PDF - alexandre perigot

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ALEXANDRE PERIGOT
Dumbo Delire
2010-2013
curtain Installation
Variable dimension
Unique
Les pieds dans le rideau 2013
video with Yves-­‐Noël Genod
1’40’’
SOLANG PRODUCTION PARIS-BRUSSELS WWW.SOLANG.FR
Alexandre Perigot, Dumbodelire, exhibition view Centre d'Art Contemporain la Chapelle du Genêteil 2013 -­‐ photo Antoine Avignon © Alexandre Perigot -­‐ co-­‐production Le Carré Scène Nationale, Château-­‐Gontier -­‐ Courtesy Solang Production Paris Brussels. SOLANG PRODUCTION PARIS-BRUSSELS WWW.SOLANG.FR
Alexandre Perigot, Dumbodelire, exhibition view Centre d'Art Contemporain la Chapelle du Genêteil 2013 -­‐ photo Antoine Avignon © Alexandre Perigot -­‐ co-­‐production Le Carré Scène Nationale, Château-­‐Gontier -­‐ Courtesy Solang Production Paris Brussels. SOLANG PRODUCTION PARIS-BRUSSELS WWW.SOLANG.FR
Alexandre Perigot, Dumbodelire, exhibition view with video -­‐ Centre d'Art Contemporain la Chapelle du Genêteil 2013 © Alexandre Perigot -­‐ co-­‐production Le Carré Scène Nationale, Château-­‐Gontier -­‐ Courtesy Solang Production Paris Brussels. SOLANG PRODUCTION PARIS-BRUSSELS WWW.SOLANG.FR
ALEXANDRE PERIGOT
Rideau Dumbo, 2010 (model)
Courtesy Solang Production
ALEXANDRE PERIGOT
Rideau Dumbo, 2010 (rendering, view 1)
Courtesy Solang Production
SOLANG PRODUCTION PARIS-BRUSSELS WWW.SOLANG.FR
DUMBO DELIRE – CHAPELLE DU GENETEIL, CHATEAU GONTIER Le projet « Dumbodélire » consacre le retour d’un art total. Rien d’étonnant de la part d’Alexandre Perigot, ayant vécu plusieurs vies d’artiste à la fois par le théâtre, la danse, le cinéma et les arts visuels. En prenant comme objet le rideau, il s’empare d’un dispositif dont l’histoire est aussi longue que celle de l’art, à la fois tapisserie, tapis, paravent, le rideau fut la peau protectrice des abris des princes nomades. De cet usage intime, le rideau est avec l’avènement du théâtre un tableau écran, point focal du désir tout autant que le métronome du récit, plan de montage de la fiction qui se joue sur scène, mais aussi allégorie de la séparation des mondes, celui du spectateur et celui des artistes, celui de l’espace public et de l’espace autonome de l’œuvre. Le rideau fascine par sa matérialité : rideau de fer ou rideau de fumée, d’un état solide à l’état gazeux, il dispose d’un vaste mode d’apparition et la brillante histoire de l’art à travers le rideau sur laquelle travaille depuis quelques années A. Perigot, nous en dresse l’histoire multiple et controversée. Prêt à disparaître des théâtres révolutionnaires du XVIIIème siècle afin de ne plus séparer le comédien, le metteur en scène du spectateur, il rejaillit avec le développement de la question contemporaine des comportements du spectateur de l’art dans l’espace de l’œuvre. Il est le sujet de nombreux artistes, Felix Gonzales Torres expérimente son rideau de perles rouges, Pina Bausch et le scénographe Peter Babst nous proposent en guise de rideau de scène un mur de parpaings, le rideau safran de Christo dans une vallée du Colorado, nous révèle en les cachant des emplacements grandioses, « la feuille » de la chorégraphe Emmanuelle Huyhn et de l’artiste Nicola Floc’h reconfigure la scène devenue une longue vague ininterrompue, vaste rideau horizontal. La fonction première d’un rideau est à la fois d’inviter et de refermer, d’isoler, de prescrire un mode d’accès au rectangle de la scène. Le plateau scénique voit se succéder toute une série de lieux qui sont étrangers les uns les autres nous dit M. Foucault qui définit ainsi l’hétérotopie « plusieurs espaces plusieurs emplacements incompatibles… C’est ainsi que le cinéma est une très curieuse salle rectangulaire, au fond de laquelle, sur un écran à deux dimensions, on voit se projeter un espace en trois dimensions » les hétérotopies supposent toujours un système de fermeture et d’ouverture. Le Dumbo rideau est un dispositif spatial hétérotopique qui produit une série de relations entre le lieu d’exposition, le rideau et le spectateur. Il juxtapose les points de vue et invite à une pratique de l’espace qui est une expérience unique de la vision. Fréderick Kiesler utilisait cet aphorisme « la forme ne suit pas la fonction, la fonction suit la vision, la vision suit la réalité ». Cet architecte fantasque, rejeté par ses pairs, dans son projet de l’« endless house » expérimente l’espace infini, mais aussi élabore une théorie de l’environnement, une architecture « corréaliste », ovoïde et sphérique. Comme souvent chez Kiesler, les espaces intérieurs sont délimités et composés de rideaux de caoutchouc. Qui n’a pas visité le sanctuaire des livres à Jérusalem ne sait rien de cette expérience d’une architecture en spirale et d’une architecture de la vision associant l’œil et l’œuf. Les hallucinations de Dumbo l’éléphant dessinées sous forme de motifs de camouflage indifféremment imprimés sur les 52 m du rideau, nous invite à pénétrer et parcourir une installation qui est un vaste ruban continu. Cette tentative d’une unité des arts conduit chaque spectateur à vivre une performance (expérience) entre théâtre, cinéma (il recourt aux images de Disney, cite l’ivresse de Dumbo …), arts plastiques et arts visuels. Alexandre Perigot nous conduit vers une pratique de l’œuvre aux points de vues et aux perceptions multiples. Artiste conceptuel, il interroge aussi sa propre place d’artiste dans une pratique constructive toujours très élaborée de l’espace d’exposition (voir Polka Palace autre dispositif d’exposition présenté en même temps au Musée de Bastia), reconnaissant ainsi le primat de l’espace sur toutes autres tentatives d’inscription. Texte de Christian Dautel Directeur Ecole nationale Supérieure d’architecture de Nantes Remerciements spéciaux à : Bertrand Godot, Christian Dautel, Yves-­‐Noël Guenod, Artprodukt et Kotniz, Bialystok, Pologne. SOLANG PRODUCTION PARIS-BRUSSELS WWW.SOLANG.FR
DUMBO DELIRE – CHAPELLE DU GENETEIL, CHATEAU GONTIER The "Dumbodelire" project marks the return of a Gesamtkunstwerk (total artwork). Coming from Alexander Perigot this is not surprising, as he has lived multiple artist lives in theater, dance, cinema and visual arts. Using the curtain as an object, he takes hold of a system of which the history is as long as that of art, at once tapestry, rug, folding screen, the curtain was the protective skin of nomadic princes' shelters. From this intimate use, the curtain then became a screen in the advent of theatre, just as much the focal point of desire as a metronome of the story itself, an assembly plan of the fiction that is played on stage. The curtain is also an allegory of the separation of worlds, of the spectators’ and of the artists’, of the public space and of the space that is autonomous from the work. The curtain fascinates because of its materiality: iron curtain or smoke screen, from solid to gaseous state, it has numerous modes of appearance and the brilliant history of art through the curtain that Alexandre Perigot has studied for several years, draws up its multiple and controversial history. Having almost disappeared in the revolutionary theatres of the 18th century, so as to no longer separate the comedian, stage director from the spectator, the curtain resurfaces when the contemporary question of the spectator's behaviour within the space of the work was developed. Many artists have used it as a subject, Felix Gonzales Torres experiments with his curtain of red beads; Pina Bausch and Peter Babst, the scenographer, offer, in lieu of a stage curtain, a wall of cinderblocks; Christo's saffron curtain in a Colorado valley, reveals grandiose spaces by hiding them; "la feuille" by the choreographer Emmanuelle Hyunh and the artist Nicolas Floc'h reconfigures the stage that becomes a long uninterrupted wave, a vast horizontal curtain. The primary function of the curtain is at the same time to invite and to close, to isolate, to prescribe a means of access to the rectangle of the stage. M. Foucault writes that a stage witnesses a series of spaces, each one of them foreign to the other, he also defines heterotopy as “several spaces several sites that are incompatible… In this way, a movie theatre is a peculiar rectangular shaped room, at the end of which, on a two dimensional screen, a three dimensional space is projected”, heterotopias always imply a system of closing and opening. The Dumbo curtain is a heterotopic space plan that creates a series of relations between the exhibition space, the curtain and the spectator. It juxtaposes the points of view and encourages a practice of space that is a unique visual experience. Frederick Kiesler used the aphorism: "form does not follow function, function follows vision, vision follows reality". This fanciful architect, rejected by his peers, experiments the infinite space in his project "endless house", as well as elaborating a theory of environment, ”correalist" architecture, ovoid and spherical. As it is often the case with Kiesler, interior spaces are demarcated and composed of rubber curtains. One who hasn't visited the book sanctuary in Jerusalem knows nothing of the experience of a spiral architecture and of an architecture of sight that associates the eye and the egg. Hallucinations of Dumbo, the elephant, drawn in the manner of a camouflage pattern on the 52m of the curtain invite the spectator to penetrate and discover an installation that is a long and continuous ribbon. This attempt of unifying these mediums leads the spectator to live a performance (experience) between theatre, cinema (he uses Disney images, quoting Dumbo's inebriation...), fine arts and visual arts. Alexander Perigot takes us towards a reading of the work that has multiple points of view and perceptions. As a conceptual artist, he questions his own position as an artist in the constructive practice of an exhibition space that is always very elaborate (see Polka Palace another exhibit on view at the same time in the Museum of Bastia), thus recognizing the primacy of space over all other attempts of inscription. Text by Christian Dautel Directeur Ecole nationale Supérieure d’architecture de Nantes Translation by Matha Lecauchois Special thanks to: Bertrand Godot, Christian Dautel, Yves-­‐Noël Guenod, Artprodukt and Kotniz, Bialystok, Poland. SOLANG PRODUCTION PARIS-BRUSSELS WWW.SOLANG.FR
Extract of the text Rideau Dumbo by Alexandre Perigot, 2010 Le projet Rideau Dumbo est une extension du projet « Les pieds dans le rideau » que je développe actuel-­‐
lement. Il s’agit d’un rideau monumental dont les dimensions seront d’environ 20m de long pour 5m de haut, imprimé sur les deux faces le motif reprend une image du célèbre film d’animation de Walt Disney: Dumbo l’éléphant, cette image est elle même extraite de la séquence où Dumbo qui après avoir bu du champagne découvre un monde transfiguré, tout en anamorphose. Cette séquence est devenue célèbre car elle est la première représentation connue de l’ivresse dans un cartoon, certains pensent que le pop art y a même puisé son inspiration. Reprendre le motif du dessin animé pour le fixer sur un rideau c’est interroger tous les artifices du spectacle, l’illusion est ici dédoublée, nous sommes invités à revisiter la notion d’ivresse non pas limitée au seul alcool mais à nous intéresser à des notions élargies. Dans le langage courant, le terme connaît une acception plus large : on peut parler notamment d’ivresse de l’amour, ivresse de la ville, ivresse du pouvoir, ivresse de l’argent, ivresse du jeu etc., puisque cet état d’excitation typique n’est pas seulement lié à la prise de substances mais plutôt à la production d’hormones (endorphine par exemple) par le corps, production qui peut être induite par d’autres processus tels que les émotions fortes, la danse, la musique ou les images. C’est à la dimension métaphorique de l’ivresse que Rideau Dumbo s’attache, un rideau psychédélique avec une dimension cathartique qui nous invite à nous dégager de l’expérience réelle de l’ivresse par l’alcool pour une exploration de l’ivresse par l’expérience artistique. « Aimer est le grand point, qu’importe la maîtresse? Qu’importe le flacon, pourvu qu’on ait l’ivresse? » Alfred de Musset. « L’humour: l’ivresse de la relativité des choses humaines; le plaisir étrange issu de la certitude qu’il n’y a pas de certitude. » Milan Kundera. « L’ivresse de la jeunesse est plus forte que l’ivresse du vin. » Proverbe Persan. Rideau Dumbo joue du pli, de la dimension occultante, sourde, des attributs et des significations du rideau de scène. Rideau sans théâtre, il interroge le lieu d’exposition pour une hypothétique représentation. Rideau Dumbo fait migrer la forme populaire du dessin animé à l’espace du spectacle vivant et des arts plas-­‐
tiques, il s’inspire d’une fiction, procédant comme un arrêt sur image, il permet au spectateur de se raconter non pas une mais plusieurs histoires. La réalisation de ce projet pourra intégrer le programme d’exposition « Les pieds dans le rideau ». SOLANG PRODUCTION PARIS-BRUSSELS WWW.SOLANG.FR