La maison de quartier s`invite chez vous à la Chesnaie
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La maison de quartier s`invite chez vous à la Chesnaie
Saint-Nazaire Rédaction : 1, boulevard de l’Atlantique Tél. 02 40 22 54 10 - fax. : 02 40 22 78 00 Courriel : [email protected] Relations abonnés : tél. 02 99 32 66 66 Ouest-France Jeudi 21 janvier 2016 La maison de quartier s’invite chez vous à la Chesnaie Ce programme d’animations chez l’habitant propose spectacles, apéro-concert ou activités ludiques à domicile. L’occasion de faire le point sur l’un des quartiers phare du renouvellement urbain. « Le quartier a tellement changé » Le rendez-vous est fixé chez Claire, au rez-de-chaussée d’un immeuble de la rue des Tulipes. Assises en tailleur sur le tapis dans la salle à manger, six mamans écoutent les conseils d’Aurélie Le Marec. La jeune artiste passionnée de culture japonaise leur propose un cours de furoshiki. Cette technique de pliage et de nouage de tissu leur permet de créer toutes sortes de sacs modulables en s’amusant avec son bébé. « Les langues se délient » « C’est l’esprit d’ouverture qui règne pour ces animations proposées à domicile, rappelle Hélène Canton, présidente de la maison de quartier. L’idée c’est d’atteindre des gens que l’on aurait jamais rencontrés à la maison de quartier ou qui se déplacent peu. » Le principe de ces animations « hors les murs » reste le même depuis dix ans. « On essaye de balayer toutes les tranches d’âge, prévient l’animatrice Laurence Halgand. Par expérience, on ne s’ennuie jamais. Très vite, les langues se délient, le cadre intimiste s’y prête bien. » Les artistes sont de la région. Ils viennent avant l’animation repérer les lieux, préparer le salon ou la salle à manger. Les habitants volontaires s’engagent à accueillir dix à vingt invités. La maison de quartier apporte Laura, 28 ans et son fils Jordan et Juliana, 35 ans. Témoignages « Moment de convivialité au domicile de Claire, autour d’un atelier « bébé furoshiki » proposé par Aurélie Le Marec, passionnée de culture japonaise. ses chaises pliantes et le petit pot convivial. Sept rendez-vous sont proposés cet hiver, toujours dans des lieux différents. Vendredi 29 janvier, à 18 h, party game ; vendredi 5 février, à 10 h, atelier cuisine bio ; mercredi 10 février, spectacle de magie ; jeudi 18 février, marionnette et chansons et le La socialisation par l’apprentissage de la langue Elles sont dix femmes de tous âges réunies deux fois par semaine autour d’Annick, leur professeur. Son cours s’adresse aux débutants. Ce mardi matin, elles sont entre femmes. Les Polonaises sont en force aux côtés d’une Espagnole, une Croate et une Comorienne. Les échanges se font en français, en priorité, mais le système D est de mise. Jamila l’Espagnole joue volontiers l’assistante interprète. Outre son petit bagage en langue française, son espagnol lui permet de communiquer et de traduire les exercices pour sa voisine Anieska, Polonaise et hispanophone. Michel GODIN. classes. A cela s’ajoute un cours d’alphabétisation pour les personnes qui ne savent ni lire ni écrire. « Ils peuvent être analphabètes dans leur propre langue ou seulement en français, explique Annick, à l’initiative de ce cours donné par la maison de quartier depuis 2001. Même si au-delà de 50 ans c’est difficile, cela permet au moins pour certains de se socialiser. » Nombre d’élèves fluctuant Aller droit au but « L’anglais est pratique quand on n’arrive pas à se faire comprendre, mais tout le monde ne le parle pas. Je m’aide aussi du dessin », reconnaît Annick, leur professeur. Elle insiste sur le fait « qu’il ne faut surtout pas abuser des langues de substitution. Si on veut progresser, il faut faire des efforts. » Pas de cours de grammaire pour ces grands débutants, il faut aller droit au but. « On pratique le français langue d’intégration (Fli) », prévient Annick, enseignante à La Baule jusqu’à sa retraite, puis en mission d’alphabétisation notamment en Afrique avant de se consacrer plei- vendredi 26 février, théâtre. Les inscriptions, obligatoires et gratuites, se font à la maison de quartier. Annick Even (debout), 78 ans et toujours le même plaisir à enseigner la langue française. nement à la maison de quartier. « Je leur apprends l’essentiel pour qu’ils soient en mesure de se débrouiller, de s’intégrer. » S’orienter en ville, lire les indications, savoir se tirer d’affaire à la Poste ou dans un commerce et apprendre quelques verbes incontournables est essentiel. Le cours est ludique et les « élèves » rient beaucoup. Les exercices sont pris très au sérieux. « Certaines mamans viennent ici pour être en mesure d’aider leurs enfants dans les devoirs », remarque Barba- ra, d’origine allemande, responsable d’un cours de français plus avancé. Dans sa classe, sur une vingtaine d’inscrits, ils ne sont que quatre à être présents. Des élèves d’origine marocaine, turque, malaise et grecque. Avant de rejoindre la maison de quartier, Barbara a enseigné sa langue maternelle au lycée et au collège, à Saint-Nazaire et à La Baule. « Pour mes élèves, apprendre à conjuguer est essentiel. » Les cours de français sont enseignés à différents niveaux, dans trois La fréquentation des cours est très variable. « Le bouche à oreille fonctionne bien. On refuse du monde, poursuit Annick. En revanche, quand on voit arriver cinq ou six personnes d’une même famille, c’est plus compliqué. » Les cours sont limités à dix personnes en moyenne. Les gens sont sérieux mais pas toujours disponibles. « On ne sait pas grand-chose d’eux. Certains arrêtent, ou déménagent parfois sans prévenir. » Alphabétisation, français comme langue d’intégration ou comme langue étrangère, « ces trois niveaux d’apprentissage ne touchent pas les mêmes publics », confie Annick, totalement investie dans sa mission. Bachelier ou analphabète, chacun a trouvé sa place à la maison de quartier. M. G. La cafétéria, lieu de passage incontournable Chaude ambiance entre habitués de la maison de quartier de la Chesnaie réunis dans la cafétéria, qui est tenue le mardi matin par Liliane, l’une des bénévoles attitrée à ce poste stratégique. Laura Je regrette juste qu’ils aient construit, en face de mon immeuble, un nouveau bâtiment. Avant il y avait des espaces verts mais maintenant, je ne vois plus rien de ma cuisine ! Les bâtiments sont tous collés les uns aux autres, alors qu’avant, les enfants pouvaient aller courir dehors. Il y avait pas mal de délinquance dans le quartier. Mais depuis quelques années, c’est devenu plus calme. La maison de quartier organise beaucoup de choses pour les familles, et je suis mère de trois enfants. Le seul problème, c’est que tous les commerces sont regroupés à la Bouletterie. On aimerait bien avoir un petit magasin dans le coin. « » Juliana Ma maison de quartier, c’est celle de la Chesnaie, même si j’habite la Bouletterie. J’ai même fait ma demande pour venir m’installer dans le quartier. Aujourd’hui, je travaille comme aide-soignante dans une maison de retraite. « » Michel Gonet Avant, j’habitais à Nantes. Je suis arrivé à la Chesnaie il y a deux ans. L’environnement du quartier est très agréable, la seule chose qui manque, c’est un kiosque à journaux et une boulangerie ! Mais sinon, en terme de transports en commun, c’est parfait et très bien desservi. D’ici, je prends le « busway » et je rejoins direct le centre pour aller au cinéma. » « Chantal Le Madec Je suis née à Saint-Nazaire et cela fait aussi deux ans que j’ai rejoint une nouvelle résidence dans le quartier. Avant je vivais dans un vieil immeuble, quartier Plaisance, mais je me plais mieux ici. » « Monique et Jean Nous sommes propriétaires depuis dix ans d’une maison dans le quartier. Le coin a été complètement rénové depuis qu’on est arrivés. C’est bien plus tranquille que ça ne l’a été et on a l’essentiel à portée de main : la Poste, la pharmacie… On a même une église ! Auparavant nous habitions Pontchâteau. Quand on est arrivés à Saint-Nazaire, nous vivions en appartement mais le jardin nous a trop manqué. Alors, on s’est réinstallé en pavillon. » Recueilli par Claire ROBIN. Michel, Jean et Monique, Chantal. Chesnaie-Trébale : « Mutation pas terminée » Deux questions à… Yvon Renévot, élu de quartier Chesnaie-Trébale Pouvez-vous nous présenter le quartier ? Grâce à l’aide de l’État, il a bénéficié pleinement du renouvellement urbain ces dernières années. Les transformations ont apporté de la sécurité et de la mobilité avec une ouverture sur le boulevard Georges-Charpak, la Cité sanitaire, la ligne de transport HélYce et le groupe scolaire flambant neuf Louis-Chedid. Je pense qu’il y a un sentiment unanime de satisfaction des habitants. La mixité y est importante entre le logement collectif et la zone pavillonnaire de Reton à proximité. La plaine des jeux et les jardins associatifs contribuent au maintien du caractère paisible de l’endroit auquel de nombreux habitants sont attachés. L’espace civique doublé d’une maison de quartier n’a pas d’équivalent ailleurs. C’est un lieu original touchant toutes les tranches de population. Offre-t-il encore des perspectives ? La mutation du quartier n’est pas terminée et la demande pour y habiter reste forte. Il a perdu des logements avec les travaux de restructuration réalisés. L’offre s’est diversifiée. Elle Yvon Renévot souhaite apporter de l’emploi dans les quartiers. s’étoffe rue des Hibiscus avec du locatif privé dans des collectifs de diverses tailles et du locatif social avec la dernière tranche de l’immeuble Plein Ciel. La place libérée par l’ancienne école Bayet-Escurat sera probablement affectée à du logement individuel. Un centre médico-social et un hôtel Éconuit près de Cap Santé verront le jour prochainement. Un projet de regroupement d’activités tertiaires avec des commerces de proximité en rez-de-chaussée devrait renforcer le développement économique. Le but de ces opérations est de faire en sorte que l’habitant puisse trouver tout sur place, y compris de l’emploi. Recueilli par M. G.