Nouvelle maquette

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Nouvelle maquette
scènes
magazine
théâtre de carouge :
la double mort de l’horloger
ISSN 1016-9415
257 / novembre 2013
© Richard Schroeder
CHF. 10.-- 7 €
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6 cinéma
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cine die / raymond scholer
cinémas du grütli / christian bernard
festival tous écrans / tuana gökçim toksöz
cinémathèque suisse / frank dayen
festival filmar en america latina / tuana gökçim toksöz
les films du mois / frank dayen, émilien gür, serge lachat
sous la loupe : kino / james berclaz-lewis
18 théâtre
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carouge : la double mort de l’horloger / rosine schautz
le poche : je suis / christophe rime
entretien : brigitte jaques / laurence tièche chavier
comédie : artaud-barrault
thonon et sion : la religieuse / samuel monsalve
carouge : la dame de mer selon porras / rosine schautz
26 spectacles
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spectacles onésiens & festival les créatives / firouz e. pillet
entretien : olivier chiacchiari & les lois du marché / firouz pillet
théâtre am stram gram en novembre / firouz e. pillet
30 danse
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trisha brown company / bertrand tappolet
vernier : la jeune fille et la mort / stéphanie nègre
32 opéra
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entretien : petra lang / éric pousaz
festival de salzbourg 2013 / éric pousaz
vienne & berlin : toujours et encore verdi / éric pousaz
montpellier : orfeo ed euridice / françois jestin
marseille : aida / françois jestin
toulouse : manon / françois jestin
grand théâtre : le cas wagner / pierre-rené serna
mémento
42 musique
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concours de genève : présentation / martine duruz
entretien : philippe manoury / christian wasselin
festival de lucerne en été / éric pousaz
festival de lucerne au piano / emmanuèle rüegger
portrait : sir john elliot gardiner / christian wasselin
portrait : vilde frang / beata zakes
portrait : michael hofstettler / pierre jaquet
vevey : concerts arts & lettres / yves allaz
fribourg : activités musicales / yves allaz
257 / novembre 2013
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vernier sur baroque : jordi savall / frank fredenrich
festival vernier sur baroque : programme
portrait : stephan macleod / frank fredenrich
agenda genevois / martina diaz
strasbourg : 30 ans de musica / pierre-rené serna
60 ailleurs
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60
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festival berlioz / pierre-rené serna
festival cannes danse / bertrand tappolet
chronique lyonnaise / frank langlois
châlons : festival war on screen / julien roche
64 livres
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quentin mouron : la combustion humaine / julien roche
société de lecture : saison / laurence tièche chavier
67 expositions
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ferme de la chapelle : architectures utopiques / f.-h. brou
bâle : mondrian, newman, flavin / régine kopp
mémento beaux-arts : france
palais lumière, évian : l’idéal art nouveau
mémento beaux-arts : ailleurs
städelmuseum, francfort : albrecht dürer
mémento beaux-arts : suisse romande
musée ariana : jean fontaine - en fer sur terre
mémento beaux-arts : suisse alémanique
musée rietberg, zurich : la fascination de la perse
musée de l’élysée : sebastiao salgado / catherine graf
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comédie française : la tragédie d’hamlet / frank fredenrich
opéra : aïda redorée / pierre-rené serna
théâtre du châtelet : le détachement féminin rouge / s. nègre
opéra de paris : la dame aux camélias / stéphanie nègre
musée d’orsay : masculin / masculin / samuel monsalve
grand palais : félix vallotton / régine kopp
grand palais : georges braque / régine kopp
fondation cartier-bresson : sergio larrain / christine pictet
chronique des concerts / david verdier
sélection musicale de novembre / françois lesueur
mémento expositions
musée rodin : rodin, la lumière de l’antique
mémento théâtre
théâtre laboratoire elizabeth czerczuk : l’oubli des anges
89 les mémentos
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Signature
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Jérôme Zanetta
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Françoise-Hélène Brou, Laurent
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éditeur responsable
Frank Fredenrich
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secrétaire de rédaction
Julie Bauer
collaborateurs
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Julie Bauer, James Berclaz-Lewis,
Christian Bernard, Nancy Bruchez,
Gabriele Bucchi, Claudia Cerretelli,
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Martina Diaz, Catherine Fuchs,
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Bernard Halter, Christophe Imperiali,
Pierre Jaquet, François Jestin,
Régine Kopp, Serge Lachat,
Frank Langlois, David Leroy,
François Lesueur, Anouk Molendijk,
Samuel Monsalve, Michel Perret,
Eric Pousaz, Stéphanie Nègre,
Christine Pictet, Christine Ramel,
Serene Regard, Nancy Rieben,
Christophe Rime, Julien Roche,
Emmanuèle Rüegger, Maya Schautz,
Rosine Schautz, Raymond Scholer,
Monica Schutz, Pierre-René Serna,
Bertrand Tappolet, Laurence Tièche
Chavier, Tuana Gökçim Toksöz, David
Verdier, Christian Wasselin, Beata
Zakes, François Zanetta, Valérie
Zuchuat
maquette : Viviane Vuilleumier
imprimé sur les presses de
PETRUZZI - Città di Castello, Italie
Rentrée littéraire avec figure absente
alcolm Lowry, Claude Simon, René Char, Richard Wright, Jack
Kerouac, Georges Bataille, Georges Perec, Witold Gombrowicz,
Varlam Chalamov, Henry Miller, Hector Bianciotti, Stig
Dagerman, J.M. Coetzee et même Michel Houellebecq (dont il éditera le premier roman, Extension du domaine de la lutte).
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Tous ces écrivains auraient un jour ou l'autre été connus et reconnus
parmi les plus essentiels du siècle passé. Certains étaient connus dans leur
pays d'origine, mais peu ou pas en France. Encore fallait-il trouver un intermédiaire, un « passeur » critique et éditeur au goût sûr, ayant pour objectif
d'éviter ce qui est devenu une sorte de rituel dans le petit monde littéraire, à
savoir le copinage, l'échangisme reposant sur des affinités et non sur le talent.
Homme au goût sûr, chercheur et découvreur infatigable de nouveaux
talents, Maurice Nadeau a été un guide à nul autre pareil au sein des lettres
françaises en tant que critique, directeur de revue et éditeur. Sa disparition à
l'âge de 102 ans peu avant le début de l'été marque sans doute la fin d'une
époque, celle de la génération de ces intellectuels formés dans les années
1930, ayant participé à la résistance et ayant été marqués à la fois par le surréalisme et l'influence d'André Breton ainsi que par les luttes au sein de la
gauche communiste. Après la guerre, c'est au quotidien Combat, dirigé par
Albert Camus, qu'il affirmera des choix critiques indiscutablement originaux
avant de tenir la rubrique littéraire à France-Observateur puis à l'Express tout
en développant une activité d'éditeur consacrée principalement à faire
connaître de nouveaux auteurs. Que ce soit au sein des éditions Denoël
Julliard ou Laffont, puis en assumant son indépendance avec Les Lettres
Nouvelles puis les Editions Maurice Nadeau, il s'était toujours démarqué des
courants à la mode. Ainsi, la Quinzaine littéraire, fondée en 1966, qu'il a dirigée sans interruption depuis 1970 avec la fidèle collaboration d'Anne
Sarraute (jusqu'au décès de cette dernière en 2008) a donc servi durant plus
de quatre décennies et 1000 numéros de référence pour les lecteurs amateurs
de bonne littérature, mais également d'essais et de théâtre.
Reste aujourd'hui encore la possibilité de s'informer au sujet de la vie littéraire en étant fidèle à « sa » Quinzaine littéraire dont on espère qu'elle passera sans encombre - grâce au soutien d'amis et de proches de son créateur le cap du 1100ème numéro... en 2014.
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le cinéma au jour le jour
Cine Die
32e Giornate del Cinema Muto (Pordenone)
Arlene Francis dans «Too Much Johnson»
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L’inédit d’Orson Welles : Les historiens de cinéma s’étaient donné
rendez-vous pour la première mondiale du film d’Orson Welles Too Much
Johnson (1938), jamais montré au public et considéré comme perdu, probablement dans l’incendie des appartements de Welles à Madrid vers 1970.
Mais le film était simplement égaré. Par le plus miraculeux des hasards, les
bobines furent retrouvées en 2012 dans un lot déposé depuis 2005 auprès de
Cinemazero, à Pordenone même. D’où venait ce lot ? Quel a été son cheminement ? Mystère et boule de gomme ! Dans la filmographie de Welles, Too
Much Johnson est seulement précédé par le court métrage The Hearts of
Age (1934), une satire grimaçante de Caligari et autres trophées de l’avantgarde européenne, avec Welles dans le rôle de la Mort. Son début hollywoodien, Citizen Kane, attendra encore trois ans. Too Much Johnson n’était pas
censé être montré au cinéma, mais destiné à faire partie d’une production
théâtrale montée par le Mercury Theatre. En 1936, Welles et son associé
John Houseman avaient détourné avec beaucoup de bonheur Un Chapeau
de Paille d’Italie de Labiche sous le titre de Horse Eats Hat. Tablant sur un
succès similaire, Welles déterra une farce de William Gillette, acteur dramaturge bien connu pour son incarnation de Sherlock Holmes sur les planches.
Ce Too Much Johnson (1894), adapté de La Plantation Thomassin (1891)
du Français Maurice Ordonneau, était alourdi par de longs dialogues d’exposition auxquels Welles voulut échapper en montrant au public une sorte de
pantomime filmée censée résumer les informations nécessaires. Des prologues plus courts devaient précéder les actes 2 et 3. 66 minutes de métrage
survivent dans un désordre narratif certain. Le tournage se déroula dans l’urgence en été 1938, car la première de la pièce était fixée au 16 août à Stony
Creek, Connecticut. Arborant leurs futurs costumes de scène, les acteurs se
lancèrent avec brio dans une succession de pitreries et poursuites dans la
meilleure veine des comédies de Mack Sennett. Welles, qui tournait avec
une caméra 35 mm à ressort, utilisa souvent l’accéléré pour retrouver un
esprit Keystone Cops. Le grand Joseph Cotten dans son premier rôle sur pellicule montre une énergie et des dons d’acrobate insoupçonnés, opérant des
mouvements corporels souvent complexes sur des surfaces réduites ou à
consistance douteuse. Jouant un galant invétéré, il est traqué par un mari
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trompé à travers des rues et sur des buildings de Manhattan qui n’existent
plus. Harry Dunham, cameraman aventureux qui avait couvert la guerre
d’Espagne et l’invasion japonaise en Chine, capta ainsi des images qui possèdent un indéniable intérêt archéologique en plus de leur beauté sublime.
Car Welles utilise déjà à merveille la profondeur de champ, le poursuivi arrivant haletant sur le toit juste devant nous alors que le poursuivant le guette
sur le toit suivant, et que loin au fond, on discerne la statue de la Liberté. Les
échelles de sauvetage si omniprésentes dans certains quartiers populaires
sont utilisées à profusion, surtout dans le sens de la descente. Mais on est
rarement au niveau de la rue. Même la scène du chassé-croisé dans un dépôt
de cageots est filmée avant tout d’en haut. On pense bien sûr à l’accumulation des caisses contenant les trésors promis aux enchères à la fin de Citizen
Kane, mais aussi aux faux-fuyants dans le labyrinthe de glaces de Lady
from Shanghai. Le mari, n’ayant qu’une photo du haut du crâne du séducteur, enlève à tous les hommes qu’il croise leur chapeau pour identifier son
rival. Filmées tantôt en enfilade horizontale, tantôt en plongée pour montrer
l’itinéraire aussi tarabiscoté que systématique du décoiffeur furieux, ces victimes en série interloquées relèvent plus de la géométrie abstraite que du
comique. Welles filme déjà, comme il allait le faire pour Othello, en des
endroits bien distants une action qui se déroule au même lieu diégétique.
Corollaire : pour signifier Cuba, où se déroule la fin de la pièce, il suffit de
planter quelques palmiers vacillants dans une carrière sur les berges de
l’Hudson et le tour est joué. Toutes les scènes expriment de façon éclatante
la bonne humeur qui régnait sur le tournage. Mais, faute de temps, le matériel filmé ne fut jamais monté sérieusement. D’autre part, le théâtre du
Connecticut ne put s’équiper pour une projection et la Paramount, qui avait
les droits cinématographiques de la pièce, menaçait de demander une
somme importante, si le projet du Mercury Theatre rejoignait Broadway. La
pièce n’a donc jamais été montrée avec la partie filmée (qui ne sortit des
limbes qu’en 2012) et fut retirée au bout de deux semaines.
Redécouverte d’un géant allemand : Gerhard Lamprecht
Les cinéphiles reconnaissent en Lamprecht le bénédictin qui nous a, le
premier, livré le catalogue le plus exhaustif des muets allemands : Deutsche
Stummfilme, 1902-1931 (9 vol., 1966-1970) et dont la collection privée de
films et documents allait former le noyau de la Deutsche Kinemathek. À
l’occasion de son 50e anniversaire, celle-ci montre quatre films restaurés de
Lamprecht: Die Verrufenen (1925), Menschen untereinander (1926), Die
Unehelichen (1926) et Unter der Laterne (1928), des œuvres bouleversantes par l’honnêteté dans la description du Lumpenproletariat berlinois, la
finesse d’observation des comportements humains– les textes savoureux des
intertitres sont hautement complémentaires aux images - et la grande empathie de Lamprecht pour les plus faibles (notamment les enfants, dirigés avec
un rare bonheur). Son engagement social et sa sensibilité artistique ne se
démentirent même pas, à ce qu’il paraît, sous les Nazis. Pour les francophones, sans doute influencés par les prédilections partiales d’Henri Langlois,
qui se plaisait à occulter des pans entiers de l’histoire du cinéma, Lamprecht
n’est connu que pour Emil und die Detektive (1931), Prinzessin Turandot
(1934) et Madame Bovary (1937) avec Pola Negri. Seul Jean Mitry
(Histoire du Cinéma, 1967-1980) cite, avec force louanges, Die Verrufenen
et Die Unehelichen. Pour avoir une appréciation plus nuancée et informée
du cinéaste, il faut consulter les historiens germanophones, notamment
Herbert Holba (Reclams Deutsches Filmlexikon, 1984). Car ce que nous
avons vu à Pordenone nous porte à croire que Lamprecht est, du moins pour
le muet tardif, l’égal de Pabst. Die Verrufenen (Der Fünfte Stand) s’inspire des histoires et dessins de l’artiste berlinois Heinrich Zille, spécialiste des
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«Die Verrufenen» de Gerhard Lamprecht © Deutsche Kinemathek
quartiers miséreux (milljöh). Robert (Bernhard Goetzke), condamné pour
parjure, sort de prison : son père ne veut plus le voir, sa fiancée s’est mariée,
il cherche en vain du boulot. Au moment où il s’apprête à sauter d’un pont,
Emma, une prostituée, le sauve, l’emmène chez elle et fait de lui son
homme. Il découvre la crasse, mais aussi la cohésion des déshérités. Aux
gamins qui font sagement leurs devoirs, un repris de justice qui vit de petits
larcins lance : « N’étudiez pas ! Sinon, vous devrez bosser plus tard ! »
Robert refuse de vivre sur le dos de sa compagne et trouve un engagement
auprès d’un photographe qui filme la faune de la nuit. Quand Emma est
recherchée par la police, Robert emprunte de l’argent pour l’aider à fuir.
Mais pour elle, tout finit mal qui finit mal. Première utilisation au cinéma
allemand d’acteurs non professionnels (SDF, vagabonds, locataires de
HLM). Menschen untereinander est un film choral où les habitants de huit
appartements d’un immeuble locatif interagissent sur fond de crise économique et de détresses diverses (vieillesse, solitude, ruine, pénitence). Les
cancans utiles sur les locataires, le spectateur les apprend en même temps
que la nouvelle concierge par l’entremise d’une grosse dame à qui rien n’échappe. L’originalité vient de la coexistence sous le même toit de gens
riches, mais foncièrement bons (le bijoutier et sa famille) avec des indigents
qui ont perdu leurs économies à la suite de la dévaluation.
Die Unehelichen soulève le problème des enfants illégitimes pauvres
placés contre paiement chiche chez des couples peu reluisants qui les exploitent et maltraitent sans vergogne. Sous-alimentée, une petite fille, sortie
sous la pluie pour enterrer le lapin que son père d’emprunt avait jeté par la
fenêtre dans une crise de rage, attrape une pneumonie que le médecin, appelé trop tard, ne peut plus enrayer. Un garçon qui est pris en charge par une
dame fortunée doit quand même suivre son père veuf qui l’oblige à travailler
sur sa péniche comme un adulte alors qu’il a à peine 13 ans. Le film s’engage donc contre le travail des enfants qui est encore, 90 ans plus tard, le lot
de la majorité des enfants dans certains pays. Unter der Laterne raconte la
déchéance d’Else, une fille bourgeoise que son père a voulu garder comme
bonne à la maison. Il ne comprend pas qu’elle veuille sortir avec un ouvrier
qui n’a même pas de travail sérieux. Après une fugue innocente, il ne la laisse pas rentrer. Alors Else va vivre chez son fiancé. Elle est obligée de gagner
sa vie comme artiste de variétés. Mais elle est mineure et son père la fait
rechercher par la police : elle risque de perdre son travail, si elle est découverte. Le fiancé adjure en vain le père de retirer son avis de recherche. Aux
abois, Else accepte l’invitation de son impresario et est bien sûr surprise par
son ami en posture indélicate. Il la renie illico. Elle devient alors maîtresse
entretenue, et après le suicide de l’impresario endetté, danseuse dans un
bouge, puis prostituée. A chaque moment crucial de sa courte vie, un mâle lui
a donné un coup pour la faire tomber plus bas. La suite au prochain numéro.
LA JEUNE FILLE
ET LA MORT
CHORÉGRAPHIE THOMAS LEBRUN
Centre chorégraphique national de Tours — Quatuor Voce
VENDREDI 29
& SAMEDI 30 NOVEMBRE — 20h
SALLE DES FÊTES DU LIGNON
Place du Lignon 16 — Vernier
Service de la culture — 022 306 07 80
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ISRAEL GALVÁN
DANSE FLAMENCO CONTEMPORAINE
JEUDI 7 NOVEMBRE 2013, 19H
VENDREDI 8 NOVEMBRE 2013, 20H
LO REAL
LE RÉEL
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Raymond Scholer
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les cinémas du grütli-festival tous écrans
Fusée à étages suédoise
La première semaine de novembre les écrans du Grütli accueilleront le
Festival Tous Ecrans. Dans la riche sélection des longs métrages en
compétition internationale se détache une impressionante réussite :
Återträffen (The Reunion) de la Suédoise Anna Odell, projeté
les 1er et 4 novembre.
8
Le film s’ouvre sur une réunion d’anciens
camarades de classe tout heureux de fêter cette
occasion d’évoquer, vingt ans après, le bon
vieux temps. Anna, qui arrive en retard (on a
oublié de l’inviter) est accueillie avec une cordialité un peu gênée. A l’heure des discours on
découvre qu’elle a d’autres intentions. Elle veut
mettre ses camarades face à ce qu’elle a ressenti pendant ces années d’école du fait de sa mise
à l’écart systématique ou
des brimades qu’ils lui
ont infligées. Lorsqu’elle
prend la parole l’ambiance cesse d’être à la fête.
Ce long discours de vérité vire à la dénonciation,
la mise en accusation
ultra agressive du groupe
et de chacun (« Vous êtes
des lâches, des perdants »). De façon prévisible les réactions d’abord bénignes (« C’est la
fête, pas une thérapie de
groupe, parlons de tout
ça à un autre
moment ») se durciront
jusqu’à la violence et
l’expulsion par la force d’Anna. Chacun a retrouvé le rôle qu’il jouait à l’école.
Pendant cette première partie du film, on a
le sentiment d’être dans le sillage de Festen de
Thomas Vinterberg, autre grand règlement de
compte dans une tradition nordique qui remonte aux Scènes de la vie conjugale de Bergman.
Même si l’esthétique Dogme 95 (improvisations; plan-séquence; caméra portée) ne se
retrouve pas ici (on a des plans fixes et un montage court), le même effet de réel est obtenu. La
distribution, impeccable, Anna Odell en tête
dans son propre rôle, y contribue.
La troublante honnêteté d’Anna Odell se
racontant est d’amener le spectateur à la voir à
la fois comme accoucheuse de vérités mais
a
aussi élément perturbateur et dérangeant d’un
ordre social auquel le spectateur appartient, au
point qu’il ne peut, par instant, que partager le
rejet d’Anna par le groupe. Il y a dans le splendide regard bleu d’Anna Odell une perspicacité
touchant à la voyance comme chez Artaud,
quelque chose de fou. « J’ai souffert de maladie
psychologique pendant plusieurs années, ditelle. J’ai choisi de m’utiliser moi et mon expé-
Anna Odell dans «Réunion» © Jonas Jorneberg
rience pour décrire dans mon art les structures
de pouvoir de la psychiatrie et de la société. » A
travers le groupe des anciens camarades, c’est
effectivement la vie en société dont elle parle,
avec ses mensonges fondateurs (petits ou
grands).
Second étage
Puis la construction du film se révèle,
brouillant les frontières entre documentaire et
fiction jusqu’au vertige. On découvre que dans
la réalité Anna Odell avait l’intention de prononcer son discours à la réunion de classe dont
elle avait eu connaissance, mais qu’elle ne s’y
est pas rendue quand elle a appris qu’elle avait
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déjà eu lieu, étant la seule à ne pas avoir été
invitée. Ce qui la conduit à faire une fiction de
ce qu’aurait été la réunion si elle y avait participé – le film tel qu’on la vu jusqu’ici.
Le second étage de la fusée - la seconde
partie du film - s’allume lorsque Anna Odell
décide, dans la réalité toujours, de montrer la
réunion fictive à ses anciens camarades individuellement. Certains acceptent non sans réticences (pour comprendre ces réticences faites
de peurs, il faut savoir qu’Anna Odell est une
artiste plasticienne reconnue en Suède avec des
installations provocantes telles Unknown,
woman 2009-349701 qui la voit jouer une crise
de démence sur un pont de Stockholm, ce qui
lui valut arrestation et inculpation.) Elle décide
alors de reconstituer ces rencontres, ses acteurs
jouant le rôle de ses anciens camarades. Ils se
voient tels que vus dans un film de fiction sur
eux. Et ne se reconnaissent bien entendu pas, se
disculpent (« nous étions des enfants »), se
désolidarisent de la
fête, se déchargent
de toute responsabilité dans l’absence
d’invitation etc. Ce
tourniquet réalitéfiction-réalité, riche
en moments intenses, est véritablement fascinant. La
palme revient à la
rencontre entre un
ancien élève ayant
vu le film de fiction
de la soirée et l’acteur l’ayant incarné
dans le film.
Le plan final,
virtuose, résume le
film : la caméra filme un schéma de lignes
entrecroisées qui se révèlent, la caméra décollant, être le terrain de sport de l’école, puis, la
caméra s’élevant toujours, le toit de l’école où
sont assis Anna et un acteur-ami, puis les toits
du quartier, de la ville enfin. La fusée est sur
orbite. Au son : The War is over de SISTER.
Återträffen a reçu le prix FIPRESCI du
meilleur premier film au Festival de Venise en
septembre dernier dans la section Semaine
internationale de la critique. Aux distributeurs
de jouer !
Christian Bernard
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tion avec un axe très simple. Il y a trois sections : cinéma, télévision et la dernière web et
transmédia. Mais, il y a évidement aussi des
glissements entre chacun de ces territoires.
festival tous écrans, genève
Un souffle nouveau
Le transmédia fait l’originalité de ce
festival, sa définition n’a pas toujours été
très claire.
Passé à la tête du festival Tous Écrans, Emmanuel Cuénod signe une
programmation enthousiasmante et limpide.
Plateforme de la création audiovisuelle, le
Festival Tous Ecrans offre depuis 1995 un panorama des meilleurs films du petit et grand
écran, des séries télévisées et web, et enfin des
médias interactifs du moment, autrement dit du
transmédia. Le festival qui peinait ces dernières
années à afficher une ligne artistique claire,
prend une direction maîtrisée sous l’impulsion
de son nouveau directeur, Emmanuel Cuénod.
Et pour cause, Emmanuel Cuénod a pratiqué tous les domaines du cinéma, de la critique
à la production, avouant même s’être timidement essayé à la réalisation. Tour à tour critique
à la Tribune de Genève, chroniqueur cinéma à la
RTS, collaborateur pour Rita Productions, il est
par ailleurs le fondateur d’In utero, une structure de production spécialisée dans le développement de projets radicaux. Et juste avant de prendre la tête du festival en avril dernier à l’âge de
38 ans, il a été pendant plusieurs années le corédacteur en chef de la revue professionnelle
Ciné-Bulletin. Ces expériences lui ont permis
de se forger une solide expérience et un vaste
réseau dans le milieu du cinéma et de l’audiovisuel. Une expérience qu’il met aujourd’hui au
profit d’une programmation prestigieuse et surtout accessible à tous, autant par son intelligibilité que sa gratuité.
Le festival s’ouvrira sur la dernière réalisation des frères Coen, Inside Llewyn Davis, une
première suisse, suivie des deux premiers épisodes inédits de la série à succès American Horror
Story: Coven, saison 3. Entretien avec
Emmanuel Cuénod, un séduisant visionnaire
mordu de cinéma.
Vous avez porté plusieurs casquettes
jusqu’à celle-ci, quelles sont vos premières
impressions sur la direction d’un festival de
film ?
Des métiers que j’ai eu la chance d’exercer,
c’est sans doute le plus complexe mais aussi
celui où on vit les plus grandes frayeurs et les
plus grands bonheurs dans une même journée.
Des frayeurs ?
Comme nous ne programmons que des premières suisses, tous les festivals en Suisse et un certain nombre dans le monde sont nos concurrents
directs. Et tant mieux ! Il nous a donc fallu élaborer des stratégies, en allant chercher les
ayants-droits et en trouvant le moyen de les
convaincre que c’est dans notre festival que
leurs films, leurs séries seraient le mieux défendus pour chacune des productions que nous
avons dans notre grille de programmes.
Dernièrement la programmation de
Tous
Écrans
était trop dense
voire confuse.
Comment avezvous solutionné
le problème ?
Comme on couvre trois matières
très différentes, il
fallait s’arranger
pour que le
public puisse toujours savoir où il
est et où il veut
aller. L’idée de
base a été de
revoir l’entièreté
de la programma-
Films d’ouverture : «Inside Llewyn Davis» © Ascot Elite
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C’est un des beaux héritages dont j’ai bénéficié
avec le festival. Mais c’est vrai qu’avant, Tous
Écrans présentait cinq projets transmédia d’une
manière assez simple qui était : voilà, ces projets existent, vous pouvez venir les consulter. Ils
étaient ensuite soumis au vote du public.
Aujourd’hui, le transmédia est entré dans une
phase de maturité. On voit de plus en plus de
projets cross- ou trans- médias qui fonctionnent
sur plusieurs écrans ou sur plusieurs degrés de
narration, j’ai pensé qu’il était temps de donner
à la sélection une vraie compétition avec un jury
international.
Vous renouvelez l’expérience de la
gratuité du festival lancée l’année dernière.
Pourquoi ?
J’ai la chance de pouvoir faire transiter par des
partenaires les coûts pour offrir au public une
manifestation de qualité et sans contraintes. Par
ailleurs, la gratuité est un but de la politique culturelle. Et aussi, on présente des films cinéma
mais aussi de la télévision qui par définition est
gratuite. Certains projets transmédia, certaines
séries et webséries peuvent aussi être vus gratuitement.
Au final, comment se vit Tous Écrans
version Emmanuel Cuénod ?
Pour moi, la culture n’est pas qu’aller voir un
film. J’ai envie que cet événement soit
accueillant et ne choisisse pas la place du festivalier. Le festivalier vient, il sait qu’il va pouvoir voir un bon film mais comme il a un peu
temps, il expérimente un projet transmédia
peut-être pour la première fois et qui sait, en
tombe amoureux. Il peut aussi décider de
visionner une série. S’il n’a pas envie de faire
tout cela, il va tout simplement au Restaurent
des Bastions participer à des Blind test sur des
génériques de série et répliques de films ou
rejoindre ses copains autour d’un DJ set, faire
un peu la fête puis, revenir en salle.
Propos recueillis par
Tuana Gökçim Toksöz
Programmation détaillée : www.tous-ecrans.com
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animé de Buggs Bunny ou le documentaire
Lektionen in Finsternis (1992) de Werner
Herzog, mais aussi des documentaires (Il Bacio
di Tosca de notre Daniel Schmid national – en
copie restaurée, s'il-vous-plaît -, Traviata et nous
(2012) de Philippe Beziat, etc.).
à l’affiche en novembre
Cinémathèque Suisse
Avec l'adjonction du Capitole, la plus grande salle de cinéma helvétique en
fonction, classée au patrimoine, la Cinémathèque Suisse trouve une vraie
prestance et un rayonnement qui dépasse la Suisse romande.
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Les avant-premières
Depuis sa création, et grâce aux efforts de
l'ancien directeur Freddy Buache, la
Cinémathèque Suisse constitue la sixième plus
grande cinémathèque mondiale (classement
FIAF), avec 70'000 titres de films, 2,8 millions
de photos et 300'000 affiches. Elle propose trois
projections par jour, des cycles renouvelés
chaque mois en parallèle avec les classiques de
l'histoire du cinéma. Son directeur actuel,
Frédéric Maire, propose nombre d'avant-premières et de projections spéciales, avec des invités prestigieux, tandis que son prédécesseur,
Hervé Dumont, vient de mettre gratuitement en
ligne sa formidable Encyclopédie du film historique. Qui a dit que la Cinémathèque Suisse
était poussiéreuse ?
accordé à la lumière et par ses mises en scène
inspirées de l'opéra, surtout Verdi (La Luna,
1979). Un de ses sujets de prédilection réside
dans la quête d'identité d'un héros.
Du cinéma avant-gardiste influencé par
Godard, Bertolucci est capable d'oser des films
plus scandaleux (on se souvient du Last Tango in
Paris (1972) avec Marlon Brando et Maria
Schneider), de tourner avec brio une superproduction de 320 minutes au casting international
(Novecento (1976), avec Burt Lancaster, Robert
De Niro, Donald Sutherland et Gérard
Depardieu, narre l'histoire du communisme italien et de la société rurale de 1900 à la victoire
des paysans sur le fascisme), ou de sillonner le
monde pour filmer les grands espaces (The Last
Emperor (1987), oscarisé et césarisé, Un Thé au
Sahara (1990), Little Buddha (1993)).
Rétrospective Bertolucci
Le cinéaste italien méritait bien cet hommaC'est un coup de jeunisme, Stealing Beauty
ge. Le collaborateur de Pasolini sur Accatone (1996), avec Liv Tyler et Jeremy Irons, qui le
(1962) et Commare Secca (1962) – son premier ramène en Italie. Il faut désormais plus de temps
long-métrage - a aussi travaillé avec Sergio au maître pour confectionner un film (en 2003 sortent Innocents – the Dreamers, avec
Eva Green, Louis Garrel et Michael
Pitt), mais l'avenir de la jeunesse le
préoccupe toujours. En effet, dix ans
après son dernier film, Io et tè (2012),
en compétition à Cannes, traite d'un
adolescent qui s'enfuit dans une cave
abandonnée de son immeuble et s'y
reclut toute une semaine. La
Cinémathèque programme l'intégralité de ses longs-métrages ainsi qu'un
documentaire-clé pour comprendre le
réalisateur, Bertolucci on Bertolucci
(2012) de Fasano et Guadagnino.
«Moi et toi», 2012, dernier film de Bertolucci © Cinémathèque
Leone et Dario Argento sur Il était une fois dans
l'ouest (1968). Ses sources d'inspiration sont à
chercher du côté de la littérature : Borges (téléfilm La Stratégie de l'araignée, 1970) et Moravia
(Il Conformista, 1971), ou encore Stendhal, dont
il adapte La Chartreuse de Parme en 1964
(Prima della rivoluzione). Bernardo Bertolucci
est remarquable par un soin tout particulier
a
Parmi les projections spéciales, la
Cinémathèque programme Gloria (2012) du
Chilien Sébastian Lelio, dont l'actrice principale
(Paulina Garcia) vient de recevoir le prix d'interprétation féminine au Festival de Berlin.
Lui aussi primé, mais au Festival de
Locarno, Yves Yersin présentera en avant-première son documentaire Tableau noir (2013).
L'auteur des Petites fugues s'attache à suivre les
mécanismes de la transmission du savoir dans
une classe d'école primaire du Val-de-Ruz, en
espérant changer quelque chose dans l'instruction
publique vaudoise (mise en place de la controversée LEO oblige).
Les autres événements
Dès novembre, la Cinémathèque propose
une carte blanche mensuelle à Rui Nogueira
(assistant des réalisateurs Jean Eustache et Eric
Rohmer, auteur du Cinéma selon Melville et
ancien directeur du CAC Voltaire) pour présenter,
tous les premiers mardis du mois, un film de son
choix. L'inévitable Singin' in the rain (1952)
constitue son premier coup de cœur.
Après la soirée courts-métrages de diplôme
de l'ECAL, la Cinémathèque invite à une soirée
documentaire sur Haïti dans le cadre des 20 ans
de Médecins du Monde Suisse (projection suivie
d'un débat avec l'écrivain Dany Laferrière).
Et puis, une soirée Cinémémoire, permet de
revoir toute une série d'entretiens filmés d'importance historique (Jacqueline Veuve, Freddy
Buache, Marcel Leiser, Georges Schwizgebel…).
A la fin novembre débute un cycle
Nouveaux films d'auteurs de Corée du Sud.
L'occasion de voir des films relativement peu
distribués; ceux de Hong Sang-soo (Matins calmes à Séoul, 2012), Kim Ki-duk (Pieta, 2012),
Im Sang-soo (L'Ivresse de l'argent, 2012) ou Na
Hong-jin (The Murderer, 2011).
Frank Dayen
Wagner et Verdi au cinéma
Le septième art n'échappe pas non plus au
bicentenaire des naissances de Wagner et de
Verdi. Le prétexte à rassembler les œuvres dont
la bande-son est signée, par anticipation, par un
des deux compositeurs. On y trouve des métrages
aussi disparates que Ludwig (1972) de Visconti,
Melancholia (2011) de Lars von Trier, un dessin
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La Cinémathèque Suisse, à Lausanne (Montbenon et
Capitole) et Penthaz (Archives nationales du film),
www.cinematheque.ch, tél. 058 800 02 00.
Encyclopédie du film historique d'Hervé Dumont :
http://www.hervedumont.ch.
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cinéma latino-américain
Plongée
en eau profonde
Filmar, le festival de films d’Amérique Latine revient pour faire voyager
son public au travers de réalisations où, souvent, les frontières entre la
réalité et la fiction s’amoindrissent pour un rendu des plus pénétrants.
La vocation de Filmar En América Latina
est de créer un pont entre le cinéma d’Amérique
Latine et le public suisse par des films remarqués dans les festivals internationaux. Dans
cette optique, cette quinzième édition propose
un focus sur trois pays andins : l’Équateur, la
Bolivie et le Pérou, des pays spécialement
occultés des sentiers du cinéma traditionnel.
La veille du lancement du festival, une
exposition photos d’un jeune réalisateur bolivien, Diego Mondaca, prend place à la Maison
des Arts du Grütli, centre névralgique du festival. Deux documentaires primés du
réalisateur, La chirola et Ciudadela
sont notamment présentés en parallèle durant le festival. Les trois événements abordent le thème du milieu
carcéral et se complètent.
« L’exposition photos offre une observation prolongée et dans le détail.
Tandis que le cumule de l’image fixe
et en mouvement permet une s’immersion dans cette réalité de différentes manières » explique Sara
Cereghetti, la directrice artistique de
Filmar en América Latina.
l’année pour la programmation de Filmar, c’est
celui qui m’a le plus porté. Gloria est un film
absolument entraînant que ce soit du point de
vue du sujet traité ou de l’interprétation de l’actrice principale », déclare Sara Cereghetti sur
son choix. Cette fiction brosse le portrait d’une
quinquagénaire divorcée, mère de deux enfants
désormais adultes, qui part à la quête de sa
féminité. « On n’a pas souvent l’habitude de
voir à l’écran la vie intime d’une femme d’âge
mûr. Le portait est en plus livré avec beaucoup
de douceur, d’honnêteté. Et il met en relief avec
«Gloria» de Sebastian Lelio © Alamode films
La justesse chilienne
L’année dernière, le festival avait amené
au-devant du public en avant-première suisse,
l’époustouflant No du cinéaste chilien Pablo
Larraín, qui relate la campagne pour le référendum sur la présidence de Pinochet. Et cette
année, suite à la cérémonie d’ouverture officielle du 15 novembre à l'Auditorium Arditi, les
projections débutent avec une autre réalisation
chilienne. Le tout aussi brillant Gloria de
Sebastián Lelio qui signe ici son quatrième
long-métrage avec cette fiction tragi-comique.
Le film, présenté en avant-première, sortira également en salles le 27 novembre. « Parmi tous
les films que j’ai pu voir dans le courant de
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films (Le courage du peuple, The clandestine
nation, Les insurgés) réalisés à trois périodes
éloignées les unes des autres sont présentés afin
de favoriser une réflexion sur l’évolution du
sens de l’éthique et de l’esthétique d’un même
réalisateur à travers le temps. « Jorge Sanjinés
envisage le cinéma comme une cause politique
et morale. Il développe l’idée d’un cinéma près
du peuple aussi dans la réalisation en travaillant avec des acteurs non-professionnels. La
fragilisation de la limite entre le documentaire
et la fiction est d’ailleurs très présente dans le
cinéma latino-américain en général. Et lui en a
fait son assise » expose Sara Cereghetti. Diego
Mondaca qui a travaillé comme assistant de
direction aux côtés de Jorge Sanjinés présentera
les films du cinéaste. D’autres intervenants,
cinéastes, acteurs et actrices sont au programme
de ce festival foisonnant de films inspirés. Et
des débats feront suite aux documentaires projetés. Une mise en bouche captivante aux parfums
d’ailleurs pour mieux se retrouver sur le terrain
des sentiments véhiculés par ces cinéastes latino-américains qui ont fait de l’art de décortiquer l’humain, leur œuvre majeure.
Pour clore cette infime sélection d’une pro-
r
justesse le contexte des relations de genres au
Chili, très codées au niveau de l’expression des
sentiments, en particulier de la femme » analyse la directrice, diplômée en anthropologie. Son
interprétation de Gloria a d’ailleurs valu à l’actrice chilienne Paulina García, l’Ours d’Argent
de la Meilleure interprétation féminine à la
Berlinale 2013.
grammation dense qui permet une vision étendue et en profondeur du cinéma d’Amérique
Latine, notez que cette programmation sera également étendue géographiquement grâce à la
multiplicité des salles romandes dans lesquelles
le festival se déploie, allant même jusqu’à
titiller le public de France voisine.
Propos recueillis par
Tuana Gökçim Toksöz
Un cinéma imprégné
Toujours lors du week-end d’inauguration,
un hommage est prévu au réalisateur engagé
Jorge Sanjinés, originaire comme Diego
Mondaca de Bolivie. À cette occasion, trois
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Festival Filmar en América Latina du 15 novembre au 1er
décembre 2013
Pour les détails : www.filmaramlat.ch
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Simultanément il découvre les contradictions d’un Amadeu engagé dans la résistance,
mais qui, lié par son serment d’Hippocrate qui le
contraint à sauver le chef de la police salazariste,
apparaît comme traître à la cause des révolutionnaires sauvagement réprimés par ce policier. De
plus, emporté dans une folle passion, il est amené
à trahir son meilleur ami et pousser celui-ci à préparer une vengeance sous prétexte de sauver la
résistance… Alors bien sûr on peut reprocher à
Bille August de procéder par succession de rencontres et de témoignages (avec de longs dialogues), de faire des transitions toujours un peu
semblables, d’abuser de l’alternance trop régulière entre présent et passé, de ne libérer sa caméra
que pour quelques parcours dans le labyrinthique
Lisbonne. On peut lui reprocher aussi de passer
sous silence la fascination de Gregorius pour la
langue portugaise et de ne pas aborder toutes les
questions philosophiques du roman. Pourtant il
fait bien sentir à quel point l’enquête du vieux
professeur sur Amadeu se double d’une recherche sur lui-même, sur ce qu’il n’a pas vraiment
connu dans sa vie : l’engagement politique, la
passion amoureuse, l’amitié, le courage, la
trahison…
Les films du mois
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«Train de nuit pour Lisbonne» de Bille August © Frenetic films
TRAIN DE NUIT
POUR LISBONNE
de Bille August (CH, D, 2012), avec Jeremy
Irons, Mélanie Laurent, Lena Olin, Charlotte
Rampling, Jack Huston, Bruno Ganz,
Christopher Lee,… scénario Bille August et
Pascal Mercier
Joël Dicker n’est pas le premier écrivain
suisse à signer un bestseller. En 2006, l’écrivain
et enseignant bernois Pascal Mercier (de son vrai
nom Peter Bieri) publiait son roman Train de Nuit
pour Lisbonne qui rencontra un succès populaire
foudroyant et fut traduit en plusieurs langues.
Bille August, le cinéaste danois qui avait reçu la
Palme d’Or à Cannes en 1988 pour Pelle le
Conquérant, prétend avoir eu tout de suite envie
d’adapter ce roman au cinéma. Il faut dire que
Bille August est un cinéaste au syle « académique », habitué des adaptations de romans.
Présenté hors compétition à Berlin cette année,
Train de Nuit pour Lisbonne n’a pas suscité l’enthousiasme, certains parlant même d’un « europudding » vu les origines diverses des comédiens
qui tous parlent anglais avec un accent différent !
J’avoue avoir été « déçu en bien » à la vision
de ce film. Certes, l’anglais ne rend pas justice à
la quête du professeur du roman, fasciné par la
langue portugaise, certes il est curieux de voir un
a
Serge Lachat
personnage jeune parler un anglais à l’accent
complètement différent de celui du même personnage vieux, certes le film n’a pas la densité
du roman. Il n’en reste pas moins que, porté par
la force de l’histoire racontée, j’ai vu ce film sans
déplaisir. L’histoire, en effet, est forte et accroche
dès le départ : un professeur de latin proche de la
retraite, Raimund Gregorius, voit un matin blême
une jeune fille sur le point de se jeter d’un pont à
Berne. Il la retient, l’emmène dans sa classe pour
qu’elle se réchauffe. Elle s’enfuit soudain en laissant derrière elle son manteau rouge avec dans
une poche un livre d’un auteur portugais et un
billet pour Lisbonne. Ne pouvant pas la rattraper,
le professeur, fasciné par le livre et son auteur,
saute dans le train pour Lisbonne.
Là, il va chercher à savoir qui était cet
auteur. Confronté d’abord à des portes fermées et
à des réticences à témoigner de la part de ceux
qui l’ont connu, Gregorius insiste humblement et
finit par apprendre qui était Amadeu de Prado.
Appartenant à la haute bourgeoisie, sinon à l’aristocratie lisboète, Amadeu, étudiant brillant,
puis excellent médecin, fut membre de la résistance à la dictature salazarienne. A la recherche
d’un auteur, Gregorius découvre ainsi tout d’abord les bribes de l’histoire du Portugal et les
violences policières qui précédèrent la
Révolution des Oeillets.
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LES GARCONS
ET GUILLAUME, A TABLE
de Guillaume Galienne (F et B.,2013), avec
Guillaume Galienne, Françoise Fabian, André
Marcon
Pour son premier film, Guillaume Galienne
a décidé d’adapter au cinéma son one-man show
théâtral. Et comme dans celui-ci, de revenir sur le
regard familial qui a toujours vu dans son allure
efféminée le signe inéluctable de son homosexualité. Le doute semblait d’autant moins possible que lui-même, enfant, se prenait pour une
fille et pour l’enfant préféré de sa mère.
Dans le film (c’est un vrai film et pas du
théâtre filmé), Guillaume Galienne joue deux
rôles : le sien bien sûr et celui de sa mère. Et il
raconte le parcours difficile qui fut le sien jusqu’à ce qu’il découvre vraiment son identité, tant
le monde entier semblait vouloir le condamner à
l’homosexualité. Pour éloigner celui qui fait
honte à sa famille, sa mère le met en pension en
Espagne : la mère de sa famille d’accueil se met
en tête de lui apprendre à danser la sévillane, et il
découvre qu’il la danse dans le rôle de la femme.
On l’envoie dans un collège anglais et il découvre que la violence des scènes de masturbation de
ceux dont il partage le dortoir lui rend la sexuali-
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té masculine terrifiante. Quant à son incorporation dans l’armée, elle se heurte aux préjugés et à
l’homophobie du médecin recruteur !
La qualité principale du propos de Galienne,
en dehors de son humour et de ses talents de
transformiste, c’est de montrer combien il est difficile d’être soi-même et de se faire accepter pour
ce que l’on est vraiment. Un hétérosexuel, dans le
cas présent ! Mais le discours n’est pas revanchard : malgré ce que sa mère lui a fait subir pendant 20 ans, le protagoniste ne lui en veut pas et
lui dit même son indéfectible amour. Dans une
scène troublante, au théâtre où, depuis la scène
où il joue son propre et rôle et celui de sa mère,
il s’adresse à sa « vraie » mère, spectatrice présente dans la salle. Malgré quelques baisses de
régime, le film de Galienne se présente comme
une comédie qui brouille les pistes, dénonce les
clichés et les préjugés, et qui est en dernier ressort un plaidoyer pour la tolérance. Et qui raconte, derrière la question de la sexualité, comment
un enfant a pris goût à endosser des rôles (fussent-ils de princesse) et comment est né et s’est
développé son désir d’être acteur.
journée d’élection qui verra Hollande (le titre du
film renvoie autant au tableau qui célèbre la victoire de Napoléon III contre l’Empire austro-hongrois qu’à la rue de Paris où se trouve le siège du
parti socialiste) triompher de son rival Sarkozy le
6 mai 2012. Cette inscription de la petite histoire
dans la grande permet à la cinéaste de passer sans
autre de la fiction au documentaire, brouillage
toujours intéressant. Reste à savoir si les deux
registres vont s’éclairer l’un l’autre ou seulement
accentuer l’aspect foutraque du film.
Le film s’ouvre dans l’appartement étriqué
d’une journaliste de LCI dont les deux petites
filles hurlent insupportablement. Dans une
atmosphère électrique, Laetitia donne les dernières consignes à un baby-sitter gentillet, mais
dépassé dès le départ ! Elle doit travailler ce
dimanche-là (elle doit faire des micros-trottoirs
chez les sarkozystes et chez les « hollandais ») et
il s’agit surtout d’expliquer au baby-sitter qu’il
ne doit laisser entrer sous aucun prétexte l’exmari de Laetitia que celle-ci juge psychologiquement instable (il vient de faire un passage en
hôpital psychiatrique), donc dangereux pour ses
Serge Lachat filles. Mais le baby-sitter, trop gentil, laissera
entrer Vincent, fort de
son droit de visite et qui
arrive les mains pleines
de cadeaux. A partir de
là, il faudra expulser
Vincent et, sur les consignes téléphoniques de
Laetitia, lui amener les 2
fillettes toujours hurlantes (que font les services
de protection de l’enfance ? ou la Croix-Rouge
née après Solférino justement ?) au lieu de célébration de la victoire
socialiste, projet contre
lequel Vincent s’élève
«Les Garçons et Guillaume, à table !» © JMH distribution
bien sûr avec véhémence ! Pas la peine de résumer plus : la cinéaste
LA BATAILLE DE SOLFERINO nous plonge d’une scène hystérique à l’autre,
de Justine Triet (F, 2013), avec Laetitia Dosch, redoublant les scènes d’hystérie familiale par les
Vincent Macaigne, Arthur Harari, distribution ? scènes d’hystérie collective dans la rue. On dira
que la confusion dans l’expression ne suffit pas à
Depuis son passage dans une section paral- dire la confusion dans le réel, et le spectateur
lèle à Cannes cette année, ce premier film de épuisé que j’étais à la sortie en est bien d’accord.
Justine Triet est porté aux nues par toute une Restent, surnageant dans cette agitation confuse,
presse française qui veut y voir l’émergence quelques scènes émouvantes ou drôles, portées
d’une nouvelle Nouvelle Vague.
par la qualité des comédiens (surtout Macaigne).
Alors certes on peut reconnaître à ce film Et reste surtout l’impression que Justine Triet a
une belle énergie et l’ambition louable de super- su capter quelque chose de la violence des antaposer à un drame familial l’émotion à vif d’une gonismes entre ex-conjoints comme entre partis
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politiques, quelque chose du désarroi de trentenaires qui s’accrochent désespérément à des
« droits » au détriment de leurs enfants et de leur
propre bonheur, et quelque chose de la perte des
repères politiques au profit d’une agitation de
supporters ou de fans de vedettes médiatiques
(aux cris de « Nicolas, Nicolas,… » répondent les
« François, François… » sans qu’on voie bien
quelle cause politique est défendue).
Reste à savoir si cette « captation » de l’air
du temps suffit à faire un film et une cinéaste…
Serge Lachat
THE LEBANESE ROCKET
SOCIETY
de Joana Hadjithomas et Khalil Joreige (France,
Liban)
Je propose ces quelques lignes alors que ce
film n’est plus sur les écrans romands non pour
susciter des regrets, mais pour donner l’envie de
l’acquérir en DVD dès que cela sera possible.
Ce « documentaire » raconte un épisode de
l’histoire du Liban qui voit un groupe de scientifiques de l’université (arménienne) Haigazian de
Beyrouth se lancer dans l’aventure de la conquête spatiale au début des années 60. Cette aventure rêvée par le professeur et mathématicien
Manoug Manougian a été lancée par quelques
scientifiques (physiciens, chimistes, mathématiciens), bientôt rejoints par un jeune lieutenant de
l’armée libanaise supposé favoriser l’approvisionnement en matériel et en carburant, de fait
observateur intéressé « militairement » par cette
fusée conçue par de naïfs savants ! Le projet s’est
développé jusqu’à ce qu’une fusée, le système de
« guidage » étant encore purement trigonométrique, s’écrase sur Chypre (sans faire de blessés
ni de dégâts) éveillant l’attention des grandes
puissances (d’abord l’Angleterre, puis la France).
Dans un contexte de guerre froide et de protection d’Israël, le projet fut arrêté par un décret
venu de haut. Ce qui a étonné les deux cinéastes,
c’est le fait que ne subsiste de ce grand « rêve »
qu’un timbre-poste ! Comme si tout un pan de la
mémoire libanaise avait été effacé. Ils se sont
donc lancés sans grand succès sur la piste d’archives écrites et photographiques (dans les journaux de l’époque), et sans aucun succès sur la
piste d’archives filmées (la cinémathèque libanaise est littéralement une ruine). Restaient les
témoignages oraux. Mais la plupart des responsables du projet ayant quitté le Liban dès la première guerre civile libanaise de 1975-1976, il a fallu
les retrouver. Aux Etats-Unis pour la plupart,
dont le professeur Manougian, retrouvé à Tampa
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en Floride (ville qu’il a choisie
en souvenir de Jules Verne et de
son roman De la Terre à la
Lune !) et qui leur a raconté toute
l’histoire de la conquête spatiale
libanaise et leur a ouvert ses
archives personnelles (dont on
retrouve de larges extraits dans
le film). Mais le film n’est pas
fait que d’un montage de témoignages, si captivants soient-ils. Il
est aussi une réflexion sur l’histoire du Liban (ah ! toutes ces
invasions dont on peut lire les
traces dans le chemin qui mène
de Beyrouth au sommet de la
montagne qui domine la ville),
sur l’échec du panarabisme nassérien après la
défaite arabe dans la Guerre des Six Jours et sur
les séquelles de la Guerre du Liban. Et ce documentaire est plus encore puisque les cinéastes ont
décidé de faire construire une maquette de la dernière fusée libanaise et de filmer son « installation » artistique dans la cour de l’Université
Haigazian ! Et pour finir, comme une fusée à plusieurs étages, le film documentaire devient, dans
sa dernière partie, un film d’animation dans
lequel les réalisateurs évoquent ce qu’auraient pu
devenir le Liban et Beyrouth si l’Histoire avait
permis à ce tout petit pays de conduire cette
conquête spatiale jusqu’au bout ! Recherche de
traces (ou même, pour parler comme les réalisateurs, de « traces de traces »), travail de mémoire
sur un projet scientifique, projet artistique, The
Libanese Rocket Society est un film inclassable,
drôle (on rit beaucoup), inventif, tragique, rêveur,
un film à découvrir absolument.
Serge Lachat
PRISONERS
de Denis Villeneuve, avec Hugh Jackman et
Jake Gyllenhaal, USA 2013, scénario d’Aaron
Guzikowski
Encore sous le coup d’Incendie, le dernier
film de Denis Villeneuve, véritable « tragédie
antique » transposée dans le monde en guerre
d’aujourd’hui au Moyen Orient, c’est avec une
curiosité un peu inquiète que je suis allé voir
Prisoners. Alors certes, ce dernier film n’atteint
pas la puissance et l’incandescence tragique du
précédent, mais il aborde le sujet délicat du rapt
d’enfants d’une manière fort intéressante en le
situant dans le contexte de l’Amérique profonde
et bigote. Le cinéaste happe son spectateur par
une première scène de chasse avec sur la bande-
a
«Prisoners» © Ascot-Elite
son une voix déclamant une prière avant le coup
de feu et les exclamations enthousiastes d’un
père devant la prouesse de son fils adolescent qui
vient de tuer sa première biche ! Un fils auquel il
s’efforce dans la foulée d’enseigner son idéologie
« survivaliste ».
Keller Dover, ce père qui défend les valeurs
fondamentales de l’Amérique et qui demande à
sa famille de se tenir prête à se battre et à survivre dans les circonstances les plus terribles ne
tarde pas à être confronté à un drame terrible :
dans la banlieue de Boston où sa famille fête
Thanksgiving dans une famille amie, deux fillettes de 6 ans sortent de la maison… et disparaissent. Loki, le policier en charge de l’enquête,
pense comme tout le monde à un kidnapping et,
sur la foi du témoignage de Keller, poursuit et
arrête un suspect. Mais celui-ci, débile (il a un
physique d’adulte, mais un âge mental de 6 ans et
peut à peine s’exprimer) est rapidement relâché
faute de preuves. Persuadé que c’est bien lui le
coupable, Keller, complètement aveuglé par la
douleur, l’enferme dans une maison abandonnée
et, aidé du père de l’autre fillette, le torture atrocement pour le faire avouer, toujours après avoir
prié Dieu pour demander le pardon de ses
péchés ! Loki, rationnel et méthodique, donc trop
« lent » pour Keller, s’efforce de coincer un autre
suspect, mais ce dernier, au cours d’un interrogatoire « musclé », réussit à prendre le revolver
d’un policier et se suicide d’une balle dans la
bouche. S’engage alors une course apparemment
désespérée pour déchiffrer les labyrinthes dessinés par le suspect et pour retrouver les fillettes
vivantes… A l’évidence, ce qui intéresse
Villeneuve dans le scénario d’Aaron
Guzikowski, c’est moins le succès ou l’échec de
l’enquête policière (de ce point de vue la fin du
film et la résolution de l’énigme est franchement
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la partie la moins intéressante) que l’observation de la façon dont circule la violence dans un
univers de banlieue
américaine tout imprégnée de représentations
manichéennes du bien
et du mal, de la culpabilité, du péché et de la
rédemption… Et, sans
jamais sombrer dans la
leçon de morale, sans se
contenter non plus de
faire le procès de ceux
qui cherchent à faire
justice
eux-mêmes,
Villeneuve - lui-même éduqué dans un collège
religieux et ayant ensuite embrassé des études de
physique avant de choisir le cinéma ! – prend son
temps pour montrer la façon dont la religion permet de faire le pire en toute bonne conscience
puisque chacun peut trouver dans le texte même
de la Bible la justification de ses actes.
Et plus largement des actes du pays tout
entier et de son président qui acceptent l’existence de lieux de torture comme Guantanamo…
Serge Lachat
VIOLETTE
de Martin Provost (France-Belgique 2013)
avec Emmanuelle Devos, Sandrine Kiberlain,
Jacques Bonnaffé, Olivier Gourmet
Qui se souvient encore de Violette Leduc,
écrivain au talent reconnu par ses pairs (en particulier Simone de Beauvoir, Sartre et Genet), mais
dont les ouvrages restaient confidentiels avant La
Bâtarde (1964), véritable bombe éditoriale qui
remporta presque le Goncourt et dont le succès
public fut immédiat ?
Martin Provost s’est attaché à rappeler la
mémoire de cette femme écorchée vive, qui souffrit sa vie durant de sa laideur et de sa bâtardise.
Comme il l’avait fait avec son film précédent,
Séraphine (2008), le cinéaste, en plus d’offrir un
magnifique portrait de femme, s’efforce de montrer comment un artiste de l’ombre peut être
découvert presque par hasard et comment son art
peut trouver son public. Ainsi Séraphine fut-elle
découverte par un collectionneur allemand retiré
à Senlis pour écrire et qui l’avait engagée comme
femme de ménage !
Violette s’ouvre sur quelques scènes nocturnes de la fin de la guerre, dans lesquelles on voit
l’héroïne s’adonner au marché noir, activité
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qu’elle poursuivra la paix revenue dans la plus
complète illégalité. On découvre aussi la relation
compliquée qui l’unit à l’écrivain homosexuel
Maurice Sachs dont elle est amoureuse, ainsi que
ses rapports problématiques à sa mère. Mais
assez rapidement, le film se focalise sur la relation étonnante qui se noue entre Violette Leduc et
vêtement, pas un meuble qui ne soit « vraiment » quelques unes sur les fesses. C'est la marque que
d’époque. Et pas une œuvre d’art ne manque laisse la dernière Palme d'or, cinquième longdans l’appartement de Simone de Beauvoir… Or, métrage de l'auteur des déjà césarisés L'Esquive
à un moment donné dans le film, Genet dit en et La Graine et le Mulet. L'aura sulfureuse de La
substance à Violette: « ce qui compte, ce sont les Vie d'Adèle qui a précédé sa sortie avait déjà mis
mots, ce sont eux qui garderont tes souvenirs au parfum les spectateurs, mais pour d'autres raivivants. Les objets, c’est la mort ». Même si l’on sons. D'abord son sujet racoleur: l'initiation d'une
entend quelques lignes adorable adolescente aux joies (et inconvénients)
de Violette Leduc, les des plaisirs lesbiens. Ensuite, la décision du jury
mots sont les grands cannois, présidé par Spielberg, de lui attribuer la
Palme d'or à l'unanimité. Enfin, la récente poléabsents du film…
mique
à propos d'un tournage éprouvant provoDu côté des acteurs,
quée
par
l'actrice née dans le coton, Léa Seydoux.
Emmanuelle Devos tend
Après
tout cela, il paraissait donc difficile de
à surjouer un peu, mais
découvrir
le
film en toute innocence. Qu'importe,
il est vrai que Violette
il
faut
découvrir
ce film !
Leduc est une hystérique
C'est
l'histoire
d'une bachelière, Adèle
en permanente demande
(Adèle
Exarchopoulos),
qui se questionne sur
d’amour. Kiberlain est
son
identité,
sous
les
pressions
de ses camarades.
parfaite en Simone de
Après
avoir
connu
les
premiers
émois dans les
Beauvoir, toute d’intellibras
d'un
garçon
de
la
même
école,
plus âgé,
gence et de retenue, très
Adèle
croise
une
jeune
femme
aux
cheveux
bleus
libre dans sa philoso(Léa
Seydoux),
par
qui
elle
se
sent
étrangement
phie, mais finalement
assez bourgeoise dans attirée. Après avoir rompu avec son nouveau petit
son comportement. Et ami, par honnêteté, envers lui comme envers ses
«Violette» © Ascote-Elite films
Bonnafé incarne un propres sentiments, désorientée, elle retrouve par
Genet tout à fait crédible… Puisse le film de hasard la belle inconnue dans un bar lesbien.
Simone de Beauvoir. La première, complètement Martin Provost inciter les spectateurs à Etudiante en beaux-arts, Emma est vite touchée
fascinée par le Castor, folle d’amour et de désir (re)découvrir Violette Leduc, la beauté poétique par la naïveté de sa cadette, encore mineure. Et la
pour cette femme libre, voudrait une relation pas- de son expression et la force de son style à nul relation d'amitié, par le côté étrange de la nousionnelle. Mais Simone de Beauvoir, complète- autre pareil !
veauté, se mue en relation amoureuse, dont le
Serge Lachat film ne nous épargne rien des ébats charnels…
ment fascinée, elle, par le talent littéraire de
Violette et l’absence de tabou dans sa manière
D'emblée, le spectateur est stupéfait par le
frontale d’aborder les thèmes brûlants (sexualité LA VIE D'ADÈLE
charme de cette inconnue sur l'écran, Adèle
féminine, homosexualité, avortement…), se veut chapitres 1 & 2 (2013) d'Abdellatif Kechiche, Exarchopoulos, qui vole la vedette à une coméson Pygmalion et non son amante : elle veut avec Adèle Exarchopoulos, Léa Seydoux, dienne pourtant plus connue, Léa Seydoux. Tout
conduire Violette Leduc « au bout » de son art et Jérémie Laheurte…
juste sortie de l'adolescence, l'actrice éponyme
la faire publier par les plus grands éditeurs.
du titre a pourtant tourné avec Benchetrit, Jane
Une bonne claque dans la figure, et Birkin et Pascal Elbé et joué dans La Rafle
Par Simone de Beauvoir et Sartre (qui n’apparaît jamais directement dans le film), Violette
Leduc rencontre plein d’artistes et d’auteurs
qu’elle admire, en particulier Jean Genet. Mais
encore une fois, c’est surtout grâce à la pression
permanente de Simone de Beauvoir que Violette
Leduc accepte de se dévoiler, de se mettre à nu
comme jamais peut-être une femme ne l’avait fait
auparavant. Et c’est au gré des ouvrages qu’elle
écrit et dont elle parle avec Simone de Beauvoir
que nous découvrons par bribes la vie passée de
Violette.
Le film de Martin Provost est remarquable
dans la peinture des jeux de forces que suppose
parfois la création littéraire. Pour le reste, après
un début qui campe un décor avec 3 fois rien, je
lui reproche une approche trop maniaque de la
«La vie d’Adèle» © Frenetic films
décoration : pas une voiture, pas un car, pas un
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(2010) de Roselyne Bosch. Mais il faut le tact de
Kechiche, à l'instar de Larry Clark aux EtatsUnis (Kids; Ken Park…), pour filmer une telle
héroïne et l'adhérer comme une seconde peau.
Entre scènes naturalistes, proches de l'improvisation (à l'école par exemple), et celles, répétées
jusqu'à la maniaquerie (les plans du croisement
d'Adèle et Emma sur un passage clouté), le réalisateur convainc par son style sincère – osons
même, pudique - et par un rythme de la narration
qui ne concède rien aux facilités psychologiques.
Si les deux premiers tiers du film constituent un
enivrement sans faute, la scène de la soirée anniversaire d'Emma paraît un peu longuette, et le
dernier tiers perd en vivacité. Normal, les deux
héroïnes ne sont plus vraiment ensembles. Il faut
attendre la scène bouleversante de leurs retrouvailles dans un café, Adèle encore amoureuse,
quasi en manque, malgré le temps qui s'est écoulé après leur rupture, pour revenir au propos du
film: l'impossibilité de l'amour, même entre femmes. Grâce aux personnages magistralement
interprétés, sans rien perdre de la fraîcheur de
leur jeunesse, Kechiche a réussi sa démonstration: de la recherche d'une identité à travers la
sexualité, La Vie d'Adèle conclut à la non-pertinence de catégoriser les sexes pour vivre un
amour sincère et partagé. Tous bis ! Un coup de
projecteur habile (la lumière du film est par
ailleurs impeccable) sur une problématique d'actualité qui n'a heureusement pas échappé au 7e art.
Frank Dayen
«T.S. Spivet» © Pathé films
velle production du cinéaste, est « déçue d'avance ». Ce qu'on reproche si souvent à Jeunet, c'est
précisément de « faire du Jeunet ». Le style de ce
réalisateur français semble en effet s'être figé,
avoir cessé d'évoluer. Cette situation d'a rien
d'enviable, vu en quelle estime certains critiques
tiennent la « manière » Jeunet. Ce qui lasse tant
chez lui, c'est son amour de l'artifice clinquant.
Jeunet est le cinéaste du gadget. Son œuvre affiche de façon ostentatoire la prouesse technique « tape-à-l'œil ».
Que T.S. Spivet – l'histoire
d'un enfant surdoué parti du
Montana pour recevoir un prix
scientifique à Washington - sorte
en 3 dimensions n'a donc rien de
surprenant. La 3D n'est que le
nouveau gadget employé par
Jeunet. Elle remplace les filtres
jaunâtres ; son emploi est tout
aussi tapageur. Certes, quelques
trouvailles dans l'usage de la 3D
paraissent inédites. On pourrait
citer le plan dans lequel s'insert
ce qu'observe hors du cadre la sœur du héros. Le
spectateur, en plus d'adopter le point de vue de la
caméra, embrasse le regard d'un personnage qu'il
voit évoluer à l'écran. L'usage de la 3D a ceci
d'intéressant que cette méta-vision s'extrait du
cadre et dote l'image d'un relief supplémentaire.
Notre perception est troublée, et notre œil ne sait
durant un moment « quelle 3D » privilégier. Mais
là encore, la prouesse technique est
exhibée, et la mécanique tourne à
vide. On pourrait dire, à la décharge
de Jeunet, que son esthétique tape-àl'œil constitue peut-être une tentative
de nous rappeler que, « les films ont
pris leur élan non pas dans la haute
culture européenne (…), mais dans
(…) le music-hall, la bande-dessinée, bref dans le grossier, le commun », comme l'écrivait la critique
américaine Pauline Kael. Si cette
vérité historique restait à prouver, on
trouvera la démonstration de Jeunet
quelque peu laborieuse.
Emilien Gür
T.S. SPIVET
AU BONHEUR DES OGRES
de Jean-Pierre Jeunet
de Nicolas Bary
Rares sont les cinéastes dont les œuvres,
comme celles de Jean-Pierre Jeunet, paraissent
toujours s'inscrire au sein du même horizon d'attente : une certaine partie de la critique (qui n'est
pas des moindres), avant même d'avoir vu la nou-
a
Benjamin Malaussène ne sait plus où donner
de la tête : il a la charge d'une fratrie absolument
incontrôlable, le grand magasin dans lequel il travaille est victime d'incessantes explosions, et la
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police le soupçonne d'être le responsable de ces
dernières... Voilà à quoi se résume l'essentiel de
l'action d'Au bonheur des ogres, roman de Daniel
Penac avant de devenir le film insipide réalisé par
Nicolas Bary.
L'adaptation du roman de Pennac par Bary
déçoit. Le passage de l'univers de l'écrivain à l'écran tombe à plat. Le spectateur n'y découvre
guère la délicieuse truculence qui fait le charme
«Au bonheur des ogres» © Pathé films
du romancier, mais une fable grotesque qui passe
en revue des personnages aussi mal campés les
uns que les autres. Les membres de la tribu
Malaussène sont creux, sans vie, bien qu'ils ne
cessent au cours du film de s'agiter dans tous les
sens. Dès qu'on les a vus une seule fois, ils n'ont
plus de secret pour nous. Leur comportement est
entièrement prévisible. C'est dommage, car le
film dure 1h32 : un laps de temps largement suffisant pour élaborer des personnages un peu plus
complexes qu'un trentenaire débordé et malhabile, des adolescents en crise et un enfant braillard.
Un personnage intéressant se construit dans le
temps, on ne le saisit pas d'entrée, les informations à son sujet sont délivrées peu à peu et se
contredisent parfois. Nicolas Bary semble malheureusement l'ignorer, et ne sait guère nous livrer que des caricatures, qu'il nous faut malheureusement supporter durant toute la durée du
film. Les personnages drôles et « hauts en couleur » du roman de Pennac semblent hélas déserter l'oeuvre de Bary, lequel entendait justement
les faire vivre à l'écran.
Si les personnages déçoivent, c'est également le cas de l'univers du film dans son entier.
La vitalité débordante du monde de Daniel
Pennac se traduit dans la production de Bary par
des effets spéciaux tapageurs, un remue-ménage
permanent qu'on trouvera volontiers écoeurant. A
force de s'emballer dans tous les sens, le film
laisse bien vite le spectateur sur la touche.
Emilien Gür
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sous la loupe
Kino
Il fait bon faire du cinéma dans l’espace post-soviétique si
l’on en croit le calibre de la compétition officielle lors de la
première édition du Kino Festival du Film de Russie et
d’Ailleurs qui s’est tenu du 21 au 29 septembre aux
Cinémas du Grütli et à la Cinémathèque Suisse.
Réussite sur tous les plans pour les organisateurs qui sont non seulement parvenus à attirer près de 10’000 spectateurs dans les salles mais
aussi à offrir à leur public un surprenant échantillon de cinémas nationaux
de qualité. Ce n’est en effet pas tous les jours que des écrans suisses prennent l’opportunité de projeter les fruits du travail d’artistes de l’espace
post-soviétique. L’on aurait pu d’ailleurs craindre que la qualité des oeuvres proposées ne souffre lorsque l’on considère les vastes différences
dans la culture filmique des nations représentées (la boitillante “industrie”
du Kazakhstan peut difficilement faire le poids face à la vénérable tradition cinématographique russe).
«Harmony Lessons» © Kino
Grand Prix
Pourtant c’est bien Harmony Lessons, du kazakh Emir Baigazin, qui
s’est finalement vu désservir à juste titre le Grand Prix de cette première
édition bourrée de talents. Sorte de carte postale à double tranchant,
Harmony Lessons met en valeur d’un côté la splendeur naturelle des immenses steppes du pays, à la
façon de tableaux aux silences menaçants, mais de
l’autre révèle aussi l’envers de ce sublime décor au
travers du troublant périple de l’écolier Aslan. Le
jeune adolescent, dépeint tout en introspection et
en solitude, se retrouve le bouc émissaire d’un
gang d’écoliers qui terrorise l’établissement.
Véritable organisation criminelle, les “minimafieux” imposent leurs lois comme des tyrans de
la cour de récré. Extorquage d’argent, humiliations, raclées…, l’odieuse bande fait régner la peur
avec comme seul code : la primauté de la masculinité et ses élans de violence.
C’est dans ce contexte d’hostilité permanente
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que le jeune Aslan, victime d’une ignoble humiliation, dont il affichera les
séquelles jusqu’à la dernière image du film, se referme sur lui-même. Son
rôle de digne loup solitaire n’est pourtant pas réellement un choix volontaire, mais l’effet d’une loi imposée par l’empire du crime en uniforme
d’école, qui dicte qu’aucun camarade ne doit même lui adresser la parole.
Transgresser cette règle implique la rétrogradation du coupable au même
statut qu’Aslan. Dans ce microcosme dictatorial, la solidarité et la générosité sont punies et la soumission devient un acte nécessaire à la simple survie. C’est l’arrivée d’un nouveau venu, insolent et un poil inconscient,
ainsi que le traitement de celui-ci aux mains de leurs brutaux camarades,
qui fera germer le désir de vengeance d’Aslan. La violence qui régit les
rapports de force durant le premier acte se révèle alors comme le principe
fonctionnel de la société kazakh, ancré au cœur même de ses institutions.
Impossible donc pour Aslan d’y échapper, l’outil de son malaise devient
celui de sa vengeance. C’est avec un pinceau d’une noirceur épaisse et un
sens aiguisé de la critique que Baigazin dépeint le cœur encore corrodé de
son pays. Mêlant cinématographie ascétique et symbolisme, le jeune réalisateur signe une stupéfiante inculpation du système national et du spectre
soviétique qui hante son peuple.
Résidus culturels
Ce n’est d’ailleurs pas le seul en compétition à s’être focalisé sur la
thématique de ces résidus culturels du patriarchat autoritaire. Dans le
georgien In Bloom, deux meilleures amies en pleine adolescence tentent
de se frayer (en vain) un nouveau chemin loin des coutumes sociétales et
de l’intimidant pouvoir des hommes. Certaines perspectives moins moroses étaient aussi au programme dans l’aigre-doux I’ll Be Around, chronique d’une mère célibataire dotée d’un entrain à toute épreuve. Dans cette
ère moderne, l’homme (ou peut-être plutôt la masculinité) n’est plus présent et c’est tant mieux, une notion confirmée lorsque l’on est introduit
auprès du pathétique père biologique. Cependant, découvrant qu’elle souffre d’un cancer dont elle ne survivra sans doute pas, Inna se met à la
recherche d’un couple pour élever son enfant après son décès. Sorte d’hybride entre Juno et le cinéma soviète des années 60 et 70, I’ll Be Around
est une idéalisation moderne de cette évolution culturelle qui veut qu’une
société saine (personnifiée ici par le noyau familial) soit forgée sur un bannissement du traditionnel déséquilibre des sexes. Pas étonnant alors que le
seul personnage édifiant et moral d’Harmony Lessons se révèle être une
jeune fille délibérément mise à l’écart de la narrative.
James Berclaz-Lewis
«In Bloom» © Kino
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théâtre de carouge
La double mort
de l’horloger
André Engel continue sa lecture profonde de l’œuvre d’Ödön von Horváth.
Il réunit cette fois-ci deux textes étrangement proches qui se font écho,
écrits à 10 ans d’écart, relatant la - double - mort violente d’un horloger.
Diptyque noir à ne pas manquer.
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1923 : Ödön von Horváth rédige Meurtre
dans la rue des Maures. L’histoire d’un horloger
assassiné, dont le meurtrier, revenu sur les lieux
de son crime, finira par se pendre dans la maison de ses parents, seule façon d’échapper à la
police qui le traque méthodiquement.
1933 : Le même Ödön von Horváth écrit
L’Inconnue de la Seine. Lors d’un cambriolage,
un horloger surprend les voleurs. Il est assassiné. Le meurtrier s’enfuit, rencontre une jeune
femme, la séduit et la convainc dans la foulée de
lui fournir un alibi. Par amour elle obtempère.
Sitôt tiré d’affaire, l’homme l’abandonne sans
vergogne pour en épouser une autre. N’arrivant
pas s’en remettre, elle se jettera dans la Seine.
À dix ans d’intervalle, Horváth revient en
quelque sorte sur une histoire similaire, celle
d’un horloger assassiné, histoire similaire mais
non semblable. Car s’il y a une proximité avérée
des thèmes, ces deux pièces en fait ne disent ni
ne décrivent la même réalité psychologique,
sociale ou politique des protagonistes. Au désespoir réel du premier meurtrier succède le
cynisme inique voire le froid calcul du second.
Tout à coup, le suicide de la jeune fille nous rappelle qu’il n’est plus dans l’air du temps en 33,
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dans cette région-là du monde, de ‘considérer’
l’autre. Même s’il aide ou aime et se considérait pour le coup comme un alter ego…
Le spectateur averti entendra donc dans le
lointain des bribes de l’Histoire de la
République de Weimar via ces deux textes, et
comprendra que c’est dans un esprit certainement pas intempestif qu’Engel les monte et les
fait jouer en synchronie, voire en ‘synchronicité’ comme aurait peut-être dit Jung.
Rosine Schautz
Entretien avec André Engel
Ces deux pièces montées en un seul
geste sont-elles des variations sur un même
thème ou simplement se répondent-elles en
symétrie ?
Les deux œuvres, qui ne sont en rien symétriques, présentent des variations sur des thèmes
fondamentaux : la culpabilité et la responsabilité.
La veulerie et la lâcheté. Et plus généralement
les rapports homme/femme et la Mort. En
musique, les variations ne prennent tout leur sens
que par les contrastes qu'elles forment, ce qui
exige en principe qu'elles soient toutes exécutées
lors d'un récital. Il en est de même ici. À la lecture, le simple rapprochement des deux séries d'é-
«La double mort de l’horloger» © Richard Schroeder
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«La double mort de l’horloger» © Richard Schroeder
vénements formant la trame de chaque pièce permet sans doute de mieux cerner ce qui fait la singularité de chacune. Cela dit, toutes deux constituent bien des œuvres indépendantes, conçues
comme telles par leur auteur, et pouvant être
réalisées pour elles-mêmes. Les monter d'un seul
trait, au cours d'une unique soirée, ne se justifie
que si elles s'entre-expliquent – autrement dit,
uniquement à la condition qu'en s'éclairant et en
se renforçant l'une l'autre, elles nous disent
ensemble quelque chose de plus que leur signification particulière, faisant jaillir de leur confrontation un supplément de sens.
Pensez-vous que Meurtre dans la rue
des Maures est une répétition générale de
L'Inconnue de la Seine ou plutôt qu'Horváth,
à 10 ans d'intervalle, a voulu donner une
seconde chance - perdue - à ses personnages
?
On peut voir dans le meurtre de la rue des
Maures une scène qui va se rejouer - soit pour
donner au criminel une deuxième chance, soit au
contraire pour le contraindre à confirmer et
redoubler sa damnation en le privant de cette
solution de facilité qu'est le néant trop vite
rejoint. Le spectre visible de la première pièce
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cède donc la place à un invisible « spectre de
spectre », si l'on ose dire. Car dans Meurtre dans
la rue des Maures, la présence d'un autre monde
permet peut-être encore d'espérer en une sorte de
justice transcendante, mais tout espoir de ce
genre est vain dans L'Inconnue de la Seine, où ce
n'est même plus le criminel qui met fin à ses
jours, mais la jeune femme qui voulait le sauver.
Et l'eau de la Seine, fleuve d'oubli, se referme sur
la pauvre vie qui s'y jette, avec une impassible
cruauté... Ne reste plus qu’un masque mortuaire :
celui de l’inconnue, devenu un simple objet
décoratif, fait pour être accroché au mur comme
un trophée. Si c’est une répétition, elle est aggravée.
L'écriture d'Horváth diffère-t-elle
dans ces deux textes rédigés respectivement
en 1923 et en 1933, décennie cruciale s'il en
est pour la République de Weimar?
Entre 1923 et 1933, la République de Weimar
passe de l'hyperinflation à l'élection d'Adolf
Hitler à la chancellerie : la crise politique et
sociale s'est aggravée jusqu'au paroxysme.
Quelque chose y répond dans l'écriture de
Horváth, qui passe d'un lyrisme expressionniste
avançant par éclats et déchirures abruptes à une
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sorte de féerie noire où le mystère, au lieu de se
concentrer dans certaines expressions fulgurantes, semble désormais imprégner impalpablement l'atmosphère d'ensemble. Dans Meurtre
dans la rue des Maures, la déraison est donnée à
voir sous forme explicite, et la dimension fantastique s'incarne dans la figure d'un spectre : celui
de la victime, qui revient tourmenter son meurtrier. Dans L'Inconnue de la Seine, les fantômes
se sont retirés : à leur place (peut-être) ne reste
qu'une jeune femme sans nom, venue on ne sait
d'où – et si elle surgit d'un au-delà dont elle serait
la messagère, alors l'ange qu'elle aura été s'évanouit en emportant son secret dans la tombe. En
1923, le désespoir est aigu, affolant mais conscient ; en 1933, avec toutes les apparences du
« bonheur », le désenchantement est diffus, informulé. Immémorial. Inavouable. Et c'est sans
doute encore plus grave.
Tuer un horloger est-ce tuer le temps?
On ne tue pas le temps. C’est le temps qui nous
tue.
Propos recueillis par Rosine Schautz
Du 26 novembre au 7 décembre. Théâtre de Carouge,
Salle François-Simon
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théâtre de poche : je suis de tatiana frolova
Mémoire en sursis
Le Poche, dont la programmation 2013-2014 est remarquable
d’ouverture sur le monde, reçoit du 13 novembre au 1er décembre la
dernière production de l’artiste russe Tatiana Frolova. Sa troupe du théâtre
KnAM de Komsomolsk-sur-Amour – un véritable poème en soi – jouera leur dernière réflexion nommée Je suis, laquelle a reçu le prix de la meilleure mise en scène
du concours des théâtres de la région de Khabarovsk. Histoire en apesanteur.
20
Chaque année, les rues de la ville de
Komsomolsk, dans l’Extrême-Orient russe, s’allument pour dignement fêter la commémoration
de sa construction dans les années 1930 par les
« vaillants Komsomols », une organisation de
jeunesse du Parti Communiste de l’Union
Soviétique. Les quelques 260'000 habitants de la
ville périphérique et marginale – elle est plantée
à plus de 8'000 kilomètres de Moscou – célèbrent
alors sa fondation héroïque et quasi mythique par
la fougue haletante et idéaliste d’une jeunesse
rouge animée par la foi du XXe siècle, bâtir un
monde nouveau et meilleur. Toutefois, un doute
subsiste : est-ce bien là la réalité historique ou un
mirage que les habitants révèrent ? La troupe du
KnAM Theatr, associée à d’autres recherches
d’historiens russes, entreprend alors un véritable
travail d’archéologie du passé stalinien. Après
avoir fouillé l’histoire de la région, les investigations exhument une réalité très éloignée de la version officielle que les autorités martèlent année
après année : Komsomolsk fut bâtie par des zeks,
ces prisonniers-fantômes de l’archipel du goulag
stalinien, sacrifiés sur l’autel d’une idéologie
totalitaire.
Dès lors, comment comprendre cette histoire
revisitée, fabriquée, trafiquée ? A quel futur sont
irrémédiablement condamnés les habitants d’une
ville dont le récit repose sur les sables mouvants
d’un passé ainsi distordu, recomposé ? Telles sont
les questions qui poussèrent Tatiana Frolova et sa
compagnie à réfléchir – par le biais du théâtre
documentaire notamment – aux conséquences
identitaires d’une telle réécriture historique, plongeant irrémédiablement cette société dans l’ignorance d’elle-même, comme frappée d’une version
sociale et communautaire de la maladie
d’Alzheimer. Nous avons donc voulu recueillir l’avis de l’artiste sur ces questions souffrantes, à
l’heure où la Russie du Président Vladimir Poutine
ne semble pas très disposée à réintroduire de la raison historique dans cette mémoire stalinienne
entretenue sous respirateur artificiel. Entretien.
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Une société amnésique est-elle
condamnée à reproduire les affres de son
passé ?
La société, ce sont les gens. L'Histoire le confirme, les grandes civilisations sont tombées à
cause de l'oubli de leur propre histoire.
Le politique moderne a-t-il intérêt à
transformer l’histoire en mémoire, et la
mémoire en fantasme ?
Oui. Il s'agit là d'un instrument spécifique, très fin
et qui passerait presque inaperçu du politique
moderne, la réécriture de l'Histoire. L'histoire de la
construction de notre ville, Komsomolsk-surAmour, le prouve. Ce n'est un secret pour personne que cette ville a été construite par des prisonniers du goulag, accusés à tort et réduits en esclavage. Mais peu de gens savent que sur le territoire
de la ville se trouvaient plus d'une quarantaine de
camps de concentration. Mais cette vérité-là personne ne l'affiche, elle est purement et simplement
tue, et les lieux de sépulture sont aujourd'hui transformés en terrain vague ou place de jeu. Par contre la légende qui veut que la jeunesse communiste
soit venue dans la Taïga et ait bâti la ville à mains
nues ne fait que croître d'année en année.
Vos productions théâtrales suscitentelles des réactions au sein de la société russe?
Les réactions de la société russe sont suscitées
par le divorce du Président ou encore la hausse
des prix, car la société en Russie est formée sous
l'influence de la télévision, entièrement soumise
au pouvoir. Notre théâtre est trop petit et se trouve beaucoup trop loin de Moscou, on ne peut parler que de notre public, celui qui vient à nos spectacles. Oui, ils réagissent. On nous dit souvent
que nous sommes courageux et on nous envie
cette liberté de dire tout ce que nous pensons. Il
nous semble que l'influence de notre théâtre sur
les gens, sur la partie des gens qui réfléchissent,
est forte, mais on ne peut pas le dire avec certitude. Depuis peu, nous avons arrêté de nous en préoccuper. En Russie il y a un dicton : «Fait ce que
tu dois faire et arrivera ce qui arrivera». Nous
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«Je suis» © Smirnov
faisons, mais ne nous préoccupons pas de l'influence que ça pourrait avoir. Mais il existe tout
de même quelques signes de l'influence qu'exerce le théâtre sur les esprits. Pendant le temps de
l'élaboration du spectacle Je suis, j'ai été appelée
pour être questionnée par le comité d'inspection.
C'était très effrayant et j'avais peur que nous n'arrivions pas jusqu'à la première. Mais nous y sommes arrivés et mieux encore, le spectacle a été
nommé meilleur spectacle de l'année au Prix
annuel du Théâtre. Cela signifie qu'il y a bien des
gens (au sein du pouvoir et des professionnels du
théâtre) qui ont été influencés par notre travail.
Le théâtre documentaire vous semblet-il le meilleur média pour traiter des sujets
de société ?
J'aimerais beaucoup pouvoir répondre “oui“,
mais ce ne serait pas vrai. Le théâtre documentaire peut être vu comme une sorte de média,
mais seulement du point de vue de l'art. L'art
parle en images et c'est sa force. Les médias ne
sont qu'une source d'information. Nous faisons
se rejoindre l'information et l'image et grâce à
cela l'information devient vivante, personnelle,
elle vous touche et vous oblige à agir.
Ces paroles de vérité semblent bien décrire
les contours d’un phénomène global à l’œuvre
dans nos sociétés contemporaines, lequel de
manière latente détruit la réalité du passé tel qu’il
s’est déroulé pour en produire un ersatz de mirage mémoriel, marécage recomposé, orienté,
étrangement étranger. Cette volonté de réécriture
mémorielle, intronisée mémoire officielle indiscutable par les politiques, projette la réalité hors
d’une histoire ainsi subjuguée. Ce travail conscient de fossoyeur du passé a débuté dans les
années 1980 et s’est ensuite imposé par l’entremise de l’urgence fiévreuse de ce qu’on pourrait
nommer l’ère des commémorations, inondant
d’oubli la moindre des traces de notre passé.
Si Je suis peut se conjuguer au pluriel, alors
Nous sommes sûrement capables d’entendre ce
signal d’alarme lancé par cette artiste exceptionnelle, venue des marges pour nous faire réfléchir
à une problématique essentielle de notre temps.
Propos recueillis par Christophe Rime, et
traduits par les services du Poche
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entretien à la comédie de genève
Brigitte Jaques
Brigitte Jacques-Wajeman revient à la Comédie avec Pompée et
Sophonisbe, de Pierre Corneille, présentés en alternance du 29 octobre
au 2 novembre. La metteure en scène spécialiste de Corneille poursuit la
série des cinq pièces « coloniales », comme elle les nomme. Le projet d’un
cycle intitulé « Corneille colonial » est né en 1983 de l’observation faite
par la metteure en scène du but affiché par le grand dramaturge du
dix-septième siècle de « peindre la politique des Romains au dehors ».
Il y eut Nicomède et Suréna, il restera Sertorius à monter.
Brigitte Jaques-Wajeman © Carole Parodi
Rencontre avec Brigitte Jaques lors de la
présentation de saison.
Mais tout de même, Corneille, ce n’est
pas le choix de la facilité pour attirer le
public !
Qu’est-ce qui vous fascine dans le
« colonialisme » de ces pièces ?
C’est d’autant plus vrai que j’étais moi-même
réfractaire à Corneille dans ma jeunesse, à
cause du cliché très réducteur du cœur opposé à
la raison. Or, c’est un auteur qui a eu le mérite
de s’interroger sur le théâtre, comment construire un « scénario » ? que veut-on montrer ?
Corneille m’est donc apparu plus tard comme
un audacieux, et non plus un père fouettard. Il
utilise l’ironie, la dérision et la drôlerie, mal vus
à l’époque. C’était un chantier peu visité. Dans
les deux pièces que je monte cette fois, il y a un
mélange intéressant de tragédie et d’ironie un
peu brechtienne. Le public est friand de ces piè-
Le rapport de domination et de fascination du
colonisateur – ici, le Romain – pour le colonisé.
J’ai choisi de reproduire le décor des pièces précédentes : chaque pièce est donc montée autour
d’une très grande table, sorte de scène sur la
scène. Tout se joue autour de cette table : négociations, repas, affaires privées, le politique, l’épique et l’intime. Ce sont des moments de théâtre presque cinématographiques : les gens boivent, mangent. C’est très réel.
ces car elles éclairent notre actualité et font
redécouvrir un Corneille loin des clichés scolaires. A Paris, Nicomède et Suréna ont connu un
immense succès par leur modernité qui place les
spectateurs face aux angoisses d’aujourd’hui,
avec les menaces terroristes et le spectre de la
fin du monde. C’est là toute la puissance prémonitoire des poètes.
Parlons des femmes dans ces œuvres…
Au premier degré, ce sont des viragos volontaires et cérébrales. Au second degré, celui de l’inconscient et de la vérité, ce sont des femmesobjets de marchés, séparées d’elles-mêmes.
Leurs amours sont bafouées, elles sont
touchantes et compliquées. Elles incarnent la jeunesse qui se bat.
Vous aviez monté L’illusion
comique du même dramaturge en
2004 à La Comédie.
Je suis attachée à ce théâtre et touchée
d’y revenir.
Propos recueillis par
Laurence Tièche-Chavier
Pompée / Sophonisbe de Pierre Corneille, mise
en scène Brigitte Jaques-Wajeman, à La
Comédie de Genève du 29 octobre au 2 novembre.
«Sophonisbe» photo repetition © Cosimo Mirco Magliocca
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à la comédie
Quand Artaud
écrivait à Barrault
Après avoir fait entendre Qu’est-ce que le temps ? (Le Livre XI des
Confessions d’Augustin), Denis Guenoun propose par la voix du même
interprète Stanislas Roquette de faire découvrir les liens qui ont existé
entre Antonin Artaud et Jean-Louis Barrault. Un exemple de cette
proximité est révélé par un extrait de la correspondance qu’ils ont
entretenue durant le second conflit mondial.
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Mon bien cher Ami,
Je vous ai écrit à la Comédie-Française au
moment de la première du Soulier de satin il y
a trois semaines ou un mois et je me demande si
cette lettre vous est parvenue. Vous devriez la
réclamer. - Jean-Louis Barrault je n’en peux
plus des distances qui nous séparent et de ne
plus voir ceux qui me sont chers. Je sais que
vous ne m’oubliez pas et que vous pensez souvent à moi ; mais je vois que la vie vous retient
par trop de soucis, de préoccupations, d’angoisse, et qu’elle vous empêche de me donner le
signe que j’attends de vous. – Peut-être vous
retient-elle aussi par des charmes faux, des illusions captieuses et que vous n’avez pas encore
entièrement tuées. J’ai passé mon temps depuis
six ans et demi de claustration à lutter contre le
faux et le vrai dans le mental. Mais maintenant
c’est assez. Je n’en peux plus de cet éternel
débat avec moi-même. Il faut que je vive moi
aussi. J’ai besoin d’air et d’une nourriture que
ces temps de restrictions et de guerre ne permettent plus de trouver nulle part. – Elle durera jusqu’à ce qu’un certain nombre d’hommes, dont
vous êtes au premier rang, aient compris de quoi
il s’agit. Et si je vous écris c’est qu’il faut à tout
prix maintenant, Jean-Louis Barrault, retrouver
la mémoire de quelque chose. Un vieux problème s’est posé à nous tous depuis les débuts
conscients de notre existence et au-dessous
duquel nous vivons. Eh bien il faut faire un
effort pour remonter le cours des choses, et renverser les événements. On le peut par la pureté
et la sincérité en face de soi-même, et en face de
Dieu.
Mais il ne faut pas oublier Dieu. – Ceci
mon très cher ami n’est pas un sermon mais une
Vérité que j’ai fini à force de douleurs et d’isolement par percevoir dans toute l’objectivité de
son essence. Et je vois que tous ceux qui vivent
autour de moi n’ont même pas conscience de
leur propre vie. Car vivre n’est pas suivre moutonnièrement le cours des événements, dans le
train-train habituel de cet ensemble d’idées, de
goûts, de perceptions, de désirs, de dégoûts que
l’on confond avec son moi propre et parmi lesquels on s’assouvit sans chercher plus loin ni
au-delà. Vivre c’est se surmonter soi-même, et
chaque homme ne fait pas autre chose que de se
livrer à soi. Or il y a eu dans cette vie-ci, dans le
réel et dans le temps, avant 1937 des périodes
extraordinaires où nous nous sommes tous vus
au-dessus de nous-mêmes et où Dieu dans le
concret a passé. Les hommes les ont oublié,
c’est pourquoi ils ne comprennent pas cette
guerre-ci et s’imaginent qu’elle peut durer. Aux
hommes d’élan, d’enthousiasme et de Foi, comme
vous Jean-Louis Barrault, à
les faire revenir, non au
théâtre et en images, mais
dans la vie, en réalité.
Antonin Artaud, Rodez
1er février 1944
Du 5 au 24 noembre : Artaud –
Barrault de et m.e.s. Denis
Guénoun. La Comédie de
Genève, relâche lun, mar-ven
20h, mer-jeu-sam 19h, dim 17h
(Billetterie : 022/320.50.01 /
[email protected])
«Artaud-Barrault» avec Stanislas Roquette, credit Clara Gay-Bellile
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En filigrane du récit, la mise en espace du
texte permet de le comprendre, sont inscrits une
série de tableaux intenses, concentrant, en
quelques gestes et en quelques répliques, en
quelques instants cruciaux, fantasmatiques, la
somme de l’expérience de claustration, des
tourments passionnels qui font le destin de l’héroïne.
denis diderot à thonon et sion
La Religieuse
Le texte de Diderot, judicieusement adapté par Christelle Reboul et
Marie-Laurence Tartas (incarnant, pour la première, Suzanne Simonin,
pour l’autre, les diverses figures de la Mère, insensible, cruelle ou
hystérique), se révèle, sous l’apparente organisation linéaire de
la confession en prose, puissamment dramatique.
Tensions
Sous la direction, sobre et fidèle, de
Nicolas Vaude, le roman passe ainsi la rampe
de la scène. Frédéric Andrau, toujours juste,
complétant le triangle esquissé par Christelle
Reboul et Marie-Laurence Tartas, assume
avec grandeur la plaidoirie anticléricale de
Maître Manoury, et la viole de Gambe de
Christine Plubeau permet aux moments de
cette représentation assez brève (1h15) de
s’articuler dans la durée, soulignant, quand
les cordes se font sourdes ou criardes, les tensions par lesquelles passe le corps malade
dans son calvaire.
On regrettera peut-être, dans cette mise
en scène, une certaine prudence. Le saphisme n’est qu’effleuré, et le sujet, peut-être,
traité de manière insuffisemment distanciée.
Suzanne Simonin est émouvante en héroïne
de mélodrame, mais les spectateurs attendraient d’être confrontés, par le regard du
philosophe, aux ambigüités de sa parole, qui
font beaucoup de la saveur du roman. La couleur locale (il y a dans la Religieuse la matière d’un roman gothique) aurait elle aussi permis des clins d’œil, dont le spectacle se prive,
faisant le choix de la simplicité.
Le sujet, cependant, est bien là, l’interprétation cohérente, les articulations dégagées. La Religieuse ne fera pas vaciller nos
impressions de lecture, elle est assurément
une belle occasion de se rafraîchir la mémoire, ou tout simplement de passer une bonne
soirée au théâtre…
Samuel Monsalve
La Religieuse de Diderot, avec Christelle Reboul,
Marie-Laurence Tartas, Frédéric Andrau, Christine
Plubeau, dans une mise en scène de Nicolas Vaude.
- Le 19 novembre à la Maison des Arts de Thonon.
Location 04.50.71.39.47
- Le 20 novembre à 20h15 au Théâtre de Valère.
Location 027/323.45.61
«La Religieuse» © BM Palazon
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théâtre de carouge, puis théâtre kléber-méleau
La Dame de mer
Ellida, la fille du gardien du phare, a épousé un mari plus âgé qu'elle, le
docteur Wangel. Mais un lourd secret pèse sur cette union.
Hantée par le souvenir de son premier
amour qui lui ‘apparaît’, puis revient la chercher, cette ‘Dame de la mer’ - ainsi nommée par
les gens du pays qui la voient plonger chaque
jour dans le fjord et par n’importe quel temps finira par décider contre toute attente de rester
auprès de son mari… « Drame de l’évolution »
pour Omar Porras, cette pièce, à la fois fantastique et réaliste, reste une œuvre optimiste qui
pose la question cruciale des choix à faire entre
amour et liberté. Et entre passé et avenir.
Rosine Schautz
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Entretien avec la scénographe
Amélie Kiritzé-Topor
Quelle différence artistique ou technique faites-vous entre les métiers de scénographe, metteur en scène et décorateur ?
Pour moi, la différence entre scénographe et
metteur en scène tient dans le fait que le metteur
en scène est le porteur de projet. C’est lui qui
fait le lien entre son propre
projet par rapport à un texte et
tous les éléments techniques et
artistiques de la scène, notamment le lien entre les comédiens et les créateurs “techniques“ (son, lumière, espace,
costumes) de la scène. Le scénographe, lui, vient transformer la vision du metteur en
scène en espace.
Bien sûr, tout est intimement
lié, dans le sens, où par exemple, si j'organise un espace
avec des portes, cela implique
des entrées et des sorties spécifiques pour le metteur en
scène. Si j'imagine un espace
vide, alors, là aussi, un autre
rapport au corps va se créer...
Le travail avec un metteur en
scène commence donc, pour
moi, dès le début du projet, en
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lien fort avec la dramaturgie que l'on élabore
souvent ensemble. Je fais rarement un espace
qui pourrait servir juste d'intérieur ou d'extérieur, qui ne serait que démonstratif d'un lieu.
Pour moi, l’espace est intimement lié aux comédiens, à la façon dont ils vont le faire vivre, à la
contrainte ou la liberté que le décor va leur
imposer.
Pour moi, c'est aussi imaginer une seconde peau
pour le comédien. J'essaye de faire en sorte que
mon espace raconte un sous-texte et soit également un acteur de la scène, avec les comédiens.
D'où ce rapport très fort que je demande au metteur en scène. Le scénographe reste ensuite un
artisan de la scène, pas un plasticien faisant une
œuvre indépendante ou juxtaposée à la scène.
La différence entre scénographe et décorateur
est elle d'abord une question d'histoire. Le décorateur impliquait autrefois plus un rapport à la
matière, au plein. Le mot scénographe (écriture
de la scène), est apparu plus tard, dans les
années 60-70, quand les scènes ont commencé à
se dégager d'un certain réalisme de lieux impo-
sés par les textes. Les scénographes et metteurs
en scène se sont saisis de l'abstraction, du vide,
et un nouveau rapport à l'espace s'est dégagé,
loin de la simple “décoration“, voire de l’illustration...
Mais par contre, on retrouve beaucoup l'appellation “décorateur“ à l'opéra, où le décor est
plus vivant, plus construit.
Pour ma part, je préfère le mot scénographe, car
je le trouve plus libre, plus ouvert, mais cela
m'importe peu au final.
Comment travaillez-vous avec Omar
Porras ? Ensemble dès le début, ou au
contraire chacun de son côté, puis mise en
commun d'options spécifiques et revue des
possibilités ?
Avec Omar Porras nous travaillons ensemble
dès le début. Ceci dit j'aime bien avoir une première lecture avant toute discussion, histoire
d'avoir moi-même une opinion de la pièce que
l'on puisse alors confronter. Confronter ou plutôt discuter pour rencontrer l'autre point de vue.
C'est cela qui est intéressant et enrichissant.
C'est par la rencontre des points de vue que
nous avançons, au fil des lectures que nous nous
faisons ensuite. Nous parlons aussi de films
vus, de plasticiens, d'expos, nous voyageons
quelquefois loin du texte dans nos rencontres,
pour revenir enrichis des discussions que nous
avons eues ensemble. J'appelle cela la période
d'orbitage : on tourne autour du projet, on accumule les satellites avant de tout réunir sur une
«La Dame de mer» © Marc Vanappelghem
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«La Dame de mer» © Marc Vanappelghem
seule planète. J'aime énormément cette période.
En général, je n'ai pas de croquis dès le début,
ni de maquette. Nous travaillons donc avec des
photos, des livres, des films pour définir notre
univers de base. Ensuite je passe au croquis et à
la maquette pour pouvoir jouer avec l'espace, le
tester avec d’autres lectures du texte. Ces différentes étapes peuvent prendre 2-3-5 mois quelquefois et nécessiter 5 maquettes avant d'en
déterminer une qui sera celle utilisée pendant
les répétitions. Ceci dit, chaque maquette nourrit la suivante et le projet continue de se modifier au fil des répétitions. Rien n'est figé.
Spécifiquement avec Omar. Même si une
maquette existe, nous répétons souvent dans
une esquisse de décor, en carton ou en bois brut.
Il faut que l'espace reste assez ouvert pour que
les comédiens puissent y apporter leurs propres
éléments de décor, et fassent advenir d’autres
propositions. Il faut leur laisser du vide pour
qu'ils puissent l'habiter. C'est cette fameuse
seconde peau qu'ils doivent trouver dans le
décor et avec leur corps. Pour cette raison, je
reste très disponible et présente aux répétitions.
Est-ce très semblable de concevoir des
espaces pour le théâtre et pour l'opéra,
sachant que la scène, souvent, n'est pas occupée de la même manière?
Comme je le disais, le travail à l'opéra est un
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peu différent. D'une part dans sa préparation,
sachant que les délais de construction ne sont
pas les mêmes qu'au théâtre, que les organisations de travail sont différentes du théâtre. Et le
décor peut au théâtre - spécifiquement dans le
travail avec Omar - continuer de se construire
pendant les répétitions. A l'opéra, impossible ou
presque!
Pour ma part, venant plutôt du théâtre que de
l'opéra, j'essaye de garder cette spécificité du
décor de théâtre, ce qui n'est pas toujours évident, et qui peut être parfois mal comprise !
A l'opéra, le metteur en scène n'est pas le seul
maître à bord, il est le second, il vient après le
chef d'orchestre… Les jeux de pouvoir que cela
implique sont intéressants mais du coup pour le
scénographe, il devient impossible de mettre les
chanteurs dans certaines situations...
A l’opéra, on a un autre rapport aux corps. On
improvise moins, le temps est resserré entre l'orchestre, les chœurs, et en fait, le décor doit être
construit à l'avance.
Cela étant, entrer dans cette contrainte, c'est justement ce qui est passionnant ! Que construire
sur un plateau quand un chœur de 30 personnes
viendra le remplir ? On joue sur d'autres plans,
d’autres symboles, avec d’autres lumières. C'est
une tout autre organisation de l'espace mais
comme je le fais pour le théâtre, j'essaye toujours de travailler selon le point de vue spéci-
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fique propre au projet, au texte, et aussi aux
sous-textes produits par le décor. Par ailleurs,
les livrets sont construits autrement que les pièces, et si le chant prime évidemment, les intrigues à l’opéra m’apparaissent souvent plus
‘simplistes’.
Enfin, le décor d'opéra c'est aussi toute une épopée historique que j'adore explorer et ‘référer’.
C'est même d'une grande importance pour moi
de faire ‘référer’ les textes d’opéra ou de théâtre à leur contexte historique, pictural, littéraire...
Quelle vision avons-nous maintenant de l’œuvre choisie, quel intérêt y a-t-il à la porter
aujourd’hui à la scène et du coup, dans quel
espace la monter concrètement? Ce sont les
questions premières que j’aime me poser.
Propos recueillis par Rosine Schautz
La Dame de la Mer, de Henrik Ibsen, m.e.s. Omar Porras
– Production Théâtre de Carouge.
Jusqu’au 7 novembre au Théâtre de Carouge, Salle
François-Simon, mar, mer, jeu et sam à 19h / ven à 20h /
dim à 17h (billetterie : 022/343.43.43 - [email protected])
Du 12 au 24 novembre au Théâtre Kléber-Méleau,
Lausanne, ma/me/je/sa à 19h, ve à 20h30, di 17h30 (rés.
021/625.84.29)
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s p e c t a c l e s
spectacles onésiens
Les Créatives
Les Spectacles onésiens feront un pied-de-nez musical aux brouillards de
l’automne en proposant de nombreux concerts lors de la neuvième édition
du festival des Créatives, consacré aux artistes femmes, ainsi qu’en
terminant le mois avec deux concerts d’Idir.
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Du mercredi 13 au samedi 16 novembre
2013, la 9ème édition du Festival des Créatives,
créé par Cyrille Schnyder-Masmejan, mettra un
coup de projecteur sur la création féminine.
Depuis 2005, ce festival présente des artistes
de la scène musicale actuelle, des réalisatrices,
des stylistes, des illustratrices, des comédiennes,
ou toute femme artiste, quel que soit son mode
d’expression. Mais ne vous méprenez pas ! Le
Festival des Créatives n’est ni sectaire ni farouchement féministe : les hommes sont les bienvenus, tant comme spectateurs que comme artistes
pour accompagner ou s’associer à ces femmes
qui seront à l’honneur pendant quatre jours. Les
diverses artistes présentes - dans le domaine de la
musique : Maia Vidal, Elisa-Jo, Nanna.B, Soraya
Ksontini, Ebony Bones, Alice Francis, AlKalines
Ebony Jones
(dj), The Staches, Jorane/Miss Lizzy/ DuDe,
Akua Naru, Laetitia Dana, Caramel Brown, illustreront l’intense créativité féminine et rappelleront que, si les femmes sont de plus en plus présentes sur les scènes d’ici et d’ailleurs, cela n’a
pas toujours été le cas. Des thèmes en lien avec le
statut culturel et social de la femme sont également abordés lors de tables rondes.
a
Comme le souligne le communiqué de presse, c’est grâce à
une collaboration fructueuse avec
divers partenaires que la programmation s’est étoffée et se déroulera dans plusieurs lieux du canton
de Genève. Pour cette 9ème édition, la programmation offre une
sélection étoffée de la nouvelle
scène musicale nationale et internationale, avec en plus la projection d’un film, la présence d’une
conteuse, des djettes et une vj, de
la danse, une styliste et un atelier de développement créatif. La ville d’Onex soutient ce projet
avec l’association les Créatives et propose de
nombreux événements dans deux salles de la
commune, mais le Chat Noir, La Gravière et les
communes de Plan-Les-Ouates et de CollongeBellerive, programment également des spectacles
ou des concerts dans le cadre de leurs activités
culturelles. Pour la troisième année, un concours
ouvert aux jeunes talents suisses sur le site de
musique MX3 a été organisé. Cette année, trois
artistes ou groupes ont été sélectionnés pour se
produire au Manège ou en ouverture de soirée à
la salle communale d’Onex. Le public pourra
admirer le travail d’une jeune styliste genevoise,
et, pour la première fois, participer à un atelier de
développement personnel animé par NaNa
Divina. Consolidant une collaboration démarrée
en 2010, Pathé-Genève et les Créatives présentent en avant-première, 100% Cachemire de
Valérie Lemercier, le mardi 12 novembre au cinéma Rialto de Genève.
Le 28 et 29 novembre, c’est un habitué des
planches onésiennes qui viendra chanter la culture kabyle : Idir, ambassadeur de la culture berbère - de de son vrai nom Hamid Cheriet en Grande
Kabylie -, est un chanteur, auteur-compositeurinterprète et musicien mais pourtant, il ne se destinait pas à la chanson. Idir décide d'étudier
la géologie et se destine à une carrière dans l'industrie pétrolière algérienne. Mais en 1973, il
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démarre sa carrière musicale par hasard, à Radio
Alger, en remplaçant une chanteuse, pour qui il
avait composé une berceuse. Il interprète cette
berceuse qui va devenir son premier succès
radiophonique, Rsed A Yidess qui signifie « Que
le Sommeil Tombe ». Il enregistre ce titre ainsi
qu'un second, A Vava Inouva (« mon papa à
moi ») puis part faire son service militaire de
deux ans. Sa mère a reconnu sa voix qui retentit
sur les ondes radiophoniques … Elle a surtout
Idir © Stéphanie Berger
reconnu la berceuse qu’elle lui chantait, une berceuse qui appartient au patrimoine kabyle.
Son nom d'artiste signifie en berbère : « Il
vit », nom traditionnellement donné à un enfant
né difficilement, pour l'encourager à vivre. Et
c’est là la mission qu’Idir s’est fixée : faire vivre
la culture kabyle, souvent menacée, que ce soit
sous l’occupation française comme après
l’Indépendance. Ses albums solo sont rares, quatre en quatre décennies. Mais l’œuvre d'Idir a
contribué au renouvellement de la chanson amazyghe, désormais présente sur la scène internationale. Son titre A Vava Inouva est d’ailleurs
devenu un tube planétaire. Les deux concerts de
novembre seront l’occasion de retrouver ce chanteur et ses musiciens - Gérard Geoffroy, Ronny
Gold, Tarik Aït-Hamou, Hachemi Bellali, Eric
Duval, Amar Mohali, Tanina Cheriet. Cet homme
généreux, tolérant et authentique, attire des
artistes comme Manu Chao, Akhenaton, Le
Forestier, Grand Corps Malade, Zebda ou
Goldman qui ont tous voulu chanter et écrire
avec ou pour lui. A découvrir ou à retrouver !
Les enfants seront conviés, les 3 et 6 novembre, à Saska Circus, un spectacle interactif qui
met le rêve en chansons, avec des kangourous
voltigeurs, des serpents rêveurs et des souris danseuses de tango.
Firouz-Elisabeth Pillet
www.spectaclesonesiens.ch
www.lescreatives-onex.ch
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s p e c t a c l e
théâtre des marionnettes
Les lois du marché
Le Théâtre des Marionnettes de Genève propose,
du 2 au 24 novembre 2013, Les Lois du marché, pièce
pour adultes et adolescents d’Olivier Chiacchiari, créée
au TMG et mise en scène par Guy Jutard.
J'ai travaillé sur la base de binômes. Il y a les travailleurs, Rose et Filippo,
qui accusent les entrepreneurs. Il y a les entrepreneurs, Victor et Léon, qui
accusent les politiciens. Et puis il y a les politiciens, un trio cette fois,
Omer Lemaire et ses deux conseillers, qui accusent la conjoncture. Ainsi
va la foire à la dénonciation et à la complainte, sans que personne n'assume jamais ses responsabilités. On assiste à une victimisation généralisée,
relayée avec force par les médias. Au milieu de ce tumulte, on oublie qu'il
existe des victimes qui n'ont pas droit de cité, qui se taisent par honte, ou
simplement par pudeur. La femme de ménage représente tous ces laissés
pour compte.
Les marionnettes sont l’œuvre de Pierre Monnerat ; comme
vous avez une formation de graphiste, aviez-vous des desiderata
quant aux marionnettes ?
Le TMG avait déjà accueilli
l’auteur italo-genevois en 2006 pour
La Cour des Petits et en 2011 pour
Le Vilain Petit Mouton. Selon l’auteur, nous sommes tous responsables
– chacun à son échelle – de la déroute actuelle: entrepreneurs, politiciens, mais aussi travailleurs. A partir de ce postulat, Olivier Chiacchiari
a imaginé une fable caustique et
affranchie de toute propagande. En
plein filage de sa nouvelle pièce,
l’auteur a trouvé dans son agenda
bien rempli le temps de nous accorder un entretien. Rencontre.
Pierre est un artisan talentueux et
aguerri, je me garde bien de lui faire
part d'un quelconque désidérata. C'est
Guy Jutard, en fonction de sa mise en
scène, de sa scénographie, qui lui
donne des directives. Moi je me
contente de débattre des grandes
lignes de caractère. Un travail en perpétuel mouvement où chacun trouve
sa place.
Est-ce la morosité socioéconomique qui sévit dans plusieurs pays européens qui vous a
inspiré Les lois du marché ?
Olivier Chiacchiari
J'avais envie de me pencher sur le fonctionnement de notre système politico-économique, voir comment les forces en présence interagissent les
unes avec les autres. Tout le monde décrit les dérives du capitalisme, et
pourtant, dès que l'occasion se présente, tout le monde en profite. Bien
plus que la morosité, c'est le sentiment profond qu'on assiste à la fin d'un
règne. Force est de constater que la machine capitaliste est grippée. Les
nations s'endettent à qui mieux mieux, des dettes chiffrées en milliards, en
milliers de milliards. Tout cela ressemble à un effondrement qui s'accélère de façon exponentielle. C'est cette accélération que j'ai essayé de radiographier dans ma pièce.
Votre texte explore les ambivalences du capitalisme : profit à
outrance versus critiques exacerbées du système ?
Ce qui me stupéfie, c'est que ceux qui attaquent le système sont les premiers à en profiter lorsqu'ils en ont l'occasion. Les contestataires d'aujourd'hui seront les dirigeants de demain. Tout porte à croire qu'ils agiront
comme leurs prédécesseurs, motivés par le profit et le goût du pouvoir.
Ce spectacle s’adresse aux adultes mais aussi aux adolescents ;
avez-vous choisi la forme de l’opéra bouffe à leur attention afin de
mieux faire passer un sujet parfois ardu ?
L'opéra bouffe est une idée de Guy Jutard. Il fut bien éclairé, car ce genre
se prête parfaitement à ma fable. Les passages chantés ajoutent du burlesque et du ludique à une satire que j'ai voulu lisible, féroce et sans
concessions.
Parlez-nous de vos personnages, en particulier des victimes
silencieuses comme votre femme de ménage …
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La mise en scène est signée
Guy Jutard avec qui vous avez déjà
travaillé ; comment avez-vous élaboré la mise en scène de ce spectacle ?
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t
Une grande complicité nous unit,
Guy et moi. On se fait confiance. Il me laisse écrire et je le laisse mettre
en scène. A l'heure où je réponds à vos questions, l'équipe est en répétition
depuis des semaines. Et je n'ai encore rien vu. Guy me soumettra le travail
lorsqu'il le jugera nécessaire. Et je lui ferai part de mes impressions en
toute franchise.
Vous invitez le public à une réflexion face à ce profit sans limite et cette économie exponentielle qui a oublié l’Homme ?
Je m'étonne de constater que lorsqu'on parle politique, on ne parle que d'économie. C'est comme si tout le reste n'existait pas: la culture, l'instruction, les rapports humains, etc. Tout est représenté sous le prisme économique, à tel point que nous sommes convaincus que notre société ne peut
être régie d'autre façon. Et s'il pouvait en être autrement ? Peut-être seraitil temps d'y réfléchir…
Vous écrivez pour le théâtre mais aussi pour la radio et la télévision ; quels sont vos projets ?
Pour l'instant, je compte profiter pleinement de cette création et de la parution du texte aux Editions de l'Aire. Ecrire une pièce signifie s'isoler
durant plusieurs mois. La récompense de ce travail solitaire est la rencontre avec le public. Ensuite, je retournerai à ma solitude. Pour le meilleur et
pour le pire.
Propos recueillis par Firouz-Elisabeth Pillet
www.marionnettes.ch
Du 2 au 24 novembre : Les Lois du marché de Olivier Chiacchiari, m.e.s. Guy Jutard,
adultes et ados. Théâtre des Marionnettes, à 19h, dim à 17h (rés. 022/807.31.07)
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s p e c t a c l e s
théâtre am stram gram
Bal et Jazz
Le mois de novembre du Théâtre Am Stram Gram fera la part belle à la
musique... tout en proposant un voyage au Pays imaginaire !
28
L’écrivain Enzo Cormann et le saxophoniste Jean-Marc Padovani ont fondé La Grande
Ritournelle il y a plus de vingt ans. Ensemble,
ils célèbrent ici l’alliance du jazz et du théâtre,
de la note et du mot, faisant fi des frontières,
inventant à la parole un devenir-musique et à la
musique un devenir-parole.
Enfin, c'est un héros de l'enfance souvent
relu et revisité, Peter Pan, qui prendra place sur
scène du 19 novembre au 1er décembre, un
spectacle destiné aux enfants dès neuf ans.
Le 1er novembre sera l’occasion de fêter attaches, racontée par Docteur Blues et Mister Après Miche et Drate, paroles blanches,
Halloween lors d’un Bal littéraire, formule Tchatche, bluesmen aveugles, amis des cor- Christian Duchange et sa compagnie l’Artifice
qu’affectionne le directeur Fabrice Melquiot. beaux. L’un d’entre eux, nommé Corvus Corax, continuent leur exploration théâtrale des
Pour cette soirée unique, le Théâtre Am Stram joue les présentateurs et pour montrer sa belle contrées enfantines en visitant cette fois l’œuGram invite petits et grands à fêter en dansant. voix, il ouvre un large bec et... chante le blues. vre mythique de James Matthew Barrie. Peter
Le Bal Littéraire d’Halloween célébrera les Cet homme sans nom s’appelle Jean Lhomme, Pan proposant une féerie nocturne emplie de
sorcières et leurs balais, les fantômes, les il est le veilleur du monde.
péripéties, une invitation à ne jamais grandir.
citrouilles et les araignées, la pleiFaut-il rappeler l'intrigue ?
ne lune, les chats sauvages, le tout
Venu à Londres pour récupérer son
sous une avalanche de bonbons à
ombre qu’il avait oubliée lors de sa
gogo. La formule est bien rôdée :
dernière visite, Peter Pan rencontre
le premier jour, quatre écrivains se
Wendy, petite fille délaissée par
réunissent pour écouter des chanses parents et gardée par le chien
sons puis ils accordent leurs viofamilial. Wendy connaît des histoilons sur huit chansons, huit tubes
res, des tas d’histoires merveilleuqui donneront envie de danser au
ses dont Peter est avide et il veut
public, toutes générations confoncoûte que coûte l’emmener chez
dues. Ensuite, les quatre écrivains
lui, au Pays imaginaire, ce qu’elle
inventeront une histoire répartie en
accepte. Mais au Pays imaginaire,
huit épisodes. Personnages, situaWendy devra faire face à la jaloutions, grandes lignes, les notes sont
sie de la fée Clochette, au
jetées sur le papier. Le deuxième
Capitaine Crochet et à ses pirates,
jour, chaque écrivain dispose de
aux Peaux-rouges et même à un
quelques heures pour écrire deux
crocodile affamé, et veiller sur les
épisodes parmi les huit. Règle du
Garçons perdus jadis tombés de
jeu : chaque texte doit se terminer
leur landau.
par le titre du morceau qui suit.
Peter Pan est demeure une
œuvre sur l’enfance qui regorge
Le grand soir, le Théâtre Am
des thématiques qui concernent
Stram Gram est transformé en
aussi les enfants qui sommeillent
piste de danse : les spectateurs sont
en chaque adulte : une quête d’abconviés sous la boule à facettes, les
solu, une nécessité d’interroger le
auteurs sont sous les projecteurs où
sens de l’existence, de l’amour, de
ils livrent à plusieurs voix cette
la famille ou encore du rapport à
«Le Blues de Jean Lhomme»
histoire écrite à huit mains dans un
autrui.
Enzo Cormann et Jean-Marc Padovani - Création - Conte jazz - dès 9 ans
Photo : Enzo Cormann, Jean-Marc Padovani et Charlène Martin
temps record pour ce Bal Littéraire
Firouz-E. Pillet
unique. Les spectateurs-danseurs
sont invités à écouter sagement chaque texte,
Le Blues de Jean Lhomme, conte jazz
puis à danser follement sur chaque morceau.
contemporain, est la première incursion d’Enzo www.amstramgram.ch
Cormann et Jean-Marc Padovani sur les territoiDu 12 au 17 novembre, ASG convie les res d’enfance. Accompagnés de Charlène
spectateurs, dès neuf ans, à découvrir L'Histoire Martin au chant et Paul Brousseau aux claviers,
de Jean Lhomme, l’histoire d’un « homme de les deux complices ouvrent à la conscience et à
rien », un de ces types sans nom, sans toit ni l’oreille des paysages inexplorés ou oubliés.
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trisha brown au bâtiment des forces motrices
Mouvement brownien
Une gestuelle tissée de grâce et de maîtrise dévoilant son architecture parfois en
variations d’axes, brisures d’articulations et ruptures impromptues. Telle est
une partie de la chanson de gestes signée Trisha Brown.
e
le mouvement littéralement transparent et palpable. L’interaction entre les danseurs, quintet féminin et masculin quatuor coulés dans des vêtements aux reflets métalliques fait sourdre une
grande authenticité dans les associations et dissociations propres à une communauté dansante,
dont le dynamisme formel ne saurait recouvrir la
profonde révélation humaine.
Enfance du mouvement
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Créé par Brown elle-même, If You
Couldn’t
See Me (1994) est un solo qui engage le
La chorégraphe, danseuse et figure histocorps
de
dos. Cette belle idée est venue à
rique de la danse postmoderne fait ses adieux à la Accumulation
«
La
danse
et
sa
structure
étaient
visibles
et
Rauschenberg
afin de ramifier les interrogations
scène en réalisant une tournée permettant de (re)
ultra
simples,
aucun
mouvement
n'avait
de
sens
de
la
chorégraphe
sur les notions de voyeurisme,
voir, peut-être pour l’ultime fois, plusieurs pièces
au-delà
de
lui-même
;
et
je
ne
m'étais
jamais
send’égotisme
et
la
relation au regardeur. Pour
chorégraphiques de son répertoire. Toutes invitie
plus
vivante,
plus
expressive
et
plus
révélée
l’Américaine,
le
dos
est une forme d’arrière-cour
tent à mesurer la manière dont la danse de
sur
scène
»
Ainsi
s’exprime
Trisha
Brown
à
proscénique
où
le
mouvement
est dissimulé afin de
l’Américaine a su tenir une forme inventive d’épos
de
la
pièce
solo
Accumulation.
Ce
principe
favoriser
le
visage
et
le
recto de l’anatomie
loquence et de pertinence dans l’abstraction.
comme objet d’attention, de séduction et espace de projection fantasGestes du quotidien
Trisha Brown, c’est d’abord
matique, lyrique, émotionnel ou poéune manière de coloniser l’espace
tique. Le solo s’essaye ainsi, hors de
dit public, mais souvent bardé
toute visagéité, à cerner l’origine du
d’interdits, pour une danse pleinemouvement. D’une grande sensualité
ment ouverte au corps quotidien
à la foi émolliente et précisément
en rapport avec la vie architectuarticulée, ce solo ressuscite quelque
rée ou non. L’artiste amène à
chose d’une pureté enfantine et anirepenser des actions pratiquées
male, dans l’énergie songeuse de ces
empiriquement par chacun d’entre
délicats ondoiements, déplacements
nous, mais de manière souvent
latéraux et coulissements sur soi qui
inconsciente et dans une mécondoivent beaucoup aux tasks
naissance de l’organique mis en
d’Halprin, c'est-à-dire le mouvement
«I’m Going to Toss My Arms - If You Catch Them They’re Yours» © Yi-Chun Wu
marche. Où débute la danse ? Sous
supposé pur, délesté de toute intenl’influence d’Halprin, Brown se
tion artistique. Et le geste marqué par
concentre sur le mouvement journalier rarement suscite d’ailleurs un cycle (1971-78), dont les le recours à des actions concrètes, ordinaires.
interrogé : se vêtir, se lever, marcher, prendre… axes de recherches se cristallisent davantage sur
I’m Going to Toss My Arms - If You Catch
Sa capacité de regard sur le corps en mouvement la dimension temporelle que la composante spa- Them They’re Yours (2011) voit de rutilants venlui permet de questionner, moduler, et combiner tiale. L’accumulation isole, renouvelle et met en tilateurs faisant progressivement s’envoler les
des éléments tels que la gravité, la vitesse ou la exergue chaque geste au cœur d’une série. D’où habits des danseurs. Cette pièce révèle l’intérêt
verticalité. La chute, elle, peut se métamorphoser un flux à effet hypnotique qui varie ses stases et de toujours de Brown pour la sculpture vivante et
en descente mouvementiste très maîtrisée et élans. La collaboration avec le plasticien Robert la calligraphie des lignes corporelles sans
Rauschenberg débouche en 1989 sur Astral oublier ce polysémique et mouvementiste rapport
décomposée.
C’est par cycles que se développe le travail Convertible après Glacial Decoy et Set and à l’habit scénique qui est souvent une seconde
chorégraphique fluide et énergiquement travaillé Reset. Des tours en aluminium avec capteurs sont peau, une lymphe.
Bertrand Tappolet
de cette native d’Aberdeen (1936). Elle est for- fichées sur le plateau. Les interprètes suscitent
mée notamment par Limon, Horst et Graham par leurs évolutions, des varitions sonores et
puis profondément marquée en 1960 par sa ren- lumineuses en rapport avec les édifices scénogra- Partenariat entre l’ADC et Forum Meyrin :
contre avec Forti et Rainer avec lesquelles phiques. Comme un coup de dés, que nul hasard Trisha Brown Dance Company.
notamment, elle fonde le Judson Church Theater ne serait abolir, la musique due à Cage est activée - 7 novembre à 18h30 et 21h au Pavillon Sicli : Early
dans un lieu progressiste. Et, surtout, propice de et rebrassée à chaque trajectoire des danseurs. Le Works
62 à 64 à la présentation d’une expression choré- canevas chorégraphique fait son miel de jeux - 9 novembre à 20h30 au Bâtiment des Forces Motrices graphique qui se fit aventureusement plus expé- d’échos et de rappels entre les différents champs Répertoire.
rimentale, en contradiction avec la danse moder- artistiques. Il se base sur la reprise de leitmotivs - Mercredi 6 novembre au Flux Laboratory. A 18h30 :
ne et se déployant dans la contact improvisation et le décalage entre les mouvements que travaille Trisha Brown - films & conference in English.
une virtuosité mécaniciste. Cette répétition rend Rens. : www.adc-geneve.ch ou www.forum-meyrin.ch
et la danse improvisée.
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d a n s e
à vernier
La Jeune fille
et la mort
Créée en mars 2012 au Théâtre de Chaillot, La Jeune fille et la mort est la dernière
pièce chorégraphique de Thomas Lebrun. Sur le quatuor à cordes de Schubert du
même nom, le directeur du centre chorégraphique national de Tours nous livre un
pur moment de romantisme. Il est programmé dans la salle de Vernier les 29 et 30
novembre.
Pour La Jeune fille et la mort, Thomas
Lebrun est parti de la composition de Schubert
et de sa version en lied. Inspiré par cette
musique et Anne-Sophie Lancelin, interprète
entre autres, pour Daniel Dobbels, il imagine le
parcours d’une femme confrontée au temps qui
passe. Ses rencontres avec des femmes d’âges
mûres vont lui renvoyer ce qu’elle pourrait
devenir. Autour d’Anne-Sophie Lancelin,
Thomas Lebrun a rassemblé des danseurs qui
sont aussi chorégraphes. Christine Gérard,
Odile Azagury, Christian Ubl et Raphaël Cottin
Stéphanie Nègre
Vendredi 29 et samedi 30 novembre à 20h à la salle des
Fêtes du Lignon
Billetterie : Service de la culture, 022/306.07.80
www.vernier.ch/billetterie
Stand Info Balexert
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La prochaine création de Thomas Lebrun, Tel quel sera
présentée à Paris au Théâtre national de Chaillot du 24
janvier au 1er février.
«La Jeune Fille et la Mort» © Frederic iovino
Interprète pour des chorégraphes contemporains tels que Daniel Larrieu, Daniel Dobbels
ou Christine Jouve, Thomas Lebrun fonde sa
compagnie intitulée Illico, en 2000. Depuis, il
s’inscrit dans le paysage chorégraphique français, invité régulier des grandes scènes contemporaines comme la Maison de la danse à Lyon,
la Filature à Mulhouse, le Colysée à Roubaix ou
le festival d’Avignon. Enseignant au Centre
national de la danse de Pantin, il est nommé, en
2012, directeur du centre chorégraphique national de Tours.
sont des personnalités qui comptent dans le paysage culturel contemporain français.
Que des chorégraphes d’univers si particuliers et différents interviennent en tant qu’interprètes, n’y a-t-il pas un risque que la cohérence
artistique soit diluée ? Pour Thomas Lebrun, ce
choix lui a permis une plus grande liberté créatrice car dit-il « Chacun était conscient d’être
convoqué en tant qu’interprète. Entre le lyrisme
vital d’Odile et la pensée radicale de Christine,
j’avais tout l’espace pour chercher là où je ne
serais pas allé seul ». Les danseurs sont également accompagnés, sur scène et non dans la
fosse, par les musiciens et le baryton Benjamin
Alunni. Ainsi la jeune fille est-elle en bonne
compagnie pour traverser la vie.
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la walkyrie au grand théâtre
Petra Lang
Bien qu'elle soit une des interprètes wagnériennes les plus recherchées du
moment, Petra Lang ne se voit pas comme une star. Les caprices ? Peu pour
elle. Elle sera l’interprète des Brünnhilde dans les trois derniers opéras du
Ring genevois. Entretien.
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Lorsqu'elle aborde une nouvelle mise en
scène, elle se voit d'abord comme un des outils
dont dispose le metteur en scène pour mener à
bien son projet dramatique, non comme le pivot
essentiel du spectacle. Cela ne signifie pas qu'elle accepte sans discuter ce qu'on lui demande si
la réalisation scénique en cours va contre ses propres conceptions, mais elle insiste sur le fait
qu'au final, c'est bien le metteur en scène qui est
responsable de l'aspect visuel du spectacle et
qu'elle a, par principe, l'intention de respecter ses
vues lorsqu'elle commence à répéter sous sa
direction.
Dans l'entretien que la cantatrice allemande
a bien voulu nous accorder au début des répétitions de La Walkyrie au Grand Théâtre, la future
Brünnhilde du Ring genevois a déjà une vision
très nette du but qu'elle entend atteindre au cours
des prochains mois qu'elle va passer à Genève: la
saison prochaine, elle concentrera en effet tous
ses efforts sur cet immense projet en incarnant la
fille de Wotan en novembre prochain dans La
Walkyrie, puis en janvier dans Siegfried et en
avril dans Le Crépuscule des dieux. Enfin, en
mai, elle fermera la boucle en reprenant ces trois
rôles dans l'intégrale donnée, comme le voulait le
compositeur, dans le cadre d'un mini-festival se
déroulant sur six jours. Petra Lang ne se lance pas
un tel défi sans s'être préparée minutieusement
sur le plan musical : si elle n'a jamais chanté ce
rôle écrasant dans l'intégralité d’une version scénique du cycle, elle a déjà interprété chacune de
ces trois journées lors de divers concerts à
Lucerne, Berlin et Bucarest; et à Paris, au printemps dernier, elle fut Brünnhilde dans Le
Crépuscule des dieux dirigé par Philippe Jordan
à l'Opéra-Bastille. Au Grand Théâtre, elle enchaînera donc pour la première fois de sa carrière
deux versions de la Tétralogie en moins de quinze jours.
La première question concerne bien évidement ce défi que tout soprano dramatique souhaite certes relever au moins une fois dans sa vie
tout en sachant que les enjeux sont élevés et les
risques d'échec patents...
e
Dans quel esprit abordez-vous ce projet wagnérien qui va vous occuper une saison
complète à Genève ?
Les conditions qui m'ont été proposées lorsque
j'ai signé ce contrat sont idéales. Je n'aurais pu les
souhaiter meilleures, donc je suis confiante, tout
en étant parfaitement consciente des risques
d'une telle entreprise. Et je suis d'autant plus heureuse que cette prise de rôle s'effectue dans le
cadre d'une nouvelle production montée sur un
temps relativement court : la cohérence du propos scénique et musical sur plus de quinze heures
de musique doit impérativement être maintenue.
Si magique que soit la musique, elle ne devrait en
effet jamais être dissociée d'une représentation au
théâtre, car Wagner avait une vision globale du
drame musical, et l'action scénique a pour lui
autant d'importance que sa transcription musicale. C'est donc seulement dans le cadre d'un spectacle complet que l'œuvre peut déployer tous ses
sortilèges. Le concert, lui, ne donne qu'une image
tronquée de son vrai pouvoir dramatique.
Comment vous préparez-vous à aborder ce rôle d'une longueur inhabituelle puisqu'il se répartit sur trois longue soirées ?
Je dirai tout d'abord qu'il s'agit d'une question de
technique. Dans la Walkyrie, si vous avez les
aigus triomphants des fameux Hojo-tojo! marquant l'entrée en scène de l'héroïne, le reste est
plus facile à négocier, car l'écriture du rôle est
plus basse. Ensuite, il convient de rappeler que la
musique de Wagner est admirablement écrite
pour les voix : le musicien savait parfaitement ce
qu'il pouvait attendre de ses interprètes. Pour
revenir à votre question, je me sens d'autant plus
en confiance ici à Genève que je chante sous la
direction d'un chef soucieux de réaliser un parfait
équilibre entre la fosse et le plateau. Ingo
Metzmancher insiste depuis le début des répétitions pour obtenir des chanteurs un chant qui ne
soit pas hurlé. Je partage entièrement son point
de vue : Wagner n'a jamais souhaité l'impossible
de ses interprètes. Bien qu'il ait voulu révolutionner la musique lyrique, il n'écrit pas contre les
voix comme on l'a parfois prétendu; il attend de
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ces chanteurs du beau chant, de la nuance, du raffinement, et surtout une énonciation aussi claire
et intelligible que possible du texte. S'il avait des
réserves à l'encontre de l'opéra italien, ce n'est
pas parce que la musique lui déplaisait en soi (on
sait notamment qu'il admirait profondément la
mélodie infinie de Bellini), mais parce que les
compositeurs et leurs interprètes d'alors l'utilisaient trop souvent pour briller en recherchant
l'effet spectaculaire au détriment de la cohérence
du projet théâtral. Bien chantée, avec une fourchette de nuances correcte, la musique du Ring
ne doit jamais être un chemin de croix pour les
chanteurs!
Vous avez chanté les trois Brünnhilde
en concert dans différents lieux. Maintenant
que vous allez interpréter le personnage dans
le courant d'une interprétation scénique
complète de la Tétralogie dans un même
théâtre et avec la même équipe artistique,
concevez-vous différemment votre approche
du rôle ?
Votre question est double. Pour ce qui est du
concert, il convient de se rappeler que vous ne
chantez pas dans les mêmes conditions musicales
sur un podium d'auditorium de concerts, puisque
l'orchestre est situé sur le plateau, juste derrière
vous. En salle, il y a la fosse et ce mur de sons
qu'il s'agit de passer pour atteindre le public avec
le maximum d'impact. La tentation est alors
grande de forcer son émission pour être sûre d'être entendu jusqu'au fond de la salle et c'est justement ce qu'un bon chef vous demande de ne pas
faire, pour éviter que vous ne vous retrouviez
sans voix en fin de soirée...
Pour ce qui est de ces trois rôles abordés dans le
courant d'une seule semaine, il reste évident
qu'ils forment un tout, et, en conséquence, je n'aborde pas la Brünnhilde de La Walkyrie sans déjà
penser à l'évolution future du personnage.
L'Anneau du Nibelung forme en effet un tout
cohérent, et il s'agit d'en préserver l'unité. Bien
sûr, la difficulté réside dans le fait qu'il faut idéalement trois voix pour satisfaire aux exigences de
l'écriture de ce rôle. Mais si l'interprète sait se
ménager des plages de “repos“, s'il équilibre ses
effets avec suffisamment de pertinence, la tâche
n'a rien d'impossible. Pour ma part, j'ai eu la
chance de travailler cette musique avec des interprètes wagnériennes d'exception comme Ingrid
Bjoner, Astrid Varnay ou Berit Lindholm, et toutes m'ont dit que si je possédais les notes requises
par l'amplitude du rôle, je ne devais pas me faire
de souci au vu de la longueur épuisante de la
tâche, car tout allait se mettre en place pour ainsi
dire normalement. En parallèle, j'ai également
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bénéficié de l'enseignement d'un baryton et d'un
ténor qui ont fait leur carrière dans le répertoire
italien et qui m'ont rendue attentive à la nécessité de produire avant tout un beau son, sans chercher à forcer mes moyens naturels. Lorsque les
notes sont techniquement en place, elles passent
la rampe sans difficulté.
Vous avez chanté tous les grands rôles
féminins de la Walkyrie, de Fricka à
Brünnhilde en passant par Sieglinde. Cela
présente-t-il un avantage en représentation ?
Pas vraiment, parce que chacun de ces personnages est un univers en soi. Brünnhilde est de loin
la plus complexe, ne serait-ce que par ce que le
personnage évolue de façon spectaculaire sur le
plan psychologique. Jeune fille ardente, avide
d'assumer son rôle de vierge guerrière prête à
hanter les champs de bataille à la recherche des
héros qu'il lui incombe d'introduire au Walhalla
après leur mort, elle se mue progressivement en
jeune femme consciente de la complexité de la
situation où s'est mis Wotan; puis elle découvre
l'amour et accepte d'assumer les conséquences de
cette découverte en s'opposant frontalement à ce
père. Face à un Siegmund qui, par amour pour
Sieglinde, refuse sa mort héroïque et son entrée
au paradis des héros, elle découvre en effet la
puissance d'un tel sentiment que sa nature divine
lui avait interdit de pressentir jusqu'ici. Puis, face
à son père, elle sait que sa meilleure façon de l'aimer et de le respecter, c'est précisément de réaliser
à sa place ce à quoi il lui demande de renoncer.
Est-ce que l'évolution radicale de sa
personnalité demande un travail particulier
sur les couleurs du chant ?
Encore une fois, il s'agit de ne pas oublier que
Brünnhilde est d'abord une jeune fille.
Lorsqu'elle argumente avec son père, elle n'a
rien d'une deuxième Fricka sur le point de commencer une nouvelle scène de ménage! Il s'agit
donc d'aborder tout en douceur ce moment dramatique inouï où elle sait qu'elle va perdre l'essentiel de ce qu'elle a été jusqu'à ce jour (c'està-dire sa nature divine), tout en amenant son
père à accéder à toutes ses demandes. Et il
convient de le faire avec un maximum de subtilité pour que le spectateur découvre progressivement la richesse du personnage. Encore plus
qu'ailleurs, texte et musique forment ici une
entité indissociable, et le rôle de tous les artisans du spectacle, des responsables de la mise
en scène au chef de l'orchestre, est de faire en
sorte que l'auditeur soit en mesure, en temps
réel, de capter les diverses étapes de cette
confrontation. Et c'est en de tels moments que la
supériorité écrasante de la représentation théâtrale sur le seul concert devient manifeste!...
Qu'est ce qui vous attire plus particulièrement dans ce rôle, si vous le comparez à
celui des autres héroïnes de Wagner que vous
avez déjà incarnées ?
L'humanité du personnage... Brünnhilde passe du
stade d'être supérieur à celui de femme aimante et
finalement trahie sans perdre une once de son honnêteté foncière face à elle-même. Lorsqu'elle
sauve Sieglinde, elle sait ce qui l'attend, mais ne
voit pas d'autre issue à la situation. Plus tard, lorsqu'elle trahira Siegfried, elle le fera avec l'intime
conviction que cela est nécessaire au renouveau
que rendra seulement possible l'apocalypse de la
fin du Crépuscule de dieux. Mais ça, c'est encore
de la musique d'avenir pour moi ici à Genève...
Une dernière question : comment
gère-t-on son temps libre entre les représentations de spectacles aussi exigeants pour la
voix et la résistance nerveuse de ses interprètes ?
Comme je n'ai encore jamais vécu la fatigue
d'un Ring donné en six jours dans les conditions
requises par le compositeur, je ne puis répondre
avec précision. En ce qui me concerne, les jours
de représentations sont toujours des jours de
repos : lecture, détente, exercices de gymnastique douce et une légère mise en voix scandent
les diverses heures de la journée précédant la
représentation. Comme vous le voyez, mon
existence de chanteuse n'a finalement rien de
bien exceptionnel, si ce n'est que j'ai l'énorme
privilège, au moment d'entrer en scène, de donner vie à un personnage qui transcende les limites de notre vie quotidienne!...
Propos recueillis par Eric Pousaz
La Walkyrie au Grand Théâtre les 7, 10, 13 et 16 novembre; puis, dans le cadre du cycle complet, les 14 et 21 mai
2014.
Petra Lang © Ann Weitz
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quatre jours au festival de salzbourg
Grande diversité
Le Festival de Salzbourg peut s'enorgueillir de posséder le programme le
plus copieux de tous les grands rendez-vous musicaux de l'été; en effet cette
manifestation couvre absolument tous les registres artistiques, du théâtre
d'avant garde au grand répertoire classique, des concerts intimistes aux
grands raouts symphoniques et choraux, de l'opéra pour enfants aux vastes
fresques lyriques romantiques...
Norma
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Lorsque Cecilia Bartoli a annoncé il y a près
d'un an qu'elle voulait s'attaquer au rôle titre de
l'opéra de Bellini, l'un des plus difficiles et exigeants du répertoire, bien des voix sceptiques se
sont élevées pour remettre en question un choix
artistique ressenti comme discutable; un tel tournant de carrière était en effet jugé trop audacieux
au vu des possibilités vocales et des réserves de
puissance limitées de cette cantatrice qui s'est
surtout forgé une réputation enviable dans l'interprétation de la musique baroque et de l'opéra rossinien. Mais c'était compter sans la ténacité d'une
interprète qui, en faisant un tel choix, était d'abord soucieuse de remettre l'église au milieu du
village en optant pour un retour scrupuleux aux
sources du chant du premier belcanto de l'ottocento, destiné - comme on a trop souvent tendance à l'oublier depuis Maria Callas ou Joan
Sutherland - à des chanteurs à l'aise dans un style
d'interprétation où l'on demande avant tout de la
souplesse et des nuances, non de la puissance ou
de l'éclat. Cette représentation repose sur la nouvelle édition de la partition débarrassée de toutes
les scories qui s'y sont rajoutées dès 1850 jusque
dans la seconde moitié du XXe siècle. Cela signifie d'abord le recours à un orchestre allégé : il
s'agit, en l'occurrence de l'ensemble La Scintilla
qui s'est formé à l'Opéra de Zurich pour assurer
les services en fosse des opéras de Haendel,
Mozart, ou Rossini; les textures plus transparentes de l'accompagnement orchestral assuré par
une telle formation permettent aux voix de passer
la rampe avec un maximum d'efficacité sans
avoir à forcer le volume. Deuxième nouveauté:
Adalgisa, la jeune prêtresse rivale de Norma, est
ici confiée à un soprano léger (non à un mezzo
soprano du calibre d'une Marilyn Horne ou une
Fiorenza Cossotto) dont le timbre aérien rend à
merveille la fragilité de la jeune fille abusée par
Pollione. Celui-ci est également distribué à un
ténor léger, à la voix souple et fluide qui fait
oublier les rodomontades dont certains ténors du
a
fanatisme autant que troublant par ses hésitations
lorsqu'il découvre la duplicité de sa fille. Le
chœur de la Radio-TV italienne à Lugano est tout
simplement renversant d'aisance dans tous les
registres, et la direction allante, fouillée, dynamique de Giovanni Antonini achève de donner à
cette représentation un cachet particulier parfaitement digne du cadre festif dans laquelle elle
s'inscrit. La mise en scène de Patrice Caurier et
Moshe Leiser transplante l'action en plein XXe
siècle dans une petite ville occupée par des forces
ennemies; on pense bien sûr à la France sous
l'Occupation même si une identification n'est pas
absolument recherchée ou soulignée par les deux
metteurs en scène. Tout se déroule dans le décor
unique d'une salle d'école austère à laquelle les
Résistants mettront finalement le feu pour assassiner Pollione et sa maîtresse. Ce qui pourrait
siècle passé aimaient à enrichir leur ligne de
chant. Dans un tel contexte, la Norma de Cecilia
Bartoli fait un effet profond sur le public. La voix
est certes relativement grasse dans le grave, mais
l'aigu est magnifiquement en place, la vocalise
jaillit avec aisance
et le tempérament
de l'actrice, qui dit
s'être inspirée pour
son jeu scénique
des actrices du
cinéma néo-réaliste
italien
à
la
Magnani, fait tout
simplement oublier
ce que l'on a pu
voir ou entendre
par ailleurs. Il se
trouvera certes toujours des spectateurs pour regretter
«Norma» : Rebeca Olvera (Adalgisa), Cecilia Bartoli (Norma)
© Hans Joerg Michel
les Norma emblématiques d'une Montserrat Caballé ou d'une
Renata Scotto, mais est-il juste de comparer ce paraître dogmatique à l'excès au départ s'avère
qui ne l'est pas ? A qui, dans un autre domaine, finalement convaincant, surtout grâce aux superviendrait-il à l'esprit de mesurer l'art d'un soliste bes effets d'éclairage réglés par Christophe Forey
au piano forte dans un Concerto de Mozart avec qui parviennent souvent, grâce à l'utilisation de
ce qu'ont fait de la même partition un Wilhelm filtres qui tamisent l'intensité des projecteurs, à
Kempff ou un Alfred Brendel sur un grand piano créer des images d'une intense poésie. Au final,
de concert ?
donc, une recherche d'actualisation qui remplit
A côté de cette incarnation incandescente, parfaitement son office. (17 août)
les interprétations des autres solistes de déméritent pas. Rebeca Olvera, une chanteuse issue de Un Haydn inconnu
Dans une petite présentation orale donnée
l'Opéra Studio de Zurich, prête sa voix pure et
avant
le concert, Nikolaus Harnoncourt reconclaire à une Adalgisa moins affirmée que de counaissait
avoir longtemps fait l'impasse sur Il
tume, mais parfaitement en place au plan dramaritorno
di
Tobia, un oratorio que le compositeur a
tique. Le ténor lumineux de John Osborn fait de
écrit
alors
qu'il avait entamé sa période dite
Pollione moins un guerrier aux agissements
'Sturm
und
Drang'.
De fait, l'ouvrage a connu une
machistes qu'un homme éperdument amoureux
création
triomphale
à Vienne en 1775 puis a totaqui ne maîtrise plus ses pulsions. Michele
lement
disparu
de
l'affiche
après que le composiPertusi, à la voix de basse moins ronflante que de
teur
eut
fait
entendre
ses
deux chefs-d'œuvre
coutume dans le rôle, fait d'Oroveso un personnaincontestés
que
sont
les
oratorios
La Création et
ge au jeu scénique engagé, inquiétant par son
c
t
u
a
l
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Les Saisons créés environ quinze ans plus tard.
Dans cette première incursion dans le genre de
l'oratorio le compositeur semble hésiter entre un
style élégant, marqué au sceau de la virtuosité
vocale italienne, et une approche plus austère du
commentaire orchestral, qui se révèle ici d'une
originalité et d'un modernisme troublants.
L'ouvrage est long et comprend près de trois
heures de musique, dont une heure de récitatifs
sous-tendus le plus souvent par l'orchestre et non
simplement le clavecin et le violoncelle. Les airs,
très élaborés, sont d'une difficulté d'exécution qui
ferait reculer plus d'une chanteur peu au fait de la
pratique du chant orné de l'époque alors que l'écriture des séquences chorales, culminant sur
deux immenses fugues d'une complexité inouïe,
exige des interprètes une précision et un dynamisme qui ne sont pas à la portée de chaque
ensemble. Nikolaus Harnoncourt avait visiblement à cœur de redonner une nouvelle vie à cette
partition. Sa direction, enflammée et énergique,
semblait d'abord se concentrer sur la mise en
exergue de l'originalité de l'écriture instrumentales (avec un rôle prééminent réservé aux cors
anglais); la charge dramatique du chant restait en
retrait, comme s'il s'agissait d'abord de dépeindre
un état d'âme plutôt que de raconter une séquence d'événements particulièrement dramatiques.
Ainsi traitée, la partition ne paraissait pas sans
longueurs et l'on sait, au demeurant, que les
contemporains de Haydn ne se gênaient pas pour
pratiquer quelques coupures qui eussent peut-être
été bienvenues ici aussi. Les voix réunies pour
l'occasion étaient légères et peinaient parfois à
rendre avec l'aplomb nécessaire le brillant d'une
écriture faite pour mettre en valeur des gosiers
aux capacités techniques superlatives et spectaculaires. Rien de cela, ici, mais une brochette de
chanteurs de qualité dont on peut tout au plus
regretter qu'ils n'avaient pas tout à fait le format
suffisant pour rendre justice à la musique dans
l'immense espace de la Felsenreitschule. A
Valentina Farkas échoit la plus belle musique, et
les qualités de son soprano clair n'auraient pu être
mieux mise en valeur que dans son dernier air
délicatement serti dans un accompagnement
orchestral où les voix des vents se mêlent délicatement à celle de la soliste. L'alto délié d'Ann
Hallenberg convient idéalement au rôle d'Anna,
la mère de Tobias, dont les éternelles inquiétudes
forment quasiment la seule source de tension dramatique de la soirée. Le ténor pauvre en couleurs
de Mauro Peter fait trop pâle figure en Tobias,
tout comme le soprano légèrement défraîchi de
Sen Guo en Rafael, l'ange salvateur. La basse de
Ruben Drole ne démérite pas mais le rigorisme
a
c
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du personnage semble bien peu crédible avec cet
interprète dont le chant aux accents impétueux
convient mieux aux rôles comiques... Les choristes de l'Arnold Schoenberg Chor, par contre, sont
parfaits à tous points de vue... (19 août)
Maîtres-Chanteurs de Nuremberg
L'ouvrage n'avait pas été redonné au Festival
d'été depuis l'été 1938, qui fut en fait l'occasion
d'une des dernières apparitions d'Arturo
Toscanini à la tête d'une représentation lyrique
salzbourgeoise. Cette nouvelle production, montée en coproduction avec l'Opéra de Paris où elle
sera visible au cours de la prochaine saison, s'offre le luxe de ne faire aucune allusion à l'histoire
récente de l'Allemagne. Le metteur en scène norvégien Stefan Herheim présente l'histoire à la
manière d'un conte fantastique de Hoffmann. Par
un ingénieux dispositif scénique, le metteur en
scène nous fait pénétrer dans un monde fantasmagorique où le spectateur perd progressivement
ses repères. Au début de l'Ouverture, le décor
représente l'atelier de Sachs. Celui-ci entre, en
chemise et bonnet de nuit, après avoir visiblement fait un cauchemar. Il regarde étonné un
intérieur qu'il semble ne plus reconnaître alors
qu'un rideau de gaze sur lequel est projeté le
même décor se substitue lentement à l'espace original. Par un lent effet de zoom, la caméra s'approche alors d'un petit secrétaire baroque qui
devient gigantesque au point d'occuper tout l'écran. Le rideau disparaît alors, et toute l'action du
premier acte se joue précisément sur le plateau de
ce secrétaire, entouré d'un porte-plume et de
quelques livres gigantesques où les personnages
de l'opéra paraissent soudain minuscules. L'effet
se reproduit aux actes suivants, donnant à l'histoire des Maîtres-Chanteurs une allure de conte
pour adultes où la véracité des sentiments et la
logique de l'enchaînement des actions importent
finalement assez peu. Bien des incohérences subsistent, mais elles sont parfaitement assumées
dans cet univers de conte fabuleux où les impératifs du message moral passent avant ceux de la
cohérence de l'intrigue.
Si le spectacle éblouit visuellement de bout
en bout, l'aspect musical peine, lui, à convaincre.
L'orchestre, sous la direction de Daniele Gatti,
paraît inutilement bruyant et couvre trop souvent
les voix des chanteurs au point de les noyer dans
un brouet sonore informe dans les grands ensembles. On relèvera certes de beaux moments,
comme la tapisserie finement brodée de l'appel
des maîtres au 1er acte ou les superbes étagements des voix dans l'immense final du 3e acte,
mais la magie de cette partition grandiose était
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«Die Meistersinger von Nürnberg» : Michael Volle
(Hans Sachs) © Salzburger Festspiele / Forster
bien trop rarement au rendez-vous.
Le plateau est dominé par le Sachs impérial
de Michael Volle. La voix n'est pas naturellement
puissante, mais elle traverse le rôle sans peine
apparente avec un naturel qui permet d'en saisir
toutes les nuances; et la clarté de la diction ajoute encore au plaisir musical celui de comprendre
presque l'intégralité du texte. Markus Werba est
un Beckmesser à peine moins sensationnel: son
chant d'une remarquable probité d'effets ne donne
jamais dans la charge grotesque, même au
moment du concours où l'on se prend à penser
que sa musique n'est peut-être pas aussi ridicule
qu'il y paraît tant les accents en sont nouveaux
dans ce contexte. Le ténor plutôt lyrique de
Roberto Sacca, s'accommode moins bien de l'immensité de la salle; malgré un aigu solaire et
plein d'assurance, le chanteur se voit souvent
contraint de forcer dans la tessiture médiane pour
se faire entendre, ce qui ne lui réussit pas dans le
grand ensemble final où il disparaît tout simplement de l'écran.... Anna Gabler est une Eva inhabituellement mégère tant la voix paraît acide sur
toute la tessiture alors que Monika Bohinec
campe une Magdalene bien trop réservée. Peter
Sonn est un David de choix au chant à la fois
claironnant et finement différencié, Georg
Zeppenfeld un Pogner inhabituellement jeune
tant son timbre de basse est fin et agréablement
piquant dans ses échanges avec Eva ou
Beckmesser. Les contributions de tous les
emplois secondaires sont exemplaires, au même
tire que celles du chœur dont les effectifs pléthoriques n'incitent jamais les choristes à la surcharge interprétative. (20 août)
Eric Pousaz
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à vienne et berlin
Toujours et encore Verdi
Verdi est né il y a deux cents ans, un 10 octobre, à Roncole près de Parme. Tous
les théâtres d'importance ont fêté plus ou moins dignement cet anniversaire,
même s'il s'avère difficile, dans certains cas, de réunir une distribution
adéquate pour les titres les plus exigeants de la production du compositeur
italien. Au final, le spectateur a parfois l'impression qu'on lui a réchauffé un
plat raffiné dans des conditions qui ne sont pas tout à fait à la hauteur...
Vienne : Simon Boccanegra, Verdi
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Simon Boccanegra est sans doute aucun un
ouvrage qui passe difficilement la rampe, notamment à cause d'une intrigue particulièrement
complexe. Au Staatsoper, ce titre a bénéficié pour
l'occasion d'une distribution de premier ordre
bien qu'il se fût agit de la soixante-neuvième
reprise depuis la première, qui a été réglée par le
grand Peter Stein. Mais aujourd'hui il ne reste
plus grand chose du travail original du metteur en
scène allemand et les chanteurs ne savent plus
exactement que faire sur le plateau, faute d'une
direction d'acteur suffisamment assurée. Quant
aux décors, d'une élégance raffinée dans leur
simplicité, ils se limitent à esquisser vaguement
un lieu scénique dans lequel il serait possible de
jouer aussi bien Cosi fan tutte dans la scène du
jardin qu'Otello dans l’épisode troublé du concile. Malgré la qualité vocale et orchestrale de la
soirée, l'ennui s'installe irrémédiablement.
Thomas Hampson reste un des grands
Simon de la décennie: son baryton éclatant, aux
accents assurés et tranchants, fait preuve d'une
admirable souplesse dès qu'il lui faut adopter un
ton plus chaleureux au cours des scènes intimistes, notamment dans sa rencontre avec sa fille ou
son ultime duo avec Fiesco. Le timbre n'a rien de
bien italien, certes, mais il est difficile de ne pas
succomber au charme d'une diction exemplaire
qui compense largement l'absence de ces déluges
de décibels auxquels recourent trop souvent les
chanteurs de la Péninsule avides de bravos.
Ferruccio Furlanetto dans le rôle plus monolithique de Fiesco fait également preuve d'une
retenue bienvenue et parvient à donner à son
chant, d'une ampleur sonore encore impressionnante, cette touche de raffinement qui en fait un
digne adversaire de son rival haï. Joseph Calleja
incarne la jeunesse triomphante : ce ténor que ses
succès internationaux ont déjà porté au pinacle,
fait sans complaisance étalage d'un timbre solaire qui réjouira ceux qui se plaignent de la raréfaction de vraies voix latines dans ce répertoire.
Tamar Iveri, par contre, ne prête à Amelia qu'une
voix déjà usée, aux aigus émoussés et au médium
instable. Dans le rôle du traître Paolo, par contre,
Adam Plachetka se profile comme un futur grand
Boccanegra avec ses aigus claironnants et ses
graves à peine moins percutants. Le chœur est
excellent, comme de coutume, alors que l'orchestre, sous la direction molle d'Alain Altinoglu,
aurait certainement tiré profit de quelques répétitions supplémentaires. (4 octobre)
qu'ils reçoivent les lettres de leurs proches restés
au pays. Le jeu des acteurs, admirable de précision jusque dans les gestes les plus banals de leur
quotidien sordide, ajoute une touche de vérité
criante à cette tranche de vie qui s'apparente plus
à du théâtre mis en musique qu'à de l'opéra
déguisé, et ce n'est pas là un des moindres atouts
de cette magnifique production. Chaque spectateur attendait Jonas Kaufmann pour ses débuts
dans un rôle qui lui va comme un gant. Prestance
physique, charme irrésistible du latin lover, voix
solaire : tout est là pour faire de cette interprétation un moment fort de la saison. Mais c'est pourtant Nina Stemme dans le rôle de la femme isolée dans ce monde masculin qui crée la sensation
: la voix est puissante mais jamais forcée, et ses
innombrables chatoiements dans les passages
entonnés à mi-voix font de son incarnation un
moment déjà entré dans la légende du théâtre.
Car malgré l'absence d'air à succès, c'est bien elle
qui reste toujours au centre de l'attention tant elle
sait charger chaque phrase d'une émotion qui
serre le coeur. Le troisième membre de ce trio
infernal est réservé au sheriff jaloux Jack Rance,
qui est ici chanté par un Tomasz Konieczny apparemment mal à l'aise dans ce registre. Bien qu'il
soit ici un grand Alberich et un non moins bouleversant Wotan, il peine à convaincre dans le
registre du mélo à l'italienne parce qu'il se croit
obligé, pour faire plus 'vrai', de forcer systématiquement son émission jusqu'à décolorer les
atouts de son timbre; celui-ci passe finalement la
rampe avec difficulté et l'auditeur perd souvent
sa trace dans les ensembles - un comble pour un
chanteur wagnérien. Les 15 chanteurs chargés des
rôles épisodiques sont par contre parfaitement en
situation, alors que Franz Welser-Möst, à la tête
d'un Philharmonique viennois admirable de souplesse et de mordant, donne du langage musical de
Puccini une interprétation qui ferait immédiatement taire ceux qui ne voient en lui qu'un compositeur intéressé par les voix... (5 octobre)
Berlin : Macbeth, Verdi
La fanciulla del West, Puccini
Thomas Hampson (Simon Boccanegra)
© Wiener Staatsoper / Michael Pöhn
a
Cette nouvelle production d'un opéra qui
n'avait plus été joué ici depuis près de vingt-cinq
ans n'a pas déçu. La distribution est royale et la
mise en scène, sans trop sentir la poussière, se
veut respectueuse des intentions originales des
auteurs. Marco Artur Marelli fait jouer cette intrigue évoquant le climat délétère des westerns spaghettis dans un décor de containers de fortune.
L'atmosphère glauque dans laquelle baigne toute
la représentation rend sensible l'esseulement des
personnages autant que leur mal de vivre lors-
c
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a
Cette production montée par Robert Carsen
provient de l'Opéra de Cologne et a même fait
une escale à Genève en juin 1999 déjà. C'est dire
si les intentions de son auteur se sont perdues
dans les coulisses des nombreuses salles lyriques
où elle a transité. Sur la scène berlinoise, on
retrouve certes l'atmosphère étouffante du drame,
que le metteur en scène canadien fait jouer dans
les couloirs sordides d'un palais habité par un
quelconque tyranneau des anciens Pays de l'Est;
il serait pourtant vain d'attendre des chanteurs
qu'ils proposent des portraits aboutis de leurs
l
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personnages. Les gestes passe-partout et les attitudes complaisantes des solistes face au public
conservent peu de traces de la tension originale et
finissent par ajouter une touche de naïveté touchante rappelant les bonnes vieilles représentations des théâtres de répertoire pendant la première moitié du XXe s. La chose eût paru d'importance secondaire si le chant avait été à la hauteur. Mais là, il a fallu rapidement baisser
pavillon! Ni la Lady Macbeth trémulante de
Marianne Cornetti, ni le Macbeth fruste, aux
accents franchement vulgaires, de Thomas
Johannes Mayer ne parvenaient à rendre justice à
un langage musical qui aurait mérité un traitement vocal moins cavalier. Le Banquo agréablement sonore d'Albert Pesendorfer et le Macduff
aux aigus soyeux et déliés de Yosep Kang auraient
peut-être pu nous dédommager du naufrage des
deux titulaires si leurs rôles avaient été plus marquants; mais leurs apparitions sont bien trop courtes pour imprimer le sceau de leur qualité sur l'ensemble de la représentation. Grandiose, le chœur
tire presque la couverture à soi dans les nombreuses scènes où il tient la vedette, tandis que dans la
fosse, Paolo Arrivabeni bat la mesure sans grande
conviction. (6 octobre)
Un ballo in maschera, Verdi
Dans la salle d'opéra rivale du Staatsoper,
c'est le Bal masqué qui était à l'honneur. La mise
en scène de Jossi Wieler et Sergio Morabito n'avait rien de pertinent. Laide et confuse, elle rendait incompréhensible une intrigue qui ne
demande pas à être surchargée d'intentions dramaturgiques absconses. Tout se joue ici dans le
décor unique de la salle de fêtes décatie d'un
bistrot de province. Les personnages entrent et
sortent en nous disant qu'ils se trouvent sous un
gibet ou dans la salle de séjour d'un hôtel particulier, quand ils ne sont pas tout simplement réunis
dans la salle d'audience du palais royal ou dans le
foyer d'un théâtre où se déroule un bal masqué.
Mais l'œil du spectateur, lui, n'enregistre que des
différences minimes dans l'éclairage et la disposition des chaises de ce sinistre lieu de réunions
bâclées... Inutile de dire que celui qui est peu au
fait de l'intrigue ne s'y retrouve pas, et les jeux de
scène déjantés des acteurs (qui, par exemple, ne
portent aucun masque lors du fameux bal, tout en
faisant semblant de chercher à se reconnaître)
n'aident pas le néophyte à s'y retrouver. Certains
metteurs en scène seraient-ils d'avis qu'à l'opéra,
l'intrigue n'a aucune importance ? La distribution
est inégale. Les accents agressifs et franchement
détonnants de l'Amelia médiocre qu'incarne une
Norma Fantini fatiguée ne laisseront pas un sou-
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Macbeth» © Rutz Waltz
venir impérissable; par contre, le chant ample et
bien maîtrisé de l'Ulrica marquante de Mariana
Pentcheva ne rate pas ses effets dans sa courte
scène de vaticination. Le ténor russe Kamen
Chanev traverse crânement l'opéra avec ses aigus
faciles et son air vainqueur, secondé par le chant
ensoleillé, bien en gorge, d'un Alfredo Daza qui
rallie tous les suffrages avec son portrait vocalement somptueux de Renato, le mari jaloux. Enfin,
Valentina Nafornita fait un malheur en Oscar avec
un timbre que ne rebute aucune vocalise, mais qui
a déjà une largeur et une épaisseur dans le médium
qui permettent de lui prédire un avenir doré dans
des rôles plus lourds. Le chœur et l'orchestre ne se
présentent pas sous leur meilleure forme et s'autorisent quelques imprécisions gênantes dans l'introduction à la scène du gibet ou dans le pianissimo
des mesures initiales du premier acte, mais
Massimo Zanetti obtient tout de même d'eux un
accompagnement qui rend justice au soin qu'a mis
le compositeur à diversifier les voix instrumentales dans ce qui reste peut-être le chef-d'œuvre de
sa période médiane. (7 octobre)
La fiancée du tsar, Rimski-Korsakov
Relativement rare sous nos latitudes, cet
opéra dispose pourtant de plus d'un atout solide
pour séduire le public de l'Europe de l'Ouest. Les
chœurs sont riches et variés, les accents folkloriques des séquences de ballet fascinent par la
variété de leurs coloris instrumentaux et les chanteurs se voient tous confier des airs qui font forte
impression. C'est finalement dans la structure
trop lâche de l'intrigue qu'il faut peut-être chercher les raisons du désintérêt que manifestent les
théâtres pour cet ouvrage attachant. La mise en
scène de Dmitri Tcherniakov met délibérément
l'action sur l'arrière-plan politique du sujet et
laisse de côté le drame de la jalousie qui alimente pourtant chacune des scènes des quatre actes.
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Le rideau s'ouvre sur un studio de télévision où
l'on voit divers spécialistes œuvrer à la confection de l'image virtuelle flatteuse d'un nouveau
tsar qui doit cristalliser sur lui tous les fantasmes
du peuple russe. Le choix de la future fiancée de
ce personnage factice répond aux mêmes exigences, et le spectateur voit défiler sur les innombrables écrans qui encombrent la scène les portraits
de toutes ces beautés nubiles dont le futur père du
peuple est censé faire son plat de résistance... La
démonstration est brillante, scéniquement, et le
spectacle éblouit à chaque instant, mais il ne permet malheureusement pas d'apprécier les enjeux
véritables de cette intrigue compliquée où ces
sentiments primaires que sont la jalousie, la
haine, l'envie ou la passion aveugle tiennent le
haut du pavé. Le spectateur sort enthousiasmé
par ce qu'il a vu, mais il n'a finalement pas compris grand-chose au message qu'essaie de transmettre la musique... Daniel Barenboïm fait merveille dans ce répertoire où on ne l'attendait pas
forcément: il ne joue pas la carte du spectaculaire mais tente bien plutôt de donner une cohésion
à un style d'écriture très éclectique où les tournures populaires voisinent sans transition aucune
avec les recettes du grand opéra à l'italienne. Au
final, le chef donne à entendre un opéra d'une originalité d'écriture patente. La distribution est
dominée par l'intrigante Lioubacha, incarnée ici
par une Anita Rachvelishvili survoltée qui nous
gratifie d'un chant véhément, puissant et incroyablement large mais libéré de toutes les scories
qu'on entend trop souvent chez les interprètes
féminines russes qui peinent à conserver le
contrôle de leur organe : un grand moment! Olga
Peretyatko, bien connue des Lausannois, est la
fiancée malheureuse qui voit sa vie détruite par les
intrigues de ses rivaux mal intentionnés. La voix
est rayonnante, aérienne, mais franchement trop
légère dans le final où elle paraît dépassée par l'écriture ouvertement lyrique du rôle. Johannes
Martin Kränzle campe un traître d'anthologie avec
une voix ferme et retentissante qui n'exclut pourtant pas la recherche d'effets subtilement dégradés
pour éviter que le personnage ne paraisse trop primitif dans ses réactions haineuses. On retrouve
avec plaisir les vétérans que sont Anatoli
Kotcherga et Anna Tomowa-Sintow dans des
emplois plus courts où l'expérience compense largement l'usure du matériau vocal qu'il ne leur est
plus possible de camoufler aujourd'hui alors que
l'interprétation brillante du ténor Pavel Cernoch en
Lykov laisse bien augurer d'une carrière qui
devrait le mener sur les plus hauts sommets. (9
octobre)
Eric Pousaz
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et sonore, quitte à quelques petits arrangements avec la justesse… en particulier lorsqu’elle chante allongée sur le sol ! Enfin, la voix de Christina Gansch
(Amore) évoque plus une soubrette qu’un Cupidon espiègle, dans un italien
peu idiomatique.
à montpellier
Orfeo ed Euridice
François Jestin
Ouverture de saison en demi-teinte à Montpellier, avec une
nouvelle production peu enthousiasmante.
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Avec un retard d’un an (le spectacle devait initialement inaugurer la saison 2012-2013), le spectacle réglé par Chiara Muti, fille du vénéré maestro
Riccardo Muti, nous fait paraître interminable cet Orfeo ed Euridice. Dans une
constante pénombre, le dispositif scénique n’est pas intrinsèquement joli, avec
deux parois vitrées qui partent en fuite en fond de plateau, accompagnées de
reflets désagréables qui reviennent de manière récurrente. Parfois certaines
images sont plus jolies, essentiellement des fumées éclairées par les rais de
lumière qui descendent des cintres… procédé qui produit toujours son petit
effet, quel que soit le metteur en scène ! Plus grave, la mise en place et l’action paraissent bien peu naturelles et exemptes d’énergie, sans parler de la
« chorégraphie » de Micha van Hoecke où la répétition de mouvements – non
dansés – tourne parfois au ridicule : agitation nerveuse d’un voile blanc, puis
d’un voile noir, branchages qui tournicotent dans leurs mains, puis – le summum ! – allumage des branchages lorsqu’Eurydice va revenir de l’Enfer. Autre
problème technique à régler, les méchants grincements de deux escaliers
métalliques à déplacer (avec trop souvent les commentaires en direct des
machinistes…), y compris sur des moments recueillis comme le tube « Che
farò senza Euridice ? ».
On apprécie alors d’autant plus la direction du chef Balàzs Kocsàr, qui
insuffle dynamisme et amplitude au discours musical, même si on relève de
trop nombreux décalages avec les solistes sur le plateau – les choristes étant
placés en fosse –, en particulier sur les récitatifs. Remplaçant Varduhi
Abrahamyan, elle-même éphémère remplaçante de Marie Karall programmée
initialement, Delphine Galou défend avec une impeccable musicalité le rôle
d’Orfeo, mais sans fougue particulière ni richesse excessive dans le timbre,
alors que sa consœur Eleonora Buratto (Euridice) semble bien plus engagée
«Orfeo ed Euridice» © Marc Ginot
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Gluck : ORFEO ED EURIDICE – le 24 septembre 2013 à l’Opéra Comédie de
Montpellier
à marseille
Aida
Une honnête représentation de répertoire, sans plus.
La production de Charles Roubaud créée ici-même fin 2008 (voir SM
210 « Aida, le film » !), laisse toujours un sentiment très mitigé. Les images
proposées sont élégantes et exemptes de tout geste provocateur, mais le
dispositif constitué finalement de diapositives projetées en fond de plateau
peut nous faire douter d’une réelle mise en scène d’opéra, et nous suggérer
qu’il s’agit plutôt d’une version de concert en costumes avec une mise en
action très limitée. Autant ce procédé nous semblait équilibré dans la
Cléopâtre de Massenet la saison dernière, autant ici l’image décorative
prend une place trop dominante. L’impression de statisme est aussi renforcée par les dons d’acteur très moyens de certains protagonistes. Vocalement,
Michele Capalbo en Aida n’a pas grand-chose à voir avec la splendide
Américaine Adina Aaron, titulaire du rôle en 2008. La soprano canadienne
a pour elle une jolie plastique et une musicalité sûre, mais le timbre ne séduit
pas vraiment et c’est peu de dire que la voix n’est pas homogène tant elle se
heurte à des problèmes d’émission, jusqu’à retenir l’impression qu’elle
minaude le plus souvent dans le grave. La distribution du rôle de Ramadès
pose visiblement encore plus de problèmes : en méforme lors des trois premières soirées, le ténor Zoran Todorovitch a
laissé sa place à Gustavo Porta à partir du 29
septembre. En entendant ce dernier, on se
demande également s’il est en pleine capacité :
justesse aléatoire et stabilité peu assurée, il
passe « en force » avec un vibrato développé.
Le théâtre revient heureusement avec
l’Amneris de Sonia Ganassi, très crédible dans
ce rôle défendu de manière vindicative. La voix
est suffisamment projetée, en particulier dans
le registre aigu. Amonasro est un rôle qui
convient aux moyens de Marco di Felice, baryton vigoureux et sonore, tandis que Luiz
Ottavio Faria (Ramfis) et Philippe Kahn (Il Re)
font valoir de beaux timbres de basse profonde,
mais au style poussif et en manque d’énergie.
Les chœurs masculins paraissent bien plus
concentrés que les femmes, tandis que la direction musicale de qualité de Fabrizio Maria
Carminati rehausse heureusement le niveau du
spectacle. Le tempo est assez lent en général
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«Aida» (scène finale) © Christian Dresse
(voire bien ralenti par exemple dans le 2ème tableau du 1er acte, la partie a
cappella puis la musique de ballet), mais certaines accélérations sont bienvenues.
François Jestin
Verdi : AIDA – le 1er octobre 2013 à l’Opéra de Marseille
à toulouse
Manon
François Jestin
Pour ses adieux annoncés à l’opéra, la soprano Natalie
Dessay endosse les habits de Manon, dans un spectacle qui
ne surprend, n’enchante ou n’émeut
que trop rarement.
La production de Laurent Pelly, déjà montrée à Londres et New-York (avec Anna
Netrebko), ainsi qu’à la Scala de Milan, n’est
pas à classer parmi ses plus réussies.
Transposées en fin de 19ème siècle ou début
20ème (les hommes portent des hauts-de-forme
et les gendarmes en képi déboulent plus tard),
les décors de Chantal Thomas ne sont pas particulièrement marquants, surtout pour les premières scènes : à la ville d’Amiens en miniature du 1er acte succède la chambre de poupée
des amoureux au II, puis le Cours-la-Reine n’a
vraiment rien de royal et on y cherche en vain
le luxe dans les robes et parures des « élégantes ». L’œil se réveille à partir de Saint-Sulpice
où les mouvements agités des croyantes
autour des colonnes, chaises et prie-Dieu
a
c
sont bien réglés, puis dans un hôtel de
Transylvanie verdâtre éclairé de néons blafards,
et enfin au Havre sur une perspective fuyante
de rue encadrée de lampadaires. Après ses
débuts il y a bientôt 10 ans, Natalie Dessay
revient au rôle-titre, pour une incarnation bien
plus sereine qu’à l’Opéra Bastille début 2012
dans la mise en scène – bien ratée ! – de Coline
Serreau. Mis à part un grave confidentiel et
trois ou quatre « graillons » au cours de la
représentation (moments où la voix part curieusement en court déraillement incontrôlé), la
prestation est techniquement sans problème,
avec un timbre et une incarnation beaucoup
plus crédibles dans les moments de drame que
lorsqu’elle joue la naïveté d’une Manon de 16
ans. Le ténor Charles Castronovo (Des Grieux)
chante et joue avec engagement et énergie,
mais le timbre est sombre et pas toujours d’une
séduction immédiate. Le baryton Thomas
Oliemans (Lescaut) fait valoir une voix saine et superbement placée, capable de remarquables extensions vers l’aigu, dans un français irréprochable,
qualité que ne possède à l’évidence pas la basse sonore Robert Bork (le
Comte Des Grieux). Le second ténor Luca Lombardo caractérise avec gourmandise le personnage de Guillot de Morfontaine, et les trois « comédiennes » Poussette, Javotte et Rosette sont bien assorties, respectivement
Vannina Santoni, Khatouna Gadelia et Hélène Delalande.
A la baguette, Jesus Lopez-Cobos est un habitué de cette partition, pour
l’avoir dirigée entre autres à Bastille en 2011 avec Fleming et Alvarez.
L’orchestre et les chœurs sont très appliqués, et on sait gré au chef de jouer
une version quasi intégrale, incluant quelques passages le plus souvent coupés, comme la fin du 1er acte, ou encore toute l’introduction du Cours-laReine.
t
u
Massenet : MANON – le 6 octobre 2013 au théâtre du Capitole de Toulouse
Charles Castronovo et Natalie Dessay © Patrice Nin
a
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t
é
39
s a i s o n s
débat au grand théâtre de genève
Rions avec Wagner
Le Grand Théâtre a concocté un petit spectacle
iconoclaste, avec Wagner pour victime. Le célèbre auteur et
compositeur ne prête pas vraiment à rire, et lui-même était
singulièrement dépourvu d’humour. Raison de plus pour
s’en divertir !
40
Le spectacle s’intitule Le Cas Wagner. Cela rappelle quelque chose…
Mais oui ! le fameux pamphlet de Nietzsche*. En l’espèce il va confronter
Marc Bonnant, gloire suisse du barreau, à l’écrivain et philosophe de renommée internationale Bernard-Henri Lévy, avec le
comédien Alain Carré comme illustrateur (et
médiateur ?). Les débats risquent bien d’être animés. Le maître de Bayreuth suscite toutes les passions, et tous les fanatismes, comme on sait. Son
antisémitisme ne saurait être contesté, qui tourne à
la manie : allant même jusqu’à reprocher aux Juifs
de manger de la viande ! Et Hitler lui-même n’hésitera pas à dire : “ Il n’y a qu’un précurseur au
national-socialisme : Richard Wagner ”. Sic ! La
cause est donc entendue, et difficile à défendre.
Nous souhaitons bien du courage à son avocat.
retrouver sur internet),
“ Wagner et les Juifs ”.
Comme il est tout aussi
instructif de jeter un
œil aux maquettes des
personnages pour la
première du Ring en
1876, en présence de
Wagner et sous son
contrôle, visibles au
musée de Bayreuth (et
prêtées actuellement au
Musée Berlioz de la
Côte-Saint-André) :
Albérich et Mime grimés comme des Juifs
de caricature, face à un
Marc Bonnant
Siegfried au visage d’Apollon ! On ne peut plus
parlant ! Et alors même que l’ascendance du compositeur sur ce plan n’est pas des plus claires. Ceci
explique certainement cela…
Parlons donc de musique. Pour rester peutêtre plus serein… Mais ici aussi, hélas !, le débat
fait rage. Entre les laudateurs inconditionnels :
Richard Strauss, Pierre Boulez, Vincent d’Indy (ce
qui dans ce cas s’explique aussi idéologiquement),
Ce qui explique que certains préfèrent se
et même Mahler et Schoenberg… et des contempréfugier dans sa musique. Comme si elle-même
teurs qui le sont tout autant : Stravinsky, Ravel,
était exempte de ces connotations sulfureuses…
Darius Milhaud, le compositeur actuel Philippe
Loin s’en faut ! Comme d’aucuns aussi préfèrent
Hersant… Quand certains y voient le père de la
modernité en musique, alors qu’il n’y a rien de plus
ne retenir chez Céline que l’écrivain. Mais il y a
démodable (pour paraphraser Nietzsche ou Rilke),
une différence – de taille ! –, c’est que ce dernier
d’autres récusent une lourdeur, une boursouflure,
Alain Carré
un effet totalisant, sinon totalitaire… Chacun son
approche. Et le débat risque bien de ne pas être clos. Ni le procès.
ne fait que suivre une
Il n’empêche que le Grand Théâtre programme cette saison – et il a bien
idéologie, quand l’autre
raison
! – une Tétralogie complète. Car s’il est une chose que l’on ne peut
l’instaure. On peut toutepas
dénier
à Wagner, c’est d’être au-delà d’un simple petit maître. Sa postéfois s’interroger sur le perrité,
et
les
controverses qu’elle suscite toujours, le prouveraient. Mais rien
sonnage : littéralement
n’interdit
de
prendre, tout comme Nietzsche, un recul ironique et amusé.
obsédé par les Juifs, alors
que son entourage en
Pierre-René Serna
regorge – et parmi les plus
fervents, comme le chef
d’orches-tre Hermann Les thèmes spécifiques abordés seront les suivants :
Levi, à qui Wagner L'Artiste - 8 novembre 2013 à 19h30
demanda de changer de L’Homme - 31 janvier 2014 à 19h30
religion ! Il est instructif à Le Polémiste - 30 avril 2014 à 19h30
cet égard de visionner l’é- Le Best Of - 12 mai 2014 à 19h30
mission de télévision, Billets : 022/322.50.50 du lundi au samedi de 10h à 18h, [email protected]
naguère programmée sur * L’auteur de ces lignes a choisi pour sa part d’intituler son propre pamphlet :
Bernard-Henri Lévy © Duclos
Arte (et que l’on peut l’Anti-Wagner sans peine (Presses universitaires de France).
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c
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m é m e n t o
o p é r a
genève
avignon
madrid
Grand Théâtre (022/418.31.30)
s Die Walküre (Metzmacher-Dorn) –
7, 10, 13, 16 nov.
Bâtiment des Forces Motrices
(022/510.60.71)
s Der Fliegende Holländer (KarabitsSchulin) – 2, 5 nov.
Opéra-Théâtre (04.90.82.81.40)
s Madama Butterfly (GuingalLarroche) – 17, 19 nov.
Teatro Real (34/90.224.48.48)
s The Indian Queen (CurrentzisSellars) – 5, 7, 9, 10, 13, 15, 17, 19 nov.
s Dido ans Aeneas (Currentzis) – 18
nov.
zurich
Opernhaus (044.268.66.66)
s Faust (Lange-Gloger) – 3, 6, 9, 14,
17, 29 nov.
s Otello (Carignani-Vick) -1er nov.
s Die Mesitersinger von Nürnberg
(Weigle-Kupfer) – 10, 16, 24 nov.
s Jenufa (Lange-Tcherniakov) – 22,
27, 30 nov.
s Das Gespenst von Canterville
(Angelico-Hadziametovic) – 23 nov.
lyon
Opéra National (08.26.30.53.25)
s Norma (Pido) – 10, 12 nov.
marseille
Opéra (04.91.55.11.10)
s La Straniera (Arrivabeni) – 3, 5, 8 nov.
s Orphée et Eurydice (Montgomery-
Flamand) – 30 nov.
montpellier
Opéra national (04.67.02.02.01)
s Elena (Garcia Alarcon-Ruf) – 10, 12,
13, 15 nov.
saint-étienne
Opéra-Théâtre (04.77.47.83.40)
s Lakmé (Campellone-Baur) – 8, 10,
12 nov.
s t r a s b o u rg
paris
Champs-Elysées (01.49.52.50.50)
s Norma (Pido) – 15 nov.
Opéra National (0825.84.14.84)
s La Cenerentola (Mazzola-Anglade)
Cobos-de Bosio) – 7, 10, 13, 16 nov.
l o n d re s
ROH (0044/207.304.4000)
s Les Vêpres siciliennes (PappanoHerrheim) – 1er, 4, 7, 11 nov.
s Parsifal (Pappano-Langridge) – 30
nov.
s Wozzeck (Elder-Warner) – 5, 8, 12,
15 nov.
f l o re n c e
Teatro del Maggio musicale
s La Serva padrona (Caldi-Carreres) –
8, 9, 10 nov.
s L’Elisir d’amore (MontanaroCucchi) – 15, 16, 17, 19, 20, 21 nov.
A Saint-Etienne : «Lakmé» dans la mise en scène de Lilo Baur
Coproduction Opéra de Lausanne / Opéra Comique Paris © Marc Vanappelghem
Châtelet (01.40.28.28.40)
s Chantecler Tango (Godoy) – 1er, 2,
3 nov.
Opéra Comique (0825.01.01.23)
s Writen on the skin (NenjaminMitchell) – 16, 18, 19 nov.
Opéra National (08.92.90.90)
Bastille :
s Aida (Jordan-Py) – 2, 6, 9, 12, 14,
16 nov.
s Elektra (Jordan-Carsen) – 4, 7, 11,
18, 24 nov.
s I Puritani (Mariotti-Pelly) – 25, 30 nov.
Garnier :
s Cosi fan tutte (SchoenwandtToffolutti) – 3, 5, 8, 11, 13 nov.
s La Clemenza di Tito (NetopilDecker) – 27, 30 nov
Salle Pleyel (01.42.56.13.13)
s Romeo et Juliette (Gergiev) – 17
nov.
a
g
– 3, 5 nov. (à Strasbourg), 15, 17 nov.
(à Mulhouse)
toulouse
Théâtre du Capitole (05.61.63.13.13)
s Orlando (Spinosi-Vigner) – 10, 12,
14, 16 nov.
a m s t e rd a m
Opera (31.20.62.55.456)
s Götterdämmerung (HaenchenAudi) – 14, 17, 21, 24, 27, 30 nov.
bruxelles
La Monnaie (32/70.23.39.39)
s War Requiem (Morlot) – 2, 3 nov.
b a rc e l o n e
Liceu (34.934.85.99.13)
s Agrippina (Bicket-McVicar) – 16,
18, 21, 24, 26, 29 nov.
s L’Atlantida (Pons) – 27, 28 nov.
e
n
milan
Teatro alla scala (39/02.720.03.744)
s Aida (Noseda-Zeffirelli) – 3, 5, 14,
16, 17, 19 nov.
turin
Teatro Regio (39/011.881.52.41)
s Il Barbiere di Siviglia (de MarchiBorrelli) – 7, 8, 9, 10, 12, 13, 16, 17
nov.
venise
Teatro La Fenice (39/041.24.24)
s L’Africaine (Villaume-Muscato) – 23,
26, 27, 29, 30 nov
vienne
Staatsoper (43/1514447880)
s Anna Bolena (Pido-Génovèse) – 3
nov.
s La Fille du régiment (CampanellaPelly) – 1er, 4 nov.
s Un Ballo in maschera (Lopez
d
a
s L’Elisir d’amore (Carcia Calvo-
Schenk) – 8, 12 nov.
s Madama Butterfly (Domingo-
Gielen) – 11, 15, 19 nov.
s Die Zauberflöte (Eschenbach-
Caurier/Leiser) – 17, 20, 24, 27, 30
nov.
s Peter Grimes (Jenkins-Mielitz) – 23,
26, 29 nov.
Theater an der Wien (43/15.88.85)
s Idomeneo (Jacobs-Michieletto) –
13, 15, 17, 20, 22, 24 nov.
s Les Danaïdes (Rousset) – 16 nov.
berlin
Deutsche Oper (49/30.343.84.343)
s Macbeth (Arrivabeni-Carsen) – 21,
26 nov.
s Otello (Runnicles-Kriegenburg) – 9,
20, 28 nov.
s Falstaff (Runnicles-Loy) – 17, 22, 29
nov.
s Rigoletto (Rizzi Brignoli-Bosse) –
23, 27 nov.
s La Traviata (Korsten-Friedrich) – 30
nov.
s Don Carlo (Runnicles-Marelli) – 7,
10, 16, 24 nov.
Staatsoper (49/30.20.35.45.55)
s La Fiancée du tsar (BarenboimTcherniakov) – 1er nov.
s Don Giovanni (Barenboim-Guth) –
3 nov.
s La Traviata (Hindoyan-Mussbach) –
6, 9, 14 nov.
s Die Zauberflöte (Märtig-Everding)
– 8, 10 nov.
s La Finta Giardiniera (MouldsNeuenfels) – 28 nov.
s Il Trovatore (Barenboim-Stölzl) – 29
nov.
Komische Oper (49/30.47.99.74.00)
s Balle im Savoy (Benzwi-Kosky) – 10
nov.
s Cosi fan tutte (Nanasi-Hermanis) 3, 9, 15 nov.
s L’Orfeo (Sochaczewsky) – 23 nov.
s Hänsel und Gretel (Poska-Thannen)
– 2, 16, 17, 25 nov.
new york
Metropolitan Opera
(00.1.212.362.60.00)
s Tosca (Frizza-Bondy) – 2, 5, 9, 13,
16 nov.
s Die Frau ohne Schatten (JurowskiWernicke) – 7, 12, 16, 20, 23, 26 nov.
s Eugène Oneguine (GergievWarner) – 23, 29 nov.
s Norma (Frizza-Copley) – 1er nov.
s Der Rosenkavalier (Gardner-Merrill)
– 22, 25, 30 nov.
s Two Boys (Robertson-Sher) – 2, 6,
9, 14 nov.
s Rigoletto (Heras-Casado-Mayer) –
11, 15, 18, 21, 27, 30 nov.
41
m
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s
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q
e
concours de genève
Le jury
Changement
de formule
Le compositeur italien Ivan Fedele, à qui
un concert a été consacré en mars par le Festival
Archipel, officiera en tant que président du jury.
Ses œuvres sont jouées dans les principaux festivals de musique contemporaine en Europe et
certaines sont le résultat de commandes de
l’Ensemble intercontemporain, Radio France,
l’Ircam, l’Ensemble Contrechamps et de la
Scala. Entre son premier prix du Concours
international Goffredo Petrassi en 1989 et le
Prix Franco Abbiati en 2007 pour son opéra
Antigone, il a reçu de nombreuses récompenses.
Didier Schnorhk, Secrétaire général du Concours de Genève, nous rappelle
que cette manifestation a été créée en 1939 : c’est l’une des plus anciennes
du genre. En 2014 on fêtera son 75ème anniversaire, et l’année suivante, sa
70ème édition (elle n’a pas eu lieu chaque année !)
42
u
Les contraintes financières font qu’il sera
compliqué de maintenir le niveau actuel. C’est
une première difficulté. D’autres s’y ajoutent :
la grande concurrence qui règne dans le domaine –de nouveaux concours ont vu le jour en
Asie-, la mondialisation, le business omniprésent. Les jeunes artistes, font face à de nombreuses obligations : non seulement ils doivent
maîtriser parfaitement leur instrument, mais
aussi aborder un large répertoire, soigner leur
image, communiquer avec le public, posséder
une forte personnalité, une richesse intérieure,
une originalité. D’autre part il faut également
reconnaître que le public amateur de musique
classique n’est pas majoritaire et qu’il a tendance à vieillir. La solution semble être donc de
faire vivre cette musique en encourageant les
jeunes à composer, même si la création contemporaine peut déstabiliser ou effrayer.
Composition
C’est pourquoi le Concours de Genève a
décidé de remplacer une année sur deux le traditionnel concours d’exécution par un concours
de composition, avec le soutien de la Fondation
Reine Marie José. Le jury a sélectionné cinq
œuvres, pour flûte solo et petit ensemble, qui
seront jouées au Studio Ansermet le soir de la
Finale le 1er décembre 2013 à 17h par des
solistes et l’Ensemble Contrechamps. Celle qui
remportera le premier prix sera imposée au
concours d’interprétation de 2014.
Le 2 décembre un « Concert-portrait
d’Ivan Fedele » par les étudiants de la HEM
Genève sera proposé au Conservatoire à 18h.
Une série d’événements est annoncée cette
année, avec pour objectif de promouvoir la carrière des lauréats plus ou moins récents. Ainsi
Lorenzo Soulès, premier prix 2012 et le
Quatuor Armida, premier prix ex-aequo 2011,
participeront à une tournée passant par Genève
a
Armida Quartett © Felix Broede
(6 décembre 2013 à 20h au Conservatoire),
Paris (Salle Gaveau) et Bruxelles (Palais des
Beaux-Arts).
Le 3 décembre, « Concert en hommage à la
Reine Marie José » avec le Quatuor
Terpsycordes, 1er prix 2001 et Carine Séchaye.
Lorenzo Soulès donnera aux Salons à 19h
le 4 décembre un récital à l’occasion duquel il
dédicacera son disque COUP DE CŒUR BREGUET ;
un concert de gala au Victoria Hall réunira le 5
décembre trois anciens lauréats prestigieux,
Martha Argerich, Nelson Goerner et la percussionniste Huang Aiyun, vainqueur en 2002,
qui interprétera une œuvre particulièrement
spectaculaire. Se joindront à eux deux lauréats
plus récents, Polina Pasztirczak (1er prix chant
2009) et Rémi Durupt (2ème prix percussion
2009).
c
t
u
a
Sa réputation de pédagogue en Europe et aux
Etats-Unis n’est plus à faire. A Milan, où il vit,
il enseigne la composition au Conservatoire
Giuseppe Verdi ainsi qu’au Conservatoire à
Strasbourg. Depuis 2009 il est directeur de
l’Orchestre I Pomeriggi Musicali. Nous lui
avons demandé quel était pour lui l’intérêt principal des concours de composition, dans le jury
desquels il a souvent siégé.
« Un concours sert à découvrir de nouveaux talents ; cela m’intéresse car la musique
a besoin de se renouveler. Je suis heureux et
honoré de présider le jury au Concours de
Genève, avec à mes côtés des collègues que je
connais et que j’estime. Les masterclasses sont
aussi une occasion de rencontrer des jeunes
musiciens prometteurs. Cela a été pour moi le
cas récemment à Berkeley et à Moscou. Un
l
i
t
é
m u s i q u e
43
Rémi Durupt lors du Concours de Genève 2009
compositeur ne doit pas se renfermer sur luimême, mais s’ouvrir à la jeunesse porteuse de
nouveauté. »
Les autres membres du jury sont les suivants :
Toshio Hosakawa, compositeur japonais
dont les œu-vres s’inspirent à la fois de la tradition occidentale et de la musique savante traditionnelle de son pays. Compositeur en résidence à l’Orchestre de Tokyo, il est directeur du
Festival Takefu, membre de l’Académie des
Martha Argerich © Pierre-Henry Verlhac
a
c
t
u
Toshio Hosokawa © Schott Promotion / Christopher Peter
Beaux-Arts de Berlin, professeur invité au
Collège de musique de Tokyo, et anime des
conférences lors des cours d’été de Darmstadt.
Magnus Lindberg, compositeur finlandais,
auteur d’œuvres de grande ampleur étroitement
liées à l’ensemble expérimental Toimii, qu’il a
créé avec Esa-Pekka Salonen, dans le cadre
duquel il exerce ses talents de pianiste et de percussionniste, et qui lui sert de laboratoire pour
ses créations. Il a été compositeur en résidence à
l’Orchestre Philharmonique de New York, entre
2010 et 2012.
Philippe Manoury, compositeur français, a été de 1983 à
2003 successivement responsable
de la pédagogie au sein de
l’Ensemble Intercontemporain,
professeur de composition et
musique électronique au CNSM
de Lyon, compositeur en résidence à l’Orchestre de Paris, parmi
bien d’autres activités. Lauréat de
nombreux prix prestigieux, il a
reçu en 2010 le Grand Prix du
Président de la République de
l’Académie Charles Cros pour
a
l
i
t
l’ensemble de son œuvre. Il était en 2012 compositeur en résidence au Festival de Lucerne.
Isabelle Mundry, compositrice allemande.
Elle a fait ses études à l’Ecole Supérieure des
Arts de Berlin et a travaillé au studio de
musique électronique de l’Université technique
de Berlin ainsi qu’au studio de Fribourg. Elle a
enseigné ou enseigne la théorie et l’analyse
musicale à Berlin, Darmstadt, Zurich, et au
Japon. Ses compositions sont destinées à des
effectifs réduits et variés, où l’électronique est
souvent présente.
Ajoutons que dans l’édition 2014, le piano
partagera l’affiche avec la flûte.
Martine Duruz
La Finale publique aura lieu le dimanche 1er décembre
2013 au Studio Ernest-Ansermet, à Genève. A cette occasion, les œuvres des Finalistes seront interprétées en création mondiale par l’Ensemble Contrechamps, sous la
direction de Michael Wendeberg et avec les solistes Silvia
Careddu et Philippe Renggli. Cet événement marquera
l’ouverture de du « Festival des Lauréats », qui se déroulera du 1er au 6 décembre.
Plus de détails sur : http://www.concoursgeneve.ch/
é
m u s i q u e
concours de genève
Concourir et composer
Le prochain concours de composition de Genève, qui est organisé tous les
deux ans en alternance avec le concours d’interprétation, aura lieu le 1er
décembre prochain. Ivan Fedele présidera un jury composé de Toshio
Hosokawa, Magnus Lindberg, Isabel Mundry et Philippe Manoury, qui a
répondu à nos questions.
Philippe Manoury, en quoi consiste ce
concours de Genève ?
44
Il s’agissait pour les candidats de composer une
pièce pour flûte solo et ensemble instrumental.
52 partitions ont été envoyées, 34 ont été retenues
que les membres du jury ont étudiées, du 29 avril
au 1er mai dernier, afin d’en choisir cinq. La
finale publique aura lieu au Studio Ansermet, le
1er décembre, en compagnie de l’Ensemble
Contrechamps dirigé par Michael Weindeberg,
avec les flûtistes Silvia Careddu et Felix Renggli.
Et en 2014, lors du prochain concours de flûte,
les candidats devront jouer la pièce que nous
aurons couronnée le 1er décembre.
Avez-vous déjà fait partie de jurys de
concours de composition ?
Oui, à Montréal, à Besançon, à Lyon. Les membres du jury ont à leur disposition des partitions,
parfois des enregistrements (ce n’était pas le cas
à Genève), mais il peut arriver qu’un compositeur écrive de splendides pièces pour orchestre
sans avoir jamais eu l’occasion de faire jouer sa
musique. Ce que je n’aime pas, ce sont les simulations sur ordinateur, qui ressemblent à tout et à
n’importe quoi. Je préfère dans ce cas-là qu’il
n’y ait pas d’enregistrement du tout. Nous avons
donc étudié les œuvres retenues, et chacune a fait
l’objet d’une moyenne pondérée. L’âge, le nom,
la nationalité des candidats étaient cachés. Nous
avons retenu les œuvres qui jouaient le jeu de la
flûte solo et qui n’étaient pas dans une mouvance
trop marquée. Étrangement, l’un des candidats
avait écrit une cantate très classique, une partition unique en son genre, ce qui montrait qu’il ne
savait pas exactement quel style de musique était
demandée dans ce concours.
Justement, pourquoi ne l’avez-vous
pas retenue ?
La partition était vraiment trop conventionnelle.
Mais le détail intéressant est que ce compositeur
venait de la Côte d’Ivoire. C’est la première fois
que je vois une partition d’un compositeur
« classique » africain.
On voit rapidement si le candidat sait écrire, si
sa partition sonne et comment elle va sonner, si
elle n’est pas truffée de choses injouables ou qui
défient les équilibres : une flûte dans le grave
fortissimo en même temps qu’une trompette
dans l’aigu pianissimo. Ce qui est difficile à
juger, ce sont les modes de jeu inhabituels, par
exemple les raclements, les bruits, les pressions
d’archet, comme les pratique Helmut
Lachenmann. Dans ce cas, la partition indique
comment produire et non pas comment écouter
le son. Moi, je cherche les tempéraments originaux, les personnes qui recherchent, qui se
posent des questions formelles, quitte à ce
qu’elles soient un peu moins bonnes du point de
vue artisanal. Mais je n’irai pas plus loin dans
mes préférences. En revanche, j’ai des préjugés
négatifs face à des musiques néo-tonales qui
n’apportent rien, même bien écrites. Être bardé
de prix de composition et faire de la musique de
film hollywoodienne, très peu pour moi !
Au jugé des partitions des jeunes
compositeurs, y a-t-il encore des écoles nationales ?
Oui, contrairement à ce qu’on pourrait imaginer.
Les femmes asiatiques, par exemple, cultivent
une esthétique chatoyante, avec des sons miroitants (harpe, célesta), des titres poétiques se référant à la nature, le tout dans une espèce de postimpressionisme atonal, avec d’ailleurs une belle
calligraphie. Les Allemands comme Neuwirth ou
Pintscher se méfient des critères esthétiques, sont
souvent conceptuels. C’est l’influence d’un
Nono transmise par Lachenmann. Il m’est arrivé
de dire plaisamment à certains de mes élèves
américains qui tentaient des choses radicales :
« Vous, vous avez envie de faire un séjour en
Allemagne ! » Certains compositeurs modifient
leur style en fonction du contexte. J’en connais
qui, après s’être montré fort âpres, ont eu du succès, ont reçu des commandes pour grand orchestre, et se sont adaptés, car la manière « bruitée »,
par exemple, ne fonctionne pas avec un orchestre.
Une partition peut-elle tout dire ?
e
t
Les Français disent que les Allemands sont dans
la douleur, les Allemands disent que les Français
sont hédonistes. Dans les années 80, l’influence
de Boulez était prépondérante, beaucoup, en
France, écrivaient comme lui. Puis sont arrivés
les disciples de Gérard Grisey (Dalbavie, Hurel).
Aujourd’hui, l’école dite « saturationniste »
(celle de Cendo, de Bedrossian, de Yann Robin)
prône une musique bruitée mais très violente,
moins minimaliste qu’en Allemagne. Même s’il
existe des personnalités attachantes comme
Alberto Posadas en Espagne, c’est en Amérique
latine qu’on trouve le plus de choses vivifiantes,
au Brésil et en Argentine notamment, où existent
des festivals, des studios de musique électronique, etc. Mais c’est en Italie qu’on trouve le
plus grand nombre de compositeurs au mètre
carré alors que le pays est mal équipé !
Vous avez évoqué la calligraphie…
On a de moins en moins de partitions faites à la
main. La plupart utilisent les logiciels Sibelius
ou Finale, dont se servent les éditeurs, alors que
l’écriture manuscrite révèle le soin du détail, la
fougue, etc. Il suffit de comparer une partition
de Boulez à une partition de Ligeti.
Le concours de Rome n’était-il pas
une bonne formule, qui consistait à enfermer
un candidat en loge pour qu’il montre ce
qu’il a à dire ?
Oui, mais cette idée de faire une cantate à partir
d’un texte donné ! Pourquoi pas un quatuor ?
Aujourd’hui, il faudrait que les compositeurs
apprennent à écrire pour la scène et non pas seulement pour le concert, qu’ils travaillent avec des
chanteurs, des metteurs en scène, qu’ils soient aux
prises avec d’autres types de contraintes
Quel est votre regard sur l’avenir de
la musique dite savante ?
La musique tend à ne plus être qu’un objet de
divertissement, les sous-produits du rock envahissent tout, l’éducation musicale n’est pas à la hauteur. En même temps, beaucoup de jeunes compositeurs de talent viennent d’un univers moins académique, plus sauvage, Luca Francesconi par
exemple. Au Venezuela, on se sert de la musique
savante pour répondre à la crise. Faire de la
musique, c’est aussi apprendre à écouter les autres.
Propos recueillis par Christian Wasselin
Et en France ?
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Philippe Manoury © Philippe Gontier
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VOCAL
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CONCERTS DU DIMANCHE
Gli Angeli Genève
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M A G N I F I C AT S
MARIA KEOHANE
SOPRANO
ALEKSANDRA
L E WA N D O W S K A
SOPRANO
CARLOS MENA
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VA L E R I O C O N TA L D O
TÉNOR
STEFAN MACLEOD
BASSE ET DIRECTION
Schütz, V
Vivaldi,
ivaldi, B
Bach,
ach, Schubert
Mendelssohn
M
endelssohn
17-11-2013
17 heures
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Billetterie
Espace Ville
Ville de Genève Pont
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des arts du Grütli R
ue du GénéralDufour 16, Genève T
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du M
ont-Blanc 18, Cité Seniors Rue
Rue Amat 28, Victoria
Victoria Hall
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Mont-Blanc
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du GénéralDufour 14, une heure avant le concert. Renseignements
Renseignements
Général-Dufour
0800 418 418 gratuit (Suisse) +41 22 418 36 18 payant ((Etranger)
Etranger)
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illetterie en ligne : http://billetterie-culture.ville-ge.ch Prix
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AVS C
HF 13.-, chômeurs, étudiants, jeunes C
HF 10.-,
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20ans/20francs C
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m u s i q u e
Maurizio Pollini en récital
festival de lucerne
Un chef mythique
Claudio Abbado est quasiment devenu un mythe vivant depuis qu'il a fondé
le Lucerne Festival Orchestra il y a déjà dix ans.
46
Chacun de ses programmes de concert se
déroule sur le même modèle: une acclamation
délirante salue l'entrée du maestro; ensuite, le
silence qui règne pendant les exécutions atteint à
des sommets d'intensité rares dans une salle de
plus de 1800 places; enfin, lorsque les dernières
notes se sont estompées dans un auditorium où
l'on attend de chacun qu'il retienne son souffle, le
chef presque en transe semble avoir de la peine à
revenir sur terre. Après de longues secondes pendant lesquelles les auditeurs, comme transfigurés, attendent dans un mutisme absolu le signe de
la délivrance que le chef donne enfin, presque
hésitant, le délire explose, violent, inébranlable.
Cette déflagration d'enthousiasme est suivie, dès
le troisième retour du dieu vivant sur le podium,
d'une standing ovation “incontrôlable“ qui voit
toute la salle se dresser comme un seul homme...
Il serait bien sûr injuste de considérer tout cela
comme immérité. Mais un peu plus de simplicité
et d'enthousiasme réellement spontané ne gênerait pas outre mesure...
Au programme de la deuxième série de
concerts de cette année figuraient deux symphonies inachevées, la Huitième (ou Septième, selon
les catalogues) de Schubert et la Neuvième de
Bruckner. Dès l'entrée en matière des contrebasses des mesures initiales du premier mouvement
de la partition de Schubert, on retrouve les ineffables qualités d'homogénéité et de velouté sono-
Claudio Abbado © Georg Anderhub
a
res qui sont la particularité de cet orchestre qui se
réunit pourtant une fois l'an seulement. Les voix
intermédiaires y sonnent avec autant d'ardeur
chaleureuse que les voussures mélodiques auxquelles l'oreille s'arrête en premier, sans que l'agencement des voix ne s'effrite. Les amalgames
de sonorités restent perçus comme des ensembles
harmonieux cohérents, même si les arêtes soigneusement ciselées de chacune des pièces de la
charpente symphonique restent toujours parfaitement perceptibles.
Le chef adopte une battue plutôt spacieuse,
évitant de s'attarder trop longuement sur des
atmosphères qui, sous d'autres baguettes, semblent engluées dans une longue rêverie. Le
deuxième mouvement, avec ses appels de cors,
s'écoute alors moins comme une pièce aux moirures iridescantes et sensuelles que comme un
mouvement empreint d'une énergie souterraine
qui le pousse inexorablement vers sa résolution.
Le tissu instrumental, au terme d'un immatériel
pianissimo se dissout enfin lentement dans un
silence ressenti comme toujours plus envahissant. La partition de Bruckner bénéficie, elle,
d'un traitement plus viril. Les séquences fortement rythmées de la marche du 1er mouvement,
par exemple, ressortent avec une virulence qui
semblent vouloir déborder sur l'atmosphère mystérieuse et solennelle du premier thème lors de sa
réapparition. Ainsi le chef souligne-t-il l'admirable agencement de ce long “Solennel et mystérieux“ inscrit en tête du mouvement, qui forme
ici un tout puissamment charpenté, mais toujours
harmonieux. La violence du Scherzo (marqué :
“Animé, vif, rapide“) s'inscrit alors naturellement
dans la suite de la coda du mouvement précédent,
plutôt virulente de ton, et se charge d'une sauvagerie électrisante qui fait ressortir l'extraordinaire modernité d'écriture de cette page. Le grandiose Adagio final jouit ensuite d'un traitement marqué au sceau d'une irrésistible dynamique sonore
qui laisse l'auditeur pantelant après d'aussi complexes digressions aboutissant à ces dernières
mesures où semble planer un message venu
d'ailleurs... (24 août)
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Le pianiste italien se fait rare et ses récitals
attirent toujours un vaste public. Il n'en a pas été
autrement à Lucerne où le virtuose avait inscrit à
son programme les Trois pièces pour piano
l'Opus 11 de Schœnberg, les Kreisleriana et le
Concerto sans Orchestre (ou Troisième Sonate)
de Schumann dans sa version primitive en trois
mouvements et finalement la célèbre Sonate no 2
de Chopin. Lorsque le pianiste entre presque
timidement sur le podium, le silence se fait
immédiatement lourd. Les premières notes de
Schœnberg s'égrènent avec une netteté cristalline
qui fait oublier l'originalité de leur arrangement,
où la mélodie fait place à des figures dont l'esprit
peine à percevoir dès l'abord les rapports qu'elles
entretiennent entre elles. Progressivement, un
dessin se révèle qui fait comprendre tout l'attachement que le compositeur avait pour le postromantisme germanique avant de lui tourner résolument le dos, ce qui semble fait dans la troisième pièce, beaucoup plus libre dans sa composition que les deux qui la précèdent. Maurizio
Pollini ne cherche pas à arrondir les angles: les
aspérités d'une ligne musicale souvent aride,
détachée de toute contrainte apparente, sont
abordées de front, comme s'il s'agissait de poser
péremptoirement les jalons d'une autre technique
de composition. Le charme opère pourtant et ces
quatorze minutes de musique s'achèvent dans une
sorte d'éclatement sonore qui fait table rase du
passé. Distant, presque froid, une telle interprétation souligne la modernité du projet de
Schœnberg tout en en facilitant l'appréhension
par un dosage finement calculé des effets recherchés. Dans Kreisleriana, c'est aussi l'extraordinaire mobilité d'écriture de Schumann qui est
mise en avant. Même si le pianiste n'a plus tout à
fait une maîtrise aussi souveraine de ses doigts
(la pédale permet d'ajouter un sfumato bienvenu
à certains conglomérats sonores dont le dessin
manque de netteté), sa virtuosité reste l'élément
moteur qui permet au langage sonore de
Schumann de s'affranchir des musiques contemporaines pour mieux cerner les nécessités intérieures de sa personnalité ; ainsi le panache de
l'interprète moderne essaie-t-il de rendre avec
brio les ambiguïtés d'une sensibilité exacerbée
dont les soudains ébranlements sont magnifiés
par la vélocité du trait pianistique. Les rappels
des thèmes sur lesquels repose l'architecture de
l'ouvrage n'interviennent alors non comme des
phases où l'oreille, rassurée, peut se référer à un
vécu déjà intégré, mais plutôt comme un dessin
dont on reconnaît l'original tout en y découvrant
de brusques glissements sonores qui annoncent
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un développement imprévu. Abordé dans le
même esprit, le Concerto sans orchestre paraît
brouillon au premier abord; les variations du 2e
mouvement s'entrechoquent sans que ne s'imprime dans l'esprit un rythme compact qui en soulignerait fermement la structure. Par contre, le
final, emporté, force déjà l'auditeur à entrevoir la
mise en place d'un idiome musical qui ouvre ses
portes sur une sorte d'infini où tout est possible.
La Sonate de Chopin, prise sur un tempo relativement rapide, ne signifiait pas non plus pour le
pianiste un retour à la "normalité"; comme le
soulignaient les deux petites minutes finales prises à un train infernal qui se muaient en point
d'interrogation, Maurizio Pollini voulait clairement démontrer qu'il considère le compositeur
polonais comme un artiste en avance sur son
temps. Sous ses doigts, Chopin semble en effet se
refuser à conclure une sonate dont les prolongements incitent l'auditeur à se projeter loin dans le
futur. Le triomphe auprès du public fut à la hauteur de ce moment de musique exceptionnel à
plus d'un titre... (1er septembre)
matique avait été dissimulé avec soin par son
auteur. Daniele Gatti trouve des couleurs inattendues pour mettre en exergue, par exemple, la sensualité de tel solo de flûte allié au cor dans le
final du 1er mouvement, ou celle du chant esseulé d'un violoncelle quelques minutes plus tard.
Les brusques crescendos ne créent pas inutilement la surprise mais s'inscrivent dans une dramaturgie dont on sent qu'elle a été soigneusement
calculée. De même, la morbidité de l'Adagio n'a
rien d'alangui sous cette direction précise et vive;
elle traduit bien plutôt cette irrésistible attirance
du compositeur pour le silence, réalisée ici de
main de maitre dans les dernières minutes où les
voix des instruments semblent s'éteindre pour
laisser le temps à l'auditeur de réintégrer son propre univers. Certains puristes pourraient reprocher à cette approche un certain hédonisme, mais
comment résister à la pure beauté sonore d'architectures aussi grandioses quand les artisans qui y
mettent la main le font avec une telle maîtrise de
la carnation sonore ? (1er septembre)
Budapest Festival Orchestra
Concertgebouw d'Amsterdam
La Neuvième Symphonie de Mahler était l'unique ouvrage inscrit au programme du concert
donné par les instrumentistes du Concertgebouw
d'Amsterdam. Cet orchestre prestigieux peut se
vanter d'être le seul ensemble symphonique européen à avoir reconnu le génie du compositeur
autrichien avant tous les autres; sous la direction
éclairée de son directeur musical d'alors, Willem
Mengelberg, il n'a en effet jamais cessé d'offrir au
public l'occasion de se mesurer à la démesure de
ce génie incompris : ces partitions fleuves ont
ainsi immédiatement fait partie intégrante de son
répertoire courant, alors que dans les autres capitales européennes chefs et instrumentistes faisaient encore la fine bouche. La tradition a laissé
de belles traces. L'orchestre hollandais allie la
précision méticuleuse du Philharmonique berlinois à la volupté sonore qui se dégage des interprétations du Philharmonique de Vienne des
grands soirs. La Neuvième Symphonie, une des
plus complexes du compositeur, se déroule ici
avec une sobriété dans l'effet et une chaleur dans
la finition sonore qui forcent l'admiration. Le
chef ne presse pas le tempo, mais ne s'autorise
aucun alanguissement excessif non plus. Sa
direction est fluide, comme soucieuse de rendre
sensible le fil conducteur souvent camouflé des
vastes mouvements initiaux et finaux. En optant
pour la retenue, le chef italien prend le temps de
débroussailler une partition d'une complexité
inouïe jusqu'ici, comme si son programme dra-
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Iván Fischer a conçu un programme fort
original pour sa courte escale lucernoise à la
tête du Budapest Festival orchestra. En ouverture de concert, il proposait en effet trois Danses
roumaines orchestrées par Bartók qu'il confrontait systématiquement avec l'original, écrit pour
un trio de cordes. L'effet est saisissant: la liberté de trois instrumentistes virtuoses qui jouent
librement de la mélodie et du rythme comme le
feraient des interprètes de jazz fait paraître la
brillante orchestration de Bartók terriblement
contraignante et figée, autant par la rigidité des
rythmes que par l'épaisseur des traits instrumentaux. On a là en fait deux compositions totalement différentes, même si le matériau de base
reste le même. L'amateur saura gré au compositeur hongrois d'avoir redonné leurs lettres de
noblesses à des styles musicaux qui étaient alors
jugés avec mépris parce que trop populaires,
mais de nos jours, c'est tout de même l'original
que l'on préfère... Les trois musiciens de l'orchestre, qui ont défendu avec un abattage
incomparable ces mélodies issues du folklore le
plus authentique, auraient à vrai dire mérité de
voir leurs noms figurer dans le programme.
Ensuite, c'est Le mandarin merveilleux du
même Bartók qui prenait le relais. Cette partition qui a fait scandale à sa création au même
titre que le célèbre Sacre du Printemps de
Stravinsky s'écoute comme un long poème symphonique avec programme. Les organisateurs
ont eu l'excellente idée d'en proposer la lecture
a
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Ivan Fischer © Felix Broede
par surtitrage pendant l'interprétation, ce qui
permettait ainsi à chacun de découvrir l'incroyable versatilité d'un langage musical qui épouse à
la seconde les mouvements de la pantomime
prévue. D'une impressionnante diversité d'atmosphères, ces trente-cinq minutes de musique
font passer en revue les nouveautés d'écriture
tonale d'un début de XXe siècle en ébullition
tout en conservant une originalité de touche qui
porte bien la signature de leur auteur. A vrai
dire, cette partition ne paraît pas moins emblématique du siècle passé que celle de Stravinsky.
L'orchestre, survolté, a su rendre l'excitation
nerveuse, presque maladive, qui parcourt ce
ballet au sujet jugé alors scandaleux tout en rendant perceptibles les grandes architectures correspondant aux différentes séquences narratives. Ovationné par un public conquis, l'orchestre allait en seconde partie faire encore monter
la tension avec deux interprétations électrisantes: ce fut d'abord la Légende en si mineur de
Dvorak (la dernière de la série) suivie presque
sans interruption par sa Huitième Symphonie.
Chef et orchestre y furent souverains d'aisance,
de brillant technique et de raffinement dans la
gestion des nuances; les violentes oppositions
de rythmes et de couleurs, particulièrement
délicates dans le final de la Symphonie construits sous forme de variations, prenaient souvent des tournures inattendues. Dans l'atmosphère plus bucolique du premier mouvement, ou dans la curieuse tournure à trois temps,
souvent syncopée, du troisième mouvement, les
instrumentistes et leur chef surent mettre en évidence avec un panache enthousiasmant tout ce
que le compositeur, grand admirateur de
Brahms, a néanmoins su apporter de neuf à un
langage symphonique qu'il a enrichi de maintes
tournures directement influencées par les
musiques de son pays (8 octobre).
Eric Pousaz
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à lucerne
Festival de piano
au sommet
Pour son jubilée, le Festival de Lucerne invite de
grandes pointures comme Evgeny Kissin ou Maurizio
Pollini. Le Festival «au piano» qui dure une semaine
se déroulera du 16 au 24 novembre.
C’est Evgeny Kissin qui ouvrira le Festival avec un récital Schubert /
Skrjabin, le samedi 16 novembre. Le mercredi suivant, il interprétera le
1er concerto de Tchaïkovski accompagné par le Chamber Orchestra of
Europe dirigé par Lawrence Foster. Maurizio Pollini clôturera la semaine avec un récital Chopin / Debussy, le dimanche 24 novembre.
48
Deux pianistes français sont invités : Adam Laloum fera ses débuts
au Festival le vendredi 22
novembre en matinée avec des
œuvres de Schumann et
Schubert, la jeune Lise de la
Salle qui vient pour la troisième fois jouera Bach, Brahms
et Chopin le samedi 23
novembre. Le même jour, tard
le soir, Momo Kodama interprétera des œuvres de Bach,
Debussy et d’un compositeur
vivant : Toshio Hosokawa.
Murray Perahia
symphonie de Haydn. Dans son récital de lundi 18 novembre Fazil Say
parcourra l’histoire de la musique pour piano de Mozart à Bernd Alois
Zimmermann en passant par
Beethoven (sa célèbre sonate
Pathétique), Chopin et
Stravinski.
Le pianiste russe
Grigory Sokolov interprétera
des œuvres de Schubert et
Chopin le dimanche 17
novembre. Le jeudi 21 novembre,
la
vénézuélienne
Gabriela Montero proposera
un dialogue original avec le
Murray Perahia interpublic : après l’exécution de
prétera et dirigera le concerto
pièces pour piano de Brahms
Lise de la Salle © MarcoBorggreve / Naive
n°5 de Beethoven, le 22
et Schumann elle improvisera
novembre. Il sera accompagné
sur des thèmes donnés par les
par l’Academy of St Martin in the Fields qui proposera le même soir une personnes qui assistent au concert. Kirill Gerstein interprétera les célèbres Tableaux d’une exposition de Moussorgski ainsi que le Carnaval de
Schumann et une pièce de Haydn en matinée du dimanche 24 novembre.
Deux jeunes pianistes feront leur début au festival : Alexej Gorlatch et
Nareh Arghamanyan respectivement le 20 et le 21 novembre en matinée.
En même temps que le festival de musique classique, le Lucerne
Festival «au piano» propose un festival de Jazz. Le mardi 19 novembre
tous les pianistes (au nombre de neuf) se présenteront lors d’une soirée au
KKL (le très beau centre de culture et de congrès construit par jean
Nouvel). Ensuite ils s’éparpilleront dans les bars de la ville où ils joueront
pendant cinq jours en alternance.
Emmanuèle Rüegger
Adam Laloum © Carole Bellaiche / Mirare
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le plus gothique qui soit. Mais les deux mots
forment un raccourci éloquent : l’ORR va s’efforcer de rendre au mieux les couleurs et les
accents de la musique écrite à la toute fin du
XVIIIe siècle et au cours du XIXe, tout simplement, quitte à s’aventurer jusqu’au début du
XXe comme l’a montré Pelléas et Mélisande à
l’Opéra Comique en 2010.
victoria hall, genève
Révolutionnaire et
romantique
Un univers sonore inouï
Après le Monteverdi Choir et The English Baroque Soloists, l’Orchestre
révolutionnaire et romantique est le troisième outil forgé par John Eliot
Gardiner pour interpréter les répertoires qui le passionnent.
Sir John Eliot Gardiner
L’Orchestre révolutionnaire et romantique
a vu le jour en 1990, aussitôt dissipée la clameur
du bicentenaire de 1789. Il est né de l’attachement de Gardiner aux instruments historiques et
de son souci de restituer au mieux – par la
disposition des pupitres, les phrasés, etc. – les
musiques qu’il choisit d’interpréter. Mais il
n’aurait peut-être pas existé sans la tendresse du
chef anglais pour la musique française.
L’intitulé de cet orchestre, alors que le précédent
ensemble créé par Gardiner avait été baptisé The
English Baroque Soloists, suffit à le prouver.
Musique française
Gardiner n’est pas à proprement parler un
chef déterministe ; il n’aime pas Mozart parce
qu’il annoncerait Beethoven. Mais c’est un chef
qui croit à la tradition de la musique française
qui, pour lui, « s’inscrit dans une lignée qui a
pris son essor au cours du XIIe siècle avec
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Pérotin-le-Grand et persiste aujourd’hui même,
malgré les soubresauts intervenus au cours des
siècles ». Et puis : « De la musique de ce pays,
celle que j’aime le mieux – en tant que chef
d’orchestre ou simplement comme auditeur –
est celle des compositeurs au moment où ils
manifestent le plus clairement leur caractère
français. La liste en est longue : elle commence
par Claude Le Jeune et passe par Charpentier,
Campra, Couperin (Louis et François),
Rameau, Méhul, Berlioz, Gounod, Bizet,
Chabrier, Fauré, Messager, Debussy, Ravel,
Hahn, Poulenc, pour arriver à Messiaen et
Dutilleux ».
Révolutionnaire et romantique ? On peut
contester ce rapprochement, se demander ce
qu’il y a de révolutionnaire dans le romantisme
(qu’est-ce que le romantisme, au fait ?), rappeler que pour Roger Norrington, autre chef
anglais passionné par Berlioz, le XIXe siècle est
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Il va de soi aussi que l’ORR ne se limite
pas à la musique française. Ses enregistrements
d’Oberon de Weber ou du Paradis et la Péri de
Schumann nous le rappellent
avec éloquence.
C’est pourtant avec
Berlioz, peut-être, que Gardiner
et son orchestre ont donné le
meilleur d’eux-mêmes. La
Symphonie fantastique, enregistrée dans le lieu même de la
création de l’œuvre (la salle de
l’ex-ancien Conservatoire, à
Paris, devenu Conservatoire
d’art dramatique), fut la première étape d’un cycle qui se poursuivit notamment avec Les
Troyens au Châtelet qui nous
plongèrent, avec les instruments
de Sax prévus par le compositeur, dans un univers sonore
inouï. (1)
Il faut préciser que les
concerts de l’ORR qui nécessitent des voix, sont toujours donnés avec le Monteverdi Choir,
dont la plasticité et la qualité de diction (notamment en français) ne sont plus à dire. Gardiner a
forgé là deux outils incomparables, dont le
mariage n’a produit que des merveilles.
Christian Wasselin
(1) DVD disponible chez Opus Arte.
28 novembre : Migros-pour-cent-culturel-classics.
ORCHESTRE RÉVOLUTIONNAIRE ET ROMANTIQUE, dir. Sir
JOHN ELIOT GARDINER, RACHEL HARNISCH, soprano
(Mozart, Beethoven). Victoria Hall à 20h
Location : SCM 022/319.61.11
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quelque chose arrive de façon spontanée, je me
laisse aller »), elle reconnaît aussi l’énorme
importance des influences, sur tous les plans.
Sur son chemin musical, elle a croisé de nombreux grands : Anne-Sophie Mutter, Gidon
Kremer, Martha Argerich,… ou encore Sir
Neville Marriner, Vladimir Ashkenazy, David
Zinman ou Ivan Fischer…. Mais elle reste tout
aussi réceptive au message d'un chanteur ou
d'un politicien qu'à celui d'une personnalité du
monde classique; elle cherche autant à s’imprégner d'un discours charismatique que d’une
chanson touchante.
temps & musique : vilde frang
La jeune fille
aux cheveux d’or
Venue du Nord, la violoniste conjugue expérience et instinct. Rencontre
avec une artiste qui cherche à élargir ses horizons.
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Vilde Frang n’a pas atteint la trentaine. Elle
est à un âge qui permet encore aux mélomanes
et aux critiques de faire l’éloge de sa spontanéité, tout en s’émerveillant devant sa maturité.
Née dans la contrée des fjords — dans ses veines coulent peut-être quelques gouttes de sang
Viking — elle est devenue une jeune femme
avec de la personnalité ! Telle une héroïne des
pièces d’Ibsen, elle arbore tantôt un timide sourire d’adolescente charmeuse un brin mutine,
tantôt une chevelure abondante couleur paille
lui donnant un air de sorcière ou de femme fatale en transe, vivant carrément dans une autre
dimension ! Visitez sa galerie de photos et vous
aurez une idée de son tempérament…
à peine, elle est invitée à se produire en soliste
sous la baguette de Mariss Jansons, son choix se
porte sur la Fantaisie sur le thème Carmen de
Sarasate, plutôt que sur un concerto. La plupart
des violonistes en herbe auraient opté pour un
Mozart ou Mendelssohn !
Quelques années plus tard, elle quitte sa
Norvège natale pour s’établir en Allemagne.
« La Norvège c’est un peu comme la Suisse »
compare-t-elle dans un entretien. « C’est un
petit pays propre et sûr, où les gens sont un peu
gâtés et n’ont pas de quoi se faire de soucis.
Moi, j’ai besoin de soucis, de me battre et de
résister. Ça fait partie de ma musique »,
explique cette battante.
Une artiste se forge…
Loin de chercher la facilité, Vilde s’est toujours créé des défis. Quand à l’âge de treize ans
Si dans son jeu, elle se fie à l’instinct
(« dans un concert j’attends toujours que
Aujourd’hui et demain
Vilde Frang aurait bien pu n’être qu’une
des nombreuses jeunes étoiles prodiges qui
brillent sur l’arène internationale, le temps du
printemps de leur vie. Mais elle est bien déterminée à rester sur scène un peu plus longtemps ! En 2012 elle a reçu le prestigieux
«Crédit Suisse Young Artist Award». La musicienne parcours le monde, enregistre pour de
grands labels.
En novembre, elle se produira à Genève en
duo, avec Michail Lifits, un pianiste ouzbèque
déjà comparé à Wilhelm Kempff. Et les ambitions de la jeune violoniste vont plus loin encore : Ne plus seulement explorer le répertoire
pour son instrument, mais s’aventurer sur de
nouveaux territoires et franchir les frontières
des autres arts.
Beata Zakes
Temps & Musique au
Conservatoire de Genève,
le 11 novembre 2013 à 20h.
VILDE FRANG (violon),
MICHAIL LIFITS (piano).
Sonates de Mendelssohn,
Fauré,
Mozart
et
Prokofiev.
Information et réservation:
+41 22 319 61 11 ou
Billetterie
Migros
h t t p : / / w w w. c u l t u re l migros-geneve.ch
Vilde Frang © Lillian Birnbaum
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quand l’ocg retrouve son ancien chef
Le passé revisité avec
Michael Hofstetter !
phonies de Eybler (avec l'OCG), et plus généralement qu'il souhaite faire vivre ses concerts.
L'opérette
L'homme ne se limite pas à un univers. Ses
collaborations avec les chanteurs l'ont poussé
vers d'autres esthétiques, plus récentes. Son parcours a été jalonné par la médaille Robert
Stolz ! L'opérette avait fait partie de sa formation, mais la rencontre avec la veuve du
compositeur/directeur a compté. La
délicieuse dame âgée a été, selon ses
dires, une guide essentielle pour pouvoir entrevoir les richesses de ce monde
scénique, les choix d'interprétation,
par-delà les années.
A l'entendre, le succès d'un concert
dépend de la capacité du maestro à tisser un réseau de fils entre les membres
de l'orchestre; chaque fil est aussi voué
à être le vecteur d'une émotion, transmise par le regard. Michael Hofstetter
a-t-il été touché par les yeux de la charmante vieille dame ?
Il est régulièrement l'invité des maisons d'opéra et des salles de musique
ancienne. Portrait d'un chef allemand qui a passé de nombreuses années
au bord du Léman.
Né en 1963 dans un petit village
bavarois, Michael Hofstetter est devenu
un chef d'orchestre spécialiste de la
musique baroque.
Parcours
A 14-15 ans, il assure déjà le service de l'orgue dans l'église paroissiale,
aucun adulte ne s'étant montré disponible. Avec le culot d'un adolescent, il
décide qu'un chœur l'accompagnera
pour des concerts destinés aux villageois. Cette première expérience est un
déclic : c'est sûr ! il sera musicien professionnel, conduira une phalange, et
sera aussi le maître d'une fosse d'opéra.
Les choses ne sont pourtant pas si
simples : il faut quitter la campagne et
partir pour Munich. Là, le jeune
homme doit songer à une carrière plus
assurée : la médecine. Mais ces études
lourdes et contraignantes ne lui laissent
guère de temps pour se consacrer aux
partitions, même en amateur. Il ressent
alors une sorte de « mal du pays de la
musique » (comme il le dit) et décide
tout de même de tenter sa chance dans le domaine artistique.
Le Bavarois étudie le piano, l'orgue et la
direction d'orchestre au Conservatoire RichardStrauss de Munich. Très vite, l'artiste trouve des
débouchés professionnels. Après avoir dirigé
l'Opéra de Passau durant deux ans, c'est un
engagement comme chef d'orchestre de l'Opéra
de Wiesbaden de 1991 à 1996. A partir de 1996,
les contrats se multiplient : direction Berlin,
avec de nombreuses représentations de La Veuve
joyeuse et, cette même année, débuts en Suisse
à l'Opéra de Bâle, dans Alcina ainsi qu'à l'Opéra
d'Oslo avec La Flûte enchantée de Mozart...
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Et encore
S'il veut rendre au passé son actualité, l'artiste ne néglige pas les partitions d'aujourd'hui, surtout si elles se
nourrissent de références. Nul ne s'étonnera donc que dans ce programme,
où il retrouvera des interprètes qu'il
avait conduits entre 2001 et 2007, figure un concerto grosso de Schnittke. Le
moderne tend la main à l'ancien.
Michael Hofstetter © Patrick Sheedy
Pierre Jaquet
Un goût pour le baroque
Ses choix se portent souvent sur le répertoire du XVIIIe siècle. Le concertiste aime diriger des opéras méconnus. Les mélomanes peuvent y voir une façon pour lui de trouver opportunément sa place au milieu d'une quantité
importante de productions. Mais l'Allemand
explique autrement ses choix:
Le XVIIIe a été une époque de foisonnement opératique. Chaque auteur a voulu faire du
nouveau, créer une mode. Chacun a eu ses succès, parfois très remarqués par le public, mais
aussi souvent fort volatiles. Les airs à succès se
sont fréquemment évaporés dans l'oubli... Le
Konzertmeister veut retrouver ces paysages;
c'est dans cet esprit qu'il a gravé les deux sym-
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Concert de soirée No. 2. Trompettes & Guerre. Avec
l'Orchestre de Chambre de Genève, dir. Michael
Hofstetter, le 19 novembre 2013 à 20 h, au Bâtiment des
Forces Motrices
Programme :
Vivaldi (1678-1741) Concerto grosso en ré majeur RV
562a
Schnittke (1934-1998) Concerto grosso n° 1 Pour deux
violons, clavecin, piano préparé & cordes
Biber (1644-1704) Sonate «la Battaglia»
[email protected], tél. 022/807.17.90
ou www.ticketportal.com
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concerts arts & lettres, vevey : saison 2013-2014
Zigzags musicaux
Après un premier concert en octobre, la saison musicale d’Arts et Lettres se
poursuit au Théâtre de Vevey avec deux concerts attendus en novembre et
décembre, suivis de six autres entre janvier et fin avril 2014.
Une programmation originale et très diversifiée.
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La jeune violoniste Vilde Frang, associée
au pianiste allemand d’origine ouzbek Michail
Liftis, consacrera sa soirée veveysanne à deux
des pages les plus marquantes du répertoire violon-piano : la première sonate de Fauré et la
deuxième de Prokofiev. Un programme complété par deux autres sonates, celle, sublime, composée par Mendelssohn en 1838, redécouverte
et éditée en 1953 par Menuhin, ainsi que la
Sonate K.305 de Mozart, en deux mouvements,
un brillant allegro précédant un andante avec
thème et six variations (Samedi 2.11).
Un mois plus tard, Maurice Steger, éminent spécialiste zurichois de la flûte à bec, et ses
amis musiciens présenteront sous le titre d’Un
follia di Napoli, un riche aperçu de l’abondante
production musicale éclose dans cette ville vers
1725, notamment sous l’influence du flûtiste et
compositeur allemand Johann Joaquim Quantz,
qui séjourna à Naples à cette époque (Jeudi
12.12).
Kit Armstrong © Jack Liebeck
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De janvier à avril 2014
En janvier 2014, le récital du jeune prodige
anglo-taïwanais Kit Armstrong pourrait bien
faire date. Né en Californie en 1992, ce pianiste et compositeur surdoué, qui a aussi mené des
études scientifiques à l’Université Pierre-etMarie-Curie à Paris, avait fait sensation au
Festival de Verbier 2010. A Vevey, il défendra un
programme très exigeant, avec des œuvres de
J.S. Bach ( deux Prélude et Fugue, la Sonate en
trio No 3, cinq Chorals), données en alternance
avec des pièces de György Ligeti (Musica
Ricercata 1 à 11 et quatre Etudes) (Mercredi
15.1).
Formé à Vienne en 2006 par quatre jeunes
Polonais, le Quatuor Apollon Musagète doit
son nom à la danse du dieu Apollon avec les
neuf muses, limitées à trois – Calliope,
Polymnie et Terpsichore - dans le ballet homonyme composé par Stravinski en 1927-8.
Précédée d’une flatteuse réputation, cette formation qui s’est déjà produite en Suisse, à
Genève et au Festival de Lucerne, offrira une
affiche entièrement tchèque, avec une
Méditation de Josef Suk, deux Valses et l’imposant Quatuor No 11 de Dvorak. Ainsi que le
sublime Quatuor No1, dit « Sonate à Kreutzer »
que Leos Janacek aurait composé comme une
sorte de plaidoyer musical en faveur de la
femme adultère assassinée par son mari dans la
nouvelle de Tolstoï (Jeudi 23.1).
On ne présente plus le duo pianistique des
sœurs Bahar et Ufuk Dörndüncu, bien
connues pour la perfection, la densité et la cohésion expressive de leur jeu. Elles donneront
deux pièces des Américains John Adams et
Steve Reich : Hallelujah Junction (1996) de
l’un, Piano Phase (1967) de l’autre. Deux grandes pages romantiques complèteront la soirée :
la Fantaisie à 4 mains D. 940 de Schubert et les
Variations sur un thème de Haydn de Brahms
(Jeudi 6.2).
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A côté de sa carrière de concertiste, le violoniste autrichien Thomas Zehetmair est aussi le
leader de la formation qui porte son nom, le
Quatuor Zehetmair. Au théâtre veveysan, il
jouera lui aussi le quatuor de Janacek sous-titré
« Sonate à Kreutzer », ainsi que le dixième de
Schubert (D.87) et celui de Debussy (Jeudi
13.3).
Pédagogue renommée, professeur de violon baroque à Bruxelles, Mira Glodeanu a
fondé l’ensemble Ausonia en 1998, avec le claveciniste Frédérick Haas. Au programme
d’Ausonia, avec la soprano Raquel Andueza,
des œuvres de Biber (des Sonates du Rosaire et
les Mystères douloureux de la Passion), de
Rosenmüller, de Froberger, de Frescobaldi
(Maddalena alla Croce) et de Weekmann
(Samedi 12.4).
Mira Glodeanu © Jérémie Kerling
C’est le Hindemith String Trio qui mettra
en avril un terme à la saison 13/14 d’Arts et
Lettres. Emmené par Latica Honda
Rosenberg, ex-1er prix du concours Tibor
Varga à Sion, ce trio violon-alto-violoncelle
jouera le Trio No1 D.471 de Schubert, le Trio
No1 (1924) de Hindemith, ainsi qu’une des plus
belles pages de musique de chambre de Mozart,
son grand Divertimento K. 563 (Mardi 29.4).
Tous les concerts sont à 19h30.
Yves Allaz
musique@artsetlettres,ch
www.theatredevevey.ch
Tél. +41 21 925 94 94
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activités musicales à fribourg
Réjouissante vitalité
La vie musicale, en ville de Fribourg, connaît un nouvel essor depuis la
fondation, en 2009, de l’Orchestre de Chambre Fribourgeois, que dirige
Laurent Gendre. L’OCF organise sa propre saison de concerts,
parallèlement à celle, centenaire, de la Société des Concerts.
Eclatsconcerts, de son côté, met sur pied un cycle de trois soirées de
musique contemporaine.
Laurent Gendre conduira au Théâtre de
l’Equilibre trois des quatre concerts d’abonnement de l’OCF, orchestre professionnel dont l’effectif de base est celui d’une formation de type
« Mannheim », soit de 37 musiciens. En octobre,
le pianiste Cédric Pescia était le soliste du premier concert. Le deuxième (jeudi 14.11) sera
consacré à l’intégralité de la musique de scène du
Songe d’une Nuit d’été de Mendelsohn. Le troisième se fera avec le renfort de l’Ensemble symphonique de Neuchâtel, pour la 9e Symphonie
(samedi 23.11 et dimanche 24.11) pour celui de
Mozart. Il donnera aussi des concerts dans diverses villes du canton de Fribourg et sera à l’Opéra
de Lausanne (vendredi 17 et dimanche 19.1),
après six représentations données à l’Equilibre,
du Voyage dans la lune d’Offenbach. Il sera deux
soirs à l’Octogone de Pully pour une reprise de
Colors of Time du pianiste de jazz Thierry Lang
(samedi 15 et jeudi 20.3) et à nouveau dans la
fosse de l’Equilibre pour deux représentations de
L’Amour masqué d’André Messager et Sacha
Guitry par la compagnie Opéra-Louise (samedi
24 et mardi 27.5).
A l’enseigne des « Hors-d’œuvre du dimanche », les musiciens de l’OCF ont aussi l’opportunité de se produire en formation chambriste
dans un lieu superbe, l’Espace Culturel du
Phénix , à la rue des Alpes.
La Société des Concerts
Laurent Gendre
« du Nouveau Monde » de Dvorak et deux pages
célèbres de Gershwin Un Américain à Paris et la
Rhapsody in Blue, avec le pianiste Oliver
Schnyder en soliste (mardi 11.3). Le quatrième
concert a été confié à Chiara Banchini, à la
direction et au 1er violon, pour des œuvres de
Carl Philippe Emmanuel et Johann Christian
Bach, et des frères Haydn, Joseph et Michael
(vendredi 11.4).
L’OCF sera aussi présent à Romainmôtier
(dimanche 10.11) et à Bulle (mardi 19.11) pour
le Requiem de Cherubini, à nouveau à Bulle
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De son côté, la vénérable Société des
Concerts de Fribourg propose une importante
série de soirées de musique de chambre et symphonique. En novembre (dimanche 3 et jeudi 21)
et en avril (vendredi 4), le Trio Storioni,
d’Amsterdam, donnera en trois séances l’intégrale des Trios avec piano de Beethoven.
Le violoniste Bartek Niziol et le pianiste
Pawel Mazurkiewicz joueront des œuvres de
compositeurs polonais: des Duos de Wieniawski,
de Bacewicz et de Szymanowski (mardi 21.1). La
Südwestdeutsche Philharmonie Konstanz,
conduite par Alexander Janos et avec en solistes
Petru Luga à la contrebasse et Dana Ciocarlie
au piano, interpréteront des œuvres roumaines
d’Enescu, de Dragos Tara, de T. Rogaski et de
P.Constantinescu (mercredi 27.11).
L’Orchestre Symphonique de Berne et son
chef Mario Venzago viendront en voisins jouer
Wagner et Mahler (5e symphonie), avec Lena
Neudauer, soliste du Concerto pour violon de
Robert Schumann (samedi 22.3.). L’Orchestre de
Chambre de Lausanne est invité à deux reprises,
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Lena Neudauer © Marco Borggreve
une fois avec Julian Rachlin à la direction et au
violon, et une fois en coproduction avec Espace
2, avec Eivind Gullberg Jensen à sa tête et Lucas
Macias Navarro, hautbois, en soliste (mercredi
11.12). L’Orchestre Philharmonique Royal de
Liège, conduit par Christian Armin, donnera des
œuvres d’Ysaÿe, de Bartok - 3e Concerto pour
piano avec Dezsö Ranki - et la Symphonie en ré
mineur de César Franck (mardi 20.5.).
L’OCF et Laurent Gendre font aussi partie
des invités. A leur programme, Bizet, Arriaga et
Piazzolla, avec Michael Zisman au bandonéon
(samedi 31.5). Enfin, à l’occasion du 150e anniversaire de la naissance de Richard Strauss, le
Brussels Philharmonic et son chef Michel
Tabachnik joueront Mort et Transfiguration,
Burlesque, avec la pianiste Lilya Zilberstein, et
Ainsi parlait Zarathoustra (Ve 13.6).
Eclatsconcerts
En hommage à Norbert Moret, AnneSophie Mutter reprendra le Concerto pour violon « En rêve », qui lui est dédié et naguère
enregistré pour DG. Elle sera accompagnée par
l’OCL et Michael Francis, qui joueront aussi
Ma mère l’Oye de Ravel et la Musique pour cordes, percussion et célesta de Bartok (mercredi
20.11). Les deux autres soirées d’Eclatsconcerts
sont confiées au trio Carolin Widmann, violon,
Jörg Widmann, clarinette, et Denes Varjon,
piano (samedi 15.2), ainsi qu’au Quatuor
Diotima (samedi 5.5).
Yves Allaz
Fribourg Tourisme
Tél. +41 26 350 11 00
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à vernier et lausanne
Jordi Savall
Si c'est à un Catalan, Pablo ou Pau Casals, que l'on doit la popularité du
violoncelle en tant qu'instrument soliste, c'est sans nul doute un autre
Catalan qui a donné à la viole de gambe ses lettres de noblesse.
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Que pour certains la découverte de cet
instrument resté longtemps confidentiel, réservé
aux mélomanes amateurs de musique ancienne,
ait pu se faire par le truchement d'un film au succès imprévisible n'a au fond que peu d'importance et ne gênera que les puristes. Toujours est-il
que l'on ne peut que se réjouir de la popularité de
Jordi Savall, comme le soulignait il y a quelques
semaines l'accueil chaleureux que lui a réservé
bien au-delà de minuit un public conquis à l'occasion du festival d'Ambronay.
Mais il est vrai que les étapes se ressemblent
dans le tour d'Europe (avec escales aux EtatsUnis) du désormais célèbre gambiste, comme le
démontrait également son passage estival à
Rougemont dans le cadre du festival Menuhin de
Gstaad. Homme de paix, désireux de souligner le
rôle que la musique peut et doit jouer en lançant
des projets réunissant des interprètes venus d'horizons divers (voir l'entretien dans Scènes
Magazine no. 244 de juillet/août 2012), Jordi
Savall propose notamment chaque été un festival
voué aux courants musicaux les plus variés.
Ainsi, l'abbaye de Fontfroide près de Narbonne a
accueilli à plusieurs reprises des musiciens venus
de tous les coins de la Méditerranée et en 2014,
on pourra assister à des rencontres entre continents « puisque des musiciens des Balkans rencontreront des interprètes venus du Mexique
pour y mêler leurs deux cultures dans une
ambiance festive ».
Ouverture
Cette ouverture d'esprit caractérise les parutions d'enregistrements du label AliaVox créé en
1998 par Jordi Savall lui-même et c'est ainsi qu'il
insiste sur l'importance qu'il porte à un récent cd
consacré à la musique des Balkans (“Esprit des
Balkans“), « une région conflictuelle, marquée
par le fanatisme et les problèmes religieux et
abandonnée par l'Europe mais d'une grande
richesse et dont l'histoire mérite d'être mieux
connue ». En projet pour l'année prochaine, « une
collaboration avec des musiciens syriens qui sera
un hommage et un message solidaire à ce pays,
comme cela avait été fait avec des musiciens
afghans il y a une dizaine d'années ».
Et d'autres parutions discographiques récen-
tes donnent une excellente idée de la volonté du
musicien de porter un message d'ouverture et de
réflexion : Esprit d'Arménie, Pro Pacem,
Erasmus, Mare Nostrum ou encore Jerusalem,
tout en continuant à défendre les compositeurs
plus « classiques » qui l'ont fait connaître, qu'il
s'agisse de Marin Marais De Machy, Couperin
ou... Monsieur de Sainte-Colombe ! Plusieurs de
ces enregistrements sont désormais accompagnés
d'un véritable ouvrage « donnant des précisions
de caractère historique ou philosophique, une
façon de donner une autre dimension aux œuvres,
en les situant dans le contexte historique de leur
création », d'autant que souvent la musique a un
lien étroit avec des périodes de guerres; ainsi la
célébration de la Paix d'Utrecht, l'occasion de
proposer un projet musical autour du tricentenaire du traité qui mit fin à la guerre de Succession
d'Espagne, si importante pour les Pays-Bas,
l'Espagne... et la Catalogne !
Vernier sur Baroque
Alternant les concerts avec son ensemble
fondé en 1974, Hesperion XX devenu XXI
depuis l'an 2000, Jordi Savall proposera au mois
de novembre deux passages en terre romande en
compagnie d'un autre interprète. À Vernier il s'agira du luthiste et théorbiste Rolf Lislevand, partenaire de longue date - depuis plus d'un quart de
siècle, puisqu'il fit partie des musiciens qui participèrent à l'aventure de Tous les matins du
monde, l'incontournable référence cinématographique signée Alain Corneau. A l'affiche de
Vernier, Folias y romanescas, un programme qui
mêlera diverses compositions espagnoles « sur
fond d'improvisation, une inépuisable source de
réjouissante inspiration qui peut montrer toutes
les facettes de la viole de gambe ». Ce qui l'amène parfois à signer lui-même quelques compositions dont il indique qu'il s'agit « de pièces créées
à partir d'improvisations en prenant des mélodies
que j'aime et à partir des quelles je développe
des variations ». Du côté de Lausanne, Jordi
Savall retrouvera Wieland Kuijken pour des
Folies et concerts à deux violes, avec des œuvres
de compositeurs français et anglais, autre occasion de partager des moments musicaux en commun avec celui qui fut une référence lorsqu'il
décida de délaisser le violoncelle au profit de la
viole de gambe. Ce que, sans aucun doute, nul
désormais ne saurait regretter !
D'après des propos recueillis par
Frank Fredenrich
- Le 16 novembre, Salle des fêtes du Lignon à Vernier
- Le 17 novembre à 18h à l’Eglise Saint-Laurent,
Lausanne. Loc. 021 315 40 20
Jordi Savall © Laurent Thurin Nal
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vernier sur baroque
Fêtes galantes
La Compagnie Fêtes Galantes se produira à plusieurs reprises lors du
festival, en proposant deux événements différents. La chorégraphe Béatrice
Massin, qui dirige la compagnie, est une spécialiste de la danse baroque
Le premier événement “dansant“ du festival Vernier sur Baroque aura pour thème Louis
XIV, un Roi Danseur. Il s’agit en fait d’une
conférence-spectacle, destinée au jeune public
dès 7 ans, qui fait intervenir, en plus de la chorégraphe-conférencière Béatrice Massin, un claveciniste et un couple de danseurs. Elle aura
lieu le 17 novembre à 15h à la salle des Fêtes du
Lignon.
Il est utile de souligner que la compagnie
Fêtes galantes s’est fixé pour objectif de communiquer ses connaissances, de les partager
avec son public, le dynamisme des échanges
entre artistes et public donnant à la matière
baroque sa vitalité. Ainsi Béatrice Masson se
fera une joie de donner un aperçu de l’importance sociale de la danse à la cour de Louis XIV.
La compagnie Fêtes galantes se produira
également, toujours à la salle des Fêtes du
Lignon, dans Un Air de Folies, un spectacle
chorégraphique et musical pour cinq danseurs,
un baryton et deux instrumentistes; celui-ci
mêle des airs de cour composés par Guédron,
Bataille, Boesset et Lambert aux Folies
d’Espagne de Marin Marais.
La forme brève de l’air de cour - qui offre
des climats très divers - et l’écriture très concise des nombreuses
variations des Folies
d’Espagne permettent un montage
ludique qui s’appuie
sur des climats très
différents. L’austérité
des Folies d’Espagne
est ici entourée d’airs
à boire, de danses
vives et de chants tendres. La chorégraphie
et la mise en espace
soulignent l’étroite
relation entre la
musique et la danse
baroques.
Cette chorégraphie sera donnée le
22 novembre à 20h et
le 24 novembre à 15h.
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- 7 novembre : LES NATIONS. Concert François
Couperin, par Florence Malgoire, Serge Saitta,
Anne-Marie Lasla, Olivier Riehl, Amandine
Solano, Jonathan Rubin et Hadrien Jourdan.
Salle des Fêtes du Lignon à 20h
- 9 novembre : LES FABLES DE LA FONTAINE avec
Alain Carré, Hadrien Jourdan, Silvia De Maria,
Anne Millischer. Salle des Fêtes du Lignon à
16h30
- 10 novembre : LES CLAVECINS RÉUNIS. Hadrien
Jourdan et Thilo Muster (Couperin, Le Roux).
Salle des Fêtes du Lignon à 17h
- 14 novembre : INTÉGRALE DES PIÈCES DE CLAVECIN EN CONCERT DE JEAN-PHILIPPE RAMEAU.
Par Hadrien Jourdan, Denitsa Kazakova, Serge
Saitta et Guido Balestracci. Salle des Fêtes du
Lignon à 20h
- 16 novembre : CONCERT FOLIAS &
ROMANESCAS. Par Jordi Savall, viole de gambe
et Rolf Lislevand, théorbe et guitare. Salle des
Fêtes du Lignon à 20h
- 22 et 24 novembre : UN AIR DE FOLIES, par la
Compagnie Fêtes Galantes. Chorégraphie
Béatrice Massin. Salle des Fêtes du Lignon, le
22 à 20h et le 24 à 15h
«Un air de folies» par la Compagnie Fêtes galantes
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Festival Vernier sur Baroque
- 17 novembre : LOUIS XIV, UN ROI DANSEUR,
par la Compagnie Fêtes Galantes. Chorégraphie
Béatrice Massin. Salle des Fêtes du Lignon à
15h
Informations
et réservations :
022/306.07.80,
www.vernier.ch
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Hadrien Jourdan
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concert du dimanche
Stephan MacLeod
et Gli Angeli
Après avoir dirigé « la » Saint-Jean dans le cadre des Concerts du dimanche en mars 2012, Stephan MacLeod reprendra le chemin du Victoria Hall
à nouveau dans le cadre des concerts dominicaux pour proposer un programme composé de plusieurs Magnificats.
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A l'affiche de ce concert du 17 novembre à
17 h, le Magnificat SWW 494 de Heinrich
Schütz, le Magnificat D486 de Schubert, le
Magnificat de Mendelssohn, le Magnificat RV
610 de Vivaldi et le Magnificat BWW243 de
Jean Sébastien Bach. Les interprètes seront
Maria Keohane (soprano), Aleksandra
Lewandowska (soprano), Carlos Mena (alto),
Valerio Contaldo (ténor), et... Stephan MacLeod
(basse).
Figure désormais bien connue de la vie
musicale romande, mais également hors des
frontières helvétiques de par ses nombreuses
prestations avec des ensembles renommés,
Stephan MacLeod multiplie les concerts, que ce
soit en tant que chef d'orchestre et de chœurs ou
également en tant qu'interprète. Baryton-basse
il a chanté dans de très nombreux ensembles ou
en tant que soliste sous la direction de chefs tels
que Michel Corboz, Paul van Nevel, Gustav
Leonhardt, Sijiswald Kuijken, Jos van
Immersel, Reinhard Goebel et a également participé à plus d'une soixantaine d'enregistrements
allant des polyphonies de la Renaissance à l'œuvre vocale de César Franck.
Très prochainement, il participera en tant
que chanteur à deux concerts consacrés à la
Trauermusik de Johann Ludwig Bach à Genève
(le 2 novembre à l'Eglise de la Madeleine) et à
Lutry (Temple de Lutry) avec La Chapelle
Vocale que dirigera Gonzalo Martinez.
On le retrouvera en tant qu'interprète dirigé
par Philippe Herreweghe à la tête du Collegium
Vocale de Gand pour un programme consacré
aux Psaumes Davids de Schütz lors d'une tournée en Belgique, à Riga, Amsterdam et Paris.
La fréquentation de toutes les grandes
compositions vocales du répertoire en tant
qu'interprète l'a amené à créer en 2003 son propre ensemble désormais bien connu à Genève,
Gli Angeli. Petite formation « à géométrie variable », cet ensemble se spécialise dans le répertoire des XVIIe et XVIIIe siècles et s'est particulièrement fait apprécier pour une intégrale en
cours des Cantates de Jean-Sébastien Bach, un
projet soutenu par le Département de
l'Instruction Publique genevois, ce qui est
notamment justifié par le développement d'une
activité pédagogique de sensibilisation à la
musique destinée à des élèves du primaire et du
secondaire sous forme de stages et de concerts.
Depuis le premier concert de l'ensemble
donné lors du Festival Amadeus à Meinier, et en
dehors de nombreux rendez-vous musicaux
avec le Kantor de Leipzig, Gli Angeli ont
notamment participé à la production de La
Calisto de Cavalli dans une mise en scène
d'Alain Perroux au Théâtre du Loup. Deux enregistrements ont ponctué l'activité des Anges,
l'un est consacré à des compositions de Johann
Christoph Bach, Telemann, Buxtehude, Bruhms
et Jean Sébastien Bach (German Baroque
Cantatas - Sony Vivarte), l'autre à Jean
Sébastien Bach, Buxtehude et Telemann
(German Baroque Cantatas, vol. 2 – Sony
Vivarte).
Après ce concert automnal, on retrouvera
Stephan MacLeod et Gli Angeli en février 2014
au Temple Saint-Gervais (intégrale de Cantates
de Jean Sébastien Bach, concert no 26), puis le
5 avril de nouveau au Victoria Hall pour « la »
Saint-Mathieu et le 23 mai au Temple SaintGervais pour des œuvres de Johann Hermann
Schein.
Frank Fredenrich
Stephan MacLeod
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Rens. 0800 418 418
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activités musicales du mois de novembre
Agenda genevois
Coup d’œil sur la programmation qu’offrent les scènes genevoises en ce
mois de novembre qui verra, assurément, le brouillard s’emparer de
la ville...
Deux événements marquants se tiendront,
en ce mois de novembre, au Grand Théâtre de
Genève. D’une part, la soprano Soile Isokoski
offrira un récital le 17 novembre avec des œuvres d’Hindemith, Grieg, Bernstein et Strauss ;
d’autre part, la Tétralogie de Wagner débutera
dès le 7 novembre avec Les Walkyries. Cette
nouvelle production, signée par Dieter Dorn,
verra Petra Lang dans le rôle de Brunnehilde,
Will Hartmann comme Siegmund ou encore
Tom Fox en Wotan. L’Orchestre de la Suisse
Romande sera dirigée par Ingo Metzmacher.
La formation promet en outre deux beaux
concerts symphoniques à la fin du mois, au
Victoria Hall. Le premier, le 20 novembre,
réunira Yuri Termikanov à la direction et
Emanuel Ax au piano dans une soirée à ne pas
manquer, où seront interprétés le Concerto pour
piano No 5 de Beethoven et la Symphonie No 2
de Brahms. Le 27 novembre, l’OSR retrouvera
son directeur artistique Neeme Järvi, dans son
répertoire fétiche : la Symphonie No1 de
Sibelius est en effet annoncée ainsi que la
Symphonie No3 de Pärt Arvo, alors que la
soprano Deborah Voigt s’attaquera aux
Wesendonck Lieder de Wagner.
L’Orchestre de Chambre de Genève donne
également rendez-vous le 19 novembre, au
Bâtiment des Forces Motrices, pour écouter
Vivaldi (Concerto grosso en ré majeur RV
562a), Schnittke (Concerto grosso N° 1), Biber
Emmanuel Ax © Mark Shapiro
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(Sonate «la Battaglia») et Haydn (Symphonie
N° 100 en sol majeur, «Militaire»), dirigées par
son ancien chef titulaire Michael Hofstetter.
Auparavant, le 3 novembre, et dans le cadre du
Wagner Geneva Festival, la même formation
accompagnée par le Sinfonietta de Lausanne et
le trompettiste Raphäel Duchateau, et dirigée
par Alexandre Mayer, proposera des œuvres de
Wagner et Lenot.
Deborah Voigt
Le dimanche 10 novembre, l’Orchestre
Symphonique Genevois, avec à sa tête Hervé
Klopfenstein, interprétera le Requiem de
Giuseppe Verdi au Victoria Hall. Le compositeur italien sera d’ailleurs aussi au programme de la soirée du 30 novembre,
dans la même salle, où l’Orchestre des
Nations Unies dirigé par Antoine
Marguier se propose d’exécuter
quelques airs extraits de Rigoletto, La
Force du Destin ou de La Traviata ;
Savika Cornu, soprano, et Julien
Dumarcey, baryton, en seront les protagonistes. A ne manquer enfin sous
aucun prétexte la venue de Sir John
Eliot Gardiner et de l’Orchestre
Révolutionnaire et Romantique le 28
novembre prochain, avec la soprano
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Michail Lifits
Rachel Harnisch, qui interpréteront notamment
deux symphonies de Beethoven, les No 8 et 2.
Le Concert du dimanche de la ville de
Genève accueille, le 17 novembre au Victoria
Hall, l’ensemble Gli Angeli Genève placé sous
la direction de la basse Stephan MacLeod. Au
menu, Schütz, Schubert, Mendelssohn, Vivaldi
et JS Bach. Stephan MacLeod sera également
au Victoria Hall le 12 novembre avec Bénédicte
Tauran, Mi-Young Kim, Valerio Contaldo et
l’Ensemble Cantatio dirigé par John Duxbury,
dans des œuvres de Beethoven et Haydn.
Les amateurs de musique de chambre se
retrouveront au Conservatoire de Musique de la
Place Neuve le lundi 25 novembre, pour y écouter l’incontournable Cuarteto Casals, qui jouera les quatuors No 3, 6 et 15 de Schubert ; ils se
lèveront également le dimanche 10 novembre
pour aller écouter, à 11h au BFM, l’Ensemble
de musique de chambre de l’OSR, qui jouera
des œuvres de Mozart, Glinka et Brahms.
Toujours au Conservatoire de Musique, le
9 novembre, le Quatuor Ebène sera accompagné par le pianiste Menahem Pressler et le
contrebassiste Benjamin Berlioz; et le 11
novembre, la violoniste Vilde Frang et le pianiste Michail Lifits interpréteront
Mendelssohn Bartholdy, Fauré, Mozart et
Prokofiev.
N’oublions pas le Festival Vernier sur
Baroque qui accueillera entre autres, le 7
novembre à la salle des Fêtes du Lignon, Les
Nations, un concert François Couperin; le 10
novembre, le concert Les Clavecins Réunis sera
servi par Hadrien Jourdan et Thilo Muster.
Enfin, le 16 novembre, ce sera au tour de Jordi
Savall à la viole de gambe, et de Rolf Lislevand
à la théorbe et à la guitare, de propose un
concert Folias & Romanescas.
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SAISON
2013—2014
Théâtre des Marionnettes de Genève
LES LOIS DU MARCHÉ
NOVEMBRE
Adultes, ados
2 au 24 novembre 2013
Entre le rire et le pire, une usine
de jouets en or.
ME 6 – CIAO AMORE de Jérôme L’Hotsky
avec Christophe Alévêque
JE 14 – LE COUPERET d’après Donald Westlake
ME 20 – LA RELIGIEUSE de Diderot
GRAND-PÈRE
De 1 à 3 ans
6 au 24 novembre 2013
Un malicieux grand-père poète
va décrocher la lune.
VE 29 – RÉCITAL PIANO de Cédric Pescia
DÉCEMBRE
MA 3 – COLORATURE de Stephen Temperley
MA 10 – KUSS QUARTETT Musique Classique
tm
g
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JE 19 – LE NEW LYRIQUE BOYS BAND Humour Musical
L’OISEAU CHANTEUR
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au 18 décembre 2013
Un oiseau merveilleux réveille
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République et canton de Genève
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m u s i q u e
à strasbourg
Trente ans de Musica
Musica, le Festival international des musiques d’aujourd’hui de
Strasbourg, fête ses trente ans. Il reste fidèle à lui-même et à sa vocation.
C’est ainsi, comme pour ce premier week-end d’ouverture, que les
créations se bousculent, mises en regard d’œuvres emblématiques.
L’ouverture, solennelle au Palais de la
Musique, revient à l’Orchestre symphonique de
la radio de Baden-Baden et Fribourg, et à son
récent chef titulaire, François-Xavier Roth. Pour
l’occasion sont proposées une création française et deux créations mondiales. Pas moins ! La
première s’intitule Limited Approximations,
composée par Georg Friedrich Hass en 2010,
rassemblant en sus d’un orchestre monstre, six
pianos. Ceux-ci sont accordés au douzième de
ton, donnant une sorte de sonorité étale, quasi
indistincte de celle des autres instruments. Effet
voulu. Et l’ensemble dégage une belle couleur.
Les deux créations effectives reviennent à deux
compositeurs français, Marc Monnet et Yann
Robin. La première, Mouvement, imprévus, et…
pour violon, orchestre et autres
machins (sic !), se veut un concerto pour violon (Tedi Papavrami,
soliste) à l’échelle de notre temps.
On retrouve la patte du compositeur, son humour et son goût sonore, même si l’ouvrage semble à
partir d’un certain moment tourner
en rond. Monumenta de Robin
apparaît la plus séduisante pièce
des trois : associant force et
expression à travers une recherche
de coloris. L’orchestre et le chef
confirment des vertus d’exception
qu’on leur connaissait déjà.
inculture crasse ! Il est temps de le dénoncer !
Mort d’un orchestre ?
objets-instruments inattendus, joliment et discrètement travaillés par sons synthétiques. Contre
toute attente : un vrai plaisir des ouïes !
L’après-midi est occupée, au Théâtre national de Strasbourg, par la Nuit hallucinée, opéra,
ou plutôt mélodrame, de Sebastian Rivas, pour
ensemble
instrumental
(l’Ensemble
Multilatérale) récitant (Charles Berling) et chanteuse : un peu laborieux au départ et qui prend
une belle expansion lyrique sur la fin grâce à la
soprano Isabel Soccoja. Ce simili-spectacle est
précédé de deux pages : Trame XI de Martin
Matalon, un peu lourd, et Entrelacs de Yan
On comprend alors d’autant moins le sort
actuel réservé à cette magnifique phalange,
dont le passé prestigieux remonte aux années
30 et qui a connu les plus grands chefs : appelée
à être dissoute, en raison de diktats des politiques du Land concerné ! Qui a dit que
l’Allemagne vivait actuellement une prospérité
économique ?… En tout cas, les équipes de
football locales ne semblent pas, elles, inquiétées par les nouvelles économies budgétaires…
En Allemagne, comme en France du reste ou
ailleurs, les hommes politiques montrent leur
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Marathon
Le jour suivant fait figure de marathon
musical, avec trois spectacles qui se succèdent.
La fin de matinée se donne à “ Concerts sous
casque ”. Dans une petite salle de l’Aubette, sur
la place centrale de la ville, les auditeurs sont
conviés à se poser sur des coussins et se munir
d’un casque. Un peu déroutant de prime abord.
Mais très vite la séduction l’emporte. La pièce
proposée par la “ Muse en circuit ” et des microcaptations, à partir de morceaux choisis du compositeur disparu Luc Ferrari, glisse avec délectation sur les oreilles, grâce à la voix susurrée de
diseur exceptionnel de David Jisse et des petits
Trio Arbos © Camille Roux / Musica
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Maresz, belle pièce emportée, avec les mêmes
instrumentistes toujours sous la direction attentive de Kanako Abe.
La soirée, à la Cité de la Musique, reprend la
production, créée au dernier Festival d’Aix, de
l’opéra The House Taken Over de Vasco
Mendonça. Osons parler de déception. Sous cette
réserve qu’il s’agit d’un travail d’école, dans le
cadre de l’Académie d’Aix précisément. La
musique serait du sous-Britten, et la mise en
scène de Katie Mitchell, de cette histoire d’un
frère et d’une sœur cloîtrés dans leurs habitudes,
fait aussi un peu travail scolaire avec son décor
de maisonnette et ses gestes convenus. Et on ne
comprend toujours pas pourquoi cet opéra, tiré
d’une nouvelle en espagnol de Julio Cotázar et
située en Argentine, composé par un Portugais et
destiné à un public français, est sur un livret en
anglais ! Autre naïveté… Mais les interprètes, les
chanteurs Edward Grint et Kitty Whately, les
instrumentistes de l’ensemble Asko/Schönberg
sous la direction d’Étienne Siebens, s’en tirent
avec les honneurs.
Concerts dominicaux
Le dimanche matin, à la salle de la Bourse,
convie le Trio Arbós, magnifique ensemble. Il
égrène : le croquignolet Trio de
Georges Aperghis, celui chamanique de Toshio Hosokawa, le
quelque peu bavard Füfzehn
Bagatallen d’Ivan Fedele et le volubile Lied ohne Worte de Michael
Jarell. Ou, un bel éventail des compositeurs d’aujourd’hui, toutes
esthétiques et nationalités confondues.
L’après-midi invite au voyage.
Concrètement et esthétiquement.
Puisque l’Orchestre philharmonique de Strasbourg fait le déplacement à Saverne. Dans l’Espace
Rohan, niché dans le château
baroque de même nom et perle architecturale de
la ville, le programme se veut nordique. Grieg
(Deux mélodies élégiaques) et Sibelius
(Rakastava), deux classiques, tiennent compagnie au bucolique l’Aile du songe de Kaija
Saariaho et à l’acrobatique Arena de Magnus
Lindberg, deux autres classiques mais de notre
temps. Les uns et les autres sont servis avec
délectation par des instrumentistes galvanisés par
Baldur Brönnimann.
Pierre-René Serna
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festival berlioz
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cannes
Belles restitutions Métamorphoses
L’ouverture du Festival Berlioz de La Côte-Saint-André a
misé assez fort, avec le dernier ouvrage lyrique de Berlioz :
Béatrice et Bénédict. C’est même la toute première fois que
ce festival, né il y a exactement vingt ans, s’attaque à l’un
des opéras du compositeur originaire de cette bourgade à
mi-chemin entre Genève, Lyon et Grenoble.
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L’ambition n’était pas démesurée, et la restitution musicale s’en est
révélée parfaitement digne, au-delà de toutes réserves. Celles-ci émaneraient plutôt du côté des choix qui ont présidé à la soirée. L’idée d’une mise
en espace était en soi judicieuse. D’autant que Lilo Baur s’acquitte avec un
certain brio des mouvements tournoyants de la petite foule chorale, entre un
arrière-plan de fond de scène, une passerelle centrale et une avant-scène
découpant un orchestre à même le plateau. Mais devant la difficulté de dernière minute d’imposer aux chanteurs, sans l’aide d’un pupitre, tout à la fois
leur partie musicale et leurs dialogues parlés, il a été opté pour une solution
bâtarde : remplacer lesdits dialogues par un texte apocryphe de liaison, aussi
lourd qu’empêtré, mal dit par un récitant. L’ouvrage en ressort irrémédiablement défiguré. À tel point, d’après un rapide sondage, que bien des spectateurs ne saisissaient guère plus rien des soubresauts de ce pétulant marivaudage inspiré du Much ado about nothing de Shakespeare.
Dommage ! Car musicalement, le miracle s’est accompli. Le Jeune
Orchestre Européen Hector-Berlioz reste toujours le plus bel acquis de ce
festival. L’ouverture virevoltante du petit opéra-comique surgit ainsi encore
incertaine et verte – normal ! pour de juvéniles musiciens, serait-on tenté de
croire. Mais, très vite ensuite, la verve s’impose, pour ne plus se relâcher.
Dans ce jeu poussé à son extrême d’effleurements insaisissables, qui font le
sel inimitable de Béatrice, les instruments, souvent individualisés et à
découvert, s’emportent ou s’épanchent avec une aisance confondante. Le
chef, pourtant, ne ménage pas ses troupes : dans des tempos vifs, mais sans
rubato déplacé, des mises en valeur de pupitres comme autant de solistes.
Bravo ! à Roth et à son valeureux orchestre qui s’affirme une magnifique
réussite, le clou incontestable, édition après édition, de ce festival. Le plateau vocal, constitué pour la plupart également de jeunes et talentueux interprètes, n’appelle lui aussi que des éloges. Isabelle Druet (Béatrice), JeanFrançois Borras (Bénédict), Marion Tassou (Héro), Aude Extrémo (Ursule),
Philippe Ermelier (Somarone), Thomas Dolié (Claudio) et Luc Bertin-Hugault
(Don Pedro) délivrent l’assurance et un bagout de circonstance, dans une volubilité pourtant ici aussi soumise à rude épreuve. Les chœurs, Chœur Britten et
Jeune Chœur Symphonique, se révèlent tout autant en phase.
Le lendemain, place à un récital de piano dans le cadre de l’intégrale
des sonates de Beethoven prévue au long du festival par François-Frédéric
Guy, avec l’opus 10, trois sonates de jeunesse transmises comme neuves
sous des doigts acerbes. En soirée, l’Orchestre de Lyon fait le déplacement
pour un programme associant l’Île des morts de Rachmaninov, la Totentanz
de Liszt et la Symphonie fantastique. Trois œuvres réunies par une même
thématique, celle du diabolique Dies Irae, et par une même ardeur scrupuleuse sous la baguette éclairée de Leonard Slatkin et le piano transcendé de
Bertrand Chamayou (soliste du Liszt).
Pierre-René Serna
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Victor Hugo Pontes, Shen Wei : ces danses-là, animées par
la glaise mouvante de fertiles imaginaires dessinent des
perspectives plastiques, ludiques et sensorielles au Festival
de danse de Cannes.
La version
du Sacre due au
Chinois Shen
Wei recueille
avec une même
obsession, sur sa
toile de grille au
sol impressionnée de peaux en
formes de pinceaux d’écriture,
le récit d’ellipShen Wei Danse Arts «Near the Terrace»
© Stéphanie Berger
ses, de furtifs et
légers déplacements par ins-tants en pointes, de rotations décalées en duos, trios et quatuors.
Une cartographie appliquée à des danseurs parfois électrons libres girant sur
eux-mêmes. S’il est un univers empreint d’abstraction, il trouve ici sa formulation métronomique la plus parfaite. Un panorama qui va du micro – le plus
petit de la matière atomique, cellulaire – au macro – la voute céleste représentée par d’énergiques étoiles filantes, de magnifiques danseurs. Ces
tableaux visuels qui forment autant de points séparés que de tutti telluriques
se retrouvent dans Near the Terrace qui déploie un vaste paysage cinétique
puisant dans l’œuvre du Surréaliste belge Paul Delvaux. Sur la musique en
suspension d’Avro Pärt, glissent des fantômes, bustes dénudés et corps
depuis la taille froissés dans de vastes tuniques gangues plissées. Défilent
ainsi des errants et gisants sculpturaux, songes beckettiens sillonnant l’espace intercalaire entre plusieurs mondes et s’effondrant sur soi comme flammes glacées au fil scénographique d’une veduta sur l’au-delà.
Pour A Ballet Story, le chorégraphe lusitanien Victor Hugo Pontes pose
sur une grande feuille blanche une danse qui surgit sur la musique de David
Chesky. Cet Américain multiprimé excelle à combiner des touches de jazz
avec des épices latines et des compositions classiques-contemporaines. De
bondissements en rebondissements, le corps se fait volontiers toonesque,
burlesque, si ce n’est inquiet. Par certains aspects, A Ballet Story apparaît
comme l’incertain mash-up entre l’organique à langues tirées d’un Jan
Fabre, le geste plasticien et photographiquement suspendu dérivé d’un
Edouard Levé et le décalé des danses populaires dû à Marco Berrettini.
Ainsi les portés sont-ils somnambuliques, les secousses se révèlent habilement retenues ou spasmodiques et les anatomies peuvent se fondre dans les
sweats à capuches jusqu’à en oublier les jambes. Un univers fantastique qui
ouvre sur des déhanchements obsédants. Les danseurs composent des nuées,
un maillage, voire une collusion animale où la forme humaine semble se
diluer dans l’indéterminé cher à Henri Michaux.
Bertrand Tappolet
Festival de Danse. Cannes. 19-24 novembre : Rens. : www.festivaldedanse-cannes.com
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ailleurs
lyon
Chronique
de spectacle vivant
La Maison de la Danse, à Lyon, aime à inviter, annuellement, un(e)
chorégraphe chevronné(e) : en 2012-2013, Anne-Teresa de Keermsmaeker y
fêta les 30 ans de Rosas ; et cette saison, Carolyn Carlson. Durant une
semaine, deux spectacles (Inanna et Dialogue with Rothko) mais aussi une
classe de maître avec les danseurs du CNSMD de Lyon et Poetry Event, une
improvisation devant certaines créations plastiques que la Biennale d’art
contemporain présente à La Sucrière.
Dialogue with Rothko, solo de 70 minutes,
laisse également pantois. Questionnant la toile
Black, Red and over Black and Red et aidée par
l’œil fin de Yoshi Oïda, Carolyn Carlson rappelle que comme dans Inanna, elle dispose et travaille un don rare chez les chorégraphes : sculpter et habiter l’espace scénique comme un plasticien marque et hante l’espace graphique. Tout
simplement, inoubliable.
Côté théâtre, au lyonnais Théâtre des
Célestins, Claudia Stavisky a monté Chatte sur
un toit brûlant de Tennessee Williams. Moins
que la poisseuse atmosphère du Mississipi, elle
y fait surgir deux puissantes sources théâtrales :
un fatum imprescriptible issue de la tragédie
antique grecque et l’art de Tchekhov. Un plateau
de comédiens ad hoc accroît la pertinente cohérence de ce double choix dramaturgique.
Frank Langlois
«Innana» de Carolyn Carlson © Euan Burnet-Smith
Dans Inanna (2005), Carolyn Carlson
entrelace une méditation sur l’homonyme déesse sumérienne et un hommage à la newyorkaise
Francesca Woodman « porteuse des idéaux
révolutionnaires des années 70 » et qui « a laissé un magnifique travail photographique sur les
femmes ». Pour cette pièce à sept danseuses qui
questionne le féminin, elle a rassemblé autant
de complexions dissemblables qui résument le
genre féminin. Les lumières (Rémi Nicolas) et
la scénographie (Euan Burnet Smith), saisissantes, évoquent un hymne à la Nature que la chorégraphe californienne a toujours méditée. Plus
que dans bien de ses œuvres, une expressivité
théâtrale, ici au premier plan, unit l’écriture
chorégraphique, riche en solos et duos. Une
bouleversante palpitation de vie rappelle combien Carolyn Carlson a constitué, pour chacune
de ses sept danseuses, une écriture singulière où
l’improvisation a joué un rôle majeur.
«Via Sophiatown» par Via Katlehong
© John Hogg
Brèves de novembre à Lyon
Danse
Maison de la Danse de Lyon, deux compagnies
sud-africaines :
- du 5 au 8 novembre : Via Katlehong, ahurissante de vitalité ;
- le 18 novembre : Mamela Nyamza, avec sa
troupe Soweto’s Finest, engagée et téméraire
(www.maisondeladanse.com ; 00 33 472 781 818)
Opéra de Lyon : Marcia Barcellos (chorégraphie) et Karl Biscuit (musique et vidéographie)
s’associent pour créer Atvakhabar Rhapsodies,
fantasmagorie chorégraphique nourrie de bande
dessinée, de jeux vidéo et d’installations sonores.
(www.opera-lyon.com ; 00 33 469 855 454)
Théâtre
au Théâtre national populaire, du 26 au 30
novembre : Le silence du Walhalla d’Olivier
Balazuc ; mise en scène : Richard Brunel
(www.tnp-villeurbanne.com ; 00 33 478 033 030)
au Théâtre des Célestins, du 26 au 30 novembre : Les arrangements de Pauline Sales ; mise
en scène : Lucas Hemleb
(www.celestins-lyon.org ; 00 33 472 774 000)
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ailleurs
châlons-en-champagne
War on Screen
La première édition du festival de cinéma War on Screen a bien eu lieu.
Consacré au thème de la guerre, ce nouveau festival international de cinéma,
premier du genre, a suscité la curiosité du public champenois qui avait accueilli
avec frilosité l'annonce d'un nouvel événement culturel lié à ce thème.
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L'intention des organisateurs n'était pourtant pas de créer un festival du film de guerre.
Le thème était à entendre au sens large de
« conflit » : le festival accueillerait tout film qui
n'existerait pas sans un conflit (impliquant au
moins un état), qu'il soit à l'avant ou à l'arrièreplan. Ancrer un tel festival à Châlons-enChampagne est apparu comme une évidence
aux organisateurs, pour des raisons historiques
mais également culturelles : il n'existait pas jusqu'alors de festival de cinéma dans la région de
Champagne-Ardenne (alors que le CNC en
dénombre plus de 200 en France), et le Pays de
Châlons nouvellement créé souhaitait fédérer
son territoire autour d'un
projet culturel. Cette idée
paraît judicieuse, à un an
des commémorations du
centenaire de la Première
Guerre mondiale ; le festival a d'ores et déjà été
retenu comme projet
essentiel par la Mission du
centenaire. Mais la pertinence d'une telle manifestation saute aux yeux
lorsque l'on considère le
nombre de films ou de productions télévisuelles
ou vidéoludiques – le festival s'intéressant à
tous les types d'images – au cœur desquels se
trouve un conflit, déclaré ou latent. Les multiples conflits du vingtième siècle ont été filmés,
puis représentés au cinéma, et ces images
innombrables ont façonné la représentation que
nous nous faisons de la guerre. Interroger celles-là pour mieux comprendre celle-ci, telle est
l'ambition du festival War on Screen.
Pour désamorcer la réticence qu'un festival
consacré au thème de la guerre pouvait rencontrer dans une région dont l'histoire fait qu'on l'y
associe spontanément déjà, les organisateurs ont
voulu montrer, dans une rétrospective intitulée
« Rire et guerre », que la guerre ne donnait pas
a
systématiquement lieu à des représentations
dramatiques. Se côtoyaient des films aussi différents que La Soupe au canard, To Be or Not to
Be, La Vie de château, Monty Python : Sacré
Graal ! et M*A*S*H. Une autre rétrospective
était consacrée aux films de Robert Aldrich.
Sous la loupe
Le festival prenait également sous la loupe
deux événements, la guerre de Stalingrad et la
crise d'Octobre qui eut lieu au Québec en 1970,
confrontant des films de nationalités différentes
dans le premier cas, d'époque et de genre différents dans le second. Toute une section du festi-
Grand Prix du Jury : «Roza» de Wosjciech Smarzowski
val était dévolue aux archives, et on a pu découvrir avec émerveillement les documentaires de
Serge Viallet, le créateur de la série Mystères
d'archives sur Arte. Dans ces documentaires,
Serge Viallet revient sur des images connues de
tous, liées à d'importants événements du vingtième siècle, et retrace l'histoire de leur fabrication et de leur assemblage pour révéler le dessous des cartes. Les images paraissent neutres,
transparentes, évidentes, mais des choix ont
présidé à leur capture : on voit ce que l'on veut
bien voir, comme ces cameramen filmant les
foules en liesse lors de la libération de Paris,
prêts à de légères manipulations pour rapporter
aux Etats-Unis des images conformes à leurs
attentes, montrant la reconnaissance du peuple
français pour les soldats américains.
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Festival international, War on Screen s'est
doté de deux compétitions, l'une de longsmétrages et l'autre de courts. Un jury présidé
par l'actrice Hiam Abbass a primé le film polonais Rose et décerné une mention spéciale à un
documentaire allemand intitulé Camp 14 – Total
Control Zone, distingué également par le prix
du public. Ce film remarquable recueille le
témoignage de Shing Dong-Huyk, un jeune
homme né dans un camp de concentration pour
prisonniers politiques où il a vécu toute sa vie
avant de s'en échapper à 23 ans. De même qu'il
lui était difficile d'imaginer alors un monde
extérieur, sinon par le témoignage des nouveaux
arrivants, de même il nous est presque impossible de nous figurer ce à quoi ressemble l'existence des centaines de milliers de prisonniers
politiques nord-coréens. Aussi le réalisateur a-til choisi d'illustrer le récit de Shing Dong-Huyk
au moyen d'images animées d'une grande simplicité, qui donnent à sentir l'horreur des camps
sans jamais se substituer au témoignage. Mark
Wiese, le réalisateur de ce film, a su trouver la
distance juste, et livre un documentaire d'une
grande finesse. C'est là notre coup de cœur du
festival, avec deux films plus anciens dont l'éloge n'est plus à faire : le superbe Requiem pour un massacre d'Elem Klimov (1985) et
l'impressionnant Voyage au
bout de l'enfer de Michael
Cimino (1978), deux films
d'une grande force : beaux,
violents et bouleversants.
C h â l o n s - e n Champagne, qui l'eût cru ?
Le cœur de cette ville de province un peu morne s'est mis
à battre plus vite, une semaine durant. Les spectateurs ont afflué, plus nombreux qu'à l'accoutumée et de jour en jour plus séduits par les projections, les tables rondes et les dégustations de
champagne. La Licorne, l'un des principaux
bars de Châlons, est resté ouvert jusqu'à 2h du
matin, chose inédite dans les annales. La
deuxième édition, qui sera centrée sur la
Première Guerre mondiale tout en continuant
d'explorer d'autres aspects cinématographiques
du conflit, s'annonce passionnante. Le rendezvous est déjà pris.
Julien Roche
War on Screen. Festival international de cinéma
1ère édition – 2-6 octobre 2013. Châlons-en-Champagne
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Dmitry Bocharov, comédien
[ spectacle en russe surtitré en français ]
JE SUIS
UNE CRÉATION DE TATIANA FROLOVA
ÉQUIPE ARTISTIQUE ELENA BESSONOVA
DMITRY BOCHAROV, VLADIMIR DMITRIEV
HÉLÈNE CHAMBON, SOPHIE GINDT
TANIA MOGUILEVSKAIA, VLADIMIR SMIRNOV
COPRODUCTION THÉÂTRE KNAM / EN COMPAGNIE D’EUX
LES CELESTINS DE LYON / LE POCHE GENÈVE / SCÈNE NATIONALE
ANDRÉ MALRAUX / AVEC LE SOUTIEN D’INTERREG FRANCE-SUISSE
THÉÂTRE LE POCHE
www.lepoche.ch / 022 310 37 59 / location Service culturel Migros
13 NOVEMBRE >
1ER DÉCEMBRE 2013
CRÉATION VISUELLE JEAN-MARC HUMM, LA FONDERIE / PHOTOGRAPHIE AUGUSTIN REBETEZ
LE POCHE GENÈVE EST SUBVENTIONNÉ PAR LA VILLE DE GENÈVE (DÉPARTEMENT DE LA CULTURE)
LA RÉPUBLIQUE ET CANTON DE GENÈVE. IL EST GÉRÉ PAR LA FONDATION D’ART DRAMATIQUE (FAD)
PARTENAIRES MEDIAS : LEPROGRAMME.CH & LES NOUVELLES
Tatiana Frolova,
auteur et metteur en scène
( Thé âtre d o cument ai re et pol i ti qu e )
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quentin mouron
La Combustion humaine
Dans un célèbre passage des Pensées, Blaise Pascal écrit que nos opinions
vont « se succédant du pour ou contre, selon qu'on a de la lumière » ;
deux individus qui professent la même opinion ne le font pas forcément
pour la même raison, et l'un a peut-être plus de lumière que l'autre. Dans
la gradation des opinions, on trouve celle du « demi-habile », qui se
caractérise par le rejet fanfaron des conceptions naïves et populaires.
Le demi-habile se fait fier de se distinguer de la masse, mais il se trompe
lui-même car il ne s'aperçoit pas que l'opinion de la plèbe peut être
légitime si on la considère d'un autre point de vue – qui est celui
de l'habile.
64
Le roman est à la littérature ce
que la demi-habilité est à la connaissance, du moins lorsqu'il fait une
large place à la satire et se propose
de percer à jour les apparences. La
Combustion humaine est un roman
de ce type, dont les ambitions sont
clairement affichées : « L'éditeur,
qui croyait avoir de la vie une vaste
expérience, voyait clair. Il n'était pas
dupe. » Ne pas être la dupe, prétendre à une plus grande lucidité que le
vulgum pecus, voilà bien les traits
distinctifs du demi-habile, que l'on
retrouve chez Jacques VaillantMorel, le personnage de La
Combustion humaine, un éditeur
jetant un regard désabusé sur son
propre travail et sur le milieu littéraire romand.
Mais ce regard, cette subjectivité, n'est pas, on le comprend très
vite, ce qui intéresse Quentin
Mouron au premier chef ; il n'est
qu'une baudruche explétive censée
servir d'interface entre l'auteur et le
lecteur, et que les salves satiriques
privent bientôt d'air. Ce n'est qu'à la
toute fin du livre que le roman prend un peu de
hauteur : lucide sur la médiocrité de son destin
mais incapable d'en changer, Vaillant-Morel
gagne enfin en épaisseur. Tout n'avait été jusqu'alors que portrait et succession d'anecdotes,
et si le lecteur avait vite compris que le tableau
ne se mettrait jamais en mouvement, il attendait
avec avidité une complication, une nuance...
Elle advient trop tard hélas ; et si la satire est
a
trait pour faire ressortir le ridicule plutôt qu'à
décrire fidèlement ce même ridicule, qui se trahira lui-même et suscitera le rire. L'œuvre de
Michel Houellebecq (à l'école duquel Quentin
Mouron paraît s'être mis) est passée par ces
deux étapes : dans son dernier roman, la description froide et méticuleuse a remplacé le
style moqueur des débuts et suffit à provoquer
le rire autrefois signalé.
Comme le premier Houellebecq, Quentin
Mouron manque de retenue. Il en rajoute, et ses
vacheries, tout bien senties qu'elles soient, trahissent parfois le blanc-bec fier d'avoir choqué
l'assemblée par son franc-parler.
Sentir trop clairement l'intention d'un
auteur est toujours gênant, surtout
lorsqu'il s'agit de donner un coup de
pied dans la fourmilière. Que ce coup
de pied soit ou non mérité, là n'est pas
la question : jeter un pavé dans la
mare n'est pas un gage de qualité. Il
faut certes reconnaître à Quentin
Mouron un grand talent de satiriste ;
certaines pages sont très drôles, certaines piques sont bien envoyées.
Mais on regrettera qu'il cède trop souvent à la vulgarité et au sensationnalisme ; le désir de choquer et de
débusquer le néant de nos vies donne
parfois lieu à des analyses dépourvues de finesse.
Verlaine appelait de ses vœux la
« musique » et la « nuance » en poésie, recommandant de fuir « la Pointe
assassine, / L'Esprit cruel et le Rire
impur ». Dans le même ordre d'idée,
je ne donnerais pas cher du roman s'il
était condamné à la démystification
railleuse du demi-habile et se révélait
incapable de découvrir une autre
lumière.
Quentin Mouron
Julien Roche
piquante, le roman manque malheureusement
de saveur.
Satire romancée, La Combustion humaine
brosse le portrait du milieu littéraire romand.
Encore faut-il préciser qu'il s'agit plus d'une
caricature que d'un portrait ; je ne veux pas dire
que l'auteur déforme intentionnellement la
réalité mais que sa méthode consiste à grossir le
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La Combustion humaine, Quentin Mouron, Olivier
Morattel Editeur, 2013, 113 p.
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livres
conférences, événements et lectures
La Société de lecture
Promenade dans le superbe hôtel particulier qui abrite la vénérable
institution presque bicentenaire. De salle en salle, on s’émerveille, tant sur
le fonds ancien de valeur inestimable que sur la richesse des collections plus
récentes et la diversité du choix offert aux amateurs en tous genres.
Modernité et tradition, ambiance feutrée et professionnalisme sont le signe
distinctif de la Société de lecture. On termine la visite dans la salle de
travail des combles qui laisse la vue s’échapper vers les toits de la ville et le
lac au loin. Rencontre avec sa directrice culturelle, Delphine de Candolle.
Avant tout, pouvez-vous présenter un
bref rappel historique ?
En 1818, dans la grande tradition des Lumières,
les familles patriciennes genevoises souhaitaient accueillir dignement les intellectuels étrangers de
passage. La création d’une bibliothèque suivit de près, avec les
ouvrages personnels des fondateurs, notamment dans les domaines de la théologie et des sciences. On y conserve des raretés telles que l’Encyclopédie de Diderot
et D’Alembert et on y fait entrer
environ cinquante nouveautés par
mois, choisies par un comité de
lecture bénévole.
phe, clown et metteur en scène d’opéras et de
grandes manifestations, présentait un théâtre
onirique et poétique (10 octobre). Olivier Py,
Le choix de Tom Novembre peut surprendre.
C’est son côté ovni et son parcours atypique et
discret de chanteur, acteur et auteur qui m’ont
séduite (2 décembre). Enfin, un concert-conférence autour de Ravel avec les musiciens de la
Geneva Camerata et le très novateur David
Greilsammer au piano, capable d’improviser du
jazz au milieu de Mozart au Victoria Hall et qui
allie rigueur, exigence et fantaisie (10 décembre).
Ceci n’est qu’une infime partie du programme
de la Société de lecture !
Vous proposez également des ateliers
et des animations destinées aux enfants.
Certains ateliers sont reconduits année après
année et sont très prisés. La nouveauté de cette
année est le yoga du rire (dès octobre) animé par
Jean-Dominique Michel, anthropologue de la santé.
Les enfants apprécient les contes
qui ont lieu une fois par mois, mais
aussi les échecs (novembre) et
même la philosophie (novembre),
une bonne manière de lutter contre
les clichés et les préjugés.
Quel soutien financier
recevez-vous ?
Uniquement celui des cotisations de
nos mem-bres, qui s’élèvent à… un
franc par jour, soit Fr.370.- par
année civile. Nous ne recevons
aucun soutien de la Ville ni de l’État, notre indépendance est donc
totale.
Nous avons aussi un partenariat
avec le Théâtre de Carouge.
Quelle est la fréquentation de la Société de lecture ?
Nous comptons mille cinq cents
membres, plus les non membres
qui assistent aux conférences et
rencontres, lesquelles rencontrent
un succès variable en fonction de
la notoriété des invités et de l’intérêt pour la matière traitée.
Parlez-nous des rencontres et conférences programmées et des critères qui président au choix des intervenants invités.
Il y en a une quarantaine par an et les critères
sont l’actualité, les coups de cœur, l’envie d’associer des domaines apparemment opposés.
Pour ce dernier trimestre 2013, j’ai souhaité
faire la part belle aux comédiens et metteurs en
scène. En voici quelques moments forts :
Omar Porras nous a entretenu de l’art de l’acteur à partir de son Roméo et Juliette mis en
scène avec une troupe japonaise de Shizuoka
(19 septembre). Daniel Finzi Pasca, chorégra-
e
n
t
Propos recueillis par
Laurence Tièche Chavier
David Greilsammer © Julien Mignot
r
très présent avec le festival Wagner cet automne
à Genève, a lu un texte inédit (15 octobre).
L’auteur américain Richard Ford a donné une
conférence en anglais. Son univers très noir qui
oppose la déviance à la normalité est fascinant
(24 septembre). L’accueil d’écrivains de langues
et de cultures étrangères permet de poser un
regard différent sur le monde. Jean-Paul et
Raphaël Enthoven, tous deux philosophes,
père et fils face à Proust, opposés sur l’approche
et l’interprétation littéraires – la prise en compte du contexte biographique pour le premier et
du seul texte pour le second - mais réunis dans
la rédaction commune du Dictionnaire amoureux de Proust (1er octobre).
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Programme complet disponible à la Société de lecture,
Grand-Rue 11, 1204 Genève ou sur le site www.societede-lecture.ch
A noter, dans les conférences à venir, la présence au théâtre de Carouge d’Amélie Nothomb (14 novembre), et
celle, toujours dans le même lieu, au chapitre des
“Rencontres improbables“, celle de Fabienne Verdier et
d’Eric-Emmanuel Schmitt (19 novembre)
n
65
Service de la culture — 022 306 07 80
www.vernier.ch/billetterie
REPRISE EN FRANÇAIS DE LA PRODUCTION
DU GRAND THÉÂTRE DE GENÈVE
LA CHAUVESOURIS
EN
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E N F ÇAIS !
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MIGROS
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-POUR-C
014 au
Saison 2013/2
SSICS
Victoria Hall
Mardi 10 décembre 2013 à 20 h
OPÉRETTE EN 3 ACTES
JOHANN STRAUSS FILS
DIRECTION MUSICALE
THEODOR GUSCHLBAUER
MISE EN SCÈNE
CAMERATA BERN
Antje Weithaas (direction et violon)
Alexander Lonquich (piano)
S T E P H E N L AW L E S S
Felix Mendelssohn Bartholdy
ROSALINDE N O Ë M I N A D E L M A N N
GABRIEL VON EISENSTEIN N I C O L A S R I V E N Q
ADELE T E O D O R A G H E O R G H I U
PRINCE ORLOFSKY M A R I E - C L A U D E C H A P P U I S
D R FA L K E O L I V I E R L A L L O U E T T E
AV E C L E C L O W N D I M I T R I
DANS LE RÔLE DE FROSCH
Ouverture «Les Hébrides», op. 26
Concerto pour piano, violon et cordes
Concerto pour piano Nº 1, op. 25
Symphonie Nº 4 «Italienne», op. 90
CHŒUR DU GRAND THÉÂTRE
DIRECTION
CHING-LIEN WU
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S U I S S E R O M A N DE
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Billetterie: Service culturel Migros Genève, Rue du Prince 7, Tél. 022 319 61 11
Stand Info Balexert et Migros Nyon-La Combe.
www.culturel-migros-geneve.ch
13>31.12.2013
SAISON1314
WWW.GENEVEOPERA.CH
+41(0)22 322 5050
Organisation: Service culturel Migros Genève
www.culturel-migros-geneve.ch www.migros-pour-cent-culturel-classics.ch
e x p o s i t i o n s
acteurs présents sur ce terrain culturel, de façon à bien définir les spécificités de chacun. Jouant la complémentarité plutôt que la rivalité, La Ferme
de la Chapelle s’est donc progressivement intégrée au paysage genevois.
galerie ferme de la chapelle
Architectures
utopiques
Exposition collective : Guillaume Estoppey (pastel), Pascal Greco (photos) et Floriane Tissières
Depuis quelques années La Ferme de la Chapelle est
devenue une pièce maîtresse du dispositif de sensibilisation
à l’art contemporain mené par la commune de Lancy.
L’équipe responsable du programme des expositions offre
ainsi, de saison en saison, un choix varié d’artistes et
d’expressions plastiques tout en insufflant au lieu un
climat de convivialité.
La fidélisation du public s’est en effet accrue grâce à une sélection
artistique rigoureuse qui permet de découvrir des talents de proximité souvent originaires du bassin lémanique, mais aussi du reste de la Suisse et
parfois de l’étranger. Ainsi La Ferme de la Chapelle joue-t-elle un rôle
important dans la visibilité des plasticiens locaux et régionaux qui, on le
sait, peinent à trouver des lieux offrant à la fois de beaux volumes expositifs et un professionnalisme reconnu. A ce savoir-faire s’ajoute un réel
savoir être qui indéniablement propose tant aux artistes qu’au public un
accueil, une attention, un accompagnement, un esprit de collaboration. Sur
ce dernier point, il faut bien insister sur le fait que nulle action en faveur
de la promotion de l’art vivant se développant dans un contexte communal, réputé difficile hors ville de Genève, ne peut réussir sans une étroite
collaboration avec l’environnement administratif et social. Plus qu’une
collaboration, il s’agit d’instaurer une véritable entente entre les divers
Après le succès du Parcours Céramique Carougeois, en septembreoctobre, avec lequel la galerie collabore régulièrement, La Ferme de la
Chapelle propose de jeter un regard original sur l’architecture utopique,
thème qui relie les trois artistes présentés. Guillaume Estoppey crée au
pastel d’immenses fresques d’intérieurs hyperréalistes qui, à y regarder de
plus près, possèdent toujours un détail dérangeant ou incongru qui soutient
la composition. Les photos de Pascal Greco montrent des architectures
industrielles que l’absence de l’humain rend irréelles et presque abstraites.
Passionnée par l’art classique, Floriane Tissières a utilisé les emballages
de pralinés comme moules et a obtenu des constructions miniatures étranges dont elle a également photographié les ombres portées.
La programmation 2013-2014
Les prochaines expositions proposeront :
Fanny Gagliardini (peinture, livre illustré), projet construit autour d’une
publication des Editions Samizdat (du 30 novembre au 8 décembre 2013).
Linda Naeff, une exceptionnelle artiste âgée de 87 ans œuvrant dans le
registre de l’art singulier (du 11 janvier au 16 février 2014).
Serge Contero et Francisco Sepulveda, peinture et gravure (du 1er mars
au 30 mars 2014).
Corinne de Battista (peinture à partir de photos anciennes), Alexandre
Duprez (peinture, dessin), Keiko Machida (céramique, installation, dessin), exposent sur le thème du monde féerique de l’enfance (du 5 avril au
18 mai 2014)
Bernard Garo (peinture) et Jo Fontaine (sculpture) dialogueront sur le
thème d’Istambul (du 14 juin
au 13 juillet 2014).
Rappelons que chaque
exposition est accompagnée
de diverses animations : spectacles, concerts, lectures,
médiation culturelle, visites
commentées et ateliers, rencontre avec les enfants, etc…
Il suffit de consulter le
site internet pour prendre
connaissance de l’ensemble
de ces activités.
Françoise-Hélène Brou
Exposition collective : Guillaume
Estoppey (pastel), Pascal Greco
(photos) et Floriane Tissières, du 26
octobre au 24 novembre 2013
www.fermedelachapelle.ch
Guillaume Estoppey, «Assignation» (detail)
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expos ition
musée des beaux-arts, bâle
La peinture est morte,
vive la peinture !
Une des dernières grandes expositions du musée de Bâle, avant sa
fermeture pendant une année pour permettre de mener à bien les travaux
d’agrandissement et de rénovation de cette vénérable institution, est
consacrée à trois artistes pionniers : Piet Mondrian (1872-1945),
Barnett Newman (1905-1971) et Dan Flavin (1933-1996).
68
Trois générations d’artistes, qui ont en commun de prendre le parti de l’abstraction, dans un
contexte social et culturel, néanmoins, différent
pour chacun d’eux. Leur dénominateur commun,
l’ascèse des moyens plastiques et l’abolition du
principe que la couleur est au service de la composition, a fait d’eux des artistes parmi les plus
radicaux du XXe siècle.
Soutien
Que cette exposition ait été imaginée et programmée au Kunstmuseum de Bâle est dû à la
relation étroite que ces trois artistes ont entretenu
très tôt avec le musée. Mieux vaudrait-il dire que
des directeurs et des collectionneurs bâlois les
ont défendu becs et ongles contre une opinion
publique et politique hostile. On pense à la collection Emmanuel Hoffmann, et à son initiatrice,
Maja Sacher-Stehlin qui a collectionné les premiers tableaux de Piet Mondrian. Fin des années
cinquante, c’est le directeur Georg Schmidt qui a
pu accueillir, grâce à Hans Theler, directeur de
l’assurance Nationale Suisse, et à Arnold
Rüdlinger, directeur de la Kunsthalle, une œuvre
de Barnett Newman (Day Before One), pour qui
il s’agit aussi d’une première vente d’œuvre à un
musée. Ce soutien aux artistes contemporains se
poursuit avec le successeur de Georg Schmidt,
Franz Meyer, qui fait entrer deux autres œuvres
(White Fire II et White Fire IV) et une sculpture
(Here III) de Newman, complétées par une œuvre
offerte par Annalee Newman. C’est ainsi que le
musée peut s’enorgueillir de posséder le noyau
d’œuvres le plus important existant dans un
musée européen. C’est encore à l’intuition et à
l’audace de Franz Meyer que l’on doit l’acquisition d’œuvres de Dan Flavin. Franz Meyer est
donc bien le spiritus rector de cette exposition, ce
que l’actuel directeur et commissaire Bernhardt
Mendes-Bürgi n’a pas manqué de souligner et
a
auquel son exposition rend ainsi hommage. Le
parcours est chronologique et composé de trois
expositions, dédiées chacune à un des artistes, ce
qui n’a rien de très original; par con-tre, la scénographie est inédite, et révèle d’étonnantes correspondances, soulignant les concordances et les
dissonances, les analogies et les contradictions.
Aujourd’hui, quand on pense à Piet
Mondrian, on pense surtout à ses compositions
faites de lignes horizontales et verticales et où il
utilise les trois couleurs primaires, le rouge, le
jaune et le bleu ainsi que les non couleurs, le noir,
le blanc et le gris. C’est oublier que l’artiste a un
passé de peintre de paysages et de natures mortes
dans la tradition de l’école de Barbizon, mais
influencé aussi par la tradition hollandaise telle
que l’avait comprise Vincent van Gogh. Sur un
plan intellectuel, l’artiste est en quête d’un ordre
universel, dissimulé derrière les apparences de la
nature. Sa rencontre avec Cézanne, qui déstructure les formes des objets, puis avec le cubisme
qu’il découvre d’abord au contact du groupe
Moderne Kunstkring à Amsterdam en 1911, mais
surtout lors de son séjour à Paris de 1919 à 1921,
font évoluer son langage pictural. Cette recherche d’un langage formel nouveau et abstrait est
aussi la raison d’être du mouvement « De Stijl »
qu’il a fondé avec d’autres artistes dont Theo van
Doesburg. C’est avec son arrivée à Paris en 1919
que débute l’exposition. Une première salle nous
montre les premières œuvres abstraites de l’artiste, comme Composition C (1920), où les lignes,
les couleurs ne servent plus à la représentation de
la réalité visible mais construisent des champs
colorés, isolés, placés en équilibre les uns par
rapport aux autres, de manière uniforme. Dans
Composition avec jaune, noir, bleu, rouge et gris
(1922), les lignes noires ne forment plus une
trame régulière mais sont distantes et les couleurs
sont puissantes et pondérées. Cette recherche des
rapports entre les lignes et les surfaces colorées
peut aussi se lire dans Composition avec double
ligne jaune et bleu (1933), accroché à côté de
Composition en bleu, jaune et blanc (1936). En
1938, Mondrian choisit de partir pour Londres.
Son œuvre Composition avec jaune, bleu et
rouge (1937-1942) représente une structure en
grille toute noire, cassée sur le bord inférieur du
tableau par deux lignes rouge et bleue, une innovation qu’il va développer, essentiellement à partir de ses années new-yorkaises, où il émigre en
1940. Dans New York 1 (1941) le motif de la
grille se retrouve mais le noir est caché par des
bandes de papier colorés, rouge, jaune et bleu et
Dan Flavin, untitled (in memory of Urs Graf), 1972/1975
Tubes fluorescents jaunes, roses, verts et bleus. Installation à long terme, quatre pièces de 244 cm chacune
et quatre pièces de 1340, verticalement. Kunstmuseum Basel © ProLitteris, Zurich
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expos ition
le. Un an avant sa mort, Barnett
Newman se trouve aux côtés de son
jeune collégue Dan Flavin, lors du vernissage de son exposition à la National
Gallery à Ottawa. La boucle est ainsi
bouclée.
Artiste minimaliste, Dan Flavin
renonce à la peinture et à la sculpture et
s’intéresse aux couleurs et à la lumière
mais en recourant non à la peinture à
l’huile ou acrylique mais à des ampoules
ou des tubes fluorescents. La lumière
électrique devient ainsi une forme d’art
à part entière puisque les tubes fluorescents provenant du commerce, libérés de
leur fonction traditionnelle, celle d’éclairer, sont la forme et le matériau à la
base de ses œuvres qu’il désigne comme
« images-objets ». Untitled (to Barnett
Newman) four (1971), est dédiée à
Barnett Newman. C’est une œuvre posée
dans un coin, sans socle et sans cadre
composée de tubes rouges, bleus et jaunes. Le recours aux trois couleurs primaires est bien sûr un hommage à son
mentor mais construisent aussi une image où le
rouge des tubes sert à abolir la situation architectonique de coin, le bleu répand la lumière contre
les murs et le jaune en direction du spectateur
modifie son apparence et l’inclut dans l’œuvre.
Un travail très formel avec ces tubes
fluorescents auquel l’artiste ne veut
donner aucune signification métaphysique car ses œuvres ne montrent rien
d’autre que ce qu’elles sont. Bien sûr,
en dédiant ses œuvres à quelqu’un, il
lui confère une profondeur supplémentaire.
C’est aussi le cas de Untitled (in
memory of Urs Graf), une installation
conçue en 1972 et installée en 1975
dans chacun des coins de la cour du
musée des Beaux-Arts de Bâle, plus
discrète le jour que la nuit où opère la
magie des couleurs lumineuses. L’idée
de présenter ces trois artistes dans un
même cheminement est en tout cas
originale et mérite le détour car il
éclairera plus d’un amateur d’art souvent désemparé devant ces univers
artistiques abstraits.
Mondrian semble avoir trouvé son
expression picturale dans l’emploi des
bandes colorées. En 1941, il rejoint le
groupe d’artistes abstraits américains,
qui retiendront la leçon et n’auront de
cesse de libérer la couleur.
Libérer la couleur
Libérer la couleur, c’est bien ce qui
pourrait définir les expressionnistes
abstraits, auquel appartient aussi Barnett
Newman. Difficile de connaître ses
œuvres d’avant 1944, puisqu’il les a
détruites. Sa phase de création la plus
intense se situe dans les années cinquante. Des œuvres de grand format sur lesquelles la couleur s’impose comme une
substance spirituelle, qui n’est retenue
que par des bandes verticales, dessinées
par des rubans adhésifs collés sur la
toile, sur lesquels l’artiste peint, pour
ensuite les enlever et qu’il appelle des
Barnett Newman (1905–1970) «Chartres», 1969
Acryl sur toile, 305 x 289.5 cm
zips, la fonction étant comparable à celle
Daros Collection, Switzerland © ProLitteris, Zurich
de fermeture éclair. Pour témoigner de
ce processus de création, toute une série
d’œu-vres dans des versions aux couleurs diffé- ont pu être réunies : Chartres (1969), de format
rentes ont pu être réunies : Yellow Painting triangulaire brisé par les surfaces colorées per(1949), Eve (1950), grand format dominé par le pendiculaires et les zips qui conduisent de haut
rouge. C’est aussi très émouvant d’avoir pu met- en bas. C’est moins la forme triangulaire qui
tre côte à côte The Day Before One (1950) appar- intéresse l’artiste que l’expérimentation picturatenant au musée de Bâle et Ulysse
(1952), propriété de la Menil
Collection de Houston. Une juxtaposition de deux bleus qui peut aussi nous
faire comprendre que l’artiste, en voulant plonger le spectateur dans un
champ de couleur pure, cherchait à lui
faire faire l’expérience de sa propre
existence, à le renvoyer à lui-même.
Comme Piet Mondrian, Barnett
Newman se confronte aux couleurs de
base et son œuvre Who is afraid of
Red, Yellow and Blue peut être considérée comme un hommage à la philosophie de couleurs de Mondrian. De
son vivant, Barnett Newman n’a pas
participé à beaucoup d’expositions et
une grande rétrospective de son œuvre
n’aura lieu qu’un an après sa mort, en
1971 au Museum of Modern Art de
New York. Au contact d’une génération plus jeune, comme Donald Judd,
Frank Stella et Dan Flavin, il se mettra
Piet Mondrian (1872–1944) «Tableau 3», avec orange-rouge, jaune, noir,
bleu et gris, 1921. Huile sur toile, 49.5 x 41.5 cm
à l’acrylique et les surfaces des
Emanuel Hoffmann-Stiftung, Depositum in der Offentlichen
tableaux seront plus lisses et homogèKunstsammlung Basel 1941. Photo: Kunstmuseum Basel, Martin P. Buhler
nes. Plusieurs œuvres de cette période
© Mondrian/Holtzman Trust c/o HCR International USA
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Régine Kopp
Jusqu’au 19 janvier 1914
é
69
expos itions
en
au temps de Henri IV et de Louis
XIII. Jusqu’au 19 janvier.
FRANCE Douai
Annemasse
Villa du Parc : A heures fixes, pas
l
l Musée de la Chartreuse :
Corot
dans la lumière du Nord. Jusqu’au 6
janvier.
Evian
Maison Gribaldi : Evian 1900, La
l
Belle Epoque sur les rives du
Léman. Jusqu’au 3 novembre.
l Palais Lumière : L'Idéal Art nouveau. Jusqu’au 12 janvier
“Les Papesses“ - Camille Claudel,
Louise Bourgeois, Jana Sterbak,
Berlinke de Bruyckere, Kiki Smith.
Jusqu’au 11 novembre.
l Musée Angladon : Denise
Colomb, portraits d’artistes.
Jusqu’au 3 novembre
l
Grasse
Musée Fragonard : La Fontaine
l
& Fragonard - Contes et Dessins.
Jusqu’au 31 décembre
Grenoble
Céret
Magasin / Centre National d’Art
Musée d’art moderne : Miquel
l
l
Barceló - Terra Ignis. Céramiques,
Majorque 2009-2013. Jusqu’au 12
novembre
70
Dijon
Musée Magnin : Dessins d’Étienne
l
Martellange, un architecte itinérant
Lyon
Metz
Institut d’Art contemporain :
Centre Pompidou-Metz : Hans
l
une minute à perdre. Jusqu’au 21
décembre.
Avignon
Collection Lambert en Avignon :
franc e
Contemporain : «Da Capo» de l'artiste
lituanien
Deimantas
Narkevičius, & «Comment te
raconter une histoire connue ? - Ne
la raconte pas» de l'artiste lituanien Vytautas Viržbickas. Jusqu’au 5
janvier
Rendez-vous 13 - Jeune création
internationale. Jusqu’au 10 nov.
l Médiathèque François Mitterand:
Kader Attia & Fabien Verschaere.
Jusqu’au 15 décembre.
l Musée d’Art religieux de
Fourvière : Georges Rouault Cycle de «La Passion». Jusqu’au 12
janvier
l Musée des beaux-arts : Joseph
Cornell et les Surréalistes à New
York. Dali, Duchamp, Ernst, Man
Ray.... Jusqu’au 10 février
l
Richter. La traversée du siècle.
Jusqu’au 24 février
Montpellier
Musée Fabre : Le goût de
l
Diderot. Jusqu’au 12 janvier.
Pontoise
Musée Tavet-Delacour : Albert
l
Marquet. Les bords de Seine, de
Paris à la côte normande. Jusqu’au
16 février
Strasbourg
Marseille
Cabinet des Estampes et des
J1 - Le hangar du port maritime :
l
l
Le Corbusier et la question du brutalisme. Jusqu’au 22 déc.
l Musée Cantini : La collection :
Picasso, Matisse, Giacometti,
Bacon…. Jusqu’au 15 février
l Chapelle de la Vieille Charité :
Instemps – Regards de six artistes
photographes sur le patrimoine.
Jusqu’au 5 janvier.
Dessins : Automne cuivré.
Estampes de Wenzel Hollar (16071677). Jusqu’au 5 janvier.
Toulon
Hôtel des Arts : Histoires,
l
Regards d’artistes. En collaboration avec La Fabrica/Photo
Espana. Jusqu’au 5 janvier
Palais Lumière, Evian
L'Idéal Art nouveau
Le musée départemental de l’Oise de Beauvais possède une exceptionnelle collection d’art nouveau. Ce fonds sera présenté au Palais
Lumière durant l’automne et jusqu’au début de l’année prochaine.
Alliant la fonctionnalité de l’architecture et l’esthétisme des décors, l’Art nouveau prône le retour à la nature et symbolise une époque alors
vouée au bonheur. Il connaîtra son apogée au tournant des XIXe et XXe siècles.
Gustave Serrurier-Bovy (18581-910), salle à manger.
Ensemble comprenant une desserte, six chaises, un vaisselier, une table. Vue d’ensemble avec buffet :
Ekta n°15 © Musée départemental de l’Oise / Jean-Louis Bouché
a
g
e
Le parcours de l’exposition s’articule autour
de deux chefs-d’œuvre : le mobilier de la salle à
manger de l’architecte-décorateur belge Gustave
Serrurier-Bovy et du français Henry BelleryDesfontaines. Un ensemble exceptionnel et emblématique du mouvement Art nouveau en France qui
sera remonté dans sa configuration d’origine
quasi complète au Palais Lumière. Pour la première fois, le public pourra découvrir l’extravagante
cheminée du céramiste Emile Müller, «Les
Flammes » jamais exposée, ainsi que les trois panneaux en céramique japonisants de Théodore
Deck.
Céramique mais également peinture se
déploient dans tout le parcours : toiles et pastels
symbolistes (Alphonse Osbert, Edgard
Maxence...), les portraits de la Belle Epoque
d’Antonio de La Gandara, ou encore les œuvres
des Nabis et post-Nabis.
Cette exposition « hors les murs » se tient
dans le cadre de la rénovation architecturale et
muséographique amorcée en 2012 et 2013 par le
musée départemental de l’Oise de Beauvais en vue
de la faire découvrir à un public nombreux.
. A voir jusqu’au 12 janvier 2014
n
d
a
expos itions
en
europe
Francfort
Städelmuseum : Dürer. Jusqu’au
Städelmuseum, Francfort
Albrecht Dürer
l
Le musée présente une exposition de l’œuvre de Dürer (1471–1528), probablement l’artiste allemand
le plus fameux de la Renaissance, qui se veut exhaustive ; elle englobe un total de plus de 250 œuvres, y
compris environ 190 pièces de Dürer.
Les négociations ont duré plusieurs années, mais le musée a
finalement réussi à obtenir des
prêts décisifs - par exemple le
«Saint Jérôme pénitent» (vers
1496) de la National Gallery de
Londres, le «Portrait d’un homme
inconnu» (1521) du Prado de
Madrid, ou le fameux «Portrait
d’un Ecclésiastique» (1516) de la
National Gallery of Art de
Washington. D’autres œuvres d’extrême importance proviennent du
musée du Louvre à Paris, du
British Museum (Londres), ou du J.
Paul Getty Museum (Los Angeles).
Un des éléments phare de
l’exposition est la réunion des panneaux de l’œuvre appelée «Heller
Altarpiece» (1508) que Dürer a
exécutée conjointement avec
Mathis Gothart Nithart (dit
Grünewald) pour un patron de
Francfort en 1507-09. Ces pièces,
destinées à l’origine à l’église du
monastère des Dominicains de
Francfort, sont aujourd’hui dispersées entre le Musée Historique de
Albrecht Durer (1471–1528), Portrait de la mère de l’artiste, Barbara Dürer, née
Francfort, la Galerie d’art de
Holper, vers 1490. Bois de sapin, 47 x 35,8 cm. Musée national allemand,
l’Etat de Karlsruhe et le Städel
Nuremberg. Photo : Musée national allemand, Nuremberg
Museum. Elles sont réunies à nouveau pour la première fois, et leur présentation introduit l’œuvre du maître allemand dans l’entière richesse de son expression artistique.
Figurent également dans l’exposition quelques septantes travaux d’artistes tels que Martin
Schongauer, Hans Baldung Grien, Hans von Kulmbach, Jacopo de’Barbari, Giovanni Bellini, Joos van
Cleve ou Lucas van Leyden.
. A voir jusqu’au 2 février 2014
2 février. Rembrandt, gravures de
paysage du Städel Museum.
Jusqu’au 24 novembre.
Londres
British Museum : Shunga - sex and
l
pleasure in Japanese art. Jusqu’au 5
janvier
l Victoria & Albert Museum : L’art
perdu de l’écriture. Jusqu’au 30
juin. Dessins britanniques - De
1600 à nos jours. Jusqu’au 13 avril
Madrid
Fundacion Mapfre
l
: Les
Macchiaioli. Des Impressionnistes
italiens ? Jusqu’au 5 janvier
l Musée du Prado : Beauté captive.
De Fra Angelico à Fortuny. Jusqu’au
8 novembre. Velazquez. Les derniers
portraits. Jusqu’au 9 février.
l Musée Thyssen-Bornemisza : Le
Surréalisme et le rêve. Jusqu’au 12
janvier.
l Palacio Real : De Bosch à Titien.
Art et merveille à l’Escorial.
Jusqu’en janvier.
Nuremberg
Germanisches National Museum :
l
Rembrandt, maître de la gravure..
Jusqu’au 26 janvier.
Rome
Complesso Monumentale del
l
Vittoriano : Cézanne et les artistes
italiens du XXe s. Jusqu’au 2 février
l Musei Capitolini : Archimède. Art
et science de l’invention. Jusqu’au
12 janvier.
Turin
La Veneria Reale : Cortèges et
l
carrosses royaux. Jusqu’au 2 février
AILLEURS
Barcelone
Caixa Forum : Pissarro. Jusqu’au
l
13 janvier
Berlin
Martin-Gropius-Bau
l
: Meret
Oppenheim. Jusqu’au 1er déc.
van de Velde. Passion - Fonction Beauté. Jusqu’au 12 janvier.
l BOZAR : Le Corps dans l’art
indien & Anish Kapoor. Jusqu’au 5
janvier
Città
di Castello
Pinacoteca Comunale : De
l
Signorelli à Raphaël. Histoire
d’un territoire et de ses chefsd’œuvre. Jusqu’au 3 novembre.
Copenhague
Bilbao
Ordrupgaard : James Ensor, maîMusée Guggenheim : Antonio
l
l
Tàpies - de l’objet à la sculpture.
Jusqu’au 19 janvier.
Bruxelles
Musée du Cinquantenaire : Henry
l
a
g
tre du masque. Jusqu’au 19 janvier.
Ferrare
Palazzo dei Diamanti : Zurbarán.
Venise
Florence
Ca’ Foscari
Galleria dell’Academia : «Dal
Giglio al David». L’art civique à
Florence entre moyen-âge et
Renaissance. Jusqu’au 8 déc.
l Museo degli Argenti : Passions
diaphanes - ivoires baroques des
cours européennes. Jusqu’au 3 nov.
l Palazzo Strozzi : L’avant-garde
russe, la Sibérie et l’Orient.
Jusqu’au 19 janvier.
l Villa Bardini : La Renaissance de
Florence à Paris. Aller et retour. Les
trésors de Jacquemart-André
reviennent à la maison. Jusqu’au 31
décembre.
l
Jusqu’au 6 janvier
e
n
Esposizioni,
Università Ca’ Foscari : Maria
Cristina Finucci. Jusqu’au 24 nov.
l Palazzo Grassi : Rudolf Stingel.
Jusqu’au 31 décembre.
l Peggy Guggenheim Collection:
L’avant-garde fin de siècle à Paris :
Signac, Bonnard, Redon, et leurs
contemporains. Jusqu’au 6 janvier
l
l
d
a
Vienne
Albertina Museum (Albertinapl.)
l
Matisse et le Fauvisme. Jusqu’au 12
janvier. GEORG BASELITZ. Du 8
novembre au 23 février
71
expos itions
Genève
Art en île - Halle Nord (pl. de l’île
l
72
1) Gabriela Loeffel. Du 14 novembre au 14 décembre
l Art & Public (Bains 37) Claude
Hermann. Jusqu’au 29 novembre
l Bibliothèque d’art et d’archéologie (Promenade du Pin) Les livres de
photographes - Un musée de papier
pour l’image. Du 5 nov. au 31 mai.
l Blancpain Art Contemporain
(Maraîchers 63) Uriel Orlow. Du 9
novembre au 21 décembre.
l Blondeau & Cie (Muse 5)
Alessandro Twombly. Jusqu’au 21
décembre.
l Cabinet d’Arts graphiques
(Promenade du Pin 5) Picasso
devant la télé. Jusqu’au 15 déc.
l Centre d'Art Contemporain
(Vieux-Grenadiers 10) Rétrospective
Pablo Bronstein. Jusqu’au 24 nov.
l Centre d'édition contemporaine
(Saint-Léger 18) Trisha Donnelly,
Sylvie Fleury, David Hominal.
Jusqu’au 31 janvier
l Ferme de la Chapelle, GrandLancy (39, rte de la Chapelle)
Guillaume Estoppey, Pascal Greco,
Floriane Tissières. Jusqu’au 24 nov.
l Fondation Bodmer (Cologny)
Wagner ou l’opéra hors de soi.
Jusqu’au 23 février
l Galerie Bärtschi (rte des Jeunes
43) Marina Abramovic. Jusqu’au 17
janvier.
l Galerie de la Béraudière (E.Dumont 2) Corps. Du 7 novembre
au 1er février.
l Galerie Patrick Cramer (VieuxBillard 2) Kira Weber. Du 7 novembre au 21 décembre.
l Galerie Foëx (Évêché 1) Olivier
Christinat. Du 7 nov. au 15 janvier.
l Galerie Anton Meier (Athénée 2)
Gaspare O. Melcher. Du 7 novembre au 8 février.
l Galerie Skopia (Vieux-Grenadiers
9) Alain Huck. Du 9 novembre au
21 décembre.
l Galerie Turetsky (Grand-Rue 25)
Marie Fréchette. Du 7 novembre
au 20 décembre.
l Interart (Grand-Rue 33) Victor
Brauner. Du 7 nov. au 1er février.
l Maison Tavel (Puits-St-Pierre 6)
Qu’as-tu appris à l’école ? La Criée
a 25 ans. Du 8 nov. au 16 mars.
l Mamco (Vieux-Granadiers 10)
Cycle Des Histoires sans fin, séquence automne-hiver 2013-2014 /
Katinka Bock, Victor Burgin, Toni
Grand. Jusqu’au 19 janvier.
l Médiathèque du Fonds d'Art
Contemporain (Bains 34) Gravité Exposition, performance et projec-
en
tion de Cyril Verrier. Du 7 novembre au 12 janvier.
l Milkshake Agency (24, Montbrillant) Alexandra Häberli / Eric
Phillippoz. Jusqu’au 10 nov. Cécile
Koepfli. Du 30 nov. au 5 janvier.
l Musée Ariana (Av. Paix 10) Jean
Fontaine - En fer sur terre. Jusqu’au
16 février
l Musée d’art et d’histoire (Ch.Galland 2) L’œuvre d’art de l’avenir
ou Le temps dilaté. Jusqu’au 12
janvier. Konrad Witz et Genève les volets restaurés de la cathédrale St.Pierre. Du 1er novembre au
23 février.
l Musée de Carouge (pl. Sardaigne)
Le Nain de Jardin - 14ème
Concours international de céramique. Jusqu’au 10 novembre.
l Musée Rath (pl. Neuve) Héros
antiques. La tapisserie flamande
face à l’archéologie. Du 29 novembre au 2 mars.
l Théâtre Saint-Gervais (Salle Käthe
Kollwitz, 1er ét.) La Chinoises, et
après ? Les années vidéo, Jean-Luc
s uis s e
Godard et les autres. Du 19 au 30
novembre.
l Villa Bernasconi (8, rte Gd-Lancy)
Augustin Rebetez, Giona Bierens
de Haan, Nik Taylor, Noé Cauderay
et Louis Jucker. Du 8 novembre au
5 janvier.
l Xippas Art Contemporain (r.
Sablons 6) Darran Almond. Du 7
novembre au 1er février.
l Musée de l’Elysée (Elysée 18)
Sebastiao Salgado - Genesis &
Paolo Woods - State. Jusqu’au 5
janvier.
l Musée Historique de Lausanne :
Louis Rivier - L'intimité transfigurée. & D'un artiste à l'œuvre.
Marcel Poncet (1894-1953).
Prolongation jusqu’au 24 nov.
Bulle
Lausanne
Musée : Daguerréotypes de J.Collection de l’Art brut (Bergières Ph. Girault de Prangey. Jusqu’au
l
l
11) Véhicules. Du 8 nov. au 27 avril
Galerie Humus (Terreaux 18 bis)
Jean Fontaine. Jusqu’au 15 février
l Galerie du Marché (Escaliers du
Marché 1) Yves-Jules - Mon musée
à moi. Jusqu’au 2 novembre.
l Mudac (pl. Cathédrale 6) Mastering
Design - Design Academy Eindhoven
et Royal College of Art. & No Name
Design- Franco Clivio. Jusqu’au 9
février
l Musée cantonal des beaux-arts (pl.
Riponne) Making Space. 40 ans d'art
vidéo. Jusqu’au 5 janvier
l
31 décembre.
Chaux/Fonds
Musée international d'horlogerie :
l
La drôle de montre de Monsieur
Roskopf. Jusqu’au 19 janvier
Fribourg
Espace Tinguely - Saint-Phalle :
l
Gilles Rotzetter. Jusqu’au 12 janv.
Musée d’art et d’histoire :
Dresscode - Le vêtement dans les
collections fribourgeoises. Du 8
novembre au 2 mars.
l
Musée Ariana
Jean Fontaine - En fer sur terre
Le Musée Ariana s’est donné pour but de conserver et de mettre en valeur un large pan de l’histoire
de la céramique, du Moyen Age à nos jours. Le Parcours céramique carougeois, auquel participe l’Ariana,
et qui se déroulait du 28 septembre au 6 octobre, était l’occasion rêvée de mettre en valeur les œuvres d’un
artiste contemporain comme Jean Fontaine (France, 1952).
L’exposition qui lui est consacrée est originale en ce sens qu’elle permet au public de toucher les
objets exposés, ce qui est rarement
autorisé dans les musées. De plus,
avec la complicité de médiatrices
malvoyantes et aveugles, il est possible d’explorer les œuvres si sensuelles de Jean Fontaine « à l’aveugle ». Il en résulte une belle
occasion de partage et de rencontre, des valeurs chères à l’artiste.
L’œuvre du céramiste français,
très imaginative, est constituée
d’humanoïdes hybrides, à mi-chemin entre l’homme, l’animal et la
machine, ce qui déstabilise le spectateur, tantôt séduit par l’hyperréalisme rassurant de ses sculptuJean Fontaine (France, 1952) «Truffe de buffle», 2008
res, tantôt bousculé par ses juxtaGrès, oxydes métalliques L 96 cm
Propriété de l’artiste Photo : Bertrand Mussotte
positions étranges, provoquantes,
voire subversives.
Jean Fontaine commence par assembler les différents éléments, moulés, de ses sculptures en grès, puis
il recouvre celles-ci d’oxydes métalliques saturés, ce qui leur confère l’aspect de la fonte ou du bronze, histoire de brouiller les pistes... Il ajouter volontiers des matérieux exogènes (bois, porcelaine industrielle ou
vere) à ses sculptures qu’il baptise ensuite de titres dans lesquels se cachet des jeux de mots.
Une autre manière de ne pas se prendre trop au sérieux !
. A voir jusqu’au 16 février 2014
Jean Fontaine expose également ses œuvres à la Galerie Humus à Lausanne jusqu’au 15 février 2014
a
g
e
n
d
a
expos itions
en
s uis s e
éternel et ses guerriers de terre
cuite. Jusqu’au 17 novembre
Museum Rietberg, Zurich
Bienne
CentrePasqu’Art (fbg Lac 71-75)
La Fascination de la Perse
l
Intéressante exposition au musée
Rietberg, avec la mise en lumière du
dialogue artistique qui existait entre
l’Europe et la Perse au XVIIe siècle; les
œuvres de cette période sont mises en
relation avec celles des artistes
contemporains de Téhéran.
Fabian Marti, Claudia Comte &
Omar Ba. Jusqu’au 24 nov.
l PhotoforumPasqu’Art : Following
the Scent of a Blowfly. Jusqu’au 24
novembre.
Riggisberg
Abegg-Stiftung : Le plaisir de
l
Au XVIIe siècle, la Perse et
l’Europe entretenaient d’étroites relations. Le commerce d’articles de luxe,
les contacts diplomatiques et les rencontres personnelles devaient laisser
plus que de simples traces historiques
des deux côtés : ils eurent une influence marquante sur le plan artistique.
L’exposition s’articule autour de
trois thèmes: l’intérêt de l’Europe
baroque pour la Perse, la confrontation
de la Perse safavide avec la peinture
européenne et la création artistique
dans l’Iran contemporain. Ces thèmes
ne sont cependant pas traités indépendamment les uns des autres, mais sont
reliés entre eux grâce à des comparaisons directes d’œuvres ou des annotations
Mohammad Zaman (actif entre 1649 et 1700) «Le sacrifice d’Isaac» Iran,
1684/85 (1096 H.) Pigments, argent et or sur papier. Saint Pétersbourg,
l'Académie des sciences de Russie, institut des manuscrits orientaux
Martigny
Fondation Pierre Gianadda :
l
Modigliani et l’Ecole de Paris.
Jusqu’au 24 nov. Méditerranée.
Photogtaphies des années 50 de
Léonard Gianadda. Du 29 novembre au 9 février.
l Fondation Louis Moret (Barrières
33) Jean Nazelle. Du 9 novembre
au 15 décembre.
l Le Manoir de la Ville : 40 ans de
Visarte. Jusqu’au 17 novembre.
Neuchâtel
Laténium (Hauterive) Fleurs des
l
Pharaons. Jusqu’au 2 mars 2014.
l Musée d’ethnographie (St- Nicolas)
Hors-champs. Prolongation jusqu’au 15 décembre.
Vevey
Alimentarium : Délices d’artisl
tes. Jusqu’au 16 novembre.
l Musée Jenisch : Chefs-d’œuvre
de la Fondation Oskar Kokoschka.
Jusqu’au 17 nov.
l Musée suisse de l’Appareil photographique (Grand Place) Maxim ou
la colorisation. Jusqu’au 9 mars
a
g
. A voir jusqu’au 12 janvier 2014
HMB - Museum für Musik / Im
Lohnhof (Im Lohnhof 9) pop@bâle.
La musique pop et rock depuis les
années 1950. Jusqu’au 29 juin.
l Musée Tinguely (Paul SacherAnlage 1) Metamatic Reloaded. Des
projets d'art contemporains dialoguent avec les machines à dessiner
de Tinguely. Jusqu’au 26 janvier.
l Spielzeug Welten Museum :
Marilyn privée: l'être humain derrière le concept Monroe. Jusqu’au
6 avril.
l
OUTRE SARINE
Bâle
Antikenmuseum
l
Basel (St.
Alban-Graben 5) Comment être un
homme? Le sexe fort dans l'antiquité. Jusqu’au 30 mars.
l Fondation Beyeler (Riehen)
Thomas Schutte. Jusqu’au 2 février
l Kunsthalle : Allyson Vieira. &
Leonor Antunes. Jusqu’au 10 nov.
l Kunstmuseum (St. Alban-Graben
16) Piet Mondrian. Barnett Newman
- Dan Flavin. Jusqu’au 19 janvier
l Museum für Gegenwartskunst
(St. Alban-Rheinweg 60) Everytime
you think of me, I die, a little. The
Memento Mori by Andy Warhol and
Douglas Gordon. Jusqu’au 9 février.
l Musée des Cultures (Münsterpl.
20) Make Up - Pour toute une vie ?
Jusqu’au 6 juillet
l Cartoonmuseum (St. AlbanVorstadt 28) Les Aventures de la
Ligne claire. L'affaire Herr G. & Co.
Jusqu’au 9 mars.
e
n
Berne
Centre Paul Klee (Monument im
l
Fruchtland 3) Olaf Breuning – The
Grid. Jusqu’au 10 novembre. Paul
Klee – Vie et Œuvre. Jusqu’au 30
mars.
l Musée des Beaux-Arts (Hodlerstr.
8-12) Entre les Mots - Hommage à
Mumprecht. & Paolo Bellini James Licini - Josef Maria
Odermatt. Jusqu’au 10 novembre.
Le Mexique au miroir de son art.
Jusqu’au 15 décembre. Feu sacré.
Jusqu’au 5 janvier.
l Musée d’Histoire de Berne
(Helvetiaplatz 5) Quin, l’empereur
d
a
collectionner - Objets d’art et textiles de collections privées anciennes. Jusqu’au 10 novembre.
Weil
/ Rhein
Vitra Design Museum : Lightopia.
l
Jusqu’au 16 mars.
Winterthur
Fotomuseum (Grüzenstr. 44)
l
Cross Over - Photo de la science +
science de la photo. Jusqu’au 17
novembre.
l Fotostiftung Schweiz (Grüzenstr. 45) Emil Schulthess – rétrospective. Jusqu’au 23 février.
l Museum Oskar Reinhart
(Stadthausstr. 6) Mondes d’enfants. Jusqu’au 16 novembre.
Zurich
Haus Konstruktiv : Zurich Art
l
Prize: Adrián Villar Rojas – Films
Before Revolution. Jusqu’au 2
février.
l Kunsthalle : Kaspar Müller.
Jusqu’au 10 novembre. Lutz
Bacher. Du 23 nov. au 2 février.
l Kunsthaus (Heimpl.1) Lonnie van
Brummelen et Siebren de Haan Revolt of the Giants. Jusqu’au 10
novembre. Edvard Munch - 150
chefs-d’œuvres
graphiques.
Jusqu’au 12 janvier.
l Landesmuseum : Charlemagne
et la Suisse. Jusqu’au 2 février.
l Museum Bellerive (Augustinergasse 9) L'Empire des Plis - Mode
et Art Textile du Japon. Jusqu’au 12
janvier.
l
Museum für Gestaltung
(Austellungsstr. 60) Galerie : Vintage
– Design with a History. Du 13
novembre au 6 avril. Halle : Martin
Parr - Souvenir. Jusqu’au 5 janvier.
l Museum Rietberg (Gablerstr. 15)
Yaks, Yetis, Yogis - Le Tibet dans la
bande dessinée. Jusqu’au 10
novembre. La Fascination de la
Perse - Dialogue artistique entre
l’Europe et la Perse au XVIIe siecle
/ Artistes contemporains de
Teheran. Jusqu’au 12 janvier
73
expos ition
musée de l’élysée, lausanne : sebastião salgado
L'espoir
en noir et blanc
Le musée de l’Elysée présente, par le biais de 240 photos, la quête
photographique du Brésilien Sebastião Salgado, une quête qui l’a amené aux
confins de la planète à la redécouverte des lieux et des peuples qui ont échappé,
jusqu’ici, à l’empreinte des sociétés modernes.
74
« Dans Genesis, j’ai suivi le rêve romantique de vouloir retrouver – et partager – un
monde primitif trop souvent invisible et hors d’atteinte. (…) Je voulais simplement montrer la
nature dans sa splendeur partout où je pouvais la
trouver. Je l’ai découverte dans des espaces infinis d’une diversité biologique immense qui, il
faut le savoir, recouvrent pratiquement la moitié
de la surface de la Terre, dans de vastes déserts
en grande partie inexplorés, dans d’immenses
forêts tropicales ou tempérées, et dans des chaînes de montagnes d’une beauté impressionnante.
Découvrir ce monde encore intact a été l’une des
expériences les plus enrichissantes de ma vie. »
Une fois confronté au travail du photographe
brésilien, on n'oublie plus ses images ciselées,
toujours admirablement composées, pleines,
riches de sens. Même si, jusqu'à maintenant,
elles ont souvent témoigné avec force et éclat de
la misère et de la violence sur tous les continents - ex-Yougoslavie, Rwanda, Congo, Inde et
j'en passe.
Enjeux mondiaux
La Main de l’homme (1993) et Exodes
(2000) constituaient des sortes de bilan humain
des changements économiques et sociaux intervenus à l’échelle planétaire ; le thème de l'exposition présente, Genesis, est le troisième volet de
l’exploration à long terme de Salgado sur ces
enjeux mondiaux.
Avec son épouse, Lélia Wanick Salgado,
également commissaire de l'exposition, ils ont
d'abord replanté, sur une portion de terre
d'Amazonie atlantique fortement dévastée dont
ils avaient hérité, des milliers d'arbres. Et sont
revenus les oiseaux, la faune, l'eau et la biodiversité. Leur terre est devenue une réserve naturelle et ils ont créé Instituto Terra, dont la mission est la reforestation et l'éducation pour l'environnement.
Fort de cette expérience qu'il est possible de
faire revivre un paradis, Salgado s'est plus particulièrement attaché, dans ce troisième inventaire
prospectif, à retrouver, sur notre planète, les territoires intouchés par l'activité industrielle ;
régions souvent peu accessibles, froides, désertiques, mais qui constitueraient encore 46% des
terres immergées.
Dans ce magnifique travail de fin de carrière accompli dans des conditions à la hauteur de
son talent, Salgado a donc entrepris trente-deux
voyages depuis 2004. Engagement souvent physique, comme ces 850 km parcourus en deux
mois au nord de l'Ethiopie. Et dans ces paysages
époustouflants, il s'est mis à approcher le monde
animal, à se mettre à sa hauteur: tortues, crocodiles, phoques, manchots, baleines dites blanches
aux somptueux mouvements. Il a rencontré des
hommes et des femmes de peuples premiers,
Nénètses en Sibérie près du cercle arctique,
Indiens d'Amazonie, bergers des hauts plateaux
d'Ethiopie...
Fleuron
Les 240 photos, serties dans de grands, voire
très grands, cadres (120 x 90 cm), nous entraînent dans cinq voyages: le Sud de la planète,
l’Afrique, le Nord de la planète,
l’Amazonie et les sanctuaires naturels. Le
noir/blanc incline au voyage intérieur,
silencieux, empli de questions : ces paysages peuvent-ils rester intacts ? Ces hommes et ces femmes tranquilles seront-ils
encore longtemps non contaminés par nos
gadgets et notre agitation stérile ?
Une édition d'art complète cette
entreprise quasi planétaire, deux volumes
de photos pleine page (90 x120 cm) :
8500 euros les 500 premiers exemplaires,
3000 euros les collector - jusqu'au
3000ème exemplaire. Et un catalogue plus
accessible, ouf.
Le souffle, le lyrisme classique du
Brésilien valaient bien ce fleuron des éditions Taschen.
Catherine Graf
Genesis, de Salgado, Musée de l'Elysée à
Lausanne, jusqu'au 5 janvier 2014, et simultanément à Paris et Sao Paulo
Les femmes mursi et surma sont les dernières femmes à plateaux au monde.
Village mursi de Dargui, dans le parc national de Mago, près de Jinka,
Éthiopie, 2007 © Sebastião Salgado
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s
comédie française
Alas, poor
Hamlet...
Le vendredi 11 octobre, Fleetwood Mac se produisait au
Palais Omnisport de Paris Bercy devant un public probablement grisonnant - de nostalgiques de l'âge d'or du
« blues rock », tandis que Rod Stewart occupait la scène de
la salle Richelieu place du Palais Royal. Ou presque...
«Hamlet» © Cosimo Mirco Magliocca
Puisqu'en réalité, si Fleetwood Mac est vraiment passé par Paris à
l'occasion d'un épisode supplémentaire de rock-blues revival, c'est une
copie conforme de Rod Stewart que l'on pouvait découvrir sur la scène de
la Maison de Molière. Et il était par ailleurs bien entouré, avec quelques
figures datant du tournant des années 1970, musiciens principalement
style rock'n roll (Pete Townshend ? Ritchie Blackmore ? Robert Plant ?) ,
à moins que quelque comique (avec chien) entrevu à la BBC à la même
époque ne se soit mêlé à la fête, le tout dans des costumes semblant tout
droit sortis de Carnaby street grâce au remarquable travail de reconstitution de Sylvie Martin-Hyszka, et à la collaboration non moins précieuse
de Cécile Gentilin pour les coiffures et Laure Ozier pour les maquillages.
Inévitablement, le football ne pouvait être négligé avec la photo d'un des
comédiens portant un maillot vintage de couleur rouge dont on ne pouvait
dire s'il s'agissait d'une référence aux « Reds » de Manchester United de
Sir Matt Busby et des inoubliables Bobby Charlton, Denis Law et George
Best ou au contraire d'une allusion aux « Gunners » de l'équipe d'Arsenal
d'Alan Ball ou de l'emblématique Peter Storey du temps du stade
d'Highburry. Ces personnages sortis d'une imagerie rétro s'accommo-
a
c
t
u
a
l
daient donc d'un décor (de Dick Bird) reconstituant avec un souci évident
du détail un club house qui ne surprendra guère les amateurs de sport,
puisque l'on y trouve des trophées - dans ce cas ceux d'un club d'escrime
– et l'inévitable bar - dans le genre pub - puisque tout cela respire bien l'atmosphère made in England. Autant dire, mais est-il vraiment nécessaire de
le préciser dans un tel environnement, que les « pints of lager » ou de
Guiness faisaient partie du jeu ?
Effet de mode ?
Ambiance vaudeville donc pour ce travail de Dan Jemmett dont on
admettra volontiers que dans le genre, il a su faire preuve de maestria.
Références à la tradition burlesque, adresse au public, comédiens descendant dans la salle, clin d'œil à l'intention des
habitués au jeu de Christian Hecq, le spécialiste maison du comique abracadabrantesque, de quoi justifier la réputation désormais établie du metteur en scène anglais
dont on comprend sans peine qu'il a construit sa réputation en revisitant « avec
humour et sans ménagement » les pièces
avec lesquelles – en quelque sorte - il a
décidé de jouer...
Ceci précisé, il convient de constater
que la dérision et le recours systématique à
l'humour semblent être décidément de plus
en plus à la mode sur les scènes vouées à
présenter les œuvres les plus emblématiques du répertoire théâtral. Et ce, comme
si la forme la plus aboutie du postmodernisme dans le cadre des représentations scéniques n'était rien d'autre que le regard ironique appliqué à toute création dramaturgique. Effet de mode ? Démagogie ? Ou
impossibilité d'oublier les références du
genre, dans le cadre anglo-saxon, les Monty Python, Benny Hill ou Rowan
Atkinson ?
Toujours est-il que l'on rit en effet beaucoup en découvrant le travail
de Dan Jemmett qui accumule les gags, les trouvailles imprévisibles, les
pitreries digne d'un spectacle de comique troupier ou au mieux du théâtre
de boulevard version West End londonien. Les comédiens engagés dans
cette aventure offrent des prestations inégales, mais Denis Podalydès
emporte l'adhésion par son jeu sobre et d'une tenue irréprochable et l'on ne
peut qu'être convaincu par le jeu et la voix émouvante de Clotilde de
Bayser ou par la prestation irrésistible d'Elliot Jenicot. Il est en fin de
compte simplement regrettable que tous ces efforts pour divertir le public
aient eu pour prétexte La Tragédie d'Hamlet.
Frank Fredenrich
La Tragédie d’Hamlet de Shakespeare - mise en scène Dan Jemmett
jusqu’au 12 janvier, Salle Richelieu. Location 01.44.58.15.15
i
t
é
75
p
a
r
i
s
Luciana D’Intino, le Radamès assuré de Marcelo
Álvarez et l’Aïda impressionnante dans l’éclat ou
la nuance d’Oksana Dyka. Contrat rempli ! Du
grand opéra, au sens historique aussi, renouvelé
et pareil à lui-même.
opéra
Aïda redorée
Aïda revient, sans pyramides ni éléphants. Mais les trompettes ne sont pas
absentes de cette nouvelle production qui sait éviter les chromos. Et les dorures,
plus habituelles au Palais Garnier, font leur apparition sur la scène de la
Bastille : gâteau lumineux pour fêter le deux centième anniversaire de Verdi,
précisément ce 10 octobre (première du spectacle).
76
Luciana d'Intino (Amneris), Oksana Dyka (Aida) et Marcelo Alvarez (Radamès)
Crédit : Opéra national de Paris/ Elisa Haberer
C’est Olivier Py, décidément très présent
actuellement à l’Opéra de Paris, qui signe la mise
en scène. On lui sait gré d’éviter les pièges de
l’antépénultième opéra de Verdi, pour trouver un
sens plus profond que le simple décorum. Celuici n’est toutefois pas absent, vaste architecture
d’un or éclatant, découpée d’éléments tournants
ou glissants, avec étages et façades de palais stylisé où évolue l’action. Le faste, que suscite l’œuvre, est ainsi matérialisé. Les personnages, eux,
oscillent entre évocation de l’époque coloniale,
clergé séculaire et soldatesque en treillis (de l’Égypte contemporaine ?). Un peu chargé… dans
les intentions aussi. Mais, après tout, ce livret où
revient sans arrêt le mot “ patrie ” l’est tout
autant. C’est aussi une façon de nouvel éclairage,
miroitant, dans son esthétique et dans ses prolongements, pour un ouvrage que l’on croyait usé.
Musicalement les ingrédients varient cependant peu. L’orchestre et le chœur n’hésitent pas :
dans un bel ensemble (qui n’est pas toujours
exempt d’incertitudes du côté du chœur), sans
trop chipoter les détails. La direction de Philippe
s’essaye à quelques délicatesses, dont cette
a
œuvre comme on sait n’est pas dépourvue, mais
le plus souvent reste au premier degré. Le plateau
vocal tout autant, qui réunit pourtant un trio vocal
de choix avec l’Amneris éminemment lyrique de
Alceste en noir et blanc
La saison de l’Opéra de Paris s’ouvrait au
Palais Garnier avec une nouvelle production
d’Alceste, qui ne s’était pas vu dans la capitale
française depuis 1999 (au Châtelet, avec John
Eliot Gardiner et Robert Wilson). Au service de
la tragédie lyrique de Gluck, se conjuguent cette
fois deux talents autochtones, Marc Minkowski
et Olivier Py. Le second conçoit une mise en
scène en tous points abstraite, constituée de
grands murs noirs, qui reçoivent des dessins à la
craie blanche immédiatement effacés et retracés
(par de talentueux dessinateurs virtuoses, dont
les noms sont malencontreusement oubliés par
le programme de salle), devant lesquels se meuvent des personnages en costumes noirs.
Aucune couleur ! et le tout très agité. Ce qui
correspond au sentiment nerveusement tragique
de l’œuvre. Sinon que le public nécessite de
savoir par avance ce qu’il advient dans cette
légende mythologique d’un couple royal que la
mort ne parvient pas à séparer. Mais comme il
s’agit de la version française, la seconde composée par Gluck pour son opéra, de surcroît surtitrée, se perçoit suffisamment pour retenir l’impression générale : intense.
Et la musique, tout aussi intense, se transmet ainsi sans obstacle. Le chœur et l’orchestre
des Musiciens du Louvre-Grenoble paraissent
toutefois de prime abord un peu rêches, voire
Alceste (Sophie Koch), Yann Beuron (Admète) et la Mort (Chœurs des Musiciens du Louvre
Grenoble). Crédit : Opéra national de Paris/ Agathe Poupeney
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décalés (pour les chœurs), presque l’effet
d’une séance de répétition, ce qui peut s’expliquer par l’agitation constante sur le plateau. Et
ce qui ne saurait que se lisser au fil des représentations, après la première où nos étions.
Mais vite, se livre l’acuité à laquelle
Minkowski nous a habitué. Surtout dans la
seconde partie, avec les instrumentistes hors
de la fosse et exposés sur scène. Le plateau
vocal correspond. Mais peut-être, curieusement, davantage pour les rôles secondaires,
qui s’affirment parfaitement idoines et soignés, comme dans le cas de l’élégiaque
Marie-Adeline Henry et du ferme François
Lis. Yann Beuron dispense une jolie sensibilité, sans toujours l’ardeur que requiert le rôle
principal masculin d’Admète (initialement
distribué à Roberto Alagna, qui a fini par
renoncer). Et l’Alceste de Sophie Koch n’évite pas les notes dures ou instables, conséquence sans doute de son répertoire actuel wagnérien, malgré une certaine présence vocale.
Nonobstant, sur l’ensemble, musical et scénique,
souffle un vent de ferveur en phase avec la force de
l’œuvre.
Pierrot lunatique
Étrange spectacle que celui réunissant, au
Théâtre de l’Athénée, Pierrot lunaire et Paroles
et musiques (de Morton Feldman, daté de 1961).
L’idée est attrayante de réunir deux pièces musicales avec récitant, et l’on se réjouissait d’entendre le monodrame de Schoenberg, assez peu
fréquent au concert en dépit de sa renommée.
D’où vient alors la déception ? Essentiellement,
si ce n’est uniquement, en raison d’une sonorisation importune. Dans ce contexte, celui de la
délicieuse salle d’Athénée à l’excellente présence acoustique, elle ne se justifie pas. Si ce n’est
que l’Ensemble le Balcon, maître d’œuvre de la
soirée, semble s’en être fait une spécialité. Le
programme explique en détail qu’il s’agit d’une
conception à la pointe de la technique, où le son
serait censé être chuchoté à l’oreille. Cela ne se
ressent guère. Et se retient surtout un bruit synthétique, rédhibitoire pour les timbres des
instruments comme des voix. On veut pourtant
croire que l’interprétation, sous la baguette de
Maxime Pascal, avec la poignée des instrumentistes du Balcon et la voix de Damien
Bigourdan, est appropriée. Et reconnaissons
cependant que la seconde œuvre, originellement
radiophonique, se prête mieux à ce traitement.
Comme la pièce de Feldman (sur un texte
de Beckett), Pierrot lunaire est ici donné en
français, ce qui se conçoit. Sachant, en outre,
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l’Opéra de Paris que l’on a rarement entendu
aussi acerbe et rutilant. Grand moment !
Chat thérapeute
«Pierrot Lunaire» © Meng Phu
que l’œuvre de Schoenberg est fondée sur un
poème d’Albert Giraud (traduit en allemand).
Mais s’agit-il bien de ce texte ? On ne sait…
Car, conséquence peut-être de la susdite sonorisation, dans l’un et l’autre cas on n’y comprend
quasiment rien. La visualisation scénique joue
de projections vidéo sur des tulles, signées
Nieto, plutôt bien en situation avec leurs images
rêveuses.
Le Théâtre Adyar, jolie salle Art déco
nichée dans une impasse près de la Tour
Eiffel, accueille un petit spectacle lyrique hors
des sentiers battus. L’Opéra du chat, écrit et
composé par Fernando Albinarrate, est servi
par la compagnie StationOpera, avec onze
instrumentistes et une petite troupe de chanteurs, professionnels et autres (nous y reviendrons), sous la direction de Martina
Niernhaussen. C’est elle qui conçoit aussi la
mise en scène, pour illustrer simplement, à
l’aide d’un praticable, de jolis costumes et
maquillages, cet opéra-comique actuel inspiré
du Chat botté, étrenné ici en France après sa
création à Buenos Aires. C’est dire qu’il se
destine à tout public. La musique, du reste, qui
oscille entre Kurt Weill et Offenbach, en est
entraînante. Carole Cantin, Dorothée Thivet,
Yolanda Fresedo, Olivier Kontogom et Frédéric
Gondelmann (le Chat en question, à la voix de
haute-contre féline, comme son jeu scénique)
forment un beau plateau vocal. Ils sont suppléés
par un petit chœur, composé d’amateurs, dont
Makropoulos à son affaire
Il est des reprises qui font figure d’événement. Ainsi de l’Affaire Makropoulos, présentée
en 2007 à la Bastille. Le chef-d’œuvre de
Janacek revient dans le lieu de ses exploits,
donc avec la mise en scène de Krzysztof
Warlikowski, aussi forte, et peut-être davantage
le temps passant. Cet univers référencé au cinéma, et à la triste vie de Marilyn Monroe, reste
toujours impressionnant, avec un jeu d’acteurs
scintillant et glacé comme son décor. Le metteur
en scène semble être revenu pourlécher son travail, comme le prouverait son apparition (lors
de la deuxième représentation !) pour recueillir
des bravos enthousiastes. La distribution, elle,
diffère presque entièrement de celle de la création de la production. Mais tout aussi bienvenue ! Ricarda Merbeth éclate littéralement dans
le rôle principal, qui nécessite endurance et
élans, pleinement assumés. Retenons aussi
Ladislav Elgr, ténor léger mais ardent. Et faisons mention de l’apparition touchante, mais
sentie, du vétéran Ryland Davies. Susanna
Mälkki, pour sa part, dirige un orchestre de
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«L’Opéra du Chat»
quelques adolescents autistes. Qui ainsi participent à une musicothérapie. Puisque ce spectacle
est doublement sympathique, qui se conjugue
d’une bonne action sociale et de réinsertion.
Pierre-René Serna
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au théâtre du châtelet
à l’opéra de paris
Détachement... Dame aux camélias
Le Ballet national de Chine était invité au Théâtre du
Chatelet en ouverture de saison avec deux programmes,
Le Lac des cygnes dans la version de Natalia Makarova du
25 au 29 septembre et Le Détachement féminin rouge du
1er au 3 octobre.
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La danse classique a réellement pénétré la Chine dans les années 50
grâce à des maîtres de ballet soviétiques venus dans le cadre de mission de
coopération culturelle. Ainsi le Ballet National de Chine a-t-il les grands
ballets du répertoire occidental dans leur version russe à son répertoire,
répertoire qu’il a enrichi depuis avec des créations contemporaines. Créé en
1964 sous l’impulsion de Jiang Qing, épouse Mao Zedong, Le Détachement
féminin rouge est la transposition pour le ballet d’un film de 1960 de Xie Jin.
L’histoire se déroule dans les années 30, au moment de la guerre civile chinoise. Wu Qionghua, jeune paysanne, est battue et laissée pour morte par le
propriétaire terrien local. Un officier de l’armée rouge la découvre inanimée
et la ramène dans son campement. Séduite par les lendemains qui chantent
qu’il lui promet, elle épouse la cause et rejoint un bataillon constitué uniquement de femmes. Après moult péripéties, Wu Qionghua devient représentant officiel du parti dans la région. Les millions de victimes du parti communiste chinois font tâche dans le tableau mais ce n’est pas la première fois
que l’art s’inspire de personnages peu regardants sur les droits de l’homme.
Le Détachement rouge féminin possède tous les ressorts du ballet narratif
classique. Académisme le plus pur, danses traditionnelles et arts martiaux
s’entremêlent dans les scènes d’action. Les pas de deux sont les occasions
de montrer l’excellence technique des solistes avec d’impeccables séries de
tours en seconde pour monsieur et de tours fouettés pour madame. Lu Na est
une Wu Qionghua très séduisante, assurant
les passages de virtuosité avec facilité. S’il
n’y rien à redire sur les qualités techniques
de Tong Jinsheng - l’officier -, sa personnalité est assez effacée, ce qui le rend difficilement crédible dans un rôle de leader
politique doublé d’un chef de guerre. Le
corps de ballet est impressionnant de synchronisation. Ce ballet est une occasion de
découvrir le Ballet national de Chine dans
son répertoire.
Stéphanie Nègre
Le destin de Marguerite Gautier, qui a inspiré nombre
d’artistes, Alexandre Dumas fils le premier, était à l’affiche
du Palais Garnier, du 21 septembre au 10 octobre, avec le
ballet que lui a consacré John Neumeier.
Dans le rôle titre, Laetitia Pujol est une Marguerite féminine et naturelle. Elle forme un couple parfaitement crédible avec Mathieu Ganio qui
incarne, sans aucune affectation, le héros romantique. Les deux étoiles réussissent à incarner l’amour juvénile et sincère, portés par la musique de
Chopin et la chorégraphie qui offre de très beaux pas de deux. La musique
du ballet est une succession de morceaux, principalement des sonates pour
piano, ce qui renforce le caractère intime des scènes. Ce parti pris de naturel et de simplicité connaît, pour moi, une limite, dans le premier acte – la
rencontre au théâtre – où un peu de coquetterie de la part de l’étoile aurait
été bienvenue ; Marguerite Gautier n’est tout de même pas une bourgeoise
sévère. John Neumeier a choisi de mêler, par le principe de la mise en
abyme, le destin de la Dame aux camélias à celui de Manon Lescaut.
C’est à l’occasion d’une représentation de l’adaptation théâtrale de
l’œuvre de l’abbé Prévôt que Marguerite et Armand se rencontrent. A partir
de ce moment, le fantôme de la courtisane de la Régence va hanter l’héroïne. Les amants maudits sont incarnés par les premiers danseurs Eve
Grinsztajn et Christophe Duquenne. Ils réussissent à donner une épaisseur à
leur personnage dans une ambiance onirique. Eve Grinsztajn s’impose
comme une figure maléfique et implacable qui ne lâche par Marguerite.
Leur face à face à l’acte 3 est l’un des moments les plus intenses. Autre couple du récit, celui formé par Mélanie Hurel et Nicolas Paul, Prudence et
Gaston, deux amis des héros. Mélanie Hurel dont on admire toujours le jeu,
est très à l’aise dans ce rôle canaille de
demi-mondaine. Son partenaire est un
peu trop pâle pour un jeune bourgeois
amateur de plaisir. Ce duo renvoie à
Marguerite et Armand l’urgence de
l’amour condamné par la maladie.
Admirablement construit, La Dame
aux camélias est un grand classique du
répertoire, choisi d’ailleurs dans cette
série par l’étoile Agnès Letestu pour
faire ses adieux à la scène lors de la
dernière, le 10 octobre.
Stéphanie Nègre
L Pujol et M Ganio dans «La Dame aux Camelias» © Julien Benhamou
La danse en novembre
L’Opéra de Paris consacre le mois de novembre à la danse contemporaine avec, du 31 octobre
au 14 novembre, un programme réunissant Glacial
Decoy de Trisha Brown, Doux mensonges de Jiri
Kylian et Darkness is hiding black horse de Saburo
Teshigawara. Le théâtre de Chaillot re-prend un
classique de Jean-Claude Gallota, Yvan Vaffan, du
19 au 23 novembre, puis présente du 20 au 29
a
novembre Timeproject, une création de Prue Lang,
ancienne danseuse de William Forsythe. Le
Théâtre de la ville accueille Partita 2 sei solo
d’Anne Teresa de Kerrsmaeker du 26 novembre au
1er décembre avec sur scène le danseur et chorégraphe Boris Charmatz et la violoniste Amandine
Beyer. Musique et danse sur scène, c’est aussi le
principe de Boxe Boxe de Mourad Merzouki qui
réunit les danseurs du Centre chorégraphique
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national de Créteil et le quatuor Debussy au
Théâtre des Gémeaux à Sceaux les 29 et 30
novembre. Annonçant Noël, le Saint Petersbourg
Ballet Théâtre sera au Théâtre des Champs Elysées
avec Casse-Noisette les 8, 9 et 10 novembre. La
compagnie Antonio Gadès sera de retour en région
parisienne à l’Opéra de Massy avec Noces de sang
le 23 novembre.
Stéphanie Nègre
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Peut-on plaider
pour le Kitsch ?
Eadweard Muybridge (1830-1904) «Lutte de deux hommes nus», 1887
Epreuve photomécanique, 16,5 x 43,5 cm Paris, musée d’Orsay © Musée d'Orsay, dist. RMN / Alexis Brandt
Masculin / Masculin doit d’abord être
entendu comme il résonne. Ce titre pourrait
faire penser à un nom de parfum, et, de fait,
c’est un florilège du mâle en peinture, en photographie et en sculpture qui s’offrira au spectateur, une déclinaison du corps de l’homme dans
chacune des situations où il peut se trouver
représenté… Ce bric-à-brac savamment agencé
mêle les époques et les styles, les grands artistes et les moins grands, de belles œuvres
(Roland Furieux de Jehan Duseigneur) à des
sujets anecdotiques (Mort pour la patrie de
Jules Antoine Lecomte du Noüy). Pour notre
plus grand plaisir, parfois, ainsi d’un Balzac
colossal de Rodin, couvrant du regard le père
mort (Dead Dad) de Ron Mueck, ou avec une
audace intrigante, en confrontant un Grand
Guerrier d’Antoine Bourdelle à un monumental
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athlète d’Arno Breker, sculpteur officiel du IIIe
Reich. Les deux Saint Sébastien d’Alfred
Courmes, dans la pénultième salle, comme un
écho railleur à ceux de Georges de la Tour et de
Guido Reni dans la première, achèvent de nous
convaincre que les accrocheurs ont mis à contribution leur talent pour suggérer des rapprochements étincelants.
Mais quel genre donc de rapprochements ?
Un humaniste illuminé du XVIe siècle avait un
jour projeté un théâtre au sein duquel toute la
mémoire visuelle de l’humanité pourrait être
archivée. Il découpait, pour cela, nos représentations en lieux, et regroupait en chacun d’entre
eux un nombre fini d’images, elles-mêmes se
laissant décomposer en d’autres images de quantité finie. Tout ce que nous pouvons voir naissait
ainsi de la combinaison des éléments de la
mémoire. C’est cette inspiration que semble
poursuivre l’exposition, regroupant ses tableaux
en fonction d’un choix de thèmes qui pourraient
faire penser à une grammaire du masculin, telle
qu’elle s’est articulée aux yeux des commissaires : pastiche de l’idéal classique (Mercure de
Pierre et Gilles), fantasme du corps athlétique
(Madawaska, poids léger acadien de Marsden
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Résistance
Les visiteurs soucieux d’assortir leur visite au musée d’une forte dose de plaisir
esthétique pourraient être rebutés par l’intitulé de la nouvelle exposition du
Musée d’Orsay. Auront-ils affaire à un parcours consacré au problème social
de l’homosexualité et à ses représentations dans l’art depuis 1800, ou à un
développement didactique dédié au nu à travers les âges, avec toutes les
synthèses simplificatrices et l’organisation artificiellement téléologique
que cela implique ?
Rapprochements ?
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Hartley), réalisme désenchanté (Lucian Freud),
nostalgie naturiste (Wilhelm Von Gloeden), érotisme de la souffrance (Ixion attaché à sa roue
par George Platt Lynes), pornographisme (Les
Amants par Cocteau). Autant de lieux d’où l’imagination est susceptible de tirer ses
représentations.
musée d’orsay : masculin / masculin
Pas le moins du monde ! C’est l’un des
grands mérites de cette exposition que d’avoir
cherché à se tenir loin de tout asservissement
idéologique pour traiter son sujet. Au premier
abord, le pari semble tenu. À bien y regarder, y
a-t-elle réussi ?
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Pourtant, certains tableaux, souvent les
plus beaux, résistent à cet agencement. Une
Figure allongée de Bacon n’a rien de commun
avec le Would-Be Martyr and 72 Virgins de
David LaChapelle, hormis la position horizontale. Les plus belles pièces de la série, comme
les scènes de baignade de Munch et de Cézanne,
les Gustave Moreau, les autoportraits d’Egon
Schiele, liés au corps de l’homme, mais pris
dans une quête tellement plus vaste, échappent
et résistent. Refusant d’articuler le corps aux
problèmes de technique ou aux problèmes d’idée, Masculin / Masculin finit par avouer son
parti pris… La faiblesse de cette exposition,
sans doute, aura été de faire passer un peu trop
naïvement la nature du sujet, la forme de l’objet, avant les impressions diffuses de qualité.
On comprend, dès lors, la place importante
et étonnante prise par Pierre et Gilles dans l’exposition. Les deux artistes, dont le Mercure sert
d’emblème à Masculin/Masculin, réduisent le
traitement du corps de l’homme à un problème
de kitsch, une question d’exploitation de répertoire. À la confluence de la peinture et de la
photographie, ils prennent plaisir à reprendre l’idéal pour montrer qu’au fond la seule chose qu’il
y ait à y chercher, c’est ce qui perce d’un peu de
son épaisseur, d’un peu de son odeur, le corset de
la forme consacrée. Les ambitions formelles de
rupture avec l’ordre classique finissent en queue
de poisson : retour à un projet de figuration simplifié, entouré du décorum mythologique et
mémoriel, habillé d’un film huileux de représentations fétichisées… Un petit ton couverture de
magazine, un brin Têtu à Taormine…
Les visiteurs en quête de corps, hommes ou
femmes, y trouveront leur compte. Les autres
regretteront qu’on ravale le nu à son potentiel
kitsch. Reste le plaisir de flâner et de se repérer à
son goût, d’associer selon son œil. Restent les
Adolescents de Picasso, la Méditation de Kupka,
la Roue de la fortune d’Edward Burne-Jones, les
deux fascinantes études de Gaudenzio
Marconi…
Samuel Monsalve
Masculin / Masculin, Musée d’Orsay, jusqu’au 2 février.
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évoluent des couples bourgeois, dont il observe
avec distance et ironie les rapports entre eux,
comme dans la suite Intimités.
grand palais : félix vallotton
Le feu sous la glace
Cadrage
Voilà près d’un demi-siècle qu’aucune rétrospective n’a été consacrée à cet
artiste, par un musée national à Paris, la dernière ayant eu lieu au musée
national d’art moderne en 1966. En Suisse, l’artiste appartient aux gloires
nationales et de nombreux musées et collectionneurs suisses peuvent
s’enorgueillir de posséder des œuvres clés de l’artiste.
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Une œuvre artistique importante, qui
compte plus de 1700 tableaux auxquels s’ajoute
une œuvre graphique, mais aussi une production littéraire, incluant des romans, des essais,
des critiques d’art et un journal. A l’automne
2007, le Kunsthaus de Zurich avait consacré une
rétrospective à l’œuvre peint de Félix Valotton
(1865-1925), sous le titre Idylle au bord du
gouffre, qui en montrait l’originalité et son
modernisme. On retrouvera d’ailleurs beaucoup
d’œuvres de cette exposition dans cette présentation parisienne, chapeautée par un commissariat franco-helvétique : Guy Cogeval et Isabelle
Cahn du musée d’Orsay et Marina Ducrey et
Katia Poletti de la Fondation Félix Valloton de
Lausanne.
L’exposition du Grand Palais a pris le parti
d’une présentation thématique et non pas chronologique, ce qui ne facilite pas toujours la visibilité du parcours. Par contre, en intégrant l’œuvre gravée de l’artiste, c’est aussi montrer le
style singulier, les compositions surprenantes et
les fascinants contrastes noir et blanc, qui n’ont
pas leur équivalent dans l’art graphique français. Car, avant d’être peintre, Valloton fut graveur. Lorsqu’il s’installe à Paris en 1882, il fréquente comme beaucoup de néo-impressionnistes et Nabis, l’Académie Jullian. Plus que ses
portraits peints dans une veine réaliste qu’il présente au Salon de la Société des artistes français, de 1885 à 1891, et qui déconcertent public
et critique, lui reprochant froideur et sécheresse, c’est son talent de xylographe qui fait sensation dans l’avant-garde parisienne. Ces petites
images noir et blanc d’une ironie féroce lui donnent le ticket d’entrée dans le groupe des Nabis,
auquel il restera fidèle jusqu’à sa dissolution en
1903. Entre 1891 et 1901, il a réalisé un peu
plus de cent vingt gravures sur bois, où l’atmosphère compte plus que la technique et la critique sociale prime sur l’humour. Ses sujets, il
les puise dans son environnement, la vie moderne parisienne, les intérieurs bourgeois, où
jouent des musiciens solitaires, mais aussi, où
Félix Edouard Vallotton «Le Bain turc», 1907 Huile sur toile, 130,5 x 195,5 cm
© Musee d’art et d’histoire, Geneve, photo : Bettina Jacot-Descombes
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Un bon graveur est avant tout un bon dessinateur et c’est ce qui constitue la première section de l’exposition, sous le titre, Idéalisme et
pureté de la ligne. « Le trait est l’outil idéal
pour conserver la puissance de l’analyse,
dompter l’émotion et maîtriser le langage subjectif de la couleur », souligne Isabelle Cahn.
Ses premiers portraits, comme son Autoportrait
à l’âge de vingt ans (1885), Félix Jasinski
tenant son chapeau (1887) montrent qu’il travaille tous les détails avec minutie, faisant
disparaître presque complètement les touches
du pinceau. L’éclat lisse et froid rappelle le
modelé et le cadrage propre à la photographie et
à laquelle Valloton s’intéresse de très près, puisqu’il achète un appareil vers 1900. Portraits
audacieux dans leur composition et qui s’écartent des canons du portrait traditionnel. C’est
également ce que l’on ressent devant le portrait
de Gertrude Stein (1907), cette femme si puissante du monde de l’art de l’époque. Vêtue
d’une robe sombre assise dans une pièce neutre,
elle ne montre aucune élégance ni dignité particulière mais c’est « une impression de carcan
physique et d’emmurement psychologique » qui
se dégage de ce portrait. Si le portrait de
Gertrude Stein peint par Picasso était bien en
vue chez elle, celui de Valloton avait été relégué
dans un coin plus discret.
Le regard photographique se retrouve également dans les paysages. Valloton rejette
l’espace illusionniste par écrasement de la perspective, recourant le plus souvent à un angle de
vision mobile. L’espace perspectif bascule de
bas en haut au lieu d’être dirigé vers une profondeur fictive engendrée par un point de fuite
unique. Un procédé qui structure la plupart de
ses paysages, comme Laveuses à Etretat (1899),
Souvenir des Andelys (1916) ou Vue cavalière
de la Cagne (1921). Ce regard photographique,
on le retrouve, lorsque Valloton représente les
scènes de personnages dans des intérieurs bourgeois, construisant ses fictions à la manière de
l’objectif d’une caméra pour dénoncer l’impossibilité de l’amour. Comme un metteur en
scène, il plante son décor, déplaçant les meubles, comme ce fauteuil rouge, qui réapparaît
dans plusieurs tableaux. Dans La Chambre
rouge (1898), Le Mensonge (1898), L’Attente
(1899), Intérieur fauteuil rouge et figures
(1899), tout est à chaque fois disposé comme au
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Felix Vallotton «Interieur avec femme en rouge de dos», 1903, huile sur toile, 93 x 71 cm
Zurich, Kunsthaus Zurich, legs Hans Naef © Kunsthaus Zurich 2013 / droits reserves
théâtre ; les éléments des tableaux disposés avec
précision fonctionnent comme des indices révélateurs d’une action. Cette manière de représentation statique et scénarisé annonce la sensation
de tension dans l’univers des intérieurs
d’Edward Hopper.
Femmes
A partir de 1905, portrait et paysage sont
temporairement délaissés par le peintre et le
peintre s’adonne au nu, qui devient désormais un
genre central dans son œuvre. Sa peinture foisonne de femmes dévêtues et posant dans les
postures les plus insolites, comme ces Femmes
nues jouant aux dames (1897) ou Femmes nues
aux chats (1897-1898). Le Repos des modèles
(1905) est une grande toile, qui devient le manifeste de sa nouvelle démarche et qui, pour
Thadée Natanson de La Revue Blanche, « trahit
une sensualité toujours en appétit de toutes sor-
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tes de gourmandises ». De même les femmes au
bain ou en train de faire leur toilette, à la sensualité débordante mais contenue par une ligne qui
enserre les formes, sont un thème récurrent. Le
spectateur y occupe une position de voyeur. Il se
sert également de motifs classiques comme dans
Nu à l’échappe verte, reprise d’une gravure de
Rembrand montrant Antiope dévoilée et contemplée par Jupiter en satyre. Un personnage qui
pourrait être une figure métaphorique de
Valotton lui-même, puisqu’il est présent dans différentes œuvres et représente la concupiscence
masculine. Mais ces nus n’évoquent pas les fantasmes de l’amour fou, aucune caresse ne vient
réchauffer ces chairs lisses, « figées dans les glacis de la peinture à l’huile ». Dans les promesses
de plaisir de ces séductrices, il y a de la violence
car elles mènent l’homme à la perdition. Ce
thème de l’amour lié à l’anéantissement est un
leitmotiv de la littérature romantique et symbo-
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liste.
Valloton est aussi le peintre virtuose des
natures mortes, nombreuses dans sa production
tardive. Il restitue avec une minutie d’orfèvre la
transparence et l’opacité des matières, le mat et
le brillant des surfaces, la rotondité et l’angularité des formes. Ses Poivrons rouges (1905) font
figure de précurseurs de l’hyper-réalisme : avec
sobriété, distance, le peintre a combiné des
objets de la cuisine et disposés dans un arrangement minimaliste, leur conférant une dimension
inquiétante. Pour les natures mortes, le processus d’élaboration est identique à celui des nus.
On ne s’étonnera donc pas que les Poivrons rouges, les Capucines et prunes ou les Branches de
poirier voisinent avec une Etude de fesses
(1884) ou La Roumaine en robe rouge (1925),
L’Africaine (1910).
Valloton s’essaie aussi au genre mythologique, réalisant des tableaux de très grands formats. Trois versions d’Andromède et de Persée
sont présentées. Avec Persée tuant le dragon
(1910), il se réfère à l’Orlando Furioso de
L’Arioste, pour signifier la supériorité de l’homme sur la femme. Cette lutte violente opposant
hommes et femmes est un thème qu’il reprend
aussi dans Penthée (1904) et Soir antique
(1904) : la première scène nous montre des femmes prises de folie pourchassant Penthée, le roi
de Thèbes, pour le tuer ; dans l’autre, au contraire, ce sont les femmes qui sont violentées par
une horde de satyres lancées à leurs trousses.
Dans L’Enlèvement d’Europe (1908), contrairement à la tradition montrant Europe en victime
éplorée d’un rapt, c’est Europe qui saute sur le
dos de sa divine monture. Ainsi donc jusque
dans les mythes, Valloton ne peut s’empêcher de
parler de la relation tendue et violente entre les
sexes. « Qu’est-ce que l’homme a donc fait de si
grave qu’il lui faille subir cette terrifiante
« associée » qu’est la femme ? » s’exclame-t-il
dans son Journal en 1908. L’exposition prend
fin avec le conflit de la Première Guerre mondiale. Il revient à la gravure pour figurer le sort
tragique des soldats dans les tranchées. Dans
Verdun (1917), c’est une vision de la guerre, à
laquelle il donne son interprétation la plus aboutie, tentant d’exprimer par des droites les forces
que déchaîne une guerre désormais dominée par
la technique.
Saluons la scénographie de l’exposition,
qui cherche à marquer la dramatisation progressive de l’espace d’exposition, en servant de la
géométrie et de la couleur.
Régine Kopp
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grand palais
Georges Braque
ou la beauté moderne
Ainsi donc, il aura fallu attendre plus de quarante ans, pour qu’une ambitieuse
rétrospective vienne replacer un des artistes majeurs du XXème siècle sous les
feux des projecteurs.
En 238 tableaux, dessins, sculptures, gravures, la commissaire Brigitte Réal, directrice
adjointe du Centre Pompidou, montre, à travers
toutes les périodes de création de Georges
Braque (1882-1963), du fauvisme au cubisme
et jusqu’à l’œuvre ultime dédiée aux séries des
grands ateliers et des oiseaux, qu’il appartient à
la génération des héritiers de Cézanne, celle qui
a inventé la beauté moderne.
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Tête de cordée
en opposition au réalisme du fugitif des impressionnistes. Le cubisme à ses débuts est avant
tout une histoire d’amitié, qui va durer jusqu’au
moment où Braque part pour la guerre. C’est
Guillaume Apollinaire qui, à la fin de l’année
1907, emmène Braque chez Picasso au BateauLavoir où il travaille aux Demoiselles
d’Avignon. Toute cette période que l’on appellera d’abord cubisme analytique puis cubisme
synthétique occupe les premières salles du parcours et est abondamment documentée. Avec
des œuvres de référence, venant de grandes collections publiques françaises, comme le Centre
Pompidou, qui détient des œuvres clefs mais
aussi des collections étrangères comme celles
provenant de Suisse, un pays contributeur majeur
de cette exposition, mais aussi les Etats-Unis.
Le point de départ de l’exposition rappelle
l’expérience fauviste du peintre, lorsqu’il décide de partir, en octobre 1906, dans le midi et
peint des ports ou des paysages de l’Estaque
dans une palette cézanienne d’ocre et de vert. Il
ne succombe pas aux outrances colorées de certains autres fauvistes : il rachètera en 1959 La
Petite Baie de La Ciotat (1907) justement pour
cette raison, car « c’est une toile fauve qui ne
rugit pas ». Par contre, il s’imprègne de la leçon
de Cézanne – telle qu’elle est professée dans
une lettre de 1904 à Emile Bernard - : « traiter
la nature par le cylindre, la sphère et le cône ».
La couleur pure s’estompe au profit de la construction, ce dont témoigne toute une série de toiles peintes à l’Estaque. Il dira au sujet de son
Grand Nu (1907-1908), une femme montrée à la
verticale : « je ne pourrais représenter une
femme dans toute sa beauté naturelle. Je n’ai
pas l’habileté. Je dois par conséquent créer une
nouvelle sorte de beauté, la beauté qui m’apparaît en termes de volume, de ligne, de masse, de
poids… ». La couleur, elle, va perdre de sa
superbe, et se réduit à des
camaïeux de gris-beige. C‘est
l’époque où Braque et Picasso
sont très liés et partagent cette
même conception de la représentation de la réalité sur le principe
de la facette qui subdivise l’intérieur des formes, appliquée plus
aux natures mortes, aux objets
qu’aux paysages.
Dans cette aventure du cubisme, que
Braque compare à “une cordée en montagne“,
il est souvent considéré comme
le numéro deux derrière
Picasso. Or, il n’en est rien. Ce
qu’avait déjà brillamment montré l’exposition «Picasso
Braque» montée par William
Rubin au Moma de New York en
1990 et que la France avait laissé honteusement filer au profit
du Musée des Beaux-Arts de
Bâle qui l’accueillit. Cette nouvelle rétrospective enfonce le
clou et Braque y confirme sa
place comme inventeur du
cubisme mais pas seulement.
C’est l’exposition consacrée à Georges Braque à la galerie Kahnweiler en novembre
1908, qui marque les débuts du
cubisme. Y sont alors présentés
des paysages de l’Estaque, où la
perspective a volé en éclats,
remplacée par des volumes géométriques, articulés par plans et
sans référence anecdotique. En
parlant de cette nouvelle manièGeorges Braque, «Le viaduc à l’Estaque», début 1908.
re de percevoir la réalité,
x 59 cm. Paris, Centre Pompidou, Musée national d’art moderne,
Kahnweiler dira qu’il s’agit du Huile sur toile, 72,5dation,
1984 © Centre Pompidou, MNAM-CCI,
réalisme de ce qui est durable,
Dist. Rmn-Grand Palais / Jacques Faujour © Adagp, Paris 2013
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Dérive
Mais fin 1911, toute référence à la réalité ayant disparu,
les objets se fondent les uns dans
les autres et ce cubisme trop hermétique pose la question de la
dérive vers l’abstraction. Qu’à
cela ne tienne, Braque et Picasso
vont trouver d’autres solutions.
Au printemps 1912, Picasso
invente le collage et Braque, qui
introduit alors des lettres et des
chiffres au pochoir, comme par
exemple dans Compotier, bouteille et verre (1912), et au printemps 1912, invente la pratique
des papiers collés : journal, partition de musique, carte à jouer,
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paquet de cigarettes, tout
est bon pour retrouver la
réalité. On passe au cubisme synthétique, plus formaliste. L’espace du
tableau est réorganisé, par
la création de larges plans
et la lisibilité de l’objet est
accentuée.
Dans Compotier et
verre (1912), Braque a
acheté un rouleau de tapisserie imitant le faux bois,
dont il découpe trois morceaux qu’il colle sur une
feuille de papier, puis les
relie par des traits au
fusain. C’est un vrai festin
pour l’œil que de contempler ces compositions
cubistes, de natures mortes, d’instruments de
musique, réalisées par
Braque jusqu’en 1914.
Comme pour beaucoup
d’artistes français, la guerre va être une césure et
laissera des traces. Braque
est gravement blessé et sa
vision de la réalité change. En 1917-1918, il peint
La Musicienne, chefd’œu-vre du cubisme synthétique. Mais la carrière
de Braque ne s’arrête pas
là et c’est aussi l’intérêt de
cette exposition de ne pas
réduire Braque au seul
cubisme.
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aux artistes, celui de l’atelier.
Dans les années cinquante, il
devient le peintre phare de toute
la nouvelle génération d’artistes.
Nicolas de Staël verra en lui « le
plus grand des peintres vivants
de ce monde », alors qu’Alberto
Giacometti admire « cette peinture nue, exigeante, profondément ancrée dans la matière et
instantanément charnelle ».
Dans cette Normandie, où
il vit désormais, il peint des paysages, gorgés de matières, où
l’on ne voit rien d’autre que la
terre et le ciel : Marine (1956),
Paysage au ciel sombre I et II
(1955), La Plaine I (1955/56).
Ce sont ces œu-vres que
Giacometti regarde avec émotion. Le thème de l’oiseau, qui
surgit dans son œuvre ultime, est
traité de manière figurative pour
devenir de plus en plus abstrait.
Des oiseaux noirs aux formes
puissantes et inquiétantes qui,
répondant à une commande de
l’état français, finiront leur
course sur le plafond de la salle
Henri II du musée du Louvre.
Une entrée au Louvre, que
Braque doit à son statut d’artiste
officiel de la France, célébré par
le ministre de la Culture, André
Malraux, mais qui ne fait en
réalité que le desservir.
L’exposition a aussi le mérite d’évoquer le rayonnement du
peintre dans les milieux littéraires, autour de la NRF, grâce à une
En Normandie
série de documents, lettres,
Dans l’entre-deux
photographies, extraits d’entreguerres, le cubisme perd
tiens. Jean Paulhan publiera en
en puissance et la rigidité
1943 Braque le Patron. A l’ocGeorges Braque, «La Musicienne», 1917-1918.
Huile sur toite, 221,4 x 112,8 cm. Bâle, Kunstmuseum Basel Schenkung
des formes géométrique
casion de l’exposition Georges
Dr h.c. Raoul La Roche, 1952 © Basel, Kunstmuseum © Adagp, Paris 2013
cède le pas devant la courBraque, en juin 1947, à la galerie
be, la peinture reprend des couleurs. Les sujets Normandie, à Varengeville, où il s’installera en Maeght, René Char signe la préface du catalode prédilection de Braque sont les natures mor- 1939. Ses natures mortes ne se limitent plus à gue. Une parole à méditer en guise de conclutes, les figures mythologiques, il se passionne étudier un seul objet mais s’élargissent à une sion : « les enfants et les génies savent qu’il
pour les sculptures grecques archaïques. Ses table, une fenêtre ou même un salon. Pendant n’existe pas de pont, seulement l’eau qui se laisCanéphores des années vingt, bien qu’anti-aca- l’occupation, il réalise des œu-vres sombres et se traverser. Aussi chez Braque, la source est-elle
démiques par leurs proportions et couleurs, douloureuses, des vanités avec des têtes de mort inséparable du rocher, le fruit du sol, le nuage de
s’inscrivent dans ce mouvement du retour à et des crucifix, des poissons noirs. De 1944 à son destin, invisiblement et souverainement ».
Régine Kopp
l’ordre et au figuratif et ne sont pas sans rappe- 1949, il travaille à la série des Billards où il repler les monumentales Baigneuses de Picasso. rend l’espace visuel cubiste, en le cassant. Puis,
En 1930, il se fait construire un atelier en au sortir de la guerre, il explore un thème cher Jusqu’au 6 janvier 2014
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fondation cartier-bresson
Sergio Larrain
« Une bonne image naît d’un état de grâce, et la grâce vient
quand on est libéré des conventions »
Ce sont les paroles de Sergio Larrain (1931- 2012), photographe chilien ;
son travail, après avoir été exposé aux Rencontres d’Arles, sera à la
Fondation Henri Cartier-Bresson à Paris jusqu’au 22 décembre 2013.
Sergio Larrain, «La Ruche», Paris, 1959
© Sergio Larrain / Magnum Photos
Né dans une famille bourgeoise et cultivée
de Santiago, Sergio Larrain part à l’âge de 19
ans faire ses études aux Etats-Unis où il achète
son premier Leica. C’est à travers ses images
d’enfants abandonnés des rues, que la photographie ne le quitte plus. En 1954, il s’établit comme
photographe free-lance et réalise plusieurs reportages, entre autres sur Valparaiso en rendant un
vibrant hommage à la ville qu’il qualifie de balcon chilien face au Pacifique. Il retournera plusieurs fois dans cette ville jusqu’en 1963 pour
aboutir, au fil des ans, à un essai photographique
d’une grande puissance par tous les aspects qui y
sont montrés de cette ville. En 1959, ses pas
l’emmènent en Europe grâce à une bourse du
British Council. Puis il rejoint Magnum pour
lequel il fait plusieurs reportages d’actualité.
1981 reçut ses documents et communiqua avec
lui par plus de 500 lettres sans jamais le rencontrer, que l’on doit l’organisation de ces deux retrospectives.
Dans ses images, il utilise de façon percutante le jeu des ombres et des lumières. Des silhouettes et des visages sortent de l’ombre, mettant en évidence leur rapport avec l’environnement. Souvent, pour insister sur le côté démuni
de ses sujets, il se met à ras du sol pour cadrer.
De même, il joue avec le flou des profondeurs de
champs, pour suggérer deux mondes qui cohabiteraient dans le même cadre, comme deux
niveaux antagonistes de pensée, le rêve et la
réalité.
Sergio Larrain, Ile de Chiloé, Chili, 1957
© Sergio Larrain / Magnum Photos
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Cependant le côté contraignant de la presse
ne correspond pas à son caractère d’artiste et de
poète… « Je crois que la pression du monde
journalistique – être prêt à sauter sur n’importe
quel sujet – détruit mon amour et ma concentration pour le travail », écrit-il à Henri CartierBresson en 1965. Aussi vers 1970 Sergio Larrain
se retire-t-il dans les montagnes de son pays où il
vécut en ermite tout en continuant d’envoyer des
planches-contact à Magnum.
C’est à Agnès Sire, alors à Magnum, qui dès
Christine Pictet
Monographie Sergio Larrain
Editions Xavier Barral
Les photographies de Sergio Larrain n’ont
fait l’objet que de quatre livres de son vivant.
Aucune monographie complète n’avait été
publiée sur son travail avant qu’il n’accepte ce
projet, avec la complicité de ses enfants,
a
quelques mois avant son décès. Agnès Sire, avec
qui il a entretenu une correspondance durant
trente ans, a œuvré, avec Magnum, à la préservation de son patrimoine photographique.
Cet ouvrage se répartit en deux grands
axes, l’Amérique latine et l’Europe. Une sélection de plus de 200 photographies enrichie
d’une biographie détaillée, de lettres importan-
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tes, de ses dessins, carnets de travail et de
quelques textes de sa main destinés à la méditation, nous plongent dans l’univers de cet artiste
hors du commun, resté méconnu.
C.P.
Relié, 210 x 292 mm, 400 pages Prix : 65 €
Textes d’Agnès Sire et Gonzalo Leiva Quijada
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chronique des concerts
Une rentrée en
fanfare
Le Théâtre des Champs-Elysées ouvre avec faste la saison
des concerts parisiens.
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Nelson Freire
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David Verdier
Jukka-Pekka Saraste
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redoutables de Im Abendrot laissait çà et là percer quelques faiblesses mais
dans l'ensemble, le legato reste très dense et coloré.
Retour au Théâtre des Champs-Elysées pour deux concerts de
l'Orchestre National de France sous la direction de Daniele Gatti. C'est l'occasion de célébrer Giuseppe Verdi à travers la rare Sinfonia d'Aida, pièce
virtuose et haute en couleurs que l'orchestre joue avec un plaisir non dissimulé devant un public conquis. Le ténor maltais Joseph Calleja affronte
ensuite les Huit romances, transcriptions pour orchestre d'une partition pour
piano et voix soliste. La tenue impeccable et la projection rayonnante de la
voix font merveille malgré le registre grave souvent sollicité. Dans la seconde partie, la soprano Leah Crocetto fait honneur à l'Ave Maria d'Otello ainsi
que le chœur de Radio-France dans les extraits des Quattro pezzi sacri ainsi
que le Stabat Mater et le Te Deum. Signalons l'hommage rendu par l'orchestre et son directeur musical à Henri Dutilleux, disparu en mai dernier. Les
Mystères de l'instant illumine la soirée par de subtils alliages de cordes,
cymbalum et percussions.
Emblématique de l'éveil de la vie artistique du Brésil, l’Orchestre
Symphonique d’État de São Paulo rendait visite au public parisien, sous la
direction de l'Américaine Marin Aslop. Ce concert commençait par Terra
Brasilis de la très inventive Clarice Assad. Ecrite sur le modèle d'une “fantaisie sur l'hymne national brésilien“, la musique se développe en plusieurs
épisodes illustrant l'histoire du pays et des
vagues d'immigration qui l'ont peuplé. Le
prestigieux pianiste Nelson Freire rejoignait
les musiciens pour un Deuxième concerto de
Chopin assez relâché et distendu, comme
assoupi dans les teintes vaporeuses. C'est un
tout autre univers qui attendait le public en
seconde partie avec la 1ère Symphonie de
Gustav Mahler. Marin Aslop montra son
talent à tenir ses troupes fermement, accentuant volontiers les contrastes entre les passages lents et rapides, frôlant parfois la précipitation dans ces derniers, mais toujours avec
panache. Cette vision très affirmée se
conclua en bis par… une bossa nova, Pé de
Vento de Edú Lobo, ainsi que le tonitruant
Finale du ballet L'Ecrou de Chostakovitch.
Le Philharmonique de Vienne est conduit par Lorin Maazel dans une 8e
symphonie d'Anton Bruckner qui avait été annulée en mars dernier. Le maître de Saint-Florian a inspiré à Maazel de nombreux enregistrements, dont
une intégrale à la tête de la Bayerischer Rundfunks. La battue est très assurée, presque trop épanchée dans les passages qui nécessitent davantage de
contrôle. L'adagio en revanche est d'une longueur excessive, compte-tenu du
manque de tension qui s'installe en cours de route. Le mouvement final
donne la part belle à l'impressionnante dynamique de l'orchestre mais ce
volume excessif écrase les voûtes de la cathédrale de notes qu'on y entend souvent.
L'orchestre symphonique de la WDR
(Westdeutscher Rundfunk) de Cologne était
invité Salle Pleyel dans un programme
Beethoven-Strauss de toute beauté :
Ouverture d'Egmont, 5e symphonie et Quatre
derniers Lieder. Jukka-Pekka Saraste est un
chef énergique et précis, ce qu'il démontre
brillamment dans un Egmont noir et acéré.
Les lignes mélodiques se croisent avec une
rare beauté, emportant tout sur leur passage.
Cette puissance dévastatrice avait ensuite tendance à gommer les détails de la célébrissime
5e symphonie, magnifique démonstration de
maîtrise mais un rien moins habitée que l'ouverture précédente. La soprano finlandaise
Karita Mattila donna pour terminer une interprétation remarqué des Quatre dernier Lieder
Marin Aslop
de Richard Strauss. Le souffle et le legato
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Sélection musicale de novembre 2013 :
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A l'affiche de l'Opéra Bastille du 25 novembre au 19 décembre, I
Puritani de Bellini conçu par le prolifique Laurent Pelly et dirigé par
Michele Mariotti, une œuvre qui n'avait pas eu les honneurs de la capitale
depuis bien longtemps. La distribution réunira Wojtek Smilek (Lord
Gualtiero Valton), Michele Pertusi (Sir Giorgio), Dmitry Korchak / René
Barbera (17, 19 déc.) (Lord Arturo Talbot), Mariusz Kwiecien (Sir Riccardo
Forth), Luca Lombardo (Sir Bruno Roberton), Andreea Soare (Enrichetta di
Francia) et Maria Agresta (Elvira), Orchestre et Chœur de l’Opéra national
de Paris. Sur la scène du Palais Garnier retour de la production signée Willy
Decker de La Clemenza di Tito de Mozart. L'Orchestre de l'Opéra national
de Paris sera placé sous la direction de Thomas Netopil avec les interprètes
Saimir Pirgu (Tito Vespasiano), Tamar Iveri (Vitellia), Maria Virginia
Savastano (Servilia), Stéphanie D'Oustrac (Sesto), Hannah Esther Minutillo
(Annio) et Balint Szabo (Publio) du 27 novembre au 23 décembre 2013.
Dans le cadre du cycle Convergence, le concert du 13 novembre permettra d'entendre des œuvres de Britten, Henze et Schönberg interprétées
par la soprano Soile Isokoski et le Quatuor Aron. Le 26 novembre récital du
ténor Jean-François Borras accompagné par Marcelo Amaral (piano) : au
programme mélodies de Hahn, Liszt et Gounod. Le 29 novembre enfin,
Christophe Prégardien chantera Schubert avec le pianiste Michael Gees
(Chants d'adieux et de voyage).
Au TCE, Norma de Bellini sera dirigée le 15 novembre en version de
concert par le maestro Evelino Pidò avec dans le rôle-titre Carmen
Giannattasio accompagnée par Massimo Giordano (Pollione), Enrico Iori
(Oroveso), Sonia Ganassi (Adalgisa), Gianluca Floris (Flavio) et Anna
Pennisi (Clotilda), Orchestre de l’Opéra de Lyon. Le 16 novembre Philippe
Herreweghe dirigera le Requiem de Gabriel Fauré avec Hana Blažiková et
Benoît Arnould, Orchestre des Champs-Elysées et Collegium Vocale Gent.
Du 16 au 19 novembre, l'Opéra comique propose Written on Skin de
George Benjamin, un opéra en trois parties sur un texte de Martin Crimp,
créé en 2012 au Festival d'Aix-en-Provence. L'œuvre dirigée par son auteur
et mise en scène par Katie Mitchell sera interprétée par Christopher Purves
(The Protector) et Barbara Hannigan (Agnes).
Du côté de la Salle Pleyel, concert le 15 novembre de l'Orchestre
Philharmonique de Radio France dirigé par Heinz Karl Gruber avec les
solistes Anne Sofie von Otter, David Lefort, Robert Getchell, JeanChristophe Jacques et Geoffroy Buffière dans un programme Kurt Weill
(Les sept péchés capitaux et songs diverses).
Le 16, place au London Symphony
Orchestra dirigé par Valery Gergiev avec la
mezzo-soprano Karen Cargill pour une soirée consacrée à Berlioz. Le lendemain,
Berlioz toujours par le London Symphony
Orchestra & Chorus placé sous la direction
de Gergiev et les interprètes Olga Borodina,
Kenneth Tarver et Ildar Abdrazakov interpréteront Roméo et Juliette. Le 23 Hervé Niquet
et Le Concert Spirituel joueront Les
Mystères d'Isis, un arrangement effectué par
Ludwig Wenzel Lachnith d'après La Flûte
enchantée de Mozart, avec Sandrine Piau
(Pamina), Marie Lenormand (Mona), Renata
Pokupic (Myrrène), Sébastien Droy
(Isménor), Tassis Christoyannis (Bochoris) et
Malin Bystrom © Peter Knutson
Jean Teitgen (Zarastro). Le 26 comme
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chaque saison retour de Cecilia Bartoli entourée du Kammerorchester
Basel dirigé par Muhai Tang dans un programme « Mozart et la Vienne classique », composé de scènes et d'airs de Gluck, Haydn, Mozart et Beethoven.
Les 28 et 30 novembre l'Orchestre de Paris dirigé par Bertrand de Billy
réunira Malin Byström, Renata Pokupic, Werner Güra, Maximilian Schmitt
et Hanno Müller-Brachmann pour interpréter Saint-Saëns (Symphonie en la
majeur) et Schubert (Messe en mi bémol majeur).
Le Théâtre du Châtelet accueillera le 18 novembre la mezzo suédoise
Anne Sofie von Otter pour son nouveau programme intitulé « Douce
France » composé de morceaux signés Debussy, Fauré, Ravel, Saint-Saëns,
Hahn, mais également des chansons de Léo Ferré et de Charles Trenet
accompagnée par Bengt Forsberg (piano), Bengan Janson (accordéon), Mats
Bergström (guitare), Per Ekdahl (percussion), Carl Bagge (piano) et Olle
Linder (bass). Les 12, 13 et 15 novembre Vocaloid opera, un « opéra
contemporain » sans interprète vivant imaginé par le musicien Keiichiro
Shibuya qui tentera de répondre à ces questions en expérimentant une voix
créée par un logiciel : Hatsune Miku une « vocaloïde », qui est à la chanteuse ce que l’humanoïde est à l’être humain. Un spectacle en japonais surtitré.
Conception originale du livret par Toshiki Okada, scénographie Shohei
Shigematsu et costumes de Marc Jacobs pour Louis Vuitton.
A l'Opéra Royal du Château de Versailles le 5, concert de la soprano
Sabine Devieilhe, avec le violon solo Zefira Valova, et Les Ambassadeurs
dirigé par Alexis Kossenko. Le 7 Laurence Equilbey dirigera Orfeo ed
Euridice de Gluck avec Franco Fagioli (Orfeo), Malin Hartelius (Euridice) et
Emmanuelle de Negri (Amore), les Ensemble Accentus et Insula Orchestra.
Le 12 concert de la soprano Angela Gheorghiu et du ténor Atalla Ayan avec
le Bohuslav Martin Philharmonic Orchestra placé sous la direction de Tiberiu
Soare. Puis les 21, 22 et 24 novembre, Orlando de Haendel sera proposé en
version scénique avec David DQ Lee (Orlando), Adriana Ku erová (Angelica),
Kristina Hammarström (Medoro), Sunhae Im (Dorinda) et Luigi De Donato
(Zoroastro), une œuvre mise en scène par Eric Vigner et dirigée par JeanChristophe Spinosi à la tête de l'Ensemble Matheus. Le 27, Christophe
Rousset propose de redonner chance aux Danaïdes de Salieri avec Judith Van
Wanroij (Hypermnestre), Philippe Talbot (Lyncée), Tassis Christoyannis
(Danaüs), Katia Velletaz (Plancippe) et Thomas Dolié (Pélagus), en fosse : Les
Talens Lyriques. Le 30 enfin concert du contre-ténor Bejun Mehta, accompagné de l'Akademie für Alte Musik Berlin dirigée par Bernard Forck, dans un
programme « Splendeurs des castrats ».
Salle Gaveau, le 25 novembre concert du contre-ténor Franco Fagioli
accompagné par Il Pomo d'Oro et Riccardo Minasi (premier violon et direction) pour un programme d'airs d'opéra de Hasse, Pergolesi, Ragazzi et
Fiorenza. Deux concerts à la Cité de la Musique, le premier le 20 avec Le
Christ au mont des Oliviers de Beethoven par l'Ensemble Accentus et
l'Orchestre de Chambre de Paris avec Toby Spence, puis le 26 avec Jordi
Savall pour Le livre vermeil de Montserrat.
La première saison des Lundis musicaux du Théâtre du Palais Royal
débutera le 18 novembre avec un récital de José van Dam accompagné par
Maciej Pikulski (Duparc, Ropartz, Debussy, Ibert et Poulenc).
Vu et entendu : magnifique lecture d'Alceste de Gluck par Olivier Py,
pensée et posée, avec ses dessins éphémères réalisés en direct, malheureusement lestée par un couple vedette sans charme et à contre-emploi (Garnier
le 19 septembre).
Ailleurs en France : A Reims du 6 au 10 novembre, nouvelle production de Don Giovanni par Oriol Tomas, dirigée par Jean-Yves Ossonce.
François Lesueur
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Musée Rodin
Rodin, la lumière de l’antique
Sachant que l’antique était une source d’inspiration importante pour Rodin,
l’exposition proposée par le musée Rodin offre un dialogue passionnant entre, d’une
part, les antiques provenant de la collection de l’artiste et ceux issus de prêts
extérieurs et, d’autre part, les propres créations du sculpteur.
Dès ses années de formation, et jusqu’à sa mort en 1917, Rodin a éprouvé un
très fort intérêt - une passion ? - pour l’antiquité gréco-romaine. Le visiteur peut
ainsi admirer une sélection de 45 sculptures, 17 dessins et une peinture réalisés par
l’artiste, mis en regard avec 12 grands modèles antiques qu’il a admirés - ainsi, par
exemple, de la «Vénus de Milo» ou du «Diadumène» - et qui entrent en résonance
avec son œuvre.
Pour élaborer ce face-à-face original, le musée Rodin a sorti de ses réserves,
pour la première fois, 89 œuvres de sa collection d’antiques grecs, étrusques et
romains, vases et figurines en terre cuite, statues en bronze et en marbre, qui ont été
restaurées à cette occasion.
Rodin, dès les années 1890-1900, s’appropria totalement la leçon de l’antique,
en dépassant la question de l’influence. La trace de l’antique, celle de la «Vénus de
Milo», en particulier, presque invisible, réapparaissait alors dans ses œuvres tardives,
comme la «Méditation» ou le «Monument à Whistler», exemples de son travail sur la
figure partielle.
. Du 19 novembre 2013 au 16 février 2014
Auguste Rodin, «Iris messagere des dieux».
Musee Rodin. Photo : Christian Baraja
Centre Pompidou
l LE SURRÉALISME ET L’OBJET – jusqu’au
3 mars
l PIERRE HUYGUE – jusqu’au 6 janv.
Cité de l’Architecture
l 1925, QUANT L’ART DÉCO SÉDUIT LE
MONDE – jusqu’au 17 fév.
Fondation Custodia
l HYERONIMUS COCK - La gravure à
la Renaissance – jusqu’au 15 déc.
Grand Palais
l GEORGES BRAQUE (1882-1963),
rétrospective – jusqu’au 6 janvier
l FÉLIX VALLOTTON. Le feu sous la
glace – jusqu’au 20 janvier
l RAYMOND DEPARDON. Un moment
si doux – du 14 novembre au 10
février
Jeu de Paume
l ERWIN BLUMENFELD (1897-1969)
& NATACHA NISIC. ÉCHO – jusqu’au
26 janvier
La Maison Rouge
l THÉÂTRE DU MONDE, invitation du
collectionneur David Walsh – jusqu’au 12 janvier
Maison du Japon
l KANAZAWA - Aux sources d’une
culture de samouraïs – jusqu’au
14 décembre
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Musée des arts décoratifs
l TROMPE-L'OEIL – jusqu’au 15 nov.
Musée d’art moderne
l PIERRE HENRY. Autoportrait en
53 tableaux – jusqu’au 1er déc.
l DECORUM. Tapisseries et tapis
d’artistes – jusqu’au 9 février
l SERGE POLIAKOFF. Le rêve des
formes – jusqu’au 23 février
l ZENG FANZHI – jusqu’au 16 février
Musée Carnavalet
l ROMAN D’UNE GARDE-ROBE, de la
Belle Époque aux années 30 – jusqu’au 16 mars
Musée Cernuschi
l BRONZES DE LA CHINE IMPÉRIALE DU
XE AU XIXE S. – jusqu’au 19 janvier
Musée Cognacq-Jay
l FEUILLES D'HISTOIRES, vie quotidienne et grands événements à travers
l'éventail en France (XVIIIe s) – du
14 novembre au 9 mars
Musée Dapper
l INITIÉS, BASSIN DU CONGO &
MASQUES DE ROMUALD HAZOUMÈ –
jusqu’au 6 juillet 2014
Musée Guimet
l ANGKOR, naissance d’un mythe.
Louis Delaporte et le Cambodge
– jusqu’au 13 janvier
e
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l SHO 2, calligraphie contempo-
raine japonaise – jusqu’au 13 janvier
Musée Jacquemart-André
l DÉSIRS ET VOLUPTÉ À L’ÉPOQUE VICTORIENNE – jusqu’au 20 janvier
Musée du Louvre
l LE PRINTEMPS DE LA RENAISSANCE.
La sculpture et les arts à Florence,
1400-1460 – jusqu’au 6 janvier
l JEAN COUSIN PÈRE ET FILS. Une
famille de peintres au XVIe siècle
– jusqu’au 13 janvier
l JACQUES-ÉDOUARD GATTEAUX. Un
don sauvé des flammes – jusqu’au
6 janvier
Musée du Luxembourg
l LA RENAISSANCE ET LE RÊVE,
Bosch, Véronèse, Greco... – jusqu’au 26 janvier
Musée Maillol
l ETRUSQUES. Un hymne à la vie –
jusqu’au 9 février
l SERGE POLIAKOFF. Gouaches de
1948 à 1969 – jusqu’au 9 février
Musée Marmottan-Monet
l LES SŒURS DE NAPOLÉON. Trois
destins italiens – jusqu’au 26 janv.
Musée de Montmartre
l IMPRESSIONS À MONTMARTRE.
d
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Eugène Delâtre & Alfredo Müller
– jusqu’au 12 janvier «»
Musée de l’Orangerie
l FRIDA KAHLO / DIEGO RIVERA. L'art
en fusion – jusqu’au 13 janvier
Musée d’Orsay
l MASCULIN / MASCULIN. L'homme
nu dans l'art de 1800 à nos jours.
– jusqu’au 2 janvier
l ALLEGRO BARBARO. BÉLA BARTÓK ET
LA MODERNITÉ HONGROISE 1905-1920
– jusqu’au 5 janvier
Musée Rodin
l RODIN, la lumière de l’antique –
du 19 novembre au 16 février
Musée de la Vie Romantique
l ESQUISSES PEINTES DE L’ÉPOQUE
ROMANTIQUE – jusqu’au 2 février
Musée Zadkine
l VOYAGE DANS L'ANCIENNE RUSSIE –
jusqu’au 13 avril
Petit Palais
l L'ECOLE EN IMAGES – jusqu’au 26
janvier
l JACOB JORDAENS (1593-1678) –
jusqu’au 19 janvier
l RUBENS (1577-1640) ET VAN DYCK
(1599-1641). ESTAMPES – jusqu’au
26 janvier
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t h é â t r e
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ANTOINE (01.43.38.74.62)
u Inconnu à cette adresse de
Kressmann Taylor - jusqu’au 4 janvier.
ATELIER (loc. 01.46.06.49.24)
u La Locandiera de Goldoni - m.e.s.
Marc Paquien - jusqu’au 25 janvier
BOUFFES PARISIENS
(loc. 01.42.96.92.42)
u Hier est un autre jour ! de J.F.
Cros, S. Meyniac - m.e.s. Eric
Civanyan - jusqu’au 11 janvier
CARTOUCHERIE - ATELIER DE
PARIS-CAROLYN CARLSON
FESTIVAL D’AUTOMNE
u Paroles d’acteurs / Casimir et
Caroline de d’Ödön von Horváth m.e.s. André Wilms - du 4 au 8 nov.
COLLINE (rés. 01.44.62.52.52)
u Par les villages de Peter Handke m.e.s. Stanislas Nordey - du 5 au 30
novembre
u Elle brûle de Mariette Navarro m.e.s. Caroline Guiela Nguyen - du
15 novembre au 14 décembre
COMÉDIE FRANÇAISE
SALLE RICHELIEU (01.44.58.15.15)
u La Tragédie d’Hamlet de
Shakespeare - m.e.s. Dan Jemmett jusqu’au 12 janvier
u Un fil à la patte de Georges
Feydeau - m.e.s. Jérôme Deschamps
- jusqu’au 22 décembre
u Dom Juan ou le festin de pierre de
Molière - m.e.s. Jean-Pierre Vincent jusqu’au 9 février
STUDIO-THÉÂTRE (01.44.58.98.98)
u La Fleur à la bouche de Luigi
Pirandello - m.e.s. Louis Arene - jusqu’au 3 novembre
u La Princesse au petit pois de Hans
Christian Andersen - m.e.s. Edouard
Signolet - du 21 nov. au 5 janvier
VIEUX-COLOMBIER (01.44.39.87.00)
u Le système Ribadier de Feydeau m.e.s. Zabou Breitman - du 13
novembre au 5 janvier
EDOUARD VII (01.47.42.59.92)
u Nina d’André Roussin - m.e.s.
Bernard Murat - avec François
Berléand, Mathilde Seigner - jusqu’au 30 novembre
LE CENTQUATRE (01.42.33.09.92)
u La Barque le soir de Tarjei Vesaas m.e.s. Claude Régy - jusqu’au 24
novembre (reprise)
u House of the Holy Afro - m.e.s.
Brett Bailey - du 19 au 21 nov.
LE MONFORT (www.lemonfort.fr)
u Cosmos de Witold Gombrowicz m.e.s. Joris Mathieu - du 12 novem-
bre au 7 décembre
MATHURINS (rés. 01.42.65.90.00)
u Dernier coup de ciseaux de Marylin
Abrams, Bruce Jordan, Paul Pörtner m.e.s. Sacha Danino, Sébastien
Azzopard - jusqu’au 21 décembre.
u L’Affaire Dussaert de et avec
Jacques Mougenot - jusqu’au 22 déc.
u Moi, Caravage de C. Capitani m.e.s. S. Grassian - jusqu’au 5 janvier.
MÉLO D’AMÉLIE (01.40.26.11.11)
u Le bal des crapules de Luc
Chaumar - m.e.s. Corinne Boijols jusqu’au 10 novembre
MUSÉE DU LOUVRE
FESTIVAL D’AUTOMNE
Robert Wilson / Living Rooms, du 11
novembre au 17 février
u Lecture on Nothing de John Cage
- 11,12,13,14 novembre 20h
u Christopher Knowles / The
Sundance Kid Is Beautiful - 16
novembre 20h, 17 novembre 16h
u CocoRosie - 4 décembre 19h
et 21h
NOUVEAUTÉS (01.47.70.52.76)
u Cher Trésor de et m.e.s. Francis
Veber - jusqu’au 31 décembre
ODÉON EUROPE (01.44.85.40.40)
FESTIVAL D’AUTOMNE
Théâtre Laboratoire Elizabeth Czerczuk
L’Oubli des Anges
La Compagnie suisse Interface présente son spectacle d’opéra-danse, «L’Oubli des Anges», qui constitue le
premier volet d’une pentalogie : «Les Âges de Vie». Cette œuvre, en forme de Requiem, montre le point final d’une
existence, le point vers lequel convergent les souvenirs.
Que deviennent les séparés au moment ultime du dernier adieu ?
Un couple. Un homme, une femme. Chacun sur un versant de la vie et de la mort cherche, dans la ronde des
souvenirs, au-delà des révoltes et des peines, la possibilité d’un amour plus grand que la séparation. Au bout du
souffle, des luttes et des chagrins, dans la douceur de l’abandon, vie et mort convergent et se confondent dans la
danse d’un acte d’amour et de vie.
«L’Oubli des Anges» est un
spectacle fort, une expérience
scénique marquante autour de
l’indicible mystère de la mort, une
œuvre qui s’adresse à l’immédiateté
des sens, pour dire entre la
musique, la danse et les mots, la
petitesse et la grandeur de l’homme
face à son destin.
. jusqu’au 22 décembre
Infos & Réservations :
+33 (0)1 43 40 79 53
www.theatrelaboratoire.com
«L'Oubli des Anges» © photo Maxime Lonfat
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u Todo el cielo sobre la tierra (El síndrome de Wendy) de et m.e.s.
Angélica Liddell - du 20 novembre
au 1er décembre
AUX ATELIERS BERTHIER :
u La Bonne Âme du Se-Tchouan de
Bertolt Brecht - m.e.s. Jean Bellorini
- du 7 novembre au 15 décembre
POCHE (01.45.44.50.21)
u Au bois lacté de Dylan Thomas m.e.s. Stéphan Meldegg - jusqu’au
8 décembre
RANELAGH (loc. 01.42.88.64.44)
u Le Neveu de Rameau de Diderot m.e.s. Jean-Pierre Rumeau - jusqu’au
31 décembre
u La Religieuse de Diderot - m.e.s.
Nicolas Vaude - jusqu’au 31 déc.
RIVE GAUCHE (01.43.35.32.31)
u L’affrontement de Bill C. Davis m.e.s. Steve Suisa - avec Francis
Huster, Davy Sardou - jusqu’au 30
décembre
ROND-POINT (0.892.701.603)
u Chapitres de la chute (Saga des
Lehman Brothers) de Stefano
Massini - m.e.s. Arnaud Meunier - du
7 au 30 novembre
u Élisabeth ou l'Équité de Éric
Reinhardt - m.e.s. Frédéric Fisbach du 9 novembre au 8 décembre
u Un métier idéal d’après le livre de
John Berger et Jean Mohr - m.e.s.
Éric Didry - du 21 nov. au 4 janvier
u Scènes de la vie d’acteur de Denis
Podalydès - m.e.s. Scali Delpeyrat jusqu’au 10 nov.
u Les visages et les corps de Patrice
Chéreau - m.e.s. Philippe Calvario jusqu’au 10 nov.
STUDIO DES CHAMPS-ÉLYSÉES
(01.53.23.99.19)
u Le porteur d’histoire de et m.e.s.
Alexis Michalik - jusqu’au 30 déc.
THÉÂTRE DE MONTREUIL
FESTIVAL D’AUTOMNE
u Encyclopédie de la parole - Suite
n°1 «ABC» de et m.e.s. Joris
Lacoste - du 19 au 23 novembre
THÉÂTRE DE LA VILLE
FESTIVAL D’AUTOMNE
u The Old Woman d’après Daniil
Kharms - m.e.s. Robert Wilson - avec
Mikhail Baryshnikov et Willem Dafoe
- du 6 au 23 novembre
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A Genève et Lausanne
Salle de Musique, La Chaux-de-Fonds
Trauermusik
Gautier Capuçon & Frank Braley
A l'entame du XVIIIème siècle, Ernst Ludwig régnait sur le tout jeune
duché de Saxe-Meiningen, géographiquement situé dans l'actuel Land de
Thuringe.Dès ses jeunes années, le duc Ernst Ludwig s’adonna à la poésie
sacrée. Il rédigea deux cycles complets de cantates et, de par sa grande
piété, il entreprit la rédaction d'un chant strophique sur lequel il souhaita la
création d'une musique funèbre à sa mémoire. En toute logique, cette tâche
incomba au maître de
chapelle de la cour
de
Meiningen:
Johann Ludwig Bach
(1677-1731).
La Chapelle
Vocale de Lausanne
donnera cette œuvre
en concert, avec
l’Ensemble Baroque
du Léman dirigé par
Gonzalo Martinez, et
la participation de
solistes de réputation
internationale
:
Maria-Cristina Kiehr © Jérémie Kerling
Maria-Cristina
Kiehr, Mariana Rewerski, Valerio Contaldo et Stephan MacLeod.
Gautier Capuçon © Nicolas Brodard
. samedi 2 novembre à 20h - Temple de la Madeleine, Genève
Location : Service culturel Migros
On ne présente plus le violoncelliste et le pianiste réunis pour cette
soirée musicale, car ils ont acquis une renommée internationale grâce à leur
talent; ils mettront ce talent au service d’œuvres de Beethoven (Sonate n° 2
en sol mineur, op. 5 n° 2, une sonate dont la forme est inhabituelle : deux
mouvements rapides suivent un mouvement lent), Schubert (Sonate en la
mineur « Arpeggione », D. 821), Debussy (Sonate en ré mineur : cette pièce
pour violoncelle compte parmi les sommets de œuvres écrites pour cet
instrument) et Britten (Sonate en do majeur, op. 65, inspirée par le célèbre
violoncelliste Mstislav Rostropovitch).
Une soirée à ne manquer sous aucun prétexte !
. dimanche 3 novembre à 17h - Temple de Lutry
. le 30 novembre 2013 à 20h15
Billets : Hug Musique ou à l’entrée dès 16h le jour du concert
Location : 032 / 967.60.50 ou via le site d’Arc-en-Scènes
Vidy - Lausanne
Casino de Montbenon, Lausanne
La Dérive des continents
Festival de Blues et Boogie
Depuis des années, le chorégraphe lausannois Philippe Saire explore
les lieux de confluence entre la danse et le théâtre, entre le corps et le verbe.
Les 8 et 9 novembre à la
Salle Paderewski, réunion des
meilleurs spécialistes du piano
boogie-blues. Le 8 novembre on
entendra le très talentueux
Fabrice Eulry, un pianiste
français qui traverse les lignes
pouvant pratiquement tout
jouer. Improvisateur (blues et
boogie woogie) il a composé et
enregistré un concerto et enregistré en duo avec Claude
Bolling. Il a remporté cet été un
grand succès dans un one man
show déjanté - sa spécialité - au
festival d'Avignon. Il allie une
formation classique à un goût
marqué pour le jazz. Les influFabrice Eulry © Séverine Croisiard
ences qu’il se reconnaît s’en
ressentent. « Je n'ai pas de pianiste préféré, déclare-t-il, mais je puis en citer
une dizaine dont l'influence est directement visible dans la forme de mon
jeu » Parmi eux, Georges Gershwin, Eroll Garner, Wilhelm Kempf ou Yves
Nat… Le 9 novembre, beaux duels en perspective puisque Fabrice Eulry
retrouvera le pianiste belge Renaud Patigny et les pianistes suisses Chris
Conz et Jacky Milliet. C.B.
. les 8 et 9 novembre 2013
Philippe Saire © Claude Dusseix
Pour cette nouvelle étape de sa démarche, Philippe Saire a demandé à
l’auteure Antoinette Rychner de cheminer avec lui. Les deux artistes s’appuient sur l’Odyssée d’Homère, puisant dans le voyage d’Ulysse, qui rentre
chez lui après avoir bataillé à Troie, de quoi questionner le monde d’aujourd’hui.
. jusqu’au 17 novembre 2013
Billetterie : 021 / 619.45.45
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Réservations : www.ticketcorner.ch/fabrice-eulry-Tickets.html
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GENEVE
concerts
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u 2.11. CHAPELLE VOCALE DE
LAUSANNE, ENSEMBLE BAROQUE DU
LÉMAN, dir. Gonzalo Martinez.
Solistes : MARIA-CRISTINA KIEHR,
MARIANA REWERSKI, VALERIO CONTALDO,
STEPHAN MACLEOD (J.L. Bach :
Trauermusik). Temple de la
Madeleine à 20h (loc. Service culturel Migros)
u 3.11. : Hors-Série. WAGNER GENEVA
FESTIVAL – WAGNER LENOT. L’OCG, dir.
Alexander
Mayer,
Raphaël
Duchateau, trompette, Sinfonietta
de Lausanne (Wagner, Lenot).
Victoria Hall à 11h (loc.
022/807.17.90 / [email protected])
u mardi 5.11. : Jazz Classics.
CHUCHO VALDÉS QUINTET. Victoria Hall
à 20h30 (loc. 0900.800.800 /
Ticketcorner)
u 7.11. à 20h : Festival Vernier sur
Baroque. LES NATIONS. Concert
François Couperin, par Florence
Malgoire, Serge Saitta, Anne-Marie
Lasla, Olivier Riehl, Amandine
Solano, Jonathan Rubin et Hadrien
Jourdan. Salle des Fêtes du Lignon
(infos et rés. 022/306.07.80,
www.vernier.ch)
u 7.11. : Prestige Artists. LUDOVICO
EINAUDI ENSEMBLE. Victoria Hall à
20h30
(loc.
0900.800.800,
Ticketcorner, Fnac, Manor)
u samedi 9.11. : CARMINA BURANA.
Varduhi Khachatryan, mezzo-soprano. Daniel Galvez-Vallejo, ténor.
Orchestre de Ribaupierre, Chœur
Symphonique de Vevey, Chœur A
Capella, Chœur Scala, dir. Luc
Baghdassarian (Carl Orff, RimskiKorsakov). Victoria Hall à 20h30
(loc. Grütli, Genève Tourisme / rens.
0800.418.418)
u 9.11. : Les Grands Interprètes.
QUATUOR EBÈNE avec MENAHEM
PRESSLER, piano & BENJAMIN BERLIOZ,
contrebasse. Conservatoire de
Musique à 20h (loc. Service culturel
Migros Genève, Stand Info Balexert,
Migros Nyon-La Combe)
u 10.11. : OSG ORCHESTRE SYMPHONIQUE GENEVOIS, CHŒURS LAUDATE
DEUM ET CALLIOPE, dir. Hervé
Kopfenstein. Alida Barbasini, soprano. Isabelle Henriquez, alto.
Norman Reinhardt, ténor. Jérémie
Brocard, basse (Verdi : Requiem).
Victoria Hall à 17h (loc. Espace Ville
de Genève, Grütli, Genève
Tourisme, Cité Seniors, Centrale
Billetterie T 0800 418 418)
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t
u 10.11. à 17h : Festival Vernier sur
Baroque. LES CLAVECINS RÉUNIS.
Hadrien Jourdan et Thilo Muster
(Couperin, Le Roux). Salle des Fêtes
du Lignon (infos et rés.
022/306.07.80, www.vernier.ch)
u 10.11. : Musique sur Rhône.
ROSNEI TUON, violon, HANNAH FRANKE,
alto, CAMILLO BATTISTELLO, clarinette,
ISABELLE BOURGEOIS, cor, XAVIER DAMI,
piano (Mozart, Glinka, Brahms).
BFM, salle Théodore Turettini à 11h
(Tél. 022/807.00.00 / [email protected])
u 11.11. : Hors-Série. CONCERTS D'AUTOMNE. L’OCG, dir. Lavard Skou
Larsen, Marcelo Giannini, orgue
(Haendel, Mozart, Bruckner,
Poulenc). Eglise Sainte-Croix à 20h
([email protected], 022/807.17.90 )
u 11.11. : Temps & Musique. VILDE
FRANG, violon, MICHAIL LIFITS, piano
(Mendelssohn Bartholdy, Fauré,
Mozart, Prokofiev). Conservatoire
de Genève à 20h (billetterie : Service
culturel Migros, Migros Nyon-La
Combe, Stand Info Balexert)
u 12.11. : LA VOIX : PRÉSENCE - ABSENCE 1, dir. Michael Wendeberg,
Sébastian Jacot, flûte. Ensemble
Vocal
Séquence,
Ensemble
Contrechamps (Dong-Jin Bae,
Haddad, Nono). Studio ErnestAnsermet à 20h / 19h : présentation
avec Karim Haddad (billets 45 min.
avant le concert / ou rés. sur :
www.contrechamps.ch/reserver)
u 12.11. : ENSEMBLE CANTATIO, dir.
John Duxbury. BÉNÉDICTE TAURAN,
soprano. MI-YOUNG KIM, mezzosoprano. VALERIO CONTALDO, ténor.
STEPHAN
MACLEOD,
basse
(Beethoven, Haydn). Victoria Hall à
o
20h (loc. Service Culturel Migros ou
chez «Très Classic»)
u 14.11. à 20h : Festival Vernier sur
Baroque. INTÉGRALE DES PIÈCES DE
CLAVECIN EN CONCERT DE JEAN-PHILIPPE
RAMEAU. Par Hadrien Jourdan,
Denitsa Kazakova, Serge Saitta et
Guido Balestracci. Salle des Fêtes
du Lignon (infos et rés.
022/306.07.80, www.vernier.ch)
u 16.11. à 20h : Festival Vernier sur
Baroque. CONCERT FOLIAS &
ROMANESCAS. Par Jordi Savall, viole
de gambe et Rolf Lislevand, théorbe
et guitare. Salle des Fêtes du
Lignon (infos et rés. 022/306.07.80,
www.vernier.ch)
u 17.11. : Concert du dimanche de
la ville de Genève. GLI ANGELI
GENÈVE, dir. et basse STEFAN
MACLEOD, MARIA KEOHANE ET
ALEKSANDRA LEWANDOWSKA, sopranos,
CARLOS MENA, alto, VALERIO CONTALDO
ténor
(Schütz,
Schubert,
Mendelssohn, Vivaldi, J.-S. Bach).
Victoria Hall à 17h (rens.
0800.418.418, loc. Alhambra, Grütli)
u Dimanche 17.11. : Amarcordes.
JAN DE WINNE flûte traverso, MICHEL
KIENER pianoforte, ENSEMBLE FRATRES
(Haydn- Beethoven, CPE Bach).
Moulin en Clarens 17h (réservation
sur http://www.amarcordes.ch/)
u 19.11. : Concert de soirée No. 2.
TROMPETTES & GUERRE. L’OCG, dir.
Michael
Hofstetter
(Vivaldi,
Schnittke, Biber, Haydn). BFM à 20h
([email protected], 022/807.17.90
ou www.ticketportal.com)
u 20.11. : Concert des Amis. OSR,
dir. Yuri Temirkanov, EMANUEL AX,
piano (Brahms, Beethoven). Victoria
Victoria Hall, Genève
Savika Cornu Zozor, Julien Dumarcey
Le 30 novembre 2013 à 20h au Victoria Hall, l’Orchestre des NationsUnies placé sous la baguette d’Antoine Marguier, accompagnera la soprano
Savika Cornu Zozor et le baryton Julien Dumarcey dans un programme tiré
de trois opéras de Verdi: La Traviata, Rigoletto et La Force du Destin. Dans
le cadre de l'année Verdi et de la
journée mondiale de lutte contre le
VIH / SIDA du 1er décembre, ce
concert sera donné en faveur de
l’association PVA-Genève et de
son action au Cameroun.
Poursuite d’une fructueuse collaboration, donc, après le succès des
Savika Cornu Zozor
concerts donnés par la soprano et
l’Orchestre des Nations-Unies
dans des airs de Beethoven, Donizetti, Puccini et Dvorak en mars 2012 à la
Cathédrale Saint-Pierre ainsi qu’en juin au Victoria Hall. C.B.
. le 30 novembre 2013
Billetterie : http://billetterie-culture.ville-ge.ch
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Hall à 20h (Tél. 022/807.00.00 /
[email protected])
u vendredi 22.11. : Les Vendredis de
l’Ethno. LUCIA ALBERTONI, chansons
italiennes. AMR-Sud des Alpes à
21h30 (Tél. 022/919.04.94)
u 25.11. : Les Grands Interprètes.
QUATUOR CASALS. Conservatoire de
Musique à 20h (loc. Service culturel
Migros Genève, Stand Info Balexert,
Migros Nyon-La Combe)
u mercredi 27.11. : FRANÇOIS GUYE,
violoncelle. CHRISTINE GUYE, piano (JS
Bach, Janacek, Liszt, Martinu).
Chapelle de l’Oratoire à 20h30
(billets à l’entrée)
u 27.11. : Série Symphonie. OSR,
dir. Neeme Järvi, DEBORAH VOIGT,
soprano (Pärt, Wagner, Sibelius).
Victoria Hall à 20h (Tél.
022/807.00.00 / [email protected])
u 28.11. : Migros-pour-cent-culturelclassics. ORCHESTRE RÉVOLUTIONNAIRE
ET ROMANTIQUE, dir. SIR JOHN ELIOT
GARDINER, RACHEL HARNISCH, soprano
(Mozart, Beethoven).Victoria Hall à
20h (loc. SCM 022/319.61.11)
u 30.11. : ORCHESTRE DES NATIONS
UNIES, dir. Antoine Marguier. SAVIKA
CORNU, soprano. JULIEN DUMARCEY,
baryton (Verdi). Victoria Hall à 20h
(loc. Espace Ville de Genève, Grütli,
Genève Tourisme, Cité Seniors,
Centrale Billetterie T 0800 418 418)
théâtre
u Jusqu’au 2.11. : PING PANG QIU par
Angélica Liddell. Théâtre SaintGervais, Salle Marieluise Fleisser,
2ème sous-sol - grande salle, sam à
19h, ven à 20h30 (loc. 022/
908.20.20 ou www.saint-gervais.ch)
u
Jusqu’au 2.11. : POMPÉE /
SOPHONISBE de Corneille, m.e.s.
Brigitte Jaques-Wajeman. Horaires:
SOPHONISBE, ven 1.11. à 20h / sam
2.11. : POMPÉE à 15h & SOPHONISBE à
19h30. La Comédie de Genève (loc.
022/320.50.01 / [email protected])
u Jusqu’au 3.11. : LABYRINTHE(S).
Conception et écriture et mise en
jeu Karelle Ménine. Théâtre de
l’Usine, sam-dim à 19h, ven à 20h30
(rés. 022/328.08.18 ou www.darksite.ch/theatreusine/)
u Jusqu’au 3.11. : LA POUPÉE TITANIC,
de Thierry Debroux, m.e.s. Céline
Sorin de Fox Compagnie. Théâtre
du Crève-Cœur, Cologny (rés.
022/786.86.00)
u Jusqu’au 7.11. : LA DAME DE LA MER
d'après Henrik Ibsen, m.e.s. Omar
Porras, Theatro Malandro. Théâtre
de Carouge, Salle François-Simon,
d
a
m
mar, mer, jeu et sam à 19h / ven à
20h / dim à 17h (billetterie :
022/343.43.43 - [email protected])
u Jusqu’au 10.11. : AU BORD DE L'EAU
de et m.e.s. Eve Bonfanti et Yves
Hunstad. Théâtre de Carouge, Salle
Gérard-Carrat, mar, mer, jeu et sam
à 19h / ven à 20h / dim à 17h (billetterie : 022/343.43.43 - [email protected])
u mardi 1.11. : Les Théâtrales. LE
GRAND ECART de Stephen Belber,
m.e.s. Benoît Lavigne. Avec Thierry
Lhermitte, François Feroleto... BFM
à 20h30 (Rés. 022/364.30.30 ou
points de vente Fnac)
u Du 1er au 3.11. : A POIL ! premier
spectacle d’Ultimate Production. Le
Galpon, ven et sam à 20h, dim à 18h
(rés. au 022/321.21.76 au plus tard 2
heures avant le début de l’événement - mail : [email protected])
u 2 et 3.11. : Dans le cadre du
Wagner Geneva Festival. PARIS 1897,
LES MAÎTRES III, 1. Reconstitution historique. Théâtre du Loup (rés.
022/301.31.00)
u Du 2 au 24.11. : LES LOIS DU MARCHÉ
de Olivier Chiacchiari, m.e.s. Guy
Jutard, adultes et ados. Théâtre des
Marionnettes, à 19h, dim à 17h (rés.
022/807.31.07)
u Du 2.11. au 31.12. : LA R’VUE 2013
de Philippe Cohen et Gaspard
Boesch et Gilles Rosset, m.e.s.
Philippe Cohen. Au Casino-Théâtre,
mar-mer-ven à 20h, jeu-sam à 19h,
dim à 17h, relâche lun (rés.
022/793.54.45 ou [email protected])
u 5 et 6.11. : LE JOURNAL D’ANNE
FRANK, d’Eric-Emmanuel Schmitt,
avec Francis Huster. Théâtre du
Léman à 20h30 (location : www.theatreduleman.com)
u Du 5 au 24.11. : ARTAUD – BARRAULT
de et m.e.s. Denis Guénoun. La
Comédie de Genève, relâche lun,
mar-ven 20h, mer-jeu-sam 19h, dim
17h (Billetterie : 022/320.50.01 /
[email protected])
u Du 5 au 24.11. : CRIME ET
CHÂTIMENT de Fédor Dostoïevski,
m.e.s. Benjamin Knobil. Le Grütli,
Grande salle (sous-sol), mar-jeu-sam
à 19h, mer-ven à 20h, dim à 18h.
Relâche lun ([email protected] /
022/888.44.88)
u Du 5 au 24.11. : LES LIAISONS DANGEREUSES d’après Choderlos de
Laclos, m.e.s. Elidan Arzoni,
Création. Théâtre Alchimic, mar et
ven à 20h30; mer, jeu, sam et dim à
19h (rés. 022/301.68.38 / www.alchimic.ch - loc. Service culturel Migros)
u Du 6 au 24.11. : GRAND’PÈRE. De 1
à 3 ans. Théâtre des Marionnettes,
mer-sam à 11h, 15h, 17h / mar-jeu-
a
g
ven à 10h, 15h, 16h30 / dim à 11h,
15h (rés. 022/807.31.07)
u 9.11. à 16h30 : Festival Vernier
sur Baroque. FABLES DE LA FONTAINE
avec Alain Carré, Hadrien Jourdan,
Silvia De Maria, Anne Millischer.
Salle des Fêtes du Lignon (rés.
022/306.07.80, www.vernier.ch)
u 10.11. : INCONNU À CETTE ADRESSE
de Kressmann Taylor. Avec Thierry
Lhermitte et Patrick Timsit. Théâtre
du Léman à 19h (loc. www.theatreduleman.com)
u Du 12 au 17.11. : LE BLUES DE JEAN
L'HOMME, un conte jazz. Théâtre Am
Stram Gram, mar + ven à 19h, mer à
15h, sam + dim à 17h (Loc.
022/735.79.24 et Service Culturel
Migros)
u Du 13.11. au 1.12. : JE SUIS. Texte
& mise en scène Tatiana Frolova. Le
Poche-Genève, lun et ven à 20h30,
mer-jeu-sam à 19h, dim à 17h, mardi
relâche (rés. /loc. 022/310.37.59)
u Du 19 au 30.11. : LA CHINOISE
2013, théâtre par le Collectif Coyote
II et Michel Deutsch.Théâtre SaintGervais, Salle Marieluise Fleisser,
2ème sous-sol - grande salle, marjeu-sam à 19h, mer-ven à 20h30, dim
24.11. à 18h (loc. 022/908.20.20 ou
www.saint-gervais.ch)
u 19, 20, 23, 24, 26, 30.11. et 1.12.:
PETER PAN d'après James Matthew
Barrie, m.e.s. Christian Duchange,
dès 9 ans. Théâtre Am Stram Gram,
mar à 19h, mer à 15h, sam + dim à
17h (Loc. 022/735.79.24 et Service
Culturel Migros)
u 20.11. : Midi Théâtre! - PETITS AIRS
AU BORD DU RUISSEAU, conception
Anthony-David Gerber, Nicolas
Gerber et Marco Facchino. Espaces
"bar" de la Petite et de la Grande
salle à 12h (rés. sur www.grutli.ch)
u 26.11. : Les Théâtrales. MA VIE
(Autobiographie imaginaire) de et
avec Michel Boujenah. BFM à 20h30
(Rés. 022/364.30.30 ou Fnac)
u 26 et 27.11. : LE JEU DE LA VÉRITÉ,
m.e.s. Marion Sarraut. Avec Vanessa
Demouy, Christian Vadim. Théâtre
du Léman à 20h30 (loc. www.theatreduleman.com)
u Du 26.11. au 7.12. : LA DOUBLE
MORT DE L'HORLOGER d'après Ödön
von Horváth, m.e.s. André Engel.
Théâtre de Carouge, Salle FrançoisSimon, mar, mer, jeu et sam à 19h /
ven à 20h / dim à 17h (billetterie :
022/343.43.43 - [email protected])
u Du 26.11. au 8.12. : SAUNÅ
d'Adrien Barazzone, création de la
Compagnie l'Homme de dos.
Théâtre du Loup, mar+jeu+sam à
19h, mer+ven à 20h, dim à 17h (rés.
022/301.31.00)
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u Du 26.11. au 29.12. : BOUDU SAUVÉ
de René Fauchois, m.e.s.
Raoul Pastor, re-création. Théâtre
des Amis, Carouge (rens.
022/342.28.74)
u Du 27.11. au 1.12. : COLORATURE de
Stephen Temperley, m.e.s. Agnès
Boury. Théâtre Alchimic, mer, jeu,
sam et dim à 19h; ven à 20h30 (rés.
022/301.68.38 / www.alchimic.ch loc. Service culturel Migros)
u Du 30.11. au 18.12. : L'OISEAU CHANTEUR de et m.e.s. Guy Jutard, dès 4
ans. Théâtre des Marionnettes, sam à
17h, dim à 11h et 17h, mer à 15h (rés.
022/807.31.07)
u mercredi 30.11. : Les Théâtrales.
ET PAS UNE RIDE! de Marie-Pascale
Osterrieth & Michèle Bernier, m.e.s.
Marie-Pascale Osterrieth. Jeu :
Michèle Bernier. BFM à 20h30 (Rés.
022/364.30.30 ou Fnac)
DES EAUX
opéra
u 7, 10, 13, 16.11. : DIE WALKÜRE de
Richard Wagner. OSR, dir. Ingo
Metzmacher, m.e.s. Dieter Dorn.
Grand Théâtre à 18h, dim à 15h
(billetterie : 022/322.50.50 et
www.geneveopera.com/)
u 17.11. : SOILE ISOKOSKI, soprano,
ILKKA PAANANEN, piano. Grand
Théâtre à 19h30 (loc. 022/322.50.50
et www.geneveopera.com/)
u du 20.11. au 8.12. : L’OPÉRA DANS
TOUS SES ÉTATS, m.e.s. Frédéric Mairy.
Chant et jeu : Davide Autieri et
Leana Durney. Théâtre du CrèveCœur, Cologny (rés. 022/786.86.00)
danse
u Jusqu’au 3.11. : LABYRINTHE(S) de et
chor. Karelle Ménine. Théâtre de
l’Usine, sa-di à 19h, ve à 20h30 (rés.
022/328.08.18)
u Jusqu’au 3.11. : ADC. DRIFT de
Cindy Van Acker, création. Salle des
Eaux-Vives, 82-84 r. Eaux-Vives, à
20h30 (billets : Service culturel
Migros, Stand Info Balexert)
u 2.11. : LA BELLE AU BOIS DORMANT,
par la Cie du Théâtre Municipal
Académique de l’Opéra et Ballet de
Kiev. Théâtre du Léman à 20h (loc.
www.theatreduleman.com)
u 9.11. : TRISHA BROWN DANCE
COMPANY, avec Astral Convertible
(1989), If you couldn’t see me (1994)
If you catch them they’re yours
(2011). BFM à 20h30 (Billetterie :
www.adc-geneve.ch & 1 h avant la
représentation au guichet du BFM)
u 17.11. à 15h : Festival Vernier sur
Baroque. LOUIS XIV, UN ROI DANSEUR,
par la Compagnie Fêtes Galantes.
d
a
n
t
o
Chor. Béatrice Massin. Salle des
Fêtes du Lignon (infos et rés.
022/306.07.80, www.vernier.ch)
u 22 à 20h et 24.11. à 15h : Festival
Vernier sur Baroque. UN AIR DE
FOLIES, par la Compagnie Fêtes
Galantes. Chor. Béatrice Massin.
Salle des Fêtes du Lignon (rés.
022/306.07.80, www.vernier.ch)
u Du 20.11. au 1.12. : ADC.
FROUFROU, création de MarieCaroline Hominal. Salle des EauxVives, 82-84 r. Eaux-Vives, à 20h30
(billets : Service culturel Migros,
Stand Info Balexert)
u 27.11. : Prestige Artists. REUNIÓN
FLAMENCA, Gerardo Núñez & Carmen
Cortés. BFM à 20h30 (loc.
TicketCorner, Marnor, Fnac...)
u Du 28.11. au 8.12. : TWISTED PAIR,
chor. Ioannis Mandafounis. Théâtre
de l’Usine (rés. 022/328.08.18 ou
www.theatredelusine.ch)
u 30.11. et 14.12. : LE LAC DES
CYGNES. Théâtre du Léman à 20h
(loc. www.theatreduleman.com)
divers
u 1.11. : Laboratoire spontané. BAL
D'HALLOWEEN, dès 7 ans. Théâtre Am
Stram Gram à 19h (loc. 022/
735.79.24 et Service Culturel Migros)
u Du 7 au 17.11. : FESTIVAL VIET NAM.
Le 7 à 20h30 - Musique et danse de
la cour impériale de Huế / Le 8 à
20h30 : Poésie chantée et dansée du
Nord / Le 9 à 15h : Concert-démonstration par Trần Quang Hải et Bạch
Yến / Le 9 à 20h30 : Musique et
danse du Sud / Le 14 à 20h30:
Musique des montagnards du Việt
Nam / Le 15 à 20h30 : Asie sans
frontières / Le 16 à 20h30 : Opéra
populaire du fleuve Rouge. Cité
Bleue (Tél. 022/919.04.94)
u Les 16 et 17.11. : DES MURS ET DES
FENÊTRES. Textes de Tahar Ben
Jelloun, Mahmoud Darwich, Marina
Tsvetaïeva, Hélène Cixous... Lecture
Jane Friedrich, Martine Paschoud.
Le Galpon, sam à 20h, dim à 18h
(rés. au 022/321.21.76 au plus tard 2
heures avant le spectacle)
LAUSANNE
concerts
u 3.11. : Les Concerts du dimanche.
OCL, dir. Ariel Zuckermann, EDOUARD
JACCOTTET, violon, JANKA SZOMORMEKIS, alto (Yun, Mozart). Salle
Métropole à 11h15 (loc.
021/345.00.25)
u 3.11. : Les Concerts J.S. Bach de
91
m
92
é
m
Lutry. CHAPELLE VOCALE DE LAUSANNE,
ENSEMBLE BAROQUE DU LÉMAN, dir.
Gonzalo Martinez. Solistes : MARIACRISTINA KIEHR, MARIANA REWERSKI,
VALERIO CONTALDO, STEPHAN MACLEOD
(J.L. Bach : Trauermusik). Temple de
Lutry à 17h (Billets : Hug Musique,
Grand-Pont 4, ou à l'entrée du
Temple dès 16h le jour du concert
/ rés. Point I, Quai Gustave Doret,
1095 Lutry, Tél. 021 791 47 65)
u 13.11. : Concert Découvertes.
PIERRE ET LE LOUP, OCL, dir. Jamie
Phillips, Comédien de La
Manufacture, musique de Prokofiev.
Salle Métropole à 17h (Billetterie de
l’OCL: Tél. 021/345.00.25)
u 15.11. : I TURCHINI - BACH ET LA
MUSIQUE NAPOLITAINE, dir. Antonio
Florio, Maria Grazia Schiavo et
Cristina Grifone, sopranos, Filippo
Mineccia, alto, Giuseppe De Vittorio
et Rosario Totaro, ténors, Giuseppe
Naviglio, basse (J.-S. Bach,
Caresana). Opéra de Lausanne à
20h (loc. 021/315.40.20, lun-ven de
12h à 18h / www.opera-lausanne.ch)
u 18 et 19.11. : O.C.L., dir. Michael
Francis, TRULS MØRK, violoncelle
(Ravel, Chostakovitch, Honegger,
Bartók). Salle Métropole à 20h
(Billetterie : 021/345.00.25)
u 21.11. : OSR, dir. Yuri Temirkanov,
EMANUEL AX, piano (Beethoven,
Brahms). Théâtre de Beaulieu à
20h15 (Tél. 022/807.00.00 /
[email protected] ou Passion Musique)
u 24.11. : Les Concerts du dimanche. OCL, dir. Jaime Martín, MARCOLIVIER
BROILLET,
trompette
(Hummel, Haydn). Salle Métropole à
11h15 (Billetterie : 021/345.00.25)
u 24.11. : Les Concerts J.S. Bach de
Lutry. CHOEUR HEP/FREITAGSAKADEMIE, dir. Julien Laloux (JS Bach, cantates BWV 36, 61 et 62). Temple de
Lutry à 17h (Billets : Hug Musique,
Grand-Pont 4, ou à l'entrée du
Temple dès 16h le jour du concert
/ rés. Point I, Quai Gustave Doret,
1095 Lutry, Tél. 021 791 47 65)
u 28.11. : OSR, dir. Neeme Järvi,
DEBORAH VOIGT, soprano (Pärt,
Wagner, Sibelius). Théâtre de
Beaulieu
à
20h15
(Tél.
022/807.00.00 / [email protected])
théâtre
u Jusqu’au 2.11. : LA RONDE d'Arthur
Shnitzler, m.e.s. Valentin Rossier, par
l’Helvetic Shakespeare Cie. La
Grange de Dorigny, ma-je-sa à 19h /
me-ve à 20h30 / di à 17h (rés.
021/692.21.24)
u Jusqu’au 2.11. : LES FEMMES SAVAN-
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n
t
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La Grange de Dorigny, Lausanne
À l'Hôtel des routes
Le Théâtre de l'Esquisse dirigé par Marie-Dominique Mascret et Gilles
Anex existe depuis plus de 25 ans. Cette compagnie, composée de dix à
douze comédiens romands semi-professionels en situation de handicap mental, construit un langage théâtral qui convie poésie et chorégraphie.
Principalement visuelles, ces créations entièrement originales privilégient
«A l’Hôtel des routes» © Isabelle Meister
l'émotion de l'instant, le pouvoir évocateur des personnages et des situations
autant que l'histoire ou le message. Cette troupe fera escale à Dorigny pour
quelques représentations en novembre
. Du 28 au 30 novembre 2013
Réservations : 021/692.21.24
de Molière, m.e.s. Denis
Marleau. Vidy-Lausanne, salle
Charles Apothéloz, mar-mer-jeu-sam
à 19h, ven à 20h30 (rés.
021/619.45.45 - www.billetterievidy.ch)
u Jusqu’au 2.11. : ALL APOLOGIES /
HAMLET, m.e.s. Alexandre Doublet,
création. L’Arsenic, ma, je, sa 19h /
me, ve 20h30 ([email protected] / 021/625.11.36)
u Jusqu’au 17.11. : NUL N’A LE DROIT
DE MOURIR ICI de Yan Walther par le
Théâtre de la Recherche, m.e.s. Yan
Walther. Pulloff théâtres, mer + ven
à 20h, mar, jeu + sam à 19h, dim à
18h (réservations 021/311.44.22 ou
sur www.pulloff.ch)
u Jusqu’au 24.11. : STAYING ALIVE de
et m.e.s. Antonio Buil, Delphine
Lanza, Paola Pagani et Dorian
Rossel. Vidy-Lausanne, salle La
Passerelle, à 20h, dim à 18h, relâche
lun et dim 3.11. (loc. 021/619.45.45)
u 1er et 3.11. : CÉLIMÈNE ET LE
CARDINAL par la Cie Motamot, m.e.s.
Rodolphe Ittig. Espace culturel des
Terreaux, jeu à 19h, ven à 20h, dim à
17h (loc. http://www.terreaux.org/)
u Du 5 au 17.11. : LE TRIOMPHE DE L'AMOUR de Marivaux, par Galin Stoev.
Vidy-Lausanne, salle Apothéloz, marjeu-sam à 19h, ven à 20h30, dim à
17h30 (rés. 021/619.45.45 TES
a
g
www.billetterie-vidy.ch)
u Du 6 au 24.11. : LE JEUNE PRINCE ET
LA VÉRITÉ de Jean-Claude Carrière,
m.e.s. Matthias Urban, création, dès
7 ans. Le petit théâtre, me et di à
17h / ve à 19h / sa à 14h et 17h (rés.
www.lepetittheatre.ch)
u Du 7 au 9.11. : LE 6ÈME JOUR de
François Cervantes et Caterine
Germain, Compagnie L'entreprise.
La Grange de Dorigny, ma-je-sa à
19h / me-ve à 20h30 / di à 17h (rés.
021/692.21.24)
u Du 12 au 17.11. : LES TRUBLIONS
d'après Marion Aubert, m.e.s. Emilie
Blaser, Cédric Djedje, Pierre-Antoine
Dubey, Cédric Leproust et Nora
Steinig. L’Arsenic, ma, je, sa, 19h /
me, ve 20h30 / di 18h ([email protected] / 021/625.11.36)
u Du 12 au 24.11. : LA DAME DE LA
MER, de Henrik Ibsen, m.e.s. Omar
Porras – Production Théâtre de
Carouge. Théâtre Kléber-Méleau,
ma/me/je/sa à 19h, ve à 20h30, di
17h30 (rés. 021/625.84.29)
u Du 12 au 28.11. : OH MON DOUX PAS
de et m.e.s. Corinne Jaber.
Chapiteau Vidy-L, mar-jeu-sam à
20h30, ven à 19h, dim à 17h (loc.
021/619.45.45)
u Du 14 au 16.11. : LA MOUETTE de
Tchekhov, m.e.s. Jean-Michel
Potiron. La Grange de Dorigny, ma-
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je-sa à 19h / me-ve à 20h30 / di à
17h (rés. 021/692.21.24)
u 21, 22 et 24.11. : SUR LE BALCON DU
BAOBAB. Textes de Pierre-Philippe
Devaux, Pie Tshibanda, Bernard
Gobalet, Daniel Marcellin. Par la Cie
La Marelle, m.e.s. Jean Chollet.
Espace culturel des Terreaux, jeu à
19h, ven à 20h, dim à 17h (loc.
http://www.terreaux.org/)
u Du 26.11. au 5.12. : VALSE AUX
CYPRÈS, ANAMNÈSE D'UN PROCHAIN MASSACRE de et m.e.s. Julien Mages.
L’Arsenic, ma, je, sa, 19h / me, ve
20h30 / di 18 h ([email protected] / 021/625.11.36)
u Du 27.11. au 1.12. : MÉNÉLAS REBÉTIKO RAPSODIE de Simon Abkarian.
Vidy-Lausanne, salle Apothéloz, marjeu-sam à 19h, ven à 20h30, dim à
17h30 (rés. 021/619.45.45 www.billetterie-vidy.ch)
u Du 28 au 30.11. : A L'HÔTEL DES
ROUTES par le Théâtre de l'Esquisse,
m.e.s. Gilles Anex et MarieDominique Mascaret. La Grange de
Dorigny, ma-je-sa à 19h, me-ve à
20h30, di à 17h (rés. 021/692.21.24)
opéra
u 23.11. : SÉRIE OPÉRA : ORFEO.
Concept et musique Christian Garcia
- B000M CIE (CH), Création.
L’Arsenic, le foyer, à 21h ([email protected] / 021/625.11.36)
danse
u Jusqu’au 17.11. : LA DÉRIVE DES
CONTINENTS, m.e.s. et chor. Philippe
Saire. Vidy-Lausanne, salle René
Gonzalez, à 19h30, dim à 18h30,
relâche dim 4.11. (rés. 021619.45.45
- www.billetterie-vidy.ch)
u Du 5 au 9.11. : SCHREIB MIR DAS LIED
VOM TOD d'après l'œuvre d'Ennio
Morricone, m.e.s. et chor. Maya
Bösch. L’Arsenic, ma, je, sa 19h / me,
ve 20h30 ([email protected] /
021/625.11.36)
u 7 et 8.11. : ISRAEL GALVÁN - LO REAL
/ LE RÉEL, chor. et scénario musical,
Israel Galván. Opéra de Lausanne, le
7 à 19h, le 8 à 20h (Billetterie :
021/315.40.20, lun-ven de 12h à 18h
/ en ligne : www.opera-lausanne.ch)
u Du 20 au 22.11. : DRIFT de et chor.
Cindy Van Acker, création. L’Arsenic,
me, ve 20h30, je 19h (loc. 021/
625.11.36, [email protected] / )
divers
u Du 15 au 17.10. : POINT. VIRGULE,
mini-festival étudiant. La Grange de
Dorigny (rés. 021/692.21.24)
d
a
m
u 19 et 20.11. : BRIGITTE ROSSET SMARTIES, KLEENEX ET CANADY DRY.
Opéra de Lausanne à 20h (loc.
021/315.40.20, lun-ven de 12h à 18h
/ www.opera-lausanne.ch).
AILLEURS
annecy
BONLIEU SCÈNE NATIONALE aux Haras
d’Annecy, sauf mention contraire
(rens./rés. 04.50.33.44.11 / [email protected])
u Du 4 au 6.11. : FRANKENSTEIN de F.
Melquiot, m.e.s. Paul Desveaux
u 9.11. : LE CIRQUE PRÉCAIRE de et
avec Julien Candy
u 13 et 14.11. : THE ROOTS, chor. et
dir. Kader Attou
u 14 et 15.11. : LE TRIP ROUSSEAU de
et m.e.s. Dominique Ziegler
u 15.11. Eglise Ste-Bernadette :
ORCHESTRE DES PAYS DE SAVOIE, dir.
Nicolas Chalvin, BERTRAND CHAMAYOU,
piano, ROMAIN LELEU, trompette
(Elgar, Dvorák, Chostakovitch)
u Du 20 au 22.11. : ROMÉO ET JULIETTE
de Shakespeare, m.e.s. Omar Porras
u 24.11. Eglise Saint-Laurent :
REQUIEM de Fauré
u 26.11. : THE PYRE, chor. et m.e.s.
Gisèle Vienne
u Du 28 au 30.11. : LA FIN DU MONDE
EST POUR DIMANCHE de François
Morel, m.e.s. Benjamin Guillard
u Du 28 au 30.11. : DAVOS de et
m.e.s. L. Ardaillon et S. Milliot
annemasse
RELAIS CHÂTEAU-ROUGE à 20h30
sauf mention contraire (loc.
+33/450.43.24.24)
u 6.11. : LILLY WOOD & THE PRICK +
THE MONKBERRY MOON ORCHESTRA
u Du 13 au 15.11. : FACE NORD,
m.e.s. Un loup pour l’homme &
Pierre Déaux, cirque
u 16.11. : IAM + MONDOGIFT, rap
u 17.11. : JE SUIS de et m.e.s. Tatiana
Frolova
u 20.11. : DANS LE VENTRE DU LOUP de
et m.e.s. Marion Lévy
u Du 21 au 23.11. : EL COMO QUIERES
de Brigitte Seth et Roser Montlló
Guberna, Cie Toujours après minuit
u 26.11. : OLIVIA RUIZ, chanson
u 29.11. : MORSURE, Cirque Rasposo
fribourg
THÉÂTRE EQUILIBRE à 20h (billetterie :
Fribourg Tourisme 026/350.11.00 /
[email protected])
Equilibre: +41 26 350 11 00
a
g
u 4.11. : LE JOURNAL D'ANNE FRANK
d'Eric-Emmanuel Schmitt, m.e.s.
Steve Suissa
u 7.11. : 20 ANS DÉJÀ! Par Les Frères
Taloche, m.e.s. Emmanuel Vacca
u 12.11. : VOLCÁN de Gonzalo
Rubalcaba, musique
u 14.11. : ORCHESTRE DE CHAMBRE
FRIBOURGEOIS, dir. Laurent Gendre,
TATJANA GAZDIC, soprano, ANNINA
HAUG, mezzo (Mendelssohn)
u 19.11. : BALLET DU GRAND THÉÂTRE
DE GENÈVE, chor. Benjamin Millepied,
dir. Philippe Cohen
u 30.11. : CIRCUS INCOGNITUS de et
avec Jamie Adkins, cirque
givisiez
THÉÂTRE DES OSSES (rés. 026/469.70.00)
u Du 11 au 27.11. : L'AMANT de
Pinter, m.e.s. Raoul Teuscher
u Du 8 au 30.11., 1.12. : LAVERIE
PARADIS de Claude-Inga Barbey,
m.e.s. C.I. Barbey et Doris Ittig
é
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Musique à 20h15
u Du 27 au 30.11., TPR : COUVRE-FEUX
de Didier-Georges Gabily, m.e.s.
Ludovic Chazaud
u 30.11. : GAUTIER CAPUÇON, violoncelle, FRANK BRALEY, piano
(Beethoven, Schubert, Debussy,
Britten). Salle de Musique à 20h15
martigny
FONDATION GIANADDA à 20 h, dim à
17 h (loc. 027/722.39.78)
u 1.11. : ESTONIAN PHILHARMONIC
CHAMBER CHOIR, dir. Paul Mccreesh
(Tallinn),
KAMMERORCHESTERBASEL
(Bach, Mendelssohn, Parry, Mozart)
u 16.11. : ANTONIO MENESES, violoncelle, MARIA JÕAO PIRES, piano
(Beethoven, Schubert, Bach)
u Du 28 au 30.11. : LES ANNÉES de et
avec Yvette Théraulaz, m.e.s.
Philippe Morand. Théâtre Alambic,
Hôtel-de-Ville 4, à 19h30, sa à 19h
(rés./loc. 027/722.94.22)
la chaux-fds meyrin
ARC EN SCÈNES. CENTRE NEUCHÂTELOIS
DES ARTS VIVANTS sauf mention
contraire (loc. 032/967.60.50 ou
www.arcenscenes.ch/programme/so
ciete-de-musique/en-cours/)
u 3.11. : Série Parallèles. ORCHESTRE
SYMPHONIQUE SUISSE DES JEUNES, dir.
Kai Buman, Trio Rafaele (Ringger,
Beethoven, Schumann). Temple
Farel à 17h
u 9 et 10.11., TPR : LE VIEUX DE LA
MONTAGNE d'Alfred Jarry, m.e.s.
Patrick Sims
u 13.11. : PHILIPPE CASSARD, piano,
KARINE DESHAYES, mezzo (Bizet,
Gounod, Delibes, Roussel, Ravel,
Duparc, Debussy, Rossini). Salle de
FORUM MEYRIN à 20h30 sauf mention contraire (loc. 022/989.34.34)
u Du 1er au 10.11. : Hors-Scène. LES
CONFÉRENCES MAGIQUES: SCOPÈNE
u 6.11. à 20h30 : L'ART ET LA RÉVOLTE,
par Abd Al Malik
u Du 14 au 16.11. à 20h30 : OPEN
FOR EVERYTHING, chor. Constanza
Macras, DorkyPark
u 16.11. : Hors-Scène. ROMS EN CITÉ,
débat citoyen
u 21.11. à 20h30 : TI-ME-TA-BLE O EL
TIEMPO INEVITABLE, par Marco Vargas –
Chloe Brule
u 26 et 27.11. : LA FIN DU MONDE EST
POUR DIMANCHE de et avec François
Morel
n
t
o
u 3.12. à 19h : UN BEAU MATIN, ALADIN,
par la conteuse Agnès Sourdillon, avec
les marionnettes des frères Forman,
selon Charles Tordjman
u 6.12. à 20h30 : BLACK WIDOW Erika Stucky
monthey
THÉÂTRE DU CROCHETAN à 20h30
(loc. 024/471.62.67)
u 1.11. : SURFACE de Franco Mento,
m.e.s. Thierry Romanens
u 2.11. : KIKU + MAHADEV COMETO
u 17.11. : QUINTETTE DU RHÔNE (Farkas,
Bach, Tchaïkovsky, Kompanek)
u 22.11. : JANE BIRKIN - ARABESQUE
u 28.11. : CIRCUS INCOGNITUS de et
par Jamie Adkins, Cirque
montreux
Auditorium Stravinski, 20h15 sauf
mention contraire
(loc. 021/962.21.19)
u 2.11. : ROCK'N'ROLL LÉGENDS
u vendredi 8.11. : CARMINA BURANA.
Varduhi Khachatryan, mezzo. Daniel
Gàlvez-Vallejo, ténor. Orchestre de
Ribaupierre, Chœurs Symphonique de
Vevey, A Capella d’Yverdon et Scala
d’Yverdon, dir. Luc Baghdassarian (Carl
Orff, Rimski-Korsakov).
u 16.11. : STARMANIA
u 23 et 24.11. : CONCOURS SUISSE DES
BRASS BANDS & PRO BASS
u 29.11. : GAROU, Tour 2013
morges
THÉÂTRE DE BEAUSOBRE à 20h
(loc. 024/471.62.67)
u 1er et 2.11. : KEV ADAMS, Humour
u 2.11. : VÉRONIC DICAIRE, Imitation
Théâtre de la Poudrière / Neuchâtel
Semaine Internationale de la Marionnette
La Semaine de la Marionnette 2013, qui se déroulera du 8 au 17 novembre 2013, réserve à nouveau son lot de
surprises et découvertes. Cet événement va prendre place dans tous les théâtres du canton de Neuchâtel en faisant la
part belle à des artistes qui font référence dans l'art marionnettique à travers le monde.
Parmi les spectacles proposés figure «Intime
Intime, ou l’histoire du Petit Chaperon Rouge» servi
par le Théâtre Manarf d’Angers, fondé par Jacques
Templeraud qui est considéré comme l’un des pères
du théâtre d’objets. Ici, il revisite l’histoire du Petit
Chaperon Rouge, avec un loup qui n’attaque pas les
petites filles, sauf si l’une d’elles se trouve sur son
chemin et qu’il a le ventre qui crie famine...
La démarche artistique du Théâtre Manarf est
originale et, dans sa version du conte, la tragédie se
déroule sous le nez rouge sang d’un clown silencieux.
Un joyau théâtral à déguster !
«Intime, Intime...» © René Sauloup
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n
. vendredi 8 novembre à 19h et 22h30
d
a
93
m
é
m
u 3.11. : CUCHE ET BARBEZAT FONT DES
BÊTISES, m.e.s. Pierre Mifsud
u 5.11. : L'ETUDIANTE ET MONSIEUR
HENRI d'I. Calberac, m.e.s. José Paul
u 7.11. : NOA
u 13.11. : OLIVIA RUIZ
u 14.11. : FRANÇOIS-XAVIER DEMAISON
u 15.11. : JOYEUSES PÂQUES de Jean
Poiret, m.e.s. Jean-Luc Moreau
u 17.11. : AMOUR ET JAMBE CASSÉE de
Gérard Corbion, m.e.s. I. Verlaine
u 21 et 22.11. : AURÉLIE THIERRÉE,
m.e.s. Victoria Thierrée-Chaplin
u 23.11. : JANE BIRKIN
u 27.11. : ROMÉO ET JULIETTE de
Shakespeare, m.e.s. Omar Porras
u 28.11. : GARNIER ET SENTOU
u 29.11. : CIRCUS INCOGNITUS de et
par Jamie Adkins, Cirque
u 30.11. : GAROU, Tour 2013
neuchâtel
94
THÉÂTRE DU PASSAGE. A 20h, di à 17h
(loc. 032/717.79.07)
u du 1 au 3.11. : LA MOUETTE d’Anton
Tchekhov, m.e.s. J.-Michel Potiron
u du 1er au 3.11. : DRACULA MON HISTOIRE d’Alan Committie et Gaetan
Schmid, m.e.s. Nathalie Juvet
u 1.11. : LE PORTEUR D’HISTOIRE de et
m.e.s. Alexis Michalik
u 12.11. : RICHARD III de Shakespeare, Puppentheater Magdeburg
u 20 et 21.11. : LA LOI D’INTERACTION
DES POINTS ISOLÉS DANS UN CHAMP DE
RENCONTRES DÉFINI ou L’HISTOIRE DE LA
GIRAFE QUI FAIT (TROP) PEUR, de et par
Katy Hernan et Adrien Rupp
u 28.11. : LE GARDIEN DES ÂMES de
Pierre Kretz, m.e.s. Olivier Chapelet
u 30.11. et 1.12. : HISTOIRE D’UN
MERLE BLANC d’Alfred de Musset,
m.e.s. Anne Bourgeois
THÉÂTRE DU POMMIER à 20h, di à 17h
sauf mention contraire
(loc. 024/471.62.67)
u Du 5 au 6.11. : LES TRUBLIONS de
Marion Aubert par la Cie Distillerie.
u 23.11. à 18h : RÉCITAL DE POÉSIE, en
trois langues (serbe, français et allemand) articulé autour de l’œuvre de
Desanka Maksimovicć
u 28.11. à 20h : PROCÈS DE SOCRATE
par Me Marc Bonnant
nyon
USINE À GAZ sauf mention contraire
(loc. 022/361.44.04)
u 1.11. : ERIK TRUFFAZ 4TET FEAT. ANNA
AARON, Jazz
u 2.11. : DOMINIQUE A, Concert assis
u 6.11. : LE RÊVE PENCHÉ par la
Compagnie Tohu Wa Bohu
u 8.11. : PIERROT LE FOU, Café-concert
e
n
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u 21 et 22.11. : LE MALADE IMAGINAIRE
par la Compagnie Vol Plané, Théâtre
u 23.11. : ALIOSE et PIERRE LAUTOMNE
onex
SPECTACLES ONÉSIENS, salle communale à 20h30 (loc. 022/879.59.99
ou SCM 022/319.61.11)
u 3 et 6.11. : Récrés-spectacle.
SASKA CIRCUS, Chanson, dès 3 ans
u Du 13 au 16.11. : FESTIVAL LES
CRÉATIVES
u 28 et 29.11. : IDIR, chanson
plan/ouates
ESPACE VÉLODROME, sauf avis
contraire (loc. 022/888.64.60)
u 14 et 15.11. La Julienne : LE
CORSMORGASME… ET AUTRES CONQUÊTES par Catherine Gaillard, récits
u 23 et 24.11. : LE POP-UP CIRKUS
pully
L’OCTOGONE, à 20h30 sauf mention
contraire (loc. 021/721.36.20)
u 2.11. : OCCUPE-TOI d'Amélie de
Georges Feydeau, m.e.s. Pierre
Laville, Théâtre
u 5.11. Pour l'Art et le Lutrin.
QUATUOR HERMES (Haydn, Dutilleux,
Schumann)
u 8.11. : ATCHO! dir. Philippe Krüttli,
création, Musique
u 9.11. : Amdathtra musiques du
monde – INDE, Diwali 2013 Gotipua
u 19.11. Pour l'Art et le Lutrin.
QUATUOR MARTINU (Smetana,
Martinu, Prokofiev)
u 15.11. : FOLKS, chor. Yuval Pick
u 17.11. : MARK LANEGAN, Musique
sierre
LES HALLES à 19h30
(rés./loc. 027/722.94.22)
u 15.11. : LES DEUX GENTILSHOMMES
DE VÉRONE de Shakespeare, m.e.s.
Khaled Khoury, Isabelle Rémy et
Rosella Riccaboni, Théâtre du Loup.
u 21, 22, 23, 28, 29, 30.11. : ALL
APOLOGIES - HAMLET de Shakespeare
et Adrien Rupp. Cie Alexandre
Doublet
sion
THÉÂTRE DE VALÈRE à 20h15, sauf mention contraire (loc. 027/323.45.61)
u 6.11. : CIAO AMORE de Jérôme
L’Hotsky, m.e.s. Jérôme Souhier
u 14.11. : LE COUPERET d'après
Donald Westlake, m.e.s. Eudes
Labrusse et Jérôme Imard
u 20.11. : LA RELIGIEUSE d'après
Diderot, m.e.s. Nicolas Vaude
a
g
o
u 29.11. : CÉDRIC PESCIA, piano
(Schumann, Schubert)
thonon-évian
MAISON DES ARTS, ESPACE MAURICE
NOVARINA à 20h30, sauf mention
contraire (loc. 04.50.71.39.47 ou en
ligne : billetterie.mal-thonon.org)
u 4 et 5.11. : UN CHIEN DANS LA TÊTE
de Stéphane Jaubertie, m.e.s.
Olivier Letellier
u 8.11. / Grange au Lac à 20h,
Evian : MADELEINE PEYROUX, Jazz
u Du 12 au 14.11. / Espace Tully :
OPÉRA VINYLE de et m.e.s. François
Parmentier, marionnettes. Horaire :
Mar 12 à 15h, mer 13 à 10h, jeu 14 à
9h30 et 15h
u 13.11. : ALEXIS HK, chansons
u 15.11. : L'ÉTRANGER d'après Albert
Camus, chor. Emio Greco
u 17.11. / Le Poche-Genève : JE SUIS
de et m.e.s. Tatiana Frolova
u 19.11. : LA RELIGIEUSE de Diderot,
m.e.s. Nicolas Vaude
u Du 19 au 22.11. / Espace des
Ursules : VY de Michèle Nguyen,
m.e.s. Alberto Garcia Sanchez
u 23.11. / Grange au Lac à 20h,
Evian : ORCHESTRE DES PAYS DE SAVOIE,
dir. Nicolas Chalvin, BERTRAND
CHAMAYOU, piano, ROMAIN LELEU,
trompette (Reflets slaves : Elgar,
Chostakovitch, Neruda, Dvorak)
u Du 29.11. au 1.12. / Place de
Crête à 20h, dim à 16h : MORSURE de
et m.e.s. Marie Molliens, cirque.
vevey
THÉÂTRE. À 19h30, dimanche à 17h
sauf mention contraire
u Jusqu’au 3.11. : Oriental-Vevey.
LES TRUBLIONS de Marion Aubert.
Par la Distillerie Cie. Église SteClaire, je 19h | ve-sa 20h | di 17h30
(rés. au 021 923 74 50)
u 2.11. : LE PORTEUR D'HISTOIRE de et
m.e.s. Alexis Michalik, dès 14 ans
u 5.11. : ABD AL MALIK/L'ART DE LA
RÉVOLTE d'après Albert Camus
u 7, 8 et 9.11. : Midi, Théâtre! /
PETITS AIRS AU BORD DU RUISSEAU. Cie
Théâtre-Ensemble Chantier Interdit
u 8.11. : BRAD MEHLDAU, Jazz
u 10.11. : LES AVENTURES DE
PINOCCHIO de Lior Navok, m.e.s.
Geneviève Pasquier, dès 6 ans
u 12.11. : Arts & Lettres. VILDE
FRANG, violon. MICHAIL LIFITS, piano
(Mendelssohn, Fauré, Mozart,
Prokofiev)
u 15.11. : LE JOURNAL D'ANNE FRANK
d'Eric-Emmanuel Schmitt, m.e.s.
Steve Suissa, dès 12 ans
u 16.11. : LES FRANGLAISES de et avec
e
n
Les Tistics, dès 12 ans
u 20.11. : AMOUR ET JAMBE CASSÉE de
Gérard Corbion et Isabelle Verlain,
m.e.s. Isabelle Verlaine, dès 7 ans
u 26.11. : LES ENFANTS DE JÉHOVAH de
et m.e.s. Fabrice Murgia,
Compagnie Artara, dès 16 ans
u Du 28.11. au 1.12. : OrientalVevey. WE SPOKE - SONG. Musique.
Église Ste-Claire, je 19h | ve-sa 20h |
di 17h30 (rés. au 021 923 74 50)
villars s/glâne
ESPACE NUITHONIE
Salle Mummenschanz à 20h, sauf
mention contraire (billetterie :
Fribourg Tourisme 026/350.11.00 /
[email protected])
Nuithonie: +41 26 407 51 51
u 5.11. : UN MARI IDÉAL d'Oscar
Wilde, m.e.s. Pierre Bauer
u Du 6 au 16.11. : LE NEZ (NOSS) d'après Gogol et Chostakovitch, m.e.s.
Lionel Parlier
u 10.11. : C'EST TRÈS BIEN! de Tartine
Reverdy, musique
u 15 et 16.11. : STATIONNEMENT ALTERNÉ par Les Amis du Boulevard
Romand, m.e.s. Antony Mettler
u 23 et 24.11. : FRANKENSTEIN d'après Mary Shelley, m.e.s. Paul
Desveaux
u Du 28 au 30.11. : LE CHANT DU
BOUQUETIN de Pierre-Isaïe Duc,
m.e.s. Isabelle Pellissier
yverdon
THÉÂTRE BENNO BESSON sauf mention
contraire (loc. 024/423.65.84)
u 10.11. : ZORO ET JESSICA par les
Ateliers de la Colline, m.e.s. Quantin
Meert
u 14.11. : 120'' PRÉSENTE LA SUISSE de
et par Vincent Kucholl et Vincent
Veillon
u 19 et 20.11. : BLACK OUT par la Cie
Philippe Saire, chor. Philippe Saire
u 22.11. : GIACOMO par la
Compagnie Numéro23prod., m.e.s.
Massimo Furlan
u 24.11. : LAURÉATS DU PRIX SUISSE DE
LA JEUNESSE MUSICALE
u 29.11. : FRANKENSTEIN
d'après
Mary Shelley, m.e.s. Paul Desveaux
THÉÂTRE DE L’ECHANDOLE (loc.
024/423.65.84 ou 024/423.65.89
une heure avant le spectacle)
u 1.11. : DJELI MOUSSA CONDÉ
u 14.11. : BARRIO OSCURO, musique
u 16 et 17.11. : UN ACTE SÉRIEUX de et
chor. Nicole Seiler
u 30.11. : SANSHIRO ET LES CÔNES DE
CHANTIER, chanson
d
a
Danse-Théâtre
Théâtre
Musique
Open for Everything
-BßOEVNPOEF
est pour dimanche
Erika Stucky
Black Widow
Du 14 au 16 nov. à 20h30
François Morel
6 déc. à 20h30
Danse
26 et 27 nov. à 20h30
Constanza Macras – DorkyPark
TI-ME-TA-BLE
o el tiempo inevitable
Théâtre
Un beau matin, Aladin
Marco Vargas – Chloé Brûlé
Charles Tordjman – Matej Forman
21 nov. à 20h30
3 déc. à 19h
forum-meyrin.ch / Théâtre Forum Meyrin, Place des Cinq-Continents 1, 1217 Meyrin
Billetterie + 41 22 989 34 34 du lu au ve de 14h à 18h
TI-ME-TA-BLE o el tiempo inevitable © Luis Castilla
Service culturel Migros Genève / Stand Info Balexert / Migros Nyon-La Combe
Breguet, créateur.
L’art et le style Breguet, 1775
Décidé à renouveler l’esthétique horlogère traditionnelle de la fin du 18e
siècle, Breguet substitua aux fioritures d’alors un dessin raffiné, épuré et
intemporel. À l’image du modèle Classique 5157 extra-plat, qui perpétue
aujourd’hui le style Breguet en interprétant ses caractéristiques : profil
élégamment affiné, boîtier cannelé, aiguilles Breguet “à pomme” ou cadran
en or finement guilloché à la main. L’histoire continue ...
B O U T I Q U E S B R E G U E T – 4 0 , R U E D U R H Ô N E G E N È V E + 4 1 2 2 3 17 4 9 2 0 – B A H N H O F S T R A S S E 1 G S TA A D + 4 1 3 3 7 4 4 3 0 8 8
B A H N H O F S T R A S S E 3 1 Z Ü R I C H + 4 1 4 4 2 1 5 1 1 8 8 – W W W. B R E G U E T. C O M