Homélie pour la fête du Saint Sacrement du Corps et du Sang du

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Homélie pour la fête du Saint Sacrement du Corps et du Sang du
Homélie pour la fête du Saint Sacrement
du Corps et du Sang du Christ
En cette fête du Saint Sacrement du Corps et du Sang du Christ, des enfants
vont communier pour la première fois. Des grands-parents, des parrains et
des marraines vont se déplacer, parfois de loin, pour venir les assister. C’est
le signe que la démarche des enfants, que nous appelons aujourd’hui la
première des communions, est considérée comme importante dans les
familles.
Nous qui sommes ici ce soir, nous allons faire le même geste que ces
enfants, sauf que ce n’est pas la première fois : nous allons communier au
Corps du Christ.
La fête du Saint Sacrement du Corps et du Sang du Christ qui revient chaque
année, après le temps pascal et la fête de la Sainte Trinité, arrive à point pour
nous rappeler l’importance de ce geste.
Les trois textes bibliques que l’Eglise propose à notre méditation en cette fête
apportent chacun une note bien particulière.
Le premier nous rappelle la célébration de l’alliance entre Dieu et le peuple
conduit par Moïse : Moïse écrit toutes les paroles du Seigneur dans le « livre
de l’alliance » ; il en fait la lecture devant son peuple rassemblé ; et le peuple
déclare : « tout ce que le Seigneur a dit, nous le mettrons en pratique, nous y
obéirons ». Alors Moïse asperge son peuple avec la moitié du sang des bêtes
qui ont été offertes en sacrifice sur l’autel, l’autre moitié ayant été répandue
sur l’autel : le même sang sur l’autel qui représente Dieu lui-même et sur le
peuple ; c’est le sang de l’alliance. Pour ce peuple, le sang représente la vie.
Son alliance avec Dieu est scellée dans le sang, c’est-à-dire pour la vie. Ce
peuple promet de tout vivre en alliance avec Dieu, en union avec lui.
L’alliance, c’est une communion à Dieu, une unité de vie avec Dieu.
C’est une belle décision. Mais toute l’histoire de la première alliance, l’ancien
testament, est une histoire de fidélités et d’infidélités à cette alliance : le
peuple oublie souvent son Dieu, et c’est toujours Dieu qui fait le premier pas
pour rappeler l’alliance à son peuple. Si le peuple est infidèle, Dieu, lui,
demeure fidèle ; il accorde son pardon. Aussi le peuple invente-t-il des fêtes
pour célébrer ce pardon et renouveler l’alliance.
Deuxième texte : l’auteur de la lettre aux Hébreux déclare qu’enfin cette
alliance a été vécue de manière parfaite par un membre de ce peuple, le
Christ Jésus. En lui a été scellée à nouveau l’alliance entre Dieu et, non pas
un peuple, mais tous les hommes. La lettre aux Hébreux parle d’une
« alliance nouvelle », d’un « testament nouveau ». Cette alliance a, elle aussi,
été scellée dans le sang : non pas le sang d’animaux dont on offrait la vie à
Dieu, depuis Abraham, pour représenter la nôtre, mais le sang de Jésus luimême, qui a offert sa propre vie. Dans toute sa vie et dans sa mort, en Jésus,
un homme a vécu fidèlement l’alliance avec Dieu, la communion à Dieu. Cette
alliance est déclarée éternelle. La lettre aux Hébreux déclare que désormais
« ceux qui sont appelés peuvent recevoir l’héritage éternel jadis promis ».
Ceux qui sont appelés, ce sont ceux qui communient au Christ : les enfants
qui communieront pour la première fois, et nous qui communions
régulièrement. Le prêtre le redit à chaque messe : « prenez et buvez-en tous,
car ceci est la coupe de mon sang, le sang de l’Alliance nouvelle et éternelle
qui sera versé pour vous et pour la multitude en rémission des péchés. Vous
ferez cela en mémoire de moi. » À chaque messe, chaque communion,
communiant à Jésus, nous renouvelons l’alliance des hommes avec Dieu :
« ce que le Seigneur a dit, nous le mettrons en pratique, nous y obéirons. »
L’évangile de ce jour nous rapporte l’acte fondateur de ce geste que nous
renouvelons à chaque messe : juste avant de partir pour le mont des Oliviers
où Jésus sera arrêté, où commencera sa passion qui le conduira à la mort sur
la croix… et à la résurrection, Jésus prend du pain et une coupe de vin et
déclare : « prenez… ceci est mon corps… ceci est mon sang, le sang de
l’Alliance versé pour la multitude. » Chaque fois que nous allons communier,
nous déclarons publiquement que nous voulons entrer ou demeurer en
alliance avec Dieu : « ce que le Seigneur a dit, nous le mettrons en pratique,
nous y obéirons. » Vous le voyez, c’est un acte qui engage toute notre vie,
comme le rappelle l’envoi à la fin de chaque messe : « allez dans la paix du
Christ »… allez mettre en pratique ce que Jésus a dit et ce qu’il a fait luimême.
Nous appelons cette fête « sacrement du corps et du sang du Christ ».
« Sacrement » veut dire « signe ». L’hostie consacrée est le signe du Corps
du Christ donné pour les hommes. Recevoir ce signe, c’est nous engager à
vivre de telle manière que notre manière de vivre, de donner notre vie aux
autres, soit pour ceux qui nous côtoient un signe révélateur du Christ Jésus
qui a donné sa vie pour nous.
Prions le Seigneur de nous aider à comprendre la grandeur de toute
communion, depuis celle qui est vécue pour la première fois par des enfants,
en passant par celle que nous venons pratiquer à l’église, jusqu’à celle que
des personnes âgées ou malades reçoivent grâce à ceux qui la leur apportent
au nom d’une communauté chrétienne. C’est toujours le signe d’une alliance
pour la vie : nous laissons Dieu nous prendre la main, et nous tendons l’autre
main à nos frères : l’Eucharistie nous lie à Dieu et à nos frères. C’est le
sacrement de l’Alliance. Amen
Père Gaby Allain

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