aspects de la comédie américaine

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aspects de la comédie américaine
ASPECTS DE LA
COMÉDIE AMÉRICAINE
Septembre
Février
MONTE
LÀ-DESSUS
CHÉRIE
JE ME SENS RAJEUNIR
Octobre
Mars
TO BE OR NOT TO BE
LA BRUNE BRÛLANTE
Novembre
Avril
NEW YORK-MIAMI
LA GARÇONNIÈRE
Décembre
Mai
HOLIDAY
VICTOR, VICTORIA
Janvier
Juin
LA FILLE DE LA
CINQUIÈME AVENUE
ZELIG
SEPTEMBRE 2012 - JUIN 2013
F. Newmeyer & S. Taylor-1923 (1h20)
Du 12 au 25 sept. 2012
MONTE LÀ-DESSUS
Avec Harold Lloyd, Mildred Davis
Harold est venu à Los Angeles pour faire fortune ; mais il stagne dans son job de petit vendeur.
Il a une idée : proposer à son patron de faire de la publicité au magasin en faisant escalader
la façade par un ami acrobate. Sauf que voilà, le jour J, l’ami se défile, et c’est notre pauvre
héros qui se voit obliger de grimper à mains nues le très, très haut building…
A l’instar de Buster Keaton, Harold Lloyd utilise avec dextérité son corps dans des scènes périlleuses
(sans trucage) et drolatiques. Un film incroyablement inventif d’une époque où tout était encore à créer.
Mardi 18 septembre à 20h30 : séance présentée par Youri Deschamps
Ernst Lubitsch -1942 (1h40)
Du 26 sept. au 9 oct. 2012
TO BE OR NOT TO BE
Avec Carole Lombard, Jack Benny
Dans la Varsovie fraîchement envahie par les troupes hitlériennes, une troupe de théâtre va
jouer de tous ses artifices et se mettre littéralement en scène dans les bureaux de l’état major
du Troisième Reich pour aider à la capture d’un espion nazi…
Un film engagé contre le nazisme mais aussi une désopilante comédie et une réflexion sur le théâtre
où Lubitsch s’amuse constamment à nous tromper. Un chef d’œuvre absolu du genre.
Mardi 2 octobre à 20h30 : séance présentée par Youri Deschamps
Frank Capra - 1934 (1h42)
Du 7 au 20 novembre 2012
NEW YORK-MIAMI
Avec Clark Gable, Claudette Colbert
Ellie fuit son père millionnaire et décide de rallier New York. Elle rencontre Pete, un journaliste,
dans le bus, qui comprend très vite qui elle est, son père ayant promis une récompense à
qui la lui ramènerait. Peu à peu, alors que l'argent commence à leur faire défaut et qu'ils
continuent de fuir en auto-stop, Ellie apprend à mieux connaître Pete...
Classique absolue de la comédie américaine, NEW YORK-MIAMI mélange road movie, comédie romantique, mélodrame et satire sociale avec une ébouriffante maestria.
Mardi 13 novembre à 20h30 : séance présentée par Youri Deschamps
George Cukor - 1938 (1h35)
Du 12 au 24 décembre 2012
HOLIDAY
Avec Cary Grant, Katharine Hepburn
Johnny Case, beau, insouciant et spirituel, n'a aucun mal à séduire la charmante Julia, rencontrée
sur les pistes de ski de Lake Placid. Mais Johnny est loin d'imaginer que sa future épouse est
la fille d'un richissime banquier qui n'approuve pas le projet de mariage de sa fille…
Un petit bijou méconnu de la comédie romantique américaine menée tambour battant par le
couple mythique Grant/Hepburn.
Mardi 18 décembre à 20h30 : séance présentée par Youri Deschamps
Du 9 au 22 janvier 2013
Gregory La Cava - 1939 (1h23)
LA FILLE DE LA CINQUIÈME AVENUE
Avec Ginger Rogers, Tim Holt
Alfred Borden, millionnaire négligé par sa famille, erre dans Central Park, déprimé, le jour de
son anniversaire. Il y rencontre Mary, une jeune femme au chômage. Il l'invite à dîner et après
une nuit de libations, il lui propose de vivre chez lui dans le seul but d'irriter sa famille.
Une brillante comédie mise en scène par un grand spécialiste (malheureusement sous-estimé)
du genre et dans laquelle Ginger Rogers fait merveille.
Mardi 15 janvier à 20h30 : séance présentée par Youri Deschamps
Howard Hawks - 1952 (1h37)
Du 6 au 19 février 2013
CHÉRIE JE ME SENS RAJEUNIR
Avec Cary Grant, Ginger Rogers, Marilyn Monroe
Un savant chimiste ayant découvert un élixir de jouvence et désirant en administrer une
dose à un singe, avale, par erreur, le médicament.
D’un point de départ proche de celui de certaines oeuvres fantastiques (DR. JEKYLL ET MR. HYDE
ou FRANKENSTEIN), Hawks a tiré l’une de ses comédies les plus loufoques dans laquelle
Ginger Rogers et Cary Grant apportent la preuve, une fois de plus, de leur grand talent comique.
Mardi 12 février à 20h30 : séance présentée par Youri Deschamps
Du 13 au 26 mars 2013
Leo MacCarey - 1957 (1h46)
LA BRUNE BRÛLANTE
Avec Paul Newman, Joan Woodward
Harry Bannermam vit a Putnam's Landing, une petite ville américaine avec sa femme Grace
et leurs deux enfants. Les multiples activités civiques de Grace commencent à exaspérer
Harry qui se croit délaissé. Alors que sa voisine, Angela, voluptueuse brune semble toute
prête à s’offrir à lui pour le consoler. Mais l'annonce que la ville va devenir le centre d'un projet
militaire ultrasecret inquiète la population...
Une comédie de mœurs jubilatoire et colorée qui se moque avec une ironie mordante de la
société américaine des années 50 par l’un des maîtres du genre (CETTE SACREE VERITE,
ELLE ET LUI).
Mardi 19 mars à 20h30 : séance présentée par Youri Deschamps
Billy Wilder - 1960 (2h05)
Du 3 au 16 avril 2013
LA GARÇONNIÈRE
Avec Jack Lemmon, Shirley Maclaine
Dans l’espoir d’un avancement, Bud Baxter, un employé d’une compagnie d’assurances prête
son appartement à ses supérieurs qui y vont en cachette pour retrouver leurs maîtresses. Tout
le bureau s’est donné le mot, si bien que Baxter se retrouve régulièrement mis à la porte de
chez lui. Un jour, le chef du personnel, lui demande les clés de sa garçonnière afin d’y passer
quelques heures avec sa nouvelle conquête. Mais Baxter ignore que la fille en question n’est
autre que la demoiselle d’ascenseur dont il est lui-même secrètement amoureux…
LA GARÇONNIÈRE constitue un sommet à la fois délicieusement grinçant et extrêmement touchant.
En décrivant le désarroi sentimental d’un homme soumis à ses chefs, le cinéaste livre une
vision cynique des rapports hiérarchiques au sein du monde de l’entreprise. Chef-d’oeuvre au
ton doux-amer, LA GARÇONNIÈRE est un classique du cinéma et demeure sans doute l’un des
plus beaux films de Billy Wilder.
Mardi 9 avril à 20h30 : séance présentée par Youri Deschamps
Du 8 au 21 mai 2013
Blake Edwards -1982 (2h12)
VICTOR, VICTORIA
Avec Julie Andrews, James Garner
C'est l'histoire d'une chanteuse au chômage dont la vie est bouleversée par la rencontre de
Toddy, un homme extravagant. Avec son aide, elle devient Victor, un chanteur à sensation dans
les boîtes de nuit à Paris. Elle connaît très vite le succès mais les choses se compliquent de
façon comique lorsqu'elle rencontre l'amour de sa vie, un gangster macho de Chicago...
À l’instar de CERTAINS L’AIMENT CHAUD, VICTOR,VICTORIA est tout à la fois une comédie étourdissante, une réflexion vertigineuse sur l’identité sexuelle, le travestissement et les rapports
hommes-femmes, et un chant d’amour à la féminité. C’est aussi, par la splendeur des décors,
de la musique et des chorégraphies, un tribut nostalgique au cinéma de l’âge d’or hollywoodien.
Mardi 14 mai à 20h30 : séance présentée par Youri Deschamps
Woody Allen -1983 (1h20)
Du 29 mai au 11 juin 2013
ZELIG
Avec Woody Allen, Mia Farrow
Durant les Années Folles, un certain Leonard Zelig passionne l'Amérique par sa facilité à
changer d'apparence. Cet homme caméléon s'adapte instantanément à tout nouvel environnement, et devient au gré des circonstances boxeur, musicien, ecclésiastique…
Pépite méconnue de la filmographie de Woody Allen, cette courte mais exquise comédie est,
comme le personnage qu’elle met en scène, totalement insaisissable. Faux biopic d’un homme
sans identité qui prend l’apparence physique et la personnalité de ceux qu’il côtoie, ZELIG
pastiche avec une délicieuse insolence les documentaires gonflés aux images d’archives et
aux interviews d’experts qui pullulent sur le petit écran depuis plusieurs décennies.
Mardi 4 juin à 20h30 : séance présentée par Youri Deschamps
Tarif plein : 6 € Tarif réduit : 5 €
Etudiants Université du Havre : 3 €
Abonnement : 50 € (10 entrées)
Des séances spéciales
peuvent être organisées sur demande
(20 personnes minimum, 3,20 € par spectateur et gratuité pour les accompagnateurs)
Tous les films sont projetés en version originale sous-titrée
Cinéma Le Studio
3 rue du Général Sarrail - 76600 Le Havre
Tél. 02 35 43 64 63 - Programme 02 35 21 36 28
wwww.cinema-le-studio.fr - [email protected]
ASPECTS DE LA COMÉDIE AMÉRICAINE
Aux Etats-Unis, l’apogée du cinéma muet coïncide avec celle du film burlesque, qui règne
en maître sur la seconde moitié des années 20, témoignant d’une maturité créative et poétique
rien moins qu’exceptionnelles. Bien que l’essor du parlant fut finalement fatal à plusieurs
géants du rire (dont Harry Langdon, Buster Keaton et Harold Lloyd), la généralisation du
son synchrone ouvre néanmoins la voie à un renouvellement complet du registre comique,
qui consacrera la désormais très prisée « comédie américaine » comme le genre-roi des
années 30. Son foisonnement, sa richesse et sa variété dérident les zygomatiques de multiples
façons, qui structurent le genre en trois tendances principales : la comédie sophistiquée,
la comédie populiste et la comédie dite « screwball ».
Paradoxalement, c’est un drame (mais signé Chaplin et sans Charlot) qui provoque l’éclosion
de la comédie sophistiquée proprement dite : par son usage de l’ellipse, de la métonymie
et de l’allusion, L’OPINION PUBLIQUE (1923) aura une influence considérable sur toute
une génération de cinéastes, au premier rang desquels figure Ernst Lubitsch, qui impose
sa vis comica à Hollywood en exportant et en affinant le style de sa période allemande,
dont le registre étendu va de la satire royale à l’intrigue boulevardière, en passant par
l’opérette hongroise, la fresque historique ou encore la farce matrimoniale. Toutefois, le
succès de cette formule comique s’étiole dès lors que les effets de la Crise de 29 se
manifestent concrètement. L’espace confiné des salons bourgeois et la loufoquerie
d’aristocrates désœuvrés ne s’accordent plus aux préoccupations ni aux goûts du public,
si bien que le genre va opérer une mutation importante qui va le conduire à s’aventurer
sur le terrain du discours politique et social.
Tournant résolument le dos aux intrigues de salons qui ont fait la fortune des fantastiques
années 20, les comédies populistes de la décennie suivante, signées Leo McCarey, Gregory
La Cava et surtout Frank Capra, font désormais explicitement référence aux difficultés
nées de la Grande Dépression, tout en formulant le plus souvent une solution globale à la
crise, fondée sur la confiance en la capacité de l’initiative individuelle. En période difficile,
le sauveur vient en général de la campagne et cette origine lui garantit sincérité et légitimité,
prolongeant de la sorte l’opposition séculaire entre l’Amérique démocrate de conception
rurale et l’industrialisme républicain féru de grandes métropoles annonciatrices de progrès.
D’essence « rooseveltienne », la comédie populiste témoigne ainsi d’un recentrage du
genre sur la classe moyenne et d’une focalisation des enjeux sur le contexte socio-économique.
Les plus grands noms du cinéma se sont brillamment illustrés durant cet âge d’or de la
comédie américaine, qui inspirera beaucoup d’autres créateurs par la suite : Capra, Cukor,
Lubitsch, Hawks, McCarey, Wilder, puis ensuite Blake Edwards ou Woody Allen... Autant de
réalisateurs pour lesquels le rire est une affaire on ne peut plus sérieuse, comme on pourra
le mesurer tout au long de cette saison, où l’on rira sans doute de tout (ou presque) mais
certainement pas n’importe comment ni avec n’importe qui.
Youri Deschamps – Revue Eclipses
Imprimerie L2P La Petite Prese - Le Havre
Le retour progressif à la prospérité favorise une nouvelle transformation du genre, qui
coexiste avec la précédente davantage qu’elle ne la remplace. Entre frénésie rythmique et
folie langagière, les quelques 150 comédies « screwball » qui sont produites entre 1933
et 1943 se caractérisent par une concentration narrative sur le thème du couple, au détriment
de la représentation sociale qui se trouve alors le plus souvent reléguée à l’arrière-plan.
Emprunté au vocabulaire du baseball et intraduisible en français, l’adjectif « screwball »
désigne un jet de balle particulièrement astucieux et déroutant pour le batteur ; par extension,
on l’utilise pour qualifier le caractère délicieusement désordonné et le tempérament
excentrique des protagonistes de cette veine comique, qui institutionnalise un comportement
social et amoureux fondé sur le renversement des valeurs et de la logique habituellement
attendues. Sur le plan formel comme thématique, les comédies « screwball » parviennent
à garantir un renouvellement constant qui leur permet de durer plus d’une décennie, en
situant notamment leurs intrigues dans des milieux variés et en inventant des situations
savoureuses qui servent bien souvent de prétexte à un jeu de cache-cache jubilatoire avec
le code d’autocensure de l’époque.

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