DOSSIER SPECIAL TURQUIE Sommaire
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DOSSIER SPECIAL TURQUIE Chrétiens d’Irak réfugiés en Turquie – Paroisse St Antoine, Istanbul © E. Blivet/Œuvre d’Orient Sommaire Le Service d'information du Vatican a confirmé le prochain voyage du Pape en Turquie. A l'invitation de M.Ahmet Necdet Sezer, Président de la République, le Saint Père effectuera un séjour en Turquie du 28 novembre au 1er décembre. Benoît XVI se rendra à Ankara, à Ephèse et à Istanbul. Source : VIS, 16/10/2006 ; I- Situation des chrétiens en Turquie et alentour II - L’Œuvre d’Orient en Turquie III - Turquie et christianisme - la Turquie, un des berceaux du christianisme - Le christianisme en Turquie aujourd’hui IV - Les chrétiens en Turquie, quelques chiffres 2006 Photos : Quelques photos disponibles sur demande à l’Oeuvre. Un reportage photos a été réalisé par le CIRIC Mention obligatoire : L’Œuvre d’Orient novembre 2006 L’Œuvre d’Orient – 20 rue du regard – 75006 Paris - tel. 01 45 48 54 46 Contact Presse : Catherine Baumont – portable : 06 79 86 61 42 email : [email protected] Situation des chrétiens en Turquie et alentour Notre regard est tourné vers l’actualité et vers ce qui se passe au Proche-Orient. Tant d’événements se produisent en ce moment même en Irak, au Liban, en Egypte, en Israël et en Palestine. La Turquie, qui n’est pas arabe, fait parler d’elle. Elle présente sa candidature à l’Union européenne : par le fait, elle pose, entre autres questions, celle du statut des minorités et des religions. On se plaît à souligner sa soi-disant laïcité qu’on rapproche complaisamment de celle de la France sans y regarder de trop près. Pour faire bref, nous considérerons surtout la situation des chrétiens dans les Etats issus du démembrement de l’Empire ottoman à la fin de la 1ère Guerre mondiale. On évoquera la situation religieuse à la fin de l’Empire ottoman afin de mieux comprendre le sort des chrétiens et le statut des religions aujourd’hui. La chute de Constantinople en 1453 est une date. Après l’Empire byzantin qui se caractérisait, au temps de sa gloire, par un unique pouvoir politique et des pouvoirs religieux – quatre patriarches qui se sont multipliés à la suite des conciles œcuméniques, l’Empire ottoman achève le grignotage de la chrétienté mais donne un statut tant à l’islam qu’aux autres religions dites du Livre. Le Sultan, qui ne tarda pas à se revêtir de la dignité de calife afin de mieux contrôler la religion, se méfiait des communautés musulmanes susceptibles de se transformer en foyers de révolte. Un équilibre fut trouvé qui consistait à pratiquer un pluralisme islamique limité où l’Etat dominait la religion. Cet équilibre entre le Sultan détenteur du pouvoir politique et les chefs religieux dura jusqu’au XIX° siècle. Un statut était donné aux autres religions dans le cadre des millet-s. Dans la pratique, comment les choses se passaient-elles pour les chrétiens ? Avec d’autres communautés religieuses, dont la plus importante était la communauté juive, ils vivaient dans la condition de dhimmis. Ils étaient libres de pratiquer leur religion et de gérer leurs affaires à condition de payer un impôt de capitation et de se soumettre à des restrictions de libertés touchant à certains métiers, à leurs maisons et à leurs lieux de cultes qui devaient toujours être de plus petite taille que ceux des musulmans. Ils étaient considérés de la religion du Livre et tolérés comme tels mais ne disposaient d’aucune liberté politique. Il leur était loisible de se convertir à l’islam, l’inverse étant impossible. Cependant, du fait des capitulations, ils jouissaient d’une certaine protection de la part de la France ou, plus tard, de la Russie. Le patriarche orthodoxe était dans l’Empire ottoman l’héritier des patriarches byzantins et des Basileis. Il était le porte-parole des chrétiens de l’Empire et exerçait à leur endroit certaines compétences administratives. Ces compétences furent par la suite, au début du XX° siècle, transférés au patriarche arménien d’Istanbul, suscité pour faire pièce aux prétentions des deux autres catholicos arméniens. C’est au patriarche arménien, ni orthodoxe, ni catholique, que devaient s’adresser les chrétiens qui ne relevaient pas du patriarcat œcuménique pour régler leurs affaires avec la Sublime Porte. Avant la 1ère Guerre mondiale, plus de 20 % de la population de l’Empire était chrétienne. Il faut bien retenir de cette période ottomane que l’islam était sous l’autorité du Sultan qui était aussi calife. Par la suite, la nécessité de réformer l’Etat devant la menace européenne au XIX° siècle, qui, non seulement voulait la fin de l’Empire, mais voulait aussi apporter la modernité et la démocratisation, s’est traduite par une concurrence entre la légitimité du sultan et le réformisme militaire, concurrence qui a caractérisé les dernières années du pouvoir ottoman. En clair, les Jeunes Turcs en voulant moderniser l’Empire vont précipiter sa fin. En prétendant tout turcifier, ils vont faire bouillonner le nationalisme arabe auquel les chrétiens n’avaient pas peu contribué lors de la Renaissance arabe et réveiller le panislamisme. Pour faire face, l’armée ouvert à la modernité régente la religion. Les successeurs des Ottomans s’en souviendront. La Turquie de Mustapha Kémal se voudra laïque, abandonnera les principes de coexistence que l’Empire finissant tentera de mettre en place. On aboutira ainsi, avec le Traité de Lausanne, qui abrogeait les capitulations, à un vaste et dramatique échange population qui se fera selon le critère de la religion, en totale contradiction avec le principe de laïcité. A partir de ce moment, la laïcité turque sera surtout anti-chrétienne. (C’est d’ailleurs pourquoi les minorités chrétiennes de Turquie sont si favorables à l’entrée de leur pays dans la Communauté européenne : elles obtiendraient à la fois le statut de minorité et la liberté religieuse). Ces événements sont arrivés peu de temps après le drame des Arméniens. Chrétiens, ils furent les victimes du génocide que l’on sait. Hélas dans le même moment et dans les années qui suivirent, d’autres génocides seront perpétrés. Je pense particulièrement aux assyro-chaldéens et aux syriaques. La situation actuelle des chrétiens d’Orient ne peut être dissociée du statut fait à l’islam dans les différents Etats issus de l’Empire ottoman. En gros, trois cas de figure se présentent dans le paysage arabe. Celui représenté par l’Arabie saoudite qui, malgré la contestation de ses dirigeants par les fondamentalistes, tire sa légitimité de l’islam, est l’exception. C’est le triomphe de l’islam réformiste wahhabite. Les chrétiens n’y ont aucune place et n’ont aucun droit, pas même de détenir des livres religieux, pas même de prier chez eux en groupe. Il se trouve quand même 900 000 chrétiens dans le Royaume, la plupart de rite latin, parce qu’ils sont originaires d’Inde, du Skri Lanka, des Philippines, voire d’autres Etats arabes. Celui qui reproduit le plus le modèle ottoman, où l’islam est amarré à l’Etat, est le système égyptien. Le Cheikh d’Al-Azhar est nommé par le Président de la République. La condition des chrétiens n’est pas différente de ce qu’elle était autrefois en Egypte et c’est peut-être bien pour cela que, parmi les pays arabes, les chrétiens y sont les plus nombreux. Cependant, les frères musulmans contenus par le pouvoir s’en prennent facilement aux chrétiens considérés comme plus faibles. La dhimmitude continue d’exister sans que le mot ne soit prononcé. Les chrétiens sont interdits de certains métiers, ne dépassent certains grades dans l’Armée ou l’Administration. Les Etats arabes du troisième groupe ont, tous, été marqués par les puissances mandataires qui ont arrangé à leur convenance les frontières de leur territoire et leur organisation gouvernementale. Ils sont aussi les plus instables. On ne peut pas dire que la France ou l’Angleterre y ont importé leurs conceptions de la laïcité mais leur comportement a suscité au sein du nationalisme arabe la poussée du réformisme islamiste qui s’analyse aussi comme une revendication d’identité. Le Liban n’entre pas dans ces cas de figure et doit être traité à part. Que peut-on dire de la laïcité dans les pays arabes du Proche-Orient ? Qu’elle ne dit pas son nom et qu’elle s’apparente à une sécularisation de la société influencée par les Puissances occidentales ; ce péché originel génère une opposition entre la modernité qui va de pair avec une domination occidentale et un réformisme musulman identitaire. L’équilibre est maintenu ou rétabli par les militaires qui constituent généralement l’élite de ces pays. Inspirés par les Jeunes Turcs, puis par l’expérience kémalienne, ils se veulent modernes, nationalistes, promeuvent, hors Turquie, un nationalisme arabe parfois socialiste. Ces élites se présentent comme laïques ou « laïcisantes ». Il n’empêche que, devant une modernité occidentale hors de portée, on voit partout un mouvement de réislamisation identitaire porteur d’une modernité islamique qui sape également les fondements de la société musulmane traditionnelle. Partout, la réislamisation pèse sur les chrétiens qui souffrent, eux aussi, d’une crise d’identité dans une société en pleine mutation. Il ressort de ces courtes réflexions que nous assistons à une généralisation du modèle ottoman des dernières années de l’Empire où l’armée régule sans l’empêcher l’islamisation de la société. Même dans la Turquie laïque, le Diyanet, le ministère des Affaires religieuses, intervient dans les questions religieuses, forme les imams, contrôle les prêches du vendredi dans les mosquées. En outre, l’Etat turc rémunère les 70 000 imams du pays et entretient les mosquées. Cette régulation a cependant du mal à éviter l’éclatement du mouvement religieux générateur de groupes activistes condamnant ces pays à une perpétuelle guerre civile larvée ou déclarée. Ce modèle a donc du mal à fonctionner. Mgr Philippe BRIZARD, Directeur général de l’Œuvre d’Orient L’Œuvre d’Orient en Turquie Les milliers de familles irakiennes réfugiées à Istanbul n’ont que leur Eglise comme seul recours. « Près de 6000 réfugiés irakiens vivent à Istanbul, la plupart attendent un visa pour un départ vers le Canada, l’Australie ou la Nouvelle Zélande. Chaque semaine, arrivent encore des familles entières qui ont fui leur pays. Il n’y a plus de chrétiens à Bassorah » raconte Mgr François YAKAN, vicaire patriarcal et seul prêtre chaldéen de Turquie. Il accueille dans sa paroisse Saint Antoine d’Istanbul près de 4000 réfugiés. Il faut scolariser les enfants, héberger et nourrir les familles, les soigner, les aider dans leurs démarches administratives mais aussi les soutenir psychologiquement… Une charge immense pour Mgr François Yakan qui a créé une école et projette la construction d’un centre d’accueil mais les fonds manquent (300 à 400 000 euros sont nécessaires). L’Œuvre d’Orient participe autant que possible au besoin de financement de la paroisse Saint Antoine. La volonté d’entreprendre malgré toutes les difficultés Les prêtres, religieux et religieuses continuent d’assurer leur mission de charité envers tous, « ce témoignage envers les musulmans est très important » nous assure le curé de la paroisse du Rosaire. Les communautés chrétiennes, même nombreuses, ont besoin de lieux pour prier, se retrouver, s’instruire… Dans le diocèse d’Izmir (quartier Göstepe), l’archevêché souhaite rouvrir une Eglise avec une maison paroissiale et y installer 2 religieuses. Le curé de l’église du Rosaire voudrait transformer une ancienne maison de vacances pour accueillir des enfants autistes pauvres, ainsi que les retraites et la formation des jeunes du diocèse. … et la nécessité de continuer Depuis de nombreuses années, L’Œuvre d’Orient soutient l’hôpital de la Paix d’Istanbul tenu par les Filles de la Charité où elle a financé la restauration du service de psychiatrie et participe au fonctionnement du service de gériatrie. L’œuvre a permis à l’hôpital Sourp Agop d’Istanbul (vieux de plus de 160 ans et dépendant de l’archevêché arménien catholique) d’acquérir le matériel médical nécessaire à son fonctionnement. A Istanbul encore, l’Œuvre d’Orient participe aux frais de fonctionnement de la maison de retraite tenue par Les ¨Petites Sœurs des Pauvres et contribue aux aides sociales mises en place par les communautés chaldéennes, arméniennes et syriennes. Turquie et Christianisme Survol historique La terre actuelle de Turquie fut un des berceaux : - de l'église primitive, depuis les apôtres - de l'élaboration du contenu de la Foi chrétienne : les grands conciles - des grandes Eglises: Arménienne, Chaldéenne, Syrienne, Grecque, etc.… - de la Théologie chrétienne : Pères de l'Eglise - de la division des Eglises. LA TURQUIE, UN BERCEAU DU CHRISTIANISME Pour les chrétiens, la Turquie est (devrait être) la TERRE SAINTE tout autant que la Palestine ou Israël. Cela n'est pas un effet oratoire mai une réalité. Il suffit de s'appuyer sur les faits. La terre actuelle de Turquie, un des berceaux de l'Eglise primitive C'est à Tarsus, en Turquie, que sont nés Saint Paul, Saint Pierre, Saint Jean Evangéliste, Saint Luc, Saint Barnabé, Saint André, l'apôtre Saint Philippe, le diacre saint Philippe et ses filles, Sainte Marie de Magdala et la Vierge Marie elle-même vécurent sur cette terre turque! C'est sur cette terre de Turquie que furent rédigés plusieurs textes du Nouveau Testament : plusieurs lettres de Saint Paul, les Evangiles, les lettres de Saint Jean. Une grande part des activités missionnaires relatées dans le livre des Actes des Apôtres s’est déroulée sur cette terre de Turquie. Rappelons: Antioche sur l'Oronte, Antioche de Pysidie, Iconium, Atalya, etc... Rappelons également que les villes des sept assemblées (églises) chrétiennes mentionnées dans le livre de l'Apocalypse se situent en Turquie: Smyrne (Izmir), Pergame (Bergame), Thyatire (Akhisar), Sardes (Sarta), Philadelphie (Alasehir), Laocidée (Denizli) et Ephèse (Selçuk). Parmi les témoins de l'événement Pentecôte à Jérusalem plusieurs venaient de Turquie : "Habitants de Mésopotamie, de Cappadoce, du Pont, d'Asie, de Phrygie.... Nous les entendons exprimer dans notre langue les merveilles de Dieu !..." -Acte 2/9, 11 C'est à Antioche sur l'Oronte que l'on emploie pour la première fois le nom de "chrétien" pour désigner les disciples de Jésus de Nazareth, le Christ. - Actes 11/26- La terre actuelle de Turquie, un des berceaux de l'élaboration de la foi chrétienne 9 Les sept grands conciles œcuméniques - 325 le Concile de Nicée (Iznik).... Arianisme - 381 le Concile de Constantinople (Istanbul) Et chaque dimanche quand nous participons à l'Eucharistie, nous récitons ensemble le CREDO qui a été composé lors de ces deux conciles de Nicée et de Constantinople. - 431 le Concile d'Ephèse.... Le monothéisme - 451 le Concile de Chalcédoine (Kadikoy) - 553 le Concile de Constantinople Il - 681 le Concile de Constantinople III - 787 le Concile de Nicée 11.......... Culte des icônes. 9 Les grands théologiens et écrivains chrétiens Les Pères de l'Eglise tels que St Ignace d'Antioche, St Polycarpe de Smyrne, les Cappadociens St Basile le Grand - 310-379, St Grégoire de Nysse - 335-394 et St Grégoire de Naziance - 330-390, St Jean Chrysostome de Byzance - 345-407, St Ephrem le syrien (de NisibeNusaybin) - 306-373. Mais aussi St Syméon le nouveau théologien, St Théodore le studite, Diodore de Tarse et Théodore de Mopsueste.... 9 Les grands saints Dans les trois premiers siècles de l'Eglise des centaines de martyrs témoignèrent de leur foi chrétienne à Malatya, Anavarsa, Nicée, Nicomédie, Ephèse... Dans le seul mois de février, nous pouvons célébrer 16 saints de Turquie: - le 1er St Ignace, évêque d'Antioche (Antakya) - St Pione, martyr à Izmir avec 15 compagnons (250) - St Pierre la Galate, ermite (429). - le 3 St Blaise et sept saintes femmes martyres à Sivas (316) - le 4 St Théophile le pénitent à Adana (vers 538) - le 5 Ste Théodule et ses compagnons martyrs à Navarsa (304) (Evagre, Boëce, Macaire) - le 6 Ste Dorothée, martyre à Kayseri (fin 3e siècle) -le 9: St Romain le thaumaturge à Antakya (5e siècle) - le 10 St Charalampe et ses compagnes martyres à Yalvaç (202) (Porphyre, 3 femme - le 12 St MéJèce de métylène (MaJatya) évêque d'Antioche (381durant le concile) - le 13 St Polyeucte, martyr à Eski Malatya (250) - le 14 St Auxence, higoumène au Mont Axia de Kadikoy - le 16 Ste Julienne martyre à Izmit (305) - le 19 St Rabulas, ermite à Istanbul (530) - le 21 St Thimotée, ermite à Uludag Bursa (9ème siècle) - le 23 St Polycarpe, évêque martyr à Izmir (155) - le 26 St Nestor, évêque de Magydos, et ses compagnons martyrs à Pergé (250) - le 28 St Nymphas, compagnon de St Paul, martyr à Laodicée (Denizli) (coI.4/15), St Abercius, évêque de Hiérapolis (Pamukkale) (2ème siècle) La terre actuelle de Turquie, berceau de grandes Eglises 9 L'Eglise Orthodoxe L'Empereur Constantin fonda la ville de Constantinople en 330. "Nouvelle Rome", rapidement elle devînt le premier patriarcat d'Orient, et le foyer d'un christianisme rayonnant. C'est dans cette Eglise que s'élabore le rite qui est aujourd'hui celui de près de 200 millions de chrétiens de rite byzantin. L'ensemble des Eglises reconnaît au patriarcat de Constantinople une primauté d'honneur (SS Bartolomeos I). La communion entre l'Eglise de Rome et l'Eglise de Constantinople fut rompue lors du grand schisme de 1054. Longtemps, leurs différences légitimes furent considérées comme d'insurmontables divergences. 9 L'Eglise Assyro Chaldéenne Cette Eglise débute son existence avec St Thomas Apôtre. A partir du 2ème siècle c'est l'évangélisation de l'Osroëne (région d'Edesse - Sanli Urfa) et c'est la naissance de l'Eglise d'Orient (avec de nombreuses légendes). Née en dehors de J'empire romain, cette Eglise très ancienne a évolué de façon autonome et, à vrai dire, de façon originale. En 286, le zoroastrisme devient religion d'état dans l'empire perse des Sassanides. Le christianisme est perçu comme la religion de l'ennemi (empire romain byzantin). D'où de violentes persécutions. Mais c'est aussi l'époque des grands écrivains poètes : Aphraate "le Sage Persan" (écrit vers 336-345) et le diacre Ephrem à Nisibe (Nusaybin) et à Edesse (Sanli Urfa). Cette Eglise garde l'araméen pour la célébration du culte (écriture "serto") A partir du Concile d'Ephèse en 4311 le vocabulaire théologique n'est ni compris, ni accepté, et c'est la séparation avec Rome. Bien que persécutée, cette Eglise fut très missionnaire: Eglise Malabare, Syro-Malabare et jusqu'en Chine. Cette expansion du christianisme par l'Eglise d'Orient s'éteint lentement à partir de l'avènement des Ming (1368-1644) et les conquêtes de Tümür Leng (Tamerlan "le boiteux). Sous l'influence des occidentaux, un groupe issu de cette Eglise devient catholique : les Chaldéens (langue araméenne, syriaque orientale: écriture "estranguilo") Puis, à partir des remous du Concile de Chalcédoine en 451, il y a de nouvelles oppositions contre Rome-Byzance, causées par le langage théologique de Chalcédoine et la politique oppressive de Byzance-Constantinople. C'est le cas de l’Eglise dite « de Syrie ». 9 L'Eglise dite « de Syrie » Elle prend son indépendance sous l'impulsion de Jacques Bar Addai (Barian=guenille), grand prédicateur pauvre. D'où le nom de "Jacobite" donné à cette Eglise par les occidentaux. Cette Eglise préfère néanmoins se nommer "l'Ancienne" - "Kadim". Son patriarcat se trouva longtemps à Deyr ul Zafaran (sud-est de la Turquie). Au XVIe S, sous l'action de missionnaires occidentaux, le mouvement catholique vit le jour. En 1781, un évêque de cette tendance fut élu patriarche "catholique". Une partie des fidèles et du clergé suivirent. 9 L'Eglise Arménienne La tradition fait remonter l'évangélisation de l'Arménie aux apôtres Barthélemy et Thaddée. Mais le "père de l'Eglise arménienne" reste St Grégoire l'Illuminateur (260-326) qui convertit le roi Tiridate et substitua le christianisme aux cultes païens sur' tout le territoire. Les descendants de Grégoire, surtout son arrière petit fils Nerses, continuèrent son œuvre. Sous le patriarcat de Sahak, fils de Nerses, fut créé un alphabet arménien. L'évangélisation des campagnes s'intensifia, et une littérature arménienne vit le jour. Ce 5ème siècle fut également l'âge d'or de J'art arménien. En 551, un siècle après le Concile de Chalcédoine, l'Eglise arménienne rejeta ce concile et adopta la doctrine dite "monophysite". Partagée par les invasions et dominations, l'Arménie se dédoubla en Arménie orientale avec son patriarcat à Etchmiadzine (1441), et en Arménie occidentale en Cilicie, avec son patriarcat à Sis. En 562, un certain nombre d'évêques étaient restés chalcédoniens. Il semble bien que dans l'Eglise arménienne il y eu toujours des évêques et des prêtres, sinon unis à Rome, du moins catholiques de cœur. Les relations furent plus fréquentes dans la "Petite Arménie" (Cilicie). LE CHRISTIANISME EN TURQUIE AUJOURD’HUI Habituellement, il est dit et il est écrit que sur une population de 72 millions d'habitants, il n'y a pas plus de 100 000 chrétiens appartenant à des Eglises officielles en Turquie. 9 Les Eglises non catholiques L'Eglise arménienne apostolique - L'Eglise syrienne jacobite « kadim » - L'Eglise orthodoxe grecque (patriarcat œcuménique) - L'Eglise anglicane - L'Eglise orthodoxe de Turquie - L'Eglise orthodoxe bulgare - L'Eglise évangélique allemande - Les Eglises dites "protestantes". 9 Les Eglises catholiques - Les Eglises orientales : arménienne, syrienne, Assyro-chaldéenne, gréco-catholique, maronite - L'Eglise latine (improprement appelée "romaine") Toutes ces Eglises ont leur hiérarchie propre (sauf les Byzantino grecs et les Maronites). Les responsables de ces Eglises se réunissent en une seule Conférence Episcopale de Turquie (la C.E.T). Actuellement on ne compte pas plus de 24 000 catholiques en Turquie, principalement à Istanbul, ensuite à Izmir et dans le sud-ouest de la Turquie (Iskenderun, Mersin, et Antakya). Pour les catholiques latins, il y a trois grands diocèses (un archidiocèse et deux vicariats: Izmir, Istanbul et en Anatolie. Chacun a un évêque à sa tête). Source : Mgr. François YAKAN, vicaire patriarcal chaldéen de Turquie pour l’Œuvre d’Orient - Octobre 2006 Les chrétiens en Turquie : quelques chiffres 2006 Il est très difficile de donner des statistiques fiables sur le nombre des chrétiens en Turquie particulièrement pour deux raisons : vieillissement de la population et des communautés chrétiennes et exode des chrétiens depuis plus d'un siècle. Les non catholiques 9 L'Eglise arménienne apostolique : avec 5.000 fidèles, c’est la Communauté la plus nombreuse. Elle compte plus de 35 lieux de culte très actifs. La jeunesse fréquente ses écoles... 9 L'Eglise syrienne jacobite « kadim : c’est la deuxième communauté par le nombre. 8.000 fidèles à Istanbul et 2000 dans l'Est du pays. Une église très solidaire entre elle 9 L'Eglise orthodoxe grecque (patriarcat œcuménique) compte entre 1800 et 2300 personnes 9 L'Eglise anglicane : nombre inconnu... 9 L'Eglise orthodoxe de Turquie : nombre inconnu 9 L'Eglise orthodoxe bulgare compte entre 200-300 fidèles Pas de prêtre. 9 L'Eglise évangélique allemande : nombre inconnu mais très active dans les lieux touristiques... 9 Les Eglises dites "protestantes" : plus de 5000 personnes Les catholiques Environ 24 000 fidèles : 9 L Eglise arménienne : un seul diocèse, trois prêtres, plusieurs écoles, hôpitaux et paroisses… Le nombre des fidèles ne dépasse pas 2500 personnes 9 L’Eglise syrienne : un seul diocèse, une seule paroisse (Istanbul) avec un seul prêtre pour toute la Turquie. Environ 1800 - 2000 fidèles. 9 L’Eglise Assyro Chaldéenne : un seul diocèse, un seul prêtre, 4 lieux de culte ouverts (Diyarbakir, Mardin et deux à Istanbul), une école pour les enfants de réfugiés… La communauté compte 4427 fidèles : 627 personnes + 3800 réfugiés (en provenance d’Irak). 9 L’Eglise gréco-catholique : pas de paroisse, pas de fidèles. 9 L’Eglise maronite : pas de paroisse, pas de fidèles. 9 L Eglise latine : 3 grands diocèses (Istanbul, Izmir et en Anatolie), plusieurs paroisses, écoles et un clergé très nombreux, plusieurs congrégations travaillent en Turquie... Impossible de donner des chiffres précis car ces fidèles sont des étrangers qui viennent du monde entier et ne restent que quelques années en Turquie. On peut estimer leur nombre autour de 14 à 16 000. Source : Mgr. François YAKAN, vicaire patriarcal chaldéen de Turquie pour l’Œuvre d’Orient - Octobre 2006