Chapitre 3 : Les crises financi`eres et leurs conséquences

Transcription

Chapitre 3 : Les crises financi`eres et leurs conséquences
Chapitre 3 :
Les crises financières
et leurs conséquences
I - De la sphère financière au secteur réel
1. Les fluctuations des indices boursiers
2. Retour sur les comportements de consommation
3. Retour sur les comportements d’investissement
II - La crise de 1929
1. Un déplacement de IS ?
2. Un déplacement de LM ?
3. La déflation
III - Les crises boursières récentes
1. Les bulles spéculatives
2. Les banques centrales face aux crises financières
1
I - De la sphère financière au secteur réel
Les cours des actifs financiers (dont les actions et les obligations) connaissent de grandes
évolutions, à la hausse comme à la baisse,
qui représentent des sommes considérables.
Entre mars 2000 et mars 2003, la capitalisation boursière US a diminué de 7000 milliards
de dollars.
(texte d’A. Orléan)
1. Les fluctuations des indices boursiers
Le Dow Jones est le plus connu des indices
de la bourse de New-York (NYSE).
échelle linéaire
2
La crise des années 30 est la plus prononcée.
En 1931 (deux ans après le “jeudi noir” du
24 octobre 1929), l’indice perd presque 53%.
échelle logarithmique
Q : Au-delà des détenteurs de ces actions, les
entreprises et l’ensemble des consommateurs
sont-ils concernés par ces fluctuations ?
analogie : les perdants des jeux de hasard.
intérêt pour les macro.
3
Avant d’étudier les effets d’une crise boursière
sur IS et LM, il faut approfondir les comportements de consommation et d’investissement pour les impacts d’une crise boursière.
2. Retour sur les comportements de consommation
L’épargne est un transfert de consommation
dans le temps permettant de lisser la consommation ⇒ un cadre intertemporel s’impose
pour étudier les comportements de consommation et d’épargne.
2.a) Franco Modigliani et le cycle de vie
L’horizon naturel des consommateurs est leur
durée de vie. Ils connaissent/anticipent le profil de leur revenu au cours du temps :
– faible pendant leurs études ;
– croissant durant la vie active ;
– diminue à la fin de l’activité.
4
Pour lisser le profil de consommation au cours
de la vie,
– les jeunes s’endettent ;
– les actifs remboursent leur dette et se
constituent un patrimoine ;
– les retraités consomment leur épargne accumulée.
revenu,
consommation
6
-
^
age
5
2.b) Milton Friedman et le revenu permanent
déf. : le revenu permanent
le revenu permanent est la somme que l’on
peut consommer indéfiniment tout en maintenant constante la valeur de son “capital”.
déf. : la fonction de consommation monétariste
chaque ménage consomme à chaque date...

Ce n’est pas le revenu courant qui détermine la consommation courante, mais la richesse ≡ somme de la richesse financière et
de la richesse humaine d’un ménage
déf. : la richesse humaine
valeur aujourd’hui ...
– Les modifications temporaires du revenu
sont sans effet sur la richesse, le revenu
permanent, et la consommation.
– Seules les modifications permanentes affectent la consommation.
6
3. Retour sur les comportements d’investissement
3.a) les choix intertemporels d’accumulation
de capital :
Les entreprises investissent lorsque cela augmente leur valeur.
Q : Quelle est la valeur d’une entreprise ?
R :
– Le stock de capital que la firme possède.
– La valeur fondamentale d’un actif est celle
des flux de revenus futurs auxquels il donne
droit
⇒ la valeur fondamentale d’une action
est la somme actualisée des flux de profits anticipés.
Le q de Tobin compare ces deux façons de
calculer la valeur d’une entreprise.
7
boursière
déf. : q = coût capitalisation
de remplacement du capital
Empiriquement (statistiquement), plus ce rapport est élevé plus les entreprises investissent.
3.b) la fuite vers la qualité (flight to quality )
Les crises financières ont des effets sur la
quantité totale de capital, mais aussi sur la
composition des portefeuilles d’actifs ≡ choix
des actifs selon leur rendement et leur risque.
8
Une crise donne lieu à une réévaluation des
risques. Souvent, les investisseurs se détournent
des actifs qui viennent de subir des pertes au
profit d’actifs plus sûrs (or, monnaies refuges,
bons du Trésor, obligation de grandes entreprises, placements à court terme, etc.)
⇒ il y a contagion de la crise entre différents
types d’actifs.
ex. : la crise asiatique de 1997 et ses conséquences
Dévaluations/dépréciations successives des monnaies du Sud-Est asiatique : baht thailandais,
roupie indonésienne, ringgit malais, peso philippin, won coréen, dollars de Taı̈wan, Singapour et Hong Kong.
Russie, Brésil et Argentine.
Le fonds LTCM (Long Term Capital Management).
9
II - La crise de 1929
Krach boursier en octobre 1929. Du 19 au
29, les indices boursiers ont chuté de plus de
30% (le 24 est un “jeudi noir”).
Entre 1929 et 1933, aux USA, baisse de 30%
du PIB et chômage ×8 : Grande Dépression.
année
1929
1930
1931
1932
1933
1936
1940
taux de
chômage
3.2
8.9
16.3
24.1
25.2
17.0
14.6
taux de croissance
du PNB
-9.8
-7.6
-14.7
-1.8
9.1
5.3
16.1
Au cours des années 30, la dépression a gagné
l’ensemble des économies développées (dont
l’Allemagne).
Q : Comment cette crise financière s’est-elle
transmise aussi massivement ?
10
11
conso.
139.6
130.4
126.1
114.8
112.8
118.1
125.5
138.4
143.1
140.2
148.2
155.7
revenu
203.6
183.5
169.5
144.2
141.5
154.3
169.5
193.2
203.2
192.9
209.4
227.2
110
140
1932
1933
120
130
140
150
160
160
1934
1931
1935
180
200
Revenu
1930
1937
1938 1929
1936
1939
220
1940
240
Déplacement de la fonction de consommation (hausse de la propension à épargner) en 29 et 30 ⇒ déplacement de IS.
années
1929
1930
1931
1932
1933
1934
1935
1936
1937
1938
1939
1940
1. Un déplacement de IS ?
Consommation
12
0
−10
5
10
15
20
25
30
35
−5
1934
1935
1936
1933
1938
1939
1930
0
5
Taux d’intéret réel
1937
1940
10
1932
1931
15
année
1929
1930
1931
1932
1933
1934
1935
1936
1937
1938
1939
1940
inv.
40.4
27.4
16.8
4.7
5.3
9.4
18.0
24.0
29.9
17.0
24.7
33.0
taux
réels
6.2
12.7
12.0
3.9
-6.4
-0.1
0.6
-3.3
2.1
2.2
-1.0
dép.
pub.
22.0
24.3
25.4
24.2
23.3
26.6
27.0
31.8
30.8
33.9
35.2
36.4
Entre 32 et 34, réticence à investir (q de Tobin et fin d’un cycle
immobilier) + faillites bancaires ⇒ déplacement de IS.
Équilibre budgétaire ⇒ baisse des dépenses publiques ⇒ IS.
Investissement
13
revenu
203.6
183.5
169.5
144.2
141.5
154.3
169.5
193.2
203.2
192.9
209.4
227.2
Baisse de l’offre de monnaie
années
1929
1930
1931
1932
1933
1934
1935
1936
1937
1938
1939
1940
offre de
monnaie
26.6
25.8
24.1
21.1
19.9
21.9
25.9
29.6
30.9
30.5
34.2
39.7
taux
nominaux
5.9
3.6
2.6
2.7
1.7
1.0
0.8
0.8
0.9
0.8
0.6
0.6
2. Un déplacement de LM ?
@
@
@
@
@
@
@
@
@
@@
-
revenu
IS
@
LM
Déplacement le long
de IS → hausse des
taux.
6
taux d’intér^
et
14
encaisses
réelles
52.6
52.3
54.5
52.5
50.7
51.8
60.8
62.9
69.5
69.5
@
@
@
@
@
@
@
@
@
IS @
@
@
LM
-
revenu
Une déflation anticipée augmente le
coût réel des emprunts et déprime
l’investissement.
6
taux d’intér^
et nominal
Le chapitre 5 est consacré à l’étude de l’évolution des prix.
Baisse des prix similaire à
celle de l’offre de monnaie.
années
1929
1930
1931
1932
1933
1934
1935
1936
1937
1938
niveau
des prix
50.6
49.3
44.8
40.2
39.3
42.2
42.6
42.7
44.5
43.9
3. La déflation
III - Les crises boursières récentes
Ex post, la crise des années 30 est la plus prononcée. Depuis pourtant, d’autres épisodes
très marqués ont eu lieu depuis :
• le 19 octobre 1987, l’indice chute de 15.3%
≡ chute la plus importante en une seule journée
depuis 1914
La perte de capitalisation boursière US est
supérieure à mille milliards de dollars.
15
• le 11 septembre 2001, l’indice chute de
14.3%
(fermeture de la Bourse pendant quelques
jours)
Contrairement à la crise de 1929, les crises de
1987, 1997, 2000-2001 et 2007 ont eu peu
de répercussions réelles et duré relativement
peu longtemps.
causalité réel vers financier
Q : Pourquoi ?
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1. Les bulles spéculatives
Plusieurs de ces crises trouvent leur origine
dans des mouvements spéculatifs ≡ des paris
sur la hausse de la valeur d’un actif.
déf. : bulle
ex. : les tulipes, la nouvelle économie, l’immobilier, etc.
Le caractère spéculatif des bulles explique la
vitesse avec laquelle elles se dégonflent. Rapidement, la crise se propage d’un actif vers
les autres.
ex. : la crise des subprime mortgage de l’été
2007.
17
2. Les banques centrales face aux crises
financières
2.a) les principes d’intervention
IS se déplace (plus ou moins).
L’enjeu de politique économique concerne LM
ainsi que les anticipations des agents (déflation).
Contrairement à 1929, les banques centrales
injectent désormais de la monnaie lorsque de
telles crises se produisent et annoncent qu’elles
le feront aussi souvent que nécessaire.
PRESS RELEASE
11 September 2001 - Eurosystem to support normal functioning of markets
After the unprecedented and tragic events in the United States today, the Eurosystem stands ready to support the normal
functioning of the markets. In particular, the Eurosystem will provide liquidity to the markets, if need be.
European Central Bank
Directorate Communications
Press and Information Division
Les banques centrales jouent un rôle de prêteur
en dernier ressort pour éviter une crise systémique.
18
2.b) l’intervention des banques centrales en
pratique
L’été 2007, la BCE et la Fed ont réagit simultanément à la crise de confiance dans les emprunts hypothécaires américains, à la baisse
des cours généralisée et au manque de liquidité. La deuxième semaine d’août, elles ont
injecté des dizaines de milliards de dollars à
plusieurs reprises :
date
9 août
10 août
13 août
14 août
15 août
16 août
montants
BCE Fed
130
24
84
38
65
2
10.5
7
17
Il s’agit de prêts de très courte durée (typiquement, une journée), donc il ne faut pas
additionner ces sommes pour évaluer l’importance de l’effort consenti par les banques
centrales.
19
2.c) les risques liés aux interventions
Lorsqu’elles interviennent, les banques centrales facilitent la vie des acteurs ayant pris
le plus de risques, parfois en leur évitant la
faillite. Cela peut inciter l’ensemble des opérateurs
à prendre plus de risques, sachant qu’ils seront couverts ≡ problème d’alea moral.
Q : Comment éviter de trop intervenir ou de
trop peu intervenir ?
R : Laisser les petits acteurs supporter les
conséquences de leurs paris et ne venir en
aide que lorsque la confiance/liquidité est en
jeu (too big to fail).
Les macroéconomistes considèrent que la gestion des banques centrales constitue l’un des
grands progrès apportés par la science économique dans au moins deux dimensions :
la gestion des crises financières et la lutte
contre l’inflation
I chapitre 5 et 6.
20

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