Prélèvement SEPA CORE ou B2B : le témoignage de
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Prélèvement SEPA CORE ou B2B : le témoignage de
Prélèvement SEPA CORE ou B2B : le témoignage de pionniers 03 Février 2011 Les projets de migration au prélèvement européen tardent à se concrétiser. Par manque de retour sur investissement clairement identifiable et en l’absence d’une date butoir marquant la disparition des prélèvements nationaux, les corporates manquent de motifs pour adapter ce mode d’encaissement aux normes SEPA. Le faible attrait du SDD se reflète dans les statistiques de paiement. Le système CORE n’a vu passer que 13 prélèvements SEPA sur l’ensemble du mois de décembre, ce qui n’est pas surprenant dans la mesure où les banques françaises n’ont introduit le SDD à leur gamme de moyens de paiement qu’au 1er novembre. Toutefois, la plate-forme de compensation paneuropéenne ABE Clearing, qui a toujours communiqué facilement sur les statistiques de SCT échangés sur le système STEP 2, continue de garder confidentiels les volumes de SDD traités, plus d’un an après le lancement de ce moyen de paiement. Selon la BCE, à fin novembre 2010, le SDD ne représentait que 0,08 % du total des prélèvements en euro, avec environ 400 000 transactions mensuelles. Certaines entreprises françaises ont toutefois commencé à agir, hors de nos frontières, pour pallier une problématique spécifique. À l’occasion d’un évènement organisé par BNP Paribas, le groupe pétrolier TOTAL et le spécialiste de la location financement Parfip Lease ont présenté leurs projets respectifs. Plusieurs filiales belges de TOTAL ont commencé à s’intéresser au SDD en réaction à l’allongement de la période pendant laquelle un débiteur est susceptible de réclamer le remboursement d’un prélèvement sur simple demande. Avant l’entrée en vigueur de la directive sur les services de paiement, qui a institué une période de huit semaines pour la contestation d’un prélèvement, le délai était jusqu’ici limité à trois jours en Belgique. « Pour écarter le risque d’une augmentation du nombre de litiges commerciaux, certaines entités de TOTAL ont souhaité faire évoluer leur prélèvement domestique vers la version du SDD prévue pour les échanges B2B », indique Aurélie James, responsable opérationnelle du projet SEPA chez TOTAL. Le délai de contestation de huit semaines, qui peut aller jusqu’à treize mois en cas d’absence de mandat, s’applique uniquement au SDD CORE. En revanche, le SDD B2B, conçu pour répondre à la problématique des relations interentreprises, proscrit les possibilités de remboursement immédiat d’un prélèvement en cas de contestation. Gestion des mandats Les principales critiques adressées au prélèvement européen se concentrent autour de la gestion des mandats, qui relève désormais de la responsabilité du créancier. Chez TOTAL, cette tâche n’est pas centralisée en raison de la grande diversité des activités des filiales. Pour satisfaire aux règles du circuit B2B, qui ne prévoient pas la continuité juridique des autorisations de prélèvement existantes, les filiales doivent au préalable faire signer à leurs clients des mandats conformes au SEPA. De même, chaque entité du groupe doit s’assurer que l’ERP supporte bien la gestion des mandats de prélèvement. Généralement, seules les versions les plus récentes intègrent en standard un module dédié. Le groupe TOTAL a ainsi commencé par migrer la centaine de mandats de l’une de ses filiales belges. Conformément aux dispositions du rulebook SDD du Conseil européen des paiements (European Payments Council ou EPC), les données du mandat, ainsi que les autres informations nécessaires à l’envoi d’un prélèvement SEPA, doivent être structurées dans un 1/3 Prélèvement SEPA CORE ou B2B : le témoignage de pionniers 03 Février 2011 fichier au format XML. Chez TOTAL, cette adaptation intervient au niveau de l’outil de communication bancaire du groupe, vers lequel chaque filiale envoie à l’origine un fichier libellé dans un format propriétaire. Le fichier XML est ensuite adressé aux banques via Swift auquel le groupe accède grâce à ses propres infrastructures. Pour un contrat prévoyant des SDD récurrents, le premier prélèvement, appelé first collection, suit des règles spécifiques et doit permettre de vérifier l’accessibilité du compte du débiteur. « Le suivi individualisé des first collections a mis en lumière de nombreux rejets liés à des erreurs d’encodage des données du mandat dans les systèmes des banques. Ces erreurs ont ensuite causé le rejet des prélèvements récurrents effectués quelques jours plus tard », relève Aurélie James. La migration programmée au SDD d’une autre filiale belge de TOTAL disposant de 30 000 clients entreprises fait craindre une accumulation des rejets, d’autant que les SDD devraient cette fois-ci être envoyés en masse. « Nous n’avons aucun moyen de savoir si la banque du débiteur a pu avoir accès ou encodé dans son système les données du nouveau mandat au moment de l’émission des premiers prélèvements », s’inquiète Aurélie James. Pour vérifier l’accessibilité du compte du débiteur, les règles du SDD n’autorisent pas l’envoi d’un ordre de montant nul, tandis que la suggestion des banques de fixer le montant à un euro n’a pas reçu un écho favorable. « N otre partenaire bancaire propose de nous informer des encodages qu’il effectue au fil de l’eau pour nos clients communs, mais aucune solution n’est prévue pour les autres. Nous préférerions être directement en charge du transfert des données du mandat à la banque du débiteur. Dans le cadre du fonctionnement actuel du SDD, l’idéal serait de rendre accessible aux banques une base de référence pour tous les mandats B2B sur le modèle de celle gérée par la Banque Nationale Belge pour le DOM 80. La banque centrale qui gèrerait cette base de référence pourrait ainsi informer les banques lors de la création de nouveaux mandats où au moment de leur modification » Le groupe attend également beaucoup des possibilités offertes par le mandat électronique (e-mandate). Optimisation des encaissements En stratégie de déploiement et pour pallier les incertitudes sur l’encodage effectif des données du nouveau mandat SDD B2B par les banques des débiteurs, TOTAL a étudié une solution transitoire : faire ses premières collectes de SDD en masse suivant le circuit CORE. S’il ne résout pas le problème des délais de contestation, le schéma SDD CORE bénéficie de la continuité juridique des anciennes autorisations de prélèvement et, de fait, évite un archivage et une gestion par le créancier, l’apport de la preuve restant dans ce cas-là du ressort de la banque. La notion de continuité juridique du mandat rend particulièrement avantageux le recours au schéma CORE que Parfip Lease a choisi dans le cadre de sa migration au SDD. « La mise en œuvre du SDD CORE ne nous oblige pas à revoir en profondeur notre processus de vente », résume Franck Lebled, directeur du développement de Parfip Lease. Ce spécialiste de la 2/3 Prélèvement SEPA CORE ou B2B : le témoignage de pionniers 03 Février 2011 location financère « small ticket » a vu dans le SDD un moyen d’optimiser ses encaissements en Europe. Jusque-là, ceux-ci étaient réalisés à partir de comptes ouverts dans les banques locales. Désormais, pour prélever leurs clients, les filiales migrées (Belgique, Espagne et France à partir de la mi-février) utilisent des comptes non-résidents détenus auprès de la banque du groupe en Belgique. Ces comptes permettaient, à l’origine, de centraliser les liquidités au niveau de la holding. La nouvelle architecture d’encaissement de Parfip Lease laisse entrevoir des économies importantes au regard des investissements consentis. Le groupe a déployé une solution pour la gestion du SDD proposée par sa banque principale. Cet outil se révèle être la véritable pierre angulaire du projet. Il a été utilisé en amont pour adapter les autorisations de prélèvement existantes au format SEPA. Celles-ci doivent intégrer des informations supplémentaires comme la référence unique de mandat (RUM), l’identifiant créancier SEPA (ICS), la fréquence des prélèvements (unique ou récurrent), le numéro de contrat associé ou encore les BIC/IBAN. En aval, cet outil permet de vérifier l’accessibilité des banques des débiteurs au SDD. Selon Parfip Lease, début janvier, 90 % des établissements bancaires de la clientèle concernée par la migration étaient en mesure de traiter le prélèvement européen. Enfin, la solution commercialisée par la banque supporte la chaîne de conception des fichiers SDD. « La trésorerie envoie un fichier de prélèvement au format DOM 80 vers l’outil de gestion des mandats, qui opère la transformation en XML. Le fichier est alors transmis au partenaire bancaire via la plate-forme de communication Isabel 6 », détaille Franck Lebled. Contrairement à Etebac, le protocole de communication bancaire belge est capable de traiter les formats variables et assure gratuitement la conversion au format BIC et IBAN des numéros de comptes domestiques. Une plate-forme téléphonique a également été développée pour récupérer les coordonnées bancaires qui n’ont pas été indiquées dès l’origine dans les contrats. Quelques investissements supplémentaires ont été nécessaires. Pour Parfip Lease, le principal poste de coût de la migration au SDD a été de communiquer à chaque client les informations ajoutées à son autorisation de prélèvement. Le groupe estime à 1,50 euro les coûts d’impression et d’envoi de chaque courrier. D’autres dépenses ont été engagées pour former les équipes à l’outil de gestion du SDD, et les apporteurs d’affaires au fonctionnement du mandat SDD. Pour l’heure, le groupe envoie près de 40 000 SDD par mois en attendant de migrer d’autres filiales. De son côté, TOTAL a décidé de suspendre son programme de migration au SDD. Les difficultés d’implémentation du schéma B2B, l’instabilité du cadre réglementaire et le manque de solutions adéquates font partie des principaux points bloquants qui ont été répertoriés dans une lettre que le groupe a envoyée au vice-président de l’EPC. La priorité est désormais donnée à la mise en œuvre du SCT. H.C. 3/3