HUSTON, WE HAVE A PROBLEM…! Comme dans le film « Apollo
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HUSTON, WE HAVE A PROBLEM…! Comme dans le film « Apollo
HUSTON, WE HAVE A PROBLEM…! Comme dans le film « Apollo 13», le pilote de l’économie américaine a lancé vendredi un appel de détresse aux responsables. En effet, quelque chose ne marche pas, en tenant compte du taux de croissance de l’économie et du marché du travail. Et aussi la corrélation entre les réponses des 250 managers qui font partie de l’échantillon interrogé par l’ISM et la réalité de l’économie… En effet, la dernière indication suggérée par cet échantillon avait suggéré une nette amélioration du marché du travail, avec l’indice qui est passé de 51 (novembre) à 55,5 pour le mois de décembre. BIZARRERIES DES STATISTIQUES Vendredi on a appris que l’économie avait créé seulement mille emplois, mais que le taux de chômage avait baissé de 5,9% à 5,7%. Franchement, à première vue, il y a une forte contradiction entre les deux données…. En effet, les échantillons statistiques sur lesquels les chiffres sont calculés sont fortement différents! Dans le cas du taux de chômage, l’échantillon est de 60 mille familles: si une personne travaille seulement une heure par jour elle est considérée comme employée et si un chômeur n’essaie pas de trouver un job d’une façon active, il est éliminé de la population active. Par contre, les données sur la création d’emplois se basent sur un échantillon de 400 mille entreprises, employant environ 40% de la population active. Donc les deux chiffres sur le chômage peuvent entre totalement en contradiction et envoyer des messages très différents sur l’économie, sans qu’il y ait une faute quelque part: c’est la méthode de calcul et surtout l‘échantillon qui détermine les résultats. Il faut aussi bien méditer sur les différentes enquêtes menées par les différents organismes (instituts de recherche, organisations professionnelles, universités, bureaux de l’administration, les différentes FED locales). En effet, beaucoup d’échantillons sont très petits et nous citons par exemple l’échantillon pour calculer l’indice de la FED de New York (l’Empire Manufacturing) est de 150 entreprises qui reçoivent un questionnaire: environ une centaine répondent effectivement, et les résultats sont calculés à partir de ces réponses…. M ARCHE DU TRAVAIL TRES FAIBLE Un membre de la FED, après les statistiques, a dit à ses collaborateurs « de quoi avons-nous besoin pour créer des jobs, si avec une croissance de 8% nous fabriquons moins d’un demi-million et si à Noël les entreprises commerciales n’embauchent pas ?!! ». En effet, le secteur du commerce au détail a perdu 38 mille jobs, un fléchissement qui peut signaler une forte faiblesse de la consommation. Autrement, le secteur manufacturier a encore détruit 26 mille jobs: il est maintenant très évident que le système productif américain est en train de fabriquer de plus en plus de produits à l’étranger et que le transfert de capacités de production et surtout des investissements nouveaux se fait vers les pays de la région occidentale du Pacifique, en Chine, dernièrement en Inde et dans les régions traditionnelles de l’Amérique centrale et méridionale. Les responsables de l’économie américaine sont donc confrontés à une réalité nouvelle et structurelle: la désindustrialisation de la nation, qui n’est pas encore totalement remplacée par la création d’un secteur des services capable d’exporter.. Et l’Amérique n’est pas la Grande Bretagne, capable de remplacer mines, sidérurgie, textile et production de voitures par le secteur des services, avec une forte tradition d’être à même d’exporter son savoir-faire à l’étranger. Voila une des sources des difficultés de la balance commerciale. Même avec un dollar dévalué, le déficit ne se réduit pas, car beaucoup de produits consommés par les américains ne sont plus fabriqués sur le sol des USA, mais importés (textiles de moyenne et bonne qualité, meubles, beaucoup de hifi et de produits informatiques, produits industriels de base, etc ). Et au cours du mois de décembre 309 mille personnes ont renoncé à chercher un travail: comment expliquer ce phénomène avec une croissance aussi forte du PIB? INFLATION SOUS CONTROLE ET LA FED EN STAND-BY De plus, les données de vendredi nous signalent que la masse salariale est sous contrôle: la hausse des salaires a été de 2% sur base annuelle et le nombre d’heures travaillées a reculé de 33.9 à 33.7 par semaine. Les récentes interventions de Greenspan, Bernanke et Kohn de la FED soulignent, encore une fois, que l’inflation est sous contrôle et que probablement elle est sur-estimée. La combinaison d’un marché de travail faible et d’une inflation qui ne crée pas de problèmes devrait suggérer à la FED de garder les taux à 1% pendant longtemps ; maintenant les marchés anticipent une possible manœuvre à partir du mois d’août, mais il y a une possibilité de plus en plus importante que la FED choisisse une politique accommodante pour toute l’année 2004… Et certainement la FED ne va pas augmenter les taux d’intérêt pour lutter contre la chute du dollar. L’administration Bush a choisi de laisser «filer» la devise pour préparer l’économie au cours du deuxième semestre de cette année, quand les effets de la politique fiscale se seront estompés pour les particuliers, même si les entreprises peuvent encore bénéficier de rabais fiscaux pour réaliser des investissements jusqu’à la fin de 2004. L’économie devrait donc perdre du terrain à partir du mois de juin, mais la faiblesse du dollar pourrait lui donner un coup de pouce. En tout cas de figure, on peut commencer à formuler des hypothèses pessimistes sur l’évolution de l’économie au cours de 2005, quand l’euphorie électorale aura disparue et le tandem Maison Blanche-FED devra affronter tous les problèmes mis de côté au cours des deux dernières années, qui en synthèse sont représentés par les 4 méga-déficits : commercial, budgétaire, des finances des familles et…. ALESSANDRO GIRAUDO