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Quelles lunettes pour des cagoules ?
Approches sociologiques de l’utopie zapatiste
Bernard Duterme1
Tentative originale mais fragile de renouveler et de combiner, dans les paroles comme
dans les actes, une pluralité d’aspirations puisées dans l’histoire des luttes, la rébellion des
indigènes zapatistes du Sud-Est mexicain et sa portée utopique restent considérables. Si l’on y
retrouve l’aspiration républicaine à la démocratie politique et à la citoyenneté, conjuguée à la
quête socialiste et tiers-mondiste d’égalité entre les groupes sociaux et entre les peuples, la
nouvelle perspective émancipatrice à l’oeuvre s’est enrichie, on le sait, d’accents plus
inattendus : le souci du sujet, du statut de l’individu dans le collectif et de son émancipation ;
l’appel à la reconnaissance des diversités et des identités culturelles ; la conscience écologique
des limites du progrès ; la revendication d’égalité entre les hommes et les femmes ; le lien
étroit entre problèmes locaux et réalités mondiales ; la culture expérimentale et participative,
etc. Bien que l’ensemble ait été copieusement discuté depuis le soulèvement indigène du 1er
janvier 1994, à ce jour toutefois, pas de trace significative d’une réflexion aboutie sur les
types d’approche sociologique dont la rébellion ou son utopie ont été l’objet.
Un travail de méta-approche synoptique et critique du mouvement zapatiste reste dès lors
à réaliser. Le défi dépasse bien sûr les limites de cet article. Tout au plus celui-ci se
proposera-t-il, d’expliciter les principales lectures sociologiques du zapatisme, leurs plis et
leurs évitements. Sans surprise, deux écoles, certes plurielles, dominent largement le
panorama : la tradition marxiste et la tradition tourainienne. Nous nous y limiterons, pour
oser, dans un deuxième temps, une lecture critique de ces deux approches et de leurs rendus
de « l’utopie du Chiapas ». Le propos se conclura sur une exploration, trop brève, des apports
potentiels, à la sociologie du mouvement zapatiste, des efforts de convergence et d’intégration
qui structurent depuis une quinzaine d’années le champ de la conceptualisation de l’action
collective. L’objectif ambitieux de cet article consiste donc à suggérer les voies d’une
complexification ou d’un enrichissement des manières de rendre compte du « réel zapatiste »,
à partir d’une mise à plat des approches dominantes et d’une discussion de leurs éventuelles
limites...
A la manière des marxistes
Trait majeur et caractéristique des approches structuralistes, la rébellion zapatiste y est
d’abord et surtout expliquée par ses causes (Gonzalez Casanova, 1995). Elle est réaction à un
contexte qui l’oblige, à des contradictions qui la rendent nécessaire, à un faisceau d’éléments
structurels et conjoncturels qui en explique l’« existence ». Existence plutôt qu’émergence,
car ce n’est pas tant du processus de constitution d’une action collective conflictuelle dont il
va être rendu compte, que des ingrédients dont l’addition provoquera le résultat abouti du 1er
janvier 1994.
La problématique de l’accès à la terre est bien sûr centrale et, dans la foulée, celle des
circuits commerciaux et des politiques agricoles. Les inégalités et les discriminations y sont
manifestes. Le peuplement progressif de nouvelles zones de colonisation dans la région de la
selva lacandona à partir des années 1950, pour faire face au trop-plein démographique sur les
hautes terres, ne va pas fondamentalement changer la donne, même s’il la complexifie. Le
1
. Sociologue, directeur du CETRI (Centre tricontinental, Louvain-la-Neuve), coordinateur de « Mouvements et
pouvoirs de gauche en Amérique latine » (Paris, Syllepse, 2005).
1
rapport de force entre un paysannat indigène en situation de survie et une oligarchie locale
assoupie, depuis l’époque coloniale, sur ses monopoles, dans un Etat riche en ressources
naturelles et pratiquement non industrialisé, continue à prévaloir. C’est en tout cas, dans sa
version la plus synthétique, l’image dominante que la lecture marxiste renvoie de la
configuration sociale du Chiapas.
A ce donné structurel s’ajoute alors, dans un compte-rendu cumulatif inexorable, une
cascade de détonateurs conjoncturels qui vont empirer la fracture et partant, les griefs des
indigènes, plus que jamais prisonniers d’un « cycle d’appauvrissement et d’endettement »
(Harvey, 1994). Il s’agit, en vrac, du retrait, dans le courant des années 1980, d’un Etat déjà
défaillant en matière de politiques agricoles ; de la chute en 1989 du prix du café ; du
rendement décroissant du maïs sur des terres autant convoitées qu’épuisées ; de
l’augmentation du prix des intrants agricoles ; de la promesse contenue dans les négociations
des Accords de libre-échange nord-américain (Alena) d’importations massives d’un maïs
états-unien plus compétitif ; de la réforme, début 1992, de la Constitution mexicaine qui offre
aux paysans la possibilité de vendre les terres communales…
Sur le plan politique, les choses sont encore plus tranchées. Aux yeux des analystes,
l’ennemi commun de ces paysans indigènes, ouvriers agricoles ou petits producteurs, revêt les
traits de l’Etat mexicain, du parti unique qui l’incarne depuis les années 1920, le PRI (Parti
révolutionnaire institutionnel). Coupable de la généralisation des politiques de libéralisation
économique et de mesures sociales inadéquates, le PRI mexicain est également perçu comme
le responsable des actes du gouvernement de l’Etat du Chiapas : clientélisme, soutien aux
grands propriétaires dans l’accaparement de terres réclamées par les paysans, et surtout
accroissement de la répression... Autant de facteurs, sources d’insatisfactions et de frustrations
redoublées.
Les ingrédients « organisationnels » internes requis pour favoriser la métamorphose
d’une population affectée en un mouvement de rébellion sont aussi au rendez-vous. En effet,
pas de révolte digne de ce nom, sans une haute capacité d’organisation, un leadership résolu et
une idéologie de référence à orientation nationale (Skocpol, 1986). Les observateurs marxistes
trouveront les trois, en gestation, dans l’histoire chiapanèque du quart de siècle qui précède le
1er janvier 1994. Et plus précisément, dans le travail de conscientisation de l’Eglise catholique
locale qui a pris, dans la foulée de la Conférence de l’épiscopat latino-américain de 1968, une
claire « option préférentielle pour les pauvres » et, en monde indien, « pour la libération des
indigènes »… Mais aussi dans l’activisme de militants urbains de toutes les gauches qui ont
rallié les confins chiapanèques « à la recherche de bases », après les échecs des mobilisations
étudiantes dans les grandes villes.
Parmi les derniers arrivés, le futur « sous-commandant Marcos » qui, en adaptant peu
à peu, au fil des ans, son travail politique, son discours et ses objectifs aux réalités et aux
rapports de force locaux, voire en modifiant substantiellement ses positions de départ,
s’imposera comme le leader réel de la rébellion du Chiapas. Selon les théoriciens
structuralistes des mouvements sociaux, les indigènes trouveront donc dans ces « élites
marginales » (Skocpol, 1986, 84-86) et leurs interventions successives ou parallèles les
ressources tant idéologiques qu’organisationnelles, nécessaires à leur soulèvement.
L’autre grand domaine d’investissement des observateurs marxistes de la rébellion
zapatiste a trait à « l’essence distinctive » (Seoane et al., 2004), à « la transcendance
singulière » (Boron, 2002), au caractère « postmoderne extraordinairement original et
créatif » (Gonzalez Casanova, 2001) du mouvement. Bref, à sa nouveauté. Une nouveauté,
cependant, non pas tant objet d’analyse sociologique qu’enjeu de débats politiques. C’est
d’ailleurs moins l’originalité de la dynamique, des répertoires d’actions ou des pratiques de la
rébellion qui est traitée, que la hardiesse de ses positions, de son utopie, de son discours. Les
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textes de théorisation politique vont se multiplier dans le camp des penseurs marxistes,
délaissant pour de bon le champ de la sociologie de l’action collective.
L’explication de l’origine du profil novateur de la rébellion était déjà contenue dans
l’analyse des causes du soulèvement : restructuration du capitalisme au-delà des usines,
libéralisation du secteur agricole, etc. L’ensemble a créé de nouvelles conditions pour les
luttes sociales : déstructuration des bases matérielles et culturelles sur lesquelles s’était
constituée la classe ouvrière, structuration de nouveaux espaces sociaux et de nouvelles
formes d’expression revendicative. A un niveau plus local, l’originalité du mouvement est
aussi analysée comme le résultat du brassage des influences réciproques exercées par les trois
traditions à l’œuvre dans la préparation de la mixtion zapatiste : la tradition communautaire
indigène, la tradition révolutionnaire des guérilleros urbains, la tradition prophétique de
l’Eglise locale.
Mais en quoi consiste enfin, aux yeux des observateurs marxistes, le caractère
novateur de l’utopie de la rébellion ? Deux aspects principaux se détachent : la question de
l’Etat et de l’autonomie d’une part ; celle du statut de l’organisation et de ses pratiques de
l’autre (Baschet, 2002). Le premier renvoie tant à la mise en cause zapatiste du modèle
jacobino-léniniste qui assimile le processus révolutionnaire à la prise du pouvoir d’Etat et à la
transformation de la société par son biais, qu’à la priorité donnée par la rébellion à l’ouverture
d’espaces civils de lutte, à la création de formes d’auto-organisation sociale, décentralisée et
participative. Le « refus » de la conquête militaire ou électorale du pouvoir d’Etat n’indique
donc ni un renoncement au combat politique ni un abandon de la perspective d’une
organisation nouvelle du pouvoir2. La défiance zapatiste à l’égard de l’Etat comme instrument
déterminant de la révolution sociale n’est en outre que relative, dans la mesure où elle
s’accompagne d’un attachement réaffirmé aux concepts de souveraineté et d’indépendance
nationales face aux intérêts et à l’hégémonisme des puissances dominantes. Articulation
originale donc (ou ambiguë) entre une perspective libertaire d’auto-organisation de la société
et une inscription dans les traditions du nationalisme mexicain et des luttes anti-impérialistes
de libération nationale.
Le deuxième aspect singulier qui retient l’intérêt des observateurs a trait à
l’autodévalorisation constante et souvent ironique de l’EZLN en tant qu’organisation
instituée, au nom de la primauté accordée au mouvement social et à la dynamique
démocratique. La stigmatisation zapatiste de l’avant-gardisme éclairé, du verticalisme
décisionnel, de la confiscation de la démocratie par le leadership, des risques de la délégation,
de la conception sacrificielle du militantisme est l’autre face de l’aspiration – essentiellement
éthique – de la même rébellion à l’homogénéité des moyens et des fins, à l’horizontalisme des
décisions collectives, à l’inclusion et à la tolérance, à la reconnaissance de la diversité
subjective… « Aspiration », car la posture zapatiste s’accompagne d’une conscience aiguë,
affichée dans l’autodérision, des limites de ses propres pratiques.
Sur cette base, plus qu’à une analyse sociologique du profil de la rébellion du Chiapas,
l’approche marxiste, dans toute sa pluralité, va s’adonner à un prolifique travail de réflexions
politiques et de débats théoriques – toujours en cours – sur les conceptions zapatistes de l’Etat
et de l’organisation révolutionnaire. Tantôt, à la manière d’Atilio Boron (2002), pour en
indiquer, au nom d’une certaine orthodoxie, les impasses théoriques et stratégiques :
conception transclassiste de la société civile et libérale de la démocratie, évitement de la
question du pouvoir, « vacuité du discours postmoderne sur ‘les nouvelles modalités de
l’action politique’»… Tantôt, à la manière de Pablo Gonzalez Casanova (2001), pour en
2
. A noter que si la plupart des analystes marxistes tendent à traiter le rejet de la conquête du pouvoir d’Etat
comme un en-soi idéologique de l’EZLN, certains osent une lecture moins essentialiste d’une posture considérée
alors comme circonstancielle : « les zapatistes disent ne pas vouloir ce que, de toute façon, ils ne peuvent
atteindre. C’est faire de nécessité vertu » (Bensaïd, 2003, 58).
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célébrer la lucidité, la pertinence universelle et la contribution au renouvellement de la gauche
latino-américaine et de la pensée émancipatrice… Tantôt encore, à la manière de John
Holloway (2002) dans le filon libertaire remis à jour par Michael Hardt et Antonio Negri dans
Empire, pour y trouver les éléments d’une utopie révolutionnaire sans prise du pouvoir,
formulée au prix d’une mise à distance assumée de l’histoire et du réel…
A la manière des tourainiens
Logiquement, on retrouve dans l’approche tourainienne de la rébellion du Chiapas une
série de faits et d’éléments de caractérisation déjà mobilisés dans les travaux marxistes sur le
zapatisme. D’importantes zones de recouvrement existent donc, ainsi que des accents
complémentaires. Mais les différences entre les deux lectures sont aussi manifestes et
fondamentales, tant dans les postulats que dans les réalités – contradictoires – et les types
d’action collective – antinomiques – mis au jour. Ce sont pourtant les deux mêmes grandes
dimensions de la rébellion, déjà couvertes par les marxistes, qu’explorent pour l’essentiel les
travaux d’inspiration tourainienne : l’avant 1er janvier 1994 d’une part, l’originalité de la
parole zapatiste de l’autre.
Au centrage sur les causes et à leur relevé cumulatif opérés par les analystes marxistes,
les observateurs tourainiens – Yvon Le Bot en particulier – préfèrent une analyse des
processus sociaux et culturels qui ont amené un secteur de la population indigène à choisir le
recours aux armes, à basculer dans une logique insurrectionnelle. Plutôt que l’aboutissement
inexorable ou l’apothéose d’un long processus de maturation d’un mouvement paysan et
indien, le soulèvement zapatiste est ici considéré comme le résultat d’une rupture, d’une crise
d’un mouvement social empêché dans son émancipation.
L’élucidation de la genèse de ce mouvement social passe non seulement par l’analyse
des influences extérieures déjà évoquées, mais aussi par la mise au jour d’un processus
d’émancipation au sein même du monde indigène. Processus à l’œuvre depuis quelques
décennies et lié tant à la pression démographique et à la colonisation de nouveaux territoires
qu’à des facteurs de modernisation concomitants. En rupture avec les unanimismes
communautaires, une nouvelle génération d’élites indigènes a émergé. Emancipée et
émancipatrice, elle va s’attacher au démantèlement du conformisme défensif qui lie, sur le
plan politique, les communautés indigènes au pouvoir du PRI par le biais de la soumission du
caciquisme conservateur aux administrations officielles indigénistes.
C’est ce secteur social modernisé, dynamique et contestataire, mû par une forte
aspiration à l’autonomie et à la responsabilité, qui, au contact de l’Eglise locale et des
militants de gauche venus des villes, va jeter les bases d’un mouvement social indien et
paysan, affirmatif et « progressiste », structuré autour de revendications socioéconomiques.
Au sortir des années 1980, ce mouvement de modernisation va toutefois finir par se briser
« contre les nouveaux murs édifiés par le néolibéralisme » (Le Bot, 2003, 133). Les nouveaux
acteurs économiques que sont les indigènes mobilisés de la selva lacandona sont les premiers
à en faire les frais. L’effondrement du cours du café, la levée des restrictions à l’importation
du maïs états-unien, etc. (voir ci-dessus), ajoutés à la cooptation ou à la répression accrue
d’un Etat dont l’élite traditionnelle perd aussi pied, signifient l’asphyxie du mouvement
d’émancipation et sa fragmentation. Le « passage à l’acte » de 1994, loin d’être l’expression
la plus élevée du mouvement social, apparaît dès lors comme la manifestation de son
empêchement, l’une seulement des options retenues par un secteur social confronté aux
impasses de la modernisation et du développement, en butte à la répression et au racisme
(Zermeno, 2001).
L’autre grand point de focalisation de l’approche tourainienne de la rébellion du
Chiapas a trait à ce qu’Alain Touraine lui-même appelle la portée historique du mouvement
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zapatiste, sa signification exceptionnelle, à savoir l’avènement d’une « antiguérilla » qui met
fin au modèle guévariste, marxiste et léniniste de changement social pour affirmer le projet
démocratique au cœur de l’action collective conflictuelle (Touraine, 2004). Pour Yvon Le
Bot, les caractéristiques qui font l’originalité du mouvement expliquent aussi son écho
international : « Le mouvement s’est développé parallèlement à la décomposition des
idéologies du sens de l’Histoire et à la crise de la modernité. Il n’en appelle pas à des
principes universels abstraits (…), mais à la formation d’acteurs historiques concrets, à leurs
droits (…). Son horizon est celui d’une universalité (…) qui se conjugue avec la diversité
culturelle. » (Le Bot, 2000, 221).
Si la caractérisation tourainienne de l’originalité zapatiste s’appuie sur certains faits et
gestes de la rébellion, elle s’ébauche essentiellement à partir de la parole zapatiste et plus
particulièrement du discours de son leader, le « sous-commandant Marcos ». Souvent
d’ailleurs les deux coïncident, l’auto-analyse du guérillero cagoulé et le diagnostic de
l’observateur. Et ce, notamment, dans l’explication de la transformation du noyau guévariste
armé et « révolutionnaire carré » du début – manifestation résiduelle des anciennes guérillas
et idéologies – en un nouveau mouvement social ou plus précisément en un « désir de
mouvement social » pluriel, inclusif, antimilitariste, postcommuniste, indéfini et réflexif,
identitaire et démocrate (Le Bot et Duterme, 1999)... Cette transfiguration serait le résultat
d’un chapelet d’inflexions occasionnées « par l’effondrement du communisme, par la
rencontre des marxistes urbains avec le monde indigène (choc culturel), par l’affirmation en
son sein d’une volonté d’émancipation féminine et, après le soulèvement du 1er janvier 1994,
par la rencontre avec la société civile » (Le Bot, 2000, 221).
Aux yeux des tourainiens, le sujet zapatiste, individuel et collectif, est ethnique,
national et universel. Il se veut mexicain sans cesser d’être indien : « égal et différent ». Il est
aussi la première insurrection déclarée contre la mondialisation néolibérale. Il combine
exigence éthique (justice), besoin de reconnaissance (liberté et dignité) et revendication
politique (démocratie). « Dans un monde dominé par la loi du marché » et transi face aux
crispations violentes d’acteurs identitaires, Touraine perçoit le mouvement zapatiste comme
l’une des tentatives les plus éclatantes d’articuler identités culturelles, modernité et
démocratie. Les mouvements sociaux « qui correspondent le mieux à l’émergence du sujet,
dans le monde contemporain, sont ceux dans lesquels (…) la revendication de reconnaissance
des particularités de l’acteur est associée à un combat destiné à réduire une domination
sociale et à mettre en cause un principe de hiérarchie », précise Michel Wieviorka (2000,
24). En 1997, Yvon Le Bot concluait, au terme de ses longs entretiens avec le souscommandant Marcos, que « le réenchantement du monde » commençait dans le Chiapas…
« La possibilité d’une régression, d’un retour à l’idéologie et aux pratiques
révolutionnaires anciennes » (Le Bot, 1997, 72) serait devenue, depuis 2001, plus présente.
En cause, la marginalisation de l’acteur zapatiste sur la scène nationale suite à l’adoption par
les autorités d’une loi indigène « paternaliste », et, sur la scène internationale, « le retour de
l’Histoire, des anciens schémas (impérialisme, anti-impérialisme) », « la guerre entre
l’hyperpuissance américaine et le terrorisme islamiste », « la montée des
communautarismes » et d’une « atmosphère hostile à l’inspiration zapatiste » (Wieviorka et
Le Bot, 2003)... L’ensemble aurait plongé le zapatisme dans une posture, certes intermittente,
proche des « composantes les plus rigides et les plus belliqueuses du mouvement
antimondialisation » et dans des « analyses en termes plus classiques » que ceux, « créatifs »,
auxquels il nous avait habitués.
Limites des lectures dominantes
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Cet aperçu trop synthétique des lectures marxistes et tourainiennes de la rébellion du
Chiapas n’épuise ni la richesse ni la diversité des nombreux travaux qui appartiennent de près
ou de loin à ces deux écoles. Les apports de ces approches pour l’intelligibilité de l’utopie
zapatiste sont considérables. Ils ne sont pas pour autant dénués de limites et en disent tout
autant sur les cadres d’analyse et les prismes à l’œuvre que sur l’objet étudié ou, pour
paraphraser le titre de cet article, sur les lunettes des observateurs que sur les cagoules des
insurgés. « Comprendre consiste à réduire un type de réalité à un autre », disait Lévi-Strauss.
Nous avons donc bien affaire à au moins deux rendus distincts du zapatisme. C’était
inévitable.
On le sait, le cadre marxiste d’analyse des mouvements sociaux consiste plus en une
théorie des contradictions, de la crise et des transformations du système capitaliste qu’en une
véritable sociologie des mouvements sociaux. Ceux-ci sont intégrés dans une problématique
générale de rapports sociaux. Ils sont l’expression obligée des rapports de classes, définis par
un mode de production et d’accumulation. Les analystes marxistes classiques rechignent dès
lors à rendre compte de mobilisations structurées par d’autres références identitaires ou en
butte à d’autres formes de domination. Dans le cas qui nous occupe, la rébellion des indigènes
du Chiapas ne semble acquérir de sens, de lisibilité, voire d’intérêt, pour les observateurs
marxistes, qu’à la condition d’être ramenée dans les cadres qui lui en donnent. Ce n’est peutêtre pas forcer la réalité que de procéder de la sorte – les causes de la rébellion sont aussi
sociales et son propos, anticapitaliste –, mais c’est au minimum la simplifier.
Bien des conditions favorables à l’action collective et des processus à l’œuvre dans sa
dynamique, étudiés par les sociologies des mouvements sociaux de ces trente dernières
années, sont ici, à de rares inflexions près, laissés en friche. Ce n’est pas une surprise, l’amont
et le macroéconomique sont privilégiés au détriment du reste, à l’exception peut-être d’un
autre classique de l’approche marxiste, le rôle dévolu au(x) leader(s) professionnel(s), seul(s)
à même d’apporter de l’extérieur de l’expérience quotidienne et de l’univers mental des bases
à conscientiser, les clés de lecture des logiques à l’œuvre et l’orientation du projet
révolutionnaire. En se limitant le plus souvent à établir une liste de conditions préexistantes
sans lesquelles l’action collective n’aurait pu avoir lieu, en construisant a posteriori des
chaînes de causalités plus ou moins complexes qui rendent inéluctable le soulèvement du 1er
janvier 1994, la démarche a notamment pour effet collatéral d’hypostasier l’identité du groupe
en amont, de le considérer comme donné dès le début de l’analyse. Une double aporie en
résulte : d’une part, les processus mêmes du passage à l’acte ne sont pas vraiment élucidés –
alors que les conditions « objectives » semblent réunies, pourquoi et comment seule une
fraction des indigènes rejoint l’EZLN ? – ; d’autre part, en posant un gap entre les conditions
préalables et le résultat, on s’empêche de comprendre les fluctuations des identités et de
l’action collective au cours de la dynamique, d’explorer de multiples facettes –
organisationnelles, symboliques, relationnelles, individuelles, contextuelles… – de l’objet
considéré.
Le rapport à l’empirique, sommaire, est à l’avenant de cette approche fixiste et
causaliste. Globalement, le relevé historique des antécédents traite essentiellement des sources
secondaires et le commentaire du profil politique de la rébellion épingle épisodiquement l’un
ou l’autre indicateur choisi. Exemple de manquement parmi d’autres, les modes de
consultation des « bases d’appui » zapatistes, décrits comme participatifs et démocratiques par
certains leaders rebelles et discutés comme tels par les observateurs marxistes, ne sont pas
vérifiés. La falsification de cette hypothèse est laissée aux détracteurs – indigènes, journalistes
ou politiques – du mouvement... Ces remarques valent aussi, en partie, pour l’approche
tourainienne. Même si la démarche du chercheur et les développements qui précèdent les
conclusions y sont sensiblement plus fouillés, les hypothèses restent peu vérifiées. La
méthode consacrée des tourainiens – l’intervention sociologique – essentiellement ramenée à
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un dialogue avec le « sous-commandant Marcos », au mieux flanqué d’une paire de leaders
indigènes, cantonne l’analyste à une vision enchantée de la rébellion et confond
compréhension et complicité.
Plus fondamentalement, si l’approche tourainienne offre une lecture assurément plus
fine et plus subjectiviste qu’objectiviste du mouvement zapatiste, elle n’évite pas l’un des
travers régulièrement reprochés aux sociologies des « nouveaux mouvements sociaux »
(Neveu, 2000), à savoir une telle célébration de la nouveauté qu’elle en devient l’explication
et la condition sine qua non de l’intérêt porté à l’objet : nouveauté des formes d’organisation
(démocratiques, horizontales, réticulaires…), des répertoires d’action (symboliques,
médiatiques, expressifs…), des valeurs (dignité, diversité…), des revendications (autonomie,
reconnaissance…), du rapport au politique (contre-pouvoir civil…) et des identités mobilisées
(culturelles, sexuelles…). Un examen attentif de l’épaisseur du réel, au-delà du discours de
Marcos, suffirait pourtant à relativiser cette originalité ou plutôt, peut-être, à la situer dans
l’articulation de nouvelles formes à d’anciennes, tant les conduites verticalistes et autoritaires,
les modes d’expression classiques, les aspirations égalitaires à la redistribution des richesses,
les revendications strictement socioéconomiques, l’obsession du pouvoir de l’Etat et les
identités de classe demeurent prégnants dans le mouvement (Duterme, 1998 et 2004).
Ce ne sera pas la première fois que les aspects normatifs qu’implique la quête du
véritable « mouvement social » joueront des tours aux tourainiens. Prisonnier de l’acception
« maison » de l’objet recherché – expression sociologiquement la plus élevée (centralité de
l’enjeu et de l’acteur, projet de direction de l’historicité…) de l’action collective –, Yvon Le
Bot se condamne à repasser les plats : « à la recherche du mouvement social », aux côtés de
Marcos, en 1997 ; en deuil ou pour le moins « déçu » par le mouvement zapatiste depuis
2001. Parmi d’autres, le mouvement antinucléaire des années 1970 et 1980 avait déjà connu le
même traitement : investissement-illusion, désillusion-désinvestissement. Chez les marxistes,
mêmes ambiguïtés : considérée par ses contempteurs, au mieux comme une expression
postmoderne, voire fantaisiste, d’une révolte pourtant légitime, au pire comme un mouvement
identitaire réactionnaire qui participe de la fragmentation des acteurs et des Etats nécessaire à
l’expansion du système capitaliste et à l’impérialisme, la rébellion zapatiste apparaît toutefois,
le plus souvent, consacrée ou « conseillée » en fonction de son adéquation, certes originale, à
un format préétabli, certes renouvelé, de lutte des classes, de mouvement anticapitaliste.
Ce double constat ouvre sur quelques questionnements plus larges, en creux jusqu’ici,
qui concernent tant les frontières entre positionnement politique et analyse sociologique que
le rapport à l’objet des deux écoles évoquées. Les sciences sociales, on le sait, sont nourries
de présupposés axiologiques, d’intuitions politiques et d’hypothèses anthropologiques (au
sens de Philippe Corcuff, de conceptions a priori des propriétés et de la condition humaines).
Certaines écoles en outre ne cachent pas leurs visées émancipatrices. Pour autant, s’il peut y
avoir dialogue fécond entre les deux registres – celui de la connaissance scientifique du
phénomène zapatiste et celui du jugement de sa contribution éthico-politique à une nouvelle
perspective d’émancipation –, une autonomie analytique de ces registres n’est-elle pas la
condition d’une sociologie opérante des mouvements sociaux ? Et partant, une voie
d’évitement de discours hybrides, prisonniers d’enjeux et de passions politiques ? (Lahire,
2002).
Dans le cas qui nous occupe, la fascination pour l’objet est aussi patente. Elle opère
même probablement dans les deux sens, tant certains communiqués ou décisions du
leadership zapatiste paraissent s’inspirer de l’image du mouvement ou des attentes que tantôt
les marxistes tantôt les tourainiens formulent. C’est la « double herméneutique » d’Anthony
Giddens, où les discours des acteurs et des savants font sens des deux côtés. C’est aussi le
propos de l’intervention sociologique de pousser cette dynamique circulaire à l’extrême,
jusqu’à amalgamer parole d’acteur et parole de sociologue. Et la réciprocité est d’autant plus
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facilitée qu’il y a proximité : proximité politique et idéologique (les analystes de l’EZLN sont
souvent d’anciens ou d’actuels camarades de lutte) et proximité sociale et culturelle (le capital
culturel de l’universitaire bien né Marcos se confond avec celui de ses interlocuteurs savants
ou « zapatisants », européens et nord-américains). « Trop de distance et trop de proximité
empêche la vue », disait Pascal.
Les perspectives holistes et historicistes auxquelles renvoient les outils théoriques
marxistes et tourainiens, en cela bien différents des sociologies anglo-saxonnes des
mouvements sociaux, ouvrent encore sur un autre questionnement qui dépasse de loin les
limites de cet article. Celui de l’« homologie structurale » nécessaire ou supposée entre
contexte spatiotemporel, forme de mobilisation sociale et cadre théorique, voire
paradigmatique de référence. A nouvelle période, nouvelle action collective, nouvelle manière
d’en rendre compte ? Chacune à sa façon, les approches marxiste et tourainienne se
construisent sur le lien déterminant entre les deux premiers termes et prétendent incarner le
troisième. Dans la mesure où elles-mêmes définissent contenus et limites des périodes
étudiées, c’était à prévoir. L’implication, évidente en apparence, n’est cependant pas le propre
de toutes les sociologies des mouvements sociaux.
Pour une approche multidimensionnelle
Depuis plusieurs années déjà, dans le champ de la sociologie de l’action collective, la
tendance est à la recherche de synthèse, aux perspectives combinatoires, aux tentatives
d’intégration des apports significatifs tant des principales théorisations de ces cinquante
dernières années que des deux grandes traditions continentales – européenne et américaine qui les ont vues naître. Jusque-là, l’héritage, à peine caricaturé, tenait en un dualisme : d’un
côté, une sociologie européenne plutôt centrée sur les causes, les facteurs macrosociaux et
structurels et peu mobilisée par la vérification empirique de ses théories ; de l’autre, une
sociologie américaine plus concernée par le niveau microsocial et les mécanismes concrets
des mobilisations, testables empiriquement. Les « essayistes » européens révèlent le
« pourquoi » (en un ou en deux mots) des mouvements sociaux ; les « entomologistes »
américains détricotent le « comment » des mobilisations.
Aujourd’hui donc, à en croire les ténors de la discipline, surtout anglo-saxons, les
efforts de convergence dominent le panorama. Les perspectives macrostructurelles s’ouvrent
aux processus relationnels, organisationnels et individuels des micromobilisations et
s’appuient sur des données empiriques ; les rationalistes intègrent les transformations
macrosociales dans l’analyse, mais aussi les aspects symboliques, idéologiques et culturels
des mouvements sociaux. Le concept de « structure d’opportunités politiques » (Eisinger
repris par Tarrow), comme celui de « contexte de micromobilisation sociale » (McAdam,
McCarthy et Zald) offrent des ponts conceptuels entre le holisme et l’individualisme, la
structure et l’action (Giugni, 1996), grâce auxquels les processus micro-, meso- et macrosociaux peuvent être articulés (Van Campenhoudt, 2001). L’attention désormais portée à la
dimension constructiviste des mouvements, notamment dans leurs aspects cognitif et discursif
(Snow, Gamson), mais aussi dans la définition des identités sociales (Pizzorno, Boltanski,
Corcuff), participe de ce travail de conceptualisation « intégrale » de l’action collective.
Jusqu’à preuve du contraire, les approches dominantes de la rébellion du Chiapas
n’ont pas encore vraiment bénéficié de ces efforts. L’inclination mexicaine pour les
perspectives historiques et l’« essayisme » européens, le désintérêt relatif de la sociologie
états-unienne pour les « terrains » du Sud, la forte politisation du débat, la contiguïté du
propos zapatiste et des deux écoles sociologiques d’origine européenne bien ancrées en
Amérique latine jouent probablement leurs rôles dans cet état de faits. Pourtant, la
compréhension du mouvement chiapanèque aurait certainement à gagner d’un examen plus
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pointu de ses logiques d’action, à partir de grilles de lecture construites à cette fin. Délestés de
leurs aspects normatifs incompatibles, les apports des approches dominantes ne seraient-ils
pas avantageusement « recyclables » dans une démarche qui se voudrait complémentaire ? A
l’identification marxiste des facteurs macrosociaux qui expliquent l’émergence de la
rébellion, à la compréhension tourainienne du choix opéré par un mouvement en rupture et du
sens dont il est potentiellement porteur, pourraient ainsi venir s’ajouter des analyses plus
précises d’un éventail de dimensions importantes jusqu’ici peu interrogées.
Le choix est vaste, mais c’est sans doute tant dans la dynamique interne du
mouvement que dans les relations externes de la rébellion dans l’après-soulèvement, que les
manquements apparaissent les plus criants. Comment se réalise aujourd’hui le travail
d’unification, d’identification, de regroupement au sein du mouvement ? Sur quels modes
s’opèrent l’inclusion et l’exclusion, le travail social, politique et symbolique de (re)définition,
de légitimation, d’homogénéisation relative ? Comment se joue le passage de la « classe
probable » à la « classe mobilisée » dans l’activisme intermittent du mouvement ? Comment
la « forme sociale » zapatiste se maintient-elle ? Sur quelles équivalences entre individus,
quelles expériences collectives, quelles oppositions à d’autres, l’intérêt commun se reproduitil ? Y a-t-il pluralité ou unicité des « identités narratives » au sein de la rébellion ? Comment
opère le leadership zapatiste à l’intérieur du mouvement ? Comment se gèrent, pratiquement
et symboliquement, les relations avec les indigènes non ou anti-zapatistes, avec l’Etat, les
médias, la société civile… ? Quel est leur impact sur la dynamique, sur la résonance du
zapatisme ? Etc.
Reste donc à échafauder, à l’aide de dispositifs de recherche pragmatiques, une
approche multidimensionnelle du mouvement rebelle, plus attentive au « réel zapatiste » et à
ses multiples facettes. Une approche qui, à la manière des constructivistes, appréhende les
réalités sociales comme des constructions historiques et quotidiennes des acteurs individuels
et collectifs (Corcuff, 2002). Déconstruction de ce qui se présente comme « donné »,
« intemporel », « homogène » et interrogation des processus de construction du monde social
dans ses différentes dimensions. L’idée ne consiste donc pas à substituer à des lectures
macrostructuralistes, un centrage exclusif sur l’instant et l’interaction, qui oublierait que la
vérité d’un moment circonscrit n’est jamais toute entière dans ce moment tel qu’il se livre à
l’observation. La démarche suggérée vise plutôt à dépasser ces oppositions entre saisie des
structures sociales englobantes et analyse des interactions de face-à-face des acteurs, à
articuler macro et micro, structures sociales et vécu des individus mobilisés, théories
structuralistes et constructivistes…
« Où se situe, dira-t-on, la portée politique d’une telle démarche ? En endossant le
rôle modeste qui consiste à autopsier scrupuleusement les affaires et à analyser la dynamique
des conflits, le sociologue ne renonce-t-il pas définitivement à toute intervention dans le
débat ? » (Barthe et Lemieux, 2002). La position de retrait préconisée dans le rapport à l’objet
n’est pas à interpréter comme un refus d’engagement. L’impartialité méthodologique (traiter
symétriquement la pluralité des acteurs étudiés sans imputer a priori plus de poids ou de place
à tel argument ou ressource) n’équivaut en rien à un principe de neutralité politique. L’attitude
vise au contraire à accroître l’acuité visuelle sur les différentes dimensions du mouvement
analysé, et partant, à clarifier les conditions, tant internes qu’externes à la rébellion,
susceptibles de favoriser ses effets émancipateurs ou à l’inverse de reproduire les asymétries.
Souvent les approches partielles, les lectures fantasmées de la geste rebelle, plus encore si elle
est exotique, ont eu des conséquences désastreuses pour l’action. Certes la neutralité
axiologique est une illusion, mais l’exigence émancipatrice du chercheur et la responsabilité
sociale de la sociologie reposent d’abord sur le respect du réel, fût-il prosaïque.
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