infertilité. Dans plus de 15 % des cas, la cause de l’infertilité demeure inconnue. De nombreux facteurs concernant le mode de vie et l’environnement sont susceptibles d’agir sur la fertilité masculine en provoquant des altérations spermatiques, aussi bien en termes de quantité que de qualité. Parmi ces facteurs, le poids et l’état nutritionnel des partenaires masculins de couples infertiles suscitent un intérêt récent et croissant. Dans cette revue, nous décrirons les relations entre poids et infertilité masculine, puis nous évoquerons les principaux nutriments impliqués dans la fertilité masculine. U ➞N. SERMONDADE 1, 2 , C. FAURE1,2, C. DUPONT1,2, P. LEVEILLE1,2, S. HERCBERG2,3, S. CZERNICHOW4, R. LeVY1,2 1 Service d’Histologie – Embryologie – Cytogénétique – Biologie de la Reproduction – CECOS, Hôpital Jean-Verdier, BONDY. 2 Unité de Recherche en Épidémiologie Nutritionnelle, UMR U557 Inserm, U1125 Inra, Cnam, Université Paris 13, CRNH IdF, BOBIGNY. 3 Département de Santé Publique, Hôpital Avicenne, BOBIGNY. 4 Unité de Nutrition, Hôpital Ambroise-Paré, BOULOGNEBILLANCOURT. ne diminution de la qualité du sperme a été observée, dès 1980, confirmée par des méta-analyses, puis pondérée par la prise en compte de différents facteurs méthodologiques et environnementaux. Parallèlement, le pourcentage d’adultes, mais aussi d’enfants, en surpoids ou obèses, croît de façon importante. De fait, plus d’un homme sur deux en âge de procréer apparaît en surpoids (38,5 %) ou obèse (13,9 %). Les données récentes de la littérature soulignent l’impact du poids de l’homme sur la fonction de reproduction, la fertilité, et en particulier, sur la qualité du sperme. De plus, le type de nutriments, seuls ou associés dans le cadre d’une alimentation spécifique, semble également avoir un impact sur la qualité du sperme. Ainsi, il apparaît important de prendre en compte le comportement alimentaire du conjoint lorsqu’il existe un désir d’enfant. oids et indice de masse [ Pcorporelle (IMC) La relation entre poids (et/ou IMC) et fertilité a fait l’objet de nombreuses études chez la femme, mais a longtemps été négligée chez l’homme. Les conséquences d’un IMC élevé sur la fertilité masculine et/ou la concentration spermatique a fait l’objet en 2008 d’une revue de la littérature [1]. Trois études épidémiologiques de grande envergure se sont intéressées au lien entre l’IMC et la fertilité masculine. Malgré des biais, elles retrouvent une relation dose-effet entre l’IMC et l’hypofertilité masculine, ainsi qu’un effet plateau au-delà d’un IMC de 35 kg/m² [2-4]. Des études portant sur des couples infertiles indiquent également une relation entre poids et/ou IMC et paramètres spermatiques (tableau I). La plupart observent une altération des paramètres spermatiques associée à l’IMC, avec souvent un plateau observé pour des IMC élevés (> 30 kg/m2), voire très élevés (35 kg/m2) : diminution de la concentration ou de la numération totale en spermatozoïdes, diminution du nombre de spermatozoïdes mobiles, augmentation des formes atypiques de spermatozoïdes, voire augmentation de la fragmentation de l’ADN des spermatozoïdes. Ces résultats demeurent controversés. Par ailleurs, les effectifs souvent réduits, le manque d’homogénéité des populations, l’hétérogénéité des critères étudiés rendent difficile toute compa- 11 réalités en gynécologie-obstétrique # 170_Novembre/Décembre 2013 Le dossier Nutrition et fertilité Population étudiée N Résultats Jensen et al. 2004 [22] Hommes sains 1558 Diminution des concentration et numération totale si IMC >25 ou <20. Sekhavat et al. 2010 [23] Hommes sains 852 Corrélation négative entre l’IMC et la concentration et la mobilité spermatique. Kort et al. 2006 [24] Hommes de couples infertiles 520 Diminution du nombre de spermatozoïdes mobiles et augmentation de la fragmentation de l’ADN en cas de surpoids ou d’obésité. Hammoud et al. 2008 [25] Hommes de couples infertiles 526 Plus d’oligo-asthénotératospermie (OAT) en cas de surpoids ou d’obésité. Risque relatif de présenter une OAT = 3,3 en cas d’obésité. Chavarro et al. 2009 [26] Hommes de couples infertiles 483 Diminution de la numération totale et augmentation de la fragmentation de l’ADN en cas d’IMC >35. Martini et al. 2010 [27] Hommes de couples infertiles 794 Corrélation négative entre l’IMC et la mobilité spermatique. Tunc et al. 2011 [28] Hommes de couples infertiles 81 Li et al. 2009 [29] Hommes sains 1346 Pas de lien entre l’IMC et le sperme. Aggerholm et al. 2008 [30] Fertiles + infertiles 2139 Pas de lien entre l’IMC et le sperme. Duits et al. 2009 [31] Hommes de couples infertiles 1401 Pas de lien entre l’IMC et le sperme. Rybar et al. 2011 [32] Hommes de couples infertiles 153 Pas de lien entre l’IMC et le sperme. Relwani et al. 2011 [33] Hommes de couples infertiles 530 Pas de lien entre l’IMC et le sperme. Diminution de la concentration spermatique en cas d’IMC élevé. Augmentation des radicaux libres oxygénés dans le plasma séminal en cas d’IMC élevé. Tableau I : Principales publications évaluant les relations entre poids et/ou IMC et paramètres spermatiques. IMC : Indice de Masse Corporelle, OAT : oligo-asthénotératospermie. raison. Ainsi, une méta-analyse publiée en 2010 sur ce sujet ne retient que cinq publications et ne parvient pas à démontrer un effet du poids sur les paramètres spermatiques [5]. Plusieurs hypothèses physiopathologiques ont été émises afin d’expliquer le lien entre obésité et infertilité masculine. La première est une atteinte de l’axe hypothalamo-hypophysaire, avec diminution de l’amplitude des pulses de Lutenizing Hormone (LH) et diminution de la production de Gonadotropin Releasing Hormone (GnRH) par l’augmentation des endorphines. De plus, un hypogonadisme hypogonadotrope hyperœstrogénique est observé chez l’homme obèse par aromatisation des stéroïdes en œstrogènes dans les tissus périphériques. Certains auteurs ont également suggéré que l’obésité pourrait avoir un rôle direct dans l’altération de la spermatogenèse et de la fonction sertolienne. La leptine, hormone peptidique produite et secrétée 12 par le tissu adipeux, et l’insuline, dont les récepteurs sont présents à la surface de la membrane spermatique, pourraient également être impliquées. La troisième hypothèse implique l’augmentation de la température scrotale, par accumulation de graisse au niveau des hanches et de l’abdomen, entraînant des perturbations de la spermatogenèse. De plus, l’accumulation préférentielle dans les tissus graisseux de substances toxiques et de perturbateurs endocriniens liposolubles majorerait ces perturbations. Enfin, peu de données sont disponibles concernant l’effet de la perte du poids sur les paramètres spermatiques. Une étude récente sur 43 hommes obèses indique que la perte de poids par régime et exercice physique augmenterait la numération spermatique et améliorerait la morphologie [6]. En revanche, la perte de poids par chirurgie bariatrique semble s’accompagner d’une dégradation des paramètres spermatiques, au moins dans les mois qui suivent l’intervention chirurgicale [7]. [ Alcool Les effets de l’alcool sur la fertilité masculine restent controversés. La plupart des études suggèrent que l’intoxication alcoolique chronique affecterait la fertilité masculine, avec une altération des différents paramètres spermatiques. Quelques cas d’azoospermie réversible après sevrage alcoolique ont été rapportés [8]. Les facteurs impliqués dans la détérioration des paramètres spermatiques au cours de l’intoxication alcoolique chronique massive sont mal connus. L’alcool interférerait avec la fonction des trois niveaux de l’axe hypothalamo-hypophyso-gonadique, avec surtout un hypogonadisme hypergonadotrope lié à une atteinte toxique directe des cellules de Leydig et de Sertoli par l’éthanol lui-même ou par ses produits de dégradation. Des facteurs de prédisposition génétique expliqueraient les grandes variations interindividuelles observées et l’hétérogénéité des conséquences de l’intoxication sur les paramètres spermatiques. réalités en gynécologie-obstétrique # 170_Novembre/Décembre 2013 [ Métaux et minéraux 1. Zinc Le zinc, oligo-élément essentiel pour la spermatogenèse, exerce un rôle important dans le développement testiculaire et conditionne certaines caractéristiques des spermatozoïdes (concentration, mobilité et vitalité) ainsi que leurs fonctions (réaction acrosomique, décondensation de la chromatine). La concentration séminale en zinc serait plus faible chez les hommes infertiles. La supplémentation en zinc aurait un effet bénéfique pour la prise en charge d’hommes infertiles [9]. 2. Cuivre Le cuivre protège les spermatozoïdes de la peroxydation en intervenant comme anti-oxydant dans l’activité de l’enzyme superoxyde dismutase. La concentration séminale en cuivre est corrélée positivement avec la numération, la mobilité et la morphologie des spermatozoïdes. À l’inverse, un niveau très élevé en cuivre peut être délétère, induisant une diminution de la mobilité des spermatozoïdes. Quelques études soulignent une amélioration de la qualité du sperme après supplémentation en cuivre dans l’alimentation. 3. Sélénium Le sélénium est présent dans les testicules en concentration élevée et joue un rôle important dans la spermio genèse. Une carence en sélénium serait à l’origine d’infertilité et de perturbations de la fonction testiculaire. Sont ainsi observés un retard de croissance des testicules avec un hypogonadisme ainsi qu’une altération de la morphologie et de la mobilité des spermatozoïdes par cassure du flagelle. La supplémentation en sélénium améliorerait la mobilité et la morphologie des spermatozoïdes et aurait un impact positif sur la fertilité. 4. Calcium Le calcium a un rôle majeur dans la reproduction : il conditionne la mobilité des spermatozoïdes, intervient dans la capacitation et la réaction acrosomique. La littérature fait état d’une association entre une faible concentration de calcium et l’infertilité. 5. Magnésium L’impact de la concentration séminale en magnésium sur la fertilité masculine demeure controversé. Bien qu’il s’agisse d’un supplément alimentaire très populaire, l’unique étude de supplémentation réalisée chez des hommes infertiles ne met en évidence aucune différence au niveau des paramètres spermatiques entre les groupes contrôle et placebo. cides gras [ Apoly-insaturés (AGPI) Les oméga-3 et les oméga-6 essentiels sont indispensables à de nombreux processus biologiques et doivent être apportés par l’alimentation. Les AGPI occupent une place importante dans la reproduction chez l’homme [10]. Les oméga-6, et principalement l’acide arachidonique, sont impliqués dans la stéroïdogenèse. La membrane plasmique du spermatozoïde humain contient une concentration élevée en AGPI (notamment oméga-3) qui lui confère la fluidité nécessaire aux différentes phases de la fécondation, notamment la réaction acrosomique et la fusion gamétique. Par ailleurs, une corrélation positive a été établie entre la consommation d’oméga-3 et certains paramètres spermatiques (concentration et mobilité). Une carence en AGPI oméga-3 est souvent observée en cas d’infertilité masculine. Mais, à l’inverse, un excès de consommation d’AGPI peut déclencher des mécanismes d'oxydo-réduction excessifs et néfastes pour la fertilité, en particulier chez des hommes infertiles disposant d’une faible capacité antioxydante. Le rapport oméga-3-oméga-6 recommandé est de 5 (contre 11 dans l’alimentation occidentale). Une supplémentation en oméga-3 a un effet bénéfique sur la qualité du sperme, en particulier sur sa mobilité. En revanche, il faut veiller à éviter un apport trop élevé en oméga-6 chez l’homme infertile. [ Vitamines 1. Vitamine A La vitamine A intervient dans la différenciation du tractus génital mâle, le maintien des jonctions serrées dans les cellules de Sertoli, et régule les principales étapes de la spermatogenèse [11]. Plusieurs études ont noté une concentration plus faible en vitamine A dans le plasma séminal d’hommes infertiles avec oligozoospermie sévère. À l’inverse, une hypervitaminose A induit des atteintes testiculaires et perturbe la spermatogenèse, jusqu’à un arrêt complet de la spermatogenèse. La vitamine A est donc indispensable à la fertilité masculine, mais peut s’avérer néfaste à fortes doses. Il est donc nécessaire de respecter les apports nutritionnels conseillés (ANC) (homme adulte : 800 µg ER/j). 2. Folates Éléments clés de la synthèse nucléotique et puissants anti-oxydants, les folates sont aussi impliqués dans la méthylation de l’ADN et le processus d’empreinte. Une faible concentration séminale en folates est ainsi associée à des altérations de l’ADN des spermatozoïdes chez des hommes infertiles. À l’inverse, une prise alimentaire riche en folates semble protéger contre l’aneuploïdie spermatique et améliorerait la qualité chromosomique des spermatozoïdes produits. Des études de supplémentation montrent un effet bénéfique de l’acide folique sur la qualité du sperme chez des hommes infertiles [9]. 13 réalités en gynécologie-obstétrique # 170_Novembre/Décembre 2013 Le dossier Nutrition et fertilité 3. Vitamines B12 et B6 Les vitamines B12 (cobalamine) et B6 (pyridoxine) sont des cofacteurs également impliqués dans le cycle de la méthionine. Une carence en l’une des vitamines du groupe B conduit à une hyperhomocystéinémie, aboutissant à de sévères dysfonctions cellulaires touchant l’expression des gènes, les fonctions protidiques et lipidiques, la croissance cellulaire et la fragmentation de l’ADN, menant à l’apoptose. Plus d’un tiers des partenaires masculins de couples infertiles présentent une carence en B12 [12] et il semble exister un effet positif d’une supplémentation en cobalamine chez des hommes subfertiles. 4. Vitamine C La vitamine C est un anti-oxydant majeur pour les spermatozoïdes. Sa concentration séminale élevée protège les spermatozoïdes des espèces réactives oxygénées (ERO) en évitant les lésions de leur ADN. De nombreuses études de supplémentation montrent un effet positif de l’acide ascorbique sur la qualité du sperme : augmentation du nombre de spermatozoïdes, amélioration de la mobilité et de la morphologie des spermatozoïdes [13]. Cet effet bénéfique est essentiellement lié à la réduction des radicaux libres et à la diminution des altérations endogènes de l’ADN des spermatozoïdes. 5. Vitamine D La vitamine D a un rôle indirect sur la fertilité masculine, en régulant le taux de calcium dans les tissus reproducteurs, en particulier le testicule. Elle semble jouer un rôle important dans la survie du spermatozoïde et l’acquisition de son pouvoir fécondant [14]. 6. Vitamine E Anti-oxydant majeur, la vitamine E inactive les espèces radicalaires de l’oxygène (ERO) et interagit aussi 14 directement avec les composants des membranes. Elle est traditionnellement appelée vitamine “anti-stérilité”. Une faible concentration en vitamine E dans le sperme se traduit par l’altération de l’ADN des spermatozoïdes. De nombreuses études chez l’homme infertile rapportent un effet bénéfique de la supplémentation en vitamine E sur la qualité du sperme : diminution des marqueurs de la peroxydation des lipides et amélioration de tous les paramètres spermatiques [15]. [ Régimes Trois études récentes ont établi un lien entre alimentation et qualité du sperme. Chez 61 hommes de couples infertiles, ceux ayant des paramètres spermatiques normaux consommaient plus de coquillages, tomates, laitues alors que ceux avec des paramètres spermatiques très altérés consommaient plutôt des produits carnés et des pommes de terre [16]. Par ailleurs, l’alimentation semble avoir un impact direct sur la qualité du sperme chez des patients hollandais suivis en ICSI puisque le régime réfléchi (fruits, légumes, poissons) avait un impact positif sur la qualité de l’ADN, alors que le régime traditionnel (viandes et pommes de terre) était positivement corrélé à la concentration spermatique [17]. Enfin, un régime de type “méditerranéen” (hauts apports en huiles végétales, fruits, légumes et poissons) suivi par les deux membres du couple permettrait d’augmenter les chances de grossesse en FIV [18]. [ Supplémentation De nombreux nutriments (vitamines, minéraux, métaux ou AGPI) sont donc impliqués dans la fonction de reproduction masculine. Ces nutriments agissent seuls, mais le plus souvent de manière synergique. De nombreux essais d’intervention de type supplémentation, avec une ou plusieurs substances associées, ont été effectués, souvent de manière empirique, avec des cibles variées. Un effet positif sur la qualité du sperme a pu être observé dans certains cas. Ainsi, l’association “folates et zinc” (5 mg d’acide folique et 66 mg de zinc par jour durant 26 semaines) augmente de façon significative la concentration en spermatozoïdes, mais uniquement chez les sujets subfertiles, suggérant un rôle synergique du zinc et de l’acide folique dans la spermatogenèse [9]. Par ailleurs, les hommes dont l’alimentation contient une grande quantité d’anti oxydants (en particulier vitamines C, E et sélénium) ont une meilleure qualité de sperme (en termes de concentration et mobilité des spermatozoïdes). Une récente méta-analyse indique qu’une supplémentation en anti-oxydants chez les hommes subfertiles améliorerait les taux de grossesse et de naissance vivante lors de la prise en charge en AMP de leur couple [19]. Enfin, quand l’oligoasthénotératospermie s’associe à une leucocytose, une supplémentation en b-glucan, papaye, lactoferrine, vitamines C et E, améliore la qualité du sperme et diminue le nombre de leucocytes en traitant l’inflammation par une action synergique de modulateurs d’immunité et d’anti-oxydants [20]. [ Conclusion L’impact du poids du conjoint sur la fertilité du couple et sur la qualité du sperme, longtemps négligé, fait l’objet d’un nombre croissant de publications. Les données sont cependant souvent peu informatives, en raison d’effectifs restreints, ou controversées. Ces controverses peuvent s’expliquer en partie par l’hétérogénéité des populations (ethnie, niveau socio-économique…) et les très nombreux facteurs de confusion possibles (rôle de l’activité physique, du stress, du sommeil, du tabac…). réalités en gynécologie-obstétrique # 170_Novembre/Décembre 2013 L’impact des nutriments, vitamines, métaux ou minéraux, sur l’infertilité masculine et la qualité du sperme a fait l’objet de nombreuses publications, parfois déjà anciennes. Toutes ces études soulignent l’importance d’une alimentation équilibrée et les effets délétères d’une carence ou d’un excès sur la spermatogenèse. Certains régimes alimentaires semblent associés à une meilleure fertilité. Quant aux compléments alimentaires, prescrits souvent de façon empirique, ils n’ont, à ce jour, fait la preuve ni de leur efficacité ni même de leur innocuité. En conclusion, l’observance d’un régime alimentaire équilibré et de règles hygiéno-diététiques simples, conformes au Plan national nutrition et santé [21], semble favorable à la fertilité masculine. Il est désormais nécessaire de disposer de données précises sur l’état nutritionnel des couples en âge de procréer, avant de proposer des études d’intervention prospectives bien ciblées, randomisées en double aveugle contre placebo. Bibliographie 1. H ammoud AO, Gibson M, Peterson CM et al. Impact of male obesity on infertility: a critical review of the current literature. Fertil Steril, 2008;90:897-904. 2. N guyen RH, Wilcox AJ, Skjaerven R et al. Men's body mass index and infertility. Hum Reprod, 2007;22:2488-2493. 3. R amlau-Hansen CH, Thulstrup AM, Nohr EA et al. Subfecundity in overweight and obese couples. Hum Reprod, 2007;22:1634-1637. 4. Sallmen M, Sandler DP, Hoppin JA et al. Reduced fertility among overweight and obese men. Epidemiology, 2006;17:520-523. 5. 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