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LES SPECIFICITES DU METIER DE DIRECTEUR
Le colloque national AD-PA/FNADEPA, qui a eu lieu le 19 novembre sur le thème « les spécificités
du métier de directeur dans le contexte économique et social actuel », a permis de valoriser le
partenariat qui existe entre les deux associations depuis quelques années.
Claudy JARRY, (président de la FNADEPA) et Pascal CHAMPVERT (président de l’AD-PA) ont
ouvert cette journée en mettant le point d’orgue sur la mutualisation des actions dans ce contexte
économique et social particulier.
Constatant tous les deux que l’Etat a de très grandes ambitions, sans pour autant se donner les
moyens de les réaliser, ils souhaitent que celles-ci ne se concrétisent pas au détriment des
directeurs d’établissements et de leurs équipes. Le nouveau plan sur les maladies
neurodégénératives et troubles apparentées illustre bien ce propos : Il est très ambitieux mais ne
prévoit que peu de financement pour atteindre ses objectifs. Si le premier volet de la loi autonomie
est acté, le second concernant plus particulièrement une réforme de la tarification des
établissements reste hypothétique.
La journée s’est construite autour de trois tables rondes.
La première table ronde, « Travail en filière, réseaux, coopération : quelles mutations pour les
professionnels », animée par Pascal CHAMPVERT, avec la participation de plusieurs acteurs du
secteur.
Hugues VIDOR, Directeur général d’Adessa-domicile, souligne que ce colloque commun est
le symbole de la table ronde. L’ensemble des acteurs du secteur se retrouve autour d’une même
cause pour défendre un meilleur accompagnement des personnes âgées sur le territoire. Il constate
que les différents projets de loi invitent au rapprochement des acteurs du secteur, citant à titre
d’exemples les SPASAD.
Alain VILLEZ, Chargé de mission UNIOPSS, affirme que le travail en réseau permet
d’échanger afin d’optimiser les prestations et éviter les ruptures de parcours et les hospitalisations
injustifiées.
Richard-Pierre WILLIAMSON, Président de l’ANC-CLIC, partage cette analyse en précisant
qu’on ne peut pas travailler ensemble sans se connaitre et sans se faire confiance. Il existe un déficit
important de communication entre les différents réseaux. Les dispositifs sur le territoire sont trop
nombreux et une porte d’entrée simple et visible est nécessaire. Plus la situation de la personne est
compliquée, plus il faut croiser les regards et les compétences. Il voit dans les mutualisations, les
réseaux, les MAIA des outils forts pour un parcours coordonné.
Hugues VIDOR apporte un bémol à cette analyse, soutenant que la mutualisation ne va pas
résoudre tous les problèmes. D’une part parce que les Conseils généraux n’ont pas les moyens de
leur politique sociale ; et d’autre part, parce que beaucoup de services à domicile sont confrontés à
de tels problèmes financiers que leur fermeture semble inéluctable. Il n’existe pas de financements
dédiés aux actions des SPASAD et des lacunes perdurent dans la coordination des acteurs et des
outils d’information.
Alain VILLEZ appuie l’idée de travail en réseau comme un gage de qualité, soulignant
cependant la difficulté qui résulte de l’exigence de production de preuves. Il y voit une véritable
injonction aux regroupements avec un formalisme important pour la coopération : faire des
conventions, nommer les administrateurs.
La deuxième table ronde, « Vers la loi vieillissement : quel avenir pour les services à domicile et
les établissements ? », animée par Claudy JARRY s’est déroulée sous la forme dialogue entre les
différents intervenants.
Sylvain DENIS, Vice-président du CNRPA, regrette que le processus législatif n’avance pas
assez vite. Il rappelle que, compte tenu du calendrier parlementaire chargé, la loi ne sera pas
promulguée avant l’été et que les décrets d’application ne seront pas mis en œuvre avant fin 2015.
Il est indispensable d’utiliser dès le début de l’année 2015, sans attendre l’aboutissement du
processus législatif, les ressources de la CASA pour financer les actions urgentes.
Guy FONTAINE, Secrétaire général à la FNAAFP/CSF, affirme que le secteur de l’aide à
domicile n’est pas le grand gagnant de la loi autonomie. La loi n’est pas la réforme attendue et
promise. Il appelle une réforme globale du secteur, centrée sur les besoins des personnes en perte
d’autonomie à domicile. Il reconnaît que la loi comprend deux mesures essentielles : d’une part, la
lutte contre la saturation des plans d’aide ; d’autre part, l’allègement des « reste à charge » pour les
plans d’aide les plus lourds. Si certaines des mesures sont intéressantes, notamment sur l’APA, le
législateur n’a envisagé que l’existant, alors que le nombre de bénéficiaires ne cesse d’augmenter.
Adeline LEBERCHE, directeur du secteur social et médico-social à la FEHAP, précise que
les mesures financières ne vont concerner que 28% des personnes aidées (celles dont les plans
d’aide sont saturées). En moyenne, une personne bénéficiaire de l’APA, avec un plan d’aide saturé,
aura 1h30 d’aide en plus par semaine. La loi n’a pas prévu les modalités de revalorisation de l’APA.
En revanche, elle trouve intéressante la réforme de la tarification des SAAD avec un passage de la
tarification horaire à la tarification forfaitaire, donnant une visibilité pluriannuelle des financements
mais déplore que l’on aille d’expérimentation en expérimentation sans qu’aucun Gouvernement ne
passe à l’action.
Jean-Alain MARGARIT, Président du SYNERPA, ne juge pas indispensable l’adoption du
2
volet de la loi. Une loi ambitieuse mais sans moyens ne sera pas pertinente. Il exhorte d’abord
à l’application de la loi existante. Une des grandes lacunes de la loi est de ne pas avoir posé une
définition claire des résidences avec services pour lesquelles il est urgent de définir un statut.
ème
Didier SAPY, Directeur de la FNAQPA, insiste pour une articulation de l’offre sur le territoire.
Les
prévisions financières seront toujours en dessous des besoins réels. Les PLFSS sont
identiques quels que soient les Gouvernements. Ce n’est pas la recherche de l’efficience qui prime
mais la rationalisation, alors que le coût de l’action est souvent moins élevé que celui de l’inaction :
tel est le cas de la mise en place d’infirmière la nuit pour limiter le nombre d’hospitalisation non
justifiée.
La dernière table ronde, « entre nécessaire qualité et contexte socio-économiques quelles
innovations pour les directeurs et les équipes ? » co-animée par Claudy JARRY et Pascal
CHAMPVERT.
Michel AIMONETTI, Directeur d’EHPAD, est revenu sur la définition du terme « innover ».
Est-ce que innover c’est faire du neuf pour faire du neuf, faire du neuf avec du vieux ou alors tout
changer ? La notion d’innovation a pris la première place dans tous les secteurs en 2014 alors
qu’auparavant était privilégié la notion de qualité. Notre pays a connu des innovations majeures
comme la généralisation d’internet, les smartphones… et le secteur médico-social n’a pas échappé
à cette vague : gestion du circuit du médicament, logiciels métiers, développement durable,
mutualisation des moyens, méthodes d’accompagnement (humanitude, zoothérapie, jardin
thérapeutique…).
Pour continuer à innover dans le contexte économique d’aujourd’hui, Michel AIMONETTI suggère
débrouillardise et imagination : en situation de crise, il faut assurer les fondamentaux en mettant de
côté les fioritures. Le terme approprié pourrait être « JUGAAD », mot hindi qui signifie « système
D ». En d’autres termes, savoir faire plus et mieux avec moins ou savoir trouver des solutions dans
un contexte hostile. L’innovation ne nécessite pas toujours des dépenses mais surtout une bonne
idée. Il propose d’inciter et de faciliter le partage des idées innovantes en créant par exemple la
« bourse des ingéniosités des EHPAD » et conclut qu’il faut trouver un catalyseur à la création d’une
pépinière d’innovation sociale.
Christian DU MOTTAY, Consultant, invite à inscrire la sincérité comme un pari. Il existe une
distinction majeure à faire entre le « commandement » et le « management ». Le commandement
correspond à l’idée traditionnelle selon laquelle il y a des personnes « sachantes » qui s’adressent
à des exécutants qui, eux, n’ont pas la connaissance et le savoir. Le management est l’art de susciter
et de mobiliser la créativité chez une personne. C’est faire en sorte de fédérer les acteurs pour
aboutir à des réalisations concertées et partagées. Le talent, c’est quelque chose que l’on donne.
Reprenant la définition étymologique du mot « sincère », lequel signifie croitre ensemble, il réfute
l’idée d’un mangement qui aurait pour but de faire grandir les autres sans s’impliquer. La sincérité
suscite l’implication de tous les acteurs car elle répond à trois besoins fondamentaux chez l’être
humain :

Le besoin d’alliance : lorsque l’on rencontre quelqu’un, on a besoin de savoir si ce dernier
sera un partenaire possible ou au contraire une personne qui risquerait d’abimer confort et
sécurité. Cette analyse est faite à distance avant le premier contact. Il est important de nous
montrer tel que l’on est, en entretenant le moins d’images possibles.

Le besoin de confirmation d’existence : c’est l’angoisse de la non réponse. Pour un être
humain, le seul fournisseur valable de la prise en compte est un autre être humain. La prise
en compte de l’autre est indispensable

Le besoin d’élargissement est l’idée de découvrir qui nous sommes vraiment. On s’est
beaucoup conformé à ce que les gens autour nous demandent d’être. Nous devons chercher
qui nous sommes vraiment. On va vers les personnes qui ont découvert qui ils sont afin de
nous permettre de nous comparer. Il faut découvrir qui l’on est.
Il conclut par une exhortation à la sincérité, non comme une décision, mais comme un pari, en
développement une meilleure connaissance de soi pour y parvenir, en privilégiant la première
personne du singulier, le « je », plutôt qu’un « tu » ou « vous » réprobateur. Ce qui importe pour lui,
c’est la dimension humaine car il faut ménager l’autre et se ménager soi-même et ce faisant,
accompagner l’équipe dans un meilleur le management.
Valentine GHESQUIERES, Juriste FNADEPA

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